Il remet cet homme sur pied, en pleine réalité, il le rattache par tous les côtés à la terre, selon son expression ; il suit dans son origine, dans son éducation, dans ses fréquentations, dans toute sa vie intime et domestique, la formation, les agrandissements, les abaissements du caractère et de l’esprit. […] Dans l’identité de la doctrine janséniste, Sainte-Beuve suit l’irréductible distinction des tempéraments, marque les formes et les valeurs très diverses qu’ils ont imprimées aux communes idées : au bout du livre, on a moins retenu l’évolution du jansénisme que des physionomies de jansénistes. […] Dans ses belles études sur la Philosophie de l’art, Taine, procédant toujours, comme il a dit, en naturaliste, suit dans la sculpture grecque, dans la peinture et la sculpture italiennes, dans la peinture des Pays-Bas, l’action déterminante de la race, du milieu et du moment.
Michelet choisit un couple : une jeune fille de dix-huit ans et un jeune homme de vingt-huit ; il les suppose s’aimant d’un amour égal ; il les isole à peu près (quoi qu’il dise) du monde ambiant ; les suit année par année, jusqu’à la mort, et étudie, aux âges différents, l’action physique et morale de l’homme sur la femme, et inversement : « création de l’objet aimé (c’est-à-dire création de l’épouse par le mari) ; initiation et communion ; incarnation de l’amour (dans l’enfant) ; alanguissement de l’amour ; rajeunissement de l’amour. » Michelet propose un idéal, et qui se trouve être, sur la plupart des points, traditionaliste : il est remarquable que, ayant intitulé son livre l’Amour, Michelet n’y parle que de l’amour conjugal. […] Si faible est ma volonté, que d’heure en heure elle glisse, elle va m’échapper… » etc… Dans le roman de Mme de La Fayette, M. de Clèves reçoit de sa femme une confidence pareille, suivie des mêmes supplications : « Conduisez-moi ; ayez pitié de moi et aimez-moi encore si vous pouvez ! […] Il est très bon de leur persuader que vivre ainsi, c’est suivre la nature en l’interprétant, et que, par la vertu d’un amour unique et qui dure, l’homme atteint à son maximum de force. « Ou concentre-toi, ou meurs.
Adolphe est las de lui-même et de sa puissance inoccupée ; il aspire à vouloir, à dominer, à parler pour être compris, à marcher pour être suivi, à aimer pour mettre à l’ombre de sa puissance une volonté moins forte que la sienne, et qui se confie en obéissant. […] Je suivrai d’un œil assuré les feuilles dispersées de mes espérances, si vertes et si humides au matin, et si rapidement séchées avant l’heure du soir. […] En vue des années qui vont suivre, il sentira défaillir son courage, et regrettera l’extase qu’il avait à peine espérée.
Le jeune homme l’a suivi quelque temps dans la voie scabreuse qu’il brûle à grandes guides ; mais il a vu l’abîme et il s’arrête court. […] Quand la pauvreté est venue, il n’a pas eu le cœur de la suivre, et d’aller travailler dans son âpre champ ; il a préféré flâner en comparse, sur le théâtre de la richesse où il a toujours ses entrées, mais dont il ne peut plus même porter le costume. […] Autrement, sa mauvaise humeur n’est qu’une bouderie puérile et fâcheuse qu’aggraveront étrangement les procédés qui vont suivre.
En un mot, il n’y a point encore là de vraie tragédie ; il peut au plus y en avoir un léger crayon ; car, outre que le sujet des récits de l’acteur était une action suivie, l’accessoire l’emporta peu à peu sur le principal. […] Car alors, non contents d’étudier la nature dans leur propre cœur, ils jugeaient de ce qui devait plaire par ce qui plaisait en effet, et se conformaient au goût des peuples pour suivre de plus près la nature, comme un sculpteur habile et éclairé étudie l’antique qui a plu, pour approcher de plus près du vrai beau qui doit plaire. […] Il s’est représenté l’épopée comme une reine auguste assise sur un trône, et dont le front chargé de nuages laisse entrevoir de vastes projets et d’étranges révolutions : au lieu qu’il s’est figuré la tragédie, éplorée et le poignard en main, telle qu’on la présente, accompagnée de la terreur et de la compassion, précédée par le désespoir, et bientôt suivie de la tristesse et du deuil.
