Aussi a-t-on affirmé la perfection, au moins relative, de la solidarité. « Le crime finit toujours par être puni », « une bonne action trouve toujours sa récompense », « si vous êtes bon, on sera bon pour vous », « aimez et l’on vous aimera », ce sont là, avec bien d’autres, des lieux communs de l’éducation. […] Mais si l’individu et la société sont, par nature, en harmonie, ceux qui troublent le nouvel ordre social ou qui retardent sa venue s’opposent par là à la libre action de l’individu. […] J’ai éliminé tous les facteurs de la morale autres que l’instinct social, et j’en ai supposé l’action plus unie, plus éclairée, plus régulière qu’elle ne le fut jamais. […] C’est une des formes abstraites et générales de l’action de l’instinct social.
D’après la longueur du temps écoulé depuis que de nouveaux habitants se sont établis dans une région quelconque ; d’après la nature et la facilité des communications qui permirent à certaines formes de s’y introduire en plus ou moins grand nombre, à l’exclusion de toutes les autres ; selon que ces divers colons se firent entre eux une concurrence plus ou moins vive, qu’ils eurent à la soutenir contre les indigènes, ou que les immigrants furent susceptibles de varier plus ou moins rapidement, il dut s’ensuivre en chaque différente région, et indépendamment de ses conditions physiques, des conditions de vie infiniment diverses, et un ensemble presque infini d’actions et de réactions. […] Notre première édition portait : « Pourtant l’on m’a assuré qu’une grenouille vit sur les montagnes de la Nouvelle-Zélande, et je suppose que cette exception, si elle est réelle, peut s’expliquer par l’action glaciaire. […] C’est d’autant plus vrai que, si l’action volcanique agit généralement sur des points isolés, comme dans l’apparition du Monte Nuovo ou de quelques îlots méditerranéens, et ne peut guère produire que des îles peu étendues ou tout au plus des chaînes ou des groupes d’îles volcaniques, l’action soulevante, lente et continue, telle qu’elle agit actuellement en Suède, se manifeste généralement sur des régions considérables, ainsi que M.
Montluc, tout faible qu’il était, sut être sur pied et dans l’action partout où il le fallait, et, après le premier moment de surprise, l’ennemi fut repoussé. […] — Dans l’action enlin, il était prompt à saisir le joint et le moment, et à marquer l’instant décisif de donner sans perdre une minute.
On a ici, en suivant Dangeau pas à pas, une impression bien nette de ce qu’était un de ces fameux sièges classiques de Louis XIV, solennels, réguliers, un peu courts à notre gré, toujours sûrs de résultat, pleins d’éclat pourtant, de nobles actions, de dangers et de belles morts. […] À une action, pendant le siège du château, il reste toujours à cheval à une demi-portée de mousquet de la place, et quelques gens sont blessés fort loin derrière lui.
M. de Tocqueville s’isola un peu trop, même dans l’opposition ; il eut jusqu’en 1848 un rôle des plus honorables, mais peu efficace, peu étendu, un de ces rôles d’Ariste ou de Cléante au théâtre, et qui, le faisant estimer dans les deux camps, ne lui procura dans aucun une action proportionnée à ses lumières et en rapport avec l’énergie de ses sentiments. […] Ce peu pourtant est très digne d’être lu… » M. de Tocqueville avait un peu du dédain des esprits établis pour les aventuriers qui se risquent et commencent, pour ceux qui, engagés à corps perdu dans l’action, ne s’avisent pas d’en raisonner ; il oubliait qu’on ne raisonne pas des choses à perte de vue quand on les touche à bout portant.
Son ambition, à lui, en se détournant de toute idée de fonction et d’action politique, s’était assigné un autre but. […] Biot « une mauvaise action. » Il y a lieu de penser qu’il en eut quelque regret, car l’article n’a point été recueilli par lui dans ses Mélanges.
Elle a inspiré à de grands poètes tragiques, aux Shakespeare et aux Schiller eux-mêmes, des inventions odieuses ou absurdes ; elle a inspiré au plus bel esprit et à la plus vive imagination une parodie libertine qui est devenue une mauvaise action immortelle ; elle est en possession de faire naître, depuis Chapelain, des poèmes épiques qui sont synonymes d’ennui, et que rien ne décourage, qui recommencent de temps en temps et s’essayent encore çà et là, même de nos jours, sans arriver jusqu’au public : soyez bien sûrs qu’à l’heure où je vous parle il y a quelque part un poëme épique de Jeanne d’Arc sur le métier. […] Guessard et de Certain qu’il n’y a rien de tel, pour honorer le miracle de la patriotique jeune fille, que le vrai tout simple, et ce qui permet d’en approcher le plus, le Journal de ses actions et les pièces mêmes de son procès.
