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1280. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

Tout ce monde-là se rappelle également ces troublants paysages, les Filaos, souvenir de l’Île natale, et ces Automnes où Le monotone ennui de vivre est en chemin, et ces pièces où le vers revient sans monotonie, forme toute nouvelle, car Baudelaire, qui lui-même a emprunté à Edgar Poe la réitération du vers, se borne, comme son modèle, à en faire un véritable refrain revenant toujours à la même place, tandis que Dierx promène, en écoliers buissonniers, plusieurs vers dans la même pièce, comme un improvisateur au piano qui laisse errer plusieurs notes, toujours les mêmes, à travers l’air qu’il a trouvé, ce qui produit un effet de vague d’autant plus délicieux, que le vers de notre poète est particulièrement fait et très précis, toute flottante que veuille être parfois sa pensée, mystique et sensuelle.

1281. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

Silvestre obtient des effets comiques d’une fantaisie irrésistible lorsqu’il glorifie le fils de Dieu.

1282. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

Je me souviens très nettement de l’effet des plus puissants produits sur moi par la pièce sur un arbre traversant en chariot le faubourg Saint-Antoine : On redevient sauvage à l’odeur des forêts !

1283. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Peut-être la Nation, revenue de son premier enthousiasme, verra-t-elle tout-à-coup s’élever au milieu d’elle un nouvel Aristophane ou un nouveau Lucien, qui achevera de lui ouvrir les yeux, & de la guérir d’une contagion, dont les effets ont passé rapidement du burlesque au tragique.

1284. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

L’exemple frappant des effets de la jalousie de Néron ne contint pas les autres poëtes.

1285. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Mais un effet plus étonnant de sa jalousie, c’est la manière dont il lut à Henri II une pièce de Ronsard.

1286. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Ce ton sérieux emprunté des récits de bataille d’Homère, est d’un effet piquant, appliqué aux rats et aux belettes.

1287. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

Il n’en est pas de même des peintures de l’amour qui sont dans les écrits des anciens : elles touchent tous les peuples ; elles ont touché tous les siecles, parce que le vrai fait son effet dans tous les tems et dans tous les païs.

1288. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 30, de la vrai-semblance en peinture, et des égards que les peintres doivent aux traditions reçuës » pp. 255-265

La vrai-semblance mécanique consiste donc à ne point donner à une lumiere d’autres effets que ceux qu’elle auroit dans la nature : par exemple à ne lui point faire éclairer les corps sur lesquels d’autres corps interposez l’empêchent de tomber.

1289. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands » pp. 464-478

La musique que nous entendons aujourd’hui sur nos théatres, est bien éloignée de produire les mêmes effets que celle des anciens.

1290. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 2, du génie qui fait les peintres et les poëtes » pp. 14-24

Comme nous l’exposerons plus au long dans le cours de ces refléxions, le génie doit se sentir de toutes les alterations ausquelles notre machine est si sujette par l’effet de plusieurs causes qui nous sont comme inconnuës.

1291. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 7, que les genies sont limitez » pp. 67-77

Nous avons vû plusieurs peintres hollandois, doüez d’un talent merveilleux pour imiter les effets du clair-obscur dans un petit espace renfermé, talent, dont ils avoient l’obligation à une patience d’esprit singuliere, laquelle leur permettoit de se clouer long-temps sur un même ouvrage sans être dégoûtez par ce dépit qui s’excite dans les hommes d’un temperamment plus vif, quand ils voïent leurs efforts avorter plusieurs fois de suite.

1292. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Ceci posé, mon livre s’adressant aux débutants et aux élèves, c’est-à-dire à ceux qui commencent à exercer leur faculté d’invention, j’ai prévenu, en effets ces apprentis écrivains « qu’il y avait des images qu’on peut découvrir plus facilement que d’autres, par l’application de l’esprit et l’effort du travail », à condition toujours d’avoir « du talent et des dispositions imaginatives ».

