On en a toujours donné et on aime ça en France, tout en en disant beaucoup de mal. […] Mais avoir été remarqué sans y avoir prétendu ; avoir été choisi, sans s’y être personnellement ingénié, par des littérateurs que l’on aime et respecte dans leur œuvre, cela m’a toujours semblé être très réconfortant et, même, très honorable… Et puis il faut exister… Or, je n’apprends sans doute à personne que gagner son pain, c’est généralement, perdre le meilleur de sa vie… Mais on peut, au moins, s’épargner de mendier, même un peu de renom. […] Pour venir en aide aux jeunes écrivains, je ne conçois pas d’autre moyen que d’aider personnellement ceux qu’on aime, parce qu’on les croit originaux et forts, en répandant leurs livres autour de soi, en les défendant par la parole et la plume, en les soutenant même de ses deniers, quand on le peut sans manquer à la délicatesse. […] La littérature, pour ceux qui l’aiment vraiment, est une chose sacrée. […] Je l’aime aussi, mais en le lisant je ne me suis pas senti meilleur et si son œuvre est la plus forte, elle n’a pas la divine jeunesse du Grand Meaulnes, elle est trop faite.
Une pensée cependant me rassure : c’est que les grands écrivains de l’antiquité et des temps modernes sont, pour la plupart d’entre vous, de ces vieilles connaissances, de ces anciens amis dont on aime toujours à entendre parler ; et que les autres me sauront gré de leur faire connaître ces hommes du passé qui deviendront bientôt leurs amis les plus chers. […] On aime à voir les esprits supérieurs qui dominent par la pensée, descendre, par la simplicité de leurs goûts et la bonhomie de leurs caractères, au niveau du reste des hommes. […] C’est ainsi qu’après avoir embrassé d’un coup d’œil l’imposante et sublime immensité des mers, nous aimons à suivre du regard la barque du pêcheur qui fuit à l’horizon. […] C’est que les uns aiment et admirent sans savoir pourquoi, par sentiment, et que les autres se rendent compte de leur admiration et de leur amour, par le raisonnement. […] Si je ne puis parvenir à vous faire aimer un art si digne d’occuper vos loisirs, ce sera ma faute, et non celle de l’art lui-même.
Le public aime les romans faux : ce roman est un roman vrai. Il aime les livres qui font semblant d’aller dans le monde : ce livre vient de la rue. Il aime les petites œuvres polissonnes, les mémoires de filles, les confessions d’alcôves, les saletés érotiques, le scandale qui se retrousse dans une image aux devantures des libraires : ce qu’il va lire est sévère et pur. […] Le public aime encore les lectures anodines et consolantes, les aventures qui finissent bien, les imaginations qui ne dérangent ni sa digestion ni sa sérénité : ce livre, avec sa triste et violente distraction, est fait pour contrarier ses habitudes et nuire à son hygiène. […] Deux ou trois mois avant la mort de mon frère, à la sortie de l’établissement hydrothérapique de Beni-Barde, tous deux nous faisions notre promenade de tous les matins, au soleil, dans une certaine allée du bois de Boulogne, où je ne repasse plus, — une promenade silencieuse, comme il s’en fait, en ces moments de la vie, entre gens qui s’aiment et se cachent l’un à l’autre leur triste pensée fixe.
» Il ajoute : « Au fond, on ne le sait pas, mais ce qu’il aimait, c’était la science et la philosophie… Quand Robin a été nommé sénateur, cette nomination lui a fait autant de plaisir que les élections de 76. […] Elle s’échappe à dire, en parlant de la Conciergerie, avec un geste qui semble repousser l’image de sa cervelle : « La prison ; je n’aime pas voir cela… » et elle en reste là de sa phrase. […] Là, il avait pour maîtresse, une grande fille, nommée Esperanza qui l’aimait beaucoup, et qui dans les récréations, s’asseyait sur les marches de l’escalier, lui renversant la tête sur ses genoux, et lui caressant les cheveux, pendant que le petit fouillait de son regard amoureux le bleu profond du ciel. […] On part pour le Vésinet. » Et il me charge « s’il y avait accident », de porter à sa chère femme un petit mot, enfermé dans sa lettre, qu’il termine par cette tendre phrase : « Après son mari, ses enfants, papa et maman, vous êtes ce qu’elle aime le plus. » Cette lettre m’émotionne. […] C’est un collage : l’histoire de l’attachement et de la rupture d’un homme avec le monstre vert, la femme aimée par la bohème.
