On peut écrire pour une catégorie, pour une minorité, pour une coterie même, et pour trois amis si l’on veut. […] Émile Faguet, qui a écrit dans ses Politiques et Moralistes : « La littérature et l’art ne sont populaires qu’à la condition d’être médiocres. » On me permettra d’être d’un avis absolument contraire, et d’en dire les raisons. […] Quand un homme écrit en vue d’un public déterminé, il s’asservit inconsciemment à lui ; il en prend les préjugés, les goûts, le langage, les travers, il se condamne à évoluer dans un certain ordre de sentiments et d’idées qui sont ceux d’une coterie, d’une école et d’une mode. […] » Et nous leur répondons par des livres écrits pour d’autres et qu’ils ne peuvent lire, et ils lisent le roman-feuilleton, où ils ne trouvent rien. […] Je leur dirais : « Essayez d’écrire, dans des revues ou dans des journaux populaires, une œuvre de haute et saine émotion.
Cuvillier écrivait et où il écrit encore, que parurent les Mystères de Paris d’Eugène Sue ? […] Oui, il était écrit que si elle devenait auteur, elle écrirait Indiana, Lélia, Jacques, Leone Leoni, et tous ses autres ouvrages. […] Quoiqu’il n’écrive pas depuis longtemps, il a déjà beaucoup écrit. […] Au moment où j’écris ces lignes, M. […] Cela s’écrit, à la bonne heure, mais cela ne se fait pas.
Il écrivait au point de vue du succès, non au point de vue de la morale. Il venait d’écrire ainsi sans profondeur, sans philosophie, sans justice, une histoire de la Révolution qui n’était qu’une adulation à la Révolution elle-même. […] Henrion de Pansey, de m’écrire que ces vers l’avaient affligé, et qu’il me suppliait de les effacer par les justes égards que je devais à sa maison. […] J’écrivis en conséquence cette lettre en termes convenables, mais résolus, au roi. […] Et voilà comment les pamphlétaires écrivent l’histoire !
» Tout de même encore, écriraient-ils comme ils écrivent s’ils n’avaient entendu dire que « le bon style n’est que l’art de se faire écouter » ? […] lui dit son voisin, est-ce que vous trouvez cela écrit ? […] Daudet écrit ainsi, M. […] Prenez ces maîtres consacrés de l’art de composer et d’écrire. […] s’il eût pu les écrire !
On désireroit seulement que ces Ouvrages fussent écrits d’un style moins lâche, moins rampant ; que les événemens fussent plus vraisemblables ; que l’Auteur ne les eût pas amenés avec une contrainte qui les fait grimacer. […] M. le Chevalier de Mouhy n’écrit plus, ou du moins les Annonces de ses Ouvrages ne tapissent plus nos carrefours. […] Quiconque écrit sur des sujets d’imagination, ne doit pas attendre que l’âge vienne en refroidir & même en tarir la source ; à plus forte raison, quand cette source n’a été qu’abondante, sans limpidité & sans saveur.
Ils consistent pour la plupart dans des Romans dont le défaut principal est d’inspirer un ennui qu’on ne va pas ordinairement chercher dans ces sortes d’Ecrits ; aussi ne lit-on plus les siens. Celui qui est intitulé Zamor & Almanzine, ou l’Inutilité de l’esprit & du bon sens, prouve tout au plus que l’Auteur manque de ces deux qualités, dont la premiere est pourtant indispensable quand on veut amuser & instruire, & dont la seconde doit empêcher d’écrire quand on ne sait être agréable ni instructif. […] Nous ajoutons qu’elle a fait encore un Livre de Conseils, où celui de se guérir de la démangeaison d’écrire auroit pu trouver place.
Voulez-vous écrire un solo d’alto ? […] « J’en étais là, m’écrit M. […] De là vient l’extrême difficulté que je trouve à écrire. […] Zola commence à écrire son œuvre. […] J’écrivis cette scène en deux jours.
La seule excuse qu’un homme ait d’écrire, c’est de s’écrire lui-même, de dévoiler aux autres la sorte de monde qui se mire en son miroir individuel ; sa seule excuse est d’être original ; il doit dire des choses non encore dites et les dire en une forme non encore formulée. […] Mais on a écrit tout le possible sur ce poète très aimé et providentiel. […] — et pourquoi ne pas écrire « comme tout le monde » ? […] Bourget (et jeté depuis parmi les vieux papiers du quai) Laforgue écrivait : « Ceci n’est qu’un intermezzo. […] On lira avec plaisir sur Jules Laforgue l’étude éloquente et de si profonde sympathie écrite récemment par M.
