Dans les sociétés primitives, le collège des prêtres gouvernait au nom des dieux ; dans les sociétés de l’avenir, les savants gouverneront au nom de la recherche rationnelle du meilleur. […] Le roi, la famille royale sont dieux pour lui, et il a la bonhomie de les aimer. […] Alors il serait vrai de dire : vous êtes des dieux et les fils du Très-Haut.
Sous le second Empire, la musiquette d’Offenbach, leste, moqueuse, spirituelle et canaille, mène gaillardement la ronde d’une société affolée de plaisir et fait danser le cancan aux dieux, aux héros, aux grands de la terre. […] Au moment où Ronsard et son école ressuscitent les dieux du vieil Olympe, calquent les procédés et les mots mêmes des poètes de l’antiquité classique, l’architecture se refait grecque et latine comme la littérature. […] Survient l’Empire et le moyen âge commence à ressusciter chez les poètes et les historiens ; on chante le beau Dunois partant pour la Syrie, et aussitôt les dieux et les héros antiques qui composaient les garnitures des cheminées se transforment en troubadours langoureux et en châtelaines plaintives.
» En descendant l’escalier, tout en étant touché de la grâce et de la politesse de ce grand esprit, il y avait, au fond de moi, une ironie pour cet argot mystique, creux et sonore, avec lequel pontifient des hommes comme Michelet, comme Hugo, cherchant à s’imposer à leur entourage, ainsi que des vaticinateurs ayant commerce avec les dieux. […] Elle disait à une amie : « Tu ne sais pas, comme maintenant il est charmant… comme il est doux, même quand il est malade… et puis, comme il est bon pour le bon dieu ! […] C’est l’occasion pour Berthelot, de peindre pittoresquement la retraite dans les mines des derniers hommes, avec du blanc de champignons pour nourriture, avec le gaz des marais, avec le feu grisou comme bon dieu.
Beauté dans la poésie : voyez son Dante, que des pamphlétaires m’accusent aujourd’hui, en Italie, d’avoir calomnié, parce que j’ai séparé, en parlant de lui, l’œuvre ténébreuse du théologien du génie incomparable du poète, et parce que je l’ai appelé le dieu de la poésie, tandis que Voltaire l’appelait le monstre de la barbarie ! […] Jeune et vaillant héros, dont la haute sagesse N’est point le fruit tardif d’une lente vieillesse, Mais qui, seul, sans ministre, à l’exemple des dieux, Soutiens tout par toi-même et vois tout par tes yeux, Grand roi, si jusqu’ici, par un trait de prudence, J’ai demeuré pour toi dans un humble silence, Ce n’est pas que mon cœur vainement suspendu Balance pour t’offrir un encens qui t’est dû ; Mais je sais peu louer… Je mesure mon vol à mon faible génie, Plus sage en mon respect que ces hardis mortels Qui d’un indigne encens profanent tes autels, Qui, dans ce champ d’honneur où le gain les amène, Osent chanter ton nom sans force et sans haleine, Et qui vont tous les jours d’une importune voix T’ennuyer du récit de tes propres exploits. […] ……………………………………………………… N’est-ce pas, dans la même langue et dans un autre esprit, la pathétique invocation de Phèdre à la fraîcheur des forêts, dans Racine : Dieux !
Quand les dieux s’en vont, comme dit Tertullien, tout s’en va. […] Nous avons touché à l’arche, et la majesté du dieu nous frappe de mort. […] Que le dieu du chaos leur soit propice !
Nous pouvons oublier le nom de tes montagnes ; Mais qu’en fouillant le sein de tes blondes campagnes, Nos regards tout à coup viennent à découvrir Quelque dieu de tes bois, quelque Vénus perdue… La langue que parlait le cœur de Phidias Sera toujours vivante et toujours entendue ; Les marbres l’ont apprise, et ne l’oublieront pas. […] Tout trahir et tout perdre était ta destinée ; Tu fis ton dieu mortel, et tu l’en aimas mieux. […] De tels vers ne se font pas avec une plume et de l’encre, mais avec la moelle de son cœur et le doigt du dieu de l’inspiration !
En second lieu, un poème épique suppose un héros, un dieu, un personnage quelconque, historique ou fabuleux, accomplissant le fait chanté par le poète. […] » Puis il invoque, aussitôt après, le bon Apollon et le Parnasse au double sommet, afin que ce dieu de l’Olympe le tire, comme il tira Marsyas, de la gaine de ses membres. […] « Je m’absorbai tellement dans son essence », dit-il, « que je devins semblable à Glaucus, qui, en se repaissant de l’herbe marine, devint de la nature des autres dieux.
