Rohan, qui y admire l’arsenal et qui en dénombre l’artillerie (370 pièces de fonte), ajoute : « Ils n’ont point de canon de batterie : leur raison tient fort du roturier ; car, à ce qu’ils disent, ils ne veulent attaquer personne, mais seulement se défendre. » Venise le saisit vivement par son originalité d’aspect, son arsenal, sa belle police, ses palais, ses tableaux même et ses bizarres magnificences : Pour le faire court, dit-il, si je voulais remarquer tout ce qui en est digne, je craindrais que le papier me manquât : contente-toi donc, ma mémoire, de te ressouvenir qu’ayant vu Venise, tu as vu un des cabinets de merveilles du monde, duquel je suis parti aussi ravi et content tout ensemble de l’avoir vue, que triste d’y avoir demeuré si peu, méritant non trois ou quatre semaines, mais un siècle, pour la considérer à l’égal de ce qu’elle mérite. […] Quant à la noblesse et aristocratie de France, il l’estime, et sans assez de raison peut-être, beaucoup plus heureuse que celle d’outre-mer, « tant parce que celle-ci, dit-il, paie taille comme le peuple, qu’aussi pour la rigueur de justice qui est si ordinairement exercée contre eux, qu’il y en a qui tiennent à beaucoup d’honneur, et prennent la grandeur de leurs maisons par le nombre de leurs prédécesseurs qui ont eu la tête tranchée, au lieu que cela est fort rare parmi nous. » Il parle ici en jeune homme et avant Richelieu. […] Ce qu’on appelle discours politiques de M. de Rohan est un recueil soit de vrais discours tenus dans les assemblées des protestants, soit de mémoires à consulter et d’avis donnés confidemment dans telle ou telle conjoncture, soit d’apologies de sa propre conduite (et il en eut souvent besoin en un temps de partis), soit même de considérations pour lui seul ; car c’était le tour de son esprit d’aimer à raisonner sur les faits et à se rendre compte à lui-même. […] Enfin, avec des qualités d’un ordre supérieur qu’il aura eu sans cesse à exercer et à combiner, à tenir en échec les unes par les autres, il ne trouvera jamais cette occasion pleine et entière qu’il avait une fois espérée, l’une de ces journées de gloire éclatante et incontestable qui consacrent un nom ; et même après ses plus belles campagnes, par quelque accident final qui en rompt l’effet, il aura toujours besoin d’éclaircissement et d’apologie. […] Son dessein eût été d’agir militairement, de démanteler les petites places qui ne pouvaient tenir, et de fortifier les principales, Nîmes, Montpellier, Uzès ; « Nous avions, dit-il, des hommes assez suffisamment pour faire une gaillarde résistance ; mais l’imprévoyance des peuples et l’intérêt particulier des gouverneurs des places firent rejeter mon avis, dont depuis ils se sont bien repentis. » Dans ses remarques sur les Commentaires de César, admirant l’influence qu’eut Vercingétorix sur les peuples de la Gaule pour leur faire accueillir les meilleurs moyens de défense : Il a eu, dit-il, le pouvoir de faire mettre le feu à plus de vingt villes pour incommoder leurs ennemis, ce qui témoigne son bon sens… Son grand crédit est remarquable ; car, à des peuples libres, au commencement d’une guerre, avant que d’en avoir éprouvé les mauvais succès et dans l’espérance de pouvoir vaincre sans venir à des remèdes si cuisants, il leur persuade de mettre le feu à leurs maisons et à leurs biens, pour la conservation desquels se fait le plus souvent la guerre.
Il fallut, pour le convaincre de mécompte, les merveilles du Pas-de-Suze, et qu’on pût dire de Louis XIII, comme de César, « qu’il alla, qu’il vit et qu’il vainquit. » Et encore Rohan ne se tint pas pour abattu ; il ne crut pas, après la victoire de Suze, à la paix d’Italie, à une paix solide et qui permît qu’on se portât en toute vigueur contre lui. […] En définitive, les édits furent conservés dans toute la partie essentielle qui tient à ce que nous appelons tolérance ; mais les bastions et les fortifications des villes rebelles, de celles des Cévennes en particulier, qui avaient été prises de cette espèce de manie et de maladie dans la présente guerre, et qui s’étaient toutes fortifiées à la huguenote, comme on disait, durent être rasés aux dépens et de la main même des habitants qui les avaient construits ; il n’y eut plus, à partir de ce jour-là, un cordon de petites républiques possibles à travers la France : il n’y eut qu’une France et des sujets sous un roi. […] À peine guéri, il écrit à Richelieu, en le remerciant de l’intérêt qu’il lui a témoigné pour sa maladie : Pour moi, monsieur, je tiendrai bon tant que je pourrai, suivant ce que je vous ai promis ; mais il m’est comme insupportable de voir périr ce que j’ai conservé jusqu’à maintenant. […] L’affaire était désespérée, selon lui, et tenir plus longtemps était impossible sans s’exposer à un désastre. […] Et puis il tenait par ses parentes au parti des « dames brouillonnes de la Cour », comme les appelle Richelieu (songeant à la duchesse de Chevreuse) ; on pouvait l’impliquer dans leurs intrigues plus qu’il n’aurait voulu.
