Arago, succédant à l’élégant Fourier, lequel avait succédé lui-même à l’estimable Delambre, chercha plutôt à se rattacher à la forme développée de Condorcet.
Faites des sorties vigoureuses sur les importuns ; nettoyez la tranchée, et puis renfermez-vous dans votre donjon… » Quelques-unes de ces lettres que Fénelon adresse à la comtesse de Grammont vont pourtant plus avant et développent les points importants, et toujours intelligibles, de sa doctrine de piété.
Le Vacher de La Feutrie, doyen de la faculté de médecine de Paris, Vicq d’Azyr est traité plus gaiement ; dans un parallèle développé il est comparé à Cromwell : « Mille traits de ressemblance vous rapprochent : ambition démesurée, hypocrisie profonde, etc., etc.
Il y en a qui penseront qu’au contraire il peut être développé par ce moyen : voilà comment on ne s’entend guère.
Dante fier, sombre, bizarre et dédaigneux dans cette partie de son poème, apparaît différent à mesure qu’on avance ; son côté tendre, affectueux et touché, ses trésors de mélodie et de tendresse, les nombreuses comparaisons d’abeilles, de colombes et d’oiseaux, qui lui échappent si souvent et qui s’envolent sous ses pas, toutes ces grâces plus fraîches à sentir dans un génie grandiose et sévère, appartiennent aux deux dernières parties de son poème et s’y développent par degrés.
Il est revenu à la paraphrase, et c’est à son aise qu’il rejoint son modèle, qu’il le développe et le transforme, sans lutte, sans paraître y viser ; Il soupire en repos l’ennui de sa vieillesse Dans ce même foyer où sa tendre jeunesse A vu dans le berceau ses bras emmaillottés·.
Mais aussi il y a un historien des plus heureusement doués dont le procédé est autre : il lit, il étudie, il se pénètre pendant des mois et quelquefois des années d’un sujet, il en parcourt avec étendue et curiosité toutes les parties même les plus techniques, il le traverse en tous sens, s’attachant aux moindres endroits, aux plus minutieuses circonstances ; il en parle pendant ce temps avec enthousiasme, il en est plein et vous en entretient constamment, il se le répète à lui-même et aux autres ; ce trop de couleur dont il ne veut pas, il le dissipe de la sorte, il le prodigue en paroles, en saillies et en images mêmes qui vaudraient souvent la peine d’être recueillies, car, plume en main, il ne les retrouvera plus : et ce premier feu jeté, quand le moment d’écrire ou de dicter est venu, il épanche une dernière fois et tout d’une haleine son récit facile, naturel, explicatif, développé, imposant de masse et d’ensemble, où il y a bien des négligences sans doute, bien des longueurs, mais des grâces ; où rien ne saurait précisément se citer comme bien écrit, mais où il y a des choses merveilleusement dites, et où, si la brièveté et la haute concision du moraliste font défaut par moments, si l’expression surtout prend un certain air de lieu commun là où elle cesse d’être simple et où elle veut s’élever, les grandes parties positives d’administration, de guerre, sont si amplement et si largement traitées, si lumineusement rapportées et déduites, et la marche générale des choses de l’État si bien suivie, que cela suffit pour lui constituer entre les historiens modernes un mérite unique, et pour faire de son livre un monument.
Elle était de celles que la solitude n’ensauvage pas, mais qu’elle forme et qu’elle achève ; sa délicatesse s’y était développée plus exquise et sans qu’aucun souffle l’altérât.
Sur Mme de Genlis, dont elle parle au long dans deux lettres qui ne sont pas adressées à M. de Meilhan, elle développe les raisons de son antipathie et nous explique ses sévérités.
Avec Marolles, il ne faut rien presser ; il a les facultés visuelles, extérieures, superficielles, très développées ; mais à part les catalogues et les généalogies, rien ne s’enchaîne dans sa tête.
Que serait-il advenu si son père l’avait laissé tranquillement se développer et mûrir à Genève ?
Le véritable vainqueur, comme le véritable vaincu, est celui qui croit l’être. » Il faut l’entendre développer spirituellement cette thèse : « Vaincre, c’est avancer ; par conséquent, reculer, c’est être vaincu.
Je ne parle pas de ce talent de professeur qu’il ne tenait qu’à lui de pousser et de développer ; car, pour peu qu’il l’eût voulu, il serait aujourd’hui l’un des maîtres et l’une des voix écoutées en Sorbonne.
On y voit se développer ce caractère ondoyant et complexe « avec toute la progression de ses sentiments, depuis les premiers mouvements d’une bonté naturelle jusqu’aux tristes jouissances d’un égoïsme raisonné. » Le sceptique y est combattu par de bonnes raisons, et les seules dignes d’un philosophe moderne.
Première et deuxième édition9 Je croyais en être quitte pour quelque temps avec M. de Pontmartin ; j’avais écrit sur lui et sur ses ouvrages, il y a peu de mois, un article développé, presque une étude ; elle était sérieuse, sévère dans sa sincérité, et l’éloge n’y venait qu’après le blâme.
Je vais justifier et développer ces divers traits avec les propres récits que cet homme estimable vient de publier en dernier lieu et qu’il avait commencé à nous donner déjà dans son livre sur le peintre David et son École18.
Le premier et le plus célèbre de ces discours, qui se rencontre également chez saint Luc, mais moins développé chez celui-ci et comme morcelé, est le Sermon sur la montagne.
Les difficultés de l’art s’accroissent sans doute en même temps que le talent se développe.
Viollet-Le-Duc, quand il s’y mit résolument en 1840, venait donc à point pour recueillir les fruits de toute cette étude et de cette battue antérieure, pour tout comprendre dans l’examen de cette époque de l’art et en développer l’ensemble, l’organisme véritable et l’esprit.
Cervantes fut frappé de la richesse que lui offrait l’idée d’un enthousiaste héroïque qui se croit appelé à ressusciter l’ancienne chevalerie : C’est là le germe de tout son ouvrage, Il sentit en poëte tout ce qu’on pouvait faire de cette idée… » Un autre critique distingué par son savoir et ses consciencieuses lectures, mais doué aussi d’une ingénuité de jugement parfois excessive, Sismondi, dans son Cours sur les littératures du Midi, professé à Genève devant un auditoire qui riait peu, se chargea de reprendre et de développer la pensée de Bouterwek.
Il avait été reçu par M. de La Chapelle, directeur, qui ne parla pas mal non plus et qui dit même des choses assez neuves et très à propos à cette date de 1699, fin d’un siècle, sur les heures de perfection et de décadence littéraire pour les nations : il développa une pensée de l’historien Velleius Paterculus, et parla de cette sorte de fatalité qui fixe dans tous les arts, chez tous les peuples du monde, un point d’excellence qui ne s’avance ni ne s’étend jamais : « Ce même ordre immuable, disait-il, détermine un nombre certain d’hommes illustres, qui naissent, fleurissent, se trouvent ensemble dans un court espace de temps, où ils sont séparés du reste des hommes communs que les autres temps produisent, et comme enfermés dans un cercle, hors duquel il n’y a rien qui ne tienne ou de l’imperfection de ce qui commence ou de la corruption de ce qui vieillit. » C’était bien pensé et bien dit.
Jomini, qui semble venu tout exprès pour concevoir et pour exposer la science stratégique à son moment le plus mûr et le plus avancé, est un des plus frappants exemples des vocations premières et des qualités spéciales que la nature dépose en germe dans un cerveau, toutes prêtes à éclore et à se développer au premier souffle des circonstances.
Sa précocité acheva de s’y développer ; sa nature offrait alors, à ce qu’il paraît, un caractère méditatif qui s’est dérobé depuis sous le positif des affaires et la bonne grâce du monde.
Ce point a été développé avec autant de finesse que de justesse par MM. de Goncourt (l’Art au dix-huitième siècle, I, 433-438).
Après 1660, un autre type prévaudra, en qui l’activité sentimentale sera développée au détriment de l’activité volontaire, et qui fera une place de plus en plus grande aux sentiments féminins.
Partout ailleurs qu’ici, il serait malséant de remarquer que ce mouvement, où qu’il aboutisse, aura du moins porté de bons fruits littéraires : M. de Vogué s’y est développé, et M.
Car la pitié se change en un sentiment âpre et pénible quand tous les souffrants dont on nous développe la misère se trouvent être à la fois ignobles et irresponsables.
je sais tout ce qu’on peut répondre, et ce que développent à ce sujet, sur les indications de leurs maîtres, tous les candidats à la licence ès lettres (car Molière est chez nous une superstition nationale) : que La Bruyère écrit en moraliste, et Molière en auteur dramatique ; qu’il faut tenir compte du « grossissement » nécessaire à la scène et de l’« optique du théâtre » ; qu’Onuphre, par trop de vérité, s’évanouirait sur les planches, etc… Je n’en suis plus du tout convaincu ; et, s’il faut tout dire, je ne goûte Tartuffe que dans les endroits précisément où, pour le ton du moins, il se rapproche d’Onuphre.
Jamais l’enfant ne met en doute ce qu’on lui affirme, tant que quelque force positive n’a pas développé en lui le côté sceptique. »
L’adversité va achever de nous développer le caractère du maréchal Marmont et nous confirmer dans l’idée que nous en avons pu prendre.
Cette irritation, qui, je le répète, n’était pas née après la chute même et dans l’intervalle anarchique qui a duré près de quatre ans ; cette irritation, qui était alors paralysée et par la peur très permise et par des retours d’espérance, s’est développée au plus haut degré depuis l’établissement d’un régime qui annule ces espérances en même temps qu’il rassure contre les craintes extrêmes.
Le Franklin avait un habit de velours mordoré, des bas blancs, ses cheveux étalés, ses lunettes sur le nez, et un chapeau blanc sous le bras. » Ce fut après l’un des premiers actes décisifs de son entrevue avec les ministres français, ou de sa présentation à la Cour, que Franklin put dire : « Cet habit m’est désormais précieux ; car je le portais quand j’ai été grossièrement insulté par Wedderburn, et, sous ce même habit, j’ai pris ma revanche complète25. » La troisième circonstance où j’ai dit que Franklin revient en scène avec éclat pendant sa mission à Londres, ce fut le jour même où lord Chatham développa et soutint sa motion à la Chambre des lords, le 1er février 1775.
Favorisé par ces circonstances, il se développe simultanément chez plusieurs sujets prédestinés qu’un même dénûment et un même besoin de simulation assemblent en coterie.
De même encore, une intelligence peu développée en tant qu’intelligence, à qui les sens portent sans cesse des impressions discontinues, sera en peine d’imaginer l’idée de développement, soit dans un récit, soit dans un caractère, et concevra de préférence le suspens d’une histoire et la stabilité d’une âme.
Huysmans aucune compassion pour leurs semblables : « Comme toute impression morale est pénible à l’hypocondriaque, dit Griesinger dans son Traité des maladies mentales, il se développe chez lui une disposition à tout nier et à tout détester. » Aussi M.
Aussi l’histoire de la sociologie n’est-elle qu’un long effort en vue de préciser ce sentiment, de l’approfondir, de développer toutes les conséquences qu’il implique.
Elle est originale et, s’il la conduit avec méthode, elle peut être singulièrement féconde. » Quand on enseigne l’art d’écrire, cela veut donc dire simplement qu’on enseigne à ceux qui en ont les dispositions l’art de développer leur talent, le moyen de l’exploiter et de le mettre en œuvre.
Dieu a donc tout prévu pour la société : sans la société l’instinct perfectible de ces animaux ne se serait jamais développé, et aurait, par conséquent, été une force perdue.
Mais je m’en voudrais de ne point ajouter en terminant, — et déjà on l’a deviné, — que les deux conditions que j’ai développées, les deux qualités que j’ai supposées chez le lecteur de romans sont d’importance inégale.
Quelques-unes des premières pages de René sont très exactement autobiographiques ; et presque tout René a été repris et développé dans les Mémoires (1re partie, 3e livre). […] Saint Ignace d’Antioche, saint Irénée, Tertullien combattaient les premières hérésies ; Quadrat, Aristide et saint Justin, les calomnies inventées par les païens contre la religion nouvelle ; Arnobe le rhéteur, Lactance, Eusèbe, saint Cyprien se sont surtout « attachés à développer les absurdités de l’idolâtrie ». […] L’auteur développe alors l’influence du christianisme dans la musique, la peinture, la sculpture, l’architecture, et parle bien, et l’un des premiers, des églises gothiques et (plus loin) encore mieux des ruines, préparant ainsi des thèmes à la poésie romantique. […] Il développe leurs erreurs avec une complaisance extrême. […] C’est peut-être que Velléda est une image plus développée de sa sœur Lucile.
Rousseau la cite et la développe et l’explique avec un véritable enthousiasme : « … Revenons au droit et fixons les principes sur ce point important. […] Il a plus d’une fois indiqué d’un mot bref cette conception ; mais jamais il ne l’a développée ; jamais il n’est entré, à cet égard, dans aucun détail. […] Mais il n’a pas assez développé cette vue pour qu’il y ait lieu de faire autre chose que la signaler. […] C’était l’idée de la liberté individuelle qui était venue dans le monde et qui devait se transformer, se développer, mais n’en point sortir. […] Il n’est que de lire Agrippa d’Aubigné et Théodore de Bèze — je ne dis pas Calvin, qui est beaucoup plus évangélique que biblique et qui a été biblique plus dans ses actes que dans ses livres — pour comprendre quelle dureté, quelle soif du carnage pour le service de Dieu, développe dans des âmes, du reste bien préparées, la lecture quotidienne d’un livre plein de Dieu, de fureurs et de massacres.
Mais il est vrai que Taine a développé de préférence la thèse originale de son livre et a montré avant tout dans les fables une peinture de la société du dix-septième siècle. […] Il ne veut point que l’homme développe librement ses facultés ; il veut nous interdire tout perfectionnement, tout désir de progrès, nous réduire, sous couleur de morale et de vie simple, à l’ignorance et à la servitude primitives. […] Et tout un mysticisme se développe, qui nous fait penser aujourd’hui à M. […] Mais ces trois livres appartenaient à un même cycle et développaient à peu près les mêmes thèmes : on pouvait se demander si l’auteur serait capable de se renouveler. […] Dans l’Esclave triomphante, il indique déjà un bon conseil que Labiche devait développer dans Edgard et sa bonne.
Depuis, je n’eus d’autre idée que de ramasser quelque somme et de partir : la passion ou la maladie du voyage s’était développée en moi. […] Il faut avoir une rare puissance pour suivre avec rigueur un tel parti pris d’un bout à l’autre d’une carrière qui commence à être longue et qui s’est développée sur une triple voie : celle de l’artiste, celle de l’écrivain et celle de l’acteur. […] Ses chansons même les moins réussies ont un plan, une suite, un but ; elles commencent, se développent et finissent logiquement. […] Selon lui, la chasteté réelle développait au plus haut degré les puissances de l’esprit, et donnait à ceux qui la pratiquaient des facultés inconnues. […] Ses conversations roulaient en général sur des théories d’art tantôt paradoxales, tantôt profondément sensées, suivant son humeur, qu’il développait avec beaucoup de verve et d’éloquence ; l’art fut l’idole de sa vie et la consuma tout entière.
Ces idées rentrent mieux dans la nature d’Hugo ; elles ne lui appartiennent pas, c’est le fonds commun des déclamations, il n’a qu’à développer, à déployer son amour pour les choses étrangement farouches, lugubres, sombres. […] L’idée ne sortait pas tout armée de son cerveau comme on l’a dit, mais combien gagnait-elle à se développer peu à peu, lentement, comme doit se développer toute chose viable ! […] J’ai la conscience d’être une individualité qui se forme et se développe, et je marche entraîné souvent par quelque chose de plus que ma seule volonté. […] vous n’avez pas le tact des gens ; c’est chez vous que ni la passion ni le sentiment ne sont développés. […] Michelet, moins concis, nous développe la même pensée en ces termes : « Le mot du prêtre de Saïs au Grec Hérodote est profond : Vous serez toujours des enfants.
L’idée de patrie laisse indifférent, a même pour adversaire quiconque se s’en capable de s’élever au-dessus du fétichisme carnassier qu’elle développe dans les mentalités inférieures. […] Son activité se développe. […] Cet esprit se développe encore en lui au spectacle de la misère effroyable qui ronge les faubourgs de Paris et lui suggère un livre : la Rome nouvelle où, en toute naïveté, il s’imagine avoir pénétré le sens des encycliques de M. […] Ceux qui ont du talent suivent leur voie, se développent dans le sens de leur propre nature, sans souci désormais des contraintes et des similitudes autrefois consenties. […] Au contraire, le fils de Myriem bavardait sur des choses où il n’entendait goutte, faute d’un esprit critique suffisamment développé.
Je veux bien ; mais en tout cas il ne développe pas les instincts généreux. […] Avec quel talent, quelle finesse d’ingénieux aperçus et quel charme de style elle est développée, je l’ai dit déjà ; mais je veux, en finissant, le répéter encore. […] Le père développe ses grandes vues en un style lyrico-mystico-biblique, qui est réellement de l’hébreu pour le spectateur, puis va prendre son café. […] Dumas avait développé les mêmes théories. Il annonce que ce n’est pas fini et qu’il les développera de nouveau à la prochaine occasion, car il ne faut pas se lasser de faire entendre les mêmes vérités.
Ce sera de nous débarrasser des préjugés qui empêchent en nous la nature de se développer conformément à elle-même. […] — et qu‘en tout cas sa mort prématurée ne lui a permis ni d’en concilier les contradictions, — ni d’en développer toutes les conséquences. — Son culte pour l’institution sociale [Introduction à la connaissance, etc., ch. 43]. — Son indulgence pour les passions, et l’apologie qu’il en fait [Cf. […] Les fragments de l’Hermès ; — et qu’il n’est pas malaisé d’y reconnaître les mêmes caractères, — et d’en signaler d’autres qui sont également du xviiie siècle. — Tout imprégné des idées de Buffon, André Chénier s’y fût montré l’interprète enthousiaste de la philosophie de son temps ; — et déjà le poète de la « concurrence vitale ». — Il y eût expliqué, comme Voltaire et comme Condorcet, l’origine des religions ; — en les accusant de la plupart des maux qui ont désolé l’humanité ; — et en reprochant aux « prêtres » de les avoir exploitées. — Enfin, dans son troisième chant, disciple de Condillac, — il eût développé la doctrine de la « sensation transformée » ; — proclamé d’ailleurs la tendance invincible de l’homme « à la vertu et à la vérité » ; — et terminé par un hymne à la « science » [Cf. Condorcet, dans son Esquisse des progrès de l’esprit humain]. — C’est la pure philosophie des Encyclopédistes ; — et sans doute Chénier l’eût développée autrement que son ami Le Brun ; — mais il n’y en a pas de plus éloignée non seulement de celle des prochains romantiques ; — mais de celle même de Rousseau. […] 3º Les Œuvres. — Les Œuvres de Bernardin de Saint-Pierre se composent : 1º de ses Romans qui sont : Paul et Virginie, 1787 ; — l’Arcadie, livre I, 1788 ; — la Chaumière Indienne, 1790, suivie du Café de Surate ; — Empsaël ; la Prière d’Abraham, et les fragments de l’Amazone [posthumes, ainsi que les fragments de l’Arcadie, livres II et III] ; 2º De ses Études de la nature, 1784, reprises, développées, complétées et exagérées dans les Harmonies de la nature, qui n’ont paru qu’en 1815 ; 3º De ses œuvres politiques et d’un certain nombre d’Opuscules, dont les principaux sont : Les Vœux d’un solitaire, 1790 ; — et son Essai sur Jean-Jacques Rousseau [1820] ; 4º De son Voyage à l’Île de France, 1773, et d’un certain nombre de notes ou récits de voyage [Hollande, Prusse, Pologne, Russie].
Se sentir sûr de l’amour de toutes les femmes développe étrangement le fond de férocité qui est en l’homme. […] Il ne faudra pas donner des lois aux peuples ; il faudra observer les lois selon lesquelles les peuples se développent. […] « Il annonce plus qu’il ne développe », dit admirablement Voltaire. […] Voltaire est un homme d’affaires de génie, et le sens du réel est son sens le plus développé et le plus sûr, en quoi est une partie de sa valeur, qui est grande. […] Je crois en effet que l’art dans Voltaire n’est guère que de la critique qui se développe, et qui se donne à elle-même des raisons par-des exemples.
Littré le comprend, et quand même il inspirerait peu de goût, a été un rude et courageux effort ; que le nœud qu’y a contracté l’esprit humain n’a pas été une nouure ni une servitude irrémédiable ; que « dans l’histoire déjà si longue et toujours enchaînée que l’on parcourt depuis la civilisation grecque jusqu’à la nôtre, à toutes les époques favorables ou inclémentes (et celle du Moyen-Age a été assurément inclémente), la vertu qui tendait à réparer, à tirer de l’existence antérieure une existence plus développée, s’est exercée avec pleine vigueur » ; qu’en ce sens le Moyen-Age n’a été qu’un stage plus dur pour l’esprit humain ; qu’au sortir de là et à l’époque du quinzième siècle et de la Renaissance, le monde est entré, par le fait même de la réaction et de la lutte, dans un cercle plus large et plus étendu que s’il avait continué mollement de vieillir sans complication et sans accident sous une suite pieuse d’éternels Antonins. […] Il est si réellement et si sincèrement modeste, que je ne suis pas bien sûr, dans ce travail que j’ai entrepris sur lui et que j’aurais pu faire plus développé encore, de ne l’avoir pas plus effarouché que flatté, et de n’avoir pas même froissé en lui quelque fibre secrète en touchant à tant de choses intimes.
L’histoire littéraire des siècles suivants, IIIe et IVe siècles, devient double dans les Gaules : la littérature païenne continue d’y fleurir, de s’y développer et d’y prédominer jusqu’à Ausone ; la littérature chrétienne semble se taire depuis la mort d’Irénée (au commencement du IIIe siècle), jusqu’à l’Africain cicéronien Lactance, venu à Trêves au ive siècle, et qui donna une Apologie du Christianisme assez éloquente et brillante. […] En d’autres termes, ce n’est point le mélange et l’influence des Barbares qui ont causé des altérations ; ce n’est pas la décadence politique et intellectuelle de l’Empire qui a réagi sur le parler et y a introduit toutes sortes de fautes contre l’analogie ; il n’y a eu dans ce grand phénomène ni vicieuse intervention de l’étranger, ni appauvrissement graduel des sources du savoir et de la grammaire : mais les germes analytiques qu’on peut voir poindre sous la forme synthétique de l’idiome latin se sont développés.
C’est là un germe qu’a recueilli Aristote, et qu’il a développé non moins heureusement que son maître, bien qu’à un tout autre point de vue. […] Mais quand les temps nouveaux sont arrivés, se séparant du passé avec autant d’ingratitude que de violence, le passé avait fait son œuvre, et, ce germe fécondé, l’on peut dire, par cette lente incubation, allait se développer par un progrès irrésistible et sûr.
« Son intelligence, si constamment exercée, avait encore développé ce front naturellement vaste, qui recevait tant de lumières ! […] « Quelque jour, quand mes œuvres seront développées, vous verrez qu’il a fallu bien des heures pour avoir pensé et écrit tant de choses ; vous m’absoudrez alors de tout ce qui vous aura déplu, et vous pardonnerez, non l’égoïsme de l’homme (l’homme n’en a pas), mais l’égoïsme du penseur et du travailleur.
