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1120. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

« Faust, dans ce cinquième acte, dit Goethe, doit selon mes idées avoir juste cent ans, et je ne sais pas s’il ne serait pas bon de le dire quelque part expressément. » Nous parlâmes de la conclusion, et Goethe attira mon attention sur ce passage : Il est sauvé, le noble membre Du monde des méchants esprits ; Celui qui a toujours lutté et travaillé, Celui-là, nous pouvons le sauver ; L’amour suprême, du haut du ciel, A pensé à lui ; Le chœur bienheureux va à sa rencontre Et lui fait un cordial accueil. […] Vous devez avouer que cette conclusion, où l’âme sauvée s’élance au ciel, était très difficile à composer ; et au milieu de ces tableaux suprasensibles, dont on a à peine un pressentiment, j’aurais pu très facilement me perdre dans le vague, si, en me servant des personnages et des images de l’Église chrétienne, qui sont nettement dessinés, je n’avais pas donné à mes idées poétiques de la précision et de la fermeté. » XVI À la fin du mois, il parle mal de Victor Hugo, auquel il a rendu avant une enthousiaste justice. […] Il a Falstaff, il a Méphistophélès ; mais ni Marguerite sur la terre, ni Faust entre le ciel et l’enfer : il improvise mieux, il est moins réfléchi.

1121. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Il faisait allusion au bleu qui était dans le ciel. […] Un ciel comme teinté du rose d’un incendie lointain, des arbres ressemblant à d’immenses feuilles de polypiers violets, une glace mate, de couleur neutre, sans brillant. […] Un peintre a rendu merveilleusement ce ciel, ces arbres, cette glace, ces patineurs : c’est Jonckind.

1122. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Le convoi s’avance à travers une haie de troupes et une muraille de peuple ; pas un pavé qui ne porte un homme attendri, pas une fenêtre qui ne regarde passer en pleurant le char, pas un toit qui ne vocifère son cri d’adieu ou son acclamation d’amour, pas un pan du ciel d’où ne tombe sur le suaire une pluie de couronnes d’immortelles, fleurs funèbres qui n’ont pour rosée que des larmes, et qui n’ont de parfum que dans le souvenir et dans l’éternité ! […] Quand une concierge, qui semblait sentir la dignité et la responsabilité de gardienne du repos d’un philosophe favori du peuple, vous avait indiqué sa demeure, vous tourniez, à droite en entrant dans la cour, sous une petite voûte conduisant à des écuries ; vous rencontriez sous la voûte le premier degré d’un escalier de bois ; cet escalier vous conduisait de palier en palier, par des marches douces, comme il convient à l’âge essoufflé, jusqu’au dernier palier, sous les toits, où vous n’aviez plus au-dessus de vous que les tuiles et le ciel. […] Si Béranger avait eu à émouvoir l’âme aventureuse et voluptueuse du peuple qui gémit, de souvenirs et de tristesse, au bord des quais de Venise, il aurait écrit des stances d’Arioste et du Tasse, en vers dignes d’être soupirés sous ce beau ciel, et il les aurait jetés, comme réminiscence classique, dans la mémoire des gondoliers.

1123. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

J’allais périr,… quand la Gaieté, mon inséparable compagne, soulevant d’une main le voile de l’avenir, me montra de l’autre le beau ciel de ma patrie, où le bonheur semblait m’appeler. » Et voilà sa barque remise à flot, aventureuse et légère ; le voilà plus en humeur, plus en veine que jamais, se croyant quitte une bonne fois avec le malheur, et n’invoquant pour tous patrons à l’avenir que Momus (comme on disait alors) et que Thalie : Naturam expellas furca, tamen usque recurret. […] Et il énumère toutes les zizanies d’alentour, classiques et romantiques, grétristes et rossinistes, Grecs et Turcs ; à propos de ces deux peuples alors aux prises il disait : Qu’êtes-vous sous ce beau ciel Que réfléchit l’Archipel, Turcs si doux et si polis, Et vous, soldats de Miaulis ?

1124. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Il part seul ; lui, il n’a d’autre but que de voir et de sentir, de s’inonder de lumière, de se repaître de la couleur des lieux, de l’aspect général des villes et des campagnes, de se pénétrer de ce ciel si calme et si profond, de contempler avec une âme harmonieuse tout ce qui vit, nature et hommes. […] » Cette longue traversée, le manque absolu de livres et de conversation, son ignorance de l’astronomie qui lui fermait l’étude du ciel, tout contribuait à développer démesurément chez lui son habitude de rêverie sans objet et sans résultat.