Elle a suivi son époux dans la plaine, sur la montagne, au fond de la forêt. […] Attendez, mon ami : peut-être que ce qui suit donnera quelque vraisemblance à des idées qui ne vous ont amusé jusqu’à présent que comme un rêve agréable, que comme un système ingénieux. […] Mais ce que j’esquisse ici en passant, se trouvera peut-être un peu plus fortement rendu au chapitre de la composition qui va suivre.
Si je considère les trois meilleurs poètes de la génération qui suivit Verlaine et Mallarmé, et qui sont Henri De Régnier, Viélé-Griffin et Francis Jammes, je suis frappé de ceci que tous trois ont écrit sous forme de poème dramatique leur chef-d’œuvre, avec l’homme et la sirène, Phocas le jardinier, le poète et sa femme. […] Le symbolisme ne comportera, pour la critique, un ordre et un sens que lorsqu’un nouveau mouvement poétique (je n’ose dire une école) lui aura succédé, lorsqu’il sera possible de le définir comme il faut, par ce qu’il précède et par ce qui le suit. […] Mais si quelqu’un avait écrit une étude approfondie sur sa poétique, analysé sa rythmique et sa métrique, suivi l’évolution de son vers, ni M.
C’est en ces voyages que Lorrain nous invite à le suivre et dont, d’outre-tombe, il nous confie les pittoresques et vivantes impressions. […] En vain fit-il suivre les Hortensias bleus du Parcours du Rêve au Souvenir. […] Suivons-la donc dans la petite cité normande quelle évoque si bien et entrons avec elle dans la pharmacie paternelle. […] Pour se rendre compte de ces changements et de ces combats, il faut lire le livre de M. des Cognets et y suivre, de page en page, les nobles angoisses de ce cœur et de cet esprit. […] Pendant les années 1785, 86, 87, 88, les lettres de change se suivent régulièrement, presque toujours signées de M.
Mais le physicien n’affirmera jamais qu’un fait s’est produit sans cause ou que n’importe quelle cause peut être suivie de n’importe quel effet. […] Pensées et images, — car Mme de Witt ne recule jamais devant les rides d’une vieille métaphore, — se suivent avec incohérence. […] Elle va à la ligne au petit bonheur, hache les développements les plus suivis, rapproche les choses les plus opposées. […] Suit un éloge de la mer. […] Imitatrice inhabile, incapable de juger et d’utiliser l’expérience de l’homme, elle tient à suivre exactement la même route que nous avons suivie, à refaire les mêmes faux pas, à recommencer les mêmes chutes, à s’engager derrière nous dans l’impasse du suffrage universel.
Dans les années qui avaient suivi le coup d’État, M. […] Le public suivait avec un vif plaisir et un réel intérêt ces jeunes savants dont la parole était si sûre, si élégante et parfois si indépendante. […] Que lui importe en effet, puisqu’il a l’art de faire une pièce avec un seul caractère qu’il suit jusqu’où la logique le conduit ? […] Il suit cette marche des passions comme les médecins et les savants suivraient une maladie à travers les siècles ; il voit les derniers excès auxquels elles peuvent atteindre ; il rassemble tout cela sur une seule tête : celle d’un individu, qui devient alors typique et mythique, et la vérité même de la passion. […] Molière, ai-je déjà dit, ne suit que les grandes voies, les voies en général les plus près de la nature.
On sent jusqu’où l’on peut être hardi sans être téméraire ; on s’élève, on s’avance jusqu’où l’on se voit suivi ; si l’élève hésite, le maître s’arrête ; il regarde s’il n’a pas fait un faux pas. […] S’agit-il d’un politique, il entrera dans ses conseils ; il peindra les événements qu’il a dirigés ou suivis. […] Voilà pourquoi, ayant suivi Bossuet dans cette mêlée, et m’en étant retiré avec le doute, je me demande par quelles causes, vainqueur dans la doctrine, dans l’événement il a été vaincu. […] On suit le grand docteur comme Dante suit Virgile, pas à pas ; on l’écoute sans défiance, dans un complet abandon, oubliant la réserve qu’on a faite de son indépendance en entrant dans cette étude ; et, alors même que l’on remporte ses doutes, il est admirable qu’on ne trouve pas faux ce qu’on n’a pas trouvé concluant. […] Dame phrygienne qui avait quitté son mari pour suivre Montan ou Montanus, hérésiarque du deuxième siècle, lequel se faisait passer pour prophète et faiseur de miracles.
