Mais tout seul le temps le désagrège, capricieux et protecteur d’inédit.
Certains pays, avec le temps, rompront à peu près avec la religion du Coran ; mais je doute que le mouvement de renaissance se fasse avec l’appui de l’islam officiel.
Il est faux que ce Prince des Poëtes de son temps ait fait présent à du Bartas d’une plume d’or, en lui disant, qu’il avoit plus fait en une semaine que lui, tout Ronsard qu’il étoit, en toute sa vie.
La fiction parfois, la falsification jamais ; aucun grossissement de lignes ; fidélité absolue à la couleur des temps et à l’esprit des civilisations diverses.
Puissent le temps et la force ne pas lui manquer pour achever son œuvre.
Il n’avoit eu ni le tems de se former le style, ni celui de peser les faits dans une balance exacte.
On s’interdit d’anticiper sur la scene, et comme on oublie ce qu’on a vû à d’autres répresentations, on peut bien oublier ce que l’indiscretion d’un poëte lui a fait reveler avant le tems.
Le temps que la nature a donné aux enfans destinez à être de grands peintres, pour faire leur apprentissage, dure jusques à vingt-cinq ans.
Il est donc rare que les plus grands hommes en ces deux professions veuillent rendre justice même à ceux de leurs concurrens, qui ne font que commencer la carriere, et qui ne peuvent ainsi leur être égalez que dans un temps à venir et encore éloigné.
Quoique l’art de la peinture renferme aujourd’hui une infinité d’observations et de connoissances qu’il ne renfermoit pas encore du temps de Raphaël, nous ne voïons pas cependant que nos peintres égalent cet aimable génie.
Ahmed s’est marié et un long espace de temps s’écoule sans que sa femme voie la bague.
Car il ne faut rien de plus, à ce qu’il paraît, pour faire la grande comédie politique de notre temps sorti de la Révolution française, et pour frapper cette mordante médaille de la comédie-pamphlet au xixe siècle.
Il est permis de supposer que sa compréhension de tant de parties de la science auxquelles il était étranger par des recherches personnelles lui vint de la familiarité où il vécut dès ce temps avec M.
Le Consul, qui savait tout, n’ignorait pas qu’il y avait en France un rejeton des Molé, et il l’aurait rattaché à son régime dès ce temps-là ; il le lui fit dire.
J'ai tort, peut-être, de dire assez, car c’est beaucoup avec un homme comme lui, et après tout ce qu’il m’a dit du prince ; il m’en a fait un bel éloge… C'est l’homme du temps, a-t-il dit, c’est le véritable Roi de l’époque… Il a tout ce qu’il faut pour réussir… Les obstacles sont grands ; mais s’il y a une circonstance favorable, elle est certainement pour Henri V… Maintenant, lui ai-je dit, il faudrait faire fructifier ce voyage par une publication, comme autrefois le Conservateur.
Dans la situation toute secondaire où est descendue l’Académie française et d’où il est difficile qu’elle se relève, n’ayant ni action directe, ni but propre, elle paraît décidée à se recruter en grande partie parmi les hommes politiques, comme autrefois elle faisait parmi les grands seigneurs, et elle aura raison, pourvu que, de temps à autre, elle ne dédaigne pas d’ouvrir ses invalides à quelque littérateur pur et simple qui aura la témérité de se mettre sur les rangs.
Ce « temps » spécial à l’observation artistique et capital, est, malgré les apparences, constant.
Quand mon esprit aspire à la pleine lumière, Je sens tout un passé qui le tient enchaîné ; Je sens rouler en moi l’obscurité première : La terre était si sombre, aux temps où je suis né !
Des réflexions si justes et si élevées de mon ami Corréard, je vous engage particulièrement à retenir ceci, que nous ne sommes pas des isolés dans le temps ; que tout ce que la vie a pour nous soit de commodité, soit de noblesse, c’est à nos pères, à nos aïeux, à nos ancêtres que nous le devons ; que nous devons aux morts la culture même d’esprit qui nous permet, sur certains points, de penser autrement qu’eux et mieux, je l’espère et qu’enfin, suivant le beau mot d’Auguste Comte, l’humanité est composée de plus de morts que de vivants.