Cependant Hamilcar, sans qu’on s’explique trop comment, reprit encore une fois le dessus, et après une suite de marches et d’actions habilement ménagées, il fit si bien qu’il enferma les étrangers dans un lieu, dans une espèce de champ clos appelé La Hache, parce que le terrain offrait assez la forme de cet instrument ; il les y réduisit d’abord à une telle famine qu’ils se virent contraints de se dévorer les uns les autres ; et finalement, après s’être saisi de la personne de leurs chefs, qui étaient venus parlementer auprès de lui, il écrasa avec ses éléphants ou tailla en pièces toute cette armée, dont pas un soldat ne réchappa : elle n’était pas moindre que de quarante mille hommes. […] Les grands capitaines écrivent leurs actions avec simplicité, parce qu’ils sont plus glorieux de ce qu’ils ont fait que de ce qu’ils ont dit.
Térence, en effet, loin d’avoir affaibli Ménandre dans l’action, paraît, an contraire, avoir jugé celui-ci trop simple et l’avoir voulu d’ordinaire renforcer et doubler. […] C’est moins dans l’action apparemment que dans le style, dans le dialogue, que cette ardeur de verve se faisait désirer.
» C’est donc sur une plus grande échelle et avec des moyens d’action plus puissants que ceux dont disposaient les anciens, c’est avec des instruments et un outillage (le mot est lâché) bien autrement formidable, c’est aussi avec une conscience plus claire et plus réfléchie de leur tâche, que les modernes se remettent en marche et entreprennent désormais l’œuvre progressive de la civilisation proprement dite ; la différence des proportions et des mesures méritait en effet un mot tout nouveau. […] Sachons qu’il y a solidarité d’action, unissons-nous pour travailler en vue de l’œuvre commune, pour accroître la part de l’influence humaine sur cette terre, pour diminuer l’empire des éléments aveugles.
Il n’y est tenu aucun compte de l’élément intérieur, du ressort principal qui explique les actions et toute la conduite de Racine dans ses dernières années, de son inspiration religieuse véritable, de son âme en un mot : et c’est elle qu’un ami du dedans va nous découvrir dans toute sa sincérité. […] Chaque parole, chaque action respire la piété et la simplicité.
Il est bien dommage que cette réputation de chevaleresque fût bornée à la bravoure un jour d’action, et qu’elle se crût compatible avec des actes si vilains dans la conduite ordinaire de la vie. […] Cela fait, il s’empressa de quitter ce point éloigné de l’action sans veiller à l’exécution ultérieure d’une Convention ainsi bâclée, et il se rapprocha des opérations du centre, « courant, comme on dit, deux lièvres à la fois et devant les manquer tous deux. » C’est alors que M. de Soubise, que ses amis de cour avaient porté à la tête d’un corps particulier d’armée, et que le maréchal de Richelieu avait dû renforcer d’un détachement de vingt mille hommes, essuya la fatale déroute de Rosbach.
L’Assemblée une fois séparée et ceux qui en avaient été membres se voyant exclus de toute action législative, Talleyrand ne jugea point à propos de rester dans l’atmosphère agitée de Paris : il partit pour Londres avec son ami Biron, ambassadeur, en janvier 1792. […] J’y existe, comme je l’ai toujours été, étranger à toutes les discussions et à tous les intérêts de parti, et n’ayant pas plus à redouter devant les hommes justes la publicité d’une seule de mes opinions politiques que la connaissance d’une seule de mes actions… » Sa réclamation étant restée vaine, il s’embarqua en ce temps pour les États-Unis.
Un moraliste sagace établissait naguère que l’action d’une œuvre est d’autant plus forte qu’elle est moins répandue : le petit nombre à qui l’œuvre est familière est porté à exagérer sa signification, à la prôner d’un culte exclusif, farouche, de propriétaire. […] Aujourd’hui quelle est au juste l’action particulière de ce poète ?
Tel autre, comme Zola, met d’ordinaire en action les appétits grossiers et puissants par lesquels l’homme plonge dans l’animalité. […] S’il est des genres littéraires voués ainsi à l’action par leur nature même, tous peuvent à l’occasion prendre ce caractère militant.