Le mari a son gouvernement, son commandement, son régiment, sa charge à la cour, qui le retiennent hors du logis ; c’est seulement dans les dernières années que sa femme consent à le suivre en garnison ou en province245. […] « Ici, à Paris, écrit Mme d’Oberkirch, je ne m’appartiens plus, j’ai à peine le temps de causer avec mon mari et de suivre mes correspondances. […] Ayant fait le code des usages, il est tout naturel que ce soit à leur profit, et elles tiennent la main à ce que toutes les prescriptions en soient suivies. […] « Depuis cinq ou six mois, écrit une dame en 1782295, les soupers sont suivis d’un colin-maillard ou d’un traîne-ballet et finissent par une polissonnerie générale. […] Comte de Ségur, I, 297 : Ma naissance n’a rien de neuf, J’ai suivi la commune règle ; Mais c’est vous qui sortez d’un œuf, Car vous êtes un aigle.
. — Confondu ou non confondu en totalité ou en partie avec l’objet réel, il suit toujours la sensation. […] Dès que la sensation est présente, le reste suit ; le prologue entraîne le drame. […] C’est un rapport constant entre deux termes, et tel que l’un précède toujours et que l’autre suive toujours. […] Les peuples enfants, en qui cette aptitude est intacte, la suivent bien plus loin que nous. […] De l’analyse du mouvement, il suit qu’il n’est pas absolument hétérogène à la sensation ; car l’idée que nous en avons est formée avec des matériaux fournis par nos sensations musculaires de locomotion.
Un pays est devenu un livre ; ouvrons le livre, et suivez-moi. […] Et sans plus en dire chacun se met à cueillir de nouveau quelque brindille ; pourtant, avec des yeux malins en dessous, ils s’épiaient à qui rirait le premier……… » Mais lisez tout entier le passage qui suit cette rencontre involontaire des deux mains dans les feuilles. […] Enfin l’amoureux propose à Mireille de le suivre au pays de la Camargue, où l’on entend la mer à travers les rameaux sonores des pins. […] « Et les six mules, belles et luisantes, suivaient, sans détourner ni s’arrêter, le sillon ; elles semblaient, en tirant, comprendre elles-mêmes pourquoi il faut labourer la terre sans marcher trop lentement et sans courir, vers le sol baissant le museau, patientes, attentives à l’ouvrage, et le cou tendu comme un arc ! […] l’écho de ces stances est un perpétuel applaudissement de l’âme et de l’imagination qui vous suit de la première jusqu’à la dernière stance, comme, en marchant dans la grotte sonore de Vaucluse, chaque pas est renvoyé par un écho, chaque goutte d’eau qui tombe est une mélodie.
C’était de la démence ; cette femme eut le bon esprit de résister à toutes les séduisantes avances du grand homme. » Suit le billet : je ne le transcrirai pas. […] Les affaires extérieures suivront leur cours. […] je serai bientôt délivré des dernières ; les premières me suivront-elles dans la tombe ? […] « Je n’ai rencontré personne sur les chemins, hormis quelques cantonniers solitaires, occupés à effacer sur les ornières les traces des roues des voitures ; ils me suivaient comme le Temps, qui marche derrière nous en effaçant nos traces. […] Nous suivîmes son cercueil comme celui d’une vierge au linceul blanc ; c’était une âme virginale ; il n’avait aimé que Béatrice, et sa Béatrice restait sur la terre pour pleurer sur lui.
Une a suivi le troupeau toute la journée : c’est de bon augure, nous aurons bientôt des fleurs. […] Que de fois je me prends à considérer, à suivre des yeux de tout petits insectes que j’aperçois dans les feuillets d’un livre, ou sur les briques, ou sur la table ! […] Une jeune fille, belle comme une créole et d’une dot suffisante, l’y suivit ; mademoiselle de Guérin rêva la réhabilitation de son frère par un mariage. […] « Mais c’est l’Ascension aujourd’hui ; laissons la terre et le ciel de la terre, montons plus haut que notre demeure, et suivons Jésus-Christ où il est entré. […] « Il me faut partout des tables et du papier, parce que partout mes pensées me suivent et se veulent répandre en un endroit, pour toi, mon ami.
Le monarque taciturne lui répondit par un mouvement de tête, et, se retournant vers l’un des courtisans qui le suivaient, il demanda où étaient restés les échevins, qui d’ordinaire accompagnent le prévôt. […] Je pris la route de Gênes, où je m’embarquai avec mon bagage et une petite calèche, laissant mes chevaux suivre la voie de terre par Lerici et Sarzana. […] C’est là le procédé que j’ai suivi dans toutes mes compositions dramatiques, à commencer par le Philippe, et j’ai pu me convaincre qu’il compte au moins pour les deux tiers de l’œuvre. […] Gehegan, qui les suivait, ces religieuses sont d’une exquise politesse : elles viennent de me jeter la porte au nez ! […] Je ne pouvais avec décence la suivre à Rome immédiatement ; je ne pouvais non plus me tenir à Florence.
