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1405. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Il nous apprend que ce peuple, vanté pour ses vertus par des philosophes qui n’en avaient pas, fut peut-être autant que les Richelieu, les de Gesvres et les d’Épernon, tous ces abominables pourrisseurs du Roi, dans les vices de ce jeune souverain qui commença son règne de débauche par la timidité avec les femmes, comme Néron commença le sien par la clémence… Dans ce temps, qui ne fut pas long, il est vrai, d’une sagesse qui n’était que de l’embarras rougissant et honteux, le peuple tout entier de la France d’alors s’impatientait et se moquait de cette sagesse.

1406. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

Au contraire, c’était une réponse victorieuse et morale aux mauvaises langues philosophiques qui disaient que les Rois ne pouvaient pas avoir d’amis, et dans un temps où les Rois passaient de rudes quarts d’heure avec les philosophes.

1407. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Buffon avait commencé sa vie pensante et savante par les mathématiques qui sont une science de déduction, et il apporta les habitudes mathématiques partout où depuis s’engagea sa pensée, et c’est à cause de cela, selon nous, bien plus qu’à cause de ses accointances avec Descartes, qui avait été aussi un mathématicien bien avant d’être un philosophe, c’est à cause de cela que Buffon admit si souvent l’hypothèse comme une règle de fausse position.

1408. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Les philosophes qui croient avoir inventé ce qu’ils retrouvent, s’imaginent que la psychologie est d’hier.

1409. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Est un moraliste encore quelque pauvre déiste, d’honnête volonté, qui tire comme il peut un traité de conduite de la notion de Dieu, établie tant bien que mal dans sa judiciaire de philosophe.

1410. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Mais Quinet n’est ni un théologien, ni un métaphysicien, ni un philosophe.

1411. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

C’était un déiste du xviiie  siècle, d’un déisme invalidé de scepticisme et d’indifférence, mais quelle que fût la philosophie d’André Chénier, dans un temps où tout le monde se vantait d’être philosophe, il était encore assurément le meilleur d’un siècle si violemment hostile aux idées religieuses comme nous, chrétiens, les comprenons.

1412. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Ce sage conteur, qui s’appelle providentiellement Le Sage, ne ressemble guères, par exemple, à cet autre conteur à tous crins qui, dans ses romans et dans ses contes, est toujours le philosophe Diderot, ce diable au corps de Diderot !

1413. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Trop philosophe et trop libertin pour avoir le génie de la passion, cette source inépuisable du roman de grande nature humaine, le dix-huitième siècle, le siècle de l’abstraction littéraire comme de l’abstraction philosophique, qui n’eut ni la couleur locale ni aucune autre couleur, — qui ne peignit jamais rien en littérature, — car Rousseau, dans ses Promenades, n’est qu’un lavis, et Buffon dans ses plus belles pages qu’un dessin grandiose, — ce siècle, qui ne comprenait pas qu’on pût être Persan, dut trouver, le fin connaisseur qu’il était en mœurs étrangères !

1414. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

pour l’avoir éprouvé, mais je ne hais pas une bonne et franche morsure), Frédéric Morin, a parlé de lui, une seule fois je crois, et sans morsure, et certainement il l’avait lu et il en a parlé parce qu’il l’avait lu ; mais si l’auteur obscur de J’aime les Morts, de l’Histoire du feu par une bûche, et des Dévotes 37, n’avait pas été lyonnais et petit-fils de Camille Jordan (une réputation établie), Morin, qui est un lyonnais, un lettré, et, si je ne me trompe, un philosophe, l’aurait-il seulement lu ?

1415. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Ce nom continua de vivre dans la mémoire poétique de la Grèce, souvent blâmé par les philosophes, mais cité, chanté dans toutes les fêtes : et, lorsque la Grèce libre et parlant à la tribune et sur le théâtre eut cessé, lorsque sa langue et son génie ne furent plus qu’un luxe de cour et une étude de cabinet dans Alexandrie et les villes grecques d’Asie, nul monument de l’art antique ne fut plus imité, plus commenté que le hardi génie d’Archiloque.

1416. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Si plus d’un trait des Fâcheux fait reconnaître le poète comique, il est une scène qui décèle le poète philosophe. […] Mais ces juges, dans leur inflexible sévérité, ont été jusqu’à trouver « honteuse » la conduite de Molière : est-ce aveuglement de la part de l’auteur de La Dunciade et des Philosophes ? […] Cette petite pièce contient deux scènes, celles de Sganarelle avec les philosophes Pancrace et Marphurius, qui ne paraissent à beaucoup de lecteurs que deux pitoyables parades. […] Molière, outré de ce qu’il triomphait, redoubla ses efforts avec une chaleur de philosophe, pour détruire Gassendi par de si bonnes raisons, que le religieux fut forcé de s’y rendre par un troisième hom ! […] Les deux philosophes en étaient aux convulsions, et presque aux invectives d’une dispute philosophique, quand ils arrivèrent devant les Bons-Hommes.

1417. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Le philosophe Libanius faisait campagne pour les temples, comme aujourd’hui M.  […] Ce sera le philosophe, non l’historien, que vous condamnerez en lui. […] Les historiens philosophes, un Taine ou un Burckhardt, fournissent naturellement des explications : c’est leur métier. […] Son pamphlet m’a rappelé celui de Taine contre les Philosophes français du dix-neuvième siècle. […] Bergson, qui est tout de même un philosophe plus considérable que Victor Cousin.

1418. (1886) Le roman russe pp. -351

Est-ce un gamin, un philosophe, un sceptique, un enthousiaste ? […] Tchaadaïef était un homme du monde, instruit, élégant, répandu, un de ces philosophes de salon, nombreux à Moscou, amis du paradoxe et de la fronde, soucieux de ne pas trop se compromettre, habiles à se rétablir. […] Le philosophe s’abstenait de toutes critiques contre la « Russie officielle22 » ; mais le soufflet retombait forcément sur celle-ci. […] — au philosophe versatile, jouet de son imagination abstraite, que nous suivrons plus tard dans ses évolutions à travers un radicalisme nuageux. […] Ce devoir civil rempli, l’athéisme reprenait ses droits, à peu près avec les nuances qu’il offrait chez nous au dix-huitième siècle : doctrinal et insidieux chez les philosophes, déférent et discret dans la société polie.

1419. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Je suis coupable à son compte d’envie et de malignité, et elle m’en fait honte par l’autorité de Plutarque ; comme si nous n’avions pas elle et moy des maîtres de vertu infiniment plus respectables, et que je ne pusse apprendre toute l’injustice d’un orgueil jaloux et malin, que de la bouche des philosophes payens. […] sans doute l’amour de Mr Dacier pour la vérité et la vertu, lui en ont grossi les apparences dans les philosophes payens, où il a pris l’ombre pour le corps. […] Ce jugement si sévere du philosophe suppose que le poëte avoit dégradé les dieux avec connoissance de cause ; et il revient assez à l’avis de Mr Despreaux, qu’Homere peu religieusement leur avoit fait jouer la comédie, pour égayer ses poëmes. […] Je sçai de plus que ce philosophe, pour mieux éclaircir sa pensée, fait à tout le sexe un outrage impardonnable. […] Nous avons des philosophes, des orateurs et des poëtes ; nous avons même des traducteurs où l’on peut puiser les richesses anciennes dépoüillées de l’orguëil de les avoir recueillies dans les originaux.

1420. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Ils l’envoient chez le perruquier qui la frise ou la lisse selon le goût du jour ; et cette mentalité postiche, de quelle grâce ils la campent sur leur crâne rasé comme la table des philosophes. […] C’est ce qui fait la solidité des œuvres d’un Schopenhauer, d’un Taine, d’un Nietzsche ; et c’est aussi ce qui les condamne au dédain des philosophes idéo-motifs. […] Il commence à rédiger les premiers chapitres de ses Philosophes français, le plus curieux livre de polémique métaphysique que nous possédions en langue française. […] Les vrais débuts de Taine, c’est, avant même les Philosophes, le Voyage aux Pyrénées. […] Ce qui ennuyait surtout Buffon, homme de science et philosophe, c’étaient les descriptions.

1421. (1900) Molière pp. -283

Si je ne veux vous donner qu’une première idée d’Alexandre, et vous la donner fidèle, je peindrai un jeune homme brillant, élevé par les philosophes grecs, fou de gloire, qui s’en va conquérir l’Asie ; je le peindrai généreux, magnanime, plein de génie, civilisateur, et mourant à Babylone au milieu de fêtes splendides. […] Tu es un philosophe bien subtil ; mais, puisque tu es si subtil, ne vois-tu pas qu’Aspasie et moi nous avons à nous parler ? […] Mais pour ces philosophes sans respect dont la voix indiscrète osait porter jusqu’à mon trône d’impertinents conseils ; pour ces discoureurs opiniâtres qui me troublaient à tout propos de je ne sais quels rêves sur l’ancienne liberté des Grecs et des Macédoniens et sur la dignité d’homme… CÉSAR Je sais, Alexandre, tu les mettais en cage. […] ——— J’ai lu je ne sais où qu’un philosophe indien rencontra un jour une échelle. […] Le philosophe, choqué de cette impertinence, retourna l’échelle.

1422. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Peut-être même l’est-il plus que les autres, et plus que les autres soumis, par son propre métier, à des tentations et à des folies qui en font un être déformé, un maniaque, un délinquant, comme disent les philosophes. […] Philosophes et historiens, poètes et romanciers, critiques et dramaturges, journalistes de tout poil et de tout format, chacun, amateur ou professionnel, y aurait sa place et y exercerait publiquement ses fonctions, pourvu, toutefois, qu’il pût justifier d’une gloire quelconque ou d’une belle camaraderie. […] … — c’est par mon génie de littérateur et de philosophe… Je m’amuse, souvent, à buriner des maximes des pensées d’un ordre spirituel vraiment unique, si unique vraiment, que les maximes d’un La Rochefoucauld, les pensées d’un Pascal ou d’un Goethe, semblent, au regard des miennes, les piteuses réflexions d’un enfant idiot. […] Ernest La Jeunesse me fût exclusivement attribuée par d’intransgressibles penseurs et des philosophes de tout repos, j’eusse toujours ignoré, à l’exemple de Pascal, d’où je viens et ce que je suis, et aussi quelle est l’âme, l’âme immortelle de M.  […] … Nous aurons, cette semaine, la joie très douce et très forte, non d’aimer davantage Maurice Maeterlinck, ce qui est impossible, mais de l’admirer, dans l’enthousiasme de tous, et de l’acclamer sous la triple face de son délicieux et puissant génie de poète, de philosophe et de dramaturge.

1423. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

L’amour des détails ne connaît plus de bornes, et pendant que d’un côté on rattache à la vie d’un philosophe ou d’un poëte toute l’histoire de son siècle, de l’autre on nous fait pénétrer jusque dans les habitudes les plus indifférentes de son existence domestique et privée. […] Son Marcomir n’avait pas besoin, pour être heureux, du tapage qui se fit autour de lui, et son capitaine Corcoran rappelle les meilleures fantaisies de Gozlan, philosophe. […] Il en est qui sont philosophes, légistes, critiques, voyageurs, mais ils sont tous historiens, sous peine de ne pas être. […] Pendant quinze ans, la France victorieuse avait suivi sur tous les chemins la trace de ses poëtes et de ses philosophes, précurseurs de ses conquêtes. […] Peut-être aussi, comme Le Philosophe sans le savoir, restera-t-elle une chose unique.

1424. (1900) La culture des idées

Les Époques de la Nature, si elles émeuvent les savants et les philosophes, n’en sont pas moins une somptueuse épopée. […] Le même philosophe qui ruine en politique l’idée de respect, la recrépit et la rebadigeonne en littérature. […] Un apôtre, vêtu, comme un philosophe, d’une robe de hasard et tous ses poils flottant comme sous un vent prophétique, entrait dans un temple et rebaptisait le dieu séculaire. […] Féré, qui philosophe volontiers et pas sans talent, « sur l’utilité privée et publique, sur l’utilité dans le milieu actuel qui est la morale actuelle ». […] Quand on parle du dix-huitième siècle, il faut toujours mettre à part, dans sa tour de Montbard, le grandiose et solitaire Buffon, qui fut, au sens moderne de ces mots, un savant, un philosophe et un poète.

1425. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Necker, et prépara la Révolution française, sans être philosophe ni novateur. » Protégée et abritée jusqu’au sortir des plus affreux malheurs sous l’aile de son excellente mère, la jeune Clary, dans une profonde retraite de campagne, prolongeait, près de sa sœur cadette236, une enfance paisible, unie, studieuse, et abordait sans trouble la tendre jeunesse, ne cessant d’amasser chaque jour ce fonds inappréciable d’une âme sainement sensible et finement solide : telle la nature l’avait fait naître, telle une éducation lente et continue la sut affermir. […] Cette société de Mme d’Houdelot où régnaient encore les derniers philosophes, M. de Saint-Lambert, M.

1426. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

— Ajax en révolte s’écriait : Je me sauverai malgré les Dieux ; et Lucrèce : Je m’abîmerai à l’insu des Dieux. » Il s’attachait, dans la lecture du livre, à dessiner l’âme du poète, à ressaisir les plaintes émues que le philosophe mettait dans la bouche des adversaires, et qui trahissaient peut-être ses sentiments propres ; il relevait avec soin les affections et les expressions modernes, cet ennui qui revient souvent, ce veternus, qui sera plus tard l’acedia des solitaires chrétiens, le même qui engendrera, à certain jour, l’être invisible après lequel courra Hamlet, et qui deviendra enfin la mélancolie de René. […] Je n’oserais affirmer que toutes ces vues soient parfaitement exactes et conformes à la réalité : en général, on est tenté de s’exagérer les angoisses des philosophes qui se passent des croyances que nous avons ; on les plaint souvent bien plus qu’ils ne sont malheureux.

1427. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Les philosophes répondaient que ce sont des machines, sortes d’horloges qui remuent et font un bruit : « Mainte roue y tient lieu de tout l’esprit du monde ; la première y meut la seconde, une troisième suit, elle sonne à la fin. » Malebranche, si doux et si tendre, battait sa chienne, alléguant qu’elle ne sentait point, et que ses cris n’étaient que du vent poussé dans un conduit vibrant. […] « Triste oiseau le hibou » est, dans La Fontaine, un personnage réfléchi, philosophe, qui construit fort bien les syllogismes quand il s’agit d’une provision de souris.

1428. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» XV Le philosophe se révèle aussitôt après dans le poète. […] Prophète ou non, selon qu’il sera considéré par le philosophe ou le chrétien, aucun d’eux ne pourra refuser au poète-roi une inspiration qui ne fut donnée à aucun autre homme.

1429. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Si j’étais savant ou philosophe, je proclamerais plutôt autant de dieux qu’il y a d’êtres existant dans les mondes. […] Il professait publiquement un cours irrégulier de ces sciences, comme si le roi eût voulu être à la fois le philosophe et le souverain de son peuple.

1430. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Le début, même, est un peu du ton d’un professeur ; mais ensuite précision admirable dans une incomparable aisance ; une leçon parfaitement magistrale sur le ton de la conversation ; enfin une leçon comme je voudrais être capable d’en faire : Pendant qu’un philosophe assure Que toujours parleurs sens les hommes sont dupés, Un autre philosophe jure Qu’ils ne nous ont jamais trompés.

1431. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Cet illustre écrivain le présente à Fontenelle, âgé alors de quatre-vingt-treize ans, et comme Casanova dit au philosophe qu’il arrive d’Italie tout exprès pour le voir : « Convenez, monsieur, répliqua le malin vieillard, que vous vous êtes fait attendre bien longtemps. » Casanova connut aussi dès son arrivée dans la capitale, M. 

1432. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

D’ailleurs le docteur Blair n’aurait pu juger en Angleterre Shakespeare avec l’impartialité d’un étranger ; il n’aurait pu comparer la plaisanterie anglaise avec la plaisanterie française : ses études ne le conduisaient pas à ce genre d’observations ; il aurait pu encore moins, par des raisons de convenance relatives à son état, parler des romans avec éloge, et des philosophes anglais avec indépendance.

1433. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Examinons donc quel style doit convenir à des écrivains philosophes, et chez une nation libre.

1434. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Laissez-nous prendre comme lui le chemin des écoliers et des philosophes, raisonner à son endroit comme il faisait à l’endroit de ses bêtes, alléguer l’histoire et le reste.

1435. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

II Il n’est guère possible, qu’en parcourait les études qui précèdent, le lecteur n’ait pas été frappé de deux choses : de l’accord des philosophes que nous avons passés en revue, sur les questions capitales de la psychologie, et de leurs dissentiments sur quelques points secondaires.

1436. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Paul Adam, par exemple, au cours de différents articles, a prétendu que nous nous opposions « au mouvement de pensée institué par des philosophes comme Gustave Flaubert, comme Jules Laforgue, etc. ».

1437. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Aussi quelques philosophes ont-ils contesté déjà le caractère de nécessité métaphysique de ces notions et de ces lois.

1438. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Puis, prenant l’offensive à leur tour, les mêmes philosophes demandent aux spiritualistes s’ils savent eux-mêmes comment l’âme pense, et si l’on est plus éclairé sur ce comment inconnu, en admettant un substratum occulte dont nul ne se fait une idée.

1439. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Ce que dit ici La Fontaine est si vrai, que certains philosophes l’ont posé en principe dans des traités de morale, et font remonter à ces deux sources toutes nos passions et tous nos sentimens.

1440. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Supposez que tout se passe dans l’histoire de Joseph comme il est marqué dans la Genèse ; admettez que le fils de Jacob soit aussi bon, aussi sensible qu’il l’est, mais qu’il soit philosophe ; et qu’ainsi, au lieu de dire, je suis ici par la volonté du Seigneur, il dise, la fortune m’a été favorable, les objets diminuent, le cercle se rétrécit, et le pathétique s’en va avec les larmes.

1441. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Un philosophe ancien disait : Je commande à toute la Grèce, car je commande à Aspasie, qui commande à Périclès, qui commande à toute la Grèce.

1442. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

C’est n’avoir aucune idée de la fierté avec laquelle certains chrétiens fanatiques se sont présentés au pied des tribunaux des préteurs, de la majesté prétoriale, de la férocité froide et tranquille des prêtres, et de la leçon que je reçois de ces compositions qui m’instruisent bien mieux que tous les philosophes du monde de ce que peut l’homme possédé de cette sorte de démon.

1443. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

La concavité du masque augmente la force de la voix, dit ce philosophe, en parlant des masques.

1444. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Sachez donc que ce palladium n’a point été brisé par ceux que vous en accusez, mais par le temps ; ainsi vous devez leur rendre votre estime et votre amour. » La question de l’origine du langage a souvent occupé les philosophes depuis quelques années.

1445. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Si les philosophes du salon de madame Necker reconnaissaient, un soir, « qu’un caractère est toujours simple quand une seule chose l’intéresse », comment un missionnaire, qui n’a que l’idée fixe de sa foi à propager, pourrait-il manquer, quoi qu’il fasse, de cette simplicité qui est la plus haute expression humaine dans l’ordre de l’intelligence ou de la vie ?

1446. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Les philosophes, qui croient avoir inventé ce qu’ils retrouvent, s’imaginent que la psychologie est d’hier.

1447. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Roselly de Lorgues a bien tout ce qu’il faut de qualités, et au-delà, pour être un historien à la manière des philosophes.

1448. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Voltaire, courtisan et philosophe, acheva et condensa, en ses vers hypocrites, les accusations et les calomnies mortes des partis, et il en raviva les poisons.

1449. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Je ne suis pas assez bêtement philosophe pour m’indigner du fanatisme de sa passion protestante.

1450. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Tout docteur, philosophe et intellectuel qu’il pût être, Goethe aima cette jeune fille à l’âme transparente, tranquille et profonde, qui resta fidèle à Kestner et ne donna, en retour, à Goethe, que sa main fraîche et cette placide amitié qui tue sans croire être cruelle.

1451. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

C’est cette inépuisable psychologie qui lui a fait redécouvrir dans l’amazone une sybarite, — une sybarite de nouvelle espèce, qui resta voluptueusement pendant dix-sept ans, et jusqu’à sa mort, sur la paillasse des Carmélites, — et non pas en vertu d’une grâce divine, comme nous dirions, nous autres imbéciles, mais en vertu de « l’essence des choses », comme il dit, ce philosophe, qui a sans doute dans sa poche un flacon de cette mystérieuse essence-là !

1452. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

La mort du poëte Lutorius, du poëte Lucain, de Sénèque, de l’historien Crémutius Cordus, et, les nombreux exils de ces philosophes dont une femme romaine, Sulpicia, décrit la persécution, avertissaient Rome qu’il n’y a rien de plus antipathique au despotisme militaire que la liberté de penser.

1453. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Jamais les philosophes du xviiie  siècle qui croyaient insulter au christianisme n’auraient pu rêver cela. […] … C’est, outre un excellent morceau littéraire, un bel élan patriotique qui repose un peu de la froide raison de bien des étranges philosophes qui sévissent en ce moment, et nous ramène sur un plus noble terrain que leur champ d’observation. […] Sans être un profond philosophe ni un grand « étudieur » du beau sexe, on peut avancer que les femmes mariées se divisent en deux parts, l’une faite de celles qui ont des amants, l’autre de celles qui n’en ont pas. […] Assembler puis désagréger, désagréger puis rassembler, il semble que ce soit le métier de l’historien et du philosophe. […] Car Alphonse Karr n’est pas seulement un homme d’esprit dans le sens du mot, c’est aussi un philosophe et un philosophe doué d’une grande sensibilité de cœur, quoiqu’on en ait dit.

1454. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Nos philosophes socialistes imprudents, qui ont montré au peuple un fantastique monde de joies et de richesses, doivent reconnaître aujourd’hui ce qu’il adviendra pour eux des sommations de bonheur et d’opulence qui leur sont faites. […] Le philosophe et le grand écrivain y est jugé et par sa vie et par ses œuvres. […] « Il mourut comme il avait vécu, en philosophe, et sa fin ne fut ternie d’aucun sarcasme ni d’aucune capitulation. […] Son vol de feu follet, familier des hauteurs et des abîmes où se perdent les philosophes et les poètes, revient toujours sur la terre, dont, malgré d’apparents et passagers dédains, il sait aussi goûter les douceurs. […] Gabriel Séailles, bien qu’étant l’œuvre d’un philosophe, n’a rien de l’aridité infligée le plus souvent et à grand tort aux spéculations philosophiques, et l’auteur sait y parler des choses les plus abstraites d’une façon aussi claire que précise.

1455. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Ribot n’éprouve pas le besoin, si connu des philosophes, de « ramener à l’unité ». […] Le chien, a dit Rabelais, est la bête du monde la plus philosophe. […] Reste que Wagner philosophe peut être, sinon passé sous silence, du moins rapidement salué. […] Ce nouveau livre du grand philosophe qui s’appelle M.  […] Andler, qui est philosophe, habille cela, un peu, en théorie philosophique.

1456. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Mais Piron ignorant, paresseux, nullement philosophe, n’entendait rien aux lumières de Voltaire et à cette universalité de goûts, d’études et de curiosités agréables ou sérieuses, qui font sa gloire : « Mon cher ami », écrivait Voltaire à Cideville (février 1737), « il faut donner à son âme toutes les formes possibles. […] Je n’y vois rien de vrai que la physionomie des Suisses ; ce sont les seuls philosophes de la Cour ; avec leur hallebarde sur l’épaule, leur grosse moustache et leur air tranquille, on dirait qu’ils regardent tous ces affamés de fortune comme des gens qui courent après ce qu’eux, pauvres Suisses qu’ils sont, ont attrapé dès longtemps. […] Piron était donc un vrai spectacle pour un philosophe et un des plus singuliers que j’aie vus.

1457. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Il faut être philosophe, ou tout au moins honnête homme, car toute histoire digne de ce nom doit être un cours de morale en action. […] Ici ce n’est plus le peintre de batailles, c’est le peintre des caractères, c’est le diplomate, c’est l’administrateur, c’est le législateur, c’est même le philosophe qui tient la plume tour à tour. Elle ne faiblit que dans la main du philosophe ; partout ailleurs elle est tenue avec l’aptitude et la sûreté d’un écrivain qui a manié pendant une longue carrière politique toutes les questions de gouvernement, excepté la philosophie des gouvernements.

1458. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Tu auras vu tout cela ; tu auras appris pendant un demi-siècle ce que valent les principes les plus contradictoires de gouvernement ; tu auras partagé le fanatisme presque unanime de 1789 pour la régénération d’un royaume sous l’initiative si bien intentionnée d’un roi philosophe et magnanime, qui se dépouillait lui-même de son sceptre pour donner ce sceptre à son peuple ; tu auras partagé trois ans après l’indignation et le remords de la nation contre l’ingratitude de ce peuple conduisant en pompe son bienfaiteur couronné à l’échafaud et enseignant ainsi à l’histoire que la vertu est un crime et que le premier devoir d’un roi, c’est de régner. […] « Quand j’aurai chanté en moi-même et pour quelques âmes musicales comme la mienne, qui évaporent ainsi le trop-plein de leur calice avant l’heure des grands soleils, je passerai ma plume rêveuse à d’autres plus jeunes et plus véritablement doués que moi ; je chercherai dans les événements passés ou contemporains un sujet d’histoire, le plus vaste, le plus philosophique, le plus dramatique, le plus tragique de tous les sujets que je pourrai trouver dans le temps, et j’écrirai en prose, plus solide et plus usuelle, cette histoire, dans le style qui se rapprochera le plus, selon mes forces, du style métallique, nerveux, profond, pittoresque, palpitant de sensibilité, plein de sens, éclatant d’images, palpable de relief, sobre mais chaud de couleurs, jamais déclamatoire et toujours pensé ; autant dire, si je le peux, dans le style de Tacite ; de Tacite, ce philosophe, ce poète, ce sculpteur, ce peintre, cet homme d’État des historiens, homme plus grand que l’homme, toujours au niveau de ce qu’il raconte, toujours supérieur à ce qu’il juge, porte-voix de la Providence qui n’affaiblit pas l’accent de la conscience dont il est l’organe, qui ne laisse aucune vertu au-dessus de son admiration, aucun forfait au-dessous de sa colère ; Tacite, le grand justicier du monde romain, qui supplée seul la vengeance des dieux, quand cette justice dort ! […] L’éclectisme, qui est l’attitude de la vérité dans les philosophes, est la faiblesse des hommes d’État dans les temps de passion.

1459. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Viollet-le-Duc m’a raconté que, dînant un jour chez Édon avec Bernardin de Saint-Pierre, la conversation s’engagea sur les philosophes révolutionnaires pratiques, les athées en bonnet rouge, les Dorat-Cubières, Sylvain Maréchal, etc., et que le beau vieillard s’indignait au point de s’écrier, tout en rougissant, que s’il les tenait entre ses mains, il les étranglerait, tant son exécration contre eux était violente ! […] Le premier président de Lamoignon ne faisait sans doute que rire, quand, à force d’être pompéien, il applaudissait, dans son beau jardin de Bâville, Guy Patin s’écriant : « Si j’eusse été au sénat quand on y tua Jules César, je lui aurais donné le vingt-quatrième coup de poignard. » Mais M. de Malesherbes (ce qui était plus sérieux) disait à propos de ses anciennes liaisons rompues avec les philosophes : « Si je tenais en mon pouvoir M. de Condorcet, je ne me ferais aucun scrupule de l’assassiner. » Mauvaises manières de dire en ces nobles bouches, qui prouvent la part de l’infirmité humaine et du vieux levain toujours aisé à soulever ; pas autre chose.