1293. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

II Figurez-vous donc qu’au lieu du précieux, compendieux et sérieux Armand Baschet, qui ne rirait pas pour un empire, nous eussions ici affaire à quelque génie plein d’abandon et de sincérité, à quelque grand caricaturiste historique, — car un caricaturiste peut être un historien, puisque la caricature n’est qu’une certaine manière de regarder la vérité, — figurez-vous donc, par exemple, un esprit comme Thomas Carlyle, que je regarde comme l’Hogarth de l’Histoire, tombant sur l’histoire de Baschet, le Dangeau posthume de Louis XIII, et demandez-vous quels effets grotesques et charmants et quelle conclusion de savoureuse moralité humaine il aurait tirés de ce conte de La Fontaine historique, qui fut une réalité, et, pour les gens intéressés à l’achèvement de ce mariage resté en l’air, la plus plaisante des mélancolies !

1294. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

Les quelques grands écrivains qui ont paru de nos jours attestent presque cette décadence qu’il est si dur d’avouer par la nature même de leur génie tourmenté, multiple, savant, chargé d’ornementations et d’effets, mais privé de la simplicité tranquille des fortes littératures, comme l’atteste à son tour la plèbe des écrivains sans talent par l’inanité de leur effort.

1295. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

Supposez dans l’auteur du Blessé une intelligence plus mâle, un observateur plus profond, et le livre manqué, autant en esthétique qu’en morale, pouvait devenir une œuvre hardie d’effet, imposante d’enseignement et de conclusion.

1296. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Au lieu d’écouter le sentiment lui-même ou la sensation elle-même, Freud va les chercher dans leurs effets seulement, dans leurs symptômes. […] Que peut-il y avoir de plus voisin de l’idée que se fait Proust de l’inquiétude comme origine principale (et non comme effet) de l’amour. […] Ne croyez-vous pas qu’entre les deux mondes que portent deux amants il puisse jamais y avoir interférence autrement que par l’effet d’une illusion d’optique ? […] Vous vous rappelez que le dessein explicite de la tragédie classique était de « purger les passions » en les représentant avec toute la force possible et dans leurs effets les plus déplorables. […] Il procède à une sublimation, d’ordre purement intellectuel, c’est vrai, mais qui peut finir par avoir des effets moraux, de tout ce qu’il y a en lui de l’ordre du θυμος et de l’έπίθυμια, de tout ce qui occupe sa poitrine et pèse sur ses nerfs.

1297. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

C’est que l’effet naturel de la force est d’inspirer l’audace, et que l’effet naturel du pouvoir est d’affaiblir la crainte. […] » Dans la douzième, des effets de la philosophie sur les défauts et sur les vices. […] Ces grands effets exigent un style plein de chaleur et de force, tel que le sien. […] La Consolation à Polybe n’eut point d’effet et n’en devait point avoir. […] Chaque cause rassemblera autour d’elle un nombreux cortège d’effets : ces systèmes, d’abord isolés, se fondront les uns dans les autres en s’étendant ; et de plusieurs causes il n’en restera qu’une plus ou moins lentement réduite à la condition d’effet.

1298. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Il y a là effet de surprise et aussi sentiment de notre supériorité, épanouissement du moi. […] Pour moi, il n’y a là que l’effet de l’inattendu. […] Les grandeurs terrassées par le destin ou par les effets de leurs fautes, c’est un des thèmes constants de Shakespeare. […] C’est un morceau à effet, un morceau pour le cours public ; mais c’est une des deux ou trois fois, depuis Bossuet, où un morceau à effet ait été une page juste et sûre. […] Les mouvements de foule y sont tels qu’ils feraient très bel effet sur le théâtre et les discours y sont brillants.

1299. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Si on les avait, le livre de Lucrèce ferait sans doute l’effet d’un simple cours de philosophie. […] Aura-t-il les mêmes effets ? […] L’effet en a été très bon. […] Dès lors, il doit s’inquiéter des effets et des suites plus ou moins lointaines de ce qu’il dit. […] Est-ce un effet éloigné et tardif du romantisme ?

1300. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il produit quelquefois de très grands effets. […] C’est pour cela qu’il pouvait si juste observer et refléter ; et aussi c’est parce qu’il observait et reflétait sans cesse qu’il ne pensait point, en ces choses l’effet étant toujours la cause et la cause l’effet. […] L’effet est foudroyant. […] Cette scène de famille est très fréquente ; mais elle n’a pas d’ordinaire les mêmes effets. […] Le bas réalisme avait un effet plus grave encore.