Tantôt c’est la femme politique toute pure, sans la galanterie ou sans rien du moins qui y ressemble par la grâce, la femme politique âpre, active, ardente, desséchée comme la joueuse qui a passé des nuits autour du tapis vert, ayant besoin de tenir les cartes à tout prix et de jouer la partie de l’Europe pour ne pas mourir comme d’inanition, pour ne pas hurler d’ennui. […] c’est un bienfait de plus, c’est la Providence qui lui ménage des veilles et qui le tient sur un qui-vive perpétuel aux limites de la vie, aux abordsde l’éternité. […] La vieillesse est « le Samedi-Saint de la vie, veille de la Pâque ou de la résurrection glorieuse. » — La vieillesse n’est pas « une beauté de la Création » sans doute ; mais elle en est « une des harmonies ». — La vieillesse rappelle le panier de cerises de Mme de Sévigné ; on a mangé d’abord les plus belles, puis on est venu aux moins belles, puis on les mange toutes : ainsi l’on fait des années. — La vieillesse est comme ces trois derniers livres de la Sibylle ; les six autres livres n’étant plus là, ce qui reste en tient lieu et mérite d’être payé autant que tous les autres. — La vieillesse est « le dernier mot de la vérité sur cette terre. […] Son énergie sa volonté et la destinée difficile qu’elle ne s’était point choisie tinrent longtemps ce caractère en forme et à la gêne, avant qu’il nous apparût tout fait, tout cimenté et dans sa pleine consistance. […] Il avait une montre de Breguet (ou de tout autre) à laquelle il tenait beaucoup et qu’il s’amusait à faire sonner.
Je l’ai entendu de mes oreilles : tant ce ministre, d’ailleurs excellent homme, mais archi-monarchique d’esprit et d’affiche, tenait mordicus pour ce qu’il croyait de l’honneur de Louis XV ! […] Vallot a très bien remarqué tout d’abord que l’apparence de force et de vigueur de Louis XIV en sa jeunesse tenait à ce que la bonté du tempérament héroïque de sa mère avait rectifié et corrigé en partie les mauvaises impressions qu’avait dû laisser dans l’enfant le tempérament affaibli d’un père valétudinaire ; mais cette force et cette vigueur n’étaient qu’à la condition d’éviter les excès et d’observer bien des précautions pour se soutenir. […] Bientôt se déclare la première atteinte d’un mal singulier qui tourmenta Louis XIV toute sa vie, le tint perpétuellement en échec, et qu’il ne parvint à dissimuler qu’à force de bonne contenance et d’empire sur lui-même, devant sa Cour et aux yeux de son entourage : ce sont des vapeurs, « une douleur de tête sourde et pesante, avec quelques ressentiments de vertiges, maux de cœur, faiblesse et abattement. » C’est en 1662 que les premiers signes de cette indisposition inquiétante apparaissent. […] Aussi Fagon, nonobstant les murmures des courtisans goulus, tint ferme, et s’appliqua de tout son pouvoir à combattre l’intempérance chez le maître. […] On sourit à lire ce Journal qui est vraiment de morale autant que de médecine : quelquefois le roi tient bon contre les tentations, contre celle des beaux muscats, par exemple, qu’on lui présente un jour sans qu’il veuille en goûter ; d’autres fois, et le plus souvent, il fait comme nous, il cède.
Les abjurations ne se faisaient plus une à une ; des Corps et des Communautés entières se convertissaient par délibération et par des résultats de leurs assemblées, tant la crainte avait fait d’impression sur les esprits, ou plutôt, comme l’événement l’a bien fait voir, tant ils comptaient peu tenir ce qu’ils, promettaient avec tant de facilité ! […] Croira qui voudra qu’il a tenu la main, comme il en prenait l’engagement, à ce qu’il n’y eut aucune violence : « Le 18 avril 1685, j’ai demandé à M. de Louvois des ordres en blanc pour faire loger une ou plusieurs compagnies dans les villes remplies de religionnaires, étant certain que la seule approche des troupes produira un grand nombre de conversions ; que je tiendrai si bien la main à ce que les soldats ne fassent aucune violence, que je me rendrai responsable des plaintes qu’il en pourrait recevoir. […] Les historiens de notre époque, qui voudront être complets et définitifs sur cette branche religieuse du règne de Louis XIV, auront ici souvent à consulter Foucault pour montrer par plusieurs faits qu’il constate, à quelles absurdités et à quelles, impossibilités, l’on est conduit, quand on veut tenir un royaume comme le curé d’une paroisse tient un catéchisme de persévérance.
après avoir défait trois cent mille Carthaginois, il exigeait une condition qui n’était utile qu’à eux, ou plutôt il stipulait pour le genre humain. » Il est très-possible, après cela, que la condition stipulée par l’humain et généreux Gélon n’ait pas été strictement exécutée : on ne coupe pas court à une superstition par un traité, et d’ailleurs il n’était pas là pour y tenir la main. […] Si l’auteur a voulu montrer en action une de ces religions infâmes, infernales, écrasantes, qui ne tenaient nul compte de la vie des hommes, et dont le Christ a débarrassé le monde, il a réussi. […] L’auteur ne se tient pas au-dessus de son ouvrage : il s’y applique trop, il a le nez dessus : il ne paraît pas l’avoir considéré avant et après dans son ensemble, ni à aucun moment le dominer. […] Mais il s’agit, me dira-t-on, de l’Afrique et non de la Grèce, d’un paysage austère et dur, d’un climat écrasant, d’une civilisation avare et cruelle, qui vous tient et vous broie comme ferait une meule ; il faut que le livre vous rende cet effet. […] Mais vous inventez, vous conjecturez, et dès lors vous ne me tenez pas.