Fabre la reprend, et développe la création de Molière, les yeux fixés sur le modèle. […] Par Molière vous chercherez le comique à sa source la plus féconde, les caractères ; par l’étude des caractères, vous connaîtrez et développerez votre fond ; par votre fond seulement vous aurez un style, et vous vous élèverez aux créations qui ne périssent pas.
Il faut partir de ce principe que l’homme ne naît pas actuellement bon, mais avec la puissance de devenir bon, pas plus qu’il ne naît savant, mais avec la puissance de devenir savant, qu’il ne s’agit que de développer les germes de vertu qui sont en lui, que l’homme ne se porte pas au mal par son propre choix, mais par besoin, par de fatales circonstances, et surtout faute de culture morale. […] Mais cette moralité et cette intelligence, est-ce la faute des misérables, s’ils ne l’ont pas, puisque ces facultés ont besoin d’être cultivées et que nul n’a pris soin de les développer en eux ?
Mais ces relations d’une idéale intimité entre la musique et la littérature n’ont pas encore eu le temps de se développer, et, comme je n’ai voulu être ici qu’un historien, je m’arrête au seuil de l’avenir qui les rendra peut-être aussi ordinaires qu’elles paraissent l’avoir été aux beaux jours de la Grèce antique. […] L’auteur a développé cette prédiction dans un chapitre magistral.
Dimanche 6 mars Rosny parle du curieux pesage qui se fait du calorique, produit dans une cervelle, par l’effort d’un travail, et cite ce fait curieux d’un savant italien, qui se croyait aussi fort en grec qu’en latin, et auquel on a appris, qu’il possédait beaucoup mieux la langue latine, en opposant le poids du calorique qu’avait développé chez lui une traduction grecque, au poids du calorique développé chez le même par une traduction latine.
Mais il faut remarquer que, plus la civilisation avance, plus l’individualité se développe ; et ce développement peut devenir une cause de décadence si, en même temps que l’individualité se montre plus libre et plus riche, elle ne se subordonne pas elle-même volontairement à l’ensemble social. […] Comme le sable morne et l’azur des déserts, Insensibles tous deux à l’humaine souffrance, Comme les longs réseaux de la boule des mers, Elle se développe avec indifférence.
Ceux de madame Dacier furent développés dans la préface de sa traduction. […] Il découvre une plus belle matière à traiter ; de plus grands événemens à développer ; un palais plus vaste & plus digne d’admiration ; intérêt de nation, intérêt de famille, intérêt de politique, intérêt de religion, de curiosité.
Lui, le fils pieux, il a dû souffrir d’être réduit à flétrir la mère si dévouée à ses enfants, qui les éleva et les soigna si tendrement alors que le père les abandonnait, qui les laissa librement se développer et obéir aux impulsions de leur nature. […] Bien au contraire, l’Événement du 9 septembre 1848 prenait la défense du « luxe que calomniait la fausse philanthropie de nos jours » et démontrait triomphalement la nécessité de la misère pour arriver à l’équilibre social. — « L’opulence oisive est la meilleure amie de l’indigence laborieuse, développe le journal hugoïste.
Une circonstance accidentelle contribua, à la même époque, à développer davantage en moi ces pressentiments de poète. […] « Aussitôt que les arbres ont développé leurs fleurs, mille ouvriers commencent leurs travaux : ceux-ci portent de longues pailles dans le trou d’un vieux mur, ceux-là maçonnent des bâtiments aux fenêtres d’une église, d’autres dérobent un crin à une cavale ou le brin de laine que la brebis a laissé suspendu à la ronce.
Dans un entretien (« Une heure avec Frédéric Lefèvre ») Jacques Maritain et Henri Massis développent en 1924 leurs accusations contre la menace asiatique. […] Les cinq premiers articles de son acte d’accusation contre Barrès développent l’idée d’imposture du style et de la « phrase [qui] ne satisfait que l’oreille ».
Il est un sujet auquel il revient souvent, soit à propos de Besenval, soit à propos de La Harpe, toutes les fois qu’il en trouve l’occasion, c’est la reine Marie-Antoinette ; et chaque fois, inspiré par son cœur, par une imagination fidèle et émue, il nous la montre sous un vrai jour, avec ses ingénuités, ses étourderies innocentes, et dans tout l’éclat de sa figure « sur laquelle on voyait se développer, en rougissant, ses jolis regrets, ses excuses, et souvent ses bienfaits ».
Daru portaient uniquement sur les livres, non sur les journaux et les feuilles quotidiennes, bien moins développées à cette date, et dans lesquelles depuis on s’est accoutumé inexactement à comprendre toute l’idée de presse.
Ainsi, en même temps que Buffon insiste sur la distinction des espèces, il a des vues sur l’unité du plan général organique ; il les développe au commencement de son article de l’âne, il appuie sur les ressemblances cachées, sur les analogies qui se dérobent sous des différences apparentes ; il demande si cette conformité constante et ce dessein suivi de l’homme aux quadrupèdes, des quadrupèdes aux cétacés, des cétacés aux oiseaux, des oiseaux aux reptiles, des reptiles aux poissons, etc., dans lesquels les parties essentielles, comme le cœur, les intestins, l’épine du dos, les sens, etc., se trouvent toujours, ne semblent pas indiquer qu’en créant les animaux l’Être suprême n’a voulu employer qu’une idée, et la varier en même temps de toutes les manières possibles, afin que l’homme pût admirer également et la magnificence de l’exécution et la simplicité du dessein.
Voulant donner idée de la félicité et de la gloire des saints en l’autre vie, voulant développer les desseins de Dieu dans l’accomplissement de ses élus et comment il les prend, les manie, les prépare et n’arrive que tout à la fin à leur donner le coup de maître, l’orateur, qui cherche à se rendre compte à lui-même, établit une dissertation élevée autant et plus qu’il ne prêche un sermon ; il dut peu agir cette fois sur les esprits de son auditoire et en être médiocrement suivi.
À celle nouvelle, il éprouva une impression soudaine et qu’il a rendue bien énergiquement ; tout son sang se glaça, en écoutant le gentilhomme qui lui faisait ce récit : « S’il m’eût donné, dit-il, deux coups de dague, je crois que je n’eusse point saigné ; car le cœur me serra et fit mal d’ouïr ces nouvelles ; et demeurai plus de trois nuits en cette peur, m’éveillant sur le songe de la perte. » Il se représentait la scène du conseil, sa promesse solennelle de la victoire, la conséquence incalculable dont une défaite eût été pour la France, et dans ce prompt tableau que son imagination frappée lui développa tout d’un coup, cet homme intrépide retrouva la peur à laquelle il était fermé par tout autre côté.
., lesquels se retrouvent tous chez Montaigne, mais plus développés et à quelque distance les uns des autres.
Il fait commencer l’instruction dès les plus tendres années de l’enfant ; il montre la force des premières impressions, il développe le « quo semel est imbuta recens… » : « Cette âme donc toute neuve et blanche, tendre et molle, reçoit fort aisément le pli et l’impression que l’on lui veut donner, et puis ne le perd aisément. » Cette jolie et franche expression (une âme toute neuve et blanche, mens novella) est-elle bien de luim ?
Elle n’a pas à se plaindre pourtant et n’a rien à envier même à la belle Gabrielle, au moins si l’on en juge, comme aime à le faire la postérité, au point de vue poétique et littéraire ; car assurément la plus ravissante lettre de Henri, la plus développée et la plus épanouie, celle où il se montre le mieux à nous dans un intervalle de paix pastorale et tendre et de repos, lui est adressée ; c’est la lettre où il lui décrit le pays de Marans sur la Sèvre Niortaise ; la voici, — voici ce coin de paysage délicieux : J’arrivai hier soir de Marans, où j’étais allé pour pourvoir à la garde d’icelui.
Il nous est donc permis de nous flatter que notre ouvrage explique les termes, développe les beautés, découvre les délicatesses que vous doit une langue qui se perfectionne autant de fois que vous la parlez ou qu’elle parle de vous. » Louis XIV méritait en partie ce compliment, en tant que parlant avec justesse et propriété la plus parfaite des langues ; on dit qu’il contait à ravir ; mais cette noble et régulière politesse manquait de saillie, de relief, d’images, d’imprévu, de ce qui fait la grâce et la popularité de la langue de Henri IV.
Ce vœu ne paraît pas avoir été complètement rempli ; mais il y avait encore pour lui hors du Louvre et dans Paris assez de place pour s’étendre et se développer.
Dès ce moment la réputation de Ronsard, aidée de ce concours des doctes et de quelques hautes protections en cour, triompha de toute résistance ; Mellin de Saint-Gelais avait rendu les armes, et dans les années suivantes Ronsard, goûté des princes et adopté de la jeunesse, n’eut plus qu’à développer et à varier les applications de son talent.
Au reste, il est bien naturel qu’avec le talent qu’elle se sentait pour la politique, elle ait tout fait pour se procurer un théâtre où elle aurait lieu de le développer.
. — Bonstetten, dont ce n’était pas la vocation, éludait, les laissait dire, et les entendait pendant des heures développer leurs plans patriotiques, emphatiques ; lui, qui craignait déjà les ennuyeux, il ne savait bientôt plus comment fuir ces prédicateurs acharnés qui voulaient faire de lui un Raynal suisse ; il en était poursuivi jusque dans le parc de Saint-Ouen, chez Mme Necker ; jusque dans le château de La Rocheguyon, chez ses amies les duchesses de La Rochefoucauld, qui elles-mêmes se mettaient de la partie et devenaient complices : Ce qui ajoute à l’envie de me retrouver chez moi, écrivait-il de La Rocheguyon, c’est que voilà quatre jours que je me trouve avec l’abbé de Mably. « Et quand verrons-nous cette histoire de la Suisse ?
Ceux qui s’occupent de Mme de Sévigné, et ils sont nombreux, ils se renouvellent sans cesse, trouveront des détails précis, continuels, mais qu'on voudrait, chaque fois, un peu plus développés, sur ses affaires, son mariage, sur une quête même qu’elle fit avant son mariage, aux Minimes, le jour de Saint-François de Paule (5 avril 1644) : « La reine y vint à vêpres ; M. l’évêque d’Uzès y prêcha.
Le chapitre de la Chaire, l’avant-dernier du livre, bien qu’essentiellement littéraire et relevant surtout de la rhétorique, achemine pourtant, par la nature même du sujet, au dernier chapitre tout religieux, intitulé des Esprits forts ; et celui-ci, trop poussé et trop développé certainement pour devoir être considéré comme une simple précaution, termine l’œuvre par une espèce de traité à peu près complet de philosophie spiritualiste et religieuse.
Et voilà pourquoi j’ai dit à tout le monde bien des choses que j’aurais mieux aimé pouvoir développer à l’intérieur devant quelques-uns.
Lacaussade a développée et traduite sur un ton d’excellente fermeté : quand on ne peut plus rendre, il ne faut pas recevoir.
Or, le maître et l’oracle en telle matière l’a observé, « le genre de bien-être que fait éprouver une conversation animée ne consiste pas précisément dans le sujet de cette conversation ; les idées ni les connaissances qu’on peut y développer n’en sont pas le principal intérêt ; c’est une certaine manière d’agir les uns sur les autres, de se faire plaisir réciproquement et avec rapidité, de parler aussitôt qu’on pense, de jouir à l’instant de soi-même, d’être applaudi sans travail, de manifester son esprit dans toutes les nuances par l’accent, le geste, le regard ; enfin, de produire à volonté comme une sorte d’électricité qui fait jaillir des étincelles, soulage les uns de l’excès même de leur vivacité, et réveille les autres d’une apathie pénible ».
» Je dois dire qu’il n’est nullement question, dans sa Relation si développée, du médecin d’Abbeville, Da Saussoi, dont parle le président Hénault et à qui l’on voulut faire honneur du traitement qui sauva le roi.
Il lui semble que cette aberration laborieuse de l’esprit humain, qu’on a pu comparer à un cauchemar pesant, a été fructueuse et féconde : « Le sentiment de l’infini a été, pense-t-il, la grande acquisition faite par l’humanité durant ce sommeil apparent de mille années. » Il lui est arrivé, à certains jours, en même temps qu’il jugeait sans grande estime ce que nous appelons notre ère immortelle de 89, et où il ne voyait, en haine des badauds, qu’un fait purement français de vulgarisation égalitaire, de regretter, tout à l’opposite, je ne sais quelle époque du haut Moyen-Âge où, derrière les mille entraves et sous leur abri peut-être, l’intelligence des forts s’exerçait et se développait avec plus de vigueur et d’élévation solitaire.
Indépendamment de tout ce qu’on trouve sur Louis Racine dans le présent volume, M. l’abbé de La Roque avait publié, il y a quelques années, une Vie de Louis Racine plus développée (Firmin Didot, 1852).
Non ; si inférieurs aux Retz et aux La Rochefoucauld pour l’ampleur et la qualité de la langue et pour le talent de graver ou de peindre, ils connaissaient la nature humaine et sociale aussi bien qu’eux, et infiniment mieux que la plupart des contemporains de Bossuet, ces moralistes ordinaires du xviiie siècle, ce Duclos au coup d’œil droit, au parler brusque, qui disait en 1750 : « Je ne sais si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer, diriger et hâter les progrès par une éducation bien entendue » ; le même qui portait sur les Français, en particulier ce jugement, vérifié tant de fois : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère… » Ils savaient mieux encore que la société des salons, ils connaissaient la matière humaine en gens avisés et déniaisés, et ce Grimm, le moins germain des Allemands, si net, si pratique, si bon esprit, si peu dupe, soit dans le jugement des écrits, soit dans le commerce des hommes ; — et ce Galiani, Napolitain de Paris, si vif, si pénétrant, si pétulant d’audace, et qui parfois saisissait au vol les grandes et lointaines vérités ; — et cette Du Deffand, l’aveugle clairvoyante, cette femme du meilleur esprit et du plus triste cœur, si desséchée, si ennuyée et qui était allée au fond de tout ; — et ce Chamfort qui poussait à la roue après 89 et qui ne s’arrêta que devant 93, esprit amer, organisation aigrie, ulcérée, mais qui a des pensées prises dans le vif et des maximes à l’eau-forte ; — et ce Sénac de Meilhan, aujourd’hui remis en pleine lumière40, simple observateur d’abord des mœurs de son temps, trempant dans les vices et les corruptions mêmes qu’il décrit, mais bientôt averti par les résultats, raffermi par le malheur et par l’exil, s’élevant ou plutôt creusant sous toutes ; les surfaces, et fixant son expérience concentrée, à fines doses, dans des pages ou des formules d’une vérité poignante ou piquante.
Les Français se développent aujourd’hui, dit-il, et ils valent la peine d’être étudiés.
Développons, autant qu’il est en nous, l’intelligence, la moralité, les habitudes de travail dans toutes les classes de la société française ; cela fait, nous pourrons mourir tranquilles ; la France sera libre, non de cette liberté absolue qui n’est point de ce monde, mais de cette liberté relative qui seule répond aux conditions imparfaites, mais perfectibles, de notre nature. » C’est fort sensé, et du moins, on l’avouera, très spécieux ; mais cela ne satisfait point peut-être ceux qui sont restés entièrement fidèles à la notion première et indivisible de liberté, et je ne serai que vrai en reconnaissant qu’il subsiste, toutes concessions faites, une ligne de séparation marquée entre deux classes d’esprits et d’intelligences : Les uns tenant ferme pour le souffle de flamme généreux et puissant qui se comporte différemment selon les temps et les peuples divers, mais qui émane d’un même foyer moral ; estimant et pensant que tous ces grands hommes, même aristocrates, et durs et hautains, que nous avons ci-devant nommés, étaient au fond d’une même religion politique ; occupés avant tout et soigneux de la noblesse et de la dignité humaines ; accordant beaucoup sinon à l’humanité en masse, du moins aux classes politiques avancées et suffisamment éclairées qui représentent cette humanité à leurs yeux.
Il explique lui-même, au reste, ses contradictions intérieures, les éléments divers et contraires qui s’agitent, qui se heurtent en lui, et desquels se compose son essence ; et voulant rassurer son ami, il se dépeint et se développe soudainement à nos yeux dans un magnifique portrait : « (5 février 1784).
Le Play, averti par lui et sentant qu’on ne pouvait de soi-même chercher et trouver dans bon grand in-folio les mille inductions éparses qui résultaient de cet ensemble d’observations particulières, a pris le soin de résumer les idées, d’élever les points de vue, de grouper et de serrer les comparaisons, de les développer en même temps et de les mettre dans leur vrai jour, d’en tirer les conclusions plus ou moins pratiques, plus ou moins immédiates, mais toutes fondées sur une connaissance exacte des sociétés et des peuples.
Ces opinions, dans d’autres circonstances, ont pu se développer, devenir plus réfléchies ; mais je ne me rappelle pas en avoir jamais changé. » Malouet, en ces deux années d’études originales, faites aux sources, avait acquis la première étoffe, non-seulement du commissaire administrateur de Cayenne et de la Guyane, non-seulement de l’intendant de Toulon, mais celle du conseiller d’État qu’il fut depuis, du grand administrateur, créateur de l’arsenal d’Anvers, et du ministre de la marine.
tout homme ainsi commence… Puis, expliquant sa transformation et comment il est arrivé à perdre sa voix dans le grand chœur, il ajoute : Alors, par la vertu, la pitié m’a fait homme ;… Passé, présent, futur, ont frémi sur ma fibre… et dans cette longue et pénible incarnation de l’humanité en lui, qu’il nous développe, il croit qu’il ne parle plus de lui, tandis que le je y revient sans cesse et s’y articule à chaque vers.
Voir à la fin de ce volume un article du Globe, 15 septembre 1827, on cette idée sur La Fontaine est développée.
Chez l’un comme chez l’autre, même procédé chaud, vigoureux et libre ; même luxe et même aisance de pensée, qui pousse en tous sens et se développe en pleine végétation, avec tous ses embranchements de relatifs et d’incidences entre-croisées ou pendantes ; même profusion d’irrégularités heureuses et familières, d’idiotismes qui sentent leur fruit, grâces et ornements inexplicables qu’ont sottement émondés les grammairiens, les rhéteurs et les analystes ; même promptitude et sagacité de coup d’œil à suivre l’idée courante sous la transparence des images, et à ne pas la laisser fuir, dans son court trajet de telle figure à telle autre ; même art prodigieux enfin à mener à extrémité une métaphore, à la pousser de tranchée en tranchée, et à la forcer de rendre, sans capitulation, tout ce qu’elle contient ; à la prendre à l’état de filet d’eau, à l’épandre, à la chasser devant soi, à la grossir de toutes les affluences d’alentour, jusqu’à ce qu’elle s’enfle et roule comme un grand fleuve.
On a vu des hommes autrefois réunir l’élévation des manières à l’usage presque habituel de la plaisanterie ; mais cette réunion suppose une perfection de goût et de délicatesse, un sentiment de sa supériorité, de son pouvoir, de son rang même, que ne développe pas l’éducation de l’égalité.
Bornée du côté des sens, elle développe son activité intellectuelle avec une étonnante énergie, du seul côté que les habitudes sociales laissent ouvert : elle abstrait, déduit, analyse, avec une dépense effrayante de réflexion et de logique.
Mais il y a un jour où se ramassent dans une explosion unique tous les sentiments de toute nature, moraux, politiques, sociaux, que l’œuvre des philosophes avait développés dans les cœurs, joie de vivre, avidité de jouir, intense excitation de l’intelligence, haine et mépris du présent, des abus, des traditions, espoir et besoin d’autre chose : ce jour de folie intellectuelle où toute la société de l’ancien régime applaudit aux idées dont elle va périr, c’est la première représentation du Mariage de Figaro (27 avril 1784).
Il suppose un don qui ne s’est entièrement développé que très tard dans l’aveugle et routinière humanité : le don de voir et d’aimer l’univers physique dans tous ses détails.
Mais pour les idées générales de l’ordre littéraire, pour celles qui seules développent les langues, je crois que les grands clercs de cette époque en ont fort peu fourni.
Ce qu’il en dit montre que le principe de cette œuvre n’est nullement original et qu’elle ne doit se développer que comme très ingénieuse et intéressante compilation recréée par un esprit poétique, délicat et éminemment subtil, des conceptions idéales à priori.
« Je maintiens, au contraire, que la conscience est une imitation au dedans de nous-mêmes du gouvernement qui est en dehors. » Elle se forme et se développe par l’éducation182.
Paul Bourget, de plus en plus, est un mauvais rhétoricien qui n’a rien à dire et qui cherche partout des moyens de développer ce qu’il va répéter.
Il continue de développer cette idée d’une doctrine secrète qu’il faut réserver pour soi et pour le petit nombre : En ce qui vous regarde, mon ami, croyez-moi, vous êtes né, pour votre bonheur, trop tôt de quelques siècles.
Après avoir été une enfant délicieuse, elle grandit sans cesser d’être charmante ; son esprit se développa avec sa taille, et son jugement, chaque jour plus avancé, promettait une maturité précoce.
Un autre inconvénient encore, c’est de ne pas laisser aux jeunes esprits qui en sont le sujet un seul quart d’heure pour rêver, pour se développer en liberté, pour donner jour à une idée originale ou à une fleur naturelle qui voudrait naître.
Lainé un Lamartine en germe et auquel il n’a manqué que le temps pour se développer.
C’est le reproche qui lui fut fait dans le temps même pour cet écrit de 1796 : Il est naturel aux infortunés, disait-on, de croire que celui qui développe si bien les causes de leur misère connaît aussi les moyens de les soulager : au contraire, son livre éloigne l’espérance, il n’assigne aucun terme à la Révolution, et on se trouve plus malheureux après l’avoir lu qu’auparavant.
Il se développa et se forma dans la sphère de l’éloquence proprement dite, et y apporta un excellent jugement ; mais il sortait peu de cet ordre d’idées qui tiennent à la rhétorique.
Occupé chaque fois d’une idée dominante, il offrait par places des entêtements invincibles et aussi durs que ses rochers d’Auvergne ou que les pierres de ses volcans ; il assemblait en lui les contraires et les faisait bruyamment s’entre-heurter, tandis que Portalis, son opposé naturel, est lucide, enchaîné, suivi, développé, accueillant et conciliant.
Ce dernier volume, qui va paraître, contient : 1º un morceau étendu, De l’état de la poésie en France avant Corneille ; 2º une étude développée sur Corneille lui-même ; 3º trois biographies d’auteurs du temps, Rotrou, Chapelain et Scarron.
Marie Stuart, qui avait beaucoup en elle de cet esprit, de cette grâce et de ces mœurs des Valois, qui n’était guère plus morale comme femme que Marguerite, et qui trempa dans des actes assurément plus énormes, eut ou parut avoir une certaine élévation de cœur qu’elle acquit ou développa dans sa longue captivité, et qui se couronna dans sa douloureuse mort.
Mérimée écrivait cela dans la préface de la Chronique du règne de Charles IX, il a bien étendu et développé son point de vue, et à la fois il est resté fidèle à son premier goût.
Il avait beaucoup observé les animaux, et il s’était accoutumé à ne voir en eux qu’une sorte d’étage très développé de l’édifice humain, une sorte de démembrement varié de l’harmonie humaine dans ses parties simples.
Puis une chambre assez grande, sur les trois côtés de laquelle se développe un antique banc de chêne scellé à la muraille, et sur l’autre côté un vieux comptoir.
Au reste, en louant la morale de Montesquieu, je ne fais que développer ce que M.
J’entre donc dans le détail théorique et pour ce faire je vous citerai ce que je publiais sur la question en 1888 dans la Revue Indépendante 1 : « Il faut bien admettre que, ainsi des mœurs et des modes, les formes poétiques se développent et meurent, qu’elles évoluent d’une liberté initiale à un dessèchement, puis à une inutile virtuosité ; et qu’alors elles disparaissent devant l’effort des nouveaux lettrés préoccupés, ceux-ci, d’une pensée plus complexe, par conséquent plus difficile à rendre au moyen de formules d’avance circonscrites et fermées.
