/ 1749
1175. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Qu’on nous permette une comparaison peu propre, mais juste : un fumier empeste un jardin, quand bien même le jardin est tout parsemé de fleurs. […] Oui, sans doute, il a plus d’éclat quand il baigne les fleurs d’un parterre, ou quand il réchauffe les statues belles et nues d’un grand parc : mais, pour tout cela, il n’est pas plus soleil. […] et Lucrèce, qui paraît de toutes les fleurs de la poésie la science la plus ardue, quelquefois la plus amère !

1176. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

C’est mal écrit, quand on emploie deux de qui se régissent ; exemple, la fameuse phrase faisant le désespoir de Flaubert : une couronne de fleurs d’orangers. […] Et les voilà, tous les deux, dans une mansarde du passage du Désir, à faire des fleurs, lui taillant et donnant la forme aux pétales, elle les assemblant. Ces fleurs portées par lui chez Baton ou chez un autre, ces fleurs-modèles, que copiaient ensuite des demoiselles de magasin, étaient payées de 50 à 60 francs pièce, en sorte qu’il revenait avec sept ou huit cents francs, et son carton rempli des primeurs et des vins les plus chers, achetés chez Chevet.

1177. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Figure de missel, qui entre en scène un missel à la main, et qui meurt dans l’église des remords de son péché… Pauvre sainte qui n’a pas abouti, coupée, souillée et ensanglantée dans sa fleur… En elle-même, Marguerite est pourtant peu de chose. […] Egmont est mieux peint que le duc d’Albe ; il est plus vrai… C’est un caractère à la Goetz de Berlichingen, un de ces caractères à fleur de peau très saisissable à l’œil de Gœthe, conformé pour ne voir les choses et les hommes que par dehors, mais qui, dans les pénombres profondes de la nature humaine et dans le clair obscur de la vie, n’y voit plus. […] Voilà, en bloc et en détail, le meilleur des œuvres théâtrales, la fleur du panier dramatique de Gœthe : Faust, Goetz de Berlichingen, Egmont, Clavijo, Torquato Tasso, Iphigénie et Stella.

1178. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

La fleur dort sur sa tige, et la nature même Sous le dais de la nuit se recueille et s’endort….. […] quel geôlier admirable qui sème tant de fleurs dans le préau de notre prison !  […] De même le poème V de l’Ame en fleur (Contemplations, I) : « Hier le vent du soir… » : dix vers d’un rythme ravissant, mais comme sentiment, celui de la « nature amoureuse » plutôt que du cœur ému. […] Aux fleurs, aux flots, au bois fraîchement reverdis Avec l’effarement d’entrer au paradis 89. […] dormez, les fleurs !

1179. (1886) Le naturalisme

Le jeune berger et la jeune bergère se détachent sur le fond d’une grotte rustique où se dresse l’autel des nymphes entouré de fleurs. […] Le paladin armé de pied en cap, prend congé de la dame dont une large jupe cache les pieds et dont la main délicate tient une fleur. […] Pour d’autres auteurs, la vie est une toile grossière ; pour les Goncourt, c’est une jolie dentelle chargée de broderies, de fleurs et d’étoiles délicates brodées par une main adroite. […] S’il inventa, comme le disent ses adversaires, la rhétorique de l’égout, il mit aussi le pied bien des fois, comme il le déclare lui-même, dans des prés couverts d’herbe et de fleurs. […] Il est des patios de Fernan qu’il nous semble voir, qui nous réjouissent les yeux avec leurs fleurs, et les oreilles avec le bruit de l’eau, les pioussements des poules et l’innocent bavardage des enfants.

1180. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

C’est si triste et si lamentable d’ailleurs, cette récolte au milieu des jardins fanés, cette glane à travers les moissons stériles, cette façon de revenir sur les pas de sa jeunesse, et de ramasser çà et là, dans une corbeille à peu près vide, les fleurs incolores des printemps envolés. […] Il était si brillant quand il fut pris par cet enfant dans son réseau de gaze, il avait toute sa poussière et toute sa couleur, il resplendissait de tous les feux du jour, parmi les fleurs des jardins sur lesquelles il aimait à se poser… Aujourd’hui, ce bel insecte ailé n’est plus qu’un squelette attristant ; la pourpre de son aile est passée, et l’azur de son corps s’est envolé. On ne voit plus de cette fantaisie aux ailes de pourpre et d’or qu’un point noir, huché sur des pattes brisées…, une fleur dans un herbier ! […] Ceci dit (car je vais de préface en préface, expliquant, de mon mieux, comment l’unité se peut rencontrer même dans un travail de vingt-cinq ans) j’arrive au commencement de la comédie et à la fin de la comédie, c’est-à-dire que, partant de Molière j’arrive à Molière ; çà et là ramassant dans mes pages choisies ce que madame de Sévigné appelait si bien : La fleur du panier. […] Ainsi elle n’a supporté, qu’à moitié, les transes infinies de la profession ; elle n’a jamais su quelles douleurs sont cachées sous ces joies apparentes, quelles épines sous ces fleurs !

1181. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Sa tige, une fois formée, porte des fleurs de nature différente. […] le Phèdre est né de cette fleur de la conversation que fut le dialogue socratique. […] C’est un des grands avantages de notre siècle que ce nombre d’hommes instruits qui passent des épines des mathématiques aux fleurs de la poésie, et qui jugent également bien d’un livre de métaphysique et d’une pièce de théâtre. […] * * * Je dis goûter avec tout l’élément sensuel qui est heureusement impliqué dans ce mot, et qui s’ajoute à sa nature littéraire, ainsi que disaient les anciens, comme à la jeunesse sa fleur. […] La critique professionnelle, historique, avec son sens du passé, son besoin de chaînes, de continuité, écrase et bouscule volontiers cette fleur délicate du présent.

1182. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

. — Visiblement, dans ce monde, le premier rôle est aux écrivains ; on ne s’entretient que de leurs faits et gestes ; on ne se lasse pas de leur rendre hommage. « Ici, écrit Hume à Robertson500, je ne me nourris que d’ambroisie, ne bois que du nectar, ne respire que de l’encens et ne marche que sur des fleurs. […] « C’était alors la mode ; tout le monde était économiste ; on ne s’entretenait que de philosophie, d’économie politique, surtout d’humanité, et des moyens de soulager le bon peuple ; ces deux derniers mots étaient dans toutes les bouches. » Ajoutez-y celui d’égalité ; Thomas, dans un éloge du maréchal de Saxe, disait : « Je ne puis le dissimuler, il était du sang des rois » ; et l’on admirait cette phrase. — Seuls quelques chefs de vieilles familles parlementaires ou seigneuriales conservent le vieil esprit nobiliaire et monarchique ; toute la génération nouvelle est gagnée aux nouveautés. « Pour nous, dit l’un d’eux, jeune noblesse française538, sans regret pour le passé, sans inquiétude pour l’avenir, nous marchions gaiement sur un tapis de fleurs qui nous cachait un abîme.

1183. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Dans ces moments-là, offrant son cœur à l’heure où les fleurs nocturnes offrent leur parfum, allumé comme une lampe au centre de la nuit étoilée, se répandant en extase au milieu du rayonnement universel de la création, il n’eût pu peut-être dire lui-même ce qui se passait dans son esprit ; il sentait quelque chose s’envoler hors de lui et quelque chose descendre en lui. […] À ses pieds ce qu’on peut cultiver et recueillir ; sur sa tête ce qu’on peut étudier et méditer : quelques fleurs sur la terre, et toutes les étoiles dans le ciel. » XII Nous venons de voir ce que c’est que le paradoxe en matière de sentiment sous la plume d’un écrivain de génie : une absolution de mauvais exemple chantée comme un Te Deum aux excès et aux forfaits de la démagogie de 1793 sur les lèvres d’un saint ; des maximes pernicieuses de fausse économie sociale dans la bouche d’un homme charitable égaré par sa passion de soulager le pauvre peuple.

1184. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Me voici donc, comme un chirurgien, qu’on arracherait à d’aimables curiosités, obligé de reprendre la cruelle autopsie moderne, la brutale prose, le travail qui fait mal, et dont tout mon système nerveux souffre, tout le temps que le volume se pense et s’écrit… * * * — Il s’élève, à l’heure qu’il est, une génération de jeunes liseurs de bouquins, aux yeux ne connaissant que le noir de l’imprimé, une génération de petits lettrés, sans passion, sans tempérament, les yeux fermés aux femmes, aux fleurs, aux objets d’art, à tout le beau de la nature, et qui croient qu’ils feront des livres. […] Lundi 14 août Dans une blondine chevelure de petite fille, c’est joli le papier des papillotes : on dirait les cosses de l’automne dans le flavescent feuillage d’un arbuste à fleurs.

1185. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Les facultés merveilleuses qu’il avait reçues et qui se faisaient aussitôt reconnaître s’accoutumèrent sans aucun effort à trouver leur forme favorite et leur satisfaction dans les exercices graves qui remplissaient la vie d’un jeune ecclésiastique et d’un jeune docteur, thèses, controverses, prédications, conférences ; il y mettait tout le sens et toute la doctrine, il y trouvait toute sa fleur.

1186. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

N’est-il pas touchant de voir un homme qui a usé sa vie dans le spectacle et l’examen des débats, et, s’il l’avait voulu, des intrigues politiques, avoir conservé une telle fraîcheur, une telle innocence d’impressions, une telle fleur d’âme ; se complaire à de pareilles questions et avoir l’idée de se les poser, en même temps que le zèle et l’espoir d’y ramener les autres : « Croyez-moi, s’écrie-t-il à propos de Bossuet et dans sa religion pour ce grand homme, ne vous figurez jamais en avoir fini avec ces œuvres parfaites.

1187. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Né en 1658 au château de Saint-Pierre en Basse-Normandie, cadet d’une noble maison, Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (Irénée, c’est-à-dire pacifique, il y a de ces heureux hasards de noms) ne dut faire ses premières études dites classiques, ses humanités, que faiblement et sans zèle ; pas la plus petite fleur, pas le plus léger parfum de l’Antiquité ne passa en lui.

1188. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

La vocation, c’était évidemment, quant au but, l’histoire religieuse ; quant à la méthode, c’était d’étudier chaque forme, chaque production du génie humain, historiquement, non dogmatiquement ; et, dans cette étude historique, de ne pas s’en tenir au fait en lui-même, ni à la série et au recueil des faits, mais d’envisager le tout sous l’aspect de production et de végétation vivante continue, depuis la racine, depuis la germination sourde, et à travers tous les développements, jusqu’à la fleur.

1189. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

A plus forte raison, ne devons-nous pas en avoir pour ces écrits qui sont comme le cloaque de l’intelligence humaine, et qui, malgré leurs fleurs, ne recouvrent qu’une effroyable corruption.

1190. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !

1191. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Amants des roses passagères, Ils ont les grâces mensongères Et le sort des rapides fleurs.

1192. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

…  Puis c’est, à l’arrière-plan, Mme des Houlières, besoigneuse, « ayant eu des malheurs », intrigante, cherchant à placer ses deux filles, suspecte d’un peu de libertinage d’esprit, avec je ne sais quoi déjà du bas-bleu et de la déclassée… Voici, en revanche, deux perles fines, deux fleurs de malice et de grâce : Mme de Caylus, si vive, si espiègle et si bonne, et la charmante Mme de Staal-Delaunay, qui fait penser, par son changement de fortune et par la souplesse spirituelle dont elle s’y prête, à la Marianne de Marivaux  Une révérence, en passant, à la sérieuse et raisonneuse marquise de Lambert, et nous sommes en plein xviiie  siècle, parmi les aimables savantes et les jolies philosophes.

1193. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Son esprit étant comme une abeille qui butine la fleur des choses et tout ce que cet univers offre de meilleur, vous imaginez aisément sur quoi il s’arrête de préférence.

1194. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Là s’épanouit la fleur, là reverdissent les gazons ; là, pour musiciens, on a les chœurs des anges.

1195. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Le velours des fleurs y est-il ?

1196. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

La beauté est chassée de la république chrétienne de Tolstoï, sans avoir même la consolation de la couronne de fleurs dont la gratifiait Platon.

1197. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Mais, en même temps que le cœur saigne et que l’imagination se flétrit, on est consolé pourtant de se sentir pour compagnon et pour guide un guerrier modeste, ferme et humain, en qui les sentiments délicats dans leur fleur ont su résister aux plus cruelles épreuves.

1198. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Il ferait de l’histoire littéraire, comme on faisait de l’histoire proprement dite au XVIe ou encore au XVIIe siècle, quand l’historien jugeait les rois et les grands personnages de l’histoire, les louait ou les blâmait, se révoltait contre eux comme eût fait une province ou les couvrait de fleurs comme à une entrée de ville ; enfin dirigeait l’histoire tout entière et l’inclinait à être une prédication morale.

1199. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

En groupant toutes ces têtes de femmes autour du beau visage du cardinal Jules, en l’entourant de cette guirlande de fleurs humaines, il nous a éclairé d’un reflet velouté qui nous les achève les traits charmants de ce ministre de la souplesse, de la grâce insinuante et de la flatterie, qui régna sur la France par une femme, et dont la politique fut la force dans la douceur.

1200. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Seuls, des faits précis et des comparaisons nettes peuvent nous détourner de cette voie dont les fleurs enivrantes nous masquent les fondrières. « Aujourd’hui, a-t-on dit il y a près de vingt ans et pouvons-nous répéter aujourd’hui, nous avons besoin de la virilité du vrai pour être glorieux dans l’avenir comme nous l’avons été dans le passé ».

1201. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Lorsque le cours de la logique portait le professeur d’analyse vers des endroits plus riants et plus agréables, il ne s’en détournait pas ; il consentait parfois à ramasser sous ses pas quelques fleurs littéraires ; il choisissait volontiers celles qui, simples et populaires, pouvaient se montrer sans disparate au milieu des raisonnements psychologiques, comme un bluet dans une gerbe d’épis mûrs.

1202. (1887) Essais sur l’école romantique

Plus loin, rien de plus frais que les adieux d’amour du jeune Athénien à la fille de Lesbos, Symétha, qui admire naïvement la mer et lui jette des fleurs, et n’écoute pas la plainte du rivage. […] Est-ce donc assez, pour suspendre nos inquiétudes, des vers d’un poète populaire sur l’amour, la religion, les souvenirs d’enfance, douces fleurs qui veulent être respirées par un beau soleil, pensées de loisirs et de solitude, qui se cachent sous les jours de trouble et de mêlée ? […] Je ne lui appliquerais pas l’image classique de l’abeille emportant un peu de miel de chaque fleur, mais celle de l’aigle qui ne s’abat nulle part sans y laisser quelque plume. […] Ne leur donnons pas les passions de la vie publique avant qu’ils aient de la barbe ; mais laissons-les grandir, s’épanouir à loisir, comme les fleurs, et fortifier la maison avant d’y loger l’hôte robuste et remuant qu’on appelle le génie. […] Ce qui fait les enfants de génie, c’est une mémoire heureuse et une imagination précoce, dons rares, si, au lieu d’être des fruits tout d’abord, ce n’étaient que des fleurs.

1203. (1886) Le roman russe pp. -351

La soudaineté est le caractère de toutes les éclosions dans ce pays ; il se couvrit de poètes comme ses prairies se parent de fleurs, en quelques jours, au premier rayon qui fond les neiges. […] Maintenant encore, alors que les plus belles pages des romantiques ont un relent de fleurs fanées, le Mal de trop d’esprit n’a pas vieilli d’un jour. […] C’est l’Orient, des jours lumineux sur des plaines enchantées de fleurs et de verdure, des nuits douces dans un ciel enchanté d’étoiles. […] Exempt d’envie, libéral de son trop-plein d’idées et de gloire, il aimait naturellement le succès d’autrui, comme on aime le soleil sur les fleurs ; c’est la vraie marque du génie, celle qui est au cœur. […] Sur le sol humide de ces forêts, le printemps jette une profusion d’herbes et de fleurs comme je n’en ai vu nulle part au monde.

1204. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Son mérite est d’avoir su écarter d’une main fine et inflexible toutes ces plantes parasites, baptisées de noms sonores par notre complaisance ou notre orgueil, d’être arrivé droit à cette fleur délicate, austère et voilée, et de nous en avoir révélé la fraîcheur et le parfum. […] Plante frêle et vivace, sa fleur ne s’épanouit que sous de trop rares soleils ; mais sa racine est partout, et, pour que la fleur pût disparaître, il faudrait que la racine disparût ! […] Elle est rude à subir la vérité morose Qui lui dit : — Tout renaît, l’arbre, l’eau qui l’arrose, La fleur, après l’hiver, sur les plus froids sommets : Et le génie éteint seul ne renaît jamais ! […] Charles Reynaud, la source n’a point d’urne ni de naïade ; elle est à nous, nous pouvons nous pencher sur son onde limpide, puis suivre son cours à travers les prairies en fleurs, puis nous attrister avec elle en voyant son frais ruisseau se changer en rivière, traverser une ville qui le souille de ses immondices, et enfin arriver à la mer, goutte d’eau perdue dans un océan, et subissant ses tempêtes et ses naufrages. […] Il faudrait poursuivre ; il faudrait recueillir çà et là les souvenirs littéraires dont ce livre est rempli, et qui sont comme autant de fleurs délicates sur un fond sérieux et assombri ; il faudrait rappeler et la Visite à l’école normale, et le général Foy assistant à une leçon de la Sorbonne, et l’aimable figure de l’abbé Féletz encadrée dans quelques salons de son temps.

1205. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Les uns nous élèvent au-dessus de nous-mêmes ; les autres nous enseignent à n’être point dupes ; tous savent revêtir de force ou de grâce la fleur et le fruit de l’expérience, ou les nobles aspirations vers l’infini. […] Horace, par exemple, qui est pour nous la fleur des poètes classiques latins, était critiqué comme novateur par les partisans des anciens poètes. […] Puis, porté par Guillem de Castro, — autre Espagnol, comme Sénèque, et qui le servit encore mieux, — inspiré aussi par le Romancero, poussé enfin par son propre génie, son imagination et son cœur, il fit cette merveille, le Cid, « cette fleur d’honneur et d’amour ». […] Sylvie Le seul émail des fleurs me servait d’entretien : Je rêvais, comme ceux qui ne pensent à rien. […] Sylvie Que d’herbes, que de fleurs vont bigarrant ces plaines !

1206. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Je m’étonnais par moment que d’autres n’eussent pas déjà saisi à ma face la même altération que j’y croyais sentir. » La conséquence de cette découverte fut qu’Amaury résolut, avant d’être complètement défiguré, de cueillir en toute hâte la première fleur de la vie. […] Mais je me disais : Attendons que ma jeunesse soit revenue, que mon front soit essuyé, qu’un peu d’éclat y soit refleuri, pour avoir quelque chose à offrir à Dieu et à lui sacrifier ; et dès qu’un peu de cette fleur de ma jeunesse me semblait reparue, je ne la lui portais pas. » Cependant l’automne de 1805 commençait. […] Ce champ d’azur de son œil me faisait l’effet d’un désert monotone qu’aurait désolé une insaisissable ardeur. » Une autre fois, Amaury fait un retour plein de tristesse vers les premières années de son enfance : « Comme les souvenirs ainsi communiqués nous font entrer dans la fleur des choses précédentes, et repoussent doucement notre berceau en arrière ! […] Je les racontais à mon ami, arbitre sûr en ces gracieuses matières ; il me montrait en échange des lettres humides encore du langage dont s’écrivent les amants ; et je rapportais de ces conversations sensibles, toutes pétries de la fleur des poisons, un surcroît de chatouillement et une émulation funeste. » Je termine par le récit d’une promenade, une promenade champêtre : « Dans ces derniers temps du combat (le combat de la raison et des sens), à chaque reprise des obscurcissantes délices, il m’en restait un long sentiment de décadence et de ruine.

1207. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

On ne peut, sans regretter sensiblement les ouvrages de ce poëte, lire l’éloge qu’en a fait Plutarque, d’accord avec toute l’antiquité : C’est une prairie émaillée de fleurs, où l’on aime à respirer un air pur . . . . […] Dans le premier, le soin des troupeaux, les fleurs, les fruits, le spectacle de la campagne, l’émulation dans les jeux, le charme de la beauté, l’attrait physique de l’amour, partagent toute l’attention & tout l’intérêt des bergers ; une imagination riante, mais timide, un sentiment délicat, mais ingénu, regnent dans tous leurs discours : rien de refléchi, rien de rafiné ; la nature enfin, mais la nature dans sa fleur. […] Une bergere absente ou infidele, un vent du midi qui a flétri les fleurs, un loup qui enleve une brebis chérie, sont des objets de tristesse & de douleur pour un berger-Mais dans ses malheurs même on admire la douceur de son état. […] Dans le second le sentiment humble & docile ne se joint à l’imagination que pour l’animer, & se laisse couvrir des fleurs qu’elle répand à pleines mains. […] Cependant sa conclusion n’est pas toûjours également heureuse ; le plus souvent profonde, lumineuse, intéressante, & amenée par un chemin de fleurs ; mais quelquefois aussi commune, fausse ou mal déduite.

1208. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Là, sous des cèdres ou des sycomores, dans des allées de sable fin, parmi des touffes de fleurs odorantes et des chants d’oiseaux, des poètes, des artistes, des philosophes se promèneront en dissertant sur Emma Kosilis ou sur le Prêtre de Némi. […] Après avoir constaté, en le déplorant, le caractère relatif du bien et du mal, elle se plaira à montrer l’homme préférant d’instinct celui-ci à celui-là — oubliant ou feignant d’ignorer que l’idée du bien est, après tout, une fleur de son cerveau. […] Il a sa raison d’être comme toutes les belles choses qui décorent et ennoblissent la vie, comme les fleurs, comme les parfums, comme la musique. […] L’âme humaine, cette fleur de la création, dont chaque âge doit augmenter l’éclat et le parfum, en sera-t-elle plus belle ? […] C’est quelque chose, pourtant : un effort louable, une fleur de bonne volonté.

1209. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Il aperçoit « la reine couchée entre des fleurs » ; elle est « dans les Champs-Elysées, elle y goûte mille charmes, conversant avec ceux qui sont saints comme elle. » Bien mieux, il a du tact ; il fait parler « à la digne moitié » du monarque un langage noble, conjugal, délicat. […] Il ne faut pas, comme le singe, approuver trop les exécutions, louer la griffe du prince, les boucheries et leur odeur, « dire qu’il n’y a ambre ni fleur qui ne soit ail au prix. »47 L’abbé de Polignac raconte Saint-Simon, se promenant à Marly avec le roi, par un mauvais temps, disait que la pluie de Marly ne mouillait pas. […] Le singe approuva fort cette sévérité, Et, flatteur excessif, il loua la colère Et la griffe du prince, et l’antre, et cette odeur Il n’était arbre, il n’était fleur, Qui ne fût ail au prix.

1210. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Çà et là, à l’abri des courants furieux, les oiseaux tranquilles, les fleurs splendides des grandes lianes se baignent dans de petits bassins de lave moussue, diamantés de lumière. […] Doué d’un esprit très lucide, d’un tact très fin et d’une rare compréhensivité intellectuelle, l’auteur des Fleurs du Mal, des Paradis artificiels et de la traduction des œuvres d’Edgard Poe, a blessé violemment, tout d’abord, le sentiment public, non seulement dans celles de ses poésies qui touchaient à l’excès, mais aussi dans ses conceptions les plus réfléchies et revêtues des meilleures formes. […] Les Fleurs du Mal ne sont donc point une œuvre d’art où l’on puisse pénétrer sans initiation.

1211. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Il croissait, au milieu de toutes ces tendresses, comme une fleur de serre chaude, comme un arbuste trop soigné. […] Rarahu ne sait que se baigner dans son ruisseau d’Apiré et se tresser des couronnes de fleurs. […] Ce pétillement de gaieté, cette vivacité d’imagination, cette légèreté de touche, cette liberté l’allure, cette démarche aisée, ailée, rapide, qui court, et semble vouloir ne prendre de toutes choses que la fleur… ah ! […] Fleurs d’ennui, p. 22 26. […] Fleurs d’ennui, p. 105.

1212. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Bien que la saison fût assez avancée, il y avait encore çà et là dans les haies quelques fleurs tardives, dont l’odeur, qu’il traversait en marchant, lui rappelait des souvenirs d’enfance. […] Où aurait-il pris cette lumière intérieure parfaite, cette justesse infaillible, cette délicatesse de sainteté qui surgissent tout à coup en lui, comme la fleur surgit du fumier, pour se foudroyer lui-même, s’offrir en holocauste pour un misérable flétri d’avance, et pour s’écrier de sang-froid devant le jury, et devant Dieu, et devant ses concitoyens, dont la considération se change en exécration : C’est moi qui suis le forçat !

1213. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Pour cacher vos desseins dans cette circonstance, prenez le maintien qui convient à la circonstance ; que vos yeux, vos gestes, votre langue donnent la bienvenue ; paraissez tel que la fleur innocente, mais que le serpent soit caché dessous. […] On ne peut l’appeler notre mère, mais notre tombeau, cette patrie où rien que ce qui est privé d’intelligence n’a été vu sourire une seule fois ; où l’air est percé de soupirs, de gémissements, de cris douloureux qu’on ne remarque plus ; où la violence de la douleur est prise pour une des prétentions de notre temps à la sensibilité ; où la cloche mortuaire sonne sans qu’à peine on demande pour qui ; où la vie des hommes de bien s’évapore avant que soit séchée la fleur qu’ils portent sur leur chapeau, ou même avant qu’elle commence à se flétrir.