Les orbes célestes y obéissent et les suivent dans leur marche ; mais la position primitive et régulière de ces orbes ne dépend plus de ces lois merveilleuses. […] Je ne parle pas de son génie en général, c’est trop évident ; je ne parle que de sa Physique en particulier, et je pense que la théorie du mouvement, telle qu’elle s’y présente, est le point de départ de toutes les théories qui ont suivi sur le même sujet. […] On voit que son traducteur, qui aimerait à le suivre au septième ciel, souffre, tout en l’excusant, de cette philosophie un peu trop terrestre. […] Il suit de là que la loi morale n’est pas uniquement la règle de l’individu ; c’est elle encore qui fait à elle seule les véritables liens qui l’associent à ses semblables. […] En un mot, elle peut le sauver, s’il consent à la suivre.
On peut suivre dans deux de ces genres mixtes, la chanson et l’opéra, les effets de cette coopération. […] En voilà, je pense, plus qu’il n’en faut pour prouver que les arts dont nous parlons suivent la même marche que la littérature et se transforment avec elle sous l’action des mêmes causes générales. […] Ces derniers ont abondé au xvie siècle ; ils ont retrouvé un éclat éphémère sous la minorité de Louis XIV ; puis ils ont reparu avec le romantisme et plus encore avec les écoles qui l’ont suivi. […] D’autres fois ce sont des sobriquets satiriques donnés à ceux qui se piquent d’être les rois de la mode et qui en suivent ou même en devancent les prescriptions. […] On peut suivre dans des temps plus rapprochés de nous cette marche parallèle du costume et de la littérature.
Char sacré et inaccessible : aucun homme n’avait le droit d’y monter ; le cocher suivait à pied, tenant les rênes dans sa main. […] Les autres troupes suivaient désordonnées et confuses, à perte de vue des horizons traversés. […] Les meules mêmes ne manquaient pas à la curée promise ; des bandes de chiens indiens suivaient sa piste en hurlant. […] Trois cents hoplites, fleur guerrière de Lacédémone, formaient l’avant-garde, trois mille confédérés les suivaient, la plupart suspects ou irrésolus. […] Il suivait sans doute la Déesse fuyant à grands pas vers la mer.
D’en bas, on les suit des yeux. […] Un tel poëte fait rêver, suivi d’un tel traducteur ! […] Désormais, quiconque voudra de cette croissance-là suivra le doigt indicateur de saint Paul. […] Du reste, qu’importe à Dante que vous ne le suiviez plus ! […] Dans l’ordre des hauts génies, Rabelais suit chronologiquement Dante ; après le front sévère, la face ricanante.
La brigande suivit son mari à Madrid, orna la cour de Joseph qui sur le trône d’Espagne, remplaçait le roi légitime, et permit à son fils aîné Abel, d’endosser la livrée bonapartiste, en qualité de page. […] Il faut arriver à 1827, pour le voir dans son Ode à la Colonne, essayer de glorifier indirectement l’Empire en glorifiant ses maréchaux ; mais pour se départir de la conduite qu’il s’était imposée et qu’il avait suivie avec tant de fermeté, Hugo avait une excuse. […] En 1848, les conservateurs et les réactionnaires les plus compromis se prononcèrent pour la république que l’on venait de proclamer : Victor Hugo n’hésita pas une minute à suivre leur noble exemple. […] Le coup d’État qui surprit au lit les chefs républicains, dérangea ses plans, il dut suivre en exil ses partisans, puisqu’ils l’avaient promu chef. […] Il ouvrit alors au romantisme une carrière qu’il fut seul à parcourir ; ses compagnons littéraires de 1832, plus timides que les bourgeois dont ils s’étaient moqués, n’osèrent pas suivre celui qu’ils appelaient leur maître.
