Si l’on excepte quelques illustres incurables, auxquels les années n’ont guère rien appris, la plupart, d’un côté ou d’un autre, sont arrivés à un fonds commun ; ce que j’appelle les secondes phases du talent a tourné chez presque tous à l’expérience. […] Ceux-ci, par bonheur, sont assez nombreux ; ils subissent humblement la loi intime de changement : qu’ils y joignent le travail, l’effort régulier, et cela pourra s’appeler progrès. […] L’école doctrinaire, ou ce que, par habitude, on continuait d’appeler ainsi.
Doctrinaires et romantiques y ont travaillé à l’envi ; ils y ont réussi, on n’en saurait douter, mais non pas sans quelque fatigue évidemment, ni sans quelques accrocs à ce qu’on appelait l’esprit français. […] Et c’est pourquoi je voudrais que les éminents poëtes, sans cesser de l’être, tissent plus de frais que je ne leur en vois faire parfois pour mériter le suffrage de ce que j’appelle les bons esprits. […] Seulement, de très-bonne heure, il paraît avoir fait entre les hommes la distinction qu’il a posée au commencement de son discours : il a mis d’une part les nobles songeurs, les penseurs, comme il dit, c’est-à-dire surtout les artistes et les poëtes, et d’autre part il a vu en masse les hommes d’action, ceux qu’il appelle les improvisateurs, parmi lesquels il range les plus grands des politiques et des chefs de nations.
Ce n’est point aux consolations du cœur qu’ils en appellent pour soutenir les hommes, c’est à la fierté ; tant leur nature est majestueuse, tant ils s’efforcent d’éloigner d’eux tout ce qui pourrait appartenir à des mouvements sensibles, ces mouvements fussent-ils même à l’appui de la plus sévère morale ! […] « Quant à ce sentiment, dit Cicéron, vulgairement appelé l’amour, il est presque superflu de démontrer combien il est indigne de l’homme. » Ailleurs il dit, en parlant des regrets et des pleurs versés sur les tombeaux, que « ces témoignages de douleur ne conviennent qu’aux femmes ». […] Si l’on veut toujours appeler la philosophie l’art des sophismes, l’on pourra dire avec raison que, pendant toute la durée de la république, les Romains repoussèrent ce faux esprit des Grecs, mais si l’on veut rendre à la philosophie l’honorable acception qu’elle a toujours eue dans l’antiquité, l’on verra que les Romains n’ont pu être de grands hommes d’état, de profonds législateurs et d’habiles orateurs politiques, sans être philosophes.
Si Gil Blas est devenu une des pièces de ce qu’on peut appeler la littérature universelle, et si Marcos Obregon, et tous les autres romans picaresques, sont restés purement espagnols, c’est par ce que Lesage a mis dans son œuvre de français et d’humain. […] A sa définition, il manque ce qu’on appelle la différence : il n’a que le nom d’individuel ; autrement, il est tout le monde. […] Il sait de quoi est fait ce qu’on appelle dans le monde un honnête homme, et il ne compose pas le sien d’éléments bien délicats.
Une extrême sensibilité artistique exercée par les objets les plus extraordinaires et qui se repose enfin dans la traduction des sentiments les plus ingénus ; ce qu’on a appelé « l’impressionnisme » aboutissant à une poésie purement naturelle : tel est à peu près le cas de l’auteur d’Aziyadé et de Pêcheur d’Islande. […] La souillure de la chair y est ignorée et aussi, par suite, la pudeur, que Hilton appelle impudique. […] Si je ne puis être de ces privilégiés qu’on appelle des artistes et qui reflètent en eux et décrivent ce qui s’agite à la superficie de la terre, j’aime mieux être de ceux qui vivent tout près d’elle et qui en sont à peine sortis.