1460. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Or, si je suis dans le vrai, quand je proclame que Jésus-Christ est Dieu, pouvez-vous exiger de moi, au nom de la tolérance et dans un intérêt de paix, que je consente à ne voir dans cet adorable Sauveur qu’un sage ou un philosophe ? […] Le 25 août 1828, Hippolyle Royer-Collard, fils du médecin aliéniste distingué, — neveu et digne neveu de l’illustre philosophe, — présenta et soutint sa thèse, intitulée : Essai d’un système général de Zoonomie.

1461. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Une fille de nabab rêvant la chambrette de Jenny l’ouvrière : cela fait sourire, cela rappelle le philosophe romain écrivant l’éloge de la médiocrité sur un pupitre d’or massif. […] Elle est jolie, votre romance à la Pauvreté ; mais croyez-vous que, si un poète s’avisait de faire une ode à la Fortune, comme Marc-Aurèle, le philosophe couronné, lui dédia un temple, il ne trouverait pas des éloges aussi magnifiques, et surtout plus vrais, à lui consacrer ?

1462. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

La première hypothèse a été soutenue par Condillac et, de nos jours, par un philosophe distingué de l’Angleterre, Barratt. […] Tous les faits intérieurs doivent être considérés sous ce triple aspect, qu’un philosophe anglais, Lewes, par comparaison avec les trois couleurs fondamentales du spectre solaire, appelait le « spectre mental ».

1463. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Le penseur, — comme on dit ambitieusement, — le philosophe, le politique, l’homme religieux ou irréligieux, nous savons ce qu’ils sont tous, ces divers hommes-là, dans M.  […] Hugo, comme en Hegel il avait eu son philosophe, quoiqu’il y ait quelque chose de bien tonitruant dans la voix du poète, l’Antiquité, pourtant, qu’il a chantée, est une antiquité de seconde main saisie à travers la Renaissance ; une suite de tableaux splendides, mais incorrects aussi et versés (ce qui devient de plus en plus le faire poétique moderne) de toiles connues dans des vers !

1464. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Ils l’auraient poignardé, assassiné, torturé jusque dans son ciel, s’ils l’avaient pu, ces Idolâtres à la renverse, qui se croyaient des philosophes ! […] Cette scène, effrayante comme un tour de force merveilleusement accompli, et qui fait se demander par quoi va continuer et finir un roman qui commence ainsi, n’est suivie d’aucune autre qui montre, en le développant, le caractère de cette fille singulière et gâtée, qui philosophe en caleçon, au bain, avec un homme, et qui a dix-sept ans !!!

1465. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Nous avons cru à quelque philosophe ou à quelque bouffon de génie fouaillant le monde avec son rire, et nous nous disions : Comment s’y prendra-t-il pour être gai, cet homme le moins gai de France ? […] Le philosophe Ursus n’est qu’une silhouette falotte, avec rien derrière que Victor Hugo.

1466. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

C’est plaisir, là-dessus, de l’écouter lorsque soi-même on a un goût vif pour l’orateur romain, pour le philosophe de Tusculum : on aime à être surpassé en enthousiasme ; on s’associe, on se prête à cette sorte d’ivresse qu’il cause à un esprit ordinairement rassis ; on est édifié de retrouver à l’improviste comme un Rollin plus jeune, aussi sincère, mais plus transporté et tout de feu en présence des modèles.

1467. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Je ne demande pas mieux qu’on soit philosophe, Messieurs, mais soyons-le sérieusement et tout de bon, coûte que coûte.

1468. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Homme de progrès, n’ayant pas, comme certains philosophes opiniâtres, d’attache et de parti pris pour un ancien régime, par cela même qu’il est ancien, il s’est pourtant demandé, en terminant cette série d’études comparatives, comment il se faisait que le dégagement de l’individualité et du libre arbitre, la plus grande disposition de soi-même et le choix dans le travail n’amenaient pas toujours (tant s’en faut !)

1469. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Un philosophe fameux de nos jours, et qui n’oubliait pas pourtant qu’il était né gentilhomme, se faisait réveiller tous les matins par son valet de chambre qui lui disait : « Monsieur le comte, vous avez de grandes choses à faire. » Pour qui lirait tous les matins une page de Thucydide ou d’Homère, cela serait dit mieux encore que par le valet de chambre, et d’une manière, j’imagine, plus persuasive.

1470. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Son ambition n’était pas de proposer une nouvelle théorie après toutes celles des philosophes ; c’était en peintre et pour sa satisfaction comme tel, et pour l’intelligence de son art adoré, qu’il s’appliquait depuis des années à ce genre d’écrits, y revenant chaque fois avec une force d’application nouvelle.

1471. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Les siècles en ce genre sont héritiers des siècles ; les générations partent du point où se sont arrêtées les générations précédentes, et les penseurs philosophes forment à travers les temps une chaîne d’idées que n’interrompt point la mort ; il n’en est pas de même de la poésie, elle peut atteindre du premier jet à un certain genre de beautés qui ne seront point surpassées, et tandis que dans les sciences progressives le dernier pas est le plus étonnant de tous, la puissance de l’imagination est d’autant plus vive que l’exercice de cette puissance est plus nouveau.

1472. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Dioclétien peut quitter le trône, Charles II peut le conserver en paix ; l’un est un philosophe, l’autre est un Épicurien ; ils possèdent tous deux cette couronne, objet des vœux des ambitieux ; mais ils font du trône une condition privée, et leurs qualités, comme leurs défauts, les rendent absolument étrangers à l’ambition dont leur existence serait le but.

1473. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

C’est une importante question qu’il faut soumettre aux philosophes et aux publicistes, de savoir si la vanité sert ou nuit au maintien de la liberté dans une grande nation ; elle met d’abord certainement un véritable obstacle à l’établissement d’un gouvernement nouveau ; il suffit qu’une constitution ait été faite par tels hommes, pour que tels autres ne veuillent pas l’adopter ; il faut, comme après la session de l’assemblée constituante, éloigner les fondateurs pour faire adopter les institutions, et cependant les institutions périssent, si elles ne sont pas défendues par leurs auteurs.

1474. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

…  Puis c’est, à l’arrière-plan, Mme des Houlières, besoigneuse, « ayant eu des malheurs », intrigante, cherchant à placer ses deux filles, suspecte d’un peu de libertinage d’esprit, avec je ne sais quoi déjà du bas-bleu et de la déclassée… Voici, en revanche, deux perles fines, deux fleurs de malice et de grâce : Mme de Caylus, si vive, si espiègle et si bonne, et la charmante Mme de Staal-Delaunay, qui fait penser, par son changement de fortune et par la souplesse spirituelle dont elle s’y prête, à la Marianne de Marivaux  Une révérence, en passant, à la sérieuse et raisonneuse marquise de Lambert, et nous sommes en plein xviiie  siècle, parmi les aimables savantes et les jolies philosophes.

1475. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Il y a l’esclave chrétien ; le philosophe stoïcien ; l’épicurien sceptique et tolérant, qui ressemble plus ou moins au Sévère de Polyeucte, et le fonctionnaire romain, qui fait plus ou moins songer à Félix.

1476. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Philosophe, mythologue, historien, il reste assez bellement et spontanément poète pour charger de science les grandes ailes tendues de ses strophes et les soulever quand même jusqu’au soleil.

1477. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Descartes qui s’emprisonne trente années fondant la Terre & les Cieux ; Mallebranche loin de ce monde lorsqu’il médite ; Corneille dans l’enthousiasme jusqu’au lever de l’aurore ; la Fontaine assis un jour entier au pied d’un arbre, exposé à l’inclémence d’un Ciel pluvieux ; Archiméde qui n’apperçoit point la main qui va l’assassiner ; voilà le charme invincible & profond qui retient dans ses chaînes invisibles l’ame du Poëte, & du Philosophe ; qui la pénétre, la remplit sans la fatiguer, qui accroît sa force & lui découvre des régions nouvelles étincelantes de beautés neuves & sublimes.

1478. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Le goût, bien ou mal satisfait, de lire, conduit presque déjà à un principe de critique il est un critérium excellent dont ne songent point à se départir d’honnêtes judiciaires envisageant la lecture comme une distraction (et c’est dénommer avec maestria ce que d’éminents philosophes peinent à dire un jeu absorbant et désintéressant), les clientes de la « Lecture Universelle », un sou par jour et par volume, estiment les romans que la buraliste leur « conseille » en proportion inverse du temps qu’elles ont dépensé à les lire ; et leur exaltation pour tel Prévost ou Duruy se confond, à la réflexion, avec une reconnaissance pécuniaire pour ces maîtres qui se laissent dévorer si vite.

1479. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Le philosophe qui, sachant cela, s’isole et se retranche dans sa noblesse, est hautement louable.

1480. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Cette ambition d’avoir des disciples, la plus forte peut-être de toutes celles du cœur humain, commune aux grands dévots, aux grands philosophes & aux grands scélérats, s’empara de nos deux mystiques.

1481. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

L’influence de l’âge, des tempéraments, des climats, de la maladie ou de la santé, les affections mentales, le sommeil et ses annexes, telles sont les vastes questions où se rencontrent le médecin et le philosophe, où l’on cherche à surprendre l’influence réciproque du physique sur le moral, du moral sur le physique ; mais comme toutes les actions physiologiques et nerveuses viennent se concentrer dans le cerveau, que le cerveau paraît être l’organe propre et immédiat de l’aine, c’est en définitive en lui que s’opère l’union des deux substances, et si l’on peut surprendre quelque chose de cette mystérieuse union, c’est lui qu’il faut étudier en premier lieu.

1482. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

C’est ce qui fait dire à Virgile, en parlant du bonheur inestimable d’un heureux loisir que goûte un philosophe solitaire : « Il n’est point dans la nécessité de compatir à la misère d’un vertueux indigent, ou de porter envie au riche coupable. » La crainte et la pitié sont les passions les plus dangereuses, comme elles sont les plus communes : car, si l’une, et par conséquent l’autre, à cause de leur liaison, glace éternellement les hommes, il n’y a plus lieu à la fermeté d’âme nécessaire pour supporter les malheurs inévitables de la vie, et pour survivre à leur impression trop souvent réitérée.

1483. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Or il n’y a que les philosophes qui aient jamais mis en doute l’intelligibilité de la relation causale.

1484. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Voir tome Ier des Œuvres et des Hommes, 1re série des Philosophes et des Écrivains religieux.

1485. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Stendhal est l’expression la plus raffinée et la plus sobre de ce matérialisme radical et complet dont Diderot fut le philosophe et le poète.

1486. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Madame Lenormant, qui veut des lettres à tout prix, s’imagine que des lettres à Madame Récamier sont des lettres de Madame Récamier, Il y a Récamier sur l’adresse, on mettra Récamier sur la couverture, et le trébuchet auquel les niais se prendront est tout prêt… Empressés, affriandés, ils chercheront Madame Récamier dans ce paquet de lettres, et ils trouveront, à leur grand dam, Camille Jordan, le philosophe, Madame de Boigne (pas Madame de Staël !)

1487. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Stendhal est l’expression la plus raffinée et la plus sobre de ce matérialisme radical et complet dont Diderot fut le philosophe et le poëte.

1488. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Il faut remonter aux sources mêmes, c’est-à-dire aux écrits des philosophes, des penseurs religieux ou politiques, des historiens et des poètes, si l’on veut pénétrer la vie des peuples.

1489. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Dans une telle vie cependant, toute aux arts, mais à des arts faits pour entretenir la passion, le seul intérêt touchant, la seule dignité qui pût ennoblir les transports d’une âme agitée sans cesse par la musique et la poésie, c’était la piété maternelle, la tendresse pour une fille, cette Cléis que le philosophe Maxime de Tyr avait nommée, et dont quelques vers retrouvés de Sapho nous parlent aujourd’hui : « J’ai, dit-elle, une belle jeune fille semblable, dans sa forme élégante, aux fleurs dorées, Cléis, ma chère Cléis.

1490. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

L’amant s’effaçait trop sous le philosophe ; il y avait dans ses invectives trop de fierté et pas assez de colère. […] L’amour n’a plus de mystères, le cœur plus de secrets pour le philosophe. […] Au second acte, l’ami de collège, médecin très savant et profond philosophe, introduit à la cour, obtient du roi qu’il acceptera la démission de Robert Walpole. […] À l’heure qu’il est, elle joue le même rôle que la noblesse française au dix-huitième siècle pour prévenir la moquerie des philosophes ; elle prend l’initiative, et se moque d’elle-même. […] C’est au poète de marcher, c’est au philosophe de décider s’il a touché le but.

1491. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Cousin leurs archives et leurs biographies manuscrites, sans se douter qu’elles se trouvaient en présence d’un philosophe cartésien et éclectique, à peu près excommunié par des casuistes de premier-Paris. […] Il est philosophe, c’est vrai ; mais, comme Platon, son maître, il est aussi artiste et poëte. […] C’est assez pour qu’on accepte ce livre comme un terrain neutre où l’orthodoxie peut tendre la main au philosophe et signer avec lui un traité de paix. […] Quel regret si Abailard, en devenant époux et père, cessait d’être philosophe ! […] Caro a été mieux que cela : il a été l’interprète bienveillant, le critique sérieux, le juge impartial du Philosophe inconnu.

1492. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Et pourquoi et comment, dans le douteux, dans l’angoissant silence des dépositaires sacrés de la vérité, est-ce de ces poëtes, de ces philosophes et de ces savants seuls que nous vient la parole qui strie de lumière les ténèbres du monde ? […] Prêtres, Philosophes et Poëtes pratiquent la logique d’Aristote, non pas sa philosophie : ils sont de Platon, qu’ils l’avouent ou le récusent. […] À Shakespeare non plus qu’à Newton Voltaire ne comprit rien et ce fut un de ses chagrins de voir l’engoûment de ses compatriotes pour le grand Philosophe et le grand Poëte dépasser les bornes qu’il eût voulues. […] Voici comment il s’en excuse : « Quelques pas chancelants et souvent distraits dans une route sans terme, c’est le lot de tout philosophe et de tout artiste. […] Hello, philosophe chrétien qu’on admire souvent et qui parfois irrite par des « excès de sincérité » qui troublent la clairvoyance de l’auteur ; fatiguent la patience du lecteur et conseillent de fermer le livre. — C’est encore avec un dilettantisme emprunté qu’il faut apprécier M. 

1493. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

On a comparé Dante (c’est le philosophe Gioberti, si je ne me trompe) à l’arbre indien açvattha qui, à lui tout seul, par l’infinité de ses rameaux et de ses rejetons, forme une forêt. […] Je ne sais plus dans quel auteur j’ai lu qu’il avait la lèvre inférieure affreusement épaisse et débordant l’autre, et qu’on le trouvait de son temps un philosophe mal gracieux. […] Je pense, avec le philosophe allemand, que les destinées de l’art dépendent des destinées générales de l’esprit humain. […] Il a vu, dans l’église de Saint-Antoine à Padoue, le buste de la philosophe Hélène Piscopia, en robe de bénédictine, et il affirme qu’elle devait être d’une grande beauté. […] Selon une cosmologie commune à Platon, aux Pères de l’Église et aux mystiques, le soleil est la demeure des doctes dans la science divine, des philosophes, des théologiens, de ceux qu’on appelait les flambeaux du monde.

1494. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Il faut donc une morale pour les cœurs que la foi délaisse, pour les âmes que la religion ne saurait remplir ; il faut une morale pour combler l’abîme que les révolutions des empires, que les prédications des philosophes, que le scepticisme naturel à l’esprit humain, creusent sans cesse dans la conscience des hommes. […] Victor Jacquemont consacre à ses livres, à ses cahiers, tout le temps qu’il ne passe pas à philosopher sur le pont avec M. de Meslay, le seul philosophe du bord après lui. […] Il y vécut en seigneur ; logé dans un pavillon royal, sur le bord d’un lac, au milieu d’un jardin planté de lilas et de rosiers ; ayant une cour, un gentilhomme de la chambre à six roupies par mois, une compagnie de gardes du corps qui protègent sa porte contre la mendicité cachemyrienne ; tour à tour médecin, savant, haut-justicier, philosophe, aumônier infatigable, correspondant favori de Runjet-Sing qui l’accable de présents, l’inonde de roupies et lui tend des pièges perfides, qui le traite de demi-Dieu et le fait espionner ; mangeant des cerises, des abricots et des raisins comme à Paris ; lisant Sterne pour tenir lieu de l’esprit qui manque à ses courtisans ; faisant chasser, pour défendre l’intégrité de son caractère européen, des bandes innombrables de filles impudiques qui assiègent son palais ; courant dans les montagnes après les ours et les panthères, qui le lui rendent bien souvent ; péchant des poissons pour M.  […] Capricieuse, fantasque, aujourd’hui philosophe, lisant du grec ou livrée à des méditations esthétiques, demain rieuse emportée, se roulant sur les tapis ; aimant « les beaux chiens, les beaux chevaux, les belles pipes, les beaux hommes » ; abandonnée à l’intimité d’une soubrette et d’un page libertin ; sans frein dans ses goûts, sans mesure dans ses plaisirs, ouvrant son salon à des femmes décriées, et la nuit, déguisée, se glissant sous le toit d’un étudiant allemand, qu’importe ?

1495. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Et après ceux-là, je ne me rappelle plus personne qui soit digne de converser avec un philosophe ou un poëte. […] Si un tel mot a été lancé, ce n’a peut-être pas été par un politique ou un philosophe, mais bien par quelque homme de profession bizarre, un chasseur, un marin, un empailleur ; par un artiste, un enfant gâté, jamais. […] Il n’est pas artiste, naturellement artiste ; philosophe peut-être, moraliste, ingénieur, amateur d’anecdotes instructives, tout ce qu’on voudra, mais jamais spontanément artiste. […] Que l’âne soit comique en mangeant un gâteau, cela ne diminue rien de la sensation d’attendrissement qu’on éprouve en voyant le misérable esclave de la ferme cueillir quelques douceurs dans la main d’un philosophe.

1496. (1898) Essai sur Goethe

Ses plans, pour parler dans le style commun, ne sont pas des plans, mais toutes ses pièces tournent autour d’un point secret (qu’aucun philosophe n’a encore vu ni déterminé) dans lequel l’originalité de notre moi, la prétendue liberté de notre vouloir s’entrechoquent dans la marche nécessaire du tout. […] Ce que de nobles philosophes ont dit du monde peut se dire aussi de Shakespeare : ce que nous appelons le mal n’est que le revers du bien, qui doit exister, de même que les zones tropicales doivent être brûlantes et la Laponie glacée pour qu’il y ait des zones tempérées. […] […] » Il assistait en paisible philosophe à l’agonie du vieil empire, sans en rêver un nouveau ; et je crois que M.  […] Ainsi a enseigné et agi le philosophe Spinoza. […] Il aurait dû naître au temps où des papes lettrés et des cardinaux philosophes hésitaient entre Platon et Jésus-Christ, avant le concile de Trente : il eût alors été l’un des héros de l’humanisme, son génie se fût épanoui en fleurs superbes.

1497. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Moi, qui écris pour le théâtre, je ne puis pas dédaigner ce qu’ont accepté ces maîtres en l’art dramatique, Émile Augier, Alexandre Dumas, Octave Feuillet, Labiche, Pailleron et Halévy, ce qui a plu à des philosophes et des poètes tels que Renan, Taine, Caro, Boissier, Coppée, Sully Prudhomme, etc., mais leur goût n’est pas le mien. […] Les philosophes qui passent assez inutilement leur vie à s’étudier, pour se connaître, sont encore moins connus du public que d’eux-mêmes. […] Heureusement pour sa mémoire, un autre philosophe, un, écrivain éminent, un homme qui a le rare don de parler clairement des choses les plus abstraites, et qui a su dégager la philosophie de son horrible phraséologie, M.  […] C’est ainsi que ce philosophe, au cœur doux autant qu’à l’esprit élevé, comprend la tolérance et l’exerce autour de lui. […] Dans le chapitre consacré aux travaux et aux idées du philosophe, je prends encore ces deux paragraphes : il s’agit du redoutable moment que Montaigne appelle le but de la vie, il s’agit de la mort.

1498. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

» Ce problème n’eût pas embarrassé un philosophe de profession. […] Ainsi s’exprime le philosophe, devenu sceptique, et qui juge inutile de se fâcher. […] Ainsi donc, l’« homme des bois » s’est calmé ; il est devenu philosophe ; il attend la mort en souriant et il regarde, quoi qu’on dise, d’un œil attentif et curieux ce qui se passe sur la terre. […] Ce n’est pas un philosophe, ce n’est pas un psychologue (grands dieux !) […] Renaud va plus loin ; il renonce à son titre de prince qui lui inspire un profond mépris ; il s’expatrie, il file en Amérique ; il fonde une immense colonie, et il philosophe tout à l’aise, en élevant son bétail, en surveillant ses plantations.

1499. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il y a, sur une des places de Tarente, un « café Archytas », et cette banale enseigne suffit, dans la ville neuve, où les ruines mêmes ont péri, à évoquer la beauté de la vie antique, et l’eurythmie des cités harmonieuses, régies par des philosophes législateurs. […] Il n’a pas osé rédiger un commentaire critique ; il a confié ce soin à un de ses amis, philosophe, expert en folklore, M.  […] Idéalistes inassouvis, à ce point qu’ils priaient leurs philosophes d’épurer Platon, les Alexandrins aimaient d’une égale passion les fantaisies morales et la littérature secrète. […] Vous savez qu’au temps des mauvais empereurs, sous Tibère et Néron, au milieu de la corruption générale, les âmes généreuses et les consciences inquiètes se remettaient aux mains de quelque philosophe, qui les guidait dans les voies de la vertu. […] Blondel restera un philosophe vraiment exquis, un confesseur délicat dont l’entretien est parfois un délice.

1500. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il n’y a plus de figures comme l’auteur des Trophées, qui fut non seulement l’ami de ceux qui l’ont connu, mais le type même du Maître antique, tenant école de poésie, à la façon des philosophes d’Athènes. […] Barrès n’est ni un politicien, ni un philosophe. […] Les philosophes sont des cuistres. […] C’est par Mazel que j’ai connu le philosophe Gabriel Tarde. […] Sully-Prudhomme avait la manie de se croire philosophe bien plus encore que poète.

1501. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

C’est dans ce sentiment qu’elle est allée chercher, parmi les philosophes du xviiie  siècle, la nourriture de son âme. […] Oui, plus tard, il a pu méditer les philosophes dans la salle austère et sombre des Méjanes sans que jamais ces graves lectures aient pu le dessécher. […] Et qu’importent au philosophe les crimes de l’histoire ou les iniquités de l’existence, puisque l’humanité est en marche vers un état meilleur de vérité et de justice, puisque chaque aube qui éclot est une victoire sur le chaos.

1502. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Heureusement le génie résiste à tout ; la nature avait fait Béranger politique et philosophe, le Caveau ne put jamais en faire un buveur. […] Je suis philosophe et je ne suis point politique ; je suis chansonnier et je ne suis point orateur ; je suis républicain et je ne suis point démagogue ; je suis peuple et je ne suis point bourgeoisie ; je suis vieux et je n’ai plus la main assez ferme pour résister à une multitude qui tendra longtemps à emporter les rênes et à ronger le frein de la république. […] Ceci, il me le disait tous les jours : les ambitions ou les factions sont pressées, la philosophie est patiente ; Béranger était avant tout philosophe.

1503. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Bien loin que ce problème soit résolu, il n’a même pas, que je sache, été posé par les philosophes et les savants qui se sont occupés de l’habitude. […] On remarquera que, dans tout le cours de cette étude, nous employons le mot extériorité et les mots de la même famille, comme externer, etc., pour désigner une tout autre idée que celle de l’étendue : externer = aliéner, déclarer non-moi ; extérieur = aliéné par le moi, étranger au moi, ou cru tel ; extériorité remplace les barbarismes non-moi-ité, atién-ité, étranger-ité ; on voit que la langue française ne nous fournissait aucune famille de mots préférable, pour énoncer cet ordre d’idées, à celle que nous avons adoptée en désespoir de cause ; les termes aliéner et étranger sont excellents, mais isolés dans la langue, et ne suffiraient pas à un exposé doctrinal suivi. — L’inconvénient des mots externer, etc., vient de leur origine ; ils ont reçu leur sens actuel de l’association même que nous essayons de dissoudre, et, bien que la philosophie les emploie surtout (dans les locutions comme perception externe) pour désigner la non-moi-ité, ils gardent encore, même chez les philosophes, quelque chose de leur sens primitif ; ce sont des métaphores, des mots à sens mixte, et, par suite, équivoques ; ils signifient, dans leur acception usuelle, le non-moi spatial, et non pas le non-moi, abstraction faite de la spatialité. […] Archéologue et archiviste de profession, il n’est ni philosophe ni médecin.

1504. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Dans cette société brillante, capable de balancer la légendaire Académie de Fourvières, Maurice Scève, poète et philosophe, tenait le premier rang. […] Il traite ensuite de la matière des pierres, selon les philosophes qui ont soutenu que celles qui peuvent se dissoudre par le feu et être rendues liquides : se font d’une vapeur ou d’une exhalaison sèche et ignée … Les pierres transparentes sont composées d’un suc et d’une humeur aqueuse ; et il y en a qui sont plus terrestres qu’aqueuses. […] Il a vécu un peu en philosophe ou en nonchalant, sans souci des grandeurs du monde et des avantages de la fortune. […] Passerat, écrit-il, homme docte et des plus déliés esprits de ce siècle, bon philosophe et grand poète, mourut à Paris, ayant langui longtemps et perdu la vue avant de mourir de trop étudier, et aussi (disent quelques-uns) de trop boire : vice naturel à ceux qui excellent en l’art de poésie, comme ce bon homme, duquel la sépulture est aux Jacobins. » *** Gilles Durant, sieur de la Bergerie, naquit à Clermont en 1550.

1505. (1899) Arabesques pp. 1-223

Delbousquet : « De toutes les forces de sa pensée, l’intellectuel, qu’il soit : poète, prosateur, artiste, philosophe, faisant partie du cerveau d’une race, ayant conscience de ses aspirations, doit protester contre l’injustice de l’époque et hâter l’évolution vers ce qu’il croit un meilleur devenir. » M.  […] Là, Michelet fut apprécié par un philosophe dont la méthode documentaire différait en tout de la sienne, mais qui était obligé d’admettre que l’imagination, en histoire comme ailleurs, renforce le don de critique et souffle la vie aux êtres modelés par le raisonnement. […] Il faut pratiquer ce philosophe, y revenir souvent, noter les mouvements d’enthousiasme et d’aversion que son commerce fait éprouver tour à tour. […] « Si nous osions, disait-il, créer une architecture d’après notre âme, ce serait le labyrinthe qui devrait nous servir de modèle. » Et il définissait le philosophe : « Un homme qui éprouve, voit, entend, soupçonne, espère et rêve constamment des choses extraordinaires, qui est frappé par ses propres pensées comme si elles venaient du dehors, d’en haut, d’en bas, des événements et des éclairs… Un être qui, souvent, a peur de lui-même, s’enfuit hors de lui-même, mais qui est trop curieux pour ne pas toujours en revenir à lui-même. » C’était son portrait qu’il donnait là. […] Et parmi les Bourgeois, maints philosophes, maints gens-de-lettres et maints paillasses.

1506. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

XXIV Tel est l’homme, telle est la vie, telles sont les œuvres de ce philosophe du bonheur et de ce poète du loisir. […] alors, Horace est le poète qui vous a été préparé de toute éternité pour ami ; c’est le poète de la bonne humeur, c’est l’ami des heureux, c’est le philosophe des insouciants, c’est le plus charmant causeur de cette société immortelle qui commence à Anacréon, qui passe par l’Arioste en Italie, par Pope en Angleterre, par Boileau, par Saint-Évremond, par Voltaire, par Béranger en France, et qui, supérieure en poésie et en délicatesse exquise à tous ces génies de l’agrément, vous laissera peu de choses dans le cœur, mais des paroles sans nombre de sagesse légère et de volupté intellectuelle dans la mémoire.