L’âme de Dante quitta en quelque sorte la terre avec elle, et on ne peut douter que ce ne fut pour suivre et pour retrouver l’âme de Béatrice qu’il entreprit plus tard ce triple voyage à travers les trois mondes surnaturels, enfer, purgatoire, paradis, où, sous le nom de théologie, il ne cherche et ne divinise au fond que son amante. […] Je possédais dans ma pensée le fil conducteur à travers ces ébauches, et je comptais les relier à la fin les unes aux autres par cette unité des deux mêmes âmes, toujours égarées, toujours retrouvées, toujours suivies de l’œil et de l’intérêt, dans leur Divine Comédie, à travers la vie, la mort, jusqu’à l’éternelle vie ! […] Mais surtout quand Béatrice quitta la terre dans tout l’éclat de la jeunesse, il la suivit par la pensée dans ce monde invisible dont elle était devenue l’habitante, et il se plut à la parer de toutes les fleurs de l’immortalité. […] Ozanam, dans un long et savant volume, suit pas à pas le Dante dans sa théologie, dans son astronomie, dans sa science scolastique, et montre partout la concordance allégorique de la foi du Dante, de la science du temps et de l’invention surnaturelle du poète. Ceci devient sous la main d’Ozanam un vaste traité de scolastique moderne dans lequel nous ne le suivrons pas.
Nous ne pouvons pas dire comme Hafiz : « Laissez-moi vider ma coupe » sans savoir quelle lie amère il peut y avoir au fond du verre, et quel déboire suivra l’ivresse ? […] L’Océan fatigué de suivre dans les cieux Sa déesse voilée au pas silencieux, Sous les rayons divins retombe et se balance. […] — voilà le mot que la nature entière Crie au vent qui l’emporte, à l’oiseau qui le suit ! […] Tel se montre Alfred de Musset dans presque toutes les poésies qui ont suivi le poème de Rolla. […] Il a poursuivi des feux follets dans la nuit putride des lagunes de Paris, au lieu de suivre dans le ciel l’étoile immortelle d’une Laure ou d’une Béatrice digne de toi.
Il est intéressant d’en suivre avec M. […] C’est le progrès à rebours ; c’est la méconnaissance complète de la marche suivie par la nature ; c’est précisément l’inverse de la méthode adoptée par Aristote dans sa belle théorie de l’âme. […] Il en suit l’histoire et les procédés à travers tous les échelons de la nature vivante et en a fait l’objet d’un traité spécial qui passe à bon droit pour son chef-d’œuvre en zoologie. […] Nous n’avons plus le Traité des plantes d’Aristote, et nous ne pouvons savoir dans quelle mesure le disciple est redevable à son maître ; mais il est certain qu’il en suivit scrupuleusement la méthode. […] Dès 1233, Thomas de Cantimpré, s’aidant probablement de la translation de Michel Scotus, commençait sa vaste compilation, de Naturis rerum, bientôt suivie de celles d’Albert le Grand et de Vincent de Beauvais.
Barreswil, un réactif de même nature composé ainsi qu’il suit. […] Nous avons de plus suivi, chez ces animaux, l’ordre de succession des phénomènes digestifs. […] — Accidents qui suivent la production de l’alcool dans le système circulatoire. — Vues sur les phénomènes chimiques de l’organisme. […] Mais quelques personnes qui suivent ce cours m’ayant demandé de m’expliquer sur la portée des arguments qu’on y propose, il est de mon devoir d’y répondre. […] Mais ce n’est pas tout encore, et suivez un peu ce raisonnement.
Il est fatal que les œuvres faites déterminent — partiellement — les œuvres à faire : elles sont nécessairement conçues comme modèles à suivre, ou à ne pas suivre. […] Et afin que notre âme ait ainsi de quoi être contente, elle n’a besoin que de suivre exactement la vertu. […] Bourgeois vont nous permettre de suivre une méthode inverse et plus rationnelle. […] Ce premier volume sera suivi, nous dit-on, de six ou sept autres. […] Dancourt le suivit bientôt.
Un grand lévrier rhumatisant suivait ses pas ; l’esthétique de Paul Adam était alors assez confuse, ainsi que ses rêves politiques, littéraires, industriels, dramatiques, brummellesques. […] Ce sont de petits articles qui se suivent sans autre lien que la série de préoccupations qu’ils rappellent. […] Ils suivaient en cela la voie de M. de Goncourt, dont la perpétuelle analyse d’êtres différents se concentre en somme en une étude des reflets des personnalités sur lui. […] Il en manque, mais les dimensions du volume déjà gros, nous restreignent à suivre surtout la ligne générale que nous y voulons donner, des origines du symbolisme pour la préface, et de ses possibilités, pour les articles qui suivent. […] Elle se perdit à suivre les méandres des broderies.