On est parvenu ainsi à développer dans la masse de la nation cet immense besoin de l’égalité, qui couve toujours, quoique souvent inaperçu, dans le fond des peuples.
Il est permis de se demander dans ce cas à quelle nature peuvent bien faire allusion les auteurs de ce singulier jugement ; à une nature, sans doute, où l’air ne vibre pas, où les êtres se développent dans l’atmosphère d’un souterrain, où les regards imprégnés de lassitude sont tournés au dedans, où les mille aspects des choses, en un mot, sont contraire à la réalité, à ce que nous voyons et sentons.
. — Portez-la dans l’art : l’art, méprisé, composé d’importations ou de dépouilles, réduit à l’utile, ne produit rien par lui-même que des œuvres politiques et pratiques, documents d’administration, pamphlets, maximes de conduite ; aidé plus tard par la culture étrangère, il n’aboutit qu’à l’éloquence, arme de forum, à la satire, arme de morale, à l’histoire, recueil oratoire de souvenirs politiques ; il ne se développe que par l’imitation, et quand le génie de Rome périt sous un esprit nouveau. — Portez-la dans la science : la science, privée de l’esprit scientifique et philosophique, réduite à des imitations, à des traductions, à des applications, n’est populaire que par la morale, corps de règles pratiques, étudiées pour un but pratique, avec les Grecs pour guides ; et sa seule invention originale est la jurisprudence, compilation de lois, qui reste un manuel de juges, tant que la philosophie grecque n’est pas venue l’organiser et le rapprocher du droit naturel.
Les poètes successifs qui s’étaient emparés de ce thème l’avaient heureusement développé, y avaient introduit des scènes grandioses et pathétiques, avaient dessiné en traits saisissants les caractères des principaux personnages, surtout de Roland et de son « compagnon » Olivier. […] En outre, le poète est beaucoup plus libre avec les légendes qu’avec l’histoire : il lui suffit de s’inspirer de l’idée qu’il croit y reconnaître ; il la développe ensuite à sa guise, comme ont fait à travers les siècles ceux qui nous les ont transmises en les variant à l’infini. […] Encore moins a-t-elle pu être celle des premiers mythes, d’où ce conte s’est peu à peu développé, et qui ne connaissent pas même le retour passager du héros. […] Certaines indications ont été développées avec une exagération naturelle : ainsi Cartaphilus raconte les histoires antiques « sans risée » ; quant à Ahasvérus, « on ne l’a jamais vu rire ». […] Tous les poètes et romanciers, en France, en Allemagne, en Angleterre, qui ont essayé de la développer, ont échoué et devaient échouer.
Lemaître a fabriqué un petit prince à sa façon, et c’est dans les projets qu’il forme, projets si pleins de raison qu’ils le font passer pour fou, que l’auteur a développé ses idées avec la verve critique qu’on lui sait : À dix-huit ans, il résolut de vivre à sa guise. […] L’idée est charmante et développée sous forme, de comédie, fournirait certes une pièce intéressante. […] ça me développe, je me sens meilleur. […] Dans cette nouvelle étude qui développe certains points effleurés seulement dans la première, M. […] Nisard le difficile qui trouve au bas de sa figure un caractère d’animalité très développé, nous devons à la vérité de dire qu’il n’a pas les joues convenablement creuses, et qu’il a l’air de se porter beaucoup trop bien.
A peine peut-on proposer des méthodes et des conseils pour développer les qualités que nous octroie la nature. […] Ses descriptions sont ennuyeuses, sa psychologie vous rebute ; mais avec quel art il développe ses sujets les plus simples, comme Eugénie Grandet, où il n’y a pourtant ni situation ni intrigue. […] Les grands genres de production littéraire, comme le Roman, la Poésie et le Théâtre, se sont développés en France selon une loi constante de transformation et de progrès. […] Le maître lisait tout, puis, le dimanche suivant, en déjeunant, développait ses critiques et enfonçait en moi peu à peu deux ou trois principes qui sont le résumé de ses longs et patients enseignements. […] L’orgueil d’écrire et l’amour de la gloire développent singulièrement ce mépris des conseils, ces sentiments de vanité et de suffisance si naturelles au cœur de l’homme et qui donnent aux âmes les plus hautes des faiblesses parfois étranges.
Il faut encore qu’il se développe régulièrement par des analyses et avec des divisions exactes, que sa distribution donne une image de la pure raison, que l’ordre des idées y soit inviolable, que tout esprit puisse y puiser aisément une conviction entière, que la méthode, comme les principes, soit raisonnable en tous les lieux et dans tous les temps. […] Ceci a été vu, et telle est la beauté des vers de Swift : ils sont personnels ; ce ne sont pas thèmes développés, mais des impressions ressenties et des observations amassées. […] Ce profond traité contient tout le secret de la métempsychose, et développe l’histoire de l’âme à travers tous ses états. — Whittington et son chat est une œuvre de ce mystérieux Rabbi Jehuda Hannasi, contenant une défense de la Gémara de la Misna Hiérosolymitaine, et les raisons qui doivent la faire préférer à celle de Babylone, contrairement à l’opinion reçue. » Lui-même avertit qu’il va publier « une histoire générale des oreilles, un panégyrique du nombre trois, une humble défense des procédés de la canaille dans tous les siècles, un essai critique sur l’art de brailler cagotement, considéré aux points de vue philosophique, physique et musical », et il engage les lecteurs à lui arracher par les sollicitations ces inestimables traités qui vont changer la face du monde ; puis, se tournant contre les savants et les critiques éplucheurs de textes, il leur prouve à leur façon que les anciens ont parlé d’eux.
Comme nous parlions de ce qu’avait dit la veille Tourguéneff, qu’il n’y avait qu’un homme populaire en Russie : Dickens, et que depuis 1830 notre littérature n’y avait plus d’influence et que tout allait aux romans anglais et américains, Taine nous dit que, pour lui, il est certain que l’avenir développera encore ce mouvement, que l’influence littéraire de la France ira toujours en diminuant2, que depuis le xviiie siècle, il y a en France pour toutes les branches de connaissances des hommes remarquables, un beau front d’armée, mais rien derrière, pas de troupes, que c’est toujours l’histoire de la province et de Paris, à l’heure qu’il est… Il ajoute : « Hachette vient de refuser de faire une traduction de Mommsen, et il a eu raison. […] » (À développer dans un livre ou dans une pièce.) […] Théophile Gautier développe la théorie qu’un homme ne doit se montrer affecté de rien, que cela est honteux et dégradant, qu’il ne doit jamais laisser passer de la sensibilité dans ses œuvres, que la sensibilité est un côté inférieur en art et en littérature.
Voyons d’abord quelle est la mission de l’art, — puis, quelle tradition esthétique nos devanciers nous ont laissée à développer. — À quelle tendance philosophique de notre époque correspond dans les arts le réalisme ? […] La religion imprimant aux esprits la même direction, aux caractères la même physionomie, le sentiment esthétique se développait à l’unisson, et tandis que parmi nous la littérature, la musique et tous les autres arts sont un objet perpétuel de contradiction, chez les Grecs c’était des choses de goût que l’on discutait le moins. […] le progrès grandit toute chose, l’industrie crée des merveilles, la science se développe rapidement, nous admirons l’Amérique, nous écoulons Saint-Simon, Fourier, Owen, tout change… et nous commentons de mauvaises traductions de Platon ! […] Il ne restera plus qu’à développer l’intention d’après un système plus exact, en englobant aussi de la même manière toutes les classes subalternes de la société, dont les arts ne s’étaient pas plus occupés jusqu’à ce jour des paysans ; tout ce petit monde des villes et des bourgades qui, avec les paysans, représente au moins les trois quarts et demi de la population française ; tout ce petit monde si riche en types innombrables qu’il ne s’agit pas plus de créer, que les savants ne créent les objets de leurs découvertes ; si riche en types auxquels il n’y a qu’à attacher la ficelle pour les faire danser comme des pantins, en dégageant de leurs cabrioles soit la moralité discrète, soit l’éclat de rire qui console et fortifie, et alors seulement vous pourrez vous vanter d’avoir réalisé la grande synthèse artistique du monde moderne.
Les hardies et paradoxales nouveautés d’opinion que, dans cette étude, se permet le critique doublé d’un moraliste, ne sont le plus souvent, qu’on veuille bien le remarquer, que vérités poussées verveusement à l’extrême, hyperboliquement affirmées, développées, sans certains correctifs ou tempéraments, qu’elles comportent ou qu’elles demandent, — des outrances de vérités. […] » — Il y a quelque chose de semblable dans la manière dont Molière finit ses pièces ; quand le caractère est bien développé, qu’on l’a jugé, qu’il est complet, quand même seraient encore ouvertes devant nous toutes les perspectives de la passion, il tire une barre, termine la pièce, en y adaptant un dénouement de pacotille. […] J’ai peine à me persuader que je puisse être véritablement sa fille, et je crois que quelque aventure un jour me viendra développer une naissance plus illustre21. […] Molière a montré un génie avancé et qui voit loin ; il a fait Tartuffe, il a fait cette comédie que vous allez voir se développer tout à l’heure. […] Il en est parmi nos auteurs, comme Sedaine et Diderot, qui se sont frayé des routes mal connues de Molière même ; et, n’eût-on découvert, après lui, que des sentiers, ne les dédaignons pas trop, quand ce sont les sentiers fleuris où la muse de Favart court, d’un pas alerte, effleurant tout ce qu’elle touche, passions, vices et ridicules, et précédant de loin ce chœur d’esprits aimables, les Grétry, les Dalayrac, les Nicolo, les Boieldieu et les Hérold, qui, sans elle, ne se fussent pas développés si tôt et qui, à l’époque tumultueuse où ils ont vécu, ont été, au milieu de nos agitations et de nos luttes, notre plus doux repos et nos plus chères délices.
L’invention seule préserve de ce danger : l’invention restreint les discours du poète, et le force de courir à l’événement : l’invention, qui se développe d’elle-même, lui épargne les efforts d’une éloquence inquiète de n’avoir jamais assez dit ce qu’il faut ; elle lui pose des bornes, et maintient sa diction dans une simplicité noble et juste, parce que le ton déclamatoire n’a plus de place où doit régner le ton narratif. […] Ici se développe en sa plus grande extension le principe de généralité nécessaire au sujet épique. […] Le poète épique développe sa fable au gré de son imagination, et par tous les moyens qu’elle lui suggère : il peut raconter, ainsi que nous l’enseigne Aristote, plusieurs choses différentes qui se font en même temps en divers lieux, pourvu que ces choses tiennent au sujet. […] Je me rends à son opinion en ce dernier point ; et mes raisons vont me servir à développer les qualités que doit avoir le merveilleux. […] Des divinités symboliques de tous les principes naturels offrent mes fictions sous deux faces, et celle de la fable qui se développe en aventures ; de là le merveilleux allégorique.
Mais ce n’était pas seulement Walpole qui jugeait ainsi le poème des Saisons, c’était Grimm, c’était Diderot qui, sous le couvert de Grimm, avait tout un article critique développé, où il disait à bout portant, et pour ses correspondants d’Allemagne, tout ce qui était à dire.
Dans l’âge où la culture, l’exercice, la liberté, seraient nécessaires pour les nourrir, les développer et les accroître, le souci les dessèche et l’esclavage les étouffe : plus tard, quand la réputation est faite, le repos, l’abondance les énervent.
Et en même temps, ce talent dont il s’obstinait à douter toujours se développait, s’enhardissait ; il l’appliquait enfin à des sujets composés, à des créations extérieures ; l’artiste proprement dit se manifestait en lui.
De tels passages de lettres ne sont autres que d’excellentes chansons en prose, étendues et développées, et avec je ne sais quoi de plus naturel.
Chez les modernes, il s’est développé avec ampleur et puissance dès la première formation d’une société polie ; il a été l’un des grands instruments de l’éducation au Moyen-Âge : qu’on se rappelle les longs romans si célébrés et si lus de la Table-Ronde.
il viendra, quelques années après, un sage appelé Montaigne qui remettra tout à sa place et à son rang dans l’estime, et qui ayant à développer cette idée, qu’un père sur l’âge, « atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse et faute de santé de la commune société des hommes, se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses, et que c’est raison qu’il leur en laisse l’usage puisque la nature l’en prive », ajoutera pour illustrer sa pensée : « La plus belle des actions de l’empereur Charles cinquième fut celle-là, à l’imitation d’aucuns Anciens de son calibre, d’avoir su reconnoître que la raison nous commande assez de nous dépouiller, quand nos robes nous chargent et empêchent, et de nous coucher quand les jambes nous faillent : il résigna ses moyens, grandeur et puissance à son fils, lorsqu’il sentit défaillir en soi la fermeté et la force pour conduire les affaires avec la gloire qu’il y avoit acquise : Solve senescentem… » Mais entrons un peu plus avant dans les raisons qui persuadèrent à une de ces âmes d’ambitieux, si aisément immodérées, d’en agir si sensément et prudemment.
Il faudrait, pour me soutenir, de l’extraordinaire dans les situations. » Et continuant sa pensée, il explique à son ami pourquoi, entre autres choses, il ne saurait réussir à ces nuances de sentiment, à cette finesse et à ce délié de la passion où excelle Racine ; il a l’instinct, sans bien s’en rendre compte, d’un genre opposé à celui de Racine et qui procède autrement que par analyse, qui marche et se développe à l’aide de situations visibles, frappantes, extraordinaires : « Il me semble, dit-il ingénument, que je ne manquerais ni de chaleur ni de vérité ; mais il y a, dans cette passion, une certaine délicatesse fine qui m’échappe, peut-être parce qu’il m’a toujours été impossible de tromper une femme, et que toutes ces ruses d’amour ne me sont pas seulement venues dans l’idée.
On rend aux familles des jeunes gens aussi bien élevés en apparence et mieux conservés : il ne s’y laisse à désirer qu’un certain souffle mâle que l’éducation publique développe et qui manque trop souvent à cette jeunesse fleurie.
Il est difficile aux auteurs de ne pas se peindre, surtout dans un premier ouvrage : Émile, qui ne fait autre chose que se raconter à Mathilde, essaye à un endroit de se peindre aussi, ou du moins de tracer l’idéal relatif qu’il a parfois devant les yeux et qu’il est tenté de réaliser : « Il y aurait, dit-il, un caractère intéressant à développer dans un roman ; ce serait celui d’un jeune homme né comme moi sans famille, sans fortune, suffisant à tout ce qui lui manquerait par sa seule énergie, et dont les forces croîtraient avec les obstacles ; un jeune homme qui se placerait au-dessus d’une telle position par un tel caractère ; qui, loin de se laisser abattre par les difficultés, ne penserait qu’à les vaincre, et, esclave seulement de ses devoirs et de sa délicatesse, aurait su parvenir, en conservant son indépendance, à un poste assez élevé pour attirer sur lui les regards de la foule et se venger ainsi de l’abandon.
Tout un ordre de considérations nouvelles s’ouvre devant nous et se développe comme à l’infini ; on a élargi de toutes parts ses horizons ; on ne parle de Don Quichotte qu’au sortir de la lecture de Dante, de la chanson de Roland, du poëme du Cid et de tant d’autres œuvres poétiques antérieures qui donnent lieu à des comparaisons, à des contrastes.
Le plus beau et le plus compliqué génie poétique de l’Angleterre, Milton, est apprécié et développé par M.
» Cette idée une fois posée à l’état de question, il s’en empare, il la presse et la développe.
Le temps, les années, les circonstances, en la pressant, la forcèrent peu à peu à avoir tout son jugement et à développer son caractère ; mais elle s’attarda aussi longtemps qu’elle put aux accessoires divertissants et aux agréables frivolités.
Il flotte de Malherbe à Ronsard, il les associe, les confond l’un et l’autre dans ses hommages, tout en s’en éloignant ; il s’essaye en divers sens au gré de son humeur, de son inconstance ; sa théorie, si l’on peut employer un tel mot avec lui, est toute personnelle, tout individuelle : La règle me déplaît, j’écris confusément ; Jamais un bon esprit ne fait rien qu’aisément… J’approuve qu’un chacun suive en tout la nature ; Son empire est plaisant et sa loi n’est pas dure… Il développe encore cette idée avec une singulière vivacité dans l’épître à M.
Walckenaer (Mémoires sur Mme de Sévigné) remarque très-bien qu’elle, qui eut le sentiment maternel si développé, n’eut pas le temps d’avoir le sentiment filial, étant restée orpheline en si bas âge.
Après Eugène de Rothelin, nous avons à parler encore de deux romans de Mme de Souza, plus développés que ses deux précédents chefs-d’œuvre, et qui sont eux-mêmes d’excellents ouvrages, Eugénie et Mathilde et la Comtesse de Fargy.
Qu’on me définisse le mouvement moléculaire produit dans les glossopharyngiens et cet autre mouvement moléculaire qui, par contrecoup, se développe dans les centres nerveux lorsqu’une dissolution de sucre ou de coloquinte passe sur ma langue et dans mon arrière-bouche ; je n’en serai pas plus instruit sur la nature de la sensation du doux et de l’amer.
C’était le triomphe de cette stratégie de l’impudeur savante, qui fait parler les lignes et les contours autant et plus clairement que la voix, que les yeux mêmes ; qui met dans une courbe, dans un balancement du buste, dans une saillie du corsage, dans un développement du bras, dans une retraite de la jambe, toutes les forces concentrées de la chair, tout l’appât d’un corps lascif qui se promet… IV Mais cette sensualité que développe la vie du monde est plus fine qu’impétueuse ; les grandes passions ne se rencontrent guère dans ce milieu artificiel.
Au contraire, ce qui manque à son roman, je serais presque capable de l’y mettre, et le père Astier-Réhu lui-même saurait nous le dire et nous le développer… Le seul don de l’expression pittoresque, à un pareil degré, me fait passer aisément sur une psychologie peut-être sommaire et sur un certain manque de renanisme… Et puis, je ne sais plus.
Guizot a développé ses principes et ses points de vue.
Les Entretiens que nous a transmis Ramsay, et dans lesquels Fénelon lui développa les raisons qui devraient amener victorieusement, selon lui, tout déiste à la foi catholique, sont d’une largeur, d’une beauté simple, d’une éloquence pleine et lumineuse qui ne laisse rien à désirer.
Le seul épisode où l’auteur des Mémoires se soit développé avec le plus d’apparence de vérité et de naïveté, est celui de Charlotte, fraîche peinture de roman naturel et domestique, qui se détache dans les récits de l’exil.
Et il continue, avec ce sentiment de bonhomie, d’observation et de vérité naïve, à développer un tableau où tout est parfait, où tout enchante, et où il n’y a que le nom de Maman appliqué à Mme de Warens qui froisse moralement et qui fasse peine.
Vauvenargues, sous une forme plus modeste, porte dans la morale quelque chose du génie vaste et conciliateur qu’on admire chez Leibniz, et que lui il n’a pas eu le temps de développer et d’étendre dans tout son jour.
Florian, pour réussir dans le monde et saisir la veine du moment, avait eu à choisir dans ses propres goûts ; il y avait en lui un coin de pastoureau et de troubadour langoureux, qu’il s’était plu à développer exclusivement, plume en main : sa réalité, plus mêlée et plus vive, valait mieux que cet idéal-là.
Les L’Hôpital, les de Thou, les Pithou, voilà de grands noms assurément, et dont chacun en particulier pourrait servir d’exemple pour une démonstration ; mais en français, et eu égard aux lecteurs d’aujourd’hui, nul mieux qu’Étienne Pasquier ne les représente au vif dans ses écrits, ne les développe et ne les résume commodément et avec fidélité ; il offre une vie de xvie siècle au complet, et il a exprimé cette vie dans des ouvrages encore graves et à demi familiers, dans des lettres écrites non pas en latin, mais dans le français du temps, et avec une attention visible de renseigner la postérité.
Or, cette sorte de résumé développé et alternatif et de balance continuelle que l’avocat général faisait en parlant, et qu’aussi le procureur général faisait alors par écrit, avait donné à l’esprit de d’Aguesseau sa forme définitive ; et comme il s’y joignait chez lui une grande conscience et peu de décision naturelle, il ne pouvait se résoudre en quoi que ce fût à conclure, à saisir en définitive ce glaive de l’esprit qui doit toujours en accompagner l’exacte balance pour trancher à temps ce qui autrement courrait risque de s’éterniser.
Considérant de près le désordre des partis et ce qui s’y développe si vite d’abject et de misérable, il rougit de voir des chefs qui ont quelque renom s’abaisser et s’avilir par de lâches complaisances : car, en ces circonstances, nous le savons comme lui, « c’est au commandant de suivre, courtiser et plier, à lui seul d’obéir ; tout le reste est libre et dissolu. » — « Il me plaît, dit ironiquement Montaigne, de voir combien il y a de lâcheté et de pusillanimité en l’ambition ; par combien d’abjection et de servitude il lui faut arriver à son but. » Méprisant l’ambition comme il le fait, il n’est pas fâché de la voir se démasquer ainsi dans ces pratiques et se dégrader à ses yeux.
Elle y satisfait sa passion d’éduquer, de morigéner autour d’elle, son goût de Minerve et de Mentor qui se développe en vieillissant, et à la fois elle s’y détend, elle s’y attendrit un peu.
À partir de ce jour, Boileau ne cessa, dans ses écrits, de lancer des épigrammes contre Perrault et contre son illustre frère ; et de son côté, sans témoigner une colère aussi personnelle, Perrault s’appliqua de plus en plus à développer ses doctrines avec esprit et un mélange de légèreté et de bon sens qui ne laissait pas de séduire les indifférents et de piquer les adversaires.
Dans ses pièces plus développées, parmi lesquelles on remarque l’Hymne à la jeunesse, il a de la distinction toujours, de la grâce, mais une grâce un peu artificielle, un peu roide et cassante, si l’on peut ainsi parler : là est le défaut.
La Cour était son élément, le seul théâtre où il pût exercer et développer ses facultés souples, liantes, patientes, assidues : ce fut son idéal dès ses premières années.
Elle y trouve, ainsi que dans un château voisin, une société qui lui donne occasion de développer par lettres à une amie ses principes et ses maximes.
Il renchérissait sur Le Vicaire savoyard, et semblait avoir pris à tâche de le développer dans mille voies nouvelles, et où se mêlait l’attrait du mystère.
Par exemple, le corps humain étoit assez connu du tems d’Hippocrate pour lui donner une notion vague de la circulation du sang, mais il n’étoit pas encore assez développé pour mettre ce grand homme au fait de la verité.
— L’indigène n’a pas de pitié pour les infirmes, peut-être parce que, sa sensibilité physique étant peu développée, il ne sent pas toute l’horreur de leur sort.
Sa grande diablesse de phrase carrée se développe toujours de la même manière, avec la plus fatigante des monotonies ; mais pour cette femme qui veut être homme, c’est là de la gravité magistrale que cette carrure et cette allure.
Je n’ignore pas, sans doute, qu’il y a eu l’art en sus, l’art qui s’est développé dans les derniers temps et qui, plus tard, a fait ces chefs-d’œuvre dont quelques-uns nous ont rendus si fiers.
Mais, nous ne le répéterons jamais assez, c’est justement cet esprit-là, qu’il eût dû développer en ne sortant pas de ses voies, que nous regrettons amèrement, comme un bien perdu, en lisant ces Œuvres diverses.