1214. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Vous l’appelez chrétien parce qu’il a pris à la Bible quelques fleurs, au Christianisme quelques formes, comme il a pris à Horace ses continuelles images de l’incertitude de la vie. […] Il n’y avait point de ruche où l’abeille fît son miel ; point de rocher solide où l’aigle déposât son nid : l’abeille a été entraînée par les torrents de l’air, tenant dans ses pattes le suc odorant des fleurs, qui ne s’est pas transformé en miel ; l’aigle a vécu solitaire, contemplant le soleil, sans compagne et sans nid.

1215. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Il était vraiment difficile de parer de plus de fleurs la victime désignée au sacrifice. Mais les fleurs de la morale, sans vraies couleurs et sans parfum, ont trop souvent rappelé les couronnes d’immortelles en plâtre peint dont on pare les tombeaux.

1216. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Samedi 11 février Sarcey, dans une conférence sur La Faustin, à propos de ma comparaison sur le blanc anémique d’une peau de femme, avec le blanc des fleurs qui fleurissent dans les caves, s’est écrié : « Vous n’avez jamais vu ça, moi non plus, donc ça n’existe pas, comme on dit dans une vieille pièce ». […] Jeudi 14 décembre Les livres de Loti, il me semble y trouver la senteur de bitume, de la momie de femme, aux petits bouquets de fleurs sous les aisselles, que j’ai vue détortiller à l’Exposition de 1865.

1217. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Semblable à une vieille femme qui teint ses cheveux, frotte de rouge ses joues ridées, se couvre de bijoux et s’enguirlande de fleurs, pour se rajeunir, et qui ne réussit qu’à se rendre hideuse, l’art cherche lâchement à pallier ses décrépitudes par toutes sortes de procédés factices, au lieu de tenter dignement sa régénération dans une voie nouvelle. […] C’est à lui à prendre sa place, à marcher en tête le premier, comme un apôtre et comme un général, et à guider valeureusement ses deux sœurs éternelles à travers ces champs verdoyants où s’épanouissent, comme des fleurs de réhabilitation, les efforts de l’esprit humain.

1218. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

En résumé, il y a de l’intérêt dans les éloges de Vicq d’Azyr, un peu trop de fleurs, et pourtant de la ressemblance et de la vérité.

1219. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Lorsque les Commentaires de Montluc furent imprimés pour la première fois quinze ans après sa mort, en 1592, l’éditeur les fit précéder d’une dédicace « À la noblesse de Gascogne » qui est en des termes dignes de son objet : Messieurs, comme il se voit de certaines contrées qui produisent aucuns fruits en abondance, lesquels viennent rarement ailleurs, il semble aussi que votre Gascogne porte ordinairement un nombre infini de grands et valeureux capitaines, comme un fruit qui lui est propre et naturel ; et que les autres provinces, en comparaison d’elle, en demeurent comme stériles… C’est votre Gascogne, messieurs, qui est un magasin de soldats, la pépinière des armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse de la terre, et l’essaim de tant de braves guerriers… Sans faire tort aux autres provinces et sans accepter ces injurieuses préférences de l’une à l’autre, il est un caractère constant et qui frappe dans les talents comme dans les courages de cette généreuse contrée, et l’on ne saurait oublier, en lisant Montluc, que cette patrie de Montesquieu et de Montaigne, comme aussi de tant d’orateurs fameux, fut celle encore, en une époque chère à la nôtre, de ces autres miracles de bravoure, Lannes et Murat.

1220. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Aujourd’hui, avec le nouvel état du monde, dans une société plus également morale en son milieu, nous qui ne sommes pas près de Versailles (dans le sens où l’était Saint-Cyr), il nous semble qu’il est quelquefois permis de se récréer d’un chant, d’une fleur, d’une joie d’imagination, mêlée aux choses du cœur, dans une éducation même de l’ordre le plus moral.

1221. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Ce n’est plus l’âge des La Vallière, des Soubise, des Montespan, dansant avec Louis ou autour de Louis « sous des berceaux de fleurs » ; mais c’est encore le beau moment des promenades des dames sur le canal de Versailles, des collations de Marly, de Trianon, et les enchantements n’ont point cessé.

1222. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Dans une lettre à Saint-Vincens, après la maladie de ce dernier, et en réponse à un récit que le convalescent paraît lui avoir fait de ses dispositions et impressions en présence de la mort, on lit : Je ne suis point surpris de la sécurité avec laquelle tu as vu les approches de la mort ; il est pourtant bien triste de mourir dans la fleur de la jeunesse !

1223. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

de fumets pénétrants auxquels se mêlaient l’odeur des vins et le goût des fleurs, je ne regardais pas Fanny, je ne l’écoutais même pas parler.

1224. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

. — Ce sont ces graves événements de l’intérieur des cabinets et des petits appartements, dont les premiers volumes du duc de Luynes nous donnent le fil continu et comme le canevas tout uni : il n’y a plus qu’à broder là-dessus des fleurs, si l’on veut, et à semer des couleurs.

1225. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Mais on est heureux, avec une personne aussi pure, aussi morale et d’une vie au-dessus de tout soupçon, de trouver la belle et bonne qualité française de nos mères, la franchise du ton, la rondeur des termes, le contraire de tout raffinement et de toute hypocrisie. et, avec tant de délicatesse et de fleur, l’éclat du rire, la fraîcheur au teint, la santé florissante de l’esprit.

1226. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Quoi qu’il en soit et de quelque part qu’elle vienne, qu’elle ne périsse jamais cette fleur d’imagination première, cette image de l’enfance du monde, recommençant et se réfléchissant dans l’enfance de chacun !

1227. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

. — Que s’ils y ajoutaient encore, avec l’instinct et l’intelligence des hautes origines historiques, du génie des races et des langues, le sentiment littéraire et poétique dans toute sa sève et sa première fleur, le goût et la connaissance directe des puissantes œuvres de l’imagination humaine primitive, la lecture d’Homère ou des grands poèmes indiens (je montre exprès toutes les cimes), que leur manquerait-il enfin ?

1228. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Elle ne verra donc que tapis, pierreries, lustres, fleurs et verdure.

1229. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

. — Le bon Sosie ne manque pas de glisser de nouveau son proverbe et de pousser, selon son habitude, l’idée de son maître jusqu’à en faire une maxime : « C’était bien sage à lui, dit-il, d’en agir ainsi ; car, par le temps qui court, la complaisance engendre l’amitié, la vérité fait des ennemis. » — « Cependant, poursuit le père, voilà bien trois ans de cela, arriva ici dans le voisinage une femme d’Andros, sans parents, pauvre, belle, à la fleur de l’âge. » — « Aïe !

1230. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Le plus populaire des ministres était le prince Joseph Poniatowski, la fleur des héros, qui joignait au titre de commandant en chef de l’armée le portefeuille de la guerre : « Son éloge, nous dit M. 

1231. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

L’auteur s’excuse presque de repasser sur les mêmes scènes après Riouffe, qu’il appelle un « maître. » On n’est pas impunément de son époque : cette fausse élégance, ces fausses fleurs gagnaient et envahissaient alors les plus sages talents.

1232. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

À quel prix ne voudrait-on pas n’avoir jamais aimé, n’avoir jamais connu ce sentiment dévastateur qui, semblable au vent brûlant d’Afrique, sèche dans la fleur, abat dans la force, courbe enfin vers la terre, la tige qui devait et croître et dominer ?

1233. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Ils sont comme l’humus où poussent ces fleurs spirituelles : le génie d’un Taine ou d’un Renan.

1234. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Richer en a donné une description dans le quatrième tome du Mercure français (1615) : « Elle est, dit-il, de dix-huit toises de longueur sur huit de largeur ; au haut de laquelle il y a encore un demi-rond de sept toises de profondeur sur huit toises et demie de large, le tout en voûte semée de fleurs de lys.

1235. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

  Le Héros, sur les fleurs sanglantes du bûcher, Semblait surgir des couchants mornes et marcher Dans l’auréole d’or ces flammes triomphales,   Tandis qu’en un torrent d’or fluide et de bruit, Flagellé par le vol sinistre des rafales, Le Palais merveilleux s’écroulait dans la nuit.

1236. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Plus tard, Gœthe saisit une analogie entre la fleur et la plante tout entière.

1237. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Au contraire, certaines fleurs éclatantes, aperçues de loin par les frelons ou les abeilles, seront par eux visitées, et leur pollen, reporté ailleurs par abeilles et frelons, assurera la fécondité de leur espèce avec sa survivance.

1238. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Mais il s’en faut bien qu’on trouve dans leurs productions cette gaité, cette imagination douce & brillante, cette fleur de poësie qu’on aime dans les ouvrages des Chaulieu, des Saint-Aulaire, des Gresset, &c.

1239. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Ou bien c’est Apulée qui rassemble, en ses Florides, les « fleurs » de ses plus beaux discours d’apparat, ou encore Aulu-Gelle qui fait de son « magasin de littérature et de grammaire » des Nuits attiques.

1240. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

s’il fut jamais un homme, au contraire, qui s’éloignât par tous ses instincts révoltés de la philosophie du xviiie  siècle, ce fut Sterne, cet esprit tout âme, qui n’eut peut-être de génie qu’à force d’avoir de cette âme qu’on niait si fort dans son temps ; ce fut cette délicate sensitive humaine, dont la racine trempait dans cette idée de Dieu qui fait pousser leurs plus belles fleurs aux plus beaux génies !

1241. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

« Auguste, dit Suétone, monté sur une galère, traversant le golfe de Naples et longeant la ville de Pouzzoles, fut salué de tous les points du rivage par les passagers et les matelots d’un navire venu d’Alexandrie, qui, tous couronnés de fleurs, s’écriaient, au milieu de l’encens des sacrifices : Par toi, César, nous vivons ; par toi, César, nous naviguons ; par toi, César, nous sommes libres et riches.

1242. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Il reproduit divers développements qu’on a déjà lus dans une étude sur l’immortalité, recueillie dans le volume de l’Intelligence des fleurs. […] La fleur est trop cruelle, si elle est égoïste : c’est votre éternelle plainte. […] « Deux âmes se rencontrent un jour, et, parce qu’elles cueillaient des fleurs, toutes deux se sont crues pareilles. […] Lorsqu’elle détournait ses regards des fleurs familières et des humbles plantes, c’était encore pour embrasser des horizons champêtres. […] Mon domaine à moi est celui du soleil, et vous ne détruirez ni l’eau, ni les palmiers, ni la fleur du rosier, ni l’ombre du cyprès.

1243. (1885) L’Art romantique

Cela ressemblait à un bouquet de fleurs savamment assorties. […] On eût dit un cratère de volcan artistement caché par des bouquets de fleurs. […] Froide, calme, impassible, l’humeur démonstrative repousse les diamants et les fleurs de la Muse ; elle est donc absolument l’inverse de l’humeur poétique. […] Mais ici la pudeur a un caractère superlatif qui la fait ressembler à une religion ; c’est le culte de la femme pour elle-même ; c’est une pudeur archaïque, asiatique, participant de l’énormité du monde ancien, une véritable fleur de serre, harem ou gynécée. […] L’interprète des vengeances, le terrible Hamlet, est devenu le plus délicat, le plus affectueux des époux ; il a orné l’amour conjugal d’une fleur de chevalerie exquise.

1244. (1902) Propos littéraires. Première série

Il était tout drôle dans sa petite robe rose, avec sa cravate « La Vallière », brodée de fleurs bleues, qu’il portait d’une manière originale, toujours flottante derrière son dos. […] Il a trouvé une terre fraichement remuée, « l’horrible terre », qu’aussi bien il soit toujours, avec beaucoup de fleurs dessus, languissantes, déjà mourantes, épousant la mort de cette petite fleur tendre de l’humanité… *** Entrons dans la grotte d’Isturitz. […] Vous ferez comme la petite ouvrière parisienne qui met un jardin à sa fenêtre : « Il n’est pas rare de voir à Paris, suspendu à une fenêtre d’un quatrième ou d’un cinquième étage, un petit jardin composé de quelques pots de fleurs enfermés dans une caisse de bois. […] Quels soins caressants sont prodigués à ces fleurs ! […] Firmin Girard, Le Quai aux fleurs, il y a toute la distance qui sépare l’habileté de main, si merveilleuse qu’elle puisse être, de l’art véritable.

1245. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

» Et que dites vous de ce compliment d’un bel esprit de cour à Vasantasena : « La courtisane ressemble à la fleur du chemin : la cueille qui passe. […] Tous les personnages vivent dans la plus profonde intimité avec les fleurs, les arbres et les bêtes. […] C’est une rose d’automne que Mlle Marthe Vernon, une rose mélancolique dans sa fraîcheur menacée de fleur tardive, une rose modeste, au parfum doucement pénétrant. […] Si elles n’ont plus la fleur ineffable de la jeunesse toute neuve et du prime épanouissement, elles ont dans leurs yeux une flamme plus profonde et qui vient de plus loin. […] Lawn-tennis, batailles de fleurs, descentes à Monte-Carlo, veglione, promenades nocturnes, flirtages, intrigues, rendez-vous ; une chiennerie générale.

1246. (1888) Études sur le XIXe siècle

Nous voyions de nos fenêtres ces deux jeunes filles, et quelquefois nous leur parlions par signes… Leurs douloureuses destinées —  elles moururent dans la fleur de l’âge — contribuèrent à enflammer l’imagination de Giacomo et à créer deux des plus belles figures de ses poésies. […] Parfois, il se plaît à les entourer de brillants accessoires, il sème autour d’elles des fleurs, — des roses surtout, qu’il peint avec une rare perfection ; — il les drape à la vénitienne ; les riches vêtements dont il les habille ont des couleurs qui font penser à celle de Giorgione, — sans que pour cela elles perdent un instant leur apparence surnaturelle, le je ne sais quoi qui montre qu’elles n’ont pas d’existence réelle, que, même fixées sur la toile, elles sont encore en union profonde et discrète avec l’âme de l’artiste. […] Mais le coloriste, qui sait employer et harmonier de magnifiques nuances, qui sème autour de ses figures, comme dans la Ghirlandata, des fleurs éblouissantes, fait pardonner les négligences du dessinateur. […] C’est cette curiosité que Flaubert a définie dans la phrase inoubliable qu’il prête à la Chimère : « Je cherche des parfums nouveaux, des fleurs plus larges, des plaisirs inéprouvés. » C’est cette curiosité qui forme et développe nos goûts actuels, et nous lui devons aussi bien l’amour du bibelot que les recherches des spécialistes sur les maladies nerveuses, aussi bien le goût croissant de l’archéologie que la gourmandise des aliments rares. […] Son domaine n’est pas et ne sera probablement jamais des plus vastes ; mais il y cultive plus d’une fleur délicate, il y crée des sites qui, pour être artificiels, n’en ont pas moins leur charme.

1247. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Ils chargent leur style d’ornemens peu convenables à l’histoire, & cette profusion de fleurs déplacées allonge le récit sans l’embellir. […] Cet écrivain, rempli de chaleur, peint tout, orne tout, & répand les fleurs en abondance. […] Cet abrégé est agréable par l’art de l’écrivain à répandre quelques fleurs sans affectation, par son talent à esquisser légérement les traits qui caractérisent les principaux personnages, par son exactitude à saisir tout ce qui peut faire connoître le génie, les mœurs & les usages des peuples, ainsi que les productions & les singularités des divers climats.

1248. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ses plus grandes joies, c’est de s’asseoir près de Julie sous prétexte d’une partie de domino ou de solitaire, c’est de manger une cerise qu’elle a laissée tomber, de baiser une rose qu’elle a touchée, de lui donner la main à la promenade pour franchir un hausse-pied, de la voir au jardin composer un bouquet de jasmin, de troëne, d’aurone et de campanule double dont elle lui accorde une fleur qu’il place dans un petit tableau : ce que plus tard, pendant les ennuis de l’absence, il appellera le talisman. […] Sur les débris des fleurs que les mains ont cueillies, Que j’aime à respirer l’air que tu respiras !

1249. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

Lorsque Oken, rencontrant un squelette de mouton, imagina que le crâne est un composé de vertèbres élargies et soudées, lorsque Goethe, observant des étamines pétaloïdes, supposa que tous les organes de fleur sont des feuilles transformées, lorsque Newton, voyant une pomme tomber, conçut la lune comme un corps pesant qui tend aussi à tomber sur la terre, ils répétaient l’opération mentale et retrouvaient le ravissement du petit garçon qui, voyant des chiens sur l’abat-jour, criait oua-oua. — Entre une vertèbre et le crâne, entre la feuille verte et un pistil ou une étamine, entre la pomme qui tombe et la lune qui chemine dans le ciel, entre le chien de chair et aboyant et la petite figure de l’abat-jour, la dissemblance est énorme ; il semble que les deux représentations diffèrent du tout au tout. […] Développées en spirale sur la tige, elles se resserrent au sommet en verticilles horizontaux superposés, dont les divers étages sont les diverses parties de la fleur.

1250. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

» II Quelquefois, rarement, des saisons riantes, des images gracieuses, mais importunes, lui rendent au cœur et aux sens la sève de ses jours heureux ; puis la pensée que Laure n’est plus là change tout cet éblouissement de la vie en ténèbres ; comme dans le sonnet suivant : « Voici le vent tiède et doux de la mer qui ramène les beaux jours, et l’herbe, et les fleurs qu’il fait renaître, et le gazouillement de l’hirondelle, et les mélodies tendres du rossignol, et le printemps tout blanchi et tout empourpré des boutons qu’il colore sous ses pieds. […] Je ne sais trop que vous en dire : son caractère est doux, et les fleurs de son adolescence promettent beaucoup ; j’ignore quel en sera le fruit, mais je crois qu’il sera un honnête homme.

1251. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Ainsi les arbres, les vignes et jusqu’aux plus petites plantes, ou conservent une perpétuelle verdure, ou, après s’être dépouillées de leurs feuilles pendant l’hiver, s’en revêtent tout de nouveau au printemps ; il n’y en a aucune qui, par un mouvement intérieur et par la force des semences qu’elle renferme, ne produise des fleurs ou des fruits ; de sorte qu’à moins de quelque obstacle, elles parviennent toutes au degré de perfection qui leur est propre. […] On n’est pas plus assuré de la vie à la fleur de l’âge qu’au déclin des ans : seulement la mort du vieillard a quelque chose de plus naturel et de plus doux ; la vie avancée est comme le fruit mûr, qui se détache sans effort.

1252. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

En avançant vers lui, le parfum des fleurs et la beauté du soleil me frappèrent. […] Les bosquets, les fleurs et les ruisseaux aux poëtes du paganisme ; la solitude des forêts, l’Océan sans bornes, le ciel étoilé peuvent à peine exprimer l’Éternel et l’infini dont l’âme des chrétiens est remplie.

1253. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Trois femmes en peignoir de soie, filant du dos au talons, flanquées d’un négrillon habillé de nankin et chaussé de babouches : un monde qu’il entrevoyait dans un patio tout plein de fleurs des tropiques, et où chantait au milieu un jet d’eau, — pour un jeune Normand qui n’avait encore voyagé que de Normandie en Champagne et de Champagne en Normandie, c’était d’un exotisme bien tentant. […] Ce sont des légèretés de peinture à la colle, des transparences d’aquarelle, une touche voltigeante et pareille à un rayon de soleil sur de l’écaille, toutes les couleurs qu’aime Rembrandt, jusqu’à celles qu’il tire de la fermentation et de la moisissure des choses, ainsi que des fleurs de pourriture et des phosphorescences de corruption.

1254. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Avec ses lisses bandeaux noirs sur sa douce face mate, une fleur rouge dans les cheveux, lente, surprise et pure, elle inspire à Flaubert ses plus charmantes pages. […] Généralisation sur les causes : L’on remarquera que cette altération du langage qui produisit chez Flaubert de si belles et maladives fleurs, est analogue si l’on abstrait de ses développements ultimes, à celle qui cause chez tout un groupe d’écrivains nommés par excellence les « artistes », ce qu’on appelle encore par excellence, le « style ».

1255. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

« Des applications particulières, ajoute-t-on, contribuèrent encore au succès de la tragédie d’Esther : ces jeunes et tendres fleurs transplantées étaient représentées par les demoiselles de Saint-Cyr. » La Vasthi, comme dit Mme de Caylus, avait quelque ressemblance avec Mme de Montespan. […] …………………………………………………… …………………………………………………… Cependant, mon amour pour notre nation A rempli ce palais de filles de Sion, Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées, Sous un ciel étranger comme moi transplantées.

1256. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Sur ce bout de balustrade un pot de fleurs. […] L’artiste a encore décoré son extrémité supérieure d’un autre pot de fleurs.

1257. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Tel nous apparaît à cette date de 1783 cette fleur des intendants de province, l’élève émancipé de Duclos, l’émule en esprit des Rulhière et des Chamfort, avantageux et fat comme Rivarol, un des prétendants hommes d’État et des Pétrones de l’ancienne monarchie, Pétrone un peu roide et un peu apprêté toutefois.

1258. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Ôtez de ce visage les rides, répandez-y la fleur de la vie, jetez-y le voile de la jeunesse, rêvez un Bossuet jeune et adolescent, mais ne vous le décrivez pas trop à vous-même, de peur de manquer à la sévérité du sujet et au respect qui lui est dû.

1259. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Bailly avait un penchant décidé pour le genre de l’éloge et de la notice sous forme académique, alors dans sa fleur et dans sa nouveauté.

1260. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Antoni Deschamps en 1829 avait cueilli, pour les répandre, un choix de fleurs sévères. — En ce même temps, un autre poète du groupe31 essayait de rendre en vers quelques-uns des accents et un mémorable passage de cette Vita nuova de Dante, dont M. 

1261. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Chaque esprit, au reste, y porte sa nuance particulière ; l’un y met le sel, la gaieté ou l’âcreté de la réplique, l’autre une fleur de raillerie et de délicatesse.

1262. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Entre ce procédé de moderne bénédictin et celui de Pline, ou, si l’on veut, de l’ancien Balzac qui ne lisait que pour trouver de belles sentences et de belles expressions à recueillir et à enchâsser, il y a, ce semble, un milieu qui est le bon, qui est celui de Montaigne, qui est l’union de la pensée et de la forme, la lecture vivifiée par l’esprit, le suc et la fleur.

1263. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

. — Une fois qu’on a saisi la faculté maîtresse, dit-il ailleurs en parlant de Shakespeare, on voit l’homme se développer comme une fleur.

1264. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Il est de niveau avec les grands sujets qui s’offrent à sa vue, mais il aime peu à se baisser pour cueillir des fleurs.

1265. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

» Le portrait de Lamartine que le peintre se figure « comme un bel arbre couvert de fleurs, sans fruits qui mûrissent et sans racines qui tiennent », est de toute beauté et de toute vérité dans son indulgence.

1266. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Rigault (j’y reviendrai un jour avec l’attention qu’il mérite) n’est pas seulement, par goût et par vocation, un littérateur, c’est un universitaire, une fleur d’université ; mais il en est et il en tient jusqu’au bout des ongles ; il en a le tempérament et les prétentions.

1267. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Sa beauté à elle, c’est la beauté dans la mort, qui ne s’en va pas toute avec le dernier souffle envolé, beauté à l’effrayante fleur, avec cette teinte qui la suit jusque dans la tombe, dernier rayon d’expression qui se retire, cercle d’or qui voltige autour de la ruine, rayon d’adieu du sentiment évanoui, étincelle de cette flamme, peut-être d’origine céleste, qui éclaire encore, mais ne réchauffe plus une argile chérie. » Il faudrait tout relire de ce Childe Harold.

1268. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Soldat, aventurier, esclave algérien, employé de finance, prisonnier, romancier, c’est un Gil Blas, mais un Gil Blas assombri, et qui n’est pas destiné à s’écrier comme l’autre dans sa jolie maison de Lirias : Inveni portum… » C’est étrangement rabaisser Cervantes (toujours d’après notre auteur), que de soutenir qu’il a employé la fleur de son génie à combattre l’influence de quelques romans de mauvais goût, dont le succès retardait sur les mœurs du siècle et n’avait plus aucune racine dans la société d’alors : « Ce que je crois plutôt, s’écrie le nouveau commentateur, qui a lu son Don Quichotte comme d’autres leur Bible ou leur Homère, et qui y a tout vu, c’est que le chevaleresque Cervantes, qui s’était précipité dans ce qui, à la fin du xvie  siècle, restait de mouvement héroïque, dut se sentir abattre par le désenchantement d’un croyant plein de ferveur qui n’a pas trouvé à fournir carrière pleine, qui dans l’exagération de son idéal s’est heurté et blessé contre les réalités, et qui, après avoir été contraint d’abdiquer l’action, s’est condamné à une retraite douloureuse, s’est réfugié dans ses rêves, et en dernier lieu, dans un testament immortel, lance à son siècle une satire qui n’était pas destinée à être comprise de ce siècle et dont l’avenir seul était chargé de trouver la clé. » Et nous adjurant à la fin dans un sentiment de tendre admiration, essayant de nous entraîner dans son vœu d’une réhabilitation désirée, l’écrivain, que je regrette de ne pas connaître, élève son paradoxe jusqu’aux accents de l’éloquence : « Ah !