On cite de son enfance des réparties heureuses et des traits d’une prodigieuse mémoire : il retint un jour par cœur un sermon de l’abbé Poulle, pour l’avoir entendu une fois, et il l’écrivit au sortir de l’église. […] Maury devant notre illustre Académie, écrivait Voltaire, je croyais, à l’article des Croisades, entendre ce Cucupiètre ou Pierre l’Ermite, changé en Démosthène et en Cicéron. […] La lettre est écrite de Paris à Dureau de La Malle qui était pour lors en Anjou (9 décembre 1778). […] Les plus jolis de ses mots aux commères de la terrasse des Feuillants se pourraient dire par un Roquelaure ou à une descente de Courtille ; mais ce sont choses qui ne s’écrivent point. […] Quand je dis que je pourrais les citer, je me trompe, je ne saurais les écrire.
Sur ceux qui ont beaucoup écrit et surtout qui ont jugé les écrivains, on écrit beaucoup. […] Il montra Colardeau semblable à ses écrits, doux, sentimental, modeste, affligé de la critique et se promettant bien de ne l’exercer jamais contre personne : « Voilà, monsieur, dans un homme de lettres un caractère intéressant ! […] Colnet, dans un petit volume spirituel et gai qu’il a écrit sur les chutes et les rechutes de La Harpe (Correspondance turque), nous l’a ainsi montré à table, en flagrant délit de gourmandise, et s’en repentant pour y retomber tout aussitôt. […] J’ai sous les yeux une lettre écrite par lui à Mme Récamier, qui, avec sa bonne grâce de tous les temps, avait essayé de se porter médiatrice : Vous savez mieux que personne, lui écrivait La Harpe, combien, dans cette malheureuse affaire, mes intentions étaient pures, quoique ma conduite n’ait pas été prudente. […] Tout bien considéré, et après avoir beaucoup cherché, il m’a semblé que ce que La Harpe a écrit de plus fait pour trouver grâce aujourd’hui devant tous est cette Prophétie de Cazotte, quelques pages restées dans ses papiers et qu’on en a données après sa mortf.
monsieur le maréchal, répondit-il, avec des garanties écrites, avec un ordre politique qui fondera nos droits, qu’y a-t-il à redouter ? […] Le colonel Fabvier, qui avait accompagné le maréchal à Lyon, et qui avait été son chef d’état-major dans cette mission délicate et ferme, jugea à propos de rétablir les faits et de justifier par un écrit public ces actes que le ministère ne défendait que faiblement. […] On a souvent écrit l’histoire des journées de Juillet au point de vue parisien et populaire ; au point de vue militaire, elle est encore à écrire, et j’ai sous les yeux des documents précieux où je ne puis que glaner5. […] Il écrivit à sept heures du matin une lettre à Saint-Cloud au roi ; elle s’égara en chemin. […] Le prince de Polignac se refusa à voir les députés, et le maréchal écrivit en toute hâte pour Saint-Cloud une lettre au roi, laquelle fut devancée par une autre qu’écrivit en même temps M. de Polignac.
Tout cela est écrit pour justifier les essais de construction néoprimitive de Carra, Sofficci, Chirico. […] Il a également écrit des romans et des souvenirs. […] Les Écrits nouveaux paraissent de novembre 1917 à décembre 1922. […] À la demande d’Apollinaire, il écrit un article sur lui qui paraît quelques jours avant sa mort, le 15 octobre 1918, dans L’Éventail. […] L’écrivain luxembourgeois d’extrême-gauche Pol Michels (1897-1956) s’inspire dans ses écrits du futurisme et de l’expressionnisme.
C’est en marquant leur place sur ce premier plan qu’un sujet sera circonscrit et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir… « C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé et ne sait par où commencer à écrire. […] Mais lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume, il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de le faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire….. « Pour bien écrire, il faut donc posséder pleinement son sujet ; il faut y réfléchir assez pour voir clairement l’ordre de ses pensées, et en former une suite, une chaîne continue, dont chaque point représente une idée ; et lorsqu’on aura pris la plume, il faudra la conduire successivement sur ce premier trait, sans lui permettre de s’en écarter, sans l’appuyer trop inégalement, sans lui donner d’autre mouvement que celui qui sera déterminé par l’espace qu’elle doit parcourir5. » Voilà bien comme il faut procéder. […] Et ces lois sont les mêmes pour l’œuvre de haute littérature et pour la modeste composition de collège : l’écrivain rompu à tous les secrets de l’art doit s’y asservir, et elles soutiennent l’enfant qui s’essaye à écrire.
