Pour mon compte, je viens de subir une rude épreuve contre laquelle je me roidissais depuis bien longtemps ; elle m’a confirmé dans la pensée que rien n’est plus fatal à un artiste que son éloignement de la multitude et du froissement du monde : l’isolement ne laisse prendre aucun repos à sa pensée dominante ; son sommeil même ne lui procure plus le moindre délassement ; une seule idée le domine sans cesse : elle l’use et l’énerve à force d’y songer, et, au bout du compte, il finit par ne plus savoir où il en est, faute d’objet de comparaison d’une part, et de l’autre parce qu’il ne rencontre plus sur sa route cet imprévu qui donne à chacun de nous la connaissance de sa force. » « Je suis convaincu, mon cher ami, que l’affaiblissement dans lequel je suis tombé est prématuré, que si les circonstances déplorables qui depuis une année ont changé mes rapports avec la société32 ne s’étaient pas présentées, je suis persuadé, dis-je, qu’il m’aurait été possible de soutenir plus longtemps le rang que mes travaux m’avaient assigné. […] » Mais quand on vit tous les titres, pair de France, membre de l’Institut, etc., l’affaire changea de face, et le commis-voyageur eut besoin qu’on intercédât pour ne pas être mis au violon.
Ses habitudes étaient prises, sa vie réglée ; il n’y changea rien. […] Le goût changeait donc, et La Bruyère y aidait insensiblement.
Sans doute, la poésie alors était fort mêlée, et confuse ; pourtant, dès qu’un vrai talent se rencontre, il sait se faire sentir, et lorsqu’à travers les pièces de François Ier il s’en glisse quelqu’une de Marot, de Mellin de Saint-Gelais, ou même de la reine Marguerite, le ton change notablement, le courant vous porte, et l’on est à l’instant averti. […] Puis le goût changea brusquement à la mort de François Ier.
Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) I Quoi qu’il en soit de ce vœu, comme de tant d’autres, le livre de M. de Marcellus est un des livres de jeunesse qui sont les plus doux à emporter dans son bagage de voyageur ou à feuilleter dans son âge avancé, quand on veut se donner une odeur du printemps de la vie ; on y vogue, on y change d’horizon à tous les levers de l’aurore ; on y chante à demi-voix les vers mémoratifs de ses études, on y parle la plus riche et la plus sonore des langues ; et, par-dessus tout, on y cause avec un compagnon de route toujours instruit, toujours spirituel, toujours tempéré et souriant, qui semble avoir en lui la précoce et froide sagesse du vieillard à côté des belles illusions de la vie. […] Son importance s’en accrut ; nommé pair de France par le roi, il changea de parti plusieurs fois par d’habiles transactions qui le menaient au but, tantôt foudroyant dans M.
« C’est ainsi que Cosette devenait peu à peu une femme et se développait, belle et amoureuse, avec la conscience de sa beauté et l’ignorance de son amour… » XXII Ce bonheur sans conscience de lui-même est interrompu par la jalousie paternelle de Jean Valjean, qui craint une embûche de libertinage pour sa fille ; il change de domicile et de promenade. […] Il y en a un véritablement touchant, comme une légende de Juif-Errant de la science, c’est celui du vieil homme de lettres, amant passionné des livres, et dévoré par eux, qui mange sou à sou son mince patrimoine pour s’en procurer, qui finit par les vendre un à un pour vivre, et qui, lorsqu’il a vendu le dernier, meurt lui-même désespéré de sa passion du livre, d’abord résignée, puis changée en fureur !
Puisque vous aspirez encore à la gloire, changez de route ; méprisez des règles surannées qui contrarient la nature, qui offensent la raison : élancez-vous dans la carrière que Shakespeare et Schiller, Otway et Goethe ont illustrée, sans la fermer. […] Changez d’art, faites un roman ; je souffrirai bien volontiers que vos héros voyagent ou vieillissent, parce que je lirai un récit, et que je n’assisterai point à une tragédie représentée, ou plutôt accomplie devant moi.