. — En un seul point Wagner ne s’est point conformé à l’exactitude historique, — c’est en faisant célébrer le mariage de Lohengrin et d’Elsa à l’église ; l’action de Lohengrin se passe au commencement du dixième siècle, or ce n’est guère que vers les onzième et douzième siècles que l’église parvint à imposer le mariage religieux, et dans les descriptions de mariages avant cette époque il n’est jamais question de cérémonies religieuses. […] Il participa également à de nombreuses publications comme Droits de l’homme, Le Journal du Peuple, L’Humanité, L’Action, Gil Blas et publia plusieurs romans après une mission en Indochine.
Sa dynamique incomplète, qui ne tient compte que de l’action et non de la résistance, explique moins bien ce mécanisme. […] Ses halètements démentiels, rendent incertaines, hésitantes, contradictoires, nos actions.
Par cette annonce ridicule, l’action du discours est nécessairement affoiblie. […] Il ne pensoit pas que ce fût nuire à l’action que de tenir un cahier à la main & d’y lire d’excellentes choses, que d’être au moins rassuré par une personne dont l’emploi seroit de suggérer ce qui ne s’offre plus à la mémoire.
Mais cette poésie, on peut le dire, faisait partie de l’action même ; elle était comme l’appareil et le langage sacramentel du patriotisme et du courage. […] Bien de cette puissance de mélodie, de ce chœur aux cent voix, de ce dithyrambe en action foi marqué dans Eschyle, n’était possible aux rudes essais du théâtre romain.
Alexandre, mêlant à une véritable grandeur d’âme et à des actions incomparables quelques accès de fureur, avait vu autour de lui le silence, même sur sa gloire ; et son règne, marqué par autant de fondations que de conquêtes, n’avait pas su produire un grand poëte, un grand historien. […] Je veux le croire ; mais il faut convenir que bien vite, des pieuses actions de grâce de Livie et d’Octavie, il descend à la chanteuse Néère et à son portier.
L’action paraît se passer vers le commencement du siècle.
Nature violente, exprimant toutes les aspirations et — cyniquement — jusqu’aux pires faiblesses de la nature humaine, Arthur Rimbaud, s’il ne s’est point purifié par le verbe, s’est régénéré dans l’action.
Elle ne laisse apparaître un objet qu’autant qu’on la suppose appliquée à un principe immobile qui, sous l’action du mouvement, est contraint de se déplacer d’un lieu dans un autre.
Comme il vit au milieu des déserts, ses tableaux sont nobles et simples ; on n’y trouve point de mauvais goût, mais aussi ils sont monotones, et les actions qu’ils expriment ne vont pas jusqu’à l’héroïsme.
Pour moi, je trouve que les deux jeunes filles, charmantes à la vérité, d’une physionomie douce et fine, se ressemblent trop d’action, de figure et d’âge.
Car le drame, c’est l’action, et l’action est le propre de l’âge viril, comme la rêverie, l’élégie et la fantaisie sont les muses de la jeunesse. […] Tout mot tend à devenir un acte, et parler n’est qu’une manière d’agir, ou une manière de provoquer à l’action. […] Il faudra que l’artiste transforme ce qui est un instrument d’action en objet de contemplation. […] Surtout on sentait qu’il adorait le théâtre, et il n’est rien pour avoir de l’action sur le public que d’avoir une émotion. […] Pour Sarcey le théâtre était tout dans l’action, c’est-à-dire dans un événement bien préparé et amené d’une façon logique, et les caractères et les peintures de mœurs ne valaient que comme subordonnés à l’action et comme moyens de la préparer, de l’expliquer, de la justifier et de la mettre en sa vraie lumière.
On vous a chicané sur vos paroles et sur vos actions. […] Au contraire, la patrie a besoin de l’action diverse et harmonieuse de tous les citoyens. […] Il faut enfin que le travail de la pensée reste sensible au milieu de l’action oratoire. […] Ils y joignaient l’action. […] Leconte de Lisle, l’action, ce sont les vers.
Il ne le peint qu’en le mettant en action. […] L’acte d’accusation, avec une présomption dont ce genre de documents ne fournit que trop d’exemples, y vit l’action directe de la Providence. […] Devant l’obstacle le plus futile, « l’entreprise, comme dit Hamlet, se détourne de son cours et perd le nom d’action ». […] Désormais elles se trouvent placées sous le patronage de l’impératrice et sous l’action de l’administration départementale. […] Celui qui, il y a cent cinquante ans, eût tout bonnement écrit des Caractères ou des Maximes, se voit obligé aujourd’hui de mettre en action sa pensée dans un roman, ou tout au moins dans une nouvelle.
