Je crois pourtant qu’il y a là moins les effets d’un assidu travail que l’expansion naturelle de généreux dons lyriques.
Mauvais effet d’une lecture par tant d’autres côtés bienfaisante, si l’Esprit des lois était lu avant les Pensées, ou si Montesquieu ôtait l’envie de connaître Pascal.
Un de ces enfants perdus, Lamettrie, justifiait l’athéisme, définissait le remords une faiblesse d’éducation, faisait sortir l’homme du limon de la terre comme un végétal, qualifiait le vol de vice, le vice et la vertu d’effets du sang ; donnait à la vie pour but suprême le bonheur par les sens, par l’opium, le rêve ou la folie, et pour fin le néant.
Ces beaux conseils manquant leur effet ; l’Étrangère met le feu à sa jalousie.
Ils ménagèrent tout à cet effet, et on peut dire que Louis XV, à cette chasse nouvelle, n’eut à faire d’abord que ce que les rois fainéants font à l’autre chasse, c’est-à-dire à viser le gibier qu’on amenait devant lui.
On cherche une taille comme on ne cherche pas une épithète, on poursuit un effet de griffonnis comme on ne poursuit pas un tour de phrase.
De nos jours Louis XIV envahissant le Palatinat ferait l’effet d’un voleur.
La curiosité fait son effet bien naturel !
Mais comme, à toute époque, le cercle formé par ces deux genres d’intelligences n’est jamais excessivement étendu, et comme, chaque jour, il tend à se rétrécir davantage dans notre société bourgeoise, occupée de grosses choses et se complaisant dans sa propre vulgarité, l’effet de la publication, risquée par la Revue des Deux-Mondes, n’alla pas plus loin.
Chez Rival et chez tous ses frères n’apparaît jamais aucun souci de la gloire : nul désir que de bien faire ; ils exhalent leur parfum intérieur, sans aucun souci de l’effet à produire, mais ils forment la parure de la France et nous les mettons en vue, non pour eux, que l’on ne peut payer, mais pour la gloire de la France.
Nous donne-t-il, par exemple, comme échantillon pindarique, la douzième olympique, l’ode à la Fortune, cette hymne courte et sublime, chantée à l’occasion de la victoire, qu’est venu chercher dans les fêtes des grandes cités de la Grèce un Crétois, chassé par une faction de Gnosse, sa patrie, où il avait langui longtemps dans les querelles obscures d’une petite démocratie, il se garde bien d’être simple et uni comme le poëte grec : il ne nomme pas ce coq guerroyant au logis, auquel Pindare compare son jeune héros, avant qu’il eut été délivré par l’exil et jeté par ce coup du sort en Sicile, pour y devenir citoyen paisible de la ville opulente d’Himère, et de là, vainqueur à Olympie : « Je n’ai osé, dit-il, me servir de ce mot de coq3, qui produirait un mauvais effet en français, et qui suffirait pour gâter la plus belle ode du monde.
Invention véritablement diabolique, si le diable avait surtout pour objectif de faire souffrir, mais qui aurait pu aider le saint, par l’effet du dégoût, à résister aux tentations. […] Il se pourrait enfin que contenant à un degré supérieur tout ce qui fait le prix de ses romans et, d’autre part, entièrement exempts d’effets un peu gros ou un peu faciles, les purs et simples carnets de route de Loti fussent d’une essence encore plus fine et d’une originalité plus rare. […] La décentralisation administrative aurait partout de bons effets : la décentralisation littéraire et morale est moins généralement indiquée. […] Les seconds proclament que nous vivons dans un siècle trop sérieux pour avoir souci de pareilles fadaises : la poésie leur semble incompatible avec le progrès, au même titre que les diligences, la marine à voiles et les ténèbres du moyen âge ; ceux qui la regrettent leur font l’effet de dangereux réactionnaires.
En jugeant les imitations, nous parlerons de l’effet qu’aurait dû produire l’opposition de ces deux caractères. […] Le caractère principal. — Molière a le mérite d’avoir choisi pour son premier rôle un caractère de tous les temps et de tous les pays, mais n’en a-t-il pas rétréci l’effet, en ne lui donnant que des nuances propres à n’être senties qu’en France seulement ? […] Le même discours, de la part d’une femme ou d’une personne ignorée, produit un effet bien différent. » Voici la traduction des vers d’Ennius. « Quelque mal que vous parliez, vous fléchirez aisément les Grecs ; car, un homme riche et un homme du peuple auraient beau dire la même chose, et s’exprimer de même, l’effet de leurs discours ne serait pas égal. » De la tradition. […] Cher parterre, quelques Laflèche prennent des lunettes pour lire à Cléante le mémoire de son usurier ; rien ne nous dit que Laflèche soit vieux, et ses lunettes nuisent certainement à l’effet que doivent produire celles d’Harpagon, lorsqu’il paraîtra devant sa maîtresse.