1301. (1940) Quatre études pp. -154

Les énumérations, les oppositions, les conclusions sonores, ne comptent-elles point parmi leurs effets favoris ? […] Il est vrai que le poète, quand il s’exprime ainsi, pense surtout au théâtre, et à l’optique particulière qui est nécessaire à ses effets. […] Il prolonge l’obsession dans laquelle il nous tient ; il agit sur nos nerfs jusqu’à l’exaspération, en multipliant ses effets. […] L’animal, en effet, éprouve seulement le désir d’écarter tout sentiment désagréable, tandis que l’homme, plus compliqué, ayant observé les effets de la mort sur ses semblables, ajoute au désir d’éloigner la douleur le désir de se conserver vivant. […] Il montrera que quand on parle des mouvements impétueux de l’âme, de ses tempêtes et de ses ouragans, on ne cède pas à l’attrait d’une simple métaphore : car cette comparaison a un fondement dans la nature, et elle exprime des effets qui ont une cause physique : les passions s’émeuvent lorsque se meuvent les fibres de notre corps.

1302. (1813) Réflexions sur le suicide

Si cela est ainsi par le simple effet de la mobilité de notre nature : combien l’action sainte et secrète de la piété sur l’âme n’a-t-elle pas plus de pouvoir ! […] Le génie et le talent peuvent produire de grands effets sur cette terre, mais dès que leur action a pour but l’ambition personnelle de celui qui les possède, ils ne constituent plus la nature divine dans l’homme. […] Cet homme, dis-je, n’a-t-il pas l’air d’un auteur sans génie qui veut produire avec une catastrophe véritable les effets auxquels il ne peut atteindre en poésie ? […] Cependant la nature physique n’invente rien de mieux que le soleil, la mer, les forêts et les fleuves ; pourquoi les affections du cœur ne seraient-elles pas aussi toujours les mêmes dans leur principe, quoique variées dans leurs effets ?

1303. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Comme l’ancien régime tout entier, elle est la forme vide, le décor survivant d’une institution militaire ; quand les causes ont disparu, les effets subsistent, et l’usage survit à l’utilité. […] Voilà le spectacle qu’il faudrait voir, non par l’imagination et d’après des textes incomplets, mais avec les yeux et sur place, pour comprendre l’esprit, l’effet, le triomphe de la culture monarchique ; dans une maison montée, le salon est la pièce principale ; et il n’y en eut jamais de plus éblouissant que celui-ci. […] M. le duc de Duras a eu jusqu’à 200 000 livres par an pour celle de Madrid, outre cela 100 000 écus de gratification, 50 000 livres pour affaires secrètes, et on lui a prêté 400 000 ou 500 000 livres de meubles ou effets dont il a gardé la moitié203. » — Les dépenses et les traitements des ministres sont pareils. […] Sur ce modèle, et par l’effet même de la température, on voit, jusque dans les provinces reculées, toutes les tiges aristocratiques aboutir à une floraison mondaine.

1304. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Entre ses mains elle devient une académicienne, et sa lettre est un répertoire d’effets littéraires. […] Je laisse là l’enlumineur, le machiniste, l’entrepreneur d’effets littéraires, et je vais chercher le poëte ailleurs. […] Il y a tel passage où, pour obtenir un effet de style, il devient panthéiste ; par-dessus tout il se guinde et prend le ton rogue, impératif d’un jeune docteur. […] Il exagère et déclame, il cherche les effets de style, il mêle les deux garde-robes, la grecque et la chrétienne.

1305. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Chercher à produire ces effets en mettant les choses sous les yeux directement, est beaucoup moins digne de l’art, et il n’y faut que les frais de la représentation. […] « Il faut ajouter encore que la tragédie peut se passer du geste, tout aussi bien que l’épopée, pour produire son effet propre. […] « Elle a encore cette supériorité, qu’elle atteint le but de son imitation avec de moindres développements ; or ce qui est condensé fait par cela même plus de plaisir que ce qui est délayé dans un long espace de temps ; et par exemple, je demande quel effet produirait l’Œdipe de Sophocle, si on l’allongeait en autant de vers que l’Iliade en compte. […] « Ainsi, la tragédie l’emporte par tous ces points, et en outre, par l’effet qu’elle produit dans les limites que l’art lui impose ; car l’épopée et la tragédie ne sont pas faites pour procurer un plaisir quelconque, mais seulement le plaisir que nous avons signalé.

