C’est une charmante et haute figure ; je ne puis pas l’examiner dans cette étude, mais je la décrirai un jour, il me suffit de dire maintenant quelle fut sa grandeur véritable et essentielle. […] Par son étude de l’univers, par sa patience obstinée à en reproduire des péripéties, par l’attention qu’il a prêtée pendant trente années de sa vie aux phénomènes extérieurs, ce grand et rigoureux esprit était plus préparé qu’un autre à la création d’une sagesse pratique, assisse sur des réalités, conforme à notre évolution et appropriée aux besoins des races nouvelles.
De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données L’imagination ne supplée pas au sentiment. […] Seneque écrit donc comme une chose rare, en parlant de Porcius Latro, un orateur son compatriote, son ami et son camarade d’étude : que ce Porcius qui avoit été élevé en Espagne, et qui étoit accoutumé à la vie sobre et laborieuse qu’on menoit encore dans les provinces, ne faisoit aucun remede pour conserver sa voix, qu’il n’observoit pas la pratique de la déploïer méthodiquement depuis le ton le plus haut jusques au plus bas et de la replier de même.
C’est, en effet, pour cette Cause sacrée que le XVIe siècle combattit… malheureusement avec toutes armes, mais c’est précisément le fanatisme de cette Cause, — à qui tant d’écrivains ont imputé toutes les horreurs du temps, — c’est ce fanatisme religieux, dont l’indifférence d’un esprit moderne et sans croyance et froidi par l’étude des faits s’est tranquillement détournée, c’est ce fanatisme, qui, lui seul, a pourtant arraché le XVIe siècle à l’outrage mérité du genre humain, et qui l’a sauvé du mépris absolu de l’Histoire ! […] Or, c’est justement l’étude de cette grande chose qui plane sur toute la vie de Philippe II et qui le met à part, dans l’Histoire, lui et le XVIe siècle, c’est cette grande chose qui se trouve oubliée dans le livre de Forneron, où, excepté cette grande chose, il a tout vu.
Paul Bourget a dit, dans une admirable étude, que M. […] J’ai là sous les yeux l’excellente étude que M. […] Les peintres font à l’envi des études et des croquis du poète. […] D’autres ont, comme lui, consumé leur vie dans l’étude. […] Étude sur la chaire et la société française au quinzième siècle.
Il y mêlait la lecture des écrivains profanes, gardant entre les deux études une inégalité de convenance et de goût. […] Il recommença pour l’éducation du dauphin les études de sa jeunesse. […] Dans ces études recommencées, la part des poètes paraît avoir été la plus grande. […] Mais rien ne profita plus à Bossuet que l’étude de l’histoire. […] Ses études profanes marquaient le même goût.
Elle était morte, à vingt-trois ans, d’un refroidissement pris en faisant une étude de plein air. […] … (Il a encore trois ans pour finir ses études.) […] Il serait peut-être possible de placer le jardin (quand même il n’aurait qu’une superficie de 50 mètres) de telle façon que j’y puisse faire des études sans être vue de la rue. […] Je viens justement de vendre une petite étude. […] En plus, je viens de vendre deux études à un amateur et à un marchand, des inconnus pour moi.
Dans une étude sur un grand auteur, je puis mettre du talent et quelque chose de moi ; dans un poème composé à l’émulation des grands auteurs, il peut ne se trouver ni talent, ni personnalité, ni rien. […] Les études scientifiques s’enrichiront des pertes de l’art découragé. […] L’histoire souvent racontée de sa réputation est un chapitre capital de toute étude sur les fluctuations de la gloire et du goût. […] Purement appliquée et concrète, elle consiste en études particulières sur les œuvres et sur leurs auteurs. […] Celui-ci n’étant point sincère, s’il mérite à son tour d’entrer dans nos études, ce sera seulement au chapitre du charlatanisme et des trucs.
à l’étude de la religion. […] Taine est de ceux qui croient que l’observation soutenue, le récit sans plus ne suffit pas à l’étude des actes humains. […] Il y aurait une étude curieuse à faire sur le comique suivant les pays. […] L’étude qui ouvre le volume a fait du bruit. […] D’autant que l’étude des foules se concilie aisément avec la psychologie la plus raffinée.
L’étude littéraire même à l’étude morale, et l’étude morale ne serait ni sérieuse ni complète, si elle n’avait pour contre-épreuve l’étude physiologique. […] Taine, dans sa belle étude sur le grand poète anglais, a fort bien expliqué cela. […] Il entra dans l’étude de M. […] Balzac venait souvent à l’étude. […] L’étude du moral et celle du physique y sont étroitement unies, mêlées et confondues.
Je vois encore les études de M. […] En notre siècle on a repris, poussé plus avant ces études. […] Bréal et Gaston Paris des études intéressantes, M. […] Je le prouve assez, ce me semble, en prenant une de ses œuvres pour sujet d’études. […] Or on peut louer, tant qu’on voudra, dans les études de M.