1507. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Mais, ajouterons-nous à notre tour, le philosophe ne doit-il pas maintenir, dans la question des signes, un troisième point de vue, plus intérieur encore, proprement psychologique et sociologique ? […] Lavater, qui attendait un portrait de Herder, se figura que ce profil était celui du philosophe allemand, s’extasia sur les qualités intellectuelles et poétiques de l’homme.

1508. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Aussi les philosophes qui, comme Lotze, ont fait appel à l’idée d’indétermination pour définir la liberté ont-ils fait fausse route : l’indéterminé, s’il existe, est indéterminé, voilà tout ce qu’on peut dire. […] Ce sentiment n’est pas, comme certains philosophes l’ont cru, une simple conception abstraite de possibles jointe à l’ignorance de la réalité qui en sortira : c’est un sentiment concret de puissance.

1509. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

La plûpart sont pleins de traits d’histoire, de pensées de philosophes, d’imaginations poétiques & fabuleuses. […] On disoit de lui qu’il pensoit en Philosophe, & parloit en Orateur.

1510. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

On la remplacerait par des lexicographes, des poëtes, des étymologistes, des romanciers, des historiens, des philosophes et des savants qui recevraient la mission de faire un vrai dictionnaire, d’écrire les origines de la langue française, d’encourager toute tentative nouvelle et sérieuse, de veiller à la liberté du théâtre, de rédiger le Code encore attendu de la propriété littéraire, de préserver partout les intérêts de l’esprit humain, de signaler toute découverte, de faire l’Encyclopédie moderne, d’envoyer des missionnaires à la recherche de toutes les belles choses encore inconnues dans le monde, de traduire incessamment les chefs-d’œuvre des langues étrangères, de formuler la foi la plus haute, de combattre les erreurs et les préjugés qui subsistent encore, de rééditer nos grands poëtes et nos grands prosateurs, enfin de chercher le beau, le vrai et le bien par tous les moyens possibles. […] Lentement, mais incessamment, chemine le corps du génie, philosophes et dialecticiens, traînant dans de grands chariots les arguments qui font la sape et les raisonnements qui ouvrent la tranchée.

1511. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Et d’ailleurs ces vertus trop rentrées, et qui sentent le philosophe, ne sont pas celles qui atteignent le but ; il faut aux hommes des signes assortis aux choses ; à la gloire militaire convient une éloquence militaire aussi.

1512. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

En proposant tout net « la dissolution de cette fade compagnie de bavards » (car c’est ainsi qu’il parle), il a son projet d’une Académie nouvelle : il y veut faire entrer « des lexicographes, des poètes, des étymologistes, des romanciers, des historiens, des philosophes et des savants, qui recevraient la mission de faire un vrai dictionnaire, d’écrire les origines de la langue française (mais c’est ce qu’on fait aujourd’hui à l’Académie !)

1513. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

On assure qu’en décembre 1702, en apprenant l’ordonnance de M. de Meaux contre son dernier livre (la traduction du Nouveau Testament, imprimée à Trévoux), Richard Simon disait : « Il faut le laisser mourir, il n’ira pas loin. » L’oratorien déjà philosophe semblait confesser par là qu’il ne reconnaissait et ne redoutait véritablement qu’un docteur, celui qui pouvait, le dernier, s’appeler un maître en Israël.

1514. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Émile de Labretonnière, membre de l’Académie de La Rochelle, dont la pièce a obtenu la première de ces mentions, a composé, sous le titre de Petit Souper, tableau de chevalet, une scène nocturne qui se passe à la Maison d’or, en carnaval, et où il introduit des originaux et des masques à demi philosophes qui parlent très spirituellement de nos vices et de nos travers.

1515. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

On trouve, en effet, chez lui de belles pensées qui semblent n’avoir pu être conçues que par un chrétien, à côté d’autres pensées qui semblent ne pouvoir être que d’un philosophe.

1516. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

— Élevons-nous d’un degré : Combien faut-il de Vauvenargues, d’André Chénier, de Barnave, pour arriver au philosophe, au poète puissant et complet, à l’orateur homme d’État, qui domine son temps, qui fait époque et qui règne ?

1517. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Ou bien encore : — C’est un autre homme, un philosophe, cette fois, plutôt qu’un naturaliste, c’est un homme qui a médité plus abstraitement sur les causes et les effets, sur les lois de l’esprit humain.

1518. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Tel il était par nature et par art, mais bien véridiquement : « comme philosophe, apôtre de la félicité ; comme poëte, organe et interprète de la jouissance large et pure, complète et honnête. » Et avec Byron, est-ce donc qu’il a été jaloux et envieux, comme je vois aussi qu’on l’a dit ?

1519. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Son fils n’annonçait d’abord aucune passion trop vive ; les chevaux, la chasse et les chiens, les philosophes, ces goûts ou ces passions de la première jeunesse, il en usait, mais sans en abuser, mais sans excès.

1520. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Enfin, il est des caractères aimants, qui profondément convaincus de tout ce qui s’oppose au bonheur de l’amour, des obstacles que rencontre et sa perfection, et surtout sa durée ; effrayés des chagrins de leur propre cœur, des inconséquences de celui d’un autre, repoussent, par une raison courageuse, et par une sensibilité craintive, tout ce qui peut entraîner à cette passion : c’est de toutes ces causes que naissent et les erreurs adoptées, même par les philosophes sur la véritable importance des attachements du cœur, et les douleurs sans bornes, qu’on éprouve en s’y livrant.

1521. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Ou bien, si vous êtes philosophe, vous les prendrez toutes à la fois, précisément parce qu’elles sont contradictoires.

1522. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Et qu’auraient pu dire de mieux Tous les philosophes de Grèce ?

1523. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Un philosophe explicateur dirait : un fait divers est un moment d’infini et d’éternité, fonction de toute réalité dans l’infini spatial et temporel, fonction de toute pensée dans l’échelle illimitée des compréhensions ; notre conception d’un fait divers est un échelon entre une infinité d’autres conceptions, symbolisations psychologiques (dont on peut imaginer la hiérarchie) supérieure ou inférieure d’un même concret ; le rêve est l’effort vers les traductions symboliques les plus hautes.

1524. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Au contraire, les écrivains nouveaux, issus pour la plupart des chartes ou des laboratoires, lecteurs de classiques, dépioteurs de philosophes, apparaissent, après ces valeureux illettrés, comme une théorie d’érudits.

1525. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Ce philosophe définit de la manière suivante le rôle de l’école : « On va à l’école pour chaque jour assimiler une quantité donnée d’idées dont la liaison même, dite logique, est déterminée rigoureusement d’une certaine manière.

1526. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Édouard Schuré, un autre philosophe poète idéaliste, nous explique pourquoi il s’est détaché de l’Église.

1527. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Mais, en admettant ce doute universel des philosophes, il ne s’effraie pas de cet état ; il le décrit avec lenteur, presque avec complaisance ; il n’est ni pressé, ni impatient, ni souffrant comme Pascal ; il n’est pas ce que Pascal dans sa recherche nous paraît tout d’abord, ce voyageur égaré qui aspire au gîte, qui, perdu sans guide dans une forêt obscure, fait mainte fois fausse route, va, revient sur ses pas, se décourage, s’assied au carrefour de la forêt, pousse des cris sans que nul lui réponde, se remet en marche avec frénésie et douleur, s’égare encore, se jette à terre et veut mourir, et n’arrive enfin qu’après avoir passé par toutes les transes et avoir poussé sa sueur de sang.

1528. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Vogt nous dit avec ce ton de mépris bien peu digne d’un savant : « La gent philosophe, qui n’a vu de singes que dans les ménageries et les jardins zoologiques, monte sur ses grands chevaux, et en appelle à l’esprit, à l’âme, à la conscience et à la raison ! 

1529. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Un philosophe austère….

1530. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Il est clair, pour tous ceux qui ont des yeux, que sans les Anglais, la raison et la philosophie seraient encore dans l’enfance la plus méprisable en France, et que leurs vrais fondateurs parmi nous, Montesquieu et Voltaire, ont été les écoliers et les sectateurs des philosophes et des grands hommes d’Angleterre.

1531. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Les docteurs de l’Église s’efforçaient d’écrire des traités assez purs, assez polis, assez classiques, pour pouvoir être comparés à ceux des philosophes païens.

1532. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Je me l’imagine, au bonheur plat, mais enivré, qu’elle éprouve, cette philosophe et cette républicaine, à dire dans son livre, à toute page, que sa mère était noble.

1533. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Si donc, en célébrant les grands hommes, vous voulez être mis au rang des orateurs, il faut avoir parcouru une surface étendue de connaissances ; il faut avoir étudié et dans les livres et dans votre propre pensée, quelles sont les fonctions d’un général, d’un législateur, d’un ministre, d’un prince ; quelles sont les qualités qui constituent ou un grand philosophe ou un grand poète ; quels sont les intérêts et la situation politique des peuples ; le caractère ou les lumières des siècles ; l’état des arts, des sciences, des lois, du gouvernement ; leur objet et leurs principes ; les révolutions qu’ils ont éprouvées dans chaque pays ; les pas qui ont été faits dans chaque carrière ; les idées ou opposées ou semblables de plusieurs grands hommes ; ce qui n’est que système, et ce qui a été confirmé par l’expérience et le succès ; enfin tout ce qui manque à la perfection de ces grands objets, qui embrassent le plan et le système universel de la société.

1534. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Cela, sans doute, n’aurait pas dû absoudre la domination d’Auguste aux yeux du philosophe, et encore moins du partisan de l’ancienne république ; mais le poëte pouvait prendre cette joie ou cette ignorance publique pour une excuse des louanges qu’il prodiguait à l’ancien prescripteur, dont lui-même n’avait éprouvé que les bienfaits.

1535. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Lorsqu’elle se saisit d’un philosophe ou d’un écrivain, elle le recrée, selon son sentiment, le taille à sa mesure, élague les branches trop riches, ou en ajoute d’artificielles ; il devient ce qu’elle veut, et toujours autre chose que ce qu’il est. […] Ce qui a pu faire croire au nietzschéisme de ce roman, c’est qu’il remonte, par-dessus le romantisme, à la vraie tradition du roman français, l’esprit de ces xviie et xviiie  siècles, si chers au philosophe allemand. […] Les Saints et les Philosophes sont des spécialistes, des monomanes de la vertu (même renversée) : ils s’évertuent à perfectionner une des facultés de leur âme, comme les horticulteurs les chevelures des chrysanthèmes. L’Inconstante n’est ni Sainte ni Philosophe, elle est un être pour lequel on ne saurait jamais avoir assez d’indulgence — une femme.

1536. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Or la théorie évolutionniste, dans ce qu’elle a d’important aux yeux du philosophe, n’en demande pas davantage. […] A vrai dire, si la frange existe, même indistincte et floue, elle doit avoir plus d’importance encore pour le philosophe que le noyau lumineux qu’elle entoure. […] Nulle part ne se fait mieux sentir l’impossibilité pour les philosophes de s’en tenir aujourd’hui à de vagues généralités, l’obligation pour eux de suivre les savants dans le détail des expériences et d’en discuter avec eux les résultats. […] La fabrication va donc de la périphérie au centre ou, comme diraient les philosophes, du multiple à l’un.

1537. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Une sinistre surveillance recueillait mes paroles, dénonçait le choix des passages que je citais, attribuait au despotisme le sens des réprobations sévères que les moralistes et les philosophes prononcent contre l’iniquité ; et la conscience des partisans de l’injustice s’appliquait des allusions cruelles que multipliait la haine publique. […] Le philosophe de Stagire, remarquant dans le genre épique les mêmes parties constituantes que dans le dramatique, hormis les accessoires de la représentation théâtrale, conclut que tel qui sait ce que c’est qu’une bonne et une mauvaise tragédie, saura de même ce que c’est qu’une épopée . […] Glorifions-nous de voir que notre Voltaire l’emporte sur l’auteur romain en justesse, en élégance, et l’égale en courageux sentiments, puisque l’éloge mérité de son épopée tient à l’honneur de notre littérature nationale et que nous répugnerions à déprécier un monument consacré par le poète le plus philosophe à la gloire du roi le plus populaire. […] messieurs, nous qui étudions, qui commentons les anciens, n’oserons-nous, en nous créant des fantômes de considération, imiter les philosophes d’Athènes qui se succédaient dans les mêmes lycées pour s’y réfuter mutuellement, et pour y disputer de lumières ? […] Ce mot apprit au jeune philosophe qu’on ne peut faire une épopée dénuée de merveilleux, et décida sa conversion poétique.

1538. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

C’est là le double génie de Shakespeare, philosophe et poëte également inépuisable, moraliste et machiniste tour à tour, aussi habile à remplir bruyamment la scène qu’à pénétrer et à mettre en lumière les plus intimes secrets du cœur humain. […] Snug, le menuisier, est le philosophe de la pièce ; il procède en toute chose avec mesure et prudence. […] Mais le philosophe se trahit sous le capuchon qui le cache dans l’exhortation sur la vie et le néant adressée par le duc à Claudio. […] C’est le prince des philosophes nonchalants ; sa seule passion, c’est la pensée. […] Touchstone, qui est dans son genre un philosophe grotesque, n’est pas l’amoureux le plus fou de la pièce ; si pour aimer il choisit la paysanne la plus gauche, et s’il aime en vrai bouffon, ses saillies sur le mariage, l’amour et la solitude sont des traits excellents : il est le seul qu’aucune illusion n’abuse.

1539. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Au milieu des passions de sa jeunesse, des entraînements emportés et crédules comme ceux du commun des hommes, Molière avait déjà à un haut degré le don d’observer et de reproduire, la faculté de sonder et de saisir des ressorts qu’il faisait jouer ensuite au grand amusement de tous ; et plus tard, au milieu de son entière et triste connaissance du cœur humain et des mobiles divers, du haut de sa mélancolie de contemplateur philosophe, il avait conservé dans son propre cœur, on le verra, la jeunesse des impressions actives, la faculté des passions, de l’amour et de ses jalousies, le foyer véritablement sacré. […] Ces masques fameux de la bonne comédie, depuis Plaute jusqu’à Patelin, ces malicieux conteurs de tous pays, ces philosophes satiriques et ingénieux, nous les convoquons un moment autour de notre auteur dans un groupe qu’il unit et où il préside ; les moins considérables, les Boisrobert, les Sorel, les Cyrano, y sont même introduits à la faveur de ce qu’ils lui ont prêté, de ce qui surtout les recommande et les honore. […] cet homme, le premier de notre temps pour l’esprit et pour les sentiments d’un vrai philosophe, cet ingénieux censeur de toutes les folies humaines, en a une plus extraordinaire que celles dont il se moque tous les jours !

1540. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Les historiens, les philosophes, les érudits, les linguistes, les spéciaux, tous tant qu’ils sont, encaissés dans leur rainure (en laquelle une fois entrés, notez-le bien, ils arrivent le plus souvent à l’autre bout par la force des choses, comme sur un chemin de fer les wagons), tous ces esprits justement établis sont d’abord assez de l’avis des parents, et professent eux-mêmes une sorte de dédain pour le littérateur, tel que je le laisse flotter, et pour ce peu de carrière régulièrement tracée, pour cette école buissonnière prolongée à travers toutes sortes de sujets et de livres ; jusqu’à ce qu’enfin ce littérateur errant, par la multitude de ces excursions, l’amas de ses notions accessoires, la flexibilité de sa plume, la richesse et la fertilité de ses miscellanées, se fasse un nom, une position, je ne dis pas plus utile, mais plus considérable que celle des trois quarts des spéciaux ; et alors il est une puissance à son tour, il a cours et crédit devant tous, il est reconnu. […] Un jour, dans un article sur le cardinal de Retz, il lui appliquera je ne sais quel mot de celui qu’il appelle tout à coup le sage et vertueux Balzac, oubliant trop que cet estimable écrivain n’était pas le moins du monde un philosophe ni un sage, mais bien un utile pédant doué de nombre, sous qui notre prose a fait et doublé une excellente rhétorique : voilà tout.

1541. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Eh bien oui, il sera philosophe et ne mangera cette fois que du sainfoin. […] Au contraire, un loup seul peut faire celle de La Fontaine, « un loup rempli d’humanité », philosophe, et qui médite le plus sérieusement du monde.

1542. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Audubon, c’est l’écrivain dont il s’agit, aurait été partout ailleurs un grand philosophe, un grand orateur, un grand poète, un grand homme d’État, un J. […] Les philosophes décideront la question de savoir si ce progrès de la civilisation doit être un objet de joie ou de mélancolie pour le penseur.

1543. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Depuis qu’on pouvait le mesurer à terre, il ne restait de lui qu’un honnête homme, un philosophe ténébreux, un fastidieux écrivain, la ruine d’une illusion d’homme d’État. […] M. de Chateaubriand célébrait, dans l’exorde d’un discours de réception à l’Institut, le nouveau Cyrus en style de prophète ; M. de Maistre lui-même, le philosophe du despotisme, converti à l’usurpation par le succès, écrivait de Pétersbourg dans sa correspondance, aujourd’hui publiée, des adorations à la fortune de Napoléon.

1544. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Mais, Richard Wagner, d’abord, fut, non seulement, comme Hugo, un théoricien de ses créations, mais le théoricien, philosophe, qui, à jamais, indestructiblement, comprit, et proclama la loi intime de l’Art ; puis, il fut l’artiste, l’accomplisseur de la tâche nécessaire ; il fit l’œuvre complète d’art complet, la synthétique révélation où Racine et Bach, Hugo et Berlioz, et, le précurseur, Beethoven, ont apporté leurs spéciaux efforts, leur vision, et leur voix, — où se viendra instruire l’Art, toujours. […] Paul-Armand Challemel-Lacour présente le philosophe comme « un bouddhiste contemporain en Allemagne » dans la Revue des deux mondes, en 1870.

1545. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Comme le mouvement est analysable en positions occupées à divers moments par le mobile, une foule de philosophes, après Kant et Schopenhauer, ont nié à tort la possibilité de sentir ou percevoir le fait du mouvement actuel : ils ont attribué au chien qui voit fuir le lièvre, à l’enfant qui voit passer une bougie devant ses yeux, une analyse plus ou moins consciente des positions successives. […] Le philosophe seul arrive à vider presque entièrement son cerveau de l’espace pour n’y laisser que le temps, à se demander si le monde ne serait pas simplement une coexistence de séries successives pour chaque être sentant, sans espace réel ni réelle étendue, soumises seulement aux lois du nombre et de la logique, du dynamisme et du déterminisme.

1546. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Le philosophe, devenu poète pour s’attirer l’imagination du peuple, chante la Loi de la délivrance de l’âme, ou de son émancipation des liens de la matière. […] On reconnaît à ces fables le génie divers des philosophes ou des poètes qui les inventèrent et les firent accepter aux peuples : les Grecs, peuplades insulaires ou maritimes, faisant naître la déesse de la vie du sein des flots, les Indiens, peuples agricoles, la faisant naître du champ labouré.

1547. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Ceci vous deviendra plus évident l’année prochaine, quand je prendrai devant vous corps à corps les poètes, les philosophes, les orateurs, les écrivains français depuis l’origine des lettres chez nous, et que je les comparerai, en les analysant, aux maîtres des autres littératures de l’Europe moderne. […] Tel est Saint-Simon, historien par hasard, moraliste par explosion, philosophe par colère, satirique par humeur, vertueux par dégoût.

1548. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Le Moyen Âge (842-1498) [Discours] I « J’ai eu l’occasion — a dit quelque part un historien philosophe — d’étudier les institutions politiques du Moyen Âge en France, en Angleterre et en Allemagne ; et, à mesure que j’avançais dans ce travail, j’étais rempli d’étonnement en voyant la prodigieuse similitude qui se rencontre en toutes ces lois ; et j’admirais comment des peuples si différents et si peu mêlés entre eux avaient pu s’en donner de si semblables. » [Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, livre I, chap.  […] Mémoires, IV, 6 ; et VII, 9]. — On peut même dire qu’ils sont par endroits d’un philosophe [Cf. 

1549. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Les poëtes, prophètes et presbytes, sont sujets à voir les mouches comme des éléphans ; les philosophes myopes, à réduire les éléphans à des mouches. […] Le grand homme n’est plus celui qui fait vrai, c’est celui qui sait le mieux concilier le mensonge avec la vérité ; c’est son succès qui fonde chez un peuple un système dramatique qui se perpétue par quelques grands traits de nature, jusqu’à ce qu’un philosophe poëte dépèce l’hipogrife et tente de ramener ses contemporains à un meilleur goût.

1550. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

C’était l’heure où commençait à paraître l’Encyclopédie, où la congrégation des philosophes allait régner sans partage, et où le monde était jeté bien loin des études silencieuses.

1551. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Marivaux avait dans l’esprit, on l’a vu, un coin de sérieux qui eût mérité de trouver grâce auprès des vrais et modestes philosophes, et que d’Alembert du moins a senti.

1552. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Voilà le côté politique et prudent ; mais l’autre côté généreux et grandiose, je ne le dissimulerai pas, comme l’ont trop fait dans leurs divers récits des écrivains raisonnablement philosophes : la grandeur du courage et l’héroïsme, ce sont là aussi des parties réelles qui, même après des siècles, tombent sous l’œil de l’observation humaine.

1553. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

La surface en est fort étendue : il y a des idées positives et d’un homme d’administration, il y a des vues d’homme politique et de philosophe : ce qui paraît manquer, c’est le lien exact et la cohésion de toutes ces parties.

1554. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Sans doute il le sentit plutôt en artiste qu’en philosophe ou en historien ; il le prit plutôt par le style que par l’ordre de ses idées ; il méconnut le théologien ; il négligea le côté tendre, suave même et idéalement amoureux ; il ne l’aborda que par L’Enfer, ne le suivit point au-delà, et y laissa ses lecteurs comme si ç’avait été le vrai but.

1555. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Un soldat n’est pas tenu d’être abstrait et rentré comme un philosophe.

1556. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Saint-Évremond au fond est un épicurien, et il est cela avant tout ; les circonstances tournant autrement, il aurait pu paraître un tout autre personnage sans doute, mais il avait en lui essentiellement l’étoffe d’un philosophe d’indifférence et de plaisir, d’un observateur souriant et ferme qui compare, qui apprécie la valeur des choses et s’en détache autant qu’il lui sied.

1557. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

N’oublions pas qu’un excellent témoin qui l’avait vu à Montbard dans les dernières années, Mallet du Pan, a dit : « Buffon vit absolument en philosophe ; il est juste sans être généreux, et toute sa conduite est calquée sur la raison ; il aime l’ordre, il en met partout. » Pour en revenir à ses jugements littéraires, après Voltaire poète, Buffon ne paraît guère estimer qu’un autre poète en son temps, Pindare-Le Brun, comme il l’appelle, celui qui l’a si noblement célébré lui-même et en qui il reconnaît avec impartialité le pinceau du génie.

1558. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

L’homme de 1791 est toujours là, qui en a beaucoup vu et qui pense qu’il peut en voir beaucoup encore ; philosophe, philanthrope, expansif, très verbeux, et ne choisissant pas, ne mesurant pas toujours ses expressions : la quantité l’emportait sur la qualité.

1559. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Je laisse de côté sa vocation politique active que j’admets en effet qu’il manque, je lui trouve deux talents de second plan, deux pis aller qui seraient de nature à satisfaire de moins difficiles : talent d’écrivain politique qui trouvera toujours moyen de dire ce qu’il pense, et qui a même intérêt à être gêné un peu ; car il y gagne le tour, et avec le tour l’agrément, ce qui cesse quand il écrit dans les journaux où il ne se gêne pas ; — talent de critique ou de discoureur littéraire des plus sérieux et des plus aimables, qui peut se jouer sur tous sujets anciens ou modernes, et s’exercer même sur des matières de religion, d’un ton de philosophe respectueux à la fois et sceptique.

1560. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Roi bienfaisant et charitable, mais excluant de sa charité les Protestants, les Jansénistes, les philosophes, tous les dissidents et hérétiques ; roi réformateur, économe pour lui, avare des sueurs du peuple,.

1561. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Ravaisson, si ingénieux, si original, si profondément philosophe en toutes ses vues ; Berlioz, artiste et penseur élevé, mais solitaire et un peu sombre ; Beulé, l’heureux Beulé, que la Victoire de Phidias a pris dès le début sous son aile, et qui obtient, à heure fixe et comme à point nommé, tout ce qu’il mérite, le choix est déjà fait.

1562. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Remarquez bien que ce Virgile que vous invoquez n’a point procédé ainsi contre les philosophes et théoriciens de son temps, contre le grand Lucrèce qui était bien le plus terrible des négateurs : il ne lui a point jeté la pierre ; il l’a honoré et respecté encore, même en s’en séparant.

1563. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Il a fait un joli roman, Mademoiselle de Liron, son seul titre vraiment littéraire : son héroïne n’est pas une héroïne, c’est une fille aimable et sensée qui excelle aux soins du ménage et à la pâtisserie du pays, une campagnarde un peu philosophe qui a aimé et failli une première fois, et qui aimera et cédera encore une seconde ; intéressante et sensible, bien qu’un peu grasse23.

1564. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Ce qu’on rapporte de l’ancien philosophe Cléanthe, homme de peine la nuit pour être homme d’étude le jour, n’a plus rien que de naturel, et on en a le commentaire vivant sous les yeux.

1565. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Fréron, dans cette grande lutte et ce mouvement d’idées qui partageait le xviiie  siècle, avait choisi le rôle de défenseur de l’autel et des saines doctrines contre les philosophes : quand on se donne une telle mission, il faut être deux fois irréprochable.

1566. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Renan56, d’avoir usé et abusé, à son tour, contre l’éloquent philosophe de l’invective, de l’anathème et de la menace, ni plus ni moins que s’il eût été un évêque.

1567. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

J’ai simplement voulu noter chez les éminents philosophes, MM. 

1568. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Antiquaire par son érudition allemande, poëte et philosophe par ses vues profondes et intimes sur l’histoire de l’humanité, familier avec les idées des Niebühr et des Gœrres, épris de l’imagination pittoresque de l’auteur de l’Itinéraire, il aborde la Grèce et l’interroge par tous les points, sur son antiquité, sur ses races, sur la nature de ses ruines, sur les vicissitudes de ses États, sur ses formes de végétation éternelle ; il saisit, il entend, il compose tous ces objets épars ; il les enchaîne et les anime dans un récit vivant, fidèle, expressif, philosophique ou lyrique par moments, selon qu’il s’élève aux plus hautes considérations de l’histoire des peuples, ou selon qu’il retombe sur lui-même et sur ses propres émotions ; c’est une œuvre d’art que ce récit de voyage : le sens historique et le sens des lieux y respirent et s’y aident d’un l’autre ; l’harmonie y règne ; le souffle du dieu Pan y domine ; l’interprétation du passé, depuis les époques cyclopéennes et homériques jusqu’à la féodalité latine, y est d’un merveilleux sentiment, et elle pénètre de toutes parts dans l’âme du lecteur, sinon toujours par voie claire et directe, du moins à la longue par mille sensations réelles et continues, comme il arriverait à la vue des ruines mêmes et sous l’influence du génie des lieux.

1569. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Les talents poétiques et littéraires d’aujourd’hui (sans parler des autres, politiques et philosophes) sont soumis à de redoutables épreuves qui furent épargnées aux beaux génies du siècle de Louis XIV, et il est bien juste de tenir compte, en nous jugeant, de ces difficultés singulières qu’on a à subir.