Les historiens actuels, et ceux même qui ont par devers eux, aussi bien que nous, leurs souvenirs, s’efforcent presque tous d’être froids et calmes, de faire la part de toute chose et de chacun ; ils prennent sur eux après coup, comme c’est leur devoir, pour tenir exactement la balance ; ils diront, en nous rendant compte des actes et discours de la Chambre de 1815 : « M. Royer-Collard avait raison en ceci, et il était un peu inconséquent en cela ; M. de Ronald fit bien dans la question du divorce, il frappait à côté et à faux sur les autres points ; M. de Villèle pouvait manquer de bonne foi, il tenait du moins un langage constitutionnel. […] Émerigon, s’attacha à bien marquer qu’il ne s’en tenait qu’à la forme et au strict nécessaire, et qu’il ne les défendait nullement au fond. […] Cet honnête homme à imagination ardente, et qui n’admettait guère qu’on pût sentir et penser autrement que lui-même, lui arracha une phrase par laquelle on supplia formellement le roi de s’en tenir à la clémence pour le passé et d’y mettre un terme, eu laissant cours à la justice et à la sévérité des lois pour l’avenir. […] Il la tenait toujours entre ses mains : s’il était content de ce qu’il entendait, il oubliait de prendre sa prise ; sinon, il prisait sans cesse et vidait sa tabatière.
Pour lui, enthousiaste, affectueux, actif, il était un intermédiaire continuel entre Diderot et lui ; il se vantait d’être leur écolier à tous deux, et il tenait en effet de cette double filiation. […] Il va même trop loin dans les lettres de ce temps que j’ai sous les yeux73 ; il joue, il plaisante imprudemment avec le bizarre ermite comme avec un caractère bien fait et qui entendrait la raillerie ; il s’égaye beaucoup trop aux dépens de son humeur belliqueuse, à propos du fusil que Rousseau tenait toujours chargé contre les voleurs et qu’il s’amusait parfois à tirer sur les loirs. […] Mais on voit quel rôle immense tenait et remplissait Rousseau à ses yeux, un rôle de révélateur et d’initiateur. […] Cette dernière consolation d’un commerce de lettres avec Rousseau, avec l’homme par lequel il tenait le plus à la vie et dont les écrits faisaient partie de son âme, il ne l’eut point jusqu’à la fin de son séjour à Parme. […] Il était parvenu à réaliser le vœu qu’il exprimait avec tant de modestie : « Je tâcherai d’établir ma réputation dans votre amitié. » Avec quel transport il lui envoyait, tant qu’il le put et qu’il sut où l’atteindre, des paroles d’admiration sympathique et de tendresse : « Vous, que mon cœur poursuit dans tous les pays du monde, vous qui me tenez lieu des anges gardiens et du démon de Socrate !
Ce que je te demande, par cette main que je tiens, par ton bon Génie, au nom de ton honneur et de son isolement à elle, ce que j’implore de toi, c’est de ne la point quitter, de ne la point délaisser. […] Cet homme des champs a deux fils dont il a donné l’un à l’oncle de la ville, qui l’a adopté et qui l’élève à sa manière, c’est-à-dire fort doucement et en lui laissant la bride sur le cou, il a gardé l’autre avec lui et l’a de tout temps tenu fort sévèrement : il l’a élevé à la Caton. […] Phédria a été chassé, tenu dehors par Thaïs qui lui a fait refuser sa porte, tandis qu’un autre a été admis : il peste, il s’indigne, il se méprise lui-même, pour sa lâcheté, de sentir qu’il l’aime encore ; il prend de grandes résolutions : elle paraît, tout ce courage s’évanouit. […] comme nous jouerions mieux, si nous ne tenions pas à être applaudis ! » Térence écrit et parle comme s’il ne tenait pas à être applaudi.
Un homme instruit, et que j’estime assez, quand il s’en tient à des questions de sa compétence, — les simples questions de grammaire, — a pris les devants. […] Sarpédon, voulant entraîner son ami Glaucus avec lui, et l’exhortant à faire tête en avant, lui tient un langage aussi naturel qu’élevé : « Nous sommes honorés dans la Lycie, lui dit-il, comme des rois, comme des dieux ; nous y avons, à ce titre, de riches domaines ; nous tenons la première place aux festins et ailleurs. […] Ne nous figeons pas ; tenons nos esprits vivants et fluides. […] Psyché parut, plus brillante et plus belle ; L’Amour la vit, l’Amour brûla pour elle : L’Amour, bientôt, la mit au rang des dieux… C’est ce même rimailleur soi-disant classique qui, dans une pièce critique et satirique de 1825, qu’il s’est bien gardé de perdre et qu’il a tenu à conserver, débutait par ces mots : Et j’ai dit dans mon cœur : « Notre ami Lamartine Définitivement a le timbre fêlé… » Et ce sont les auteurs de pareilles inepties et platitudes qui se mêlent de juger à première vue les plus délicats d’entre les poètes de l’Éolie et de l’Ionie !