Sous Louis XIII et même sous Louis XIV, les antres sacrés du Parnasse français sont des cabarets pareils à celui où Gautier conduit Jacquemin Lampourde, où se drapent des « gueux » superbes qui s’appellent Théophile de Viaud, Cyrano de Bergerac et Saint-Amand. […] Pas de Dieu, pas de loi morale, pas même de lois physiques : ce qu’on appelle ainsi, ce sont les habitudes des choses (ce qui revient d’ailleurs au même) : tout est gouverné par le hasard ; la Raison même, la Nature et le Progrès sont des idoles qu’il faut renverser comme les autres. […] Un grand nombre des phénomènes de la nature semblent appeler la comparaison avec l’acte par lequel se perpétue la race humaine ; je ne sais guère de plus beaux vers que ceux où Virgile symbolise le Printemps par l’accouplement de Jupiter et de la Terre, et certes les traits du tableau ne sont point timides.
Certes, nous sommes bien ambitieux pour elle, puisque la gloire de ces commencements ne nous suffit pas, et que nous appelons quelque époque féconde qui mette en possession de sa vraie destinée cette langue à laquelle, du nord au midi, l’Europe rendait hommage. […] Il sort de tout cela une certaine science confuse, qu’on appelle la scolastique ; monstrueux amalgame de la philosophie qui veut imposer ses formules aux vérités de la foi, et de la religion qui veut prouver les vérités de la foi par l’unique procédé du raisonnement philosophique à cette époque, le syllogisme. […] Dans la foule des écrits de théologie de cette période, au milieu de tant de détails de pure glose, ou de discipline ecclésiastique, ou d’exaltation mystique dans cette confusion de la philosophie et de la religion, qu’on appelle la scolastique, c’est à peine si l’on rencontre quelques indications de vérités générales.
Avant lui, les animaux du nouveau monde étaient appelés du même nom que les animaux analogues de l’ancien. […] Comme Descartes et Malebranche, il ôte tout aux uns au profit de l’autre, et l’animal dont il oppose l’unité à ce qu’il appelle la duplicité de l’homme, n’est qu’une machine. […] Leurs alvéoles ne sont, selon lui, qu’un effet de la forme de leurs corps et de ce qu’il appelle la compression.
Portalis avait, pour ainsi dire, une mémoire d’aveugle : Je fus nommé secrétaire (du Conseil des Anciens) lorsque mon ami Portalis fut appelé à la présidence, a dit le général Mathieu Dumas, et j’eus de fréquentes occasions d’admirer son beau talent et sa prodigieuse mémoire. […] Portalis, accompagné de son fils, qui, dans toutes ses traverses, ne le quitta jamais, était près de passer en Italie et de se rendre à Venise, quand une lettre de Mathieu Dumas l’appela dans le Holstein, où l’attendait une hospitalité cordiale et sérieuse. […] Il nie qu’on puisse, dans une civilisation avancée, tout en jouissant des biens qu’elle procure et oubliant trop à quel prix on les acquiert, venir renoncer brusquement à ce qu’on appelle préjugés antiques, et se séparer avec ingratitude de tout ce qui a civilisé : « Les hommes, en s’éclairant, deviennent-ils des anges ?
On avait presque le droit de les appeler, selon le langage des anciens Pères, les chrétiens primitifs ; c’était du moins comme autant de Mages qui étaient déjà plus ou moins directement en chemin vers le divin berceau. […] Ce dernier calque de l’homme, cette forme si vague, si effacée, à peine empreinte sur une poussière à peu près impalpable, volatile, presque transparente, d’un blanc mat et incertain, est ce qui donne le mieux quelque idée de ce que les anciens appelaient une ombre. […] On y joue à quelques jeux : on y tire quelque loterie, et, pour qu’il soit dit que personne ne perdra, il est convenu que l’abbé Gerbet fera des vers pour le perdant, pour celui qui s’appelle, je crois, le nigaud.