1269. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

L’auteur s’est attaché à faire des principaux faits de l’histoire ancienne, fortement et nûment rapprochés, une contexture si étroite qu’il n’y a place dans l’intervalle pour aucune réflexion, et si unie qu’il ne se permet d’y broder aucun ornement, aucune fleur.

1270. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

dût le chemin qui mène à ma patrie Être plus rude encore, et ma tête meurtrie Ne pas trouver de pierre où se poser le soir ; Dussé-je n’avoir pas une table où m’asseoir, Pas un seul cœur ému qui de moi se souvienne, Pas une main d’ami pour étreindre la mienne ; Comme le lépreux d’Aoste, au flanc de son rocher, Dussé-je cultiver des fleurs sans les toucher, N’avoir pour compagnon, dans ma triste vallée, Qu’un chien, et pour abri qu’une tour désolée, Et quand je souffre trop pendant les longues nuits, Qu’une sœur pour me plaindre et bercer mes ennuis, Une sœur qui, souffrant de la même souffrance, Prie et veille avec moi jusqu’à la délivrance…, Je veux aller revoir les lieux que je chéris, De mon bonheur au moins retrouver les débris ; Si ce ne sont les morts qui dorment sous la pierre J’embrasserai leurs fils, hélas !

1271. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Cet élève distingué de la première École normale, ce contemporain et ami intime de Victor Cousin, de bonne heure prosateur distingué, poète élevé et touchant, esprit mûr, est enlevé à la fleur de l’âge, à vingt-neuf ans, en 1820 ; il emporte avec lui les regrets, les adieux funèbres éloquemment exprimés de ses amis.

1272. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

On partait chaque printemps ; chaque fleur de génération, chaque élite nouvelle s’envolait à son tour à travers le monde et par les vastes espaces de la terre habitable, comme disait Homère : on allait tout droit devant soi, au hasard, à la découverte, selon les versants et les pentes, à la rencontre d’un meilleur climat, d’un plus beau soleil, en quête des terres fécondes, des moissons et des vignes là où il y en avait ; on avait pour droit sa passion, sa jeunesse, l’impossibilité de vivre où l’on était, — le droit du plus jeune, du plus fort, du plus sobre, sur les races voluptueuses et amollies.

1273. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Que leur joug soit léger à leurs têtes rebelles, Comme nos couronnes de fleurs !

1274. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Je disais tout à l’heure que le rôle le plus indiqué de l’Académie en ce moment était de maintenir, au milieu de la ruine des procédés et à travers les violations courantes du droit des gens dans les lettres, une certaine politesse, une conciliation dans son sein, une douceur enfin de civilisation à l’aide de ce qui en a été toujours considéré comme l’expression et la fleur.

1275. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Celui qu’invoquent nos prières Ne fait pas descendre les pleurs Pour étinceler aux paupières, Ainsi que la rosée aux fleurs ; Il ne fait pas sous son haleine Palpiter la poitrine humaine, Pour en tirer d’aimables sons ; Mais sa rosée est fécondante ; Mais son haleine, immense, ardente, Travaille à fondre nos glaçons.

1276. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Il y vécut en sage, repentant d’un peu trop de zèle ; il y mourut à la fleur de son âge, plein de mansuétude et de précoces vertus.

1277. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Belleau traduisit Anacréon, mais tout le monde voulut cueillir de ces jolies fleurs : ce fut à qui imiterait ces mignardises.

1278. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Béatrix, qu’il aima, est immortelle comme Laure, et peut-être la destinée de ces deux femmes est-elle digne d’observation ; mortes toutes deux à la fleur de leur âge, et toutes deux chantées par les plus grands poëtes de leur siècle.

1279. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Elle s’y accoutuma au sein de la cour la plus polie, la plus savante, la plus galante d’alors, y brillant en sa fleur naissante comme l’une des plus rares merveilles et des plus admirées, sachant la musique et tous les arts ( divinae Palladis artes ), apprenant les langues de l’Antiquité, soutenant des thèses en latin, commandant des rhétoriques en français, jouissant de l’entretien de ses poètes et leur faisant rivalité avec sa propre poésie.

1280. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Il se trouve payé, et au-delà, s’il rencontre quelques fleurs dans ses plates-bandes, quelques fruits oubliés sur ses arbres, un peu d’ombre en été, un chaud rayon en automne.

1281. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Il y règne comme un léger duvet des fruits dans leur première fleur, qui s’efface si vous appuyez.

1282. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

J’aurais grand besoin cette fois qu’un moraliste fin, discret, adroit et prudent, un Addison, me prêtât son pinceau sans mollesse et sans amertume : car c’est d’un mal moral que je voudrais traiter, et d’un mal présent ; j’ai en vue de décrire la maladie d’une partie notable de la société française (de la fleur et non pas du fond de cette société), et, en la décrivant au naturel, de faire sentir à de belles et fines intelligences qu’elles ont tort de loger et d’entretenir si soigneusement en elles un hôte malin qui, à la longue, est de nature à porter atteinte à la santé même de l’esprit.

1283. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Il apporta dans ce domaine les qualités d’un cerveau supérieur et parfois même son admirable génie éclate encore, en cet ordre, par des vues de devin : le premier en botanique il a émis l’idée que la fleur était la reproduction de la feuille, perçant ainsi sous le voile des diversités superficielles l’unité du plan physiologique.

1284. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Mais pour que cette forme nouvelle ne demeure pas le privilège d’une seule intelligence, il faut qu’un grand nombre d’esprits aimantés vers le sommet où s’ouvre cette fleur nouvelle se haussent au-dessus d’eux-mêmes et se modifient jusqu’à réaliser en eux-mêmes les conditions de cette culture.

1285. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

La France répresentée par une femme la couronne fermée en tête, le sceptre à la main et couverte d’un manteau bleu semé de fleurs de lys d’or : le Tibre répresenté par une figure d’homme couché, aïant à ses pieds une louve qui allaite deux enfans, sont des personnages allegoriques inventez depuis long-tems et que tout le monde reconnoît pour ce qu’ils sont.

1286. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Entre autres monstruosités, vous y verrez ceci : « Le style n’existe pas plus sans l’idée que l’idée sans le style. » Et encore : « Traitez votre pensée comme Dieu traite ses montagnes, — du granit dessous, des fleurs dessus (pages 92 et 95). » La doctrine romantique sur l’idée et le style est tout entière dans ces deux lignes.

1287. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Je suis une naïve femme de génie, qui donne des romans comme le pêcher donne des fleurs roses, comme La Fontaine donnait des fables.

1288. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Ils pressentent, ils voient d’avance qu’à un tout petit passage qu’ils écrivent avec plus d’émotion, où ils mettent un peu plus de leur âme, le livre se fermera entre les mains pieuses d’un homme ou d’une femme, et qu’il y aura de longs rêves autour d’une seule ligne, comme on voit d’une seule graine s’élever et s’épanouir tout un buisson en fleur.

1289. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

On y voit jusqu’à des fleurs et à des oiseaux ! […] « … Et les peuples allaient se demandant entre eux : quel est donc ce mortel, jeune, doux, pareil de visage au premier consul, et qui fait germer de nouvelles fleurs dans le champ du ciel, rien qu’en touchant les cordes de sa lyre ?  […] Sa dernière Elvire, fleur pâlotte et douce, nimbée, à travers les losanges d’une maigre tonnelle, par les derniers rayons du soleil couchant sur la Marne, n’a point paru sans poésie. […] Ils se couronnent sans gaîté                              De fleurs nouvelles. […] L’année dernière, c’était le nez de Mondos et les quinze ans en fleur de Mlle Bertiny.

1290. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Tout homme qui dans notre pays s’occupe de littérature ressemble plus ou moins à ce cultivateur, et l’arbre immense dont les racines parcourent en tous sens le sol sur lequel nous récoltons nos fleurs éphémères et nos moissons de chaque année, c’est la Révolution française. […] J’ai connu un homme qui avait un parterre tout rempli de fleurs magnifiques, mais il avait encore plus d’ordre ; il ne souffrait pas un bouquet dans son salon, parce que, disait-il, il ne faut pas laisser traîner les fleurs : elles finissent toujours par s’effeuiller et salir partout. Cet homme, à mon avis, n’aimait pas les fleurs, malgré son beau jardin. En général, on n’aime pas non plus, en France, qu’on laisse traîner des fleurs dans les livres, et, sous ce rapport, M.  […] Elle est douce et pourtant un peu farouche, et fait songer involontairement à ce miel parfumé, mais un peu amer, que les abeilles récoltent sur certaines fleurs sauvages.

1291. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

C’est la fleur de l’agave, glorieuse, érigée à la hauteur d’un arbre, mais qui annonce la fin de la plante que cette explosion a fini d’épuiser. […] L’Espagne est en elle, dans cette fleur d’aristocratie éclose sur le vieil arbre, enraciné ici durant des siècles. […] Puis j’ai coupé des fleurs. Des fleurs ! […] Il repose comme un preux d’autrefois, drapé dans une toile de tente, les vêtements souillés de boue glorieuse et recouvert de fleurs.

1292. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Le soleil est sans chaleur ; la fleur des bois est sans parfum. […] Telles étaient ses souffrances dont les pointes acérées redoublaient de cuisant, lorsqu’il se reportait aux jours de sa jeunesse et de ses succès, aux couronnes de fleurs, aux femmes souriantes, au souffle si doux de la première brise de gloire. […] Si je prétends maintenir un pot de fleurs en équilibre sur une fenêtre, sans me conformer aux lois de l’équilibre des corps, le pot, que je le veuille ou non, tombe et se brise. […] Elle est comme une frêle fleur qu’un souffle ternit et qu’un souffle abat. […] Antoine n’a guère de mérite à rester honnête : tout lui sourit ; tout est fleurs sur son chemin ; ce n’est que bien tard qu’il se trouve aux prises avec des difficultés sérieuses, et il a, pour les braver, l’estime et l’affection de Lénore.

1293. (1883) Le roman naturaliste

Albine, désespérée, meurt de douleur et d’amour sous la caresse mortelle des fleurs qu’elle a tant aimées. […] Flaubert d’appeler Vitellius « cette fleur des fanges de Caprée ». […]  » En voici un autre exemple : « Le ciel était devenu bleu, les feuilles ne remuaient pas ; il y avait de grands espaces pleins de bruyères tout en fleurs, et des nappes de violettes s’alternaient avec le fouillis des arbres, qui étaient gris, fauves ou dorés, selon la diversité des feuillages. […] Ses convoitises, ses chagrins, l’expérience du plaisir et ses illusions toujours jeunes, comme font aux fleurs le fumier, la pluie, les vents et le soleil, l’avaient, par gradations, développée, et elle s’épanouissait enfin dans la plénitude de sa nature. » Pesez bien ces deux phrases : elles sont tout le roman, tout Flaubert, tout le système, toute l’école, tout le naturalisme. […] Ces fleurs familières, ces chants d’oiseaux, ce ciel, ces prés, ces haies, voilà ce qui constitue la langue mère de notre imagination, ce langage chargé de tant de subtiles associations que les heures fugitives de notre enfance ont laissées après elles.

1294. (1881) Le roman expérimental

Renan est un de ces poètes de l’idéal qui suivent les savants en traînant la jambe et en profitant de chaque halte pour cueillir quelques fleurs. […] Renan, beaucoup moins net comme négation, mais traitant la matière avec des brassées de fleurs de rhétorique, a passionné le public tout entier. […] Renan, le rhétoricien, le poète, jeter toutes les fleurs de ses phrases sur la vie et l’œuvre de Claude Bernard, le savant qui a mis toute sa force dans la méthode expérimentale. […] Besogne étiquetée, mais charmante, toute de procédés et de recettes, mais pleine de cette jouissance paisible de voir pousser en leur saison des fleurs attendues. […] De là, le caractère des lettres, tel que j’ai tâché de l’indiquer plus haut, une fleur de l’esprit, un passe-temps aimable, une distraction supérieure donnée aux gens de bonne compagnie.

1295. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

À faire l’école buissonnière, on rapporte certainement plus de fleurs. […] Littré, homme de science, de méthode, de comparaison, de raison, de vigueur, et même de rigueur ; le premier d’un tempérament doux, sensible, de bonne heure pétri de la pulpe et de la fine fleur de l’antiquité ; le second nourri du pain des forts en tout genre, du suc généreux des doctrines, tout ressort et tout nerf.

1296. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Elle habitait d’abord, du temps où il était à l’Ermitage, le château même de Margency, dans la vallée, près d’Eaubonne et d’Andilly ; quand elle fut établie à Soisy et sa proche voisine, elle vint plusieurs fois à Mont-Louis sans le trouver, et comme il ne donnait signe de vie, elle ne laissa point de lui envoyer des pots de fleurs pour sa terrasse. […] Us sont beaux ; on ne leur a pas ôté une feuille ; tout est comme vous l’avez laissé ; vos fleurs montent, montent et vont, sans treillage, donner du couvert.

1297. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Tous les endroits qui n’étaient qu’au pastel, et qui brillaient comme des fleurs, se sont fanés. […] C’est qu’au spectacle du printemps l’imagination joint celui des saisons qui le doivent suivre ; à ces tendres bourgeons que l’œil aperçoit, elle ajoute les fleurs, les fruits, les ombrages, quelquefois les mystères qu’ils peuvent couvrir… » Le poète versificateur avait encore ici puisé l’inspiration dans la prose, et, bien qu’avec une liberté heureuse, il s’était souvenu de Rousseau47.

1298. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Alterius sic Altera poscit opem res, et conjurat amice Il ne me reste plus qu’à mentionner un livre tout récent, produit direct de l’érudition française, celui de M. de Chevallet, qui, reprenant la question au point où l’avait laissée Fallot, l’a traitée avec une méthode tout expérimentale, n’a épargné ni recherches ni comparaisons de toutes sortes, pour discerner les éléments du vieux français, élément latin, celtique, germanique, pour en établir le compte autant que possible et en fixer les proportions, pour faire l’histoire et dresser comme l’état civil des mots provenant des trois races ; et l’auteur s’y est consacré avec une telle ardeur, il s’est tellement prodigué de sa personne dans des voyages et des séjours en divers pays, partout où il espérait recueillir des vestiges utiles, qu’il s’y est à la lettre consumé : la mort l’a saisi comme Fallot à la fleur de l’âge, mais du moins après qu’il avait pu voir ce premier et considérable résultat de son effort conduit à bonne fin et couronné. […] En fussé-je capable, ce ne serait point le lieu : car notre objet et notre devoir, bien que nous ne soyons point ici pour cueillir seulement des fleurs, et que nous ne craignions point de rechercher les racines, c’est avant tout de vous offrir et de vous faire goûter les fruits.

1299. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Je n’ai pas les fleurs de la vie et je suis pourtant dans la saison où elles s’épanouissent ! […] « Je commence, toutefois, à tâter et reconnaître mes forces ; sentir ce que je vaux et sacrifier la fleur de ses idées à de pareilles inepties !

1300. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Rousseau y transporta ses livres, son épinette, Thérèse et la mère Levasseur ; l’installation eut lieu le 6 avril 1756, aux premières fleurs du printemps. […] Il lui a dit la splendeur des levers du soleil, la sérénité pénétrante des nuits d’été, la volupté des grasses prairies, le mystère des grands bois silencieux et sombres, toute cette fête des yeux et des oreilles pour laquelle s’associent la lumière, les feuillages, les fleurs, les oiseaux, les insectes, les souffles de l’air.

1301. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

L’époux de Marie n’est que son gardien ; son mariage n’est que le voile sacré qui couvre et protège sa virginité ; son fils bien-aimé, une fleur que son intégrité a poussée. […] Le bel esprit trouve à s’y mêler, et ses vaines fleurs, semées parmi tant de pieuses invectives, montrent que le désir de corriger l’auditoire ne fait pas négliger à l’orateur le soin de lui plaire73.

1302. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Au céleste banquet, dans la corne d’ivoire, Tu ne me tendras plus le vin ou l’hydromel, Offrant ta lèvre en fleur au baiser paternel ! […] Au tableau suivant, l’enguirlandement des motifs complète celui des fleurs et des chœurs, et il n’y a point à développer ici les rapprochements immédiatement appréciables.

1303. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

C’est le Parisien des opinions chic, l’amateur à fleur de peau, un ami de Worth citant Henri Heine. […] En ce moment elle est fort occupée des albums japonais, dont elle transporte les fleurs et les oiseaux, sur les feuilles d’un paravent de soie.

1304. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Au bout d’une heure de gronderie à propos de tout le livre, il nous accuse d’avoir dénaturé le sens de l’Imitation, ce doux livre d’amour et de mélancolie, et envoyant Troubat chercher son exemplaire, il nous le montre pareil à un herbier, plein de fleurs sèches et d’annotations en marge, et il se met, se tournant vers le jour qui tombe, à en nasiller le latin, qu’il épelle avec une voix subitement changée, une voix prêtreuse, et il ferme le livre sur cette phrase : « Oh ! […] …………………………………………………………………………………………… En sortant de là, nous tombons chez la princesse, aujourd’hui tout animée, toute verveuse, et dans une robe de crêpe bleu, d’un délicieux bleu faux de Chine, et brodée de bouquets exotiques dont la broderie a l’épaisseur des fleurs.

1305. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

La grande traîtresse est en effet venue s’asseoir au foyer de la petite Muse, la folle du logis qui dansait s’est couchée sous des linges blancs, fleur gisant dans la neige, et le poète n’est plus. […] Ils sont souples et gracieux comme des palmes, nuancés en d’infinies harmonies L’auteur d’Yvelaine aime les soirs d’enchantement, les palais de songe, les sources maléfiques envoûteuses des fleurs, les mystères des nuits d’orage où crient les voix sous les gibets, les souvenirs qui dorment au fond des mémoires et qui font frissonner les enfants.

1306. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Au fond de cette poétique pauvreté, on croit apercevoir déjà, comme un fruit sous une fleur indigente, l’ordre et l’économie qui produiront tout à l’heure la richesse, et l’on aime ce jeune homme de vingt-trois ans, ce Caleb commercial de bonne humeur, qui cache les vides de sa boutique avec ses chers livres de chevet pour faire honneur à la maison qu’il veut élever. […] On ne pouvait pas dire de lui comme de Condorcet, qu’il était un volcan sous la glace ; mais n’y a-t-il pas une fleur qu’on appelle boule de neige et qui annonce le printemps ?

1307. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Il sait y faire entrer les circonstances qui parlent et qui animent un récit : « Quand il allait par les champs, dit-il de Louis XII, les bonnes gens accouraient de plusieurs journées pour le voir, lui jonchant les chemins de fleurs et de feuillages, et, comme si c’eût été un Dieu visible, essayaient de faire toucher leurs mouchoirs à sa monture pour les garder comme de précieuses reliques. » J’essaie, en ramassant tous ces exemples, de donner l’idée et le sentiment du genre de mérite et de charme que je trouve au style ou plutôt à la langue et à la touche éparse de Mézeray ; il me reste à insister sur ses parties sérieuses d’historien, et aussi à traiter des originalités ou bizarreries de l’homme.

1308. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Je souhaiterais encore une chose, ce serait de remplir de fleurs et d’orangers la petite allée qui est à droite en entrant, et d’abattre les murs qui enferment votre parterre, vous verriez quelle gaieté cela lui donnerait.

1309. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Dans l’épilogue qui termine le chant VIe et que je veux citer pour exemple du ton, l’auteur se représente comme ayant passé la nuit à méditer sur ces astres sans nombre et sur tout ce qu’ils soulèvent de mystères, jusqu’au moment où l’aube naissante les fait déjà pâlir et quand, à côté de lui, l’insecte s’éveille au premier rayon du soleil : Ainsi m’abandonnant à ces graves pensées, J’oubliais les clartés dans les Cieux effacées : Vénus avait pâli devant l’astre du jour Dont la terre en silence attendait le retour ; Avide explorateur durant la nuit obscure, J’assistais au réveil de toute la nature : L’horizon s’enflammait, le calice des fleurs Exhalait ses parfums, revêtait ses couleurs ; Deux insectes posés sur la coupe charmante S’enivraient de plaisir, et leur aile brillante Par ses doux battements renvoyait tous les feux De ce soleil nouveau qui se levait pour eux ; Et je disais : « Devant le Créateur des mondes « Rien n’est grand, n’est petit sous ces voûtes profondes, « Et dans cet univers, dans cette immensité « Où s’abîme l’esprit et l’œil épouvanté, « Des astres éternels à l’insecte éphémère « Tout n’est qu’attraction, feu, merveille, mystère. » Ce sont là des vers français qui me font l’effet de ce qu’étaient les bons vers latins du chancelier de L’Hôpital et de ces doctes hommes politiques du xvie  siècle s’occupant, se délassant avec gravité encore, dans leur maison des champs, comme faisait M. 

1310. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le duc de Bourgogne, en disparaissant dans sa fleur, est resté une de ces espérances confuses et flatteuses que chacun a pu ensuite traduire et chercher à interpréter en son sens.

1311. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Arrivé à Chaillot, où il passait les étés depuis trente ans, Bailly s’y voit l’objet d’une ovation, ou plutôt d’une fête patriarcale et champêtre, « fête sans faste, dont la décente gaieté et les fleurs firent tous les frais », et qu’on lui donne chez lui, dans les différentes pièces de sa maison et de son jardin : Je ne dis rien de trop en disant que je fus embarrassé par cette foule presque entière, qui se pressait autour de moi avec les plus vives expressions de l’amour et de l’estime, une joie pure et douce, une paix qui annonçait l’innocence : cette fête était vraiment patriarcale ; elle m’a donné les plus délicieuses émotions, et m’a laissé le plus doux souvenir.

1312. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

» Et ici vient l’exemple des mouches à miel qui n’emportent point les fleurs comme les bouquetières (dont il vient de parler), mais s’asseyant sur elles comme si elles les couvaient, en tirent l’esprit, la force, la vertu, la quintessence, et s’en nourrissent, en font substance, et puis en font de très bon et doux miel, qui est tout leur : ce n’est plus thym ni marjolaine.

1313. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Parlant d’une beauté qui, dans l’habitude de la vie, avait « un certain air d’indolence et de nonchalance aristocratique, qu’on aurait pris quelquefois pour de l’ennui, quelquefois pour du dédain », M. de La Rochefoucauld n’aurait jamais ajouté, en se dessinant, et en se caressant le menton : « Je n’ai connu cet air-là qu’à une seule personne en France… » Comme si celui qui écrit cela avait connu vraiment toute la fleur des beautés de la France.

1314. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Il naviguait à fleur d’eau sur les courants du jour, s’amusant à y suivre ou à y précéder les autres, et à y faire mille jeux ; déroulant ses flatteries, dérobant ses malices.

1315. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Il y a des femmes qui sont nées et qui mourront bergères ; elles portent le chapeau de fleurs et la houlette jusqu’à quatre-vingts ans : Mme des Ursins était née et ne vivait que pour brasser de grandes affaires et pour avoir la haute main dans de magnifiques tripots, au sein des jardins et des palais.

1316. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Partout il en est ainsi ; l’élégance et l’ornement y sont continus ; pas un moment de relâche, pas un interstice : c’est un tissu où on ne laisse passer aucune occasion de mettre une fleur, épithètes, appositions ingénieuses, allusions à des passages connus, etc.

1317. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Il n’est pas si aisé qu’on le croirait de prouver à des académiciens politiques et hommes d’État comme quoi il y a, dans les Fleurs du Mal, des pièces très remarquables vraiment pour le talent et pour l’art ; de leur expliquer que, dans les petits poèmes en prose de l’auteur, le Vieux Saltimbanque et les Veuves sont deux bijoux, et qu’en somme M. 

1318. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Qu’on voie des fleurs odoriférantes et des feuillages ; qu’il y ait divers arbres et des fruits pendant aux branches, afin que ce lieu paraisse très agréable.

1319. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Israël et le Magnificat ; que tout ce qu’il y a de poésie dans le culte chrétien, l’encens, les chasubles brodées d’or, les longues processions avec des fleurs, léchant, le chant surtout aux fêtes solennelles, grave ou lugubre, tendre ou triomphant, l’a vivement exalté ; qu’il a respiré cet air, vécu de cette vie, et que, par conséquent, il a dû pénétrer plus avant dans le sens et l’intelligence de la musique chrétienne que beaucoup de jeunes gens qui, nourris des traditions de collège et ne voyant dans la messe qu’une corvée hebdomadaire, ne se seraient jamais avisés d’aller chercher de l’art et de la poésie dans les cris inhumains d’un chantre à la bouche de travers. » Et plus loin, insistant, sur le caractère propre, à ces chants grandioses ou tendres, et qu’il importe de leur conserver sans les travestir par trop de mondanité ou d’élégance, devançant ce que MM. d’Ortigue et Félix Clément ont depuis plaidé et victorieusement démontré, il dira (qu’on me pardonne la longueur de la citation, mais, lorsque je parle d’un écrivain, j’aime toujours à le montrer à son heure de talent la plus éclairée, la plus favorable, et, s’il se peut, sous le rayon) : « J’ai dit tout à l’heure, en parlant du Dies iræ, que je ne connaissais rien de plus beau ; j’ai besoin d’y revenir et de m’expliquer.

