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1597. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Nous avons déjà dit que dans les idées modernes, dans le respect que les nations chrétiennes portent à la jeune fille, l’action du jeune homme qui viole, de gaieté de cœur, et même sans trop savoir à qui il s’adresse, une enfant sans défense, est un crime horrible, hideux, insupportable et qu’on ne saurait montrer à d’honnêtes gens sans les insulter. […] saint Jean Chrysostome, cet aigle chrétien, ce Bossuet de l’Orient, il faisait sa joie des comédies de ce pendard d’Aristophane ; même il en avait traduit vingt-trois, et c’est à peine s’il nous en reste dix-huit ! […] Argan l’a chassé de chez lui, sous prétexte qu’il n’est pas médecin, Cléante est resté fidèle à la belle Angélique ; il est là, près d’elle sans fin et sans cesse ; il ne la quitte ni des yeux, ni du cœur ; de bonne foi, cela vaut bien autant que d’être baron, voire un des premiers barons chrétiens ou non chrétiens.

1598. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Bien qu’en plus d’un passage de ce livre sur les Rose-Croix, la religion chrétienne ne semble pas suffisamment distinguée de ce qui est touché tout à côté, il apparaît assez clairement que l’auteur ne favorise en rien les nouveautés religieuses qui ont troublé le royaume et porté atteinte à la foi des aïeux.

1599. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

De même que le chrétien veut faire du bien même à ceux qui lui veulent du mal, le vrai honnête homme ne saurait négliger de plaire, même à ses ennemis, quand il les rencontre : « car celui qui croit se venger en déplaisant se fait plus de mal qu’il n’en fait aux autres. » — « Il y en a d’autres qui veulent bien plaire et se faire aimer ; mais ni l’honneur, ni la vérité, ni le bien de ceux qui les écoutent, ne leur font jamais rien dire, s’ils n’y trouvent leur compte. » Ah !

1600. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

J’allai ensuite m’acquitter de mes devoirs chrétiens, et, les fêtes passées, je retournai auprès du pape.

1601. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Il me fit une réponse si brutale que je lui dis : Vous n’êtes donc point chrétien, puisque vous voulez me faire tort, même le vendredi saint ?

1602. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

“Ces six mois célestes de ma vie”, comme je les appelle, ce mélange de sentiments tendres, fragiles et chrétiens, qui faisaient un charme, cela en effet ne pouvait durer ; et ceux de mes amis (il en est) qui auraient voulu me fixer et comme m’immobiliser dans cette nuance, oubliaient trop que ce n’était réellement qu’une nuance, aussi passagère et changeante que le reflet de la lumière sur des nuages ou dans un étang, à une certaine heure du matin, à une certaine inclinaison du soir. » II Mais ce que j’ignorais et ce que votre Préface m’apprend, c’est que le sceptique le plus résolu et le plus cynique du siècle, Beyle, l’auteur le plus spirituel de ces derniers temps, l’homme en apparence le plus antipathique à ce spiritualisme pieux dont les Consolations étaient débordantes, eut des rapports d’enthousiasme avec vous, et vous tendit les bras dès qu’il les eut lues.

1603. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Ces derniers raisonnent-ils passablement sur un ouvrage de science ou de belles-lettres, on se récrie sur leur sagacité ; comme si un homme de qualité était obligé par état d’être moins instruit qu’un autre sur les choses dont il parle ; en un mot on traite en France les géomètres et les grands seigneurs à peu près comme on fait les ambassadeurs turcs et persans ; on est tout surpris de trouver le bon sens le plus ordinaire à un homme qui n’est ni Français ni chrétien, et en conséquence on recueille de sa bouche comme des apophtegmes les sottises les plus triviales.

1604. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Il n’est pas impossible qu’il y ait eu là trois réactions, apparentées entre elles, contre la forme qu’avait prise jusqu’alors l’idéal chrétien.

1605. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

— Et les principes directeurs offrent une probabilité du même genre : le christianisme, qui fut un élément essentiel du moyen Âge, semble étranger au principe de la Renaissance et à celui de la Révolution ; en théorie, oui ; dans la pratique, il a gardé une importance considérable, non seulement en ce qu’il a d’éternellement vrai, mais aussi en ce que ses dogmes ont de suranné et d’inhumain : l’Église romaine commande encore à des millions de consciences ; la notion chrétienne du Mal trouble encore notre morale et même notre droit pénal ; bien plus : l’intolérance haineuse des « libres penseurs » est elle-même une action du christianisme qui entrave ainsi l’évolution de cette humanité qu’il avait jadis délivrée.

