En un mot, le type spécifique existe, mais seulement à l’état d’une idée réalisée. […] En effet, les sciences n’avancent que par les idées nouvelles et par la puissance créatrice ou originale de la pensée. […] Les idées de Leibniz, au point de vue physiologique, ont beaucoup d’analogie avec celles de Descartes. […] Bordeu, Grimaud et Barthez avaient entrevu plus ou moins vaguement la même idée. […] Cette définition, qui rappelle l’idée d’Hippocrate, a été adoptée par Tiedemann et par d’autres physiologistes.
. — Comment les idées européennes élargissent le moule national. […] On n’en a pas l’idée tant qu’on ne l’a pas vue. […] Leurs idées n’éclatent pas d’abord en passions, en gestes, en actions. […] Ici tout est énorme ; j’avais vu Marseille, Bordeaux, Amsterdam, je n’avais pas l’idée d’un pareil amas. […] À tous ces titres, il peut être dans son canton le guide des idées, comme son voisin le squire est le guide des affaires.
Des idées reviennent, qu’il a caressées autrefois, c’est vrai, mais dont il est détaché. […] Rien de plus « français », en effet, que les idées littéraires du jeune Goethe. […] Cette idée se trouve enfermée dans les deux vers que nous avons soulignés. […] Encore à ce moment-là, les lettres de Schiller à Kœrner ne donnent-elles pas une haute idée de la troupe. […] Chacun se hâte de livrer à l’autre l’idée nouvelle dont il vient de s’enrichir.
Dans la lettre de M. de Tocqueville perçait l’idée, poliment exprimée, qu’un homme qui se respecte doit être de l’opposition. […] Que ferais-je si j’apercevais que j’ai pris des inspirations vagues pour des idées précises, des notions vraies mais communes pour des pensées originales et neuves ? […] Cette méthode, qui est singulière et toute personnelle, une vraie méthode a priori, est chez lui invariable et inflexible ; il n’a pas l’idée de la modifier selon les sujets, il faut que les sujets s’y accommodent et arrivent bon gré mal gré sous sa prise. […] Vers la fin, il était en voie de se rompre ; il introduisait plus de variété dans ses lectures, dans ses études et dans ses idées. […] M. de Tocqueville, favorable à l’auteur et au livre, en prit occasion d’exposer ses idées sur les beaux-arts et sur leur fonction dans la société : l’idée de moralité dominait sa pensée, le nom de Poussin y prêtait.
. — Je dis qu’il est commode, car du haut de la religion, de cette idée inexpugnable et infaillible, on est à l’aise pour courir sus à toutes les opinions et à tous les partis, au siècle tout entier. Et tout d’abord ouvrez ces volumes : comme le journaliste profite de la hauteur de l’idée religieuse pour y adosser son talent satirique, pour lui donner de la consistance et un air de dignité, de moralité ! […] L’idée est ingénieuse, le tour est littéraire ; un partisan déclaré des classiques ne ferait pas mieux. […] Un jour qu’il était de loisir et qu’il se trouvait aubord de la mer, rêveur par aventure et en quête d’unsujet de fantaisie, il eut l’idée de définir en vers (car il a plus d’une sorte de talent) la prose telle qu’il l’aime et telle qu’il la manie. […] Vrai langage des rois et des maîtres du monde, Tu donnes à l’idée un corps ferme et vaillant.
C’est de là qu’il eut l’idée d’étudier à l’abbaye du Bec, récemment fondée et déjà célèbre, où l’un de ses compatriotes italiens, Lanfranc, avait, depuis quelques années, institué une école de science non moins que de piété. […] La forme qu’il trouve naturellement pour développer ses idées est celle du retour intérieur et de la méditation, comme d’un homme qui converse avec son esprit, ou qui s’élève de degrés en degrés vers la vision suprême. […] Il me serait assez difficile de l’exposer dans les termes même où il le produit ; qu’il me suffise d’en donner l’idée, tel que plus tard on le retrouve chez Descartes ou chez Fénelon : c’est que par cela même que l’esprit humain peut concevoir l’idée d’un Être infini, parfait, et au-dessus duquel il n’en est aucun autre, il devient nécessaire, par là même, que cet Être parfait et infini existe. […] Le fait est que j’ai invariablement remarqué, pour mon compte, que s’il y a une certaine quantité et une certaine qualité d’esprits qui admettent, qui embrassent volontiers cet ordre métaphysique d’idées et croient les comprendre, il y a, pour le moins, une très grande moitié du monde, même du monde intellectuel, qui ne s’en trouve pas plus convaincue après qu’auparavant, et qui continue d’attendre la preuve après qu’on a prouvé. […] Il y a un beau mot de l’abbé Sieyès qui dit que « nos langues sont plus savantes que nos idées », c’est-à-dire qu’elles font croire par quantité d’expressions à des idées qu’on n’a pas, et sur lesquelles s’épuisent ensuite de grands et profonds raisonneurs.