1320. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Une jeune marquise se mit à railler sa coiffure ; car Mme de Motteville aurait eu, ce soir-là, des fleurs ou des feuilles dans les cheveux. — « Quelle est la plante qui sert de parure aux ruines ? 

1321. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Il m’offre en lui l’image toute contraire à celle du poëte qui parle « d’un fruit déjà mûr sur une tige toute jeune et tendre » ; ici, c’est une fleur tendre et délicate sur une branche un peu rude.

1322. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Le génie des Grecs est infini et varié ; il est naturellement délicat ; toutes les formes de l’art y atteignent vite et d’elles-mêmes à la perfection et à la fleur.

1323. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Ces mêmes historiens de la langue et qui l’admirent surtout aux xiie et xiiie  siècles, dans sa première fleur de jeunesse et sa simplicité, sont portés à proscrire, à juger sévèrement toute l’œuvre de la Renaissance, comme si elle n’était pas légitime à son moment et comme si elle ne formait pas, elle aussi, un des âges, une des saisons de la langue.

1324. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Le fait est que c’est l’heure pour les générations qui ont commencé à briller ou qui étaient déjà en pleine fleur il y a dix ans, de se bien pénétrer, comme en un rappel solennel, qu’il y a à s’entendre, à se resserrer une dernière fois, à se remettre en marche, sinon par quelque coup de collier trop vaillant, du moins avec quelque harmonie, et, avant de se trouver hors de cause, à fournir quelque étape encore dans ces champs d’études qui ont toujours eu jusqu’ici gloire et douceurs.

1325. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Mais, dès 1684, nous avons de lui un admirable Discours en vers, qu’il lut le jour de sa réception à l’Académie française, et dans lequel, s’adressant à sa bienfaitrice, il lui expose avec candeur l’état de son âme : Des solides plaisirs je n’ai suivi que l’ombre, J’ai toujours abusé du plus cher de nos biens : Les pensers amusants, les vagues entretiens, Vains enfants du loisir, délices chimériques, Les romans et le jeu, peste des républiques, Par qui sont dévoyés les esprits les plus droits, Ridicule fureur qui se moque des lois, Cent autres passions des sages condamnées, Ont pris comme à l’envi la fleur de mes années.

1326. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Elle se manifeste sur les lèvres par les mots d’épanouissement, de bonheur, de volupté noble ; en même temps, la vue intérieure a saisi quelque image correspondante, une fleur qui s’ouvre, un visage qui sourit, un corps penché qui s’abandonne, un accord riche et plein d’instruments doux, une caresse d’air parfumé dans une campagne ; voilà des comparaisons et métaphores expressives, c’est-à-dire des représentations sensibles, des souvenirs particuliers, des résurrections de sensations, toutes analogues à celles que je viens d’éprouver, du même ton et du même tour.

1327. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Et pourtant il y a des choses exquises dans ces Caresses, et qui sont d’un grand poète : la Voix des choses ; Dans les fleurs ; Berceuse ; le Bon souvenir… Quel dommage qu’il ne s’affranchisse pas plus souvent de sa rhétorique truculente et pseudo-villonesque !

1328. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Chaque génération a vu sa jeunesse et son élite moissonnées dans leur fleur.

1329. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Dans la même année, il écrivait à madame de La Sablière :                  « Les pensers amusants,                  « Les romans et le jeu, « Cent autres passions des sages condamnées « Ont pris comme à l’envi la fleur de mes années. » Il finit par s’exhorter, il est vrai, sans grande espérance de succès, à embrasser un autre genre de vie : « Que me servent ces vers avec soin composés ?

1330. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Malheureusement ses démonstrations anatomiques sont faites sur des mannequins bourrés de paille et, si on les applique à des êtres vivants, on s’aperçoit qu’elles forment — épines sèches et fleurs fanées — le plus banal fagot d’erreurs connues et de vérités triviales.

1331. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Cela fait l’effet d’une fleur respirée, au bord d’un abîme.

1332. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Par exemple, dans l’éloge du grand physicien Duhamel, en annonçant qu’il va le considérer d’abord comme agriculteur, l’orateur biographe nous dira que « les premières fleurs qu’il jettera sur le tombeau de M. 

1333. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

S’il eût été homme appliqué et d’étude, il était d’âge à percer en plein règne de Louis XIV ; mais, son génie étant tout de hasard et de rencontre, il attendit les dernières années du règne et le commencement du xviiie  siècle pour s’épanouir, pour se montrer tout entier lui-même ; on ne se le figure guère se couronnant de fleurs qu’en cheveux blancs, et à l’âge de près de quatre-vingts ans.

1334. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

C’étaient les deux comtes de Stolberg, nourris de la fleur grecque et de l’esprit chrétien, philosophes et littérateurs éminents ; Jacobi, philosophe aimable, d’un sentiment délicat et pur ; d’autres encore moins connus ici, enfin une société douce mais grave : « Nous avons rencontré, écrivait-il à Mallet du Pan en avril 1798, de l’instruction et des vertus. » Dans une autre lettre à ce même ami alors réfugié à Londres, il a peint lui-même l’état calme et reposé de son âme en ces années d’attente, de conversation nourrie et de réflexion communicative : Il n’y a rien de nouveau en France, lui écrivait-il (24 juin 1798.)

1335. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Villemain, il n’était que le plus brillant, le plus ingénieux, le plus éloquent des littérateurs, agrandissant et prolongeant sans doute le plus qu’il pouvait son domaine, un peu trop curieux, je le crois, d’y faire entrer avec une émulation visible les beautés parlementaires de nos voisins qui étaient à l’ordre du jour, mais fécondant d’ailleurs tout ce qu’il touchait, et nous en offrant le sentiment et la fleur.

1336. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Considérant que notre marché est aussi abondamment approvisionné que le meilleur des jardins, je me suis mis à transformer le mien, au milieu duquel est ma maison, en pièces de gazon et en allées sablées, avec des arbres et des arbustes à fleurs.

1337. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

        La bagatelle, la science, Les chimères, le rien, tout est bon ; je soutiens         Qu’il faut de tout aux entretiens :     C’est un parterre où Flore épand ses biens ; Sur différentes fleurs l’abeille s’y repose,         Et fait du miel de toute chose.

1338. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Montez, c’est la tourmente ; descendez, ce sont les fleurs.

1339. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Ce bon goût dans les manières, cette fleur de la conversation, cette mesure en toutes choses, ce tact exquis des convenances, nous ne perdrons point tout cela tant que nous n’aurons pas renoncé à la société des femmes ; et il faut espérer que nous n’y renoncerons jamais, ou plutôt nous sommes dans cette heureuse nécessité.

1340. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Les grâces ravissantes, le style divin, la nonchalance, la vivacité, l’enthousiasme de Platon couvrirent bientôt l’éclectisme d’une moisson de fleurs ; ce fut un jardin après un souterrain. — Mais le jardin était étroit ; Platon n’avait fait qu’indiquer le monde idéal ; ses dialogues semblaient un préambule plutôt qu’un voyage ; d’ailleurs son principal ouvrage, le Parménide, paraissait inintelligible.

1341. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

J’aime mieux traduire encore un passage, dont la solennité et la magnificence donneront quelque idée des sérieux et riches ornements qu’il jette sur son récit, sorte de végétation puissante, fleurs de pourpre éclatante, pareilles à celles qui s’épanouissent à chaque page du Paradis perdu et de Childe Harold. […] Là, Siddons, dans toute la fleur de sa majestueuse beauté, regardait avec émotion une scène qui surpassait toutes les imitations du théâtre. […] Le progrès de la civilisation qui a changé tant de landes incultes en champs dorés de moissons, ou égayés par les fleurs des pommiers, n’a fait que rendre Glencoe plus désolée.

1342. (1903) Le problème de l’avenir latin

Un autre organisme allait se nourrir de sa ruine et grandir à son tour, produire de nouvelles branches et de nouvelles fleurs. […] Ainsi lorsque les fauves blonds du Nord, inconscients purificateurs, qui mettent dans la vie même l’intensité que l’homme des antiques civilisations dépense intellectuellement ou sensitivement, viennent inonder sous leurs flots cette merveilleuse fleur de siècles de culture, semblent-ils n’accomplir qu’une besogne naturelle d’hygiène cosmique.‌ […] C’est parce que je ne regarde pas uniquement les hautes œuvres de la civilisation, les sommets et les fleurs, mais l’ensemble, c’est à dire les membres, les muscles, les mains, la vigueur, les branches et le tronc de l’arbre social. […] Pour exprimer l’opposition de fond entre les principes qui dominent la civilisation latine et la civilisation germanique, on pourrait dire aussi que la première est à la seconde ce qu’est un jardin d’agrément, où s’épanouissent des fleurs splendides et capiteuses, à un champ de culture sans art ni agrément. […] Sur notre terre des fleurs d’un parfum et d’un éclat splendide brillent, il est vrai, mais il ne faudrait pas négliger de voir que le tronc et les branches de l’arbre latin ne sont pas en rapport avec elles.

1343. (1900) Molière pp. -283

— Le bon sens c’est la petite fleur bleue de la bruyère, elle croît aux champs, où on la foule aux pieds ; les bonnes gens de province la mettent à leur boutonnière, le soir, quand ils reviennent de goûter le frais dans les prairies d’alentour, et cela les expose à la risée des élégants qui ont vu la capitale. Mais faites attention qu’il se fabrique dans le monde bien des bouquets où l’on associe avec fracas la tulipe de Hollande aux cactus des tropiques, et où manque la petite fleur bleue. […] En 1664, Louis XIV ne règne que depuis trois ans, et il doit régner cinquante et un ans encore ; il n’a que vingt-quatre ans, il est dans la fleur de son règne, il est respecté en Europe, ayant fait deux ou trois coups d’éclat : l’humiliation de l’ambassadeur d’Espagne, et celle du pape. […] Qu’il paraît bien nourri ; quel vermillon, quel teint, Le printemps dans sa fleur sur son visage est peint. […] Là où la raillerie ne se propose d’autre objet et n’atteint d’autre effet que la raillerie même, nous n’avons pas l’esprit dans sa fleur ; une nuance de trop d’humeur chagrine, qui s’y montre, l’altère et nous empêche d’en jouir.

1344. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

ô jeune fleur de tes lys belliqueux ! […] attendez ; Roland se lève d’un lit où le regret d’être loin d’Angélique a troublé son sommeil : un mauvais songe lui a persuadé qu’un rival a pu cueillir une fleur qu’il a respectée, et son agitation jalouse est le premier symptôme de son futur accès de démence. […]     « Le dieu qui foudroyait soupire, « Et l’Ida se couvre de fleurs ; « Je pleure à ce tendre sourire « Qu’Andromaque a mouillé de pleurs ! […] « Ainsi, dans cet amas de nobles fictions, « Le poète s’égaie en mille inventions, « Orne, élève, embellit, agrandit toutes choses, « Et trouve sous sa main des fleurs toujours écloses. […] Je retrouvai dans les sexes des fleurs, parmi les zoophytes et les madrépores, de nouvelles amours, et jusqu’aux hermaphrodites de la fable.

1345. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Quelle utilité de comparer les Fleurs du mal aux Méditations ? […] J’imagine qu’ils le doivent à la pratique des Fleurs du mal et aux pernicieux exemples de Charles Baudelaire. […] Toutes les fleurs dont les hommes ont essayé d’enguirlander l’amour ne sauraient l’empêcher d’être finalement ce qu’il est. […] Spronck, — son livre nous apporte, sur l’auteur des Fleurs du mal ou sur celui de Madame Bovary, le témoignage ou l’écho des opinions et des conversations, comme dirait M.  […] En revanche, et après avoir encore une fois relu les Fleurs du mal, avec le livre de M. 

1346. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

« Bien me plaît le doux printemps qui fait venir les feuilles et les fleurs. […] Cette poésie des troubadours, doit-on la supposer une fleur de Provence, qui naquit là, comme une fleur des champs ? […] Rien ne ressemble moins à la poésie méridionale des premiers temps ; poésie qui est toute à fleur d’âme, et qui plaît, comme les accents d’une belle voix, indépendamment des pensées et des sentiments qu’elle exprime.

1347. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Si vous n’êtes pas riche vous aurez tout ce qu’il vous faut, avec une maison à un étage, simple, propre, un toit caché, un enduit de couleur, quelques bas-reliefs en plâtre, ou un encadrement rustique, un ruisseau large et rapide, s’échappant d’un vrai rocher, un pont tremblant comme celui d’Aline, quelques bancs, peut-être une table de pierre ; une cabane de berger, salon ambulant, monté sur quatre roues ; quelques pins, fiers sans orgueil, quelques peupliers d’Italie, élevés, sans faste, lestes et obligeants ; un saule pleureur, un arbre de Judée, un acacia, un platane, trois plates-bandes de fleurs jetées au hasard, des marguerites sur une partie de votre pelouse, un petit champ de coquelicots et de bluets… Je supprime ici le chapitre des allégories, inscriptions, hiéroglyphes, dont il ne veut pas qu’on abuse, mais que toutefois il accorde, tribut payé au goût du temps : Avec tout cela, dit-il, et un haha 36 environnant et ignoré, qui fait jouir des coteaux, des plaines, des bois, des prairies, des villages et des vieux châteaux des environs, je surpasserais et Kent et Le Nôtre, et, avec vingt mille francs pour tout l’ouvrage et deux cents francs d’entretien, je détournerais de dix lieues tous les voyageurs.

1348. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Ce qui peut frapper dans le récit, d’ailleurs intéressant, que Duclos nous fait de ses jeunes années, c’est le ton brusque et sans charme ; l’espèce de gaieté qui s’y montre est une gaieté sèche et sans fleur ; il ne s’étend un peu et ne marque un sentiment de complaisance que lorsqu’il y parle des hommes qu’il a connus, et qu’il se met à développer les caractères.

1349. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Beyle cherche ainsi dans le roman une pièce à l’appui de son ancienne et constante théorie, qui lui avait fait dire : « L’amour est une fleur délicieuse, mais il faut avoir le courage d’aller la cueillir sur les bords d’un précipice affreux. » Ce genre brigand et ce genre romain est bien saisi dans L’Abbesse de Castro ; cependant on sent que, littérairement, cela devient un genre comme un autre, et qu’il n’en faut pas abuser.

1350. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Il était tendrement épris depuis quelque temps de l’aimable Mme de La Sablière, et croyait que cette passion qu’elle lui inspirait serait éternelle : Je sers une maîtresse illustre, aimable et sage ;         Amour, tu remplis mes souhaits : Pourquoi me laissais-tu, dans la fleur de mon âge, Ignorer ses vertus, ses grâces, ses attraits ?

1351. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

C’était véritablement la fleur des pois que Mme de Prie alors, la plus jolie figure, et parée encore plus de grâces que de beauté, un esprit délié et qui allait à tout, du génie et de l’ambition, étourdie avec de la présence d’esprit.

1352. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Si parmi les syllogismes croissent quelques pauvres fleurs, c’est la faute ou le mérite de La Fontaine : où n’en ferait-il pas naître ? 

1353. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Lui aussi il était, mais il n’était qu’à demi de la race de René, en ce sens qu’il ne se croyait pas une nature supérieure : bien loin de là, il croyait se sentir pauvre, infirme, pitoyable, et dans ses meilleurs jours une nature plutôt écartée que supérieure : Pour être aimé tel que je suisa, se murmurait-il à lui-même, il faudrait qu’il se rencontrât une âme qui voulût bien s’incliner vers son inférieure, une âme forte qui pliât le genou devant la plus faible, non pour l’adorer, mais pour la servir, la consoler, la garder, comme on fait pour un malade ; une âme enfin douée d’une sensibilité humble autant que profonde, qui se dépouillât assez de l’orgueil, si naturel même à l’amour, pour ensevelir son cœur dans une affection obscure à laquelle le monde ne comprendrait rien, pour consacrer sa vie à un être débile, languissant et tout intérieur, pour se résoudre à concentrer tous ses rayons sur une fleur sans éclat, chétive et toujours tremblante, qui lui rendrait bien de ces parfums dont la douceur charme et pénètre, mais jamais de ceux qui enivrent et exaltent jusqu’à l’heureuse folie du ravissement.

1354. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

C’est un herboriste du métier dans cette espèce de botanique qui consiste à ne prendre dans nos terres si cultivées que de vrais simples et des fleurs des champs.

1355. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Horace Vernet est de force ; au reste, à supporter vos dédains ou vos encouragements protecteurs ; il a eu, en effet, cette vive et brillante saison de jeunesse, cette fleur première trop tôt passée et dont rien ne vaut le charme ; mais il ne s’y est pas tenu : il est allé travaillant, étudiant d’après nature, voyant, regardant sur place, se développant et se fortifiant sans cesse dans sa voie principale jusqu’à ce qu’il soit devenu vers 1840 le plus grand peintre, non plus d’épisodes et d’anecdotes, mais le plus grand peintre d’histoire militaire que nous ayons eu.

1356. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Chez Gavarni, cet amateur de fleurs a son grand arbre, son cèdre empoté et à l’état de bouture : il le tient à la main et se sourit de plaisir à lui-même en le contemplant.

1357. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

. — Plus d’une fois elle a passé devant les yeux de notre âme, cette barque qui porte un négrillon à la poupe et de beaux jeunes gens vêtus des sveltes costumes dont Yittore Carpaccio habille ses Magnifiques ; plus d’une fois aussi nous avons vu en songe se pencher du haut des terrasses blanches ces belles filles aux tresses d’or crespelées, aux robes de brocart d’argent, aux colliers et aux bracelets de perles, qui jettent un baiser avec une fleur au galant haussé sur la pointe du pied !   

1358. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Dans cette course à vol d’oiseau sur les folies du passé, on laisserait bien vite avec dégoût ce qui n’est que bruit, étourdissement et débauche vulgaire ; on glisserait, comme un Hamilton l’eût pu faire, sur la cime des choses, on n’en prendrait que la fleur, — assez pour la reconnaître, rien de plus.

1359. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Taine comme, à ma connaissance, il ne l’avait pas été encore : il n’apparaît qu’à son moment et après un tableau caractérisé de la Renaissance chrétienne, de ce puritanisme dont il est la fleur suave et douce et la couronne sublime, bien qu’un peu bizarre.

1360. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

qui continuerait de respecter et de respirer la fleur sobre, au fin parfum, des Pope, des Boileau, des Fontanes, ce jour-là le critique complet serait trouvé ; la réconciliation entre les deux écoles serait faite.

1361. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Il avait donné d’abord en plein dans la doctrine de Wolf ; il l’avait épousée ; puis il s’en détachait, à la réflexion, et il disait dans une de ses épigrammes, qui sont sur sa lèvre comme le sourire et la fleur d’une pensée profonde : HOMERE DERECHEF HOMERE.

1362. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

La Vierge à la chaise sera toujours l’académie de la divinité de la femme. » Je me sens peu juge en matière d’art, n’ayant pas eu dans ma vie assez d’occasions de regarder et de comparer ; mais, à première vue, je n’aurais pas cru que Raphaël fût si gros ni si opposé au Vinci, dont je l’aurais plutôt considéré comme la fleur dernière et l’épanouissement.

1363. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Et M. de Valincour n’était pas du tout un savant en us borné aux Anciens : il goûtait les littératures modernes, Milton comme Racine : une lettre de lui nous apprend qu’il estimait les adieux d’Eve à ses fleurs (Paradis perdu, liv. 

1364. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Et le soir, un cercueil avec des fleurs passait au même chemin ; le De Profundis avait remplacé les chansons, et, dans la double rangée de jeunes filles en blanc, chacune maintenant semblait dire : Les chemins devraient gémir, Tant belle morte va sortir ; Devraient gémir, devraient pleurer, Tant belle morte va passer !

1365. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Toutes les âmes jeunes, vives, nationales, naturellement françaises, y trouvèrent l’expression éloquente et harmonieuse de leurs douleurs, de leurs regrets, de leurs vœux ; tout y est honnête, avouable, et respire la fleur des bons sentiments : Casimir Delavigne s’y montra tout d’abord l’organe de ces opinions mixtes, sensées, aisément communicables, et si bien baptisées par un grand écrivain, le mieux fait pour les comprendre et les décorer, par M. de Chateaubriand, de ce nom de libérales qui leur est resté.

1366. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Ailleurs, la vulgaire comparaison du croissant de la lune à une faucille, gagnant par une contagion semblable les autres idées réunies dans la même phrase, entourant l’image primitive d’images complémentaires, a créé un merveilleux tableau : Tout reposait dans Ur et dans Jerimadeth ; Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ; Le croissant fin et clair, parmi ces fleurs de l’ombre, Brillait à l’occident, et Ruth se demandait, Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles, Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été Avait, en s’en allant, négligemment jeté Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.

1367. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

On y verra des fleurs odoriférantes et du feuillage : on y trouvera divers arbres, auxquels pendront des fruits, afin que le lieu paraisse fort agréable.

1368. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

. — Éditions : les Fleurs du mal (1857 et 1861).

1369. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Ils évoquent des cavaliers beaux, spirituels, habiles à tous les exercices du corps, aisés, victorieux, sûrs de plaire, qui jouissent de tout leur être et dont l’occupation est de cueillir toutes les fleurs des plaisirs les plus réels.

1370. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Pendant les deux mois de mars et d’avril, la campagne est un tapis de fleurs, d’une franchise de couleurs incomparable.

1371. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Mais aujourd’hui, quand on lit Bourdaloue (s’il faut être sincère), avec toutes ses qualités saines, solides, mais que ne relèvent en rien l’invention du détail et la fleur de l’expression, il ennuie.

1372. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Il a traduit Théocrite en le travestissant, en lui prêtant des fleurs de rhétorique et en l’affublant d’une fausse élégance.

1373. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Dans sa fleur de beauté sous la Régence, elle en respira l’esprit ; elle fut la maîtresse du Régent et de bien d’autres.

1374. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Il a rempli cet autre vœu de Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Et, enfin, il semble avoir été mis au monde exprès pour prouver qu’en poésie française il n’était pas tout à fait impossible de trouver ce que Fénelon désirait encore : « Je voudrais un je ne sais quoi, qui est une facilité à laquelle il est très difficile d’atteindre. » Prenez nos auteurs célèbres, vous y trouverez la noblesse, l’énergie, l’éloquence, l’élégance, des portions de sublime ; mais ce je ne sais quoi de facile qui se communique à tous les sentiments, à toutes les pensées, et qui gagne jusqu’aux lecteurs, ce facile mêlé de persuasif, vous ne le trouverez guère que chez Fénelon et La Fontaine.

1375. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

., etc. » Tout cela est désagréable et sent peu cette fleur d’expression que nous goûtions et respirions encore l’autre jour sous le nom d’urbanité.

1376. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Il écrivait ce chapitre (xiie du livre III) au milieu même des maux publics qu’il dépeignait, et avant qu’ils eussent pris fin : il le terminait encore à sa manière poétique et légère, en le montrant comme un assemblage d’exemples, un « amas de fleurs étrangères », auxquelles il n’avait fourni du sien que le « filet » pour les « lier ».

1377. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

La voilà donc à dix-sept ans (1652), dans sa première fleur de beauté, mariée à un mari infirme et qui ne pouvait lui être de rien, au milieu d’une société joyeuse et la moins scrupuleuse de propos comme de mœurs : il lui fallut tout un art précoce et un sentiment vigilant pour se faire considérer et respecter de cette jeunesse de la Fronde.

1378. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Quand il fut dans la grande allée, je lui dis : « Vous ne croiriez pas, monsieur, le respect que tout le monde, jusqu’au plus petit bourgeois, a pour ce jardin ; non seulement les femmes et les petits enfants ne s’avisent jamais de cueillir aucune fleur, mais même d’y toucher.

1379. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Je vous vois cueillir les plus belles fleurs du monde sur les bords d’un fleuve tranquille, tandis que j’erre à l’aventure sur les côtes de l’Océan pour chercher quelques mauvaises coquilles.

1380. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il en était encore en la fleur, et au temps que la jouissance en est plus agréable ; et, quant à sa fortune, elle ne faisait encore que de le saluer, et n’avait pas eu loisir de se reposer auprès de lui.

1381. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Pour ce suis-je bien tenue et obligée à la divine Miséricorde, par laquelle j’ai été amplement récompensée de toutes les adversités et inconvénients qui m’étaient advenus dans mes premiers ans et en la fleur de ma jeunesse.

1382. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

En 1740, un autre moment commence ; Frédéric s’était dit de bonne heure : « Ne prenons que la fleur du genre humain. » Une fois maître des choses, il essaya de réaliser ce vœu et de réunir ce qu’il y avait de plus piquant, de plus vif et de plus sociable en gens d’esprit de toutes nations.

1383. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Dès que nous voyons une rose rouge, cette image tend à se ranger d’elle-même à côté de rose blanche, rose jaune, rose en général, puis dans la sous-classe des fleurs, puis dans la sous-classe des objets rouges, puis dans la classe des objets visibles, etc.

1384. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

. — Créer un massif de fleurs, une chambre, une reliure : voilà, ce qui dans ce moment, amuse ma cervelle.