dans des œuvres si compliquées, pour déplacer ainsi l’action et le drame, et pour faire reposer l’intérêt, non pas sur le héros principal, mais sur quelque subalterne tout boursouflé de ridicule et de bon sens ! […] — On n’a pas voulu me croire, s’écrie Sganarelle, qui depuis s’est payé de ses gages sur la succession de son maître… C’est vrai, on n’a pas voulu te croire, ami Sganarelle, parce que tes discours n’ont pas été d’accord avec tes actions ; parce que, tout en déclamant contre Don Juan, tu es resté dans son frivole voisinage de vices et de mensonges ! […] Proudhon et les villageois se mettent en marche, en chantant un cantique d’actions de grâces et… Ici s’arrêtent les strophes du chœur, le reste du chœur s’est perdu ; point de conclusion à tant de belles promesses que faisait Plutus à ces braves villageois qui doutent du nouveau prophète… Quelle étai£ la conclusion de ce chœur ? […] « En vérité, ses sentiments ont quelque chose de si divin, que je ne puis y penser sans être en de continuelles actions de grâces, et la marque du doigt de Dieu, c’est la force et l’humilité qui accompagne toutes ses pensées, c’est l’ouvrage du Saint-Esprit. […] — “Chemin de fer de Gretna-Green, dix milles à la minute, cent-vingt-cinq francs l’action !”
Il n’y a point dans mon livre une description isolée, gratuite ; toutes servent à mes personnages et ont une influence lointaine ou immédiate sur l’action. […] Je ne sors pas du milieu, du pays même de mon action, comme vous voyez. […] « Vous regrettez que je n’aie point introduit parmi les Grecs un philosophe, un raisonneur chargé de nous faire un cours de morale ou commettant de bonnes actions, un monsieur enfin sentant comme nous.
Toutes les fois que nous mangeons, ou que nous buvons, ou que nous marchons, ou que nous faisons usage d’un de nos sens, ou que nous commençons ou continuons une action quelconque, il en est de même. […] Nous rappelons nos pensées de la veille, mais non celles de la nuit pendant laquelle nous avons dormi ; si vives qu’elles aient été, quand même elles auraient provoqué des actions ou des commencements d’action, des cris, des gestes et tout ce qu’un homme agité fait en dormant, il est bien rare qu’au réveil nous puissions en ressaisir quelques parcelles.
Les caractères abaissés, les influences des cabinets secrets, la servitude des courtisans, les ministres portés au conseil par leur habileté au jeu de billard, les gens de guerre qui ont peur du feu187; une vieille femme qui se rend puissante auprès du maître le plus jaloux, en affectant de ne vouloir que ce qu’il veut ; les fortunes faites par les petits moyens, depuis que les grands sont devenus suspects ; les anecdotes innombrables, depuis que les grandes actions sont devenues rares ; voilà la matière où se plaît Saint-Simon et où il excelle. […] Saint-Simon raconte ce qui ne se voit pas, ou ce qui a peu de témoins : négociations, intrigues, vues secrètes, et non seulement les intentions exprimées par les paroles, mais celles que les paroles servent à déguiser ; les vrais mobiles des actions, non d’après certains lieux communs de morale, mais sur ce qu’il en a surpris ou pénétré ; les passions avec les nuances qu’elles reçoivent des situations et des caractères. […] Tout ce mouvement autour du mourant, d’abord de respect et d’intérêt pour une vie de si grande importance, puis, à mesure que les chances de guérison diminuent, d’ambition et de précautions avec le règne futur ; ces appartements du duc d’Orléans encombrés, « à n’y pas mettre une épingle », quand le roi est désespéré, vides et déserts sur le bruit qu’il est mieux ; ces valets qui pleurent, les seuls vrais amis du monarque ; la froide et triste octogénaire qui assiste l’œil sec à sa longue agonie, profitant des courts répits du mal pour faire ajouter à la part des bâtards, et quand le roi n’est plus qu’un moribond qui ne peut plus ni ôter ni donner, n’attendant pas la fin et se sauvant à Saint-Cyr ; ces grandes et touchantes paroles du roi ; cette attente de la mort dans la majesté qu’il mettait à toutes ses actions, sans défaillances, sauf celles de la nature quand le combat va finir ; cette inquiétude du chrétien, qui craint que ses souffrances ne soient une trop faible expiation de ses fautes ; tout cela raconté au jour le jour, dans l’ordre où chaque chose arrive, parmi des détails sur le service intérieur, l’étiquette, les allées et les venues des courtisans et des gens de service, les messes entendues dans le lit et les derniers repas du mourant ; tout cela, dans son abandon, égale l’art le plus consommé.
