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705. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Voilà comme il se juge, et il avait raison à cette date ; cet homme de vingt-cinq ans sent qu’il n’est rien encore et qu’il n’a pas même commencé : « Quand des personnes d’un certain rang, fait-il remarquer, remplissent la moitié d’une carrière, on leur adjuge le prix que les autres ne reçoivent qu’après l’avoir achevée. » Et il s’indigne de cette différence de mesure, comme si l’on jugeait les princes d’une nature moindre que les autres hommes, et moins capables d’une action entière. […] Ce qui devrait m’en dégoûter et rebuterait toute personne raisonnable, est justement l’aiguillon qui m’anime le plus. […] Le roi n’était pas seulement l’homme le plus aimable de son royaume ; si l’on excepte le Milord Maréchal, il était le seul : « Il est presque la seule personne de son royaume, dit d’Alembert, avec qui on puisse converser, du moins de ce genre de conversation qu’on ne connaît guère qu’en France, et qui est devenu nécessaire quand on le connaît une fois. » D’Alembert ne tarit pas sur l’affabilité, la gaieté du roi, les lumières qu’il porte en tout sujet, sa bonne administration, son application au bien des peuples, la justice et la justesse qui se marquent en tous ses jugements. […] Dès qu’il avait découvert leur côté faible, il les piquait sans pitié par ce défaut de la cuirasse ; il faisait d’eux ses plastrons, il s’exerçait à mépriser l’humanité en leur personne, et il s’acquit ainsi une réputation de méchant, quand ce n’était au fond qu’un terrible satirique de société. […] Un haut et tendre épicuréisme y respire, celui d’un Lucrèce parlant à son ami : Je compatis au malheur qui vous est arrivé de perdre une personne à laquelle vous vous étiez attaché.

706. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Ils s’y promènent tous comme des personnes raisonnables ; les jardiniers peuvent, monsieur, vous en rendre témoignage : ce sera une affliction publique de ne pouvoir plus venir ici se promener… » — « Ce ne sont que des fainéants qui viennent ici », me dit-il. — « Il y vient, lui répondis-je, des personnes qui relèvent de maladie, pour y prendre l’air : on y vient parler d’affaires, de mariages, et de toutes choses qui se traitent plus convenablement dans un jardin que dans une église, où il faudra, à l’avenir, se donner rendez-vous. […] Trois personnes, en allant visiter les merveilles de Versailles, causent entre elles de cette question nouvellement à la mode, des anciens et des modernes : un Président, savant, un peu entêté et qui, en deux ou trois moments, se fâche ; un Chevalier, léger, agréable, hardi, au besoin même impertinent, et qui fait lever les lièvres ; un Abbé entre les deux, instruit, mais pensant par lui-même, et qui est censé représenter le modérateur et le sage. […] Le fond de la question lui était plus étranger qu’à personne. […] Comme Perrault lui avait envoyé son Apologie des femmes, Arnauld se crut obligé de lui répondre par une longue lettre où il étalait ses arguments et ses raisons, et que la personne qu’il en avait chargée ne jugea point à propos de remettre, de peur d’aigrir encore plus les disputants que le vieux docteur voulait chrétiennement réconcilier.

707. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Après une longue et lucide discussion, qu’il concluait en se demandant quel motif avait pu porter un homme d’un aussi grand talent que le comte de Mirabeau à « soumettre sa plume énergique à des intérêts de parti qui n’étaient pas même les siens », Beaumarchais avait soin pourtant de terminer par quelque expression atténuante : Notre estime pour sa personne, disait-il, a souvent retenu l’indignation qui nous gagnait en écrivant. […] Quel instant, pour prêter au clergé, dans la personne d’un cardinal, un crime qu’il n’a pas commis, etc. […] Quelques personnes, parmi lesquelles je citerai Esménard, auteur de l’article Beaumarchais dans la Biographie universelle, M.  […] Beaumarchais, si attaqué, si calomnié, n’eut jamais de haine ; si l’on excepte Bergasse, qu’il a personnifié dans Bégearss avec plus de mauvais goût encore que de rancune, il avait raison de dire et de répéter : J’ai reçu de la nature un esprit gai qui m’a souvent consolé de l’injustice des hommes… Je me délasse des affaires avec les belles-lettres, la belle musique et quelquefois les belles femmes… Je n’ai jamais couru la carrière de personne : nul homme ne m’a jamais trouvé barrant ses vues ; tous les goûts agréables se sont trop multipliés chez moi pour que j’aie eu jamais le temps ni le dessein de faire une méchanceté. […] C’est bien là l’homme qui fut aimé de tous ceux qui l’approchèrent, qui mêlait un fonds de bienveillance à la joie, un fonds de simplicité à la malice, qui avait écrit sur le collier de sa chienne : « Beaumarchais m’appartient ; je m’appelle Florette ; nous demeurons Vieille-Rue-du-Temple » ; et de qui son biographe et son fidèle Achate, Gudin, a écrit naïvement : « il fut aimé avec passion de ses maîtresses et de ses trois femmes. » Et ce n’est pas seulement Gudin qui parle ainsi, c’est La Harpe, peu suspect de trop d’indulgence, et qui dit, en nous montrant le Beaumarchais de la fin et au repos, tel qu’il était assis dans le cercle domestique et dans l’intimité : « Je n’ai vu personne alors qui parût être mieux avec les autres et avec lui-même. » C’est Arnault encore, qui, dans ses Souvenirs, lui a consacré des pages pleines d’intérêt et de reconnaissance ; c’est Fontanes enfin, qui, trouvant qu’Esménard l’avait traité bien sévèrement dans le Mercure, écrivait une lettre où on lit (septembre 1800) : Quant au caractère de Beaumarchais, je vous citerai encore sur lui un mot de Voltaire : « Je ne crois pas qu’un homme si gai soit si méchant » ; et ceux qui l’ont vu de près disent que Voltaire l’avait bien jugé.

708. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Il est allé s’établir, disait Chamfort (alors logé à l’hôtel de Vaudreuil), dans un quartier si perdu et si mal habité, que les personnes qui s’intéressent à lui craignent pour sa sûreté. — Je ne sais, répondait Bernardin, si M. de Chamfort connaît des personnes qui s’intéressent à moi. […] Il épousa, en 1792, âgé déjà de cinquante-cinq ans, une jeune personne de vingt-deux, Mlle Félicité Didot, et, dans sa correspondance avec elle, on ne le voit occupé que de réaliser, comme toujours, son idée d’une île champêtre et d’une chaumière. […] Remarié bientôt après, vers l’âge de soixante-trois ans, à Mlle Désirée de Pelleport, jeune et jolie personne, et qui se plia sans effort à ses goûts, Bernardin de Saint-Pierre eut une vieillesse heureuse. […] On ne trouva personne, mais quatre lignes seulement dans sa chambre ; il y disait qu’on lui avait tué son chien et qu’il était parti.

709. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Lorsque la rencontre d’une personne à Paris me rappelle la rencontre de cette même personne à Lyon, la vue de son visage éveille l’image du même visage dans un milieu ou cadre différent, en contiguïté avec des images affaiblies de telle rue de Lyon. […] Cela tient à ce que, la première fois que j’ai vu cette personne, j’ai vu en même temps la rue de Lyon, et tel magasin devant lequel j’étais arrêté, tel jour, à telle heure. […] Le centre A (figure de la personne) a été relié par des rayons cérébraux, par des voies cérébrales, à B, rue de Lyon, à C, magasin de soieries, etc. Lorsque je revois la personne dans la rue de Rivoli, le même centre A venant à vibrer de nouveau, les rayons reparaissent affaiblis : je revois vaguement la rue de Lyon, le magasin de soieries, etc.

710. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

On dispute sur le premier inventeur de l’imprimerie, mais personne n’en fait honneur à un philosophe. […] Personne ne s’avisoit d’expliquer encore ces expériences par la pesanteur de l’air. […] Qu’on juge par ce récit, dont personne ne sçauroit contester la verité, si ce sont les doutes éclairez et les spéculations des philosophes qui les aïent conduits de principe en principe, du moins jusqu’aux expériences qui ont fait découvrir la pesanteur de l’air. […] Personne n’oseroit plus écrire aujourd’hui, ni soutenir une these contre la circulation du sang. […] Cette science sert plutôt à nous apprendre comment on raisonne naturellement, qu’elle n’influë dans la pratique, qui, comme je l’ai déja dit, dépend du caractere d’esprit particulier à chaque personne.

711. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Tout à coup, il aperçut à l’étalage d’un bouquiniste, entre un Crevier dépareillé et l’Almanach des cuisinières, un pauvre livre étranger, honteux, ignoré, antique habitant des quais, dont personne, sauf le vent, n’avait encore tourné les feuilles : Recherches sur l’entendement humain, d’après les principes du sens commun, par le docteur Thomas Reid. […] Certainement, si quelqu’un était enclin à sortir de l’ancienne route, c’était lui ; car personne n’était plus opposé, de caractère et d’éducation, aux maximes et à l’esprit du dix-huitième siècle. […] Personne n’eut une plus belle armée pour faire la conquête des opinions humaines. Personne n’eut une plus belle occasion pour faire la conquête des opinions françaises. […] Supposition non prouvée : car personne n’a jamais vu de telles idées, et celles que nous découvrons en nous-mêmes, bien loin d’être interposées entre nos pensées et les objets, ne sont que nos pensées elles-mêmes.

712. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Les comtes Razoumowsky, que j’avais toujours aimés, furent plus caressés que jamais ; je redoublai d’attention et de politesse envers tout le monde, excepté les Schouvaloff ; en un mot, je me tins fort droite : je marchais tête levée, plutôt en chef d’une très-grande faction qu’en personne humiliée et opprimée. » Sa fierté n’a pas grand effort à faire pour se redresser : elle n’était pas née pour l’attitude et le rôle de victime. […] Comme le cabinet était fort petit, hormis Léon Narichkine, sa belle-soeur et moi, personne ne vit cela ; mais le comte Horn ne fut pas trompé, et tandis que je traversais les appartements pour revenir dans la salle, le comte Horn tira le compte Poniatowsky par l’habit et lui dit : “Mon ami, il n’y a rien d’aussi terrible qu’un petit chien de Bologne ; la première chose que j’ai toujours faite avec les femmes que j’ai aimées, c’est de leur en donner un, et c’est par eux que j’ai toujours reconnu s’il y avait quelqu’un de plus favorisé que moi”. » Je passe sur bien des gaietés et des espiègleries. […] Mon esprit était, de son naturel, tellement conciliant, que jamais personne ne s’est trouvé avec moi un quart d’heure sans qu’on ne fût dans la conversation à son aise, causant avec moi comme si l’on m’eût connue depuis longtemps. […] Tout ce qu’on vous dira à la place de ceci ne sera que des propos de pruderie non calqués sur le cœur humain, et personne ne tient son cœur dans sa main, et ne le resserre ou le relâche à poing fermé ou ouvert à volonté. » On ne peut mieux indiquer, par cette digression même presque involontaire et où la femme revient et se trahit, que, tout en cédant volontiers de son côté à la tentation et à l’attrait, elle se prévalait aussi à son tour de cet attrait et de cet ascendant aimable, de sa séduction irrésistible et de sa certitude de plaire, pour se faire, à la Cour et dans tous les rangs, nombre d’amis dévoués, inféodés, résolue à tout pour la servir, et qui, le jour et le moment venus, la firent ce que de tout temps elle avait rêvé d’être, afin de pouvoir ensuite donner sa mesure au monde et marquer son rang dans l’histoire.

713. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Beugnot que d’être un excellent administrateur et un haut fonctionnaire capable ; c’était, d’ailleurs, un tout autre caractère et d’une nature différente : esprit droit, sensé, mais sans trait et sans brillant, ayant eu les passions généreuses et les enthousiasmes de la jeunesse, cœur dévoué et qui s’était dès l’abord donné à Mirabeau ; qui conserva toujours quelques illusions sur cette grande mémoire trop mélangée ; homme public apte et laborieux, tout à la chose, assez peu observateur des personnes, de plus en plus tourné à la bienveillance en vieillissant, et que le soudain malheur qui brisa sa carrière jeta dans un complet abattement suivi de résignation, sans qu’il y entrât jamais un grain d’ironie ni une goutte d’amertume. […] « Je sais qui vous êtes », lui dit le Consul en recevant les premiers préfets, « et je devine ce que vous serez ; mais, entre tous les motifs qui m’ont déterminé à vous confier la préfecture de Paris, il en est un que je dois rappeler en ce moment : c’est qu’ayant été maltraité par la Révolution, vous n’en êtes pas moins resté constamment attaché à vos principes, et qu’étant devenu administrateur de votre département, après avoir été longtemps persécuté, vous n’avez persécuté personne. » C’est ici que commencent pour Frochot douze années d’une administration féconde, bienfaisante, tutélaire. […] Les rapports entre le préfet de la Seine et le préfet de police ne furent pas toujours dans la proportion voulue ni exempts de conflits, quoique, selon la pensée de Napoléon, la balance entre ces deux « maires de Paris » ne fût point égale, et que le préfet de la Seine qui s’occupait des choses, tandis que l’autre s’occupait surtout des personnes, l’emportât beaucoup par l’étendue de son action. […] Frochot est zélé, dévoué, tout entier à son œuvre d’exécution et d’obéissance intelligente, animé d’un sentiment personnel d’humanité dans les réformes qui tiennent à l’assistance publique, au régime des prisons, paternel et plein de sollicitude pour les établissements d’instruction publique avant la création de l’Université, bienveillant pour les personnes, attentif aux talents naissants ; en un mot, doué de vertus, mais, on l’entrevoit, un peu faible : le nerf, on le pressent, le jour où il en aura besoin, est ce qui lui manquera.

714. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Une année de pension, le second mariage de son père, qui épousa une jeune personne, douée elle même du goût et du talent d’écrire60, apportèrent quelque variété dans l’existence concentrée et casanière de notre poëte. […] Il y a des moments aussi où l’on sent sous l’emblème la personne même de l’auteur, et la plainte naturelle de cette muse forcée trop souvent de quitter la robe d’azur de la poésie pour le rude vêtement de la prose. […] (Mon désir d’être exact me fait ajouter un seul mot : ce portrait, jugé par des personnes qui voient de près l’auteur, leur a paru présenter l’idée d’une personne plus agitée ou plus résignée que ne l’est, que n’a besoin de l’être une âme si calme, si réglée, si bien établie dans les affections douces et dans les études solides.

715. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

» En novembre 1843, il écrivait à une personne de Paris, et pourquoi ne le dirais-je pas tout simplement ? […] Comme j’ai les yeux dans un état misérable, et que les docteurs inclinent de plus en plus vers un temps de repos complet et récréatif, j’espère les amener à m’ordonner de faire une pointe en Angleterre et un séjour à Paris que je n’ai pas revu depuis 1820 et que j’aimerais revoir de la même façon, c’est-à-dire perdu, flâneur, et, dans toute cette population entassée, connaissant seulement trois personnes choisies. […] Il ressentit d’abord, en y arrivant, une grande impression de solitude ; le bruit et la vanité qui, jusque dans la maladie, continuent de faire la vie apparente de ces grands rendez-vous, l’offusquaient ; il avait, si l’on ose le dire, quelques préventions un peu exagérées contre ce qu’il appelait notre beau monde ; nature genuine, comme disent les Anglais, il avait avant tout horreur du factice ; mais il ne tarda pas à s’y lier d’un commerce en tout convenable à son caractère et à son esprit avec quelques personnes qui lui prodiguèrent un intérêt affectueux, et particulièrement avec M.  […] Comment il s’intéresse au premier aspect à ces deux jeunes personnes étrangères, comment il les remet dans leur chemin qu’elles avaient perdu, comment il les rencontre de temps en temps et se trouve peu à peu et sans le vouloir mêlé à leur destinée : tout cela est raconté avec une simplicité et un détail ingénu qui finit par piquer la curiosité elle-même.

716. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

L’Angleterre, qui avait pris Saint-Évremond à la France, le lui restitua en la personne d’Hamilton, et il y avait de quoi la consoler. […] Je crois saisir dans ce portrait-là comme un reflet d’Hamilton en personne ; mais c’est surtout quand il nous peint sa sœur, la belle Mlle d’Hamilton qui épousa Grammont, c’est dans cette page heureuse entre tant d’autres qu’il lui échappe des traits que je lui renvoie à lui-même, et que j’applique non pas à sa muse (ce sont des noms solennels qui ne lui vont pas), mais à sa grâce d’écrivain : Elle avait, dit-il, le front ouvert, blanc et uni, les cheveux bien plantés, et dociles pour cet arrangement naturel qui coûte tant à trouver. […] Mais eût-ce été un autre que l’indigne Soulavie, eût-ce été Rulhière en personne qui eût tenu la plume, il n’y aurait apporté que ce qu’on peut prévoir et deviner ; il y aurait mis du mordant et du goût. […] Je passerais encore que le président Tambonneau, venu en Angleterre pour briller, et voyant qu’il y perd sa peine, retourne en France aux pieds de ses premières habitudes, c’est-à-dire de sa première maîtresse ; mais c’est trop que le fat Jermyn ne soit dans toute sa personne qu’un trophée mouvant des faveurs et des libertés du beau sexe.

717. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Personne, en les voyant, n’aurait pu s’imaginer combien les soldats avaient souffert et combien ils souffraient encore. […] Un parlementaire envoyé par le général russe vint sommer le maréchal de mettre bas les armes ; on y joignait toutes sortes de compliments pour sa personne. […] Aussi, dans un pareil moment, sa figure n’exprimait ni indécision ni inquiétude ; tous les regards se portaient sur lui, personne n’osait l’interroger. […] Le corps principal des Cosaques, commandé par Platov en personne, se rencontre à l’improviste ; il compte avoir bon marché d’une poignée de fantassins harassés, sans cavalerie ni artillerie.

718. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Presque personne n’est une personne. Et à seize ans, personne n’est une personne.

719. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Je ne fais les affaires de personne. […] Cet homme de sourire et de rire épanoui, de rondeur, de bonhomie, d’enfance de caractère, de pleine main, cet aimable et gai garçon n’eut jamais un seul grain de fatuité dans sa personne. […] On se rappelle ce large gilet blanc croisé (son seul luxe), qui signalait la présence du feuilletoniste des Débats à toutes les avant-scènes des théâtres où il étalait sa personne, — non point comme le gentilhomme des Fâcheux : Qui de son large dos morguait les spectateurs… Jamais Janin n’a morgué personne !

720. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Desmarest, directeur, pendant quinze ans, de cette branche de la police qui concernait la sûreté de l’État, a dû être parfaitement informé des conspirations, tentatives de bouleversement ou d’assassinat sur la personne de l’empereur, qui se sont succédé dans ce laps de temps. […] Il loue Napoléon, à propos des tentatives de complots et d’assassinat dont sa personne était l’objet, de ce généreux dédain qu’il y opposa et du caractère purement défensif que garda l’administration chargée d’y veiller. […] » répondait-il en 1814 à une personne qui lui traçait la sinistre perspective d’une guerre prolongée.

721. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Quand Jules Favre, plaidant pour un critique sévère par lequel un peintre de portraits se prétendait diffamé, disait : « Voici un écrivain assis sur le banc des criminels pour avoir trouvé que le bras de Medina-Cœli n’était pas assez accusé, et que sa robe était trop belle », l’accusation ainsi énoncée était plus qu’à demi réfutée, et il enlevait à l’adversaire l’usage de tous ces lieux communs sur le respect dû aux personnes et sur les empiétements de la critique, qui pouvaient faire impression sur le tribunal. […] Mais ainsi doit faire encore toute personne qui veut parler avec justesse et avec suite de quoi que ce soit. […] Sa mère, dont le nom fait battre tout son cœur, dont l’image emplit son cerveau, qui est présente dans tous ses souvenirs et dans toutes ses espérances, lui a recommandé, dans des termes qu’il sait par cœur, dans une lettre écrite sur certain papier, qu’il a dans sa poche, et dont son esprit aperçoit sans cesse la dimension, la forme et la couleur, de ne pas dire ni à tel et tel, qu’elle nomme, ni à personne, qu’elle lui a envoyé cinq louis d’or, qu’il a tenus entre ses doigts et qu’il a fait rouler un peu vite : tout cela forme un ensemble unique et compact d’idées et d’images.

722. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

On pourrait bien leur parler de la marine, dont personne ne peut méconnaître l’importance, et qui a besoin de l’Astronomie. […] Si nous n’avions pas connu les astres, quelques esprits hardis auraient peut-être cherché à prévoir les phénomènes physiques ; mais leurs insuccès auraient été fréquents et ils n’auraient excité que la risée du vulgaire ; ne voyons-nous pas que, même de nos jours, les météorologistes se trompent quelquefois, et que certaines personnes sont portées à en rire. […] Il n’est pas jusqu’à la simplicité de cette loi qui ne soit une leçon pour nous ; que de phénomènes compliqués contenus dans les deux lignes de son énoncé ; les personnes qui ne comprennent pas la Mécanique céleste peuvent s’en rendre compte du moins en voyant la grosseur des traités consacrés à cette science ; et alors il est permis d’espérer que la complication des phénomènes physiques nous dissimule également je ne sais quelle cause simple encore inconnue.

723. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Personne n’ignore combien de réclamations cet Ouvrage excita dès qu’il fut répandu dans le Public. […] Personne n’a mieux démasqué leur charlatanisme, que le Citoyen de Geneve, qui les avoit pratiqués & s’étoit d’abord laissé séduire par leurs artifices. Ils ne lui ont jamais pardonné & ne lui pardonneront jamais d'avoir dit, dans un de ses Ouvrages : « Que font les Philosophes, si ce n’est de se donner à eux-mêmes beaucoup de louanges, qui, n’étant répétées par personne autre, ne prouvent pas grand’chose, à mon avis ?

724. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

La sienne étoit si singulière, que personne ne put lire ses ouvrages, & qu’il avoit de la peine à se lire lui-même. […] Dans son livre de la Taille réelle, un de ses meilleurs ouvrages, il tâcha de réduire en pratique son nouveau systême sur l’orthographe ; mais plus d’une personne se trouva fort embarrassée à la lecture. […] Il est encore moins permis à un homme du monde de l’ignorer : une belle prononciation annonce une personne bien élevée ; elle prévient en faveur d’une femme, autant & même plus que la figure & les habillemens.

725. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Il me semble que, quand on a la fantaisie d’occuper de sa personne un art imitatif, il faudrait avoir d’abord la vanité d’examiner ce que cet art en pourra faire, et si j’étais l’artiste et qu’on m’apportât un aussi plat visage, je tournerais tant, que je le ferais entendre, non à la façon du Puget ou de Falconnet, mais à la mienne, et le plat visage parti, je me frotterais les mains d’aise, et je me dirais à moi-même : dieu soit loué ! […] Cependant vous ne persuaderez à personne que votre sujet ne fût ni aussi grand, ni aussi pathétique, ni aussi fécond que celui du Poussin. […] Ne nous arrêtons pas davantage à ce qui n’a arrêté personne.

726. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Les vers des anciens, que ce poëte a tournez en françois avec tant d’adresse, et qu’il a si bien rendus la partie homogene de l’ouvrage, où il les insere, que tout paroît pensé de suite par une même personne, font autant d’honneur à Despreaux, que les vers qui sont sortis tout neufs de sa veine. […] Quant aux avis des personnes intelligentes, il est vrai qu’ils peuvent empêcher les peintres et les poëtes de faire des fautes ; mais comme ils ne suggerent pas les expressions ni la poësie du stile, ils ne sçauroient suppléer au génie. […] Par maître, j’entens ici les ouvrages aussi bien que les personnes.

727. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

C’est un inconnu, en effet, absolument ignoré, et, malgré ce que Masson nous en apprend, justement ignoré, que ce Marquis de Grignan 57, le dernier des Grignan, dont le nom, qui timbre un livre aujourd’hui, dit une race et ne dit personne. […] etc., etc., elle semble danser encore sous l’apostrophe, cette noblesse, dans la personne de l’élégant marquis de Dreux-Brézé ! […] IV Il y a dans cette histoire du marquis de Grignan tout un livre consacré à ce crime de la mésalliance qui fut le crime des plus grandes maisons du temps ; car même ce crime-là ne fut pas personnel plus que tout le reste à cet homme, qui n’est que le Tout le Monde de sa caste et qui n’est personne en son privé nom.

728. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

Nous avons déjà vu que chez les Grecs, ἄρα signifiait la chose ou la personne qui porte dommage, le vœu ou action de dévouer, et la furie à laquelle on dévouait ; chez les Latins ara signifiait l’autel et la victime. […] Plusieurs consécrations de ce genre passeront dans la loi des douze tables : quiconque violait la personne d’un tribun du peuple était dévoué, consacré à Jupiter ; le fils dénaturé, aux dieux paternels ; à Cérès, celui qui avait mis le feu à la moisson de son voisin ; ce dernier était brûlé vif. […] Les jugements héroïques, récemment dérivés des jugements divins ne faisaient point acception de causes ou de personnes, et s’observaient avec un respect scrupuleux des paroles.

729. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Personne, hélas ! […] Et cependant, personne n’a hésité. […] Il ne touchera personne. […] Chacun en dit son avis, mais personne ne le révoque en doute. […] Jamais cette idée n’était venue à personne.

730. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Maintenant, il n’a plus de nom, puisque personne ne le nomme. […] Le rédacteur a confondu deux personnes distinctes. […] Leur personne efface l’œuvre qu’ils représentent. […] Personne ne s’étonne plus de rien. […] personne ne le fut moins.

731. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Personne, et il en sera ainsi tant que Sarcey sera mort. […] Personne dans le public n’y a fait attention. […] Personne mieux que vous ne saurait faire à cette question une réponse solidement motivée. […] Il se dit figurément d’une personne qui n’a ni bien, ni naissance, ni bonne qualité. […] Il a fait à son entrée, et du reste pendant tout le cours de son rôle, une impression que personne ne pourra oublier.

732. (1874) Premiers lundis. Tome II « Le poète Fontaney »

Je ne conseillerais donc à personne de se priver de l’usage de cet aimable talent quand il est naturel, facile et qu’il se confond avec la sensibilité. De même je ne conseillerais à personne de s’y confier assez pour y mettre toutes ses espérances et pour vouloir faire par là son chemin… »

733. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

Je ne sais personne à qui la définition « le style, c’est l’homme » puisse plus justement s’appliquer. […] Ferdinand Brunetière Depuis Rivarol et le prince de Ligne, personne n’a causé comme M. d’Aurevilly ; car il n’a pas seulement le mot, comme tant d’autres, il a le style dans le mot, et la métaphore, et la poésie.

734. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Le Français est la personne humaine dont il est le plus difficile d’établir l’identité. […] Le Dieu de Montesquieu est un Dieu personnel qui est à peine une personne. […] Waldeck, alors que rien ni personne n’avait empêché M.  […] Vous faites une loi contre les personnes, puisque vous laissez subsister l’enseignement ; vous ne l’interdisez qu’à une certaine catégorie de personnes. […] Il a ruiné le droit de la personne humaine, et c’est la personne humaine qui, affranchie aujourd’hui, veut d’autres enseignements.

735. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Personne, évidemment. […] Voulez-vous bien croire que cent personnes officieuses se sont empressées pour le lui procurer ? […] Il n’y eut personne de tué ; mais on dit qu’il y aura plus de quatre convulsionnaires d’excommuniés. […] Ce qu’il faut, c’est que personne ne gouverne. […] Vous avez, la nuit, insulté une église, sans que personne vous ait vu ni entendu ; quelque loi qui ait été rédigée, vous y échappez.

736. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Tout retomberait, dans ce dernier cas, sur un anonyme que personne ne dénoncerait. […] Je lui avais juré de ne le dire à personne. […] jamais je n’épouserai personne. […] Masson-Forestier, pour ne désobliger personne, continuera à agir comme par le passé, et il fera bien. […] Il devenait l’errant à qui personne ne s’attache, et pour qui personne ne répond.

737. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

À l’appel du nom de Victor Sidorski, personne ne répondit. […]Personne n’a voulu me le dire. […] Ernest La Jeunesse, alors que personne — remarquez cette anomalie — n’a jamais parlé des miens qui sont innombrables, et de tout le monde, même de Balzac. […] … Certes, en tout ceci, mes mains sont nettes… Je n’ai rien à craindre… et personne ne m’accuse ! […]Personne ne le tient.

738. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

L’homme en question n’a peur de rien et de personne. […] Tel a été l’aide tout-puissant dont s’est servi Molière pour tirer parti d’un pareil héros, plus difficile à remuer que Tartuffe en personne. […] Entre Molière et Lulli, pour n’oublier personne, il faut placer le vrai héraut de ces amours, le jeune poète Quinault, le poète de Renaud et d’Armide. […] Grammont est un pauvre hère qui donne la réplique à Lauzun, et qui n’a pas un mot à répondre à personne. […] Vous me semblez des personnes charmantes, je le déclare ; revenez, je vous en prie — ne nous réduisez pas au désespoir !

739. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Et la petite personne espère, ou se conduit comme si elle espérait. […] Et, avec tout cela, il est très soigné de sa personne et extrêmement beau garçon. […] Il a donc quitté les personnes invitées à la cérémonie pour s’en aller boire ? […] C’était la Maccarona en personne, et pourtant c’était bien Jeanne Granier… Heureusement ! […] Desforges ne fait souffrir personne inutilement et ne condamne personne.

740. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Que Molière nous plaise encore cela prouve surtout qu’il n’a corrigé personne. […] Déjà du temps de Molière, selon Voltaire, qui a la tradition, « quelques personnes se révoltèrent ». […] Il attaque presque nommément, et à coup sûr de manière que personne ne s’y trompe, l’abbé Cotin, peut-être Ménage. […] Tout cela lui vient de la volonté de puissance et aussi de cet ancestral orgueil viril qui lui persuade que la femme n’est pas une personne et qu’il ne doit y avoir qu’une personne dans un ménage. […] Elle est spirituelle et elle ne médit jamais de personne.

741. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Personne, depuis César, n’a autant montré cette prodigieuse activité de calcul et d’exécution qui, au bout d’un temps donné, doit assurer à Bonaparte l’avantage sur ses rivaux. […] On peut seulement se demander si, en s’enfermant comme il le fit dans la Constitution de 91 sans issue, il ne dévoua pas sa personne et son influence à une honorable impossibilité. […] Personne ne connaît et ne respecte plus que moi la puissance de l’opinion, de la culture morale et des connaissances politiques ; je pense même que, dans une société bien constituée, l’homme d’État n’a besoin que de probité et de bon sens ; mais il me paraît impossible de méconnaître, surtout dans les temps de trouble et de réaction, le rapport nécessaire des événements avec les principaux moteurs. […] Cette noble personne écrit, à son tour, à madame d’Hénin : « Je suis charmée que vous soyez contente de ma correspondance avec la cour (de Vienne), et du maintien du prisonnier ; il est vrai que le sentiment du mépris a garanti son cœur du malheur de haïr. […] C’est Armand Carrel en personne qui répondait cela à M. 

742. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Personne n’a jamais eu au même degré que lui, le sens de l’histoire. […] Personne n’a mieux parlé que lui des règles et des devoirs de la philologie ; personne ne les a mieux pratiqués. […] Personne n’a jamais joui du séjour à l’École normale au même degré que Taine. […] Dès son Histoire romaine, il ne ressemble à personne. […] Il fit même une fois refaire la grille brisée du tombeau d’une personne qui lui était entièrement inconnue.

743. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

Mais a-t-on bien le droit vraiment de tirer de pareilles conséquences de l’inspection des lignes d’un visage, fût-on le physiognomoniste par excellence, fût-on Lavater en personne ? […] Michelet, ailleurs, a durement parlé de Louis XVI, on peut dire qu’il lui a fait réparation ici en la personne du duc de Bourgogne, cette ébauche et cette épreuve anticipée du même caractère, et une épreuve bien plus soignée, bien plus fine de traits assurément.

744. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

Georges Courteline Peu de personnes connaissent ce livre, La Richesse de la Muse, d’une réelle splendeur de langue, et que Jacques Madeleine dédaigne beaucoup trop, en son excès d’inquiétude artistique. […] Des deux volumes, je préfère À l’orée de beaucoup ; j’aimerais mieux que la nature y fût chantée librement, au lieu d’être ainsi sévèrement modelée ; mais en se contentant de ce qu’on y trouve, on se sent en contact avec de la poésie vraie, encore que nuancée, fond et rythme, à la façon d’un érudit, ce qui ne peut surprendre personne, étant donnée la sûre et modeste érudition dont M. 

745. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

Ce n’étoit pas la peine de prendre un ton dogmatique, de se complaire à disserter, pour n’avoir raison que dans les choses dites & prouvées avant lui, & s’égarer en avançant des nouveautés paradoxales, que personne n’a été tenté d’adopter. […] Personne n’a su, mieux que lui, développer les petits caracteres, faire valoir les petites circonstances, & répandre sur de petits événemens un jour riant & quelquefois instructif.

746. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

D’Aucour jura qu’il se vengeroit, & voulut punir tous les jésuites dans la personne & dans les écrits du second Vaugelas de son siècle. […] Il faut convenir que personne, par son caractère, ne méritoit moins d’avoir des ennemis, que le P.

747. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Alcide Dusolier »

C’est particulièrement un descriptif que Dusolier, et je le crois même trop préoccupé (théoriquement) de description ; mais le sentiment le sauve des affreuses matérialités contemporaines… En ce moment encore, ce qui l’attendrit, il est vrai, c’est plus les choses que les personnes » Le salon de son père est plus tendrement traité que son père dans son livre, et pourtant c’est le charme du père qui fait le charme de ce salon. […] nous ne pouvons en empêcher personne) !

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