Mais ce n’est pas tout ; l’auteur si particulier des Fleurs du mal, ce poète froid, souple, gracieux et terrible à la manière des serpents, avait développé ses tendances… serpentines dans une accointance et une intimité de toute sa vie intellectuelle avec un bien autre… boa que lui, avec un génie plein de combinaison, d’ironie solennelle, de froideur profonde.
Au cantonnement, les cérémonies du culte se développent plus à l’aise dans leur variété, messes, saluts, sermons ; tout cela bien beau, secourable aux croyants, à tous les gens d’imagination.
Si vous le voulez bien, nous démêlerons, dans les trois parties dont l’Orestie se compose, les types des principales espèces de drame qui se sont ensuite développées au cours des âges : drame de passion, ou de fatalité intérieure ; drame d’aventures, ou de fatalité extérieure ; enfin, drame philosophique et religieux. […] Mais elle va pourtant assez loin, parce seul fait que, de toutes les disconvenances qu’il peut y avoir entre Arnolphe et Agnès, Molière n’en considère et n’en développe qu’une seule : la disconvenance des âges. […] Je ne puis développer aujourd’hui ces indications, qui au surplus ne sont pas neuves ; mais je profite de l’occasion pour vous signaler l’excellente édition d’Athalie qu’un de nos universitaires les plus vénérés, M. […] Je n’ai donc garde de développer mon point d’interrogation, je le retire, je le rentre, je n’ai rien dit. […] Puis il développe ce point « que les mœurs sont cruelles » dans la petite ville qu’il habite ; que les riches sont rapaces, de mauvaise foi et sans pitié.
Ce qu’il développe tout le long de son traité d’éducation, c’est, en effet, l’antique doctrine chrétienne dans toute sa rudesse. […] Bourdaloue l’a dit et en a donné les raisons ; le solide et borné Geoffroy les a quelque part développées ; Sainte-Beuve, pareillement, et combien d’autres ! […] Tout ce qu’un honnête bourgeois peut dire de solide et de sensé à un fils qui donne dans la littérature, et tout ce que ce fils peut lui répondre de déraisonnable et de généreux y est largement et brillamment développé. […] Or, il est trop certain que la manie des vers et de la littérature ne développe pas nécessairement, chez ceux qui en sont possédés, le désintéressement et la bonté du cœur. […] Et je ne reproche à cette histoire d’amour que de trop sentir l’opéra et de n’être pas développée avec assez de conviction pour être fort émouvante.
« Il faudra développer une sorte de christianisme intérieur. […] Pour saint Augustin, ce me semble (voir encore xii, 11, 19), la création est d’abord la création, le ex nihilo aliquid, le quelque chose de rien ; elle est ensuite une sorte de dépôt de force divine dans la matière qui, ainsi animée, est poussée par une sorte de besoin à se développer et transformer indéfiniment. […] Il se dit, sans doute, que le sommeil de Booz est un tableau pittoresque, d’une belle couleur biblique, lui doit être plus développé qu’il ne l’est dans les deux premiers vers de cette strophe, qui doit être Nul, qui doit être mis sous les yeux du lecteur. […] « Et je n’ai plus de femme. » Ceci, se dit-il, doit être développé. […] Et voici la « femme nouvelle » très sérieuse, au contraire, qui, dès 11 ans, passe jours et nuits à dévorer des livres graves, est de première forcé en mathématiques, conquiert à Oxford tous ses titres universitaires, est soutenue dans sa tâche antinaturelle par un immense orgueil développé en elle par l’excitation et la tension continuelle de sa volonté ; et n’y gagne guère que d’être triste jusqu’à la mort à l’égal de la mort.
« Et je n’ai plus de femme. » Ceci, se dit-il, doit être développé. […] C’est sa qualité maîtresse, parce qu’il l’a, sans doute ; mais aussi parce qu’il fait tout ce qu’il faut pour, la possédant, la nourrir, la développer et la porter à son plus haut point de développement. […] Le Bon sur le mouvement naturel de la civilisation dans un peuple et sur ce qui fait qu’il se forme, qu’il se développe, qu’il décline et qu’il périt. […] Il se développe par une cohésion d’un autre genre : par la cohésion des vivants avec les morts. […] Le peuple qui, avec le temps, à la cohésion actuelle a ajouté la cohésion à travers le temps, se développe, s’accroît, grandit.
Ainsi se développe le poëme entier, action et personnages, hommes et dieux, antiquité et moyen âge, ensemble et détails, toujours sur la limite de deux mondes : l’un sensible et figuré, l’autre intelligible et sans formes ; l’un qui comprend les dehors, mobiles de l’histoire ou de la vie, et toute cette floraison colorée et parfumée que la nature prodigue à la surface de l’être, l’autre qui contient les profondes puissances génératrices et les invisibles lois fixes par lesquelles tous ces vivants arrivent sous la clarté du jour1289. […] Ce que la civilisation tout entière a développé uniquement chez l’Anglais, c’est la volonté énergique et les facultés pratiques. […] Il y a un monde à côté du vôtre, comme il y a une civilisation à côté de la vôtre ; vos règles sont étroites et votre pédanterie tyrannique ; la plante humaine peut se développer autrement que dans vos compartiments et sous vos neiges, et les fruits qu’alors elle portera n’en seront pas moins précieux.
Or, c’est à ce moment, qui est grave, car Alceste se trouve sous le coup d’une accusation très inquiétante, que Philinte, cette fois sans taquinerie, développe toute sa philosophie à Alceste, et l’on sent bien que, cette fois, c’est tout à fait du fond du cœur que Philinte parle. […] Vous devenez méchant même ; car toute passion exclusive développe l’égoïsme dans le sens de cette passion et vous renoncez à votre moi devant Tartuffe, mais à votre moi dévot vous sacrifiez allègrement votre fils et votre fille. […] Alceste est, au fond, la vertu même ; il n’est ridicule que par l’irritabilité que développe en lui sa passion pour la vertu ; mais il l’est bien. […] La première, c’est que ce qui, dans la femme, est utile à l’homme, c’est, sans doute, ce que la femme peut normalement, facilement, aisément, sans effort pénible, développer et mettre en exercice. […] Il convient aussi, et à en juger par le nombre de lignes que Rousseau consacre à cet article, il semble qu’il y attribue une extrême importance, il faut aussi exercer et développer infiniment sa coquetterie.
Surtout lorsqu’il s’agit de poètes ; parce que, dans leur continuel retour sur eux-mêmes, ils ont développé jusqu’à l’extrême limite les facultés qu’ils ont apportées en naissant, et que, hors de la gangue des circonstances accessoires, ils ont fondu leur propre type, pur de tout alliage. […] C’est la localité, où l’historiette se passe, ou plutôt le cercle au milieu duquel se développe la vie du héros ou de l’héroïne, ou encore c’est le sort qui leur est jeté dès leur naissance· et qui les avertit à toute heure : à Montrouge, à Saint-Lazare, à la Roquette. […] Puis autour de ce noyau se développe toute une série de petits tableaux, qui comprennent la vie entière du personnage principal. […] Le but des gens du monde est d’étendre le cercle de leurs plaisirs, mais en dernier lieu ils s’efforcent de mettre en harmonie toutes ces différentes facultés qu’ils ont développées dans leur esprit. […] Prenons la chevalerie, par exemple : née de la simple nécessité de défendre le sol contre les invasions hostiles, elle se développe en système d’obligations morales pour devenir dans sa métamorphose suprême le résumé de tout ce qui dans la nature humaine paraît noble et l’est.
Et quand il aurait réussi, son mérite ne laisserait pas d’être quelque peu diminué par l’espèce d’impossibilité où il était de ne pas l’avoir : — par lui ou par un autre, il fallait bien, pour pouvoir se développer librement, que le drame se dégageât du lyrisme, ou qu’il mourût en naissant. […] De là, l’originalité de sa littérature : c’est la seule qui se soit vraiment développée d’elle-même, sans interposition de modèle étranger, conformément à son libre génie. […] Chacun d’eux, en effet, s’est presque contenté de développer dans son sens, et, autant qu’il était en lui, de mettre hors de contestation quelqu’un des dogmes du cartésianisme. […] C’est le développement de la science prédit et préparé par Descartes qui entretient et qui développe à son tour cette illusion. […] Toutes les thèses que la philosophie du xviiie siècle a développées, ou presque toutes — car il en faut excepter celle de la bonté originelle de l’homme, — c’est Bayle qui les a proposées, définies, et enseignées le premier.
Les anciens grammairiens, chez qui on serait tenté de chercher une biographie positive du poète, y ont mêlé trop d’inepties et de fables ; mais, de quelques traits pourtant qu’ils nous ont transmis et qui s’accordent bien avec le ton de l’âme et la couleur du talent, résulte assez naturellement pour nous un Virgile timide, modeste, rougissant, comparé à une vierge, parce qu’il se troublait aisément, s’embarrassait tout d’abord, et ne se développait qu’avec lenteur ; charmant et du plus doux commerce quand il s’était rassuré ; lecteur exquis (comme Racine), surtout pour les vers, avec des insinuations et des nuances dans la voix ; un vrai dupeur d’oreilles quand il récitait d’autres vers que les siens. […] Mais, depuis ce beau travail sur l’Énéide, où je regrette que vous n’ayez pas assez développé cette pensée vraie, vous vous êtes lancé à pleine haleine dans la haute critique presque biographique, purement personnelle et littéraire.
Aristote avait toutes les armes nécessaires pour soutenir la lutte : le génie d’abord, hautement reconnu, et développé même par son maître ; les vastes connaissances ; les enseignements de la philosophie antérieure, et les discussions prolongées vingt ans au sein de l’école qu’il devait combattre, sans compter les trésors d’un roi capable de comprendre ses études en les favorisant. […] Nous voudrions que, dans cet essentiel sujet, le philosophe se fût prononcé plus résolument, et n’eût pas laissé à d’autres le soin périlleux de développer sa vraie pensée.
Nous devons, suivant nos talents, nos penchants, notre situation, développer chez nous, fortifier, rendre plus générale la civilisation, former les esprits, et surtout dans les classes élevées, pour que notre nation, bien loin de rester en arrière, précède tous les autres peuples, pour que son âme ne languisse pas, mais reste toujours vive et active, pour que notre race ne tombe pas dans l’abattement et dans le découragement, et soit capable de toutes les grandes actions quand brillera le jour de la gloire. — Mais, pour le moment, il ne s’agit ni de l’avenir, ni de nos vœux, ni de nos espérances, ni de notre foi, ni des destinées réservées à notre patrie ; nous parlons du présent, et des circonstances au milieu desquelles paraît votre journal. […] Sa poitrine était extrêmement développée, large et arrondie ; les muscles des bras et des cuisses étaient pleins et doux ; les pieds magnifiques et de la forme la plus pure ; il n’y avait nulle part sur le corps trace d’embonpoint, de maigreur ou de détérioration.
Ceux-là adoptent une thèse et la développent logiquement avec des personnages vus et des situations de tous les jours, « comme dans la vie ». […] Sinon un feuilleton en raccourci, le canevas que celui-ci développe, la matière qu’il étire, tous les méfaits, tous les vols, tous les attentats dont il pare ses héros préférés.
Ces sentiments sont très anciens et de beaucoup antérieurs à l’occasion qui me les a fait éclaircir et développer. […] Il ne développe qu’avec ménagement un tel paradoxe ; qu’on ne croie pas surtout qu’il s’agisse de ce christianisme réel qui serait le renversement de la société anglaise et comme un retour à l’état de nature, mais bien de ce christianisme nominal qui fait partie de la société politique20.
Le nouvel historien du Directoire a mieux aimé résumer les choses que de les étendre, concentrer les faits de sa narration que de les développer. […] Ces facultés, nous les retrouvons, mais mûries et complètement développées, dans l’Histoire de la chute de Louis-Philippe, de la Révolution de 1848 et du rétablissement de l’Empire.
Il fit son mémoire au roi ; il y développa assez énergiquement ses motifs et y produisit un exposé sans fard de la situation.
Ce mémoire, qui n’a pas été mis en vente, mais qui a été donné et distribué en toute bonne grâce, est devenu comme le signal de ce mouvement de retour au xviie siècle qui n’a fait que s’accroître et se développer depuis.
Fénelon y développa le goût de la dévotion fine, subtile, à l’usage des âmes d’élite ; Racine, sans le vouloir, y fit naître le goût des lectures, de la poésie et de ces choses dont le parfum est si doux, mais dont le fruit n’est pas toujours salutaire.
Dans Casti, le conte est plus développé, et il y a des hardiesses que le goût français eût supportées moins aisément.
On a recueilli avec soin ces premières productions de Cowper ; on y distingue déjà un caractère de finesse, d’observation maligne et de tournure moralisante qu’il développera par la suite, mais il n’y avait encore aucun cachet propre, aucune originalité.
Le cardinal, au contraire, regardant d’un cœur assuré toute cette tempête, dit au roi : […] On a, en cet endroit, un de ces discours indirects, développés, comme le cardinal aime à les coucher sur le papier, où il déroule toutes les considérations en divers sens, non sans quelque complaisance et en s’écoutant un peu, mais avec tant de clarté, d’élévation, d’étendue et de justesse, qu’on lui sait gré de sa disposition communicative et qu’on l’en admire davantage.
Du Bois Reymond me fait l’honneur de m’écrire à ce sujet, dans une lettre du 11 avril 1868 : « Je crois que les travaux scientifiques auxquels Voltaire s’est livré avec tant d’ardeur pendant son séjour à Cirey, ont fait plus que lui fournir seulement le sujet de quelques beaux vers ; qu’ils ont eu sur son esprit une influence marquée et que c’est à eux, ou, si l’on aime mieux, à la tournure d’esprit qui seule l’en rendait capable, mais que par contre-coup ils tendaient à développer, qu’on doit rapporter ce positivisme qui forme le trait caractérislique de Voltaire.
Le mémoire, conçu et commencé dans une intention toute particulière, mais bientôt, à mesure que l’auteur avançait et s’y développait, continué et composé réellement en vue du public, est fort utile et fort attachant.
Sachons-lui gré pourtant ; en le harcelant à tort et à travers, il va forcer Vauvenargues à se révéler par la portion la plus fière et la plus élevée de son être, et à développer son âme tout entière.
J’ai mauvaise grâce assurément de chicaner un éditeur aimable qui rachète de légères inexpériences du métier par des mots spirituels chemin faisant, surtout par la richesse du tissu étranger qu’il développe à nos yeux, par les lettres fort belles qu’il insère à tout moment dans son texte et qui en font le prix.
il est trop tard pour se changer, quand on a passé la plus grande partie de sa vie ; « il n’est plus temps de devenir autre. » De propos en propos, il oublie un peu son point de départ, et il en vient, selon sa coutume, à se développer à nous et à se dévider tout entier.
Fromentin a la ressource de sa seconde peinture et de cette analyse animée, développée, dont il use en maître : « C’est aussi l’heure, dit-il, où le désert se transforme en une plaine obscure.
Un doute, un germe de méfiance, je l’avoue, se glissa dans mon esprit ; ce germe mit du temps à se développer, et il fallut que la discussion publique extérieure y aidât.
Quand je considère cette disposition toujours croissante à une mélancolie aride et sombre, l’avenir m’effraye ; de quelque côté que je tourne les yeux, je ne vois qu’un horizon menaçant ; de noires et pesantes nuées s’en détachent de temps en temps et dévastent tout sur leur passage ; il n’y a plus pour moi d’autre saison que la saison des tempêtes… » Ici se trahit le contemporain et le compatriote de René ; et quand je parle de René et d’Oberman à propos de La Mennais, ce ne sont pas des influences qui se croisent ni des reflets qui lui arrivent de droite ou de gauche : c’est une sensibilité du même ordre qui se développe sur son propre fond, mais qui hésite encore, qui se cherche et n’a pas trouvé son accent ; c’est un autre puissant malade, enfant du siècle, qui, dans la crise qu’il traverse et avant de s’en dégager, accuse quelques-uns des mêmes symptômes et rencontre, pour les rendre, quelques expressions flottantes dans l’air et qui se font écho.
Il voulut, comme on dit, mettre ordre à ses affaires ; avec l’art et le calme qui le distinguaient, il disposa le dernier acte de sa vie en deux scènes qu’on ne trouvera pas mauvais que je présente comme il convient et que je développe.
Il ne lui avait jamais été permis de développer et de perfectionner comme il aurait fallu son premier talent, ce don d’expression dramatique qu’elle possédait pourtant à un degré supérieur, mais qui dépendait trop du cadre, des circonstances, et aussi des moyens physiques.
Les deux sentiments les plus opposés qui se développèrent au sein de la fraternité première peuvent se rapporter au lyrique d’une part et au dramatique de l’autre.
Nous regrettons qu’une contradiction aussi directe, et partie d’un écrivain qui s’appuie à des autorités imposantes, nous oblige à pousser plus avant encore et à développer quelques-uns de nos motifs ; car, quoi que le critique ait pu dire, nous n’avions aucun parti pris à l’avance contre un esprit aussi charmant que celui de Benjamin Constant.
A mesure qu’il se développe et se déploie davantage aux yeux des autres, il perd en lui-même ; quand tout le monde se met à l’apprécier, il est déjà moins ; quelquefois (chose horrible à dire !)
On n’est donc curieux que des ouvrages qui peignent les caractères, qui les mettent en action de quelque manière, et l’on n’admire que les écrits qui développent dans notre cœur la puissance de l’exaltation.
Une fois plantée dans cette terre inculte et féconde, elle y végète, elle s’y transforme, elle se développe en excroissances sauvages, en feuillages sombres, en fruits vénéneux.
L’industrie moderne vit autant de science et d’art que de procédés traditionnels : travaillons donc à développer l’esprit, à épurer le goût de nos futurs industriels ». — Et c’est pourquoi il transforma les collèges classiques des petites villes en « collèges spéciaux », et surtout il constitua cet « enseignement moderne », si évidemment nécessaire dans notre démocratie, et dont on arrivera, espérons-le, à trouver la forme convenable.
La victoire, en assurant la paix du dehors, développa dans ces républiques, particulièrement dans la république athénienne, une vie politique d’une activité incomparable.
La victoire, en assurant la paix du dehors, développa dans ces républiques, particulièrement dans la république athénienne, une vie politique d’une activité incomparable.
De même, sans compter les dons naturels dont ne peut se passer l’historien, il faut qu’il ait aiguisé sa pénétration, sa sagacité, qu’il ait développé en lui le sens esthétique : On peut dire, à ce propos, qu’il faut encore de l’art pour faire de la science.
On peut objecter encore que la cléricature, avec les mœurs qui l’entourent et les relations bornées qu’elle suppose, n’est pas un milieu propre à développer chez votre lionne pauvre cet appétit du luxe qui va jusqu’au crime et jusqu’au meurtre indirect.
Sa méthode d’exposition, si développée et si lumineuse, ne nous dérobe rien des erreurs et de leurs conséquences ; il en traite comme il avait fait précédemment pour les parties heureuses, et ne laisse rien dans l’ombre.
On trouverait de semblables conseils dans un bien vieux poème français, le Roman de la Rose ; c’est une vieille aussi, qui développe à l’un des personnages allégoriques du roman les préceptes de cette exécrable morale tout intéressée.
Selon lui, « Duclos, dans ses Réflexions, a raison d’observer qu’il y a un germe de raison qui commence à se développer en France.
Un autre obstacle encore à la concision des plaidoiries, c’est l’exigence du client, qui n’est jamais content, même d’avoir gagné sa cause, lorsque son défenseur n’a pas développé longuement tous les faits inutiles, toutes les circonstances oiseuses, tous les commérages qui pouvaient la lui faire perdre.
[NdA] J’ai fait, depuis, un portrait de Saint-Simon plus développé, mais dans les mêmes lignes, pour servir d’introduction à l’édition correcte des Mémoires, publiée par les soins de M.
Combien, avant d’avoir lu Diderot, auraient pu dire avec Mme Necker : « Je n’avais jamais vu dans les tableaux que des couleurs plates et inanimées ; son imagination leur a donné pour moi du relief et de la vie ; c’est presque un nouveau sens que je dois à son génie. » Ce sens nouveau et acquis s’est fort développé chez nous depuis lors ; espérons qu’il nous est devenu tout à fait naturel aujourd’hui29.
Berteaud qui devait prêcher une heure après sur l’infinité de Dieu, ayant entendu le poète, changea subitement son texte ; il annonça au début de son sermon qu’il allait prêcher sur le prêtre sans église, et développer le sujet si heureusement indiqué par un autre.
Dans un chapitre intitulé « Des gens de lettres », il saisit très finement les qualités distinctives de cette nouvelle espèce, née ou développée seulement au xviiie siècle ; il dénonce les inconvénients d’un pareil corps vaguement introduit dans l’État et y devenant une puissance ; il essaie de la restreindre et d’assigner les termes dans lesquels il conviendrait, selon lui, de renfermer toute discussion littéraire, soit par rapport à la religion, soit par rapport aux mœurs.
Je ne sais si le talent poétique de Le Brun eût jamais été susceptible de se développer et de grandir en des régions plus heureuses ; mais à coup sûr, par une telle habitude de sentiments et de pensées, il s’en était interdit les moyens ; il avait tari en lui les sources jaillissantes et fécondes.
Fiévée présentait et développait en chaque occasion à Bonaparte.
Cette première littérature du lendemain de la Fronde, et antérieure à Boileau et à Racine, n’étant pas contenue par le regard du maître, se serait développée et de plus en plus émancipée sous un Mécène peu sévère.
Le besoin de conservation éprouvé dès l’enfance développe dans l’homme un génie particulier.
Dans les Lettres persanes, Montesquieu, jeune, s’ébat et se joue ; mais le sérieux se retrouve dans son jeu ; la plupart de ses idées s’y voient en germe, ou mieux qu’en germe et déjà développées : il est plus indiscret que plus tard, voilà tout ; et c’est en ce sens principalement qu’il est moins mûr.
a remarqué un des écrivains de l’école de Franklin24, une des passions que l’homme a le moins et qu’il est le plus difficile de développer en lui, c’est la passion de son bien-être. » Franklin fit tout pour l’inoculer à ses compatriotes, pour leur faire prendre goût à ces premiers arts utiles et pour améliorer la vie.
Lorsque son Testament politique parut en 1687, de bons juges y reconnurent le cachet du maître : Ouvrez son Testament politique, dit La Bruyère, digérez cet ouvrage : c’est la peinture de son esprit ; son âme tout entière s’y développe ; l’on y découvre le secret de sa conduite et de ses actions ; l’on y trouve la source et la vraisemblance de tant et de si grands événements qui ont paru sous son administration : l’on y voit sans peine qu’un homme qui pense si virilement et si juste a pu agir sûrement et avec succès, et que celui qui a achevé de si grandes choses, ou n’a jamais écrit, ou a dû écrire comme il a fait.
Quand la réputation des auteurs est établie, il est aisé d’en parler convenablement, on n’a qu’à se régler sur l’opinion commune ; mais à leurs débuts, au moment où ils s’essayent et où ils s’ignorent en partie eux-mêmes, et à mesure qu’ils se développent, les juger avec tact, avec précision, ne pas s’exagérer leur portée, prédire leur essor ou deviner leurs limites, leur faire les objections sensées à travers la vogue, c’est là le propre du critique né pour l’être.
Je conviens qu’il lui manque cependant une des qualités qui rendent le plus agréable, une certaine facilité qui donne, pour ainsi dire, de l’esprit à ceux avec qui l’on cause ; il n’aide point à développer ce que l’on pense, et l’on est plus bête avec lui qu’on ne l’est tout seul, ou avec d’autres.