C’est une matière qu’avec plus ou moins d’efforts nous pouvons sculpter à l’image d’une bête ou d’un dieu. […] Comme, en l’abordant, ils le trouvèrent qui se chauffait au feu de la cuisine : “Entrez sans crainte, entrez toujours, leur dit le philosophe ; les dieux sont ici comme partout.” […] Le dieu d’Aristote n’est pas, comme celui de Platon, un ouvrier qui maîtrise, façonne une matière indocile, les yeux fixés sur un modèle ; il ignore la nature et ne l’organise que par l’attrait qu’exerce sur elle sa souveraine perfection.
Les dieux sont encore présents dans les cryptes chrétiennes, où les chapiteaux des colonnes sont décorés d’emblèmes païens. […] Thiers l’invention des chemins de fer, les institutions de prévoyance, l’enseignement populaire et l’extension du droit de vote, tous les beaux esprits de la droite, de la gauche, des centres étaient secoués par un rire inextinguible, comme les dieux d’Homère. […] Incapables de foi, ils témoignaient aux dieux défunts une vénération très littéraire. […] Lafaye a pénétré dans l’étrange Panthéon où les nobles formes des dieux grecs voisinèrent avec les figures bestiales des dieux d’Égypte. […] ………………………… Les Dieux eux-mêmes meurent.
« Je suis sans doute la victime de quelque holocauste qu’elle aura promis aux dieux ? […] Voilà le cortège des dieux tumultueux et barbares, avec d’interminables discours. La Logique est présente, qui dit à Antoine que puisque ces dieux sont passés, le sien passera. […] Ils le conduisent dans la troisième partie, celle des hérésies, faite à coups de livres, et dans la quatrième partie, celle des dieux, très inégale. Tout le morceau qui concerne les dieux de la Grèce est froid et manqué, flotte désemparé entre Henri Heine et Leconte de Lisle.
Dans ses bras, moi, misérable, je serais un dieu… Si je la trompais ! […] un dieu m’a refusé l’art, le pauvre art de me comporter avec adresse. […] Dans le temps héroïque où les dieux et les déesses aimaient, le désir suivait le regard, la jouissance suivait le désir. […] Rhéa Sylvia, la vierge royale, descend puiser de l’eau dans le Tibre, et le dieu la saisit ; et c’est ainsi que Mars devint père . […] Mais auparavant, elle traversa de mauvais jours : elle aussi se sentait bien seule, aux cotés de cet homme trop grand pour elle — humble bayadère dont la petite âme simplette languit sous le souffle du dieu.
Écoutez-moi, grands Dieux ! […] La critique, en une main habile et puissante, à ce moment décisif de la sortie, est comme ce dieu Portunus des anciens, qui poussait le vaisseau hors du port : Et pater ipse manu magna Portunus euntem Impulit…. […] Dieux ! […] Un nuage l’environne Et la cache à tous les yeux : De fleurs l’Ida se couronne, Junon cède au Roi des Dieux ! […] Au sein d’un Zéphyr qui semblait sortir d’une toile de Watteau, on sent tout d’un coup une bouffée d’Homère : De fleurs l’Ida se couronne, Junon cède au Roi des Dieux !
On en est moins loin dans le sonnet qui suit, et où l’on retrouve le ton élevé, digne du sujet : Ni la fureur de la flamme enragée, Ni le tranchant du fer victorieux, Ni le dégât du soldat furieux, Qui tant de fois, Rome, t’a saccagée ; Ni coup sur coup ta fortune changée, Ni le ronger des siècles envieux, Ni le dépit des hommes et des dieux, Ni contre toi ta puissance rangée ; Ni l’ébranler des vents impétueux, Ni le débord de ce dieu tortueux, Qui tant de fois t’a couvert de son onde, Ont tellement ton orgueil abaissé, Que la grandeur du rien qu’ils t’ont laissé Ne fasse encore émerveiller le monde.
Toutes ses remarques sur les héros et les enfants des Dieux naissent de là : il y a toujours dissimulé l’amertume : « Les enfants des Dieux, pour ainsi dire, se tirent des règles de la nature et en sont comme l’exception.
Et d’autre part m’amye qui peignoit Son chef doré, et viz sez luysans yeulx, Dont me gecta ung traict si gracieulx, Qu’à haulte voix je fuz contrainct de dire : Dieux immortelz ! […] Lutatius Catulus, que rapporte Cicéron dans le traité de la Nature des Dieux.
