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1392. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Il avait toutes les passions de son temps, tous les goûts de son temps, toutes les littératures : grecque, latine, hébraïque, de son temps, où les sciences elles-mêmes étaient poussées jusqu’à la fureur. […] je ne suis pas de ceux-là qui prétendent que la langue française commence aux Provinciales, — opinion ridicule de Villemain, cet eunuque littéraire opéré par le Goût, — quand, avant Pascal, on avait Rabelais d’abord, ce mastodonte, émergé radieusement du chaos dans le bleu d’un monde naissant, puis, après Rabelais, — qui suffisait seul, — Ronsard, Régnier, Racan et d’Aubigné lui-même.

1393. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

… Seulement, charmant d’indifférence et du goût le plus patricien en ne réclamant pas contre les mensonges de cette commère de renommée à laquelle il ne faut répondre jamais, puisqu’elle se noie bientôt elle-même dans les crachats qu’elle a expectorés, Saint-Maur laissa dire et laissa passer cette troupe de grues que j’appelle le public. […] Bientôt, le poète de L’Artiste eut ses quarante personnes auxquelles Stendhal, l’homme de goût, noblement dégoûté, bornait la gloire.

1394. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Elle aurait été une blessure pour la délicatesse du goût français. […] Il n’avait pas révolté le goût de sa nature par le spectacle d’une Espagne vraie, abrupte, profonde, et d’un éclat presque cruel.

1395. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

La vie, il la sait ; il en a le goût d’absinthe sur la lèvre. […] Il a de leur saveur mordante Il a comme eux le coup de dent, et cette belle horreur du vulgaire qui donne en passant si bien le paquet aux idées communes et au faux goût.

1396. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

L’instinct ne serait plus qu’un goût ou un plaisir dont l’animal, par paresse, s’est fait une loi. […] Ainsi, dans la tribu des Arunta, les esprits ont un goût particulier pour les belles femmes un peu dodues. […] Ni le loisir ni surtout le goût. Mais c’est le loisir qui donne le goût, ou du moins qui le conserve, si l’éducation, par hasard, l’a fait naître. […] Si le goût n’a pas été satisfait, quelle que soit l’abondance du repas, le repas n’a pas rempli son but.

1397. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Le manque de goût, c’est le manque de choix dans le sujet, et cela aussi, cela surtout, est manque de goût. […] Peut-être n’ai-je pas besoin de dire que cette gaieté-là est peu de mon goût. […] C’est un sottisier de très haut goût. […] Racine est toujours pour lui « un homme de goût » et presque uniquement et strictement un homme de goût, le « bel esprit » qu’estimait Boileau. […] Cette conclusion qui, avec beaucoup de goût, n’est qu’indiquée, est amusante.

1398. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Ce perpétuel besoin de combattre et de vaincre n’était pas pour lui seulement une affaire de goût et de caractère, c’était un inconvénient de situation. […] Fatigués des mauvaises doctrines, éclairés par leurs tristes résultats, les esprits accueillirent avec intérêt celles qui les ramenaient aux lois immuables de l’ordre et du goût. […] Fontanes avait montré dans ce discours les deux qualités distinctives de son talent, une mesure et une convenance parfaites ; et, depuis ce moment, se manifesta le goût que Napoléon eut toujours pour lui. […] M. de Fontanes, arrivé à l’âge où l’on a plus de souvenirs que d’espérances, grondait alors doucement son élève chéri : « Allons, lui dit-il un jour, vous vous gâterez le goût avec toutes ces lectures. […] Le goût des choses intellectuelles, des jouissances littéraires, était partout ; à la presse et à la tribune était échue la mission d’intéresser la France.

1399. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XV » pp. 61-63

Il croit que ce succès le regarde ; lui, il n’a ni goût, ni littérature, — rien.

1400. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lorrain, Jean (1855-1906) »

Les vers sont dans la tradition parnassienne, avec un goût de préraphaélisme et de mysticisme qui s’allie naturellement à tous les caprices et à toutes les fantaisies de l’âme moderne.

1401. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, Maurice (1877-1941) »

Maurice Magre est-il tel qu’il sera aimé surtout par ceux qui ont gardé le goût de l’éloquence latine et des amples développements lyriques sur des thèmes éternels.