L’égal qu’ils dédaignaient cependant les surpasse ; D’arbuste il devient arbre, et, les sucs généreux Qui fermentent sous son écorce De son robuste tronc à ses rameaux nombreux Renouvelant sans cesse et la vie et la force, Il grandit, il grossit, il s’allonge, il s’étend, Il se développe, il s’élance ; Et l’arbre, comme on en voit tant, Finit par être un arbre immense.
Le moyen, pour l’art, d’échapper à ce qu’il y a de fugitif dans le conventionnel, c’est la spontanéité du sentiment individuel, alors même que ce sentiment se développe sous l’action des pensées les plus réfléchies et les plus impersonnelles.
Nous la conservons cependant et elle nous paraît, à l’exemple de toutes les bonnes définitions, exprimer avec précision, non pas tel état de l’œuvre d’art, mais son devenir, le sens dans lequel elle se développe, et le but dont approchent le plus les plus hautes2.
Ce qui agite et accable Roudine, c’est cette atrophie particulière de la volonté, qui provient d’une intelligence trop exclusivement développée, trop nourrie d’idées purement abstraites et par là incapables de se transformer en mobiles d’action.
Il débrouille et développe les fils de l’humanité noués et roulés en écheveau dans son âme ; il ne les casse pas.
Ajoutez à ce premier caractère que ce théâtre est à la fois religieux et national : ce sont des légendes sacrées et toutes grecques, mais touchantes et effroyables, que le génie d’un Eschyle ou d’un Sophocle développait dans une action simple, relevée et animée par le mélange des chœurs et de la musique.
On n’a pas trouvé non plus assez de justesse dans plusieurs de ses idées, comme dans celle qu’il donne de la délicatesse, qu’il fait consister dans le mystère qu’une pensée présente à l’esprit, & que l’esprit se plaît à développer.
Alors que partout dans la nature, nous constatons de jour en jour plus de cohésion, plus de liens et d’inter-dépendance, plus d’harmonies et de correspondances, comment pourrait-on nous faire croire que dans cette partie de la nature qu’est l’humanité, il existe de place en place des « cloisons étanches », à l’abri de toute infiltration, et que chacun des groupes qui composent cette humanité se développe au moyen de ses seules forces, sans le concours plus ou moins conscient, plus ou moins actif, des éléments du dehors ?
. — Par exemple, il y a une force qui développe le poulet et l’organise.
En vertu de la dépendance mutuelle des organes, l’homme des siècles à venir, s’il continue de développer son système nerveux dans une mesure compatible avec sa santé générale, devra porter dans sa physionomie même le reflet toujours plus visible de l’intelligence, « et, dans le fond des yeux, l’infini des pensées ». […] Taine explique fort bien comment, le génie une fois donné, la peinture italienne ou flamande a été ce qu’elle a été ; mais il ne nous dit pas et ne peut nous dire pourquoi elle a été : ce n’est plus là une question de milieux, mais d’innéité, de penchants héréditaires, créés et développés par une série de causes trop complexes pour être analysées scientifiquement. […] Sully-Prudhomme, ce poète malheureusement inégal, développe lui aussi dans ses belles pièces, comme les Chaînes, une conception originale du sentiment de l’amour, et, par cela même, il y introduit une poésie nouvelle. […] Plus tard, l’architecture (qui est comme le troisième art humain) s’est développée dans la construction des palais des chefs et des dieux. […] Hugo, Balzac ou Delacroix, sont des « visionnaires surmenés ». — Nous répondrons que de tout temps les grands artistes ont été portés à abuser de leur imagination ; celle-ci, en vertu de la loi de « balancement organique », se développe alors d’une manière presque monstrueuse aux dépens des autres facultés : les Isaïe, les Dante étaient aussi des tempéraments mal équilibrés, ils avaient la fièvre et souffraient.
Voilà des autorités, je pense, nous dit le poète, heureux de notre embarras ; et vous, Messieurs, si vous voulez sentir toute la force de son argument, songez de combien de pièces toute la critique que nous faisons se réduit à demander, d’un air incrédule et moqueur, où, en quel temps, dans quel monde, en quel pays se sont passés les événements ou rencontrés les caractères que l’on nous développe à la scène ? […] De telle sorte, Messieurs, que l’histoire est ainsi non seulement le vrai théâtre des passions, le seul même où souvent le poète et l’artiste les puissent observer, mais elles y sont aussi plus violentes qu’ailleurs, presque toujours extrêmes, comme y étant débarrassées de toutes contraintes, et ne rencontrant d’obstacles sérieux que dans la volonté même de ceux qui les laissent se développer en eux. […] Je ne crains pas, Messieurs, d’avoir exagéré l’originalité de ces vues de l’auteur de Rodogune sur l’emploi de l’histoire dans le drame, et je me reprocherais plutôt de ne pas l’avoir assez développée. […] Mais supposez qu’il y eût ajouté, comme je le crois, et vous aussi, Messieurs, quelque chose de plus, qui n’ait pas développé seulement, qui ait modifié la définition du genre ; alors encore, ou alors surtout, nous aurions le droit de parler d’évolution. […] Et elle n’a pas surtout empêché la comédie de suivre son évolution intérieure, et de développer après Molière le contenu de sa définition.
mais elle le développe, au contraire, jusqu’à l’hypertrophie, jusqu’à ces proportions phénoménales qui provoquent comme comparaison le souvenir de la lèpre hideuse appelée éléphantiatis. […] Lorsqu’ils sont façonnés et développés par un maître, Bossuet, Villon ou Victor Hugo, ils deviennent aussi originaux que les inventions les plus rares, et plus intéressants même que les inventions les plus rares pour l’humanité tout entière, contente d’y retrouver un ordre de pensées et de sentiments qui lui est accessible et habituel. […] L’histoire des célébrités littéraires est sans doute pleine d’exceptions, de surprises, de cas extraordinaires et bizarres, de caprices qui semblent aveugles ; mais elle présente aussi son type normal, où la gloire naît, mûrit, se développe comme un fruit que l’homme prudent soigne et cueille à son heure. […] Mais l’idée utile que nous aurons développée, le fait nouveau que nous aurons éclairci, la vérité qui aura servi, grâce à nous, à l’instruction de la jeunesse studieuse, cela ne mourra point. […] Créature supérieurement douée, il possède en naissant le germe des talents les plus divers : lequel développera-t-il par excellence ?
Ils recherchent les grands partis, les divisions larges, les contours arrêtés et précis, ils aiment, en un mot, le clair et le simple. » Et l’auteur développe ces principes en une infinité d’applications, examinant tour à tour les lignes extérieures, c’est-à-dire les profils qui se découpent sur le vide, les lignes intérieures, c’est-à-dire les joints et les moulures qui séparent les divers membres solides, les jeux de lumière aux différentes hauteurs de l’édifice, les ornements, leurs éléments, leur structure, leur place. […] Heinrich von Sybel, la développer avec toute l’autorité de leur parole, l’un dans l’Allgemeine Zeitung, l’autre dans la Gazette de Cologne. […] Pendant un demi-siècle la philosophie n’a guère été chez nous qu’un exercice littéraire ou un enseignement de collège, tandis qu’en Allemagne elle se développait en grandes constructions spéculatives, et qu’en Angleterre elle reprenait la vieille et bonne route, si longtemps abandonnée, de l’induction et de l’expérience. […] Avec un fond très fixe de croyances et d’aspirations, persistantes, elle s’est toujours développée ; elle n’a jamais cessé d’apprendre ; parmi les contemporains, elle est presque la seule avec Sainte-Beuve qui, volontairement et de parti pris, se soit renouvelée, ait élargi son cercle d’idées, et ne se soit pas contentée de réponses une fois faites. […] Vous trouverez chez les maîtres florentins le type allongé, élancé, musculeux, aux instincts nobles, aux aptitudes gymnastiques, tel qu’il doit se développer dans une race sobre, élégante, active, d’esprit fin, et dans un pays sec.
Toute cette casuistique, où apparaît une âme si noble et d’une complexion si distinguée, je n’ai pas eu à l’inventer ; mais il est vrai que je l’ai développée quelque peu. […] non, je ne développerai ni l’un ni l’autre de ces thèmes avantageux ; et j’aurai l’abnégation de ne vous dire que des choses tempérées, sensées, prudentes et ternes. […] Ils ont une vie concrète extrêmement minutieuse et qui se développe en de longues et lentes conversations sinueuses et familières. […] Bref, ce qu’on trouve dans le Fils de Giboyer, comme dans l’Éducation sentimentale, c’est, pour ainsi parler, la confrontation effarée, hypocrite et renégate de la bourgeoisie riche avec les principes de Quatre-vingt-neuf, dans l’instant où ces principes commençaient à développer des conséquences qu’elle n’avait point prévues. […] Je confesse, du reste, que ce conte bleu se développe ici dans de fort jolies scènes, et que les deux héros sont charmants, et que même Fernande n’est pas du tout une poupée, et que son baiser, au dernier acte, est peut-être le moyen le plus élégant et le plus hardi qu’on ait trouvé de dénouer une histoire de ce genre… Et puis, que voulez-vous ?
Et il développa amplement sa pensée. […] Maillard, comme de raison, développe les siens dans les formes consacrées ; mais il y jette son âme. […] Vous voyez comment l’esprit d’allégorie peut développer cette idée. […] Brunetière marque d’un ongle fatal les strophes de la Charogne et quand il les note d’infamie, j’ai grande envie de lui crier : — Prenez garde, ce qui vous scandalise n’est qu’un lieu commun, développé par tous les pères, par tous les docteurs, et mis en vers par tous les poètes du moyen âge, jusqu’à François Villon Corps féminin, qui tant es tendre, etc.
Bien avant Hégésias, elle s’était développée en Grèce, et il y existait une sorte d’association la mort volontaire dans laquelle s’enrôlaient les gens fatigués de vivre ou peu soucieux de subir les disgrâces de la vieillesse. […] N’y faut-il pas plutôt voir les suites d’un climat brumeux qui développe le spleen, affection qui semble si propre à l’Angleterre que le mot qui la définit est emprunté à sa langue. […] La lecture des romans avait au plus haut point excité chez elles la puissance de l’imagination et développé dans leur cœur des passions sans objet précis. […] La solitude a selon lui cet avantage, qu’elle développe les forces de l’esprit, qu’elle crée des loisirs en retranchant les soins inutiles, enfin qu’elle apaise le cœur et élève les sentiments. […] Il invite ceux qui sont restés dans le monde à enfuir les bruyantes passions ; il voudrait voir se développer des établissements toujours ouverts aux hommes désireux de la vie cénobitique.
Dans le dessein, aussi, si vous êtes très nombreux qui vous serez ainsi développés et rendus intellectuellement forts et adroits, de constituer une nation supérieure, magnifique, qui dominera toutes les autres. […] Tout au fond et sans tant de distinctions, les sophistes sont nés sophistes, c’est-à-dire nés ingénieux et peu scrupuleux, pleins de talents et sans conscience ; et ils se sont développés dans le sens de leur nature, plus ou moins cyniquement, tous s’enivrant et enivrant et éblouissant les autres de prestiges littéraires et ne tenant aucun compte de la morale ou n’y songeant point. […] Elle se crée elle-même, et je veux dire qu’elle se développe et elle crée une foule d’actes de solidarité, de dévouement des uns envers les autres qui aboutissent à une égalité générale, non seulement très réelle, mais très sensible. […] Remarquez, du reste, qu’à se placer au point de vue de la simple constitution de l’homme, l’homme étant sensibilité et intelligence, il y a bien des chances pour qu’il manque ce qui est son bien, et par conséquent le souverain bien, s’il ne développe qu’un côté de sa nature. […] Développer chez une élite le goût du bien, du beau, du juste et une tendance générale vers la perfection, dans une éducation harmonieuse qui associe le corps au travail de l’âme et qui, pour l’y associer, le maintient sain et vigoureux, tel est l’esprit de l’éducation selon Platon.
Mais enfin, chacune des anecdotes se développe sans l’intervention des autres. […] Ce qui corrompt l’âme de ce pays est mauvais ; ce qui la développe selon sa propre nature est bon. […] Jérôme et Jean Tharaud l’ont développée avec une habileté parfaite. […] Des péripéties variées et qui se développent avec régularité, sans que rien y soit adventice, de sorte que c’est la substance même du sujet qui se nourrit et qui s’épanouit. […] Bréal leur reproche de méconnaître tout ce qui, dans les poèmes homériques, atteste une civilisation développée.
Ses digressions développées et beaucoup trop longues relativement à l’œuvre complète, le goût sévère de l’ordonnateur les condamne, mais l’admiration du lecteur les absout. […] On dirait qu’elle monte lentement des profondeurs de l’horizon, comme l’aube du matin, et se développe derrière un nuage comme une splendide décoration derrière le rideau d’un théâtre. […] Les situations sont plus naturelles, par conséquent plus attachantes ; les personnages secondaires plus vrais ; l’action se développe avec art et est conduite avec beaucoup de vraisemblance jusqu’au dénouement. […] S’il avait consenti à le développer théoriquement, rien n’eût été mieux. […] Claretie ne semble pas se rendre compte du temps nécessaire pour que les fleurs développent leurs germes, pour que les germes fructifient.
Au contraire, cherchez un milieu où la vie en commun et le culte des traditions, la superstition des habitudes développent surtout l’optimisme orgueilleux qui est le lest, quelquefois lourd, de la fantaisie suédoise, et vous aurez la correction un peu sèche, la mélancolique gravité que M. […] De l’Essai, sous sa première forme, il détache, en 1902, pour le développer, l’appendice bibliographique et il offre aux lecteurs cet instrument de travail, la ibliographie critique de Taine. […] Victor Giraud avait permis qu’on imprimât les sommaires très détaillés et très remplis, mais non développés — et ramenés plutôt, comme par la rigueur d’une loi somptuaire, à leur plus simple expression — de vingt et une leçons professées à l’Université de Fribourg (Suisse). […] On me pardonnera de m’attarder un peu sur une seule de ces études : je prendrai la plus développée et la dernière du volume, les quatre-vingts pages si denses qui sont précédées de ce titre : M. […] Mais supposez qu’à vingt ans le jeune homme eût été placé dans un autre milieu que celui où, de vingt à trente, il s’est développé, nous aurions un Bourget tout autre.
Les monarchies tempérées et les administrations régulières ont laissé la classe moyenne se développer sous la pompeuse noblesse de cour, comme on voit les plantes utiles pousser sous les arbres de parade et d’ornement. […] Nous la suivons en lui à mesure qu’elle naît, nous la voyons sortir d’une autre, grandir, s’abaisser, puis remonter encore, comme nous voyons la vapeur sortie d’une source s’élever insensiblement, enrouler et développer ses formes changeantes. […] Cependant cette littérature, en approchant de sa perfection, approchait de son terme et ne se développait que pour finir.
Swift plaisante avec la mine sérieuse d’un ecclésiastique qui officie, et développe en homme convaincu, les absurdités les plus grotesques. […] C’est cette force que l’esprit doit reproduire en lui-même avec tous ses effets ; il faut qu’il la sente par contre-coup et par sympathie, qu’elle engendre en lui le groupe entier, qu’elle se développe en lui comme elle s’est développée hors de lui, que la série des idées intérieures imite la série des choses extérieures, que l’émotion s’ajoute à la conception, que la vision achève l’analyse, que l’esprit devienne créateur comme la nature.
Les Grecs, qui avaient ce sens beaucoup plus développé que nous ne l’aurons jamais, avaient travaillé la forme humaine pour lui donner un rang honorable parmi les formes animales et ils avaient commencé par la râcler de son vilain poil, par la frotter d’huile, par la rendre d’une couleur luisante et homogène. […] Les Chinois, qui n’ont aucunement l’esprit religieux, ont l’esprit superstitieux très développé. […] Celui qui mange cette année toutes vos cerises est aussi celui qui a mangé les larves qui sans cela se développeraient au printemps suivant en redoutables insectes dévastateurs.
Je me suis laissé aller à développer cette idée de M. de Meilhan, qui n’est pas celle de tout le monde.
Il avait le sentiment filial très profond, très développé : Le respect filial a été dès mon enfance, disait-il, un sentiment sacré pour moi.
À la manière dont il parle de la mort de ce général et de sa tombe « pareille à celle du pauvre », on voit poindre chez Pelleport un sentiment qui se développera de plus en plus, le respect et presque la piété pour les chefs qui l’ont bien mené dans la carrière.
Sur ce terrain, qui est tout nôtre, il ne saurait nous être indifférent de le voir venir et se développer.
Il y a enfin celles qu’il faut bien appeler par leur nom, les filles entretenues, une des productions singulières et développées du xviiie siècle.
Tout peut se dire ; toutes les opinions sincères ont le droit de sortir et de s’exprimer ; il y a, certes, lieu pour des critiques doctes et fins de disserter longuement et de faire mainte distinction à propos d’Horace Vernet ; mais le ton de Gustave Planche parlant d’un homme de ce talent et de cette renommée, d’un homme de ce passé et de cet avenir, qui était à la veille de se développer de plus en plus, et qui allait nous traduire aux yeux notre guerre d’Afrique, nous montrer notre jeune armée en action, à l’œuvre, dans sa physionomie toute moderne et expressive, ce ton est d’une insolence et d’une fatuité vraiment ineffables : « À ne peser que les cendres de sa gloire, s’écrie-t-il, nous les trouvons légères, et nous les jetons au vent !
Il y aurait bien des idées, bien des aperçus à développer en ce sens ; je dois me borner ; mais je maintiens, en finissant, que Mme Roland, par cet ensemble de raison et de chaleur, d’enthousiasme et de justesse, qui la distingue, par cette impulsion féconde qui part d’elle et qu’on ressent quand on est plébéienne (et même en ne se l’avouant pas), est et restera dans l’avenir le Jean-Jacques Rousseau des femmes.
Ses qualités, dès l’ouverture de la campagne, avaient pu s’appliquer et se développer avec bien de la distinction. « À la tête de son régiment, toujours à l’avant-garde, quelquefois avec un corps d’infanterie, il lui avait été donné d’assurer et d’éclairer les marches et les mouvements du 4e corps (maréchal Soult) depuis nos frontières jusqu’à Ulm, Vienne et Austerlitz. » Les jours qui avaient précédé et suivi la grande bataille, et dans la journée même, l’officier de cavalerie et l’homme de guerre en lui avaient fait leurs preuves avec éclat.
Un autre poète évêque, Pontus de Tyard, est devenu le sujet d’un prix proposé par l’Académie de Mâcon et décerné à un écrit fort développé et fort circonstancié de M.
Sa vision d’Empèdocle (1829) était un premier pas vers le poëme philosophique que son Erostrale vient nous développer aujourd’hui.
Nous achevons de suivre les intéressantes considérations qu’à son tour, et à son point de vue, M. de Saint-Priest nous développe sur les vicissitudes de l’idée de royauté en ces siècles obscurs.
Fauriel, dans une leçon, comparant les deux Cids, remarquait, comme différence, l’abrégé fréquent, rapide, que Corneille avait fait des scènes plus développées de l’original : « Chez Corneille, ajoutait-il, on dirait que tous les personnages travaillent à l’heure, tant ils sont pressés de faire le plus de choses dans le moins de temps !
On voit défiler un certain nombre d’originaux, le pédant, le galant, le bigot, le libertin, l’avare, le prodigue, le joueur : toutes ces physionomies manquent de relief ; l’auteur les dessine d’une main molle et développe languissamment son thème.
L’élément historique, ou cru tel (je n’ai pas ici à en examiner la valeur), c’est ce type du Romain républicain, patriote, désintéressé, amoureux de la gloire, superbe de fermeté et de fierté : type formé dans les écoles des rhéteurs à la fin de la république, développé dans Tite-Live, dans Florus, dans Valère-Maxime, encore agrandi par les moralistes satiriques qui en écrasent la petitesse de leurs contemporains, par Sénèque, par Juvénal, assoupli et animé par Plutarque, transporté par la Renaissance dans notre littérature : Montaigne l’évoque parfois, Amyot l’étale, et, au temps même de Corneille, Balzac le grave avec une netteté dure dans ses dissertations sur le Romain et sur la Gloire.
Il demande à la tragédie la vérité, l’intérêt, la passion ; je n’insisterai pas sur l’idée qu’il nous donne d’une tragédie psychologique et pathétique, composée par un artiste curieux et scrupuleux : c’est inutile ; cette tragédie dont Boileau nous développe la formule abstraite, nous la retrouverons tout à l’heure, vivante, dans Racine.
L’habitude de la méditation et du repliement sur soi ne développe guère le don d’inventer des histoires, des combinaisons extraordinaires d’événements.
Octave Feuillet résume comme il suit : Développer à toute leur puissance les dons physiques et intellectuels qu’il tenait du hasard, faire de lui-même le type accompli d’un civilisé de son temps, charmer les femmes et dominer les hommes, se donner toutes les joies de l’esprit, des sens et du pouvoir, dompter tous les sentiments naturels comme des instincts de servage, dédaigner toutes les croyances vulgaires comme des chimères ou des hypocrisies, ne rien aimer, ne rien craindre et ne rien respecter que l’honneur : tels furent, en résumé, les devoirs qu’il se reconnut et les droits qu’il s’arrogea.
C’est encore par-là que les pieces de théatre nous plaisent ; elles se développent par degrés, cachent les évenemens jusqu’à ce qu’ils arrivent, nous préparent toûjours de nouveaux sujets de surprise, & souvent nous piquent en nous les montrant tels que nous aurions dû les prévoir.
Cette éducation tardive l’a policé à la surface, sans développer son fonds.
Lesage et Rollin ne paraîtront plus dans cette histoire ; mais nous retrouverons tout à l’heure les trois grands écrivains qui développent et enrichissent la langue fidèlement continuée par ces deux génies aimables, derniers représentants de la pure tradition du dix-septième siècle.
Le génie est patient et vivace, je dirai presque robuste et paysan. « La force de vivre fait essentiellement partie du génie. » C’est à travers les luttes d’une situation extérieure que les grands génies se sont développés, et, s’ils n’avaient pas eu d’autre profession que celle de penseurs, peut-être n’eussent-ils pas été si grands.
Huet, tout en s’appliquant à ces diverses choses avec sa passion studieuse, semble pourtant s’être un peu douté que ce pouvaient être des jeux ; il s’est surtout développé et comme amusé à l’entour, et il ne semble pas y avoir pris au vif plus qu’il ne fallait.
L’auteur, dans ce récit étendu, développé et facile, a voulu représenter la vie humaine telle qu’elle est, avec ses diversités et ses aventures, avec les bizarreries qui proviennent des jeux du sort et de la fortune, et surtout avec celles qu’y introduit la variété de nos humeurs, de nos goûts et de nos défauts.
L’abbé Ferdinand Galiani, né dans le royaume de Naples le 2 décembre 1728, élevé à Naples auprès d’un oncle archevêque, y avait développé les dispositions les plus précoces pour les lettres et pour toute espèce de science ; mais, au physique, il ne put jamais s’élever au-dessus de la taille de quatre pieds et demi.
Il y a de très grandes dames qui sont nées actrices, et qui cependant n’ont jamais joué la comédie. » Et elle développe cette idée dans toutes ses variétés et ses bizarreries de contrastes que vous voyez d’ici.