Il trouve la Trinité au Thibet, à Otaïti ; dans une dévotion populaire, il aperçoit une trace du culte des Dieux lares : il croit donner des appuis à la religion par ces rapprochements, et il ne se doute pas que, pour en ôter le ridicule, il en ruine la divinité. […] Il tourne les dieux des sauvages américains en machines poétiques, et il les rend insipides comme la vieille mythologie elle-même.
Grâce aux dieux ! […] les dieux de la Révolution, tous ces beaux messieurs « qui ont fait 1789 » et même 1793, étaient des fils de la Louve, et l’on veut que le latin soit une génératrice de réactionnaires !
le Livre des Dieux, si ma mémoire est bonne. […] Vu à travers la majesté de Imprécations d’Agar, à travers la splendeur de Pierre le Véridique, où les phrases sont pareilles à de frêles guirlandes tressées de pâquerettes, de boutons d’or, de myosotis et de toutes petites roses, Mendès m’apparaissait comme une espèce de dieu, tout en rayons, planant au-dessus de la foule.
Théodore de Banville fait pousser impitoyablement, tel le dieu de Claros, de monstrueuses oreilles d’âne sur la tête de maint Midas. […] et vivre c’est respirer l’air du ciel et non l’haleine de notre voisin, ce voisin fût-il un dieu !
Sans cela, certainement, je m’inclinerais reconnaissant devant des concours de circonstances où un esprit moins dominé que le mien par les raisonnements généraux verrait les traces d’une protection particulière de dieux bienveillants. […] Une telle vieillesse est le pire don que les dieux puissent faire à l’homme.
« Commençons par les dieux… »8 Le 25 auguste, comme disent les Allemands, — et nous savons aussi que Voltaire donnait ce nom au mois d’août, — a été le premier jour des fêtes célébrées dans la ville de Weimar, en commémoration de la naissance de Herder et de la naissance de Goethe. […] On rapproche souvent le duo d’amour du second acte de Tristan à la philosophie de Schopenhauer ainsi que la scène finale du Crépuscule des Dieux.
Dans joubarbe on retrouve jovis barba ; c’est la barbe du dieu du tonnerre, parce que cette herbe garantit les maisons du tonnerre, d’après Opilius, qui l’appelle vesuvium. […] La fleur d’Adonis n’est plus rougie par le sang du jeune dieu oublié, mais tantôt par celui de Vénus, tantôt par celui de Jésus : sang de Jésus, sang deVénus, les deux grandes religions unies une fois de plus dans le geste de cueillir la même fleur.
Elle est commune aux dieux, aux monarques, aux belles. Ce breuvage vanté par le peuple rimeur, Le nectar que l’on sert au maître du tonnerre Et dont nous enivrons tous les dieux de la terre, C’est la louange, Iris.
Renan, qui porte toutes les queues humaines, porte celle du diable par-dessus toutes les autres. « Quand vous aurez mangé de ce fruit-là, vous serez comme des dieux ! » Les dieux, pour M.
« Ce cirque démoli, jadis offrande sacrilège à des dieux qu’insultent quelques herbes sauvages, représente, théâtre tragique ouvert au drame du temps, quelle fut autrefois sa propre splendeur, et quelle est sa ruine. […] Tels je me figure Troie et son antique rempart : telle aussi toi-même, Rome, à qui ton nom reste à peine, ô patrie des dieux et des rois !
Tous les sujets de Louis XIV se piquaient d’imiter un certain modèle, pour être élégants et de bon ton, et Louis XIV lui-même fut le dieu de cette religion.
Mais le dieu du fleuve Eurotas la fait baigner dans des eaux d’oubli.
Encore moins connut-il l’idée nouvelle, créée par la science grecque, base de toute philosophie et que la science moderne a hautement confirmée, l’exclusion des dieux capricieux auxquels la naïve croyance des vieux âges attribuait le gouvernement de l’univers.
Plus tard, quand on voulut fonder la vogue d’Apollonius de Tyane et prouver que sa vie avait été le voyage d’un dieu sur la terre, on ne crut pouvoir y réussir qu’en inventant pour lui un vaste cycle de miracles 736.
Un dieu seul sait tuer de la sorte.
Quelle éloquence, grands Dieux !
Un poëte, réduit aux talens ordinaires, Est mal reçu des dieux, du public, des libraires.
cette épithète de la puissance humaine et qui l’enserre si bien en ses deux syllabes que les Grecs disaient eux-mêmes du souverain des Dieux : le bon Jupiter !
Le créateur, lui, a fait ce qu’il a voulu ; il a agi en Dieu, car on est le dieu de son œuvre.