Les Fables de La Fontaine, dans leur ensemble, parurent successivement en trois recueils : le premier recueil contenant les six premiers livres fut publié en 1668 ; le second recueil contenant les cinq livres suivants jusqu’au onzième inclusivement fut publié en 1678 ; le douzième et dernier livre, qu’on a appelé le chant du cygne, et où tout n’est pas d’égale force, fut composé presque en entier à l’intention du jeune duc de Bourgogne et ne fut recueilli qu’en 1694. […] Le piquant, c’est que La Fontaine ne connaissait pas ces poèmes gaulois à leur source, qu’il n’était pas remonté à tous ces petits Ésopes restés en manuscrits, à ces Ysopets, comme on les appelait, et que, s’il les reproduisait et les rassemblait en lui, c’était à son insu : il n’en est que plus naturel et n’en obéit que mieux à la même sève. […] Cette manière de l’entendre est étroite et bien peu poétique ; et si, parlant auprès des grands et des puissants, il ne retenait pas la leçon qui lui échappait sur eux, il songeait certes encore moins à flatter le peuple, ce peuple d’Athènes qu’il appelle quelque part l’« animal aux têtes frivoles ».
Sans doute, l’homme de génie, quand il compose, ne pense plus à lui-même, c’est-à-dire à ses petits intérêts, à ses petites passions, à sa personne de tous les jours ; mais il pense à ce qu’il pense ; autrement, il ne serait qu’un écho sonore et inintelligent, et ce que saint Paul appelle admirablement symbalum sonans. […] Si je regarde attentivement dans la rue, je n’entends pas quelqu’un qui m’appelle à côté de moi ; si je suis occupé à quelque travail, je n’entends pas la pendule sonner. […] 2° De l’organisation individuelle, et de ce que l’on appelle, en médecine, les idiosyncrasies.
Je ne voudrais pas le voir seulement comparé et balancé avec Bossuet ; je voudrais qu’on me le mît à part comme un homme de premier rang, qui est avant tout lui-même ; je voudrais que l’on me dît que, dans cette science noble et excellente qu’on appelle la politique, Montesquieu n’est pas seulement le premier dans son siècle, mais l’un des premiers dans tous les siècles, et qu’Aristote excepté, il n’a ni supérieur ni égal. […] De plus, le voilà en possession d’une faculté nouvelle : il appelle les rois, les ministres, les gouvernements à son tribunal ; il ne pense plus guère qu’à juger, à décider, à charger tout le monde de devoirs dont il s’exempte. » Voilà une critique spirituelle d’un travers que nous connaissons : mais est-ce bien là une critique de l’Esprit des Lois ? […] J’accorde donc qu’il y a de grandes époques littéraires, que le goût a ses révolutions et, ses décadences, que les époques politiques, scientifiques, industrielles, sont peu favorables à la beauté pure, que les langues se gâtent avec le temps, et qu’en général il n’y a qu’un temps où se rencontre une parfaite harmonie entre la forme et le fond, que ce sont ces époques que l’on appelle classiques, et que les autres s’approchent d’autant plus de la beauté qu’elles s’approchent de cet idéal.
Voilà ce que j’appelle s’abandonner, ce qui est nécessaire absolument quand c’est à un écrivain de sentiment que l’on a affaire. […] Les jeunes ouvrières qui lisent les romans à très bon marché ne sont capables que de l’enthousiasme du premier moment, que de ce que j’ai appelé l’abandonnement ; le second moment n’existe que pour ceux qui sont plus âgés et qui sont doués d’une certaine faculté d’observation et de mémoire ; mais ceux-ci goûtent des plaisirs beaucoup plus vifs, étant encore capables de s’abandonner, l’étant surtout de comparer le roman à la vie et d’éprouver des sensations d’admiration très vive quand ils estiment que le roman a copié la vie avec sûreté ou plutôt l’a déformée de manière à accuser plus vigoureusement ses traits caractéristiques. […] Il se fait une âme très spéciale qui est composée de celle d’abord qu’il a apportée avec lui et qui tendait naturellement à l’idéal, de celle ensuite qu’il a tirée de ses livres favoris et qui raffine encore et renchérit sur les instincts primitifs ; il se fait ce qu’on appelle une âme romanesque.