Je vous répétais souvent que vous deviez faire plus de cas de mes reproches, quelque amers qu’ils vous parussent, que de ces fades louanges dont vos flatteurs ne cessaient de vous accabler, parce que les blessures que fait celui qui aime valent mieux que les baisers trompeurs de celui qui hait. […] Aussi n’y en a-t-il point qui ait la même passion que moi pour votre avancement et pour votre bien.” » Saint Chrysostome ne put résister à un discours si touchant ; et, quelque sollicitation que Basyle son ami continuât toujours à lui faire, il ne put se résoudre à quitter une mère si pleine de tendresse pour lui, et si digne d’être aimée. […] ……………………………………………………… Deux surtout dont le nom, les talents, l’éloquence, Faisant aimer l’erreur ont fondé sa puissance, Préparèrent de loin des maux inattendus, Dont ils auraient frémi, s’ils les avaient prévus. […] IV, chap. 5] Voltaire, que j’aime à citer aux incrédules, pensait ainsi sur le siècle de Louis XIV, et sur le nôtre. […] sous votre roi Guillaume qui n’aimait rien, sous le roi d’Espagne Charles II, sous tant d’autres souverains ?
Ils aiment Shakespeare comme ils aiment Sophocle, parce qu’ils ont lu et compris Shakespeare et Sophocle ; mais le beau monde préfère Sheridan Knowles à Shakespeare, comme il préfère une étoffe nouvelle à une étoffe du dernier siècle. […] Elle aime bien, et sait se faire bien aimer. […] Quant à Maurice d’O, fille d’honneur de la reine, qui se dévoue à la fortune de Louis de Rohan, je ne saurais ni l’aimer ni l’approuver ; car une femme ne peut aimer longtemps, sans s’avilir, un homme quelle méprise. […] Nous n’aimons pas les tours de force et nous pensons qu’ils ne portent profit à personne. […] Ce qu’il veut et ce qu’il aime, c’est une multitude obéissante et empressée, qui ne réponde jamais que par un sourire d’admiration.
je réponds déja que cette fatalité dont on aime tant à s’étonner, est fondée sur une raison bien naturelle. […] Si je donne cette prémiere partie séparée, c’est pour profiter de la curiosité du public sur cette matiere, et aussi parce qu’il me revient qu’on n’aime pas les gros livres. […] Mais j’aime mieux croire que les anciens ont éxaminé ; et je prétends seulement que ce droit n’est pas éteint pour nous. […] Ce n’est pas que M. l’abbé Regnier n’eût beaucoup de sçavoir et d’esprit ; je respecte et j’aime encore sa mémoire, comme je respectois et comme j’aimois sa personne. […] Je l’aime, et de ce bien mon ame trop jalouse, déja se partageoit entr’elle et mon épouse.
Les anciens estimèrent la flûte un instrument incomparable, parce qu’ils aimaient surtout le beau simple ; les modernes préfèrent le violon avec ses accents humains et tragiques. […] Celui qu’elle aime vient d’entrer dans le salon. […] Auguste Comte a eu raison de dire qu’on se fatigue de penser ou d’agir, jamais d’aimer. Nous nous aimons toujours nous-même et nous aimons toujours autrui malgré nous. […] Il est curieux de comparer les descriptions vagues et oratoires du peintre aimé de Louis XIV, Lebrun, dans ses Expressions des passions de l’âme, avec les descriptions précises et scientifiques de Camper, de Bell, de Darwin, de Warner.