1125. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

S’il est exact, comme il le dit quelque part, que l’air que nous respirons sache douer au berceau les esprits distingués de notre siècle, de celle de toutes les qualités qui est la plus difficile et la moins commune, de l’étendue, il faut croire que, sur la montagne du Jura où il est né, un air plus vif, un ciel plus vaste et plus clair, ont de bonne heure reculé l’horizon et fait un spectacle spacieux dans son âme comme dans sa Prunelle. […] Il est, avec elle, nombre de vérités de détail, de racines salutaires que le pied rencontre en chemin ; mais dans la prétention principale qui la constitue, et qui s’adresse à l’abîme infini du ciel, la philosophie n’aboutit pas.

1126. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Tournez et retournez tant que vous voudrez la question de la souveraineté temporelle des papes, vous n’y trouverez à faire valoir politiquement que cela ; c’est la meilleure raison, parce que c’est la vraie raison, et c’est la dernière que les partisans de cette souveraineté mystérieuse avaient pensé à faire valoir en faveur de cette possession d’un coin de terre par les maîtres du ciel. […] La France a reçu du ciel ce rôle.

1127. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Comme s’il y avait deux morales et deux consciences dans le ciel et sur la terre ! […] Si ce principe de l’unité de civilisation chrétienne par les armes sur tout le globe était vrai en Asie et en Afrique, il serait vrai, sans doute, en Europe ; s’il était vrai contre les peuples qui ne sont pas chrétiens, il serait vrai contre les peuples qui ne sont pas orthodoxes ; la guerre et l’extermination seraient de droit divin entre les catholiques et les schismatiques ; un symbole de foi serait inscrit sur tous les drapeaux opposés des cultes qui se partagent le continent ; les catholiques ne reconnaîtraient que des catholiques pour nationalités légitimes et indépendantes, les grecs que des grecs, les anglicans que des anglicans, les luthériens que des luthériens, les calvinistes que des calvinistes ; Russes, Prussiens, Anglais, Irlandais, Hollandais, Belges, Français, Espagnols, Italiens, seraient dans un antagonisme permanent et universel ; la terre ne serait qu’une sanguinaire anarchie au nom du ciel.

1128. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Mais j’ai fait connaître le vrai coupable, le popularisme jusqu’au sang, et j’ai montré le vrai Danton, noyé dans un forfait dont il se repent, en cherchant vainement à regagner le bord de l’innocence, qu’on ne regagne jamais qu’au ciel, par le repentir et par l’expiation. […] Toutes les fois que le nom de Saint-Just revenait dans nos entretiens, l’accent s’amollissait, la physionomie s’attendrissait visiblement dans madame Lebas, et un regard d’enthousiasme rétrospectif s’élevait du portrait vers le plafond, comme un reproche muet au ciel d’avoir tranché quelque douce perspective, par la hache de 1794, avec cette tête d’ange exterminateur sur le buste d’un proscripteur de vingt-sept ans.

1129. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

nous ne sommes plus au temps où le poëte Parlait au ciel en prêtre, à la terre en prophète ! […] VI Telle est la majesté de tes concerts suprêmes, Que tu sembles savoir comment les anges mêmes Sur les harpes du ciel laissent errer leurs doigts : On dirait que Dieu même, inspirant ton audace, Parfois dans le désert t’apparaît face à face,         Et qu’il te parle avec la voix !

1130. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

CLXI Je tirai le verrou, je poussai la porte, j’entrai, toute tremblante, dans la petite chambre à voûte basse, éclairée le jour par une large meurtrière, qu’un triple grillage séparait du ciel ; le vent qui sortit de la chambre, quand la porte s’ouvrit, et des chauves-souris, qui battaient leurs ailes aveugles contre les murs, faillirent éteindre la lampe que je tenais dans ma main gauche pour m’éclairer jusqu’au lit. […] Anges du ciel !