1306. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Wagner s’est complu à porterie développement mélodieux de ce chœur jusqu’aux extrêmes limites de l’effet musical. […] Enfin l’évolution eut pour effet la multiplication et raffinement des âmes « différentes ». […] Encore ces fleurs, un peu maladives, du génie grec, les tragédies d’Euripide : « Vos dieux sont en vos âmes : ils sont les cruelles passions, détruisant l’équilibre salutaire des besoins : voyez les effets de ces maux ; tenez Hermione et Phèdre pour les images de vos passions. »   Mais à cette race exemplaire de dialecticiens ni le récit ni le drame ne pouvaient suffire longtemps : ils exigeaient une vie toute de notions pures, bellement enchaînées : ils exigeaient la forme du roman dialectique. […] Cependant les premiers effets de la démocratie grandissante sont la révélation du monde sensible, et le détrônement de la raison.

1307. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Le dernier produit de la Révolution française, c’est, en effets le Directoire. […] Mais il est des ravalements tels qu’ils doivent engourdir les plus vivantes parties de lui-même, et faire l’effet du contact de la torpille sur le talent le plus résolu et le plus vibrant. […] X Mais ce manque de rigueur dans une des conclusions de son livre, que nous nous permettons de reprocher à l’auteur de la Chute du roi Louis-Philippe, ne peut avoir d’effet rétrospectif sur les qualités que nous lui avons reconnues. […] Encore une fois, l’idée donnée du livre de Cassagnac, j’ai presque tout dit ; car ces dialectes à travers lesquels il circule, ces grammaires qu’il habite, feraient peut-être, si j’en détachais quelque chose pour le citer ici, le même effet qu’à moi.

1308. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Les sciences qui, au moyen âge, s’étaient réfugiées et confondues dans le sein de la religion, avaient ressenti en Italie moins que partout ailleurs les bons et les mauvais effets de la division du travail ; si la plupart avaient fait moins de progrès, toutes étaient restée unies. […] Après le déluge, les premiers hommes, excepté les patriarches ancêtres du peuple de Dieu, durent revenir à la vie sauvage, et par l’effet de l’éducation la plus dure, reprirent la taille gigantesque des hommes antédiluviens. […] … Mais le tonnerre s’est fait entendre, ses terribles effets sont remarqués ; les géants effrayés reconnaissent la première fois une puissance supérieure, et la nomment Jupiter ; ainsi dans les traditions de tous les peuples, Jupiter terrasse les géants. […] Par un effet de notre amour instinctif de l’uniformité, ils ajoutèrent à ces premières idées des fictions singulièrement en harmonie avec les réalités, et peu à peu les noms de héros, de poète, qui d’abord désignaient tel individu, comprirent tous les caractères de perfection qui pouvaient entrer dans le type idéal de l’héroïsme, de la poésie.

1309. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Les deux premiers volumes de cette édition princeps in-folio furent donc imprimés en 1638 dans le château même de Sully, par les soins, dit-on, d’un imprimeur d’Angers qu’on avait mandé à cet effet. […] Rosny, conduit à Vendôme par son père et présenté par lui à Henri, devant la reine Jeanne d’Albret sa mère, lui débita très bien sa petite harangue avec des protestations de lui être à jamais très fidèle et très obéissant serviteur : Ce que vous lui jurâtes en si beaux termes, lui rappellent ses secrétaires, avec tant de grâce et d’assurance, et un ton de voix si agréable qu’il conçut dès lors de bonnes espérances de vous ; et vous ayant relevé, car vous étiez à genoux, il vous embrassa deux fois et vous dit qu’il admirait votre gentillesse, vu votre âge qui n’était que d’onze années, et que vous lui aviez présenté votre service avec une si grande facilité et étiez de si bonne race qu’il ne doutait point qu’un jour vous n’en fissiez paraître les effets en vrai gentilhomme.

1310. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Le premier effet de cette ambition, bientôt si légitimée, était qu’il ne pouvait se déterminer à suivre simplement l’honorable profession de son père et à se ranger à son côté dans la même voie. […] Roederer, dans sa Chronique des cinquante jours, a fait ce qu’il y a de mieux à défaut du burin vengeur : il a raconté le vrai, jour par jour, par ordre chronologique, « sans art, sans arrangement, sans ambition d’effet oratoire, logique, dramatique, romantique ».