1385. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Il a eu l’enseignement primaire des nuées, du firmament, des météores, des fleurs, des bêtes, des forêts, des saisons, des phénomènes.

1386. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Le jardin attenant à la villa, un jardin anglais aux allées sinueuses et qui se prolonge derrière la maison jusqu’aux plaines situées entre le Vésinet et Croissy, est rempli d’arbres et de parterres de fleurs.

1387. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Mme Daniel Stern, malgré ses prétentions à être un philosophe, est surtout une rhétoricienne, mais sa rhétorique n’a point de fleurs.

1388. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Il n’y a que les ministres renvoyés qui l’écrivent, et Édelestand du Méril n’a été renvoyé de nulle part… Détortillez-le de la science qui l’enveloppe comme un morceau de papier enveloppe un cactus, et vous verrez quelle fleur féconde et superbe d’intelligence cachait ce maudit morceau de papier !

1389. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Comment s’étonner qu’une telle atmosphère de sacrifice produise en abondance les fleurs les plus rares de la haute spiritualité.

1390. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Notre civilisation n’est donc qu’une jolie fleur éclose entre deux éruptions au bord d’un cratère !

1391. (1898) Essai sur Goethe

Goethe, lui, ne soupçonne pas même de telles anxiétés : « Je suis ce que je suis, semble-t-il dire, et cela signifie un être supérieur, une fleur suprême de l’humanité ; comment suis-je parvenu à ce haut épanouissement ? […] Il ne se préoccupe point de l’éducation ni du développement de son « moi », qui, sans chercher avec la nature une harmonie pour lui difficile à réaliser, s’épanouit librement, selon ses propres lois, comme une fleur unique, étrange et belle. […] Comment la lettre froide et morte pourrait-elle reproduire cette fleur céleste de l’âme ? […] Vous la connaissez bien : c’est celle qui plaît toujours ; comme une fleur elle se montre au monde : sa belle figure, en se développant, est devenue un modèle : accomplie à présent, elle l’est et le représente. […] Il aurait dû naître au temps où des papes lettrés et des cardinaux philosophes hésitaient entre Platon et Jésus-Christ, avant le concile de Trente : il eût alors été l’un des héros de l’humanisme, son génie se fût épanoui en fleurs superbes.

1392. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Encore ceci, qui, ma foi, est admirable « Près d’une tombe : C’est pour le mal qu’il vous a fait, ces fleurs ? […] Le silence est la fleur chaste de l’amour. » Quelquefois Aurel le moraliste devient un Aurel presque philosophe. […] Si les buissons épineux de la route sont un fond nécessaire aux fleurs ; si leur ton neutre et calme est, en lui seul, apaisant pour nos yeux ; si les pierres les plus aiguës ont de beaux angles fiers, et si même les encombrantes roches m’apparaissent magnifiques à dépasser ?  […] Fleurs cultivées autour d’une pierre froide. […] Elle méprisait la peinture de genre ; et sans aller, comme ce furibond de Wicar, jusqu’à demander pour eux la guillotine, elle répondait aux peintres de genre et aux peintres de fleurs qui sollicitaient leur part des travaux commandés par la Convention, « qu’ils étaient des artistes de pure fantaisie et que les encouragements de la nation ne devaient être réservés qu’à ceux qui, par leur crayon et les sujets qu’ils représentent, peuvent affirmer notre Révolution en propageant les belles actions et les vertus ».

1393. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

À force de répéter qu’ils sont le suc et la fleur du genre humain, les pangermanistes ont fini par le croire. […] Les enfants jouent, les filles chantent, la fontaine murmure ; au cabaret, les camarades s’asseyent sur le vieux banc près des pots de fleurs et des fagots. […] La tragédie de Racine, comme une fleur violente et douce, surgit naturellement de ce sol tourmenté et arrosé d’orages. […] L’instinct n’est pas la fleur accomplie de l’intelligence. […] Elle est, dans une tempête qui souffle, une petite fleur, de couleur claire ; elle lutte : elle sera brisée.

1394. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Que de sujets, s’il veut reproduire et le canal gelé, et la rue grouillante, et la chaumière flanquée des poulaillers, des écuries, des auges et des étables à porcs ; et la tabagie, où la bière mousse dans les pots d’étain, pendant que les pipes s’allument aux charbons des réchauds en terre ou aux tisons du foyer ; et les boutiques, qui étalent les poissons ou les pièces de gibier ; et la cuisine où luisent les chaudrons de cuivre et les couteaux près des choux et des carottes, sous la cage d’osier pendue au coin de la fenêtre, sous le coq accroché par la patte au clou du mur ; et la salle à manger, où le ventre rebondi des aiguières et des carafes réfléchit les losanges des fenêtres, à côté des melons éventrés, des citrons tailladés, des victuailles découpées, des pâtés en ruine, reliefs des plantureux repas ; et le cabinet de travail, où sont les règles, les trébuchets, les parchemins scellés de rouge, les compas et les sphères ; les escaliers enfin et les balustrades, dont la corniche de marbre porte des courges, des raisins, des abricots, des pêches et toutes les fleurs familières des jardins d’autrefois. Sur ces fleurs van Huysum et ses émules font sauteler des insectes, ramper des limaces et voltiger des papillons. […] Je me détourne sans regret des anges, enfants des nuages, et des guerriers héroïques, pour contempler une vieille femme courbée sur son pot de fleurs en mangeant son dîner solitaire…, ou bien cette noce de village qui se passe entre quatre murailles enfumées, où l’on voit un fiancé maladroit ouvrir gauchement la danse avec une fiancée aux énormes épaules et à la large figure. » On pourra se récrier : « Pouah ! […] « Chaque herbe, chaque fleur des champs a sa beauté distincte et parfaite, elle a son habitat, son expression, son office particulier, et l’art le plus élevé est celui qui saisit ce caractère spécifique, qui le développe et qui l’illustre, qui lui donne sa place appropriée dans l’ensemble du paysage et par là rehausse et rend plus intense la grande impression que le tableau est destiné à produire » ; impression toute bienfaisante qui est un excellent moyen d’édification : « Surprendre dans l’herbe ou dans les ronces ces mystères d’invention ou de combinaison par lesquels la nature parle à l’esprit ; retracer la fine cassure et la courbe descendante. et l’ombre ondulée du sol qui s’éboule, avec une légèreté, avec une finesse de doigté qui égalent le tact de la pluie ; découvrir, jusque dans les minuties en apparence insignifiantes et les plus méprisables, l’opération incessante de la puissance divine qui embellit et glorifie ; proclamer enfin toutes ces choses pour les enseigner à ceux qui ne regardent pas et qui ne pensent pas : voilà ce qui est vraiment le privilège et la vocation spéciale de l’esprit supérieur ; voilà par conséquent le devoir particulier qui lui est assigné par la Providence. » Ainsi c’est « par la lettre que doit régner l’esprit ». […] D’autres se sont peint « avec du jus d’herbes de larges fleurs sur le corps », ce sont les archers de Cappadoce.

1395. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Elle fait corps avec cette imagination, c’est-à-dire avec de la substance, de la plante et de la fleur humaines. […] Le roman d’aventures s’épanouira naturellement chez un peuple de marins, Grecs, Anglais, Arabes de la mer Rouge, et les repos et les découvertes, et les fleurs de la mer ce sont ses îles. […] Notre vie littéraire, fatiguée et sensuelle, tend à prendre une figure de ce genre : laissons-lui donner les fleurs de sa saison. […] Ces logiciens parfaits, ces humoristes de l’absolu, ce sont les edelweiss de notre littérature, les fleurs des glaciers. […] * * * Si le plaisir ressemble à un buisson de fleurs, épanoui sous le soleil, ces fleurs, comme toutes les plantes, ont un ennemi : les taupes.

1396. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Alméria, à qui l’on offre une couronne, répond insolemment : « Je la prends non comme donnée par vous, mais comme due à mon mérite et à ma beauté715. » Indamora, à qui un vieux courtisan fait une déclaration d’amour, lui dit son fait avec une gloriole de parvenue et une grossièreté de servante : « Quand je ne serais pas reine, avez-vous pesé ma beauté, ma jeunesse qui est dans sa fleur, et votre vieillesse qui est dans sa décrépitude716 ?  […] Comme Shakspeare, il a conçu de vraies âmes féminines740, une Monimia, surtout une Belvidera qui, semblable à Imogène, s’est donnée tout entière et perdue comme en un abîme dans l’adoration de celui qu’elle a choisi, qui ne sait qu’aimer, obéir, pleurer, souffrir, et qui meurt comme une fleur séparée de sa tige, sitôt qu’on arrache ses bras du col autour duquel elle les avait noués. […] Au milieu de la dispute théologique se développent des paysages ; il voit « de nouveaux bourgeons fleurir, de nouvelles fleurs se lever, comme si Dieu eût laissé en cet endroit les traces de ses pas et réformé l’année.

1397. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

J’ai rêvé cette nuit d’un malheur, comme si deux sangliers sauvages te poursuivaient sur la bruyère ; et les fleurs en devinrent rouges. […] « Il tomba parmi les fleurs, l’époux de Kriemhilt ! […] Croyez-en ma parole véridique, vous vous êtes frappés vous-mêmes. » « Tout autour de lui les fleurs étaient baignées de sang.

1398. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Un proverbe dit qu’il ne faut jamais frapper les femmes, même avec des fleurs. […] Tout cela forme une chaîne : l’honneur pend au dernier anneau comme une fleur ; mais, si la chaîne est rompue, la fleur tombe avec le reste69. » Cette idée, à savoir que toute vertu est caduque si elle n’a pas son principe dans la religion, a été si souvent développée par les moralistes chrétiens, que l’expression en pourrait sembler banale. […] Dans la Faute de l’abbé Mouret, « les larges descriptions de plantes et de fleurs n’ont pas été prises seulement dans les catalogues ; le romancier a poussé la conscience jusqu’à aller dans les expositions horticoles ». […] Ce sont les gamins poussés du pavé des villes : cette brute de Marjolin, ce mauvais singe de Jeanlin, et Muche, l’ineffable Muche, fleur du ruisseau parisien. […] Les Faux Bonshommes, Madame Bovary, les Fleurs du mal venaient de paraître coup sur coup.

1399. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il est gai ; il est sensible ; à fleur de peau, mais il l’est. […] Qui donc, il y a trente ans, ne récitait pas :        En allant vers la ville où l’on chante aux terrasses, Sous les arbres en fleurs comme des bouquets de fiancées,              … Nous avons rencontré les filles de la plaine              Qui s’en allaient à perdre haleine… … Elle avorta presque tout de suite cette réaction vers-libriste ! […] Il se l’est tracé à lui-même, mettant en scène deux chambrières qui le soignent dans un hôtel de ce Bolbec, en Normandie, tout parfumé encore de ses souvenirs d’enfance et de « l’ombre des jeunes filles en fleurs ». […] Il me souvient de l’enthousiasme du grand, du généreux Rosny aîné lors de la publication de À l’ombre des jeunes filles en fleurs ; et celui-là se moque du public et de la publicité. […] Il n’est du reste nullement impossible que le poète des Fleurs du Mal, qui aimait le latin du moyen âge, ait lu celle-ci, ou bien qu’il l’ait connue par l’intermédiaire d’un « cours d’instruction religieuse » tel qu’on les donnait alors dans les lycées.

1400. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

On a observé dernièrement que les Abeilles, au lieu d’aller chercher le pollen de fleur en fleur, emploient très volontiers diverses substances, et entre autres du gruau110.

1401. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

les differentes idées, dit un auteur moderne, sont comme des plantes et des fleurs qui ne viennent pas également bien en toutes sortes de climats… etc. . […] Fracastor, Sannazar et Vida, firent alors les meilleurs vers latins qui aïent été composez depuis que les lettres romaines ont jetté de nouvelles fleurs.

1402. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

En cette saison gracieuse, reposée et unique peut-être dans sa vie, Rosny, âgé de près de vingt-sept ans, dans sa maturité première et, si l’on ose dire, dans sa fleur d’austérité, n’avait pas encore cette mine rébarbative qu’il eut depuis, et que nous lui verrons prendre successivement à travers les fatigues, les périls, les contentions et les applications de toutes sortes, où sa capacité opiniâtre, son ambition légitime et jalouse, son amour du bien public et de l’honneur de son maître l’engagèrent de plus en plus.

1403. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Quand elle arriva en France à l’âge de dix-neuf ans, on ne s’attendait pas à tout cela ; on était rempli du souvenir et du regret de l’autre Madame, l’aimable Henriette, enlevée dans la fleur du charme et de la grâce : « Hélas !

1404. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Mme Dacier nous a peint son père, bel homme, quoique d’une taille peu dégagée, blond, avec des yeux d’un bleu remarquable ; extrêmement bon, mais un peu brusque ; vif, plein de feu dans le moment, sans rancune, et bien qu’ayant rompu presque tout commerce avec le monde, toujours ouvert et tendre à l’amitié : Quoiqu’il fût, dit-elle, dans un des plus beaux pays du royaume, où l’on peut se promener le plus agréablement, il ne se promenait presque jamais ; son étude, ses enfants et un jardin, où il avait toutes sortes de belles fleurs qu’il prenait plaisir à cultiver lui-même, étaient son divertissement ordinaire.

1405. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

On me flattait sur les détails de cette pièce : en effet, c’était le premier essor d’une âme tout étonnée des sentiments qu’elle éprouve la première fois, la pure fleur du sentiment qui paraît exagéré quand on ne l’a pas connu, et qui est pourtant l’amour.

1406. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il était de ceux dont la fleur se fane vite et n’a qu’une saison.

1407. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

On a noté, d’après les Mémoires de Perrault, le moment où les séances de l’Académie devinrent publiques pour le beau monde, pour la fleur des courtisans, dans la salle du Louvre ; ce fut Fléchier qui inaugura le compliment ou discours de réception débité solennellement devant un cercle choisi (1673).

1408. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Tu le sais, d’Auberive, notre Dauphiné est fier de vous : dans ce temps où tout s’en va, votre race a conservé intact cet honneur, ce vieil et pur honneur qui est le premier des biens… Si jamais tu pouvais l’oublier, je m’en souviendrais pour toi… Quand je regarde ton Emmanuel, si enthousiaste, si beau, si digne de sa sainte mère, je retrouve en lui cette fleur de noblesse que notre siècle ne connaît plus, qui bientôt, peut-être ne sera plus qu’un nom, mais que nous ne devons pas laisser périr, nous qui en sommes les gardiens… Quoi !

1409. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Hume, avec son air un peu lourd et son allure de paysan, avait fait fureur dans le beau monde de Paris et à la Cour ; se trouvant au mois de juillet 1764 à Compiègne où étaient le roi et la fleur de la noblesse, il ne se prodiguait pas plus qu’il ne fallait, et il se ménageait dans la journée des heures de recueillement : « Nous vivons, écrivait-il à Mme de Boufflers, dans une sorte de solitude et d’isolement à Compiègne, moi du moins, qui n’ayant qu’un petit nombre de connaissances, et assez peu particulières, à la Cour, et ne me souciant pas d’en faire d’autres, me suis donné presque entièrement à l’étude et à la retraite.

1410. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

A cette heure-là, le pays tout entier est rose, d’un rose vif, avec des fonds fleur de pêcher ; la ville est criblée de points d’ombre, et quelques petits marabouts blancs, répandus sur la lisière des palmiers, brillent assez gaiement dans cette morne campagne qui semble, pendant un court moment de fraîcheur, sourire au soleil levant.

1411. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Ils ne se contentent point du gros des sentiments ni de la chose même ; ils en veulent la fleur et le panache.

1412. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Le Dauphin (Louis XVI), qui n’avait guère que seize ans à l’arrivée de la Dauphine, n’est d’abord montré qu’à peine, « très timide, très peu démonstratif. » La Dauphine est trop voisine de lui pour se permettre de le dépeindre et pour indiquer combien peu il était aimable ; mais le comte de Provence (le futur Louis XVIII), avec son grain de pédantisme, le comte d’Artois, dans sa fleur et sa pointe d’espièglerie, sont esquissés à merveille : « M. de Provence, tout jeune qu’il est, est un homme qui se livre très peu et se tient dans sa cravate.

1413. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Lui-même il n’écrit pas mal, il n’écrit pas bien non plus ; il semble, à un moment, d’après Cuvier, prêt à abjurer la rhétorique, puis tout aussitôt les fausses fleurs reviennent et abondent sous sa plume.

1414. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Sa préoccupation s’étend à tout ce qui intéresse la réputation ou seulement le bon goût, le bon esprit de sa chère fille : elle ne peut croire, par exemple, à l’exagération des modes, à cette parure dite à la Marie-Antoinette, qui exhaussait tellement la tête et qui la chargeait d’un tel échafaudage de gazes, de fleurs et de plumes : « Je ne peux m’empêcher de vous toucher un point que bien des gazettes me répètent trop souvent : c’est la parure dont vous vous servez.

1415. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Son étude elle-même, dans sa direction habituelle, est presque toute tournée à la théologie, aux citations des Pères : à peine Virgile et Horace se laissent-ils quelquefois deviner à travers cette sombre culture ; M. de La Mennais lisait le latin, mais il était peu capable de l’écrire ; il l’avait appris solitairement et ne s’était formé à aucun des exercices qui, ne fussent-ils bons à autre chose, disposent du moins à apprécier, à goûter avec justesse la belle fleur de l’antiquité109.

1416. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Si on ignore ainsi l’épanouissement varié auquel se livrent les natures heureuses ; si, sous ce vent aride, les couleurs sèchent plus vite dans les jeux de la séve, et bien avant que les combinaisons riantes soient épuisées ; si, par cette oppression qui nous arrête d’abord et nous refoule, quelque portion de nous-même se stérilise dans sa fleur, et si les plus riches ramures de l’arbre ne doivent rien donner ; — quand l’arbre est fort, quand les racines plongent au loin, quand la séve continue de se nourrir et monte ardemment ; — qu’importe ?

1417. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Je les apprécie bien comme de belles fleurs et de beaux fruits, mais je ne sympathise pas avec eux ; ils m’inspirent une sorte de jalousie mauvaise et chagrine : car, après tout, pourquoi ne suis-je pas comme eux ?

1418. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

« J’ai fait une lieue ce matin, écrit-il à l’un de ses amis, dans les plaines de bruyères, et quelquefois entre des buissons qui sont couverts de fleurs et qui chantent. » Rien de tout cela chez Boileau.

1419. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Les anciens, en personnifiant chaque fleur, chaque rivière, chaque arbre, avaient écarté les sensations simples et directes, pour y substituer des chimères brillantes ; mais la Providence a mis une telle relation entre les objets physiques et l’être moral de l’homme, qu’on ne peut rien ajouter à l’étude des uns qui ne serve en même temps à la connaissance de l’autre.

1420. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

    Il n’était ambre, il n’était fleur     Qui ne fût ail au prix.

1421. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Telle œuvre est supérieure, parce qu’elle exprime et éveille beaucoup de sentiments tempérés (Gil Blas)  ; telle autre, parce qu’elle peint une passion déchaînée dans toute sa violence (Manon Lescaut, le Père Goriot)  ; celle-ci, parce qu’elle suscite des émotions nobles, comme la pitié pour les faibles, l’amour de la justice, la sympathie pour la vie universelle (les Misérables)  ; celle-là, parce qu’elle va toucher au fond du cœur des fibres secrètes, rarement ou jamais atteintes jusque-là, parce qu’elle donne, comme on l’a dit, un nouveau frisson (les Fleurs du mal).

1422. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Ainsi la Chine idyllique, telle que les écrivains de notre xviiie  siècle la dépeignent souvent, pourrait bien, comme leur fameux état de nature, n’avoir été qu’une aimable création de leur fantaisie ; ainsi, pour quantité de Français, la Suisse demeure aujourd’hui un pays simple et patriarcal où l’on fabrique des montres et des fromages ; ainsi encore, avant 1870, la France croyait à l’existence d’une Allemagne sentimentale, rêveuse, pacifique, où la petite fleur bleue de l’idéal fleurissait dans les cœurs comme le myosotis au bord des ruisseaux.

1423. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Séraphine, c’est le vice en herbe et en fleur ; le vice naissant et plein d’avenir.

1424. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Analyste cruel, épargnez la vie dans sa fleur ; les sensitives font mal à voir sur les cartons des herbiers.

1425. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

J’ai les cheveux fort bruns et très avantageusement placés ; le front un peu élevé, et d’une forme régulière ; les sourcils noirs et bien arqués ; les yeux à fleur de tête, grands, d’un bleu foncé, la prunelle petite, et les paupières noires ; mon nez, ni gros, ni fin, ni court, ni long, n’est point aquilin, et cependant contribue à me donner la physionomie d’un aigle.

1426. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Ces amis, c’étaient d’Alembert, Turgot, le chevalier de Chastellux, Brienne le futur archevêque et cardinal, l’archevêque d’Aix Boisgelin, l’abbé de Boismont, enfin la fleur des esprits d’alors.

1427. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Enlevée brusquement à la fleur de l’âge, elle n’eut que le temps, en expirant, de confier à Mme d’Épinay une clef ; cette clef était celle d’un secrétaire qui renfermait des lettres à détruire : ce que Mme d’Épinay, au fait de tout, comprit et exécuta à l’instant.

1428. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Michaud et Poujoulat, avaient pu mettre en goût les lecteurs ; mais autre chose est un extrait où l’on ne prend que les beautés et la fleur d’un sujet, autre chose une reproduction exacte et complète des textes latins dans toute leur teneur, et des instruments mêmes (comme cela s’appelle) d’une volumineuse procédure.

1429. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

D’autres fois il étend agréablement ses images ; ainsi, opposant son crédit bien enraciné à la faveur d’un jour du duc d’Elbeuf : « Le crédit parmi les peuples, cultivé et nourri de longue main, dit-il, ne manque jamais à étouffer, pour peu qu’il ait de temps pour germer, ces fleurs minces et naissantes de la bienveillance publique, que le pur hasard fait quelquefois pousser. » Indiquant les moyens qu’il avait de bonne heure employés pour fonder ce crédit, il parle de ses grandes aumônes, et des libéralités « très souvent sourdes, dont l’écho n’en était quelquefois que plus résonnant ».

1430. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Dans quelques endroits même on trouverait quelque luxe d’images, de fleurs de roses et d’épines, quelque trace du mauvais goût de Louis XIII ; mais ce ne sont que des instants, et le bon sens chez elle règle d’ordinaire le langage comme le jugement et la pensée.

1431. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

La préface commence par ces mots : « Rousseau répandit la consolation sur ma vie, je dois jeter quelques fleurs sur sa tombe. » En faisant imprimer cet opuscule à part, et en le dédiant à son frère, l’auteur parlait du Contrat social avec enthousiasme.

1432. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Il y joignait un tour d’imagination prompte qui revêtait aisément la pensée et la maxime d’une forme poétique, comme faisait son compatriote Montaigne ; mars il était moins aisé que Montaigne, et n’avait pas la fleur comme lui.

1433. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Grimm, d’ailleurs, était hors de France pendant la très grande partie du séjour de Rousseau à l’Ermitage (1756-1757) ; il avait perdu son ami le comte de Friesen, enlevé dans la fleur de la jeunesse, et le duc d’Orléans s’était chargé de sa fortune.

1434. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il remarque que, quoiqu’il y ait dans les Essais une infinité de faits, d’anecdotes et de citations, Montaigne n’était point à proprement parler savant : « Il n’avait guère lu que quelques poètes latins, quelques livres de voyages, et son Sénèque, et son Plutarque » ; ce dernier surtout, Plutarque, « c’est vraiment l’Encyclopédie des anciens ; Montaigne nous en a donné la fleur, et il y a ajouté les réflexions les plus fines, et surtout les résultats les plus secrets de sa propre expérience. » Les huit pages que Grimm a consacrées aux Essais de Montaigne sont peut-être ce que la critique française a produit là-dessus de plus juste, de mieux pensé et de mieux dit.

1435. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

L’abbé renaît avec le printemps ; c’est sous une pluie de roses pétales, qu’Albina dévoile ses chairs rosées ; le fauve hérissement des plantes grasses exacerbe les désirs du couple, auquel il faut l’ombre d’un arbre inconnu, lascif et mystique, pour se mêler ; et c’est en une agonie de fleurs qu’Albine expire.

1436. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

À partir de 1613, Shakespeare resta à sa maison de New-Place, occupé de son jardin, oubliant ses drames, tout à ses fleurs.

1437. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

L’aurore est-elle moins magnifique, a-t-elle moins de pourpre et moins d’émeraude, subit-elle une décroissance quelconque de majesté, de grâce et d’éblouissement, parce que, prévoyant la soif d’une mouche, elle sécrète soigneusement dans la fleur la goutte de rosée dont a besoin l’abeille ?

1438. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Il est donc très probable que la présence d’un animal félin, en assez grand nombre dans un district, peut décider, au moyen de l’intervention des Souris d’abord et ensuite des Abeilles, de la multiplication de certaines fleurs dans ce même district.

1439. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

., — des Trois Roses surtout, le chef-d’œuvre du livre, dans cette variété de mourantes ; ces trois fleurs, d’un blanc si différent dans le lumineux et qui ne se fanent point pour mourir !