« N’ayant point aimé, raconte-t-il, j’étais accablé d’une surabondance de vie. […] Oscar aime Malvina, la femme de son ami, qui meurt au deuxième acte, ressuscite au quatrième, juste à temps pour empêcher le mariage d’Oscar et de Malvina. […] La sensible Malvina s’empresse d’imiter les hommes politiques ; elle oublie son serment et aime sir Edmond, beau, brave, mélancolique, etc… mais fort libertin ; il trompe sans scrupules plusieurs Malvinas simultanément […] un mylord que Simplicia, la fille du duc de Sunderland, aime. […] Les hommes aimaient l’action et recherchaient le mouvement, ceux qui agissaient par la pensée étaient des énergiques de la trempe de Julien Sorel, de le Rouge et le Noir et non des énervés et des affadis, comme Obermann, Amaury de Volupté et Didier de Marion de Lorme.
in-4°. peuvent être très-utiles à ceux qui aiment ce genre de littérature. […] Il s’y ruina entiérement & mourut pauvre & malheureux pour avoir trop aimé les Arts. […] M. de Voltaire, qui d’ailleurs n’aime pas Danchet, ne peut s’empêcher de louer ses opéra. […] Il est malheureux qu’on ait fait un Poëme de l’Art d’aimer. […] On avoit beaucoup de chansons avant ce Poëme ; (car nous avons toujours aimé à chanter) mais on n’avoit aucun ouvrage de cette étendue.
Celui-là s’attachera aux couleurs et aux formes, et comme il aime la couleur pour la couleur, la forme pour la forme, comme il les perçoit pour elles et non pour lui, c’est la vie intérieure des choses qu’il verra transparaître à travers leurs formes et leurs couleurs. […] Et si la terre était un être vivant, comme le voulait la mythologie, elle aimerait peut-être, tout en se reposant, rêver à ces explosions brusques où tout à coup elle se ressaisit dans ce qu’elle a de plus profond. […] Nous aimons mieux insister sur ce qu’elles ont de commun. […] Mais se détacher des choses et pourtant apercevoir encore des images, rompre avec la logique et pourtant assembler encore des idées, voilà qui est simplement du jeu ou, si l’on aime mieux, de la paresse. […] Dira-t-on que l’intention au moins peut être bonne, que souvent on châtie parce qu’on aime, et que le rire, en réprimant les manifestations extérieures de certains défauts, nous invite ainsi, pour notre plus grand bien, à corriger ces défauts eux-mêmes et à nous améliorer intérieurement ?
Un jugement de détail, avec les discussions qu’il introduirait, ne saurait être porté ici, par nous du moins ; mais il nous est possible, et il nous est particulièrement précieux, à nous qui, depuis 1827, n’avons cessé d’aimer et d’honorer en M. […] Il est encore un point sur lequel j’aime à rendre hommage, et en ce lieu même, à M. Thiers : c’est pour le soin qu’il prend, au milieu de toutes les réserves politiques qu’il a dû faire, de marquer, de relever le sentiment patriotique et national de Napoléon, voulant tout, même la ruine et la perte du trône, plutôt que la mutilation de la France et l’abdication de ce qu’il considère comme son propre honneur. « Vous parlez toujours des Bourbons, disait-il à Caulaincourt, j’aimerais mieux voir les Bourbons en France avec des conditions raisonnables, que de subir les infâmes propositions que vous m’envoyez », c’est-à-dire de garder une France réduite au-dessous d’elle-même. — « Si je me trompe, eh bien nous mourrons !
Cette modestie qu’il a, non pas seulement extérieure et apparente, mais intime et sincère, le marque et le distingue entre tous : ce coin de faiblesse (car il y a un peu de faiblesse) me le fait aimer ; c’est une grâce de plus, c’est comme un pressentiment, si on le rapproche de sa fin prématurée. […] J’aime rendre des services ; qui ne serait sensible à la joie d’en rendre ? […] Décidément Joubert aime les postes en second et s’y sent plus à l’aise que dans les premiers.
Ces lettres se terminent par des mots dont il est généralement sobre et qui reviennent rarement ailleurs sous sa plume sévère : « Je vous salue et vous embrasse », ou « Je vous salue et vous aime. » Cependant, malgré cette affection mêlée à l’estime, Bonaparte n’emmena point Joubert avec lui dans son expédition d’Orient. […] Ainsi mourut à l’âge de trente ans ce jeune général, aimé, regretté de tous, succombant, on peut le dire, à une situation trop forte, à une épreuve où la préoccupation politique avait pesé étrangement sur les déterminations de l’homme de guerre. […] Si l’on essaye pourtant (car la pensée va d’elle-même) de se figurer ce qu’eût été Joubert devenu maréchal d’Empire, il me semble que l’illustre maréchal Suchet nous en donne assez bien l’idée : un militaire brave, instruit, progressif, un parfait lieutenant, capable de conduire à lui seul des opérations circonscrites, administrateur habile et intègre, combinant des qualités militaires et civiles, se faisant aimer même dans les pays conquis.