Il se refuse à souffrir aucune rature, à changer aucun des passages biffés ou notés par le despote : et il attend la persécution — qui ne vient pas (1811). […] Il n’appartient guère, fût-ce à un livre de génie, de créer de pareils courants : et, comme je l’ai dit de la Satire Ménippée, ces ouvrages qui paraissent avoir brusquement retourné l’opinion, doivent leur succès même à ce que l’opinion est déjà, plus ou moins secrètement, changée.
Il y a un accent de mâle éloquence dans cette apostrophe aux rois qui accablent leurs sujets d’impôts, et qui boivent le sang du peuple dans des vases dorés : Mauvais pasteurs du peuple, écorchez vos troupeaux, Pour changer en draps d’or leurs misérables peaux. […] Où est, en effet, la bonne langue française, si ce n’est au centre de la France, à Paris ; et, puisque la cour a pu être tour à tour italienne, gasconne ou espagnole, dans le peuple même de Paris, qui ne change pas, et qui est ce qu’il y a de plus français en France ?
Ajoutons que les rapports des mots changent avec les révolutions des choses et que, dans l’appréciation de leur sens, il ne faut considérer que le centre des notions, sans chercher à enclaver ces notions dans des formules qui ne leur seront jamais parfaitement équivalentes. […] La révolution qui depuis 1820 a changé complètement la face des études historiques, ou, pour mieux dire, qui a fondé l’histoire parmi nous, est apparemment un fait aussi important que l’apparition de quelque nouveau système.
Une simple adjonction orchestrale change du tout au tout, annulant son principe même, l’ancien théâtre ; et c’est comme strictement allégorique, que l’acte scénique maintenant, vide et abstrait en soi, impersonnel, a besoin, pour s’ébranler avec vraisemblance, de l’emploi du vivifiant effluve qu’épand la Musique. […] Le paysage s’est un peu effacé de ma mémoire ; pourtant, j’ai le souvenir d’un lac bleu étendu dans la plaine et d’un palais de féérie ou de rêve — toute cette journée, d’ailleurs, est restée pour moi un rêve, un de mes meilleurs, — où le style changeait d’étage en étage, racontant la persévérance des souverains du lieu à construire leur tanière, avec de très fines décorations et de si nombreuses fenêtres qu’il ressemblait à une merveilleuse boîte à jours.
Que les idées de Wagner aient changé, soit ; mais elles ont changé à des dates fixes, auxquelles correspondent différentes œuvres.
Phidon de Corinthe, au ixe siècle, exigeait que le nombre des familles et des propriétés ne pût être changé, ce qui expliquait jusqu’à la prohibition pour chaque famille de partager sa terre. […] La disposition par laquelle il changeait quelque chose à la coutume héréditaire, devait être approuvée par un vote du peuple assemblé par curies sous la présidence du pontife.
Ils n’ont changé de rien, ni de gilet, ni d’esprit, ni de maîtresse, ni de situation. […] Donner les nouvelles sociales, la philosophie des aspects des salons et de la rue, — commencer par un premier article sur l’influence de la fille dans la société présente, — un second sur l’esprit contemporain et sur ce que le monde et même les jeunes filles ont emprunté à la blague et à l’esprit de l’atelier, — un troisième sur la bourse et la plus-value des charges d’agent de change, etc., etc.
Il rédigeoit ses recueils sous divers titres des Vies des Saints, d’Auteurs, d’Empereurs, de persécutions, d’Hérésies & les mettoit en ordre sans changer les termes des auteurs qu’il copioit. […] Enfin il a renfermé tout ce qui concerne les Moines de la Palestine dans le septiéme livre qui finit au tems que le Calife Omar prit Jérusalem, & changea la face de ces pays pour toujours.
Capefigue changera peu de chose à cela, et comment le pourrait-elle ? […] Et pourtant c’était cette insignifiante et assez honteuse physionomie que la visée de l’auteur de ce livre au titre respectueux et qui fait presque la révérence, Madame la comtesse Du Barry, était de changer !