Il y a des écrits qui n’ont pas de sujet délimité, où l’on rassemble tout ce que la circonstance et le besoin présentent. […] Et c’est à l’unité, à la cohésion trop exacte que se trahissent l’étude et la méditation dans certains recueils de lettres : on sent que chaque lettre est écrite, que c’est style d’auteur, et non langage de causeur. […] Ce décousu, dans une lettre, et dans tout écrit dont la matière est déterminée par des causes extrinsèques et particulières, comme dans les écrits périodiques, qui suivent forcément non pas la logique et la nature, mais la date des événements, ce décousu ne peut guère disparaître sans emporter le naturel.
Il n’est pas nécessaire d’écrire ; mais si l’on écrit il faut que cela soit en une langue véridique et de bonne couleur. […] On voudra bien remarquer que je sursois volontairement aux corrections conseillées par moi-même et que je n’écris ni fonétique ni estétique. […] Sans doute le k remplirait à lui tout seul le rôle des deux signes usuels, mais, puisqu’on ne peut songer à unifier l’écriture au point d’écrire ki ke ce soit, kelkonke, kitte, kalité, le k n’est plus qu’une complication inadmissible.
Ce n’est pas que vous dédaigniez la lecture des chefs-d’œuvres d’Athènes & de Rome, la meilleure école du goût & du génie ; mais né avec un tempérament aussi délicat que votre esprit, & ne voulant pas vous faire de l’étude un travail pénible, vous avez pensé, avec raison, qu’on éprouvoit toujours quelque fatigue en lisant des Livres écrits dans une langue morte, dont les tours variés, les expressions singulieres, les inversions fréquentes mettent l’esprit à la torture. […] Quoiqu’on écrive beaucoup dans ce siécle, il y a des vuides dans nos Bibliothèques. […] Le dessein qu’il avoit formé de faire connoître généralement tous les Livres écrits en François, a donné à sa Bibliothèque une étendue immense. […] M. l’Abbé Goujet pensoit différemment : aussi il lui a fallu dix volumes pour l’histoire des Rimailleurs qui ont précédé l’aurore de la belle Poésie en France ; & pour s’être trop appesanti sur les mauvais Poëtes, il s’est vu obligé par le dégoût du public, à abandonner ce qu’il auroit pu écrire sur les bons.
Quand Chateaubriand ayant écrit : « Dans les soirées d’hiver, les vieillards tisonnent au coin du feu » reprend sa phrase : « Dans les soirées d’hiver, les vieillards tisonnent les siècles au coin du feu », il fait ce que seul Chateaubriand pouvait faire. […] Quand on voit ces maîtres du style raturer, essayer leurs épithètes, poursuivre l’image forte ou l’expression pittoresque, on est bien forcé de conclure que le don d’écrire se développe et que l’on devient original par le travail. […] Aussi devrait-on, dans les arts d’écrire, éviter de trop s’extasier sur les « trouvailles » des grands stylistes, le « grignotement » de la pluie ou la molle intumescence » des vagues » ; qui sait ce que les admirateurs de ce genre nous réservent ! […] L’art d’écrire lui semble peu compliqué et, en somme, tenir à peu de chose. « Si vous avez, dit-il, le grand mouvement, la suite réglée de Bossuet, ou la suite enragée de Saint-Simon, vous pouvez vous dispenser de tout le reste. » Mon Dieu, oui, et nous l’avons dit déjà : « Ayez du génie, vous pourrez vous passer d’avoir du talent. » Malheureusement, Saint-Simon et Bossuet, eux-mêmes, ne se sont point, malgré cela, passé de tout le reste, et principalement ne se sont point passé de l’originalité.
pas de phrases… pas de grimaces… Je sais ce que tu écrivais là ! […] Vous écrirez la même chose à M. […] vous écrirez une lettre très gentille à M. […] Voici la première lettre qu’il écrivit à la reine sa mère. […] Il fallait que je l’écrive tout cela.