Les ennemis de la lecture J’appelle ennemis de la lecture, non pas les multiples choses qui empêchent de lire et dont il faut reconnaître que la plupart sont excellentes, études scientifiques, vie d’action, sports, etc. […] Ce que les anciens appelaient d’un mot charmant umbratilis vita n’existe plus guère. […] Par ce procédé, on pénètre en effet la chose jusqu’au cœur, jusqu’à son point émouvant, et c’est justement ce qui s’appelle apprendre à connaître. » Rien de plus juste, rien de plus certain ; il faut toujours, d’abord, être sympathique.
J’en connais deux assez âgés, et je les appellerai M. […] Ils l’appellent vitale, parce qu’elle entretient les opérations qui composent la vie. […] On le trouve acide, on constate sa composition, on l’appelle gastrique, et on remarque qu’il ne jaillit qu’en présence des aliments.
Clémentine, Clarisse, Julie, Werther, ces témoins de la toute-puissance du cœur, comme elle les appelle, sont cités en tête des consolateurs chéris : il est aisé de prévoir, à l’émotion qui la saisit en les nommant, qu’il leur naîtra bientôt quelque sœur. […] Nous tâcherons d’en retracer la scène, les accidents principaux, et d’en ranimer quelques acteurs du fond de ces vastes cimetières appelés journaux, où ils gisent presque sans nom. […] » Plus tard, en avançant en âge, en croyant moins, nous le verrons, aux inventions nouvelles et à la toute-puissance humaine, Mme de Staël n’eût pas placé hors de l’ancien et de l’unique Christianisme le moyen de régénération morale qu’elle appelait de ses vœux. […] La violence appelle la répression ; les amis de Mme de Staël s’indignèrent, et elle fut énergiquement défendue. […] L’original d’Ellénore était Mme Lindsay, celle que M. de Chateaubriand, dans ses Mémoires, appelle la dernière des Ninons. — Ce qui pourtant ne veut pas dire qu’il ne s’y soit glissé plus d’un trait applicable à la liaison de l’auteur et de Mme de Staël.
Il recommande la simplicité du cœur ; il blâme les terreurs de la solitude, et ce qu’il appelle cette piété sèche et subtile qui n’est que le moins coupable des égoïsmes. […] La cause véritable de ces luttes si diverses, c’est la guerre de la liberté contre la discipline, du particulier contre le général, de ce que Fénelon appelait le sens propre contre ce que Bossuet appelle la tradition et l’universel. […] Ce fut en effet entre la rédaction et la signature de ce formulaire, que Louis XIV appela Fénelon à l’archevêché de Cambrai. […] On l’a appelé l’aigle de Meaux ; si cette image n’est pas vaine, il la faut entendre aussi bien de la force de son regard que de la hardiesse de son vol. […] Ce n’est pas à dire que Bossuet ait dédaigné les vérités familières ; j’ai même fait remarquer que là où sa matière les appelle, loin qu’il les dédaigne, il en reçoit sa forme.
Celui-ci contient quelques articles qui pourraient s’appeler à plus juste titre Causeries du samedi, ayant paru d’abord à ce jour de la semaine dans L’Athenaeum.
En 1880, il a fait paraître les Satires contemporaines, qui devraient plutôt s’appeler les « Satires inoffensives » et qui ne sont guère que des fantaisies plus malicieuses que méchantes ; puis, en 1884, Ad Memoriam, œuvre de poésie personnelle et intime qui exprime la tristesse d’un rêve brisé !
Ce sont là un peu de vers comme on les faisait avant l’anarchie (j’appelle ainsi ces dix dernières années) et avant le Parnasse.