1131. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Ses premiers exils en Amérique, son émigration, ses misères, même en Angleterre, avaient été subis sous l’influence des sentiments chrétiens ; les grands spectacles de la solitude, du ciel, de la mer, des forêts, des fleuves, des cascades, qui l’avaient frappé dans son voyage, étaient empreints de cette couleur ; il les avait reflétés dans Atala et dans René, ses premières ébauches ; il avait pensé, il avait rêvé en chrétien ; sa haine même, si naturelle, contre les persécutions et les martyres des croyances de sa jeunesse leur avait donné quelque chose de tendre comme les souvenirs de la demeure paternelle, de sacré comme le foyer de ses pères ; tout son cœur et toute son imagination étaient restés ainsi de la religion du Christ. […] Il dut y avoir à la fin du paganisme des hommes supérieurs, d’abord chrétiens, puis ramenés aux dieux de leur jeunesse par la poésie de l’Olympe et par la facilité d’un vieux culte rétabli ; flottant d’une religion à l’autre, écrivant tantôt pour la nouvelle, tantôt pour l’ancienne foi de Rome, et mourant héroïquement comme Julien l’Apostat, en lançant au ciel le reproche terrible où le doute retentit à travers ces âges : « Tu as vaincu, Galiléen ! 

1132. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Mais un Napoléon Bonaparte, le ciel nous en préserve ! […] Ici le grand Apelle, heureux dès avant nous, De sa vision même est devenu l’époux ; L’Aube est d’Angelico la sœur chaste et divine ; Raphaël est baisé par la Grâce à genoux, Léonard la contemple et, pensif, la devine ; Le Corrège ici nage en un matin nacré, Rubens en un midi qui flamboie à son gré ; Ravi, le Titien parle au soleil qui sombre Dans un lit somptueux d’or brûlant et pourpré Que Rembrandt ébloui voit lutter avec l’ombre ; Le Poussin et Ruysdaël se repaissent les yeux De nobles frondaisons, de ciels délicieux, De cascades d’eau vive aux diamants pareilles ; Et tous goûtent le Beau, seulement soucieux, Le possédant fixé, d’en sentir les merveilles.

1133. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Mais l’homme qui, sous un ciel moins indulgent, dans une nature moins affectueuse, travaille et lutte contre les hommes et les choses et sent qu’il joue son sort, celui-là éprouve le besoin de chanter son amertume, son impatience, sa détresse. […] Or, voyez, en effet, que le Nord nous a donné le gothique aérien, qui jaillit, qui s’élève, qui abandonne le sol pour monter légèrement vers le ciel, cependant que le Midi, par les puissants piliers du roman, par ses voûtes pesantes, semble encore s’accrocher à la terre heureuse, descendre vers elle, pour ne la point quitter.

1134. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

De plus, l’« âme » est par définition un « être simple », et cet être prétendu simple devient par la mémoire une sorte de réceptacle et de magasin, comme celui que saint Augustin décrit éloquemment, ou l’on admet la présence « latente » des idées ; on introduit ainsi dans l’âme une multiplicité indéfinie d’images, on place en elle le pendant de toute la variété qui vient se peindre dans le cerveau : champs, maisons, villes, mers, ciel ; dès lors, à quoi bon surajouter à l’organisme vivant un être nouveau qui n’est que le double de cet organisme ? […] Raccourcissez par la pensée les dimensions du ciel visible en gardant toutes les distances respectives des astres, vous pourrez, dans votre tête, faire tenir le firmament.

1135. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Il y a peut-être à ces pluriels, œils, ciels, etc., une raison véritable. […] Cela est très sensible à ciel, qui fait son pluriel en s dans toutes ses significations métaphoriques, celle de paradis exceptée ; mais elle est très ancienne.

1136. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

certes, il faut que nous soyons de bien bons enfants en littérature, si nous sommes en politique de mauvais garçons ; il faut que nos besoins d’originalité ne soient pas bien grands, à nous autres éreintés de l’époque actuelle, pour que nous soyons si aisément satisfaits de la répétition des mêmes idées, des mêmes sentiments, du même langage et presque des mêmes mots, des mêmes tableaux et de la même manière de peindre, et que nous en jouissions avec autant de pâmoison de plaisir et de furie d’enthousiasme que si tout cela était inconnu, inattendu, virginal, et tombé, pour la première fois, du ciel ou du génie d’un homme. […] On voudrait toujours l’aimer, mais tout à coup, après une beauté incontestable qui vous a ravi et qu’on lui doit, il vous replonge dans la haine et dans la colère par des choses exécrables ou ridicules d’inspiration et même de forme, et on tombe, plein de ressentiment, de l’hippogriffe aux longues ailes bleues ouvertes en plein ciel, sur le dos du plus affreux casse-cou !