Est-ce qu’un homme rompu aux études philosophiques peut raisonnablement chercher dans la lecture de Spinoza et d’Herbert Spencer la cause d’une perversion morale ? […] Emile Zola, plus curieux des mœurs générales que des âmes, disposé à ramener l’étude de l’homme à l’examen indifférent de ses instincts. […] Son bagage littéraire se composait, je crois, de quelques études sur Molière et de deux petits volumes de vers. […] A défaut d’études, il a du moins fait de fortes lectures scientifiques : les grands systèmes de ce siècle lui sont tous familiers, il a admiré la philosophie de Schopenhauer. […] Pour ceux d’aujourd’hui, la « psychologie » est devenue l’étude désintéressée de ce Moi maudit qui, en s’émancipant, a fait tout le mal.
Croyez-vous qu’il soit versé dans la pratique des arts, qu’il en ait fait une étude patiente ? […] Il y a de certaines réformes impossibles à un certain âge, et rien n’est plus dangereux, dans la pratique des arts, que de renvoyer toujours au lendemain les études indispensables. […] À leurs yeux, une étude est un tableau. […] Et puis il tombe dans le fameux défaut moderne, qui naît d’un amour aveugle de la nature, de rien que la nature ; il prend une simple étude pour une composition. […] Boudin qui, soit dit en passant, a exposé un fort bon et fort sage tableau (le Pardon de sainte Anne Palud), plusieurs centaines d’études au pastel improvisées en face de la mer et du ciel, ils comprendraient ce qu’ils n’ont pas l’air de comprendre, c’est-à-dire la différence qui sépare une étude d’un tableau.
Nous restons une heure à regarder, d’une loge, la danse et les masques, une heure où il semble faire une sérieuse étude du costume nouveau et presque général des danseuses : de ce costume de bébé, de cette petite robe-blouse descendant au genou, laissant voir la jambe et les hautes bottines ballantes dans l’air, et dessinant des nimbes au-dessus de la tête des danseurs. […] Un créateur de types, avec une silhouette, des gestes, une physionomie des épaules, un masque du crime d’après des études sur le vrai, d’après des modèles entrevus dans une imitation de génie. […] Voici un cheval dans une écurie, aussitôt une étude de Géricault se dessine dans notre cervelle ; et le tonnelier frappant sur une futaille dans la cour voisine, nous fait revoir un lavis à l’encre de Chine, de Boissieu. […] Car il nous faut faire pour notre roman de Sœur Philomène, des études à l’hôpital, sur le vrai, sur le vif, sur le saignant. […] Nous retournons à quatre heures pour entendre la prière, et à cette voix grêle, virginale, de la novice agenouillée, adressant à Dieu les remerciements de toutes les souffrances et de toutes les agonies qui se soulèvent de leurs lits vers l’autel, deux fois les larmes nous montent aux yeux, et nous sentons que nous sommes au bout de nos forces pour cette étude, et que pour le moment c’est assez, c’est assez.
Ce don de l’esprit appartient plus généralement aux amateurs de littérature qu’aux auteurs de profession, parce qu’il est inséparable d’une certaine légèreté ; les hommes du monde possèdent plus souvent cette légèreté que les hommes d’études, parce que la conversation rend la phrase légère et que la plume rend quelquefois la main lourde. […] XIII Alfred de Musset fut le premier couronné dans toutes ses études. […] Ce succès éclatant à la fin de ses études l’introduisit presque encore enfant chez Nodier, dans cette société de l’Arsenal dont la gloire était Hugo, dont l’agrément était Charles Nodier. […] Est-ce que tu vis même par aucune de ces illusions généreuses et juvéniles qui poussent l’homme en avant sur les routes de l’idéal, de la passion, de l’activité, de l’étude, et qui sont les mirages de la liberté et de la vertu ? […] Comment bien espérer de ton âme, quand la législation de ton enseignement national décrète elle-même la suppression facultative de l’étude des lettres humaines qui font l’homme moral, au profit exclusif de l’enseignement mathématique qui fait l’homme machine ?
A cette époque de renaissance pour la société et pour les lettres, l’ordre des études et des âges n’était pas très-bien observé ; il y avait dans tous les genres une émancipation rapide, une confusion assez aimable et non sans profit pour les essors généreux. […] Les huit années, de 1805 à 1814, furent remplies pour lui de beaucoup d’études et de plusieurs essais. […] Pourtant, avec la prétention, le goût aussi de l’antique reprenait ; l’étude ramenait à des sources. […] Comme étude d’imitation et de style, Ulysse garde son prix. […] Son poëme Sur le Bonheur de l’Étude remporta une des couronnes décernées par l’Académie française en 1817.