1402. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Margueritte, Victor (1866-1942) »

Et l’on sent à travers tout le volume, malgré, certaines fois, de la monotonie et trop peu de liberté, une imagination délicate, un goût très sûr, un talent souple, qui vous font aimer le poète discret et tendre qu’est M. 

1403. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la première édition »

Et quelle histoire réussirait à rendre moins précieuses les leçons d’un professeur illustre, écrivain du goût le plus délicat et de la raison la plus ornée, qui a élevé la critique littéraire au rang de l’histoire, et qui, à l’exemple des antiques orateurs retravaillant leurs harangues pour l’épreuve de la lecture, a changé de brillantes improvisations en écrits durables ?

1404. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 198-200

Ce défaut de goût l’a fait tomber dans une espece de mépris, qu’on a poussé toutefois un peu trop loin.

1405. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 266-268

Ces Rondeaux eurent néanmoins pour partisans les personnes les plus distinguées de la Cour, ce qui ne tournoit pas à la gloire de leur goût.

1406. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 134-135

Ses Critiques ont été taxées de trop de sévérité : mais cette sévérité n’étoit-elle pas nécessaire, si l’on fait attention à la rapidité avec laquelle le goût se pervertit aujourd’hui.

1407. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 397-399

Il est vrai qu’il y regne beaucoup de méthode, beaucoup d’érudition, beaucoup de citations, beaucoup d’observations ; mais les Ouvrages didactiques, surtout de cette espece, exigent encore du goût, de la critique, des vûes bien présentées, & principalement une élocution soignée, propre à animer les préceptes que l’Auteur veut faire goûter.

1408. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 55-57

Il ne fit imprimer que trois Pieces, parce que la délicatesse de son goût ne lui permit pas, dit-on, d’en faire paroître davantage.

1409. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 167-169

La plupart sont peu connus, parce qu’ils ont pour objet, des matieres au dessus du goût de la multitude, qui ne s’amuse guere que de frivolités.

1410. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 280-282

Une autre observation qui fait plus d’honneur à son goût, & qui est devenue une regle de l’Art, est celle qui exige qu’au milieu de chaque Stance il y ait un repos, afin que ceux qui la récitent n’en coupent pas le sens en reprenant haleine.

1411. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 328-330

MOINE D’ORGIVAL, [Henri le] Curé de Gouvieux, près de Chantilly, où il est né vers l’an 1719, Auteur de quelques Ouvrages de Littérature, qui annoncent plus de talens naturel & d’érudition, que de goût & de solidité.

1412. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 42-44

Ils consistent dans une Histoire de la Vie & des Ouvrages de Fénélon ; Histoire qui ne se borne pas, comme les autres, à raconter des faits particuliers, mais où la sagacité, l’art de l’analyse, l’heureuse faculté de tout voir & de tout saisir, le talent de penser & celui d’écrire avec solidité, ne permettent pas de méconnoître le Littérateur éclairé, l’habile Observateur, & le bon Juge : dans un Discours sur le Poëme épique, qui n’a pu être que le fruit de la lecture la plus réfléchie des Ouvrages des Anciens, & d’une connoissance raisonnée des regles de la Poésie héroïque : dans un Discours sur la Mythologie, où il seroit impossible de réunir plus de raison, plus de goût, & plus d’élégance.

1413. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de janvier 1823 »

Il se bornera seulement à faire remarquer que la partie pittoresque de son roman a été l’objet d’un soin particulier ; qu’on y rencontre fréquemment des K, des Y, des H et des W, quoiqu’il n’ait jamais employé ces caractères romantiques qu’avec une extrême sobriété, témoin le nom historique de Guldenlew, que plusieurs chroniqueurs écrivent Guldenloëwe, ce qu’il n’a pas osé se permettre ; qu’on y trouve également de nombreuses diphtongues variées avec beaucoup de goût et d’élégance ; et qu’enfin tous les chapitres sont précédés d’épigraphes étranges et mystérieuses, qui ajoutent singulièrement à l’intérêt et donnent plus de physionomie à chaque partie de la composition.

1414. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Mystères. » pp. 35-37

Alors naquit la comédie profane, qui, livrée à elle-même et au goût peu délicat de la nation, tomba, sous Henri III, dans une licence effrénée, et ne prit le masque honnête qu’au commencement du siècle de Louis XIV.