Quand on parcourt, comme je viens de le faire, les deux premiers volumes des Questions de mon temps, on est frappé de l’à-propos et de la justesse de son feu et de son tir contre les journaux, organes des divers partis : — quelques-uns, les journaux de l’opposition pure, attaquant le ministère Guizot à outrance sans trop voir ce qu’ils ébranlent avec lui ; d’autres, le Journal des Débats, le défendant à outrance sans voir ce qu’ils compromettent avec lui ; Le National enfin, d’accord avec les organes légitimistes dans la détestable doctrine du Tant pis, tant mieux, désirant que le ministère résiste jusqu’au bout et tienne bon opiniâtrement, afin de renverser du même coup ministère et système, cabinet et dynastie. […] Il tint la gageure durant quelques semaines. […] Le 29 et le 30, dans la soirée, des attroupements plus nombreux, poussant des cris menaçants, se portèrent vers les bureaux de La Presse où M. de Girardin, entouré de quelques rédacteurs, se tenait à son poste avec ce « courage tranquille et toujours prêt » qu’il faut lui reconnaître, il reçut plus d’une députation qu’on introduisit, et qu’il parvint à calmer, à retourner même en sa faveur par la netteté et la lucidité de ses explications. Mais le 31 mars, cette espèce d’émeute prit un caractère plus sombre, et voici exactement ce qui se passa, — j’ajoute que ce n’est pas de lui que je le tiens. […] M. de Girardin y fut tenu onze jours au secret.
Cet usage met toute la maison à l’aise : il dispense les parents d’autorité, et les enfants de respect. » Toutes ces pensées dont on voit l’originalité morose et dans lesquelles il entrait une part de vérité, avaient l’inconvénient toutefois de ne comprendre qu’un seul côté de la question, le côté qui regarde le passé, de ne tenir aucun compte des changements survenus, de l’émancipation des intelligences, du libre développement de l’individu, des progrès des villes, de ceux de l’industrie, des rapports multipliés avec l’étranger. […] Si vous ne l’avez pas lu, lisez-le vite… Il faut absolument le lire : c’est une des choses les plus remarquables qu’on ait publiées depuis longtemps ; des faits extrêmement curieux et presque tout à fait ignorés, des réflexions profondes et piquantes, un esprit original, voilà ce qui s’y trouve… Il serait à désirer que ce livre fût très répandu ; je n’en connais point de plus propre à dissiper une foule de préjugés très dangereux. » Et plus loin (car cela lui tient au cœur) : « Vous ne m’avez pas dit si vous avez lu l’admirable livre de Rubichon sur l’Influence du Clergé dans les Sociétés modernes. » (Juillet 1829.) […] J’ai tenu à montrer l’excès dans ce système de restauration pure du passé, dont M. de Bonald nous représente le sommet le plus éminent et le plus imposant, mais dont M. […] Le Play, qui sait qu’il faut un degré d’optimisme pour l’action et qui s’est voué de cœur et d’esprit à l’apostolat du bien, ne s’en tient pas à ces vues générales et négatives. […] Franck, le savant Israélite, professeur au Collège de France, parlait un jour de la tolérance et il en parlait avec feu ; un de ses auditeurs, qui était d’un avis différent, marqua sa désapprobation ; un autre auditeur, voisin du premier, et qui tenait pour la tolérance, indigné de la contradiction, donna un soufflet à l’interrupteur, et celui-ci se vit à l’instant honni et expulsé de la salle par un auditoire enthousiaste de la tolérance.
Je n’entre dans aucun détail ; l’empereur et Mercy s’en sont chargés ; mais je n’ai qu’à ajouter que peut-être jamais il n’y a eu une occasion plus importante à tenir fermement ensemble et que le système en dépend. […] Malheureusement les propos tenus par plusieurs ministres du roi dans les Cours ont fait croire le contraire. » Dans de telles conjonctures, Marie-Antoinette, on le conçoit, ne réussit à rien tirer de bien net des ministres qui sont et doivent être plus Français qu’elle, et qui ne se décident point sur des impressions et d’après des convenances de famille : « Pour le roi personnellement, il est bien attaché à l’alliance, et autant que je puisse le désirer ; mais, pour un moment aussi intéressant, je n’ai pas cru devoir me borner à en parler au roi : j’ai vu MM. de Maurepas et de Vergennes ; ils m’ont fort bien répondu sur l’alliance et m’y paraissent véritablement attachés ; mais ils ont tant de peur d’une guerre de terre, que quand je les ai poussés jusqu’au point où le roi de Prusse aurait commencé les hostilités, je n’en ai pu avoir de réponse bien nette. (25 mars 1778.) » Novice qu’elle est dans ces sortes d’affaires, elle ne démêle pas très distinctement les motifs qui font agir nos ministres et les intérêts véritables qu’elle aurait dû comprendre comme eux, ce qui lui aurait permis d’agir de concert vers le seul résultat possible. […] et tous les grands princes ne tiennent pas ensemble pour empêcher un malheur pareil qui tombera un peu plus tôt ou plus tard sur tous ! […] il ne s’agit plus de jalousie entre nos deux monarchies, il s’agit de se tenir bien étroitement liés, et qu’aucun ne puisse espérer de nous pouvoir séparer. […] Nos intérêts (si on veut exterminer, je me sers de ce mot, car il faut le vouloir et ne pas négliger, d’écraser les anciens préjugés entre nos États et nations) — sont les mêmes, tant par rapport à notre sainte religion qui a bien besoin qu’on se tienne unis, que par rapport à nos intérêts. (23 août 1778.) » C’est dans cette lettre qu’elle confesse qu’il y a « un peu d’humeur » entre elle et son fils, à cause de cette négociation pacifique qu’elle avait pris sur elle d’entamer.