La littérature des Latins se répand, se divulgue ; des entreprises utiles en rendent les accès de plus en plus faciles et patents ; la difficulté n’est pas là ; elle est encore où elle s’est presque toujours rencontrée en France, dans l’étude, la connaissance, le goût senti de la littérature grecque que tout le monde s’accorde si bien à louer et que si peu savent aborder comme il faut. […] la traduction de Platon à part, et en n’oubliant pas non plus l’exquise tentative de Courier, en y ajoutant les récentes Études sur les Tragiques de M. […] La poésie des Latins, au contraire, était née tard et d’une étude savante ; elle n’avait pas eu d’enfance. En soumettant ces idées à ceux qui en sont juges, en ne les jetant ici que comme de simples aperçus, et parce qu’il y a disette, en ce moment, de ce genre d’études au sein de la presse périodique et, comme on disait autrefois, de la littérature vulgaire, notre dessein est surtout de stimuler de jeunes et doctes esprits tels qu’il en est encore beaucoup, de les inviter à tenter une voie qui est demeurée antique et neuve, et à ne pas tant négliger les points par où une science ingénieuse se saurait greffer sur la littérature nationale : à ce prix seul est la circulation et la vie120. […] xli. — Dans son Cours d’Etudes historiques (tome VI, page 98), au moment où il vient de nommer Horace et Virgile, Daunou ajoute : « Après de tels noms, je ne puis proférer ceux d’un Méléagre, d’un, etc., etc. » Je suis fâché de ce dédain pour Daunou : excellent critique dans le genre moyen, il ne sentait ni la délicatesse exquise chez Méléagre, ni la grandeur chez Napoléon.
Edmond Schérer et Émile Montégut nous démontrèrent à l’envi, dans d’éloquentes et profondes études, que Georges Eliot l’emportait de beaucoup sur tous nos conteurs réalistes. […] Ils serrent l’étude du réel de plus près qu’on ne l’a jamais fait ; ils y paraissent confinés ; et néanmoins ils méditent sur l’invisible ; par-delà les choses connues qu’ils décrivent exactement, ils accordent une secrète attention aux choses inconnues qu’ils soupçonnent. […] Car, non seulement l’Éducation sentimentale est l’histoire de deux jeunes gens, très particuliers comme individus et très généraux comme types, puisqu’ils représentent, l’un, le jeune homme romantique, et l’autre, le jeune homme positiviste, et cela juste à l’heure où la période du positivisme va succéder chez nous à celle du romantisme ; et non seulement cette histoire se combine avec une étude des idées et des mœurs dans les dernières années du règne de Louis-Philippe : l’Éducation sentimentale est quelque chose de plus : l’histoire pittoresque et morale, sociale et politique, de la Révolution de 1848 ; elle nous dit, et avec profondeur, les barricades et les clubs, la rue et les salons, et elle nous montre cette chose extraordinaire : la confrontation effarée des bourgeois avec la Révolution, cette Révolution que leurs pères ont faite soixante ans auparavant, mais qu’ils croient terminée, puisqu’elle les a enrichis, qu’ils s’indignent de voir recommencer ou plutôt qu’ils ne reconnaissent plus quand c’est eux à leur tour qu’elle menace, et qu’ils renient alors avec épouvante et colère. […] Tout le sérieux, toute la substance morale de Georges Eliot semblent avoir passé dans les profondes études de M. […] Faut-il voir là une conséquence indirecte des nouveaux programmes de l’enseignement secondaire, de l’affaiblissement des études classiques ?
L’étude stricte de l’alexandrin a peut-être contribué à lui donner le sens des toniques et des atones : car ce mètre demeure entre tous le plus propre à des combinaisons de coupes et, pour sauver sa monotonie, requiert avec instance des mouvements adroitement combinés. […] Le drame Ancæus est une étude d’harmonieuses plastiques motivées par une action simple, et non un réel conflit de sentiments humains. […] Mais l’étude des proportions révélées par les traditions, l’entente progressive des manières d’art et des règles admises par autrui peuvent développer ce goût et faire du poète un artiste. […] Griffin aux prises avec M. le préfet de police ; mais la querelle que je lui cherche ici n’est point nouvelle : il y a quelques années déjà, dans une étude sur Joies 26, je reprochais à la préface de ce livre de compter pour rien l’Harmonie. […] Robert de Souza ; je ne connais malheureusement ses études rythmiques que par des comptes-rendus, mais un esprit actif et curieux me paraît s’y dessiner.
Cette lettre vous sera remise, monsieur et cher ami, par un de mes anciens camarades d’études auquel je suis très attaché. […] Je ne forme plus de projet, mais j’ai souvent désiré d’avoir une bonne femme comme j’imagine la vôtre, une petite terre agréable et la liberté de m’occuper, dans le voisinage d’un ami comme vous, de l’étude de la nature. […] J’ai fait imprimer l’année passée un ouvrage en 3 volumes, intitulé : Études de la nature. […] Denis Rougemont, banquier, rue Saint-Martin, dont j’ai pris un reçu ; 2º de l’arrivée de douze exemplaires de la 2e édition des Études de la nature, remis à Rouen au sieur Lezurier, lequel les a fait embarquer sur La Dame Sophie, vaisseau du port de 100 tonneaux commandé par le capitaine Gerrit Ziedzes, suivant le reçu dudit capitaine daté de Rouen du 3 juillet ; duquel envoi à Pétersbourg à votre adresse j’ai payé commission, emballage et port jusqu’à Rouen. […] Ce prince m’a appris dernièrement la mort de mon ancien chef, M. de Villebois, et il n’a pu rien me dire du général Dubosquet, auquel je l’avais prié de remettre un exemplaire de mes Études.