Il suffira pour cela de parcourir quelques-uns des écrits qu’il publia antérieurement. […] Il écrit en français, sauf l’esprit et le sens, comme le Père Garassus ou comme le Père Petau, quand ce dernier s’en mêle. […] Guy Patin ne trouvait, pour excuser son ami sur ce méfait, que l’influence du lieu où il écrivait alors. […] Il y intervint lui-même par de nouveaux écrits publics. […] Telle est l’inconséquence toujours : on n’écrit pas pour le public, et on imprime pour lui.
La conséquence est que l’homme qui en 1870 commençait à écrire la partition de la Gœtterdaemmerung était un autre que celui qui en 1848 écrivait la Mort de Siegfried ; c’est la différence entre le Beethoven de la symphonie héroïque et le Beethoven de la neuvième symphonie. […] Autre part, il écrit : « C’est le propre de la musique, de pouvoir élever à une certitude absolue ce que tous les autres arts ne peuvent qu’indiquer ». […] Mais, pour le reste, Wagner a eu le génie de prendre ce poème tel qu’il était, et de construire dessus la symphonie la plus grandiose — peut-être — que jamais il ait écrite. […] Alors la littérature devint écrite : des lettres peu nombreuses, vite négligées pour leurs valeurs linéaires, évoquant, sans la gêner, une vie, tout différente, de notions. […] Une harmonie des mots apparut possible, légitime : après la musique parlée des orateurs, naquit la musique écrite des poètes.
Bruys, [François] né à Serrieres dans le Mâconnois, en 1708, mort à Dijon en 1738, Auteur qui a beaucoup écrit, mais qui, pour avoir écrit avant de former son esprit & son style, n’a rien laissé que de médiocre. […] Il se rendit ensuite en Hollande, & y composa plusieurs Ouvrages, qui paroissent plus inspirés par l’indigence, que par le talent nécessaire pour écrire.
Ce qu’il a écrit sur la Musique, la Peinture, l’Architecture, montre des connoissances & du talent pour saisir les principes & les finesses de ces trois Arts ; ses Essais sur l’Architecture sont sur-tout très-estimés. […] C’est ainsi qu’il a écrit son Histoire de Venise, où il compare en ces termes, cette République à celle de Gênes : « C’étoient comme deux tourbillons qui, gênés l’un par l’autre dans leur rencontre, menaçoient incessamment de s’absorber l’un & l’autre par des forces incompatibles de leur expansion ; dominant l’un & l’autre sur deux mers opposées, l’endroit où elles se réunissent étoit pour eux un centre de concurrence, où ils ne portoient qu’une détermination décidée à se croiser. » Ce galimatias n’est-il pas du Diderot tout pur ? Un Ecrivain qui se permet des comparaisons aussi amphigouriques, qui les répete en toute occasion & même sans occasion, n’est-il pas aussi peu propre à écrire l’Histoire, que l’Auteur de l’Interprétation de la Nature à traiter la Métaphysique ?
Son dessein est de manifester par un cas illustre la loi du progrès : il prétend refaire telle qu’Homère l’eût écrite s’il eût vécu en 1714. […] « La prose dit blanc dès qu’elle veut, et voilà son avantage. » Les meilleurs vers sont chargés d’impropriétés, d’incorrections, de louches équivoques : dans leur perfection idéale, ils doivent être comme de la prose, nets, clairs, précis ; pourquoi, dès lors, ne pas écrire tout de suite en prose ? […] Cependant je suis tenté de lui donner raison, dans le temps et dans les circonstances où il écrit. Il n’y avait plus de poètes, plus d’artistes : ne valait-il pas mieux laisser le vers et les formes d’art, et écrire en bonne, simple et franche prose ? […] La plupart sont écrits par des Hommes du monde qui n’ont vu la nature que dans leurs parcs ou à l’opéra.
À la même heure, Verlaine écrivait ses Romances sans paroles où il abjurait l’idéal parnassien. […] « Monsieur, « Vous vous emparez d’une phrase dans une lettre qui était destinée à répondre à un ordre particulier d’arguments, mais vous ne me la renvoyez pas telle que je l’ai écrite : je n’ai pu dire en effet et je n’ai point dit : “Nul homme sérieux et sensé ne peut croire désormais, etc.” […] Il suffirait, pour ne point se méprendre sur la mienne, d’avoir lu ce que je n’ai cessé d’écrire depuis quelques années ; mais c’est une peine que je ne prétends infliger à personne. […] Ainsi Burty écrit des articles sur le japonisme mis à la mode par les Goncourt d’où sortira un art neuf. […] » « — Tout ce qui est spirituel a été écrit mille fois, mais paraît toujours nouveau, la plupart des hommes ne retenant de leurs lectures que les sottises.