Chacun sut, grâce à lui, à quoi s’en tenir désormais sur tout ce système habile et merveilleux de créations à l’intérieur, sur ce mécanisme savant et simple, essentiellement moderne, dont le public n’avait pas la clef auparavant ou dont on ne se faisait que de vagues idées. […] Là où un œil superficiel serait tenté de voir des contradictions, des incohérences, des déviations et des écarts, il n’y a que suite, connexion, accord ; tout se tient et correspond dans un tel caractère ; faites-le sentir dans votre œuvre : qu’on le devine dès le principe tel qu’il sera en avançant ; qu’on le voie jusqu’au bout tel qu’il s’était annoncé d’abord : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Selon lui, il a toujours été très-difficile ou plutôt impossible à Napoléon, héritier de la Révolution française, son représentant armé en face de la vieille Europe, et le point de mire de toutes les haines du passé, de s’arrêter dans sa progression de lutte croissante et de conquête, et de trouver une station à laquelle il pût se tenir pour y asseoir une paix durable, une paix sincèrement observée et acceptée par les adversaires. […] La France était aujourd’hui en voie d’intimité avec la Prusse et la Russie ; mais ces relations amicales tenaient à des causes peut-être passagères ; ici, au désir d’obtenir le gros lot dans le partage des indemnités germaniques ; là, à l’attachement passionné dont Paul Ier s’était soudainement épris pour Bonaparte. […] Évidemment, en tout ceci, il ne tenait pas assez compte de l’étoffe dont sont faits les peuples, et c’est ce qui l’abusa en 1812 lorsqu’il engagea cette lutte formidable avec son ancien allié de Tilsitt, redevenu par degrés son ennemi.
La Fontaine, il est vrai, se méprenait un peu sur lui-même ; il se piquait de beaucoup de correction et de labeur, et sa poétique qu’il tenait en gros de Maucroix, et que Boileau et Racine lui achevèrent, s’accordait assez mal avec la tournure de ses œuvres. […] J’excepte les premiers livres, dans lesquels il montre plus de timidité, se tient davantage à son petit récit, et n’est pas encore tout à fait à l’aise dans cette forme qui s’adaptait moins immédiatement à son esprit que l’élégie ou le conte. […] Au premier abord, et à ne juger que par les œuvres, l’art et le travail paraissent tenir peu de place chez La Fontaine, et si l’attention de la critique n’avait été éveillée sur ce point par quelques mots de ses préfaces et par quelques témoignages contemporains, on n’eût jamais songé probablement à en faire l’objet d’une question. […] La Fontaine manque un peu de souffle et de suite dans ses compositions ; il a, chemin faisant, des distractions fréquentes qui font fuir son style et dévier sa pensée ; ses vers délicieux, en découlant comme un ruisseau, sommeillent parfois, ou s’égarent et ne se tiennent plus ; mais cela même constitue une manière, et il en est de cette manière comme de toutes celles des hommes de génie : ce qui autre part serait indifférent ou mauvais, y devient un trait de caractère ou une grâce piquante. […] J’en reviens volontiers et je m’en tiens sur lui à ce jugement de La Bruyère dans son Discours de réception à l’Académie : « Un autre, plus égal que Marot et plus poëte que Voiture, a le jeu, le tour et la naïveté de tous les deux ; il instruit en badinant, persuade aux hommes la vertu par l’organe des bêtes, élève les petits sujets jusqu’au sublime : homme unique dans son genre d’écrire, toujours original, soit qu’il invente, soit qu’il traduise ; qui a été au-delà de ses modèles, modèle lui-même difficile à imiter. » — Voir aussi le joli thème latin de Fénelon à l’usage du duc de Bourgogne sur la mort de La Fontaine, in Fontani mortem.
Rien donc de plus piquant et de plus instructif que d’étudier dans leurs rapports ces deux figures originales, à physionomie presque contraire, qui se tiennent debout en sens inverse, chacune à un isthme de notre littérature centrale, et, comblant l’espace et la durée qui les séparent, de les adosser l’une à l’autre, de les joindre ensemble par la pensée, comme le Janus de notre poésie. […] On le voit, l’art, à le prendre isolément, tenait peu de place dans les idées de Regnier ; il le pratiquait pourtant, et si quelque grammairien chicaneur le poussait sur ce terrain, il savait s’y défendre en maître, témoin sa belle satire neuvième contre Malherbe et les puristes. […] André de Chénier aima les femmes non moins vivement que Regnier, et d’un amour non moins sensuel, mais avec des différences qui tiennent à son siècle et à sa nature. […] Chénier tenait donc pour la division des genres et pour l’intégrité de leurs limites ; il trouvait dans Shakspeare de belles scènes, non pas une belle pièce. […] Regnier résume en lui bon nombre de nos trouvères, Villon, Marot, Rabelais ; il y a dans son génie toute une partie d’épaisse gaieté et de bouffonnerie joviale, qui tient aux mœurs de ces temps, et qui ne saurait être reproduite de nos jours.
Sans doute il sera difficile de soumettre au calcul, même à celui des probabilités, ce qui tient aux combinaisons morales. […] Mais ce favorable hasard tient à des circonstances particulières, et ne préjuge en rien, ni quels sont les principes invariables en eux-mêmes, ni de quelle application ils sont susceptibles dans d’autres pays. […] La force est une combinaison du hasard, destructive de tout ce qui tient à la pensée et au raisonnement ; car l’exercice de l’une et de l’autre suppose toujours la liberté. […] Mais la morale a pour but chaque homme en particulier, chaque fait, chaque circonstance ; et quoiqu’il soit vrai que la très grande majorité des exemples prouve qu’une conduite vertueuse est en même temps la meilleure conduite à tenir pour le succès des intérêts de la vie, on ne peut affirmer qu’il n’y ait point d’exception à cette règle générale. […] Comment convaincre un homme que tel événement tout à fait nouveau, tout à fait inattendu a été prévu par ceux qui lui ont présenté des maximes générales sur la conduite qu’il devait tenir ?