Tout glorieux de ses nouvelles idées, il envoya sa fameuse préface au docteur Arnauld, son ami, son ancien maître, dont il briguoit le suffrage. […] Il expose, dans un écrit, tous les avantages qui résultent de son idée, & les inconvéniens qu’elle préviendroit. […] Il y condamne d’abord cette idée d’astreindre tous les prédicateurs à n’être que demi-heure en chaire. […] Les incrédules, ou les personnes qui ont perdu les premières idées du catéchisme, vont-ils souvent au sermon ? […] quelle progression éloquente d’idées dans ce génie créateur, qui tira l’art de prêcher du chaos !
On n’avait encore combiné que des phrases ; on croit pour la première fois créer des idées ; on plane sur le monde ; on remonte à l’origine des choses, on découvre le mécanisme de l’esprit. […] » Phrase imperceptible qu’on peut retrancher sans rompre la liaison des idées, et dont il a cru qu’on n’apercevrait pas l’absence. […] Le cours de 1828 est rempli d’idées et d’expressions allemandes. […] Condillac trouve une méthode d’analyse, et définit d’une façon nouvelle la nature des idées générales et des signes. […] Nous n’examinerons pas si le Dieu qu’on prouve par l’idée de l’infini n’a pas une nature contraire à la nature du Dieu qu’on construit par l’induction psychologique.
L’incohérence des fantômes, la diversité des intérêts et des choses, naguère, l’angoissait ; mais c’était la résistance du Néant à l’Idée créatrice ; et le Mage la brise. […] — Le Moi créateur est le moi réel, individuel, non l’Absolu Noumêne du grand poète Kantien. — Non Fichte, mais Platon, identifiant le νοῦς à l’Idée créatrice. […] Ballets, parades, feux d’artifice, chaudes intrigues amoureuses, etc, faire, pour ces choses, une musique, il détournait de lui une telle idée, avec horreur. […] La Musique qui ne représente pas les Idées contenues dans l’Apparence du Monde, mais qui, au contraire, est, elle-même, une Idée du Monde, et une Idée toute générale, enferme en elle, déjà, le Drame entier, de même que le Drame à son tour, peut, seul, exprimer l’Idée du Monde adéquate à la Musique. […] Cette problématique se retrouve dans cette lecture de Lohengrin dans l’idée que l’intelligence est seconde par rapport à la sensibilité.
Si, par contre, ils connaissent et approuvent les idées de Wagner, comment peuvent-ils en préconiser la mutilation, et les combattre ainsi plus efficacement que ne le pourraient tous nos adversaires réunis ? […] N’est-il pas évident que le devoir de tout homme qui prétend lutter pour les idées de Wagner, c’est de soutenir Bayreuth ? […] Lorsque l’unique endroit où l’idée du maître puisse se manifester périclite, nous irions gaspiller notre argent et nos forces dans des entreprises qui sont la négation de l’œuvre de sa vie ? Laissons ce soin à d’autres, et sachons bien que les Wagnériens n’ont que deux choses à faire : répandre la connaissance des idées de Wagner sur l’art, et soutenir Bayreuth. […] Pour avoir quelque idée générale de la réforme tentée par Wagner, on pourra consulter le Drame musical de M.
On revient, après dix ans, en vue des mêmes idées, non plus pour y aborder, mais pour les juger ; si on y revient ensemble, il y a de quoi se consoler peut-être. […] Ils ont, en un sens, passé toutes les espérances et aussi laissé derrière eux toutes les craintes ; tous les hasards d’idées déchaînées dans les hautes régions ont soufflé en eux à pleines voiles, et les ont fait vibrer sur toutes les cordes selon leur mode particulier de véhémence ou d’harmonie. […] En fait de grosse idée, il y a eu le Saint-Simonisme, et ce genre de doctrines plus ou moins avoisinantes, desquelles est sortie l’Encyclopédie de MM. […] Voilà ce que je me hasarderais à penser de la politique de conservation, en idée du salut du pays, si toutefois je m’étais accoutumé d’assez longue main à concevoir le salut et l’honneur du pays sous ces sortes d’aspects. […] la politique, dont c’est plus que jamais le cas de déplorer les soubresauts déconcertants et les perpétuelles coupures, ne les absorbe pas tellement aujourd’hui, qu’il n’y ait de leur part bien des idées qui se perdent en chemin vers les nôtres.