Je me rappelle une petite morale écrite en latin par l’Anglais Hutcheson85 ; elle m’a paru vraiment classique. L’auteur y établit les principes généraux de la science des mœurs, et finit par les contrats, les actes de mariage, les promesses verbales, les promesses écrites, le serment et le reste de ces engagements que nous prenons si légèrement et qui ont des suites si longues et si fâcheuses. […] Il écrit bien, il est sage et hardi. […] Voyez Bayle, Pensées diverses écrites à un docteur de Sorbonne, à l’occasion de la comète de 1680. […] William Martin, d’abord acteur, puis naturaliste, a écrit plusieurs bons ouvrages de géologie.
cette chimère du passé, des réalités la plus terriblement réelle, cette inévitable fatalité du souvenir que Manfred maudit, dans Byron, et qu’il appelle l’impossibilité d’oublier, voilà, malgré les tours de force du linguiste et les travaux de joaillier que Gramont exécute sur le rhythme, ce qui distingue ses poésies et communique un charme profond à ce recueil, qui est, on le sent à travers les ciselures passionnées du poète et de l’idolâtre matériel, un fragment rompu de la vie et non un livre de vers écrit seulement pour montrer qu’on sait faire des vers ! […] En vain nous chante-t-il Endymion et Phœbé, comme un Grec réveillé tout à coup du sommeil d’Épiménide, et nous traduit-il Sannazar une parenté en génie ; puis, las de tordre et d’assouplir cette ferme langue française qui reste toujours de l’acier, même quand on en fait de la dentelle, se met-il à écrire le sonnet dans sa langue maternelle, la langue italienne, qu’il manie avec une morbidesse fleurie qui eût charmé Pétrarque et qui convient si bien à la nature ingénieuse et raffinée de sa pensée, Gramont est plus qu’un écrivain qui se joue dans les difficultés de deux langues, un archaïste d’une exécution supérieure. […] Les hommes de l’école poétique à laquelle appartient par sa langue Gramont sont, presque tous, de l’opinion du grand panthéiste du xviiie siècle, qui disait sans sourciller : « On fait de l’âme comme on fait de la chair, et de la chair comme on fait du marbre », et c’est pour cela sans aucun doute qu’on trouve si peu d’âme dans leurs écrits ; mais lui, par un bonheur d’organisation dont il faut le féliciter, ne s’est pas pétrifié tout entier parmi ces Memnons sans soleil qui n’ont que le son vide du rhythme. […] Gramont n’a point écrit ses sonnets en quelques jours et en vue d’une publication prochaine. Il les a écrits, ou plutôt il les a gravés, de 1830 à 1848, avec la patience de l’amour et sa longue caresse.
Il écrivait beaucoup, et les papiers qu’on a de lui sont considérables ; entre autres ouvrages, il a laissé un livre de Considérations sur le gouvernement de la France, qui a circulé longtemps et a été lu en manuscrit avant d’être imprimé. […] Présent à la victoire de Fontenoy, il en écrivit une relation à Voltaire, qui avait pour lors titre et fonction d’historiographe de France, et qui était son ancien ami de collège. […] Honnête homme, il a, à certains égards, les mœurs de son temps ; et ce n’est pas de ce qu’il a fait à la rencontre que je m’étonne : ce qui me passe un peu, c’est qu’il ait songé par endroits à l’écrire, à le consigner exactement dans ses cahiers d’observations et de remarques : il n’a pas la pudeur ; il parle de certains actes comme un pur physiologiste, notant, sans d’ailleurs y prendre plaisir, le cas qui lui paraît rare et la singularité. […] Par l’étude on ne connaît que les anciens et les mœurs bourgeoises, et dans la bonne compagnie on perd son temps, l’on écrit peu, et l’on pense encore moins. […] Il a de vieux mots qu’il écrit sans y prendre garde ni se détourner : postposant, gubernateur, les belles et idoines qualités, etc., etc.