1570. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

., dans la strophe que vous me citez de mon Ode à la Fortune ; et je vous avoue, puisque vous approuvez la manière dont je me suis approprié la pensée de cet ancien, que je m’en sais meilleur gré que si j’en étois l’auteur, par la raison que c’est l’expression seule qui fait le poëte, et non la pensée, qui appartient au philosophe et à l’orateur, comme à lui. » L’aveu est formel ; on conçoit maintenant que Saurin ait dit qu’il ne regardait Rousseau que comme le premier entre les plagiaires.

1571. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

La poésie et les beaux-arts enivrent l’imagination en Italie, par leurs charmes inimitables ; mais les écrivains en prose ne sont, en général, ni moralistes, ni philosophes ; et leurs efforts, pour être éloquents, ne produisent que de l’exagération32.

1572. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Il y a dans tous les caractères des défauts qui jadis étaient découverts, ou par le flambeau de l’histoire, ou par un très petit nombre de philosophes contemporains que le mouvement général n’avait point enivrés ; aujourd’hui celui qui veut se distinguer est en guerre avec l’amour-propre de tous ; on le menace du niveau à chaque pas qui l’élève, et la masse des hommes éclairés prend une sorte d’orgueil actif, destructeur des succès individuels.

1573. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Bien des gens nerveux, capricieux et frivoles  à moins qu’ils ne soient, au contraire, très philosophes  ne tiennent guère compte que de la personne même de l’artiste, qui leur est sympathique ou antipathique, voilà tout.

1574. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Alphonse Daudet et Sully-Prudhomme, l’un dans ses petits tableaux d’historien pittoresque, l’autre dans ses méditations de poète philosophe.

1575. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Il y a des philosophes qui ont fait de la morale avant les moralistes.

1576. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

On comprend, d’un autre côté, que Jésus, partant d’une telle disposition d’âme, ne sera nullement un philosophe spéculatif comme Çakya-Mouni.

1577. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Au sortir de là, il se mit à écrire le récit de cette visite où le philosophe, sans le connaître, sans l’avoir vu encore, n’eut pas même l’idée de lui demander son nom, lui parla d’abord de tout, comme à un vieil ami, s’ouvrit à lui de mille plans politiques, philosophiques et autres, faisant à la fois les questions et les réponses, et ne le quitta qu’après l’avoir serré avec effusion dans ses bras.

1578. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Mais non ; ici je l’arrête et je lui dis : Ami, prends garde, tu dogmatises ; tu fais précisément ce que les gens à doctrines et les philosophes des diverses écoles veulent nous obliger de faire.

1579. (1903) Zola pp. 3-31

On étudie l’homme pour en avoir une idée bien incomplète, mais encore une idée ; dans les psychologues, dans les moralistes, dans les philosophes, pour voir quelle idée générale il se fait de l’ensemble des choses et par conséquent quelles sont les tendances générales, très différentes, du reste, de son âme ; dans les historiens, pour voir ce qu’il a été aux différents temps, ce qui élargit et complète et fait plus vraie la notion qu’on peut avoir de lui ; en lui-même enfin, ce qui n’est qu’une façon de parler et ce qui veut dire qu’on regarde avec attention ses amis, ses voisins et les gens que l’on rencontre.

1580. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

D’une façon générale ce qui détermine le suffrage des snobs lorsqu’ils s’attachent soit à quelque opinion, soit à quelque nom de philosophe, d’écrivain ou d’artiste, c’est la nouveauté et la rareté du choix, c’est l’obscurité de l’objet sur lequel il se fixe.

1581. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Je pardonne au poète, au peintre, au sculpteur, au philosophe même un instant de verve et de folie ; mais je ne veux pas qu’on trempe toujours là son pinceau, et qu’on pervertisse le but des arts.

1582. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

que le glorificateur de la Renaissance, le philosophe de la libre pensée et l’admirateur de ce de Brosses à qui dernièrement on a fait une gloire parce qu’il aimait les priapées bien gravées sur un vase antique et se permettait d’indécentes plaisanteries contre l’Église, — oui !

1583. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Implicitement contenue (avec bien des restrictions, il est vrai) dans la philosophie de Descartes, dégagée et poussée à l’extrême par ses successeurs, elle a passé, par l’intermédiaire des médecins philosophes du xviiie  siècle, dans la psychophysiologie de notre temps.

1584. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

II Nous allons chez le gros mathématicien qui fume ; nous le saluons et nous l’abordons ainsi : « Monsieur, nous sommes philosophes, c’est-à-dire fort embarrassés et à court.

1585. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Est-ce au moins un ensemble de réalités étudiées attentivement, entassées pêle-mêle, mais entières, mais irrécusables, et d’où le philosophe et le poète pourront un jour tirer des leçons et des poèmes enfouis ? […] Le paysagiste, aussi bien que le poète et le philosophe, a besoin de répit, s’il ne veut pas succomber à la tâche. […] Par malheur, le chrétien, le philosophe et le poète se disputent à chaque page la pensée du voyageur. […] Elle découpe en projet de loi ce que ces deux philosophes ont demandé à plusieurs reprises ; elle prend par la main le type idéal de la réforme sociale, et lui livre du même coup la royauté diplomatique et administrative du globe. […] Il est demeuré le poète des philosophes, mais il n’a pas cessé d’être le poète des femmes.

1586. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Moi qui écris pour le théâtre, je ne puis pas dédaigner ce qu’ont accepté ces maîtres en l’art dramatique, Émile Augier, Alexandre Dumas, Octave Feuillet, Labiche, Pailleron et Halévy, ce qui a plu à des philosophes et des poètes tels que Renan, Taine, Caro, Boissier, Coppée, Sully Prudhomme, etc., mais leur goût n’est pas le mien… J’aime la campagne, l’eau, surtout les blés ; c’est une manie, mais rien que l’idée d’une promenade, le matin, sous le soleil, dans un chemin creux, entre ma femme et mes enfants, me fait absolument méconnaître les joies qu’on éprouve à être membre d’une commission, à traverser le pont des Arts et à sortir en troupeau comme les enfants de l’École turque (plus calmes, hélas !) […] Je veux dire aussi tout haut ce que j’ai entendu dire tout bas avec de malins et méchants sourires, c’est que derrière Loisillon, le secrétaire perpétuel, il fallait entrevoir un homme que sa valeur, sa science du monde et des choses, son inaltérable obligeance et son exquise urbanité, son indulgence de philosophe feraient facilement reconnaître. […] » Et sous le sourire minaudier de la baronne remerciant Son Excellence il y a : « Ce Turc est ignoble, il me dégoûte. » Parmi les types les plus francs du personnel du roman, je trouve le sculpteur Védrine, un philosophe qui regarde évoluer le monde de l’intrigue et qui a été à même d’étudier les petites stratégies nécessaires le plus souvent pour escalader un fauteuil sous la coupole. […] je ne saurais le dire ; mais c’est à coup sûr celle d’un grand esprit, d’un philosophe à hautes spéculations, d’un poète châtié qui a soin d’écarter de son vers tout mot clinquant, toute cette fabrication de verroteries employées pour éblouir et couvrir l’absence de la pensée.

1587. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Tour à tour il fait comparaître devant elle le philosophe et l’historien, avec leurs prétentions qu’il raille et foule288. […] » Le philosophe rebute, le poëte attire : « Chez lui vous voyagez comme dans un beau vignoble ; dès l’entrée, il vous donne une grappe de raisins, en telle sorte que, rempli de ce goût, vous souhaitez continuer votre route290. » Quel genre peut vous déplaire dans la poésie ? […] Il ne soumet pas l’image à l’idée ; c’est un voyant, ce n’est pas un philosophe. […] —  En Italie. —  En Angleterre. —  Comment le règne du naturalisme développe l’exercice de la raison naturelle. —  Érudits, historiens, rhétoriciens, compilateurs, politiques, antiquaires, philosophes, théologiens. —  Abondance des talents et rareté des beaux livres. —  Surabondance, recherche, pédanterie du style […] Tel est sir Thomas Browne, naturaliste, philosophe, érudit, médecin et moraliste, presque le dernier de la génération qui porta Jérémie Taylor et Shakspeare.

1588. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Ainsi comme les poëtes ne sont pas philosophes au point de préferer la perfection au succès, ils songeront toujours à s’apuyer de cette sorte d’interêt qui doit toucher la plus belle partie de leurs spectateurs, et sans laquelle ils savent bien qu’ils n’en auroient gueres d’autres. […] Que les philosophes ne nous chicanent point sur les pressentimens, sur les instincts que nous employons en ces rencontres ; qu’ils ne trouvent pas à redire, par exemple, qu’un pere, à la présence d’un fils inconnu, sente une émotion secrete qui devance l’éclaircissement : ils nous démontreront sans doute que ces instincts ne sont pas de la nature, et que c’est le préjugé seul qui les a imaginés : mais laissons-les démontrer ce qu’il leur plaira ; allons à nôtre but, et profitons des préjugés du public pour son propre plaisir. […] Eh qui, sans être philosophe, ne connoît pas la force de la liaison des idées ! […] Et c’est positivement ce que je veux dire : or par une saillie de philosophe qu’il faut, s’il vous plaît, me passer, je fais quelque honte à des hommes raisonnables, d’estimer plus un bruit mesuré, que des idées qui les éclairent, ou des sentimens qui les touchent ; et je dis que le soin de mesurer ce bruit qu’on appelle si mal-à-propos enthousiasme, n’est en soi qu’un travail aussi pénible que frivole. […] Ce suisse si philosophe, qui a écrit sur les françois et les anglois, a remarqué ce vuide et ce frivole dans plusieurs ouvrages de notre grand versificateur qui, à son avis, n’a pensé que bien superficiellement : mais, il faut l’avoüer, c’est par cela même qu’avec une grande élégance de détail, il en est plus agréable au grand nombre.

1589. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

L’idéalisme est une vérité de philosophe, non une vérité d’artiste. […] Tout idéalisme, chez les philosophes, est constructif, et par-là il touche à l’œuvre d’art. […] Tendance obscure que l’on comprendra mieux en la référant à la conscience claire qu’elle prend chez les philosophes. […] Ce que Socrate affirme du philosophe, ce que la religion affirme du chrétien, Mallarmé à chaque occasion l’affirme du poète. […] De même, dans l’intellectualisme qui fournit au philosophe sa morale professionnelle, tout se définit et s’étage selon l’intelligence, pour l’économiste selon l’utilité, pour l’âme religieuse selon Dieu.

1590. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Philosophes, et surtout romanciers, se sont beaucoup préoccupés du rôle de la femme dans la société ; les philosophes ont cru la connaître en l’étudiant d’après l’échantillon que le hasard en avait mis sous leurs yeux ; quant aux romanciers, aux littérateurs, ils se sont contentés d’en inventer une tous les vingt ans ; et les générations qui se succèdent jugent la femme de la génération précédente d’après les inventions des fantaisistes qui ont noirci du papier pour se distraire ou gagner leur vie.. […] Au lieu de cela, je trouve, je le répète, une superbe étude très dramatique, trop dramatique, composée d’assassinats, de suicides, de trahisons, de viols, le tout saupoudré de nombreux jurons qui ont dû faire frissonner les plus impassibles et les plus philosophes de nos immortels. […] Évidemment notre philosophe exagère et, en résumé, tout le monde, toutes les aspirations, toutes les intelligences, trouvent à peu près leur pâture sur la terre. […] Ayant presque, tout observé de sa vie d’homme jusqu’à ce jour, le philosophe, le poète — car Pierre Loti est l’un et l’autre — a voulu revenir sur ses pas et rechercher dans sa mémoire ces menus faits, ces émotions naïves, ces riens si énormes pour l’enfant. […] Ne sont-ce pas là les paroles d’un philosophe, d’un observateur et mieux encore d’un homme de bonté ?

1591. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il y est parlé d’un jeune poète, épris des sons enfantins de la poésie populaire et en même temps artiste raffiné jusqu’à l’excès, entraîné par ses passions et guidé par la sagesse des anciens philosophes ; en un mot, tous les contrastes se donnent carrière dans son esprit ; et pourtant il se sent un et dans sa conscience de poète il saisit le lien intime qui relie les qualités disparates de son âme, comme un même terrain produit des fleurs de formes diverses. […] — « Moi », répondit sèchement le philosophe de la petite réunion, « je tiens Mallarmé pour un tic ces talents stériles, qui cherchent une compensation à leur manque de faculté créatrice en construisant des théories pleines d’esprit. […] — « Je sais positivement », dit le philosophe, « que ces cartons ne contiennent »… Au moment où il allait nous révéler le secret des cartons du poète, de nouveaux arrivés se joignirent à notre petit cercle : le bruit qu’ils firent en remuant les chaises interrompit l’entretien commencé et la conversation générale ne se renoua plus. […] Je ne dirai pas non plus que je suis philosophe : c’est un titre trop haut que je ne veux nullement réclamer ; ce que j’avoue seulement c’est une grande prédilection pour la philosophie. […] Tout le reste en comparaison de ces jouissances du paradis des philosophes garde un arrière-goût terrestre de besogne servile et de curiosité malsaine.

1592. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Jésus-Christ l’intéresse, parce que philosophe et pour la foule des âmes qui ont trouvé en lui leur développement. […] En Amérique, à la même époque, Marcel Duchamp prépare le mouvement dada que le peintre Francis Picabia s’apprête à mettre à la scène, tandis qu’à Zurich, Tristan Tzara, frais philosophe, compose un « recueil littéraire et artistique » dont le premier numéro verra le jour en juillet 1917 sous le nom de Dada I ; en décembre de la même année paraîtra Dada II. […] Historien, il fit paraître la Crise des Alliances 112 avant d’éditer la Victoire ; philosophe et romancier, sous le pseudonyme de Jacques Sindral, nous avons lu de lui la Ville éphémère 113, Attirance de la Mort 114. […] L’historien devrait être un philosophe, dit encore Emerson. […] Dans les Entretiens sur le commandement 133, vous n’avez aucune chance de trouver des idées hardies, mais des observations judicieuses sur l’autorité et le hasard, qu’un philosophe ancien poilu et qu’un officier de l’armée d’Afrique se renvoient, en prenant à la dialectique un plaisir que nous partageons volontiers.

1593. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

En un temps où, petits plagiaires de Sénèque le philosophe, les agents de change, les avocats populaires, les professeurs retirés dans un héritage, les millionnaires, les ambassadeurs, les ténors, les ministres et les banquistes, où toute la « noblesse républicaine », hypocritement joyeuse de vivre, s’attendrit avec soin sur le « sort des humbles », au moment même qu’elle leur met le pied sur la nuque, en ce temps-là, il est agréable d’entendre quelques paroles de franchise et M.  […] Par cette méthode, toute spontanée, il apparut aux uns tel qu’un philosophe, aux autres tel qu’un poète, et les clients qui suivirent sa litière sortirent de toutes les régions intellectuelles. […] Le prêtre hardi deviendra-t-il un philosophe modéré, ou bien de nouvelles hardiesses seront-elles le fruit de sa libération ? […] Ainsi, que Lalande mangeât des araignées, ou qu’Aristote collectionnât toutes sortes de vases de terre, cela ne caractérise ni un grand astronome ni un grand philosophe, mais il faut compter ces traits parmi ceux qui serviront à différencier Lalande de lui-même et Aristote de lui-même. […] Pierre Quillard, avec un mysticisme supérieur, « la vanité de la joie et de la douleur », et il devait goûter également la vie et la philosophie nirvâniennes du philosophe de sa race.

1594. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Philosophe et penseur, se rattachant à quelques égards aux écoles du progrès et de l’avenir, à la religion de l’esprit, il repoussait, par une sorte de contradiction au moins apparente, les voies et moyens de ce progrès moderne et plusieurs des résultats ; il s’en prenait aux débats publics, aux discussions éclatantes, à ces chemins de fer qui créent ou qui centuplent les communications humaines et les échanges de la pensée, au développement accéléré et aux conquêtes de la démocratie. […] Les philosophes ne le chasseront pas de leur république future.

1595. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Il se présente à la première hôtellerie venue, sans autre bagage qu’un Horace, un Dante et un Pétrarque annotés par lui, seule fortune d’un philosophe, d’un amoureux et d’un poète. […] Au reste, les longues vies ne sont pas nécessaires aux grands artistes, dont le talent n’est que sensation ; elles sont nécessaires aux poètes, aux philosophes, aux historiens, aux orateurs politiques, parce que l’expérience et la pensée, ces fruits de l’âge, sont les produits de la maturité, souvent même de l’extrême vieillesse.

1596. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Je servais les Bourbons ; il était Bonaparte : il y avait cette incompatibilité entre nous ; mais il était avant tout philosophe et poète ; il me lisait ses compositions ; j’oubliais qu’il était roi d’une dynastie que je ne reconnaissais pas : les lettres nivellent tout pendant qu’on en parle. […] Et comment distinguerez-vous, dans des œuvres si fortement empreintes de pensées et si communicatives de sentiment, comment distinguerez-vous, disons-nous, la peinture de la littérature, le dessinateur du poète, le peintre du philosophe, le tableau du livre ?

1597. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

V Nul ne peut nier que ceci ne soit le résumé parfaitement historique de l’institution de la papauté, et de son action séculaire pour rassembler autour d’un centre commun les débris de l’Italie, pour la défendre des barbares, pour la disputer à l’empire germanique et pour faire de ses membres épars une unité papale, au lieu d’une unité romaine : à ce titre, les historiens philosophes les moins chrétiens, tels que Gibbon, Sismondi, Ginguené, Voltaire lui-même, constatent les services réels rendus par la papauté à l’Italie dans le courant des siècles. […] XV Un prince philosophe, Léopold, grand-duc de Toscane, précurseur des principes de liberté de conscience, d’égalité civile et de gouvernement par l’opinion de 1789, appliqua le premier ces principes à la législation et à l’administration de ses peuples italiens.

1598. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Enfin il y avait le toscan, la vieille langue étrusque de Machiavel, de Michel-Ange, de Dante, rugueuse, nerveuse, un peu sauvage, un peu latine, brève, forte, concentrant en peu de mots un grand sens, telle que Dante l’a chantée, telle que Machiavel l’a écrite, langue faite pour des héros, des poètes, des philosophes, et qui ne s’entend bien qu’à Florence, entre les deux rives de l’Arno et à Pistoia, langue locale s’il en fut jamais, héritière d’un peuple qui n’a point d’héritage sur la terre, langue de puritains et de pédants, qui prétendent avec raison être à eux seuls l’Italie classique… C’est celle-là qu’Alfieri choisit. […] C’était un prince philosophe, extrêmement libéral d’institutions dans un pays où il semblait faire l’essai des principes de la révolution française, tempérée par un despotisme populaire sans danger.

1599. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Goethe, à ses débuts, est un homme du dix-huitième siècle ; il a vu jouer dans son enfance le Père de famille de Diderot et les Philosophes de Palissot ; il a lu nos auteurs, il les goûte, et lorsqu’il a opéré son œuvre essentielle, qui était d’arracher l’Allemagne à une imitation stérile et de lui apprendre à se bâtir une maison à elle, une maison du Nord, sur ses propres fondements, il aime à revenir de temps en temps à cette littérature d’un siècle qui, après tout, est le sien. […] Le philosophe disparut en lui devant le poète.

1600. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Le siècle qui compte des poètes comme Vigny, Lamartine, Hugo, Musset, Gautier, Baudelaire, Banville, sans excepter les grands symbolistes, Verlaine et Mallarmé, des romanciers comme Balzac, Stendhal, Flaubert, les Goncourt, Zola, des critiques comme Sainte-Beuve et Taine, des écrivains scientifiques et des philosophes comme Claude Bernard, comme Auguste Comte, de suprêmes intelligences comme Ernest Renan, — et combien d’autres princes de lettres, encore, dans le lyrisme, la prose ou au théâtre ! […] Ses écrivains, ses savants, ses philosophes, ses poètes sont les nôtres par excellence.

1601. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Les caractères généraux paraissaient épuisés ; il restait les caractères anecdotiques, un joueur, une coquette de village, des Normands qui se réconcilient, un philosophe sans le savoir ; ou bien les travers du jour, une bourgeoise à la mode de 1692, une femme d’intrigue de la même année, un financier de 1709. […] Le financier, le père de famille, l’homme de lettres, le philosophe, le citoyen, le magistrat, le grand seigneur, l’intendant, etc., sont les personnages de ce que Diderot appellera la comédie sérieuse.

1602. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Lachelier et plusieurs autres philosophes, un principe de finalité, différent de la raison suffisante ? […] Selon certains philosophes, la notion même de réalité prendrait nécessairement la forme de la finalité : la finalité serait ainsi un principe constitutif de la conscience même139.

1603. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

À côté de Barre, à la tête, au front ridé d’un philosophe antique, un ouvrier mouleur, en blouse, délaye le plâtre fin dans une cuvette, et ensevelit sous son blanc crémeux la main de la princesse, préalablement ointe d’huile. […] Elle s’est élevée contre les grands exemples de domination de ces femmes, honorées de la fréquentation des philosophes, des hommes de lettres ; des savants, des penseurs, contre la puissance de ces fillasses n’ayant point pour excuse un art, un talent, un nom, le génie d’une Rachel, et chez qui les plus purs vont manger les truffes de la courtisane.

1604. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Ces philosophes croient qu’il a commencé par les ténèbres. […] … Question de nature, d’histoire, d’évidence, que la nature, l’histoire, l’évidence, résolvent malheureusement par l’écroulement perpétuel et par la renaissance perpétuelle de toutes les choses humaines, et qu’elles résolvent contre ce beau rêve de ces philosophes de l’ascension continue.

1605. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Il ne semble pas, d’ailleurs, que la solution donnée par Kant ait été sérieusement contestée depuis ce philosophe ; même, elle s’est imposée — parfois à leur insu — à la plupart de ceux qui ont de nouveau abordé le problème, nativistes ou empiristes. […] Mais, abusés par la simplicité apparente de l’idée de temps, les philosophes qui ont essayé d’une réduction de ces deux idées ont cru pouvoir construire la représentation de l’espace avec celle de la durée.

1606. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne déroba sa douleur de guerrier sous le sourire de l’homme du monde et sous l’indifférence du philosophe.

1607. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Habert, à faire un extrait de la vraie doctrine de saint Augustin, le Fénelon qui déclare « que les libertés de l’Église gallicane sont de véritables servitudes », qui craint la puissance laïque bien plus que la spirituelle et l’ultramontaine, et qui redoute le danger d’un schisme tout autant que l’invasion de la France, ce Fénelon n’est pas celui que les philosophes de l’âge suivant ont façonné et remanié à leur gré.

1608. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Il y a des jours où il se figure qu’il est guéri de ce mal du pays, et qu’il vit en philosophe au milieu de ses champs, sur les bords de cette belle Saône.

1609. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Le prince Henri a du genre humain une bien meilleure opinion que Frédéric ; on n’a pas à beaucoup près toutes ses lettres, mais on en peut jusqu’à un certain point juger d’après les réponses qu’y fait son frère ; le prince Henri, qui n’est pas sans quelques-unes des idées françaises d’alors, et qui a de nos illusions à la Jean-Jacques, soutient volontiers que la vertu et le bonheur habitent dans les cabanes, et qu’il y a par le monde de vrais sages, de parfaits philosophes.

1610. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Il y a l’historiette du vieux médecin anglais, le philosophe athée, que Mme Elliott a pour compagnon de chambre dans la prison de Versailles, et quelle soigne comme un père.

1611. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Quand M. de Bonald, cet éminent philosophe, mourut, on s’inquiéta assez peu de chercher qui ferait son Éloge.

1612. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Je ne puis que renvoyer les curieux de ces sortes de questions à cette profession de foi finale du philosophe et du critique éminent, laquelle est à mettre pour la portée bien au-dessus de la page tant vantée de Jouffroy, et qui est plus vraie ou du moins plus largement religieuse que la solution de Pascal44.

1613. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Dans son beau livre sur Averroès, sur ce philosophe arabe dont le nom signifiait et représentait, bien qu’à tort, le matérialisme au Moyen-Age, il a parlé excellemment de Pétrarque, de ce prince des poëtes et des lettrés de son temps, qu’il proclame le premier des hommes modernes en ce qu’il a ressaisi et inauguré le premier le sentiment de l’antique culture, et « retrouvé le secret de cette façon noble, généreuse, libérale, de comprendre la vie, qui avait disparu du monde depuis le triomphe des barbares. » Il nous explique l’aversion que Pétrarque se sentait pour l’incrédulité matérielle des Averroïstes, comme qui dirait des d’Holbach et des Lamettrie de son temps : « Pour moi, écrivait Pétrarque cité par M. 

1614. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Sieyès, cette tête profonde qui avait conçu avant 89 la reconstitution totale de la société et, qui plus est, de l’entendement humain, cet esprit supérieur a pu tomber dans le découragement et dans l’apathie quand il a vu la refonte sociale dont il avait médité et dessiné le plan échopper à son empreinte ; l’artiste en lui, l’architecte boudait encore plus que le philosophe ; il était injuste envers lui-même et envers son œuvre qui se poursuivait sous les formes les moins prévues, mais qui se poursuivait, c’est l’essentiel : qu’on relise sa célèbre brochure, et qu’on se demande s’il n’a pas gagné la partie et si le Tiers-État n’est pas tout.

1615. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Gœthe, à ses débuts, est un homme du xviiie  siècle ; il a vu jouer dans son enfance le Père de Famille de Diderot et les Philosophes de Palissot ; il a lu nos auteurs, il les goûte, et lorsqu’il a opéré son œuvre essentielle qui était d’arracher l’Allemagne à une imitation stérile et de lui apprendre à se bâtir une maison à elle, une maison du Nord, sur ses propres fondements, il aime à revenir de temps en temps à cette littérature d’un siècle qui, après tout, est le sien.

1616. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Il y avait des niais et quelques sots panachés dont je ne parle pas, ils vivent peut-être encore ; puis, à côté, les malins : — et ce Vitrolles, hardi, osé, peu scrupuleux, qui avait un pied dans les camps les plus opposés, qui visait à un premier rôle, qui jouait son va-tout sur une seule carte, la confiance intime de Monsieur ; qui perdit et qui se fera beaucoup pardonner un jour en jugeant dans ses Mémoires avec esprit les gens qui l’ont mal payé de son zèle ; — et Michaud ; engagé parmi les violents du parti, on ne sait trop pourquoi, si ce n’est parce qu’il s’en était mis de bonne heure et de tout temps ; raisonnable et même assez philosophe dans ses écrits historiques et dans ses livres, incorrigible dans ses feuilles ; de qui Napoléon avait dit que c’était « un mauvais sujet » ; avec cela homme d’esprit et les aimant, indulgent même pour la jeunesse ; journaliste avant tout et connaissant son arme, muet dans les assemblées et pour cause, avec un filet de voix très-mince, un rire voltairien, et qui passa sa vie à se rendre compte des sottises qu’il favorisait, qu’il provoquait même, et qu’il voyait faire41.

1617. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Chaque époque désire et appelle la forme d’écrivain philosophe qui lui convient.

1618. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Certes le progrès en science, en industrie, en civilisation générale, en réparation moins inégale du bien-être, est évident ; il se poursuit et se poursuivra ; mais aux yeux du philosophe, de l’artiste, du moraliste, de tous ceux qui conçoivent avec étendue et qui comparent, c’est toujours un progrès qui cloche et qui clochera, un progrès qui ne bat que d’une aile.

1619. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Le Play et celles des autres philosophes politiques, lors même qu’ils ont l’air de se rapprocher, consiste dans le point de départ, dans la méthode et aussi dans l’inspiration.