Ce qu’il rapporte de singulier, il est loin de l’admettre nécessairement ; sa foi n’y est pas engagée, il nous en prévient assez souvent pour qu’on se tienne pour averti là même où il ne prévient pas. […] De nos jours, au contraire, au sein d’une paix que fête l’univers, sous un prince qui se plaît tant à voir prospérer les choses de la nature et les arts, non seulement on n’ajoute rien aux découvertes déjà faites, mais encore on ne se tient pas même au niveau des connaissances des anciens. […] La gloire du génie le préoccupe et y tient une grande place. […] Ce que je tiens à marquer, c’est que des pensées comme celles que j’indique, et rendues avec une si forte expression, suffisent à classer un esprit, quoi qu’il puisse dire ensuite et avoir l’air d’accueillir ou de croire. […] Il est peu de sujets de la vie, et surtout de ceux qui tiennent à l’habitude des choses de l’esprit, sur lesquels il ne nous offre quelque pensée ingénieuse, brillante et polie, une de ces expressions qui reluisent comme une pierre gravée antique, ou comme les blancs cailloux qu’il se plaît à nous montrer en nous décrivant les belles eaux de ses fontaines.
Cousin a voulu davantage : il a affecté la rigueur et l’invention dans la méthode ; il a prétendu serrer les choses de plus près que ses devanciers ; il a tenu à donner à sa philosophie une solidité indépendante de toute tradition révélée ; il a aspiré, en un mot, à fonder une grande école de philosophie intermédiaire, qui ne choquât point la religion, qui existât à côté, qui en fût indépendante, souvent auxiliaire en apparence, mais encore plus protectrice, et, par instants, dominatrice, en attendant peut-être qu’elle en devînt héritière. […] D’une autre part, les rigoureux observateurs de la nature humaine lui ont reproché de maintenir orgueilleusement certains dogmes qu’une philosophie plus positive et plus hardie se croyait en droit de contester, de ne tenir aucun compte de l’homme physique et naturel dans les opérations de l’esprit, de se soucier moins d’être un vrai philosophe (ce qui n’est donné qu’à peu d’hommes) que de vouloir fonder une grande école de philosophie (ce qui est bien différent), et d’aller jusqu’à faire ensuite de cette philosophie une doctrine d’État, ayant cours et influence. […] Cousin abjure ici toutes les explications de la philosophie, et il s’en tient aux apparences. […] Il a du talent sur tout et à propos de tout ; soit qu’il reprenne pour la dixième fois ses Pères de l’Église et qu’il en découvre un encore auquel il n’avait point songé, soit qu’en parlant du concile de Nicée, il se ressouvienne un peu trop peut-être de la défunte Assemblée législative, soit surtout qu’il essaie, dans des morceaux d’une littérature exquise, de nous donner une flatteuse idée d’une histoire de l’Académie française pendant les deux derniers siècles, dans tous ces fragments qu’il ne tient qu’à lui de multiplier chaque matin avec fraîcheur, M. […] Un léger tort, qui tient de près au savoir-faire, c’est, en réimprimant ces morceaux, d’en dissimuler l’origine et la destination première, et de laisser croire que c’est du nouveau pour le public, un fond de portefeuille inédit.
“C’est un polisson”, me répondit-il, et je m’en suis tenu là. […] — Tiens, pourquoi ? […] Tenez, puisque le mot est prononcé, prenons nos comparaisons dans la peinture. […] Jusqu’à la fin du dix-huitième siècle, les hommes restaient plus ou moins de l’avis de Voltaire : ils tenaient, ou du moins prétendaient tenir ce genre pour inférieur, frivole, futile. […] Qu’on le veuille ou non, le vrai roman tiendra toujours de l’épopée, qui l’a engendré.
Toute sa méthode tient dans cette recherche de la relation vraie entre l’œuvre et l’homme. […] Tenir un journal, c’est toujours se sensibiliser à l’excès. […] Il se tenait à peine debout, et, comme je le questionnais amicalement sur sa santé. […] Nous tenons sa signification générale et typique. […] La vive réaction d’aujourd’hui tient du réflexe de défense.
Ainsi, le christianisme, et toute la poésie, et toute la sagesse, tiennent dans quelques mots virgiliens, comme un champ de roses dans un flacon, le bruit de l’océan dans un coquillage, ou le ciel dans une goutte d’eau. […] Car, s’il y avait des choses qu’on était tenu de taire, il y en avait d’autres qu’on était tenu de dire. […] Je le tiens pour l’homme le plus « intelligent » du dix-septième siècle. […] Il tenait à l’opinion du Temps et du Journal des Débats. […] Et il est d’ailleurs singulier que ceux qui ont accablé le général persistent à tenir pour criminelle la phrase du maréchal Lebœuf sur les boutons de guêtre.
Elle commence par n’être qu’une orientation vers le passé, un appauvrissement de nos sensations et de nos idées, comme si chacune d’elles tenait maintenant tout entière dans le peu qu’elle donne, comme si l’avenir nous était en quelque sorte fermé. […] La perception d’une facilité à se mouvoir vient donc se fondre ici dans le plaisir d’arrêter en quelque sorte la marche du temps, et de tenir l’avenir dans le présent. […] Toutefois, en y regardant de plus près, vous vous apercevrez que cette sensation d’effort coïncide avec la fixation des muscles de votre poitrine, que vous tenez la glotte fermée, et que vous contractez activement vos muscles respiratoires. […] Éliminez enfin toute trace d’ébranlement organique, toute velléité de contraction musculaire : il ne restera de la colère qu’une idée, ou, si vous tenez encore à en faire une émotion, vous ne pourrez lui assigner d’intensité. […] Ou vous vous en tenez à ce que la conscience vous donne, ou vous usez d’un mode de représentation conventionnel.