Il n’avait pas attendu jusque-là pour penser, pour écrire et dicter ses vues, ses plans de gouvernement, ses réflexions de roi. […] Ayant pris de bonne heure au sérieux, autant et plus que souverain en aucun temps, son rôle et ses attributions de roi, cette idée élevée, ce respect religieux de son état le mena à écrire, à dicter des instructions et des pièces assez nombreuses qui ont été recueillies. […] Qu’on ouvre et qu’on parcoure ces divers écrits ! […] Pour moi, dans ce que je lis de lettres, de discours ou d’écrits émanés du roi, je suis surtout frappé, en général, de la solidité, de l’élévation et du bon sens. […] ce n’est pas le style bref et nu, le style abrupt et souverain de Napoléon racontant ses campagnes, ce n’est pas une plume d’airain qui écrit : c’est un roi qui, même à cheval et à la tête de ses armées, parle à loisir et sans se presser sa langue héréditaire.
Après le dilettante qui écrit, voici le dilettante qui n’écrit pas, supérieur peut-être au premier par la façon dont il entend la vie, par la sagesse plus rare qu’implique le rôle qu’il s’est donné. […] Il fait des expériences pour en faire, non pour les écrire. Sa philosophie est plus parfaite que celle de l’artiste qui écrit — et qui trahit par là quelque ingénuité, car il se figure apparemment qu’il vaut la peine d’écrire et que la gloire littéraire est quelque chose. […] Rabusson n’a rien écrit de plus attendri que ces lignes. […] Il serait fort capable d’écrire les Liaisons dangereuses de cette fin de siècle.
Je prétends qu’en relisant les anciens journaux et les articles de critique qui y ont eu le plus de succès, nous n’y trouvons jamais que la moitié de l’article imprimée : l’autre moitié n’était écrite que dans l’esprit des lecteurs. […] Pour bien connaître un critique, pour se retracer au vrai sa physionomie et sa personne, il ne suffit pas de lire ses écrits. Un poète se peint dans ses écrits ; à la rigueur, un critique s’y peint aussi, mais le plus souvent c’est en traits affaiblis ou trop brisés ; son âme y est trop éparse. […] Hoffman, dans la critique, aimait d’ailleurs les sujets sérieux et suivis : il a écrit des séries d’articles sur le magnétisme, sur la crânologie, sur la géographie, et finalement sur les Jésuites. […] Il écrivait d’un ton aisé, sans parti pris, ce qu’un esprit juste et fin trouve là-dessus à une première lecture.
Je crains, à la fin, d’enlever le museau au mien à force de le lécher ; je n’y veux plus toucher davantage. » C’est en ces heures d’épuisement qu’il écrit : « Le travail sédentaire est une lime sourde. […] Son livre n’était pas un ouvrage régulier : il avait eu d’abord l’idée, disait-il en commençant, d’écrire une histoire générale de la nature ; mais bientôt, renonçant à un plan trop vaste, il s’était borné à en rassembler quelques portions, et, comme il les appelait, des ruines, n’y laissant debout que le frontispice. […] C’est après avoir lu ce dernier écrit, qu’un excellent critique (M. […] Quand on l’a lu longtemps, on est charmé de voir la verdure et les arbres moins colorés dans la campagne qu’ils ne le sont dans ses écrits. […] Ou écrivit tout cela au bourru maussade pour l’apaiser : on n’eut pas de réponse.
Richepin procède plus que de personne, écriraient-ils maintenant ce qu’ils ont écrit autrefois ? […] … Il a écrit plusieurs poésies en pur argot, qu’il s’est obligé à traduire en français dans la page suivante. […] Ils ont refusé de croire à la vérité de sa haine contre Dieu et à la loyauté de ses imprécations, comme s’ils étaient toujours sincères, eux, quand ils écrivent ! […] Shelley avait écrit le mot « athée », en grec, au bout de son nom, sur une cime des Alpes. Mais Richepin a écrit qu’il était athée sur la cime de ses vers, qui sont des Alpes aussi, et dont la neige est du feu !
Un jeune soldat, Roland Engerand, écrit à ses parents : « Hier soir, l’aumônier de la division est venu manger avec nous dans une cave. […] Un autre écrit : « J’ai été témoin, d’actes grandioses de préparation à la mort, de sacrifices consentis et formulés à l’avance. […] Et puis Pâques, résurrection glorieuse… Ainsi écrit-il, puis il sort de son abri pour son service. […] L’abbé Ligeard, du grand séminaire de Lyon, caporal au 28e bataillon de chasseurs alpins, avant de partir pour l’action, le jour même de sa mort, écrit : « J’offre ma vie pour que se dissipent les malentendus qui existent entre le peuple de France et les prêtres. » (Communiqué par l’A. […] Il écrit a son père : « Je pense que vous ne serez pas mécontent de votre fils qui vous aime et a cherché à vous imiter. » Le Conseil de guerre l’acquitte, mais il est mis en non-activité.