je me plais à vous nommer, vous qui me représentez toute cette classe d’esprits excellents, prudents et solides, comme il en est quelques-uns encore, qui aiment en toute chose qu’on avance avec lenteur et qu’on ne détruise point inutilement ; vous à qui l’on doit la dernière édition charmante de la Sévigné antérieure et intermédiaire39 ; vous ne serez dérangé qu’à peine par celle-ci, dont vous ne vouliez pas, à la fois nouvelle et plus ancienne ; vous ne le serez que juste autant qu’il faut pour mieux goûter ensuite votre objet. […] Mme de Sévigné sent très bien ce qu’il y a là-dessous ; elle ne s’en laisse pas conter et répond40 : « Il est vrai que j’aime votre fille ; mais vous êtes une friponne de me parler de jalousie ; il n’y a ni en vous ni en moi de quoi la pouvoir composer. […] J’ai une santé au-dessus de toutes les craintes ordinaires ; je vivrai pour vous aimer, et j’abandonne ma vie à cette occupation, et à toute la joie, et à toute la douceur, à tous les égarements, et à toutes les mortelles inquiétudes, et enfin à tous les sentiments que cette passion me pourra donner. » Ne sentez-vous pas la passion vraie qui déborde et qui ne trouve jamais ; à son gré, assez de mots ?
Il avait donné la nouvelle couronne ducale au roi de Saxe, le plus proche voisin, prince aimé et vénéré, mais qui n’était pas tout à fait un roi de Pologne : ce roi, il semblait que l’Empereur refit pu donner directement de sa main, s’il ne voulait se déclarer tel lui-même et céder au cri national. […] Avec du goût, de l’esprit et les formes de la meilleure compagnie, il aimait à faire remarquer l’ancienneté de la famille irlandaise dont il descend. […] Fouché, on le sait, quand le mal ne servait à rien, ne le faisait pas ; il était « bon diable », comme le disait de lui l’Empereur ; il aimait à rendre service par facilité de caractère, et aussi parce qu’on né sait jamais ce qui peut arriver.
A force de poursuivre tous les perfectionnements qu’a apportés l’Évangile dans la vie humaine et de pousser à bout toutes les conséquences de Jésus-Christ telles qu’il les comprend et qu’il les aime, il excède et il sort de toutes les proportions de l’histoire ; il est dans le dogme, il entre dans les mystères mêmes de la vie future et des récompenses destinées aux élus. […] Je l’aime mieux quand ses longueurs portent sur le caractère merveilleux du Christianisme, sur le règne de la charité, sur l’explication qu’il donne de la folie et du mystère de la Croix, qu’il semblait déjà avoir épuisé ; mais encore est-il décidément trop long, traînant ; il abonde dans ses pensées ; il y nage, mais il s’y noie. […] S’il attaque l’Hérésie par tant de moyens et plus encore que n’ont jamais fait ses prédécesseurs, ce n’est pas qu’il craigne pour son trône ; tout est tranquille à ses pieds, et ses armes sont redoutées par toute la terre : mais c’est qu’il aime ses peuples, et que, se voyant élevé par la main de Dieu à une puissance que rien ne peut égaler dans l’univers, il n’en connaît point de plus bel usage que de la faire servir à guérir les plaies de l’Église. » Erreur, abus de la parole et de l’éloquence !
L’inconvénient pour elle de sa première éducation et de cette culture exclusive, c’eût été plutôt, comme elle l’indique assez véridiquement, d’offrir une teinture scientifique un peu marquée, d’aimer à régenter, à documenter toujours quelqu’un auprès de soi, comme cela est naturel à une personne qui a lu l’Histoire de l’Académie des Sciences, et qui a étudié la géométrie. […] M. de Silly pourtant est bien l’homme qu’elle a le plus véritablement aimé. […] Elle n’a point été aimée de qui elle aurait voulu, elle n’a pas eu sa jeunesse remplie à souhait, elle a souffert : beaucoup d’autres sont ainsi, mais elle a eu avec les années la satisfaction de la pensée et les jouissances réfléchies de l’observation ; elle a vu juste, et il lui a été donné de le rendre.