1620. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

C’est alors, vers l’an de Rome 617, qu’un jeune homme d’une famille plébéienne, mais illustre, un élève formé de la main des philosophes grecs, Tibérius Sempronius Gracchus, « dont le caractère bon et humain n’avait pu être corrompu par l’orgueil exclusif de sa nation, » comme il traversait l’Étrurie pour aller servir en qualité de questeur dans l’armée qui s’assemblait contre Numance, fut frappé de l’aspect désolé de ce pays, célèbre autrefois par sa richesse ; il s’en demanda les causes, il songea aux grands remèdes : de là plus tard ses tentatives de tribun et sa catastrophe.

1621. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Dans une épître à Huet en faveur des anciens contre les modernes, et à l’honneur de Quintilien en particulier, il en revient à Platon, son thème favori, et déclare qu’on ne pourrait trouver entre les sages modernes un seul approchant de ce grand philosophe, tandis que La Grèce en fourmillait dans son moindre canton.

1622. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Dès le début de son discours, il a tracé dans une double peinture, pleine de magnificence, le caractère des deux familles, et comme des deux races, dans lesquelles il range et auxquelles il ramène l’infinie variété des esprits : la première, celle de tous les penseurs, contemplateurs ou songeurs solitaires, de tous les amants et chercheurs de l’idéal, philosophes ou poëtes ; la seconde, celle des hommes d’action, des hommes positifs et pratiques, soit politiques, soit littéraires, des esprits critiques et applicables, de ceux qui visent à l’influence et à l’empire du moment, et qu’il embrasse sous le titre général d’improvisateurs.

1623. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Les philosophes doivent donc, en politique, se proposer de soumettre à des combinaisons positives tous les faits qui leur sont connus, pour en tirer des résultats certains d’après le nombre et la nature des chances.

1624. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

En second lieu, les discours de la période révolutionnaire n’apportent pas un bien grand nombre d’idées originales ou de théories neuves : qui connaît Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, l’Encyclopédie, n’a pas grand chose à recueillir des orateurs ; ils répètent ce que les philosophes ont écrit.

1625. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Bien que cette opinion n’ait aucune chance d’être adoptée ni par les physiciens, ni par les philosophes, il est bon d’être averti, afin de ne pas se laisser glisser sur la pente qui y mènerait.

1626. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Des « philosophes » avaient proclamé qu’il est impossible à un catholique de penser.

1627. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

La Harpe, au reste, paya cher cette courte faveur ; il se brouilla avec Mme de Genlis, qui le mit, sous le nom de Damoville, dans un conte satirique où elle s’attaquait à tous les littérateurs philosophes du temps, et où elle se vengeait de l’Académie qui n’avait pas couronné l’un de ses ouvrages : c’était assez son habitude de traduire ainsi les gens dans ses livres quand elle se brouillait avec eux.

1628. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Exposant dans son Mercure britannique, peu de mois avant sa mort, en janvier de l’an 1800, le caractère de la grande commotion qui allait continuer de peser sur le nouveau siècle et qui ouvrait une époque de plus dans l’histoire des vicissitudes humaines, il y montrait en vrai philosophe que le caractère de cette Révolution portait avant tout sur la destruction de toutes les distinctions héréditaires préexistantes, que c’était au fond une guerre à toutes les inégalités créées par l’ancien ordre social, une question d’égalité, en un mot : « C’est sur ce conflit, ajoutait-il, infiniment plus que sur la liberté, à jamais inintelligible pour les Français, qu’a porté et que reposera jusqu’à la fin la Révolution. » Espérons que, même en tenant moins à la liberté qu’il ne faudrait (ce qui est trop évident), nous la comprendrons pourtant assez pour démentir un pronostic si absolu et si sévère.

1629. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

D’autre part, je n’ai pas voulu me mêler des changements et des réformes projetées par les premiers révolutionnaires, parce que je me suis aperçu qu’on voulait former un nouveau ciel et une nouvelle terre, et qu’on avait l’ambition de faire un peuple de philosophes, lorsqu’on n’eut dû s’occuper qu’à faire un peuple d’heureux.

1630. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Parlant de cet excellent livre, qui a pour titre De l’imitation de Jésus-Christ, il en dit : L’ascétisme du Moyen Âge a laissé un monument inimitable, que les catholiques, les protestants, les philosophes se sont accordés à admirer de l’admiration la plus belle, celle du cœur.

1631. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Nul en son temps n’a plus spirituellement que lui réfuté Descartes et les cartésiens sur l’âme des bêtes, et sur ces prétendues machines que ce philosophe altier ne connaissait pas mieux que l’homme qu’il se flattait d’expliquer aussi.

1632. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

On ne sympathise vraiment, les philosophes l’ont fait remarquer, qu’avec les sentiments qu’on a plus ou moins éprouvés soi-même.

1633. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Si l’on excepte la vénalité des charges, qu’un reste de préjugé domestique l’a conduit à ménager, et qui d’ailleurs était elle-même une sorte de garantie contre l’aristocratie14, quel est l’abus que Montesquieu n’ait pas attaqué avec autant de force qu’aucun philosophe de son temps ?

1634. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Il est un semeur de sentiments comme le philosophe est un semeur d’idées.

1635. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Ses grands politiques, les Palmerston, les Richard Cobden, les Pitt, ses grands savants, les Newton, les Darwin, les Herschel, ses grands poètes, les Robert Burns, les Shakespeare, les Chaucer et les Milton, ses grands inventeurs, ses premiers rois, ses réformateurs et ses philosophes, en un mot tous ceux qui ont lentement pétri l’âme anglo-saxonne dorment ici côte à côte ou revivent dans une image.

1636. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Il est vrai qu’il y avait jadis des couvents où les savants pouvaient travailler presque sans souci matériel, des mécènes qui soutenaient les philosophes et qui s’entouraient de peintres et de poètes. […] Il y a cependant en lui un philosophe, un précurseur, un révolutionnaire : autres raisons, il est vrai, pour ne pas toucher au souvenir de ce damné. […] Sachant tout cela, allons-nous, mon cher confrère, sous raison que « tous les jours, des amis fort anciens » mercantilisent nos précieuses babillardes, inviter les légistes à « mettre les lettres hors du commerce comme ils ont autrefois fait les personnes »   Si oui, nous rappellerions au philosophe, ou au rieur, ces deux vers du Fabuliste : Pour tuer une puce, il voulait obliger Ces dieux à lui prêter leur foudre et leur massue.

1637. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

J’avais eu le bonheur d’être élevé à l’Oratoire par un des amis de ce philosophe, et je l’ai beaucoup vu dans ma première jeunesse. […] Mais, sans faire injure à aucune mémoire, et dans l’éloignement où l’on est de leur tombe, on ne peut s’empêcher de pousser le rapprochement : Garat, avec plus de verve et bien moins de goût, louant Desaix et Kléber, comme Fontanes louait Washington ; Garat se flattant toujours d’élever le monument métaphysique dont on ne sait que la brillante préface, comme Fontanes se flattait de l’achèvement de la Grèce sauvée  ; mais, avec une imagination trop vive chez un philosophe, Garat n’était pas poëte, et l’avantage incomparable de Fontanes, pour la durée, consiste en ce point précis : il lui suffit de quelques pièces qu’on sait par cœur pour sauver son nom. […] Or, il n’aimait pas les femmes savantes, les femmes politiques, les femmes philosophes. […] messieurs les philosophes, vous avez affaire à forte partie !

1638. (1903) Le problème de l’avenir latin

La romanisation — et par la suite la dénaturation — des peuples voisins du centre de la civilisation antique est loin d’être un mythe ou une fantaisie de philosophe. […] Dans un opuscule, daté de l’exil, tout pénétré d’ardente tristesse et d’ironie supérieure, cet admirable et presque méconnu philosophe de l’histoire que fut Edgar Quinet a merveilleusement mis en relief cette pitoyable inclairvoyance de l’histoire courante, qui s’obstine à ne voir dans la romanisation initiale de la France qu’un motif d’orgueil et de supériorité. […] Rien ne peut mieux caractériser que cette boutade du profond philosophe de l’histoire l’éloignement de la réalité en lequel nous nous tenons, et qui nous induit si fréquemment en de formidables erreurs de jugement.‌ […] Culte de la Raison, culte de l’Etre suprême, inconsistantes, banales et vaines abstractions de philosophes, qu’étiez-vous en face d’une Eglise énorme, majestueuse, ayant les siècles pour piliers ? […] Il ne suffit pas d’une conception de sociologue ni d’une hypothèse de philosophe, érigées en culte, pour contenter les aspirations de la conscience des foules.

1639. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Pour expliquer son apparition, certains philosophes nous disent que l’homme de génie arrive infailliblement lorsque les circonstances l’exigent ; en d’autres termes, qu’il arrive parce qu’il était attendu. […] » Ce fou aimable, cet écervelé héroïque, fut le premier en date de ces philosophes pour lesquels fut créé le mot de free thinkers (penseurs en dehors de l’Église), mot dont le sens s’est singulièrement élargi, mais qui, à l’origine, avait exactement la même signification que le mot de libertin pour les philosophes chrétiens de la France de Louis XIV, ou celui d’esprit fort pour la foule des orthodoxes. […] Mais ce n’est pas notre dessin de discuter ni même d’exposer ces idées ; ce n’est pas le philosophe, c’est l’homme seul que nous voulons contempler. Seulement, nous avons été bien aise de montrer comment à l’occasion le philosophe le plus sérieux pouvait être en même temps le personnage le plus amusant. […] Ô philosophes !

1640. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Il est dommage que sa dernière manière de vivre soit allée si fort jusqu’à la manie : car on conçoit un philosophe, un sage un peu marqué d’humeur, ayant écrit ces libres Histoires et se taisant désormais, renonçant au bruit, à la gloire, pour la plus grande indépendance, et se cachant pour bien finir.

1641. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

On a vu dans Vauvenargues un militaire distingué et philosophe, sentant la gloire des armes et forcé à regret d’y renoncer.

1642. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

On aurait beau nous faire là-dessus de longs discours ; on aurait beau nous redire tout ce qu’en ont dit les philosophes ; on aurait beau y procéder par voie de raisonnement et de démonstration, nous prendrions tout cela pour des subtilités encore plus vaines que la vanité même dont il s’agirait de nous persuader.

1643. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

L’auteur, dans ce second chapitre, fait parler en un dialogue le médecin philosophe Bernier et Ninon de Lenclos : « J’avais besoin d’une femme d’esprit qui n’eût pas conservé cette retenue et cette dissimulation que les mœurs imposent à son sexe ; il me fallait une femme qui eût beaucoup pensé, beaucoup vu, et qui osât tout dire. » Et, en effet, il s’y dit froidement beaucoup de choses qui rappellent la conversation des dîners de Mlle Quinault.

1644. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Fiez-vous à lui, mes très chers frères ; il vous guidera mieux, quand il s’agira de sentiment, que les grands raisonnements des philosophes, que la trompeuse expérience du monde, et que les sophismes dangereux de votre raison. » Ce bon frère continua, et je m’en allai parce qu’il commençait à m’ennuyer, et que mon instinct ne peut supporter l’ennui ; cependant j’ai entrevu dans son discours quelques vérités applicables à la petite fille… Ainsi traitait-on cette vieille enfant malade et qui avait tant abusé et mésusé dans sa jeunesse de la faculté d’aimer, qu’elle n’en avait plus la force ni la foi dans ses derniers jours : c’était du moins quelque chose, et mieux que rien, d’en avoir gardé, à ce point, l’inquiétude et le tourment.

1645. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

— Ô grand philosophe (s’écrie à son tour Casaubon), je suis bien de ton avis, et je te prendrai plutôt pour conseil que ces miens amis, gens d’ailleurs de vertu et de prudence, qui m’engagent à changer de genre de vie et à embrasser si tard la profession d’enseigner le droit.

1646. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Le philosophe à besicles, qui ne s’en tient pas à la première vue, et qui se mire dans ses abstractions, n’est venu que bien tard.

1647. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

qu’il est donc possible d’être grand homme d’État et grand politique, sans devenir à aucun degré philosophe !

1648. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

D’autres, simples assistants et hommes de désir, se plaisaient à voir le catholicisme s’essayer à des interprétations compatibles peut-être avec les progrès de la science et avec ceux de l’humanité ; ils prenaient goût à de hauts entretiens qui rappelaient ceux des philosophes ou des chrétiens alexandrins.

1649. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Mais personne, je le répète, ne rendit en ce temps un plus réel et plus signalé service à la langue que ce grammairien médiocrement philosophe, excellemment pratique, sage, avisé, poli, scrupuleux, dont on plaisante quelquefois, mais qu’on estime dès qu’on y regarde d’un peu près.

1650. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Tracer ce caractère, raconter cette vie, ce serait remonter aux droits primitifs de l’homme, ce serait toucher à toutes les conditions sociales, ce serait appeler l’attention du philosophe et du législateur sur des questions qui n’ont pas encore été soulevées… Un tel caractère serait sans doute un modèle que je me suis plus d’une fois proposé. » Émile a résolu, depuis, le problème, un peu autrement sans doute que dans cette donnée première qui supposait alors une société monarchique, à demi aristocratique et parfaitement régulière.

1651. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

en sortant de l’ordre de création, de cette création aveugle et un peu fumeuse, en daignant entrer dans la sphère sereine et tempérée des idées morales, des pensées justes, lucides, des réflexions élevées ou fines qui sont proprement l’objet et, comme dirait Montaigne, le gibier des philosophes et des sages, ne raillons pas trop ce curieux et aimable Pope d’avoir écouté si soigneusement la voix de son démon à lui et de son génie, d’avoir prêté l’oreille aux inspirations purement abstraites et spirituelles qui s’élèvent dans la solitude du cabinet ou dans l’entretien à deux quand on se promène en quelque allée de Tibur ou de Tusculum ; et quand l’esprit, tout en restant calme, se sent excité par l’émulation ou la douce contradiction d’un ami, ne nous scandalisons pas si lui-même, venant avec une sorte d’ingénuité nous initier à sa préoccupation littéraire constante, il nous fait la confidence que voici : « Une fois que Swift et moi nous étions ensemble à la campagne pour quelque temps, il m’arriva un jour de lui dire que si l’on prenait note des pensées qui viennent à l’esprit, à l’improviste, quand on se promène dans les champs ou qu’on flâne dans son cabinet, il y en aurait peut-être quelques-unes qui vaudraient bien celles qui ont été le plus méditées.

1652. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

C’est le cynisme du philosophe que la femme pure s’est crue obligée de suivre à la trace, même quand elle le faisait avec dégoût.

1653. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Un homme qui n’est pas suspect quand il s’agit de juger les femmes célèbres, qui ne les aimait ni savantes, ni politiques, ni philosophes, et qui n’a jamais pu pardonner à Mme de Staël une certaine affectation de sentimentalité et une teinte de métaphysique, Fontanes, ennemi d’ailleurs de la Révolution et des révolutionnaires, écrivait dans un journal, le Mémorial, à l’occasion d’une Histoire du Siège de Lyon qui venait de paraître (1797) : « L’auteur dévoile très bien les intrigues assez basses du ministre Roland qui réunissait à quelques connaissances un orgueil sans bornes et un pédantisme insupportable ; mais il paraît injuste envers Mme Roland.

1654. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Tout considéré, et sauf quelques ombres, quelques grains plus marqués çà et là dans la physionomie, nous verrons le même Catinat, le vrai Catinat déjà connu, le plus vertueux des hommes de guerre de son temps, obéissant pourtant à sa consigne, et docile de point en point à Louis XIV, à Louvois ; puis, le guerrier une fois quitte de son service, nous aurons le philosophe et le sage, non pas absolument celui qu’on a arrangé au xviiie  siècle, et sur lequel on avait répandu une légère teinte de liberté de pensée, mais enfin un modèle de modestie, de raison, de piété morale, et un bon citoyen, celui qui disait ; « J’aime mon maître et j’aime ma patrie. ».

1655. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

En un mot, c’est à la fois, pour les chrétiens, un admirable exemple de la persistance d’une faculté sainte et d’un don qui semblait retiré au monde ; pour les philosophes, un objet d’étonnement sérieux et d’étude sur l’abîme sans cesse rouvert de l’esprit humain ; pour les érudits, la matière la plus riche et la plus complète d’un mystère, comme on les jouait au moyen âge ; pour les poëtes et artistes enfin, une suite de cartons retrouvés d’une Passion, selon quelque bon frère antérieur à Raphaël.

1656. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Si elle se montre un peu vaine et glorieuse quand le roi danse un soir avec elle, ou quand il lui adresse un compliment à Saint-Cyr après Esther, quelle autre de son sexe eût été plus philosophe en sa place ?

1657. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Mais le grand poète, d’après ce que je viens de dire, ne doit pas être doué seulement d’une mémoire vaste, d’une imagination riche, d’une sensibilité vive, d’un jugement sûr, d’une expression forte, d’un sens musical aussi harmonieux que cadencé ; il faut qu’il soit un suprême philosophe, car la sagesse est l’âme et la base de ses chants ; il faut qu’il soit législateur, car il doit comprendre les lois qui régissent les rapports des hommes entre eux, lois qui sont aux sociétés humaines et aux nations ce que le ciment est aux édifices ; il doit être guerrier, car il chante souvent les batailles rangées, les prises de villes, les invasions ou les défenses de territoires par les armées ; il doit avoir le cœur d’un héros, car il célèbre les grands exploits et les grands dévouements de l’héroïsme ; il doit être historien, car ses chants sont des récits ; il doit être éloquent, car il fait discuter et haranguer ses personnages ; il doit être voyageur, car il décrit la terre, la mer, les montagnes, les productions, les monuments, les mœurs des différents peuples ; il doit connaître la nature animée et inanimée, la géographie, l’astronomie, la navigation, l’agriculture, les arts, les métiers même les plus vulgaires de son temps, car il parcourt dans ses chants le ciel, la terre, l’océan, et il prend ses comparaisons, ses tableaux, ses images, dans la marche des astres, dans la manœuvre des vaisseaux, dans les formes et dans les habitudes des animaux les plus doux ou les plus féroces ; matelot avec les matelots, pasteur avec les pasteurs, laboureur avec les laboureurs, forgeron avec les forgerons, tisserand avec ceux qui filent les toisons des troupeaux ou qui tissent les toiles, mendiant même avec les mendiants aux portes des chaumières ou des palais.

1658. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

La morale des philosophes est une morale de cabinet qui ne les suit guère dehors ; tant qu’on raisonne doctoralement, inter libros ou inter pocula, c’est superbe, plein de simplicité, de grandeur et d’harmonie ; mais deux beaux yeux que l’amour fait arder ont bien vite raison de toutes les rigueurs théoriques de ces belles doctrines, lesquelles, en de certains, moments, sembleront toujours à quiconque ne les a pas inventées de simples jeux de savants.

1659. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Or la psychologie est tout uniment, pour les philosophes, l’étude expérimentale des facultés de l’esprit, et, pour le romancier, la description des sentiments que doit éprouver une créature humaine, étant donnés son caractère, son tempérament s’il y a lieu, et une situation particulière.

1660. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

En 1869, « on dînait encore à six heures et — remarque notre profond philosophe — rien n’en allait plus mal pour cela ».

1661. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

L’état de l’Ordre à ce moment suprême, ses divisions intestines, les dispositions des chevaliers, la plupart philosophes et mondains, qui n’étaient plus que de vieux garçons en exil sur un rocher, le manque absolu des grands mobiles qui portent les hommes à se sacrifier, tout est vu en passant avec le coup d’œil d’un moraliste, cette fois au service d’un conquérant.

1662. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Le philosophe absolu a beau vous dire : « En histoire, j’aime les grandes routes, je ne crois qu’aux grandes routes. » Le bon sens répond : « Ces grandes routes, c’est l’historien le plus souvent qui les fait.

1663. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Les philosophes l’ont tiré à eux comme s’il était l’un des leurs, et il a trouvé grâce devant ceux mêmes qui voulaient écraser ce qu’il adorait.

1664. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Tout à côté, Mme du Châtelet parlera de lui comme d’un enfant, avec sollicitude, avec tendresse : « Nous sommes quelquefois bien entêté, dit-elle en souriant, et ce démon d’une réputation que je trouve mal entendue ne nous quitte point. » Dans ces lettres à d’Argental, nous retrouvons la Mme du Châtelet passionnée et tendre, celle que Voltaire nous a si bien peinte en deux mots, « un peu philosophe et bergère ».

1665. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Enfin, quoi qu’il en soit de la manière dont cet ouvrage peut être écrit, ce sera toujours par son objet un livre précieux pour les philosophes : c’est, je le répète, une pièce de comparaison pour l’étude du cœur humain, et c’est la seule qui existe.

1666. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Il est comme saisi et transporté de l’ivresse de sa nouvelle condition paternelle ; son style cette fois s’allège et bondit : Puer nobis natus est, s’écrie-t-il, comme dans la messe de Noël, il me plaît de commencer cette lettre par un passage de l’Église, à l’imitation de nos anciens avocats en leurs plaidoiries d’importance… Je suis donc augmenté d’un enfant, et augmenté de la façon que souhaitait un ancien philosophe, c’est-à-dire d’un mâle et non d’une fille ; je dirois Parisien et non Barbare, n’étoit que ce nom sonne mal aux oreilles de tous… Et il raconte comment, par jeu et par un reste de superstition d’érudit, il a voulu chercher l’horoscope de ce fils, en ouvrant au hasard quelque livre de sa bibliothèque.

1667. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

« Évitez, mon cher fils, s’écrie d’Aguesseau, de tomber dans le même inconvénient (la négligence de l’histoire), et fuyez comme le chant des sirènes les discours séducteurs de ces philosophes abstraits, etc., etc… » On voit déjà, à ce ton, quel est le goût littéraire fleuri et cicéronien de d’Aguesseau.

1668. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Il semble que le philosophe Condorcet se soit chargé formellement d’y répondre lorsque, dans une dissertation insérée au Journal de la Société de 89, plaidant pour L’Admission des femmes au droit de cité, il alléguait à l’appui de leurs prétentions les grands exemples historiques de la reine Élisabeth d’Angleterre, de l’impératrice Marie-Thérèse, des deux impératrices Catherine de Russie ; et il ajoutait en parlant des femmes françaises : La princesse des Ursins ne valait-elle pas un peu mieux que Chamillart ?

1669. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

La seconde période, de 1669 à 1677, comprend le satirique encore, mais qui de plus en plus s’apaise, qui a des ménagements à garder d’ailleurs en s’établissant dans la gloire ; déjà sur un bon pied à la Cour ; qui devient plus sagement critique dans tous les sens, législateur du Parnasse en son Art poétique, et aussi plus philosophe dans sa vue agrandie de l’homme (Épître à Guilleragues), capable de délicieux loisir et des jouissances variées des champs (Épître à M. de Lamoignon), et dont l’imagination reposée et nullement refroidie sait combiner et inventer des tableaux désintéressés, d’une forme profonde dans leur badinage, et d’un ingénieux poussé à la perfection suprême, à l’art immortel.

1670. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

S’il y avait dans ce portrait quelque chose d’un peu moqueur et d’un peu léger pour de Brosses, celui-ci, sans y viser, l’aurait bien rendu à Diderot ; car, s’étant figuré d’abord, avant de le connaître, qu’il allait trouver en lui une furieuse tête métaphysique, il écrivait, après l’entrevue et au bout de quelques visites : C’est un gentil garçon, bien doux, bien aimable, grand philosophe, fort raisonneur, mais faiseur de digressions perpétuelles, Il m’en fit bien vingt-cinq hier, depuis neuf heures qu’il resta dans ma chambre jusqu’à une heure.

1671. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Ce sage monarque de la littérature, ce véritable empereur de la latinité à son époque, choisissant pour consoler Marguerite le moment où elle était sous le coup du désastre de Pavie, lui écrivait : Il y a longtemps que j’ai admiré et aimé en vous tant de dons éminents de Dieu, une prudence digne même d’un philosophe, la chasteté, la modération, la piété, une force d’âme invincible, et un merveilleux mépris de toutes les choses périssables.

1672. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Les philosophes intellectualistes, comme MM. 

1673. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Outênou philosophe avec un marabout.

1674. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Le dieu des Gourmantié : Outênou est, comme son confrère Ouinndé, dieu des Môssi, un potentat assez bénin qui philosophe, par le truchement de ses envoyés, avec les serviteurs plus ou moins sincères d’Allah, son concurrent envahissant.

1675. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Qu’ils y arrivent, et il sera temps alors pour nous de les combattre, de leur démontrer que ces règles contre lesquelles on se mutine, sont pourtant les seules bases sur lesquelles puisse être assis le système dramatique d’un peuple éclairé, et qu’elles sont elles-mêmes fondées sur les résultats de l’expérience, lentement convertis en axiomes ; qu’elles ne sont pas, comme on a l’air de le croire, des lois imposées à l’imagination par le caprice d’un vieux philosophe grec du temps d’Alexandre, et que l’auteur de la Poétique n’a pas plus inventé les unités, que l’auteur de la Logique n’a créé les syllogismes ; que ces lois, établies pour les intérêts de tous, font seules du théâtre un art, et de cet art une source d’illusions ravissantes pour le spectateur et de succès glorieux pour le poète ; qu’elles ont le double avantage d’élever un obstacle contre lequel le génie lutte avec effort pour en triompher avec honneur, et une barrière qui arrête l’invasion toujours menaçante de la médiocrité aventureuse ; qu’on peut quelquefois essayer de reculer les limites de l’art, et quelquefois même, comme a dit Boileau, tenter de les franchir, mais qu’il ne faut jamais les renverser ; et qu’enfin, il en peut être de la littérature comme de la politique, où quelques concessions habilement faites à la nécessité des temps, préservent l’édifice de sa ruine, et le rajeunissent, tandis qu’une révolution complète, renversant tout ce qu’elle rencontre, bouleversant tout ce qu’elle ne détruit pas, plaçant le crime au-dessus de la vertu, et la sottise au-dessus du génie, engloutit dans un même gouffre la gloire du passé, le bonheur, du présent, et les espérances de l’avenir.

1676. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Cependant Dubois avait agi, et il a donné de lui des pressentiments superbes à un philosophe du xviiie  siècle, à Lemontey, qui ne devait pas l’aimer, cet abbé pour rire, devenu sérieusement prêtre, « auquel dit Lemontey, il ne manqua que le temps pour livrer l’autorité civile à l’action des pouvoirs religieux ».

1677. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Cette Liberté-là valait mieux pour la poésie que la licence souvent impure dont le philosophe de Ferney égaya son vieil âge.

1678. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Louis Ménard pense, et tellement, que le philosophe et le savant ont failli dévorer en eux le poète. […] Qu’il se souvienne que la nature l’a fait poète et non philosophe ; qu’il n’ensevelisse pas son beau talent dans une traduction de Lucrèce ; surtout qu’il ne nous donne plus de poème abstrait et obscur dans le genre de ses Destins, de peur que le Destin n’accomplisse un de ses songes et ne le métamorphose en pensée. […] Au fond de presque toutes nos controverses philosophiques et religieuses se trouvent des mots dépourvus d’une signification définie… Il est presque impossible de nous exagérer cette influence, car nous ne devons pas penser que l’effet en ait été borné aux ouvrages des philosophes. […] Mais si Marc-Aurèle était supérieur à saint Louis par l’intelligence, l’idéal moral du chrétien était plus élevé que celui du philosophe. […] « Je soutiens, a dit Sterne dans un fort bon sermon, que rien n’a fait plus de mal aux vertus sociales que ces hideuses peintures de la société où tant de philosophes se sont complu ; omettant tout ce qu’il y a de généreux dans le cœur de l’homme, elles l’abaissent au-dessous de la brute, comme un composé de tout ce qui est égoïste et bas.