Tout ce que vous direz et écrirez sera bien reçu. […] Sainte-Beuve écrivait à M. […] Il avait beaucoup écrit dans sa courte vie. […] Il faudrait prier avant d’écrire, et après avoir écrit. […] Écrit à M.
La Bruyère écrit plus en peintre, Montesquieu plus en penseur. […] Montesquieu a loué, comme un des récits les plus vifs qu’on ait jamais écrits, la retraite du général Shulenburg. […] Il n’y avait pas de risque que l’honnête homme qui a écrit Gil Blas se fût donné le bizarre plaisir de vivre pendant vingt années en tête-à-tête avec un fripon. […] L’archevêque de Grenade et sa tendresse pour ses homélies, ne serait-ce pas moi, à certains moments de trop grande tendresse pour ce que j’écris ? […] Ce serait y avoir bien peu profité que de se demander si Rollin écrit bien, ou si d’autres ont mieux écrit que lui.
— Peut-on écrire, peut-on penser sans conclure ? […] Ses écrits ses professions de foi littéraires, le témoignage de ses amis semblent l’affirmer à l’unanimité. […] N’ayant écrit ni grands drames ni épopées romanesques, ce fut dans ses courts poèmes qu’il eut à condenser ses oppositions. […] Que leur qualité de révolutionnaires ait tenu la grande foule éloignée de leurs écrits, rien de plus évident. […] L’imprégnation salutaire du génie latin a pu modérer dans les œuvres soigneusement écrites les désordres de l’exubérance mentale.
Ce n’étoit pas le seul avantage qu’ils en tiroient : ils trouvoient encore chez les Grecs des modèles en tout genre, de sorte qu’écrire & parler attiquement, c’étoit écrire & parler de la manière la plus pure. […] Aussi quels écrits vit-on éclore ? […] Le succès de ce nouveau genre d’écrits, dont la durée fut longue, n’a rien qui doive étonner. […] Si d’un côté les Romans nuisirent à l’Histoire, de l’autre ils furent favorables à la Poësie, étant presque tous écrits en vers. […] Encore, s’il n’y eût eu à la lecture de tant d’Ecrits frivoles d’autre perte à craindre que celle du temps !
Il a vécu pour son plaisir, il a écrit pour son plaisir ; lisons-le pour notre plaisir ; c’est l’homme de l’agrément. […] Il lui suffisait du plaisir de les écrire et d’en amuser un souper de Mécène ou d’Auguste quand il retrouvait ses puissants amis à Rome. […] « Jusqu’ici, écrit Auguste à Mécène dans une lettre citée par Suétone, je n’ai eu besoin de personne pour les lettres que j’écrivais à mes amis ; mais actuellement que je fléchis sous la multiplicité des affaires et sous le poids de l’âge, je désire vous enlever Horace ; qu’il vienne donc échanger votre table hospitalière et ouverte à tous, contre une table frugalement royale ; il nous aidera à écrire nos lettres. » Mécène était magnifique, Auguste économe et sobre. […] « Sachez, écrivit-il à l’auteur, que je suis blessé de ce qu’aucune de ces épîtres ne me soit adressée. […] écrit-il dans son testament.
Quoique la plupart de ses Remarques soient devenues inutiles, par les progrès de la Langue, dont la perfection a été fixée dans les bons Ouvrages du Siecle de Louis XIV, elles peuvent encore être très-instructives, & ceux qui ont voulu écrire sur la Grammaire, l'ont regardé comme un Auteur fondamental. […] On ne peut, malgré cela, refuser à Vaugelas la gloire d'avoir été un des premiers qui aient donné, dans notre Langue, un Ouvrage écrit avec correction & pureté. Quelques Critiques se sont plaint de ne pas trouver, dans son style, cette politesse & ces graces, but actuel des efforts de tous nos Ecrivains ; mais quand il ne seroit pas injuste de lui reprocher d'avoir manqué de ces qualités, qui n'etoient encore qu'en germe, nous doutons qu'elles soient préférables à cette noblesse simple & naturelle, à cette aisance moëlleuse & toujours soutenue, qui regnent dans sa Traduction & dans tous les Ecrits qui ont paru quelque temps après lui.
