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725. (1903) Propos de théâtre. Première série

J’ai pris plaisir à trouver encore dans le livre de M.  […] Pour qui donc me prenez-vous ? […] Voilà par où je prendrai mon homme ! […] Je doute qu’il ait pris parti. […] Comment s’y prend-elle ?

726. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Il est rare qu’il n’ait pas pris toutes les précautions possibles. […] Il faut prendre mes précautions. […] « Prenons, Monsieur, l’exemple qui semble m’être le moins favorable ; prenons le Misanthrope et la « scène des caquets ». […] C’est bien prendre leur temps ! […] Pour mon compte, j’y ai pris plus de plaisir que la première fois.

727. (1887) George Sand

L’éloquence se guinde, la verve forcée prend des airs d’emphase. […] Je ne sais quel fantôme, échappé du club des femmes, a pris votre place. […] Les amants prennent tout à coup, dans leurs extases, des airs d’inspirés. […] Cet amour de la nature, elle ne l’avait pas pris seulement à l’école de Jean-Jacques Rousseau, elle l’avait pris en elle-même. […] Ne prends pas la vertu vraie pour un lieu commun en littérature.

728. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

La pensée solitaire et continue le prit alors dans son engrenage. […] Les hauteurs de ses collines prennent les aspects rugueux de la peau des mastodontes. […] J’espère qu’ils amuseront, étant exactement pris sur le vif. […] Quels modèles doit-on prendre ? […] (Qu’on ne prenne point ceci pour une critique ; ce n’est qu’une remarque).

729. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Souvent je m’y laissais prendre. […] Cela ne prend pas. […] dit Arlequin à Gilles, prends mon métier ! […] C’est à prendre ou à laisser. […] Prenons le premier acte.

730. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Le dégoût les prit. […] Prenez ensuite les esquisses des dix élèves quand ils auront fini. […] Prenez le morceau le mieux imité de M.  […] S’il prenait fantaisie à M.  […] Ce roman, le meilleur à tout prendre qu’il ait écrit, est là pour répondre.

731. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il était capable d’indiscrétion et plusieurs fois il s’y est pris lui-même et s’en est puni. […] Il prit bonne note de cela, et dès lors sa vie fut tracée. […] La parodie consiste à prendre les défauts des autres pour en faire éclater le ridicule. […] La sécession autorise, du droit qu’elle a pris elle-même, la sécession dans son propre sein. […] Je la prendrai d’abord dans ce qu’elle a de plus général, puis peu à peu je tâcherai de la saisir là où elle semble prendre plus de précision et de netteté.

732. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

J’en prends à témoin l’inscription d’Eschmounazar si emphatique et redondante ! […] j’ai pris soin de traduire tout en français. […] Quant aux noms de parfums et de pierreries, j’ai bien été obligé de prendre les noms qui sont dans Théophraste, Pline et Athénée. […] « Vous me demandez où j’ai pris une pareille idée du Conseil de Carthage ? […] « On va me prendre pour un intrigant », disait-il ; et il s’enfuyait au plus vite.

733. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Prenons quelques-uns de ces mots singuliers qui réussirent ou échouèrent alors. — Tous les gens de mer disaient Naviguer ; toute la Cour disait Naviger, et, tous les bons auteurs l’écrivaient ainsi. […] Vaugelas tenait donc une autre voie et s’y prenait indirectement pour faire dire à la personne ce qu’il voulait savoir et ce qu’il lui importait d’entendre, sans qu’elle soupçonnât le nœud de la difficulté. […] Il avait publié précédemment, en 1638, des Considérations sur l’Éloquence française de ce temps, dans lesquelles il avait pris les devants et s’était élevé contre les raffineurs du langage. […] Les aigles ne s’amusent point à prendre des mouches… » C’est bien pensé, c’est bien dit, mais je dois avertir que je rends service à sa phrase en la coupant. […] J’en rencontre un (pour ne parler que de lui) sur mon chemin, et tout en travers ; je le prends en flagrant délit de pédanterie à la fois et d’ignorance.

734. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Places prises : 1 200 environ35. […] Places prises : 1150. […] Places prises : 1 400. […] Places prises ; 1 100. […] Places prises : 1 500.

735. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

J’avais pris, pour le mouvement, la convulsion qui n’en est que la grimace. […]prenez-vous le joint de ces deux natures ? […] Je prends ton bien où je le trouve ! […] Rendez-vous fut pris à la Maison-Dorée. […] Féval a pris sa besogne au sérieux.

736. (1930) Le roman français pp. 1-197

Pris au sérieux ? […] Depuis, ce genre a pris un immense développement. […] Ne le prenez pas en mal. […] Prenez l’un après l’autre tous les romans de Wells, première manière. […] Ne rien prendre pour soi-même.

737. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Même en étudiant le corps, il semblait pour lui, au peu de soin qu’il en prenait, que, le corps n’existât pas. […] Il avait toutes ses inscriptions ; il ne lui manquait qu’un titre, et ce titre, il ne l’a même pas encore aujourd’hui ; il a toujours négligé de le prendre. […] Du véritable Hippocrate, à le prendre dans sa vie, si l’on retranche tout ce que la légende et la fable y ont ajouté, combien on sait peu de chose ! […] Littré, je suis obligé de prendre un parti et de diviser l’homme, sans quoi je ne pourrais le suivre de front dans tous les ordres de travaux. […] Quant au Dictionnaire historique de l’Académie, il n’est encore connu du public que par un premier fascicule qui a été bien accueilli, mais qui n’a guère été pris qu’à titre de gage et d’arrhes.

738. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

J’ai donc pris la littérature française dans sa partie la plus ouverte, la plus en vue, la plus éclairée et aussi la plus féconde, à son troisième ou quatrième commencement, c’est-à-dire à Malherbe. […] La littérature païenne et la littérature chrétienne se retrouvent en présence et comme aux prises au IVe siècle dans la personne d’Ausone et de saint Paulin. […] ) A moins de prendre ces paroles pour un insipide pléonasme qu’il n’est pas facile d’imputer à un écrivain élégant et soigné comme Sulpice Sévère, il faut y voir, conclut M. […] Fauriel, le perfectionne et le précise sur quelques points, et auquel il n’a manqué que plus de patience pour donner à son arbre le temps de prendre racine, à son drapeau le temps d’être reconnu. […] En général, Génin, dans ces questions de langue et d’érudition, aimait à prendre quelqu’un à partie, cela l’animait : finge tibi adversarium quemdam.

739. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Je n’ai pas peur, mais mes pensées prennent toutes le deuil, et le monde me paraît aussi triste qu’un tombeau. […] C’est le jour des étrennes, je vais prendre les miennes au ciel. […] « Voilà bien la peine de prendre de l’encre pour écrire de ces inutilités !  […] Nous avons dit que le repas au Cayla se prenait souvent à la cuisine. […] Ce seront des jours uniques ; aussi je veux les marquer et prendre mon journal.

740. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Les hugolâtres se scandaliseront de ce qu’une critique impie, ose porter la main sur leur idole : mais qu’ils en prennent leur parti. — La critique historique ne cherche pas à plaire et ne craint pas de déplaire. […] Les travailleurs blancs seraient pris aux Enfants trouvés. […] L’engagement pour tous prendrait la date même de leur embarquement et ne pourrait excéder 15 années, à l’expiration desquelles il cesserait de droit. […] Victor Hugo commit alors la grande bévue de sa vie politique : il prit le prince Napoléon pour un imbécile, dont il espérait faire un marchepied. […] Mais il faut être par trois fois Prudhomme pour ne pas s’apercevoir que le Pégase hugoïste était trop gonflé de vent pour prendre le mors aux dents et lancer des pétarades.

741. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Sachez qu’en général le simbole est obscur, et qu’il n’y a sorte de précaution qu’il ne faille prendre pour être clair. […] Je les prendrai dans le stile satyrique et plaisant, parce que je m’ennuye d’être triste. […] Monsieur, prenez-y garde. […] Est-ce qu’un trait comique pris dans nos mœurs, est-ce qu’un trait pathétique pris dans notre histoire ne m’attachera pas tout autrement… j’en conviens, dites-vous. […] On est toujours tenté de demander où ce peintre prend-il son beau rouge, un outremer aussi brillant ?

742. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

prendre la bêche ! […] Prenez la bêche pour accomplir œuvre d’homme. […] Prenons d’abord les premières années d’Antoine à Ostrau. […] Je te prends à l’essai pour quatre semaines. […]Pris !

743. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Il est comme une entente, pour nous empêcher de prendre possession, de notre vivant, de notre petit morceau de gloire. […] Un individu, que nous avons pris à Civita Vecchia, sort de la voiture des prisonniers, des menottes de fer aux mains. […] Et peu à peu les choses prenaient autour de nous un aspect fantastique. […] Il faut faire très attention à ce qu’on prend et à ce qu’on rend !  […] La peur nous prend, et nous nous sauvons de l’Auvergne.

744. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

La religion prend une forme ; les rites règlent la prière ; le dogme vient encadrer le culte. […] L’épopée y prendra plusieurs formes, mais ne perdra jamais son caractère. […] vous voilà pris sur le fait ! […] Le second prendra tous les ridicules, toutes les infirmités, toutes les laideurs. […] De quel droit cet acteur, qui s’appelle Pierre ou Jacques, prend-il le nom de Cid ?

745. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Cette longue terrasse était parallèle au rivage, et s’avançait fort loin dans la mer, qui délivrée à son extrémité de cette digue, prenait toute son étendue. […] -vous avez raison. — Et tous ces gens-là, qui prennent le frais, à la chute du jour, ce sont nos joueurs, nos joueuses, nos politiques et nos galans. […] Hâte-toi, car ces figures prendront dans un instant une autre position moins heureuse peut-être. […] Je pris donc le parti, privé de mon cicerone et de sa galerie, de me prêter aux amusemens du reste de la maison. […] Les premiers des sauvages qui virent à la proue d’un vaisseau une image peinte la prirent pour un être réel et vivant ; et ils y portèrent leurs mains.

746. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

D’Aubigné prit surtout à Ronsard son ton mâle et fier ; c’était un amateur à la suite de la Pléiade, spirituel et vigoureux. […] Quand on loue en lui l’écrivain énergique et franc, qu’on n’oublie donc point qu’il n’a pas été (comme cela est arrivé à d’autres guerriers qui ont pris la plume) un écrivain tout naturel et involontaire ; il savait ce qu’il faisait et était du double métier. […] Une des plus louées est celle de l’amiral de Coligny et de sa femme, en 1562, après le massacre de Vassy et les autres massacres auxquels celui-ci donna le signal, et qui excitèrent les chefs réformés à prendre les armes. […] Un jour que d’Aubigné à Lyon, en 1574, rencontre le vieux baron, qui alors avait changé de parti, il prend sur lui de lui adresser trois questions : 1º pourquoi il avait usé d’une cruauté si peu convenable à sa grande valeur ? […] Pour nous, lecteurs d’aujourd’hui, à qui échappent un bon nombre des termes, des qualifications en usage et des métaphores courantes qu’il emploie, autant vaudrait donner dans une forêt de piques que de nous jeter dans ses récits d’Arques ou de Coutras, si on n’avait pas d’autre narration plus distincte pour en prendre idée.

747. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Chacun alors prenait donc l’initiation où il le pouvait ; l’un entrait dans le sentiment de la haute poésie par Byron, l’autre par Shakespeare, un autre de préférence par Dante ; on saisissait un point, et l’on devinait le reste : tout cela se rejoignait dans une noble fièvre et une émulation commune. […] Ronsard prit une grande résolution. […] Ronsard, qui n’avait pas le génie et qui n’était qu’un homme de talent poussé d’érudition, prit la poésie française au point où elle était, et vit, avant tout, un progrès à faire, une victoire à remporter sur Marot et sur Mellin de Saint-Gelais. […] À le prendre tel qu’il fut, il eut son utilité et son mérite. […] Mais Ronsard, qui n’a plus que des rencontres et par-ci par-là de ces bons accidents, s’en prend alors de son peu d’entrain et de son ralentissement aux rois et princes qui ne l’ont pas assez récompensé ni fait assez riche : au fond, il ne devrait s’en prendre qu’à lui et à sa nature.

748. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Le duc, souverain du pays, le prit en amitié et voulut même le marier richement. […] Le gros de la troupe, qui n’a pas suivi ces enfants perdus, après avoir tenu conseil, se résout, sur la proposition de Catulle, à prendre Virgile pour guide. […] Il était de ceux qui ne prennent pas l’inspiration si haut. […] Chez les Latins, Catulle est resté fidèle à l’esprit grec ; il eut l’épigramme simple, naïve, passionnée même ; mais, à partir de Martial, elle prit un autre caractère, le caractère qu’elle a gardé chez les modernes, pour qui l’épigramme antique et à la grecque aurait trop peu de sel et de saveur. […] Telle épigramme de Clément Marot sur l’exécution de Semblançay, telle de Le Brun sur La Harpe aux prises avec le grand Corneille, a de l’émotion et donne le sentiment du sublime.

749. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Après avoir tâté l’Autriche et s’être assuré de ses mauvais desseins, il se décida à prendre les devants et à entrer en campagne sans déclaration préalable. […] J’ai cru qu’étant roi, disait Frédéric, il me convenait de penser en souverain, et j’ai pris pour principe que la réputation d’un prince devait lui être plus chère que la vie. » Elle épouse donc complètement ses intérêts et sa destinée. […] Voltaire alors en Suisse, aux Délices, et très lié avec les Tronchin de Genève, eut l’idée d’employer un des membres de cette famille, Tronchin, banquier à Lyon, et de le prendre pour son intermédiaire auprès de l’archevêque de cette ville, le cardinal de Tencin, autrefois du conseil du roi, mis de côté pour le moment, mais qui avait toujours des intelligences à Versailles et des lueurs d’espérances d’y revenir. […] Si vous prenez la résolution que j’ai prise, nous finissons ensemble nos malheurs et notre infortune, et c’est à ceux qui restent au monde à pourvoir aux soins dont ils seront chargés, et à porter le poids que nous avons soutenu si longtemps. […] Il lui exprime dans chaque lettre, et de la manière la plus sentie, la part qu’il prend à ses souffrances et tout ce qu’elle est dans sa vie : Quoi !

750. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

En soi : — elle a un défaut grave, elle n’a pas beaucoup de cœur ; l’imagination de bonne heure a tout pris et absorbé. […] Enfin une espèce de maladie la prend, que l’on qualifie de maladie nerveuse ; c’est comme une nostalgie, le mal du pays inconnu. […] Léon Dupuis, qui à table se prend particulièrement de conversation avec Mme Bovary, et à l’instant, dans un dialogue très bien mené, très naturel, et foncièrement ironique, l’auteur nous les montre allant au-devant l’un de l’autre par leurs côtés faux, leur goût de poésie vague, de romanesque, de romantique, tout cela servant de prétexte à la diablerie cachée ; ce n’est qu’un commencement, mais il y a de quoi déconcerter ceux qui croient à la poésie du cœur et qui ont pratiqué l’élégie sentimentale ; évidemment leurs procédés sont connus et imités et parodiés : c’est à dégoûter des dialogues d’amour pris au sérieux. […] On aurait à noter bien des mots pris à même de la nature. […] Bénévolement elle faisait quelquefois une lieue et demie à pied ; son élève, de son côté, en faisait autant, et l’on prenait la leçon dans un sentier, sous un arbre, sur une bruyère.

751. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Je prends son traité de la Vieillesse ; c’est son écrit capital et le plus suivi, quoiqu’il puisse s’y être glissé, dans la transcription qu’on en a faite, quelque pensée d’emprunt et qui n’est pas d’elle. […] Mais le point de vue principal, avec tous ses développements et dans son originalité, est bien d’elle et d’elle seule ; il est tout d’abord à prendre ou à laisser. […] Pour rien au monde, quand je le pourrais, je ne voudrais enlever à l’humanité un dogme utile ou même une illusion consolante ; mais lorsqu’une doctrine prend la forme d’un jeu d’esprit ou d’un exercice de talent, il est bien permis de la discuter. […] Elle dut beaucoup prendre sur elle-même et assembler, comme elle dit, son caractère pièce par pièce (et non pas pierre par pierre, comme on l’a imprimé)33. […] Qu’aurait-ce donc été si j’avais parlé avec toute la liberté qu’un critique biographe peut prendre, si j’avais raconté plus d’une particularité qui me venait et qui m’était attestée par des témoins aussi dignes de foi, mais d’un autre bord que M. de Falloux ?

752. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Cela ne l’empêche pas d’être plus naturel que Corneille qui prend ses beautés hors de la nature, au-dessus de la nature, tandis que Racine prend les siennes dans la nature et dans le cœur, mais en choisissant. […] L’un accepte et comprend les choses comme elles sont dans la nature et dans l’humanité ; il prend, sans les disjoindre (car tout cela se tient, se correspond et, pour ainsi dire, se double), le rat et le cygne, le reptile et l’aigle, le crapaud et le lion ; il prend le cœur à pleines mains, tel qu’il est au complet, or et boue, cloaque ou Éden, et il laisse à chaque objet sa couleur, à chaque passion son cri et son langage. […] Racine fils ayant quitté les emplois de finance revint habiter Paris pendant ses dernières années ; il allait pouvoir jouir enfin de ses droits de titulaire à l’Académie des Inscriptions dont il était un membre depuis si longtemps absent, lorsqu’une intrigue l’obligea à prendre la vétérance. […] Il y a un autre système, un autre parti à prendre, celui des chercheurs de vérité et de nouveauté, des remueurs d’idées, des Staël, des Lessing, des Diderot, des Hegel comme des Voltaire : ici le mot d’ordre, c’est que le mouvement, quel qu’il soit et tant qu’on peut se le donner, est le plus grand bien de l’esprit comme du corps. […] On se trompe sur les généalogies littéraires, si on les prend de trop près et comme à bout portant, dans le sens apparent et superficiel.

753. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Taine aura fait avancer grandement l’analyse littéraire, et celui qui après lui étudiera un grand écrivain étranger, ne s’y prendra plus désormais de la même manière ni aussi à son aise qu’il l’aurait fait à la veille de son livre. […] Edmond About faisant une leçon sur la politique de Bossuet devant des catholiques sincères qui s’en irritaient, mais qui prenaient leur revanche en parlant à leur tour dans la conférence suivante. […] A côté du bien et de l’excellent, quelques inconvénients sautent aux yeux et se font aussitôt sentir : on n’est pas impunément élevé dans les cris de l’École ; on y prend le goût de l’hyperbole, comme disait Boileau. […] Critique, il ne faut pas, pour un simple passage d’un siècle à l’autre, prendre si vite son parti de la perte de la délicatesse. […] Je prends un autre exemple de cette spécialité unique du talent.

754. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Sur quoi Mademoiselle de Clermont, surintendante de la future maison de la reine, s’était récriée de son ton le plus haut : « Apparemment que d’Antin nous prend, mes sœurs et moi, pour des c… ?  […] Il est donc à la Cour sur le pied de poète bel esprit et voudrait bien y être sur un autre pied encore ; il se plaint par lettres à la présidente de Bernières, mais on voit bien qu’il s’amuse plus qu’il ne le dit, et que l’espérance le mène : « Cependant, dit-il après quelque plaisanterie (7 septembre), on fait tout ce qu’on peut ici pour réjouir la reine ; le roi s’y prend très bien pour cela. […] La nouvelle reine arrivait dans le monde le plus gâté, le plus embrouillé d’intrigues, le plus capable d’abominations de toute sorte, et il lui eût fallu un vrai génie pour s’y reconnaître de bonne heure et y prendre la place qu’on aurait hésité peut-être à lui disputer ; mais elle n’était pas une Élisabeth de Parme ; elle n’avait que de la droiture et de la vertu. […] Un jour qu’en janvier 1729 il y avait eu par extraordinaire quelques courses de traîneaux, il se prenait à dire : « Ces courses de traîneaux ont fait espérer aux dames un peu plus de vivacité au roi pour elles. […] Elle ne parut peut-être jamais mieux ni plus à son avantage que quand elle eut pris son parti et qu’elle ne lutta plus.

755. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Il est d’avis de ne pas s’arrêter sans doute à l’orthographe impertinente de Ramus, mais aussi de ne pas s’asservir à l’ancienne orthographe, « qui s’attache superstitieusement à toutes les lettres tirées des langues dont la nôtre a pris ses mots » ; il propose un juste milieu : ne pas revenir à cette ancienne orthographe surchargée de lettres qui ne se prononcent pas, mais suivre l’usage constant et retenir les restes de l’origine et les vestiges de l’antiquité autant que l’usage le permettra. […] Nous avons à prendre sur nous pour redevenir aussi osés en matière de mots et de syllabes que l’était l’abbé d’Olivet. […] Je prends vite un exemple, et je ne crains pas de le prendre parmi les mots les plus suspects, les plus compromis d’avance. […] errata employé au singulier est devenu un mot français puisqu’on dit un errata ; et au pluriel il est resté un mot étranger et latin, puisqu’il ne prend pas d’s et qu’on écrit des errata et non des erratas. […] Je voudrais autoriser tout terme qui nous manque et qui a un son doux sans danger d’équivoque… J’entends dire que les Anglais ne se refusent aucun des mots qui leur sont commodes : ils les prennent partout où ils les trouvent chez leurs voisins.

756. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Tout cela nous explique le tour que prit la querelle des anciens et des modernes, et pourquoi en somme Boileau y fut vaincu. […] Cette disposition des contemporains à l’égard de l’œuvre de Boileau dura après la mort de Boileau, et se transmit aux générations suivantes : de là le caractère que prit l’influence de Despréaux au xviiie  siècle. […] N’ayant pas plus l’oreille que l’âme du poète, ils ont évité l’hiatus et l’enjambement, coupé les alexandrins à l’hémistiche, apparié des rimes plates et sourdes, aligné des lignes de dix ou douze syllabes sévèrement comptées : ils ont réduit la poésie au vers, le vers aux procédés matériels, au mécanisme ; et ils se sont applaudis d’avoir pris tant de peine pour écrire à des conditions si rigoureuses comme ils auraient écrit librement en prose. […] Subjectif et lyrique par essence, le romantisme est assurément irréductible à l’art classique, objectif, et oratoire, ou dramatique : d’autant que se proposant de le ruiner, il fait son affaire de le contredire, et prend partout le contre-pied des règles, sans autre raison parfois que le besoin de leur donner un démenti. […] Nous voulons que l’auteur vienne à nous, et nous n’allons pas à lui ; nous n’y mettons guère du nôtre, et nous lui faisons peu de crédit : à lui de nous prendre et de nous retenir.

757. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Pariset prend le ton d’un sage, d’un philosophe profondément aguerri et consommé ; il lui dit : Eh quoi ! […] Partant de là, j’ai pris le parti du silence et de la soumission. […] Que ce soit Corvisart, Pinel, Dupuytren qu’il aborde, il les prend avec ampleur, il les pose dans leur cadre avec aisance, mais il ne les dessine pas assez rigoureusement. […] Cela est surtout sensible dans les exordes de ses éloges de Larrey et de Desgenettes, où il le prend, peu s’en faut, sur le ton de l’hymne ou du moins sur celui de l’épopée. […] La place lui est offerte, mais à condition de prendre la perruque consacrée.

758. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

J’en prends quatre en arrivant à Varsovie. […] Ce pétillement d’imagination qui le prenait au milieu des compagnies et des festins, l’abandonnait quelquefois, et il avait ses hauts et ses bas comme tous les génies. […] Elle avait pris les devants contre Chaulieu par de méchants couplets qu’on peut lire dans le recueil manuscrit de chansons dit Recueil de Maurepas (t.  […] Ce n’est pas que nous valions mieux au fond : pris en masse, les hommes en tout temps se valent, et ils se donnent en général le plaisir de faire à peu près tout le mal qu’ils peuvent. […] Il va en tout aux raisons solides et prend avec précision la mesure des hommes.

759. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Elle manifesta dès l’enfance l’instinct et l’enthousiasme de la pédagogie, à prendre ce mot dans le meilleur sens. […] Dès qu’elle sut quelque chose, son premier besoin fut de l’enseigner et de se faire maîtresse d’école ; elle prenait ses écoliers où elle pouvait. […] Cette enfant, qui a commencé par lire Clélie, et qui s’en souviendra toujours, joue la comédie dès ses premières années, et tout désormais dans son imagination, même l’enseignement, prendra volontiers cette forme de comédie et de théâtre. […] Pour rester juste envers Mme de Genlis, il convient de se borner et de ne la prendre que sur ses œuvres principales. […] Pourtant l’empreinte d’une telle éducation survécut à tout ; et, en résumé, pour bien connaître Louis-Philippe homme dans les qualités constitutives de son esprit et de sa nature, il faut encore, je le répète, se reporter à l’origine et le prendre sous la tutelle prolongée de Mme de Genlis.

760. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Mais, prendre le christianisme et le tirer si fort en ce sens, n’est-ce pas en altérer, en retrancher ce qui en a fait jusqu’ici l’essence, à savoir l’abnégation et l’esprit de sacrifice, la patience fondée sur l’attente immortelle ? […] Il est probable qu’il connaissait assez peu Voltaire dans toutes ses œuvres, et qu’il le prenait seulement comme un apôtre et un propagateur de la tolérance. […] Au ciel il prit la foudre, et le sceptre aux tyrans. […] Tous les fous et les rêveurs semblaient s’être donné le mot pour prendre cet homme sensé qui venait de loin, pour leur confident et pour leur juge. […] Malade de la pierre, il ne pouvait supporter la voiture ; une litière de la reine, traînée par des mules espagnoles, le prit à Passy et le mena au port du Havre, où il s’embarqua.

761. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Dans l’Esprit des Lois, il y a en quelque sorte plusieurs ouvrages, dont chacun, pris à part, est un chef-d’œuvre, mais qui, réunis, forment un tout assez discordant, dont on discerne difficilement le centre et les limites. […] Pour lui, rien n’était isolé, tout fait particulier s’animait, parlait, prenait une physionomie et un sens. […] « La douceur des mœurs démocratiques est si grande que les partisans de l’aristocratie eux-mêmes s’y laissent prendre, et que, après l’avoir goûtée quelque temps, ils nesont point tentés de retourner aux formes respectueuses et froides de la famille aristocratique. […] Autrefois on s’en prenait à la Providence, on laissait les gouvernements tranquilles ; aujourd’hui on n’importune plus la Providence, mais on s’en prend aux gouvernements. […] Parmi les écrivains qui depuis une vingtaine d’années ont conquis l’attention publique, la plupart et les plus hardis ont pris parti pour l’individu contre la toute-puissance de l’État et même contre la toute-puissance des masses, si chère à l’école humanitaire.

762. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il faudrait un bien grand fonds d’humilité pour en prendre facilement et vite mon parti. […] Guttinguer ; puis-je vous prier de lui faire parvenir ma lettre, après en avoir pris connaissance ? […] le moyen de les prendre sur un autre pied ? et quand on les prendrait au mot, de quoi oseraient-ils bien se plaindre ? […] Effort de l’imagination, qu’on a pris pour un élan du cœur.

763. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

. — L’antécédent prend alors le nom de cause. […] Soit un caractère connu, et prenons deux cas, le premier où il soit donné, le second où il ne soit pas donné. […] Bien mieux, considérons comme réservée la question de savoir si, prises à part et en soi, elles sont compatibles ou incompatibles entre elles. […] En effet, les deux données prises en soi sont d’espèce différente ; il n’y a point de liaison effective entre elles. […] Prises en soi, les deux données ne sont que des incidents qui coïncident ; il n’y a point en elles de nécessité intérieure qui les assemble en un couple forcé.

764. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

Une condition pénible, accablante, tient bien réellement à la gêne une intelligence qui souffre, un talent qui veut prendre l’essor. […] Combien prendraient ta peine, enfant, contre les leurs ! […] Rien, même de mes pleurs, à celui qui s’en joue, Qui m’a pris mon bonheur et ne me connaît plus ! […] Au reste, ce ne sont pas des conseils ici que je viens lui adresser : j’ai voulu surtout donner avis au public qui aime la poésie, et lui dire : Il y a un poète dans ce volume, un poète à demi enchaîné ; aidez-le à prendre l’essor. — Béranger et M. de Lamartine, chacun de leur côté, et cette fois sans qu’on puisse y soupçonner de la complaisance, ont déjà donné à l’auteur ce brevet de poète : je ne fais qu’ajouter après eux mon apostille bien sincère.

765. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

L’habile et flexible Dumouriez, l’agent de la diplomatie occulte sous Louis XV, le courtisan rompu aux mystères de la vieille monarchie, le républicain au demi-sourire, y prend par degrés la physionomie austère du citoyen le plus dévoué et du sujet le plus loyal ; à force d’abstractions, il est devenu le type épuré du royalisme constitutionnel ; ou, si l’on aime mieux, du constitutionnel royaliste. […] En un seul jour, il eût pu, sans forcer son naturel, se jeter au château aux pieds de Marie-Antoinette, s’asseoir en patriote sincère à la table frugale de son collègue Roland, et, sortant le soir avec Danton par le bras, se prendre aux familières confidences du sans-culotte sans façon. […] En nous donnant, au lieu de Mémoires historiques un mémoire de barreau en bonne forme, l’auteur assoit en quelque sorte le vainqueur de l’Argonne sur la sellette ; et dès lors cette figure, si pleine de mouvement et de vie, prend un air d’apparat, comme devant les juges. […] Mais il ne fallait pas oublier que les hommes d’une vaste intelligence, s’ils ne se rangent de bonne heure à des principes immuables, ne demeurent pas semblables à eux-mêmes aux diverses époques de leur vie, et qu’il en est de certaines âmes comme de ces rivières d’autant plus limpides qu’on les prend plus loin de leur source.

766. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Le lieu commun sera entré dans votre expérience : il y aura pris la couleur et la vie. […] L’idée générale guide la pensée dans l’invention du détail particulier, par lequel elle s’exprime et prendra corps. […] Le bon Régnier s’en allait distraitement par les rues, rêveur et absorbé en lui-même, Comme un poète qui prend les vers à la pipée. Le scrupuleux Boileau suait et soufflait à pourchasser la rime capricieuse, comme le chasseur de Beauce qui court une journée par les guérets mous et les chaumes piquants pour prendre une caille.

767. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Lutèce » pp. 28-35

Lutèce La Nouvelle Rive Gauche, qui paraissait depuis novembre 1882, prit le nom de Lutèce en avril 1883. […] Dumur de répondre à un critique allemand, qui avait pris son œuvre pour « un vulgaire et romantique emballage » : « Je n’ai pas voulu autre chose que de vous épater », et il ajoutait : « Il n’y a rien qui me fasse rigoler comme de voir pester les gens rageurs. » Pourtant personne ne s’est avisé jusqu’ici de ranger M.  […] Il faut aimer la liberté. » La liberté, nous l’avions alors : c’était pour nous, de prendre possession de tout ce qui nous entourait, de rouler sur l’herbe, de moissonner les fleurs, de faire jouer les serrures verrouillées, et c’était pour moi, souvent, de m’entretenir en silence avec les peintures des galeries et les grandes ombres du clair de lune, car déjà j’avais la tête farcie de romans dévorés en cachette. […] Alors, il lui prit un très grand regret de n’avoir vu l’enterrement de Victor Hugo, — et il marchait, songeant à cela, — ses yeux se dilataient, il croyait entendre le piétinement de la foule et, parfois, se sentait comme coudoyé, — et afin de se donner mieux l’illusion Vie la cohue, il grimpa sur un arbre ; — dans la nuit, il lui semblait voir s’avancer l’interminable cortège.

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