1679. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

quand vous arriverez au prince des philosophes du dix-neuvième siècle… — Qui donc ? […] Elle décida l’envoi de deux de ses membres aux funérailles du philosophe, en déclarant « qu’elle rendait cet hommage, non au philosophe partisan de l’école mystique dont nous portons la peine aujourd’hui, mais à l’homme politique qui, le lendemain des journées de Juin, a pris courageusement la défense des vaincus ». […] Le silence est la fleur chaste de l’amour. » Quelquefois Aurel le moraliste devient un Aurel presque philosophe. […] Le menteur par imagination est un philosophe. C’est le plus philosophe des hommes.

1680. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Rien n’arrête tant le progrès des choses, rien ne borne tant les esprits que l’admiration des anciens… C’est ainsi qu’Aristote n’a jamais fait un vrai philosophe, mais il en a étouffé beaucoup qui le fussent devenus, s’il eût été permis… Et si l’on allait s’entêter un jour de Descartes, et le mettre à la place d’Aristote, ce serait à peu près le même inconvénient. […] Bayle, que nos historiens de la littérature ignorent en général, est le premier des « philosophes » du xviiie  siècle ; et beaucoup d’idées que l’on s’imagine que Voltaire, par exemple, a rapportées d’Angleterre, c’est à Bayle, c’est aux Pensées sur la Comète qu’il les doit, c’est dans le Dictionnaire de Bayle qu’il les a puisées. […] A cet égard — et ce n’est pas ce qui fait sa moindre originalité, — si Bayle, comme philosophe, appartient déjà au xviiie  siècle, je dis que, comme critique, il est à peine du xviie . […] Souvenons-nous aussi que, s’ils ont bien pu lire l’Encyclopédie cependant ils n’ont pas connu la moitié de l’œuvré du philosophe ; et qu’en particulier ses Salons, qui contiennent peut-être la substance de sa critique, n’ont vu le jour que de notre temps. […] L’un et l’autre procèdent, comme je vous le disais, du citoyen de Genève, mais Mme de Staël, en sa qualité de compatriote et de protestante peut-être, attachée plus fermement aux doctrines du philosophe, est demeurée comme engagée de toute une partie d’elle-même dans les idées du xviiie  siècle, tandis que Chateaubriand, Breton et catholique, a cherché de bonne heure dans la religion le principe et le point d’appui de sa pensée.

1681. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Ils aspiraient tous, philosophes et peuple, à la monarchie et au repos. […] Il plante et jardine, sur un sol fertile, dans un pays dont l’air lui convient, parmi des plates-bandes régulières, au bord d’un canal bien droit et flanqué d’une terrasse bien correcte, et il se loue en bons termes, avec toute la discrétion convenable, du caractère qu’il possède et du parti qu’il a pris. « Je me suis souvent étonné, dit-il, qu’Épicure ait trouvé tant d’âpres et amers censeurs dans les âges qui l’ont suivi, lorsque la beauté de son esprit, l’excellence de son naturel, le bonheur de sa diction, l’agrément de son entretien, la tempérance de sa vie et la constance de sa mort l’ont fait tant aimer de ses amis, admirer de ses disciples et honorer par les Athéniens605. » Il a raison de défendre Épicure, car il a suivi ses préceptes, évitant les grands bouleversements d’esprit, et s’installant comme un des dieux de Lucrèce dans un des interstices des mondes. « Quand les philosophes ont vu les passions entrer et s’enraciner dans l’État, ils ont cru que c’était folie pour les honnêtes gens que de se mêler des affaires publiques606… Le vrai service du public est une entreprise d’un si grand labeur et d’un si grand souci, qu’un homme bon et sage, quoiqu’il puisse ne point la refuser s’il y est appelé par son prince ou par son pays, et s’il croit pouvoir y rendre des services plus qu’ordinaires, doit pourtant ne la rechercher que rarement ou jamais, et la laisser le plus communément à ces hommes, qui, sous le couvert du bien public, poursuivent leurs propres visées de richesse, de pouvoir et d’honneurs illégitimes607. » Voilà de quel air il s’annonce. […] On s’érige en philosophe, en critique, même en érudit ; et on l’est en effet, au moins pour les dames. […] L’écrivain est un philosophe qui nous fait toucher dans un exemple particulier une vérité universelle. […] Sitôt que vous voulez le peindre avec vérité, en philosophe, vous rencontrez le vice, l’injustice et partout l’indignation ; le divertissement périt sous la colère et la morale.

1682. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

« La cause réelle est la série des conditions, l’ensemble des antécédents sans lesquels l’effet ne serait pas arrivé… Il n’y a pas de fondement scientifique à la distinction que l’on fait entre la cause d’un phénomène et ses conditions… De même, la distinction qu’on établit entre le patient et l’agent est purement verbale… La cause est la somme des conditions positives et négatives prises ensemble, la totalité des circonstances et contingences de toute espèce, lesquelles, une fois données, sont invariablement suivies du conséquent. » Les philosophes se méprennent donc quand ils croient découvrir dans notre volonté un type différent de la cause, et quand ils déclarent que nous y voyons la force efficiente en acte et en exercice. […] Pendant toute l’antiquité et tout le moyen âge, les philosophes ont admis des tendances au repos ou au mouvement, diverse ? […] Bien entendu, je parle seulement des doctrines qui ont un rôle sur la scène du monde, et des philosophes qui ont construit leurs doctrines sans autre souci que celui de la vérité. — Des deux réponses principales, Kant a fait la première.

1683. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Elle confesse sa foi, et on lui lâche un philosophe païen, Apollonius, pour la réfuter. « Prêtre, lui dit Maximin, pourquoi restes-tu muet ? Tu vis du ciel, tu dois disputer709. » Encouragé, il dispute ; mais sainte Catherine argumente vigoureusement : « La raison combat contre votre chère religion, —  car plusieurs dieux feraient plusieurs infinis ; —  ceci était connu des premiers philosophes, —  qui sous différents noms n’en adoraient qu’un seul, —  quoique vos vains poëtes se soient ensuite trompés — en faisant un dieu de chaque attribut. » Apollonius se gratte un peu l’oreille, et finit par répondre qu’il y a de grandes vérités et de bonnes règles morales dans le paganisme. […] Rien de plus éloigné de Dryden que cet esprit original et mondain, philosophe et polisson786, le plus délicat et le plus nerveux des épicuriens, parent (à dix-huit cents ans de distance) d’Alfred de Musset et de Voltaire.

1684. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Ceux même qui sont philosophes avant d’être patriotes ne pourront être insensibles au cri de deux millions d’hommes, que nous avons été obligés de jeter à la mer pour sauver le reste des naufragés, mais qui étaient liés avec nous pour la vie et pour la mort. […] La réforme de l’armée fut un chef-d’œuvre d’étude et de réflexion ; l’université de Berlin fut le centre de la régénération de l’Allemagne ; une collaboration cordiale fut demandée aux savants, aux philosophes, qui ne mirent qu’une condition à leur concours, celle qu’ils mettent et doivent mettre toujours, leur liberté. […] Il y a cent ans, pour arriver, il lui suffit d’être compris et apprécié de l’abbé de Véry, prêtre philosophe, très écouté de madame de Maurepas.

1685. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Le naturaliste qui perd la faculté de l’attention devient un « philosophe de la nature » ou un inventeur de l’espace à quatre dimensions, comme l’infortuné Zœllner. […] Charles Morice, le théoricien et le philosophe des symbolistes, dénonce presque à chaque page de son livre : La Littérature de tout à l’heure, la science pour ses différents gros péchés. […] Charles Morice, le théoricien esthétique et le philosophe des symbolistes, a, au témoignage de ses amis, reçu son éducation chez les jésuites111. […] Des théoriciens et des philosophes du groupe, nous devons attendre des renseignements plus complets sur leurs moyens et buts. […] Gustave Kahn, un des théoriciens et philosophes du symbolisme, chante ainsi dans sa Nuit sur la Lande : De tes beaux yeux la paix descend comme un grand soir et des pans de tentes lentes descendent gemmées de pierreries tissés de rais lointains et de lunes inconnues, « Des pans de tentes lentes » qui « descendent » sont un charabia fou et entièrement incompréhensible, mais dont on peut expliquer l’origine.

1686. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Cette pauvre conception est d’autant plus pauvre chez Pope qu’elle ne lui appartient pas ; car il n’est philosophe que par rencontre et pour trouver des matières de poëme. […] C’est pourquoi on voit fourmiller en ce moment, parmi les poëtes, les philosophes attendris et les académiciens pleurards : Gray, le solitaire morose de Cambridge et le noble penseur Akenside, tous deux imitateurs savants de la haute poésie grecque ; Beattie, le métaphysicien moraliste, qui eut des nerfs de jeune femme et des manies de vieille fille ; l’aimable et affectueux Goldsmith, qui fit le Ministre de Wakefield, la plus charmante des pastorales protestantes ; le pauvre Collins, jeune enthousiaste qui se dégoûta de la vie, ne voulut plus lire que la Bible, devint fou, fut enfermé, et, dans ses intervalles de liberté, errait dans la cathédrale de Chichester, accompagnant la musique de ses sanglots et de ses gémissements ; Glover, Watts, Shenstone, Smart, et d’autres encore.

1687. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Lié avec tous les philosophes, ami de Mirabeau, pressentant de près une révolution dont les premières secousses feraient écrouler la religion dont il était le prélat, il étudiait la politique, qui allait appeler toutes les hautes intelligences à détruire et à réédifier les empires. […] Ce ministre, plus philosophe et plus libéral qu’on ne le peint généralement aux préjugés populaires de la France, négociait encore secrètement en Hollande avec Danton pour atermoyer la rupture à mort entre les deux peuples modernes qui représentaient la liberté européenne.

1688. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

III Ainsi, poète lyrique de premier ordre dans Moïse, poète dramatique de première sensibilité dans Chatterton, romancier de première conception dans Cinq-Mars, il ne manquait à M. de Vigny qu’un sujet fécond pour être philosophe de première vérité. […] — Beaucoup de philosophes embrassent sa cause et la plaident, comme des avocats généreux celle d’un client pauvre et délaissé ; leurs écrits et leurs paroles aiment à s’empreindre de ses couleurs et de ses formes, leurs livres aiment à s’orner de ses dorures gothiques, leur travail entier se plaît à faire serpenter, autour de la croix, le labyrinthe habile de leurs arguments ; mais il est rare que cette croix soit à leur côté dans la solitude. — Les hommes de guerre combattent et meurent sans presque se souvenir de Dieu.

1689. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Lui, le saint, il cite Sénèque le philosophe ; il cite Ovide, lui, le mortifié. […] Il a eu d’avance l’esprit si sociable et si humain, à travers toutes leurs faiblesses, des philosophes du dix-huitième siècle. (« Venez dans la solitude de mon cabinet… » etc.)

1690. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Il y a cent ans, ce peuple, excité par le Tiers et les philosophes, fit la Révolution Française, mais ne lisait guère. […] Je crois qu’on peut attendre beaucoup de bien du concours si généreusement ouvert par la Revue des Revues, et que les œuvres jugées les meilleures par son jury de romanciers et de philosophes seront précisément celles qui révéleront chez leurs auteurs quelques-unes des vertus que Michelet réclame de l’écrivain populaire digne de ce nom.

1691. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

La politique, rabaissée dans le voyage de Lilliput aux débats d’une fourmilière, disparaît devant la calme sagesse des habitants de Brobdingnag et de ce roi philosophe qui, prenant dans sa main et caressant doucement le panégyriste éloquent des institutions et des mœurs de l’Angleterre, lui dit, sans émotion, que d’après ses propres peintures, « la plupart de ses compatriotes sont la plus pernicieuse vermine à qui la nature ait jamais permis de ramper sur la surface de la terre ». […] En un mot, la raison nous défend seule contre des récits auxquels l’imagination se rend sans efforts, et, selon le langage des philosophes, c’est à priori que nous refusons d’y croire.

1692. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

… fût-on, encore, philosophe, on ne sera pas un wagnériste : Wagner ne devant pas être copié, — aucun maître ne devant être copié, — le wagnériste est celui qui comprend Wagner, non celui qui l’imite. […] Récemment parue à Hanovre une « notice biographique sur le développement intellectuel du philosophe Edmond de Hagen. » Au milieu est une biographie des œuvres de Hagen, parmi lesquelles les nombreux commentaires sur l’œuvre wagnérienne si remarquables et curieux.

1693. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Les chefs d’attelage s’asseyaient au bout le plus honorable, parce qu’il était le plus rapproché du grand fauteuil de bois où le cuisinier Joseph, pareil à un roi, présidait au festin, assis lui-même sous le vaste manteau de pierre de la cheminée ; puis les bouviers, puis les simples journaliers, puis les bergers, presque tous enfants en bas âge, à l’exception du berger en chef des moutons, vieillard respecté, pensif, jaseur et philosophe, qui s’asseyait en tête des bouviers par le droit de ses années et de sa profonde sagesse. […] Il peut être un géomètre et un janséniste, il n’est ni un philosophe ni un homme.

1694. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Il a même donné de bons musiciens et d’excellens poëtes, mais il n’a point produit de peintres qui tiennent parmi les peintres célebres le même rang que les philosophes, les sçavans, les poëtes et les autres anglois illustres tiennent parmi ceux des autres nations qui se sont distinguez dans la même profession qu’eux. […] C’étoit alors que vivoient ses plus grands poëtes, ses plus grands orateurs et ses plus grands philosophes.

1695. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Ce voleur de l’auteur d’Othello, qui lui avait pris son magnifique Jaloux pour le mettre en Turc et en faire Orosmane, afin qu’on ne le reconnût pas, ne permettait guère qu’on vantât de son temps celui qu’il avait osé nommer Gilles ; et de la bande de philosophes qui obéissaient à son grelot et tenaient l’opinion de la France esclave, Diderot seul, le débraillé de naturel et de déclamation, avait eu le front d’écrire cette phrase superbe et cynique : « Moi, je ne comparerai Shakespeare ni à l’Apollon du Belvédère, ni au Gladiateur, ni à l’Antinoüs, ni à l’Hercule de Glycon, mais au saint Christophe de Notre-Dame, colosse informe, grossièrement sculpté, mais dans les jambes duquel nous passerions tous sans que notre front touchât à ses parties honteuses. » Mais, comme on le voit, cette phrase ambitieuse et fausse, quoiqu’elle voulût être plus juste que tout ce qu’on disait alors, prouvait que Diderot lui-même ne connaissait pas tout Shakespeare dont le colossal disparaît précisément quand on l’a tout entier sous le regard, dans la perfection de son harmonie. […] Mais il ne s’agit pas de mes affreux goûts… Sur un mot très simple et très explicable, placé dans un des chœurs du Henri V, en l’honneur du comte d’Essex, François Hugo, qui a l’imagination fort alerte, nous enfile toute une histoire qui, je le crains pour lui, ne passera pas plus que le chameau à travers le trou de l’aiguille… Selon François Hugo, le comte d’Essex n’était pas seulement le miroir… de la vieille Reine Élisabeth ; il était par en dessous l’ennemi de l’intolérance religieuse de son gouvernement : c’était un philosophe anticipé et préludant ; et comme ce d’Essex était l’ami de Southampton, et Southampton l’ami de Shakespeare, et comme les amis de nos amis sont nos amis, Shakespeare se trouve donc être par ricochet un libéral et un opposant politique… Et j’ai vu l’heure, ma parole d’honneur !

1696. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Trop philosophe et trop libertin pour avoir le génie de la passion, cette source inépuisable du roman de grande nature humaine, le xviiie  siècle, le siècle de l’abstraction littéraire comme de l’abstraction philosophique, qui n’eut ni la couleur locale ni aucune autre couleur, — qui ne peignit jamais rien en littérature, car Rousseau, dans ses Promenades, n’est qu’un lavis, et Buffon, dans ses plus belles pages, qu’un dessin grandiose, — ce siècle, qui ne comprenait pas qu’on pût être Persan, dut trouver, le fin connaisseur qu’il était en mœurs étrangères ! […] Paul Féval a fait absolument le contraire de ce que font les philosophes, qui essaient d’aller de l’homme à Dieu et qui se cassent le cou dans ce terrible passage.

1697. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Pourtant le sens commun est d’accord avec les philosophes pour ériger en grandeur une intensité pure, tout comme une étendue. […] A cette tentative hardie Fechner était encouragé par ses adversaires eux-mêmes, par les philosophes qui parlent de grandeurs intensives tout en déclarant les états psychiques réfractaires à la mesure.

1698. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Le philosophe était allé le cueillir dans le milieu social, où tout se compénètre, où l’égoïsme et la vanité sont lestés de sociabilité : rien d’étonnant alors à ce qu’il retrouve en chacun d’eux la morale qu’il y a mise ou laissée. […] Mais ce n’étaient là que des sociétés embryonnaires, et le philosophe ne doit pas plus y chercher les tendances essentielles de la vie sociale que le naturaliste ne se renseignerait sur les habitudes d’une espèce en ne s’adressant qu’à l’embryon.

1699. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Sully n’est donc pas un philosophe ; bien qu’il paraisse, en maints cas, beaucoup plus politique que religieux, il est superstitieux comme on l’était volontiers en son temps.

1700. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Être utile aux hommes dans ce qui leur est le plus utile, voilà la loi que j’écoutai : une seule idée d’un philosophe, l’expression heureuse d’un sentiment avantageux a peut-être plus fait pour l’avancement de la raison et du bonheur des hommes que les travaux réunis de cent mille citoyens obscurs qui se sont vainement agités.

1701. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Les hommes trop raffinés ou soi-disant philosophes n’ont plus de ces joies ni de ces douleurs ; mais replongez-les dans les épreuves naturelles, ils les retrouveront.

1702. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle aurait volontiers emprunté de l’illustre philosophe son idée d’un rapprochement et d’une fusion, d’une réconciliation entre les principales communions chrétiennes ; elle traduisait cela un peu brusquement à sa manière lorsqu’elle disait : « Si l’on suivait mon avis, tous les souverains donneraient ordre que parmi tous les chrétiens, sans distinction de religion, on eût à s’abstenir d’expressions injurieuses, et que chacun croirait et pratiquerait selon sa volonté… » Au milieu de cette cour de Louis XIV, qui allait être si unanime sur la révocation de l’édit de Nantes, elle apportait et elle conserva d’inviolables idées de tolérance : « C’est ne se montrer nullement, chrétien, disait-elle, que de tourmenter les gens pour des motifs de religion, et je trouve cela affreux ; mais lorsqu’on examine la chose au fond, on trouve que la religion n’est là que comme un prétexte ; tout se fait par politique et par intérêt.

1703. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

J’y opposerai seulement une certaine page des mémoires de Marolles où il se représente, sans y être obligé, comme singulièrement attaché à la pudeur, et n’ayant jamais manqué en rien d’essentiel aux devoirs de sa condition, et aussi cette autre page où, déplorant en 1650 la mort d’une petite fille née en son logis et sœur des deux autres personnes dont parle Jean Rou, il la regrette en des termes si touchants, si expressifs et si publics, que véritablement il ne semble pas soupçonner qu’on puisse attribuer sa douleur à un sentiment plus personnel : « Cela fait bien voir, dit-il simplement, ce que peut quelquefois la tendresse de l’innocence sur le cœur d’un philosophe quand il ne s’est pas dépouillé de toute humanité. » — Cette remarque faite pour l’acquit de ma conscience, chacun en croira pourtant ce qu’il voudra.

1704. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Ce fut une grâce… » Elle disait encore, en parlant de cet entier abandon de son être au sein de Dieu : « Ces sentiments, chère amie, sont de très ancienne date : le premier germe en a été conçu dans un temps où l’air était encore embaumé, les objets à l’entour resplendissants de beauté et de fraîcheur, et où mon cœur, quoique troublé par des peines, sentait encore parfois son existence avec enivrement. » Pour le philosophe et l’observateur, qui ne donne dans le surnaturel qu’à son corps défendant, il n’y a pas tant à s’étonner de cette subtilisation, de cette sublimation (pour parler comme en chimie) de tous les sentiments.

1705. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

De naïfs et intéressants témoins nous en ont transmis les prodiges ; de respectables érudits en ont rassemblé les monuments ; des historiens vraiment philosophes doivent en accepter les grands faits, en même temps qu’en pénétrer les ressorts et en démêler le sens et l’esprit.

1706. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Mme de Condorcet, veuve illustre, jeune encore et fort belle, nature passionnée, devait-elle abjurer son nom, le nom à jamais respecté d’un martyr philosophe ?

1707. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

« J’aime le bruit, je ne m’en défends pas », disait un grand philosophe (ou professeur de philosophie) de ce temps-ci, qui est en tout le contraire de Montaigne.

1708. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

J’ai fait œuvre de charité, moi philosophe, d’essayer de lui indiquer son chemin ; mais je crains bien qu’il ne m’en sache pas très bon gré.

1709. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Petite philosophe, on a médit de toi ; J’en veux à la fourmi qui t’a cherché querelle… Quoi ?

1710. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

On a dit d’un philosophe moderne qui ne pouvait s’accommoder de la petite morale à laquelle il manquait, et qui cherchait à en inventer une toute nouvelle, tout emphatique, à l’usage du genre humain, « que chez lui le creux du système était précisément adéquat au creux du gousset. » Mais ce genre de considérations va trop au vif et passerait le ressort de la juridiction critique.

1711. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Il y vient lire son Dialogue de Sylla et d’Eucrate, où l’on voit d’une part le philosophe politique s’affranchir du moraliste psychologue que l’éducation du collège et des livres avait formé, et d’autre part s’affirmer la puissance de l’homme aux larges vues, créateur d’un ordre politique qui détermine l’histoire.

1712. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

L’humanité finirait ainsi à peu près comme elle a commencé : les derniers hommes seraient, comme les premiers, des hommes des bois, mais plus instruits et plus subtils que les membres de l’Institut d’aujourd’hui, et aussi beaucoup plus philosophes.

1713. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Or, il y a des sujets qui, littérairement, gagnent à être traités dans la forme du dialogue : les philosophes le savent comme les chroniqueurs (cf.

1714. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Or, il y a des sujets qui, littérairement, gagnent à être traités dans la forme du dialogue : les philosophes le savent comme les chroniqueurs (cf.

1715. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

La vie ne se vérifie pas ; elle se fait sentir, aimer, admirer.  » L’éminent philosophe me paraît s’être laissé entraîner ici à quelque exagération de pensée ou de langage, et la présente étude a eu précisément pour objet de montrer que le sentiment peut être efficacement aidé, guidé, contrôlé.

1716. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il n’est pas douteux que l’Allemagne est en grande partie responsable du jargon dont plus d’un parmi nos philosophes de ces trente dernières années s’est complaisamment enveloppé.

1717. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Ni femme légitime ni maîtresse, tel est l’axiome de ce philosophe de trente ans.

1718. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

À propos de ce mot qu’on vient de lire sur Tacite, je crois vrai de remarquer que l’éloquent historien que Racine appelait le plus grand peintre de l’Antiquité, l’historien philosophe, qui a été si en honneur durant, tout le xviiie  siècle, est moins en faveur depuis quelque temps.

1719. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

C’était, à cet égard, un philosophe, un sage qui a vu le dessous de toutes les cartes, un de ces esprits dont parle Gabriel Naudé, tout à fait déniaisés et guéris du sot , et qui savent bien la vérité.

1720. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

C’est comme si l’on avait dit, la veille du jour où parurent Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau, qu’elles allaient ruiner l’autorité du philosophe.

1721. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Il est loin de déconseiller la méthode de ralliement et d’absorption appliquée aux anciens Conventionnels et aux révolutionnaires, mais c’est à condition de les réduire à l’inaction et à la nullité d’influence : Qu’on puisse dire du Premier consul que, s’il engraisse les vieux philosophes et les vieux révolutionnaires, c’est pour les mettre hors de cause, à peu près comme les athlètes dans la Grèce étaient forcés de renoncer aux combats quand ils avaient trop d’embonpoint.

1722. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Il n’eut pas même à se consoler, et se sentit à l’instant soulagé comme un philosophe qui a trouvé le port et qui n’en sort plus.

1723. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Ce Dialogue est beau, mais un peu tendu ; ce n’est pas tout à fait ainsi que des héros et des hommes d’État causent dans leur chambre, même avec des philosophes.

1724. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker, enrichi par d’heureuses opérations et encore jeune, ayant épousé Mlle Curchod qui avait le culte de l’esprit, eut à Paris, dès 1765, une maison qui devint presque aussitôt le rendez-vous des philosophes et des littérateurs les plus célèbres.

1725. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

De là ce mot sur les savants et les philosophes : « Autant ils sembleront s’approcher de Dieu par l’intelligence, autant ils s’en éloigneront par leur orgueil. » Une fois remis de la tempête et assis sur son rivage, M. 

1726. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Lemercier était le plus philosophe des hommes et des auteurs dramatiques, les jours de première représentation.

1727. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Il n’a pas le sublime honneur d’être un Voyant de l’extase, et l’honneur aussi grand d’être traité avec mépris de visionnaire par les philosophes et les écrivains de son époque, qui trouvent en lui un homme de leur espèce, mais de leur espèce agrandie par la foi et armée par la vérité catholique, et qui, s’il eût vécu, aurait été — comme il l’est, en plusieurs endroits, dans ce livre où il y a tant de choses, — un redoutable combattant contre eux !

1728. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

C’est d’elle que le philosophe doit partir, c’est à elle qu’il devra constamment se reporter, s’il veut saisir le sens véritable des considérations de temps dans la théorie de la Relativité.

1729. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Enfin il y avait encore cette différence, au désavantage des Thébains, que, tandis que des sages, et des sages puissants, des philosophes législateurs s’étaient élevés dans toutes les parties de la Grèce, même de cette Grèce extérieure qui entamait les bords de l’Asie et se prolongeait en Sicile et jusqu’en Italie, Lycurgue à Sparte, Périandre à Corinthe, Solon dans Athènes, Thalès à Milet, Minos en Crète, Zaleucus et Charondas dans cette péninsule nommée la Grande Grèce, nul titre semblable n’avait illustré le territoire ou la ville de Thèbes.

1730. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Si notre Montaigne croyait la reconnaître dans la chanson du cannibale Iroquois célébrant une couleuvre, dont il voudrait dérober les vives couleurs pour en parer le collier de sa maîtresse, si ce chant barbare semble au philosophe français tout anacréontique, même passion, même fantaisie ne dut-elle pas cent fois se produire dans les épreuves de la vie du moyen âge ?

1731. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Dans ce cas, rendu à la vie ordinaire, il pourrait devenir un philosophe libre de répandre ses idées personnelles, peut-être quelque jour un député socialiste d’une nuance nouvelle. […] Je passe sur bien des points d’une conversation de haut intérêt et j’arrive au passage relatif aux opinions du grand philosophe sur nos écrivains modernes : « Après le repas, Tolstoï avise sur un guéridon un périodique français. […] Une chose pourtant qui devrait leur donner à réfléchir, c’est de voir que nos plus grands poètes, nos plus grands savants, nos plus grands philosophes, ceux qui ont véritablement étudié la nature, pénétré le plus profondément ses mystères, n’ont jamais douté de ce principe dont nos réformateurs font si bon marché. […] Signalons une physionomie intéressante, celle de madame Boy de La Tour, qui fit plus que bien d’autres pour le bonheur et le bien-être de Rousseau, et à qui la postérité n’a fait qu’une trop petite place dans la vie de ce grand philosophe qui ne le fut point. […] Suite à quelques paragraphes Du philosophe artiste et flâneur intelligent qu’est Eugène Vivier nous recevons, de Nice, un nouveau volume de pensées et d’observations, intitulé : Suite à quelques paragraphes.