Chez les anciens, il fallait être docte pour écrire ; parmi nous, un simple chrétien, livré, pour seule étude, à l’amour de Dieu, a souvent composé un admirable volume ; c’est ce qui a fait dire à saint Paul : « Celui qui, dépourvu de la charité, s’imagine être éclairé, ne sait rien. […] Ses écrits décèlent cet homme de bien dont le cœur est une fête continuelle 174, selon l’expression merveilleuse de l’Écriture. […] Lucien, Comment il faut écrire l’histoire, traduction de Racine.
Maintenant qu’on a sous les yeux l’ensemble des vues, des écrits et des croquis de Töpffer, c’est le cas de bien expliquer la nature de son talent comme peintre des Alpes, et de bien fixer le genre de son invention, le caractère à la fois naïf et réfléchi de son originalité. […] De bonne heure j’ai voulu écrire, et j’ai écrit ; mais sans me faire illusion sur ma médiocrité et mon impuissance, uniquement pour ce charme de composer, d’exprimer, de chercher aux sentiments, aux pensers, aux rêves de choses ou de personnes, une façon de les dire à mon gré, de leur trouver une figure selon mon cœur. […] Il écrit d’emblée à sa guise, comme il croque le paysage. […] À d’autres endroits de ses écrits, et tout en reconnaissant avec vérité les défauts habituels au caractère du paysan, il est revenu encore sur la part de solide bon sens qu’il trouve en plus grande mesure chez eux que dans les autres classes : « Ceci se marque bien dans leur langage, ajoute-t-il, qui est clair, discret, et d’une constante propriété. […] C’est ainsi qu’on écrit dans les littératures qui n’ont point de capitale, de quartier général classique ni d’Académie ; c’est ainsi qu’un Allemand, qu’un Américain ou même un Anglais use à son gré de sa langue.
Fléchier, dans sa politesse ingénieuse, écrit toujours et en toute occasion comme quelqu’un qui ne l’a ni lu ni entrevu. Bossuet, dans une instruction sur le style oratoire, a écrit : « Les poètes aussi sont de grand secours. Je ne connais que Virgile ; — et un peu Homère. » Il est vrai qu’il écrivait cela avant d’être chargé de l’éducation du dauphin ; dans le cours de cette éducation il eut des loisirs, et il put se remettre à cette lecture, moins faite pourtant que celle d’un David pour son génie. […] C’est là un défaut de jugement insupportable de n’avoir pas songé au temps où il écrivait, ou une présomption très condamnable de s’être imaginé que, pour entendre ce qu’il faisait, le peuple se ferait instruire des mystères de la religion païenne. […] Cette lettre ne vous paraît-elle pas bien justifier l’éloge qu’un jour Balzac adressait à Chapelain : « Si la Sagesse écrivait des lettres, elle n’en écrirait pas de plus sensées ni de plus judicieuses que les vôtres. » Il y aurait peut-être encore quelques remarques à faire sur ce jugement de Ronsard par Chapelain ; mais, à le prendre dans son résumé assez pittoresque : « Ce n’est qu’un maçon de poésie, et il n’en fut jamais architecte », on a l’équivalent du mot célèbre de Balzac : « Ce n’est pas un poète bien entier, c’est le commencement et la matière d’un poète. » Fénelon, Balzac, Chapelain, que faut-il de plus !
Biot pourquoi il n’avait jamais écrit lui-même cette particularité curieuse, il répondait que, pour cela, il n’était point assez sûr d’avoir eu affaire en effet à Saint-Just en personne, au terrible Saint-Just, qui aurait joué envers lui ce rôle de bienfaiteur inconnu. […] Ce n’est point d’ordinaire la chaleur ni aucune inspiration émue ou éloquente qui distingue les écrits littéraires sortis de cette plume de savant ; soignés, élégants, d’une justesse ornée, parfois d’une simplicité un peu coquette, ils sont en général destitués de mouvement et de vie : un seul de ses écrits fait exception, c’est le précis intitulé : Essai sur l’Histoire générale des Sciences pendant la Révolution française, qui avait été composé pour servir de préface à une nouvelle édition du Journal des Écoles normales, et qui fut publié séparément (1803). […] Celui qui écrivait avec ce premier feu n’était pas encore si loin du canonnier de Hondschoote, et n’avait pas oublié l’odeur de la poudre. […] Biot s’en prend à quelques fausses vues qui ont été la source de fausses beautés dans les écrits de Bernardin de Saint-Pierre et de Chateaubriand. […] Si j’avais à écrire la vie scientifique et littéraire de M.