1606. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Le brillant conférencier était alors un aède jeune et enthousiaste, très intelligent et son petit bouquin, qui demeurera une pièce curieuse, eut été parfait, s’il n’avait jugé nécessaire de couronner le livre par une glose à lui spéciale du symbolisme qu’il désirait chrétien. […] et des sonnets : au Parsifal, triomphateur des appels et des luxures ; d’autres sonnets, bibelots précieux faits pour des amis du poète ; puis des sonnets chrétiens, puis des paysages, enfin Lucien Létinois, une tentative de poème intime et familier, comme un petit roman de poète, conçu sans la banalité des détails, pas poussé à l’héroïsme, vrais vers bien pris en leur taille, d’un sincère et pénétrant timbre lyrique. […] Les litanies se déroulent : Mon fils est brave, il va sur son cheval de guerre Sans reproche et sans peur par la route du bien, Un dur chemin d’embûche et de piège où naguère Encore il fut blessé et vainquit en chrétien. […] Le sang de son père, l’empereur sarrasin Desramé, et de ses aïeux bouillonne en lui ; mais s’il veut, comme ceux de sa lignée, porter les armes, en tant que chrétien c’est contre eux qu’il veut lutter et il demande à Guillaume d’aller se battre contre les infidèles. […] Il serait difficile d’admettre que c’est par une humilité toute chrétienne que Rimbaud, se frappant la poitrine, offre, en exemple à ne pas suivre, ces vers terriblement mauvais ; il vaut mieux croire que, tout en abandonnant une technique extrêmement difficile et dangereuse (ce n’est point de la coloration des voyelles que je parle, mais des recherches pour fixer les silences, et aussi atteindre par la sonorité seule la satisfaction des cinq sens (voir p. 289).

1607. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Enault, en bon chrétien qu’il est, a accompli son pèlerinage en Terre-Sainte. — Il n’a point, à l’exemple de ses illustres devanciers, frété un trois-mâts pour cette grande circonstance ; mais je ne saurais, en bonne conscience, lui en faire un crime. […] Louis Veuillot s’est donné la chrétienne satisfaction de châtier quelqu’un ou quelque chose, le fils des croisés, servant de renfort au fils de Sanchez, s’est empressé de crier à son chef de file : — « Part à deux !

1608. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Pourquoi donc, sinon pour faire la guerre à l’argent de l’homme et pour subir les assauts de sa brutalité, sont-elles réunies dans le boudoir infâme de la maison de plaisir, ces filles en bas de soie bleue ou rose, dont les lèvres sont passées au rouge, les yeux soulignés au khol, les cheveux lavés à l’auréoline, et qui drapent dans un peignoir transparent leur corps souillé, — ce triste corps que des mains chrétiennes ont tenu sur les fonts du baptême, et qui, virginal et jeune, fut vêtu de blanc pour servir d’habitacle mystique au Sauveur, le matin de la première communion ? […] Il n’est peut-être pas chrétien, mais à coup sûr il l’a été. […] Une telle disposition semble entièrement contraire à celle de l’amateur qui se promène dans un musée, de même que le musée est par nature différent d’une église chrétienne, d’un palais de la Renaissance, d’un temple antique.

1609. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Beauzée Articles de l’Encyclopédie Compilation établie à partir de l’édition numérisée de l’ARTFL Beauzée, articles de l’Encyclopédie FORMATION Formation (Grammaire) FORMATION, s.f. terme de Grammaire, c’est la maniere de faire prendre à un mot toutes les formes dont il est susceptible, pour lui faire exprimer toutes les idées accessoires que l’on peut joindre à l’idée fondamentale qu’il renferme dans sa signification.

1610. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Il a jugé à propos, avec une charité peu chrétienne, de me plaindre d’avoir perdu le plus beau de mon imagination à l’Opéra-Comique.

1611. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Mais, par-dessus tout, ils ont un sentiment anglais et qui nous manque : ils sont chrétiens.