1732. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Cette haute société royaliste  et spiritualiste depuis la Révolution  avait son grand écrivain, Chateaubriand, et son philosophe, Bonald. […] Et ce n’est pas non plus un prêtre philosophe. […] Car je ne saurais que répéter soit les pénétrantes objections, soit les pieux éloges de ce juge excellent, poète lui-même et philosophe. […] Cette force divine immanente au monde, c’est celle qu’adoraient les stoïciens (Mens agitat molem… Spiritus intus alit), et c’est aussi quelque chose d’analogue à la force que reconnaît, par un postulat nécessaire, la doctrine de l’évolution, à ce je ne sais quoi qui, dans les minéraux, veut s’agréger ou se cristalliser ; qui, dans le règne végétal ou animal, veut vivre et croître, s’adapte aux milieux pour en tirer le plus de vie possible, assouplit et achève les types, et les transmet perfectionnés… Nul poète, nul philosophe, nul historien n’a mieux senti que Lamartine, ni plus superbement exprimé la marche évolutive de l’histoire.

1733. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Elle correspond avec Voltaire, encourage l’ Encyclopédie , paie les dettes de Diderot, pensionne les philosophes…, et se recrute une garde du corps composée de guerriers dont le moins bien réussi jauge cinq pieds dix pouces : une maîtresse femme qui goûte singulièrement les grands hommes, — et plus encore les hommes grands. » M.  […] Un écrivain du siècle dernier, qui faisait, lui aussi, le métier de courir les salons, mais qui avait beaucoup d’esprit, Grimm disait à son ami Diderot, philosophe mal léché : « Vous mourrez dans votre chenil. […] L’Odéon vient de représenter Maître Favilla, qui a réussi ; — ce drame est l’œuvre d’une plume que j’ai appris à respecter ; — l’empressement de la foule consacre chaque soir avec éclat le succès de la première soirée ; — et dimanche dernier, à cette place où, effrayé de mon isolement, je m’apprête à protester contre un fait accompli, mon camarade Villemot, à l’imitation du philosophe grec qui ajouta trois cordes à l’ancienne lyre, attachait un boyau de plus à sa joyeuse guitare, afin de pincer sur un ton héroïque la ritournelle de l’enthousiasme, et de faire sa partie, en compagnie de la presse, dans le concerto joué par maître Favilla sur son stradivarius fantastique. — Tout le monde a pris le la, moi seul, brisant un diapason accepté, j’entends faire siffler la note dissonante de ma critique ! […] Ses procédés ont vieilli, la charpente de ses pièces est insuffisante, la vie se fige et l’action s’immobilise dans ses sereines et immortelles peintures : pour tout dire, le premier de nos écrivains, de nos moralistes et de nos philosophes, n’est que le dernier de nos carcassiers.

1734. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Il y a dans le ton dogmatique et absolu de ces deux écrivains, confondus, je ne sais pourquoi, avec les philosophes, une arrogance contagieuse qui proscrit toute discussion comme une impiété. […] Stapfer et sans le philosophe de Königsbergi, il eût peut-être confondu l’histoire et la chronique. […] Michelet connaissait directement, familièrement les principes du philosophe napolitain sur la succession et la génération des faits historiques. […] La faute, le repentir, le pardon, la charité, ne fourniraient qu’une déclamation vulgaire au poète qui se prendrait pour un philosophe. […] Le Philosophe sans le savoir, représenté il y a quatre-vingt-cinq ans, exprime en effet très fidèlement la doctrine suivie par l’auteur de Claudie.

1735. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

C’est un philosophe et un humoriste délicieux. […] Je me trompais : c’est tout de bon, paraît-il, que les philosophes des couloirs considéraient Jean Giraud comme un bonhomme « pas bien fort », c’est-à-dire, à peu près irréprochable. […] Et c’est pourquoi ce solennel crétin de Maréchal est demeuré si vivant, et aussi ce grand moqueur de marquis d’Auberive, qui tire de cette histoire une des morales qu’elle comporte, et pareillement ce philosophe bohème de Giboyer, qui en tire une autre. […] De même, l’insurrection des domestiques, — passablement invraisemblable en son lieu et dans les conditions où l’on nous la montre, et qui ne sert d’ailleurs à rien qu’à donner au philosophe Lanspessade une impression de « fin de société », — rappelait à certains, m’a-t-on dit, une anecdote fort connue. […] Et, sur cette nécessité, vous savez ce qu’ont dit des philosophes qui n’étaient pas tous des scélérats ni des fanatiques.

1736. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

En tête de sa traduction de la Divine Comédie, Lamennais mit une étude, copieuse et un peu chaotique, sur Dante, sa vie et ses doctrines, comme philosophe et comme citoyen. […] Montaigne cite les philosophes et les poètes, et il dit le pour et le contre des opinions, et il entasse les exemples et les anecdotes. […] Et il rappelle qu’un jour Diogène rencontra un philosophe, affligé depuis longtemps d’une cruelle hydropisie, qui se faisait porter en litière. Ce philosophe lui cria : — Le bon salut ! […] Et elle laissait s’épanouir son sourire, en voyant entrer le philosophe Cousin, et Mérimée le diabolique, et Rémusat, et Marmier, grand voyageur, et Salvandy le ministre.

1737. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

On dit volontiers que le génie, étant essentiellement personnel, ne saurait donner, à l’analyse, de formes générales, ou que tout au moins, le génie d’un peintre, par exemple, ne saurait avoir rien de commun, ou presque rien, avec le génie d’un poète ou d’un philosophe. […] On peut puiser à volonté dans la science ou dans l’art et nous reconnaîtrons de plus en plus cette vérité que l’invention du poète et de l’artiste ne diffère pas, au fond, de celle du philosophe ou du savant. […] Cette idée, d’ailleurs peu conforme aux théories darwiniennes, mais plus en harmonie, semble-t-il, avec le système de Spencer, est encore assez généralement acceptée, quoique certains philosophes, M.  […] Les philosophes ou les médecins qui ont traité la question du génie se sont singulièrement opposés. […] De plus une logique fort rigoureuse permet au savant ou au philosophe d’accueillir provisoirement certaines hypothèses sur lesquelles l’expérience seule peut prononcer, mais qui semblent folles parce qu’elles contrarient des opinions opposées facilement admises par tout le monde sans que personne y pense et qu’on ne peut logiquement affirmer, à l’avance, être plus vraies que les autres.

1738. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

LXXII La Rochefoucauld a contre lui tous les philosophes grandioses : il a osé mettre le doigt sur le grand ressort du joujou humain, et on ne le lui pardonne pas. […] Le mot de sensualiste appelle naturellement l’idée d’un matérialisme pratique qui sacrifie aux jouissances des sens ; et si cela avait pu être vrai de quelques philosophes du xviiie  siècle, de La Mettrie ou d’Helvétius par exemple, rien ne s’appliquait moins à Condillac et à tous les honorables disciples sortis de son école, les idéologues d’Auteuil et leurs adhérents, les Thurot, les Daunou, la sobriété même. […] CXIX Napoléon, dans sa dernière maladie à Sainte-Hélène, rêvait, comme dans un délire martial, de rencontrer là haut, dans un Olympe pareil au ciel d’Ossian ou aux Champs Élysées de Virgile, tous ses anciens compagnons d’armes et ses lieutenants, Kléber, Desaix, Lannes, etc., de causer guerre avec Condé, Turenne, Annibal, ses égaux dans le passé : — « À moins, disait-il en souriant, qu’on ne s’effraie aussi là haut de voir tant de militaires rassemblés. » — Murger, malade et à la veille de sa mort dans la maison de santé, rêvait de faire là-haut, avec de gentils et malins esprits, un Figaro comme il n’y en avait jamais eu : — « AÀ moins, ajoutait-il en souriant mélancoliquement, que le bon Dieu ne le fasse saisir. » C’est le même sentiment : pour un philosophe, tous les hommes sont des hommes.

1739. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Deux barrières tout anglaises ont contenu et dirigé celui-ci : le sentiment du réel, qui est l’esprit positif, et le sentiment du sublime, qui fait l’esprit religieux ; l’un l’a appliqué aux choses réelles, l’autre lui a fourni l’interprétation des choses réelles ; au lieu d’être malade et visionnaire, il s’est trouvé philosophe et historien. […] Lès poëtes se sont faits érudits, philosophes ; ils ont construit leurs drames, leurs épopées et leurs odes d’après des théories préalables, et pour manifester des idées générales. […] Il a beau essayer de comprendre Voltaire, il n’arrive qu’à le diffamer1449. « Il n’y a pas une seule grande pensée dans ses trente-six in-quartos… Son regard s’arrête à la superficie de la nature ; le grand Tout, avec sa beauté et sa mystérieuse grandeur infinie, ne lui a jamais été révélé ; même un seul instant ; il a regardé et noté seulement tel atome, et puis tel autre, leurs différences et leurs oppositions1450… Sa théorie du monde, sa peinture de l’homme et de la vie de l’homme, est mesquine, pitoyable même, pour un poëte et un philosophe.

1740. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Mais, à la différence de la Grèce, qui renvoyait les fils de Rome dans leur pays, policés par ses philosophes et ses poètes, et conquis au goût des lettres et des arts, l’Italie du seizième siècle renvoyait en Espagne ses élèves espagnols, gâtés par le bel esprit, qu’elle tenait plus en honneur que le génie. […] Outre qu’il juge les questions brièvement, sans entrer dans des motifs qui provoqueraient la contradiction, et qu’il rend ses décisions en poète, non en philosophe, par de vives images tirées de l’art dont il trace les règles. […] Ainsi donc, philosophe à la raison soumis… (Épît.

1741. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Victor de Tracy, fils de l’illustre philosophe, et lui-même si distingué par un ensemble de qualités et de vertus qu’il a portées dans la carrière publique et qu’il aime à pratiquer dans la vie privée.

1742. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Plus d’un laboureur dut se dire comme le vieillard de la comédie grecque, chez cet antique Philémon dont on n’a que des fragments : Les philosophes cherchent, à ce qu’on m’a dit, et ils perdent à cela beaucoup de temps, quel est le souverain bien, et pas un n’a encore trouvé ce que c’est.

1743. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Abel Jeandet sur le savant et trop savant Pontus de Tyard52, poète, philosophe, mathématicien, astronome, qui savait tout, de qui l’on avait pu dire, en parodiant le mot d’Ovide : Omnia Pontus erat, et qui, devenu dans sa vieillesse évêque de Châlon, s’honora par son courage en face de la Ligue.

1744. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Léonidas le nie spirituellement et s’inscrit en faux dans ce petit dialogue : « Un jour l’Eurotas dit à Cypris : « Ou prends des armes, ou sors de Sparte : la ville a la fureur des armes. » Et elle, souriant mollement : « Et je serai toujours sans armes, dit-elle, et j’habiterai Lacédémone. » Et Cypris est restée sans armes, et après cela il y a encore d’effrontés témoins qui viendront nous conter que chez eux la déesse est armée. » Comme variété de ton, je noterai une piquante épigramme dans un sens ironique et de parodie : il s’agit d’un philosophe rébarbatif, d’un laid cynique, Posocharès, qui s’est laissé prendre aux filets d’un jeune objet charmant ; et celui-ci, comme on fait d’un trophée après une victoire, se complaît à suspendre dans le temple de Vénus toute la défroque du cynique, son bâton, ses sandales, « et cette burette crasseuse, et ce reste d’une besace aux mille trous, toute pleine de l’antique sagesse. » Ceux qui savent leur Moyen-Age peuvent rapprocher cette épigramme du fabliau connu sous le titre du Lai d’Aristote.

1745. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Elle n’admet point, malgré les motifs d’espérance qu’essaye de lui donner la princesse, que l’affaire entre son père et Rodrigue puisse s’accommoder ; elle aussi a la religion du point d’honneur : « Les accommodements ne font rien en ce point : Les affronts à l’honneur ne se réparent point… » Chimène est comme les vraies femmes : elle aime les hommes qui se battent fort, qui se tuent, qui sont plus généreux que sages, plus héros que philosophes.

1746. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Et vantez-vous après cela, tribuns, orateurs, philosophes, puissants lutteurs, vaillantes héroïnes, d’avoir remporté des victoires !

1747. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

 Toutes les considérations, disait-il encore, que l’on peut me représenter là-dessus me sont connues ; mais, en vérité, elles regardent plutôt les successeurs que les vivants. » Il resta donc ce qu’il était, célibataire et philosophe, « génie libre et sans façon ».

1748. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Jeune, il avait entrevu Mme de Staël ; il avait vu, dans son séjour à Francfort, nos voyageurs philosophes qui allaient à la recherche d’idées à travers l’Allemagne12 ; il lisait tous les livres imprimés ici, et, dans les tout derniers temps de sa vie, il en lut un de M. 

1749. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

» On n’est pas philosophe à ce point, dans un art où l’on excelle, sans avoir de l’esprit de reste pour de tout autres parties, lorsqu’on voudra s’en mêler.

1750. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

On laissa les œuvres des poètes et des chroniqueurs du Moyen Age pourrir dans les manuscrits des bibliothèques délaissées ; mais on mit en lumière tous les philosophes, tous les poètes, tous les historiens de l’Antiquité, et on les imita avec une servilité qui n’avait rien de glorieux.

1751. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Pour ne parler ici que des premiers, de ceux qui ont écrit, des théologiens, théosophes, philosophes et poëtes (Dante était tout cela), on vit par malheur, dans les siècles qui suivirent, un démembrement successif, un isolement des facultés et fonctions que le grand homme avait réunies en lui : et ce démembrement ne fut autre que celui du catholicisme même.

1752. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

La plus douce occupation du guerrier philosophe, au milieu de cette inaction prolongée qui le dévorait, était de s’entretenir avec le jeune Victor, de le prendre sur ses genoux, de lui lire Polybe en français, s’appesantissant à plaisir sur les ruses et les machines de guerre, de lui faire expliquer Tacite en latin ; car l’intelligence robuste de l’enfant mordait déjà à cette forte nourriture.

1753. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Pascal, Montaigne, parlant des philosophes qui écrivent contre la gloire, les montrent en contradiction avec eux-mêmes et la désirant.

1754. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Il n’est point littérateur, il n’est point écrivain, il n’est point philosophe, bien qu’il ait beaucoup de, ce qu’il faut pour être tout cela ensemble ; mais il est poëte ; il dit ce qu’il éprouve, et l’inspire en le disant.

1755. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Dom Rivet, le digne janséniste, très-peu philosophe, extrêmement attaché, nous dit-on, aux convulsions en faveur desquelles il alla jusqu’à écrire, ne se doutait pas, en vérité, que cette histoire, qui débutait à Pythéas, venait finir à M. de Voltaire.

1756. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Gabriel Naudé nous dit là son goût de penseur hardi et sceptique, il nous trahit son gibier favori et ce qu’il aime, sans préjudice des autres pièces : philosophe vorace, il lit tout, il y attrape des milliasses de pensées, et les enveloppe à son tour dans quelqu’un de ces écrits indigestes et copieux, vrai farrago, mais qui font encore aujourd’hui les délices de qui sait en tirer le suc et l’esprit.

1757. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Aussi le philosophe, on le conçoit, n’attache pas une très-grande importance, une importance absolue, à la forme extérieure de l’histoire qu’il voit éclore en son temps et prendre sous ses yeux : ce n’est pour lui qu’une écorce et qu’une croûte qui pouvait lever de bien des façons.

1758. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Par combien de degrés l’affaire historique a marché, et qu’il y a loin de là au rapporteur philosophe qui considère et qui décompose, qui embrasse du même œil aguerri les superficies diverses, qui communique à chaque observation, même naissante, quelque chose d’antérieur et d’enchaîné !

1759. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

« Leurs philosophes même n’étaient que de beaux écrivains dont le goût était plus austère. » Paul-Louis Courier les jugeait ainsi.

1760. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

La Providence allait renverser, dans la tombe prématurée du prince, les idées, les plans, les rêves, l’ambition, l’espoir et la vie du philosophe.

1761. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Feuillet n’est pas toujours d’une qualité très rare : il n’est ni d’un grand philosophe ni d’un grand poète.

1762. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

La définition la plus générale du goût, sans considérer s’il est bon ou mauvais, juste ou non, est ce qui nous attache à une chose par le sentiment ; ce qui n’empêche pas qu’il ne puisse s’appliquer aux choses intellectuelles, dont la connoissance fait tant de plaisir à l’ame, qu’elle étoit la seule félicité que de certains philosophes pussent comprendre.

1763. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

C’est là un sentiment tiré du fond même de la « caverne », comme un philosophe a appelé l’âme humaine.

1764. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Quand il philosophe et quand il spécule, quand il se détourne de l’étude des mœurs vers la métaphysique abstraite ou sociale, M. 

1765. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

La grandeur de vos traits et de votre visage fait que vous avez quelque chose de ces médailles qui représentent les hommes illustres (vous vous doutez bien que j’entends plutôt parler de ces grands philosophes que des conquérants).

1766. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle y vécut à demi retirée du monde, voyant ses amis et le duc de Villeroi jusqu’à la fin ; ayant souvent auprès d’elle son fils le comte de Caylus, original et philosophe, donnant à souper à des gens du monde et à des savants, et mêlant ensemble la dévotion, les bienséances, la liberté d’esprit et les grâces de la société, dans cette parfaite et un peu confuse mesure qui était celle du siècle précédent.

1767. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

voyons, dit Condorcet avec son air et son rire sournois et niais, un philosophe n’est pas fâché de rencontrer un prophète. » — « Vous, monsieur de Condorcet, vous expirerez étendu sur le pavé d’un cachot ; vous mourrez du poison que vous aurez pris pour vous dérober au bourreau, du poison que le bonheur de ce temps-là vous forcera de porter toujours sur vous. » On s’étonne un peu du genre de plaisanterie dite d’un ton si sérieux, puis on se rassure, sachant que le bonhomme Cazotte est sujet à rêver.

1768. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Il en donne des preuves touchantes en toute occasion, et notamment dans ses lettres, soit que, correspondant avec Jean-Baptiste Rousseau, il se montre continuellement en peine sur l’état de l’âme de ce poète, et sur la sincérité de son repentir au sujet de certains vers, que lui, Rollin, confesse n’avoir jamais lus ; soit qu’écrivant à Frédéric, au moment de son avènement au trône, il lui adresse des conseils de religion, et y mêle une prière à Dieu : « Qu’il lui plaise, dit-il à ce roi philosophe, de vous rendre un roi selon son cœur ! 

1769. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Les lettres que nous annonçons au public sont déjà recommandables, comme on le voit, par le nom des personnages qui les ont écrites, et dont nous possédons les originaux ; mais quand on apprendra qu’elles renferment tout ce qu’il y a de plus instructif à la fois, de plus original et de plus piquant ; quand on saura que la science, la politique, la littérature, y ont leur compte avec de nouveaux aperçus, quand on y verra le vieux philosophe Adanson, l’homme le plus scientifique et le plus profond qui fût jamais, s’enivrer des regards d’une Dervieux, et tourner le fuseau presque à ses pieds ; Noverre, déployer toutes les ressources de l’imagination la plus riche ; Mme Beaumarchais, effacer presque les Ninon et les Sévigné ; et cette brillante Sophie Arnould, parer tour à tour son style de tout ce que l’esprit a de folle gaieté, de tout ce que le cœur a de sentiments les plus exquis, révéler avec cet abandon séduisant toutes les petites indiscrétions du boudoir et nous initier aux mystères de l’alcôve, c’est alors surtout que nos lecteurs nous sauront gré de notre entreprise. 2 vol. in-8, 12 francs.

1770. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Il y a longtemps que les philosophes grecs ont placé le beau dans l’harmonie, ou du moins ont considéré l’harmonie comme un des caractères les plus essentiels de la beauté ; cette harmonie, trop abstraitement et trop mathématiquement conçue par les anciens, se réduit, pour la psychologie moderne, à une solidarité organique, à une conspiration de cellules vivantes, à une sorte de conscience sociale et collective au sein même de l’individu.

1771. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Que l’on réfléchisse que Heine n’était pas un philosophe chez qui domine la faculté raisonnante, mais un artiste nerveux, irritable et fantasque, qui avait passé sa vie à ciseler des souffrances à demi imaginaires dans de jolies chansons moitié mélancoliques, moitié railleuses, qu’à ce constant exercice de sa sensibilité, celle-ci s’était hypertrophiée et affinée, que sa volonté était plus vaniteuse que forte ; — Henri Heine, comme beaucoup d’autres, se mit à refaire en sens inverse l’évolution religieuse de sa vie.

1772. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use ses esprits à en démêler les vices et le ridicule ; s’il donne quelque tour à ses pensées, c’est moins par une vanité d’auteur, que pour mettre une vérité qu’il a trouvée dans tout le jour nécessaire pour faire l’impression qui doit servir à son dessein.

1773. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Par Nietzsche, nous revenions au grand lyrisme du Prométhée, de l’Ecclésiaste, d’Hésiode, aussi quelque peu à la déclamation et aux subtilités des philosophes Alexandrins.

1774. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

C’est un grand don de la Providence, selon la remarque judicieuse d’un philosophe, de pouvoir communiquer ses pensées, par la parole, & d’être en état d’exprimer ces paroles par certaines figures fixes.

1775. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Et sans doute, — encore que l’exiguïté des cités grecques ait laissé plus d’une empreinte sur la morale même de leurs philosophes, — l’effort d’une pensée personnelle, devançant les temps, est capable de franchir les bornes des milieux sociaux les plus étroits ; mais pour que l’idée conçue, de personnelle, devienne collective et descende dans les masses, n’importe-t-il pas que les transformations de ces mêmes milieux lui préparent les voies ?

1776. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Ce procédé, qui peut-être n’a été celui d’aucun peuple, pourrait tout au plus convenir à une nation de philosophes ; et dans notre grossièreté naïve, nous étions bien loin de mériter ce nom ; mais différents hasards suppléèrent à ce qui nous manquait du côté de la réflexion et du système.

1777. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Étudiant à la fois les langues savantes et les philosophes français, Homère et Raynal, bientôt il se sentit poëte.

1778. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Le philosophe Ernest Renan a écrit sur le romancier de Colomba cette phrase : « Mérimée eût été un homme de premier ordre s’il n’eût pas eu d’amis ; ses amis se l’approprièrent ». […] À force d’observer cette progression en raison directe des grades, il devient très philosophe. […] En cet état de contemplation sereine et amusée, le philosophe sait que la fantasmagorie de l’univers n’est pas plus stable que l’apparition d’une étincelle de lumière à la crête d’une vague. […] 48 Hélène est bien obligée d’adopter ce « costume tailleur », lequel s’applique, selon la remarque si juste d’un couturier philosophe, à exagérer toutes les parties que la nature a faites plus saillantes dans le corps féminin49. […] Comme honnête homme je la redoute, comme philosophe je la désire : nous marchons à l’inverse de l’esprit de Dieu.

1779. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Si méthodique que fût mon cours, ceux qui voulaient bien venir l’écouter, ne pouvaient deviner ni pressentir la veille de quoi je leur parlerais le lendemain, si c’était du Philosophe marié ou d’Annette et Lubin ou des Trois Sultanes. […] En louant chez lui l’invention, nous parlons une langue qu’il refusera probablement de comprendre, puisqu’il prétend que les poètes seuls ou les philosophes de profession inventent, et qu’il revient quelque part dans son livre à la vieille et injuste maxime : « La critique est aisée ». […] Combien ne trouverait-on point de philosophes, parmi ceux qui ont recueilli l’héritage de Spinozan, dont les écrits respirent je ne sais quelle superstition de tendresse pour l’espèce humaine, condamnée par la nature à la douleur et au crime ! […] Qu’on le prenne comme historien, comme politique, comme philosophe ou comme utopiste, son rôle est double et porte l’empreinte des deux époques hostiles, entre lesquelles la fortune a enfermé sa carrière. […] Le philosophe et le théoricien politique ne diffèrent point de ce qu’a été l’historien.

1780. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Il devient philosophe et artiste, et ne se souvient plus qu’il est honnête homme. […] Il est devenu philosophe humanitaire.

1781. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

On dit souvent : il n’y a pas de beauté absolue ; les philosophes disent ; pas de beau en soi. […] Hugo n’eut rien d’un penseur, et c’est précisément ce que nous lui reprocherons, si nous considérons la littérature comme l’expression tout autant d’une intelligence que d’une sensibilité, si tout poète, pour être grand, nous semble devoir se doubler d’un philosophe.

1782. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Il exalte le premier écrit de Mme de Staël consacré à la gloire de Rousseau : « Depuis ce temps, les essais de Mme de Staël « ne paraissent pas avoir réuni le même nombre de suffrages. » Il se prend d’abord au système de perfectibilité ; il montre Mme de Staël s’exaltant pour la perfection successive et continue de l’esprit humain au milieu des plaintes qu’elle fait sur les peines du cœur et sur la corruption des temps, assez semblable en cela aux philosophes dont parle Voltaire, Qui criaient Tout est bien, d’une voix lamentable. […] Rien n’empêche aujourd’hui d’inventer de nouveaux mots, lorsqu’ils sont devenus absolument nécessaires ; mais nous ne devons plus inventer de nouvelles figures, sous peine de dénaturer notre langue ou de blesser son génie. » Il y eut à cette étrange assertion une réponse directe de la Décade, qui me paraît être de Ginguené : le critique philosophe se trouve induit à être tout à fait novateur en littérature, pour réfuter le critique des Débats, dont l’esprit ne veut pas se perfectionner : « S’il y avait eu des journalistes du temps de Corneille, qu’ils eussent tenu un pareil langage, et que Corneille et ses successeurs eussent été assez sots pour les croire, notre littérature ne se serait pas élevée au-dessus de Malherbe, de Regnier, de Voiture et de Brébeuf. […] En retour des bons procédés de la Décade et de l’aide qu’elle avait trouvée chez les écrivains, littérateurs ou philosophes de cette école, Mme de Staël a toujours bien parlé d’eux en ses écrits.

1783. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Allez jusqu’au plus illustre, au savant Clarke, mathématicien, philosophe, érudit, théologien : il s’occupe à refaire l’arianisme. […] Ils verraient une disposition vicieuse dans la large indifférence du critique et du philosophe. […] Nous avons toujours souhaité dériver du passé tout ce que nous possédons, comme un héritage légué par nos ancêtres876. » Nos titres ne flottent pas en l’air dans l’imagination des philosophes ; ils sont consignés dans la Grande Charte. « Nous réclamons nos franchises, non comme les droits des hommes, mais comme les droits des hommes de l’Angleterre. » Nous méprisons ce verbiage abstrait, qui vide l’homme de toute équité et de tout respect pour le gonfler de présomption et de théories. « Nous n’avons pas été préparés et troussés, comme des oiseaux empaillés dans un muséum, pour être remplis de loques, de paille et de misérables chiffons de papier sali à propos des droits de l’homme877. » Notre constitution n’est pas un contrat fictif de la fabrique de votre Rousseau, bon pour être violé tous les trois mois, mais un contrat réel par lequel roi, nobles, peuple, Église, chacun tient les autres et se sent tenu.

1784. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Leconte de Lisle, historien et philosophe, un hommage affectueux, cordial et sincère à ce Théodore de Banville qui compte pourtant dans le rhythme de la vie absolue des fiers et désintéressés livrer de vers de cette époque décisive, après Coppée, exquis, et Sully-Prudhomme, noble témoin, salués, Jules Tellier aborde enfin les Modernes. […] C’est un philosophe. […] Mais au philosophe, à l’artiste comme à l’industriel, il n’est que juste de dire qu’elles offrent un champ nouveau d’observation, et de précieuses occasions, en même temps que d’agrandir leurs connaissances, — et qui n’en a besoin, même ou plutôt surtout, parmi ceux qui ont le plus d’acquis et sont le mieux doués ?