Dans l’Assemblée Constituante, les membres du côté droit auraient pu faire passer quelques-uns des décrets qui les intéressaient, s’ils eussent laissé la parole à des hommes plus modérés qu’eux, et par conséquent plus agréables au parti populaire ; mais ils aimaient mieux perdre leur cause, en la faisant soutenir par l’abbé Maury, que de la gagner en la laissant défendre par un orateur qui ne fut pas précisément de leur opinion sous tous les autres rapports. […] Mais dans l’esprit de parti, l’on aime mieux tomber, en entraînant ses ennemis, que triompher avec quelqu’un d’entre eux. Lorsqu’en étant assidu aux élections, on pouvait influer sur le choix des hommes dont allait dépendre le sort de la France, les Aristocrates aimaient mieux l’exposer au joug des scélérats, que de reconnaître quelques-uns des principes de la révolution en votant dans les Assemblées primaires.
Edmond Lepelletier l’aimait, et pour ce il lui sera pardonné bien des choses. […] Coppée, que Verlaine aimait tant, offrait plus volontiers un secours qu’une chronique. […] On ne peut pas, un jour ou l’autre, ne pas l’aimer définitivement.
Un de ses romans (car il fit aussi des romans) est intitulé : L’Île de Wight, ou Charles et Angélina (1798), et c’est dans cette île riante qu’il aimait à reporter ses premiers rêves d’idylle et de bonheur. […] Walckenaer aimait l’administration ; il s’y entendait, et plus tard il y mettait même peut-être un peu d’amour-propre, lui qui en montrait si peu ; il ne se vanta jamais d’être un savant, et il se piquait d’être un administrateur. […] Toutes les femmes qu’a aimées La Fontaine et qui le lui ont si bien rendu, qui l’ont recueilli, nourri et soigné dans les distractions et les oublis de sa vieillesse, ont leur place dans cette biographie de curiosité et d’affection.
Son plaisir propre n’est absolument ni d’aimer, ni de goûter la musique, mais de cristalliser à propos de l’amour et de la musique. […] S’étreindre, c’est se jeter à deux dans la mort-mais avec la faculté d’en revenir et de s’en souvenir… ceux qui accomplissent le rite sans croire, l’acte sans aimer, ne songent qu’à l’agrément de cette névrose et non à la conséquence métaphysique et tragique de l’étreinte. « Mais l’acte d’amour vrai » cette seconde de la projection vitale n’étant qu’un éclair entre deux infinis, qu’est-ce donc que l’idée de possession ? […] Le but essentiel de ceux qui s’aiment est de créer et de connaître ensemble, par la conjonction physique et charnelle, l’élan vers la mort, vers la dépersonnalisation intense : et comme leurs forces physiques leur défendent la constance de cet élan vers lequel ils tendent sans cesse, leurs existences ne sont que des conversations reliant quelques instants de vertige suprême. " le caractère tragique de Don Juan implique une grande puissance de cristallisation instantanée jointe à une impuissance à cristalliser dans le temps.
Il est aimé. […] Il vient de passer des heures auprès de celle qu’il aime, à s’enivrer de pureté. […] « Aimons les livres, comme l’amoureuse du poète aimait son mal… Ceux qui lisent beaucoup de livres sont comme les mangeurs de hachisch. […] Ce souhait d’être l’interprète aimé des simples n’est pas, chez lui, une fantaisie d’un instant. […] Il aime pareillement les Goncourt, Baudelaire, Barbey d’Aurevilly, bien d’autres encore.
M. de Rémusat a certes en lui du sceptique, il a du railleur, et de plus il aime la vérité, et il eut à de certains jours, il a pour elle de ces merveilleux amours dont parle Cicéron après Platon. […] Jeune homme, il aimait la métaphysique, et tout à côté il faisait des chansons ; il avait ses opinions, ses idées chères, intimes, et tout à côté il les analysait, il s’en rendait compte. […] Chez lui, la chanson, ou, si vous aimez mieux, la raillerie fine s’en va accoster la métaphysique, la prendre sous le bras dans ses heures de récréation, si bien qu’on ne sait par moments laquelle devance et a le pas sur l’autre. […] On reconnaît là une de ces allusions classiques comme les aime la plume de M. de Rémusat. […] M. de Rémusat a beau faire, sa curiosité se porte aisément aux limites, et lorsqu’elle signale les écueils, elle aime pourtant à s’y pencher.