Car nous avons beau savoir que les fauteurs de révolte ont toujours participé largement de l’égoïsme contre lequel ils s’insurgeaient ; que, si la justice et la charité appellent quelquefois les révolutions, c’est la haine et l’envie qui les accomplissent, et que, par exemple, ce sont les meneurs de grèves qui, nés capitalistes, eussent été les plus durs patrons : il semble parfois que, les révolutions faites, il en revienne tout de même quelque chose, au bout d’un certain temps, aux résignés, aux humbles de cœur, bien qu’elles n’aient été faites ni par eux ni même, au fond, pour eux ; et il arrive ainsi que les violents et les féroces paraissent finalement avoir travaillé pour la justice… Ou peut-être que je m’abuse, et que le bénéfice humain acquis par des moyens révolutionnaires eût pu l’être, et mieux, par un progrès uniquement légal et pacifique.
Il faut qu’il se reprenne ; mais, pendant ce temps-là, la phrase en fusion se lige et perd sa ductilité ; ce qui explique la quantité d’incidences, de juxtapositions et de soudures que l’on remarque dans la versification de M.
. — Rêve sans temps au même site, si naïf, que si loin qu’aille le chemineau, sensuelle milice, il ne gagne un pouce sur l’astre auquel il s’acoquine.
Ceux qui sont de justice doivent faire ceci, doivent faire cela, et vous faites ceci et cela (décrivant naïvement en son patois toute la corruption de la justice du temps présent).
On citait beaucoup de cas de crucifiés qui, détachés à temps, avaient été rappelés à la vie par des cures énergiques 1198.
La nécessité n’explique pas tous ces emprunts ; la vanité en explique quelques autres : il a toujours paru aux savants de tous les temps qu’ils se différenciaient mieux de la foule en parlant une langue fermée à la foule.
On l’appelloit l’anti Mondori, par allusion à Mondori, le plus fameux comédien de son temps.
Je ne crains que celle du temps.
« Alors la vierge : Il est temps d’interroger le destin.
On n’écrit point une belle page sans goût et sans un goût pur et grand, et le goût est chez toutes les nations le produit d’un long intervalle de temps.
« Sa vie passée dans le luxe, dit Bossuet, ne lui faisait point sentir la durée, tant elle coulait doucement17. » C’est le mot ordinaire ; mais si je veux, spontanément par trouvaille, ou volontairement par effort, si je veux donne ; à ce mot plus de hardiesse, l’accoupler à des pensées imprévues, ce simple verbe peut devenir admirable, la plume de Bossuet : « Laissez couler sur le prochain cet amour que vous avez pour vous-même18. » Et ailleurs « Dieu a tant d’amour pour les hommes et sa nature est si libérale qu’on peut dire qu’il semble qu’il se fasse quelque violence quand il retient pour un temps ses bienfaits et qu’il les empêche de couler sur nous avec une entière profusion19. » Et toujours de Bossuet dans cet ordre d’idées : « Les générations des hommes s’écoulent comme des torrents. » Encore une fois, ces trouvailles, ces images, ces transpositions de sens peuvent n’avoir pas coûté d’effort à Bossuet.
Mais pour ne point laisser de doute sur cette succession naturelle, nous examinerons comment chaque état se combine avec le gouvernement de l’état précédent ; mélange fondé sur l’axiome : lorsque les hommes changent, ils conservent quelque temps l’impression de leurs premières habitudes.