1612. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Alors notre vie sur la terre sera semblable à la vie du ciel ; et, quand nous serons au moment de rompre nos chaînes corporelles, rien ne retardera l’essor de notre âme vers les cieux. » Tout l’ascétisme chrétien qui allait éclore en Orient n’était-il pas là par pressentiment ?

1613. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Je les ai entrevus, et cela m’a peu réussi… Et mon seul vœu, c’est, après quelques années d’exil nécessaire, de reprendre ici cette vie pâle et douce, où j’avais la lâcheté de me croire malheureuse. » Bref, elle s’est ressaisie ; la foi, le courage et la paix lui sont revenus ; et elle a définitivement compris que ce fameux « droit au bonheur », dont de bouillants Norvégiens lui ont peut-être parlé, est un mot dépourvu de sens pour une chrétienne.

1614. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Nous trouvons Rose, tranquille, espérante, parlant de sa sortie prochaine, — dans trois semaines au plus, — et si dégagée de la pensée de la mort, qu’elle nous raconte une furieuse scène d’amour, qui a eu lieu hier entre une femme couchée à côté d’elle et un frère des écoles chrétiennes, — qui est encore là aujourd’hui.

1615. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Samedi 25 septembre — Aujourd’hui le lieutenant de gendarmerie nous faisait la description d’un singulier nid de chrétiens, qu’il avait découvert dans une perquisition.

1616. (1925) La fin de l’art

En ce cas, il n’aurait fait qu’ajouter un mystère de plus aux mystères chrétiens, le mystère de la cloison étanche.

1617. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Lui est Basque et vieux chrétien, il porte le don ; c’est un dragon timide et violent entièrement dépaysé hors de sa « montagne blanche ». — « Je pensais toujours au pays, et je ne croyais pas qu’il y eût de jolies filles sans bleues et sans jupes nattes tombant sur les épaules. » — Elle, c’est une effrontée, une coquette jusqu’à la brutalité ; « elle s’avançait eu se balançant sur ses hanches comme une pouliche du haras de Cordoue. » D’abord elle ne lui plaît pas ; il se sent trop loin avec elle de toutes les choses de son pays ; « mais elle, suivant l’usage des femmes et des chats qui ne viennent pas quand on les appelle et qui viennent quand on ne les appelle pas, s’arrêta devant moi et m’adressa la parole. » Ses premières paroles sont des railleries ; puis la rencontre de ces volontés dures et frustes toutes deux, hostiles au fond, se résume dans un geste qui vaut une action : « Prenant la fleur de cassie qu’elle avait à la bouche, elle me la lança, d’un mouvement du pouce, juste entre les deux yeux.

1618. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Corneille a sur Gœthe sa supériorité de Corneille, mais il a aussi sa supériorité de chrétien, et celle-là est plus grande encore.

1619. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

» La semaine où il rencontra Barrès, Henri Bremond prêchait alors le carême à la cathédrale, et son hellénisme chrétien ne s’en exaltait pas moins des promenades qui le portaient, au matin, vers les Panathénées. […] C’est là le livre d’un humaniste chrétien, et une des fleurs les plus charmantes de notre culture française.

1620. (1864) Études sur Shakespeare

Le clergé chrétien des Saxons fut saxon lui-même, longtemps grossier et barbare comme ses fidèles, jamais étranger, jamais indifférent à leurs sentiments et à leurs souvenirs. […] Ainsi quand Zaïre nous a émus comme amante, nous sommes enclins à trouver qu’elle abandonne bien aisément cette situation où elle nous a placés, pour entrer dans celle de fille et de chrétienne.