… Je me demandais ce qu’un livre intitulé, sournoisement ou hardiment, La Tentation de saint Antoine, par Gustave Flaubert, pourrait bien être, et je me disais qu’avec la volonté acharnée de l’homme qui y travaillait, depuis si longtemps il serait au moins quelque chose, quoi que ce fût : histoire ou invention, poème ou roman, étude d’analyse ou de synthèse. […] Mais Flaubert, qui n’est pas rieur, pouvait le déshonorer, lui, d’une autre manière, par exemple dans une de ces études physiologiques ou pathologiques qui sont les coqueluches intellectuelles de ce temps-ci, et où il expliquerait scientifiquement l’âme orageuse de ce passionné et de ce pénitent des Thébaïdes, dont Chamfort, le libertin blasé, disait, en buvant, à souper, un verre de champagne entre deux Impures : « Je prendrais bien sur moi les rigueurs de sa pénitence, pour avoir le bénéfice de ses tentations ! […] Pour lui, le talent, c’est l’effort, l’effort continu, l’effort infatigable ; c’est l’étude, c’est l’étude acharnée. […] Bouvard et Pécuchet, qui ne savent rien et qui veulent apprendre tout, sont successivement infortunés dans leurs études et les sciences qu’ils essayent de s’assimiler et qu’ils traversent pour se retrouver, tout au bout, encore plus idiots qu’auparavant.
Et, par exemple, lui qui savait si bien le latin et qui avait une des plus belles bibliothèques de particulier, il avait peu étudié le grec, et des oracles qu’il citait sans cesse, il y avait une bonne moitié qu’il ne prenait pas directement à leur source : J’ai grand regret, écrivait-il à Spon, de n’avoir exactement appris la langue grecque tandis que j’étais jeune et que j’en avais le loisir ; cela me donnerait grande intelligence des textes d’Hippocrate et de Galien, lesquels seuls j’aimerais mieux entendre que savoir toute la chimie des Allemands, ou bien la théologie sophistique des Jésuites… Pour bien juger Gui Patin, il le faut voir en son cadre, en sa maison, dans son étude ou cabinet, et, par exemple, le jour enfin où, ayant été nommé doyen de la Faculté (honneur pour lequel il avait déjà été porté plus d’une fois, mais sans que le sort amenât son nom), il traite ses collègues dans un festin de bienvenue (1er décembre 1650) : Trente-six de mes collègues firent grande chère : je ne vis jamais tant rire et tant boire pour des gens sérieux, et même de nos anciens. […] Il a décrit sa nouvelle étude avec orgueil et avec amour : « Je vous puis assurer qu’elle est belle, écrit-il à Falconnet. […] À partir de ce jour, il déclara qu’il aimait mieux le repos, l’étude, ou visiter ses malades, que d’aller en justice. […] Envahi par les devoirs de sa charge, M. de Lamoignon regrettait de ne pouvoir vaquer comme il aurait voulu a ses livres et à ses chères études, et il aimait du moins à en causer à souper avec Gui Patin.
L’étude de l’Antiquité était alors chez nous en train de renaître ; tout était à faire ou à refaire ; les littérateurs et les critiques français le plus en renom avaient la légèreté et la manie de trancher sur ce qu’ils ne savaient qu’imparfaitement. […] Toutes ces premières années de sa jeunesse se dérobent ; après avoir essayé sans succès de rentrer dans l’administration, il se livra décidément à l’étude, et à celle du grec en particulier, pour lequel il se sentait une vocation. Il avait concouru pour un prix proposé par l’Institut sur la question suivante : « Rechercher les moyens de donner parmi nous une nouvelle activité à l’étude de la langue grecque et de la langue latine. » Son mémoire obtint une mention ; l’auteur n’en garda pas moins l’anonyme. […] savoir le grec, c’est l’apprendre sans cesse et poursuivre une étude qui ne saurait être un hors-d’œuvre dans la vie, et qui, comme un Ancien l’a dit du métier de la marine, doit être et rester jusqu’à la fin un exercice de tous les jours, de toutes les heures : sans quoi l’on se rouille et l’on ne sait plus bien.
