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769. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

M. de Saint-Victor est un homme de foi et de conviction dans l’art et dans les lettres : il perpétue en lui une race d’esprits qui diminue de jour en jour.

770. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Ces races héroïques et musicales qui faisaient de si grandes choses, restaient sensibles jusqu’au plus fort de leurs passions publiques à la moindre note du poëte ou de l’orateur, et l’applaudissement soudain n’éclatait que là où la pensée tombait d’accord avec le nombre, là où l’oreille était satisfaite comme le cœur.

771. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Platon, dans sa République, propose comme un moyen d’accroître le bonheur de la race humaine, la destruction de l’amour conjugal et paternel, par la communauté des femmes et des enfants.

772. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Enfin, un homme avait vu toutes les prospérités de la terre se réunir sur sa tête, la destinée humaine semblait s’être agrandie pour lui, et avoir emprunté quelque chose des rêves de l’imagination ; roi de vingt-cinq millions d’hommes, tous leurs moyens de bonheur étaient réunis dans ses mains pour valoir à lui seul la jouissance de les dispenser de nouveau ; né dans cette éclatante situation, son âme s’était formée pour la félicité, et le hasard qui, depuis tant de siècles, avait pris en faveur de sa race un caractère d’immutabilité, n’offrait à sa pensée aucune chance de revers, n’avait pas même exercé sa réflexion sur la possibilité de la douleur ; étranger au sentiment du remord, puisque dans sa conscience il se croyait vertueux, il n’avait éprouvé que des impressions paisibles.

773. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Il y a, à la vérité, un signe où elle reconnaît les grands hommes, et il n’est peut-être pas bien exact de dire que tous les objets soient égaux devant l’indifférence de sa curiosité ; Molière est mille fois plus intéressant à ses yeux que Cyrano de Bergerac, Pradon ou Boursault : « Plus un poète est parfait, dit-elle, plus il est national ; plus il pénètre dans son art, plus il a pénétré dans le génie de son siècle et de sa race ; la hauteur de l’arbre indique la profondeur des racines465. » Quoi qu’il en soit, l’école historique, je dis l’école historique idéale, à la considérer dans l’unité et la pureté de sa doctrine, annule la critique littéraire au sens où le langage a toujours entendu le mot de critique, puisqu’elle ne juge pas, ne blâme ni ne loue.

774. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Il est aisé, il est clair, il a le mouvement et la mesure, toutes les qualités qui distinguent notre race.

775. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

Or, l’homme tend avant tout à se connaître par sa projection dans la race qui continue son devenir, et c’est par sa projection dans l’œuvre que le moi tend à prendre conscience ; c’est en créant qu’il se crée.

776. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Quant aux fourbes, les Napolitains en particulier n’en laissaient pas perdre la race, ils étaient bien capables d’enrichir la fertile lignée des valets intrigants et impudents du théâtre antique3.

777. (1890) L’avenir de la science « I »

Le christianisme, aidé par les instincts des races celtiques et germaniques, n’a-t-il pas élevé à la dignité d’un sentiment esthétique et moral un fait où l’antiquité tout entière, Platon à peine excepté, n’avait vu qu’une jouissance ?

778. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Indépendamment de ce qui est commun à l’une et à l’autre, de cette résistance de la race bien plus que de l’individu qu’elles opposent au Christianisme toutes les deux, — car on n’a pas déformé la tête humaine pendant des milliers d’années dans des doctrines de perdition pour qu’elle se courbe, au premier mot, sous le signe sacré du baptême, et pour que la lumière de la vérité y pénètre tout à coup dans la douceur de son premier rayon, — la Chine, de son côté, qui ne le sait ?

779. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

C’étaient assurément, l’un et l’autre, des hommes de religion et de monarchie, comme il en faudrait beaucoup aux princes, et jamais, il faut le reconnaître, l’amitié qui les unit ne prit sa source dans des natures plus profondément nobles et qui réfléchissent mieux en elles toutes les qualités accumulées de leur race.

780. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Or, ceux qui ne disent et qui ne croient simplement que cela de Monselet, les dindenaudiers qui le répètent, les moutons du mot, race nombreuse !

781. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Elle écarte tout le menu fretin en histoire, et, par pitié pour les races futures, la suspend tout entière à quelques grands noms !

782. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Il faut être un philosophe en quête de savoir avec quels atomes imperceptibles se font les plus grandes choses, pour se préoccuper au xixe  siècle de personnages aussi oubliés, malgré l’aristocratie de leur race ou l’éclat momentané de leur nom, que le sont aujourd’hui lord Hollis, sir Philippe Warwick, sir Thomas Herbert, sir John Reresby, Sheffield, duc de Buckingham, Thomas May, John Lilburne, Edmond Ludlow, etc.

783. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Il imite plutôt qu’il ne crée, comme presque tous les Allemands, du reste, cette race de Trublets compilateurs !

784. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Aussi, pour l’auteur des Ruines, le Français qui n’est pas Français comme on le fut depuis Hugues Capet jusqu’à Louis XVI (le Louis XVI d’avant 89) n’est qu’un bâtard de sa race et de sa lignée.

785. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

Elle n’en a, pour bien dire, produit qu’un seul que Dante eût reconnu pour un des lionceaux de sa race, et c’est ce Capanée de Léopardi.

786. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Si Bourdaloue et Bossuet avaient vu de telles choses, ils ne prêcheraient point, croyez-le bien, comme ils prêchaient devant un roi tranquille qui vivait et s’endormait dans la mort, avec cette pensée que sa race était immortelle.

787. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Elle n’en a, pour bien dire, produit qu’un seul que Dante eût reconnu pour un des lionceaux de sa race, et c’est ce Capanée de Léopardi !

788. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Ils feraient, dans un temps donné, sur cette civilisation dont les doubles bases sont latines et chrétiennes, le travail du fer et du cheval d’Attila ; ils échoueraient, nous n’en doutons pas, — à moins pourtant que Dieu, qui use les races et qui frappe de mort les nations comme les individus, n’ait résolu que l’Europe périsse, — ils échoueraient, mais avant d’échouer ils auraient creusé un abîme qu’on ne comblerait peut-être plus qu’avec du sang.

789. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

En cela moins fidèle (comme on peut le voir, page 76, dans une lettre du duc de Nemours), moins fidèle à l’esprit monarchique et traditionnel de sa race, que la maison d’Orléans à l’esprit et à la tradition révolutionnaires de la sienne.

790. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Augier appartient, par le manque de personnalité vigoureuse et cette facilité déplorable qui charme les sots et qui explique sa fortune, à cette race d’esprits de troisième degré qui sont entre les poètes et le public, — mais plus du côté du public que du côté des poètes, et qui, descendant la poésie, toujours un peu altière, jusqu’au niveau des gens médiocres, diminuent, dans leurs productions décolorées, l’éblouissante et insupportable originalité des maîtres et la font accepter aux débilités qu’elle épouvante.

791. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Et ce n’est pas toujours aux mêmes origines Qu’elle prend ses héros et ses races divines.

792. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

C’est qu’il appartient, en effet, à cette race d’esprits qui ne s’enfoncent dans quoi que ce soit et restent à fleur d’eau de tout, — ce qui ne veut pas dire qu’ils ne savent pas y plonger.

793. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

« Tout dort cependant », avait dit le poëte grec, « et les cimes et les gorges des monts, et les promontoires et a les ravins, et les plantes et les reptiles que nourrit le sein noir de la terre, et les animaux féroces des montagnes, et la race des abeilles, et les monstres dans les profondeurs de la mer azurée.

794. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

La linguistique au service de l’histoire de la civilisation a de tout temps utilisé cette loi pour obtenir, au moyen de l’origine des radicaux, des renseignements sur la patrie des premières inventions et sur la marche du développement des diverses races humaines. « Fin de siècle » est français, car c’est la France qui, la première, a eu conscience de l’état d’esprit que l’on dénomme ainsi. […] L’augmentation de la consommation de l’opium et du haschisch est même plus forte encore, mais nous n’avons pas à nous en occuper, car seuls en souffrent les peuples orientaux, qui ne jouent aucun rôle dans le mouvement intellectuel de la race blanche.

795. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Littré, qui invoque ce passage, répéter les paroles de la femme de l’Écriture au sujet de l’apparition de l’homme sur la terre, des races animales, du plus humble des insectes, du moindre des végétaux, de la plus petite chose vivante. […] Platon, seule autorité authentique sur son compte, nous apprend, par le passage d’un dialogue, qu’Hippocrate de Cos, contemporain de Socrate, était de la famille des Asclépiades, c’est-à-dire d’une race de médecins qui prétendaient remonter à Esculape ; qu’il était praticien et professeur renommé, et qu’il donnait des leçons qu’on payait. […] Se peut-il trouver un sentiment national plus fièrement exprimé que cette supériorité de race que le médecin de Cos attribue à ses compatriotes ?

796. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Ce Daphnis qu’il célèbre sans cesse, et qui apparaît comme l’inventeur à demi divin du criant bucolique, nous figure le génie même d’une race douée de légèreté, d’allégresse et de mélodie. […] Ces détails mêmes, relatifs à un ancêtre illustre qui fit jaillir de terre une fontaine, ne sortent pas du ton, et la description des ormes et peupliers, accompagnement naturel de cette fontaine, jette tout d’abord de l’ombre. — « Nous n’avions pas encore achevé, poursuit-il, la moitié du chemin, et le tombeau de Brasilas ne nous apparaissait pas encore, que nous rencontrâmes un voyageur de bonne race qui allait toujours en compagnie des Muses, Lycidas de Crète, c’était son nom ; il était chevrier, et on ne pouvait s’y méprendre en le voyant. » Suit un compte minutieux de l’accoutrement du personnage ; car, comme ce chevrier cette fois n’en est pas un, et que c’est un poète déguisé sous ce nom, Théocrite prend peine à soigner le costume et à le faire paraître vraisemblable : « De ses épaules pendait une blonde peau de bouc à longs poils, qui sentait encore la présure ; autour de sa poitrine un vieux manteau se serrait d’un large baudrier, et de sa droite il tenait un bâton recourbé d’olivier sauvage. […] D’après la plainte amère qu’il exhale, on voit que Théocrite n’a pas échappé au destin commun des poëtes, à cette souffrance des natures idéales et délicates aux prises avec la race dure et sordide.

797. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Ceci conduit le poëte vers les légendes de la chevalerie ; voilà le monde fantastique, magnifique aux yeux, noble et pur par excellence, où l’amour, la guerre, les aventures, la générosité, la courtoisie, tous les spectacles et toutes les vertus qui conviennent aux instincts de nos races européennes, se sont assemblés pour leur offrir l’épopée qu’elles aiment et le modèle qui leur convient. […] Comme cette culture recherchée et multiple les a rendus propres à sentir et à goûter des tendresses et des tristesses inconnues à leurs pères, des sentiments profonds, bizarres et sublimes, qui jusqu’ici semblaient étrangers à leur race ! […] Il s’est lâché à travers la vie comme un cheval de race cabré dans la campagne, que l’odeur des plantes et la magnifique nouveauté du vaste ciel précipitent à pleine poitrine dans des courses folles qui brisent tout et vont le briser.

798. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

On n’y sent aucune réminiscence de la Grèce policée ; on dirait qu’une invasion de races nouvelles a effacé tous les vestiges du génie des Phidias ou des Zeuxis et que des mains scythes ou gauloises ont arraché rudement le ciseau et le pinceau aux mains des suprêmes ouvriers du beau. […] Rousseau, le philosophe de cette même race d’horlogers du Jura. […] La petite ville de Sonnino, au pied des Abruzzes, était peuplée presque tout entière de cette race héroïque et belle de brigands romains.

799. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Le caractère éminemment pensif de cette race germanique lui donne le temps de mûrir ses idées ; elle est lente comme les siècles et patiente comme le temps ; jamais cette race pensive et même rêveuse n’a été assimilée aux idées et aux langues de ces races grecques et latines comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal et nous, qui dérivons d’Athènes ou de Rome ; l’Allemagne dérive de l’Inde et du Gange ; elle parle une langue consommée, savante, circonlocutoire, mais d’une construction et d’une richesse qui la rendent propre à exprimer toutes les images et toutes les idéalités de la poésie ou de la métaphysique.

800. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Il n’y a certainement qu’un usurpateur de génie qui ait la main assez ferme et même assez dure pour rétablir… Laissez faire Napoléon… Ou la maison de Bourbon est usée et condamnée par un de ces jugements de la Providence dont il est impossible de se rendre raison, et, dans ce cas, il est bon qu’une race nouvelle commence une succession légitime, etc. » On voit avec quelle souplesse de logique le fidèle de l’ancien régime se convertit aux volontés de la Providence et les justifie même contre son propre dogme. […] Il ne pouvait improviser un trône pour M. de Maistre sans détrôner ou un autre souverain des vieilles races, ou un nouveau souverain de sa propre maison. […] Alors vous aurez délivré la première race d’hommes de la terre pour attester à l’avenir la reconnaissance du monde envers l’Italie, alma parens , et votre œuvre subsistera, parce que l’Italie entière aura sa place dans cette nouvelle ligue des Achéens.

801. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Lui aussi sentait en elle une créature de grande race, auprès de laquelle il oubliait toutes les mesquineries de sa condition misérable. […] Mon père se moquait souvent des hommes, qu’il accusait de travailler sans cesse à leur malheur ; il ne pouvait rencontrer un être disgracié sans s’indigner contre les parents et surtout contre les gouvernants qui n’apportaient pas autant de soins à l’amélioration de la race humaine qu’à celle des animaux. […] Quant à lui, il était aisé de voir qu’il était de race et de sang légitimistes, c’est-à-dire qu’il croyait à la puissance de la tradition et des mœurs avant tout ; le commandement et l’obéissance par l’habitude, c’était pour lui tout le gouvernement.

802. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Je n’ai jamais compris la sécurité dans un pays toujours menacé par l’invasion des eaux, ni le bonheur moral dans une société qui suppose l’avilissement d’une partie de la race humaine. […] S’il y avait en face l’une de l’autre deux races d’hommes, l’une civilisée, l’autre incivilisable, la seule politique devrait être d’anéantir la race incivilisable ou de l’assujettir rigoureusement à l’autre.

803. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Un beau et primitif tableau de l’amour des grandes races : la lionne attaquant un lion de ses tentations tendres, de ses frottements de caresses, et l’enveloppant de ses chatteries puissantes. […] Nous, dont les sympathies de race et de peau penchent pour le pape, nous qui ne détestons pas l’homme qu’est le prêtre, nous voici à écrire, poussés par je ne sais quelle force irrésistible qui est dans l’air, un livre méchant à l’Église. […] Il y a rarement chez nous cette noblesse de déclin, cette race de la vieillesse, cette beauté de Franklin et de grand seigneur, sous la couronne d’un reste de cheveux blancs, et ces yeux heureux, et cette belle bouche, et ces beaux regards humains ; enfin ce type d’une vie toute droite et bien remplie, d’une conscience satisfaite, d’une âme limpide.

804. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Il prophétise la concorde, la bonté, la douceur, l’union, l’hymen des races, l’amour. […] Ces puissantes légendes épiques, testaments des âges, tatouages imprimés par les races sur l’histoire, n’ont pas d’autre unité que l’unité même du peuple. […] Quant à l’Allemagne, matrice, comme l’Asie, de races, de peuplades et de nations, elle est représentée dans l’art par un homme sublime, égal, quoique dans une catégorie différente, à tous ceux que nous avons caractérisés plus haut.

805. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

IV Le troisième chant s’ouvre par cette magnifique inscription devenue le proverbe du désespoir ; « C’est par moi qu’on va dans la cité des larmes ; c’est par moi qu’on va dans l’éternité de douleur ; c’est par moi qu’on va chez la race condamnée ! […] « Qu’un juste châtiment tombe des étoiles sur ta race, et que ce châtiment soit nouveau et évident, afin qu’il fasse trembler ton successeur ! […] Puis elle reprend : « Quand de la chair je fus transfigurée en esprit pur, et que ma véritable beauté se fut accrue avec ma vertu, je lui devins moins chère et moins séduisante. — Il tourna ses pas vers de fausses voies, fausses images du vrai beau, qui ne tiennent rien de ce qu’elles promettent. — Et rien ne me servit de demander pour lui des inspirations, par lesquelles, et en songe et autrement, je le rappelais à moi, tant il en avait peu de mémoire. — Il tomba si bas que tous les moyens de le sauver étaient épuisés et qu’il ne restait qu’à l’épouvanter en lui montrant la race perdue des damnés. — C’est pour cela que je visitai la porte des morts, et que mes prières et mes larmes furent adressées à celui qui l’a conduit ici en haut !

806. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Si nous possédions toutes les variétés intermédiaires qui ont existé, nous aurions deux séries insensiblement graduées entre chacun de ces types et celui du Pigeon Biset ; mais nous n’aurions aucune variété intermédiaire entre le Pigeon-Paon et le Pigeon grosse-gorge, c’est-à-dire qui présentât à la fois une queue plus ou moins étalée avec un jabot plus ou moins gonflé, traits caractéristiques des deux races. Ces deux races se sont modifiées si profondément que, si nous n’avions aucune preuve historique ou indirecte de leur origine, il nous serait impossible de décider, par le seul examen de leur structure, si elles descendent du Pigeon Biset (C. livia) ou de toute autre espèce alliée, telle que la C. œnas. […] Pour mieux comprendre combien il est improbable qu’on puisse découvrir à l’état fossile de nombreux liens intermédiaires rattachant l’une à l’autre deux espèces éteintes, on peut se demander si les géologues des temps futurs pourront prouver que nos différentes races de Bœufs, de Moutons, de Chevaux et de Chiens sont descendues d’une seule souche originelle ou de plusieurs ; ou encore si certaines coquilles marines des côtes de l’Amérique du Nord, que plusieurs conchyliologistes considèrent comme spécifiquement distinctes de leurs congénères d’Europe, et que d’autres regardent seulement comme de simples variétés de celles-ci, sont réellement des variétés ou des espèces.

807. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Nous dirons donc qu’il y a un accord entre l’âpreté de ce pays et de cette race, et l’âpreté voilée du théâtre de Racine. […] La haine mutuelle de ses deux fils, et leur duel fratricide, et le désespoir de Jocaste et la mort d’Hémon, c’est le fruit de la première faute d’Œdipe, puis de ses imprécations sur lui-même et sur sa race. […] Il n’est pas de notre race ; c’est un Phénicien, un Sémite. […] Bref, elle songe aux autres (et à sa race) beaucoup plus qu’à elle-même ; ce qui est la marque d’une parfaite éducation. […] Elle est de toutes les époques à la fois ; elle est éternelle, entendez contemporaine de notre race à toutes les périodes de son développement.

808. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Il est des races d’esprit, des espèces séparées qui demeurent étrangères l’une à l’autre et qui ne se pénètrent pas. […] France, tant que tu resteras France, un pays distinct et une patrie, ne répudie jamais tes enfants sincères, les plus naturels, les plus légitimes ; ne te laisse pas aller à en décourager la race en la dédaignant.

809. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Nous n’entendons pas ici précisément parler des deux brochures politiques de M. de Chateaubriand : nous en serions fort mauvais juge, incapable que nous nous trouvons, par suite d’habitudes anciennes et de convictions démocratiques, d’entrer dans la fiction des races consacrées et des dynasties de droit. […] comme il se saurait gré de sa race !

810. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

. — Considérez les jeunes gens qui ont vingt ans aux environs de 1780, nés dans une maison laborieuse, accoutumés à l’effort, capables de travailler douze heures par jour, un Barnave, un Carnot, un Roederer, un Merlin de Thionville, un Robespierre, race énergique qui sent sa force, qui juge ses rivaux, qui sait leur faiblesse, qui compare son application et son instruction à leur légèreté et à leur insuffisance, et qui, au moment où gronde en elle l’ambition de la jeunesse, se voit d’avance exclue de toutes les hautes places, reléguée à perpétuité dans les emplois subalternes, primée en toute carrière par des supérieurs en qui elle reconnaît à peine des égaux. […] Et, pour achever de rendre cette noblesse respectable, elle se recrute et se régénère par l’adoption de ces hommes qui ont accru leur fortune en dépouillant la cabane du pauvre hors d’état de payer ses impositions596. » — « Pourquoi le Tiers, dit Siéyès, ne renverrait-il pas dans les forêts de la Franconie toutes ces familles qui conservent la folle prétention d’être issues de la race des conquérants et de succéder à des droits de conquête597 ?

811. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il se disait de la race des Normands de la conquête, et il ne démentait pas ses prétentions par un caractère disputeur, hardi, courageux jusqu’à se vouloir battre à soixante-quatorze ans avec le chevalier de Piles, qui avait tué son fils en duel. […] Mais aujourd’hui que mes années Vers la fin s’en vont terminées, Siéroit-il bien à mes écrits D’ennuyer les races futures Des ridicules aventures D’un amoureux en cheveux gris ?

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