1440. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Mais les profonds comme Saint-Simon, mais les zingari de l’Histoire, qui voient la mort à travers les pompes et les fleurs de la vie, ont vu jusqu’au fond de ce crime qui les contient tous… Ils ont vu ce Péché qui engendre la mort dans Milton.

1441. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Dès vingt-huit· ans, il écrivait à un ami : « La vie que je mène est un drame si ennuyeux que je prétends toujours que c’est Mercier qui l’a fait. » Cet homme, le dandy de ce temps frivole, qui portait des habits fleur de pêcher et de la poudre de la couleur des cheveux de la Reine, regrettait de ne s’être pas fait homme des champs.

1442. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

On était aux beaux jours de la foi, cette fleur ardente de la jeunesse intellectuelle des nations.

1443. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Henri Heine est un génie éminemment tendre, nuancé des plus ravissantes et (dans le sens religieux) des plus divines mélancolies, chez qui le sourire et même le rire trempent dans les larmes, et les larmes se rosent de sang… C’est une âme d’une si grande puissance de rêverie et d’un désir si amoureux du bonheur, que l’on peut dire qu’elle est faite pour le Paradis tel que les chrétiens le conçoivent, comme les fleurs sont faites pour habiter l’air et la lumière.

1444. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

petites fleurs qui refusent d’habiter dans les jardins de l’homme, grands espace ces arides et effrayants, nappes de lave solide, source ces jaillissantes, et, par-dessus tout, immensité, silence, et le je ne sais quoi terrible : tel est Hello ! 

1445. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

. — Le rire des enfants est comme un épanouissement de fleur.

1446. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

que Notre-Seigneur soit loué par la terre notre mère, qui nous porte et qui nous entretient d’une si féconde variété de fleurs et de fruits !

1447. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

En vain il essayerait de se racheter par de bonnes œuvres ; nos bonnes actions ne sont pas pures ; même pures, elles n’effacent pas la souillure des péchés antérieurs, et d’ailleurs elles n’ôtent point la corruption originelle du cœur ; elles ne sont que des rameaux et des fleurs, c’est dans la séve que gît le venin héréditaire. […] On croyait en suivre une, en voilà une seconde qui commence, puis une troisième qui coupe la seconde, et ainsi de suite, fleur sur fleur, girandole sur girandole, si bien que sous les scintillements la clarté se brouille, et que la vue finit par l’éblouissement. […] Lisez cette arrivée des pèlerins dans la terre céleste ; sainte Thérèse n’a rien de plus beau : « Ils entendaient continuellement le chant des oiseaux, et voyaient chaque jour les fleurs paraître sur le sol, et ils entendaient la voix de la tourterelle dans les champs.

1448. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Un poêle de faïence à fleurs roses, que l’on charge du couloir, suivant la mode du pays, — un papier de tenture à dessins chinois, — un parquet destiné à être semé de sable blanc, — quelques meubles de noyer incrusté, — de grêles appliques en verre de Venise rapportées d’Italie : voilà ce qui reste des modestes splendeurs où M. le conseiller prélassait son importance, et aussi une lanterne à deux bougies, pour les sorties de Mme la conseillère ! ‌ […] Lui aussi, l’artiste complexe dès Fleurs du mal avait reçu de la nature des facultés incapables de s’harmoniser. […] Or, c’était de ces heurts, c’était de ces incohérences qu’était fait le frémissement intime de Joseph Delorme et des Consolations, comme plus tard ce que Victor Hugo appela le « frisson nouveau » des Fleurs du mal. […] Si « l’art », comme il l’a dit lui-même quelque part, « n’est que la nature concentrée », n’est-ce pas son chef-d’œuvre que de recréer comme cette nature le fait dans ses moindres fleurs et dans ses moindres insectes, tout un monde dans un si étroit raccourci d’espace et de matière ?‌ […] Henri Heine est resté jusqu’à la fin l’étudiant des bords du Rhin, qui cueille des petites fleurs bleues, en sortant d’une lecture du nihiliste Kant.

1449. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Il nous arrive sans doute, dans nos rêves ou nos rêveries, de nous représenter de beaux paysages, des architectures magnifiques, des fleurs merveilleuses, des figures idéales. […] Nos rêveries font les fleurs plus charmantes, le ciel plus profond, les couchants plus diaprés, les voix de la nature plus émouvantes. […] On s’attendrit sur la fleur qui va s’épanouir ; et c’est en effet une chose qui prête à la rêverie : la vue d’un enfant au berceau, de ce petit être qui s’ouvre peu à peu à la vie consciente, qui commence à s’avancer, souriant et indécis, vers ses mystérieuses destinées, est un objet de contemplation autrement poétique. […] Il reste cependant que ce travail est tout spontané, aussi spontané que peut l’être la germination d’une graine ou l’éclosion d’une fleur. […] Quel patient effort pour que s’ouvre une fleur !

1450. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

P. a trop de ressources dans l’esprit pour l’avoir droit. » * Combien, parmi les romans de la fin de ce siècle, ne sont que de maigres bouquets de fleurs vraies, grossis avec des fleurs de papier ! […] A l’époque même où commença pour lui l’abandon, tandis que ses écrits, de plus en plus faibles par l’effet de l’âge et par leur faiblesse originelle, n’offraient plus guère que des fleurs fanées, sa conversation, moins étincelante, était plus substantielle. […] * Savez-vous un parfum plus suave que celui de la rose, plus pénétrant que celui de la fleur de l’oranger, plus doux que celui de la violette ? […] Et un général peut le dire, comme la chose la plus simple du monde, à la fleur de nos jeunes gens, dans un pays où la vie et la jeunesse ont tant de prix ; et, parmi cette foule qui l’écoute, nul ne pense que le général ne dit vrai, et qu’il exhorte à des vertus impossibles.

1451. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Vous êtes encore dans la fleur de votre âge : que ferez-vous de votre génie, de vos connaissances acquises, de tous vos talents ?

1452. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Toutes les fois, du moins, qu’on parlera des nobles vies interrompues au sommet de la jeunesse et à la fleur de la maturité, de ces hommes supérieurs morts jeunes et déjà formés tout entiers, grâce au généreux témoignage de Montaigne, le nom de son ami se présentera, et au-dessous de Pascal, sur un marbre à part, on inscrira Vauvenargues et La Boétie.

1453. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il juge bien de son talent, il s’est presque retiré des vers à l’âge qui ne promet plus de fleurs et qui peut rendre de bons fruits.

1454. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Qu’est-ce qu’une voix comparée à un lis, un son à une fleur ?

1455. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Point d’appareil, point d’attributs d’Opéra : rien qu’un bouquet au corsage, rien qu’une couronne de fleurs naturelles effeuillée dans ses cheveux aux boucles folles.

1456. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Ses années de direction à Rome (1828-1835) forment une époque unique dans sa vie : une fille belle et adorée qui était sa gloire, et dont il a consacré l’image en maint endroit, faisait avec sa mère les honneurs de la Villa Médicis ; devenue Mme Paul Delaroche et morte à la fleur de l’âge, elle devait lui apprendre ce que c’est que la première grande douleur.

1457. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Il faut nous représenter Ronsard et sa Pléiade se précipitant, pleins d’ardeur, sur tous les chemins de l’intelligence avec la pensée bien arrêtée qu’ils sont les premiers à y entrer et que personne avant eux n’a connu le printemps ni les fleurs.

1458. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Il présage et prédit, dans un avenir qu’il souhaite prochain et qu’il espère, un écrivain d’une hardiesse heureuse, qui réunira le fruit et la fleur.

1459. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

On y verra, en une situation simple, toute l’ardeur et toute la subtilité de ce sentiment éternel ; on y verra surtout la force de vie et d’immortalité qui convient à l’amour vrai, cette impuissance à mourir, cette faculté de renaître, et cette jeunesse de là passion recommençante avec toutes ses fleurs, comme on nous le dit des rosiers de Pœstum qui portent en un an deux moissons.

1460. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Ils sont forts, puissants, gigantesques, peu touffus ; une sève abondante y monte : mais n’en attendez ni abri, ni ombrage, ni fleurs.

1461. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Liberté, royauté, aristocratie, démocratie, préjugés, raison, nouveauté, philosophie, tout se réunissait pour rendre nos jours heureux, et jamais réveil plus terrible ne fut précédé par un sommeil plus doux et par des songes plus séduisants. » Ainsi on ne se privait de rien en cet âge d’or rapide ; on était aisément prodigue de ce qu’on n’avait pas perdu encore ; on cumulait légèrement toutes les fleurs.

1462. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Elle entreprenait des courses lointaines et fatigantes pour lui procurer des fleurs et des fraises dans leur primeur.

1463. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Elle passait quelquefois de longues matinées, accoudée sur la fenêtre, le front contre le grillage de fer, à regarder un coin du ciel libre, et à pleurer comme un ruisseau sur les pots de fleurs dont le concierge avait garni l’entablement.

1464. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Et de plus, un jardin bien dessiné, un potager bien planté, des melons et des fleurs, un jardinier qui porte ses arrosoirs, tous ces objets nettement découpés, tous ces détails sans ensemble, qui ne demandaient point d’adoration mystique, étaient bien plus dans ses moyens que les vastes campagnes pleines d’air où les contours se noient et les couleurs se fondent dans des harmonies d’une infinie délicatesse.

1465. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

En 1500 paraissent à Paris les Adages d’Érasme ; c’est toute la lumière de l’antiquité qui se répand à flots sur le monde : dans ce petit livre est ramassée la quintessence de la sagesse ancienne, la fleur de la raison d’Athènes et de Rome, tout ce que la pensée humaine suivant sa droite et naturelle voie peut trouver de meilleur et de plus substantiel, avec cette forme exquise et simple qui s’était perdue depuis tant de siècles.

1466. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Un nez démesuré ; de grands yeux qui devaient être beaux, mais à fleur de tête ; pas déjoués : deux profils collés ; une bouche vilaine, soulevée par les dents obliques ; en somme, un nez et deux yeux, et presque rien avec ; une laideur puissante, fascinatrice si l’on veut, qui devait s’illuminer et devenir superbe dans les moments de passion ou dans l’ivresse des batailles.

1467. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

À ce titre, il est la raison d’être supérieure de la production ; il est la fleur de la civilisation économique.

1468. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

La décadence, c’est Sardanapale allumant le brasier au milieu de ses femmes, c’est Sénèque s’ouvrant les veines en déclamant des vers, c’est Pétrone masquant de fleurs son agonie.

1469. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Que l’on observe, en effet, combien celui-ci est à fleur d’expression, d’un bout à l’autre de l’œuvre de M. 

1470. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

— A la vue de cette rose, les regards du lion s’éclairent pour la première fois ; il sourit à cette fleur.

1471. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Bossuet ne daigne pas jeter un coup d’œil sur le parterre de son évêché, au désespoir de son jardinier qui voudrait qu’on y plantât, en place de fleurs, des livres de théologie ; ils auraient au moins chance d’attirer l’attention du maître.

1472. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Cette jeune fille, qui habitait avec sa sœur près de Hohenschwangau, passionnément éprise du roi, se fit remarquer de lui en lui portant à Munich un bouquet de fleurs sauvages.

1473. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

On en a retenu le refrain et des vers charmants : La fleur des champs brille à ta boutonnière… Ces jours mêlés de pluie et de soleil… C’est très joli de motif, très spirituel d’idées, quelquefois très heureux d’expression.

1474. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Le jardin est seulement de la largeur de la maison, laquelle donne d’abord sur une sorte de terrasse en parterre plantée d’une variété de fleurs les plus choisies.

1475. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

J’avais eu l’idée, après avoir montré le parfait langage du siècle de Louis XIV dans sa fleur et son élégance dernière chez la plus charmante élève de Mme de Maintenon, après avoir considéré le style du xviiie  siècle dans sa plénitude de vigueur et d’éclat chez Jean-Jacques Rousseau, d’aborder aussitôt la langue révolutionnaire chez l’homme qui passe pour l’avoir maniée avec le plus de verve et de talent, chez Camille Desmoulins.

1476. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Ceci interrompit un peu les fêtes de Sceaux, et il y a deux temps, deux époques distinctes dans cette longue vie mythologique de plaisirs, dans ce que j’appelle cette vie entre deux charmilles : la première époque, celle des espérances, de l’ivresse orgueilleuse, et de l’ambition cachée sous les fleurs ; puis la seconde époque, après le but manqué, après le désappointement et le mécompte, si l’on peut employer ces mots ; car, même après une telle chute, après la dégradation du rang et l’outrage, après la conspiration avortée et la prison, cette incorrigible nature, revenue aux lieux accoutumés, retrouva sans trop d’effort le même orgueil, le même enivrement, le même entêtement de soi, la même faculté d’illusion active et bruyante, de même qu’à soixante-dix ans elle se voyait encore jeune et toujours bergère.

1477. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

On a dit qu’en mourant, il voulut qu’on remplît de fleurs sa chambre, et qu’il demandait, dans son délire, des figues attiques et du nectar.

1478. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

On se croirait reporté au temps des Caylus et des Simiane, autant par la fleur des sentiments que par celle du langage.

1479. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Toute cette fleur de l’Ancien Régime venait applaudir à ce qui la perdait et la ridiculisait.

1480. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Voltaire avait insinué que le président comptait sur son crédit pour l’en accabler lui, ou un jour sa nièce et héritière, devant les tribunaux ; à quoi le président répond comme un homme accoutumé à siéger sur les fleurs de lis : C’est très hors de propos que vous insistez sur le crédit que vous dites que j’ai dans les tribunaux.

1481. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Il insiste surtout sur l’évolution par laquelle la prose devient de plus en plus « poétique », non au vieux sens de ce mot, qui désignait la recherche des ornements et les fleurs du style, mais au sens vrai, qui désigne « l’effet significatif et surtout suggestif » produit, par l’entière adoption de la forme au fond, du rythme et des images à la pensée émue.

1482. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

On pourrait dire qu’il a la fleur de la Critique, mais sans la branche avec laquelle on doit châtier… Et M. 

1483. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Contingente, comme l’occasion qui lui a donné naissance, la Révolution française, qu’on nomme un événement aux racines éternelles, et dont l’horrible fleur devait s’épanouir à l’heure dite et prévue, aurait très bien pu ne pas être.

1484. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Augustin Thierry, nature de juste milieu, qui le fut en politique comme il le fut en facultés, comme il le fut en toutes choses, exprima, avec la discrétion d’un homme de goût qui craint l’asphyxie, le suc de ces fleurs d’un temps naïf et barbare, dont il sentait pourtant et a nous donné quelques-unes des âpres saveurs.

1485. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

En laissant de côté l’histoire et la psychopathie et en s’appuyant sur la simple physiologie, il ne serait pas impossible de prouver que la continence, étant anormale, ne peut pas, comme tout ce qui s’oppose au libre jeu des fonctions vitales, ne pas perturber l’organisme, et par conséquent la pensée qui en est la fleur.

1486. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Elle pourra matérialiser le souvenir d’une pelouse avec des fleurs, celui d’un billard avec ses billes — beaucoup d’autres encore.

1487. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Qu’on se représente une de ces fêtes, telle qu’on en donnait quelquefois dans la Grèce et dans Rome ; ces fêtes, ou, après des victoires, cent mille citoyens étaient assemblés, où tous les temples étaient ouverts, où les autels et les statues des dieux étaient couronnés de fleurs, où la poésie, la musique, la danse, les chefs-d’œuvre de tous les arts, les représentations dramatiques de toute espèce étaient prodiguées, et où la renommée et la gloire, en présence d’une nation entière, attendaient les talents.

1488. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

mais, je ne me fourre pas le doigt dans l’œil… Vous étiez sur le turf dimanche… que c’était comme un bouquet de fleur… On ringuait à tout casser ! […] Lui, épouser cette fleur de jeunesse et de beauté ! […] Pourquoi sort-elle de sa chambre, reconduisant Jupiter, avec une couronne de fleurs sur la tête ? […] On lui plaçait des pétards sur la chaise où elle allait s’asseoir, et les gentilshommes, qui étaient une fleur de courtoisie, s’esclaffaient à la voir sauter en l’air. […] Depuis près de vingt ans, à la fleur de son âge, Il a de l’autre monde entrepris le voyage Et n’est point revenu.

1489. (1927) Approximations. Deuxième série

Si contradictoire que cela puisse paraître, le seul point fixe en certaines âmes de femmes, c’est la nostalgie, le mal de ce pays qu’un rêve de jeune fille a vu éclore un jour, tel un verger en fleurs, où elle a évoqué, projeté le double et indiscernable visage de l’Amour et de l’Avenir et vers lequel, comme vers un passé encore proche par ses mirages mais à jamais interdit, les femmes lancent plus tard de sourds appels qui, de l’homme, demeurent toujours inentendus ou incompris. […] Sous leur forme rare et merveilleuse, elles paraissent moins les fleurs de la pensée pure, que de l’émotion et de l’artbk ». […] D’accord ; cependant, s’il s’en est peu soucié, combien de fois ne surgit pas dans ses poèmes « cette fusion absolue entre la musique, la vision et le contenu, qui combinent le claquement des castagnettes et les sonorités des flûtes, l’éclat des fleurs et les ardeurs du couchant, les plus subtils appels à sympathiser avec le sentiment et à adhérer au jugement73 ». — « … Ce qui lui manque en tout, le sentiment de l’unité », dit Mme Duclaux. […] Et voici que près de finir je m’aperçois que je n’ai rien dit de ces remarques qui coupent le sentier à la façon d’une eau courante, qui ne durent pas plus qu’une fugitive caresse : le terme de maxime leur pèserait trop lourd : Maurois ne les frappe point, il les glisse : fleurs plutôt que fruits, et qui insinuent au passage la poésie, la saveur de haï-kaïs de l’intellect125. […] ce n’est point là ces éclatantes fleurs qu’il rêvait ; elles tombent ; et, de nouveau il reprend avec une morne obstination son même rêve, sa même obscure recherche.

1490. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Elle rit de tout, et ne s’intéresse à rien ; elle touche à toutes les idées de la raison, et n’en épouse aucune ; elle joue avec toutes les passions de la nature humaine, et reste indépendante en face d’elles ; elle voltige d’objet en objet dans le monde réel et dans tous les mondes imaginaires, sans se poser plus d’un instant sur chaque fleur. […] Dans toutes ses pièces à caractères, Molière a cru devoir mettre en regard de chaque ridicule l’opinion raisonnable qui lui est opposée, de peur, sans doute, que le spectateur ne s’amusât sans s’instruire, et qu’il n’eût la fleur sans le fruit93.

1491. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Plus les bulbes de la plante humaine s’irradient nombreuses dans le terreau généreux et divergent, plus la fleur de la pensée s’épanouit et baigne dans le soleil. […] Le parnassien n’aperçoit que la façade de son moi et n’objective que des impressions à fleur de peau.

1492. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Ary Scheffer, les femmes esthétiques qui se vengent de leurs fleurs blanches en faisant de la musique religieuse23. […] J’ai entendu dire à un poëte ordinaire de la Comédie-Française que les romans de Balzac lui serraient le cœur et lui inspiraient du dégoût ; que, pour son compte, il ne concevait pas que des amoureux vécussent d’autre chose que du parfum des fleurs et des pleurs de l’aurore. […] Il ne veut plus travailler, humble et anonyme ouvrier, aux roses et aux parfums publics ; il veut être libre, l’ignorant, et il est incapable de fonder un atelier de fleurs et de parfumeries nouvelles.

1493. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Tous, les arbres étalent l’espérance de leurs fruits ; la nature entière est un bouquet de fleurs… Dans cette fête on invoque les saints, et surtout les anges, parce que ces bienfaisants génies sont apparemment chargés de présider aux moissons, aux fontaines, aux rosées, aux fleurs et aux fruits de la terre. […] Boileau l’a, placée encore plus haut, en parlant de l’effet heureux des fables anciennes dans la poésie épique : Ainsi, dans cet amas de nobles fictions, Le poète s’égaye en mille inventions ; Orne, élève, embellit, agrandit toutes choses, Et trouve sous sa main des fleurs toujours écloses. Mais ces fleurs ne croissent que sur les autels d’une religion douce et riante.

1494. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Une salle à manger, où se voient la lithographie de l’Assomption de Murillo, des vases à fleurs, tout cassés, vieux rebuts de l’autel, une cafetière en plaqué, don des paroissiens. […] Une échelle humaine est faite d’hommes en blouse, qui, grimpés après sa pierre blanche, et accrochés au geste canaillement puissant du poing de la statue sur sa hanche, fleurissent la ville héroïque, de branchages, de fleurs, de drapeaux, d’oripeaux patriotiques, tandis qu’au-dessous, des ronds de chapeaux noirs, s’abaissant devant la porte, toute verte de couronnes d’immortelles, piquées de cocardes, me font deviner des signataires du registre d’indignation. […] Et en cette absence de vie humaine, les fleurs éclatantes et les coins de jardins fleuris et tout gais sous le soleil, font un contraste étrange. […] Les industries sont toutes transformées ; des vareuses et des tuniques de gardes nationaux remplissent la devanture des magasins de blanc ; des plastrons Disderi sont étalés au milieu des fleurs exotiques ; et par les soupiraux des sous-sols, l’on entend le martèlement du fer, et à travers les barreaux s’aperçoivent des ouvriers qui forgent des cuirasses.

1495. (1924) Critiques et romanciers

Voyez comme il a joliment parlé du Cid, qu’en sa jeunesse il préférait : « J’y trouvais, dans le langage, dans la passion, dans l’aventure, une fleur indicible. […] Et il faut avouer que ces réflexions, ces observations, ces peintures, même ces lieux communs, ayant rencontré là, pour la première fois, une expression à peu près parfaite, gardent une fleur, une saveur, une plénitude, une grâce ou une force qu’on n’a guère retrouvées depuis. […] Les « cloportes » de son roman, c’est une famille de villageois apathiques, de gens « calfeutrés, chez qui le sang avait cessé de couler et s’arrêtait à fleur de peau, changé en humeurs, gonflé en furoncles », Cette apathie accable leurs esprits et leurs corps. […] Il y a plus d’histoire ou de vérité ancienne, il y a plus de passé, dans le Bon plaisir, dans les Rencontres de M. de Bréot, dans les Petits messieurs de Nèvres, que dans ces gros volumes où tant d’érudits mettent à sécher et à perdre l’odeur et la sève les feuilles ou les fleurs d’autrefois. […] Toutes les fois qu’il a passé sur une pousse verte ou une petite fleur, il lui vole un peu de son haleine, va plus loin, et recommence.

1496. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il entre, le bel ouvrier, chargé de pots de fleurs et de bouquets, car c’est la fête de sa mère. […] Tandis que notre doux ouvrier de chromo met la table et arrose ses fleurs, voici venir sa voisine Hélène. […] Mais, quand on lui a donné un sou, elle essuie ses yeux, se met à courir dans l’herbe, à cueillir des fleurs et à chanter. […] Puis, dépouillant la cuirasse et jetant loin l’épée (un homme d’écurie recueillait sans doute ces accessoires ; mais lui, je ne le voyais pas), elle surgissait, au sacre de Reims, toute blanche et toute fleurdelisée, tenant haute et droite la bannière blanche brodée de fleurs de lis. Et moi, comme je savais que c’étaient les fleurs de France et les fleurs de nos rois, et que j’avais vu dans une histoire enfantine, leurs portraits en médaillons, y compris celui du roi Pharamond, « qui n’a peut-être jamais existé », je me réjouissais dans mon cœur à peine éclos et j’étais vaguement fier de sentir derrière moi, tout petit enfant de quatre ans, tant de siècles de gloire, de souffrance et de bonne volonté.

1497. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Le miroir où Laure prend plaisir à se contempler, les perles et les fleurs qu’elle mêle à ses cheveux excitent, à bon droit, la colère de l’amant et amènent sur ses lèvres des paroles sévères. […] Il porte envie aux fleurs qui émaillent les rives bénies de ce ruisseau, aux fleurs qu’elle a foulées, à celles qui sont tombées sur ses blanches épaules, sur les tresses dorées de sa chevelure. […] Ainsi elle choisit la plus belle fleur du monde, non par haine, mais pour montrer plus clairement sa puissance dans les choses élevées. […] Tandis qu’une femme de chambre est occupée à la coiffer, à placer des fleurs dans ses cheveux, M.  […] Distinguer la chair des muscles équivaut à séparer la fleur du calice, des pétales, des étamines et des pistils.

1498. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

« Il y a bien des Tourangeaux qui n’ont l’esprit qu’à fleur de tête », a dit un jour Gui Patin dans une de ses gaietés de style : il n’a pas assez compris qu’il suffisait d’un Tourangeau comme Descartes pour ruiner son observation de fond en comble. — En vieillissant, il s’enfonce dans ses idées sans les modifier.

1499. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

À d’autres jours il voyait plutôt les avantages de la vieillesse, et il se consolait en regrettant : « La délicatesse dans les plaisirs, le badinage dans la conversation, le goût et la connaissance des hommes, se trouvent rarement dans l’âge où l’on a une figure aimable : cependant cet assortiment serait bien souhaitable. » C’était aussi le vœu de Pétrarque : « le fruit de l’âge dans une fleur de jeunesse », Frutto senile in sul giovenil flore.