Charles Giraud de l’institut154 Études sur Saint-Évremond. […] Ils ont vérifié en un certain sens ce qui est dit de l’éloquence dans le Dialogue des orateurs ; « Nostra civitas donec erravit, donec se partibus et dissensionibus et discordiis confe-cit, etc. » — « Il en fut de même de notre république : tant qu’elle s’égara, tant qu’elle se laissa consumer par des factions, par des dissensions, par la discorde ; tant qu’il n’y eut ni paix dans le forum, ni concorde dans le sénat, ni règle dans les jugements, ni respect pour les supérieurs, ni retenue dans les magistrats, elle produisit une éloquence sans contredit plus forte et vigoureuse, comme une terre non domptée qui produit des herbes plus gaillardes… » Cela ne s’applique guère à l’éloquence de ces modernes qui, si l’on excepte Retz, n’avaient pas eu proprement à exercer leur talent d’orateur ; mais cela est vrai de leur élocution, de leur langue ; ils l’avaient étendue, élargie, assouplie, fortifiée en toutes sortes de relations et de rencontres bien autrement qu’en restant dans un salon comme à l’hôtel Rambouillet, ou dans un cabinet d’étude, comme un Conrart et un Vaugelas. […] Il termina ses études à l’université de Caen, puis au collège d’Harcourt, tout en suivant ce qu’on appelait l’Académie, c’est-à-dire l’école des jeunes gentilshommes. […] Le sujet de Saint-Évremond n’était peut-être pas très-propre à un exercice académique ; car, on a beau proposer une Étude, non un Éloge, il y a des points qui sont plus du ressort de la critique familière et de la causerie que du développement oratoire, où il entre toujours un peu de convenu.
M. de Balzac fut donc transplanté de bonne heure ; ce ne fut pourtant qu’après avoir fait ses premières études au collége de Vendôme probablement, car j’aime à croire que son récit de Louis Lambert n’est en rien une fiction, et qu’il a été lui-même cet ami inséparable du pauvre et sublime enfant extatique. En ce cas, l’enfance et la première jeunesse de M. de Balzac au collége se rapportent bien à ce qu’on pourrait conjecturer : une imagination active, spirituelle ; de l’ébullition, du désordre et de la paresse ; des lectures avides, incohérentes, à contre-temps ; l’amour du merveilleux ; les études mal suivies ; un mauvais écolier sans discipline, semper aliud agens, que ses maîtres chargent de pensums et que ses camarades appellent du sobriquet de poëte. […] M. de Balzac, dit-on, a chez lui une collection complète de tous ses premiers romans qui ne forment pas moins d’une trentaine de volumes ; il les conserve magnifiquement reliés, comme le berger-ministre conservait dans un coffre précieux son hoqueton et sa houlette, et il les appelle ses études. Études ou non, défroque plus ou moins pastorale, il aurait tort d’en trop rougir, puisque c’est pour lui un subsistant témoignage de ce que peuvent la constance, le travail et une opiniâtre confiance aux ressources de sa propre imagination.
Les autres ont besoin de naître en des circonstances propices, d’être cultivés par l’éducation et de mûrir au soleil ; ils se développent lentement, sciemment, se fécondent par l’étude et s’accouchent eux-mêmes avec art. […] La naïveté d’impressions et l’enfance de cœur qui éclatent dans son récit marquent le point de départ d’où il s’avança graduellement, à force d’expérience et d’étude, jusqu’aux dernières profondeurs de la même passion dans Phèdre. […] Cette vie si pleine, où, sur un grand fonds d’étude, s’ajoutaient les tracas littéraires, les visites à la cour, l’Académie à partir de 1673, et peut-être aussi, comme on l’en a soupçonné, quelques tendres faiblesses au théâtre, cette confusion de dégoûts, de plaisirs et de gloire, retint Racine jusqu’à l’âge de trente-huit ans, c’est-à-dire jusqu’en 1677, époque où il s’en dégagea pour se marier chrétiennement et se convertir. […] La vie de retraite, de ménage et d’étude, qu’il mena pendant les douze années de sa maturité la plus entière, semblerait confirmer notre conjecture.
A côté d’eux, derrière eux, paraîtront Bourdaloue et Malebranche, La Bruyère et Fénelon, et que l’étude des grands esprits et des chefs-d’œuvre : les courants contraires s’enfoncent et disparaissent, et les forces hostiles semblent paralysées. […] Ce sont donc deux genres éminemment scientifiques, des instruments d’abstraction et de généralisation : ils donnent les résultats de cette étude de l’homme qui est l’affaire de tout le siècle, avec une exacte précision, en éliminant tout ce qui est invention d’artiste, fantaisie, roman, effet sensible ou pittoresque pour le plaisir. […] Madame de la Fayette Je rattacherai le roman à l’étude des genres et groupes d’écrits qui appartiennent proprement à la société, polie du xviie siècle, et ne contiennent rien qu’elle n’y ait mis. […] Graecitatis (1688) ; Baluze (1630-1718), bibliothécaire de Colbert : Regum Francorum Capitularia (1677) ; Luc d’Achery (1609-1685) : Veterum aliquot scriptorum… spicilegium (165-1677) ; Luc d’Achery et Mabillon, Acta sanctorum ordinis Sancti Benedicti (1668-1701) ; Mabillon (1652-1707) : De re diplomatica libri VI (1682) ; Traité des études monastiques (1691) contre l’abbé de Ranéc ; Ruynart (1657-1709) : Acta primorum martyrum sincera et selecta (1689) ; Montfaucon (1655-1741) : l’Antiquité expliquée (1719) ; Paleographie graeca (1708) ; Monuments de la monarchie française (1729-1733), etc. — À consulter : E. de Broglie, Mabillon et la Société de l’abbaye de Saint-Germain des Prés, Paris, 1888, 2 vol. in-8 ; B. de Montfaucon et les Bernardins, Paris, 1891, 2 vol. in-8.