1137. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Il n’était nullement difficile d’en prendre la mesure avec sang-froid, et pour notre part nous la prîmes un des premiers… Ce n’était pas, en effet, un de ces talents qui semblent tomber du ciel, tant ils sont inattendus : nous en connaissions la famille… L’idée du livre, qui valait mieux que le livre, était heureuse, et pour le moment très-nouvelle. […] On lui avait reproché, — si vous vous en souvenez, — les détails par trop bourgeois et même par trop boutiquiers de son premier livre, les descriptions des clous et des tentures de ses appartements, le capitonné, le vernis et le tripoli de tout cela ; on l’avait même (et ce n’était pas nous) appelé le « tapissier littéraire », et il a essayé de prouver que « le tapissier » pouvait travailler aussi à ciel ouvert, faire du Byron, de l’Océan, de la grande nature, car la prétention de Daniel, c’est d’être un livre byronien, et c’est avec cette épithète qu’un critique célèbre nous l’annonçait un jour dans une quinte de bienveillance.

1138. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Il n’avait pas dix-huit ans : le front mâle et fier, la joue en fleur et qui gardait encore les roses de l’enfance, la narine enflée du souffle du désir, il s’avançait le talon sonnant et l’œil au ciel, comme assuré de sa conquête et tout plein de l’orgueil de la vie.

1139. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Je suis bien loin de croire les personnes qui prétendent que mes vers sont d’un ton supérieur au sien ; je me contenterai d’aller immédiatement après lui. » Tantôt il est en fureur et en rage contre les éternels ennemis qu’on lui connaît, contre l’abbé Desfontaines ; il intrigue en tout sens, il remue ciel et terre pour le faire condamner, par-devant le lieutenant de police M. 

1140. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Je vois d’ici, j’entends un de mes éloquents confrères à l’Académie s’écrier en levant les bras au ciel et d’un air de désolation : « Oh !

1141. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

« Le caractère de plusieurs généraux, a dit Napoléon, avait été détrempé par les événements de 18H ; ils avaient perdu quelque chose de cette audace, de cette résolution et de cette confiance qui leur avaient valu tant de gloire et avaient tant contribué aux succès des campagnes passées. » À tous ces éléments humains de fatalité s’ajouta, la veille du dernier jour, un orage du ciel, un obstacle matériel considérable et imprévu.

1142. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Les Contrebandiers ne sont pas seulement, comme les Bohémiens, un délirant caprice de vie aventurière, de liberté sans frein et de migration sans but ; les Contrebandiers ne sont pas les enfants perdus et incorrigibles des races dispersées ; ce sont, comme Béranger le conçoit, les sentinelles avancées, les éclaireurs hasardeux d’une civilisation qui s’approche : Nos gouvernants, pris de vertige, Des biens du ciel triplant le taux, Font mourir le fruit sur sa tige, Du travail brisent les marteaux, Pour qu’au loin il abreuve Le sol et l’habitant, Le bon Dieu crée un fleuve ; Ils en font un étang.

1143. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Ainsi, selon lui, le soleil de ses lettres de feu blasonne les coteaux ; la lune, glissant à travers le feuillage, d’une dentelle errante estampe les gazons ; ainsi, démontrant à Maria les richesses du ciel, il parle de ces tableaux qui, dans les nuages, Changent à chaque instant leur magique hypallage.

1144. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Et si jamais ton ciel redevenait plus sombre, Si ton vol fatigué fléchissait dans la nuit, Entre le groupe et toi, si quelque jeu de l’ombre Te voilait un moment le signal qui conduit ; Si d’en haut (car parfois le doute nous arrive En ces jours de passage où rien n’est arrêté).

1145. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Il jeta un regard sur les siens leva une de ses mains au ciel, et dit à haute voix : « — Fasse Dieu que tous les hérétiques qui sont ici rassemblés n’entendent pas, les infidèles, de quelle manière est torturé un chrétien !

1146. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Son récit est local, profondément, mais il faut lui savoir gré d’épargner des descriptions de ciels et de palmiers déjà connus, gré davantage et point négativement d’avoir écrit un roman psychologique et social qui soit roman algérien.

1147. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Il ramène sur l’auditoire enfiévré la douceur fleurie et tranquille du ciel d’Hellas, et tandis qu’il récite, il semble qu’on entende le bruissement des lauriers-roses au long des rives harmonieuses… Je naquis au bord d’une mer dont la couleur Passe en douceur le saphir oriental… On attendait les chansonniers de Montmartre.

1148. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Sa faiblesse transforme en fantômes indécis les personnages nets et agissants des Grecs, mais sa mélancolie les dresse longs, frêles, aériens, dans un ciel de rêve et de larmes.

1149. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Adieu, ô mes père et mère, adieu tous mes amis, je m’en vais au ciel. » Une telle ballade ne provient ni des latins, ni des grecs, ni des poètes d’académie, ni d’aucune littérature écrite ; l’art en est très spécial, si spécial que nul poète, même un poète allemand, n’en pourrait faire un pastiche acceptable .