La tragédie se plaît dans l’unité ; la comédie aime donc le chaos16. […] que j’aime bien mieux les coups de bâton que les archers donnent à Polichinelle, et les coups de plat de sabre que les Turcs distribuent en cadence à M. […] J’aimerais en particulier le déguisement de M. de Pourceaugnac en femme, si le danger véritable que court à cette occasion ce pauvre gentilhomme, ne m’inspirait un intérêt trop sérieux pour être compatible avec la gaieté comique. […] Elle vient de rebuter Plaisantinet, parce qu’il « aime la gaillardise », et qu’il ne sait pas faire rire sans choquer l’honnêteté. […] Cet empire envié par le reste du monde, Ce pouvoir qui s’étend une lieue à la ronde, N’est que de ces beautés dont l’éclat éblouit Et qu’on cesse d’aimer sitôt qu’on en jouit.
Mais Vénus (la passion) contraint Hélène à pardonner à son époux et à l’aimer encore pour sa seule beauté. […] Cette scène domestique émeut vivement le cœur par le contraste du patriotisme dévoué d’Hector, de la mollesse de Pâris, de la honte d’Hélène, qui admire Hector et qui aime Pâris tout en le méprisant. […] « Ton père, dit-il à Achille, me reçut tout jeune dans son royaume ; il m’aima comme un père aime son fils unique, l’enfant de sa vieillesse, qu’il obtint au sein de sa félicité. […] Elle emprunte à Vénus ce charme indéfinissable qui fait aimer, charme figuré par la ceinture de Vénus. […] de tous mes beaux-frères ô toi le plus aimé de mon cœur, puisqu’il est trop vrai que Pâris est mon époux, et qu’il m’a ravie pour me conduire en Ilion.
Tu auras vu tomber à son tour, presque sans secousse, ce roi mal assis sur les débris de sa maison, par la versatilité d’un peuple qui ne sait ni haïr ni aimer longtemps. […] J’avais sucé le royalisme loyal et traditionnel pour les Bourbons, frères, enfants ou neveux du vertueux Louis XVI, avec le lait ; je n’aimais pas la maison d’Orléans. […] Ce que ce peuple aujourd’hui semblait aimer dans le nouveau duc d’Orléans, il faut l’avouer, c’était le fils du 21 janvier. […] J’aurais soutenu résolument la politique pacifiante et conservatrice de Casimir Périer ; je n’aimais pas l’homme, mais j’aimais son courage. […] Je n’aime pas le bonapartisme, mais je le préfère encore à l’orléanisme.
Zola, qui aime ardemment le travail de l’artiste, trouvait pénible de perdre son temps et ses forces à faire des lignes pour gagner son pain. […] Nul doute que la question de vente ne l’ait préoccupé ; il avait vu d’assez près la librairie, pour savoir qu’un auteur aimé vend ses livres, et que ceux que l’on n’achète pas ne sont pas lus. […] Lui qui aime la solitude et la tranquillité, il est assailli de demandes, qu’il accueille toujours avec bienveillance. […] Mais, dans ce court intervalle, un auteur, très aimé du public, et qui est académicien, avait déclaré la tentative absolument irréalisable. […] Marais, qui aime mieux voir sa femme en princesse qu’en ouvrière, et en robe blanche qu’en haillons.