Nous n’avons tenu à leur montrer les véritables Maîtres de notre siècle que pour les désigner à leur imitation féconde, à leur émulation passionnée. […] Il se tient du reste au courant des publications. […] Les nouvelles générations y tiennent résolument et nous partageons leur avis sur ce point, ayant nous-même prêché d’exemple. […] À la vérité la plupart des républicains ne tenaient pas un autre langage depuis Carrel jusqu’aux accusés du procès d’Avril. […] Toute l’inanité des grandeurs humaines tient dans ce poème où, par un phénomène remarquable, la couleur produit la rêverie.
Maintenant, vous me tenez renfermé dans un honteux repos, comme si vous aviez à me reprocher quelque marque de crainte ou quelque faiblesse ! […] C’est une inclination que vous devez tenir de votre naissance, et la force du corps ne vous manque pas pour la suivre. […] Il tient à ma famille par les liens du sang ; Astyage est déjà vieux, et n’a point d’enfant mâle. […] Il s’est donné des gardes, des huissiers, des messagers ; enfin il a réglé autour de lui tout ce qui tient à la royauté. […] Il ordonna ensuite en cette qualité à chaque individu de se munir d’une faux, et de se tenir prêt à exécuter ce qu’il prescrirait.
Tenez ! […] Il est tenu d’être amusant. […] faire tenir toute sa vie dans ce moment ! […] Il tenait à cette théorie contre Newton plus qu’à son Faust… comme M. Ingres tenait plus à son archet qu’à son pinceau, et mademoiselle Mars à sa voix chantée, qui était médiocre, plus qu’à sa voix parlée, qui était divine.
Le souvenir de telle lecture déterminée est une représentation, et une représentation seulement ; il tient dans une intuition de l’esprit que je puis, à mon gré, allonger ou raccourcir ; je lui assigne une durée arbitraire : rien ne m’empêche de l’embrasser tout d’un coup, comme dans un tableau. […] Disons-le tout de suite : c’est pour s’en être tenu aux formes intermédiaires et, en quelque sorte, impures, qu’on a méconnu la véritable nature du souvenir. […] Elles tiennent, comme nous essaierons de le montrer tout à l’heure, à la diminution progressive d’une fonction bien localisée, la faculté d’actualiser les souvenirs de mots. […] Ainsi ces deux hypothèses contraires, la première qui identifie les éléments de perception avec les éléments de mémoire, la seconde qui les distingue, sont de telle nature que chacune des deux renvoie à l’autre sans qu’on puisse se tenir à aucune d’elles. […] Nous sommes tenus de chercher ce que deviennent les faits connus, quand on cesse de considérer le cerveau comme dépositaire de souvenirs 82.
Victor Hugo ne s’en tient pas là. […] Villon ne se tient pas, comme lui, dans une région abstraite et conventionnelle. […] La foule lui demande un spectacle, il le donne : on le tient quitte. […] on m’a attrapé, on m’a enfermé, et on me tient prisonnier : Qui ça, moi ? […] Ce sont là de belles catastrophes, qui tiennent une grande place dans l’histoire.
Il tient en réserve une valetaille d’exécuteurs qui est bonne pour cet office. […] Ils y tiennent et l’achèveront. […] Nous savons maintenant à quoi nous en tenir sur l’esprit militaire de la bourgeoisie : à la vue du prince elle rentre dans son trou. […] Bien tenez, voyez là votre argent. » Le singe de La Fontaine a des manières plus insinuantes et plus flatteuses. […] Est-ce que vous ne savez pas maintenant comment le roi tient sa canne et se mouche ?
-cela se peut. — Tenez, voilà la vieille comtesse qui continue d’arracher les yeux à son partner, sur une invite qu’il n’a pas répondue. […] On a dit : si vis me flere, … etc., mais tu pleureras tout seul, sans que je sois tenté de mêler une larme aux tiennes, si je ne puis me substituer à ta place ; il faut que je m’accroche à l’extrémité de la corde qui te tient suspendu dans les airs, ou je ne frémirai pas. — Ah, j’entends à présent. — Quoi, l’abbé ? […] Il n’y a rien dans aucune des deux qui ne tienne par quelque coin ; point de signes si disparates qui ne confinent, point d’idées si bizarres qui ne se touchent. […] Est-ce la réflexion dans le fluide de la petite torche que ce marin tient à l’extrémité de la nacelle ? […] à quoi tient-il qu’elle soit ou ne soit pas venue ?
Maintenant, à quoi bon tenir à quelque chose ? […] Je tiens l’anecdote de M. le directeur des Beaux-Arts lui-même. […] Je ne tiens de personne l’anecdote que je vais raconter ; elle m’est personnelle. […] Buloz ne tenait pas beaucoup à M. […] Je la tiens de Soumet, qui est un de ses amis.
L’Eloge lui en tiendra lieu, & nous ne craignons pas d’ajouter que ce monument historique, gravé dans la mémoire des Lorrains, est encore plus flatteur, & ne sera pas moins durable que le marbre & l’airain, pour nous servir de l’expression d’Horace. […] Comme toutes les parties de l’administration qui tiennent aux finances ou au commerce, y sont habilement discutées & approfondies !