Nous rassemblons, sous les titres suivants : conscience, perception, association, idée de cause, vérités nécessaires, raisonnement, volonté, les principales études psychologiques de M. […] Mill une étude de l’association aussi élaborée que dans M. […] Platner commença cette étude en 1785. […] Mill cite comme le seul ouvrage ayant paru en France, sur ce sujet, l’Étude sur l’association des idées de M.
Une étude du xviiie siècle où manqueraient Rousseau et Voltaire ne serait pas plus incomplète que cette même étude d’où serait absent Mirabeau. […] Mirabeau n’en profita dans les premiers temps, et aux heures qu’il n’employait pas à l’étude, que pour chercher quelques distractions auprès d’une personne assez vulgaire, appartenant à la classe moyenne, et qui ne nous est connue que sous le nom de Belinde. […] Ce donjon de Vincennes fut le dur cabinet d’études où il acheva de se former.
Par nature, par instinct et par vocation il n’était nullement un homme politique : il aimait avant tout la retraite, l’étude, la méditation, une société d’amis intimes, une tendre et amoureuse rêverie. […] Né en 1762 à Constantinople, d’une mère grecque, nourri d’abord en France sous le beau ciel du Languedoc, après ses études faites à Paris au collège de Navarre, il essaya quelque temps de la vie militaire ; mais, dégoûté bientôt des exemples et des mœurs oisives de garnison, il chercha l’indépendance. […] Il eut quelques-unes de ces années toutes consacrées à l’étude, à l’amitié, aux voyages, à la poésie. […] Une lettre de lui, écrite à la date du 28 octobre 1792, nous le montre désormais « bien déterminé à se tenir toujours à l’écart, ne prenant aucune part active aux affaires publiques, et s’attachant plus que jamais, dans la retraite, à une étude approfondie des lettres et des langues antiques. » Sa santé s’était altérée ; il allait de temps en temps passer à Versailles des semaines vouées à la méditation, à la rêverie, à la poésie.
Études sur Saint-Just, par M. […] Ayant perdu son père de bonne heure, il fut confié par sa mère aux Oratoriens du collège Saint-Nicolas de Soissons, chez qui il fit ses études. […] Et tout d’abord je dirai la pensée qui, pour moi, résulte de toute cette étude que je viens de faire sur Saint-Just, c’est qu’il est déplorable que des hommes encore si jeunes, si peu faits, et qui périssent avant vingt-cinq ans, viennent ainsi s’imposer violemment au monde et condamner l’attention de l’histoire à les suivre dans leurs égarements d’écolier et de libertin. […] » — « Mais oui. » — « Où avez-vous fait vos études ?
Cette étude s’impose encore à nous pour une autre raison : c’est que la signification est un caractère très important, bien que nullement intrinsèque, de la parole intérieure. […] Pour y parvenir, il faudrait avoir fait de la langue qu’on parle et qu’on écrit une étude approfondie, en connaître à fond toutes les ressources, l’avoir assouplie par un exercice prolongé à rendre des pensées pour lesquelles elle n’était pas faite 254; plus la pensée est neuve, moins le langage usuel est prêt à l’exprimer ; sans doute il le peut ; il peut tout dire et bien dire ; mais, en attendant, il garde ses secrets. […] L’expression aisée ne manquera point, non plus qu’un ordre lumineux. »] quid valeant humeri peut se traduire : le sujet auquel on se sent préparé par des études antérieures. […] Voir notre étude sur La naissance des habitudes, dans les Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, septembre 1880.
Pourquoi je commence l’étude du génie littéraire de La Fontaine par une étude de La Fontaine conteur ? […] La traduction de l’Eunuque ne doit pas compter dans une étude générale du talent de La Fontaine. […] Nous avons employé le temps à l’étude.
Le capitaine Robert Gauthiot était dans le civil directeur d’études adjoint à l’École des hautes études. Germanisant de haute valeur, il avait beaucoup élargi son champ d’études, jusqu’à devenir un des meilleurs linguistes de l’école de Meillet, et, au moment de la déclaration de guerre, il se trouvait au Pamir, occupé à déchiffrer des textes sogdiens, pareils à ceux que M. […] Partagé entre la vie de famille, dont il avait une idée forte et saine à la Proudhon, et ses études « sur l’enseignement » qu’il donnait aux feuilles syndicalistes, il s’est maintenu avec orgueil dans la classe ouvrière.