1415. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

On fait maintenant, dans la patrie du goût, le livre, le tableau, le marbre, comme le bronze et le fauteuil : articles de Paris, pour l’exportation transatlantique ! […] S’il est question du réalisme, ses progrès sont lents, à la vérité, et je ne crois pas être le seul à m’en réjouir pour le goût, et j’allais dire pour la moralité publique. […] Pour mon compte, je la trouverais beaucoup plus modeste sans ce geste ; mais c’est une affaire de goût. […] Que voulez-vous, Messieurs ; il n’est pas donné à tout le monde d’aller à Corinthe, ni de partager vos goûts mignons. […] Tout dépend des goûts.

1416. (1774) Correspondance générale

Le goût a changé. […] Ceux qui n’ont pas approuvé qu’on redît à Tancrède ce qui s’était passé avant son arrivée sont des gens qui n’ont ni le goût de la vérité, ni le goût de la simplicité ; à force de faire les entendus, ils montrent qu’ils ne s’entendent à rien. […] Vous l’avez châtrée, dépecée, mutilée, mise en lambeaux, sans ugement, sans ménagement et sans goût. […] Combien d’occasions de pérorer auxquelles on ne se refuse jamais sans le goût le plus grand et le plus exquis ! […] Il faut être un ange en fait de goût pour sentir le mérite de cette simplicité-là.

1417. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

* * * — L’avarice des gens très riches de ce temps-ci a découvert une jolie hypocrisie : la simplicité des goûts. […] Un bourgeois râblé et enrichi, qui a essayé, assez intelligemment, de s’anoblir avec une collection, des goûts artistes, une liaison avec Jules Dupré. […] On aimera follement une femme, pour sa putinerie, pour la méchanceté de son esprit, pour la voyoucratie de sa tête, de son cœur, de ses sens ; on aura le goût déréglé d’une mangeaille pour son odeur avancée et qui pue. […] * * * — Tout être, homme ou femme, qui aime le poisson, a des goûts délicats. […] Il semble qu’ils aient hérité d’un sang de chasseur et de goûts de grands seigneurs.

1418. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Aussitôt que j’entrevis le monde, mes regards y cherchèrent d’abord et avant tout ce qui, selon moi, en était l’âme, c’est-à-dire les hommes qui illustraient ou qui cultivaient le génie humain par leurs œuvres, ou du moins par leurs goûts intellectuels. […] Soit pour flatter la charmante mère dans son fils, soit par un goût naturel des hommes d’étude et de solitude pour l’enfance, le grand historien passait ses heures de soirée à jouer avec moi. […] J’en avais d’autres : nous nous étions attirés sans préméditation par ce goût inné des lettres, langue commune entre nos jeunes esprits. […] Il avait un goût égal au mien pour l’éloquence et pour la poésie ; il écrivait alors, avant que j’écrivisse moi-même des vers, un poème sur l’Immortalité de l’âme, qu’il me récitait dans nos promenades ; ce poème n’a jamais été imprimé, mais ces vers me sont restés toute la vie dans l’oreille comme un tintement d’âme sonore et sensible. […] Ce ne sont pas deux opinions, ce sont deux natures que je veux rapprocher. » J’avais du goût pour M. 

1419. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIII » pp. 206-208

Ce roman de Balzac était annoncé, il y a quelques jours, dans les Débats, par une lettre de l’auteur, la plus amphigourique, la plus affectée et la plus ridicule qui se puisse lire, tout cela afin de mettre en goût le public.

1420. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Amiel, Henri Frédéric (1821-1881) »

Seulement, des conditions spéciales de milieu et de tempérament firent que ces tendances diverses n’eurent, dans Amiel aucun contrepoids, en sorte qu’il laissa s’exagérer chez lui jusqu’à la maladie et l’esprit germanique et l’analyse, et le goût du songe.

1421. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Lahor, Jean = Cazalis, Henri (1840-1909) »

Un goût souverain de l’art, un amour à la fois religieux et mélancolique de la beauté, une sorte de mysticisme nihiliste, de désenchantement enthousiaste et comme un vertige de mystère, donnent à sa poésie un charme composite, inquiétant et pénétrant comme celui des tableaux de Burne-Jones et de la musique tzigane, des romans de Tolstoï et des lieds de Heine.