Quand les Flamands sont venus, on les a appelés des magots ; et il y a encore bien des versificateurs qui, s’ils l’osaient, le répéteraient tout haut. […] Ils font des philosophies, des religions nouvelles, des systèmes sociaux en vers ; ils appellent cela faire de la musique intellectuelle, musique de chapeau chinois, soit ! […] C’est l’harmonie qui est la base de l’art, l’harmonie architecturale s’appelle symétrie. […] Les poètes appellent cela poésie ; ils ont le tort de vouloir rendre des perceptions indéterminées par des mots qui ont toujours un sens déterminé. […] Quand on s’appelle Cucheval, on est prédestiné à un peu d’ânerie !
J’entends ta voix m’appeler dans le silence de la nuit. Qui est-ce qui m’appellera à présent ? […] « Vendredi… : J’appelle en vain la colère à mon secours. […] L’amie dévouée qu’il appelait sa marraine, Mme Jaubert, lui reprochait en vain ses airs farouches et dédaigneux. […] Paul Lindau rappelle en terminant que Heine « appelait Musset le premier poète lyrique de la France ».
Il y a un poëte qui les appelle les agaceries de l’amour…. […] Ce qu’on appelle ici le camp des tartares, leur doit sûrement l’existence. […] Dans le moment il appelle un de ses gens, qu’on eût prit pour un seigneur, & il lui ordonne de déménager. […] Delà vient qu’on crie sans cesse contre les médecins, & que sans cesse on les appelle. […] On sait que ce fut dans sa compagnie que mourut le régent, & qu’on n’eut pas le temps alors d’appeler un médecin.
Quelquefois familier, mais toûjours vrai, il pensoit qu’un roi dans son cabinet ne devoit point être ce qu’on appelle un héros de théatre. […] D’où il conclut qu’un homme qui n’a que de la raison, & qu’il appelle un sot, ne sauroit être vertueux. […] Les devoirs de roi, de pere, & d’époux appellent Ulysse à Itaque ; la superstition seule appelle Enée en Italie. […] Mais la partie épique permet, exige même des peintures plus fréquentes & plus vives : ou ces peintures présentent l’objet sous ses propres traits, & on les appelle descriptions ; ou elles le présentent révêtu de couleurs étrangeres, & on les appelle images. […] Bossuet l’appelle illumination ; elle ressemble en effet à l’illumination dans les grandes choses.
Lombroso appelle un criminel, c’est un prisonnier. […] Appelons du fond du passé, son ombre charmante. […] Ils appelaient l’étranger. […] On les appelait des Maries-Louises. […] Il s’appelle les Séducteurs !
D’un côté on maudit et l’on excommunie ; de l’autre, on pleure et on appelle. […] En ce temps-là, Théocrine s’appelait Baluze, Du Gange, Mabillon, Duchesne. […] L’une s’appelait Bo’az et l’autre Iakin. […] Ils étaient les prédécesseurs de ces capucins de Naples que Renan appelle sans façon des « succédanés » de Pulcinella. […] Il l’appela, trop ingénieusement, une « Bacchante de l’amour divin », une « Ménade de pureté ».
Cette Piece est restée au Théatre, quoiqu’on s’empresse aussi peu de la représenter, que la Mariamne de M. de Voltaire, appelée par l’Abbé de Pons, un cadavre couvert de perles.
C’est toujours la nature et la vérité ; vous prendriez les bouteilles par le goulot, si vous aviez soif ; les pêches et les raisins éveillent l’appétit et appellent la main.
Challe Il y a une Vierge de Challe qui est noble et vraie ; mais elle a des lèvres plates, des joues plates, en un mot ce que nous appelons un visage plat, qui est autre chose qu’un plat visage.