Et les lignes qui suivent nous font comprendre qu’elle était boulotte. […] Jean-Jacques suit avec M. de Francueil un cours de chimie. […] Elle le suit à travers tous ses exils. […] Il fallait tout quitter pour la suivre, m’attacher à elle jusqu’à sa dernière heure, et partager son sort, quel qu’il fût. […] Je gémis sur elle et ne la suivis pas.
Et là-dessus la revue dont je parle a envoyé un petit questionnaire à ses abonnés à peu près conçu comme suit : Shakespeare sait-il composer une pièce ? […] Ce qui suit n’en est pas l’analyse, que je crois qui serait impossible à faire ; mais, mis à peu près en bon ordre, l’ensemble des idées qu’il suggère. […] Vous n’avez pas suivi ! […] Elle a suivi très attentivement les essais de Champfleury, qui ont en leur temps été pris fort au sérieux ; elle leur est plutôt favorable. […] Il faut suivre sans s’arrêter et sans se distraire et sans revenir en arrière et sans approfondir.
Car si Molière était convaincu que l’homme doit suivre son mouvement naturel, Molière, dans sa vie à lui et c’est-à-dire dans sa vie d’auteur, suivrait son mouvement naturel d’auteur ; il s’abandonnerait à son imagination au lieu de s’assujettir à l’objet, ce qui est une contrainte. […] Est-ce qu’il ne suit pas la nature tout simplement ? […] On me répondra : « Il suit la nature pour son compte ; mais il la contrarie dans Agnès ! […] Pour les autres, je remarque que Martine, Nicole, Chrysale, Madame Jourdain, Alceste et Henriette suivent peut-être tous la nature, la bonne nature, mais qu’ils ont des façons bien différentes de la suivre. […] L’homme de sens commun suit le troupeau parce qu’il en est, avec peut-être un sentiment sourd qu’il faut le suivre pour qu’il soit et qu’il dure.
On suit de l’œil en tremblant le jongleur indien, et s’il arrive sans encombre au terme de sa marche périlleuse, on éclate en applaudissements. […] Si la Commune avait été suivie d’une restauration monarchique, ses apologistes auraient eu beau jeu. […] Entraînement de parti, faiblesse de caractère ; mais cette rare intelligence était digne de suivre seule sa voie en gardant sa fierté. […] L’esprit se lasse bien vite à suivre une fantasmagorie aussi vide de signification et d’intérêt. […] Les définitions, comme on voit, doivent suivre non pas l’ordre de l’usage de moins en moins fréquent des sens, mais l’ordre logique de leur développement.
On peut donc suivre M. […] Cendres, fumées et ombres paraissaient ici suivre la grande loi. […] Je suivrai M. […] Que de malheurs ont suivi ce mystère. […] Il suit un mouvement commencé bien avant lui.
J’emprunte le passage qui suit au chapitre consacré à la mort de la mère de Jeanne. […] Mais le chien, d’un effort pénible, s’était déjà mis debout et le suivait. […] Ils suivaient donc cette route, de Folkestone à Hythe, mince ruban qui court au long de la mer. […] Le dîner qui suivit cette après-midi de songe fut silencieux et presque sombre. […] Assis sur son derrière, les oreilles dressées, les yeux brillants, le corps frissonnant, il suivait dans l’air le vol d’un papillon.
Ce qui suit n’est pas une étude sur Montesquieu, suivie d’une étude sur Rousseau à laquelle s’ajoute une étude sur Voltaire. […] Elles ne deviennent des crimes que lorsqu’elles préparent, qu’elles accompagnent ou qu’elles suivent une action criminelle. […] Le lendemain et les jours suivants et les années qui suivent il est parfaitement opprimé. […] Pourquoi donc ne sont-elles pas suivies dans les autres pays ? […] Nous n’avons qu’à le suivre dans ces variations réelles ou apparentes.
Des écoliers les suivaient en criant ; Tu es Jesuita, ergo hypocrita, ita. […] La tradition voulait qu’ils suivissent leurs élèves. […] Cependant, elle l’aurait suivi partout et serait morte à Naples, le laissant en proie au désespoir. […] Fromentin ne suivit pas ce conseil qu’elle lui donnait avant que son livre parût en librairie. […] Il rejoint le 2 septembre, à la veille de la Marne ; et il suit les Anglais jusqu’en 1917.
