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611. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Qu’est-ce que l’amour pouvait devenir dans des mains pareilles ? […] Il tranche avec une main de chirurgien dans le cœur des croyances les plus vivantes. […] Ces sortes de bouquets conviennent à sa main et à son art. […] Comme tout change aux mains de nos légers Français ! […] Pareillement, voyez le changement qu’entre ses mains a subi l’hypocrite.

612. (1893) Alfred de Musset

J’y poserai de ces mains que voilà ton épitaphe en marbre plus pur que les statues de nos gloires d’un jour. […] Au premier livre qui me tomba sous la main, je m’aperçus que tout avait changé. […] Les larmes de ses yeux fécondent la terre, et il tient à la main la palme des martyrs. […] Je vis près de moi un mûrier sauvage ; j’en cueillis une branche et m’avançai en la tenant à la main. […] Celle-ci a fini par rester aux mains de George Sand.

613. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

L’Empereur n’avait plus son major-général unique et incomparable, ce Berthier qui était la main souple rapide et sûre de sa pensée. […] Le vieux et brave Friant, ce modèle des divisionnaires dans la main de l’Empereur, en avait, jugé avec son coup d’œil exercé : « Sire, nous ne « viendrons jamais à bout de ces gens-là, si vous ne les « prenez à revers, au moyen de l’un des corps dont « vous disposez. » — « Sois tranquille », lui répondit Napoléon ; « j’ai ordonné ce mouvement trois fois, et « je vais l’ordonner une quatrième. » C’était le corps de d’Erlon que Napoléon avait demandé à Ney dès trois heures un quart ; un ordre rédigé par le maréchal. […] L’armée prussienne est perdue si vous agissez vigoureusement : le sort de la France est entre vos mains !  […] Mais Ney comprit si bien de cette manière l’ordre émané du major-général que, dans son héroïque fureur, appelant le comte de Valmy, dont il avait fait approcher une brigade, il lui dit, en répétant le mot qui lui montait à la tête : « Général, le sort de la France est entre vos mains.

614. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

« Posez la main sur la terre, et dites-moi pourquoi elle a tressailli.  […] « Les rois hurleront sur leurs trônes ; ils chercheront à retenir avec les deux mains leurs couronnes emportées par les vents, et ils seront balayés avec elles. […] « Et la mort étendra sa main de squelette comme pour les bénir, et cette bénédiction descendra sur leur cœur, et il cessera de battre.  […] « Mais si l’on a commis contre vous quelque injustice, commencez par bannir tout sentiment de haine de votre cœur, et puis, levant les mains et les yeux en haut, dites à votre Père qui est dans les cieux : « Ô Père !

615. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

Vous l’eussiez tenu pour un homme frappé de Dieu, touché de sa main. […] Mais du moment qu’il aura offert sa vie, il verra naître une postérité nombreuse, et les intérêts de Jéhovah prospéreront dans sa main. » De profondes modifications s’opérèrent en même temps dans la Thora. […] Ce n’est qu’à partir du IIIe siècle, quand le christianisme est tombé entre les mains de races raisonneuses, folles de dialectique et de métaphysique, que commence cette fièvre de définitions, qui fait de l’histoire de l’Église l’histoire d’une immense controverse. […] A mesure que le pouvoir se sécularisait et passait en des mains incrédules, le peuple juif vivait de moins en moins pour la terre et se laissait de plus en plus absorber par le travail étrange qui s’opérait en son sein.

616. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

« Que retira-t-elle de sa main ? […] M’en vais de branche en branche, Les plus belles, je cueillas… Il la prit par sa main blanche, Dans son jardin la menit…. Vous avez la main teindue (teinte) De couleur de violette… Ce n’est pas d’un effet bien désagréable. […] Le plus jeune des trois La prit par sa main blanche : — Soupez, soupez la belle, Ayez bon appétit, Entre trois capitaines, Vous passerez la nuit. —  Au milieu du souper La belle tombe morte.

617. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Voilà encore, Messieurs, ce, que nous dit Molière, et ce que nous confirme Dancourt, historien du second ordre, mais qui n’en est ni moins fidèle ni mains véridique. […] ils sont eux-mêmes spectateurs, et battent des mains avec le public qui leur insulte ! […] À Dieu ne plaise que je parle, dans le sanctuaire des lettres, du triomphe de la barbarie, et que je rappelle, devant les statues de Corneille et de Racine, l’époque déplorable où leurs chefs-d’œuvre furent mutilés par des mains sacrilèges. […] Non, Molière, tu ne l’implorerais pas en vain ce monarque invincible ; il entendrait tes plaintes jusque dans le tumulte des camps ; et, du haut de son char de triomphe, il te tendrait une main protectrice.

618. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Elle a débordé et maintenant elle fait eau partout il faut que ce soit une loi de la nature expansive de ces doux êtres : mais les femmes, même les plus contenues, deviennent incontinentes, dès qu’elles ont une plume à la main ! […] … Certes, la vanité des bas-bleus a de singulières ivresses ; elle est quelquefois au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer, Mais pour se permettre de toucher à un sujet sur lequel la main colossale de Balzac avait écrit à suivre ! […] Il y a bien, dans ces romans qui s’appellent pourtant : Le Mariage du trésorier, les Deux Femmes du major, les Filles du colonel, etc… des amours et des mariages, mais qui n’ont rien de caractéristiquement militaire ; — il n’y en a point qui soient marqués de ce cachet qu’en attendait de cette main de femme d’officier. […] J’ai trop pesé la petite main des femmes pour supposer qu’elles puissent jamais soulever le pinceau des Gros et des David, écrasant pour, elles.

619. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Elle est donc toujours un mystère… non pas un simple mystère à ténèbres dans lesquelles l’œil cherche sans voir, mais un mystère à éblouissements qui brise la lumière sous les feux luttants des contradictions… Avec un pareil peuple, qui semble échapper au jugement même, avec ce sphinx retors qui a remplacé l’énigme par le mensonge et auprès de qui tous les sphinx de l’Egypte sont des niais à la lèvre pendante, n’y a-t-il pas toujours moyen, si on ne met pas la main sur le flambeau de la vérité, de faire partir, en frottant son esprit contre tant de récits, les allumettes du paradoxe, et d’agir ainsi, fût-ce en la déconcertant, sur l’Imagination prévenue, qui s’attend à tout, excepté à l’ennui, quand on lui parle de la Chine et des Chinois ? […] avec cette érudition de troisième main qu’on nous donne pour de l’érudition de première, la Chine restera donc ce qu’elle a été jusqu’ici : une espèce de rêve, entrecoupé de réalités étonnantes pour les penseurs et pour les poètes, et, pour les curieux, les historiens et les observateurs, une espèce de mystification colossale en permanence dans l’Histoire… Olla podrida morale de toutes choses, depuis la piété filiale jusqu’à l’infanticide, attendant toujours, mais vainement encore, pour cette fois, son chimiste et son analyse, la Chine va continuer d’être la pierre de scandale dans Israël, le sujet pris, quitté et repris, des vaines disputes de nos sagesses. […] Les autres, moins persuadés que le Céleste Empire soit céleste, ont fait du peuple-phénomène qui l’habite une nation de la date de beaucoup d’autres dans la chronologie asiatique, malgré ses prétentions exorbitantes à l’antiquité ; ni plus grand, ni plus fier, ni plus sage que tous les idolâtres de la terre, que toutes les races tombées et dispersées aux quatre vents de la colère de Dieu, abominablement corrompu, — ce qui lui donne ce petit air vieux qui nous fait croire à sa vieillesse, car la corruption vieillit le multiple visage des peuples comme la chétive figure de l’homme, — laid jusqu’à la plus bouffonne laideur, et, si l’on s’en rapporte aux œuvres qui sortent des mains patientes et industrieuses de ce peuple stationnaire, encagé dans son immuable empire du Milieu, ces œuvres de prisonnier qui s’ennuie et qui apparaissent comme des prodiges à notre fougue occidentale, ayant l’intérieur de la tête aussi étrangement dessiné que le dehors, le cerveau conformé comme l’angle facial ! […]  » Nous aurions voulu, enfin, que les historiens apologistes de ce pavs ainsi incriminé, ainsi accusé, et dans son histoire, et dans ses mœurs, et dans son esprit, et dans tout son être, eussent pénétré partout où l’accusation a enfoncé son atteinte, et qu’ils nous l’eussent montré non seulement dans son histoire politique, mais qu’ils fussent descendus au fond des mœurs pour les laver et qu’ils eussent tâté de leurs savantes mains ce crâne arrondi de la race jaune, rasé par les conquérants tartares, pour nous dire au juste ce que, dans cette boîte osseuse, si déformée par la corruption et par l’esclavage.

620. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

mais sans la robe flottante, sans le cap Sunium, sans Socrate derrière et au-dessus de lui dans la nuée d’or, comme un dieu dans une apothéose, sa coupe de ciguë à la main ; Platon, enfin, sans tout cet éloignement dans l’azur éblouissant de l’Histoire grecque, qui grandit tout, qui colore tout et nous fait belles jusqu’à ses erreurs ! […] voyez, examinez si mon muguet, cette fleur d’albâtre, n’est pas une bouture de Platon ; si ce Joubert, au nom bourgeois, n’est pas Platon, mais dans ce milieu plat et non platonique du monde moderne que nous touchons avec la main, car l’éloignement, cette perspective qui crée la poésie, rapetisse les objets comme il les grandit. […] Rendu ; Platon en habit gris, que nos pères ont pu coudoyer, qui faisait des visites du matin et du soir comme le premier ennuyeux venu de notre connaissance, qui allait baiser la main de Mme de Vintimille ou de Mme de Beaumont avant de rentrer chez lui baiser celle de sa femme, car il ne connaissait que d’honnêtes femmes, cet honnête homme de Platon là, et il n’allait pas comme l’autre Platon, Platon le Grand, dire ses vêpres chez ces immenses coquines, Aspasie, Phryné et Laïs. […] Et c’était aussi Platon dans son lit, en spencer de soie (comme l’a une fois vu M. de Raynal), la main dans le gant gommé du bibliophile, frottant, comme on frotterait un sot pour lui donner du vif, la reliure orange d’un elzévir pâli, délicieux comme une blonde passée !

621. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Si, d’un côté, les opinions connues de Macaulay, devenu, grâce à sa plume, un homme politique important et un ministre d’État, disaient assez nettement d’après quelles tendances et dans quel système cette histoire d’Angleterre serait conçue et réalisée, d’un autre, les articles de la Revue d’Édimbourg, qui avaient commencé et fixé la réputation de l’auteur, et dont quelques-uns sont des chefs-d’œuvre, ne disaient pas avec moins d’autorité qu’à part ces opinions premières qui pèsent sur tout ce qu’on écrit et y impriment la marque de leur vérité ou de leur erreur relatives, qu’à part enfin le joug des partis si dur à secouer dans les pays fortement classés, il y aurait, du moins, dans l’histoire écrite par une telle main, le talent, mûri par les années et par l’étude, de l’homme qui avait tracé des pages si animées et si réfléchies en même temps sur Warren Hastings, lord Burghley et le comte de Chatham ! […] Nul plus que lui, et d’une main plus perfidement ingénieuse, n’a travaillé à allonger la claie sur laquelle on traîne la mémoire du malheureux roi d’Angleterre. […] Nous ne croyons point cependant que ce dernier coup protestant, tout porté qu’il soit par une main puissante, ferme à tout jamais la bouche à l’Histoire. […] Il n’y a pas longtemps encore que l’effroyable et froide hypocrisie de Cromwell était passée en force de chose jugée historique, et Thomas Carlyle, qui n’a pas eu besoin de son génie pour cela, a démontré, preuves en main, que s’il fut jamais un homme convaincu de ses idées religieuses, un homme vrai, sincère et croyant, c’était ce vieux diable d’Olivier Cromwell !

622. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Or, en supposant que cette chambre noire du cerveau d’un homme fonctionnât mieux que les machines sorties de ses mains, par cela seul qu’il resterait astreint au coup de timbre fatal de la chronologie l’historien des faits ne nous en montrerait jamais que la fourmilière, plus ou moins fortement groupée, ou la procession éternelle, défilant plus ou moins rapidement sous nos yeux. […] Il aurait vu, enfin, que l’Europe, à son tour, cette Europe qui, à elle toute seule, est le monde, n’est, au fond, qu’une seule famille : la famille d’Abraham, dominant la terre par les juifs, les chrétiens et les musulmans, et il aurait compris que les luttes de l’Europe, quelles qu’elles aient été et quelles qu’elles soient encore, sont des luttes dans le même esprit, et que le glaive qu’elle tient, comme le glaive qui tournait dans la main du chérubin de l’Éden, n’est que le même glaive. […] C’était elle surtout, et peut-être uniquement elle, dont il devait nous montrer le travail autour de la grande pyramide romaine, en nous expliquant ses alliances, sa loi salique, ses mariages, équivalant à ses conquêtes, et le secret de son immense force quand, de morcelée sur des espaces restreints, comme les plateaux pyrénéens, par exemple, elle se résolut en un ordre organique dans de plus vastes espaces ; sujet superbe, touché et manqué déjà par tant de mains auxquelles on prêtait du génie. […] n’a pas le droit d’écrire ses mémoires, et, j’en demande bien pardon à Cénac-Moncaut, tout peuple non plus n’a pas droit à l’Histoire, parce que, boue et crachat longtemps pétris dans les mains de la divine Providence, il a vécu, combattu et souffert.

623. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Assurément, depuis Denise de Montmorency, qui sous Charles VI défendit si vaillamment le château de son mari contre les Anglais, jusqu’à cette vieille abbesse de Montmorency, qui mourut sur l’échafaud en 1794, après avoir béni, comme si elle avait été dans sa stalle de chœur et la crosse à la main, la religieuse qui portait sa croix et qui mourut après elle, on peut ranger bien des Montmorency, de nom ou d’alliance, qui eurent aussi, comme celle d’Amédée Renée, l’éclat dans la vie, la force de l’âme, le malheur, et le cloître pour dôme à tout cela, — le seul dôme qui aille bien à toutes nos poussières. […] Parmi les remuements des impuissants d’alors contre la forte main qui tenait la France, ce ne serait qu’un mouvement de plus réprimé. […] , je vous conjure, par le repos de mon âme… de modérer vos ressentiments et de recevoir de la main de notre doux Sauveur cette affliction. » Deux fois soumise, et à Dieu et à son époux, son autre Dieu, elle obéit à cette consigne donnée presque du fond de la mort. […] Entre les femmes célèbres par le dévouement et l’amour, il n’y en a pas de plus grande que la veuve de Montmorency, mais sa vertu n’a pas eu d’ombre, et s’est ensevelie dans sa perfection. » Telles sont les pénétrantes paroles par lesquelles finit un volume qui nous prend l’âme avec une main tout à la fois puissante et douce, et dont on sent autour de son cœur l’empreinte longtemps.

624. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Car voilà tout le sens vrai de cette Histoire de France d’aujourd’hui, qui s’enveloppe la main dans de la critique incertaine, chimérique ou fausse, pour faire mieux son mauvais coup contre le Moyen Âge et pour qu’on sente moins ainsi la main du voleur. […] Quinet, mais il ne faut pas la ramasser, cette boue, dans des mains ardentes dont le geste dirait la haine. […] … Ils foisonnent sous la main.

625. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

… Était-ce une raison pour essayer, de cette main de vieux journaliste désarmé de son journal, l’œuvre difficile qui tenta Balzac dans le plein de sa maturité, et que Voltaire, qui l’a toujours ratée, appelait une œuvre du démon, quoiqu’il fût pourtant assez bien avec le diable pour y réussir ? […] La Misère, cette sœur de la Douleur, que nous ne voulons pas, nous, chasser du monde, ni dans les intérêts du cœur ni dans les intérêts de la pensée, la Misère étendait sa main de Muse sur le front du pauvre secrétaire de Florence, délaissé des hommes, et y versait les fleurs de flamme de l’inspiration qui console. […] Jeu de cartes battu toujours de la même manière, à l’aide d’un ou de deux procédés connus et à l’usage de toute main, ces trois actes, qui s’appellent La Fille du millionnaire, ne renferment pas une situation neuve ou un mot piquant que l’on puisse retenir ou citer. […] Μ. de Girardin, journaliste en retraite et socialiste en démolition, nous était fort indifférent· Nous l’eussions miséricordieusement laissé mourir, comme un pieux Indien tenant la queue de sa vache, la queue du veau d’or dans la main.

626. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

— qu’il serait très intéressant d’avoir sous sa main l’œuvre complète d’un tel correspondant, de faire le tour de cet esprit qui aimait à se révéler sous cette forme de lettres, véritablement magique ; car elle évoque et fait apparaître l’homme dans la palpitation de sa vie la plus intime, la plus instantanée et peut-être la plus involontaire. […] Il eut avec cette femme, dont il dit qu’elle lui faisait croire l’âme immortelle, la fameuse main de fer dans du velours, et quelquefois avec des déchirures au velours. […] Cette goutte, qui le prit de bonne heure comme Pitt, et l’envahit des pieds aux mains, n’empêcha que fort peu sa main d’écrire.

627. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Tous leurs systèmes sortent des abîmes d’une psychologie qui leur semblait, en tout sujet, le point de départ inévitable, mais qui les a perdus, parce que qui descend dans l’homme sans la main de Dieu ne remonte plus ! […] Le premier homme, cet Adam qui avait la lumière d’une innocence sortie fraîchement, comme un lis, des mains du Seigneur, Adam dans l’Éden, pour M.  […] Sans cela, il nous serait facile de montrer, les faits en main, qu’il n’a pas plus creusé dans l’esprit des différentes époques du monde qu’il n’a fouillé, au début, dans les origines et les facultés de l’homme ; et qu’en cela, trop souvent, son livre, empreint de ce fatalisme géographique qui explique les fonctions des peuples par le milieu dans lequel ils se meuvent (fatalisme ressuscité de tous les matérialistes de fait, d’intention ou d’aveuglement), a donné, en preuve de ses dires, l’apparence pour la réalité, et la superficie pour le fond. […] Seulement, pour insinuer dans les esprits honnêtes et confiants qui vous lisent ces conséquences voilées, la main, qui n’est pas très forte, tremble un peu… tâtonne dans les faits qu’elle mêle et se blesse à des inconséquences mortelles.

628. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Quoiqu’il n’ait pas eu à se plaindre de la destinée autant que bien d’autres, plus grands que leur vie, qui passent lentement, qui passent longtemps, qui vieillissent, leur chef-d’œuvre à la main, sans que les hommes, ces atroces distraits, ces Ménalques de l’égoïsme et de la sottise, daignent leur aumôner un regard ; quoique son sort, matériellement heureux, n’ait ressemblé en rien à celui, par exemple, du plus pur artiste qu’on ait vu depuis André Chénier, de cet Hégésippe Moreau qui a tendu à toute son époque cette divine corbeille de myosotis entrelacés par ses mains athéniennes, comme une sébile de fleurs mouillées de larmes, sans qu’il y soit jamais rien tombé que les siennes et les gouttes du sang de son cœur, Beyle, de son vivant, n’eut pas non plus la part qui revenait aux mérites de sa pensée. […] Sa Physiologie du mariage — une gaîté et presque une fredaine de sa forte et sanguine jeunesse, une corde agacée de cette lyre aux sept cordes qu’il devait briser sous sa main, — ne descend point en ligne droite de l’Amour de Beyle-Stendhal, mais en spirale, comme un vol d’aigle, de cette Fantaisie que Balzac portait dans sa tête, à côté des plus augustes, des plus calmes, des plus impériales facultés. […] Ce grand linguiste, qui aimait la langue française comme on aime une personne, et qui, dans les moules vidés de Rabelais, de Montaigne, de Régnier, versait son jeune sang tout bouillant de génie et transfusait sa sève inspirée ; cet artiste désintéressé de tout, excepté de la Beauté possible, de la Beauté cherchée, après laquelle il courait, un flambeau dans la main, comme le Coureur antique, eut la douleur de voir sa perle roulée dans un oubli qui est la fange pour les œuvres de l’esprit humain, sous l’ignoble groin des pourceaux.

629. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Ancien directeur de l’Histoire des églises de France, il a touché autrefois d’une main compétente à ces études historiques auxquelles il reviendra sans doute ; car, par ce temps de délabrement et de philosophie épuisée, l’histoire est le dernier mot et la dernière ressource de tous les esprits vigoureux. […] Celui qui est là l’empêchera de partir », en lui mettant la main sur sa ceinture. […] Ce feu bien fait devait être le livre de Gourdon, dont la main naturellement était fort capable de bien le construire du pied à la cime, mais qui, justement, après l’avoir arrangé avec beaucoup de soin et d’aptitude dans son milieu et dans sa base, tout à coup, par la cime, l’a manqué ! […] un Shakespeare fait bien partout, et il y eut vraiment quelque chose de digne de son génie dans cette foule de soldats de toute arme venus, par une pluie battante, enterrer leur compagnon au bord de la mer qui le séparait de son pays, et qui, après lui avoir tourné le visage du côté de la France, lui versèrent, chacun avec sa main nue (détail vraiment antique !)

630. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Seulement, comme il n’est pas ministre ou ambassadeur, et qu’il n’a pas renoncé à la littérature, nous voulons montrer comment la sienne est faite, et, dans l’intérêt des dupes généreuses qui aiment les lettres pour elles-mêmes, prendre la longueur et la force de ce bâton des lettres dans une main habile, quand elles ne sont plus qu’un bâton. […] Il amuse le chemin avec son livre comme d’autres l’indiquent avec leur main tendue ou avec leur petit drapeau. […] Ils la prennent à pleine main, vaillamment et la brassent comme le sculpteur sa glaise. […] En effet, s’il pouvait se défaire de ce ton sans gêne qui ne le quitte jamais (littérairement, bien entendu) et qui le conter, la casquette sur la tête et les mains dans ses goussets, il serait ici, nous en convenons, dans son vrai genre, il aurait découvert son filon.

631. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Sur celui-là, sur cette tête crépue de Samson, la civilisation, cette Dalila, a déjà mis cette affreuse main qui coupe la force ; demain elle y mettra les ciseaux ! […] Ces enfants gâtés du soleil et souvent terribles, M. de La Madelène les a fait vivre tels qu’ils sont, non pas seulement dans leur vie domestique et de foyer, mais dans leur vie collective, leur vie d’assemblée, d’émeute, de farandoles et de batailles, car le plein air, le dehors, la place publique, sont pour eux bien plus le foyer que le coin du feu de la maison ; il nous les a montrés en plein dix-neuvième siècle et à cette heure du dix-neuvième siècle, dominés par l’incoercible élément méridional, qui leur donne encore la physionomie des ancêtres ; par ce caractère héréditaire et local que la poussière humaine ne perd que le dernier, et qui se révolte avec tant d’énergie sous l’émiettant et l’aplanissant rouleau que la civilisation, cette Tarquine à la main douce, qui ne fait pas voler les têtes de pavot sous les coups de baguette, mais qui se contente de les coucher par terre en les caressant, promène par-dessus toutes choses, comme dans une allée de jardin ! […] Elle est l’industrie et l’art en enfance, dans la pensée et sous la main de cet homme plongé encore dans la gaine du paysan, mais qui s’en détire comme le lion de Milton de son argile, et qui respire à pleines narines la civilisation qui s’en vient vers son pays et pour laquelle il est plus fait que les autres hommes qui l’entourent. […] Dans ce roman, — qu’on pourrait appeler une immense tragi-comédie à tiroirs, et à tiroirs pleins de choses, — il y a un amour jeté là, en passant, cet amour exigé dans toutes les pièces françaises par l’imagination du public, mais cet amour n’est qu’une visée secondaire dans la préoccupation de l’auteur, sous la main duquel le vaste cœur compliqué des foules palpite mieux que les cœurs grêles de moineau de ses amoureux !

632. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

pas besoin d’un pareil aveu pour être bien certain que la main qui a tracé ces pages, où l’observation finit en satire, n’était pas cette main blanche du temps, calme et savante, de La Bruyère, — cette main doctorale dans son art comme celle du Poussin dans le sien. Il est évident qu’il n’y a là que la main fébrile d’un jeune homme ardent, peut-être blessé : Et voilà justement parler en vrai jeune homme !

633. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Ainsi retirée de la cour à moitié, la mort de Louis XIV ne la prit pas au dépourvu ; son asile était prêt, arrangé de ses mains avec une longue et attentive prévoyance, véritable sanctuaire décoré d’ombrages, de parfums et de cantiques pieux. […] Dès lors son unique pensée est d’achever doucement de vivre, et de savourer à loisir la béatitude qu’elle s’est ménagée : dans sa lettre d’adieux à madame des Ursins, le rayonnement de l’amour-propre satisfait perce sous la froideur ascétique et les sentiments chrétiens : « Vous avez bien de la bonté, madame, d’avoir pensé à moi dans le grand événement qui vient de se passer ; il n’y a qu’à baisser la tête sous la main qui nous a frappés. […] « Le seul art dont j’oserais soupçonner madame de Sévigné, dit madame Necker, c’est d’employer souvent des termes généraux, et, par conséquent, un peu vagues, qu’elle fait rassembler, par la façon dont elle les place, à ces robes flottantes, dont une main habile change la forme à son gré. » La comparaison est ingénieuse ; mais il ne faut pas voir un artifice dans cette manière de madame de Sévigné, non plus que dans celle de mesdames des Ursins et de Maintenon : c’est la manière de l’époque et l’un des mérites inséparables de son style.

634. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

Clairville et Dumanoir : — un feuilleton où Janin nous fouettait avec de l’ironie, nous pardonnait avec de l’estime et de la critique sérieuse ; un feuilleton présentant au public notre jeunesse avec un serrement de main et l’excuse bienveillante de ses témérités. […] Tout ce jour-là, nous ne marchons pas, nous courons… Nous allons remercier Janin qui nous reçoit rondement, avec un gros sourire jovial, nous examine, nous presse les mains, en nous disant : « Eh bien ! […] Nous causons ; peu à peu il sort de sa gravité et descend de sa barbe noire, blague joliment la grosse caisse sur laquelle il bat la charge de ses ambitions, avoue l’enfant naïf qu’il est, nous tend cordialement la main.

635. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

il n’y va pas de main morte ; mais aussi c’est pour faire mourir… Procédé de guerre nouveau et redoutable ! […] Quand nous avons vu une main purement et fermement catholique comme celle de Wallon, dont nous connaissons le courage, écrire un livre biographique sur le célèbre fondateur de l’éclectisme moderne et y camper cette insolente épigraphe qui le montre au doigt : Esto vir !  […] Diminuer les saints, — les saints canonisés, — les toucher avec des mains respectueuses, mais qui, nonobstant, les descendent, telle a été la tendance des écoles rationalistes, qui, au moins, voulaient éviter le scandale insolent des écoles incrédules.

636. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

eut-il l’occasion, un jour, de combattre Sully et de le pousser si vivement l’épée à la main, que plus tard le guerrier devenu surintendant en garda rancune au poète ? […] Des Yveteaux, qui en parlait à son aise, disait de lui qu’il demandait l’aumône le sonnet à la main. […] Après quatorze ou quinze ans, il eut ce bonheur de voir la chaîne se renouer, la politique de Henri IV reprise par une main ferme, et Richelieu souverain au profit de son maître, pour le bien et la grandeur de l’État. […] Il a pris un casque ; il est, lyre en main, un combattant. […] quelle juste couronne il se tresse de ses propres mains !

637. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Elle le tient dans sa main, puis elle l’attache autour de sa taille, elle lie les cordons, elle l’étale, elle le froisse pour qu’il tombe bien. […] » Il apostrophe la bague, il gambade autour de Ruth, il frappe dans ses mains de plaisir. […] On aura son portrait en se figurant un homme qui, une casserole dans une main et un fouet de postillon dans l’autre, se mettrait à prophétiser. […] Le seau remonte un corps qui n’a presque plus de forme, et l’on voit la figure pâle, épuisée, patiente, tournée vers le ciel, tandis que la main droite, brisée et pendante, semble demander qu’une autre main vienne la soutenir. […] Ils le portèrent très-doucement, à travers les champs et le long des sentiers, dans la large campagne, Rachel tenant toujours sa main dans les siennes.

638. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Mais qui peut se flatter en histoire de tenir les balances de la justice d’une main tout à fait sûre ? […] personne, car ce sont les balances de Dieu dans la main des hommes !  […] Thiers, avec un bonheur qui pourrait s’appeler également une habileté, esquive la question délicate et controversée du 18 brumaire, cette usurpation à main armée de la force sur le droit, de la violence militaire sur la légitimité nationale. […] C’est là que deux ou trois traits de la main de Tacite auraient buriné tous ces visages coloriés des reflets de la figure principale. […] Le premier Consul, cherchant à tâtons la main qui a voulu le frapper, soupçonne au premier moment les républicains terroristes, découvre les royalistes, mais, feignant de s’y tromper encore, frappe les jacobins d’une immense proscription.

639. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXV » pp. 144-146

Il a donné l’hiver dernier, à l’Odéon, une pièce intitulée la Main droite et la Main gauche, qui a obtenu un certain succès, quoique très-compliquée.

640. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 167-169

La Raison, c’est-à-dire, cette saine Raison, si rare dans les Ouvrages de ce Siecle, y marche d’un pas ferme, le flambeau à la main, & découvre, sur sa route, des vérités profondes, enchaînées les unes aux autres, formant un Tout aussi instructif, que pensé avec justesse, & sagement digéré. […] Puisse cet Ecrit tomber entre les mains de nos jeunes gens !

641. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de février 1829 »

Cependant il regrette que quelques censeurs, de bonne foi d’ailleurs, se soient formé de lui une fausse idée, et se soient mis à le traiter sans plus de façon qu’une hypothèse, le construisant a priori comme une abstraction, le refaisant de toutes pièces, de manière que lui, poète, homme de fantaisie et de caprice, mais aussi de conviction et de probité, est devenu sous leur plume un être de raison, d’étrange sorte, qui a dans une main un système pour faire ses livres, et dans l’autre une tactique pour les défendre. […] ont fait de lui une espèce de jeune Louis XIV entrant dans les plus graves questions, botté, éperonné et une cravache à la main.

642. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre premier. De l’Écriture et de son excellence. »

Expliquez-la à un Tartare, à un Cafre, à un Canadien ; mettez-la entre les mains d’un bonze ou d’un derviche : ils en seront également étonnés. […] On nous persuadera difficilement que tous les événements possibles, heureux ou malheureux, aient été prévus avec toutes leurs conséquences, dans un livre écrit de la main des hommes.

643. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Roslin  » pp. 149-150

Je ne sais si Mr de Marigni ressemble ; mais on le voit assis dans son portrait, la tête bien droite, la main gauche étendue sur une table, la main droite sur la hanche, et les jambes bien cadencées.

644. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Ainsi tous ont la main sur quelque rouage social, grand ou petit, principal ou accessoire, ce qui leur donne le sérieux, la prévoyance et le bon sens. […] Lorsque Voltaire arrive en Prusse, Frédéric II veut lui baiser la main, l’adule comme une maîtresse, et plus tard, après tant d’égratignures mutuelles, ne peut se passer de causer par lettres avec lui. […] Plusieurs manient la lancette et même le scalpel ; la marquise de Voyer voit disséquer, et la jeune comtesse de Coigny dissèque de ses propres mains. — Sur ce fondement qui est celui de la philosophie régnante, l’incrédulité mondaine prend un nouveau point d’appui. […] Si on l’esquive, c’est sous un prétexte décent ; mais, si on lui complaît, ce n’est que par bienséance ; « à Surate, quand on meurt, on doit tenir la queue d’une vache dans sa main ». […] Et comment prévoir qu’on va se battre au premier tournant de la route où, fraternellement, l’on entre la main dans la main ?

645. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

me disait-il en me tendant la main. […] La lecture de ces deux civilisations, la Bible, l’Évangile, l’Odyssée dans les mains, est un cours d’histoire, de poésie, de jeunesse en action, qui retrempe l’âme dans l’âpre senteur de l’Archipel. […] « En me voyant, elle mit la main sur son cœur, à la manière dont les Arabes saluent, et, sans se lever, elle me fit place à ses côtés. […] En effet, en passant la main sur son genou, elle la retira sanglante. […] Il a abdiqué sa gloire par lassitude, la couronne lui a paru trop pesante, il l’a laissée tomber de son front ; une main fort habile et armée l’a ramassée ; le peuple s’est refait soldat sous cette main, nous recommençons le passé !

646. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Sa bonté rayonnait sans qu’elle sût le bien : Quand ses mains pour le pauvre avaient rompu le pain, Le pain semblait plus blanc…                                                     Ah, tu l’aurais aimée ! […] Nos mains lentes auront des caprices rôdeurs ; Nous nous posséderons de contours et d’odeurs, Et, plus que des amants, nous serons les complices Du même effort d’extase et des mêmes délices. […] Il ne va point par la ville et la campagne, une main sur son cœur et les yeux au ciel. […] De la fraîcheur glissait tout autour de nos mains, De la douceur semblait murmurer sur nos lèvres, Et j’enlaçais, — car l’aube est encore du rêve, — Nos souvenirs d’amour dans l’odeur des jasmins. […] Joachim Gasquet lui aussi reçut l’investiture classique des mains de M. 

647. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Car il en a commis, des fautes, et ce n’est pas uniquement celles-là dont Forneron a fait le compte d’une main si impartialement éclairée. […] C’est la faute, la faute qui plane sur tout son règne, à ce roi certainement le plus profondément catholique par la Foi qui ait jamais existé, et cette faute-là, il n’y a qu’une main catholique, au nom même du Catholicisme, qui ait le droit et le devoir de la relever. […] Mais ses vices étaient moins forts que sa foi et ne purent arracher jamais de son âme Dieu et l’Église, qu’y avait gravés la main de sa mère et que son âme garda, comme un marbre son inscription. […] Nous le sommes déjà, — et par leurs propres mains ! […] Lui aussi y a mis la main et il en a compté les gouttes.

648. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Dimanche, de Jacques Bonhomme et de Voltaire ; nous nous sentions devant eux comme des écoliers pris en faute ; nous regardions avec chagrin notre triste habit noir, héritage des procureurs et des saute-ruisseaux antiques ; nous jetions les yeux au bout de nos manches, avec inquiétude, craignant d’y voir des mains sales. […] Saint-Simon, si fier, y met la main par occasion et en retire une augmentation d’appointements de 11,000 livres. […] Ne pouvant agir, il écrivit ; au lieu de combattre ouvertement de la main, il combattit secrètement de la plume. […] Il l’a cru ; il se trompait ; ses regards, le pli de ses lèvres, le tremblement de ses mains, tout en lui criait tout haut son amour ou sa haine ; les yeux les moins clairvoyants le perçaient. […] Il y a tel passage où l’on voit un sculpteur qui tripote dans sa glaise, les manches retroussées jusqu’au coude, pétrissant en pleine pâte, obsédé par son idée, précipitant ses mains pour la transporter dans l’argile.

649. (1802) Études sur Molière pp. -355

pour donner le loisir à son maître de dévorer une seconde fois la main de son amante, et de provoquer de nouveaux applaudissements. […] Le satirique Boileau l’aida dans le choix de ces noms, voilà des messieurs en bonnes mains. […] Baron ne savait pas encore qu’on se venge du soufflet d’une jolie femme en lui baisant la main. […] Harpagon fouille le valet de son fils ; il examine ses deux mains, et lui demande ensuite à voir les autres. Euclion trouve un esclave auprès de son trésor, le fouille, l’oblige à montrer ses deux mains, et lui demande à voir la troisième.

650. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Thomas, avec votre permission, il priverait le monde du soleil. » À la fin, Thomas, furieux, lui promet un don, lui dit de mettre sa main dans le lit pour le prendre, et le renvoie dupé, honni et sali. […] Elles ont fleuri, on sait comment, les deux grossières et vigoureuses plantes, dans le fumier du moyen âge, plantées par le peuple narquois de Champagne et de l’Île-de-France, arrosées par les trouvères, pour aller s’ouvrir, éclaboussées et rougeaudes, entre les larges mains de Rabelais. […] Il n’y a aux mains du public que la pensée agréable et brillante ; les idées sérieuses et générales n’y sont pas ; elles sont en d’autres mains qui les détiennent. […] Si par le mysticisme vous tentez de vous envoler au-dessus, si par l’expérience vous essayez de creuser au-dessous, des mains crochues et violentes vous attendent à la sortie. […] On se conte volontiers les histoires horribles et tragiques ; on les ramasse depuis l’antiquité jusqu’au temps présent ; on est bien loin de la piété confiante et passionnée qui sentait la main de Dieu dans la conduite du monde ; on voit que ce monde va çà et là se heurtant, se blessant comme un homme ivre.

651. (1925) Proses datées

Leconte de Lisle écouta la présentation, me tendit la main, mais ne m’adressa pas la parole. […] Il tenait à la main un gros bouquet de fleurs pour « ces dames ». […] Je le pris, et j’y lus ce titre : La Main enchantée. […] Son œuvre énorme est en toutes les mains sa figure en pleine lumière. […] Elle est de la main de Mme de Chasans.

652. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leygues, Georges (1857-1933) »

Depuis longtemps, Les chanteurs d’amour, de printemps, D’idéal et de fantaisie Ne sont plus écoutés ni lus, Et l’on compte trop peu d’élus Dans le ciel de la poésie… Prenez donc ce coffret où dort Mon passé, cher et jeune mort, Fleuri de fis et d’asphodèles, Et dans quelque abîme profond, Au fond, poète, jusqu’au fond, Jetez-le de vos mains fidèles ! […] … Gardez donc le trésor que votre main m’offrait.

653. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

L’Imitation ne se reconnaît pas le droit de s’irriter ; son auteur ne propose à l’imitation que la tête couronnée d’épines et les mains liées du Christ. […] On ne voit pas la main qui les partage dans la foule, et tout le monde se sent nourri. […] L’argile s’élèvera-t-elle contre la main qui l’a façonnée ? […] Je suis dans votre main, tournez et retournez-moi de toutes manières. […] La nature veut toujours dominer sur les autres ; la grâce fait qu’une âme s’humilie sous la main toute-puissante de Dieu.

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