1785. (1886) Le naturalisme

Cependant, la figure principale qui domine ces figures secondaires, parmi lesquelles il en est tant de féminines, est une autre femme d’une culture prodigieuse et d’une intelligence élevée, philosophe, historien, talent viril, s’il en fut, — la baronne de Staël. […] Ses connaissances variées et choisies, sa lecture assidue des théologiens, des mystiques et des philosophes se révélait dans la Tentation. […] Il ne se pose pas en philosophe, il ne se pique pas d’être à l’excès styliste ou puriste. […] Cela apparaît nettement chez la piétiste Yonge, et chez l’auteur d’Adam Bede, Eliot, qui est libre-penseur et philosophe.

1786. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

— Les inventions, — c’est-à-dire les trouvailles, — des philosophes l’avaient troublé à ce point qu’il n’était plus capable de s’établir une raison de vie. […] Mais contrefaire son écriture, cela est au-dessous de moi… Et puis, si tu n’as pas confiance dans ma parole, tu peux consulter ton collègue Georges : c’est lui qui m’apporta ce papier. — Il m’apprit même que Démiourge s’ennuyait fort, qu’ayant trop lu les philosophes contemporains, il n’était plus très sûr de son existence, et qu’il me convoquait pour que je le renseigne un peu à ce sujet… Est-ce vrai ? […] Tous ceux qui en tentèrent l’explication, savants, philosophes ou prophètes, ont échoué… La sagesse consiste à s’efforcer de concevoir une part— la plus grande possible — du comment : et cela suffit à remplir une existence. […] Pour « le grand monde », je suis un toqué ; pour les philosophes, je suis un snob ; pour les révolutionnaires, je suis un farceur. — Mais la foi dans l’idéal que je sers me soutient ; grâce à elle, j’exerce ma volonté.

1787. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Dans le nuage bleuâtre fait par les pipes, sur les banquettes, ou placés face à face sur les petites tables de la consommation, sont assis des gardes nationaux, des mobiles, des philosophes de banlieue, roux depuis le dessus de leurs chapeaux jusqu’à l’empeigne de leurs souliers, des ouvriers en veste bleu et en képi. […] Aujourd’hui, parmi les spectateurs, ce sont Jules Ferry, Rochefort qui parle et rit fébrilement, Pelletan, dont la tête de philosophe antique s’accommode mal du képi. […] Je pénètre dans la cour, toute encombrée de choses hétéroclites, parmi lesquelles je distingue une baignoire d’enfant, et un immense chapeau de paille : un chapeau de philosophe champêtre, un chapeau d’inventeur. […] Là-dessus, quelqu’un compare Jules Simon à Cousin, et c’est l’occasion pour Renan de faire l’éloge du ministre — très bien, — du philosophe — je m’abstiens pour cause, — mais encore du littérateur et de le proclamer le premier écrivain du siècle. — Nom de Dieu !

1788. (1925) Proses datées

  De tous les amis des samedis, les plus anciens étaient le philosophe Louis Ménard et le sculpteur Jules Christophe. […] Historien et philosophe, très lié avec Michelet et Quinet, il n’eut ni le violent génie du premier, ni même le talent fumeux du second. […] Non, tout demeure silencieux, et je suis sûr que, cette nuit, le fantôme du philosophe ne nous apparaîtra pas. […] Cette savante mathématicienne devait se soucier assez peu des beautés pittoresques, et cependant, lorsqu’elle s’avisa d’être infidèle à son philosophe, ce fut en faveur d’un bel officier-poète, de ce Saint-Lambert qui est l’auteur d’un poème sur les saisons. […] Tel nous apparaît, en un négligé matinal de philosophe et d’artiste, La Pouplinière, sur son portrait par Carie Van Loo.

1789. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Quelques philosophes désabusés y trouvent l’emploi de leurs facultés et la sécurité de leur vieillesse. […] Pour ces bons peintres néo-bouddhistes, comme pour ces grands philosophes, il n’est rien dans l’univers qui ne soit l’instrument de notre sujétion. […] Il a uni sa froideur satirique à la fantaisie de Georges Auriol, à la malice de Willy, à l’hilarité philosophe de Courteline. […] Il disait, s’adressant à Guillaume le philosophe : On sait, mon cher Guillaume, qu’une glace dont votre spirituel crayon s’est chargé de conter les mémoires, n’aura pas été accrochée à tort et à travers, ni, par exemple, dans ces endroits néfastes que l’on caractérise en disant que « ça manque de femme ». […] Simplifier la vie, supprimer nos désirs en faisant comme s’ils n’existaient pas, diminuer le nombre de nos besoins, voilà, pour nos philosophes, le commencement de la sagesse.

1790. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

C’est une poupée accusatrice, une poupée philosophe, une poupée révolutionnaire, une poupée psychologue, une poupée profonde. […] Mais, tout à coup, c’est je ne sais quel philosophe insurgé, je ne sais quel Rousseau des fiords ou quelle Sand des banquises qui se met à parler par sa bouche. […] Ainsi aurais-je envie d’admonester ce petit oiseau philosophe de Nora. […] Celle-ci éclate d’indignation et, devant son mari, fait une scène épouvantable à son philosophe, « Mais, dit le baron, ce pauvre Verrier a pourtant bien le droit ! […] Ces deux philosophes sans foyer viennent là, attirés par la grâce de Mlle Henriette.

1791. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Les poètes philosophes, mais, par leur pessimisme, en contradiction avec la Science et somme toute restant poètes égotistes : de Vigny, Leconte de Lisle, Sully Prudhomme Strada spiritualistes en dehors de la Science. […] L’apôtre, en une vision, suit les phases de l’évolution poétique-scientifique de lui procédant : il aperçoit les philosophes, les poètes de l’ère nouvelle, et dit… ». […] Et il comptera demain un des premiers parmi ces artistes qui ne peuvent tarder à venir et qui, philosophes ou critiques, romanciers ou poètes, réalistes ou fantaisistes, se seront résolument dégagés des religions mortes, des scolastiques vaines, des naïvetés subjectives, pour adopter comme base solide de leur foi et méthode sure de leur travail, cette unique certitude moderne, la Scientifisme… L’on voudra sans doute me pardonner puisque les sarcasmes et les insultes et les négations n’ont pas été tus) de m’être attardé sur les deux Etudes de Gaston Moreilheon et Georges Bonnamour. […] « Trapu, têtu, sanguin, l’encolure forte, et dans le regard une tranquille fierté », le Philosophe se nomme certes Abel Pelletier développant le concept des Idées-Forces : « Je fais deux parts du monde : l’élément Force, l’élément Bonté, une théorie scientifique… » L’on reconnaît encore Georges Lecomte, son regard rieur derrière le lorgnon, Fernand Vanderem et son monocle : « très chic et l’air rosse, celui-là » ! […] Mais le « Moi » conscient par introspection des idées « immortelles et innées » les rappelle et les rapporte à soi hors du monde d’apparences matérielles — qui ne sont que Symboles : les thèmes qu’eût pu concevoir Mallarmé se seraient donc essentiellement rattachés (nous l’avons vu par le seul qu’il ait accidentellement indiqué) à la pensée Platonicienne — l’Idée archétype de toutes choses… Funeste concept à heureuse destinée en la philosophie grecque et par elle en les spéculations occidentales, du millénaire Système Indou du philosophe Vyasa94  tandis que de son antagoniste, que l’on pourrait dire « évolutionniste », Kapila95, la doctrine puissante n’apparaît qu’en les Ioniens sachant la mutabilité des choses, et ne s’est avérée qu’hier — encore sournoisement attaquée ou adultérée).

1792. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Jean Lahor est imbu des Hindous, imbu aussi des philosophes allemands, des poètes anglais ; il apporte en des pièces brèves (les longues sont souvent des déclamations en vers isolés de sens et s’agrafant mal en la strophe) des notations curieuses. […] Un sentiment qu’un personnage de drame trouvera grand et exaltant, le philosophe le jugera petit et humble, non à cause de son essence, mais par la forme brève et incomplète qu’il prend en lui-même, en face de l’idée qu’il se forme de l’essence même de ce sentiment. Le philosophe ne peut oublier les contingences et les relativités et les points de contact cosmogoniques qui, à la rencontre, heurtent et abaissent l’enflure des âmes (il y en a toujours). […] Les arts graphiques et la pensée des philosophes se fussent éjouis de cette ville-asile, de ce havre de tranquillité. […] Qu’on retourne au paganisme, qu’on écoute le sang païen, qu’on rejette toute influence de l’Évangile : tout le monde héros, et surhomme, comme des philosophes le diront après lui ; redevenir l’homme qui est dieu par la force et la splendeur, sur les débris de l’homme-dieu par solidarité et résignation.

1793. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Je crois plutôt que nous autres, qui venons au monde pour écrire, grands ou petits, philosophes ou chansonniers, nous naissons avec une écritoire dans la cervelle. » Et Béranger en concluait qu’il ne s’agissait que de verser l’encre sur le papier pour dégager la cervelle elle-même.

1794. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

. — Enfin n’oublions pas, en la lisant, qu’un poète n’est pas nécessairement un physicien ni un philosophe ( fortunatus et ille deos qui novit agrestes ), et qu’aussi, derrière toutes les charmantes visions auxquelles s’attachaient son imagination et son cœur, — ce cœur resté enfant à tant d’égards, — il y avait chez la femme bien de la fermeté et un grand courage.

1795. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Quant aux philosophes qui s’inquiétaient des théories nouvelles, M. de La Mennais ne réussit qu’avec peine à conduire leur orgueil cartésien au delà de son second volume ; ils se prêtèrent difficilement à rien entendre davantage : cette infaillible certitude, appuyée au témoignage universel, leur semblait une énormité trop inouïe.

1796. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard sur Buffon au point de vue du style et de la rhétorique, je ne trouve point qu’il ait touché sérieusement au philosophe ; il y a même, à mon sens, quelque méprise de sa part là-dessus.

1797. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Saint-Pavin, Hesnault, Mme Des Houlières elle-même, tenaient du philosophe, de l’indévot : par leur liberté de pensée en morale non moins que par leur goût en poésie, ils devaient être antipathiques à Despréaux, à Racine.

1798. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

La pensée de Napoléon 1er sur ce point est nettement exprimée dans un passage de sa Correspondance : « Qu’on soit athée comme Lalande, religieux comme Portalis, philosophe comme Regnaud, on n’en est pas moins fidèle au Gouvernement, bon citoyen ; De quel droit donc souffrir ouvertement qu’on vienne dire à ces individus qu’ils sont mauvais citoyens ? 

1799. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Éclairé par son instinct féodal et rural, le vieux gentilhomme juge du même coup le gouvernement et les philosophes, l’Ancien Régime et la Révolution.

1800. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Beaucoup de philosophes et tous ceux qui se contentent de mots sont sujets à cette erreur.

1801. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Ce n’est pas non plus la raison des idéologues et des philosophes, la raison raisonnante, analytique et critique, qui loge tout l’univers en formules abstraites dans l’esprit humain, et réduit toute l’activité de l’intelligence à une sèche algèbre : ce n’est pas la raison de Voltaire et de Condillac.

1802. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Notre philosophe méprise la volupté, il en connaît l’illusion, et sait qu’elle n’est qu’un voile sous lequel la nature déguise ses fins, une amorce par où elle nous y attire.

1803. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Un dernier trait s’ajoute donc à la physionomie de notre philosophe : la vanité, en sa forme la plus puérile, la vanité nobiliaire du bourgeois enrichi.

1804. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Mais je m’étonne encore moins qu’après plus de soixante années d’agitations, favorisées par de mauvais gouvernements, malgré l’avantage du talent du côté des calvinistes, malgré la popularité même des persécutions et la sainteté d’une sorte de martyre, dans l’effroyable extermination de la Saint-Barthélémy, malgré de grands caractères, Coligny, Sully et un grand homme dans la guerre et dans la politique, un moment chef de leur parti, Henri IV, la France ne soit pas devenue calviniste, que les qualités de Calvin n’aient pas fait accepter ses défauts, et que le philosophe chrétien n’ait pu rendre populaire le tyran de Genève.

1805. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il vit le prince Eugène à Vienne, à Venise le fameux Law et le non moins fameux comte de Bonneval ; en Angleterre, les philosophes et les hommes d’État, à une époque de grande liberté de pensée et de parole.

1806. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il a supposé un Bossuet à double visage ; théologien pour la robe et pour les honneurs, philosophe dans le fond.

1807. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

que Jésus était bien plus philosophe !

1808. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Les philosophes du xviiie  siècle ne sont pas si cruels.

1809. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Il y a de jeunes fous et de vieux philosophes qui ont mis dans leur oratoire, au nombre de leurs saints, ce jeune homme atroce et théâtral, auquel on est même embarrassé, quand on embrasse sa courte et sinistre carrière, d’appliquer une seule fois le mot humain de pitié.

1810. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Or, dans ce deuxième domaine, ce fut le plus souvent la déformation du cas pathologique qui décela le mécanisme normal des fonctions, et c’est à ce point que des savants et des philosophes ont fait de cette remarque une méthode d’investigation.

1811. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Ou il y a eu, en effet, une liasse de papiers jaunes et inégaux sur lesquels on a trouvé, enregistrées une à une, les dernières pensées d’un misérable ; ou il s’est rencontré un homme, un rêveur occupé à observer la nature au profit de l’art, un philosophe, un poëte, que sais-je ?

1812. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Au xixe  siècle, les principes des philosophes ont passé dans les faits ; la Révolution est accomplie ; la nation, reconnue souveraine.

1813. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

— La véritable grandeur, à l’égard des philosophes, lui répliqua le vieillard, est de régner sur soi-même ; et le véritable plaisir, de jouir de soi.

1814. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Le petit-fils du philosophe Jules Lachelier, François Lachelier, mort à dix-neuf ans au champ d’honneur, écrit à sa mère, au matin même du jour où il va être tué (le 8 juillet 1916) :‌ Les gens de ma pièce… matois, finauds, rouspéteurs, frondeurs, toujours prêts à se plaindre de la soupe ou de la guerre ou des officiers, mais au fond bons cœurs et qui savent supporter en blaguant les pires fatigues et se tirer des cas les plus difficiles.

1815. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

L’autre, un Français, historien et philosophe : mort il y a près de vingt-cinq ans : Michelet.

1816. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Et même lorsque nos auteurs dramatiques de la nouvelle génération, avec une générosité d’intention véritable, portent au théâtre certaines questions du grand problème social, n’est-il pas évident qu’ils les traitent pour l’instruction de leurs égaux, des philosophes, des économistes ou des gens du monde, et, qu’à de rares exceptions près, ils voient plutôt l’autorité à réformer que l’ouvrier lui-même à former ?

1817. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Quant à la grandeur passive du Prométhée enchaîné, quant à la fiction qui forme l’intérêt de ce drame immobile, nous n’avons rien à conjecturer : « l’œuvre originale est sous nos yeux ; et il nous est donné de sentir, dans cette œuvre extraordinaire, à la fois l’enthousiasme de l’hiérophante et la raison élevée du philosophe.

1818. (1888) Poètes et romanciers

La Maison du Berger est un de ces poèmes qui sont le désespoir des lecteurs et le tourment des critiques, mais qui feraient la joie d’un philosophe alexandrin. […] Partout nous trouverions le même sentiment, parlant en rythmes graves et amples, d’un ton pénétré, qui sait être solennel sans emphase, parce qu’il s’inspire au plus profond de la conviction humaine, à ce point où le cœur touche à la raison, où la foi du chrétien se confond avec la dialectique du philosophe. […] Un morcellement s’opère dans la sagesse primitive ; le roi se distingue du prêtre, le philosophe du poète, la science morale de la science physique. […] Le prêtre, le philosophe, le poète, réclament contre cette grande démence. […] Un philosophe crie : Eh quoi !

1819. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Avant d’être poète tragique, il fut athlète de son état, puis peintre, puis philosophe. […] Le docteur Relling, qui est le philosophe de la pièce, le déclare expressément. « Docteur Relling, lui dit l’utopiste Grégers, je ne me rendrai pas avant d’avoir sauvé Hialmar. […] Jean-Jacques le juge en sauvage et en philosophe humanitaire. […] La preuve lui en est bientôt apportée par l’ami Lazzaro, peintre raté, ivrogne réussi, philosophe cynique plein de douceur. […] C’est que, dès longtemps et selon le conseil des philosophes et des saints, cette idée se mêle, pour moi, à peu près à toutes les autres.

1820. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Obligé de vivre dans le commerce exclusif des poètes, des philosophes, des historiens français, ou du moins n’acceptant, ne consultant qu’avec défiance les livres qu’il ne pouvait aborder sans le secours d’un interprète, il s’est trouvé dans l’heureuse nécessité de relire souvent ses livres de prédilection ; il en a épuisé la substance, il a fait siennes toutes les pensées qu’il avait vues et revues tant de fois. […] La lumière distribuée par l’historien dans le récit des faits, par le philosophe dans la démonstration de ses idées, peut-elle être impunément distribuée par le poète avec la même générosité sur toutes les parties de sa pensée ? […] Il n’y a pas une strophe de cette ode qui ne puisse, qui ne doive être avouée par le philosophe le plus impartial, par l’historien le plus éclairé. […] Le lecteur a sous les yeux l’âme du héros, et le voit d’heure en heure se relever, se rajeunir ; un tel tableau, pour nous intéresser, demandait un pinceau habile ; il fallait que le philosophe se cachât sous le poète, sans oublier pourtant le véritable caractère de la tâche qu’il avait entreprise. […] Cette comparaison, qui serait grande et flatteuse si elle s’adressait à un philosophe, à Platon, à Leibnizj, devient mesquine et pédante quand le poète parle à Dieu même.

1821. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Il était dit que le peuple qui avait donné tant de héros et tant de saints, innombrables, tant de citoyens et tant de chrétiens, tant de justes, tant de martyrs, Et l’onde aux plis infranchissables, tant de poètes et tant d’artistes, tant d’inventeurs, (tant de savants), et qui infatigablement en donnerait, en devait donner, en allait donner infatigablement tant d’autres, une sève infatigable, une race montante et remontante infatigable, tant de guerriers et de victimes serait celle aussi, tant de penseurs et de philosophes ; le plus grand poète tragique : le plus grand penseur ; le plus grand philosophe, (pour ne point parler du siècle présent) ; serait aussi celui qui à quarante siècles de distance, hors de son temps, hors de son lieu ; hors de son propos ; à quarante siècles d’écart, à trente et quarante siècles de retard donnerait un des plus grands poètes païens qu’il y ait jamais eu dans le monde créé. […] Son Dieu invisible au philosophe, qui suit immédiatement Booz, est grotesque. […]   De la troisième part enfin non plus seulement tout le romain de Polyeucte, la force romaine, mais tout l’impérial romain, l’empire, la clémence romaine, la paix romaine, la majesté romaine impériale, jus atque lex, le droit et la loi, l’administration, le droit romain, la loi romaine, la force romaine, toute la grandeur temporelle, tout ce qui porte le spirituel et l’éternel de Polyeucte, la province romaine, Gendre du gouverneur de toute la province ; la province asiatique, (Achaïe), Arménie, Judée, le gouverneur, les intérêts romains, le procurateur de Judée, la préfecture, (donc bientôt l’évêque, l’évêque romain), et aussi tout le Romain philosophe, le paganisme philosophe et adouci, Sévère, qui fait une part si importante de Polyeucte, qu’on oublie généralement, qu’on méconnaît, Félix, Pauline même et surtout dans toute sa vie antérieure sont posés d’abord, sont préparés, sont enfin posés une première fois dans Cinna ou la clémence d’Auguste. […] Les philosophes et les philosophies, ces grossiers, (les théologies et les casuistiques, ces autres grossiers, ces grossiers parallèles, et les scholastiques), les cléricaux de l’une et l’autre loi, ces grossiers ensemble, les docteurs de la loi cléricale et de la loi anticléricale, ces conjoints, les docteurs de la loi (cléricale) laïque et de la loi (laïque) cléricale, ces conjurés, tous ces intellectuels enseignent ensemble, professent qu’il y a des péchés, peccata, des actes que nous commettons, des actes, limités, que nous péchons.

1822. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Ô Poètes, éducateurs des âmes, étrangers aux premiers rudiments de la vie réelle, non moins que de la vie idéale ; en proie aux dédains instinctifs de la foule comme à l’indifférence des plus intelligents ; moralistes sans principes communs, philosophes sans doctrine, rêveurs d’imitation et de parti pris, écrivains de hasard qui vous complaisez dans une radicale ignorance de l’homme et du monde, et dans un mépris naturel de tout travail sérieux ; race inconsistante et fanfaronne, épris de vous-mêmes, dont la susceptibilité toujours éveillée ne s’irrite qu’au sujet d’une étroite personnalité et jamais au profit de principes éternels ; ô Poètes, que diriez-vous, qu’enseigneriez-vous ? […] En effet, les grands écrivains du dix-huitième siècle avaient déjà répandu en Europe notre langue et leurs idées émancipatrices ; ils nous avaient révélé le génie des peuples voisins, bien qu’ils n’en eussent compris entièrement ni toute la beauté, ni toute la profondeur ; ils avaient surtout préparé et amené ce soulèvement magnifique des âmes, ce combat héroïque et terrible de l’esprit de justice et de liberté contre le vieux despotisme et le vieux fanatisme ; ils avaient précipité l’heure de la Révolution française dont un célèbre philosophe étranger a dit, dans un noble sentiment de solidarité humaine : « Ce fut une glorieuse aurore !

1823. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

. — Cependant, nous dira-t-on, une idée est, pour un philosophe, un ensemble de sensations renaissantes ; or, comme les sensations dépendent des excitations périphériques, l’idée elle-même, qui nous paraît interne, dépend tout entière des excitations externes : elle emmagasine donc simplement l’action du dehors sur nous. — Cette opinion, soutenue par MM.  […] « Ainsi, ajoute-t-il, se vérifie par l’expérimentation une des idées les plus fécondes d’un de nos philosophes, qui a dit (dans la Liberté et le Déterminisme) : — Toute idée est une image, une représentation intérieure de l’acte ; or la représentation d’un acte, c’est-à-dire d’un ensemble de mouvements, en est le premier moment, le début, et est ainsi elle-même l’action commencée, le mouvement à la fois naissant et réprimé ; l’idée d’une action possible est donc une tendance réelle, c’est-à-dire une puissance déjà agissante et non une possibilité purement abstraite. » Toutefois, nous ne saurions admettre entièrement l’explication que M. 

1824. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Chenavard, une belle tête de philosophe antique empreinte de la tristesse des vieux artistes aux ambitions écroulées. […] Viollet-le-Duc parlait de gestes d’enfant qui dénoncent le père, le nomment presque, et il soutenait qu’un cocu philosophe, qui étudierait la question, pourrait, sans se tromper, reconnaître dans le cercle de ses amis et de ses connaissances, le père de son enfant.

1825. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

En effet, même sans parler de la simple beauté de forme, de contour et d’ensemble, de la grâce et du charme dans la conception, de la délicatesse dans l’exécution technique, nous voyons exposé, sous nos yeux, ce que les Grecs et les Romains pensaient, au sujet de la mort, et le philosophe, le prédicateur, l’homme du monde pratique, le Philistin lui-même, seront certainement touchés par ces « sermons en pierres » avec leur portée profonde, l’abondance d’idées qu’ils suggèrent et leur simple humanité. […] Peut-être croyait-il avec Voltaire, qu’Habakkuk était capable de tout et tenait-il à s’abriter derrière l’égide d’un écrivain parfaitement irresponsable, dont aucune prophétie ne s’est accomplie, au dire du philosophe français. […] L’honnête contribuable et sa florissante famille se sont certainement égayés maintes fois du front en forme de dôme du philosophe ; ils ont ri de l’étrange perspective du paysage qui s’étend au-dessous de lui. […] Comme l’obscur philosophe de la spéculation grecque primitive, il croyait à l’identité des contraires. […] Le cœur humain, poursuit notre philosophe, peut être ralenti par force ou surmené, mais dans l’un et l’autre cas, le dénouement est fatal. » Yao rendit le peuple trop heureux.

1826. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Le public se méfie tellement des romanciers, qu’il n’accorde plus sa confiance qu’aux philosophes didactiques, aux écrivains abstraits, qu’il ne lit pas ou dont il ne peut rien comprendre. […] La peinture doit compléter l’œuvre des écrivains et des philosophes. […] La littérature d’une époque exprime les tendances de cette époque ; le plus petit littérateur fournit, sans s’en douter, sa pierre à l’immense édifice ; les grands écrivains, les grands philosophes s’assimilent toutes les idées, toutes les analyses partielles ; ils résument les critiques et les aspirations de leur temps et préparent une régénération. […] Dans Eugénie Grandet la vie est prise plus en peintre, moins en philosophe qui fait des déductions générales.

1827. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Comme la pensée involontairement vient mettre à côté de Shakspeare, notre grand malheureux poëte lui aussi un philosophe d’instinct, mais de plus un rieur de profession, un moqueur des vieillards passionnés, un railleur acharné des maris trompés, qui, au sortir de sa comédie la plus applaudie, dit tout haut à quelqu’un : « Mon cher ami, je suis au désespoir, ma femme ne m’aime pas !  […] Le philosophe Plutarque lui prêtait une belle action philosophique, disant qu’il avait pris soin de sauver son hôte dans le sac de Corioles. […] Elles y trouvent le vieux duc, père de Rosalinde, qui, chassé de son État, vit avec ses amis en philosophe et en chasseur.

1828. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Le philosophe, le moraliste, le sage, le chrétien y peuvent profiter : le poète qui, par ses conceptions puissantes, fait rivalité au monde et dont le secret est de le réfléchir dans un miroir magique immense, se sent déconcerté, découragé ; il s’arrête de désespoir à mi-chemin, s’il y a trouvé son calvaire.

1829. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« Vous regrettez que je n’aie point introduit parmi les Grecs un philosophe, un raisonneur chargé de nous faire un cours de morale ou commettant de bonnes actions, un monsieur enfin sentant comme nous.

1830. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

M. de La Mothe, en esprit solide, le sentait : « Ce n’est pas, disait-il, que je veuille établir ici l’opinion de quelques philosophes, qui se sont déclarés ennemis capitaux du beau langage.

1831. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Sous la Restauration, le 7 août 1827, sous une juridiction pareille à celle qu’on maintient aujourd’hui, on a vu comparaître devant le tribunal de police correctionnelle un homme vénérable, un homme de bien, un philosophe éminent, M. de Sénancour, auteur d’un Résumé de l’histoire des traditions morales et religieuses ; on l’a vu, pour quelques phrases qui ne semblaient pas assez respectueuses envers les religions positives, accusé avec véhémence par un avocat du roi qui ne croyait que remplir son devoir ; on l’a vu, comme de juste, condamné par le tribunal : car, d’ordinaire et provisoirement, en pareil cas, la police correctionnelle commence par condamner.

1832. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Épigramme amère du philosophe père de l’île de Guernesey, contre la philosophie sans âme de Jean-Jacques Rousseau.

1833. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

L’article fit un beau tapage, tombé dans la mare aux grenouilles de la critique contemporaine, où quatre crétins, onze ratés, deux prophètes, huit philosophes, revenus des erreurs de ce monde, et soixante-quatorze bons garçons équitablement partagés entre la crainte de peiner un ami et le désir bien légitime de ne pas compromettre leurs titres à la réception d’un lever de rideau, disputaient à notre Bon Oncle l’honneur de rectifier le tir.

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