Il avait vingt ans de prison pour avoir enlevé la femme d’un haut fonctionnaire, et il disait sa vie perdue, faute d’un Empereur qui aimât le théâtre, — se regardant tout à fait indispensable dans une vraie troupe impériale. » Nous voilà rue Pigalle, à inspecter dans les remises, l’entassement des objets qui arrivent de Pékin, à examiner dans les cachettes des greniers, les porcelaines, les jades, les bronzes, les curiosités de sélection, dissimulées au public, et gardées pour les Rothschild, les Camundo. […] » phrase qu’il fit suivre à peu près de ceci : « Vous dites à une femme, je vous aime ! […] Tout ce que nous osons dire à la dame que nous aimons, c’est que nous envions près d’elle la place des canards mandarins. […] Les hommes n’apportent pas aux idées de ce domaine la même foi qu’à leurs doctrines littéraires, qui sont et le credo convaincu et le produit d’un tempérament. » Ici, il s’interrompt pour jeter : « Tenez, nous sommes cinq dans ce salon, qui pensons absolument d’une manière différente, eh bien, je sais que nous nous aimons mieux, que ne m’aime Emmanuel Arago ! […] ” « Non, j’aimais Royer-Collard… les deux hommes que je n’aimais pas, c’était Cousin et Guizot. » Dans la salle à manger, au plafond bas, il y a au-dessus de nous, une flambée de gaz à vous cuire la cervelle, Mme Charles Hugo me dit que très souvent cette chaleur produit chez son fils des troubles de la tête, qui lui font désirer d’être toujours à côté de lui.
Du moins, Pasteur aimait à dire qu’il devait beaucoup à cette hérédité. […] Celui dont l’amour recule devant le meurtre, celui-là ne sait pas aimer. […] L’homme qui a pu aimer jusqu’au crime, on pense qu’il était plus que d’autres capable d’amour. […] C’est un genre qui peut plaire ; mais il faut l’aimer, sans quoi, il vous met au supplice. […] Le premier mérite d’un causeur est d’aimer à causer.
Alexandre Dumas fils, était envoyé au concours, et la commission, dont chaque membre aurait aimé individuellement à n’avoir qu’à louer et à applaudir l’auteur pour la franchise de ses expositions, pour la spirituelle et frappante énergie de ses tableaux, a dû se former un avis au point de vue particulier où elle était placée, en vue de la fonction dont votre confiance, monsieur le ministre, l’avait investie. […] À cela il a été répondu, moins comme contradiction directe à ce que ces éloges avaient, liitérairement, de mérité, que comme correctif et au point de vue où la commission avait à juger l’ouvrage, qu’il ne paraissait point du tout certain que la peinture fidèle de ce vilain monde fût d’un effet moral aussi assuré ; que le personnage même le plus odieux de la pièce avait encore bien du charme ; que le personnage même le plus honnête, et qui fait le rôle de réparateur, était bien mêlé aux autres et en tenait encore pour la conduite et pour le ton ; que le goût du spectateur n’est pas toujours sain, que la curiosité est parfois singulière dans ses caprices, qu’on aime quelquefois à vérifier le mal qu’on vient de voir si spirituellement retracé et si vivant ; que, dans les ouvrages déjà anciens, ces sortes de peintures refroidies n’ont sans doute aucun inconvénient, et que ce n’est plus qu’un tableau de mœurs, mais que l’image très vive et très à nu, et en même temps si amusante, des vices contemporains, court risque de toucher autrement qu’il ne faudrait, et qu’il en peut sortir une contagion subtile, si un large courant de verve purifiante et saine ne circule à côté.
On ne fait pas un portrait sur une tombe, et je n’ai pu qu’esquisser une rapide image ; mais les amis présents ont tous reconnu celui qu’ils avaient aimé pour ses qualités, pour ses vivacités, pour ses défauts mêmes, nés d’un surcroît du cœur. […] Homme excellent, qui a beaucoup aimé, beaucoup souffert, qui a de tout temps servi ses semblables jusqu’à en vouloir mourir, le repos enfin lui est venu.
L’esprit répugne de lui-même à ce qui est incomplet, il aime l’ensemble, il tend au but, et de même qu’il s’élance vers l’avenir, il aspire à connaître un nouvel enchaînement de pensées qui s’offre en avant de ses efforts et de son espérance. […] Quand Rousseau a peint les premières impressions de la statue de Pigmalion, avant de lui faire goûter le bonheur d’aimer, il lui a fait trouver une vraie jouissance dans la sensation du moi.