Nous n’y renoncerons que quand il nous sera donné de constater dans la nature un fait spécialement intentionnel, ayant sa cause en dehors de la volonté libre de l’homme ou de l’action spontanée des animaux. […] Notre croissance intellectuelle était comme ces phénomènes qui se produisent par une sorte d’action de voisinage et de tacite complicité. […] La poule à qui l’on a arraché le cerveau continue néanmoins, sous l’action de certains excitants, à se gratter le nez.
L’Art joue dans son système un rôle important : « L’Art, dit-il, a connaissance de la véritable essence du monde, des idées (I, 217)… Il résout, mais d’une façon différente de la philosophie, le problème de l’existence… Dans les œuvres d’art toute sagesse est contenue, mais virtuellement ou implicitement (II, 461, 463)… » Et dans la Musique plus spécialement : « Les autres arts ne nous montrent que l’ombre, la Musique nous révèle l’essence des choses… La Musique est l’image de la Volonté elle-même (1, 303, 310)… Aucun autre art n’exerce sur l’homme une action aussi immédiate, aussi profonde, car nul ne nous fait pénétrer aussi profondément dans l’essence même du monde (Fragments, 373)… etc. » Ce sont là les propres pensées de Wagner avant qu’il ne connût Schopenhauer. […] Schopenhauer fait de la compassion la première des vertus : « La compassion est l’unique motif d’action qui soit vraiment moral, le seul qui ne soit pas égoïste » (Éthique, 231). […] Les deux profils même, comme cela est constant dans la nature, n’ont pas la même expression ; l’un est plus sévère, l’autre plus serein, et l’ensemble donne bien la sensation de celui qui fut ensemble, et si éminemment, homme de pensée et homme d’action.
La plupart, en le mêlant soit aux rêveries et aux passions humaines, soit aux systèmes philosophiques, l’ont prodigieusement altéré et corrompu ; deux seulement, la juive et la chrétienne, sont restées fidèles au fond commun religieux primitif, en le développant progressivement selon le plan et l’action de Dieu sur le genre humain. […] Si la responsabilité dépend de la liberté, comment puis-je être responsable d’une action que non-seulement je n’ai pas faite librement, mais que je n’ai pas même faite du tout ? […] Si je puis être responsable d’un péché qui m’est transmis par une action à laquelle je ne puis avoir volontairement contribué, car je n’ai pas contribué à ma naissance, pourquoi ne serais-je pas responsable, selon les matérialistes, des fatalités de mon cerveau et des impulsions maladives de mon organisation ?
Dans un parallèle, assez contestable d’ailleurs, qu’il a établi entre l’œuvre du littérateur et l’action de l’homme d’État, il a rappelé la difficulté qu’il y a quelquefois, pour le meilleur gouvernement, à être le bienfaiteur des peuples qui ressemblent trop aux Athéniens de l’Antiquité ; il a parlé de cet esprit qui était aussi celui de Rome en de certains siècles (Roma dicax), de cet esprit de dénigrement devant lequel rien ne trouve grâce, et il s’est plaint de ce qu’il a nommé notre dissolvante ingratitude.
Ce chapitre, « de l’Expression », est tout entier à lire ainsi que le précédent, « de l’Action ».
Et les voilà dans la plaine, résolus à l’action, les voilà en marche, sentant bien qu’il ne suffît plus d’attendre, mais qu’il faut avancer sans cesse, si l’on veut aller par-delà les horizons, jusqu’à l’infini.
Son but et son action doivent-ils être d’immatérialiser cela qu’elle fait de couleurs, d’empâtements et de glacis ?
Il l’a déjà dit ailleurs, le drame comme il le sent, le drame comme il voudrait le voir créer par un homme de génie, le drame selon le dix-neuvième siècle, ce n’est pas la tragi-comédie hautaine, démesurée, espagnole et sublime de Corneille ; ce n’est pas la tragédie abstraite, amoureuse, idéale et divinement élégiaque de Racine ; ce n’est pas la comédie profonde, sagace, pénétrante, mais trop impitoyablement ironique, de Molière ; ce n’est pas la tragédie à intention philosophique de Voltaire ; ce n’est pas la comédie à action révolutionnaire de Beaumarchais ; ce n’est pas plus que tout cela, mais c’est tout cela à la fois ; ou, pour mieux dire, ce n’est rien de tout cela.
Prouesse, action de preux, vieux adjectif qui signifie, en style marotique, brave, vaillant.
Ainsi les actions violentes et sanguinaires ne sçauroient être le sujet d’une églogue.
Telle étoit l’histoire de Niobé, représentée avec quatorze ou quinze statuës liées entr’elles par une même action.