1422. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leygues, Georges (1857-1933) »

Même quand il chante en beaux vers dans la Lyre d’airain la patrie vaincue, il s’abstient de tout cri désordonné, de tout ce qui pourrait blesser l’oreille sensible d’un homme de goût.

1423. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pichat, Laurent = Laurent-Pichat, Léon (1823-1886) »

Poète de combat, il l’est dans ses romans et ses nouvelles de haut goût et de psychologie supérieure, où il traduit sans phrases ni sermon, par la simple analyse des âmes et des choses, l’incessante préoccupation de son esprit généreux.

1424. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 13-15

COLLETET, [Guillaume] Avocat au Conseil & au Parlement, de l’Académie Françoise, né à Paris en 1598, mort dans la même ville en 1659 ; Poëte sans imagination, sans goût, sans élocution, & cependant un de ceux que le Cardinal de Richelieu faisoit travailler pour le Théatre.

1425. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 179-181

De ce nombre sont sa Rhétorique du Prédicateur, son Traité de l’Eloquence du corps, deux Ouvrages où se trouve réuni, sans méthode & sans goût, ce que Cicéron, Quintilien, & parmi nous Fénélon, Rollin, le Pere Lami, Sanlecque, Lucas, l’Abbé de Villiers, l’Abbé Mallet, ont écrit sur ces matieres si fort rebattues.

1426. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 340-342

Depuis que leur malheureux Auteur a osé parler de regles & de goût à des Poëtes bizarres & volontaires, de clarté & de méthode à des Prosateurs décousus & nébuleux, de force & de chaleur à des Ecrivains froids & symétriques, de bons sens & de précision à des Moralistes enthousiastes & confus, de justesse & de raison à des Philosophes inconséquens & téméraires ; dès-lors notre Siecle, ce Siecle, grace à leurs prouesses, le plus ingénieux, le plus éclairé, le plus merveilleux, le plus heureux des Siecles, s’est vu, d’après leurs déclarations, méconnu dans ses richesses, calomnié dans ses lumieres, ouvrage dans ses prodiges, troublé dans sa felicité ; dès-lors des milliers de bouches éloquentes se sont ouvertes à la plainte, aux clameurs, à la plaisanterie ; dès-lors l’Abbé SABATIER n’a plus été qu’un Cuistre, qu’un polisson, qu’un méchant Critique & un Critique méchant.

1427. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 380-382

Ce goût, qui pouvoit être raisonnable à un certain point, devoit néanmoins être suivi avec modération.

1428. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 277-279

Tel est du moins le jugement qu’ont porté de cet Orateur les gens de goût & impartiaux, qui l’ont lu ou entendu.

1429. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 412-415

Jusqu’à présent ses Ouvrages connus se réduisent à un très-petit Volume ; mais ce Volume rassemble tout ce que le goût, la finesse & les graces ont de plus piquant.

1430. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

Rousseau, plusieurs bons Esprits, ont eu pour lui un goût particulier.

1431. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 441-443

Sa Prose est assez communément dans le même goût ; mais si elle n’a pas le mérite des tours & de l’expression, elle a quelquefois celui des pensées.

1432. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

Comment Voltaire, avec tant de goût et un esprit si juste, ne comprit-il pas le danger d’une lutte corps à corps avec Bossuet et Pascal ?

1433. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Challe  » pp. 141-142

Il n’y avait qu’un homme d’un goût exquis qui pût remarquer ce morceau.

1434. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Vénus part à la recherche de son fils, et elle le trouve dans un des vergers de l’Olympe, jouant aux osselets avec Ganymède, deux enfants de mêmes goûts et de même âge. […] On aura remarqué cette comparaison naïvement touchante de la femme qui vit du travail de ses mains ; elle est tout à fait dans le goût d’Homère et des véritables Anciens. […] e Nemours prit la parole… » Voilà ce qu’est proprement le goût français ; on indique, on court, on sous-entend ; on a la grâce, la discrétion, la finesse, tout jusqu’à la poésie exclusivement. […] Il esquissait avec une hardiesse voilée de goût tout un programme poétique qu’il n’est pas interdit après plus d’un siècle de reprendre et de féconder. […] Tandis que la Didon de Virgile est perpétuellement à la bouche et dans le cœur de tout ce qui a du sentiment et du goût, la Médée, qui lui a servi en partie de modèle, a-t-elle si peu de droits à un même honneur ?

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