« Asseyez-vous, lui dit-il, et écrivez ; je veux vous donner là-dessus mes idées. » Quand la dictée fut achevée, le Premier consul lui dit de relire. […] La modération même des idées de l’auteur ôte à son expression, souvent heureuse, l’originalité qu’elle aurait en s’isolant davantage et en se tranchant avec netteté. […] Portalis apprécie une telle idée à sa valeur. […] C’est un inconvénient grave, si des écrivains aigris ou mécontents se montrent ; leurs idées passent, filtrent à travers leurs passions et s’y teignent. […] Une idée reçue, une habitude, une opinion qui ne se fait plus remarquer, a souvent été le principal ciment de l’édifice.
Peu d’esprits ont su concilier avec une semblable impartialité les idées les plus diverses et en apparence même les plus opposées. […] M. de Tocqueville est un observateur, mais ce n’est pas un statisticien : il n’aime pas le fait pour le fait, il n’y voit que le signe des idées. […] Il aimait passionnément les idées générales, mais il les dissimulait si bien, qu’un Anglais, auteur d’un livre intéressant sur les États-Unis, lui disait : « Ce que j’admire particulièrement, c’est qu’en traitant un si grand sujet, vous ayez si complètement évité les idées générales. » Il ne les évitait pas, loin de là ; mais il cherchait autant que possible à les incorporer dans les faits. […] On n’a pas assez remarqué que sur les républiques anciennes ce sage politique a exactement les mêmes idées que Mably et que Rousseau : ce qu’il appelle la république n’est pour lui qu’un rêve des temps antiques ; il n’a eu aucun pressentiment de la démocratie moderne. […] Pour s’assurer d’ailleurs qu’un auteur a quelque originalité et quelque puissance, il faut examiner si ses idées se sont répandues en ont conquis une certaine faveur.
ceci est une nouvelle et une occasion d’articler, et aussitôt sa mort remplace la venue et le séjour du shah parti, pour les esclaves sans idées de tout fait qui passe. […] Il aimait trop pour cela les idées générales. […] Celle de Chasles, au contraire, était vibrante, paradoxale, bien moins en nuances et en petits faits, mais bien plus en idées. […] Le critique en voyage à travers les littératures emporte autre chose que Sterne lui-même, qui n’emportait, quand il partit pour la France, que trois chemises, une culotte de soie noire et la résolution de partout sentimentaliser… Le critique, lui, doit avoir un paquet d’idées faites en vertu desquelles il va juger les choses et les hommes, et il ne va pas se les faire, ces idées, en voyage. […] Ce qui est plus étonnant que de raconter l’infamie de l’homme, qui dans Bacon fut infâme, c’est d’avoir diminué le philosophe, et il l’a diminué en ne le faisant que le vulgarisateur des idées de l’autre Bacon (le moine Roger), dont la Gloire infanticide a étouffé le nom dans le nom du second.
L’idée d’Alfred de Musset, dont elle me savait ami, lui traversa dès lors l’esprit, mais elle la rejeta pour l’instant. […] Chassez cette idée-là, je vous en prie, et ne confondez pas trop l’homme avec la souffrance. […] « Or, cette idée de solitude éternelle qui vous saisit et vous serre au sein des plus vives et des plus saintes affections, c’est une idée très-sombre et très-difficile à accepter. […] Je vais cependant commencer bientôt un livre, et quand j’en aurai éclairci l’idée, je vous demanderai ce qu’il faut en faire. […] En causant avec lui (quand vous en aurez l’occasion), il vous sera facile de savoir ce qu’il pense à mon égard et quelles sont ses vraies idées.
Aux beaux jours du Consulat, Mme de Genlis, encore à la mode, un soir qu’elle devait recevoir beaucoup de monde, eut l’idée de jouer au coin de sa cheminée un proverbe improvisé, avec M. […] Leclercq l’idée d’écrire des dialogues. […] Patin, se mire dans ses peintures comme dans une glace. » Ce qu’on appelle machine, si petite qu’elle soit, n’est point de son fait ; il a l’idée morale et comique, il néglige le ressort. […] Est-il jamais venu à l’idée de personne de leur reprocher les emplâtres dont ils se couvrent, ou les jambes de bois dont ils feignent d’avoir besoin ? […] Cette quantité d’idées comiques et de germes qu’il a mis en circulation ne lui ont jamais coûté que la douceur de les produire.