Aimer pour aimer, sans orgueil, sans coquetterie, sans insulte, sans arrière-pensée d’ambition, ni d’intérêt, ni de raison étroite, sans ombre de vanité, puis souffrir, se diminuer, sacrifier même de sa dignité tant qu’on espère, se laisser humilier ensuite pour expier ; quand l’heure est venue, s’immoler courageusement dans une espérance plus haute, trouver dans la prière et du côté de Dieu des trésors d’énergie, de tendresse encore et de renouvellement ; persévérer, mûrir et s’affermir à chaque pas, arriver à la plénitude de son esprit par le cœur, telle fut sa vie, dont la dernière partie développa des ressources de vigueur et d’héroïsme chrétien qu’on n’aurait jamais attendues de sa délicatesse première.
Le sentiment de la famille et celui de la campagne furent de bonne heure développés en lui.
Le roman de d’Urfé, les lettres de Balzac, le grand succès des pièces de théâtre, de celles de Corneille et des autres auteurs en vogue, la protection un peu pédantesque, mais réelle et efficace, du cardinal de Richelieu, la fondation de l’Académie française, toutes ces causes avaient développé une grande curiosité, surtout chez les femmes, qui sentaient que le moment pour elles de mettre la société à leur niveau était venu.
Tous ces jugements, ébauchés par lui dès 1772 et 1777, tout à fait neufs alors et originaux, développés depuis et mis en complète lumière dans les dernières éditions de l’Essai sur l’éloquence de la chaire, font loi et règlent désormais cette matière littéraire et sacrée.
Je n’ai fait qu’effleurer le La Harpe converti ; mais, avant de le développer sous cet aspect, je demande à rappeler devant des générations qui les ont oubliées, ou qui même peut-être ne les ont jamais sues, quelques-unes des anecdotes qui couraient le monde littéraire il y a cinquante ans, et qui ne sont pas toutes sans agrément.
La comtesse de Bonneval, informée de cette brouillerie, pressentit de loin l’orage ; elle écrivait à son mari avec ce sens de prudence que le cœur développe chez les femmes : « J’ai beaucoup souffert des bruits qui se sont répandus ici de votre brouillerie avec le prince Eugène… Quand nos amis deviennent nos ennemis, je les crois les plus dangereux.
Le poète, à la lecture du premier article de Carrel sur les représentations d’Hernani, lui avait écrit une lettre explicative, et dans laquelle il lui rappelait les singulières prétentions des soi-disant classiques du jour ; Carrel y répondit par une lettre non moins développée qui commençait en ces termes : « Je suis pour les classiques, il est vrai, monsieur, mais les classiques que je me fais honneur de reconnaître pour tels sont morts depuis longtemps. » Dans la critique de l’Othello de M. de Vigny, il se faisait fort de prouver « que toute la langue qu’il faut pour traduire Shakespeare est dans Corneille, Racine et Molière ».
C’était le prince de Conti qui, après Le Barbier de Séville, avait porté à l’auteur le défi de reprendre ainsi son Figaro et de le montrer une seconde fois dans des circonstances plus développées, plus fortement nouées et agrandies.
Ce n’est qu’à l’âge de cinquante-neuf ans, qu’à l’occasion d’un discours latin prononcé par lui dans une solennité universitaire, et où il insistait sur la nécessité de joindre à l’étude des lettres le soin des mœurs et l’esprit de la religion, ses collègues le pressèrent de développer ce qu’il n’avait pu qu’esquisser trop brièvement.
Grote, qui l’a développée très-subtilement dans un livre récent et original sur Platon et les disciples de Socrate, Londres, 1865.
René Doumic (Le Bilan d’une génération, 1902) développa avec des conclusions identiques une thèse semblable : « Réputé jadis pour son bon sens un peu court, et pour la lucidité de son esprit étroit, le Français se découvrit tout à coup une intelligence indéfiniment compréhensive.
Si je ne développe pas ma théorie, c’est que je me suis résolu à ne jamais l’écrire, — crainte de perdre mon manuscrit, comme il est arrivé pour la Théorie de la volonté de Balzac.
Mais, au lieu de pleurailler, comme tout à l’heure, dans le verre de Galilée, Philarète Chasles, rabelaisien quoique maigre, a-t-il donc bu de ce vin grec, qui lui paraît si bon, pour écrire de ces ébriétés, pour développer, dans un livre signé de son titre au Collège de France, l’idée falote que moins on est cruel, plus on l’est ?
Tout commentaire de l’auteur affaiblirait la puissance de cette biographie d’âme, vivante et chaude, qui se développe sous nos yeux, avec la force d’un organisme.
Il paroit inutile de développer la conséquence de cette analyse ; elle est frappante : mais il est remarquable que ce tems que nous plaçons ici parmi les prétérits, en conserve la caractéristique en latin ; laudavi, laudavero ; dixi, dixero ; qu’il en suit l’analogie en françois. […] Appellatif une sorte de tableau raccourci de cette génération d’idées qui sert de fondement à la division des mots ; mais elle est amplement développée au mot […] Ceci mérite d’être développé. […] Ceci est développé & justifié à l’article
Je n’en retiendrai qu’une profonde idée poétique, d’ailleurs développée à nouveau plus loin : Ô merveille ! […] Il a sans doute développé avec complaisance ses dispositions natives pour ce genre littéraire, étant homme de lettres jusqu’aux moelles, au moins autant, par exemple, que les Goncourt. […] Il développe, il insiste, il tourne et retourne l’idée en tous sens, il se livre à une sorte de travail thématique. […] La civilisation moderne s’ajouterait à la civilisation primitive, pour la développer, non pour la supplanter. […] L’Ordination est un très beau roman, où se développe un émouvant conflit du sentiment et de la pensée.
D’abord, il y a l’enfance de l’art, les farces et les mystères du moyen âge, de simples récitatifs dialogues, qui se développaient au milieu d’une convention naïve, avec une mise en scène et des décors primitifs. […] La littérature russe compte quelques drames superbes, qui se développent avec une originalité d’allures des plus caractéristiques : et je n’ai pas à dire quelle violence, quel génie libre règne dans le théâtre anglais. […] C’est lui qui est la somme totale de l’effet, c’est en lui que le résultat général doit s’obtenir ; le décor réel ne se développe que pour lui apporter plus de réalité, pour le poser dans l’air qui lui est propre, devant le spectateur. […] Dès qu’on sort de la tragédie bourgeoise, resserrée entre quatre murs, dès qu’on veut utiliser la largeur des grandes scènes et y développer des foules, on se trouve fort embarrassé, gêné par la monotonie et le deuil uniforme de la figuration. […] A vrai dire, je n’aime guère cette étude de notaire, où se développe une action si bizarre.
Nous les avons appréciés ailleurs6, et il y a trop peu de modifications dans leur talent et dans leurs idées pour motiver une appréciation développée. […] Sainte-Beuve, modestement enseveli dans le feuilleton du Constitutionnel, caresse ses amis, fustige ses adversaires, développe quatre fois par mois les mérites de la littérature réaliste et sceptique, exalte MM. […] Il s’agissait de venir en aide à ce jeune homme, dont les essais naturellement inédits renfermaient, me disait mon honorable correspondant, des germes d’un talent qui pouvait se développer. […] Voilà la morale et la philosophie que vous y trouverez développées. […] Eugène Sue a développées dans les Mystères de Paris et le Juif errant.
Les anciens en général, les Grecs surtout, étaient en quelque sorte trop voisins de la nature pour sentir profondément ce qu’elle a de charme et d’attrait ; c’est là un sentiment qui se développe moins aux champs et sous le ciel bleu qu’à la ville, moins dans la jeunesse et la fraîcheur du monde que dans les vieilles civilisations. […] Sa seconde espèce de mignardise a été le poème impersonnel plus développé, où l’imitation d’abord un peu choquante du style épique de Victor Hugo se mariait à une inspiration de plus en plus humble, familière et bourgeoise. […] Leconte de Lisle rencontre dans Eschyle une vérité morale à exprimer, il abrège et passe vite ; partout où il rencontre un effet pittoresque à rendre, il développe et renchérit sur le texte. […] Des pièces longuement développées sont conçues à la façon d’une épigramme ; je veux dire que le dernier vers a été fait d’abord, il est seul important, c’est le pivot de la machine, la clef de voûte de l’édifice ; tout converge vers ce point, le reste n’est écrit que pour amener et préparer le trait final. […] La connaissance du crime et du vice peut être utile à l’intelligence qu’elle développe, mais elle ne sert à rien pour former le cœur.
J’ai un sincère plaisir à vous ouvrir mon cœur ; je n’ai point rougi de vous confier toutes mes faiblesses ; vous seule avez développé mon âme ; elle était née pour être vertueuse. […] Mlle Aïssé cause avec son amie de ses regrets d’être loin d’elle, du monde qu’elle a sous les yeux et qu’elle commence à trouver étrange, et aussi elle touche en passant l’état de ses propres sentiments et de ceux du chevalier ; c’est un courant peu développé qui glisse d’abord et peu à peu grossit.
« Mais vous, qui êtes comme moi sectateur des principes plus spiritualistes et plus sublimes des disciples de Socrate et de Platon, avec quelle délicatesse ne faudra-t-il pas en développer la philosophie pour être compris ? […] Après avoir tenté moi-même de porter l’art oratoire à un point encore plus élevé que nos prédécesseurs romains, je m’efforce avec plus de zèle encore de mettre dans son jour cette philosophie, d’où j’ai tiré tout ce que je puis avoir développé d’éloquence.
Mardi 3 octobre Chez les Sémites, le cerveau ne se développe que jusqu’à vingt-cinq ans ; chez les Aryens, le développement dépasserait de beaucoup cet âge. […] Roger Marx m’entretient de la danseuse Loïe Fuller, qui le fréquente, et qui aurait un véritable goût d’art, s’étendant de sa danse à un tableau, à un bronze, et me dit, que rien n’est amusant comme une répétition, où elle essaie les couleurs de l’arc-en-ciel, dans lesquelles elle va développer la grâce de ses attitudes.
« Dann geht die Seelenkraft dir auf « Wie spricht ein Geist zum andern Geist. » « Alors se développe en toi la puissance de l’âme et tu entends l’esprit parler à ton esprit », dit Goethe. […] Puis le savant, en qui s’est développé par l’étude attentive le goût des enchaînements logiques et des synthèses d’idées, mais dont le mode de connaissance ne s’élève pas au-dessus d’un certain ordre de rapports constants.
Il est vrai qu’on se représente l’intelligence à part, et à part aussi une faculté générale d’attention, laquelle, plus ou moins développée, concentrerait plus ou moins fortement l’intelligence. […] Stoïciens, épicuriens, cyniques, tous les moralistes de la Grèce dérivent de Socrate, — non pas seulement, comme on l’a toujours dit, parce qu’ils développent dans ses diverses directions la doctrine du maître, mais encore et surtout parce qu’ils lui empruntent l’attitude qu’il a créée et qui était d’ailleurs si peu conforme au génie grec, l’attitude du Sage. […] L’évolution sociale n’est pas celle d’une société qui se serait développée d’abord par une méthode destinée à la transformer plus tard.
Je suis encore plus reconnaissant à M. de Souza de nous avoir cédé le meilleur, le plus définitif des éclaircissements, l’article magistral grandement développé, qu’a publié le mercure de France du 1er février 1925. […] Ce qui me frappe plus encore peut-être, est de voir à quel point s’est développée chez nous l’intelligence des choses poétiques. […] Bergson développer dans une leçon que, contrairement à une théorie très commune, ce n’est pas par images que l’on pense profondément.
La critique suppose, développe, révèle cet ordre. […] La belle mort à laquelle nous accoutume la vie intérieure, la mort, grottes développées derrière cette larme des yeux, qui la signifie, rendra-t-elle donc à la Jeune Parque, purifiée par la conscience, cet état d’identité heureuse et de divinité, ce paradis perdu que le serpent subtil lui a fait quitter ? […] Gautier, Hugo, Baudelaire, ont développé avec puissance ou fait jaillir avec déchirement, dans leurs poèmes de cimetière, l’angoisse ou l’ironie macabre.
Cette campagne se développa dans les brochures réunies par la suite sous ce titre commun : Racine et Shakespeare. […] Terme si connu qu’il se croit dispensé, même en vue de cette application particulière, d’en développer le sens, et que, lorsqu’il a dit a romantique », il a tout dit. […] Cette compression a pour cause ce que j’appellerai l’invasion des masses dans tous les domaines, poids étouffant sous lequel l’esprit halète et se sent de plus en plus gêné pour développer sa vie propre et conserver son élan. […] Pourquoi ne s’est-il pas développé et maintenu dans les belles lignes de ses jeunes ans ?
Divers les uns des autres, ils étaient bien décidés à développer leur originalité native d’une façon absolument indépendante. […] Être capable de ressentir et plus profondément que quiconque, mais avoir en surcroît le don inné, puis développé par le travail, de communiquer dans une forme parfaite ce qu’on a ressenti, voilà ce qui est indispensable pour être poète et voilà aussi pourquoi les vrais postes sont si rares ! […] Et par la pensée qui généralise ou spécifie, qui développe ou résume, qui choisit et coordonne, l’œuvre de la nature ou de la société, transformée, devient l’œuvre d’un homme. […] » Il prit dans ses mains le Parnasse, le développa, paya ce qui était dû aux imprimeries, paya ce qui était dû aux collaborateurs, et en fit le recueil persistant auquel nous dûmes tant de railleries et d’outrages, mais auquel nous devons aujourd’hui votre précieuse bienveillance. […] Grâce à nous, qui avons définitivement vaincu les élégiaques et les débraillés, ennemis du rythme et de la langue, les pleurards imbéciles et les cyniques rieurs, enfants dégénérés du grand Lamartine et de l’admirable Musset, — grâce à nous, qui avons proclamé et démontré la nécessité de ne pas compter sur l’inspiration seule, de l’exalter par le travail et de l’épurer par la soumission aux règles sacrées, — grâce à nous, les poètes nouveaux pourront se développer sans entraves.
Les Mérovingiens sont, comme on l’a dit, de « vrais princes romains » ; c’est l’imperium qu’ils exercent, sans contrôle possible de la part de la nation, c’est de Romains qu’ils s’entourent et dont ils subissent l’influence, et c’est dans les cadres de la société romaine que s’organise et se développe le jeune Etat. […] Le cerveau n’est tellement développé que parce qu’en lui s’épanouit un monde d’idées anciennes et de traditions. […] Il est des vérités fixes et intangibles, qu’il suffit de grouper et de développer. […] C’est seulement par une telle éducation, à l’abri de tout dogme et de toute Eglise, que le cerveau de l’enfant pourrait être sauvegardé et développé dans un sens d’intégrale humanité. […] Ce sont comme les en-têtes des chapitres qui demandent à être construits et développés pour qu’un livre existe.
Les idées dans Goethe ne se développent pas solitairement, mais simultanément, de telle sorte qu’aucune n’existe jamais sans son contrepoids et son contraire, et que de ce développement simultané naît cet équilibre parfait qui s’appelle l’harmonie. […] La passion, au lieu de développer harmonieusement son être, y jette le désordre et le mutile, la rend antipathique et même répulsive, au lieu de la rendre sympathique. […] Dotez l’individu de cette vertu supérieure, la seule que l’éducation ait pour mission de développer, puisque toutes les autres sont innées, et puis lancez-le hardiment dans la vie : le respect le guérira de toutes les conséquences funestes de l’erreur. […] Cette lecture apaisera leurs nerfs, dissipera leurs chimères, développera et nourrira les muscles de leur esprit, assagira leur imagination. […] Tu trouveras dans ces cahiers peu de choses complètes, mais quantité de germes qui, échauffés par la réflexion, pourront peut-être se développer et s’épanouir, des rêveries, des anecdotes, des souvenirs, des esquisses de caractère, des silhouettes, quantité de combinaisons d’idées et de formules de chimie morale.
Il a élagué ici, et là développé à son aise. […] En revanche, peut-être, j’aurais développé et élargi à la fin. […] La folie particulière que développe chez les femmes l’admiration des hommes de lettres, travers qu’il avait observé en province tout aussi aisément qu’il eût pu faire à Paris, c’était la première chose qu’il livrait aux risées des Parisiens. […] Molière a voulu montrer, en la composant, comme les travers des Précieuses s’allient avec de véritables défauts de cœur et contribuent à les développer. […] Et c’est-à-dire qu’elle va comme la vie, où les fautes commises se présentent d’abord avec leur aspect comique, puis avec leur air sérieux, puis avec leur caractère tragique, quand elles ont développé toutes leurs conséquences.
Ce qu’il nous montre très bien, avec beaucoup de finesse et une sorte de divination ingénieuse, et ce qui est le point où l’auteur, à travers mille digressions et beaucoup de fatras, se ramène sans cesse, ce sont les effets de l’imagination sur l’amour, le travail de l’imagination sur l’amour une fois né, et la manière dont elle le développe et l’attise. […] Tocqueville n’a pas développé ces idées, et je mets ici du mien ; mais il les a indiquées. Enfin les démocraties comportent, selon Tocqueville, une certaine douceur de mœurs et la développent. Les classes, en divisant une nation, développent la solidarité de chacune dans son sein, et l’empêchent de naître dans la nation tout entière. […] Mais après avoir développé tout cela très bien, tu ajoutes que nous sommes à peu près d’accord.
Parole remarquable de candeur, retour sérieux, que développent admirablement ces autres paroles : Conscience, voix du cœur dans la prière, j’ose à peine ici vous dire : Conseillez-moi ! […] Par cela seul que la société vit, se meut et se développe, la langue fait tout cela de son côté ; il y a même des changements d’expression et de tour dont personne, ou plutôt dont tout le monde, peut se dire auteur ou complice : changements anonymes, spontanés, nés de la volonté des faits plutôt que de l’arbitre d’un homme. […] Il y a dans son système (qui n’a que le tort d’être un système) un fonds de vérité qu’il a développé avec bien de la grâce dans son épître à M. […] Ce furent les mêmes alarmes, ce fut la même préoccupation ; ceux qui firent la plus grande œuvre n’étaient pas plus grands que ceux qui firent la moindre ; il y eut peut-être chez ceux-ci une spiritualité plus exquise et une vie intérieure plus développée ; l’attention des premiers, non moins fervents, non moins dévoués, et appuyés d’aplomb sur le vrai fondement, forcée de se porter sur plus d’objets, et placée dès l’abord en face d’un monde à changer, ne put se recueillir comme celle des seconds ; mais, après tout, il est impossible de ne pas reconnaître que, dans l’essentiel, leur cause était la même. […] Car il faut bien s’entendre : que chaque homme puisse jusqu’à un certain point développer ses facultés, même les facultés morales, cela n’est pas révoqué en doute ; mais que ces développements, comme aussi l’amélioration de sa position dan. le monde, l’avancent d’un pas je dis d’un seul pas, vers le but qu’il porte écrit dans son sein ; que son âme elle-même, coupe aride qu’il présente sans cesse au bonheur et à la vérité, comme à une rosée du ciel, puisse jamais se combler, y jetât-il des mondes ; en un mot, qu’aucun de nous se puisse dire, au sommet de son Calvaire, au sommet de sa vie : Tout est accompli ; c’est ce que, rentrant en soi-même, personne n’osera croire.
Il put s’y développer avec plus d’étendue, et y offrir une place à ses amis, à l’abbé Morellet qu’il voulait bien appeler son maître et qui lui répondait : « Discipule supra magistrum » ; surtout au jeune Adrien de Lezay qu’on a vu périr préfet de Strasbourg en 1814, et qui s’exerçait alors avec vivacité et talent sur toutes les questions à l’ordre du jour.
Cela est surtout vrai pour Poitiers : c’est le premier récit de bataille, tout à fait développé.
Élevée à Maubuisson, placée ensuite à l’Abbaye-aux-Bois où elle s’ennuyait, Mlle de Châteaubriant, dès ses premiers pas dans le monde de Chantilly, y sentit se développer des instincts de dissipation, de bel esprit et de coquetterie qui désolèrent Lassay avant même qu’il en fût victime : On est trop heureux, lui disait-il, de trouver une seule personne sur qui l’on puisse compter, et vous l’avez trouvée ; vous devez du moins en faire cas par la rareté ; il me semble pourtant que vos lettres commencent à être bien courtes, et qu’elles ressemblent à celles que vous m’écrivez quand vous êtes désaccoutumée de moi ; vous avez un défaut effroyable, c’est que, dès qu’on vous perd de vue, vous oubliez comme une épingle un pauvre homme qui tout le jour n’est occupé que de vous.
J’ai toujours cherché à développer ma pensée en la communiquant ; mais je n’ai pas trouvé d’âme assez à l’unisson avec la mienne pour y faire passer mes idées, afin de les voir au dehors de moi dans le miroir d’une autre âme.
Les amateurs, mais eux seuls, se rappelaient ces articles signés ces extraits exacts qui n’étaient bien souvent que d’excellentes notes développées.
Avant lui les Herder, les Jean de Muller, les Sismondi et d’autres avaient discuté, senti et développé les beautés du Cid héroïque : à M.
Ces besoins, ces demandes de la société créent ou développent des genres autrefois fort resserrés et qui rendaient peu.
C’est surtout en écrivant à ses amis d’Angleterre qu’il développe plus complaisamment ses idées et qu’il s’élève, dans des lettres familières, à la hauteur du livre.
Benoist a mis en tête de son édition une Notice développée sur le poète, dans laquelle il concilie heureusement les qualités françaises avec les connaissances allemandes.
Le temps lui permit de développer tous ses mérites et de se montrer de plus en plus sous son vrai jour.
Mais sa véritable école, celle qui d’abord l’avait développé et à laquelle il devait le plus, était l’École primaire fondée à Péronne par M.
Mais lorsque, deux ans après, parut le tome second de l’Indifférence, et que l’auteur développa sa théorie de la certitude, puis les applications successives de cette théorie au paganisme, au mosaïsme et à l’Église, l’attention publique, détournée ailleurs, ne revint aucunement ; sur ce terrain il n’y eut plus guère que le clergé, les théologiens gallicans et les personnes faites aux controverses philosophiques, qui le suivirent.
Mais dans un de ses jolis contes, après avoir peint délicieusement sa Touraine voluptueuse et molle, cette abbaye de Thélème, comme il l’appelle, cette Turquie de la France, il a pris soin d’observer que le Tourangeau transplanté développe souvent les qualités les plus actives, et il cite à l’appui Rabelais et Descartes, Béroalde de Verville et Paul-Louis Courier.
Vinet, revenu à Lausanne, a continué de développer dans tous les sens cette supériorité qui n’est plus contestée que de lui.
Ce point de vue vaudrait la peine d’être développé peut-être ; mais nous rentrons ici plus que jamais dans les types, et l’homme réel doit s’interroger de plus près.
Il est un nom célèbre qui va me suffire à résumer, à développer mon aperçu ; je m’en tiendrai à Mme Des Houlières.
Les autres ont besoin de naître en des circonstances propices, d’être cultivés par l’éducation et de mûrir au soleil ; ils se développent lentement, sciemment, se fécondent par l’étude et s’accouchent eux-mêmes avec art.
Plus le thème est simple, et plus le développement est clair ; or, dans toute cette littérature, la première obligation de l’auteur est de développer clairement le thème qu’il s’est choisi.
La vente des biens nationaux ne paraît pas avoir augmenté sensiblement le nombre des petites propriétés ni diminué sensiblement le nombre des grandes ; ce que la Révolution a développé, c’est la propriété moyenne.
Mais, indépendamment de ce talent de joueur de flûte, quand l’âge eut développé le génie poétique et la valeur héroïque du jeune berger, il paraît, par le langage subséquent de l’Écriture, que David, comme les autres prophètes de la Judée ou de l’Arabie, rejeta la flûte et prit la harpe, instrument plus viril, aux cordes graves, qui inspirait ou accompagnait toujours les vers en ces temps-là.