Je l’ai entendu appeler. […] Il a appelé Gretchen ; il se tenait sur le pas de la porte. […] La cloche appelle, la baguette est rompue ! […] Quant à lui, il était ce qu’on est convenu d’appeler très improprement panthéiste, c’est-à-dire ne séparant pas en deux la création et la créature, et adorant la nature entière comme la divinité des choses sans s’élever à la divinité de l’esprit ; philosophes pour ainsi dire brutaux et fatalistes dans leur croyance, qui reconnaissent bien en Dieu la force latente de tous les phénomènes visibles ou invisibles, mais qui n’y reconnaissent pas l’individualité et la suprême intelligence, c’est-à-dire ce qui constitue l’être, refusant ainsi à l’Être des êtres ce qu’ils sont forcés d’accorder au dernier insecte de la nature. […] Sa foi se serait plus justement appelée polythéisme que panthéisme, c’est-à-dire qu’il reconnaissait et qu’il adorait la Divinité dans toutes ses œuvres sans la confondre avec ses œuvres : sorte de paganisme sans idolâtrie, qui adorait la puissance divine dans la puissance matérielle des éléments, mais qui dans l’élément adorait l’impulsion divine et non l’élément lui-même.
Et d’abord, de ce qu’on appelle la question turque. […] S’il en était ainsi, on comprendrait que les prêcheurs nomades d’une nouvelle croisade contre l’islamisme eussent quelque chance de réaliser, au profit de ce qu’ils appellent civilisation, l’expulsion ou l’extermination des Ottomans ; mais cette statistique de l’empire ottoman est une grossière erreur et une grossière fiction dont les intéressés bercent les multitudes. […] La preuve que les Turcs n’ont jamais exterminé les races chrétiennes de l’Orient à cause de leur culte, c’est qu’au moment même de la conquête, Mahomet II, le conquérant de l’empire grec, au lieu de proscrire et d’exterminer le christianisme, proclama le libre exercice et le respect du culte chrétien, appela autour de lui tous les prêtres de la capitale, et marcha processionnellement avec eux à Sainte-Sophie, pour leur assurer solennellement dans leur cathédrale la tolérance que les Turcs portent à toutes les religions. […] L’élément nouveau appelé l’opinion, force morale, s’est mêlé aux autres éléments de force matérielle que les négociations et les traités avaient pour objet de concilier et d’asseoir. […] Devons-nous au Piémont le sacrifice de tout ce qui a constitué jusqu’ici, parmi les sociétés civilisées, ce qu’on appelle le droit public, le droit des gens : le respect des traités, la sainteté des limites, la légitimité des possessions traditionnelles, l’inviolabilité des peuples avec lesquels on n’est pas en guerre ?
Alfieri va habiter la demeure classique commandée à Canova par celle qu’on pouvait appeler sa veuve, mais qui en réalité ne l’était pas. […] Elle l’appelait sa chère souveraine, et ce nom, où la familiarité s’unissait au respect, flattait les deux femmes : « Bologne, 22 mars 1805. […] C’est pour cela que je vous ai appelée à Paris, où vous pourrez tout à loisir satisfaire votre goût pour les beaux-arts. » Elle n’y séjourna que quelques mois. […] C’est à votre noble impartialité que j’en appelle. […] XIII La comtesse d’Albany, à l’âge où je la connus, devait naturellement appeler la curiosité sur sa physionomie, et faire demander si elle avait été belle.