Quel que soit ce rapport, quelle que soit donc la nature intime de la perception, on peut affirmer que l’amplitude de la perception mesure exactement l’indétermination de l’action consécutive, et par conséquent énoncer cette loi : la perception dispose de l’espace dans l’exacte proportion où l’action dispose du temps. […] Un certain temps s’écoule avant que l’enfant arrive à toucher du doigt le point précis de la peau où il a été piqué. […] Dans ce que nous appelons de ce nom entre déjà un travail de notre mémoire, et par conséquent de notre conscience, qui prolonge les uns dans les autres, de manière à les saisir dans une intuition relativement simple, des moments aussi nombreux qu’on voudra d’un temps indéfiniment divisible. […] Il suffirait de diviser idéalement cette épaisseur indivisée de temps, d’y distinguer la multiplicité voulue de moments, d’éliminer toute mémoire, en un mot, pour passer de la perception à la matière, du sujet à l’objet. […] Telle est du moins la conclusion qui se dégagera, nous l’espérons, de la dernière partie de ce travail : les questions relatives au sujet et à l’objet, à leur distinction et à leur union, doivent se poser en fonction du temps plutôt que de l’espace.
Langues, idées, théologies, saintetés, invocations, martyres, héroïsme, dévouement, prodiges, chants sacrés dont les débris témoignent d’une majesté divine visible aux poètes inspirés, morale surhumaine, mystérieuse, que l’homme n’aurait pu découvrir, invocation perpétuelle au Créateur, l’anéantissement de la matière devant l’intelligence sacrée : tels sont les vestiges que ces révélations indiennes conservent des premiers temps de l’entretien des dieux et des hommes. […] Il l’a soumise au temps, qui lui mesure la durée de l’être ; À la dissolution et à la mort, qui la décomposent et la transforment. […] Il la trouve dans sa conscience, gravitation mystérieuse, mais convenable, que Dieu a donnée comme une impulsion constante dans tous les pays, dans tous les temps, dans toutes les doctrines civiles ou religieuses, à tous les hommes de bonne volonté.
Jalouse de ses droits écrasés, la déesse d’amour se vengea : le philtre d’amour destiné selon les mœurs du temps par la prévoyante mère à l’époux marié par politique, elle le fit par une rusée mégarde présenter au jeune couple ; eux, l’ayant bu, s’enflammèrent tout à coup d’un clair feu, et se durent avouer qu’ils s’appartenaient l’un à l’autre seulement. […] il demeure en une perception amortie de vous ; le temps s’embrouille, l’espace s’embrume en chaos de végétations ; et il songe d’il ne sait quelles piétés, quelles souffrances ; il songe obscurément de religiosités et de douleurs ; un sommeil mental est en la rigidité des chairs ; l’âme est ensommeillée ; elle ouit comme une qui sommeillerait ; et c’est, en cette âme, un très lointain écho des entourants cantiques mêlés de silences, des emmêlés cantiques, pieux, lamentants et virginaux. […] Wagner se montre expérimentateur et j’eusse désiré justifier expérimentalement ce titre qu’il s’est maintes fois donné, mais le caractère de cette Revue ne me permettait pas de relever la magistrale empreinte qui caractérisera plus tard Wagner dans l’art fossile de notre temps, j’entends son socialisme naturaliste61.
Elle consiste dans le défaut d’homogénéité qui a toujours existé jusqu’à ces derniers temps entre les différentes parties du système intellectuel, les unes étant successivement devenues positives, tandis que les autres restaient théologiques ou métaphysiques. […] D’un autre côté, la théorie générale des classifications établie dans ces derniers temps par les travaux philosophiques des botanistes et des zoologistes permet d’espérer un succès réel dans un semblable travail, en nous offrant un guide certain par le véritable principe fondamental de l’art de classer, qui n’avait jamais été conçu distinctement jusqu’alors. […] On en peut citer un exemple bien remarquable dans les belles spéculations des géomètres grecs sur les sections coniques, qui, après une longue suite de générations, ont servi, en déterminant la rénovation de l’astronomie, à conduire finalement l’art de la navigation au degré de perfectionnement qu’il a atteint dans ces derniers temps, et auquel il ne serait jamais parvenu sans les travaux si purement théoriques d’Archimède et d’Apollonius ; tellement que Condorcet a pu dire avec raison à cet égard : « Le matelot, qu’une exacte observation de la longitude préserve du naufrage, doit la vie à une théorie conçue, deux mille ans auparavant, par des hommes de génie qui avaient en vue de simples spéculations géométriques. » Il est donc évident qu’après avoir conçu d’une manière générale l’étude de la nature comme servant de base rationnelle à l’action sur la nature, l’esprit humain doit procéder aux recherches théoriques, en faisant complètement abstraction de toute considération pratique ; car nos moyens pour découvrir la vérité sont tellement faibles que, si nous ne les concentrions pas exclusivement vers ce but, et si, en cherchant la vérité, nous nous imposions en même temps la condition étrangère d’y trouver une utilité pratique immédiate, il nous serait presque toujours impossible d’y parvenir.