Mêlant ses idées religieuses si honorables à ses combinaisons de finance, il suppose que Colbert devait à son génie politique d’être plus religieux qu’un autre : « Un grand administrateur s’attache plus fortement qu’un autre à l’idée d’un Dieu. » Dieu, quelque part, est appelé, par un singulier rapprochement de termes, « l’Administrateur éternel ». […] Un souffle vague, qui, tant qu’il était favorable et doux, donnait l’idée du calme de l’Océan, mais qui, dès qu’il s’égarerait et s’irriterait, devait soulever la tempête. […] Dans l’intervalle, il avait eu l’idée d’écrire sur les hommes et sur leurs caractères en société, et, quoiqu’il n’ait laissé sur ce sujet que des remarques éparses et des fragments de Pensées, il s’y est assez bien peint par un côté imprévu pour que j’y insiste ici. […] Autre bonheur : un sot ne doute jamais ; il n’est jamais assailli par la multitude des idées et des points de vue, ni en proie à l’indécision, ce tourment des gens d’esprit. […] Il a saisi et rendu ces détails de société avec la curiosité du physicien qui observerait le phénomène de la rosée ou celui de la cristallisation, ou comme le Genevois Huber observait les abeilles ; un Français n’aurait pas eu l’idée de considérer ni de décrire de la sorte les choses de son propre monde.
Le mot œuvres sous-entend l’idée de combinaison, d’effort, de patience, de durée dans le travail, et Rivarol, c’est tout le contraire. […] Seulement, puisqu’il a été prononcé, j’oserai dire au critique qui n’a pas craint l’imprudence d’une comparaison entre des hommes si différents, que c’est bien moins l’idée d’une analogie qu’il fait naître que d’un contraste. À part, en effet, les idées, la conscience et les mœurs, c’est-à-dire à part ce qui est le plus important et doit être le premier chez les hommes, Joseph de Maistre s’oppose encore à Rivarol, et par d’autres côtés il le surpasse. […] Il était de ces Légers terribles qui voulaient combattre les idées nouvelles avec le ridicule, cette vieille arme de France, et franchement c’était là beaucoup de raisons, à ce qu’il semble, pour que le Tacite de Burke ne pût jamais naître dans Rivarol. […] Est-ce à cette circonstance du séminaire et de l’éducation qu’il y reçut, que l’on doit de rencontrer dans les écrits de Rivarol un fonds d’idées qui n’est pas du xviiie siècle ?
L’histoire ne contredit en rien cette idée classique et populaire qu’on se fait du chantre de Téos. […] Je me bornerai à l’imitation suivante, dans laquelle Ronsard a substitué à l’idée de l’auteur grec une idée tout aussi gracieuse, et l’a revêtue de formes encore plus charmantes : Les Muses lièrent on jour De chaînes de roses Amour ; Et, pour le garder, le donnèrent Aux Grâces et à la Beauté, Qui, voyant sa desloyauté, Sur Parnasse l’emprisonnèrent. […] La brièveté de l’idée originale fait partie de sa grâce ; et chaque chef-d’œuvre ne contient, pour ainsi dire, qu’une goutte d’essence, qui, dès qu’on veut l’en séparer, s’évapore. […] Il entend bourdonner une abeille, et l’idée lui vient que cette abeille peut bien avoir piqué l’Amour.
Cela a changé toutes les idées. […] La littérature ne vit pas uniquement d’idées, mais elle vit d’idées essentiellement. […] Quelle idée de génie ! […] Cette idée remplit Rabelais. […] La grandeur de Dieu, l’infirmité et le néant de l’homme, ce sont des idées et de sublimes idées religieuses ; mais ce sont des idées.
Et il continua. " n’y aurait-il pas à cette idée un côté vrai et moins affligeant pour l’espèce humaine ? […] Nous nous associons volontiers en idée au héros opprimé. […] Dans l’enfance on nous prononçait des mots ; ces mots se fixaient dans notre mémoire et le sens dans notre entendement ou par une idée ou par une image, et cette idée ou image était accompagnée d’aversion, de haine, de plaisir, de terreur, de désir, d’indignation, de mépris. […] L’idée sublime qui se présente, où était-elle l’instant précédent ? […] Il n’est pas en notre pouvoir de séparer des idées que nature associe.