Pigmalion tiendrait son ciseau de la main droite, et le serrerait fortement. L’admiration embrasse et serre sans réflexion, ou la chose qu’elle admire, ou celle qu’elle tient.
Dans le numéro suivant, Renée Dunan tient de nouveau cette rubrique seule, avant que, dans le n° 5, la rubrique ne devienne collective. […] Les êtres bornés s’en tiennent à leur propre plaisir et à ce qu’ils font volontiers : ils ne se sont pas encore élevés à la grâce. […] Tel homme, même plein de force et de volonté, est pourtant un demi-mort : parce qu’il ne se renouvelle plus, qu’il tient une vérité et qu’il la fait valoir comme un domaine. […] Il aurait pu s’en tenir à des relations laïques, il a préféré des relations rituelles. […] Comme ces ornements sont fragiles si les hommes y tiennent tant, il faudra les utiliser eux-mêmes, ça leur ira, d’ailleurs, si bien !
Les jouissances du pouvoir et des intérêts politiques remportent presque toujours sur les succès purement littéraires ; et quand la forme du gouvernement appelle les talents supérieurs à l’exercice des emplois publics, c’est vers l’éloquence, l’histoire et la philosophie, c’est vers la partie de la littérature qui tient le plus immédiatement à la connaissance des hommes et des événements, que se dirigent les travaux. […] Le système d’Épicure, le dogme du fatalisme, les mœurs de l’antiquité avant l’établissement de la religion chrétienne, dénaturent presque entièrement ce qui tient aux affections du cœur. […] C’est à ces diverses considérations qu’il faut attribuer la supériorité des anciens dans le genre de l’histoire : cette supériorité tient principalement à cet art de peindre et de raconter qui suppose le mouvement, l’intérêt, l’imagination, mais non la connaissance intime des secrets du cœur humain, ou des causes philosophiques des événements30.
Bernardin de Saint-Pierre tient à Rousseau : mais il lui tient par tout ce qui séparait Rousseau de Voltaire et de l’école classique, par tout ce qui faisait de Rousseau l’ancêtre du romantisme. […] Pour lui, athées, riches, savants, ces trois termes se tiennent ; et c’est l’égoïsme des privilégiés qui a inventé les idées impies de force centripète on centrifuge.
L’état quelconque du mouvement qu’il immobilise apparaît sous le regard de la conscience, comme le seul état parfait ; il emporte la foi absolue en lui-même et fait tenir le nombre illimité des possibles dans les limites qui le définissent. « Je suis, dit-il toujours, la vérité et la vie. » Et la force avec laquelle ce pouvoir d’arrêt s’affirme sous forme de vérité dans le monde moral traduit expressément le degré du pouvoir de réalisation dont il est l’interprète. […] Chaque objet du monde, distinct et différent, doit sa naissance à cet acte passionné, qui se proposa de faire tenir en cet objet toute la substance de l’être. […] Sous le jour de ces considérations, il conclut au rétablissement d’un culte auquel se montre attachée la majorité de la nation. — Il faut tenir pour un geste de pure passion intellectuelle ce coup de pied impérial par lequel prit fin une discussion où s’obstinaient l’idéologisme religieux du philosophe et son défaut de scepticisme.
Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres En second lieu, comme le public n’est pas également éclairé dans tous les païs, il est des lieux où les gens du métier peuvent le tenir plus long-temps dans l’erreur qu’ils ne le peuvent tenir en d’autres contrées. […] Or, nous vivons en France dans une suite continuelle de plaisirs ou d’occupations tumultueuses qui ne laissent presque point de vuide dans les journées et qui nous tiennent toujours ou dissipez ou fatiguez.
C’est un je ne sais quoi dont on est transporté ; Et moins on le comprend, plus on est enchanté, J’en ai fait l’autre jour une épreuve cruelle : J’étais dans un salon, dont la dame encor belle Depuis dix ou trente ans tient un bureau d’esprit, Et fait de nos auteurs la gloire ou le crédit. […] Pour toi, douce Erato, si tu tiens à Parny, Si Dufrénoy te plaît, ton empire est fini. […] Vous me direz en vain que ce genre est bizarre ; Qu’il infesta Paris d’une école barbare ; Que, le maître excepté, ces nouveaux Lycophrons Devraient tenir séance aux petites-maisons ; Que, ne pouvant du maître imiter le génie, À défaut de sa verve, ils ont pris sa manie ; Que, pour être immortel, il faut du sens commun, Et que les temps futurs n’en connaîtront pas un.
Il tint parole. […] C’est une doctrine discutable, mais qui se tient. […] Arnauld, et nous ne tenons pas à le savoir. […] Celui-ci se tint coi. […] Il ne tient qu’à Dieu.
Tenons-nous en aux cent dernières années. […] Mais on ne s’en tient pas là. […] On peut hésiter si l’on s’en tient à ses livres. […] Renan s’en tient à la bonhomie. […] Il n’y a pas de nuances qui tiennent.
Mais je n’empêche pas les autres de ne s’y pas tenir. […] Et le génie tient la foule ! […] » Tenez ! […] … Me faire tenir alors une conversation longue comme une chronique de Sarcey ! […] Je pense qu’il faut tenir M.
… » Mais, à la fin, il n’y tint plus, et dauba aussi sur la sœur. […] Je la tiendrai. […] est-ce qu’il ne semble pas tenir de son père le vigoureux coup de marteau ? […] Horace savait bien par lui-même à quoi s’en tenir là-dessus. […] Eux seuls tiennent tout !