Or, cette ingénieuse providence se change bientôt, sous cette plume qui glisse et patine, en quelque chose d’égoïste qui nous exploite, et l’univers, qui est ce quelque chose, devient « un tyran d’une immoralité et d’une cruauté épouvantables ». […] Comme les gens qui n’ont qu’une idée, il l’applique à tout, sans y rien changer, et il ira comme cela jusqu’à la fin du monde, ou jusqu’à sa fin de Renan.
Si vraiment mon souvenir visuel d’un objet, par exemple, était une impression laissée par cet objet sur mon cerveau, je n’aurais jamais le souvenir d’un objet, j’en aurais des milliers, j’en aurais des millions ; car l’objet le plus simple et le plus stable change de forme, de dimension, de nuance, selon le point d’où je l’aperçois : à moins donc que je me condamne à une fixité absolue en le regardant, à moins que mon œil s’immobilise dans son orbite, des images innombrables, nullement superposables, se dessineront tour à tour sur ma rétine et se transmettront à mon cerveau. Que sera-ce, s’il s’agit de l’image visuelle d’une personne, dont la physionomie change, dont le corps est mobile, dont le vêtement et l’entourage sont différents chaque fois que je la revois ?
Qu’il soit politique, ou social, ou religieux, ou moral, ou esthétique, ce principe n’est jamais qu’une autre face ou une autre phase du même problème éternel ; mais au fond peu importe qu’il ne soit qu’un recommencement ou qu’une combinaison d’éléments déjà connus ; rien ne se répète absolument dans l’histoire33 ; le même principe, revenant à quelques siècles d’intervalle, signifie autre chose parce que les conditions du groupe où il se réalise ont changé. […] Malgré la vanité toujours latente, il en est beaucoup parmi nous qui ne voient aucune honte à changer d’opinion, à se rendre à l’évidence, à céder devant la force d’une date, devant la logique d’un raisonnement ; entre honnêtes gens de cette sorte, la discussion sera toujours féconde, même si elle ne menait pas à une entente parfaite ; et, quoi qu’en pensent les positivistes et les amateurs d’inédit, il sera toujours plus utile de discuter sur la mission de l’humanité que de savoir quel fut le premier amant de Mlle de Lespinasse.
Tout n’est pas d’invention, il s’en faut de beaucoup ; j’ai plutôt déguisé certains faits que je ne les ai changés : mais j’ose dire que rien n’y choque la vraisemblance. […] Grace aux progrès de la raison, les temps & la maniere de voir sont changés.
Il faut en conclure seulement, peut-être, que par moments, dans le détail de l’expression, il s’est laissé aller en pur artiste à un caprice d’énergie exorbitante qui distrait et donne le change sur l’ensemble de sa pensée ; mais l’intention générale, la philosophique moralité de son inspiration n’est pas douteuse ; elle ressert manifestement de ses compositions les plus importantes, de la Curée, de la Popularité, de l’Idole, de Melpomène ; elle est écrite en termes magnifiques, au début et à la fin du volume, dans les pièces intitulées Tentation et Desperatio ; car ce livre, né de la révolution de Juillet, pour plus grande analogie avec elle, entr’ouvre le ciel d’abord et nous leurre des plus radieuses merveilles ; puis de mécompte en mécompte, il tourne au désespoir amer et crève sur le flanc comme un chien.
A chaque grande révolution politique et sociale, l’art, qui est un des côtés principaux de chaque société, change, se modifie, et subit à son tour une révolution, non pas dans son principe tout à fait intérieur et propre, qui est éternel, mais dans ses conditions d’existence et ses manières d’expression, dans ses rapports avec les objets et les phénomènes d’alentour, dans la nature diverse des idées, des sentiments dont il s’empreint, des inspirations auxquelles il puise.