Ce seul titre suffit pour donner une idée de la justesse de son esprit. […] Il ne faut donc pas s’étonner que la plupart de ses Ouvrages se ressentent de cette incertitude d’idées, fruit ordinaire d’une érudition indigeste, qui marche au hasard & n’a point d’étoile polaire pour la diriger. […] Cette attention est sur-tout nécessaire dans son Examen des Apologistes de la Religion Chrétienne, Ouvrage où il empoisonne & altere tous les faits qui contredisent ses idées, à peu près comme certains tempéramens convertissent en humeurs malignes tous les alimens qu’ils prennent, Sa Lettre de Trasibule à Leucipe est encore plus dangereuse. […] L’orgueil, l’indépendance, l’entêtement, sont tour-à-tour des prestiges qui les aveuglent ; & égarés eux-mêmes par leurs propres illusions, ils deviennent une occasion d’ égarement & de folie pour les esprits foibles & inquiets qui n’attendent que de fausses idées pour s’y laisser entraîner.
Viennet, par exemple, et les gens qui ne veulent pas comprendre, demandent à grands cris une idée claire. […] ce Classique des Débats, qui veut combattre une idée avec une baïonnette, n’est pas si ridicule qu’il le paraît. […] C’est que nous ne verrions pas l’idée bizarre. […] Tel est l’effet produit par toute idée politique dans un ouvrage de littérature ; c’est un coup de pistolet au milieu d’un concert. […] Quel sera, dans votre idée, le point extrême de cette révolution ?
Les adversaires des anciens, Perrault, Fontenelle, sont des cartésiens : ils appliquent à la littérature l’idée cartésienne du progrès, et, au nom de cette idée, ne voyant dans toute la poésie et dans toute l’éloquence que des œuvres de la raison essentiellement et nécessairement perfectible, ils déclarent les écrivains modernes supérieurs aux anciens. […] Ce rationalisme mondain tire ses principes de la mode, des convenances, de l’opinion ; il n’admet point de vérité, de beauté hors des choses qui ont cours dans la société polie ; et, comme le mouvement général des idées, en France, à cette date, porte vers l’esprit et vers la science, vers l’exercice exclusif des facultés intellectuelles et discursives, l’idéal mondain est forcément l’exagération de cette tendance. […] Et l’idée qui a exclu l’art, cette idée de progrès qui fournit aux modernes leur principal argument, c’est l’idée maîtresse de la philosophie du xviiie siècle.
Dans ces temps d’effroi, les hymnes durent être animées par l’imagination et respirer l’enthousiasme ; car l’homme aux prises avec la nature conçoit des idées plus grandes par la vue de sa faiblesse même ; alors tout s’exagère à ses yeux ; ses expressions s’élèvent avec ses idées, il peint tout avec force, il emprunte de toute la nature des images pour louer celui à qui la nature est soumise. […] Ainsi, chez tous les peuples, les hymnes prennent, pour ainsi dire, la teinte du climat ; et une nature, ou sauvage, ou riante, influant par les sensations sur les idées, y détermine les différents éloges qu’on fait de la divinité2. […] une fête établie pour la révolution des siècles, l’idée de la divinité pour qui tous les siècles ensemble ne sont qu’un moment, la faiblesse de l’homme que le temps entraîne, ses travaux qui lui survivent un instant pour tomber ensuite, les générations qui se succèdent et qui se perdent, les malheurs et les crimes qui avaient marqué dans Rome le siècle qui venait de s’écouler, les vœux pour le bonheur du siècle qui allait naître ; il semble que toutes ces idées auraient dû fournir à un poète tel qu’Horace, une hymne pleine de chaleur et d’éloquence ; mais plus un peuple est civilisé, moins ses hymnes doivent avoir et ont en effet d’enthousiasme. Ce sont les peuples nouveaux qui sont le plus frappes de la nature, et par conséquent de l’idée d’un être créateur.
Enfin, en plaçant le christianisme avec lui sur le trône, il fit la plus grande révolution qu’il y ait jamais eu dans les idées, les lois, les mœurs, l’esprit général des nations, changeant tout ce qui avait gouverné les hommes jusqu’alors, et devant influer, sans le savoir, sur presque tous les événements politiques et sacrés de l’histoire moderne ; tel fut le sort attaché au règne de Constantin. […] Enfin, dans cette quatrième époque, on vit naître et se développer l’éloquence chrétienne qui tenait à des idées, des principes et des objets entièrement nouveaux. […] Les idées religieuses, en Asie surtout, et dans l’époque d’une religion naissante, devaient communiquer plus de chaleur à l’imagination. […] De tout cela ensemble, dut naître un mélange de beautés et de défauts, de négligence dans le style et de grandeur dans les idées, quelquefois toute la force et toute l’impétuosité du zèle religieux, quelquefois toute la faiblesse d’une morale froide et monotone, ce qui peut souvent frapper l’imagination, ce qui doit souvent révolter le goût. […] On en compte quatre autres écrits dans la même langue, et presque partout c’est le même ton, la même vérité dans les éloges, et surtout la même philosophie dans les idées.