Le hasard, si ce n’est la pitié, cette bête de hasard qui a parfois de l’esprit comme un dieu, fit celle harmonie de la vie d’un meurt-de-faim écrite par un autre, et aussi cette dissonance, car, excepté au point de vue famélique, Colletet et Villon se ressemblaient bien peu !
Eh bien, son seul dieu, le monde, auquel elle donna sa vie, croyez-vous qu’elle le respectât et qu’elle ne lui fût pas athée comme à l’autre Dieu ?
C’est presque comique… Plutôt que de convenir franchement de la valeur des jugements de ce chansonnier qui, entre deux chansons, se permet en prose incisive de toiser Voltaire et Rousseau et leur époque tout entière, ou de se rebiffer et de dire bravement, avec ce poltron de Sosie : Comme avec irrévérence Parle des dieux ce maraud !
Un jour, en causant avec lui, je citai en passant le vers de La Mort de Socrate : On profane les Dieux pour les voir de trop près !
En Italie comme en France, les poètes, dans la seconde moitié du xviiie siècle, ne se croyaient pas encore dispensés de placer leur fantaisie sous la protection des dieux de l’Olympe. […] Il offre à madame Deschapelles la tabatière d’or que lui a prêtée Beauséant, à Pauline un jonc de diamants que Glavis lui a confié comme complément de son costume de prince, et les deux amis se consolent en songeant que la vengeance est le plaisir des dieux, et que, pour goûter ce plaisir, on ne doit pas lésiner.
Faguet dédaigne les petits dieux lyriques qui ne feraient point honneur à sa critique. […] Voulant passer pour dieu, il apprit à un essaim d’oiseaux à répéter ces paroles : Psaphon est un grand dieu. […] C’est un prêtre qui veut devenir un dieu. […] Malheur à ceux qui, pour ne pas entendre la plainte des créatures, se réfugieront dans le rêve où ils se croiront dieux. […] Et comme les Dieux ou les Ombres qui venaient sur le théâtre, au temps d’Euripide, prophétiser l’action fatale, M.
Nous ne permettrions pas aux exégètes de briser et de détruire les antiques statues des dieux. […] Voilà pourquoi, s’il y a des mères qui songent peut-être à concevoir un dieu, nous voyons aussi des poètes qui s’efforcent de créer des ouvrages mémorables, qui seront les Bibles de demain. […] Leur dieu, c’est l’homme ; leur verbe, c’est la voix de la conscience ; leurs saints impérissables, tous ceux dont l’âme a été belle. […] C’est là un signe des temps, et c’est aussi pour celui qui en est possédé une ambition admirable : « Leur dieu, c’est l’Homme, leur verbe, c’est la voix de la conscience ; leurs saints impérissables, tous ceux dont l’âme a été belle. » Répétons-nous avec joie cette phrase et scandons-la avec délices, non pas parce qu’elle est une merveille de grammaire, ni un heureux assemblage de syllabes, mais parce qu’elle en dit beaucoup dans sa simplicité. Leur dieu c’est l’homme !
Quoi tout avait été remué, secoué, bouleversé, et seule la littérature semblait être restée en place, immobile comme le dieu Terme ! […] Sera-t-il dieu, table ou cuvette ? […] Renan a fait fi trop hâtivement : car on ne saurait imaginer un dieu qui ne fût point paternel et qui ne sourît point aux bonnes gens, seuls conservateurs du genre humain. […] Longtemps on en fit un dieu, et, républicains ou libéraux, nos pères ont presque tous une part de responsabilité dans cette fatale apothéose. […] Les types de Job et de Barberousse déploient les proportions colossales des dieux et des titans.
Leurs Poëtes, après un long séjour en Egypte, où ils s’étoient fait initier dans les Mystères des Dieux du pays, de retour dans leur patrie, chantèrent les premiers ces Divinités étrangères. […] La Grèce fut bientôt remplie de Dieux de toute espèce : le Ciel, la Terre, les Elémens, tout dans la nature, jusques aux passions mêmes, eut des Temples, des Prêtres & des Autels. […] Quoi de plus susceptible d’images agréables, qu’une Religion faite exprès, où tout invitoit les sens à jouir, où la volupté présidoit aux mystères, où l’imagination enfin créoit à son gré des Déesses & des Dieux ! […] Les Romains eurent recours aux Grecs, qui virent bientôt leurs Dieux avoir un culte & des autels dans Rome, leurs Sciences & leurs Arts y jeter de profondes racines, leurs loix servir de base aux loix Romaines, & le Sénat se former à l’imitation de l’Aréopage.