L’Académie française, dans le désir d’exciter les fortes études de lettres et la hardiesse sévère du goût, avait proposé, il y a quelques années, un prix extraordinaire pour la meilleure traduction en prose ou en vers de Pindare. […] Ce rapport a déjà frappé plus d’un lecteur intelligent ; et il est indiqué dans un des meilleures études publiées de nos jours sur Pindare. […] Plus d’une cause explique cette conformité singulière ; mais la première est dans ce fonds religieux et lyrique qui formait l’imagination du grand orateur et qu’avait nourri son ardente étude des livres saints, sa fréquentation solitaire du Liban et du Carmel. […] Cette première étude peut d’ailleurs nous aider à juger ce que Pindare fut pour l’antiquité, et comment Cicéron a dit : « Parmi les poëtes, je parle des Grecs24, on ne nomme pas seulement Homère, ou Archiloque, ou Sophocle, ou Pindare, mais aussi les seconds après eux, ou même ceux qui sont inférieurs aux seconds. » Le grand orateur romain avait senti l’âme éloquente du poëte ; et lui, qui dit ailleurs qu’il faut avoir du temps à perdre pour lire les poëtes lyriques », il ne conçoit le rang de Pindare qu’à côté d’Homère.
Je n’ai point à analyser ces discours qui d’ailleurs ne sentent point du tout le panégyrique, et qui se recommandent par une étude consciencieuse de l’écrivain célèbre qui en était l’occasion et le sujet. […] Combien de fois ne s’est-il pas dit dans sa jeunesse comme son chevalier Des Grieux, en rêvant aux moyens de fixer son âme et d’apaiser ses inquiétudes : « Je mènerai une vie sainte et chrétienne ; je m’occuperai de l’étude et de la religion, qui ne me permettront point de penser aux dangereux plaisirs… ! […] Il y a aussi l’homme de tendresse, de roman ou de passiond, qui, après quelques semaines ou quelques mois de retraite, vient déranger l’homme d’étude et le demi-solitaire, et lui représenter un bonheur plus vif dans l’amour ou dans le plaisir.
Il y a quelque chose qui, dans une étude sur Bailly, dominera toujours sa vie et ses ouvrages : c’est sa mort, son courage calme et céleste 66, sa patience, ce mot simple et sublime, le seul tressaillement suprême qui échappa à sa conscience de juste et d’homme de bien. […] Né en septembre 1736, aux galeries du Louvre, vers le cul-de-sac du Doyenné, l’enfant croissait à son gré et fut laissé à ses bons instincts naturels : « La douceur aimable et la touchante docilité de son caractère, nous dit Lémontey, en firent l’idole de sa famille ; elle ne put se résoudre à se séparer de lui, ni à chagriner son enfance par de pénibles études. […] L’entreprise était grande, et j’avoue qu’elle surpassait peut-être mes forces ; mais j’avais alors deux maîtres (Clairaut et l’abbé de La Caille) dont les lumières m’auraient conduit au but que je me proposais, et j’avais devant moi tout le temps nécessaire pour vaincre les obstacles par des études relatives.
Ces tableaux de Léopold Robert résultaient d’études d’hommes et de femmes vus sur place, rendus avec sagacité et conscience dans leur physionomie, dans leur caractère intime et leur génie natif, et groupés ensuite par l’artiste dans une composition longuement méditée et savamment réfléchie : ce sont de grandes idylles de Théocrite en peinture, reconstruites avec l’effort heureux et le sentiment plus rassis qui préside à une scène des Géorgiques. […] L’originalité de Léopold Robert consiste, on l’a vu, à étudier directement la nature, ce que bien des prétendus classiques ne faisaient pas ; et d’autre part, son coin classique, dans cette étude directe et qui peut mener à exprimer le vrai tel quel, consiste à chercher obstinément le noble et le beau. […] Pour lui, son avis n’est pas douteux, et ce n’est point à l’étude intermédiaire des maîtres qu’il s’adresse de préférence.
Un des plus beaux sonnets de Ronsard, et qui le caractérisent le mieux dans son feu d’étude, dans sa lièvre de poésie et de travail, c’est celui qui commence par ces vers empressés, impétueux : Je veux lire en trois jours L’Iliade d’Homère, Et pour ce, Coridon, ferme bien l’huis sur moi… Il y ordonne à ce laquais, Corydon, de tenir sa porte exactement close et de ne le déranger pour rien au monde, sous peine d’éprouver à l’instant sa colère. […] Ajoutons aussi que Chateaubriand, malgré une éducation classique très incomplète, avait su dans les solitaires études de sa jeunesse revenir directement et mordre tant bien que mal au texte d’Homère ; il en avait ressaisi, pour les reproduire, l’esprit, la grandeur, ou même le charme, autant qu’on le peut sans la simplicité. […] Gandar a eu un dessein qu’il est bon de connaître pour mieux apprécier l’intention de son étude sur Ronsard ; il consacre la meilleure partie des loisirs que lui laisse l’enseignement à une histoire des hellénistes français de la Renaissance.