1311. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Dans les grands moments, il intervient comme roi : quand on juge à propos de réformer les constitutions, il les relit et les approuve de sa main ; lorsqu’il faut éloigner les Dames récalcitrantes, telle que Mme de La Maisonfort et quelques autres, et employer à cet effet des lettres de cachet, il sait que le cœur des Dames est affligé de cet exil de leurs sœurs, et, après avoir écrit du camp de Compiègne pour motiver sa rigueur, il vient lui-même avec cortège dans la salle de la Communauté tenir en quelque sorte un lit de justice tout à la fois royal et paternel. […] N’analysons pas trop les divers sentiments de Mme de Maintenon à Saint-Cyr : il suffit que l’effet sur tout ce qui l’entourait ait été fructueux et bon.

1312. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Un des leurs, Gautier de Cureil, leur en avait donné le conseil : dès que les Sarrasins lançaient leur coup, eux ils se jetaient tous à genoux dans leur tour ; là, appuyés sur leurs coudes, ils attendaient en prière l’effet de la redoutable bordée, et ne se relevaient que dans les intervalles. […] L’explication du songe était que le roi devait se croiser le lendemain, mais que la croisade serait de peu d’effet et de petit exploit.

1313. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

L’amitié du père Lefebvre pour le jeune Daru avait commencé à Tournon dès l’année 1776, quand celui-ci n’avait que neuf ans ; elle dura jusqu’à la fin, doucement flattée et enorgueillie dans l’élévation et la juste fortune de celui à qui il écrivait en 1788 : « Votre gloire doit faire la consolation de mes cheveux blancs, ne négligez rien pour la rendre solide. » À cet effet, le père Lefebvre n’épargnait pas à son ancien élève les conseils du sage et de l’homme de goût : Voulez-vous que je tous parle franchement, mon cher Daru ? […] Sur la nouvelle de l’assassinat des plénipotentiaires français à Rastadt, Daru composa d’indignation une espèce d’hymne ou de chant de guerre dans le genre de ceux de Marie-Joseph Chénier, et il l’adressa au ministre de l’Intérieur François de Neufchâteau, qui désira le faire mettre en musique et l’envoya, à cet effet, au Conservatoire.

1314. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Du caractère dont elle est, Mme Dacier entend mieux la force, l’abondance, la veine pleine et continue d’un auteur ancien que la grâce et la légèreté ; elle rend mieux l’effet du texte avec Plaute, avec Térence qu’avec Anacréon ; et surtout elle nous rendra mieux Homère. […] Ne lui demandez ni la grâce ni l’éclat, ni la noblesse continue : et pourtant, à force de savoir et de bonne foi, elle atteint dans l’ensemble à un certain effet homérique ; il y a une certaine naïveté et magniloquence qui se retrouve dans sa langue naturelle plus qu’élégante.

1315. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Je ne puis vous exprimer quel effet m’ont fait ces pièces… » Voltaire eut toute une discussion avec le président au sujet de ce François II : « Je voudrais que, quand il se portera bien, disait-il, et qu’il n’aura rien à faire, il remaniât un peu cet ouvrage, qu’il pressât le dialogue, qu’il y jetât plus de terreur et de pitié, etc. » Bons conseils à suivre lorsque le démon intérieur s’en mêle. […] On avait établi une chambre royale pendant cet exil ; mais cette chambre royale, peu soutenue par le gouvernement même, manqua son effet, et la considération, et par conséquent la prétention du Parlement, s’augmenta du discrédit même de la chambre qu’on avait voulu lui substituer.

1316. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Le fait est que la liaison entre l’impératrice Catherine et Frédéric n’était pas ce qu’on la supposerait quant à l’intimité, et le roi avait eu grand besoin de son frère pour prendre peu à peu toutes ses liaisons utiles avec cette grande puissance du Nord, qui lui avait fait jusque là l’effet d’un monde inconnu. […] Malgré ces résistances et ces raisons qui nous font l’effet d’être assez maussades, le prince Henri se décide, et il a le commandement d’une armée en Saxe contre Loudon.