Seulement, dans cet écrit si étroit et si simple d’idées, il y a de fortes pages, des mouvements vigoureux et suivis, d’éloquentes poussées d’indignation, un très beau talent de style : on y sent quelque chose du poète dans un grand nombre de comparaisons heureuses. […] , non, jamais je ne pourrai arracher de mon cœur le désastre de la patrie ; partout elle me suivra, je reverrai son image abattue et désolée. […] [NdA] Notice bio-bibliographique sur La Boétie, l’ami de Montaigne, suivie de la Servitude volontaire, donnée pour la première fois, selon le vrai texte de l’auteur, d’après un manuscrit contemporain et authentique. […] [NdA] À la date de 1789, on trouve une brochure intitulée Discours de Marius, plébéien et consul, traduit en prose et en vers français du latin de Salluste, suivi du discours d’Étienne de La Boétie sur la servitude volontaire, traduit du français de son temps en français d’aujourd’hui, par l’Ingénu, soldat dans le régiment de Navarre ; le tout dédié aux mânes de Chevert.
Poncher, était conseiller d’État, et que Saint-Martin, en se pressant, aurait pu hériter de sa place : mais il dit un jour à son père, plus gaiement qu’il ne se le permettait d’habitude : Voici la marche que cela suivra ; j’entrerai d’abord dans la magistrature inférieure, puis je serai conseiller au Parlement, puis maître des requêtes, puis intendant, puis conseiller d’État, puis ministre, puis exilé. […] Je ne veux pas abuser avec Saint-Martin des pensées détachées, sachant qu’il a dit, de celles mêmes qu’il écrivait : « Les pensées détachées ne conviennent qu’aux esprits très faibles ou qu’aux esprits très forts ; mais, pour ceux qui sont entre ces extrêmes, il leur faut des ouvrages suivis qui les nourrissent, les échauffent et les éclairent tout à la fois. » Saint-Martin n’ayant écrit aucun ouvrage qu’un lecteur ordinaire puisse lire de suite, il faut bien en venir aux pensées et aux extraits avec lui pour en donner quelque idée au monde. […] C’est dans les années qui suivirent la Terreur et dans le triomphe des institutions idéologiques dites de l’an III que Saint-Martin eut son jour et son heure d’utilité publique, et, si l’on peut dire, sa fonction sociale, lorsque âgé de cinquante-deux ans, élève aux Écoles normales, il engagea son duel avec la philosophie régnante dans la personne de Garat, et que l’homme modeste atteignit le brillant sophiste au front. […] [NdA] Réflexions sur les idées de Louis-Claude de Saint-Martin, le théosophe, suivies de fragments d’une Correspondance inédite entre Saint-Martin et Kirchberger, par L.
Il mourut en janvier 1757 ; nous avons de lui ses remarques sur ses lectures jusqu’en décembre 1756, et nous le suivons dans l’intimité. […] Il aimait les conversations longues, suivies, sérieuses, bien qu’animées de bons et gaillards propos ; il les aimait non pour briller ni pour l’effet, mais pour se communiquer les idées et être en vrai commerce d’esprit : c’est ainsi qu’on étend ses horizons, « Quiconque n’écoute pas ou écoute mal, pensait-il, s’accourcit l’esprit plus encore que celui qui ne lit pas. […] » Mais ce qu’il préférait à tout, c’étaient les livres de politique, de considérations sur le bien public et sur les matières sociales, « les choses d’un sens suivi et de génie », c’est-à-dire où l’auteur produisait avec vigueur ses propres pensées. […] Ainsi l’on trouve de grands pas en avant dans la politique, mais quelques-uns rétrogrades et qu’il faudrait bien se garder de suivre.
Parlant au roi des conseils de guerre et de ces délibérations où le général en chef met aux voix une entreprise : Depuis que Votre Majesté me l’a défendu, écrivait Villars quelques mois après, je consulte médiocrement, et seulement par honnêteté ; et plût à Dieu ne l’avoir pas fait à Bühl, ou que mes premiers ordres eussent été suivis le 23 avril, jour qui me donnera des regrets toute ma vie ! […] Si après Kehl on m’avait honoré de quelque élévation (il voulait dire la duché-pairie), on se dit à soi-même : Suivons notre génie et la véritable raison de guerre ; ne soyons pas retenu par des craintes basses ; au pis-aller que me feront ces misérables ? […] Sans nulle difficulté on se loge le premier jour sur la contrescarpe ; on occupe en arrivant Léopolstadt, et si nous n’y avions trouvé que ce régiment de la garde ordinaire que j’ai vu battre par les écoliers de Vienne, ce n’eût peut-être pas été un siège de huit jours. » Notez que Villars comptait bien alors se tenir, par le Tyrol, en communication avec l’Italie et avec l’armée de Vendôme, dont un détachement l’aurait appuyé : « Ces troupes, écrivait-il au roi, auraient traversé le Tyrol comme l’on va de Paris à Orléans, si elles s’étaient mises en marche dès les premiers jours de juillet. » Les grandes idées des campagnes de 1805 et de 1809, Villars les a donc entrevues ; il avait pour principe qu’il faut qu’un seul et même esprit gouverne toute la guerre : « Votre Majesté saura un jour que l’empereur était perdu si on avait marché à Passau, et il n’y a que des gens gagnés par l’empereur, ou des ignorants, qui aient pu s’opposer à ce dessein. » Le prince Eugène, revoyant Villars à Rastadt, le lui dit en présence de témoins : si on avait suivi ce parti alors, la paix qui se fit en 1714 eût pu être conquise par la France neuf ans plus tôt. […] Je n’ai certes pas la prétention de le suivre dans toutes ses campagnes ; mais il importait de relever dans le cours d’une carrière si pleine les traits de caractère qui définissent cette humeur et ce génie.