J’ai anéanti ainsi des volumes de cette première et vague poésie du cœur, et j’ai bien fait, car à cette époque, ils seraient éclos dans le ridicule, et morts dans le mépris de tout ce qu’on appelait la littérature. […] et j’en appelle à ce siècle naissant qui déborde de tout ce qui est la poésie même, amour, religion, liberté, et je me demande s’il y eut jamais dans les époques littéraires un moment si remarquable en talents éclos, et en promesses qui écloront à leur tour ? […] C’est elle qui plane sur la société et qui la juge, et qui, montrant à l’homme la vulgarité de son œuvre, l’appelle sans cesse en avant, en lui montrant du doigt des utopies, des républiques imaginaires, des cités de Dieu, et lui souffle au cœur le courage de les tenter et l’espérance de les atteindre. […] Ma conviction est que nous sommes à une de ces grandes époques de reconstruction, de rénovation sociale ; il ne s’agit pas seulement de savoir si le pouvoir passera de telles mains royales dans telles mains populaires ; si ce sera la noblesse, le sacerdoce ou la bourgeoisie qui prendront les rênes des gouvernements nouveaux, si nous nous appellerons empires ou républiques : il s’agit de plus ; il s’agit de décider si l’idée de morale, de religion, de charité évangélique sera substituée à l’idée d’égoïsme dans la politique ; si Dieu dans son acception la plus pratique descendra enfin dans nos lois ; si tous les hommes consentiront à voir enfin dans tous les autres hommes des frères, ou continueront à y voir des ennemis ou des esclaves. […] Lui seul sait à quelle destinée il appelle ses créatures, et pénible ou douce, éclatante ou obscure, cette destinée est toujours parfaite, si elle est acceptée avec résignation et en inclinant la tête !
Victor Hugo a été condamné à n’être en effet qu’un enfant de génie, comme l’appelait M. de Chateaubriand. […] Pasteur L’Enfant Sublime, comme l’a nommé Chateaubriand, a mérité d’être appelé le Sublime Vieillard. […] Émile Augier Le xixe siècle s’appellera-t-il le siècle de Napoléon ou le siècle d’Hugo ? […] Henry Maret Ceux-là seuls qui peuvent choisir entre le lever du soleil derrière les montagnes de la Suisse ou son coucher étincelant dans les flots de l’Océan pourront aussi se prononcer entre les premiers vers de celui que Chateaubriand appela l’Enfant sublime et le poète de la Légende ou de Torquemada. […] Monument en ce désert, avec le silence loin ; dans une crypte, la divinité ainsi d’une majestueuse idée inconsciente, à savoir, que la forme appelée vers est simplement elle-même la littérature.
Il en appelle des jugements courants : il veut juger par lui-même, entendra les œuvres de Wagner, et les siffler— ou les applaudir — en connaissance de cause. […] le comité wagnérien de la ville sacrée musicale — ou de la sacrée ville musicale, comme vous voudrez l’appeler — se charge, moyennant une honnête rétribution, de vous procurer un logement sans punaises si tel est votre goût, pour la durée de fêtes. […] (Appeler ce délire physique de l’amour, c’est blasphémer ce mot divin. ) « Elle s’élève toujours douloureuse et néanmoins déjà triomphante. » (Comment déjà triomphante ? […] Cette ville de Bayreuth, où est enterré Jean-Paulbe ressemble, au premier coup d’œil, à une des petites cités industrielles qui se trouvent au nord de l’Angleterre, sur cette langue de terre qui voisine l’Ecosse et qu’on appelle le border : de hautes cheminées d’usine, de la fumée dans le ciel et de la brume, pour tout horizon des bois sombres sur des collines basses. […] Et Wagner, sitôt cette question soulevée, y répond avec une certitude absolue : « Au contraire, la mélodie et sa forme comportent, grâce à ce procédé, une richesse de développement inépuisable et dont on ne pouvait, avant d’y avoir recours, se faire une idée. » Il l’affirmait, et l’on pouvait déjà s’en fier à lui ; mais l’audition de son œuvre apporte une telle preuve à l’appui de son affirmation qu’on reste confondu, non seulement du génie du compositeur, mais de la puissance et de la lucidité d’esprit de l’homme qui a conçu cette nouvelle « œuvre d’art », ainsi qu’il l’appelle.