Au sortir du collège, il s’appliqua avec une certaine ardeur à l’étude, même à celle de la théologie, mais surtout il rechercha la connaissance des beaux esprits et grands hommes du temps, et dans la rue Saint-Étienne-des-Grès, où il logeait alors, il forma, en société de quelques amis honnêtes gens, une petite académie où chacun s’exerçait, se produisait, et où probablement on se louait aussi ; la louange fut très chère de bonne heure à Marolles, et il ne la marchandait pas aux autres, ne leur demandant qu’un peu de retour. […] Il y avait encore, disait-il, à voir les titres du grand cabinet, ceux du trésor de l’hôtel de Nevers, et enfin une table générale devenait indispensable pour ces derniers inventaires ; on lui demanda ce nouvel effort, et il s’y mit : « L’affection que j’ai toujours eue pour cette princesse ne m’a rien fait trouver de difficile ni d’ennuyeux, où il s’agissait de son service, et puis j’étais bien aise d’avancer toujours dans ma curiosité, pour y faire de nouvelles conquêtes quand l’occasion s’en offrait. » Depuis qu’il eut son logement en ce lieu d’honneur et d’étude, il semble qu’il ne lui manquait plus rien. […] Cet événement, on peut le dire, fait époque dans son existence et la partage en deux moitiés : jusque-là, il avait été du monde, de la Cour, des belles sociétés, s’y accordant bien des distractions permises, et non sans une pointe légère d’ambition : à partir de là (1645), il fit une demi-retraite et s’adonna tout à l’étude, à ses traductions des auteurs, à sa collection d’images, deux passions rivales qu’il mena de front jusqu’au bout ; il vécut beaucoup dans son cabinet, soit à son abbaye de Villeloin, soit à Paris (quand il y était), dans son faubourg Saint-Germain, ayant quitté l’hôtel de Nevers, mais logeant toujours près des Quatre-Nations.
Il n’avait pas douze ans lorsque, dans les premiers jours de janvier 1822, il sortait pour la première fois, pauvre oiseau exilé, de ses tourelles du Cayla, et arrivait à Toulouse pour y faire ses études, — je crois, au petit séminaire. […] Féli (comme on l’appelait dans l’intimité) ; et il avait près de lui, d’habitude, quatre ou cinq jeunes gens qui, dans cette vie de campagne, poursuivaient leurs études avec zèle, selon un esprit de piété, de recueillement et d’honnête liberté. […] En ce moment même il achève de lire ses Études de la nature et d’en savourer le charme : « C’est un de ces livres, dit-il, dont on voudrait qu’ils ne finissent pas.
Les autres écrivains et citoyens genevois, restés plus fidèles que lui, ont besoin, pour être appréciés, d’une étude attentive, et d’être écoutés de très près ; et ils en sont dignes. […] Quelques pages nettes et précises où il nous aurait présenté les vicissitudes de la cité républicaine fondée sur une aristocratie orthodoxe et bourgeoise, jusqu’au moment où elle fut englobée par la Révolution française, nous auraient satisfaits et tranquillisés ; nous aurions pu ensuite nous livrer avec plus de sécurité, sous sa conduite, aux études successives d’écrivains distingués qu’il déroule devant nous. […] C’est ainsi que la biographie de Georges Le Sage, esprit plus singulier encore qu’original, et qui d’ailleurs n’a rien produit, me paraît tenir trop de place, venant après les études sur Charles Bonnet et sur l’illustre Saussure, les deux noms qui forment le véritable couronnement de ce beau siècle littéraire et scientifique de Genève.
Il apportait dans ce gouvernement intellectuel la connaissance des matières, l’ouverture des vues, une indifférence qui lui permettait mieux qu’à d’autres de maintenir l’équilibre entre les diverses études et facultés ; et si la balance dans ses mains avait penché quelque peu du côté de l’histoire, ce n’eût été que justice ; car l’histoire, ce goût et cette aptitude générale de notre temps, hérite en effet de toutes les autres branches de la culture humaine. […] C’était donc le chef le plus désigné et le plus qualifié pour conduire l’Université sans imprudence et sans faiblesse, pour manier les corps savants et traiter pertinemment avec eux, pour répandre dans le pays, à tous les degrés, le goût de l’instruction saine, des études et des recherches ; et c’est ce qu’il fit en partie pendant quelques bonnes et fécondes années. […] — Ce rôle sérieux, franchement conçu et embrassé tout d’abord, de la manutention des études et des esprits, méritait d’occuper tout un homme, un homme tel que lui, et on ne le lui aurait pas disputé.
Né à Paris en 1774, il fit ses études au collège Louis-le-Grand, et les fit bien ; puis la Révolution le prit : il fut de la levée en masse de 1793, et servit comme canonnier dans l’armée du Nord. […] » — « Mais oui. » — « Où avez-vous fait vos études ? […] Biot, je la diviserais en quatre ou même en cinq périodes : la première, comprenant toute sa jeunesse, ses études d’École polytechnique, et les années qui suivirent, jusqu’à son entrée à l’Académie des Sciences en 1803 ; — la seconde, depuis 1803 jusqu’en 1822, époque où Fourier fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie à la place de Delambre (je dirai pourquoi cette nomination de Fourier fait époque dans la vie de Biot) ; — la troisième, durant les dernières années de la Restauration et jusqu’à l’avènement d’Arago au secrétariat perpétuel, en remplacement de Fourier ; — la quatrième, sous ce règne et cette dictature d’Arago ; — la cinquième, dans sa vieillesse heureuse et délivrée.