Chuquet nous rapporte, par le menu — avec une grande insistance de détails et d’anecdotes, — tous les effets de cette fermentation. […] Je fus frappé du peu d’effet que ce terrible événement produisit. […] S’il a crayonné, sur son carnet, le profil d’un coolie, la silhouette d’un boy ou la lippe d’un chiqueur de bétel, c’est moins pour en tirer des effets pittoresques ou imprévus que pour apporter du renfort à une démonstration. […] Un simple overcoat, de cheviotte quadrillée à la mode britannique drapait son torse sans prétendre aux effets pittoresques dont les anciens chefs étaient si friands. […] Elles ont des têtes mignardes que surcharge une chevelure très noire imprégnée d’huile de coco, tenue par un peigne d’écaille, arrangée en coques et en chignons du plus singulier effet.
Tous ces portraits, entourés de cadres à grosses moulures dorées, produisaient un bel effet sur le fond brun de la haute salle. […] Eh bien, tel était précisément l’état des choses chez Fritz Kobus, vers une heure de l’après-midi : le vin vieux avait produit son effet.
Le poète satirique est un moraliste par excellence, pourvu qu’il ne s’abaisse pas au niveau des excitateurs à la vertu par l’appât des mauvaises rimes, lesquelles manquent rarement leur effet fascinateur sur les natures vicieuses. […] Le choix et l’agencement des mots, le mouvement général et le style, tout concorde à l’effet produit, laissant à la fois dans l’esprit la vision de choses effrayantes et mystérieuses, dans l’oreille exercée comme une vibration multiple et savamment combinée de métaux sonores et précieux, et dans les yeux de splendides couleurs.
Ces pages nous font l’effet de ces couronnes de roses, de ces boucles de cheveux blonds noués de faveurs déteintes que l’on trouve quelquefois au fond d’une cassette, dans l’inventaire après décès d’un vieillard, souvenirs des joies de la vie qui jurent avec la gravité du moment. […] Je me suis dit de bonne heure : l’homme sensé ne peut pas vivre sans Dieu et sans religion : ce serait un effet qui voudrait subsister sans relation avec sa cause ; mais la foi en Dieu suppose un culte qui l’adore, une morale qui se conforme à ses perfections, une action qui concourt à sa divine et souveraine volonté.
Et il est écrit ailleurs : « Je vous le dis encore une fois, il est plus facile qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille qu’un riche entre au royaume des cieux. » Mais si la lettre de ces paroles n’est pas développée par l’esprit de la tradition, quel effet ne produiront-elles pas sur un humble lecteur — infimæ sortis, pauperculæ domus — puisqu’elles ont fourvoyé dans ce dédale d’erreurs le plus grand écrivain de la Russie contemporaine ! […] Rien ne l’autorisait à opérer cette confusion, qui a eu pour premier effet de placer la moralité sous la dépendance du savoir.
Quand une pièce de théâtre a produit son effet, c’est la meilleure preuve qu’elle a été bien faite. […] Les médecins vous font l’effet d’inquisiteurs, le matassin prend la figure d’un tortionnaire. […] Il était bizarre, irascible, capricieux, méchant, triste, maladif, hypocondriaque : Vous en voyez l’effet de cette peine extrême En ces yeux enfoncés, en ce visage blême, En ce corps qui n’a plus presque rien de vivant, Et qui n’est presque plus qu’un cadavre mouvant. […] « Mais ce qui n’a été remarqué par aucun commentateur et ce qui m’a frappé à la lecture, c’est que ce vers, et même la finale du précédent, se retrouvent mot pour mot dans la 6e scène du 5e acte de Sertorius de Pierre Corneille. — Il est très probable que Molière, qui jouait le rôle d’Arnolphe, a reproduit cette apostrophe véhémente pour imiter ou même parodier le comédien du théâtre du Marais qui y faisait effet.
Quel effet profond est produit par cette fin horrible, par ce dénouement désenchanteur et d’un scepticisme raffiné, nous n’avons pas besoin de le dire. […] » La prose rythmée, telle que la conçoit maintenant Louis Tridon, partage la plupart des règles du vers blanc ; mais, en 1877, cherchant encore et tâtonnant, il avait déjà dépassé les conquêtes de Baudelaire, et les petits poèmes qu’il plaçait dans Chardons et Myosotis, presque tout à fait privés d’hiatus, composés d’une phrase soigneusement rythmée, d’un rythme accentué par des effets de répétitions, étaient remarqués par la critique comme d’heureuses trouvailles, et aussi par des imitateurs plus ou moins adroits qui s’essayèrent à s’en emparer. Pour ma part, je ne saurais mieux comparer l’heureux effet de cette répétition, qui coupe et rompt la monotonie de la phrase, qu’au vigoureux coup de rame de deux matelots ébranlant en cadence la barque jusque-là en panne pour s’arrêter ensuite et reprendre quelques instants après leur élan à nouveau. […] Le crime est un effet de la Vie en ce Monde ! […] » demanda à son tour la jeune fille, avec un froncement de sourcils, « — À cause de ses occupations sans nombre, par exemple », répondit Pedro, voulant corriger l’effet de sa question sèche.