Henri III, lui-même, n’avait pas profité de la première impression de terreur qui suivit la nouvelle des événements de Blois pour monter à cheval et se montrer par tout le royaume en disant : Je suis roi, et en le prouvant par ses actes. […] Pendant les six semaines qui suivirent ces meurtres de Blois, et dans la fureur universelle de l’opinion contre le monarque assassin, dans la faveur et l’enthousiasme qui allaient grossissant de toutes parts autour de lui, le frère et le vengeur des victimes, il n’y avait rien qu’il ne put oser. […] Lorsqu’il en vient aux années de paix, à celles qui suivent la conclusion du traité de Vervins, il y concentre tous les travaux et les services civils ; il consacre une suite de chapitres nourris et solides à l’étude de la monarchie administrative de Henri IV et de son économie intérieure. […] Lui, le prince le plus impatient et le moins capable de lecture suivie, il se faisait apporter après dîner le volume dans sa nouveauté et s’en faisait lire une demi-heure, dit-on, et cela deux ou trois mois durant.
Laboulaye aurait pu faire quelque chose de plus utile encore que ce qu’il a fait, c’eût été de montrer l’homme complet en Benjamin Constant, de nous expliquer en quoi il avait de belles lumières et de grandes faiblesses ; en quoi il faillit ou varia même dans la défense des idées justes ; comment il manqua toujours d’autorité et d’une certaine considération qui ne suit pas toujours la popularité ; quelles circonstances indépendantes de sa volonté, et quels incidents (il y a toujours des incidents) reculèrent l’application de ses théories générales et absolues. […] Le charme ou l’influence de Mme de Staël le tenait dès lors tout entier, et décida de la ligne qu’il suivit. […] Mon intention, en tout ceci, n’est pas d’opposer Benjamin Constant à lui-même ; j’admets qu’il a suivi en général, à travers ses ondulations, une ligne assez conséquente aux principes et aux sentiments qu’il apporta dès le premier jour dans la vie publique. […] Généraux d’armée ou chefs de parti, tous les Antoines qui changent de manœuvre au milieu de l’action pour suivre la galère d’une Cléopâtre se font mépriser.
Il y faut tant de préparation en effet, que je me dis quelquefois qu’au milieu de cette vie pressée, affairée, bourrée de travaux et d’études, où chacun en a assez de sa veine à suivre et de sa pointe à pousser, ceux même qui sont du même métier et du même bord n’auront pas toujours le temps, l’espace, la liberté et l’élasticité d’impressions nécessaires pour être justes envers leurs devanciers. […] Villemain dans les années qui ont suivi : aujourd’hui on essaye de faire un pas de plus et, toutes les fois qu’on le peut, d’interroger directement, d’examiner l’individu-talent dans son éducation, dans sa culture, dans sa vie, dans ses origines. […] Ce qui est nouveau, c’est lorsqu’on le peut, et autant qu’on le peut, de démêler attentivement ces diverses influences, d’en relever la trace ou d’en suivre les reflets à travers les œuvres, et d’y joindre toutes les indications puisées dans la vie, dans la destinée, dans le caractère, l’humeur, la complexion et le tempérament de l’écrivain. […] Je maintiens donc, avec quelques-uns de mes confrères d’aujourd’hui, qu’il y a de certaines règles pour faire le siège d’un écrivain et de tout personnage célèbre ; s’il est mieux de les dissimuler et d’en dérober aux yeux l’appareil, il est bon toujours et essentiel de les suivre, Nous avons vu, dans la personne de M.