Il avait ainsi la forme générale de son poème : Macrobe, Ovide, Chrétien de Troyes l’aidèrent à en développer toute la matière.
Montaigne a foi dans l’éducation, pour développer, fortifier, mais aussi pour redresser la nature.
On sait quel intarissable conteur fut Alexandre Dumas799 : quelle prodigieuse et un peu puérile invention s’est développée dans les 257 volumes de ses romans, mémoires, voyages, etc.
Développons une partie au moins du contenu de ces deux propositions.
Plusieurs paragraphes de ce bref essai furent par moi, je dirais, développés juridiquement, au FIGARO du 17 août, en l’article ci-après.
Ses images toujours pleines de vérité et de vie sont plutôt indiquées que développées, et c’est avec un goût tout à fait hellénique qu’il dirige l’attention du lecteur.
Ce que peuvent nous faire connaître les nerfs des canaux, c’est la différence de pression sur les deux extrémités d’un même canal, et par là : 1° La direction de la verticale par rapport à trois axes invariablement liés à la tête ; 2° Les trois composantes de l’accélération de translation du centre de gravité de la tête ; 3° Les forces centrifuges développées par la rotation de la tête ; 4° L’accélération du mouvement de rotation de la tête.
Comment fera l’humanité, avec une liberté individuelle aussi développée que la nôtre, pour conquérir les déserts ?
Sans être du parti des solitaires, il se développe dans la même atmosphère morale que les fortes vertus des hommes de Port-Royal, que les volontés robustes et les âmes austères de ces puritains catholiques.
Platon, le divin Platon, n’a été distingué par ce surnom des autres Philosophes, que parce qu’il avoit vu de loin, comme à travers un nuage, quelques-unes de ces vérités, que l’Evangile devoit nous développer d’une façon si lumineuse.
Les quarante premiers chapitres du livre sont consacrés à développer les principes du gouvernement représentatif, et ces principes sont en général les véritables, les principes orthodoxes constitutionnels.
L’homme de nos jours qui a le mieux exécuté cette gamme surprenante de Héros de l’Europe à Ogre de Corse, c’est Fontanes, choisi pendant tant d’années pour cultiver, développer et diriger le sens moral de la jeunesse.
Ces portraits et caractères composés si savamment, mais composés et concertés, auraient pris plus de naturel et de vie ; les originaux vrais auraient apparu, se seraient développés avec ampleur et abandon, et je ne sais quel charme qui leur manque ; je le suppose toujours à l’abri du trop de facilité et de laisser-aller.
Ce thème est très fréquemment développé.
À cette intelligence près d’une langue qui était pour elle la langue de la foi et de la prière, cette compatriote de Clémence Isaure eut le bonheur de vivre ignorante, — littérairement du moins, — et ne se développa que par le sentiment et la contemplation dans la solitude.
Je t’assure que dans une attaque, on sent bien la liaison entre les armes et la participation de chacun au plan qui développe progressivement la pensée des chefs.
Le progrès de la matière vivante consiste dans une différenciation des fonctions qui amène la formation d’abord, puis la complication graduelle d’un système nerveux capable de canaliser des excitations et d’organiser des actions : plus les centres supérieurs se développent, plus nombreuses deviendront les voies motrices entre lesquelles une même excitation proposera à l’action un choix.
C’est la divine Providence qui règle les sociétés, et qui a fondé le droit naturel des gens En voyant les sociétés naître ainsi dans l’âge divin, avec le gouvernement théocratique, pour se développer sous le gouvernement héroïque, qui conserve l’esprit du premier, on éprouve une admiration profonde pour la sagesse avec laquelle la Providence conduisit l’homme à un but tout autre que celui qu’il se proposait, lui imprima la crainte de la Divinité, et fonda la société sur la religion.
Le point de vue de Schlegel sur la civilisation romantique du moyen âge est développé par Sismondi avec des restrictions conciliantes en faveur du classicisme français, et des réserves de calviniste genevois : il ne faut pas oublier en effet que Schlegel était catholique, et son esthétique aussi. […] La plus simple, la plus modérée, la plus vraie et la plus souple est probablement celle que développe Stendhal quand il voit, dans le romantisme contemporain le droit et le devoir littéraires d’une génération d’exprimer une sensibilité nouvelle par une forme d’art nouvelle, et dans le classique un ensemble de consignes qui entendent imposer à la sensibilité actuelle des formes d’art dictées par la sensibilité de générations anciennes. […] — Milly ou la Terre natale, encore une de ces épîtres où Lamartine est le maître, et le seul (il avait publié un volumes d’Épîtres plus tard fondu dans les poésies et on en a tiré encore de ses papiers tout un paquet inédit adressé à son beau-père Montherot), abondance de terre agricole qui prend naturellement avec ses vers nombreux la forme des sillons pressés et parallèles, — le Cri de l’âme, sincère et véhément, qui répond à son titre : il semble que dans la volupté de l’été toscan (presque toutes les Harmonies sont écrites l’été et l’automne) un amour, inoccupé de femmes, se tourne en ivresse mystique, se développe dans la vision de Dieu et fuse dans un panache de clarté, — le Tombeau d’une mère, poignant comme le Crucifix, — Pourquoi mon âme est-elle triste ? […] Il s’agit de faire plutôt que de dire quelque chose de nouveau, de donner un modèle de l’ode animée par une seule « idée », de développer, de transporter dans des vers la matière et l’esprit du Génie du christianisme, d’adresser à la société de la Restauration non ce que le poète a besoin de dire, comme Lamartine et Vigny, mais ce que cette société a besoin d’entendre ou plutôt désir d’entendre, ce qu’elle demandera au théâtre et à la tribune, et ce que l’ode, en attendant le théâtre et la tribune qui conviendraient mal au débutant de vingt ans, s’efforcera, avec ses moyens propres fort intelligemment compris, de lui donner.
102 Voyant l’enfant dans l’eau, il le sermonne, il développe les suites fâcheuses de l’imprudence et plaint les parents et leur condition ; « Ayant tout dit, il mit l’enfant dehors. » Et remarquez que, s’il bavarde ainsi, ce n’est pas par amour-propre, puisqu’il est seul et qu’il n’y a personne pour l’entendre ; la harangue est maintenant sa forme d’esprit ; il ne peut parler qu’en sentences. […] Pour que les moeurs puissent s’ennoblir, la pensée doit se développer ; ici l’esprit reste engourdi comme celui d’un cheval de labour, et pour les mêmes causes.
Cela ne doit point nous surprendre ; il faut au contraire s’étonner que l’oppression et la misère n’aient point communiqué au paysan russe une plus grande sauvagerie ; il le doit sans doute aux croyances que le christianisme a développées dans son esprit inculte. […] Sa voix ne tarda pas à se développer, et il entonna une chanson mélancolique. « Plus d’un sentier traverse la plaine. » Ces paroles produisirent une émotion générale.
12 avril Une chose est incalculable : le carré de bêtise que développe, à table d’hôte, Rome chez les bourgeois. […] Puis toute la palette des teints de jaunisse et de la bile dans le sang, depuis la pâleur hépatique jusqu’au bronze vert, depuis le bronze vert jusqu’à la jaunisse nègre, et des têtes de femmes, où la maladie de foie semble avoir développé une répugnante pilosité.
Mais, par contre, en pays catholique, du moins en France, l’usage de la confession, par conséquent de l’examen de conscience, pourrait bien avoir, dans une certaine mesure, contribué à développer le sens psychologique, l’intérêt porté aux mobiles psychologiques des actes ; alors que, en pays calviniste ou de sectes touchant de fort près au calvinisme, le dogme de la justification aurait dirigé la littérature, et plus particulièrement la littérature romanesque, vers une sensibilité subjective et lyrique. […] Et il est frappant singulièrement de constater que la plupart de ses romans, de ses grands romans, ne furent, dans leur état primitif, que des nouvelles : l’admirable Les Dieux ont soif (celui de ses ouvrages de longue haleine que je préférerais, si j’osais choisir) une nouvelle, parue d’abord en quelques feuilletons dans le Journal des Débats, et reprise, développée de longues années plus tard ; Thaïs, une nouvelle d’une quarantaine de pages… C’est son amie, Mme de Caillavet, qui lui dit : « Monsieur, vous êtes un paresseux ! […] Il est regrettable que Barrès n’ait pas songé à développer cet apparent paradoxe. […] Un très grand savant qui développe une hypothèse. […] Et enfin, imaginez un très quelconque fonctionnaire, médiocre, assidu à ses petits devoirs ; terre à terre : l’amour qu’il éprouvera pour une femme très pure, qui ne se donnera pas, qui mourra sans s’être donnée, développera par degrés, en lui (c’est L’Ascension de M.
Feuillet excelle, et celui-là, un peu plus développé que les autres, est aussi un des plus attrayants et des plus complets. […] Ponsard de ne pas l’avoir développée ; sa vieille fille ne fait que passer dans le drame ; elle dit quelques mots et disparaît. […] Charles Reynaud nous associe aux impressions de la vie rustique, et nous y ramène sans cesse par ce côté délicat et tendre des sentiments humains qu’effarouche le tumulte des villes et qui ne se développe librement qu’à la campagne. […] Albert de Broglie un des vainqueurs de Février, en ce sens que les enseignements et les angoisses de cette crise funeste, rencontrant dans cet esprit juvénile mille germes heureux et féconds, les ont tout à coup développés et mûris, comme ces vents d’orage qui fertilisent le sol en le bouleversant. […] Dix-huit ans plus tard, il n’en fut pas de même : ce n’était plus la société spirituelle, instruite, riche et polie qui avait vaincu ; c’était une autre classe en qui l’ivresse du triomphe devait nécessairement développer d’autres excitations, d’autres convoitises.
Il faut fabriquer sa gloire laborieusement et artificiellement ; si les origines en sont peut-être naturelles, si elle peut, à la rigueur, comme les bonnes âmes se l’imaginent, naître modestement dans l’ombre, comme la violette, elle ne se développe, ne grandit et n’attire les yeux qu’à force de bras et de machines travaillant et suant au soleil. […] Il y a trois critiques : 1° celle qui s’exerce Sur les auteurs contemporains ; 2° celle qui développe, avec des variantes légères, les jugements traditionnels sur les auteurs du passé, 3° celle qui tente de revenir à fond sur ces jugements. […] Puisque la tradition guidera plus tard les critiques conservateurs qui se borneront à développer, en le nuançant seulement de quelques retouches, le jugement du critique original, qui ne voit, si le progrès n’est pas un vain mot, qu’il faut que la tradition se renouvelle par lui ? […] Sarcey attribue, avec toute évidence, le fâcheux abandon de la grande comédie en cinq actes qui développe une sérieuse thèse morale ou étudie minutieusement des caractères, à l’heure tardive des dîners parisiens. […] En tout cela, Thomas Corneille suivait la fortune ; il ne développait pas son talent par un progrès logique ; il allait au hasard des circonstances, n’ayant d’autre méthode que d’arriver à propos et de s’accommoder au goût du jour.
Fidèle à suivre les premiers linéaments de ma méthode rigoureuse, je constatai cette observation préliminairement développée, et l’ayant appliquée ensuite à la double essence de l’art théâtral, je prends soin de la reproduire ici, relativement aux poèmes composés sur la colère d’Achille, et sur les fureurs de Roland, ou, si l’on veut des exemples récents, à l’égard de la Henriade et du Lutrin. […] Quelques personnes se souviennent peut-être avec quelle chaleur je développai le grand caractère de Caton et l’éloquence de ses harangues en faveur des lois du gouvernement établi, et contre l’audace de l’usurpation du parjure César. […] Enfin le troisième, noble, sérieux et sensible, en qui se développe une autre partie du naturel italien, concentre les merveilles de son art sur les vastes rapports de la religion, de la grandeur des états, et de la gloire. […] L’amour prend la figure du jeune Ascagne et s’assied sur les genoux de Didon qu’il enflamme : ici se développe l’appareil des exercices de Diane, et les coups du tonnerre sont au fond du bois le signal d’un hymen, source de toutes les larmes que fait couler la plus déchirante des passions. […] qu’en ce moment il m’est aisé de vous en développer la grandeur !
Alors, à quelque cent mètres des chasseurs, sur la lisière du village, une ligne de tirailleurs vêtus de gris se développe, s’allonge derrière les meules, se défile adroitement, tire et, par bonheur, tire mal. […] Et le roman, dont les péripéties se développent avec une logique pressante, séduit l’intelligence et la touche, quand il est tout animé du charitable désir de lui donner à contempler un univers et de lui épargner l’offense d’un chaos. […] L’immense erreur, d’année en année, se développe et devient, à la veille de Sadowa, triomphale. […] Ou bien, il préludait ; et la phrase de sa mélodie n’a pu se développer : du moins, les notes que nous avons entendues demeurent dans notre mémoire. […] Tout se passe comme si elles enfermaient un germe de corruption qui se développe et qui les gâte.
Gaullieur n’hésite pas à reconnaître un portrait de Mme de Charrière dans cette page du début d’Adolphe : « J’avais, à l’âge de dix-sept ans, vu mourir une femme âgée, dont l’esprit, d’une tournure remarquable et bizarre, avait commencé à développer le mien. […] Pendant près d’un an, dans nos conversations inépuisables, nous avions envisagé la vie sous toutes ses faces, et la mort toujours pour terme de tout ; et, après avoir tant causé de la mort avec elle, j’avais vu la mort la frapper à mes yeux. » Quoiqu’il y ait quelque arrangement à tout ceci, que Benjamin Constant, à l’âge de vingt ans, n’ait peut-être pas trouvé d’abord Mme de Charrière une personne aussi âgée qu’Adolphe veut bien le dire, et qu’il ne l’ait pas vue précisément à son lit de mort, l’intention du portrait est incontestable, et on ne saurait y méconnaître celle qu’on a une fois rencontrée. — « J’avais, dit encore Adolphe, j’avais contracté, dans mes conversations avec la femme qui, la première, avait développé mes idées, une insurmontable aversion pour toutes les maximes communes et pour toutes les formules dogmatiques. » On va voir, en effet, que les maximes communes n’étaient guère d’usage entre eux, et ce sont justement ces conversations inépuisables, ces excès même d’analyse, que nous sommes presque en mesure de ressaisir au complet et de prendre sur le fait aujourd’hui. […] Gaullieur, dans son introduction, a eu le soin de s’arrêter sur quelques circonstances de la biographie de Mme de Charrière, de développer ou de rectifier plusieurs points où les renseignements antérieurs avaient fait défaut.
En revanche, il a beaucoup de goût pour la morale, pour un monde que tantôt il développe avec abondance et que tantôt il condense en un aphorisme. […] Mais, faites-y bien attention, en soi-même, la rhétorique n’est autre chose qu’un ensemble de moyens, pour développer tout le contenu d’une idée, ou encore, pour donner à une idée toute sa valeur. […] Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont Sous des tentes de poil dans le désert profond : — Etends de ce côté la toile de la tente. — Et l’on développa la muraille flottante ; Et, quand on l’eut fixée avec des poids de plomb : — Vous ne voyez plus rien ?
Le temps me manque pour développer ce qu’on appelle des considérations, et je ne pourrai que vous exprimer en bien peu de mots mon approbation pour votre consciencieux travail et y joindre quelques remarques de détail sur deux ou trois points.
Il y a un épisode développé sur les États de Bretagne, sur la constitution et les troubles de cette province : les lignes majestueuses de l’histoire apparaissent.
Et pour ce que l’occasion, le lieu, le temps et commodité me sont rudes par triste prison, vous plaira excuser le fruict qu’a meury mon esperit en ce pénible lieu… » Cette lettre, avec la pièce de vers qui l’accompagne, se trouve aux pages 42 et 43 de la présente édition ; mais, en la lisant au début, on comprend mieux comment François Ier devint décidément poëte ou rimeur, et comment l’ennui l’amena à développer sinon un talent, du moins une facilité qu’il n’avait guère eu le loisir d’exercer jusqu’alors.
Sur ces échanges, on voit, à Nantes, à Bordeaux, se fonder des maisons colossales. « Je tiens Bordeaux, écrit Arthur Young, pour plus riche et plus commerçante qu’aucune ville d’Angleterre, excepté Londres… Dans ces derniers temps, les progrès du commerce maritime ont été plus rapides en France qu’en Angleterre même. » Selon un administrateur du temps, si les taxes de consommation rapportent tous les jours davantage, c’est que depuis 1774 les divers genres d’industrie se développent tous les jours davantage562.
Pareillement, dans la lutte pour vivre51 qui, à chaque moment, s’établit entre toutes nos images, celle qui, à son origine, a été douée d’une énergie plus grande, garde à chaque conflit, par la loi même de répétition qui la fonde, la capacité de refouler ses rivales ; c’est pourquoi elle ressuscite incessamment, puis fréquemment, jusqu’à ce que les lois de l’évanouissement progressif et l’attaque continue des impressions nouvelles lui ôtent sa prépondérance, et que les concurrentes, trouvant le champ libre, puissent se développer à leur tour.
Au contraire, il se renoue, se recompose et se développe indéfiniment plus haut de vertu en vertu, de sainteté en sainteté, de grandeur en grandeur, dans une société toujours croissante et toujours multipliante, pour multiplier les adorations par les adorateurs, les forces par les facultés, les vertus par les œuvres, dans cette échelle ascendante par laquelle monta le Jacob symbolique, et qui rapproche du Dieu de vie ses hiérarchiques créations !
. — Il développe ses arguments ; je me sens embarrassé. — Il réfute le sophisme, et mon embarras se dissipe. — Il amène un récit analogue au sujet ; je me sens intéressé. — Il module sa voix en accents variés qui me charment. — Il se livre à une sorte de gaieté ; je souris involontairement. — Il entame une argumentation sérieuse ; je cède à la force des vérités qu’il me présente. — Il s’adresse aux passions ; les larmes inondent mon visage. — Il tonne avec l’accent de la colère ; je frémis, je tremble ; je voudrais être loin de ce lieu terrible. » « Valori nous a laissé, sur les sujets particuliers qui occupaient l’attention de Laurent et de ses amis dans leurs entrevues au couvent de San-Gallo, des détails qu’il tenait de la bouche de Mariano lui-même.
Et vous, spectateurs routiniers, vous est-il donc impossible de comprendre qu’un héros peut plaisanter quelquefois et parler autrement qu’en vers alexandrins, qu’une action se développe bien mieux en six mois qu’en vingt-quatre heures, et que le tableau d’un supplice est plus attendrissant que le récit qu’on vient vous en faire ?
Moins il y a de matière, plus l’immatériel a de liberté pour se développer.
Tous les professeurs de sciences vous le diront comme moi… » Cette remarque très grave d’un professeur qui, sous ses yeux, chaque jour, voit se former et se développer les jeunes intelligences nouvelles, est confirmée d’une façon extrêmement forte par une lettre au ministre de l’Instruction publique, écrite par M.
C’est de cette façon uniforme, ce semble, qu’on a vu se développer la littérature française et, sauf quelques différences de détail, toutes les littératures modernes.
Ils développent certains points ; ils s’attachent à un ordre particulier d’idées ; ils l’enrichissent de quelques détails.
La composition, c’est-à-dire l’art de disposer et de développer avec ordre et proportion toutes les parties d’un sujet, de lui donner l’étendue qu’il comporte, de n’y faire entrer que les idées qui s’y rattachent, d’en écarter toutes celles qui lui sont étrangères, de l’approprier aux intelligences les moins préparées, est un art presque inconnu au seizième siècle.
Celui-là ne s’est pas avisé de la trouver timide et insuffisante, et là où nous disons par figure qu’il la domine, il ne fait que la développer par son propre fonds.
ni cette scène, quelque part (l’erreur connexe, décor stable et acteur réel, du Théâtre manquant de la Musique) : est-ce qu’un fait spirituel, l’épanouissement de symboles ou leur préparation, nécessite un lieu, pour s’y développer, autre que le fictif foyer de vision dardé par le regard d’une foule !
Sa découverte du bouddhisme a renforcé cet engagement ainsi que la théorie de la compassion développée par Schopenhauer.
Même jeune, il vivait très renfermé, bien qu’il fît preuve, assure-t-on (et je le crois sans peine), de l’esprit le plus fin et le plus gracieux, lorsqu’il consentait à s’ouvrir et à se développer.
En effet, depuis quelque temps, les livres, les journaux, toutes les expressions de la pensée publique étaient entrés plus ou moins dans la lutte religieuse entre l’organisation anglicane et les idées anglo-catholiques, développées, creusées par le Dr Pusey et ses amis.
Havelock Ellis, l’auteur de New Spirit, la même remarque, développée de la façon la plus précise.
Simples figures d’abord, ébauches où dort une âme frêle, ils se développent, ils parlent, ils prennent une fermeté de traits où l’on sent que l’heure est proche de la vie agissante.
Si les drames humains se passent surtout dans la conscience, si c’est là qu’est le véritable intérêt littéraire, ces drames sont particulièrement attachants là où la conscience est la plus complexe et la plus développée.
Je n’ai pas à développer ici une conception philosophique qui m’est personnelle ; je dirai simplement qu’à mon avis nous serrerons le problème de près en nous attachant surtout à la vie intellectuelle de l’homme ; à l’esprit de l’homme, non point dans son « essence » qui nous échappe, mais dans ses manifestations, dans son évolution séculaire, dans son progrès, dont le rythme nous apparaît.
Par ce mélange de croyances diverses qui étaient alors le trésor commun de l’esprit poétique, ils se sont souvenus de la belle prière du stoïcien Cléanthe, disant à son Jupiter : « Nulle œuvre ne se fait sur la a terre en dehors de toi, ô Dieu, ni dans les vastes conte tours du céleste éther, ni sur la mer, hormis ce que les méchants peuvent enfanter dans leur âme. » Évidemment, sous l’impression de ces nobles élans de l’antique spiritualisme païen, le nouveau réviseur de l’hymne orphique dit précisément ici le contraire des premières paroles, qu’il transcrit et qu’il développe.
la pauvre petite, elle s’engage là dans une bien grosse entreprise. « Développer, comme elle le dit, l’être humain qui est en elle…, oublier ce que disent les hommes et ce qu’on imprime dans les livres…, se faire elle-même ses idées, se rendre compte de tout…, s’assurer qui des deux a raison, d’elle ou de la société… », elle se figure que, pour exécuter ce simple programme, il suffit de le vouloir et d’y penser toute seule. […] » Et il lui adresse un hymne plein de pédanterie, d’hyperboles très soigneusement développées, et de douceur. […] Ce sont les deux points que je voudrais développer. […] Je sais bien que, sur les planches, il est convenu que cela n’est rien, que les viveurs y sont infailliblement sympathiques, et que même la vie de brutes qu’ils ont menée est censée avoir développé chez eux, toujours, une extrême générosité et une extraordinaire délicatesse de sentiments. […] Puis, ce sont des idées générales que leur simplicité théorique lui fait croire aisément réalisables ; c’est l’oubli de l’infinie complexité des choses et des dures et inéluctables conditions où se développe (comme elle peut) la vie sociale ; c’est enfin une humanitairerie à la fois idyllique et intolérante.