1500. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Dozy comment il a pu se faire que le Cid, tel que vient de nous le montrer l’histoire, lui, l’exilé, qui vivait a augure, comme on disait, à l’aventure, au jour le jour, consultant le vol des corbeaux et des oiseaux de proie, oiseau de proie lui-même, « qui passa les plus célèbres années de sa vie au service des rois arabes de Saragosse ; lui qui ravagea de la manière la plus cruelle une province de sa patrie, qui viola et détruisit mainte église ; lui, l’aventurier, dont les soldats appartenaient en grande partie à la lie de la société musulmane, et qui combattait en vrai soudard, tantôt pour le Christ, tantôt pour Mahomet, uniquement occupé de la solde à gagner et du pillage à faire ; lui, cet homme sans foi ni loi, qui procura à Sanche de Castille la possession du royaume de Léon par une trahison infâme, qui trompait Alphonse, les rois arabes, tout le monde, qui manquait aux capitulations et aux serments les plus solennels ; lui qui brûlait ses prisonniers à petit feu ou les donnait à déchirer à ses dogues… », — comment il s’est fait qu’un tel démon ait pu devenir le thème chéri de l’imagination populaire, la fleur d’honneur, d’amour et de courtoisie, qu’elle s’est plu à cultiver depuis le xiie  siècle jusqu’à nos jours : — « un cœur de lion joint à un cœur d’agneau », comme elle l’a baptisé et défini avec autant d’orgueil que de tendresse ?

1501. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Elle a vécu jusqu’à soixante ans dans une noble simplicité que je regardais comme la fleur de ses mérites et le plus beau fleuron de leur couronne ; tout d’un coup il lui prit une tranchée de bel esprit : elle ne voulut plus voir que des personnes d’érudition ; elle les brigua, elle les mendia, elle en forma chez elle un bureau, se contentant de la science d’autrui et ne cherchant que la réputation d’une femme d’un mérite à part, et distinguée des personnes de son sexe.

1502. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Quel homme n’a pas plusieurs de ces vierges souvenirs qui, plus tard, se réveillent, toujours plus gracieux, apportant l’image d’un bonheur parfait ; souvenirs semblables à ces enfants perdus à la fleur de l’âge, et dont les parents n’ont connu que les sourires ? 

1503. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

… ce froid égoïste, qui vous fait heureux pour n’avoir pas l’ennui de vous plaindre, et qui ne s’arrête jamais qu’aux surfaces, parce que les plus malheureux ont toujours une fleur à y effeuiller pour cacher leur misère aux yeux de ce tyran si ingrat et si insatiable ! 

1504. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Chez lui, non plus, tout n’est pas fleur de froment dans sa mouture.

1505. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Le voilà donc pendant tout l’hiver de 1661, le printemps et l’été de 1662, à Uzès ; tout en noir de la tête aux pieds ; lisant saint Thomas pour complaire au bon chanoine, et l’Arioste ou Euripide pour se consoler ; fort caressé de tous les maîtres d’école et de tous les curés des environs, à cause de son oncle, et consulté par tous les poëtes et les amoureux de province sur leurs vers, à cause de sa petite renommée parisienne et de son ode célèbre sur la Paix ; d’ailleurs sortant peu, s’ennuyant beaucoup dans une ville dont tous les habitants lui semblaient durs et intéressés comme des baillis ; se comparant à Ovide au bord du Pont-Euxin, et ne craignant rien tant que d’altérer et de corrompre dans le patois du Midi cet excellent et vrai français, cette pure fleur de froment dont on se nourrit devers la Ferté-Milon, Château-Thierry et Reims.

1506. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Nul plus que moi ne respecte cette nuance d’opinion, dont j’ai connu autrefois, et dont même j’ai eu pour amis de jeunes et bien distingués représentants, alors dans toute la fleur du talent et de l’éloquence52.

1507. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

On annonçait à la somnambule qu’elle était dans un parterre de fleurs ; elle faisait le geste de les cueillir et de les respirer avec délices.

1508. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Plus la matière de l’observation est, pour ainsi dire, à fleur de sol, plus elle s’éloigne de l’idéale abstraction et s’approche de la réalité concrète et sensible, et mieux La Bruyère sait voir et rendre.

1509. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Aujourd’hui, choisissant, à parfaire, une impression de beauté, véritablement la fleur et le résultat ce sont les Fellows.

1510. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Le critique doit se pencher sur les livres et leurs auteurs avec les mêmes facultés et émotions non seulement de découverte mais de création que le poète sur les fleurs, les insectes, les petites filles… ou les grands sujets nationaux.

1511. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Je ne parlerais même pas de quelques fleurs mêlées parmi toutes ces beautés, si Montesquieu n’eût reproché à Tite-Live d’en jeter sur « les énormes colosses de l’antiquité. » Il faut le noter, non pour trouver un si grand esprit en faute, mais comme un avis donné aux plus habiles, de prendre garde si ce ne sont pas leurs propres défauts qu’ils reprochent aux autres, et de parler avec ménagement des anciens.

1512. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Si au contraire elle se donne pour tâche d’élever et de redresser les âmes, si elle entend, non pas seulement faire naître des fleurs et des herbes folles, mais semer le bon grain, elle aura d’autres qualités et d’autres défauts.

1513. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Droz), on voit toujours l’honnête homme, mais on ne retrouve plus l’intrépide magistrat. » Malesherbes, comme tant d’hommes de sa race et de sa forme de caractère, n’était tout à fait grand et intrépide que sur les fleurs de lis, en attendant le jour où il fut si grand en présence de l’échafaud.

1514. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Dans ses Mémoires, le chapitre par lequel il entame sa vie politique et qu’il intitule « De Bonaparte », débute également par une page qui va rejoindre la dernière invocation de ce poème des Martyrs : « La jeunesse est une chose charmante ; elle part au commencement de la vie, couronnée de fleurs, comme la flotte athénienne pour aller conquérir la Sicile… » Et le poète conclut que, quand la jeunesse est passée avec ses désirs et ses songes, il faut bien, en désespoir de cause, se rabattre à la terre et en venir à la triste réalité.

1515. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

L’auteur avait déjà flétri en lui la fleur de l’idéal, et même celle de la volupté, s’il l’avait jamais connue.

1516. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Dans le bas du tableau, un négrillon du Véronèse tend une corbeille de fleurs à celle que le Régent appelait mon petit corbeau noir, à la frêle jeune femme aux nerfs d’acier pour le plaisir et l’orgie.

1517. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

La légitimité, la grâce de Dieu, la monarchie pharamonde, les nations marquées à l’épaule de la fleur de lys, la possession des peuples par fait de naissance, la longue suite d’aïeux donnant droit sur les vivants, ces choses-là luttent encore sur quelques points, à Naples, en Prusse, etc., mais elles se débattent plutôt qu’elles ne luttent ; c’est de la mort qui s’efforce de vivre.

1518. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Son trop d’esprit s’épand en trop de belles choses, Tous métaux y sont or, toutes fleurs y sont roses.

1519. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

L’unité française se forme dès lors, ainsi qu’une fois déjà elle s’est formée à la Fédération du 14 juillet 1790, non pas sur la même religion sociale exprimée, mais sur le même amour de la France, sur le même amour de la justice…‌ Cette conciliation ne deviendra jamais sans doute une assimilation et une confusion : il faut des fleurs diverses au jardin de la terre.‌

1520. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

D’autre part, la conscience, c’est-à-dire la mémoire avec la liberté, c’est-à-dire enfin une continuité de création dans une durée où il y a véritablement croissance — durée qui s’étire, durée où le passé se conserve indivisible et grandit comme une plante, comme une plante magique qui réinventerait à tout moment sa forme avec le dessin, de ses feuilles et de ses fleurs.

1521. (1881) Le naturalisme au théatre

Les allusions ne portent plus, la fleur parisienne se fane, les pièces ne gardent que leur carcasse maigre. […] L’intérieur d’une usine, l’intérieur d’une mine, la foire aux pains d’épices, une gare, un quai aux fleurs, un champ de courses, etc., etc. […] Je ne la vois pas chaussée des fines bottines de la Parisienne, se jouant et agonisant dans des amours à fleur de peau. […] Henry Fouquier s’égaye avec la fine fleur de son esprit. […] Paul Delair croit être un poète parce qu’il a abusé là dedans des lions et des étoiles, du soleil et des fleurs, il se trompe étrangement.

1522. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Cela est vrai surtout dans le monde organique, et, ce qui constitue la vie, c’est précisément ce je ne sais quoi mystérieux qui fait que la plante sort de la graine, la fleur de la plante et le fruit de la fleur. […] Ce labeur précoce aurait pu, semble-t-il, étouffer dans leur fleur les facultés de l’enfant. […] En mai, où elle fut d’abord, on les enterrait dans les fleurs. […] Dans ses incessantes promenades et ses longues visites au Père-Lachaise, il ne s’arrête pas seulement aux tombes de ceux qu’il a aimés, il donne de l’eau et des fleurs à des tombes négligées ; il a pitié des morts inconnus et oubliés. […] Il souffrait à la vue d’une tombe mal soignée, et quand il allait visiter les siens au Père-Lachaise, il lui arrivait souvent de faire orner de fleurs les tombes voisines de celles de ses proches.

1523. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Cet Esprit, c’était la nature primitive, le simple esprit de vie qui fait fleurir les fleurs et qui fait jouer les enfants. […] Et les images du poète américain sont loin d’avoir toujours le relief, la sensuelle beauté des images de Hugo ; mais il en est aussi de plus fraîches et de plus naïves, qui soudain arrêtent l’œil au passage, comme de petites fleurs rouges sur le bord d’un fleuve. […] Le parfum des fleurs remplissait la chambre, dans le calme silence du soir, que troublaient seulement de lointains murmures. […] Gosse : « Je trouve toujours un extrême plaisir à compléter ma connaissance de ces petites villes françaises, et toujours j’en reviens un peu las, mais avec l’esprit aimablement rempli du souvenir de vitraux, d’anciennes tapisseries, et de fraîches fleurs sauvages. » Mais le centre de sa vie était toujours à Oxford. […] Et qu’importe, après cela, si, parmi les arbres, quelques folles herbes poussaient, pêle-mêle avec les buissons et les fleurs sauvages ?

1524. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Voyez dans leur épopée42 le sublime pousser au milieu de l’horrible, comme une éclatante fleur de pourpre au milieu d’une mare de sang. […] Mais ce qui a subsisté suffit et au-delà pour montrer l’étrange et puissant génie poétique qui est dans la race, et pour faire voir d’avance la fleur dans le bourgeon.Si jamais il y eut quelque part un profond et sérieux sentiment poétique, c’est ici.

1525. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Ta chambre donnait cependant sur le jardin ; au printemps, les cerisiers, les pommiers et les tilleuls qui bordaient la maison, secouaient leurs fleurs jusque sur les livres et les cahiers qui couvraient ta table. […] Il ajoutait tant d’ornements aux paroles de la chanson qu’il avait choisie, que j’eus beaucoup de peine à en saisir quelques mots et entre autres ceux-ci : Je labourerai, ma belle, Un petit coin de terre ; J’y planterai, ma belle, De petites fleurs rouges.

1526. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

La première est plantée d’arbres et de fleurs comme un jardin. […] Le bas, à la hauteur de six pieds, est revêtu de grandes tables de porphyre ondé, et peint de fleurs tirées avec de l’or et des couleurs, dont la vivacité et l’éclat sautent aux yeux.

1527. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Le génie, qui devine plutôt qu’il n’apprend, extrait, pour chaque ouvrage, les premières de l’ordre général des choses, les secondes de l’ensemble isolé du sujet qu’il traite ; non pas à la façon du chimiste qui allume son fourneau, souffle son feu, chauffe son creuset, analyse et détruit ; mais à la manière de l’abeille, qui vole sur ses ailes d’or, se pose sur chaque fleur, et en tire son miel, sans que le calice perde rien de son éclat, la corolle rien de son parfum. […] Ce qu’on a vu partout, rhétorique, ampoule, lieux communs, fleurs de collège, poésie de vers latins.

1528. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Le résultat de cette initiation fut cette vérité intangible qu’il faut vivre en enthousiasme, en héroïsme et en beauté, et qu’au milieu des mystères étranges d’un univers vivant, chacun de nous doit s’efforcer à faire de son âme une fleur merveilleuse de délicatesse, d’amour conscient et de pensée féconde. […] … « Âme éparse dans l’oiseau, le brin d’herbe, la fleur, ô mon âme future !

1529. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

« Cela vaudrait pourtant bien la peine, dit-il, que quelque chose bougeât ; à l’instant où Hamlet daigne honorer notre globe de sa présence, tout devrait s’émouvoir ; il devait jaillir du sol des fleurs extraordinaires, l’air devrait s’emplir de musiques célestes, les étoiles devraient se rapprocher pour voir, les comètes devraient accourir effarées !  […] Un chien sera une fleur, une fleur sera un caillou, un caillou sera un poisson, un poisson, vu ses couleurs changeantes, sera une femme, une femme sera une étoile, une étoile sera un oiseau, un oiseau sera un ballon, un ballon sera un navire, un navire sera une brouette ; et voilà la création refaite. […] « Cela vaudrait pourtant bien la peine, dit-il, que quelque chose bougeât ; à l’instant où Hamlet daigne honorer notre globe de sa présence, tout devrait s’émouvoir ; il devrait jaillir du sol des fleurs extraordinaires ; l’air devrait s’emplir de musiques célestes, les étoiles devraient se rapprocher pour voir, les comètes devraient accourir effarées ! 

1530. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Quelques misérables petits pots de verdure, au Marché aux Fleurs, que des ouvriers emportent en mordant dans leur pain. […] J’ai besoin de voir des fleurs et d’élégantes bêtes. […] Jardins de Neuilly et de Clichy ne font plus aujourd’hui, par la percée des murs, qu’un seul jardin, tout blanc, tout rose, tout mauve, des floraisons des lilas et des épines à fleurs doubles : un jardin aux allées, qu’on dirait macadamisées avec des éclats d’obus, tant il en est tombé, tant il en tombe tous les jours. […] J’y trouve Pélagie, qui a eu la témérité de traverser toute la bataille, à la main un gros bouquet de roses de mon grand rosier gloire de Dijon ; aidée et protégée par les soldats, admirant cette femme s’avançant, sans peur, avec des fleurs, au milieu de la fusillade, et la faisant passer dans les environs de la Chapelle Expiatoire, par des cours percées par le génie.

1531. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

C’est comme si on avait blâmé le bouton de rose de s’être transformé en fleur. […] La petite vieille blanche accroupie sur le mur bas de la demeure rustique, non pas rassasiée, mais lasse de vivre, regarde ; et à toutes les fleurs qui embaument la grande plaine, aux tendres oiseaux qui chantent aux alentours, elle, hochant sa tête blanche toujours tremblante, toujours semble dire : Oui. […] Songez donc que l’altruisme aussi est une beauté, que « aimez-vous les uns les autres » non seulement est bon, à mon avis, mais est beau, et que le rêve esthétique dont il s’agit va à détruire une des splendeurs du genre humain, une des fleurs de la terre, et qui est peut-être la plus éclatante ! […] Exemple : Les amoureuses lassées Dorment sur les mols coussins Fleuris — blêmes, prélassées, Du sang aux fleurs de leurs seins. […] S’il a eu, ou cru avoir, ce qui est la même chose, beaucoup d’infortunes, il a eu au moins, à l’heure suprême, ce grand bonheur de mourir chez les gens qui l’aimaient le plus au monde et, après l’heure suprême, cette autre fortune que celui qui l’aimait le plus lui a juste assez survécu pour mettre sur sa tombe, avec toutes sortes de délicatesses charmantes et une exquise tendresse de cœur, de geste et de parole : Le bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

1532. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

il est des fruits (et ce sont ceux de l’imagination et de la fleur de l’âme), qui ne se cueillent bien qu’à l’heure unique et désirée.

1533. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Hors une fleur de suprême bon ton et quelques raffinements dans le savoir-vivre, en quoi diffère-t-elle de lui ?

1534. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Par exemple, les étamines et les autres parties de la fleur qui sont des pétales enrayés dans le cours de leur développement.

1535. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Il ne faut pas y chercher des essences dans les bouquets de fleurs des montagnes, mais de la rosée matinale et des senteurs des champs.

1536. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Cette fleur de renommée dont on ne voit pas l’éclat, mais dont on devine le parfum comme un mystère, semble être la possession secrète de tous ceux qui la respirent ; on se passionne pour elle comme pour un trésor secret qui mettra bientôt dans l’ombre tous les talents alors en lumière.

1537. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Vast-Ricouard même n’a pu faire mieux que Chapelain : « Les bras glissant avec grâce, le long du buste, étaient terminés par des mains dont les doigts potelés, et pourtant effilés, avaient à leurs extrémités de minuscules ongles roses, arrondis à fleur de peau. » Ces réalistes, qui n’ont pas un grain de sentiment artistique, ne se doutent pas qu’il ne suffit pas de savoir le dictionnaire et de faire le tour d’un objet, et d’en coucher par écrit, sous leur nom propre, toutes les particularités visibles.

1538. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Bossuet lui-même n’en avait-il pas emporté quelques fleurs, qu’on retrouverait fanées dans ses premiers sermons ?

1539. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

» et autres problèmes qui défrayaient les disputes des écoles d’Alexandrie et de Pergame, si on les compare à cette façon ingénieuse, compréhensive et délicate de discourir sur toutes les surfaces des choses, de cueillir la fine fleur de tous les sujets, de se promener en observateur multiple dans un coin de l’universel, que de nos jours on appelle la critique ?

1540. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Accomplissez la parole de Brünnhilde. »   Les jeunes gens dressent, devant la salle, près du Rhin, un puissant amas de bûches : les femmes l’ornent avec des couvertures, sur lesquelles elles épandent des herbes et des fleurs.

1541. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

On le lit sans se fatiguer ; il ne présente que la fleur des sujets ; il réveille par des antithèses ; il voltige d’objet en objet ; il a l’art de saisir les contrastes ; de se jouer avec la saillie, de remplacer le raisonnement par l’épigramme ; enfin, il aime mieux mentir & déchirer, que d’être froid ou ennuyeux.

1542. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Faut-il ôter aux fleurs leurs couleurs naturelles pour les colorier avec plus de noblesse ?

1543. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

L’idéal humanitaire et cosmopolite est donc bien une attitude d’utilité propre au groupe des nouveau-venus dans tout état organisé : c’est bien dans cet intérêt positif et particulier qu’il puise sa réalité, qu’il cache et nourrit ses racines pour ne montrer que sa fleur idéologique.

1544. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Samedi 18 février C’est curieux la révolution amenée par l’art japonais chez un peuple esclave dans le domaine de l’art, de la symétrie grecque, et qui soudain, s’est mis à se passionner pour une assiette, dont la fleur n’était plus au beau milieu, pour une étoffe où l’harmonie n’était plus faite au moyen de passages et de transitions par des demi-teintes, mais seulement par la juxtaposition savamment coloriste des couleurs.

1545. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Seul détail gracieux de cet amour qui commença alors, mais qui resta voilé, jaloux, reprochant, presque maussade, seul parfum qui se dégagea de cette froide fleur de nénuphar, éclose sur un immense lac d’ennui !

1546. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan, pédant moins fougueux et Darwiniste pour l’instant, comme il est tour à tour tout le monde, — « amènera la création d’ une race supérieure, ayant le droit de gouverner non seulement dans sa science, mais dans son sang, son cerveau et ses nerfs, et on l’obtiendra par le moyen qu’emploient les botanistes pour créer leurs singularités… Comme la fleur double est obtenue par l’hypertrophie ou la transformation des organes de la génération, on concentrera toute la force nerveuse du cerveau, on la transformera toute en cerveau, en atrophiant l’autre pôle… » Charmante perspective !

1547. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Il est parmi les insectes certaines espèces, comme les abeilles, qui n’ont de flair que pour les fleurs où elles vont butiner leur miel ; d’autres espèces ont des curiosités différentes.

1548. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Les fleurs que sous tes pas tous les chemins produisent Dans l’honneur qu’elles ont de te plaire, me nuisent. […] Le premier, c’est que l’observation, cette observation des mœurs mondaines, qu’il semble que Corneille s’y soit proposée comme objet, est bien légère, bien superficielle encore, et, pour parler familièrement, tout entière à fleur de peau. […] Mais on peut bien leur accorder, je crois, que l’École des femmes a quelque chose de plus aisé, de plus libre, de plus vif peut-être, la naïveté d’Agnès, le sourire d’Horace ; et je ne sais quelle fleur de jeunesse ou quel éclat nouveau qui brille en elle, comme dans le Cid de Corneille, comme dans l’Andromaque de Racine. […] Mais, ce qu’elle est, encore, et, si vous le voulez bien, ce qu’elle sera uniquement pour nous, c’est, Mesdames et Messieurs, la première pièce, d’ailleurs vraiment comique, où nous puissions saisir à leur première origine, comme on fait la fleur dans la graine, la promesse des transformations que le génie de Molière va opérer dans son art. […] Il porterait un habit à fleurs, et il aimerait « la trompette marine ».

1549. (1925) Comment on devient écrivain

Il éclate parfois sans qu’on le cherche, comme pour les Fleurs du mal et Madame Bovary, et c’est alors une chance que de mériter par son talent la notoriété que donne le scandale.‌ […] Son talent (car elle en a) cherche de préférence les terrains stériles où ne pousse aucune fleur respirable ; si bien qu’après avoir fermé ses livres, on ne sait plus trop ce qu’on a lu et qu’il n’en reste absolument rien. […] Parce qu’ils font tous le même tableau et traitent tous le même sujet : chromos, chemins, rivières, sous-bois, moulins, clochers, vieilles rues, sempiternels quais de la Seine, berges de la Cité, marché aux fleurs, place de la Concorde, etc. […] Barbey d’Aurevilly n’hésitait pas non plus à se ranger parmi les défenseurs de Baudelaire, lors du fameux procès intenté à l’auteur des Fleurs du mal, sœurs bien authentiques des fleurs pestilentielles du Cotentin.‌

1550. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Abondante sans superfluité, riche sans faux brillans, naturelle sans bassesse, simple avec majesté, élevée sans affectation, sublime sans efforts, leur éloquence mâle & nerveuse, tantôt préférant la force du raisonnement aux tours ingénieux & fleuris, s’attachoit moins à plaire qu’à instruire, qu’à convaincre & persuader ; tantôt s’élevant avec le vol de l’aigle jusqu’au sein de la Divinité dont elle sembloit être l’organe, elle étonnoit, ravissoit, arrachoit des larmes & des sanglots : dans les uns, pleine de candeur, animée du seul coloris des graces, tendre, harmonieuse & touchante, elle pénétroit l’ame de la plus douce émotion, & couvroit de fleurs les vérités qu’elle vouloit annoncer aux Peuples comme aux Rois ; dans les autres, brillante, énergique & pittoresque, elle traçoit les mœurs, les vices & les erreurs du temps, & prenoit des mains de la vérité les armes dont elle les combattoit. […] Alors déployant toutes les richesses de l’Art, soutenue par une imagination vive & brillante, toujours guidée par le goût, elle peignoit avec des traits de feu leurs vertus, leurs actions, leurs talens & leur courage, en arrosant de ses larmes les fleurs qu’elle jetoit sur leurs tombeaux.

1551. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Théophile Gautier, dans sa préface aux Fleurs du Mal, a nommé la femme qui a servi de modèle au peintre. […] Pour qui veut se renseigner sur la sensibilité profonde des intellectuels du second Empire, les Fleurs du Mal restent un document presque unique, et quand un Taine de l’avenir voudra reconstituer la société élégante de cette même période, ses façons de penser et de réagir, ce sont les romans de Feuillet qu’il devra consulter. […] Dans la dernière lettre qu’il m’ait écrite, si près de sa fin, — il devait mourir emporté par un ictus, huit jours plus tard — il me disait, parlant de ses travaux : « Je me répète les vers du douloureux Baudelaire : Quoiqu’on ait du cœur à l’ouvrage, L’art est long et le temps est court. » Cette simple épithète appliquée à l’auteur des Fleurs du Mal, décèle le tour d’esprit qui s’élaborait dans nos lycées traditionnels. […] Quelle impression à regarder se promener méditativement parmi ses fleurs, dans le silence de cette retraite provinciale, le héros qui commandait en 1915 le 33e corps, la 6e armée en 1916 et dont le décret lui conférant la médaille militaire disait en 1919 : « Merveilleux soldat qui, depuis 1914, n’a cessé de lutter contre l’ennemi.

1552. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Figurez-vous qu’en ce moment j’ai sous les yeux un véritable jardin de deux lieues de large et de quatre de long, arrosé par une grande rivière et entouré de coteaux boisés, où, grâce aux abris du nord, le printemps se montre trois semaines plus tôt qu’à Paris, et où maintenant tout est verdure et fleurs.

1553. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Sortez un beau jour de printemps de l’enceinte fangeuse et enfumée des villes, égarez vos pas dans la campagne, au bord du fleuve, au bord des ruisseaux, au bord de la mer calme, au bord des bois retentissants ; un chant sort du calice de chaque fleur sous vos pas, du dôme de chaque arbre dans la forêt, du creux de chaque sillon dans les blés en herbe ; l’insecte ivre dans sa coupe de parfum, la caille dans le chaume, le merle dans le buisson, le rossignol sur la branche morte, la cigale elle-même dans la poudre ardente du champ labouré, tout chante devant le soleil.