Mais on devra arriver, dans la voie des recherches que je sollicite, à fixer avec plus de précision les circonstances et l’origine des inventions mémorables en astronomie, en agriculture, en art militaire, qui ont changé la face de la science et de la société. — L’emploi de la vapeur dans les machines se voit au xvie siècle : en sera-t-il fait mention quelque part auparavant ?
Les femmes sans esprit de conversation ou de littérature, ont ordinairement plus d’art pour échapper à leurs devoirs ; et les nations sans lumières ne savent pas être libres, mais changent très souvent de maîtres.
Quant à ses lettres de change, s’il en fait et qu’il ne les paye pas, M.
. — Pourquoi François Ier, pourquoi Louis XIV ont-ils à un certain moment changé leur politique, donné une direction imprévue aux affaires, commis des fautes qu’ils n’eussent pas dû commettre ?
L’homme étranger à toute idée de physique, qui croit qu’en priant il change la marche des nuages, arrête la maladie et la mort même, ne trouve dans le miracle rien d’extraordinaire, puisque le cours entier des choses est pour lui le résultat de volontés libres de la divinité.
Les armes de la Nature se changent sous sa main en ornemens du Discours.
Les satrapes le dénoncent au roi, qui veut le sauver ; mais ils lui disent : « — Sache, ô roi, que la loi des Perses est qu’aucun arrêt rendu par le roi ne puisse être ni révoqué, ni changé. » Darius, qui aimait Daniel, se désole : il n’en fait pas moins jeter aux lions le prophète, et il scelle de son anneau la dalle de la fosse.
On voit aussitôt comment l’individu court le risque d’être égaré, de prendre le change, de se concevoir autre qu’il n’est à l’instigation de celles de ces images qui furent projetées dans sa conscience par des activités étrangères.
Il reforma tout l’Hélicon, Y changea mainte & mainte chose, En dépit même d’Apollon.
Les persiflages ne changeront pas les faits.
Les gouvernements se sont toujours appuyés sur les traditions ; mais les peuples refusent de se soumettre désormais à l’autorité des traditions : tous les termes du problème sont donc changés.
Sur ce point, je n’ai point changé, et j’en préviens.
Je pourrais en citer des douzaines, si j’en voulais citer… C’est qu’au xviiie siècle, les femmes n’aspiraient pas à changer de sexe ; c’est qu’alors le bas-bleu était rare… D’ailleurs, nous avons tous un peu perdu de notre légèreté héréditaire et de cette grâce de France, exécrée des pédants, issus de la Révolution française, la grave coquine, avec qui nos pères ont couché.
La Correspondance diplomatique, interrompue en 1811, dans ces deux premiers volumes qui nous donnèrent un de Maistre d’invention encore plus que de découverte, va, avec les deux volumes nouveaux, de 1800 à 1817 ; c’est-à-dire qu’elle embrasse en définitive les plus grands événements du siècle qui a changé la Tradition européenne.
Depuis ce temps-là, les âmes royales ont-elles changé ?
… » Franchement, l’homme qui a écrit de ce style-là, sans le changer ou le modifier jamais dans tout son livre, est trop fort dans la déclamation pour trouver qu’Héloïse puisse être jamais déclamatoire et pour juger de la sincérité de quoi que ce soit dans l’expression des idées ou des sentiments.
… Franchement, l’homme qui a écrit de ce style-là, sans le changer ou le modifier jamais dans tout son livre, est trop fort dans la déclamation pour trouver qu’Héloïse puisse être jamais déclamatoire, et pour juger de la sincérité de quoi que ce soit dans l’expression des idées ou des sentiments.
Les cynismes du xviiie siècle, en débauche d’esprit comme de mœurs, n’y ont rien changé.
« Le temps vole — dit-il — et les choses changent de face… (Souvenirs et Regrets !)
Pour l’auteur de l’Énigme d’Alceste, ce n’est pas Louis XIV qui a changé, élevé et ennobli son siècle.
Il nous serait doux d’intervenir à temps dans le développement de ce jeune homme, qui pourrait avoir, s’il changeait de voie, une personnalité demain.
la place Change et classe Les objets Et (que croire ?)