1317. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Voir les choses telles qu’elles sont et les hommes tels qu’ils ont été est l’affaire déjà d’une intelligence qui se désintéresse, et un effet, je le crains, du refroidissement. […] Les critiques allemands, au contraire, sont grands raisonneurs et se piquent de rattacher rigoureusement les effets aux causes.

1318. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

D’après mon expérience, que je ne prétends point donner pour preuve de la vérité, je serais donc disposé à conclure que l’état de nos corps, ou un certain mécanisme de notre être que nous ne dirigeons pas, détermine la somme de nos moments heureux ou malheureux ; que nos opinions sont toujours dominées par cet état, et que généralement toutes les affections que l’on regarde vulgairement comme des causes du bonheur ne sont, ainsi que le bonheur même, que des effets de l’organisation. […] Un sourd qui aurait par moments la perception des sons, un aveugle qui aurait le sentiment subit et instantané de la lumière, ne pourraient croire qu’ils se donnent à eux-mêmes de telles perceptions : ils attribueraient ces effets singuliers, et hors de leur mode d’existence accoutumé, à quelque cause mystérieuse… Et il en vient à conclure qu’il faut se mettre, s’il se peut, dans un rapport régulier avec cette grande cause, y disposer toute sa personne et son organisation elle-même par certains moyens : Les anciens philosophes, comme les premiers chrétiens et les hommes qui ont mené une vie vraiment sainte, ont plus ou moins connu et pratiqué ces moyens.

1319. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Non, je ne crains pas de mécomptes avec vous, et ma reconnaissance seule peut égaler la parfaite sécurité que vous m’inspirez. » L’amitié épurée, exaltée, entre ces deux jeunes personnes vivant dans le grand monde artificiel de Pétersbourg et y réfléchissant chacune à sa manière les mystiques influences qui traversaient alors le ciel d’Alexandre, me fait l’effet de ces parfums légèrement enivrants et qui entêtent, exhalés par deux plantes rares nourries en serre chaude et trop poussées. […] Je ne crois pas qu’elle ait visé à l’effet ; et c’est heureux, sa beauté et sa célébrité étant sur leur déclin : les débris nefont guère de sensation dans un pays de ruines.

1320. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il appréhendait que « ces discours qui avaient charmé dans sa bouche n’eussent pas le même succès quand ils seraient sur le papier. » Legendre, qui avait eu l’idée de les rédiger, est forcé de convenir que le prélat avait raison : « J’ai de lui des sermons qui avaient charmé quand il les avait prononcés et qui réellement ne m’ont paru, en les lisant, que des pièces assez ordinaires. » Les fameuses Conférences restèrent donc à l’état de pure renommée et de souvenir ; si glorieuses qu’elles fussent pour le prélat, elles avaient cessé du jour où il avait pensé que l’effet était produit et son nom remis suffisamment en honneur. […] Cette mort subite, sans qu’il ait eu le temps de recevoir les sacrements, ce brusque appel au tribunal d’en haut, fit alors un effet terrible.

1321. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Quand même, en mourant, il ne se serait pas souvenu de nous à cet effet, et ne nous aurait pas expressément nommé pour réparer à son égard et autant qu’il serait en nous, ce qu’il appelait la félonie du sort, nous aurions lieu d’y songer tout naturellement. […] Bertrand me fait l’effet d’un orfèvre ou d’un bijoutier de la Renaissance ; un peu d’alchimie par surcroît s’y serait mêlé, et, à de certains signes et procédés, Nicolas Flamel aurait reconnu son élève.

1322. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Mais leur effet d’ensemble est plus pernicieux encore ; car, de tant de travailleurs qu’elles ruinent, elles font des mendiants qui ne veulent plus travailler, des fainéants dangereux qui vont quêtant ou extorquant leur pain chez des paysans qui n’en ont pas trop peur pour eux-mêmes. « Les vagabonds, dit Letrosne759, sont pour la campagne le fléau le plus terrible ; ce sont des troupes ennemies qui, répandues sur le territoire, y vivent à discrétion et y lèvent des contributions véritables… Ils rôdent continuellement dans les campagnes, ils examinent les approches des maisons et s’informent des personnes qui les habitent et des facultés du maître  Malheur à ceux qui ont la réputation d’avoir quelque argent ! […] Et d’ailleurs comment empêcher des gens à l’aumône de demander l’aumône   Sans doute l’effet en est lamentable, mais il est infaillible.

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