1554. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Mes fleurs tombaient et je croyais les sentir remplacées par des fruits d’intelligence.

1555. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Il meurt en disant : “Enveloppez-moi de parfums et couronnez-moi de fleurs pour entrer dans le sommeil éternel.”

1556. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

» À l’extrémité de cette plaine virgilienne de la Bresse, on rencontre tout à coup, au lieu de l’eau stagnante et fiévreuse des prairies de la Dombe, une rivière bleue comme le firmament de la Suisse italienne, joueuse comme des enfants sur des cailloux, écumante comme l’eau de savon battue par le battoir de la lessiveuse, gazouillante comme une volée de tourterelles bleues et blanches abattues sur un champ de lin en fleurs, jetant ses petits flocons d’écume çà et là sur son cours comme ces oiseaux éparpillant leurs plumes en se peignant du bec sur les touffes du lin ; on s’arrête tout étonné sur la grève des cailloux arrondis par le roulis éternel de cette rivière de montagne, débouchant, tout étonnée elle-même, dans la plaine.

1557. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

« Ainsi que Balthazar ignorant ses malheurs, « Il ne voit pas, aux murs de la salle bruyante,         « Les mots qu’une main flamboyante « Trace en lettres de feu parmi les nœuds de fleurs !

1558. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Les parentés sont dans le cœur, monsieur ; il y a bien des chrétiens qui ne s’aiment pas tant que nous nous aimons, nous, le chien, la chèvre et les moutons, sans compter le Ciuccio, l’âne qui broute là, devant les chardons aux fleurs bleues du ravin.

1559. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

« Icy, les ung ormeil cerclé par aubespine « Que doulx printemps jà coronoit de fleurs, « Me dict adieu » ; sanglotz suffoquent ma poictrine, Et dans mes yeulx roulent torrents de pleurs.

1560. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

La royauté littéraire tressa pour son front une couronne de fleurs inconnues qui ne se flétrit plus.

1561. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

« Le pauvre homme, dit Goethe, ne se doute pas que le mal est sans remède, et qu’un insecte mortel a piqué dans sa fleur la jeunesse de Werther. » Oui, sans doute, nous pressentons aujourd’hui une autre poésie, une poésie qui n’aboutira pas au suicide.

1562. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

L’autre, c’est peut-être le premier et le dernier livre qu’il écrira ainsi parce qu’on aura fauché une fleur en lui, sa croyance naïve en la justice Il y a plusieurs Grand Meaulnes qu’on a déjà tués.

1563. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Lisez les traductions des classiques grecs et latins, comme vous y engagent ces excellents professeurs ennemis des langues anciennes ; vous ne trouverez dans Aristophane, dans Euripide, dans Sophocle, dans Virgile, dans Horace et dans tous, que des niaiseries et des platitudes ; ces traductions, quand elles ne sont pas faites par un poète ou un artiste, sont comme la momie d’une belle femme, comme les pétales desséchés d’une fleur : c’est du génie tombé en putréfaction.

1564. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Enfin elle s’est rappelée qu’elle avait abandonné, il y a quelques six ans, en pleine fleur, un merveilleux sujet ; elle l’a repris, simplement : et elle a retrouvé de beaux jours, cotre vieille gaîté française.

1565. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Elle fut la fleur douce et cruelle de ses enivrements et de ses souffrances, de ses combats et de ses espoirs.

1566. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Ce n’est pas tout : il l’abandonne, durant toute une scène, à son enquête malveillante ; il lui permet, en quittant la chambre, de constater la régularité de son pouls, la coloration normale de son teint et l’égratignure à fleur de peau dont il « se fait mourir », comme dirait, en son argot, mademoiselle Navarette !

1567. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Je le revois dans son atelier de la rue Navarin : la grande estampe de La Conversation galante, de Lancret sur un mur ; sur un autre, des costumes et des coiffures de la vieille Alsace, parmi lesquels une garniture de tête, en fleurs artificielles, de danseuse espagnole, donnée par une célébrité chorégraphique de Madrid, tenait la place d’honneur ; puis l’immense table avec l’amoncellement de bois vierges ou dessinés dans leurs papiers de soie, et son grand plat de vieille faïence enfermant une gerbe de pipes merveilleusement culottées.

1568. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Il en était de même des autres dieux : ils rapportaient toutes les fleurs à Flore, tous les fruits à Pomone.

1569. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Parlez, ne parlez pas, soyez gai, soyez triste, Blâmez, louez ; il se fâche d’autant, C’est sa nature ; il est né mécontent… Et le ciel lui ferait une route de fleurs Qu’il les changerait en épines. […] « La pièce de Castro est une fleur sauvage née dans le sol et l’atmosphère qui lui conviennent. […] La campagne renferme des types nettement accusés et pourtant peu connus, comme ces fleurs qui croissent dans les bois et dont la beauté n’a pas d’appréciateurs ; car le braconnier pense à ses lièvres et le bûcheron à ses fagots. […] Un air de souffle janséniste [cette fois c’est aller trop loin] dessèche ces belles fleurs, une brume grisâtre estompe ses splendides horizons, et l’ennui descend comme une pluie fine et glacée, d’un terne ciel d’automne dont un rigorisme impitoyable a éteint l’azur. […] Ô mon unique amour, me voilà désormais Triste époux oublié, comme la fleur avide Du papillon nouveau dont sa corolle est vide.

1570. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Il avait, de plus, reçu après les enseignements de l’esprit allemand les leçons d’une femme sceptique, et cette fleur d’illusion, qui est peut-être indispensable dans l’amour, n’avait pas résisté au souffle d’une impitoyable analyse. […] Aimé de Loy, un poète errant et inquiet, dans des recueils imprimés en 1827 et en 1840, le dernier sous le titre de Feuilles au vent, laissait échapper des plaintes fugitives sur la vie, et parlait de la consolation qu’il trouvait à cultiver au pied d’un coteau La fleur de Nodier, l’ancolie, Si chère à la mélancolie, Et la pervenche de Rousseau… Mme Louise Colet publiait en 1836 les Fleurs du midi. Voyons comment ces fleurs étaient appréciées à leur apparition, et comment on jugeait, dans la Revue des Deux Mondes, l’auteur qui les présentait au public. « Ces vers, y disait-on, ne sont vêtus de deuil que par pure coquetterie. […] Il était triste sous une apparence de gaieté, et comme l’a dit Boulay-Paty qui s’est fait son éditeur : « le coin de marbre froid s’apercevait sous les fleurs. » Il était un de ces jeunes hommes qui promenaient dans le monde, et au milieu des fêtes, une mélancolie, dont on a pu souvent suspecter la sincérité. […] Elle avait, mais vainement, essayé de s’asphyxier avec des fleurs.

1571. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Mais que dira de moi la fleur des Argiens Qui d’un titre sacré m’investit et m’honore ? […] L’artiste aspirant au bourgeois, comme le bouton rêve d’être fleur, c’est le comédien moderne, le peintre moderne, comme du reste c’est l’homme de lettres moderne, le romancier moderne, le peintre moderne et le musicien moderne. […] Maurice Olivaint, dont le public a déjà remarqué deux volumes de poésies : Les Fleurs du Mé-Kong et Les Fleurs de corail, couronnées, en toute justice, par l’Académie française, et qui fit représenter à ce même Odéon une adaptation en vers des Deux Gentilshommes de Vérone de Shakespeare. […] — En s’inclinant, les branches De vos pommiers chez nous répandaient les fleurs blanches. […] Dès lors… bien des choses : d’une part l’idée que la vertu vient toute seule et sans culture, comme une fleur des champs ; d’autre part l’idée, assez voisine, que ce qui vient tout seul et naturellement au cœur de l’homme est de la vertu, ou que bien peu s’en faut.

1572. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Et en général, même quand il s’agit des meilleurs écrits de Camille Jordan, parlons moins de son style que de son langage soutenu, toujours noble, de sa parole même : elle a l’ampleur, l’abondance, le flumen ; elle se présente par de larges surfaces et se déroule d’un plein courant, comme il sied à ce qui tombe et s’épanche du haut d’une tribune : elle n’offre pas la nouveauté, l’imprévu, l’éclat, la finesse, qu’on aime à distinguer chez un écrivain proprement dit, les expressions créées, les alliances heureuses, la fleur du détail et ce qui accidente à chaque pas la route. […] On a remarqué que depuis cette époque les jalousies des dernières pièces de son appartement étaient constamment restées fermées. — Un seul valet de chambre pénètre dans le dernier appartement, qui est tous les jours garni de fleurs nouvelles et… » [Le reste manque.]

1573. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Le nouveau, le simple et le primitif, les racines en tout et la fleur première avant le fard et le luxe de seconde main, avant la superfétation de culture, avaient sa prédilection presque exclusive74. […] Goethe se l’était figuré, d’après ce qu’il avait lu, un homme jeune encore, mais inclinant vers l’âge moyen : quelle ne fut pas sa surprise en voyant entrer un tout jeune homme dans la vivacité et la fleur du premier épanouissement !

1574. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

La charmante ville sortait de la brume matinale aussi parée et aussi tranquille qu’un palais de fées, et sa robe de molle vapeur rose, semblable à une jupe ouvragée de la Renaissance, était bosselée par une broderie de clochers, de cloîtres et de palais, chacun encadré dans sa verdure et dans ses fleurs. […] À mesure que la grande ligne d’ombre reculait, les fleurs apparaissaient au jour brillantes et vivantes.

1575. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Il se contentait de dire sa petite impression, puis se retirait sous ses petites phrases, petit serpent de ces petites fleurs… Diderot, lui, avait cette puissance de dire à un homme qui avait échoué : Tenez ! […] Il aurait pu, par exemple, écouter Villemain, le maître, à tous, de ces professeurs qui se croient la fleur des pois de la littérature, et dont l’enseignement les a tous marqués sur la cervelle.

1576. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

La charmante ville sortait de la brume matinale aussi parée et aussi tranquille qu’un palais de fées, et sa robe de molle vapeur rose, semblable à une jupe ouvragée de la renaissance, était bossuée par une broderie de clochers, de cloîtres et de palais, chacun encadré dans sa verdure et dans ses fleurs. […] A mesure que la grande ligne d’ombre reculait, les fleurs apparaissaient au jour brillantes et vivantes.

1577. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Un des hommes les plus spirituels de l’émigration, le chevalier de Panat, écrivait avec autant de grâce que de sens à l’auteur, après avoir entendu à Londres la lecture de plusieurs morceaux de son grand ouvrage : « Si les vérités de sentiment sont les premières dans l’ordre de la nature, personne n’aura prouvé mieux que vous celles de notre religion ; vous me retracez ces philosophes anciens qui donnaient leurs leçons la tête couronnée de fleurs et les mains remplies de doux parfums. » Le plan seul de l’ouvrage de M. de Chateaubriand en indique la portée. […] Seulement il ne faut pas oublier qu’en écrivant son premier ouvrage, le poëme en prose des Natchez, où existent en germe les deux plus charmantes fleurs qui se soient épanouies plus tard dans cette intelligence féconde, Atala et René, M. de Chateaubriand composait un ouvrage d’une tout autre nature, l’Essai sur les révolutions, livre où de graves erreurs, dont l’auteur lui-même s’est fait le censeur austère, couvrent, sans le détruire, le sentiment vrai de la nécessité d’une alliance entre la monarchie héréditaire et les libertés nationales. […] Cette fraîcheur de pensées, cette pureté de sentiment, ce vers naturel, abondant et mélodieux qui semblait naître spontanément au cœur du poëte, comme la fleur sur la plante, cette sève poétique qui circulait dans toutes ses œuvres, n’étaient pas les seules causes de cet immense succès.

1578. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Il était alors dans toute la fleur de son imagination, il avait cherché son talent dans Œdipe, dans Mariamne, dans Brutus ; il le rencontra dans Zaïre. […] Oreste 1er thermidor an X [20 juillet 1802] Dans la première fleur de la jeunesse, Voltaire sut imiter heureusement Sophocle ; dans la pleine maturité de l’âge, il ne sut que le défigurer. […] Athalie lutte contre le grand-prêtre et contre Dieu ; elle lève une armée, et marche contre le temple à la tête de ses Tyriens : il s’en faut bien que Sémiramis prenne des mesures aussi énergiques ; elle ne fait pas des actes de vigueur, et ne sait faire que des actes de contrition : tel est l’excès de sa sensibilité, que, pour conjurer la colère céleste, elle se met sous la protection d’un militaire bien fait, et dans la fleur de l’âge ; la vieille veuve de Ninus ne voit rien de mieux pour détourner la foudre que de se remarier avec un jeune homme : le remède est doux, mais il ne lui réussit pas, et Ninus est furieux du choix d’un tel amant.

1579. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Quant à moi, devenu plus sage Et dans mes désirs satisfait, Peu redoutable au voisinage, Je ne demande à ce village De lot que celui qu’il m’a fait ; Content si, m’assurant la vue De la rivière et du coteau, J’y puis seulement, sur la rue, Joindre la place étroite et nue Que borne, en fleurs, le vieux sureau.

1580. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Il en est ici d’un peuple, comme d’une plante : la même séve sous la même température et sur le même sol produit, aux divers degrés de son élaboration successive, des formations différentes, bourgeons, fleurs, fruits, semences, en telle façon que la suivante a toujours pour condition la précédente, et naît de sa mort.

1581. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Il parcourut, immédiatement après, la région des bruyères arborescentes, puis il rencontra une zone de fougères ; plus haut un bois de genévriers et de sapins ; plus loin encore un plateau couvert de genêts, large de deux lieues et demie, par lequel il arriva enfin sur le sol de pierre ponce du cratère volcanique où le beau Retama, arbuste aux fleurs odorantes, et la chèvre sauvage qui habite le pic, lui souhaitèrent la bienvenue.

1582. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Quand je fus seule ainsi, sur le haut pont, je vis tout au sommet de l’arche du milieu un pilier creusé en niche où rayonnait une Madone toute couverte d’or et d’argent, de fleurs en papier, et de poussière sous sa grille.

1583. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Si les femmes combattaient comme l’homme, chaque coup mortel tuerait en elles deux êtres au lieu d’un ; l’enfant dans son sein ou à sa mamelle périrait en même temps que la mère ; les carnages humains seraient doubles, l’humanité serait décimée dans sa source comme dans sa fleur.

1584. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Elle avait juré de rester veuve à trente-cinq ans, quoique dans la fleur de sa beauté et de sa vie, convoitée par tous les princes de l’Italie.

1585. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

L’enfant reçoit la parole, et se l’approprie, comme le pistil d’une fleur reçoit la poussière des étamines.

1586. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

où ils étaient allés porter la fleur de leur âme et de leur jeunesse, et après l’avoir décrit, — toujours !

1587. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Elle y est à fleur de peau, et nous en avons été tous plus ou moins éclaboussés.

1588. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Le mariage, mon gros Paul, est la plus sotte des immolations sociales : nos enfants seuls en profitent, et n’en connaissent le prix qu’au moment où leurs chevaux paissent les fleurs nées sur nos cadavres71. » Puis vient l’indécente dissertation sur les dangers de la vie conjugale, sur « cet état de mariage où la femme souffre l’amour au lieu de le permettre, et repousse souvent le plaisir au lieu de le désirer » ; où « une femme est disposée à refuser ce qu’elle doit, tandis que, maîtresse, elle accorde ce qu’elle ne doit point ». […] Ici, c’est la pureté de la vierge entachée dans sa fleur par une précoce corruption, et formant ce composé monstrueux que le romancier appelle une virginité savante 141. […] Le premier en date et en génie, Goëthe exprima, dans Werther et dans Faust, les deux faces de ce sentiment nouveau : Faust, négation amère de la science, de la beauté, de la vertu ; Werther, peinture brûlante des agitations stériles, des exaltations impuissantes d’une âme que le ver du scepticisme a piquée dans sa fleur 278. […] L’amour, cette passion qui tient tant de place dans la vie de l’homme, et qui, alors même que la morale ne l’absout pas, se fait tant pardonner à force de candeur et d’enthousiasme, l’amour lui-même ne semble-t-il pas comme fané dans sa fleur ?

1589. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Julie était à la fleur de l’âge, dans une cour voluptueuse, entourée de jeunes ambitieux qui se seraient empressés à lui plaire, s’ils avaient pu se flatter d’y réussir. […] Nous sortons d’une table somptueuse, nous respirons le parfum des fleurs, nous goûtons la fraîcheur de l’ombre dans des jardins délicieux, ou, si la saison l’exige, nous sommes renfermés entre des paravents dans des appartements bien chauds ; nous digérons, nonchalamment étendus sur des coussins renflés par le duvet, lorsque nous jugeons le philosophe Sénèque : nous ne sommes pas en Corse, nous n’y sommes pas depuis trois ans, nous n’y sommes pas seuls. […] Néron s’effraye : Octavie est rappelée166 ; les statues de Poppée sont renversées : le peuple attroupé porte sur ses épaules les images d’Octavie ; elles sont couronnées de fleurs et placées dans les temples. […] César n’est plus un enfant, César est à la fleur de l’âge ; il est temps que César se débarrasse de ses maîtres : pour s’instruire, César n’at-il pas d’assez grands exemples dans ses ancêtres ? […] L’un dira : « La morale de Sénèque est toujours présentée sous les fleurs d’une diction précieuse et recherchée.

1590. (1903) Propos de théâtre. Première série

— La voix des dieux, l’ordre de la cité, l’offrande de nous à la Grèce ; et comme l’on voit les amants chercher alentour sur la terre les plus précieuses fleurs en dons à faire à leurs maîtresses et vouloir mourir pour elles, comme s’ils n’avaient, malheureux, rien de mieux à donner qu’eux-mêmes ; s’il est vrai que la patrie te soit chère, que saurais-tu lui donner de trop cher ? […] Elle a déjà donné Çakountala, bien entendu, Çakountala la perle, le diamant, la merveille, Çakountala dont Goethe disait : « Veux-tu les fleurs du printemps et les fruits de l’automne ? […] Quand ce pauvre Madhava, perdu dans la forêt, à la recherche de Malati, est gagné peu à peu par la démence et croit reconnaître partout les lambeaux de son amie morte et dispersée dans les choses, il dit de bien belles folies : « Les fleurs nouvelles du lodhra ont pris sa beauté, la gazelle a pris son regard, la liane sa souplesse. […] ces fleurs ! […] C’est la fleur des chevaliers français.

1591. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Ses phrases tombent autour de vous en feux d’artifice, s’élèvent en fusée, s’épanouissent en soleils tournants, ruissellent de mille feux ; il a soin de ramener sans cesse des mots pailletés, brillants, sautillants ; ce dont il vous entretient le plus volontiers, c’est de fleurs fraîches balancées sur leurs vertes tiges, de diamants, de perles, de rubis ; toutes ces magnificences s’arrangent comme elles peuvent et offrent le sens que le ciel veut ; mais il n’importe guère, pourvu que les huit colonnes du feuilleton des Débats soient remplies ; il y a peu de sujets de se plaindre et d’ailleurs, faut-il avouer cette énormité ? […] Il y a quelque chose de pieux, de recueilli, de respectable dans cet amour littéraire qui va rechercher de vieux morts pour leur poser des couronnes de fleurs fraîches sur le front ; qui brave des ennuis certains, afin de découvrir dans des livres poudreux, souvent une simple strophe méritant la louange, pour la mettre en lumière, pour la faire briller de l’éclat d’une monture habile, et pour donner ainsi à un autre que soi, auquel nul ne pensait, la sympathie, l’attendrissement du lecteur éveillé par soi seul et que soi seul, en réalité, on mérite.

1592. (1927) Des romantiques à nous

Nouveau Platon, mais d’autant de rudesse que l’autre avait de grâce, et manquant de fleurs à offrir à la Muse pour compenser son exil, Auguste Comte, dans son admirable chapitre sur L’Esthétique du positivisme, déplorait que ces hautes fonctions, vitales pour la cité, fussent passées aux mains des imaginatifs pour ainsi dire professionnels. […] Que faites-vous des innombrables et merveilleuses trouvailles de ces investigateurs que l’on a vus pendant de longues années du XIXe siècle, en France et partout, cueillir sur les lèvres des gens de campagne les trésors souvent ravissants du folklore poétique et mélodique, trésors complètement inconnus des classes instruites et que ces pèlerins leur ont rapportés et remis sous les yeux, comme des fleurs du matin, humides et brillantes de rosée ? […] Ces génies sont ceux dont l’inspiration tient avant tout à la fraîcheur de la sensation, à la fleur première de la sensualité.

1593. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Préface de l’éditeur Bruno Curatolo 2011 Bonnes feuilles, fleurs de saison Et les belles roses rouges que t’as offertes M.  […] L’éclectisme des grandes revues parisiennes, La NRF, Europe, Esprit, donna certes audience, en cette époque, à de nombreux auteurs mais la formule choisie par Maurice Martin du Gard ouvrait un espace à nul autre pareil pour ce qui était des parutions d’ici et d’ailleurs, des feuilles venues sur des rameaux variés, des fleurs écloses en teintes contrastées. […] C’est là le livre d’un humaniste chrétien, et une des fleurs les plus charmantes de notre culture française.

1594. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

. — En fait d’arts, il n’y a de tolérables que ceux qui, fournissant à nos premiers besoins, nous donnent du pain pour nous nourrir, un toit pour nous abriter, un vêtement pour nous couvrir, des armes pour nous défendre  En fait de vie, il n’en est qu’une saine, celle que l’on mène aux champs, sans apprêt, sans éclat, en famille, dans les occupations de la culture, sur les provisions que fournit la terre, parmi des voisins qu’on traite en égaux et des serviteurs qu’on traite en amis  En fait de classes, il n’y en a qu’une respectable, celle des hommes qui travaillent, surtout celle des hommes qui travaillent de leurs mains, artisans, laboureurs, les seuls qui soient véritablement utiles, les seuls qui, rapprochés par leur condition de l’état naturel, gardent, sous une enveloppe rude, la chaleur, la bonté et la droiture des instincts primitifs  Appelez donc de leur vrai nom cette élégance, ce luxe, cette urbanité, cette délicatesse littéraire, ce dévergondage philosophique que le préjugé admire comme la fleur de la vie humaine ; ils n’en sont que la moisissure.

1595. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Et ainsi de tous les autres…, etc. » « Et si jamais, ajoute-t-il, un homme habile dans l’art d’exercer divers rôles venait dans notre République et voulait nous réciter ses poèmes, nous lui rendrions honneur comme à un être divin, privilégié, enchanteur ; mais nous lui dirions qu’il n’y a pas d’homme comme lui dans notre République, et, après avoir répandu des parfums sur sa tête et l’avoir couronné de fleurs, nous le proscririons de l’État. » Si cette division des facultés et des professions ne vient pas de l’Inde, par une servile imitation des castes, elle prélude à cette division moderne du travail, mutilation tout industrielle des facultés de l’homme, qui fait d’excellents ouvriers machines, et de détestables hommes pensants.

1596. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Oserai-je la comparer au premier épanouissement d’une fleur, plus belle quand elle s’est ouverte tout entière, plus charmante quand elle vient de s’entrouvrir ?

1597. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Mes vieux prêtres, dans leur lourde chape romane, m’apparaissaient comme des mages, ayant les paroles de l’éternité ; maintenant, ce qu’on me présentait, c’était une religion d’indienne et de calicot, une piété musquée, enrubannée, une dévotion de petites bougies et de petits pots de fleurs, une théologie de demoiselles, sans solidité, d’un style indéfinissable, composite comme le frontispice polychrome d’un livre d’Heures de chez Lebel.

1598. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

L’intelligente et facile princesse, envers qui il ne convient pas d’être plus sévère que ne le fut celui qui eut le droit de l’être le plus, s’y entoura de tous les beaux esprits du temps, et le Petit Olympe d’Issy de Michel Bouteroue 13 est le tableau de cette cour, à laquelle ne manqua ni la gaieté ni l’esprit : Je veux d’un excellent ouvrage, Dedans un portrait racourcy, Représenter le païsage Du petit Olympe d’Issy, Pourveu que la grande princesse, La perle et fleur de l’univers, A qui cest ouvrage s’addresse Veuille favoriser mes vers.

1599. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

A un siècle et demi de distance, les mêmes causes ont produit les mêmes effets ; tant il est vrai qu’une société ne peut se passionner pour l’agriculture sans faire naître aussitôt, comme autant de fleurs champêtres, une quantité d’œuvres inspirées par la vie des champs !

1600. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Bientôt on entend venir de loin un chœur de pèlerins : durant ses pauses la voix du berger qui se recommande à leurs prières, forme un nouveau contraste, longtemps maintenu par le retour du refrain en guise de contre-point figuré, qui suspend et enguirlande sa mélodie pastorale, semblable à un festonnage de fleurs champêtres, sur les graves contours du pieux cantique, s’élevant comme les arceaux d’une voûte ogivale.

1601. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Il y a des jeunes gens qui vont mettre des fleurs à la statue de Strasbourg ; on a envie de les gifler.

1602. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Après Sainte-Marie des Fleurs ou après le Parfum des Îles Borromées, on eût pu croire qu’il allait entrer sans esprit de retour dans le roman passionnel.

/ 1749