1621. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

. — Quelques médiocres facéties : La Relation de la maladie et de la mort du Père Berthier, 1759 ; — Les Quand, 1760, réponse à un discours académique où Lefranc de Pompignan avait attaqué les philosophes ; — ses Dialogues chrétiens, 1760, — et un opuscule plus important : l’Extrait des sentiments de Jean Meslier, 1762, — achèvent de faire de lui le chef incontesté du parti philosophique. — L’Éloge de Crébillon, 1762 ; — le Commentaire sur Corneille, — et le Recueil de pièces originales concernant la mort des sieurs Calas, 1762. […] La philosophie de Bernardin de Saint-Pierre ; — et qu’elle se réduit presque entièrement à l’idée de finalité. — Ses exagérations à cet égard ; — déjà dans les Études ; — mais surtout dans les Harmonies ; — lesquelles à la vérité n’ont paru qu’après sa mort. — Du principe de ces exagérations ; — et qu’en même temps que d’une connaissance plus intime de la nature, — elles procèdent de l’intention de réagir contre la philosophie du xviiie  siècle. — Comment elles ont conduit Bernardin de Saint-Pierre à s’inscrire en faux contre la science de son temps ; — à subordonner la science à la morale ; — et la morale elle-même à l’esthétique. — Qu’à cet égard comme à plusieurs autres, c’est par Bernardin de Saint-Pierre que Chateaubriand se rattache à Rousseau ; — le Génie du christianisme à la Profession de foi du vicaire savoyard ; — et la rénovation de l’idée chrétienne à la crise du sentimentalisme dans la seconde moitié du xviiie  siècle.

1622. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Et enfin soyez bon chrétien, écrivez sans espoir qu’on vous réponde que vous êtes lu et que vos lettres ne sont pas livrées à la publicité. […] Donc, voilà Louis-Jules-René-Marie chrétien et demain il communie.

1623. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Nous parcourons une ville d’abord exaltée, brillante, païenne et philosophique, puis chrétienne et croyante et grise. […] Le comte Tolstoï s’est rapproché de ces théories dans ses derniers ouvrages, mais il les a jointes à des idées chrétiennes de renoncement et de sacrifice fort différentes. […] Les quelques tendances mystiques qui se sont manifestées dernièrement çà et là ont essayé de rejoindre les aspirations socialistes, les efforts de la religion chrétienne si longtemps dominatrice du monde européen et qui n’abandonne point les cœurs sans secousses. […] Je ne veux point ici prendre fait et cause pour la doctrine du héros, de Carlyle ou de Nietzsche, pas plus que pour celle du nivellement des premiers chrétiens, de Pascal, du socialisme moderne.

1624. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Certes, je n’ose pas faire allusion à ces Examens où le grand Corneille cherchait les défauts de ses tragédies avec le scrupule d’un chrétien qui se prépare au sacrement de la pénitence. […] Si cela même t’est refusé, reçois-nous dans ton asile ; car du sein de la mort tu suffiras à sauver le monde chrétien, ô toi qui sus vaincre le genre humain tout entier, hormis une femme ! 

1625. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

c’est qu’elles sont de bonnes femmes et qu’elles sont chrétiennes, notez ce point. […] Corneille, très profondément pénétré d’esprit chrétien, comme tous les grands esprits de son siècle, et on ne l’a pas fait assez remarquer, Corneille a commencé par montrer la vertu comme un immense effort, comme la chose la moins naturelle du monde, et comme l’effet violent de la volonté surexcitée ; puis, à force de voir la vertu comme un produit de la volonté, il a fini par voir la vertu dans la volonté même, et par nous présenter la volonté s’exerçant toute seule et à vide comme si elle était une vertu de soi, et se suffisait à elle-même. […] Il faut un public pénétré, soit d’humilité chrétienne, soit de ce commencement ou de ce résidu de christianisme qu’on appelle le pessimisme, pour accepter une comédie pareille. […] Il est bien trop chrétien pour cela.

1626. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Sophocle. Œdipe à Colone Adaptation en trois actes de M. Jules Gastambide, musique en scène de M. Francis Thomé (Théâtre de l’Œuvre). L’Œuvre nous a présenté sur la scène du Nouveau-Théâtre une adaptation française d’Œdipe à Colone par M. 

1627. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Il est donc là, ne sentant son corps que pour en souffrir, et se complaisant dans cette souffrance, « l’état naturel du chrétien », se sachant à deux doigts de la mort et s’immobilisant dans la contemplation de l’heure suprême, de ce dernier acte toujours sanglant, après lequel, comme il l’a écrit avec une énergie effrayante, « on jette un peu de terre sur la tête, et en voilà pour jamais ». […] Avons-nous affaire à un chrétien, ou à un sceptique ? […] Le chrétien, lui, les voit toutes deux. […] Mais cette paraphrase s’orchestre en hymne, et ces variations sur un thème de Catulle et d’Horace accompagnées par l’orgue immense de ce génie chrétien prennent des sonorités grandioses de plain-chant.