Je n’accorde pas à ces exercices plus d’importance qu’ils n’en ont ; mais c’est que Victor Hugo sait toujours tirer de là des effets merveilleux. […] On aura beau faire, on n’obtiendra pas avec la plume les mêmes effets qu’avec le ciseau. Et si avec la plume on doit peindre, c’est condamner la poésie à une infériorité certaine, parce que jamais, avec les vers les plus pittoresques et les plus évocateurs, on n’arrivera à produire un effet aussi saisissant, aussi intense qu’avec la vision même de l’objet, que nous devons soit au tableau, soit à la statue.
Dans une autre lettre de date postérieure, également adressée à Delaroche, c’est le peintre, l’artiste qui reparaît, et avec un sérieux, un bon sens, un commencement de résignation qui montre que les années ont produit leur effet, leur action raisonnable : « 15 avril 1852.
C’est ainsi qu’ayant eu communication des Mémoires, alors manuscrits, de Mme de La Rochejacquelein, revus et en partie rédigés par M. de Barante, il déclarait y avoir trouvé « la jouissance la plus vive que livre puisse jamais procurer. » Il y voyait tout ce qui constitue un morceau accompli d’histoire, « l’harmonie et la justesse d’un style partout adapté à la chose, l’art pittoresque qui met toujours et la scène et les personnages devant les yeux, l’intérêt le plus vif, le plus enthousiaste, le plus vertueux, qu’aucune période de l’histoire moderne ait jamais présenté, un intérêt qui s’attache aux personnes et qui ne se perd jamais dans les masses et les nombres abstraits, comme il arrive trop souvent. » Les Lettres de Mlle de Lespinasse, nouvellement publiées (1809), lui faisaient un effet bien différent ; c’était, pour lui, une lecture singulière qui lui laissait des impressions contradictoires, et où il se sentait quelquefois rebuté par la monotonie de la passion, souvent blessé d’un manque de délicatesse et de dignité dans la victime, mais attaché en définitive par la vérité et la profondeur de l’étude morale : « Un rapprochement, dit-il, que je faisais à chaque page augmentait pour moi l’intérêt de cette Correspondance.
» M. de Latour, en excellent professeur qu’il était et nourri aux sources classiques, avait remarqué dans les vers de Mme Valmore des négligences, des faiblesses, ou même peut-être des préciosités d’expression, des semblants de recherche, qui pouvaient nuire quelquefois à l’effet d’une inspiration toujours sincère.
On se demande seulement si les effets de la tabatière avalée au souper de la veille ont bien pu retarder jusqu’au lendemain onze heures du matin ; c’est un cas de médecine légale que je laisse aux experts.
Bien des erreurs et des rigueurs suivirent sans doute de si favorables commencements et compromirent les destinées finales du règne ; mais l’élan, une fois donné, suffisait à produire de merveilleux effets ; les semences jetées au vent pénétrèrent et firent leur chemin en mille sens dans les esprits ; la politesse greffée sur la science s’essaya, et l’on en eut, sous cette race des Valois, une première fleur.
. — Effet des lois internes et des incidents externes pour déterminer les prépondérantes. — Effacement temporaire, prolongé ou définitif de tout un groupe d’images. — Paralysies partielles ou totales de la mémoire, provoquées par la fatigue, par l’hémorragie, par un choc, par l’apoplexie. — Exemples. — Oubli des noms. — Oubli des noms prononcés, mais non du sens des noms écrits. — Restauration de facultés perdues. — Apparition de facultés nouvelles. — Exemples. — Les aptitudes et facultés sont liées à l’état organique. — Possibilité de deux états organiques tranchés et périodiquement successifs dans le même individu. — Cas d’une dame américaine. — Deux vies et deux états moraux peuvent se rencontrer dans la même personne. — Exemples. — En quoi consiste la personne morale. — Deux personnes morales pourraient se succéder dans le même individu. — Ce qui fait la continuité d’une personne morale distincte, c’est la renaissance continue d’un même groupe d’images distinctes.
La solitude rendit son esprit indépendant, effet ordinaire et naturel d’une méditation solitaire.
Voilà l’effet universel et inspiré d’en haut de Chateaubriand.