Il végète ainsi sous la plante, comme la statue dort dans le bloc, attendant le mot magique ; le ciseau plastique qui le déracinera de la glèbe pour l’appeler à une existence supérieure. […] Mais la colère bouillonne bientôt sur la fête ; elle est l’écume de ses coupes, le vin appelle le sang dont il a la teinte. […] On l’appelait souvent Omadios, le « Cruel », et Omestes, « Mangeant cru ». […] Un poète du quatrième siècle, Nonnos de Panopolis, l’a célébrée dans les quarante-huit chants de ses Dionysiaques, répertoire immense de mythes et de fables enjolivés sans doute par ce bel esprit alexandrin qu’on pourrait appeler le rococo grec, mais dont la broderie romanesque recouvre un fond d’antiques traditions. […] C’est sous l’influence de cette Théoxénie (comme les bons citoyens appelaient avec mépris ces idolâtries étrangères), prêchée et propagée par l’Orphisme, que Bacchus-Zagreus entra dans les Mystères d’Éleusis.
— Ma foi, c’est vrai, avoue en riant Flaubert, même avec les femmes de maison, que j’appelle mon petit ange… ……………………………………………………………………………………………………… — C’est curieux, — laisse échapper Tourguéneff, écoutant avec des yeux effarés et presque inquiets, ce qui se dit, — c’est curieux, moi, je n’aborde la femme qu’avec un sentiment de respect, d’émotion, et de surprise mon bonheur… Daudet, vous n’avez pas connu de femmes russes ? […] 3 juillet J’étais, ces jours-ci, avec Sophie Arnould et la Saint-Huberty ; j’étais avec la famille des jolis dessinateurs qui s’appellent les Saint-Aubin ; je travaillais dans les archives et le papier galant de l’ancienne Académie de musique ; je tournais et retournais dans mes cartons et ceux de Destailleurs ; ces dessins de grâce qu’on a plus refaits ; je me sentais heureux, et je me trouvais dans le temps et avec les gens que j’aime… mais je me suis juré de reprendre mon roman en juillet. […] Ce soir, à la reprise des dîners du Temps (c’est ainsi que s’appelle l’ancien dîner Magny), Liouville faisait remarquer le nombre d’incomplets, d’estropiés, de gens avec un lobe cérébral trop développé et un membre atrophié, qui avaient joué un rôle dans la Commune. […] Il est en moi le rêve de faire un livre, qui, sous la forme d’un journal, s’appellerait « Un an au Japon », et un livre encore plus senti que peint. […] Et à ce propos, il contait que, lors d’une épidémie de petite vérole, il y a quelques années, il avait été appelé dans une grande maison, où une vingtaine de jeunes femmes avaient fait la partie de se faire revacciner.
On comprend, après de pareilles exigences, qu’on appelât autrefois la poésie « le langage des Dieux ». […] Arrivé là de sa théogonie et de sa cosmogonie, le poète, le songeur (il s’appelle ainsi lui-même), plisse un peu plus fort son grand front vide et ajoute : Ne réfléchis-tu pas lorsque tu vois ton ombre ? […] Elle est la profession de foi d’un homme qui (toujours littérairement) n’a pas trouvé d’épithète plus heureuse pour Dieu que de l’appeler le Grand Caché. […] Le géant (il s’appelle géant !) […] Malhabile à mâcher les langues déliées et molles des époques subtiles et énervées, il n’a de naturel, de sonorité, de mordant dans l’étendue de sa voix, que quand il recule de son temps en ces temps que l’insolence des Civilisations appelle barbares.
Ce n’est pas pour rien qu’il s’appelait Évariste : il tenait de Parny, son parrain poétique, plus que d’Alfred de Musset.
Louis Legendre, adaptateur habile de Shakespeare, et qui s’est fait connaître par des pièces jouées avec grand succès, publie un volume de rimes aisées, spirituelles et mondaines, qu’il appelle le Son d’une âme.
Sa maniere de traduire est fort libre ; il se contente de présenter en détail les pensées du texte ; ce qui fit appeler chacune de ses Traductions, la Belle infidelle.
Son Ovide en belle humeur ne trouve plus des gens d’assez mauvais goût pour le lire ; aussi ce Poëte, si on peut l’appeler ainsi, avoit-il choisi le plus pitoyable de tous les genres, sans avoir les mêmes talens que Scarron, pour se le faire pardonner.