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909. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

Dès qu’il s’agira de Tragédies, de Pastorales lyriques, de Poésies légeres, le Public a déjà décidé que cet Auteur ne figureroit jamais parmi les bons Poëtes de notre nation. […] On peut ajouter que sa Poétique n’est nullement propre à servir de guide aux jeunes Auteurs qui voudront se former le goût. […] Rabelais, & l’Auteur du Moyen de parvenir, en fournissent de fréquens exemples.

910. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Alcide Dusolier »

J’ai dit ce que je pensais du critique littéraire en Dusolier, qui a débuté par un ouvrage intitulé Nos gens de lettres, un peu trop aimable pour nous tous, mais où l’œil trop bleu de l’auteur et trop noyé de bienveillance avait cependant des justesses et des pénétrations singulières. […] Le moraliste, que j’ai vu aussi dans ces Propos littéraires et pittoresques, où l’auteur tire les petits ridicules comme les bécassines, et en entretiendrait la cuisine du Nain Jaune s’il lui plaisait, le moraliste doublera parfaitement le peintre quand Dusolier voudra sérieusement être romancier et regarder dans les cœurs et dans le sien comme il sait regarder dans les choses extérieures, — les paysages de ses campagnes ou les êtres de son logis ! Dans tous les cas, quoi qu’il fasse et quoi qu’il devienne, ce qui est acquis, ce qu’il est présentement, l’auteur de ces propos, qui ne sont pas des caquets, non !

911. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Ils placent dans le même âge Aristophane, premier auteur de la vieille comédie, dont les nuées perdirent le vertueux Socrate. […] Les anciens lyriques furent sans doute les auteurs des hymnes en l’honneur des dieux, analogues à ceux que l’on attribue à Homère, et écrits aussi en vers héroïques. Chez les Latins les premiers poètes furent les auteurs des vers saliens, sorte d’hymnes chantés dans les fêtes des dieux par les prêtres saliens.

912. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

L’auteur ne nous fait grâce ni d’une ventouse, ni d’un sinapisme, ni d’aucun des médicaments que l’on peut administrer à un malade. […] La prédilection de l’auteur pour Vautrin est évidente. […] Dans Ursule Mirouët, un des meilleurs récits de l’auteur, tout le commencement est excellent. […] répond l’auteur, il faut que je sois tombé bien bas dans votre estime, puisque vous me croyez capable d’une pareille saleté !  […] On le sait, et l’auteur lui-même nous le déclare avec une modestie pleine de grâce, M. 

913. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Mais l’auteur des Châtiments ne ressemble qu’à Isaïe, qu’il dépasse. […] Eugène Bazin, auteur des Rayons, de M. Félix Godin, auteur des Poésies chrétiennes, de M. Louis Goujon, auteur des Gerbes déliées, de M.  […] Bailly, auteur, (Sainte-Beuve lui-même ne savait pas de quoi), de M. 

914. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Le nom de l’auteur était un mystère. […] L’auteur mit à entretenir son succès le même talent qu’à le préparer. […] On m’assure que non, que l’auteur est de bonne foi. […] Le premier mérite de l’auteur est une morale irréprochable. […] L’auteur leur a fait dans son récit une large et juste place.

915. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

En parlant des auteurs de cette époque intermédiaire, des morts de la veille ou des vivants qui n’en valaient guère mieux, il avait tout ce qu’il fallait pour être juste, tenir la balance, y mettre les deux parts, ne pas tout secouer et rejeter comme on a fait depuis. […] Hugo, de Vigny, et, tout en réservant son indépendance, il se plaçait pour l’examen des œuvres au point de vue des auteurs ; il leur appliquait les règles et les principes d’après lesquels ils avaient désiré être jugés eux-mêmes. […] Il y mêla, envers le nouvel auteur, toute sorte de chicanes rétroactives, étrangères à l’œuvre présente, la seule qui fût en cause. […] Combien d’œuvres spirituelles et déjà comiques d’auteurs anonymes il nous fait passer sous les yeux ! […] L’auteur a omis, je ne sais pourquoi, d’y joindre des dessins et figures, oubliant trop qu’aujourd’hui il ne se fait plus de livres de ce genre sans gravures à l’appui.

916. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Si l’on ne récompensait que des ensembles d’ouvrages, l’œuvre déjà important d’un auteur, au lieu d’un ouvrage seul, bien certainement l’entente serait plus aisée. […] Je crois, je suis certain même, que l’auteur de Chérie, si fier, si noble, si digne, si pointilleux, sur le point d’honneur littéraire, aurait jeté au feu son testament, s’il avait prévu la façon dont ses volontés seraient respectées. […] — de la valeur d’un livre et se préoccupe uniquement de savoir si l’auteur est nationaliste, dreyfusard, centre-gauche, patriote, antimilitariste, libre-penseur, juif, protestant, boudhiste, ultramontain ou j’menfichiste, eh bien ! […] Ce qu’il serait bon de montrer, c’est combien ces prix, loin de leur être favorables, sont funestes aux nouveaux auteurs. […] Je ne songe nullement à nier le talent, le génie de l’auteur élu.

917. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Quand nous soumettrons un ouvrage à son examen, nous aurons soin qu’il lui soit toujours présenté par l’auteur. […] L’auteur, qui du fauteuil, où dorment ses confrères Combat résolument les vertus somnifères, Était de nos quarante un des plus renommés. […] Moins triste était le sort de notre auteur tragique On n’en était encor qu’au sommeil léthargique Que provoque l’ennui de ne pouvoir bouger. […] « Vous êtes un auteur et ne savez pas lire ! […] Ne sachant plus alors à quel saint se vouer, Au maître du logis le pauvre auteur s’adresse : « Voyons, mon général, le temps fuit, l’heure presse.

918. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Un nouvel auteur M.  […] L’auteur d’Aziyadé (Pierre Loti). […] L’auteur, M.  […] Je choisis parmi les passages qui résument le mieux l’humour de l’auteur. […] Tout auteur qui ne se sent pas disposé à cet examen peut renoncer au théâtre, il ne sera jamais auteur dramatique.

919. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Chaque génération savait et redisait par le chant la tradition du passé, l’augmentant, la variant sans cesse, ignorant l’auteur ou les auteurs de ces poëmes, et les attribuant à des personnages fabuleux. […] Jean Passerat, l’un des auteurs de la Satyre Ménippée, était encore le seul, avant Béranger, qui eût imprimé au couplet, au quatrain politique, une véritable perfection littéraire. […] Quant au dieu de Béranger, c’est un dieu indulgent, facile, laissant beaucoup dire, souriant aux treilles de l’abbaye de Thélème , n’excommuniant pas l’abbé Mathurin Regnier, pardonnant à l’auteur de Joconde, même avant son cilice ; c’est un dieu comme Franklin est venu s’en faire un en France, comme Voltaire le rêvait en ses meilleurs moments, lorsque, d’une âme émue, il écrivait : Si vous voulez que j’aime encore… Théologie, sensibilité, peinture extérieure, on voit donc que chez Béranger tout est vraiment marqué au coin gaulois : qu’on ajoute à cela un bon sens aussi net, aussi sûr, mais plus délié que dans Boileau, et l’on sentira quel poëte de pure race nous possédons, dans un temps où nos plus beaux génies ont inévitablement, ce semble, quelque teinte germanique ou espagnole, quelque réminiscence byronienne ou dantesque. Pour achever le contraste, tandis que les génies poétiques de ce temps trahissent, presque tous, en leurs vers une allure plus ou moins aristocratique, soit par culte de l’art, soit par prédilection du passé féodal, soit par mystérieuse chasteté d’idéal dans les sentiments du cœur, Béranger est le seul poëte qui, indépendamment même du choix des sujets, ait gardé la rondeur bourgeoise, l’accent familier, la tournure d’idées ouverte et plébéienne ; par où encore il semble descendre en droite ligne de cette forte lignée à tempérament républicain, qu’on suit, sans hésiter, dans les trois derniers siècles, et de laquelle étaient Étienne de La Boëtie, les auteurs de la Ménippèe, Gassendi, Guy Patin, Alceste un peu je le crois, et beaucoup d’autres.

920. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

L’amitié certainement a des droits, la sincérité d’intention a des priviléges ; il est d’usage de penser et de dire sur l’auteur qu’on publie, sur l’ami dont on recueille les reliques, un peu plus que tout le monde, et la part d’illusion permise a sa latitude. […] » De telles manières de louer son auteur sont faites pour impatienter, convenons-en ; quoi ! […] Victorin Fabre lui-même manqua essentiellement de l’exquis en littérature ; après ses premiers essais, qui ont du ton, du nombre, du mouvement, des passages d’éclat, de nobles pensées, mais qui ne sont que d’un disciple encore, on put croire un moment qu’il allait se dégager et prendre son essor avec aisance ; l’Éloge de La Bruyère donnait lieu de l’espérer ; mais l’Éloge de Montaigne, remarquable pourtant, ne tint pas cette promesse ; l’auteur, en cet heureux sujet, n’eut rien de libre ni de léger ; en voulant approfondir, il s’aheurta, il fut rocailleux, il commençait à se montrer pesant. […] Sabbatier ne soient que celles de l’auteur même, traduites par un disciple et plutôt grossies que dénaturées, il n’est pas moins à regretter que le biographe se soit donné ainsi pleine carrière, et que sa misanthropie, en s’ajoutant aux humeurs noires d’Auguste Fabre et de Victorin, vienne aujourd’hui compromettre, sous une teinte aussi fâcheuse et trois fois morose, une publication qui, présentée sous un meilleur jour et ne réclamant que d’équitables éloges, eût mérité de tous indulgence et sympathie. […] Mais que peut-on dire quand le biographe, au milieu des jugements outrageux qu’il fait planer sur tout ce qui écrit, exige pour son auteur une admiration exclusive et sans réserve ?

921. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Les étreintes y sont fréquentes et variées dans leurs modes, et l’auteur les décrit avec une habileté rapide et qui reste décente, mais qui n’est point timide. […] Cela vient peut-être de ce que l’auteur parle presque toujours pour eux. […] L’auteur nous les donne tels qu’ils se répercutent dans sa pensée, où ils s’éclaircissent et s’enrichissent à la fois. […] C’est Choulette qui est chargé d’exprimer les opinions particulièrement subversives de l’auteur, ses négations et ses révoltes les plus hardies. […] Ils vont uniquement à leur plaisir, et l’auteur les absout tous ensemble.

922. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

L’auteur avoit en vue la gloire du théâtre François, l’espérance d’être utile aux jeunes poëtes, de développer le germe des talens dramatiques. […] Corneille tira de cette infamie une vengeance, & la vengeance la plus douce pour un auteur, celle de voir les ouvrages de son ennemi sifflés par le public. […] Il feint une lettre d’Ariste à Cléanthe, dans laquelle il soutient n’avoir rien pris à l’auteur de Clélie. […] On fut étonné de voir un auteur grave abandonner le genre sérieux pour celui de la galanterie & de la frivolité. […] L’auteur, au lieu d’y présenter la sagesse sous les traits de l’agrément & de la simplicité, donne dans une ridicule métaphysique de cœur & de sentimens.

923. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Cette publication importante, cet âpre travail où les faits tiennent une si grande place, et malheureusement toute la place, ce précis rapide, serré, virilement écrit, d’une, histoire à peu près inconnue, — car l’Espagne et la France, en se pressant l’une sur l’autre dans leurs luttes, l’avaient étouffée, cette histoire de peuples intermédiaires étranglés, écrasés entre les portes des deux pays, — on se demande, quand on la lit ou qu’on l’a lue, au profit de qui ou de quoi la voilà écrite, avec cette science et cette conscience, si ce n’est au profit isolé de l’auteur ? […] Considérable par la recherche, par l’érudition, par le dévouement à l’œuvre qu’il croit et veut être, le livre de Cénac-Moncaut n’est qu’un riche canevas que l’auteur peut à son choix réduire ou étendre, mais qu’il doit, de nécessité, remanier. […] En lisant cette histoire des Pyrénées, d’un vrai luxe perdu de renseignements, nous avons contracté pour l’auteur une estime profonde et une sympathie animée. […] Les considérations supérieures que la modestie de l’auteur ou sa fausse manière de concevoir l’histoire semble avoir redoutées, nous en avons signalé l’absence, mais non l’impuissance, à coup sûr. […] Pour donner une idée des choses excellentes et souvent fort belles que nous perdons dans cette espèce d’étouffement de l’esprit de l’auteur par les détails de son récit, nous transcrirons tout entier un passage que nous trouvons dans son quatrième volume, et qui nous a paru avoir la profondeur et la mâle mélancolie de Bossuet lui-même, quand Bossuet est seulement historien.

924. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

… Madame de Sévigné et ses amoureux, ces patiti qu’elle régalait de petites faveurs innocemment perverses, n’a donc rien à faire avec les femmes vertueuses pour de bon du xviie  siècle, avec ces saintes dont l’abbé Maynard, l’éminent auteur du Saint Vincent de Paul, nous écrit en ce moment la vie ; et si Hippolyte Babou, de cette main légère qui est la sienne, nous les môle à madame de Sévigné et à ses amoureux, dans son volume, comme des cartes à jouer qu’on fait se retrouver dans le même paquet, c’est que Babou, qui sait bien ce qu’il fait et qui ne fait que ce qu’il veut, ne veut être aujourd’hui qu’un faiseur de tours de cartes avec l’Histoire. […] soupçonnée dans l’auteur épigrammatisant des Lettres satiriques, le romancier aux nuances fines des Païens innocents, le boute-en-train qui, quand cela lui plaît, rigole avec l’Histoire, — qui la ferait sauter comme une femme ou comme un bouchon de champagne rose versé dans la coupe mousseline d’un style transparent, semé d’étincelles, et offert à ceux-là qui aiment l’Histoire, — corsée, mais non pesante, — et qui savent que les vins les plus purs doivent se boire dans les cristaux les plus légers ! […] Ils se prennent à la magie de cette espièglerie française qui les enivre de plaisir, et, quand ils sont enivrés, leur fait écrire des phrases idolâtres, que l’auteur des Lettres satiriques appellerait des sottises s’il les trouvait sous une autre plume que la sienne, mais qui n’y seraient pas, du reste, de cette façon-là ! […] III Nous voilà enfin arrivés à l’une des deux places de son volume où l’auteur de ces délicieuses bribes d’histoire, enlevées comme des bulles de savon et aussi colorées, se métamorphose et se permet la fantaisie d’être profond… C’est justement quand, dans l’ordre de ses Notices, il arrive à madame de Maintenon, et que lui, l’amoureux de madame de Sévigné, il passe à l’ennemi, si on peut dire l’ennemi d’une femme qui, pour avoir la raison la plus haute qu’une tête féminine ait jamais possédée, avait autant d’agrément à sa manière que la vive et brillante Sévigné. […] Lui, l’auteur des Païens innocents, et d’une notice sur le président de Brosses qui est du paganisme coupable, voilà qu’il nous écrit avec le sentiment le plus catholique la vie d’une sainte, et avec la même aisance qu’il eût écrit celle de Ninon !

925. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Comme la Médecine, enfin, qui n’est pas une science, quoiqu’elle s’en vante, mais un art, la Philosophie n’est-elle, pour l’auteur des Sophistes contemporains, qu’un empirisme ambitieux, plus ou moins temporairement heureux dans ses expériences, selon la force personnelle et relative du philosophe comme du médecin ? […] L’auteur est certainement un homme qui se connaît en philosophie, — qui jauge compétemment et lestement tous les systèmes, quoiqu’il se soucie peu de les hiérarchiser, dans son livre, par la somme de vérité qui les distingue les uns des autres. […] Seulement, il y a des hommes morts (cela s’est vu à Iéna pour les grenadiers russes), qui, morts, ne tombent pas : il faut qu’on les pousse ; et Descartes est encore debout, quoiqu’il soit mortellement frappé… Mais, cartésien ou non, l’auteur des Sophistes grecs et des Sophistes contemporains est, je crois, plus spirituel encore que spiritualiste, et je lui en fais mon compliment. […] — l’auteur est professeur, et toute profession a ses préjugés et nuit toujours à l’esprit qu’on a. […] Funck Brentano, mais toutes les contradictions, les confusions, les fausses règles, les non-sens des deux sophistes anglais, y sont étalés, percés à jour, déchiquetés, pulvérisés, réduits à rien, et plus l’auteur des Sophistes contemporains accomplit et prolonge ce travail de destruction, qui, sous une autre plume que la sienne, serait ennuyeux, — non par sa faute, à lui, mais par la médiocrité même des sophistes qu’il a devant lui, — plus il rayonne d’esprit et mêle à la raison et à la profondeur une imagination charmante.

926. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

… Le livre de l’abbé Gratry, ce traité de la Connaissance de Dieu d’un homme qui ne débute ni dans la science, ni dans la vie, et qui s’est préparé à dire sa pensée par une étude et une méditation inconnues aux hommes de ce temps, cet ouvrage, si largement tracé, et qui n’est pourtant que la façade du vaste système que l’auteur est près de démasquer comme on démasque, pan par pan, quelque majestueux édifice, peut-on le considérer, tout à la fois, comme une révélation et comme une promesse ? […] Et quant à l’Esquisse d’une philosophie, ce syncrétisme éblouissant, mais confus, cette mosaïque où tout se trouve, excepté la vérité, le nom célèbre de son auteur n’en put cacher sous son éclat les nombreuses erreurs et les faiblesses. […] … Assurément, quand on parcourt l’inventaire d’hommes et de choses que nous venons de traverser d’un regard, et qui forme la philosophie française au xixe  siècle, il faut bien avouer qu’un philosophe un peu carré de base n’a pas besoin de l’être beaucoup du sommet pour se faire à bon marché une très belle gloire, à plus forte raison quand il a les facultés de grande volée que l’abbé Gratry a montrées en ces deux volumes qui ne sont, nous le répétons, que les prodromes d’un système intégral arrêté et creusé depuis de longues années dans la pensée de son auteur. […] Une chose qui nous paraît, du reste, encore plus considérable et plus nouvelle que la méthode inductive elle-même, que ce passage du fini à l’infini dont l’abbé Gratry décrit le mouvement dans l’intelligence avec une si rare précision, c’est la disposition morale de la volonté exigée pour que le mouvement de l’esprit s’opère aisément et s’accomplisse : « Le mouvement intellectuel vers l’infini, c’est-à-dire vers Dieu, est toujours vrai, — a dit l’auteur de la Connaissance de Dieu ; — il est toujours possible, dès que l’homme est doué de raison ; mais il ne s’exécute pas dans l’âme sans un mouvement de cœur correspondant. » Et c’est ainsi que l’abîme entre l’homme moral et l’homme intellectuel est comblé, cet abîme que n’avait pas franchi l’audacieuse pensée de Kant ! […] L’auteur de la Connaissance de Dieu fait très bien observer que le joug rejeté trop longtemps de la théologie n’en a pas moins laissé son empreinte sur toutes les idées des penseurs contemporains, même les plus impatients et les plus révoltés, et c’est ainsi, par exemple, que l’Esquisse d’une philosophie, par Lamennais, n’est qu’une fausse application du dogme de la Trinité, et que le système de Hegel n’en est qu’une interprétation absurde.

927. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

pour l’avoir éprouvé, mais je ne hais pas une bonne et franche morsure), Frédéric Morin, a parlé de lui, une seule fois je crois, et sans morsure, et certainement il l’avait lu et il en a parlé parce qu’il l’avait lu ; mais si l’auteur obscur de J’aime les Morts, de l’Histoire du feu par une bûche, et des Dévotes 37, n’avait pas été lyonnais et petit-fils de Camille Jordan (une réputation établie), Morin, qui est un lyonnais, un lettré, et, si je ne me trompe, un philosophe, l’aurait-il seulement lu ? […] Ainsi, un La Bruyère jeune homme, un La Bruyère Damis, quand La Bruyère ne le fut jamais, quand La Bruyère est le plus beau talent d’automne qui ait jamais épandu sur les choses humaines des rayons désarmés, tout souriants de mélancolie ; ainsi, un La Bruyère en colère, — aussi en colère que lord Byron dans sa fameuse satire contre la fille de chambre qui l’avait brouillé avec sa femme, et qui était probablement une dévote de l’Église officielle d’Angleterre, — tel est l’auteur de ce petit livre des Dévotes, dont la seule sincérité est le ressentiment qui l’inspira. […] … L’auteur des Dévotes s’est infusé du La Bruyère à si haute dose qu’il peut être en colère pour son compte personnel avec une voix dans une voix qui n’est pas la sienne, et que nous reconnaissons dès le premier mot qu’il dit en ouvrant sa galerie de caricatures ; « D’où vient votre presse, Gudule ? […] Artiste d’ailleurs d’un instinct trop grand pour avoir peur de la bizarrerie, cette mystérieuse puissance, l’auteur de ce livre singulier et enivrant nous dit, quand il nous a grisés : « Vous auriez peut-être préféré une vitre claire à un obscur vitrail ? […] Mais là même, dans ce livre où le feu est regardé sous tous les aspects, comme l’auteur de J’aime les Morts avait déjà regardé la tombe, il y a des passages — et ils sont nombreux — d’une poésie d’images teintées de tous les reflets de l’élément dont il fait l’histoire, et, de plus, comme dans J’aime les Morts, il y a cette autre poésie de la langue, aussi certaine en prose, quoique différente, que la poésie de l’idée et des vers.

928. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Les éloges de l’Académie française, tous composés par des mains différentes, portent chacun le caractère de leur auteur. […] Fléchier louait en antithèses, La Bruyère en portraits, Massillon en images, Montesquieu en épigrammes, et l’auteur de Télémaque en phrases tendres et harmonieuses. […] Comme ils ont un caractère qui leur est propre, et que leur auteur n’a voulu imiter ni Fontenelle ni personne, ils méritent d’être distingués ici comme ils l’ont été par le public. Ce qui caractérise l’auteur de ces éloges, c’est une philosophie pleine de fermeté, et quelquefois de hauteur ; une âme qui ne craint pas de se montrer, qui ose afficher son estime ou sa haine, qui ne blesse point les convenances, mais qui, en ôtant à la vérité ce qu’elle a de révoltant, lui laisse tout ce qu’elle a de noble ; un esprit à la fois sage et profond ; l’étendue des idées jointe à la méthode ; un style précis qui n’orne point sa pensée, qui ne l’étend pas, dont la clarté fait le développement, et dont la parure est la force ; et quelquefois l’art de saisir le ridicule et de le peindre avec toute la vigueur que donne le mépris, quand ce mépris est commandé par la raison. Il est aisé de voir en quoi l’auteur de ces nouveaux éloges diffère de Fontenelle ; la différence de leur manière vient de celle de leur âme.

929. (1888) Poètes et romanciers

C’est la plus travaillée pourtant, et de toutes aussi, je n’en doute pas, la plus chère à l’auteur. […] C’est là l’idée, si une image est une idée, et l’auteur confond volontiers ces deux choses. […] Elle nous éclaire d’avance sur le caractère de l’auteur et nous révèle le vice de l’œuvre. […] C’est l’art très heureux de l’auteur de mêler ainsi un rire franc aux émotions du récit. […] L’auteur ne surmène ni son imagination, ni ses lecteurs.

930. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Le titre même sous lequel sont réunies ces Notes sociales indique la modestie du dessein de leur auteur. […] Elles sont immuables comme leur auteur. […] Non, c’est l’auteur des Parents pauvres ! […] L’auteur n’est pas seulement, en théorie, un psychologue de la volonté. […] On s’attendait de voir un auteur.

931. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Faute de cette prévision d’avenir, que leur interdit la nécessité d’un gain immédiat, les directeurs forcent les auteurs à rester de jeunes auteurs jusqu’à soixante ans. […] Tout le travail d’approximation que serait tenté de faire l’auteur laisserait le public froid et incrédule. […] Est-elle le fait de la volonté déterminée de quelques auteurs ? […] Les auteurs se sont trompés sur la mise en œuvre du ressort musical. […] Dans ce tableau, la mort et la folie étaient, contre le vœu de l’auteur moins poignantes que le décor ; et par conséquent la réalité tragique de celui-ci avait détruit d’avance l’effet que l’auteur devait attendre de ce double dénouement.

932. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Ce livre-là autorisait fort bien son auteur à continuer d’écrire ; il lui en faisait même un devoir. […] Mais, après avoir lu, on se demande quel but l’auteur s’est proposé. […] On rit, mais d’une façon que l’auteur n’a certes pas prévue, de ce rire qui ne désarme pas. […] C’est le parti que devrait prendre l’auteur de Valvèdre. […] Les livres d’un auteur, c’est comme le coup de chapeau, cela ne se refuse guère que pour des motifs bien graves.

933. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Diderot, j’ose croire que personne ne sera assez hardi pour s’y opposer. » L’idée du Dictionnaire de l’Académie auquel Diderot, auteur de toute la partie des arts et métiers dans le Dictionnaire encyclopédique, pourrait coopérer très utilement, s’offre à l’esprit de Voltaire comme prétexte et moyen efficace : Ne pourriez-vous représenter ou faire représenter combien un tel homme vous devient nécessaire pour la perfection d’un ouvrage nécessaire ? […] Ce qui le détermina à ce voyage, ce fut l’irritation extrême où l’avait mis l’affaire de La Chalotais, et, comme il dit, « le brigandage des auteurs et des instruments de cette persécution ». […] Voici quelques-unes des idées et des réserves de Duclos au sujet du livre de Beccaria, et dont il s’ouvre de vive voix à l’auteur même : Après lui avoir fait compliment sur le caractère d’humanité qui l’avait inspiré, je ne lui dissimulai point que je n’étais pas de son sentiment sur la conclusion qui tend à proscrire la peine de mort pour quelque crime que ce puisse être. […] J’entrai dans quelques explications, et je finis par donner à l’auteur les éloges que mérite son projet, qui peut être l’occasion d’une réforme dans le Code criminel. […] Dès qu’un auteur produit une idée nouvelle, elle est aussitôt reçue comme vraie ; la nouveauté seule en est le passeport.

934. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse. […] Pourquoi, dans ce même Çà et Là (car je ne m’astreins pas à l’ordre chronologique), à propos d’une visite et d’un séjour en Alsace, courir sus aux Juifs en masse, aux Luthériens, aux Piétistes ou non Piétistes, aux humbles pasteurs de ces contrées : « On rencontre par la campagne, dit l’auteur, des charretées de personnages, hommes et femmes, vêtus de noir, avec un certain air d’honnêteté douceâtre et de santé blafarde. […] Veuillot nous donne ses jugements sur les ouvrages d’esprit et sur les auteurs. […] Pourquoi faut-il que l’auteur converti se soit cru obligé d’ajouter à cet éloge, par manière de laisser-passer : « Gil Blas est un mauvais livre plein de misanthropie, avec du venin contre la religion… » ? […] L’auteur a mis là, sous forme dramatique, ses observations de journaliste en province ; il a réuni tous les personnages plats et ridicules auxquels il a eu affaire, dans un chef-lieu idéal qu’il appelle Cignac.

935. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

On est donc réduit à commenter l’œuvre, à l’admirer, à rêver l’auteur et le poète à travers. […] Tant qu’on ne s’est pas adressé sur un auteur un certain nombre de questions et qu’on n’y a pas répondu, ne fut-ce que pour soi seul et tout bas, on n’est pas sûr de le tenir tout entier, quand même ces questions sembleraient le plus étrangères à la nature de ses écrits : — Que pensait-il en religion ? […] Aucune des réponses à ces questions n’est indifférente pour juger l’auteur d’un livre et le livre lui-même, si ce livre n’est pas un traité de géométrie pure, si c’est surtout un ouvrage littéraire, c’est-à-dire où il entre de tout. Très souvent un auteur, en écrivant, se jette dans l’excès ou dans l’affectation opposée à son vice, à son penchant secret, pour le dissimuler et le couvrir ; mais c’en est encore là un effet sensible et reconnaissable, quoique indirect et masqué. […] Mais il importe de discerner pour chaque auteur célèbre son vrai public naturel, et de séparer ce noyau original qui porte la marque du maître, d’avec le public banal et la foule des admirateurs vulgaires qui vont répétant ce que dit le voisin.

936. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

On a voulu blâmer l’auteur de Werther de supposer au héros de son roman une autre peine que celle de l’amour, de laisser voir dans son âme la vive douleur d’une humiliation, et le ressentiment profond contre l’orgueil des rangs, qui a causé cette humiliation ; c’est, selon moi, l’un des plus beaux traits de génie de l’ouvrage. […] Werther a produit plus de mauvais imitateurs qu’aucun autre chef-d’œuvre de littérature : et le manque de naturel est plus révoltant dans les écrits où l’auteur veut mettre de l’exaltation, que dans tous les autres. […] Les Allemands ressemblent aux Anglais sous quelques rapports ; ce qui fait qu’ils s’égarent beaucoup moins en étudiant les auteurs anglais qu’en imitant les auteurs français. […] Les auteurs allemands qui trouveraient au fond de leur âme tout ce qui peut émouvoir les hommes de tous les pays, mêlant ensemble la mythologie grecque et la galanterie française, se font un genre où la nature et la vérité sont évitées avec un soin presque scrupuleux. […] Sans doute je n’ai pu traiter un tel sujet, sans citer beaucoup d’écrivains et beaucoup de livres ; mais c’était à l’appui de mes raisonnements que je présentais ces exemples, et non avec l’intention de juger et de discuter le mérite de chaque auteur, comme on pourrait le faire dans une bibliothèque universelle.

937. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Le capitaine d’Arpentigny, l’auteur d’un livre charmant sur la physionomie de la Main, et dans son temps, la plus élégante cravache des Gardes du Corps, oublia qu’il en avait une, ce jour-là, et couvrit du mépris le plus miséricordieux et le plus gai cette Furie… C’est à travers ces attitudes — légendaires déjà — qu’on verra toujours Mme Colet, quand on s’avisera de la regarder. […] L’auteur n’est pas non plus la madame Colet historique, la Vésuvienne en éruption, qu’elle fut plus tard. […] Et si cette originalité fait défaut dans un livre personnel et dans lequel la personnalité de l’auteur est intéressée et blessée, que doit être cette absence d’originalité dans des livres qui ont la prétention d’être impersonnels ? […] Ils sont et doivent être la peinture vivante d’une classe disparue, selon l’auteur, ou qui est sur le point de disparaître, et dont ils sont les derniers débris ou les dernières épaves ». […] Serrer sa pensée autour des faits, qui est le grand mérite de l’historien, n’était pas possible à cette femme dont le moi a des pieds d’éléphant, qui se fourrent partout et qui écrasent tout… D’ailleurs l’Italie des Italiens n’était pas qu’un livre d’histoire ; c’était aussi un voyage où l’auteur avait le droit de parler de soi, et vous pensez si elle allait s’en servir, de ce droit, parfois insupportable !

938. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

Le premier est l’auteur de quelques comédies représentées il y a quinze ou vingt ans et déjà fort oubliées. […] Il a donné un assez grand nombre d’éditions soignées des auteurs classiques du xviie  siècle, et à cet égard il s’est montré un littérateur instruit. — Que dire de M. Onésime Leroy, auteur de tragédies oubliées en naissant, sinon qu’il est aussi un littérateur assez instruit ?

939. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 139-145

Cet Auteur seroit-il moins estimable, en se montrant plus attentif à rejeter l’esprit de systême, qui lui fait envisager les choses du côté le plus singulier ; à éviter de certaines discussions, propres à faire briller l’éloquence, à la vérité, mais rarement d’accord avec l’exactitude & la solidité du jugement ; à interdire à son imagination quelques essors un peu trop libres ; & à retrancher de sa maniere d’écrire, des expressions, qui, pour être pittoresques & supposer la facilité la plus heureuse, n’en sont pas toujours, pour cela, conformes à la dignité du style & à la sévérité du goût ? […] Ne se lasseront-ils jamais de poursuivre leurs Adversaires avec des injures qu’on méprise, avec des calomnies qu’on ne croit pas, avec des artifices, des menées, des persécutions qu’on dévoile tôt ou tard, & qui n’aboutissent qu’à couvrir de honte & d’opprobre ceux qui en ont été les auteurs & les instrumens ? […] Il n’est point de François qui n’ait été révolté de sa Lettre à M. le Comte de V** ; Diatribe d’autant plus inexcusable, que ce Ministre n’étoit point l’Auteur de ses disgraces.

940. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

On soutenoit qu’il étoit facile de faire beaucoup mieux que lui, et que si l’on pouvoit trouver quelque chose de bon dans ses opera, il n’étoit pas permis, sous peine d’être réputé un esprit médiocre, d’en loüer trop l’auteur. […] Racine a-t-il mis au jour une tragédie dont on n’ait pas imprimé une critique qui la rabaissoit au rang des pieces médiocres, et qui concluoit à placer l’auteur dans la classe de Boyer et de Pradon. […] Cependant les cabales à qui l’auteur et ses amis imputoient leur premiere chute étoient dissipées quand on les a représentées pour une seconde fois.

941. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

L’auteur sait admirablement tout ce qui peut s’apprendre. […] … Il pourrait avoir de la malice champêtre et faire au guignol Flammarion un passable « auteur gai ». […] Ça croit avoir une âme, l’auteur des Chiens de faïence, et que son âme c’est de l’eau. J’y suis allé voir : l’auteur des Chiens de faïence a raison et il a pour âme quelque chose qui ressemble assez à la mare aux canards. […] Certes, le toujours jeune auteur a lu les Évangiles, ou du moins il le croit.

942. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Pour exposer sa vraie théorie littéraire, il ne faudrait d’ailleurs qu’emprunter ses paroles : si je prends, par exemple, Les Parents pauvres, son dernier roman et l’un des plus vigoureux, publié dans ce journal même33, j’y trouve, à propos de l’artiste polonais Wenceslas Steinbock, les idées favorites de l’auteur et tous ses secrets, s’il eut jamais des secrets. […] L’auteur d’Eugénie Grandet vivra. […] La première partie de ce roman (La Cousine Bette) présente des caractères d’une grande vérité, et aussi des exagérations telles qu’en a presque inévitablement l’auteur. […] L’auteur y plonge ; à voir sa verve, on dirait même par endroits qu’il s’y joue. […] Ne le lisez, je vous prie, que dans les premières éditions ; l’auteur me l’a gâté en le voulant amplifier depuis.

943. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Lui, si épris de la gloire de l’action, et qui se sentait une capacité innée pour la guerre ou pour les affaires, il paraît avoir eu besoin de quelque raisonnement pour s’en détourner et pour s’acheminer ainsi à devenir auteur. […] Ce fut au printemps de 1740 que fut publiée, sans nom d’auteur, Introduction à la connaissance de l’esprit humain, suivie de réflexions et de maximes. […] L’auteur y a amassé et enchaîné une suite de définitions si concises et qui sont le résultat d’une si longue réflexion, qu’on ne sait comment extraire et analyser, comment entamer ce qui est déjà un extrait si substantiel et si dense. […] Il nie contre Voltaire cette fois, contre l’auteur du Mondain, que le vice puisse concourir directement au bien public à l’égal de la vertu. […] Animé par son succès, il se mit alors à rechercher avec zèle ce qui pouvait rester d’inédit de son auteur.

944. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Didot une édition portative des Œuvres choisies de Pasquier, et il a fait passer dans deux élégants in-18 un excellent extrait des deux in-folio de son auteur. Il y a joint à son tour un travail biographique, littéraire et même grammatical, très soigné, qui permet de classer désormais le savant ami de Montaigne au nombre des auteurs que tout le monde peut aborder directement et suivre avec intelligence. […] Pasquier écrit en français ses doctes et utiles Recherches de la France ; il publie en français ses Lettres, premier recueil de ce genre qui ait paru dans notre langue, et qui sont tout un miroir des événements, des mœurs et des opinions de son temps comme de la vie de l’auteur lui-même. […] Il conseille de recourir aux vieux auteurs et de s’en nourrir pour enrichir la langue par art et science, mais sans, pour cela, se rendre antiquaire ; c’est une affectation « qu’il faut fuir, dit-il, comme un banc ou écueil en pleine mer ». […] » Il parle des principaux chefs et auteurs de ces maux avec mesure pourtant, et en parfaite connaissance de cause : jamais les Guise et Coligny n’ont été mieux jugés et mis en balance, vices et vertus, avec une plus impartiale équité.

945. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

La comtesse d’Egmont, fille du maréchal de Richelieu, et qui était la divinité de Rulhière, lui demanda d’écrire ce qu’il contait si bien : il lui obéit, et, une fois la relation écrite, l’amour-propre d’auteur l’emportant sur la prudence du diplomate, les lectures se multiplièrent. […] Le trait malin, proverbial, les alliances heureuses de noms et d’idées, la concision élégante, tout ce qui constitue le genre moral tempéré et en fait l’ornement, s’y trouve placé avec art, et il n’y manque vraiment qu’un souffle poétique moins sec et plus coloré, quand l’auteur tente de s’élever et de nous peindre, par exemple, le temple de l’Opinion promené dans les airs sur les nuages : c’est ici que l’on sent le défaut d’ailes et d’imagination véritable, l’absente de mollesse, de fraîcheur et de charme, comme dans toute la poésie de ce temps-là. […] Le côté du récit où l’auteur vise au Salluste et rappelle le Saint-Réal et autres auteurs classiques de Conjurations, n’est pas trop prédominant. […] Il jouissait de la plus brillante réputation d’auteur inédit qui se pût alors désirer. […] Un véritable poète comique, un auteur qui a verve et gaieté franche, un Molière, ou simplement un Regnard, ne sont pas sujets à ces fatuités ni à ces raffinements épigrammatiques, qui font essentiellement partie du caractère et de l’habitude d’esprit de Rulhière.

946. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Nous fîmes alors ce qu’il était naturel de faire ; nous prîmes les œuvres de Boileau en elles-mêmes : quoique peu nombreuses, elles sont de force inégale ; il en est qui sentent la jeunesse et la vieillesse de l’auteur. […] C’était l’auteur de profession, le poète de la Cité et de la place Dauphine, qui se posait comme juge en face des illustres qu’étalaient en vente les Barbin de la galerie du Palais. […] Il ne s’agissait de rien moins que de dire aux littérateurs les plus en vogue, aux académiciens les plus en possession du crédit : « Vous êtes de mauvais auteurs, ou du moins des auteurs très mélangés. […] Les sujets en sont assez petits, ou, quand l’auteur les prend dans l’ordre moral, ils tournent au lieu commun : ainsi la Satire à l’abbé Le Vayer sur les folies humaines, ainsi celle à Dangeau sur la noblesse. […] Ce chef-d’œuvre de satire est celle qu’il adresse à son Esprit, sujet favori encore, toujours le même, rimes, métier d’auteur, portrait de sa propre verve ; il s’y peint tout entier avec plus de développement que jamais, avec un feu qui grave merveilleusement sa figure, et qui fait de lui dans l’avenir le type vivant du critique.

947. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Ici l’auteur s’indigne, s’irrite. […] L’auteur des Poèmes barbares a fait comme ses illustres devanciers. […] Il est obsédé par les auteurs qu’il aime, souvent aussi par ceux qu’il n’aime pas. […] L’auteur du Lys rouge est toscan. […] L’auteur nous recommande trois vertus théologales : l’inquiétude, l’ironie et la pitié.

948. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Seulement, l’auteur ne s’en doute pas, ou s’il s’en doute, il n’y paraît guère. […] Francis Poictevin, auteur de Ludine. […] Mais la personnalité prodigieusement cocasse de son auteur, M.  […] Cadet n’est pas seulement un comédien, il est un auteur. […] Le triste personnage qui est l’auteur de Ramollot vient de recommencer.

949. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

J’aimerais bien savoir ce que l’auteur a voulu dire. […] Pour des raisons qu’il a expliquées, l’auteur a cru en devoir arrêter la publication. […] L’auteur, esclave de la vérité, ne l’a pas jugé bon ; qu’il soit fait selon sa volonté ! […] Reconnaissons que ce n’est pas là chose facile, de l’aveu même de l’auteur. […] Paul Mimande, l’auteur d’un livre intitulé Criminopolis.

950. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Il se présente comme l’auteur. […] L’auteur de William Shakespeare est autrement intelligent ! […] Souvent, il ne nomme même pas l’auteur qu’il cite. […] Comme tout le grand public, j’ignorais le nom de l’auteur, un débutant. […] Certain auteur dramatique fait honneur à M. 

951. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

La belle imagination de l’auteur s’est fortifiée en se purifiant ; son style, sans rien perdre de sa flexibilité, de sa fraîcheur et de son éclat, a perdu les défauts qui le déparaient. […] Quelquefois même on regrette que l’auteur ne se soit pas contenté d’une première et soudaine expression. […] Sans contester un instant le génie de l’auteur de la Nuit de mai et des Stances à Lamartine , j’ai souvent été, malgré moi, révolté de cette longue colère contre un impérissable souvenir, et je reconnaissais mal un poète à cette haine inutile. […] L’occasion est bonne à la critique pour revenir une fois encore sur l’auteur de Moïse , d’Éloa, de la Maison du Berger, de la Mort du Loup et de la Colère de Samson, — poèmes d’une beauté inaltérée, et qui brillent, sous notre ciel littéraire d’aujourd’hui, avec une douce clarté de lointaines étoiles.

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