L’originalité de B. de Saint-Pierre Ceux qui se figurent Bernardin de Saint-Pierre595 d’après ses oeuvres, se le représentent comme un suave bonhomme, au sourire angélique, à l’œil humide, les mains toujours ouvertes pour bénir : c’était un nerveux, inquiet, chagrin, pétri de fierté et d’amour-propre, ambitieux, aventureux, toujours mécontent du présent, et toujours ravi dans l’avenir qui le dégoûtait en se réalisant, un solliciteur aigre, que le bienfait n’a jamais satisfait, mais a souvent humilié, un égoïste sentimental, qui aimait la nature, les oiseaux, les fleurs, et qui a sacrifié à ses aises, à ses goûts, les vies entières des deux honnêtes et douces femmes qu’il épousa successivement : il accepta ces dévouements béatement, sereinement, comme choses dues, sans un mouvement de reconnaissance, sans même les apercevoir. […] Deux enfants s’aiment ingénument depuis leur naissance.
Je l’aimai de l’amitié qu’on a pour un beau ciel. […] Qui donc ose se plaindre d’avoir aimé ?
On peut, si on l’aime mieux, étudier en quoi diffèrent et se ressemblent les phases successives d’un genre littéraire. […] Ainsi l’examen de leur œuvre et de leur vie nous apprend que Marivaux, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, Ducis ont tous aimé, admiré, reproduit certains écrivains anglais : nous voici autorisés à déclarer que l’Angleterre a exercé sur la France une forte influence intellectuelle au cours du xviiie siècle, et avec un peu d’attention, il est aisé de marquer dans quels domaines, entre quelles dates, en quel sens elle a agi.
M. s’étant levée, et lui avant fait la révérence, comme de coutume : J’aimerais mieux, va dire ce prince tout brusquement, qu’on ne me fît point tant de révérences, et qu’on ne me fît point fouetter. » (Journal du règne de Henri IV, t. […] De Rambouillet qui n’aime que la comédie.
Moi, qui vous aime tendrement, Je n’écris que pour vous le dire. […] Hyppolite aime Aricie, & veut la fuir.
Cela prouve qu’une grande différence existait déjà entre les temps de Virgile et ceux d’Homère, et qu’au siècle du premier, tous les arts, même celui d’aimer, avaient acquis plus de perfection. […] Ce vieux monarque, dont le seul crime est d’aimer trop un fils coupable ; ce généreux Hector, qui connaît la faute de son frère, et qui cependant défend son frère ; cette Andromaque, cet Astyanax, cette Hécube, attendrissent le cœur, tandis que le camp des Grecs n’offre qu’avarice, perfidie et férocité : peut-être aussi le souvenir de l’Énéide agit-il secrètement sur le lecteur moderne, et l’on se range sans le vouloir du côté des héros chantés par Virgile.
On reconnaît en lui le disciple que Jésus aimait, le disciple qu’il voulut avoir auprès de lui, au jardin des Oliviers, pendant son agonie. […] Au reste, l’esprit de tout l’Évangile de saint Jean est renfermé dans cette maxime qu’il allait répétant dans sa vieillesse : cet apôtre, rempli de jours et de bonnes œuvres, ne pouvant plus faire de longs discours au nouveau peuple qu’il avait enfanté à Jésus-Christ, se contentait de lui dire : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres.
Quelques têtes éprises de la force, comme celle de Stendhal, par exemple, qui aimait mieux le brigandage que la civilisation, et qui avait rêvé d’écrire l’Histoire de l’énergie en Italie, peuvent, par amour de l’émotion, poétiser un temps où le danger et la mort étaient noblement au bout de tout ; mais il n’y avait pas au XVIe siècle que la palpitation héroïque, chère aux hommes de courage, il y avait, dans les mœurs, autant de corruption et de bassesse que d’atrocité. […] IV Et c’est ce qu’il faut rappeler, eu finissant, à l’auteur de cette Histoire de Philippe II60 qui n’aime pas plus que nous les Démocraties.
Il aime les idées et il les suit dans ses livres, comme on suit les femmes dans la rue, bien souvent sans les attraper ! […] Personne, pas même eux, ne pourrait être dupe d’un si enragé maquillage, et c’est là surtout ce qui doit déconsidérer le plus profondément aujourd’hui Dumas, comme romancier. — L’immoralité des tableaux est une fière chance de succès, sans doute, mais la déclamation rend tout insupportable, même le vice, pour les vicieux qui l’aiment.
Du reste, ils ont raison de ne pas venir, j’aime mieux mourir seul. […] La gloire, pour ceux qui la méritent et qui ont la faiblesse de l’aimer, n’est jamais qu’une question d’heure qui se résout montre à la main.