L’auteur a tourné et retourné en tous sens le problème (car c’en est un) de ces frères Le Nain, de tout temps assez peu connus. […] Su l’ bord du Cher, il v’a-t-une fontaine Où sur un frên’ nos deux noms sont taillés ; L’ temps a détruit nos deux noms sur le frêne… Mais dans nos cœurs il les a conservés.
. — Il est absurde et scandaleux qu’une compagnie proprement littéraire et qui, par définition, doit compter « dans son sein » les meilleurs écrivains du temps, soit à ce point encombrée de médiocrités, et il y a pas mal de ces bonshommes à qui on aurait envie de fourrer dans les narines les branches de persil qu’ils portent sur leur collet ? […] C’est lui qui éreinte tout le temps l’Académie et qui tire la morale de l’histoire.
Aujourd’hui, elle lui apparaît tout à fait condamnable parce que sa laideur éternelle s’est extériorisée : « Elle sent la gamelle et la buffleterie des bas officiers, l’amour ancillaire d’une populace de Gothons en extase devant le caporal ignominieux. » Il y a, paraît-il, un parti politique « où les professeurs d’élégance oublient de saluer sur le terrain un adversaire qu’ils jugent pourtant digne de croiser le fer avec eux » ; et Tailhade s’irrite contre ces vilains « à qui mesdames leurs mères, trop occupées de leurs confitures et du point de sel à mettre dans le pot, n’eurent guère le temps d’apprendre le bel air des choses ». […] Trop occupé sa besogne de policier, le vaillant anarchiste fabrique à la grosse des articles dont il n’a pas le temps de relire toutes les phrases.
Diêgui, notamment, nous révèle l’esprit chevaleresque des Torodo et, si l’on peut parfois comparer une période de notre évolution à l’état présent de la civilisation chez telle ou telle race indigène, il n’y aurait aucune audace à admettre des rapports marqués entre la mentalité des Torodo et celle de nos belliqueux ancêtres des premiers temps du Moyen-Age. […] Quant à NGouala (ou Nouala), sorte d’Allah déformé à l’usage des Bambara fétichistes évoluant vers le monothéisme, c’est, lui aussi, une personnalité pleine de « bonace », un roi d’Yvetot, parfois à court d’argent, qui se voit obligé d’avoir recours aux humains de temps à autre quand l’arrivée d’hôtes inattendus ou la mort de sa belle-mère lui occasionnent des dépenses inaccoutumées.
Ils ont passé leur temps à bégayer les principes d’une esthétique bizarre, inharmonique au grand Tout et à parader comme des clowns sur les tréteaux de la littérature. […] Quelque temps après, il se faisait inscrire comme disciple de Moréas et annonçait à grand bruit qu’il allait publier une œuvre symboliste : La Peau de Marsyas.
Ingres, quelque chose d’isolé, de sincère, de pénétrant à la longue, de chaste en beauté, d’un peu froid par rapport au temps présent, mais, au fond, empreint de qualités impérissables.
C’est une vraie satisfaction de suivre l’historien, démêlant ainsi le fil des choses, exposant le jeu des partis, les lois de leur marché, et, pour ainsi dire, le mécanisme de ces temps-là.
Et c’est envers des contemporains connus de près qu’on peut s’acquitter avec le plus de certitude de cette justice de détail, qui n’est qu’un fond plus vrai donné au tableau littéraire d’un temps.