Rabelais ne s’attache pas aux vérités qu’il rencontre, comme s’il n’en sentait pas le prix et qu’elles fussent plutôt l’effet du hasard qui les a jetées sous sa plume, que le fruit de ses réflexions.
Tantôt c’est l’effet de la paresse, si difficile à vaincre quand on ne produit que de tête et pour la mode ; tantôt c’est l’illusion même d’un vain travail pour surmonter quelques difficultés d’arrangement ou de mécanisme auxquelles la mode attache du prix.
Les deux voix battent tour à tour sur la même idée une même strette de douleur que chaque reprise accélère, et qui monte par des consonnances, toujours plus aiguës, toujours plus stridentes, aux extrêmes limites de l’effet vocal.
J’y vois l’image d’un monsieur et d’une dame dans leur lit, la conjonction corporelle par-dessus les blonds petits cheveux de l’enfant ; et l’enfant arrive à me faire l’effet d’un phallus dessiné sur les murs.
» Et tout ce que je pus lui dire, n’eut d’autre effet que d’apporter un accent colère à la phrase désespérée, qu’il continuait à répéter.
Tourguéneff soutient, lui, que ça n’est pas… Il prétend que l’amour est un sentiment qui a une couleur toute particulière, et que Zola fera fausse route, s’il ne veut pas admettre cette couleur, cette chose qualitative… Il affirme que l’amour produit chez l’homme, un effet que ne produit aucun autre sentiment… que c’est chez l’être véritablement amoureux, comme si on retranchait sa personne… Il parle d’une pesanteur au cœur qui n’a rien d’humain… Il parle des yeux de la première femme qu’il a aimée comme d’une chose tout à fait immatérielle… et qui n’a rien à faire avec la matérialité.
N’est-ce pas ce que vous dites vous-même, quand vous dites : « Je ne crois pas ma pensée adéquate à l’essence des choses. » Il n’y a de science que là où la pensée est adéquate à l’objet qu’elle étudie, quand il y a connaissance effectivement et possiblement complète et claire des faits et de leurs lois, de l’enchaînement des causes et des effets ; à ces conditions seulement, la science existe, et l’esprit scientifique est satisfait.
Composée surtout de notes ajoutées à des notes, son Œuvre critique me fait l’effet d’un interminable obélisque de notes sur notules et de notules, sur notes, sur la pointe duquel il y aura toujours de la place pour d’autres notulettes qui viendront… Sûr de rien et curieux de tout, comment voulez-vous qu’un homme puisse être jamais un critique, — un juge intellectuel de ce qui fait la beauté ou la laideur des œuvres humaines ?
La physiologie a produit les effets du hatchisch sur le cerveau de Michelet.
Une telle tactique manqua d’effet en présence du spectacle que présentait l’Angleterre.
Je demande, à cet effet, que l’on oublie toutes les opinions, toutes les injures, tous les éloges conventionnels, toutes les hypocrisies, la foule des banalités écrites ou proférées autour de cet homme, pour ne se souvenir que de son œuvre et de ses idées, de ce qu’il a dit et pensé véritablement.
L’intrigue elle-même, si elle est bien conduite, supprime une foule d’actions communes et sans intérêt ; elle simplifie le personnage, et c’est un effet de l’art ; elle l’engage en des situations où il reste fidèle au caractère d’élection, mais qu’il n’a pas traversées, et dont on peut dire seulement qu’il les eût traversées de cette manière.
« Ni gesticulations, ni cris, ni horreurs, ni trop de larmes… Le Christ est une des plus élégantes figures que Rubens ait imaginées pour peindre un Dieu… Vous n’avez pas oublié l’effet de ce grand corps un peu déhanché, dont la petite tête, maigre et fine, est tombée de côté, si livide et si parfaitement limpide en sa pâleur, ni crispé, ni grimaçant, d’où toute douleur a disparu, et qui descend avec tant de béatitude, pour s’y reposer un moment, dans les étranges beautés de la mort des justes.
Sans doute il ne dissimule point la joie qu’il eut de ce triomphe, mais j’y vois précisément l’effet de sa modestie : c’était si inespéré qu’il avait peine à y croire. […] Dans toutes ces traversées, je n’ai jamais aliéné ma volonté et mon jugement, hormis un moment dans le monde de Hugo et par l’effet d’un charme… Lorsqu’il a rédigé ces lignes, il désirait plutôt atténuer ce qui lui semblait désormais une erreur ; il admet pourtant une différence entre cette étape et la plupart des autres. […] On y pourrait voir l’effet d’un souvenir de jeunesse, d’un attendrissement sur la mémoire d’Aziyadé. […] Ce sont les menaces venues récemment du dehors qui ont réveillé la fierté nationale ; les mêmes causes, il y a vingt ans, eussent produit les mêmes effets.