Michelet pense avoir fait un livre dont l’idée est philosophique. […] C’est une manière excellente quand l’idée est parfaitement nette. […] Il y a, entre Michel-Ange et Phidias, la différence qui sépare l’idée chrétienne de l’idée païenne ; et, par une puissance et une universalité de génie incomparables, Michel-Ange a résumé les deux idées, donnant à la forme toutes les splendeurs de la matière, et à l’idée tout l’éclat du rayonnement divin. […] L’idée de cette dissection répugne à la pudeur d’une femme. […] une idée mirobolante !
à quelle superbe idée se dévouer ? […] Idées profondes, piquantes, fécondes, étonnamment variées ! […] Ses idées, qui forment un tout si cohérent et harmonieux, lui appartiennent en propre. […] Son horizon s’ornera d’idées, comme il est hanté de fantômes. […] Ils n’ont pas envisagé la forme d’une manière abstraite, indépendamment de l’idée ; c’est, au contraire, aux sollicitations de l’idée qu’ils cédaient.
On voit maintenant dans quel sens je disais que l’idée la plus persistante de M. de Banville a été de n’exprimer aucune idée dans ses vers. […] La réalisation de la justice anéantirait l’idée même de justice. […] Mais qu’est-ce donc que cette idée ? […] N’est-ce pas une aimable idée ? […] Il me paraît cependant que l’idée en pouvait être exprimée plus fortement.
Instinctivement ou volontairement, il les approprie à l’idée, idée neuve et précise qu’il a de la beauté. […] Loin de se soumettre aux faits, il voulut qu’ils vinssent corroborer une idée préconçue : cette idée, par malheur, ne fut pas l’idée de beauté nécessaire, antérieure à toute production de l’art, mais une idée d’ordre scientifique, mais une vérité. […] L’idée du « risque » naît en lui ; il suffira d’un incident, — le meurtre, de Trydo, femme de Gygès, par Gygès, — pour que l’acte suive l’idée. […] Non que « l’Idée », pour parler comme M. […] Une strophe, une pensée (c’est-à-dire une idée, un sentiment ou une image).
Les idées sont malsaines, la perversion aiguë. […] Les idées s’épuisèrent. […] L’esprit crée des notions, des idées. […] Le mot, toujours est expressif d’une idée. […] Vint un moment où il ne crut plus aux idées.
En général, les précieux se sont laissé guider par la connaissance qu’ils ont eue de l’utilité des mots, traités exclusivement comme signes abstraits des idées : et voilà pourquoi, en affinant la langue, ils l’ont rendue plus froide et moins pittoresque. […] Pour alléger la phrase, on la débarrassa de l’échafaudage logique qui l’étayait ; les idées se lièrent par elles-mêmes, se subordonnèrent par leur ordre de présentation ; et l’on rebuta des termes de liaison, conjonctions et locutions conjonctives. […] Mais quand leurs dégoûts portent sur des mots, il est bien rare qu’ils ne s’attachent pas à certains sens des mots, par conséquent aux idées : et ils ne repoussent les mots ignobles que comme signe d’idées ignobles. […] Les métaphores du langage précieux ne sont pas des « images », au sens exact du mot, des réveils de sensations, mais des façons spirituelles de donner à deviner des idées. […] Un peu trop savant pour l’usage des honnêtes gens, puisqu’il reproduit le plan du Thésaurus grec de Henri Estienne et classe les mots par racines et dérivés, il ne contenait que la langue de la société polie, les termes d’usage universel, qui sont les signes nécessaires de ces idées qu’on pourrait appeler le domaine commun des intelligences.
Il en prit occasion de faire valoir ses idées sur la liberté, & l’espèce d’audace que doit sçavoir prendre toute personne qui traduit. […] Auquel cas, il recommande qu’on substitue des allusions plus ingénieuses & plus sensibles, qu’on remplace même quelquefois les idées outrées, les détails trop étendus, les comparaisons forcées par des choses plus justes & plus nobles, en avertissant toutefois le public de ces changemens. […] La raison est qu’en rendant les mots, & même le sens principal, on ne rend pas toujours les idées accessoires, qui forment tout l’art & tout le mérite d’un ouvrage. […] Ainsi Desfontaines avoit à craindre de voir son travail de plusieurs années perdu, si les idées du président Bouhier avoient lieu. […] Mais on ne remplira jamais cette idée qu’autant qu’on aura soin de faire parler son auteur, comme il auroit parlé lui-même dans la langue du traducteur.