Le plus souvent, en effet, et selon le mouvement naturel de l’intelligence en action, — que l’on développe une doctrine par les idées ou que l’on amplifie par les mots un lieu commun, — c’est du général au particulier, c’est de l’abstrait au concret, c’est de la maxime à l’application, c’est de l’idée proprement dite à l’image, et de ce qui ne serait intelligible enfin que pour quelques-uns à ce que l’esprit le plus obtus pourra comprendre, que le développement ou l’amplification oratoires déroulent, anneau par anneau, la longue chaîne de leurs raisons ou la longue série de leurs phrases. […] Il prend son texte et le développe, comme à son ordinaire par énumération. […] Il prend son texte : Mulier erat in civitate peccatrix , et le développe par l’énumération de toutes les circonstances que l’Évangile s’est abstenu de spécifier. […] çà, paraissez, venez en présence, développez-nous les énigmes de la nature, choisissez, ou ce qui est loin, ou ce qui est près, ou ce qui est à vos pieds, ou ce qui est bien haut suspendu sur vos têtes ! […] Et pour le Légataire, comme pour Turcaret, — dont la composition est bien plus savante, à notre avis, que celle du Barbier de Séville, — il est facile d’indiquer dans Molière les deux ou trois scènes génératrices que Regnard et Lesage ont saisies, étudiées, approfondies, développées, étendues enfin jusqu’aux proportions, l’un de l’une des plus brillantes, et l’autre de l’une des plus profondes comédies du répertoire.
De même que les autres axiomes, il développe une pure supposition ; il la développe en démêlant du même entre les deux données qu’il lie, et il se ramène aux principes d’identité et de contradiction.
. — Comptez encore que vos gens sont des esprits pratiques, amateurs de l’utile, qu’ils viennent ici pour être instruits, que vous leur devez des vérités solides, que leur bon sens un peu étroit ne s’accommode point d’improvisations aventureuses ni d’indications hasardées, qu’ils exigent des réfutations développées et des explications complètes, et que s’ils ont payé leur billet d’entrée, c’est pour écouter des conseils applicables et de la satire prouvée. […] Il y a des caractères que Thackeray développe pendant trois volumes, Blanche Amory, Rebecca Sharp, et dont il ne parle jamais sans insulte ; toutes deux sont des coquines, et jamais il ne les introduit sans les combler de tendresses : la chère Rebecca !
Il y joignit ces talents corporels qui développent l’énergie de l’âme et du corps ; il devint bientôt un habitué des salles d’armes, le lion de l’escrime et l’agneau des fils de l’homme. […] » Ce délicieux passage est l’expression de l’amour le plus tendre, et nous en verrons tous les traits se développer successivement dans le cœur du Misanthrope.
Pour ma part, je les estime trop compréhensifs, trop érudits, d’une curiosité exacerbée à l’extrême, tout cela développé au détriment de leurs facultés sensitives. […] Et l’esprit critique se développa au détriment de l’angélique candeur du Poète.
Mme Daudet l’interrompt, en disant ingénument : « Je crois vraiment que je n’étais pas tout à fait développée en ce temps, je ne me rendais pas compte… » Je penserais plutôt qu’elle avait la foi des gens heureux et amoureux, la confiance que tout s’arrangerait dans l’avenir. […] À propos de la scène de Mme Bourjot avec le jeune Mauperin, que Céard a cherché à escamoter avec de la non-accentuation et de la célérité, Porel énonce qu’au théâtre, les scènes empoignables, lorsqu’elles sont écourtées, sont toujours dangereuses, que l’auteur n’a pas le temps ni la place d’y défendre ses idées, et que ces scènes, au lieu d’être abrégées, brûlées, doivent au contraire être développées bravement, carrément.
« Je suis de ceux qui pensent et espèrent qu’on peut supprimer la misère », disait-il à l’Assemblée législative. « Amoindrir le poids du fardeau individuel en accroissant la notion du but universel, limiter la pauvreté sans limiter la richesse, … en un mot, faire dégager à l’appareil social, au profit de ceux qui souffrent et de ceux qui ignorent, plus de clarté et plus de bien-être, c’est là la première des obligations fraternelles, c’est là la première des nécessités politiques208. » Il faut pour cela, selon lui, « 1° démocratiser la propriété, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire ; 2° mêler l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faire de la science la base de la virilité, développer les intelligences tout en occupant les bras209 ». […] C’est une répartition faite par le boucher, qui tue ce qu’il partage211. » Hugo admet d’ailleurs une sorte de droit moral au travail : « Le travail ne peut être une loi sans être un droit212. » C’est-à-dire que la loi sociale, « restreignant l’activité de chacun par le respect du droit d’autrui et lui permettant de se développer non dans le sens de la déprédation, mais uniquement dans le sens du travail personnel, admet implicitement l’universelle possibilité de ce travail ; le devoir de justice suppose ainsi le pouvoir de travailler ».
Mais ce n’est pas dans le détail seulement, c’est dans l’ensemble qu’il importe, et qu’il développe des qualités et des défauts d’érudit. […] Il n’importe pas non plus que ces thèses, toutes fondées sur le droit divin de la passion, soient fausses pour la plupart, et quelques-unes d’autant plus dangereuses qu’elles sont plus éloquemment développées ! […] Développez le contenu de cette exclamation ; prolongez la confession ; mettez de l’ordre dans la confusion lointaine de ces réminiscences ; — vous avez le procédé dont nous parlons. […] Sauf ce point, sauf peut-être aussi qu’on peut trouver trop longue, puisqu’elle m’est pas essentielle à la suite du récit, l’histoire de la jeunesse et du premier mariage de Charles Bovary, — mais ceci serait discutable14, — l’œuvre était composée comme une œuvre classique, fondue d’un jet, ferme en son assiette, une, rapide, admirablement développée. […] Bonnes ou mauvaises, une fois commises, nos actions existent ; et elles se développent, indépendamment et au dehors de nous, comme des enfants échappés à la tutelle domestique, et qui souvent ressemblent si peu à leur père qu’au contraire ils se dressent en face de lui, dans sa propre maison, comme une vivante contradiction.
Après avoir largement participé à la vie générale des êtres, l’homme sentit se développer en lui la vie spirituelle. […] Influence du christianisme : comment il se sert du réalisme didactique ; comment il laisse se développer le réalisme indifférent ou naturalisme. […] Dans l’art même on peut s’adresser aussi bien à la miniature qu’à la sculpture ou à la peinture : partout les mêmes sujets se retrouvent, partout les mêmes tendances se développent avec un parallélisme surprenant. […] La philosophie positive est la grande inspiratrice de l’art qui s’est développé chez nous depuis 1851 jusqu’à ce jour et qui a reçu expressément en peinture le nom de « Réalisme ». […] Mais plus il se sentait près d’être écrasé par elle, plus s’élevait et se développait dans son âme une puissance de vie indépendante de toute influence extérieure » ; et cette impression est si forte que le héros se livre à l’expansion d’un enthousiasme curieusement mélangé de dédain hautain et sarcastique : “Ah !
Par quelle rhétorique naturelle il développait et précipitait ces raisons, et comment l’avocat s’élevait jusqu’aux cimes de l’éloquence politique, il m’est plus aisé de ne pas l’oublier que de l’exprimer. […] III Qui sait si ce langage caché dans une lettre confidentielle, emmiellé de choses flatteuses, court à l’endroit des critiques, développé aux louanges, n’eût pas ramené Quintius à lui-même, et changé la vanité qu’il avait de ses avantages mondains en une confiance virile en ses qualités ? […] J’insistai vainement pour qu’il développât sa pensée ; je n’en pus rien tirer de plus. […] La guerre fait partie de l’ordre établi par Dieu ; elle développe les plus nobles vertus de l’homme.
De ce dernier, notamment, Racine développe et l’on peut dire qu’il invente le caractère et le rôle. […] Racine n’aura qu’à cultiver et développer en lui ce don de composition exacte et d’analyse lucide et, pour le style, ce don de simplicité précise et souple et de violence enveloppée sous une forme harmonieuse ; et, s’il rencontre alors un sujet qui l’émeuve à fond, il écrira Andromaque. […] Et il le développe en quelques vers. […] Le « récit du cinquième acte » est, pour la première fois, très développé et très travaillé. […] Son rôle est peu développé, et le poète ne craint pas de la rendre abominable : c’est elle qui dénonce elle-même Hippolyte par une lettre qu’elle écrit à son mari avant de se pendre.
Magnin était dès lors à la Revue des Deux Mondes, et c’est de ce côté que sa faculté littéraire et critique allait désormais trouver un ample espace et un cadre heureux pour s’étendre et se développer.
DE TALLEYRAND49. » Le baron de Gagern, après avoir inséré cette lettre plus développée que d’habitude et définitive, ajoute : « Je compris qu’une pareille correspondance pouvait avoir pour lui des côtés fatigants, et je ne lui écrivis plus. » Cependant il restait à régler d’autres comptes, et dont M. de Talleyrand devait se préoccuper davantage.
Jocelyn, c’est Paul lui-même, c’est Lamartine à cet âge, c’est notre adolescence à tous dans sa fleur d’alors développée, épanouie.
Shakspeare y est nommé avec des restrictions, mais avec une bienveillance précoce ; c’est un germe déposé que plus tard, la saison aidant, il développera.
Cet instinct est surtout développé dans tous ces êtres chantants par les circonstances intérieures ou extérieures de leur vie, par l’âge, par les climats, par les saisons.
« S’agit-il de se conserver, de se reproduire, de se développer dans cette espèce de végétation lente et insensible que les peuples ont comme les grands végétaux ; s’agit-il de se maintenir en harmonie avec le milieu européen, de garder ses lois et ses mœurs, de préserver ses traditions, de perpétuer les opinions et les cultes, de garantir les propriétés et le bien-être, de prévenir les troubles, les agitations, les factions : la monarchie est évidemment plus propre à cette fonction qu’aucun autre état de société.
J’espère que cette caisse ne déplaira pas trop à Votre Éminence, et qu’en respirant le parfum de ces fleurs, qui se développeront peut-être encore davantage sous l’heureux climat et dans la chaude atmosphère de Rome, vous daignerez songer quelquefois à un homme qui sera toujours reconnaissant des services rendus.
Les Ptolémées, en Égypte, développent la nature ; les Romains, en soumettant le monde occidental, préparent à Pline les moyens de le décrire.
Ces réserves faites, je demeure partisan des prix littéraires, si je considère qu’ils permettent tout de même d’aider quelques écrivains, mais je suis moins ferme en mon parti quand j’examine les mœurs qu’ils ont introduits, ou développés et exaspérés, chez certains auteurs et certains éditeurs, quand je prévois quels instruments d’injustice fatale ils peuvent devenir pour ceux qui n’en ont point obtenu.
En même temps le chef de la Pléiade développait dans d’ingénieuses théories les principes de l’Illustration, Du Bellay s’était borné à demander « une forme de poésie plus exquise. » Ronsard, après avoir osé nommer les genres, en donnait la poétique.
Il se forma naturellement une petite ville autour de l’évêché ; mais la ville laïque, n’ayant pas d’autre raison d’être que l’église, ne se développa guère.
Si par « Wagnérisme », au contraire, l’on entend désigner cette communauté de goûts et de sentiments qui rassemble une collectivité d’amateurs et de connaisseurs dans un même respect, sinon dans une égale admiration de ces œuvres, on peut affirmer que le Wagnérisme a droit de cité parmi nous, qu’il s’y est développé de bonne heure, qu’il y a son histoire.
Coupons un polype ou un ver en plusieurs morceaux, chaque morceau continuera à vivre et à se développer ; et cependant nous ne pouvons supposer qu’en pareil cas nous avons coupé le principe vital eu plusieurs principes.
D’autres fois s’y développe un mouvement nombreux et rythmique.
En apparence, ses mœurs, ses manières, ses dehors, son langage, sont les mêmes que ceux du vrai monde ; mais approchez, et les fêlures paraissent, les dissonances éclatent, les vernis s’écaillent, les fausses positions se trahissent, les fortunes scandaleuses montrent le vert-de-gris qui les ronge, les corruptions fardées développent leurs miasmes.
Chez certains animaux, la sélection pourra développer des organes qui ne se produiront pas chez d’autres, par exemple, un organe excitable à l’électricité, une mémoire de l’électricité69.
Une langue est toujours pure quand elle s’est développée à l’abri des influences extérieures.
J’ai développé quelquefois ses pensées, et j’y ai ajouté quelques transitions, pour ne pas trop heurter notre goût. à cela près, j’ai conservé autant que j’ai pû ses idées, son ordre, son esprit de narration, la hardiesse de son style, et quelquefois son excès, sur-tout dans l’ode où je le fais parler lui-même, et dont je ne dis rien ici pour ne pas répéter l’argument qui la précéde.
Mais, à mesure que l’esprit humain se développa, à mesure que l’on trouva les paroles qui signifient des formes abstraites, ou des genres comprenant leurs espèces, ou unissant les parties en leurs entiers, les expressions des premiers hommes devinrent des figures.
(Il est vrai qu’on peut alors développer le contenu de ces mots « jeunesse et amour », et que cela ne laisse pas d’être long.) […] La reprise du Lion amoureux nous a montré une fois de plus que l’honnête Ponsard, tant raillé, est un bon et solide auteur dramatique, un de ceux qui parlent le mieux aux plus honorables instincts de la foule, un de ceux qui savent, le plus habilement et le plus naïvement à la fois, lui enseigner l’histoire simplifiée, lui donner les plus nobles et les plus claires leçons de vertu, lui développer les plus beaux traits de « morale en action », et la renvoyer, après un dénouement heureux, satisfaite, tranquille et toute pleine de bons sentiments dont elle se sait gré. […] Iza est, dans le livre, un exemplaire fort présentable de la « guenon du pays de Nod ». — D’un autre côté, les parties très nobles du caractère de Clémenceau nous sont beaucoup mieux expliquées et développées, et aussi ses tristesses d’enfant naturel (encore que nous ayons, surtout aujourd’hui, quelque peine à y entrer) et la part qu’elles ont eue dans la formation de son caractère et de son idéal moral. […] Henri Meilhac consentirait à se surveiller un peu, à ne traiter qu’un sujet à la fois et à en développer tout le contenu, il plairait à tout le monde et retrouverait les éclatants succès de jadis. […] Et qui empêcherait de les mener à l’Hippodrome, où l’histoire ancienne et l’histoire de France leur seraient développées en tableaux vivants ?
Il devenait nécessaire à M. de Bonald de développer son idée, et c’est ce qu’il a fait dans une excellente dissertation qui se trouve au second volume de son ouvrage. […] Nous sommes alors moins propres à la société, mais notre sensibilité se développe aussi davantage. […] Cet élément des fausses croyances une fois développé, on vit s’ouvrir la vaste carrière des superstitions humaines. […] Son bon naturel se développait avec son intelligence, et on le trouvait plus aimable à mesure qu’il devenait plus savant. […] Nos facultés ne se développent jamais d’une manière aussi heureuse, que lorsque le cœur est rempli des sentiments les plus doux.
Les raisons politiques, tirées de l’état présent des esprits, ne manquaient pas à l’argumentation de Camille Jordan : il les développait pleinement et les mettait en lumière ; mais elles étaient vraies alors et avouées, ces raisons de prudence sociale et de sagesse, partout autre part qu’au sein des corps officiels, pour qui l’intérêt personnel et l’instinct de conservation offusquaient le droit, et qui, sans cesse sur la défensive et se sentant menacés, n’avaient de prochain salut et de ressource que dans une crise violente. […] « Voilà ce qui fut, avec notre intention expresse, l’intention moins développée, mais réelle, de la majorité du peuple, ce qui forme de ce vote un contrat tacite entre la nation et son chef, ce qui seul, aux yeux d’une raison sévère, peut justifier le don que nous lui fîmes… » L’écrit de Camille Jordan est donc l’œuvre d’une haute raison restée libérale.
D’autres inspirations, d’autres penchants plus ou moins nobles, sont venus à l’ensemble de la société, et, favorisés de toutes parts, agréés par les gouvernants comme des garanties, ils se développent avec une rapidité presque effrénée, qui ne permet pas le retour. […] Cet instant d’embarras à part, la conduite de La Fayette rentre bien vite dans sa rectitude incontestée, et elle se rapporte, durant toute la Restauration, à des sympathies générales trop partagées et encore trop récentes pour qu’il ne soit pas superflu de rien développer ici.
Il l’étiré et la concentre, la coupe en brusques phrases ou la développe en périodes nombreuses, avec un ordre merveilleux, une certitude incomparable, une propriété infaillible. […] On rencontre par endroits dans Éloa de ces longues comparaisons qui, au lieu d’éclaircir la pensée par une métaphore qui s’y ajoute, se développent pour elles-mêmes en virtuosité. […] Ce sentiment a trouvé, de nos jours, un appui merveilleux dans la presse et tout ce qu’elle comporte de moyens d’information, hâtifs, parfois, mais serviables à ce goût qu’elle développe à mesure qu’elle le satisfait. […] Il se développe méthodiquement. […] La rupture entre les colonies d’outre-mer et la métropole insulaire se fit logiquement et naturellement quand celles-ci eurent acquis un ensemble de forces vitales personnelles qui comportèrent avec elles l’obligation de se développer librement.
Lebrun, est certainement ce qu’on a écrit en vers de plus développé et à la fois de plus soutenu sur le grand homme avant que M.
M. de La Rochefoucauld, pour la guider dans la politique, n’y était pas assez ferme lui-même : « Il y eut toujours du je ne sais quoi, dit Retz, en tout M. de La Rochefoucauld. » Et dans une page merveilleuse où l’ancien ennemi s’efface et ne semble plus qu’un malin ami133, il développe ce je ne sais quoi par l’idée de quelque chose d’irrésolu, d’insuffisant, d’incomplet dans l’action au milieu de tant de grandes qualités : « Il n’a jamais été guerrier, quoiqu’il fût très-soldat.
Celui qui réussit, c’est Racan, qui développe et déploie l’épigramme ancienne, et en fait tout un tableau étendu, équivalent ou supérieur, avec une touche aisée d’originalité et comme une large teinte de soleil couchant répandue sur l’ensemble.
. — L’aptitude aux idées générales est tout à fait développée, et en effet, pendant ce mois (le vingt et unième mois), il apprend, comprend, répète et même associe tout d’un coup quantité de mots nouveaux.
XXIV À gauche de la plate-forme du temple et des murs de la ville, la colline qui porte Jérusalem s’affaisse tout à coup, s’élargit, se développe à l’œil en pentes douces, soutenues çà et là par quelques terrasses de pierres roulantes.
L’ouvrage se compose de quatre parties, divisées elles-mêmes en livres : La première partie traite des Dogmes et de la doctrine ; La seconde développe la Poétique du Christianisme ; La troisième continue l’examen des Beaux-Arts et de la Littérature dans leur rapport avec la Religion ; La quatrième traite du Culte, c’est-à-dire de tout ce qui concerne les cérémonies de l’Église et de tout ce qui regarde le Clergé séculier et régulier.
Enfin, pour épuiser les réserves, l’action marche, les situations se compliquent, sans que le caractère de Mérope se développe.
Je trouvai en lui l’homme le plus capable, de développer cette aptitude.
Cette fois, ils s’émeuvent et ils se déclarent : l’idée de justice, qu’ils portaient en eux, s’est développée avec leur puissance.
Il a une bonne gaîté et un rire d’enfant qui sont contagieux, et dans le contact de la vie de tous les jours, se développe, en lui, une grosse affectuosité, qui n’est pas sans charme.
XV Cependant l’enfant se développait dans la société des femmes et des hommes les plus illustres, amis de sa mère, et entre autres de M. de Chateaubriand et de madame de Staël ; elle dépassait en charmes et en talent tout ce que le cœur d’une mère avait rêvé.
Il a voulu développer les plantes funestes et qui portent le signe du mal dans leurs formes inquiétantes.
Ce sens ne me nuit point par son illusion ; Mon âme en toute occasion Développe le vrai caché sous l’apparence ; Je ne suis point d’intelligence Avecque mes regards peut-être un peu trop prompts, Ni mon oreille, lente à m’apporter les sons.
C’est un esprit intéressant, d’ailleurs, plus volontaire qu’inspiré, qui se développe dans des efforts très laborieux.
Vous verrez le reste dans son livre, notamment avec quelle excellence d’arguments il redresse, touchant Aristophane, les théories de l’allemand Schlegel, qui fut bien le plus sot des hommes à idées générales ; et comment les comédies d’Aristophane ne sont bien, au fond, que des pamphlets, d’une composition secrètement assez serrée, et qui courent à un but déterminé malgré les écarts apparents ; mais, au reste, pamphlets de poète, tout débordants d’imagination, féconds en hyperboles et en métaphores réalisées et développées, c’est-à-dire en symboles… Oui, l’aristocrate à tête étroite, l’ennemi de Périclès, de Phidias, de Socrate et d’Euripide, est un poète considérable et, très souvent, un délicieux écrivain. […] Barberine et Carmosine, par exemple, ne sont sans doute aussi que des contes écrits dans une forme dramatique : Mais ces contes bleus comportent des situations qui pouvaient être développées, et que le poète n’a pas manqué de développer en effet ; les « scènes à faire » y sont faites. […] Ils ont trouvé plus commode de laisser cette haine de femme et de comédienne éclore et se développer pendant un entr’acte. […] Vous m’appelez juif : c’est vous les juifs. » Et il développe tranquillement cette proposition à l’aide d’arguments nombreux et précis.
Et, dès l’instant où l’œuvre nouvelle, animée de sa vie propre, commençait à propager parmi les générations des hommes un rêve d’amour et d’harmonie, il la suivait dans son progrès et dans ses destinées, il la regardait vivre, se développer, s’enrichir au contact des idées, influer sur les mœurs et accroître d’une quantité malaisément calculable le trésor commun de l’humanité. […] Il est inexact d’attribuer les dernières victoires des Prussiens à telle ou telle branche de leur système militaire, et ce serait faire injure au vainqueur que de chercher dans l’excellence même d’un système l’unique explication des événements de l’été dernier… Ce qu’il nous importe de dire et ce que nous croyons vrai, c’est que si la Prusse a pu presque instantanément mettre en ligne une armée considérable, très instruite, bien commandée, complètement pourvue et, à défaut d’expérience, animée du plus vif sentiment de l’honneur ; si elle a pu opérer à la fois sur l’Elbe, sur le Mein, dans la Thuringe, et, tout en dispersant les levées de la Confédération germanique, envahir la Bohême avec des troupes supérieures en nombre et en organisation aux légions vaillantes et aguerries que lui opposait l’Autriche, elle doit ce grand résultat aux institutions militaires qu’elle a su maintenir, coordonner, développer pendant la paix. » Et il ajoute : « Les institutions militaires ne donnent pas, ne garantissent pas la victoire ; elles donnent le moyen de combattre, de vaincre ou de supporter des revers. […] Elle a pu développer les germes infectieux que contenait l’organisme de l’oligarchie censitaire. […] D’avance, il souscrivait à cette phrase d’André Chevrillon : Le gentleman anglais, développé au grand air, tranquillement assis sur quelques fortes idées morales, est un des spécimens accomplis de notre humanité, par sa noblesse et par son bonheur 62.
Ses plans sont variés, ses caractères sont suivis, bien développés, vigoureusement tracés. […] … Mais il fallait quelque temps pour que le génie du grand poëte pût développer dans l’âme des spectateurs l’amour de la bonne et saine littérature, et pour que les auteurs consentissent à abandonner les niaiseries sentimentales, les expressions ridicules, les pensées barbares et révoltantes, pour adopter franchement le langage noble et élevé que Racine allait bientôt polir encore, en lui faisant atteindre un dernier degré de pureté. […] La Champmeslé avait prié l’auteur de lui créer un rôle dans lequel seraient développées toutes les passions. […] On raconte que madame de Maintenon, qui voulait développer le goût de la belle poésie chez les jeunes élèves de Saint-Cyr, se trouva un jour dégoûtée des mauvaises pièces que mademoiselle de Brinon, première supérieure de ce grand établissement, faisait représenter aux jeunes filles.