1628. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Car si je sais, comme tout le monde, que Pascal avait formé le projet d’écrire une Apologie de la religion chrétienne, j’ignore quel en était le plan, et tous ceux qui, depuis un demi-siècle, l’ont prétendu rétablir, n’en savent pas plus que moi. […] Disons-le donc avec lui : le pyrrhonisme de Pascal n’est qu’une des formes ou une des faces de son pessimisme ; et, de l’insuffisance de nos moyens de connaître, la conviction que tirent les Pensées n’est pas tant celle de notre impuissance à trouver la vérité que celle de notre corruption et de notre déchéance d’un état où nous peuvent seules remettre la religion et la vie chrétienne. […] Elle terminerait la question des emprunts si nombreux que Pascal a faits à Montaigne, pour les marquer de son originale et si profonde empreinte, je veux dire la question de l’emploi qu’il en eût fait pour son Apologie de la religion chrétienne. […] Car il n’est pas rigoureusement vrai qu’autrefois, comme on le répète, un homme « né chrétien et français » ne fût pas en voie d’arriver à tout ; seulement, pour y arriver, ce qu’on doit dire, c’est qu’il fallait, s’il était « né peuple », qu’il passât par le canal de la domesticité.

1629. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

et que devient le sentiment chrétien devant ces décorations d’opéra ?

1630. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

. — Vous allez dire à votre bonne petite mère que son cœur est simple, pur et véritablement chrétien ; mais qu’elle est plus enfant que vous dans sa conduite, qu’elle n’a pas assez réfléchi à ce qu’elle vient de vous ordonner, et que je la prie de considérer que rendre à un malheureux le cadeau qu’il a fait, c’est l’humilier et lui faire mesurer toute sa misère.

1631. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

tiens, — s’écria-t-il en clignant les yeux et avec le frémissement de la haine sur les lèvres — dévore, maudit assassin, bois le sang d’un chrétien, bois-le… Le forestier se retourna.

1632. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Voici comment il qualifiait la religion chrétienne: Ah !

1633. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

vous ne connaissez pas la jouissance de sentir, sous ses bottes, des tas de chrétiens ! 

1634. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Cela chrétien !

1635. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

— Ça a dû se faire… ça ne s’est pas fait… mais tenez, vraiment c’est assez curieux… J’avais un ami, l’abbé Pioger, qui aussitôt que j’avais fait un livre, le refaisait au point de vue clérical… ainsi La Pluralité des mondes, refaite par lui à l’usage des écoles chrétiennes… et sans trop me citer… Mais, il était mon ami… Quand j’ai dû me marier, il m’a dit : « — Vous devriez vous marier à l’église ?

1636. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — La Source du Fleuve chrétien.

1637. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

La croyance à la transmission inéluctable des caractères par voie de filiation a été aussi funeste que l’anankè grec et le fatum des latins, sans omettre la providence des chrétiens ; non seulement, elle a été la sanction de toutes les injustices, de toutes les spoliations et de tous les privilèges, mais encore elle a rabaissé l’humanité tout entière en ôtant à l’homme son libre arbitre, conséquemment sa responsabilité.

1638. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Vous avez retrouvé comme par enchantement toutes les souplesses, toutes les naïvetés dont notre langue semblait déshabituée depuis deux siècles ; vous avez rendu à la période française l’ampleur flottante et majestueuse qu’elle avait perdue depuis la Renaissance ; vous avez sculpté notre idiome, vous l’avez découpé en trèfles et en dentelles ; vous avez gravé dans la parole les merveilleux dessins qui nous ravissent dans les tours moresques, dans les palais vénitiens, dans les vieilles cathédrales chrétiennes.

1639. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Elles corrompent, elles « infectent. » L’aigle de Meaux déchire de son bec le cadavre de Molière lui-même ; l’oiseau de proie sacré dépèce horriblement ce pauvre mort, et nous le montre, dans sa charité chrétienne, passant brusquement de la coulisse où il vomit le sang au tribunal de celui qui dit : Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez ! […] L’auteur y parle de la douleur d’un chrétien « en voyant le théâtre révolté contre l’autel, la Farce aux prises avec l’Évangile, un comédien qui se joue des mystères, et qui fait raillerie de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la religion ».

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