Il était expédient de placer Gœthe et Diderot dans le cadre étroit d’un même volume, pour, rapprochés ainsi l’un de l’autre, les faire mieux juger et donner une idée plus exacte et plus nette de leur identité ; car, malgré les différences de pays et d’époque, de langue et d’idée, d’influence et de destin, Goethe et Diderot— pour qui creuse et pénètre au-delà — sont des esprits de nature identique… Gœthe — le dernier venu des deux — est certainement le plus grand dans l’opinion des hommes, comme Charlemagne est plus grand que Pépin ; mais c’est Diderot qui est le prédécesseur et le père, — et encore est-ce un père qui n’a pas donné tout son tempérament à son fils. […] II En effet, les canons ne sont venus qu’après les idées… Bien avant les canons allemands, les idées allemandes avaient roulé et fait leur bruit et leur trouée chez nous. […] … Je sais bien que l’esprit français, l’esprit de la race, s’était laissé entamer bien avant l’avènement de Gœthe par l’idée protestante et philosophique dont l’Allemagne moderne et Gœthe sont sortis. […] De personne il a passé système ; d’idée concrète il a passé idée générale ; on l’a invoqué comme la philosophie même de l’art !
Les idées et la manière qu’on trouve dans ce dernier fragment ne sont pas nouvelles. […] Historien d’analyse et de microscope, Alexis de Tocqueville est dans l’ordre politique ce qu’est Sainte-Beuve dans l’ordre littéraire, et on n’a point d’idée combien ces esprits-là sont communs dans les vieilles civilisations ! […] Ce n’est pas par les faits étudiés, ce n’est pas par l’observation et la quantité des observations que le livre de la Démocratie défaille, c’est par la tenue des idées, le sens résolu, le parti pris en toutes choses et gardé, c’est enfin par tout ce qui fait un livre fort et grand. […] Voilà pour la forme, c’est-à-dire pour ce qui fait la vie des livres et leur durée, quand les idées sur lesquelles ils reposent sont décrépites ou mortes ; mais pour le fond, c’est aussi les idées de tout le monde qui lui créent son originalité, à ce penseur, comme c’est la courte vue de tout ce monde qui se chausse de lunettes d’écaille qu’il promène sur les événements contemporains et la politique, qui devait les dominer… Seulement, penser et parler comme tout le monde pense et parle à une certaine hauteur de société, explique peut-être suffisamment aux esprits profonds que tout ce monde, qui se reconnaît en de Tocqueville, lui ait fait un honneur si exceptionnel ! […] Il l’a épousée dans ses idées et ses aspirations, et ils ont fait toujours bon ménage.
D’un bout du royaume à l’autre, l’esprit n’eut qu’une idée, et l’âme qu’un mouvement. […] Son style, toujours élégant et noble, s’élève au-dessus du style ordinaire de l’histoire ; mais il ne se permet nulle part ces mouvements, ces tours périodiques et harmonieux, qui semblent donner plus d’appareil aux idées et un air plus imposant au discours. […] L’idée seule de célébrer tous les citoyens morts pour la patrie, est une idée grande et noble, et malheureusement neuve parmi nous. […] Ce livre, où les idées morales sont souvent profondes, où l’expression est quelquefois négligée, mais vigoureuse, où l’on voit partout une âme pleine d’humanité jointe à un caractère plein de force, peut à plusieurs égards être comparé à nos meilleurs livres de morale. Il a une plus grande étendue d’idées que La Rochefoucauld.
Ce sera une première démonstration de notre idée. […] En voici quelques vers qui suffiront à donner une idée du goût de l’époque. […] Voilà la scène dont nous avons vu tout à l’heure, l’idée première dans l’espagnol. […] Idée prise de l’espagnol, mais très joliment développée. […] Vraie ou fausse, la légende donne une idée de ce que l’on disait et croyait de lui.