1150. (1902) L’humanisme. Figaro

Vos aînés poussaient des cris, levaient les bras au ciel et protestaient contre sa surdité.

1151. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Vous l’avez accompagné en silence sur le bord de la mer : l’heure du départ est arrivée, le ciel est noir, la mer rugit au loin, le frêle esquif se balance d’une façon formidable, votre ami reste calme, il vous tient la main dans les siennes, il vous la serre, il vous regarde avec assurance, il vous sourit une dernière fois ; vous, cependant, vous avez la mort dans le cœur.

1152. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

C’est lui qui, au collège, — la tête sous la couverture de son pupitre, — copiait, de son écriture la plus soignée, le Feu du ciel ou la Prière pour tous, signait Alidor au bas, et puis faisait passer, de main en main, ses vers par la salle d’études.

1153. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

La chanson est une fleur qui se plaît sous le ciel de la France : elle y réussit sans art, sans culture, et c’est un des ornements de notre guirlande poétique.

1154. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

À peine échappés, comme eux, à la maison de servitude, nous vivons sous la tente comme eux, et, comme eux encore, nous sommes nourris en quelque sorte de la manne du ciel ; car le temps n’est pas venu d’avoir des moissons nouvelles.

1155. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

c’est cette Mme de Staël, restituée à la vérité de sa nature par un éditeur qui serait capable de la comprendre et de l’expliquer, que je voudrais voir revenir en pleine lumière, dans quelque splendide édition, où nous trouverions de ces lettres qui, comme plusieurs de celles de Weymar et Coppet, mais en trop petit nombre, éclairent le génie par la vie — comme les neiges tombées éclairent le ciel par en dessous !

1156. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

— non, ce n’est point parce qu’on a fait tout cela, parce qu’on a vécu en plein ciel d’indiscrétions d’abord et en plein enfer d’indiscrétions ensuite, avec un homme moralement violé (drôle d’alliance de mots), qu’on aime nécessairement, sincèrement, ingénument cet homme.

1157. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Plus coupable que le public, parce qu’elle devrait le diriger et le conduire, la critique de théâtre a fait au comédien, et surtout à la comédienne, une position exceptionnelle, anarchique et folle, à ne voir même que le théâtre et les intérêts de l’art dramatique ; car, si l’on place dans le ciel le simple interprète d’une œuvre de talent ou de génie, où placera-t-on celui qui l’a faite ?

1158. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

., avec la tuméfaction à la tête de l’orgueil, — car l’orgueil est hydrocéphale, — que l’esprit humain va de ce côté ; que l’avenir, ô bonheur du ciel mis sur la terre !

1159. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

L’auteur des Études sur le Combat excepte, il est vrai, un très petit nombre d’âmes, nées impassibles comme le bronze, et rares comme des aérolithes, car elles semblent venir directement du ciel ; mais cet homme de batailles, qui a pratiqué les batailles et qui n’est dupe d’aucune poésie faite après coup, ne croit guère aux héros que sous bénéfice d’inventaire, et sous l’action déterminée et décisive d’une discipline qui crée l’énergie et fait d’un homme cette force qu’on appelle un soldat… Observateur aiguisé par toutes les expériences de sa vie, le colonel Ardant du Picq sait que la puissance des armées est toujours en raison, non seulement directe, mais unique, de la puissance de leur discipline, et il le prouve, par tous les témoignages de l’histoire, chez les peuples que la guerre a le plus illustrés.

1160. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Le stoïcien avait traversé toute la vie dans le respect historique et social des institutions et des idées chrétiennes, mais sans aller plus loin du côté du ciel, et il retrouva peut-être, à l’heure de mourir, sur son âme, la bénédiction paternelle du mendiant qui avait répondu de lui devant Dieu.

1161. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Hello, qui voit tout à travers le sien, le chrétien enflammé du livre des Paroles de Dieu et qui, pour la première fois, dans la Critique, s’efforce d’introduire l’onction, l’apaisement et le ciel de sa mysticité.

1162. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Il est vrai que, sous le dernier des Stuarts, cette théorie, qui saignait encore du coup de hache qui avait fait tomber la tête de Charles Ier, fut définitivement mise en pièces, mais elle n’était pas tombée du ciel comme un bouclier salien, et, pour qu’elle se fût si souverainement posée, il fallait qu’elle répondît à des sentiments publics, à des idées qui avaient cours.

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