Les mots qu’on croit l’être marquent généralement les nuances, les degrés dont une idée, un sentiment sont susceptibles : ils sont entre eux comme les individus d’une espèce, infiniment divers dans l’unité du type. […] Un des bienfaits les moins contestés du romantisme fut de rompre ces entraves de la pensée, et de mettre à la disposition de l’écrivain tout ce que contenait la langue : on comprit que proscrire des mots, c’était proscrire des idées. […] Les mots heurtent le front comme l’eau le récif : Ils fourmillent, ouvrant dans votre esprit pensif Des griffes ou des mains, et quelques-uns des ailes ; Comme en un âtre noir errent des étincelles, Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux, Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous : Les mots sont les passants mystérieux de l’âme… Et de même que l’homme est l’animal où vit L’âme, clarté d’en haut par le corps possédée, C’est que Dieu fait du mot la bête de l’idée. […] Mais il n’en est point dont on ne puisse faire un bon emploi : c’est à vous qui écrivez de les bien choisir, de bien les tourner, de bien les entourer, et, déterminés dans leur sens, limités dans les idées et les images qu’ils évoquent, ils vaudront en somme ce que vaudra votre pensée. […] Mais la chose est délicate, et il faut être bien maître de la langue pour réduire chaque mot à l’emploi qu’on lui assigne : autrement l’expression rebelle lâche au travers de la phrase et de l’idée des sens inattendus, des images déplacées, et, manquant le sublime, on tombe dans le grotesque : au lieu d’étonner, on dégoûte.
. — L’Idée libre (Émile Besnus). — La Joute (Masson Darboy). — Le Livre d’art (Paul Fort). — Le Mouvement littéraire (Fernand Roussel). — Le Saint Graal (Emmanuel Signoret). — Psyché (V.-Émile Michelet). — La Syrinx (Joachim Gasquet). — La Revue jeune (Maurice Pujo). — L’Art et l’Idée (Octave Uzanne). — L’En dehors (Zo d’Axa). — Les Essais d’art libre (Edmond Coutances). — Les Essais des jeunes (Emmanuel Delbousquet). — Floréal (Paul Gerardy). — Le Réveil, Flandre et Wallonie (Max Elskamp-Gerardy-Maeterlinck). […] Revues : Le Centaure (Henri Albert). — Le Magazine international (Léon Bazalgette). — L’Idée moderne (Nicole Chambellan). — L’Ymagier (Remy de Gourmont et Alfred Jarry). — Les Ibis (Degron et Klingsor). — L’Album des légendes (A. et J. des Gachons). — L’Art littéraire (Louis Lormel). — La Revue et l’Idée (Maurice Leblond). — Pages littéraires (Genève). […] — La Province nouvelle (Laurent Sauvigny), — La Coopération des idées (G.
C’est qu’on a cru sans doute que, dégagés de l’image ou de l’idée qu’ils contiennent, les mots n’existeraient plus qu’à l’état d’articulations vaines. […] Il y a dans la langue française et dans toutes les langues novolatines, trois sortes de mots : les mots de formation populaire, les mots de formation savante, les mots étrangers importés brutalement ; maison, habitation, home, sont les trois termes d’une même idée, ou de trois idées fort voisines ; ils sont bien représentatifs des trois castes d’inégale valeur qui se partagent les pages du vocabulaire français. […] Mais potion était utile, l’idée générale contenue dans potionem ayant disparu du mot populaire2. […] Or, à ce moment, le français paraissait aussi pauvre en termes abstraits que le latin classique, tandis que le latin du moyen âge, enrichi de toute la terminologie scolastique6, était devenu apte à exprimer, avec la dernière subtilité, toutes les idées ; ce latin médiéval a versé dans le français toutes ses abstractions ; la philosophie et toutes les sciences adjacentes s’écrivent toujours dans la langue de Raymond Lulle.
Pour avoir une idée juste des incohérences de Cantu, il faudrait le lire dans sa propre langue. […] Mais Cantu, dans son histoire, n’a pas même d’esprit de parti : il n’est d’aucune opinion, pas même de la sienne ; il va d’une idée à une autre, avec le mouvement animal d’une intelligence qui se prend à tout comme celle d’un enfant. […] Mais le style n’est plus même possible à un certain degré de contradiction dans les idées. […] Avec une rare impartialité d’intelligence et dans des notes qui clarifient le texte, le discutent ou l’infirment, il s’est opposé à des idées sans justesse et à des assertions sans valeur.
L’idée d’une montre sale le réjouissait. […] — que quand les idées sont devenues des passions. […] C’est bien l’idée générale de Sainte-Beuve sur Racine. […] Ces idées sont devenues courantes. […] L’idée est celle-ci.
Un ruisseau ne donne point l’idée d’un torrent, ni le calme l’idée de la tempête. […] Parce que l’un renferme les idées accessoires d’une vie tranquille & pure, & l’autre ne présente que l’idée toute nue d’un repas de voyageurs. […] Que penseroit-on d’un critique qui, pour donner une idée du S. […] Idée du P. le Bossu, qui devient chimérique dès qu’on la presse. […] Il est à présumer que les premiers hommes qui ont dompté les chevaux, ont donné l’idée des centaures ; que les hommes sauvages ont donné l’idée des satyres, les plongeurs l’idée des tritons, &c.