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64. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

l’auteur des Fleurs du mal n’est pas un Caton. […] Il est évident que l’auteur n’est pas dupe de cette drogue à laquelle il a goûté. […] Moi, je demanderai la permission d’écarter le livre, et d’aller à l’auteur, que j’aime ! […] l’auteur des Fleurs du mal, et ne pouvait peut-être guères plus être autre chose. […] L’auteur, qui est poète, entend admirablement les mises en scène de son idée.

65. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Cet auteur, d’une incontestable originalité, d’un immense savoir et d’une rare intelligence au travail, peut passer pour exemple de ce qu’une seule mauvaise qualité peut faire perdre à une réunion de facultés éminentes. […] Les pamphlets de Furetière, en raison de la supériorité du talent de l’auteur, qui en a fait de véritables modèles en ce genre d’écrits, ont naturellement survécu à ceux de ses adversaires. […] Nous avons vu déjà comment, jusqu’à nos jours, l’Académie a persisté à ne voir dans l’auteur du Dictionnaire universel qu’un misérable voleur : tant est vivace et profonde la haine des corps constitués ! […] Les deux auteurs se rencontrent néanmoins dans une intention commune de réaction contre le romanesque guindé et emphatique des Scudéry, des Gomberville et des La Calprenède. […] Trissotin n’est pas plus ridicule comme cuistre qu’ennemi des courtisans ; c’est un bourgeois goguenard ; lui et son acolyte Vadius sont des pédants en us, c’est-à-dire des auteurs écrivant pour leurs pareils, et point pour la cour.

66. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

L’Auteur d’un Pamphlet, intitulé, Addition à l’Ouvrage des Trois Siecles, s’est consumé en petites remarques plus petitement exprimées encore…. […] On eût desiré, par exemple, voir dans notre Ouvrage moins d’Auteurs Jésuites, & qu’on n’eût pas tant loué ceux qui se sont fait une réputation dans les Lettres. […] Lorsqu’il a été question de louer ou de blâmer, nous n’avons considéré ni la célébrité des Auteurs, ni le nombre de leurs partisans, ni celui de leurs adversaires. […] Combien même d’Auteurs médiocres que nous eussions peut-être mieux fait de passer sous silence ! […] Notre seul but a été de donner une idée des talens des Auteurs, & d’appuyer cette idée sur leurs Ouvrages les plus connus ou les plus caractéristiques.

67. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

La vie que menait l’auteur dans ces lieux peuplés de souvenirs, on se la figure sans peine. […] Ces fantômes apparurent à l’auteur. […] Quand l’idée qu’on vient de dérouler apparut à l’auteur, il songea sur-le-champ que cette double intervention était nécessaire à la moralité de l’œuvre. […] L’auteur résolut donc de composer son drame en trois parties. […] L’auteur le fera peut-être quelque jour.

68. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Tout est charge, même les situations que l’auteur n’invente pas, mais qu’il gâte. […] Quant au style de l’auteur de Germaine, c’est du strass monté dans du Ruolz. […] Maître Pierre, que l’auteur a publié depuis, est un livre presque réussi. […] Voilà incontestablement le mérite de l’auteur de Maître Pierre. […] Nisard, il y a un siècle, mais qui est l’utile… du moins pour son auteur, car toute la question est là pour M. 

69. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

la civilisation ronge davantage, voilà les parentés intellectuelles de l’auteur de Miréio, le poète, et du moraliste qui a écrit le roman qui s’appelle : — Le Marquis des Saffras ! […] Lui, l’auteur du Marquis des Saffras, — mot patois qui dit, même avant que le livre soit ouvert, quelle est la variété de paysan à laquelle il a consacré ses facultés d’observation et de peinture, — lui donc, l’auteur du Marquis des Saffras, sait parfaitement qu’il n’y a pas plus de paysans en général que d’hommes en général, et que, quand on se sert de ce mot-là, fût-on Balzac lui-même, il faut ajouter une épithète au substantif et particulariser comme la nature. […] Et d’ailleurs, si pour être vrai il faut être calme, qui jamais fut plus calme que l’auteur du Marquis des Saffras ? […] Impersonnel et désintéressé de tout, excepté de la perfection dont l’idée est à l’état d’étoile fixe dans son esprit, l’auteur du Marquis des Saffras est un artiste d’une sérénité infinie, que le temps n’a pas rendu spectateur comme le vieux Goethe, car il est jeune, mais qui est né contemplateur. […] L’auteur du Marquis des Saffras ne peint pas comme il peint (par eux-mêmes) que des types individuels, très-curieux, très-originaux, et cependant très-humains et très-vrais.

70. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

On a pris le ton du genre pour une qualité individuelle du livre et de l’auteur. […] Le génie de Corneille déborde tout, et l’agrafe de son vers ne le retient pas même à son auteur, — évidemment cet homme-là n’est pas fait pour suivre. […] Nous sommes, nous, très coulants sur ces sortes de questions : quel fut l’auteur de l’Imitation ? quel fut l’auteur de l’Internelle Consolacion, ces deux anonymes ? […] Gerson, à notre estime, ne fut ni l’auteur de l’Imitatio Christi, ni celui de l’Internelle Consolacion.

71. (1925) Comment on devient écrivain

On n’arrivera jamais à comprendre pourquoi tel auteur se vend et pourquoi tel autre auteur no se vend pas. […] On ne parle plus que traités, droits d’auteurs, tirages. […] L’auteur n’a aucun talent », on fait de la critique littéraire. […] Il y a peu d’auteurs qu’il n’ait pas compris.‌ […] Galeotti fut l’auteur et le livre.

72. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Il est certain encore que ses Adversaires n’ont jamais pu lui contester le mérite des talens : il faudroit être bien injuste ou bien aveugle, pour ne pas convenir, après la lecture de ses Ouvrages, que peu d’Auteurs parmi nous ont l’esprit aussi vigoureux, le goût aussi sûr, & le style aussi piquant. […] Il ne manque au Poëme de la Dunciade, du même Auteur, qu’un peu de gaieté, pour être un chef-d’œuvre d’esprit & de poésie : trop d’âcreté dans la Satire, en émousse le sel & l’agrément. […] L’Auteur décele trop l’envie qu’il a de blesser ; ce qui inadispose les Lecteurs contre lui, loin de les muser : de sorte qu’en y déchirant presque tous les Gens de Lettres, il n’a eu la satisfaction d’en affliger aucun, comme l’a dit un homme de beaucoup d’esprit. […] Ce n’est pas assez que la Critique soit exacte, saine, lumineuse ; il faut éviter un air de délectation qui prévient contre l’Auteur, & amuse plus qu’il ne persuade. […] Et puis allez, trop crédules Lecteurs, Juger, par leurs Ecrits, de l’ame des Auteurs !

73. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

L’extrait de correspondance qu’on publie porte sur le livre du Pape et sur celui de l’Église gallicane, qui en formait primitivement la cinquième partie et que l’auteur avait fini par en détacher. […] Il me semble qu’il introduirait fort bien le livre dans le monde, et qu’il ne ressemblerait point du tout à ces fades avis d’éditeur fabriqués par l’auteur même, et qui font mal au cœur. […] Vous diriez qu’une confiance illimitée a mis entre vos mains l’ouvrage d’un auteur que vous ne connaissez pas, ce qui est vrai. […] Les auteurs et les autorités les plus disparates se trouvent comme rangés en bataille et sur la même ligne ; M.  […] Si l’on demandait à l’auteur des conclusions un peu générales, on les trouverait singulièrement disproportionnées à l’appareil qu’il déploie : « J’ai montré, dit-il en finissant, M. 

74. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Bernard-Derosne, le traducteur de Lawrence, nous a donné sur son auteur une note que je trouve un peu sèche. […] Inspiration ou imitation, mais imitation qui par sa spontanéité vaut nature, l’auteur de Guy Livingstone est un byronien incontestable, et c’est peut-être le plus byronien des écrivains que, depuis la mort de Byron, ait produits l’Angleterre. […] Au moins, si les caractères créés par l’auteur de Guy Livingstone sont coupables, leurs fautes ou leurs crimes ont de la grandeur. […] L’auteur ne s’est point épuisé dans le rendu prodigieux de la force physique et morale, de la force complète de son héros. […] J’ai dit plus haut que l’auteur de Guy Livingstone était, comme tous les grands écrivains de son pays, un fils de la Bible, qui est la magna parens de tout ce qui est supérieur en Angleterre.

75. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Lawrence, nous a donné sur son auteur une note que je trouve un peu sèche… Selon cette note, qui n’est pas assez une notice, M.  […] Emile Montégut, assez vigoureuse pour compromettre cet écrivain à la Revue des Deux-Mondes, ce journal du pédantisme bourgeois, où, comme l’on sait, les dandys sont peu en honneur… Dandy lui-même pour le compte de son auteur, M.  […] Au moins, si les caractères créés par l’auteur de Guy Livingstone sont coupables, leurs fautes ou leurs crimes ont de la grandeur. […] L’auteur ne s’est point épuisé dans le rendu prodigieux de la force physique et morale, de la force complète de son héros. […] J’ai dit plus haut que l’auteur de Guy Livingstone était, comme tous les grands écrivains de son pays, un fils de la Bible, qui est la magna parens de tout ce qui est supérieur en Angleterre.

76. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Destinés à paraître dans un journal sous cette forme de roman-feuilleton qui peut se permettre tant de hors d’œuvre et de bavardages, les romans actuels de Feydeau sont tout aussi victimes de la forme qu’ils ont revêtue que des idées fausses et des facultés décroissantes de leur auteur. […] », l’auteur l’ayant mise là, nous dit-il, toujours en capitales : « seulement pour lui-même (égoïste, val) et quelques-uns de ses amis ». […] Après la représentation exacte de ce qui est, il y a encore la manière de peindre, qui fait l’artiste, et qui n’est déjà plus la même, par exemple, dans Ernest Feydeau l’auteur de Fanny, et Ernest Feydeau l’auteur de M. de Saint-Bertrand, le roman-feuilleton ! […] tout cela peut être exact, mais si, au lieu d’avoir cet unique souci de l’exactitude, l’auteur avait su se servir des notions de cette dissertation pour en tirer des effets de pittoresque ou de drame, il aurait fait de l’art intéressant et non pas une ennuyeuse nomenclature. […] Le style (nous ne voulons rien oublier), le style dans lequel tout cela est écrit s’est desséché comme la tête de l’auteur sous sa théorie de l’exactitude.

77. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

Il existe des œuvres où l’auteur exprime directement ses émotions, ses idées, ses tendances. […] Appelons-la analyse mixte, et définissons-la en disant qu’elle consiste à chercher comment l’auteur a représenté la vie. […] Cette analyse des moyens d’expression employés par un auteur portera d’abord sur la structure de l’œuvre. […] C’est la combinaison personnelle à l’auteur de tous les moyens d’expression qu’il a trouvés à sa disposition ou inventés lui-même. […] Ainsi, l’on cherchera quels sont les procédés de description d’un auteur.

78. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

croyez-le bien, il a tout fait pour ne pas réussir, l’auteur des Deux Masques, cet écrivain de race, d’éducation, de développement continu, infatigable et superbe ! […] Tel est le plan de l’ouvrage, tel est le demi-cercle, comme on dit en escrime, dans lequel l’auteur des Deux Masques a vigoureusement ramassé tout l’art dramatique de l’esprit humain. […] Cet homme, mort sans la gloire et d’autant plus qu’il était fait pour elle, est Édelestand du Méril, l’auteur d’une Histoire de la comédie chez tous les peuples, livre énorme d’érudition et de sagacité littéraire, et que malheureusement la mort de l’auteur interrompit. […] L’auteur des Deux Masques n’a point le pinceau bondissant de l’auteur des derniers volumes de l’Histoire de France, — ce coup de pinceau heurté qui est le coup de baguette du magicien. […] On descend enfin, quelque jour, du zénith… Après ce livre des Deux Masques, je ne vois pas très bien ce que, sans se transformer, sans changer entièrement de nature, pourrait devenir maintenant le talent de son auteur.

79. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Lesage procédait un peu comme les auteurs de ce temps-ci, comme les auteurs de presque tous les temps. […] L’amour-propre d’auteur est peint chez le bon vieillard dans tout son relief et toute sa naïveté béate, et avec un reste de mansuétude. […] On y trouve un aperçu des goûts littéraires de l’auteur, quand il nous montre son personnage dans la bibliothèque de son château de Lirias (un château en Espagne), prenant surtout plaisir aux livres de morale enjouée, et choisissant pour ses auteurs favoris Horace, Lucien, Érasme. […] Les auteurs de tragédies et d’odes le lui ont rendu ; Jean-Baptiste Rousseau a passé toutes les bornes quand il a écrit à Brossette : « L’auteur du Diable boiteux ne pouvait mieux faire que de s’associer avec les danseurs de corde : son génie est dans sa véritable sphère. […] Si l’imagination de l’auteur anglais n’a pas embelli les lieux, Lesage avait trouvé dans son faubourg l’ermitage du poète et du philosophe.

80. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

On ne trouve chez un auteur que ce qu’y ont laissé les auteurs précédents. […] Je ne crois pas devoir séparer les auteurs français des auteurs russes. […] Quelle est la filiation de cet auteur ? […] Jean Aicard, considéré comme poète, romancier et auteur dramatique. […] Bien des auteurs se ressemblent et se confondent.

81. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Il y a des minuties puériles, des faits avancés d’après les auteurs les plus crédules, des fables rabbiniques indignes de toute croyance. […] Cet auteur respecte la religion, & il différe en cela de Bayle. […] L’érudition de l’auteur est immense ; mais son style est dur, amer, & ses phrases épuisent la poitrine. […] L’auteur, M. […] Cet ouvrage, dans lequel on a recueilli les morceaux les plus agréables & les plus utiles de ces deux auteurs, ne renferme qu’un certain nombre d’articles choisis, traités avec plus ou moins d’étendue, suivant ce que l’auteur a trouvé à en dire de nouveau.

82. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Jusqu’à ce que le public ait placé les ouvrages d’un auteur moderne dans le rang dont j’ai parlé, sa réputation peut toujours augmenter. […] C’est ce que signifie au pied de la lettre l’épigramme de Martial, où cet auteur a parlé poëtiquement, et que les poëtes qui ne réussissent pas citent si volontiers. […] Or, tout le monde sçait bien que l’éneïde est de ces ouvrages qu’on appelle posthumes, parce qu’ils ne sont publiez qu’après la mort de l’auteur. […] Le mérite de comparaison consiste à toucher autant ou plus que certains auteurs dont le rang est déja connu. […] On ne trouve pas dans ses vers d’idée sublime ni même des tours d’expression heureux ni de figures nobles, qu’on ne retrouve dans les auteurs grecs et latins.

83. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Royer-Collard, complimentant l’auteur qu’il voyait pour la première fois, put lui dire que « son livre était le livre politique le plus remarquable qui eût paru depuis trente ans ». […] À tout moment les exemples manquent à l’auteur pour illustrer ou pour animer ses pages ; le conseil est d’ordinaire juste et bien donné, mais il est court, et rien ne le relève. […] Il n’y a donc rien d’étonnant que le lecteur même attentif soit partagé quelquefois comme l’auteur, et qu’il éprouve quelques-uns des embarras dont celui-ci a eu à triompher. […] Dans son effroi de la centralisation, l’auteur en vient à méconnaître de grands bienfaits d’équité dus à Richelieu et à Louis XIV. […] La sincérité de l’auteur en ressort d’autant mieux.

84. (1886) Le naturalisme

Leurs auteurs étaient contemporains de Herrera, de Mendoza, et des Luis. […] Seul le talent de l’auteur est extraordinaire. […] L’auteur s’est proposé de faire une démonstration. […] Cette action mutuelle de l’auteur sur le public et du public sur l’auteur favori, explique assez les erreurs que commettent des talents clairs et profonds, mais qui enfin portent le sceau de leur époque. […] Avec le produit, l’auteur achète un navire et en fait présent à un évêque missionnaire.

85. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Il ne se contenterait même pas volontiers d’entremêler de réflexions judicieuses, saines ou fines, les beaux endroits des auteurs qu’il étudie et dont il offrirait des exemples choisis à ses lecteurs. […] que de démêlés de l’auteur avec son sujet, et, par suite, du lecteur avec l’auteur ! […] » Il y a un charmant passage que je veux pourtant citer, car je suis de ceux qui citent, et qui ne sont contents que quand ils ont découpé dans un auteur un bon morceau, un joli échantillon. […] Les genres sont sentis plutôt que définis, et leurs limites plutôt indiquées comme des convenances de l’esprit humain que jetées en travers des auteurs comme des barrières. […] Nisard pour reconnaître ici plus et mieux qu’un auteur, pour sentir l’homme et son cœur tout entier dans cette page.

86. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Il a été tué avec l’auteur, mort sous les murs de Metz pendant la dernière guerre, et c’est par son frère qu’ont été publiés ces fragments qui, si l’auteur avait vécu, auraient certainement fait un tout superbe. […] … Ce n’est que des fragments, mais assez finis par un côté pour qu’on devine ce que serait le côté qui n’est pas fini, si la mort de l’auteur ne l’avait pas laissé pendant. […] Et l’auteur des Études sur le Combat, en faisant comme eux aujourd’hui, n’invente pas, mais reste dans la tradition inexpugnable de tous ces génies. […] Cet ascendant moral, qui est tout à la guerre pour en déterminer le succès, selon l’auteur de ces Études sur le Combat, son livre l’a sur le lecteur. […] … Il ne l’a pas dit, l’auteur des Études sur le Combat.

87. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

L’auteur de Terre et Ciel a beau s’en défendre : il n’est réellement qu’un panthéiste de notre temps sous les guenilles de tous les hérétiques de ce Moyen Âge contre lequel il se permet tant de mépris. […] Et c’est ici qu’après la question du point de vue, général et dominateur, qui emporte l’honneur d’un livre en philosophie, devait se poser la question du talent et de ses ressources, qui couvre l’amour-propre de l’auteur. […] C’est la confusion des langues de plusieurs sciences qui se croisent et s’embrouillent sous la plume pesante de l’auteur. […] Seulement cette haine entortillée, insidieuse, nous fait payer par un ennui à nous déformer la figure, les embarras de la pensée de l’auteur. […] Pierre Leroux, l’auteur de L’Humanité, avec lequel il a plus d’une analogie, et s’en iront-ils, tous deux, à la fosse commune de l’oubli.

88. (1881) Le naturalisme au théatre

Voilà les auteurs dramatiques gagnés par cette fièvre. […] Je veux dire que la convention est faite par les auteurs et que dès lors les auteurs peuvent la défaire. […] Certes, l’auteur de ce dernier drame, M.  […] J’attends qu’il souffle du génie à un auteur dramatique. […] L’auteur est à Rome et non à Paris.

89. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Mais en savons-nous assez pour distinguer les nuances, je ne dis pas grossières, je dis seulement plus ou moins délicates, qui distinguent l’harmonie d’un auteur de celle d’un autre ? […] Enfin, n’y a-t-il pas des auteurs latins, reconnus d’ailleurs pour excellents, qu’on doit s’interdire absolument d’imiter dans des ouvrages d’un autre genre que celui où ils ont écrit ? […] Et serait-ce louer un auteur de lettres écrites en français, de dire qu’en le lisant on croit lire Molière ? […] Si nous savons que Cicéron a mieux parlé latin que les autres auteurs, c’est parce que toute l’antiquité l’a dit ; nous en jugeons sur la parole de ses contemporains et non d’après des nuances que nous ne pouvons sentir. […] Ce chanoine de Rouen est auteur, par malheur pour lui, d’une élégie latine sur la mort de M. de Fontenelle, dont on n’a pas fait, dans les collèges même, tout le cas que l’auteur aurait désiré.

90. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

À travers les nombreuses ambages du rythme indéfinissable que l’auteur a choisi, l’esprit trébuche à chaque pas et ne sait où finit, où commence la pensée de l’auteur. […] Il est spontané, abondant, comme la pensée même de l’auteur. […] L’auteur a-t-il voulu célébrer ou flétrir la passion ? […] L’auteur, malgré sa jeunesse, appartient dès à présent à l’histoire littéraire. […] Étant donné les habitudes militaires que l’auteur lui prête, M. 

91. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Quels auteurs protégea-t-il ? […] C’est alors que l’auteur parut réellement grand. […] Il voulut passer pour être l’auteur du Cid. […] La bravoure n’est pas la vertu favorite des auteurs ; ou plutôt Corneille méprisa de pareils ennemis. […] Quelque honorable que ce fait soit au talent, un auteur grave le contredit.

92. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

La dévotion inspiroit les Auteurs, animoit les Acteurs. […] Quel jugement porteroient-ils des Auteurs & des spectateurs ? […] On citoit à tout propos les Auteurs Grecs ou Latins. […] Richelieu céda enfin à l’Auteur du Cid la palme qu’il avoit osé lui disputer. […] Quelle foule d’Auteurs plongés dans un éternel oubli !

93. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Il a peu lu nos auteurs modernes ; en arrivant, il ne les connaissait guère que de nom, même le très-petit nombre de ceux qui mériteraient de lui agréer. […] On aurait l’agrément de l’auteur pour ôter çà et là deux ou trois taches, car il y en a quelques-unes de diction et de ton. […] On y retrouve le même genre d’application délicate que l’auteur avait déjà donnée à la peinture, aux couleurs et au procédé par l’encre de Chine.) […] Parmi les auteurs français nés en Savoie, il faut compter aussi M. Michaud, l’auteur des Croisades et du Printemps d’un Proscrit.

94. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Elle avoit chez les uns et chez les autres la même étendue et les mêmes principes, de maniere qu’on peut se servir également pour expliquer l’étendue et l’usage de la musique des anciens, soit des auteurs grecs, soit des auteurs latins. […] Notre auteur rapporte aussi quelques autres définitions de la musique un peu differentes de la sienne, mais qui supposent toutes également que cette science avoit l’étendue que nous lui donnons. Les auteurs latins disent la même chose. […] Mais cette difference dans l’énumeration des arts musicaux n’empêche pas que nos deux auteurs ne disent au fond la même chose. […] Ainsi les auteurs dont je parle, ont écrit plutôt en philosophe qui raisonne et qui fait des speculations sur les principes generaux d’un art dont la pratique est sçue de tous ses contemporains, que comme un auteur qui veut que son livre puisse sans aucun autre secours, enseigner l’art dont il traite.

95. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Imiter un auteur, c’est étudier ses procédés de style, l’originalité de ses expressions, ses images, son mouvement, la nature même de son génie et de sa sensibilité. […] Ainsi comprise et définie, l’imitation a été conseillée et pratiquée à peu près par tous les grands auteurs classiques. […] Les bons auteurs nous l’affirment — et nous le prouvent. […] On concède qu’il peut y avoir du profit à imiter les auteurs étrangers ; mais imiter un auteur de la même langue c’est, paraît-il, chose inadmissible ; et comme on est gêné par l’exemple de Flaubert, élève authentique et avoué de Chateaubriand, on explique le cas de Flaubert en disant que le romantisme représentait pour Flaubert une « véritable littérature étrangère ». Notre auteur ne « spécifiant pas », comment un écrivain français tel que Chateaubriand peut passer pour un écrivain étranger, « on ne sait que dire ».

96. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

Tel sera-t-il le sort de l’auteur du Blessé de Novare 21 ? On dit que cet auteur n’est pas un débutant timide. […] Supposez dans l’auteur du Blessé une intelligence plus mâle, un observateur plus profond, et le livre manqué, autant en esthétique qu’en morale, pouvait devenir une œuvre hardie d’effet, imposante d’enseignement et de conclusion. […] Il est indubitable que de tous les détails de son livre celui sur lequel l’auteur a le plus compté, c’est le grand épisode de l’Inde, — l’amour de Zélislas pour cette jeune indienne orpheline, l’Antigone chrétienne du missionnaire qui l’a convertie. […] L’auteur a voulu garder l’anonyme.

97. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Pour payer sa dette entière à l’archéologie, il manquait à l’auteur un siège, je veux dire un siège en règle ; bon gré mal gré, il en a fait un. […] L’auteur s’est refusé là un beau contraste et une lumière. […] L’auteur a voulu ici nous montrer un Hamilcar tout le contraire d’un Abraham, un père révolté, un cœur de lion grondant et rugissant de tendresse. […] Si ce ne sont pas là des plaisanteries de l’auteur, le lecteur est sujet à les prendre pour telles, et il n’aime pas à être moqué. […] Rien n’est perdu ni compromis, et je me serais bien mal fait comprendre si je n’avais marqué mon estime même pour l’auteur, en le critiquant si longuement.

98. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

La faculté générale d’avoir des sensations s’appelle la sensation : la faculté générale d’avoir des idées est appelée par l’auteur l’Idéation. […] Une longue exposition de doctrines bien dépassées depuis l’époque où écrivit l’auteur, serait inutile ici. […] Suivant l’auteur, elle ne contient que des idées et des associations d’idées. […] L’auteur pense qu’on peut la résoudre aussi dans une simple association. […] Nous réunissons dans le tableau suivant les diverses formes de la croyance classées et expliquées par l’auteur.

99. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 282-284

la Serre est un charmant Auteur ! […] Je vous ai bien de l'obligation, disoit-il un jour à un plat Ecrivain de son temps, sans vous je serois le dernier des Auteurs. […] La plupart des Auteurs d'à présent ne sont plus si dupes ; ils savent dans la plus grande précision ce qu'un volume doit rendre ; cet objet paroît plus les toucher que celui de la gloire. […] La Serre eut du moins le mérite d'être Auteur original, quoiqu'on puisse dire que ce fût dans le genre le plus mince & le plus pitoyable. […] Un tel exemple est bien propre à démontrer qu'un Auteur ne doit pas toujours citer, pour preuve de la bonté de ses Ouvrages, le nombre des éditions qu'ils ont eu.

100. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

… C’est un livre d’exception, d’individualité, et, pour employer un mot que l’auteur cite dans sa préface, de paroxisme poétique et cérébral. […] … L’auteur, — il ne s’est pas nommé, mais tout le monde l’a fait pour lui, parce que le style est une signature que l’on reconnaît toujours, et qui n’est pas comme l’autre à la portée des faussaires, — l’auteur est un de ces esprits qu’on peut repousser ou accepter, adorer ou maudire, mais qui ont du moins le mérite de l’outrance, et pour nous ce mérite doit être compté, même quand il est seul. […] Or, tel est, disons-le d’abord, l’auteur des Odes funambulesques. […] L’auteur des Odes funambulesques, au contraire (pour lui laisser son demi-masque d’anonyme, comme son loup d’Arlequin et sa farine de Pierrot), l’auteur des Odes funambulesques, poète saltimbanque, se jette dans le faux, le faux compréhensible et vulgaire, avec une clarté, une fulgurance, une force de lumière qui ne permet aucune méprise. […] L’auteur des Odes funambulesques n’en est plus aux Ruy-Blas de son maître, mais aux Pierrot et aux Colombine des scènes inférieures.

101. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IX. Des Epistolaires ou Ecrivains de Lettres. » pp. 265-269

Cet abrégé se fait lire avec plaisir, quoiqu’il y ait peu d’ordre, & que l’auteur n’ait presque eu en vue que de compiler ce qui regardoit les Solitaires de Port-Royal & leurs amis. […] Il est vrai qu’on n’y apprend que des particularités relatives à l’auteur ; mais cet auteur a tant de réputation que ses minuties deviennent des choses importantes. […] L’impression qui reste de la lecture de ses Lettres n’est pas favorable à l’auteur. […] Les préliminaires dont l’auteur l’a ornée en augmentent le prix. Mais les Lettres étant puisées dans différens auteurs, qu’un homme, d’un esprit ordinaire, ne sçauroit imiter, ce recueil est beaucoup moins utile qu’on ne croit.

102. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Mais on s’explique aisément cet appareil de plaidoyer par la disposition précédente de l’auteur. […] L’auteur a, dès le début, le désavantage de se rencontrer trop directement avec Jean-Jacques, avec Byron, dans les descriptions de la même nature. […] S’il y a quelque anachronisme ici, il n’est pas choquant, et on l’accepte, parce qu’il laisse jour aux accents les plus généreux échappés à l’âme de l’auteur. […] L’auteur, dans ses nobles efforts, ne la souvent qu’approximative et suffisante. […] L’auteur ne s’est pas proposé le contraste dans une intention littéraire et pour but d’agrément, mais toujours d’après sa même vue morale.

103. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

L’auteur. […] La question se ramène donc à étudier l’auteur. […] Quand même il ne s’agirait que de connaître l’auteur, il faut d’autres procédés pour avoir do lui une idée, je ne dis pas complète, mais suffisante. […] La biographie d’un auteur éclaire d’abord d’une lumière nouvelle sa structure psychologique. […] Il y a parfois lieu de se défier, comme c’est le cas lorsqu’on lit les confessions de certains auteurs.

104. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 171-172

Cet Ouvrage, dont vingt-quatre volumes ont déjà paru, a pour-titre, Dictionnaire pour l'intelligence des Auteurs classiques, & ne mérite pas, à beaucoup près, les éloges que nous lui avions trop légérement départis dans les précédentes éditions des Trois Siecles. […] Une lecture plus réfléchie nous a mis depuis à portée de juger que l'Auteur n'a presque jamais puisé dans les sources, & qu'il ne les cite que parce qu'elles se trouvent citées dans les Ouvrages qu'il copie servilement. S'il lui arrive quelquefois d'ajouter quelque chose aux Auteurs qu'il met à contribution, ce sont ordinairement des erreurs ou des absurdités qui décelent à la fois l'ignorance, la platitude, & un défaut de jugement. […] Si l'Auteur nous accusoit de contradiction, nous pourrions lui répondre que se corriger n'est pas se contredire, & que dans le temps même que nous ne connoissions qu'imparfaitement son Ouvrage, nous lui avions reproché le défaut de précision, de correction, d'égalité dans le style, de sévérité dans le choix des Auteurs qu'il cite, ainsi que dans celui des morceaux de leurs écrits qu'il copie. […] C'est cependant ce qu'ils ont fait, d'une maniere offensante pour l'Auteur, à l'égard d'un de nos Ouvrages intitulé Tableau philosophique de l'Esprit de M. de Voltaire.

105. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Il y avait les grands auteurs d’alors, les écrivains qui cultivaient les parties nobles de l’art dramatique : M. […] Mais déjà, à travers les folies de circonstance dans lesquelles il donnait encore la main aux auteurs du Caveau, et dont le café des Variétés était le centre, M. […] Il en résulta que les auteurs nouveaux furent moins encouragés, moins agréés. […] L’auteur ne dédaigne aucun de ces traits qui courent ; il les ravive par l’emploi. […] Vue en elle-même et prise indépendamment de la scène, l’auteur paraît en avoir assez médiocre souci.

106. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

La Société des auteurs dramatiques, constituée de nos jours, ne devrait jamais s’assembler sans saluer le buste de Beaumarchais. […] M. de Vaudreuil, l’un des patrons de l’auteur, obtint de faire jouer chez lui la pièce à Gennevilliers (26 septembre 1783), par les Comédiens-Français, devant trois cents personnes. […] Le Noir) mandât l’auteur et les comédiens pour leur remémorer la défense formelle du roi. […] Un plus chatouilleux auteur, Monsieur, comte de Provence (toujours le futur Louis XVIII), était caché derrière cette ironie de l’abbé. […] J’ai, après ce récit, à résumer plus d’une idée et sur le caractère de la société à cette date, et sur le caractère de l’auteur.

107. (1890) Dramaturges et romanciers

On sent dans certaines scènes que l’auteur est contemporain de M.  […] En les écrivant, l’auteur, M.  […] L’auteur (M.  […] Chatrian, au contraire, on aurait envie de dire à l’auteur : « Eh bien, et après ? […] Nous nous bornerons à présenter à l’auteur deux observations.

108. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Les seuls poètes intéressants, les seuls vrais écrivains, — parmi tous les noms mis en avant depuis une année — les seuls Auteurs de quelque chose, les voici, et on peut m’en croire. […] Il est l’auteur des Lendemains, d’Apaisement, de Sites, suite de sonnets délicats ; c’est un des plus jeunes poètes du groupe et l’un de ceux qui promettent le plus. […] Charles Vignier Auteur d’une plaquette, Centon, fut aussi une des cinq premières victimes ; son livre dénote quelque délicatesse, mais paraît trop impersonnel et se ressent trop de l’imitation de Paul Verlaine pour que nous en puissions arguer de l’avenir de ce poète. […] Stuart Merrill Auteur des Gammes qui ont rencontré dans la presse quelques approbateurs, est resté plutôt parnassien, ce qui ne l’empêche pas d’ailleurs de faire preuve de talent. […] Raynaud, auteur d’une plaquette : Le Signe, MM. 

109. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Il devra envisager ce double problème : quelles sont les émotions que l’ensemble des œuvres de tel auteur suscite, et par quels moyens les provoque-t-il ; qu’exprime tel auteur, et comment exprime-t-il ? […] Le suggestif est éminemment subjectif, et pour l’auteur et pour ses fervents ; le descriptif tend à être objectif ; le symbolique est objectif. […] L’auteur maintiendra continuellement l’ordre simple de la proposition, ou usera d’inversions violentes. […] Car il est évident que les idées émises dans ces écrits à demi-savants, sont choisies par l’auteur, non en raison de leur caractère esthétique, de l’effet émotionnel qu’ils peuvent produire, mais en raison de leur vérité, c’est-à-dire pour une qualité que l’auteur est forcé de subir et qu’il ne peut modifier ni en raison de ses aptitudes, ni en raison du but qu’il poursuit. […] Il est notamment l’auteur d’une Esthétique, publiée en 1878 chez Reinwald.

110. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Cet appel, écrit avec cette chaleur de stile que donne un juste ressentiment, mit le public dans les intérêts de l’auteur. […] Il voulut faire recevoir de l’académie plusieurs auteurs distingués. […] Tous ces traits lancés sur l’auteur de la Vénus physique, étonnèrent ses partisans. […] De-là cette exclamation : « Peut-on prétendre sérieusement que l’auteur du Siècle de Louis XIV n’est pas François ? […] Ce fut un grand sujet d’étonnement de voir un monarque intervenir dans une querelle d’auteur.

111. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Nul moyen donc pour Caro d’éviter l’inévitable auteur de la Vie de Jésus. […] ce qui me plaît suprêmement dans le livre de Caro, ce qui lui donne une portée que je veux mesurer, c’est que son auteur n’y est pas expressément catholique une seule fois. […] L’auteur de l’Idée de Dieu appelle quelque part Ernest Renan la Célimène de la Critique, compliment risqué ! […] Caro est un exercice éblouissant de révérences qui m’impatienterait, si je ne savais pas que son auteur est bien assez spirituel pour imaginer cette amusante manière de rendre ridicule un homme, qui consiste à le saluer trop… Sans cela, sans cette petite intention de politesse meurtrière, j’oserais dire que l’urbanité — l’urbanité à outrance — est le vice de ce livre, si brillant de clarté, où des hospitalités de roi sont faites à des faquins d’idées, et où l’auteur, l’ironique auteur, coiffe ces sots de bonnets d’âne, hauts de dix pieds, qui ressemblent à des mitres à longues oreilles, enrichies de diamants pour qu’on les voie mieux. […] L’auteur de l’Idée de Dieu refait philosophiquement ce que le P. 

112. (1802) Études sur Molière pp. -355

Mais elle est le premier ouvrage de l’auteur. […] Nous lui répondrons avec notre auteur : voyons, monsieur, le temps ne fait rien à l’affaire. […] disons plus vrai, Thomas n’était pas l’auteur du Tartuffe. […] Contentons-nous d’indiquer les endroits de ces trois pièces qu’on pourra reconnaître dans celle de notre auteur. […] Faut-il en croire l’auteur ?

113. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Mais par quel bouleversement de chiffres Chapelain a-t-il pu naître, selon notre auteur, en 1569, c’est-à-dire en plein xvie  siècle ? […] Il serait temps, ce nous semble, que de ces trois personnes, l’imprimeur, l’éditeur ou l’auteur, l’une au moins daignât relire avec quelque soin avant de livrer un volume au public. […] On aime, indépendamment du jugement critique, à savoir avec précision ce qu’a écrit l’auteur qu’on juge, ce qu’il a laissé d’imprimé ou d’inédit, et même ce qui a été pensé par d’autres à son sujet. […] Je pourrais continuer en bien des sens à épiloguer de la sorte, et harceler l’auteur sur bien des points, tant pour ce qu’il dit que pour ce qu’il ne dit pas. […] Que si un conseil pouvait être donné au spirituel auteur, pourquoi donc ne se prendrait-il pas au sérieux lui-même ?

114. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Qu’importe qu’en peignant son aimable héros l’auteur ait cru peut-être proposer un exemple à suivre aux générations présentes, qui n’en sont plus là ? […] Mais j’ai dit que l’auteur de la Comtesse de Fargy, d’Eugénie et Mathilde, appartient réellement par le goût au dix-huitième siècle. […] L’auteur y a représenté au complet l’intérieur d’une famille noble pendant les années de la Révolution. […] L’auteur d’Eugène de Rothelin goûte peu, on le conçoit, les temps d’agitation et de disputes violentes. […] Dans un passage d’une bienveillance équivoque, l’auteur de ces Mémoires exprime, à propos du ton exquis de grand monde, qu’il ne peut refuser à l’auteur d’Adèle de Sénange, un étonnement singulier et tout à fait déplacé à l’égard de Mme de Flahaut.

115. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Cet ouvrage semble n’avoir été fait que pour les Princes, & l’art de l’auteur a su le rendre utile à tous les hommes. […] On répondra que l’Auteur l’a voulu ainsi ; que ces sortes de contrastes ne sont point sans exemple, & qu’un auteur de Romans est à l’abri du reproche lorsqu’il ne hasarde que ce qui est possible. […] La maniere des deux Auteurs n’est pas la même. […] Chaque Auteur a sa maniere de voir, & M. de Montesquieu avoit la sienne, souvent même très systématique. […] Aussi l’Auteur a-t-il été le puiser dans les glaces du Nord.

116. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Ces trois lettres, fort étendues et que l’auteur a intitulées Discours, sont ce que Balzac a écrit de plus intéressant et a le mieux écrit27. […] L’auteur cite plusieurs exemples de l’urbanité des plus illustres Romains du temps de la république, « même de ce fâcheux et insupportable homme de bien, Caton le censeur. […] Elle présente aussi des résultats assez piquants des recherches de l’auteur. […] L’auteur y oppose l’amour de la gloire qui, chez les peuples anciens, à Rome surtout, payait les plus grands services ; il s’exalte de nouveau et avec une éloquente chaleur au souvenir de ces grands hommes de la république romaine, dont il sent si bien la dignité. […] On en trouverait probablement la date précise dans l’édition complète des Œuvres de l’auteur, en 2 vol. in-fol., publiée en 1665, après sa mort, par l’abbé Cassaigne, son ami.

117. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

l’auteur des Fleurs du mal n’est pas un Caton. […] Son livre actuel est un drame anonyme dont il est l’auteur universel, et voilà pourquoi il ne chicane ni avec l’horreur, ni avec le dégoût, ni avec rien de ce que peut produire de hideux la nature humaine corrompue. […] S’appelât-t-on l’auteur des Fleurs du mal, — un grand poète qui ne se croit pas chrétien et qui, dans son livre, positivement ne veut pas l’être, — on n’a pas impunément dix-huit cents ans de christianisme derrière soi. […] Auguste Barbier, partout ailleurs l’auteur des Fleurs du mal est lui-même et tranche fièrement sur tous les talents de ce temps. […] Il y a du Dante, en effet, dans l’auteur des Fleurs du mal, mais c’est du Dante d’une époque déchue, c’est du Dante athée et moderne, du Dante venu après Voltaire, dans un temps qui n’aura point de saint Thomas.

118. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

Justin le martyr, l’hérétique Tertullien, &c. sont mis à contribution par cet auteur pour appuyer des choses qui n’ont pas besoin d’autorité. […] L’auteur étoit un homme éclairé & philosophe. […] Mais cet auteur, abondant en belles paroles, est stérile en réfléxions profondes. […] C’est ce que M. l’Abbé Batteux n’a point assez dit, suivant l’auteur des Cinq années littéraires. […] Marmontel est pleine de finesse & de goût, mais l’ordre que l’auteur a suivi n’étant pas assez méthodique, on a de la peine à saisir tout ce que son livre offre d’ingénieux & de neuf.

119. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Est-ce là la méthode suivie par l’auteur ? […] Ce devait être pourtant très commun dans la théorie de l’auteur. […] Suivant un autre auteur, il se serait empoisonné. […] Ici l’auteur me paraît dépasser toutes les limites permises de la témérité scientifique. […] Que reste-t-il donc de l’argument de l’auteur ?

120. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Je crois que c’est dans ce seul genre qu’un auteur peut se frayer une route nouvelle et obtenir de grands succès. […] L’auteur n’a peut-être point d’ouvrages plus réguliers et plus parfaits, si l’on excepte Athalie. […] Le goût était autrefois dans les auteurs plus que dans le public ; aujourd’hui le public en a plus que les auteurs. […] Heureux l’auteur qui sait mêler l’agréable à l’utile ! […] L’auteur se nomme Nerée, et c’est de lui qu’on pourrait dire, avec justice, qu’il ne faisait pas mal des vers pour son temps.

121. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Elle innove, en ce que le conjoint auteur ou, pour parler un langage plus commode, le mari auteur qui, dans l’état de la législation antérieure, ne pouvait, par donation ou testament, enlever à la femme la survivance des droits, le pourra aujourd’hui. […] J’allais oublier de rappeler à titre d’innovation, et d’une innovation juste qui a été suggérée par la fréquence des exemples, autrefois plus rares, que le mari de la femme auteur aura dorénavant le droit qu’avait seule autrefois la femme du mari auteur. […] Les lois ou décrets, qui s’étaient succédé depuis le point de départ du 19 juillet 1793 jusqu’à la dernière loi du 8 avril 1854, avaient porté de dix ans à vingt, puis à trente, le droit des enfants des auteurs, à dater de la mort de l’auteur ou de sa veuve, s’il laissait une veuve. L’auteur mort célibataire ne laissait qu’un droit de dix ans après sa mort. […] Ce n’est qu’une étape, disent les partisans de la perpétuité. — C’est, assurément, une belle marge, répondrons-nous avec les auteurs de la présente loi.

122. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Ses auteurs de prédilection étaient Duperron et Coeffeteau, qui figuraient parmi les autorités du nouveau dictionnaire. […] Dans ses critiques, il ne désigne aucun auteur, sinon parmi les morts, et seulement ceux qu’il loue. […] On décernait d’avance à l’auteur le titre de Quintilien français. […] Aussi tout est-il vrai dans ces pages où l’auteur n’est que l’interprète de l’homme et du chrétien. […] Nicole y aurait-il contribué, ou serait-il lui-même le principal auteur de la Logique ?

123. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Ils étoient connus sur ce mauvais ton, & Despréaux avoit encore plus en aversion les auteurs impies que les médiocres. […] Rendons pourtant justice à l’auteur immortel de l’Art poëtique. […] Ces deux auteurs furent liés par la suite, & se voyoient souvent. […] Il se garda bien sur-tout de s’emporter contre un auteur, qui faisoit la destinée des réputations. […] L’auteur ne fait qu’y répéter, en vers froids.

124. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

On avait ménagé la protection de ce prince à l’auteur des fables, déjà vieux, presque sans fortune et dénué d’appui. […] La force du sujet a même obligé La Fontaine à suivre l’intention du premier auteur, jusqu’au dénouement, où il l’abandonne. […] L’auteur sait ce qu’il a voulu dire, et n’est pas obligé de s’en rapporter aux lumières d’un prince âgé de huit ans. […] et quel rapport cela a-t-il avec les mauvais auteurs ? […] Il faut qu’un auteur évite ces contradictions formelles.

125. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Les auteurs y ont voulu plaire, et ils ont atteint leur but. […] Mais les poëtes lyriques, j’entens les auteurs d’odes, peuvent et doivent même étaler toutes les richesses de la poësie. […] Mais le public ne s’y trompe pas comme eux ; et il sçait mépriser des auteurs qui ne lui disent que ce qu’il a cent fois admiré. […] Mais enfin, autant qu’on le peut, il faut distinguer dans les auteurs les défauts de leur tems d’avec leurs défauts particuliers. […] C’est un risque que je cours avec plaisir ; et la reconnoissance d’un auteur ne sçauroit gueres aller plus loin.

126. (1876) Romanciers contemporains

Elle contient une dédicace à la mère de l’auteur. […] Que le bienveillant auteur se rassure. […] L’auteur a gagné sa gageure. […] « De deux auteurs, a dit M.  […] Que fait l’ingénieux auteur ?

127. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Félix Dubois, auteur de Tombouctou la Mystérieuse. […] En effet les auteurs de l’Anthologie, nés aux colonies méritent une large place. […] Paul Brulat, Cette existence, assez tumultueuse, est bien celle que devait vivre l’auteur de l’Eldorado. […] C’est une confession qu’on devine absolue et sans retour, parce qu’on sent que l’auteur s’y intéresse. […] Une telle passion est d’un maniement fort délicat, or ce sont des âmes faibles que nous présente l’auteur.

128. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Et le public, sans y réfléchir, partage assez l’opinion de l’auteur. […] Tel auteur de vingt ans fait des œuvres qui en ont quarante. […] L’auteur manie cette forme avec une maëstria singulière. […] Le jeune auteur est d’ailleurs passé maître en ces escrimes. […] Brizeux, l’auteur de Marie, est aussi l’auteur de Leiz-Breiz, un recueil de poésies en pur celtique.

129. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Seulement, si l’auteur des Ames mortes, qui est l’idéal mort, l’a eu, ce sentiment de l’idéal, il l’a éteint en lui, comme on souffle un flambeau, et je défie bien, quand on lit son livre, qu’on puisse dire qu’il l’eut autrefois. […] Il est évident que l’auteur n’a pas eu la pensée de créer une individualité, en le créant. […] Charrière, un homme du premier ni du second ordre, que Nicolas Gogol, l’auteur des Ames mortes. […] Il est l’auteur d’une comédie politique intitulée le Revizor, où il n’y a ni situation dramatique ni imagination quelconque, mais du mordant : seulement ce mordant n’est pas gai. […] L’auteur devient effroyablement ennuyeux.

130. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

L’auteur cite presque toujours ses auteurs ; mais pour l’ordinaire il n’est pas heureux dans le choix & dans l’arrangement des faits. […] Il auroit été peut-être à souhaiter que l’auteur eût plus soigné son style, & qu’il y eût une plus grande proportion entre ses divers articles. […] L’auteur qui a été Curé dans cette partie de l’Afrique, a tout vu de ses yeux, & il paroît par son livre qu’il voyoit en homme intelligent. […] Le style, quoique fort, auroit pu être plus soigné ; & l’auteur auroit dû oublier quelquefois qu’il étoit Jacobin. […] L’auteur entre dans un grand détail sur les mœurs, les coutumes & la religion des Sauvages de l’Amérique, sur-tout de ceux du Canada.

131. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Quand un auteur a réussi, il est disposé à rire. […] À quel point un auteur se fait illusion à lui-même ! […] Ce qui pourrait un peu affaiblir le mérite de l’auteur de Mahomet, c’est qu’il eut affaire à un auteur, a un homme de lettres plus sensible à la louange qu’un autre homme. […] L’anonyme que l’auteur garda constamment tenait la curiosité en haleine. […] car il y a peu d’auteurs que les sifflets mènent à l’art de plaire.

132. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Il conspua les œuvres susdites et leur auteur. […] M’est avis qu’ils cherchent une mauvaise querelle à l’auteur. […] Qu’à cet égard l’auteur ne se fasse pas illusion, tout a été dit et redit. […] C’est ce qui constitue le plus l’originalité littéraire de nos auteurs contemporains. […] Il n’en est pas de même de l’auteur de Nana.

133. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

c’est l’auteur d’Astrate et de la Mère coquette. […] L’auteur de Tanzaï en est garde. […] L’auteur de Tanzaï s’en amusa comme d’un ridicule, mais l’auteur de Manon Lescaut s’en indigna comme d’un blasphème. […] — parlant d’un romancier contemporain, qu’il demeurerait l’auteur de son livre unique, de même que Prévost demeurait uniquement l’auteur de Manon Lescaut. […] Mais Le Sage est l’auteur de Turcaret, et Marivaux est l’auteur du Jeu de l’amour et du hasard.

134. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Notre auteur après avoir donné quelques regles generales sur la composition, et qui conviennent aussi bien aux chants, qui pour ainsi dire ne se chantent point, c’est-à-dire, à la simple déclamation, qu’aux chants musicaux, ajoûte, (…). […] Il ne seroit pas impossible de trouver encore dans les anciens auteurs des faits qui supposent l’usage dont parle Capella. […] Ainsi avant que de rapporter les passages des auteurs grecs ou latins qui en parlant de leur musique par occasion, ont dit des choses qui prouvent, s’il est permis d’user de cette expression, l’existence de la melodie qui n’étoit qu’une simple déclamation, je prie le lecteur de trouver bon que je transcrive encore ici quelques endroits de ceux des anciens auteurs qui ont traité de leur musique dogmatiquement, et qui prouvent cette existence. […] Notre auteur dit ensuite qu’il y a dix accens dans la langue latine, et il donne en même-temps le nom de chaque accent, et la figure dont on se servoit pour le marquer. […] Mais ces auteurs s’accordent sur leur usage.

135. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Non pas certes que nous prétendions, dans cet état de la salle que nous appelons le vrai prologue du drame, avoir découvert rien qui ressemblât nulle part à de la malveillance prononcée contre l’auteur. […] Elle ne le paraissait pas davantage, certainement, aux auteurs dramatiques de toute école et de toute nuance, qui n’aiment jamais à entrer en partage, surtout quand le nouveau venu est suspect de griffe de lion, et, sans mettre le cœur humain au pis, on peut supposer que ces auteurs de tous bords qui surveillent une première représentation, n’auraient pas voté à pensée ouverte pour un succès non marchandé. […] Néri est une variété d’un type affectionné de l’auteur et reproduit par lui en plus d’un endroit ; c’est un Ralph plus jeune et plus gracieux. […] Le nom de l’auteur, proclamé à la fin au milieu des applaudissements, a réduit à néant les quelques murmures passagers et comme honteux d’eux-mêmes qui s’étaient çà et là essayés. Quand le succès d’une pièce est contesté, c’est d’ordinaire au moment où l’acteur parvient à nommer l’auteur, que l’explosion du conflit est la plus forte.

136. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Mais la destinée de cet auteur, dont on a parlé si différemment, est aujourd’hui fixée. […] l’auteur n’y travaille-t-il pas plutôt de cœur & de bonne volonté, que d’esprit & de génie ? […] Cet auteur a beaucoup travaillé. […] Mallebranche dans son cinquième livre de la Recherche de la vérité, & de beaucoup d’autres auteurs qui ont fondé les abysmes du cœur humain. […] Il n’avoit que les mêmes exclamations, pour rendre toutes les beautés de l’auteur qu’il interprêtoit.

137. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Peut-être ne trouverait-on pas, du cours à son livre, l’auteur du Tableau de la littérature avant Corneille et Descartes aussi différent de lui-même qu’on l’aurait pensé tout d’abord. […] L’auteur est respectueux en des matières où ses confrères nous ont peu habitués au respect. […] Si nous le suivions dans le pas à pas de son livre, nous nierions sans broncher sa justice envers un écrivain comme Mathieu (l’auteur du Louis XI, dont il ne parle pas !) […] Les qualités de l’auteur du Tableau de la littérature avant Corneille et Descartes sont viriles. […] Les groupes qui le composent étant nombreux et surchargés de personnages ; l’auteur n’a pas la possibilité — avec les limites qu’il s’est imposées — de s’arrêter sur chaque figure qui mérite l’étude et le détail.

138. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

L’auteur est mort, et ce livre fut sa vie… Il le pensa, mais debout ; il l’écrivit, mais en agissant, en observant, en se mêlant aux choses et aux hommes de son siècle. […] Eh bien, l’auteur des Ruines périra comme eux ! […] Aussi, pour l’auteur des Ruines, le Français qui n’est pas Français comme on le fut depuis Hugues Capet jusqu’à Louis XVI (le Louis XVI d’avant 89) n’est qu’un bâtard de sa race et de sa lignée. […] Tel est le point de départ de l’auteur du livre que voici. […] … L’auteur des Ruines, quand on les niait, en affirmait, dans son livre, la dangereuse ubiquité, comme aucun livre contemporain ne l’a affirmée.

139. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Sur Adolphe de Benjamin Constant » pp. 432-438

La réponse de l’auteur et de ses amis aux questionneurs trop curieux fut alors fort simple. […] Je crois bien que j’en ressens plus encore, parce que je reconnais l’auteur à chaque page, et que jamais confession n’offrit à mes yeux un portrait plus ressemblant. […] L’auteur n’avait point les mêmes raisons pour dissimuler les personnages secondaires. […] La femme âgée avec laquelle il a vécu dans sa jeunesse, qu’il a beaucoup aimée, et qu’il a vue mourir, est une Mme de Charrière, auteur de quelques jolis romans. […] L’auteur a choisi dans deux histoires réelles ; il a combiné, transposé, interverti à certains égards les situations et les rôles, mais pour mieux traduire les sentiments.

140. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

Nous venons de, la lire à tête reposée, et de tâcher de nous former un avis sur cette œuvre controversée, qui résume l’observation de plusieurs années que l’auteur a données au mouvement du monde. […] Ce sont là les termes que l’auteur de la comédie sème à chaque page de cette préface, qui vient bien après une dédicace à Victor Hugo ; car elle est cavalière et de cette école autocratique, avec un certain parfum singulier d’auteur de qualité et d’homme du monde qui veut bien condescendre aux lettres. […] De la dédicace et de la préface il résulte que l’auteur a reçu force compliments et cartes de visite pour sa pièce : avant la représentation, c’était le suffrage (je copie textuellement) des hommes les plus éminents dans le monde littéraire, dam le monde politique et dans le monde social ; depuis la représentation et pour contrecarrer les impertinences qu’en ont dites des critiques mal placés, « les juges réels de la pièce, ceux qui vivent parmi les choses et qui les voient, viennent tour à tour, auprès de l’auteur, s’inscrire en témoignage et lui apporter leur formelle adhésion. » Le moyen, maintenant, de refuser cette adhésion formelle et de prétendre à passer pour un juge ! […] L’auteur de l’École du Monde, de cette pièce si usagée, en est-il donc à ne pas savoir encore cela ? […] L’auteur se plaint qu’on l’ait traité en novateur ; il ne l’est pas le moins du monde, et il n’a pas là-dessus à se justifier.

141. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 364-367

L’Auteur y avoit peint sa belle-mere, avec laquelle il étoit en procès. […] Un moment après, lorsqu’on annonça la même Piece pour le lendemain, quelqu’un cria du Parterre, avec le Compliment de l’Auteur. Celui-ci se croyant insulté, & ne consultant que sa vivacité provençale, prit son chapeau & le jeta dans le Parterre, en disant : Celui qui veut voir l’Auteur n’a qu’à lui rapporter son chapeau. […] Ce Magistrat ne put s’empêcher de rire de ce trait de vivacité ; mais, pour punir l’Auteur, il lui interdit tout Spectacle pendant deux mois. […] Au reste, cet Auteur fut pendant dix-huit ans Correspondant littéraire du Roi de Prusse, ce qui n’a pas empêché qu’il ne soit mort de misere.

142. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

C’est aux auteurs à y prendre garde. […] C’est pour eux une ambition bien vive que la gloire d’être imprimés avec quelqu’espérance d’être lûs ; et le titre d’auteur, surtout d’auteur critique, leur paroît d’une grande distinction parmi les hommes. […] Si les auteurs y veulent penser, comme j’ai fait, ils manqueront encore moins de ressource. […] Les fautes dont on fait le plus de honte aux auteurs, ce sont les contradictions. […] Aussi un auteur judicieux ne se permet pas les audaces épiques, en faisant parler ses acteurs.

143. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Au ton de confiance de cet auteur on eût dit qu’il avoit pâli toute sa vie sur le Grec. […] L’auteur, dans son livre, est une femme des halles en furie. […] L’auteur de ce dernier poëme ne manque-t-il pas d’invention ? […] Il est vrai qu’il n’y en a qu’un seul dans l’Énéide, que l’auteur a tout sacrifié à Énée. […] L’abbé Desfontaines a voulu défendre l’auteur qu’il a traduit.

144. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

On pouvait supposer à l’ouvrage de folles poussées, à l’auteur des intentions qu’il n’avait pas. […] L’auteur, évidemment, a beaucoup vécu à la campagne et dans le pays normand qu’il nous décrit avec une vérité incomparable. […] L’auteur ne semble pas s’être posé cette question ; il ne s’est demandé qu’une chose : Est-ce vrai ? […] L’auteur n’a pas craint d’appuyer sur cette corde d’airain, jusqu’à la faire grincer. […] Mais l’auteur s’y est toujours refusé ; il n’a pas voulu.

145. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Hello a choisi ; et si on n’avait que l’impression de ce titre, si on ne connaissait pas déjà l’auteur des Plateaux de la balance, si, à défaut de l’attirance de son titre, on n’avait pas l’attirance de son nom, j’imagine qu’on pourrait bien tourner le dos à cette Justice de papier timbré dont il nous rappelle l’image, et qu’on planterait là l’auteur et sa balance, comme si c’était… un épicier ! […] Seulement, l’auteur des Plateaux de la balance ne croirait pas pour si peu avoir fait la sienne. […] Il est plus métaphysicien, plus théologien, plus creusé, plus à fond, d’idées générales plus hautes, plus arrêtées et plus fermes que le brillant auteur des Caractères. Dans les chapitres de son livre, qui n’a que des chapitres et dont l’unité n’existe que dans la personnalité très particulière de l’auteur, ceux-là qui sont intitulés : La Lumière et la Foule, Les Ténèbres et la Foule, Les Sables mouvants, Les Préjugés, Les Caractères, Les Passions et les Âmes, La Charité intellectuelle, sont de ces choses qu’il est difficile dénommer, parce qu’elles n’ont pas d’analogue en littérature… Le côté que j’oserai appeler le côté divin de cette critique, échappera sans nul doute à ceux qui ont le mépris insolent et bestial du mysticisme de l’auteur. […] Mais, malheureusement pour la sagesse et l’orgueil des hommes, l’auteur à l’enthousiasme sacré du livre Les Paroles de Dieu, cette perle jetée sur le fumier du siècle aux porcs qui ne la ramassent pas, restera le mystique Hello, dans sa nuit invisible de flamme, avec son amour, son enthousiasme et sa foi !

146. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Il est évident que l’auteur n’a pas eu la pensée de créer une individualité, en le créant. […] Assurément, l’auteur des Âmes mortes est un talent à sa manière, mais c’est un talent russe, et peut-être le plus russe de tous les talents de son pays. […] Il dit positivement, dans sa confession d’auteur : « Les Russes ne se parlent qu’à « l’étranger ; en Russie, ils ne s’adresseraient pas une parole ». […] Charrière, un homme du premier ni du second ordre, que Nicolas Gogol, l’auteur des Âmes mortes. […] L’auteur devient effroyablement ennuyeux.

147. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Quelquefois encore, les distinctions de l’auteur paraissent trop ingénieuses, trop subtiles. […] Ici, M. de Bonald combat fortement l’auteur d’Émile. […] C’était là, dit l’auteur, « la grande énigme de l’univers ». […] Un auteur qui aurait une pareille prétention ne serait-il pas déjà jugé ? […] Nous ne saurions trop encourager l’auteur à s’abandonner à son génie.

148. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

L’auteur y jette un coup d’œil sur la nature des tropiques, sur les impressions qu’y causent les végétaux, l’Océan, les fleuves. […] La situation de l’auteur est celle d’un homme sensible Transporté devant un grand spectacle. […] On dirait que l’auteur a prévu cette objection, et dans deux épisodes très-remarquables, il a comme essayé de se rapprocher du genre de ces deux grands écrivains. […] Je crois peut-être expliqué de quelle manière ce morceau se rattache au but général de l’auteur. […] L’auteur a donc voulu, ce me semble, démontrer en sa personne l’influence complète des scènes de la nature sur le génie.

149. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

L’auteur, Paul Meurice, n’avait jamais montré de prétentions si hautes ; mais tout finit par pousser dans la vanité des hommes, et il arrive toujours un moment où le melon est mûr… Quoiqu’il eût romancé déjà, Paul Meurice n’est guères connu comme romancier. Mais il est très compté comme auteur dramatique, — un auteur dramatique de seconde ou de troisième catégorie, — et surtout comme un des prêtres de l’Église Hugo, de cette Église où Victor Hugo, l’archevêque, selon l’expression si comique et si vivante de Cousin, pontifie depuis plus de trente ans, sous son fameux dais historique. […] L’auteur de Césara 25, le prêtre de l’Église Hugo, est aussi, par la même occurrence, l’apôtre de cette autre Église humanitaire qui flambe neuf et va remplacer incessamment la vieille religion divine qui avait suffi jusque-là aux plus forts et aux plus nobles esprits, mais qui ne suffit plus maintenant, même aux plus imbéciles… Or, c’est dans les intérêts de cette religion humanitaire que l’auteur de Fanfan la Tulipe, laissant là les amusettes du théâtre où il s’est oublié si longtemps, s’est mis à écrire cette grande pancarte, qui aura plusieurs cartons, et qu’il appelle Les Chevaliers de l’Esprit, titre un peu vague. […] Mais pour cela il ne faudrait pas que les idées philosophiques de l’auteur eussent préexisté au roman qu’il devait écrire, pour en diminuer ou pour en détruire le pathétique et la vérité ! […] Tous les révolutionnaires de ce temps qui, comme l’auteur de Césara, ont déclaré une guerre implacable à cette religion du passé qui s’appelle le Christianisme, ne savent pas, ne sentent pas qu’ils sont plus chrétiens qu’ils ne pensent.

150. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

N’est-il pas un auteur au sommet de la gloire ? […] A-t-on consulté les auteurs ? […] Les droits d’auteur représentent, en moyenne, le dixième du prix marqué. […] Les intentions de l’auteur du projet Herriot restent louables. […] Elles permettraient d’accroître le pourcentage des droits d’auteur.

151. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Le recueil de Poésies que j’ai sous les yeux et qui n’est guère qu’une seconde édition revue, corrigée, avec additions et retranchements (le premier recueil de 1854 s’appelait les Vignes du Seigneur), s’ouvre par un portrait de l’auteur en lunettes et par une préface biographique en vers. […] L’auteur a recueilli depuis dans un petit volume, Statues et Statuettes contemporaines (1852), bon nombre des articles de sa première jeunesse. […] Ici l’auteur est en pleine veine, il s’abandonne, il fait sa pleine eau. […] Je ne ferai donc pas le tour de l’auteur ; j’irai à travers ses trente ou quarante petits et moyens volumes (il n’en a guère moins) comme à travers champs. […] Arrêtons-nous nous-même, de peur d’être bien long sur un auteur court et de paraître pesant à propos d’un esprit léger.

152. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Acteur et auteur, Molière succès avait séduit et pour toujours conquis le public. […] Et l’auteur de Tartuffe n’en avait point fini avec les tribulations. […] Non pas l’œuvre, l’homme ; non pas le livre, l’auteur ! […] L’auteur était l’abbé Lebeau de Schosne. […] Vie de l’auteur, p. 57.

153. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

» Mais, selon lui, on juge le plus souvent un auteur sur l’étiquette ; on se prononce d’après une première idée de prévention. […] Aussi qu’il est rare qu’un auteur le soit véritablement, et qu’il se donne au public avec sa valeur propre et sa physionomie entière ! […] Il se moque agréablement de ces critiques qui reprochent si vite à un auteur de courir après l’esprit. Ils ont naturellement tous les auteurs plats et communs pour auxiliaires. […] Or, si l’idée de l’auteur est juste, que trouvez-vous à redire au signe dont il se sert pour exprimer cette idée ?

154. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Maintenant, quand on lit dans un grand journal l’éloge d’un livre, et quand le nom du critique n’offre pas une garantie absolue, on n’est jamais très-sûr que le libraire ou même l’auteur (si par grand hasard l’auteur est riche) n’y trempe pas un peu. […] L’exigence des auteurs en vogue augmente et souvent ne ressemble pas mal à de la voracité. […] On a vu dernièrement un auteur réclamer tout haut contre l’usage de quelques-uns de ces cabinets qui, pour ne pas se ruiner en doubles achats, découpent dans les journaux et font relier les romans qui paraissent en feuilletons ; l’auteur dénonçait avec indignation cette mesure économique : c’est heureux qu’il n’ait pas déféré le cas au procureur du roi. […] Si une Revue (pour préciser encore mieux), qui paye un article à un auteur, se trouvait presque aussitôt dépossédée de cet article par quelque journal payant tribut régulier de reproduction à cet auteur, ce serait une piquante façon d’être leurré : on serait contrefait à bout pourtant, à l’aide de ce qui aurait été fondé précisément contre la contrefaçon. […] L’auteur reste dans l’ignorance de ce détail et se lave les mains du procès.

155. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement ne monte-t-il pas jusqu’au niveau modeste du livre qui l’a précédé, — à cette hauteur peu escarpée qui n’a pu donner le vertige à personne… surtout à l’auteur ? […] Pour nous, cette préoccupation y rayonne, malgré les préoccupations de l’auteur. […] Nettement, le grand juge, à l’auteur rationaliste d’Abeilard ? […] Nous n’avions pas à remplacer les jugements de l’auteur sur les hommes et sur les choses par nos jugements particuliers. […] L’auteur de l’Histoire de la Littérature vise au style pompeux.

156. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Pourtant, c’est la réalité qu’entend nous dépeindre l’auteur. […] Faut-il nommer l’auteur illustre de la Femme et de l’Amour ? […] Où donc, je le demande, notre auteur trouva-t-il cette puissance d’évocation ? […] Et l’auteur ne marchande pas les termes où vient s’affirmer le sentiment de la femme. […] Rien de pareil chez l’auteur de Sapho.

157. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Non, Indiana n’était pas une œuvre isolée, née d’un concours de circonstances fortuites, et qui ne dût pas avoir de sœur ; non,  l’auteur n’était pas seulement doué d’une âme qui eut souffert et d’un souvenir qui sût se peindre. Sa propre histoire contée (si tant est que ce fût sa propre histoire), l’auteur d’Indiana en savait d’autres, il en pouvait recommencer et dire à l’infini ; avec la clef des cœurs humains, il avait la création et le jeu des figures. […] Il est à regretter qu’ayant su si bien conduire le roman à son point de maturité, l’auteur en ait développé la seconde moitié avec une précipitation qui laisse beaucoup de traces. […] Ce que nous demandons ici, l’auteur de Valentine l’a même déjà fait, quoique dans des dimensions moindres. […] Que l’auteur de la Marquise, en reprenant une toile plus grande, demeure désormais aussi consciencieux et aussi sévère : il aura beaucoup fait pour nos plaisirs. 

158. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Grenier, l’auteur de ce livre, fut un professeur, et il nous l’a dit : « C’est dans dix années de douce vie provinciale et « collégiale qu’il lut tous les auteurs anciens », et qu’il forgea et aiguisa la petite sagette que voici. […] L’auteur d’À travers l’Antiquité a voulu faire ce qu’on n’avait, jusqu’à lui, jamais fait sur l’antiquité. […] Les faits rendent impossible toute dénégation mais le ton de l’auteur, plus puissant que les faits, rend tout enthousiasme impossible pour les nations où les choses se passaient comme il prend la peine de les raconter. […] L’auteur du livre intitulé : À travers l’Antiquité, nous donne de ces rhéteurs, qui furent d’abord des Grecs, et qui devinrent des Romains, une idée qu’aucun livre n’en avait donnée, même approximativement. […] Voilà pourtant toutes les raisons de l’espèce d’amende honorable que fait, sans torche, sans-corde au cou et sans escalier de Palais de Justice, l’auteur d’un livre qui n’avait qu’à le signer pour en tirer l’honneur qu’il mérite, et qui ne craint pas d’avilir son livre, en le condamnant… L’auteur d’À travers l’Antiquité ressemble, dans son épilogue, à l’homme qui a peur d’un pétard qu’il vient d’allumer.

159. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Pour l’auteur de ces tristes Mémoires, le but évident, le but pourpensé et réfléchi de son livre, c’est ce coup de Jarnac du pamphlet, mais le roman y est aussi. […] Mais l’auteur des Mémoires d’aujourd’hui n’était ni la femme de son titre, en supposant que ce ne fût pas une femme, ni même l’homme qu’il aurait fallu pour la remplacer. […] C’était un auteur qui voulait rester un auteur ! Tout le temps que je le lisais, cet auteur : Voilà, me disais-je, une femme de chambre qui parle comme tous les livres à couvertures jaunes que je connais, et Dieu sait, hélas ! […] Et maintenant que nous avons signalé le traquenard de son titre, nous n’ajouterions rien de plus sur le livre et sur son auteur, s’il n’y avait pas une question plus importante que l’auteur et son livre, et que ce livre impose à la Critique l’obligation de poser.

160. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Ces préoccupations se font jour aux époques de décadence seulement, et chez les auteurs maniérés. […] Et il sera suivi et imité en cela par plus d’un auteur. […] Nous demandons au titre une indication : l’auteur ne devrait jamais l’oublier. […] Richardson, éditeur de Paméla, Clarisse et Richardson, revue et retouchée par lui sur le manuscrit de l’auteur » (1773). […] On a donné bien des explications différentes à ces mots que l’auteur ne prit pas la peine d’éclaircir lui-même.

161. (1879) À propos de « l’Assommoir »

On ne se contenta pas de calomnier la pièce, on alla presque jusqu’à insulter l’auteur. […] Le Vavasseur et l’auteur anonyme de l’Exposition des Cérémonies de la messe basse. […] L’auteur ne les quitte pas un instant. […] Presque tous les auteurs dramatiques promettaient à M.  […] Les auteurs ont cherché le drame dans la rivalité de Gervaise et de Virginie.

162. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Il y a plus, l’auteur ne comprendrait pas qu’on ajoutât après coup des développements nouveaux à un ouvrage de ce genre. […] L’auteur attache donc un prix particulier à ce que le public sache bien que les chapitres ajoutés ici n’ont pas été faits exprès pour cette réimpression. […] L’auteur considéra que les deux seuls de ces chapitres qui eussent quelque importance par leur étendue, étaient des chapitres d’art et d’histoire qui n’entamaient en rien le fond du drame et du roman, que le public ne s’apercevrait pas de leur disparition, et qu’il serait seul, lui auteur, dans le secret de cette lacune. […] C’est là, l’auteur le déclare, un des buts principaux de ce livre ; c’est là un des buts principaux de sa vie. […] Mais l’auteur est bien loin de considérer comme accomplie la tâche qu’il s’est volontairement imposée.

163. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Jamais productions théâtrales ne furent plus goûtées, ni auteur plus chéri. […] L’auteur ne s’étoit pas fait connoître ; mais on le devina au coloris de la pièce. […] C’est une des pièces de l’auteur qui fait le plus de plaisir. […] Le talent d’acteur & d’auteur de comédie lui paroît celui d’un homme abominable. […] Arrêtons-nous à un seul, dans lequel tout porte l’empreinte du génie de l’auteur.

164. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

La critique naturaliste, qui analyse la passion d’un livre et sa vérité de cœur, a exalté l’auteur de Fanny outre mesure, et cela devait être. […] L’auteur de Fanny n’a pas pensé à la question sociale qui palpitait sous la question individuelle. […] Tel n’a point fait l’auteur de Fanny. […] Malheureusement, l’auteur de Fanny n’a pas la notion du mariage, nous l’avons dit, et il faut le lui répéter ! […] L’héroïne est une jeune fille flamande que l’auteur a faite vulgaire à dessein, croyant, par là, énorme erreur !

165. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Puis, chemin faisant, il importe d’acquérir et d’amasser toutes les connaissances accessoires en tout genre qui mettent à même de juger des matières dont ces auteurs si divers ont traité. […] Il avait ramassé dans les divers auteurs toutes les phrases qu’il jugeait applicables à sa propre nature et à son caractère. […] Il a enfoui et caché dans les commentaires qu’il donne de ces ennuyeux et illisibles auteurs nombre de petites notes très-agréables et toutes françaises ; sachons gré à M.  […] Mais entre tous les auteurs de son choix autour desquels il musa et s’amusa, il me fait l’effet de ne s’être complu et délecté souverainement qu’à son Aristénète, — plus encore qu’à son Philostrate. […] Wyttenbach s’était occupé d’Eunape, et il avait déjà fait sur cet auteur bon nombre de remarques, lorsqu’il fut arrêté par l’état de ses yeux ou par toute autre cause.

166. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Eh bien, quel que soit mon peu de penchant à me croiser pour les choses du théâtre, j’apprendrai cependant aux lecteurs ce que vaut le livre d’Édelestand du Méril, et, plus et mieux encore, ce que vaut l’auteur de ce livre ! […] Rien n’a défailli ni dans la plume ni dans la tête de l’auteur. […] L’auteur de l’Histoire de la Comédie a souvent de ces expressions, dont il tire un très grand effet. […] L’auteur est si savant, si admirablement savant, qu’on ne voudrait voir dans son livre que des choses nouvelles, et que cette nappe merveilleuse de connaissances et de renseignements ne devrait point rouler l’écume et le sable des choses connues de tout le monde. Voilà le défaut, qui tient à une qualité de force de tête et d’embrassement que nous n’avons pas comme l’auteur.

167. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Ils lisent en eux-mêmes, alors qu’ils croient lire l’auteur qu’ils ont sous les yeux. […] On débite tout ce qu’on sait de l’auteur et du livre. […] Il faut partir du sens de l’auteur ; par ce qu’il a voulu dire se détermine la limite de ce qu’on a le droit de lui faire dire. […] L’Art d’écrire de Condillac est tout plein de passages expliqués, où l’auteur démontre par des analyses minutieuses à quoi tient la force ou la faiblesse d’un style. […] Et il ne serait peut-être pas exagéré de penser que le sens de l’auteur est tout de même, un sens privilégie, auquel je puis donner une attention particulière.

168. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

À quoi donc se réduit la découverte de l’auteur de Latréaumont ? […] Je suis sûr que l’auteur, en dessinant ce personnage, s’est applaudi et félicité. […] Comment l’auteur, dont les débuts datent déjà de sept ans, est-il tombé dans cette singulière méprise ? […] Ce que Latréaumont dit de lui-même, l’auteur pourrait le dire. […] Comme si le sujet n’était pas assez vaste par lui-même, l’auteur essaye de l’agrandir, que dis-je ?

169. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 517-518

PIN, [Louis Ellies du] Docteur de Sorbonne, & Professeur de Philosophie au Collége Royal, né à Paris en 1657, mort dans la même ville en 1719, a été un des Auteurs les plus féconds du Siecle dernier. […] Sa Bibliotheque des Auteurs Ecclésiastiques comprend tous les Siecles de l’Eglise, l’Histoire des Auteurs, le Catalogue, le Sommaire & la Critique de leurs Ouvrages. La partie qui comprend le dix-septieme Siecle n’a pas dû couter beaucoup à l’Auteur ; il n’a fait que copier les Extraits du Journal des Savans ; mais comme M. l’Abbé du Pin avoit travaillé long-temps à ce Journal, il peut se faire qu’il n’ait fait que revendiquer un bien qui lui appartenoit. Sa Bibliotheque des Auteurs séparés de la Communion Romaine, est écrite dans le même goût que la précédente.

170. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Quelque chose, par exemple, comme le livre des Césars qui, de fait, quand il parut, fut tout ensemble un coup d’essai de l’auteur et un coup de maître en histoire, car ce fut une réalisation ? […] Parmi les connaisseurs, ce fut un succès, aristocratique comme son auteur. […] L’auteur des Césars, cet ironique de l’histoire, était quelque peu déplacé sur ce terrain. […] Eh bien, c’est ce que ne fait point une seule fois l’auteur de Rome et la Judée ! […] » À qui demanderons-nous, Si ce n’est à lui-même, de nous rendre l’auteur des Césars ?

171. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Telle est la touche de l’auteur. […] Telle est la conclusion que l’auteur ose mettre dans la bouche de Lysistrate, parlant en face aux Athéniens. […] Au sujet de ce vœu, l’auteur crée une fiction frappante, vive et morale. […] Peu d’auteurs ont le tact assez fin, assez sûr, pour saisir ces nuances. […] En effet à quoi prétend un auteur comique ?

172. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Le spirituel auteur de la tragédie d’Hector, M.  […] L’Académie est très sévère, mais pas plus que l’auteur ne l’est pour lui-même. […] L’auteur a travaillé toute sa vie pour détruire lui-même l’intérêt de sa pièce, ainsi que le sublime du caractère de Polyeucte. […] Quel auteur n’eût pas été écrasé sous le poids d’un tel personnage ? […] Le goût de Richelieu pour le théâtre ennoblit tout à la fois les acteurs et les auteurs.

173. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 428-429

Le seul nom de Cléopatre, de Cassandre, de Pharamond, suffisent aujourd’hui pour faire peur à nos Lecteurs delicats, & pour mettre en jeu les plaisanteries des petits Auteurs. […] Les Anglois les regardent comme des sources abondantes, capables de féconder la sécheresse naturelle de leur imagination ; & leurs Auteurs, dit-on, ne manquent jamais de les lire, quand ils veulent travailler dans le même genre. […] Il est étonnant que l’Auteur qui a fourni matiere à tant d’Ouvrages dramatiques, ait fait des Pieces si détestables. […] répondit l’Auteur ; Cadédis, il n’y a rien de lâche dans la famille de la Calprenede. […] Tout a l’humeur gasconne en un Auteur Gascon, Calprenede & Juba parlent du même ton.

174. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre II. De la patrie d’Homère » pp. 258-259

Plusieurs auteurs ont même cherché sa patrie dans l’Italie, et Léon Allacci (De patriâ Homeri) s’est donné une peine inutile pour la déterminer. S’il est vrai qu’il n’existe point d’écrivain plus ancien qu’Homère, comme Josèphe le soutient contre Apion le grammairien, si les écrivains que nous pourrions consulter ne sont venus que longtemps après lui, il faut bien que nous employions notre critique métaphysique à trouver dans Homère lui-même et son siècle et sa patrie, en le considérant moins comme auteur de livre, que comme auteur ou fondateur de nation ; et en effet, il a été considéré comme le fondateur de la civilisation grecque. L’auteur de l’Odyssée naquit sans doute dans les parties occidentales de la Grèce, en tirant vers le midi. […] On lit dans Sénèque, que c’était une question célèbre que débattaient les grammairiens grecs, de savoir si l’Iliade et l’Odyssée étaient du même auteur.

175. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Il faut, pour être applaudi au théâtre, que l’auteur possède, indépendamment des qualités littéraires, un peu de ce qui constitue le mérite des actions politiques, la connaissance des hommes, de leurs habitudes et de leurs préjugés. […] Les auteurs grecs comptaient sur un certain nombre d’effets tragiques qui tenaient à la crédulité de leurs spectateurs ; et ils pouvaient suppléer, par les terreurs religieuses, à quelques émotions naturelles. […] Dans les tragédies modernes, on aperçoit presque toujours, par le caractère du style, que l’auteur lui-même a éprouvé quelques-unes des douleurs qu’il représente. […] L’idée forte qu’Homère avait donnée de ses héros, a beaucoup servi les auteurs tragiques. […] Les auteurs tragiques cherchent toujours à ranimer les impressions que la nation qui les écoute a souvent éprouvées.

176. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

C’est l’attention qu’a eu M. l’Abbé Auger, auteur d’une nouvelle traduction, publiée à Rouen 1768. […] Ces discours d’appareil rendent légitimement suspect leur objet & leur auteur. […] “Plusieurs Avocats françois, dit l’auteur des Nouveaux Mêlanges, sont devenus dignes d’être des Sénateurs Romains. […] Toutes les causes qu’il traite ont des singularités, & le talent particulier de l’auteur est de les présenter encore de la maniere la plus piquante. […] L’auteur a moins de finesse que le Secrétaire de l’Académie des Sciences ; mais il écrit naturellement.

177. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Ainsi, dans les Réflexions sur l’État de l’Église, de 1808, la puissance spirituelle n’est pas présentée encore comme la supérieure et la régente du pouvoir temporel : ce sont plutôt aux yeux de l’auteur deux alliés qui s’entr’aident. […] Ce dernier résultat ne me paraissait pas, je l’avoue, aussi déplorable et aussi nécessairement infertile que l’a jugé l’illustre auteur. […] J’ose affirmer que, si l’un des deux compagnons de voyage de l’illustre auteur abordait le même récit, il le ferait dans une impression toute différente. […] À tout moment l’auteur se suppose le même, et il ne l’est pas. […] Puisque l’auteur de l’Indifférence et le comte Joseph de Maistre sont morts, nous ne voyons pas qui le foudroiera. 

178. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

Ainsi qu’il s’y était engagé dans la préface de son dernier drame, l’auteur est revenu à l’occupation de toute sa vie, à l’art. […] Dans la pensée de l’auteur, si le mot bilogie n’était pas un mot barbare, ces deux pièces ne feraient qu’une bilogie sui generis, qui pourrait avoir pour titre : le Père et la Mère. […] L’auteur de ce drame ne se croit pas digne de suivre d’aussi grands exemples. […] L’auteur est loin d’être Corneille ; l’auteur est loin d’avoir affaire à Chapelain ou à Scudery. […] L’auteur de ce drame sait combien c’est une grande et sérieuse chose que le théâtre.

179. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Si l’auteur avait écrit ce premier chapitre (comme il convient aux préfaces) en dernier lieu et après son livre achevé, nul doute qu’il ne l’eût écrit tout différemment. L’auteur, en avançant dans son récit, a fait maintes fois autre chose que ce qu’il avait projeté d’abord ; la débauche y tient moins de place que dans le projet primitif, j’imagine. […] M. de Musset est, de nos jeunes auteurs modernes, celui duquel on tirerait peut-être le plus grand nombre de vives et saillantes épigraphes, c’est-à-dire de pensées concises, colorées et comme inscrites sur un caillou blanc. […] L’auteur, dont la plume devient plus sûre de jour en jour, a quelque chose à faire pour l’entière harmonie de tous ces éléments divers, et volontiers disparates. […] L’auteur de l’épisode de Mme Pierson (je m’obstine à isoler et à appeler ainsi la troisième partie) est guéri enfin.

180. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Comme les premiers auteurs d’une opinion de philosophie ont pû se tromper, ils ont pû successivement abuser de generation en generation tous leurs sectateurs. […] Il lui est permis, sur tout lorsqu’il peut alléguer quelque expérience favorable à son sentiment, de combattre ces principes avec aussi peu de pudeur que s’il attaquoit un systême de quatre jours, un de ces systêmes qui n’est encore cru que par son auteur et par les amis de l’auteur, qui même cessent de le croire dès le moment qu’ils sont brouillez avec lui. […] Les poëmes de nos auteurs ne leur paroîtront des ouvrages d’un mérite médiocre, que lorsque les organes de cette machine seront assez altérez pour faire trouver le sucre amer, et le jus d’absinte doux. […] Si l’auteur écrit mal, personne n’en parle. […] Attaquer le sentiment établi, c’est se faire d’abord un auteur distingué.

181. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

L’état général de la littérature au moment où un nouvel auteur y débute, l’éducation particulière qu’a reçue cet auteur, et le génie propre que lui a départi la nature, voilà trois influences qu’il importe de démêler dans son premier chef-d’œuvre pour faire à chacune sa part, et déterminer nettement ce qui revient de droit au pur génie. […] Il fut vite agréé de la ville et de la cour ; le cardinal le remarqua et se l’attacha comme un des cinq auteurs ; ses camarades le chérissaient et l’exaltaient à l’envi. […] Les mœurs littéraires du temps ne ressemblaient pas aux nôtres : les auteurs ne se faisaient aucun scrupule d’implorer et de recevoir les libéralités des princes et seigneurs. […] Il reproche à tout moment à son auteur de n’avoir ni grâce, ni élégance, ni clarté : il mesure, plume en main, la hauteur des métaphores, et quand elles dépassent, il les trouve gigantesques. […] Lebrun, l’auteur de Marie Stuart, sait réciter et faire valoir à merveille.

182. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 214-215

., Auteur qui a eu le courage de publier un Livre intitulé Tableau de l'Esprit & du Cœur, où il proscrit les conversations instructives & les Ouvrages agréables, en disant, avec un grand jugement, que l'utile est fait pour la plume, l'agréable pour la langue. […] Pour joindre la fine Littérature à la saine Morale, il apprend au Public que les Auteurs anciens sont obscurs & la nuit même ; qu'Horace n'est qu'un homme de table & de plaisirs, qui ne cherche qu'à rire & à boire. […] Ses foudres s'étendent jusque sur nos meilleurs Auteurs ; la réputation de Lafontaine lui a toujours paru mal fondée, &c. Quand on sait faire ainsi le Tableau du Cœur & de l'Esprit, le cœur, ou tout au moins l'esprit de l'Auteur, & l'Auteur lui-même, ne doivent-ils pas se cacher bien loin derriere le Tableau ?

183. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Le moment politique est grave : personne ne le conteste, et l’auteur de ce livre moins que personne. […] L’art, et l’auteur de ce livre n’a jamais varié dans cette pensée, l’art a sa loi qu’il suit, comme le reste a la sienne. […] L’artiste, comme l’auteur le comprend, qui prouve la vitalité de l’art au milieu d’une révolution, le poëte qui fait acte de poésie entre deux émeutes, est un grand homme, un génie, un œil, ὀφθαλμός, comme dit admirablement la métaphore grecque. L’auteur n’a jamais prétendu à la splendeur de ces titres, au-dessus desquels il n’y a rien. […] Elles font d’ailleurs partie d’un recueil de poésie politique, que l’auteur tient en réserve.

184. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XV. Des ouvrages sur les différentes parties de la Philosophie. » pp. 333-345

L’auteur l’avoit d’abord publié en allemand par demandes & réponses, & ce livre lui avoit déjà fait beaucoup d’honneur. […] Les livres les plus agréables & les plus utiles sont, sans contredit, ceux qui roulent sur la Physique ; plusieurs excellens auteurs se disputent ici l’entrée de notre cabinet. […] Cet auteur a de la méthode, & il écrit agréablement ; mais il est peu approfondi. Divers auteurs ont traité des sujets particuliers de Physique, tels que M. de Maupertuis dont on a recueilli tous les ouvrages en quatre vol. […] On peut assurer que l’auteur y a fort bien analysé ses idées ; son livre est méthodique, instructif, suffisamment orné de figures & du style le plus analogue au sujet.

185. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Il n’y a pas d’auteurs plus clairs que La Fontaine, que La Bruyère. […] Mais encore le plus souvent, presque toujours, quelques précautions prises, on comprend beaucoup mieux un auteur quand on le relit que quand on le lit pour la première fois. […] On invente un peu à la suite de l’auteur. […] Nous étions entrés dans la pensée de l’auteur, nous entrons maintenant dans son laboratoire ; nous le voyons travailler. […] Quelquefois aussi, il veut en rencontrer toujours de nouvelles, de toutes nouvelles, et il invente aux auteurs des sens inattendus, ou tout au moins des intentions qu’il n’est pas absolument certain qu’ils aient eues.

186. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Voix intérieures » (1837) »

Si le livre qu’on va lire est quelque chose, il est l’écho, bien confus et bien affaibli sans doute, mais fidèle, l’auteur le croit, de ce chant qui répond en nous au chant que nous entendons hors de nous. Au reste, cet écho intime et secret étant, aux yeux de l’auteur, la poésie même, ce volume, avec quelques nuances nouvelles peut-être et les développements que le temps a amenés, ne fait que continuer ceux qui l’ont précédé. […] L’auteur a toujours pensé que la mission du poète était de fondre dans un même groupe de chants cette triple parole qui renferme un triple enseignement, car la première s’adresse plus particulièrement au cœur, la seconde à l’âme, la troisième à l’esprit. […] L’auteur, on le voit, ne se dissimule aucune des conditions rigoureuses de la mission qu’il s’est imposée, en attendant qu’un meilleur vienne. […] Quant à la dédicace placée en tête de ce volume, l’auteur, surtout après les lignes qui précèdent, pense n’avoir pas besoin de dire combien est calme et religieux le sentiment qui l’a dictée.

187. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Cet auteur passoit sa vie à fuir d’un lieu en un autre, jusqu’à ce qu’enfin il expia par le feu sa réputation d’athée public. […] Il attaqua vivement l’auteur, Italien de naissance, un de ces sçavans, il est vrai, sans esprit & sans goût, mais considérés à cause de leur application & de leurs recherches, qui ne sortent des bornes de la modération, que lorsqu’on ne garde aucun ménagement pour eux. […] Elle produisit l’effet qu’en attendoit l’auteur. […] Comment M. l’abbé Goujet a-t-il oublié cet auteur, en faisant l’énumération suivante : « Jean le Chatelain, auteur de la Chronique de Metz en vers, fut brûlé vif pour crime d’hérésie. […] Un gentilhomme Italien fut pendu, pour avoir traduit dans sa langue le libèle de Gilles Durant Antoine de Mont-Chrêtien, auteur de plusieurs tragédies, fut traîné sur la claie, pour crime de rébellion.

188. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Crébillon, ainsi que quelques auteurs de son âge, comptait trop sur la licence de ses sujets et sur son libertinage de ton pour se faire lire ; il croyait se donner le lecteur pour complice. […] Certes, Montesquieu devenu l’auteur de L’Esprit des lois aurait ratifié et signé cette critique adressée au jeune auteur des Lettres persanes. […] Marivaux fut du nombre des jeunes auteurs qui cherchèrent sur ce théâtre nouveau une variété et une légèreté de formes que ne leur permettait pas la scène française. […] La nature humaine n’y est pas creusée assez avant ; on y voit du moins le faible de l’auteur et son goût pour ce genre de serviteurs officieux, voisins des maîtres. […] [1re éd.] l’auteur ne l’a pas franchi.

189. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

L’auteur a seulement transposé, avec beaucoup d’art, et mythologisé cette sourde plainte du cœur et des sens. […] Il est vrai que l’auteur, au lieu de faire Mâtho doucereux, s’est appliqué à garder à son amour un caractère animal et un peu féroce. […] Où donc l’auteur a-t-il pris une pareille idée des Conseils de Carthage ? […] L’auteur n’a rien négligé de ce qui pouvait relever et accentuer la situation. […] Si j’avais affaire à un auteur mort, je dirais qu’il y a peut-être chez lui un défaut de l’âme ; mais comme nous connaissons tous M. 

190. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Et que les Païens innocents 27 aient été écrits avant ou après l’Introduction aux Lettres du président de Brosses, ils disent éloquemment que si c’est après la tête et la poitrine de l’auteur se sont ouvertes et que, dans ces lèvres pincées, a éclos le naturel et bon sourire ; et si c’est avant l’Introduction que ces nouvelles ont été composées, elles disent non moins éloquemment encore que l’auteur a porté la peine de ses doctrines, — car, pour une minute, elles ont desséché et défiguré son talent. […] … Et cependant, s’il y avait un sujet sur lequel les idées philosophiques de l’auteur pouvaient porter et déteindre, c’était le fond de ces nouvelles, qui n’est pas d’invention chez Babou, et sur lequel il a détaché des combinaisons et des personnages. […] En effet, en ces deux-là, on trouve, avec ses qualités habituelles et dans le milieu ordinaire de l’observation de l’auteur, deux ou trois individualités, deux ou trois têtes, en profil, il est vrai, mais qui sont arrêtées et dont la fine originalité vous saisit au plus délicat de votre être. […] quelquefois il la rencontre à force de… justesse, mais, franchement, ce n’est pas cette calme et profonde chose, austèrement cherchée, qui est la préoccupation habituelle de l’auteur de ce livre tout en étincelles, et en étincelles qui tombent… n’importe où ! […] Eh bien, franchement, est-elle dans ces Lettres, que rien ne relie les unes aux autres, et dont quelques-unes (par exemple celle sur Jules de la Madelène, dont la mort interrompt le critique autant que l’auteur, ) semblent des fragments inachevés !

191. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

— Quels auteurs faut-il lire ? […] Autant de goûts personnels, autant d’auteurs différents. […] En d’autres termes, quels auteurs doit-on lire ? […] On n’emprunte pas l’âme d’un auteur. […] Pourquoi nous obliger à lire les vieux auteurs ?

192. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Ils n’ont pas vu que l’auteur du mémoire parlait leur langue et la parlait aussi bien qu’eux. […] et l’auteur de l’Etre social partage l’une et l’autre avec eux. L’auteur de l’Être social, qui a bu largement aux abreuvoirs du temps, est, tout aussi bien qu’eux, un empoisonné de scepticisme et d’espérance. […] L’auteur de l’Être social n’a pas d’autre verre, pour boire la certitude dont tout esprit a soif, que le verre vide de l’espérance, — Je même verre que celui de cette insolente Académie des sciences morales et politiques, qui lui a refusé de trinquer ! […] Littérairement, l’auteur de l’Etre social a de la valeur.

193. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

L’étonnement vient du talent qu’il y a dans ce livre, et la tristesse de l’emploi que l’auteur y fait de ce talent inattendu. […] J’ai cru qu’il en serait ainsi pour l’auteur d’Henriette Gérard. […] L’auteur du Malheur d’Henriette Gérard, avec l’amour de son école pour la trivialité, s’est cru très-profond et très-nature, le malheureux ! […] Que le réalisme s’applaudisse de ce dénoûment, s’il lui plaît ; nous nous en affligeons, nous, pour un livre qui pouvait se sauver par là de l’immense et universelle vulgarité de fond dans laquelle il se perd, malgré les qualités et les efforts de son auteur. […] Certainement, dans l’état actuel de leurs deux esprits, l’auteur de Madame Bovary est supérieur de facultés à l’auteur du Malheur d’Henriette Gérard, et il le serait encore par cela seul qu’il a vécu davantage, mais ils se ressemblent même par leurs défauts.

194. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

… L’auteur de ce livre de haute graisse, car il est de haute graisse, aurait-il été, il faut bien le dire, charcutier ? […] Zola, qui, du reste, ne devait exister dans la pensée de son auteur que par son exécution pittoresque. […] … L’auteur de La Faute de l’abbé Mouret n’en fait pas moins contre le catholicisme acte de haine profonde, malgré l’insignifiance de son impiété. […] L’auteur, c’est M.  […] L’auteur de L’Assommoir n’est ni plus haut, ni plus fort que son siècle, qui l’a emboîté dans ses rails impérieux.

195. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

[Note de l’auteur] — J’ai écrit plus d’une fois sur La Rochefoucauld. […] Un seigneur aussi grand en esprit qu’en naissance en est l’auteur. […] Les uns croient que c’est outrager les hommes que d’en faire une si terrible peinture, et que l’auteur n’en a pu prendre l’original qu’en lui-même, ils disent qu’il est dangereux de mettre, de telles pensées au jour, et qu’ayant si bien montré qu’on ne fait les bonnes actions que par de mauvais principes, la plupart du monde croira qu’il est inutile de chercher la vertu, puisqu’il est comme impossible d’en avoir si ce n’est en idée ; que c’est enfin renverser la morale, de faire voir que toutes les vertus qu’elle nous enseigne ne sont que des chimères, puisqu’elles n’ont que de mauvaises fins. […] Nous autres grands auteurs sommes trop riches pour craindre de rien perdre de nos productions… » Notons bien tout ceci : Mme de Sablé dévote, qui, depuis des années, a pris un logement au faubourg Saint-Jacques, rue de la Bourbe, dans les bâtiments de Port-Roval de Paris ; Mme de Sablé, tout occupée, en ce temps-là même, des persécutions qu’on fait subir à ses amis les religieuses et les solitaires, n’est pas moins très présente aux soins du monde, aux affaires du bel esprit ; ces Maximes, qu’elle a connues d’avance, qu’elle a fait copier, qu’elle a prêtées sous main à une quantité de personnes et avec toutes sortes de mystères, sur lesquelles elle a ramassé pour l’auteur les divers jugements de la société, elle va les aider dans un journal devant le public, et elle en travaille le succès. Et d’autre part, M. de La Rochefoucauld, qui craint sur toutes choses de faire l’auteur, qui laisse dire de lui dans le discours en tête de son livre, « qu’il n’aurait pas moins de chagrin de savoir que ses Maximes sont devenues publiques, qu’il en eut lorsque les Mémoires qu’on lui attribue furent imprimés » ; M. de La Rochefoucauld, qui a tant médit de l’homme, va revoir lui-même son éloge pour un journal ; il va ôter juste ce qui lui en déplaît.

196. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

L’auteur voulait présenter un tableau du trouble de la passion chez des natures sauvages et primitives, placées au sein d’un désert inconnu et non encore décrit. […] Mais quand on a dit tout cela, on n’a rien prouvé ; le talent de l’auteur, dans ce qu’il a précisément de neuf, de puissant et de grand, ne laisse pas de vous prendre, de vous remuer étrangement et de triompher. […] L’auteur, en retraçant dans la figure de René son propre portrait de jeunesse, son portrait idéalisé, a par là même présenté comme un type de la maladie morale des imaginations à cette époque et pour les générations qui ont suivi. […] Le Dernier Abencerage, enfin, qui marque chez l’auteur une manière plus avancée, paraîtra sans doute aujourd’hui concerté, antithétique, un peu guindé. […] L’auteur a cherché, sous ces beaux noms étrangers et chevaleresques, à consacrer et à immortaliser une flamme rapide de passion qu’il avait lui-même ressentie et exhalée à son passage dans ce délicieux Alhambra.

197. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

Pour la première fois, l’auteur de ce recueil de compositions lyriques, dont les Odes et Ballades forment le troisième volume, a cru devoir séparer les genres de ces compositions par une division marquée. […] L’auteur, en les composant, a essayé de donner quelque idée de ce que pouvaient être les poëmes des premiers troubadours du moyen-âge, de ces rapsodes chrétiens qui n’avaient au monde que leur épée et leur guitare, et s’en allaient de château en château, payant l’hospitalité avec des chants. S’il n’y avait beaucoup trop de pompe dans ces expressions, l’auteur dirait, pour compléter son idée, qu’il a mis plus de son âme dans les Odes, plus de son imagination dans les Ballades. […] Qu’on leur donne tel autre titre qu’on voudra ; l’auteur y souscrit d’avance. […] L’auteur de ce recueil développera peut-être ailleurs tout ce qui n’est ici qu’indiqué.

198. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Dans les conférences académiques, chacun devait rendre compte des anciens auteurs qu’il avait lus ; et même chaque académicien prenait le nom de celui de ces anciens auteurs pour lequel il avait le plus de goût, ou de quelque personnage célèbre de l’antiquité. […] Toutes ces remarques ne doivent pas échapper à un auteur de dictionnaire. […] D’ailleurs, il ne faut pas croire qu’un mot latin ou grec, pour avoir été employé par un bon auteur, soit toujours dans le cas de pouvoir l’être. […] De plus, quand on cite un mot ou un tour comme appartenant à un auteur qui n’a pas été du bon siècle, ou qui ne passe pas pour un modèle irréprochable, il faut marquer avec soin si ce tour ou ce mot a été employé par quelqu’un des bons auteurs, et citer l’endroit ; ou plutôt on pourrait, pour s’épargner cette peine, ne citer jamais un mot ou un tour comme employé par un auteur suspect, lorsque ce mot a été employé par de bons auteurs, et se contenter de citer ceux-ci. Enfin, quand un mot ou un tour est employé par un bon auteur, il faut marquer encore s’il se trouve dans les autres bons auteurs du même temps, poètes, historiens, etc., afin de connaître si ce mot appartient également bien à tous les styles.

199. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Il s’est fait presque de lui-même, avec les premières impressions de la vie, ces premières impressions qui n’ont pas besoin d’appuyer pour laisser en nous d’ineffaçables empreintes, et il n’a demandé d’autre travail à son auteur que de se souvenir. […] L’auteur, qui a de l’âme, du reste, à défier tous les railleurs de la terre, n’a pas craint de revenir à un genre vieilli et condamné par une critique superficielle. […] Mais, dans ce livre nouveau, dans ce livre tout de sentiment, de rêverie et de ressouvenir, nous ne pensons pas qu’on puisse reprocher à l’auteur les qualités de sa manière, si appropriées et si seyantes à son sujet. […] Si l’auteur ne les avait pas, on les désirerait ! […] Pour en revenir à notre auteur, que n’eût pas été Dargaud dans son livre de la Famille, s’il avait été catholique !

200. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Quoique la description et le sentiment y tiennent leur place, ils n’y débordent pas, comme dans la plupart des romans actuels, et l’auteur, qui a vécu, car il faut avoir vécu pour faire des romans, a mis tout au fond une pensée. […] Ainsi, par exemple, ce n’est guères qu’à la 108e page d’un récit qui n’en a que 219 que l’idée de l’auteur se dégage et qu’on en voit rayonner au loin la portée. […] Vous vous dites que dans une seconde l’auteur sera irréligieux, heurtera aux idées modernes… Eh bien, non ! […] L’auteur est plus un curieux, qui se regarde en se retournant, qu’un pathétique romancier qui épouse ardemment et les personnages et les événements de son histoire. […] De narrative elle devient épistolaire, et voilà qu’en se transformant le talent de Wey se transfigure, Ici l’auteur atteint son vrai niveau.

201. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Là, on le retrouve ; on reconnaît l’auteur du Père Goriot, à la description nette et vive des costumes et des allures. […] Plusieurs s’en firent gloire et créèrent des types admissibles seulement pour leur auteur. […] L’auteur y fait pleurer le diable. […] Il est de ceux qui aiment à découvrir dans les œuvres, la personnalité plus ou moins complète de leur auteur. […] Il lit bien certainement ses auteurs une loupe à la main, car rien ne lui échappe.

202. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

L’auteur a su se renfermer dans de justes proportions. […] Bulwer expriment clairement les prétentions et les espérances de l’auteur. […] Et c’est pour cela précisément que nous blâmons la prodigalité de l’auteur. […] Il est vrai que l’auteur met cette espérance sur le compte de M.  […] L’auteur n’a choisi Athènes que pour donner à sa fantaisie un plus libre cours.

203. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Marais, à le bien lire, nous apprend ainsi quantité de détails curieux sur nos grands auteurs ses contemporains ; il donne la clef de particularités, déjà obscures. […] Il me semble aussi que l’industrie la plus artificieuse des auteurs ne le peut tromper. […] Vous connaissez amplement mille particularités, mille personnalités, qui sont inconnues à la plupart des auteurs, et vous pourriez leur donner la meilleure forme du monde. […] Il y a, dans tous les temps, de ces dessous de cartes de livres et d’auteurs. […] Il sasse et ressasse ce dernier auteur et n’en sort pas.

204. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Tout auteur tant soit peu influent et à la mode crée un monde qui le copie, qui le continue, et qui souvent l’outrepasse. […] Quoi qu’il en soit, dans la préface d’Arthur, et auparavant dans celle de Latréaumont, l’auteur semble près de s’amender ; il ne croit plus au mal absolu ni à son triomphe inévitable sur le bien ; du point de vue plus élevé d’où il juge, « les illusions du vice lui paraissent, dit-il, aussi exorbitantes à leur tour que lui paraissaient jadis celles de la vertu. » L’auteur arrive évidemment à sa maturité d’éclectisme et de scepticisme. […] » J’en viens aux romans historiques de l’auteur. — Au moment même où, dans la préface de Latréaumont, M. […] La manière dont ils furent pris indiqua à l’auteur une voie nouvelle, et la facilité d’une partie du public ouvrit à son talent des jours dont il profita. […] Rien certes ne saurait être plus éloigné du genre de progrès et de perfectionnement graduel auquel nous nous permettions d’inviter l’auteur d’Arthur ; la littérature proprement dite n’a plus que faire ici.

205. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Bien jolie est l’histoire de cette leçon suprême infligée à ma vanité d’auteur ! […] L’humanité peut s’amuser, quelques jours, de l’auteur d’une « sottise », comme elle peut donner un grand retentissement au nom de l’auteur d’un crime. […] Quand on juge les auteurs du passé, c’est presque impossible, à cause des préjugés de toute la tradition accumulée ; et c’est presque impossible aussi quand on juge les auteurs du temps présent, à cause de préjugés d’une autre sorte. […] Qu’est-ce qu’un auteur ? […] Quand l’auteur se fit connaître, il se trouva que c’était un vaudevilliste sifflé.

206. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Plus tard pourtant, et peu à peu, tout ce qui est romans, nouvelles, commence à vous échapper, surtout venant d’auteurs jeunes, et, une fois le fil perdu, on ne le rattrape pas aisément. […] Ce dernier surtout était l’auteur à la mode vers 1847. […] On sent donc là, comme dans d’autres proverbes du même auteur, une première observation vraie, beaucoup de finesse et de délié dans l’exécution et aussi un coin de faux par parti pris. […] Feuillet un auteur qui s’est livré à cette veine de réhabilitation des bons ménages et des mœurs provinciales honnêtes par impuissance d’en comprendre et d’en peindre d’autres, ou, dans un autre sens, de faire de lui un auteur tout à fait dégagé, qui n’aurait choisi ce motif et ce thème de talent que comme le plus neuf et le plus opportun pour le quart d’heure, le plus susceptible de succès. […] L’auteur, on le sait, ne s’en est pas tenu là.

207. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Nullement ; et, du reste, l’auteur sait varier ses formes, choisira chaque moment celle qui convient le mieux. […] L’auteur montre combien il est puéril de ne vouloir voir en Wagner qu’un musicien ; il le compare à Luther. […] Jean Richepin (1849-1926) était poète, romancier et auteur dramatique. […] Pierre Quillard (1864-1912) est un poète symboliste, auteur dramatique et journaliste. […] Il est l’auteur de Richard Wagner, les étapes de sa vie, de sa pensée et de son temps, paru de façon posthume (Paris, Hachette, 1923).

208. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Dans une étude sur un grand auteur, je puis mettre du talent et quelque chose de moi ; dans un poème composé à l’émulation des grands auteurs, il peut ne se trouver ni talent, ni personnalité, ni rien. […] Ils sont beaucoup plus connus que le nom de leur auteur. […] Il y a deux catégories d’auteurs et d’ouvrages : les vivants et les morts. […] Ne serait-ce pas, par hasard, ce qu’on découvre de mérites dans un auteur ou dans un livre après que ce livre ou cet auteur a réussi ? […] Ils sont exactement le contraire des auteurs de génie.

209. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

Bocage lui-même, qui s’était trop identifié avec l’auteur et s’en était fait le patron, a joué comme l’aurait pu l’auteur lui-même, c’est-à-dire sans gouverner son sang-froid et sans retrouver cette raison que Brute n’a jamais perdue. […] On a poussé le pauvre auteur lui-même, M. […] Bref, il y a eu rumeur à la fin de la pièce, et l’auteur n’a pas jugé à propos de se faire nommer. […] L'auteur, homme d’esprit, corrompu, et qui jouit à bon droit d’une très-mauvaise réputation de mœurs, voyage bien ; c’est ce qu’il fait de mieux. […] — Le succès de Lucrèce change l’état des choses dramatiques ou du moins est un symptôme qui prouve hautement, en contradiction avec les théories de Hugo et des autres, que la faute des non-succès et des succès contestés n’est pas au public, mais aux auteurs.

210. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

Furetière16 Le reproche que nous avons adressé à Adrien Destailleur au sujet de sa réimpression des Caractères de La Bruyère, nous ne l’adresserons point à Édouard Fournier, l’auteur des notes annexées au Roman bourgeois 17 de Furetière. […] Il a jugé très justement, très nettement et de haut son auteur. […] « Le Roman bourgeois — dit avec raison Asselineau — est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française. » La manière de l’auteur, ce vieux raillard, comme parlerait Rabelais (le père à tous de ces observateurs ricanants de la nature humaine et du monde), la manière de l’auteur, incisive, colorée, gauloise, étreignant la réalité, et quelquefois jusqu’au cynisme, est caractérisée avec beaucoup de bonheur par Charles Asselineau. […] La seule réserve que nous voulions faire contre ce morceau distingué, où toutes les influences qui durent modifier le talent et l’observation de l’auteur du Roman bourgeois sont discernées et indiquées, est l’intention de caricature et d’épigramme prêtée beaucoup trop, selon nous, à Furetière, lequel a peint la bourgeoisie de son temps bien plus comme il la voyait et comme elle était qu’autrement. […] L’auteur du Roman bourgeois est dans la vérité de son modèle.

211. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

l’auteur des Fleurs du mal n’est pas un Caton. […] Auguste Barbier, partout ailleurs l’auteur des Fleurs du mal est lui-même et tranche fièrement sur tous les talents de ce temps. […] Est-ce qu’il n’y a pas des auteurs pour enfants et même des auteurs pour dames ? […] La terreur, je l’ai dit, car il est temps d’expliquer l’énigme de ce titre et de quelques-unes des inspirations de l’auteur. […] Et pourquoi ce fouet sanglant, que l’auteur des Iambes, le dernier, a manié avec tant de vigueur et de franchise, ne viendrait-il pas nous rappeler que le poète n’est pas nécessairement un douceâtre et un thuriféraire ?

212. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

l’homme de talent que fut, un jour, l’auteur de Madame Bovary, a été cruellement malade de la fourchette carthaginoise de Salammbô. […] Mais la fourchette égyptienne de saint Antoine ne passera pas, et l’auteur de cette dangereuse jonglerie d’érudition en restera strangulé. […] Qu’a voulu faire l’auteur en l’écrivant ? […] », je le modifiais en celui-ci : « Mais que diable l’auteur de Madame Bovary va-t-il donc faire dans la grotte de saint Antoine ? […] L’auteur de Madame Bovary n’a rien vu (j’en suis fâché pour lui !)

213. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

L’auteur ne le dit pas, et le spectateur ne songe pas à le demander. […] Comment le lecteur poursuivrait-il une tâche que l’auteur abandonne ? […] Il semble que l’auteur se soit proposé de prendre la mesure de la patience publique. […] L’auteur fouille dans le vocabulaire comme dans la roue d’une loterie. […] Il est fâcheux que la rime ait ainsi dénaturé la pensée de l’auteur.

214. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il a osé écrire qu’il aimait le livre et la manière, et l’auteur quand même. […] Dans les confessions de l’auteur inconnu qui a fait à M.  […] L’auteur n’a-t-il point été trop complaisant ? […] En vain l’auteur réclamerait ici les droits de libre poésie. […] L’auteur ne va pas même jusqu’à cette question si simple.

215. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire et philosophique »

Le point de départ adopté dans l’ouvrage est la révélation, et l’auteur ou les auteurs n’affectent pas de se placer dans cette position philosophique indifférente, qui n’est pas pour cela une véritable impartialité. […] Le style de l’ouvrage est d’une belle clarté et d’une rigueur philosophique qui rappelle en certaines pages d’exposition l’auteur de la Controverse chrétienne ; et il nous a semblé que celui-ci, ami des éditeurs, pourrait bien ne pas être étranger en effet à la rédaction d’un livre modeste, et dont pourtant toute plume s’honorerait. […] Le célèbre auteur écossais, dans cet écrit qui présente l’ensemble complet de ses observations et de sa doctrine philosophique morale, développe ce qu’il n’avait fait qu’indiquer sommairement pour ses élèves dans ses Esquisses de philosophie morale, que M.  […] Les fines et justes observations y abondent ; l’auteur attribue quelquefois, je pense, à des vues de détail plus de valeur scientifique et de généralisation qu’elles ne comportent. […] Des notes discrètes et essentielles rendent cette lecture facile ; des notions sur les auteurs connus ou présumés la rendent souvent piquante et toujours instructive.

216. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

L’auteur, en parlant des trois nouvelles qu’il recueille et qu’il appelle trois fragments, s’excuse de ce qu’on y trouvera d’incomplet, d’irrégulier, et se rejette au long sur les nécessités matérielles qui le commandent. […] diantre, l’auteur est de son époque et non du siècle de Léon X, de même qu’il est un pauvre Tourangeau, non un riche Écossais. […] Rousseau tué par les chagrins et par la misère… » Après avoir quelque temps continue sur ce ton,  l’auteur s’attache à une phrase échappée à M. de Custine dans son livre sur l’Espagne : « En France, dit le spirituel touriste, Rousseau est le seul qui ait rendu témoignage par ses actes autant que par ses paroles à la grandeur du sacerdoce littéraire ; au lieu de vivre de ses écrits, de vendre ses pensées, il copiait de la musique, et ce trafic fournissait à ses besoins. […] La cheville ouvrière de la conversion est une manière de personnage mystérieux qui, jusqu’à la fin, a tout l’air d’être un honnête jésuite espagnol, et qui se trouve, au démasqué, n’être qu’un de ces sublimes roués dont l’auteur a une escouade en réserve. Le portrait, la description de la personne et de la vie de la Torpille (c’est l’odieux nom de la pauvre fille perdue) accusent ces observations profondes et fines particulières à l’auteur, et respirent une complaisance amollie qui s’insinue bientôt au lecteur, si elle ne le rebute tout d’abord : c’est là un secret et comme un maléfice de ce talent, quelque peu suborneur, qui pénètre furtivement, même au cœur des femmes honnêtes, comme un docteur à privautés par l’alcôve.

217. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 115-117

Auteur de quelques petites Comédies en Vers, si l'on peut donner ce nom à des Pieces sans intrigue & sans comique, mais pleines de traits pétillans, de détails légers, qu'on peut comparer au jeu d'un feu d'artifice qui éblouit un moment. […] Ils ne reconnoîtront dans l'accueil qu'on fait à ces sortes de Productions, que la corruption du goût des Spectateurs ; & dans les Auteurs, que l'impuissance d'atteindre à ce vrai comique, sans lequel il n'est plus de Comédie. […] C'est précisément ce qu'on chercheroit en vain dans presque tous nos Auteurs actuels. […] Ce n'est pas au caprice du Public à diriger la maniere des Auteurs : c'est aux bons Auteurs à fixer le caprice du Public, en lui présentant des Ouvrages d'accord avec le goût & la raison.

218. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Il en est un très-grand nombre qu’il ne doit qu’à lui-même ; & la maniere dont il traite ses sujets, le met bien au dessus des Auteurs qui lui ont quelquefois fourni des matériaux. […] Nul Auteur n’a mieux possédé cette souplesse de l’ame, qui suit tous les mouvemens de son sujet. » A-t-on plus de raison de lui refuser de l’aptitude au sublime ? […] Rien autre chose, si ce n’est que l’un & l’autre tournent au désavantage de ces deux Auteurs. Sans chercher à pénétrer les motifs de l’Auteur de l’Art Poétique, on pourroit assurer que ce Poëme cesse d’être complet, puisqu’il n’y dit rien de la Fable, genre le plus capable de faire honneur à notre Parnasse & à notre Langue. […] La simplicité de l’Auteur étoit bien éloignée d’en prévoir tout le danger.

219. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

A la première représentation de Mérope on demanda l’auteur. En conséquence, on demande tous les auteurs aujourd’hui pour peu qu’ils réussissent. […] Etant enfant, il passoit les journées entières à l’étude des auteurs Grecs. […] On cherchoit partout à deviner l’auteur. […] Tous deux désavouèrent les vers dont le duc les croyoit les auteurs.

220. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

On a dit que l’auteur des Courbezon et de Julien Savignac était un des plus vigoureux romanciers sortis de l’école de Balzac ; car tout homme de génie comme Balzac — qu’il l’ait voulu ou non — laisse derrière lui une École. […] Ce n’est point un livre de propagande, et j’ignore la foi de l’auteur. […] Mais cette haine, quelle qu’elle soit, est inconnue à l’auteur de L’Abbé Tigrane. […] Mais ce qu’il faut aussi admirer, c’est l’aisance avec laquelle l’auteur se meut dans le détail des mœurs si particulières au clergé, et les péripéties de cette lutte acharnée qui, si elle a sa scandaleuse violence, a aussi pourtant sa grandeur. […] Mais s’il l’avait eue, — disons-le à la décharge de Fabre, — le roman n’aurait pas eu peut-être la signification qu’il a, l’auteur aurait fait moins la preuve qu’il voulait faire, et, d’ailleurs, perte immense !

221. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

La défense de la religion catholique s’y rattache directement parce que l’auteur voit dans l’Église une force nécessaire à la vie active du pays. […] C’est à l’actualité la plus immédiate que l’auteur des Déracinés s’est attaché. […] Rien de pareil chez l’auteur du Mariage de minuit. […] Voilà ce qui manque à nos auteurs d’aujourd’hui. […] Combien nous semblons revenus de cette époque où Stendhal regrettait que les femmes auteurs ne fussent pas plus franches !

222. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Avec ou sans voyage, l’auteur eût été toujours un écrivain, ayant toute sa virtualité d’écrivain, et, que disons-nous ? […] L’auteur d’Un An dans le Sahel n’a pas l’antipathie moderne pour la guerre, et il croit à la haine implacable des races, nées ennemies, que toutes les civilisations de l’avenir seront impuissantes à empêcher. […] À ces qualités de son esprit ajoutons encore les qualités de son livre, car il en a, ce livre, et la première, à nos yeux, est d’être le moins possible un livre de voyage, comme son auteur est le moins possible un voyageur. […] Haouâ est une mauresque rencontrée, perdue, retrouvée, aimée par l’auteur, — on n’oserait pas le dire, tant la chose reste vague, mystérieuse, indécise, dans ce récit, chef-d’œuvre de gaze transparente et voilante à la fois ! […] Eh bien, c’est ce style dont nous pouvons dire : « J’ai vu mieux », que nous retrouvons dans le livre sur la Hollande, où rien, absolument rien de l’auteur ne rachète les défauts inhérents au genre d’ouvrage qu’il a entrepris !

223. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

in-12. est un autre ouvrage du même auteur, dans lequel on trouve bien des singularités & des choses piquantes sur divers Historiens. […] Deux Auteurs modernes ont eu la gloire de lutter avec Lucien. […] Vous trouverez ces deux ouvrages dans le recueil des écrits de leurs ingénieux auteurs. […] Aux préceptes, l’auteur a ajouté des observations sur plusieurs historiens célébres, dont il releve les erreurs & les méprises avec autant d’érudition que de sagacité. On ne sçauroit trop en recommander la lecture, sur-tout aux partisans fanatiques de certains auteurs modernes, qui se sont permis dans le genre historique autant de liberté que s’ils avoient fait un poëme épique.

224. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

En parlant d’une savante, l’auteur dit : D’où vient qu’elle a l’œil trouble et le teint si terni ? […] Louis XIV comprit l’auteur de Britannicus. […] N’en doutons pas, ceux-ci s’étaient assurés de la manière la plus positive qu’ils n’avaient point à redouter les applications des ouvrages satiriques dont les auteurs leur faisaient la lecture ; ils savaient indubitablement de la bouche des auteurs mêmes le nom des personnes qui avaient servi de modèle à leurs tableaux, et ils n’avaient pas besoin de le demander. […] Il faudrait bien peu connaître et les gens du monde et les auteurs pour douter de la curiosité des premiers et de l’empressement des seconds à la satisfaire. […] L’auteur, né en 1636, n’avait donc effectivement que 38 ans.

225. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il y a du dompteur dans l’auteur dramatique qu’a été M.  […] Dumas est resté l’auteur du Demi-monde. […] Sardou a appris son métier d’auteur dramatique. […] remarque l’auteur. […] Pour les uns, il est l’auteur du Nabab, pour d’autres l’auteur de Sapho ; d’aucuns même ont continué à ne voir en lui que l’auteur des Contes.

226. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

Ces raisons nous ont engagé à parler de toutes sortes de querelles, des personnelles comme des autres, en choisissant néanmoins celles qui nous ont paru les plus dignes d’attention, ou par le nom des auteurs, ou par leur objet. […] Il les justifie encore sur leur familiarité avec les auteurs Latins, dont ils prennent insensiblement le ton, les manières & le stile injurieux ; sur l’indépendance attachée à la profession d’homme de lettres ; sur le goût du public pour la satyre ; plaisantes raisons pour dispenser un sçavant de la première science dont tout homme doit se piquer, celle de sçavoir vivre. […] M. l’abbé d’Artigni a inséré dans ses mémoires une Chronique scandaleuse des sçavans : mais, outre que cette chronique ne remplit que deux ou trois articles, qu’elle n’est qu’un amas de faits rebattus qui déshonorent, à pure perte, la mémoire de quelques gens de lettres, la plupart obscurs, l’idée de cet auteur n’a rien de commun avec la nôtre. […] Ce seroit alors le cas d’appliquer le mot d’un auteur ancien. […] Afin d’observer quelque méthode dans cet ouvrage, il est divisé en plusieurs articles : Querelles particulières, ou Querelles d’auteur à auteur ; Querelles générales, ou Querelles sur de grands sujets ; Querelles de différens corps.

227. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

Il faut penser lentement ; il faut lire lentement ; il faut penser avec circonspection sans donner à grand’erre dans sa pensée et en se faisant sans cesse des objections ; il faut lire avec circonspection et en faisant constamment des objections à l’auteur ; cependant il faut d’abord s’abandonner au train de sa pensée et ne revenir qu’après un certain temps à la discuter, sans quoi l’on ne penserait pas du tout ; il faut faire confiance provisoire à son auteur et ne lui faire des objections qu’après qu’on s’est assuré qu’on l’a bien compris ; mais alors, lui faire toutes celles qui nous viennent à l’esprit et examiner attentivement et s’il n’y a pas répondu, et ce qu’il pourrait y répondre. […] Heureux peut-être ceux qui n’ont pas besoin de livre pour penser, et tout à fait malheureux évidemment ceux qui en lisant ne pensent exactement que ce que pense l’auteur ; je ne sais même pas quel plaisir ceux-ci peuvent avoir et je ne puis me le définir. […] Comme il n’était pas un grand humaniste, il avait, pour en arriver sans grand effort à lire les auteurs des temps les plus reculés de la langue de France, adopté le procédé suivant. Il avait commencé par lire les auteurs d’aujourd’hui, ceux qui écrivent la langue contemporaine, puis, remontant peu à peu, il avait passé aux auteurs du XIXe siècle, puis à ceux du XVIIIe siècle et ainsi de suite, s’habituant à la langue archaïque par transitions lentes et se faisant, du reste, quoique marchant à reculons, une idée fort nette de la suite de notre civilisation.

228. (1864) Le roman contemporain

C’est sur un roman qu’elle juge, condamne l’Église, et ce roman, elle en est l’auteur. […] C’est une aversion de plagiaire à auteur, d’usurpateur à roi légitime. […] L’auteur, parmi d’autres prétentions, a celle d’avoir fait un roman moral, et il prend d’avance l’attitude d’un auteur incompris devant ceux qui refuseraient d’acquiescer au jugement qu’il porte sur lui-même. […] C’est la société qui est l’auteur de la déchéance de la femme. […] D’où viennent à l’auteur ces réminiscences du demi-monde ?

229. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 465-468

Le Parnasse réformé, & la Guerre des Auteurs, qui en est la suite, eurent beaucoup de succès dans leur nouveauté, & seroient encore aujourd’hui des Ouvrages piquans, si la plaisanterie & l’ironie qui y dominent étoient d’un meilleur goût. Ce qu’on y remarque de plus estimable, est la droiture & le zele de leur Auteur. […] Tant que les Auteurs médiocres auront la ressource de suppléer au défaut de mérite par le manége des petites séductions de Société, la Littérature sera médiocre, parce que le vrai talent, qui dédaigne les manœuvres, sera toujours opprimé & méconnu. […] D’après cette analogie si caractérisée, le savant Auteur prétend que les Prêtres Egyptiens ayant eu connoissance des Livres Hébreux, & que, s’étant apperçus qu’ils contenoient des détails sur leur patrie, ils s’en servirent pour se fabriquer des Annales & une longue suite de Rois, dont les noms, altérés à la vérité, se trouvent dans l’Historien sacré. […] Cette seconde partie sera encore suivie d’une troisieme, où l’Auteur se propose de débrouiller le chaosimmense des Mythologies, telles que celles des Egyptiens, des Phéniciens, des Grecs, & de quelques autres Peuples.

230. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Nous ajouterons seulement quelques mots pour faire connaître quel fut le sort de l’auteur et de l’ouvrage. […] L’auteur arrivait au terme de sa vie et de ses malheurs ; depuis plusieurs mois il avait perdu connaissance. […] Vico présente, par ce double caractère, une analogie remarquable avec l’auteur de la Divine comédie. […] L’auteur avait cependant soixante-quatre ans. […] L’auteur les a écrits à l’âge de vingt-cinq ans, lorsqu’il était au séminaire, de 1750 à 1754.

231. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Enfin il était toujours temps pour qu’une mettre de cachet intervînt, qui envoyait l’auteur à la Bastille. […] Une seconde affaire où l’on trouve M. de Malesherbes en difficulté, non plus avec le Parlement et avec le chancelier, mais avec les auteurs, est l’affaire de L’Écossaise de Voltaire. […] L’auteur des Cacouacs, en attaquant l’Encyclopédie en général et quelques-uns des auteurs en particulier, avait jugé à propos de ne rien dire nommément contre moi ; il a plu à Fréron de ne pas suivre cet exemple. […] Là-dessus, M. de Malesherbes, avec une patience exemplaire et en vrai juge de paix de la littérature, faisait avertir Fréron, et on lui demandait sur quoi il se croyait fondé pour attaquer si violemment l’Encyclopédie et si personnellement l’un des auteurs. […] Ne croyez pas, monsieur, que l’éloge le mieux fait et le mieux écrit en impose au public s’il n’a déjà prononcé avant l’auteur… Je ne vous ai pas fait cette objection à l’occasion de mon neveu (mort aussi depuis peu de temps), parce que le public avait bien voulu partager notre douleur, et d’ailleurs parce qu’un avocat général est un homme public ; qu’il est exposé comme un auteur à la critique, et que, par cette raison, il est susceptible d’éloges.

232. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

De toutes les compositions de l’auteur, c’est celle qui, sans sortir des visées qui lui sont chères, échappe le plus à la critique que peut mériter le genre. […] J’en sais déjà assez, et quand je me demande ce qu’a voulu l’auteur, je trouve bien de l’indécision dans son idée. […] Si c’est une histoire, et comme elle prétend évidemment enseigner quelque chose, quel est cet enseignement qu’en veut tirer l’auteur ? […] N’y a-t-il donc pas moyen pour un auteur aimé de garder tout son public, et de continuer de le charmer, sans paraître lui donner des gages comme à un parti ? […] L’auteur de Sibylle semble être sorti un peu de son rôle et avoir forcé, cette fois, la mesure.

233. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Magre a échoué mais elle a fait connaître des auteurs qui, malgré leur erreur initiale, comptent au nombre des réformateurs. […] Valmy-Baysse, auteur d’agréables poèmes, et dont on doit attendre de bonnes pièces a organisé au Théâtre-Trianon des récitations de poèmes précédées de conférences. […] Georges Polti, l’auteur des 36 situations dramatiques qu’on a tant pillées depuis. […] « Non seulement je crois qu’un auteur peut évoquer une synthèse intense des luttes sociales du temps présent, mais j’estime encore qu’il le doit, affirmait M.  […] Il est évident que nous ne parlons pas du théâtre d’auteurs illustres et consacrés comme Henri Lavedan et Jules Lemaître !

234. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

En même temps qu’elle voyait beaucoup l’auteur des fables, elle était, mais en secret, une des écolières du fameux géomètre Sauveur ; mais elle s’en cachait : nous verrons bientôt pourquoi. […] Cela est plaisant dans une pièce où l’auteur veut établir que les animaux sont des machines. […] L’auteur paraît l’avoir senti, et cherche à prendre un parti mitoyen entre les deux systèmes ; mais les raisonnemens où il s’embarque, sont entièrement inintelligibles. […] Autrement l’auteur, faute d’avoir des idées justes, risque d’en donner de fausses à son lecteur. […] L’auteur aurait bien dû nous dire comment.

235. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

La manière de traduire les auteurs en général, & les poëtes en particulier, a été un double sujet de dispute chez la nation laborieuse, pesante, mais souvent utile des traducteurs. […] Il avoit fait des changemens considérables dans cette traduction, ainsi que dans celle de Laurent Echard, de Joseph Andrews, &c. ; car, parmi les auteurs où il y a le plus à changer, c’est assurément chez les romanciers Anglois, & nommément chez le docteur Swift, écrivain plein d’esprit & original ; mais à qui l’on reproche, en Angleterre même, d’être un à low author, un auteur qui tombe souvent dans le bas. […] On attend avec impatience que l’auteur de la vie de Julien nous donne, en partie cette satisfaction. […] Avant que d’être traducteur, il est essentiel d’être auteur. […] Mais on ne remplira jamais cette idée qu’autant qu’on aura soin de faire parler son auteur, comme il auroit parlé lui-même dans la langue du traducteur.

236. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Il faut être juste : ce ton des Souvenirs de la marquise de Créqui est tellement réussi, qu’on se demande s’il est joué et si l’auteur n’est pas un délicieux artiste ? […] L’auteur des Souvenirs de Madame de Créqui serait-il plus étonnant que Fleury lui-même ? […] L’auteur des Souvenirs de Madame de Créqui, dont on peut tout croire et tout suspecter, fut un des excentriques les plus curieux de la littérature contemporaine. […] Malgré l’appréciation la plus délicate et la plus subtile de chaque détail isolé des lettres, l’auteur de l’Introduction n’a pas porté le jugement qu’il méritait sur cet esprit d’un charme si sérieux, si animé et si profond. […] Le trop riant auteur entoure cette opinion consolatrice d’une foule de raisons qu’il faut lire dans leur ensemble pour n’en pas diminuer la valeur, mais nous ne sommes pas convaincu, et une si charmante espérance, nous regrettons de ne pouvoir la partager.

237. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Jamais Auteur ne s’est mieux peint dans ses Ouvrages. […] Tout est prodige dans cet Auteur, soit du côté du bien, soit du côté du mal. […] Les Adversaires de l’Auteur pouvoient avoir raison ; mais on ne prévoyoit pas alors que l’état actuel de notre Littérature viendroit à l’appui des sentimens du Citoyen de Geneve. […] C’est dans cet Ouvrage où l’Auteur s’est le plus souvent abandonné à sa manie d’exposer le pour & le contre, & de répandre de l’incertitude sur tous les principes. […] Rousseau, un Auteur doué d’un génie fécond, mais versatil ; d’une imagination brillante, mais exaltée ; d’une ame sensible, mais trop sévere ; d’un esprit judicieux, mais bizarre.

238. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

C’est par où l’attaquent ceux des auteurs anciens qui pour differentes raisons ne l’aimoient pas. […] L’auteur de l’écrit contre les spectacles des anciens qui a passé pour être de saint Cyprien, l’appelle illas magnas tragicae vocis infanias. […] Je vais encore rapporter plusieurs passages des auteurs anciens que je crois propres à prouver mes opinions. […] On n’y a point fait jusques à present toute l’attention qu’ils meritoient, parce qu’ils sont comme ensevelis dans les choses, à l’occasion desquelles ces auteurs les ont écrits. […] C’est ce qui prouve, ajoûte cet auteur, que l’art de noter les tons des chants et la déclamation des vers étoit connu dès-lors.

239. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

L’Odéon paye par an 23 000 francs aux hospices et 25 000 francs aux auteurs. […] Buloz, qui en avait acheté à l’auteur la propriété tout entière. […] Buloz, qui reçoit les épreuves de la Revue de Paris, racontait à l’auteur de ce compte rendu, et cet auteur vous savez qu’il est de vos amis, M.  […] pardieu, me dit-il en venant à moi, tu es aimable ; tu cites les auteurs qui ont à se plaindre de M.  […] Il a compris que lorsque, dans une époque qui compte au rang de ses auteurs dramatiques MM. 

240. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Soudain, sous une influence matérielle (froid, faim, etc…) le café cessait d’agir, et l’auteur bâclait un poème qu’il savait ne pas pouvoir reprendre. […] Ils ne sont, pas l’auteur. […] Henri-René Lenormand (1882-1951) est un auteur dramatique à succès, lié à la Compagnie Pitoëff. […] Adam Mickiewicz (1798-1855), célèbre poète polonais auteur de Konrad Walenrod (1828) et de Messire Thaddée (1834). […] Une note, p. 39, précise que Séraphin, qui a adressé spontanément le manuscrit à la revue, serait un champion de course à pied, auteur de plusieurs chansons, vrais « chefs-d’œuvre » selon leur auteur.

241. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

La premiere a mérité à son Auteur le titre de Quinte-Curce François, sans doute parce que l’Historien d’Alexandre n’a pas été plus scrupuleux que celui du Roi de Suede. […] Quel Philosophe, qu’un Auteur qu’on ne peut ni définir ni suivre, qui laisse ses Lecteurs dans un doute perpétuel sur ses vrais sentimens ! […] Quantité d’Auteurs médiocres ont été honorés de ses suffrages, & transformés, par cette adresse, en autant d’adorateurs. […] C’est ici le lieu d’examiner comment, avec des travers, des foiblesses, des défauts, des excès si révoltans, cet Auteur a pu se procurer un si grand nombre de Partisans. […] Ajoutons à toutes ces raisons, qu’il n’est aucun Auteur plus agréable, plus varié, plus commode.

242. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 343-347

[Pierre de] On ne sait pas où est né cet Auteur, mais c’est une bien petite gloire perdue pour sa patrie. […] L’Ouvrage par lequel il débuta dans cette Compagnie, fut un Discours sur l’origine des François, lu dans une Séance publique, & suivi de l’emprisonnement de l’Auteur à la Bastille. […] On peut la regarder comme la quintessence des systêmes de Hobbes, de Spinosa, & la source où l’Auteur du Systême de la Nature est allé ensuite puiser ses rêveries. […] Freret, & le zele de ses Editeurs a moins contribué à la gloire de ce Savant, qu’a fournir un répertoire aux Incrédules, à l’Auteur du Dictionnaire philosophique, entre autres, qui s’est souvent paré de son érudition. […] « Ce Savant connoissoit, dit l’Auteur de son Eloge historique*, tous les Romans & les Théatres de presque tous les peuples, comme si ses lectures n’avoient jamais eu d’autre objet…..

243. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Bertin l’aîné, qui se permettait de retrancher à chaque article ce qu’il ne croyait pas bon, sans que l’auteur (chose rare) s’en plaignît jamais ou même s’en informât. […] Je dirai tout d’abord un des plus graves inconvénients, et que l’auteur lui-même a senti. […] Ces oublis sont perpétuels dans les Mémoires, et ils tournent toujours au profit de l’amour-propre de l’auteur. […] L’âme y manque, et moi qui ai tant aimé l’auteur, je me désole de ne pouvoir aimer l’homme. […] On a peine, dans bien des cas, à saisir le fil très léger qui unit l’idée présente à la réminiscence, au souvenir que l’auteur évoque.

244. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Mais, dès l’Aventurière, Émile Augier s’affirme l’écrivain et l’auteur comique vraiment français qu’il est resté. […] Ajoutons que la famille de l’auteur de la Ciguë est elle-même très pieuse. […] exclama Buloz ; l’auteur est fou, renvoyez-lui son manuscrit. […] Poirier, en collaboration avec Jules Sandeau, placèrent Augier au premier rang incontesté des auteurs contemporains. […] Émile Ollivier, lequel discours, comme on sait, ne fut jamais prononcé par son auteur.

245. (1883) Le roman naturaliste

l’auteur de Christine et d’Angèle avec l’auteur du Cid ou de Britannicus ? […] Je ne parle pas, bien entendu, de l’auteur de Nana : l’auteur de Nana fait orgueilleusement fausse route. […] Je m’engagerais publiquement, par exemple, à ne jamais les faire à l’auteur des Frères Zemganno, jamais à l’auteur de Nana. […] Cependant il demeurera l’auteur de Madame Bovary, comme d’autres avant lui sont demeurés pour nous, celui-ci l’auteur de Manon Lescaut, et celui-là l’auteur de Paul et Virginie. […] Car il y a du romantique encore dans l’auteur d’Eugénie Grandet ; il y en a, je ne dis pas seulement dans l’auteur de Salammbô, mais jusque dans l’auteur de Madame Bovary ; et pourquoi pas dans l’auteur de Nana ?

246. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Espérons donc que les éditeurs et auteurs comprendront bientôt la duperie d’une telle dépense, et que, par suite de ce retour sur eux-mêmes, ils enlèveront aux gazettes ce fermage. […] Ils mettent en coupe réglée les auteurs et bourdonnent à l’envi autour de la noble littérature française. […] Mais il faut quelqu’un pour dire clairement au public et à l’auteur : « Voici les points de contact de vos esprits et de vos âmes. […] Ils constateraient, parmi ceux qui écrivent, les auteurs d’agrément et ceux qui ont apporté véritablement une idée, une sensation ou une forme que l’on ignorait avant eux. Ils auraient tout le temps pour surmonter une première impression, apprécier avec calme, évaluer sans erreur d’optique la place exacte tenue par un auteur dans un mouvement littéraire annuel.

247. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

L’épisode de Graziella quelque importance et quelque intérêt que le talent de l’auteur ait réussi à lui donner, sent la composition et l’art. […] On conçoit que l’auteur ait voulu traiter à part ce souvenir unique, et ne pas le confondre avec la foule de ses réminiscences. […] Ici, dans Raphaël, nous voyons tout d’abord que ce n’est point un tel récit que l’auteur prétend nous donner, et que nous devons attendre. […] Allons au fond de notre critique et dégageons toute notre pensée : l’auteur de Raphaël, dans cette partie délicate de son récit, a voulu tout nous dire, et il n’a pas osé. […] Pour ne parler que littérature, dans toutes ces pages et dans cent autres, l’auteur abuse démesurément des harmonies, des images champêtres, de la verdure, des murmures et des eaux.

248. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

Préface Voici le premier volume d’un ouvrage qui doit en avoir beaucoup d’autres si la vie, avec ses ironies et ses trahisons ordinaires, permet à l’auteur de réaliser, au moins en partie, l’idée qu’il a en lui depuis longtemps. […] L’Auteur des Œuvres et des Hommes réussira-t-il ? […] L’auteur des Œuvres et des Hommes n’a jamais eu à subir comme les orateurs de métier la tyrannie toujours abaissante d’un auditoire, qu’ils croient mener et qui les domine, même les plus fiers ! […] L’Auteur de ceci n’accepte pas l’immense platitude, devenue lieu commun, qui fait encore législation à cette heure, à savoir « qu’on doit aux vivants des égards et qu’on ne doit qu’aux morts la vérité. » Il pense, lui, qu’on doit la vérité — à tous, — surtout, — en tout lieu, et à tout moment, et qu’on doit couper la main à ceux qui, l’ayant dans cette main, la ferment. […] L’Auteur des Œuvres et des Hommes, ne faisant pas une histoire littéraire, mais un résumé critique des travaux contemporains, ne s’est point astreint à l’ordre chronologique.

249. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

On y fait voir l’influence de la société sur les auteurs, des auteurs sur la société ; on y prouve que la science des lettres n’est pas la moins relevée des sciences morales143. […] Pour elle tout auteur est un type, et aucun type n’est méprisable. […] On parle des auteurs de comédies comme d’agréables esprits qui ont fait passer de bons moments à leurs contemporains ; on parle des auteurs de tragédies comme d’esprits fourvoyés qui ont eu le travers de viser au génie. […] Le lecteur est à deux de jeu avec l’auteur. […] On veut croire que cette part d’utopie agressive n’appartient pas à l’auteur.

250. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Il y avait (je ne parle que des morts) une petite revue littéraire66 très honnête, très honorablement dirigée, qui rendait des services aux jeunes auteurs dont elle accueillait les essais, et aux lecteurs qu’elle entretenait encore de poésie. […] Quoique je n’aie pas cru devoir parler de Daniel, quoique même, pour être franc, j’aie blâmé l’auteur d’y avoir mis l’épigraphe provoquante qu’il y avait attachée, la moralité des livres d’art étant multiple et devant être laissée au gré du lecteur, j’ai estimé que cette étude de Daniel annonçait et donnait déjà en M.  […] Il a déconcerté la plupart de ceux qui s’étaient fait à l’avance une idée de l’auteur ; s’attendant à trouver en lui un érotique, ils se rencontrèrent nez à nez avec un passionné et un byronien. […] Mais il fallait bien faire payer à l’auteur son premier succès, qui avait été d’entraînement et de surprise : au reste, je ne l’en plains pas ; il est de force à soutenir la lutte, il en a besoin peut-être, et il n’est pas de ces jolis talents qui ne vivent qu’à condition d’être dorlotés. […] Une grande figure est celle du moine prédicateur renouvelé du Moyen Âge ; je sais gré à l’auteur de n’en avoir pas fait une caricature.

251. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

L’auteur a des parentés dans la place. […] Dans l’Antiquité, en effet, comme l’a très bien remarqué l’auteur des Femmes au temps d’Auguste, il n’y a pas de critique historique. […] Et cependant, il faut être juste, l’auteur des Femmes au temps d’Auguste n’est pas uniquement un romancier. […] … » Car ce qu’on a lu de la théorie historique de l’auteur dans son Introduction vous tinte dans le souvenir, mais c’est égal, on ne lâche rien parce que ce qu’on tient est suspect. […] On se grise des raisonnements de l’auteur, qui ne manquent pas de capiteux !

252. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

L’auteur, qui a toujours beaucoup voyagé et qui a vécu depuis à l’étranger, avait le charmant dandysme d’abandonner ses livres à eux-mêmes et de n’y plus penser, quand ils étaient publiés. […] On se le rappelle, quand l’auteur de Rouge et Noir et De l’amour avait produit quelque chef-d’œuvre, il décampait de Paris comme s’il avait craint l’explosion d’un pétard. […] L’auteur de La Renaissance n’idéalise jamais, et ce n’est pas pourtant le sentiment de l’idéal qui lui manque ! […] L’auteur a résolu à sa manière ce qui est encore une question historique à cette heure, et il l’a résolue sans avoir l’air d’y toucher. […] Ce qui distingue particulièrement son auteur, c’est l’encyclopédisme de ses connaissances et la force élastique de l’esprit qui s’en sert.

253. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Aujourd’hui, ce sera Achille du Clésieux, l’auteur d’Armelle 48. Enfin Richepin, l’auteur de la Chanson des Gueux 49, une pousse de l’arbre vigoureux et immortel qui s’appelle Mathurin Régnier, et qui vient d’être condamné en justice, hélas ! […] L’auteur d’Armelle est, avant tout, un poète de sentiment, — une de ces sensibilités d’organisation qui semblent penser moins avec la tête qu’avec la poitrine. […] L’auteur d’Armelle n’a rien de commun avec la nouvelle génération qui a surgi depuis quelques années. […] il en est si près, que le critique, très bienveillant pour l’auteur, dont j’ai parlé en commençant,  Armand de Pontmartin, estime que l’amant d’Armelle, ce héros de la vie privée, qui a ses héros comme la vie publique, diminue, dans l’intérêt que lui porte le lecteur, précisément de ce qui fait son héroïsme… Oui !

254. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

C’est par les qualités, jusqu’ici les moins soupçonnées, que ces poésies frapperont les esprits amis ou familiers du talent de l’auteur et qui croyaient bien le connaître. […] L’auteur de Colombes et Couleuvres n’est pas plus monocorde d’idées que de sentiments. […] Un homme de race germanique a morfondu un rare génie dans ce qui aurait dévoré la supériorité de Goethe lui-même, c’est Bysshe Shelley, l’ami de Byron, le gendre de Godwin, l’auteur d’Alastor, et il est enseveli sous son œuvre comme un philosophe allemand sous son système. […] À nos yeux c’est un livre charmant en beaucoup d’endroits et qu’on peut regarder comme un progrès dans la manière de l’auteur, mais nous espérons bien que ce progrès sera suivi d’un autre ; que là n’est pas le dernier effort du poète et son dernier résultat. […] C’est cette correction de l’expression dans la vérité de l’inspiration qui constitue la poésie complète et que l’auteur de Colombes et Couleuvres n’a pas toujours.

255. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Il en existe à peu près sur chaque auteur un peu en vue.‌ […] L’auteur de la Maison de la Vieille habitait alors, rue Boccador, le même quartier que l’auteur des Trophées. […] Barbier est l’auteur des Iambes. […] Rien que son auteur et lui  : L’intimité. […] L’auteur de Mireille était déjà plus qu’un homme.

256. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 120-124

Delille, Ex-Oratorien, Auteur d’une Traduction inexacte & plate de Suétone ; d’une prétendue Philosophie de la Nature, qui n’est que l’écho infidele de ce qui a été dit mille fois d’une maniere plus simple & plus précise ; & enfin d’une Poétique sur la Tragédie, qu’on n’auroit pas été tenté d’attribuer à un Poëte, quand même l’Auteur n’auroit pas mis sur le frontispice en très-gros caractere, PAR UN PHILOSOPHE. […] On connoît un troisieme Auteur du même nom, à qui le Théatre Italien doit trois Pieces qui prouvent du talent, & dont voici le titre : Arlequin sauvage, le Faucon, Timon le misanthrope. […] Delille, & auquel nous n’avons rien changé depuis la premiere édition des Trois Siecles, nous a fait ranger, par cet Auteur, au nombre de ses ennemis, dans le VI vol. de sa Philosophie de la Nature, qu’il fit paroître un an après la premiere publication de notre Ouvrage. […] J’ai eu la gloire de ne compter parmi mes ennemis, que les fanatiques, les esprits serfs, l’Auteur de l’Année Littéraire, & celui de cet Almanach de l’année passée, publié en trois gros volumes, sous le titre des Trois Siecles de notre Littérature ; Ouvrage sans esprit, quoique ce soit un Libelle, & très-obscur, quoiqu’on y déchire tous nos Grands Hommes ».

257. (1888) La critique scientifique « Avant-propos »

Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent, comme on sait, un tout autre but, tendent à déduire des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois organiques ou historiques les émotions qu’elle suscite et les idées qu’elle exprime. […] Hutcheson Macaulay Posnett, universitaire néo-zélandais, grand lecteur de Spencer, auteur d’une Comparative Literature (Londres, 1886), est un des pionniers de la « littérature comparée ». […] William Renton est l’auteur d’une « Logique du style » (The Logic of style. […] Alexander Bain (1818-1903) : ce philosophe écossais, professeur à l’Université d’Aberdeen, logicien, auteur d’une Science de l’éducation (1879), a marqué l’histoire de la psychologie dite « scientifique » par deux ouvrages importants touchant à la « psychologie expérimentale » dégagée de la vieille théorie des facultés, Les Sens et l’Intelligence (1855), ainsi que Les Émotions et la Volonté (1859). […] Le critique suisse salue cet effort de classement des émotions, inscrit dans le sillage de Spencer et de Wundt, qui a contribué à faire passer l’étude des phénomènes de conscience du « dogmatisme » à « l’observation » ; il signale en outre que « l’auteur ne se sert que modérément de la doctrine de l’évolution, et s’abstient de toute métaphysique ».

258. (1913) Poètes et critiques

Il doit être un des rares auteurs de ce temps-ci qui réciteraient par cœur des pages de Rabelais. […] Si j’étais l’auteur, je réduirais le livre à un assez petit nombre de pièces de choix. […] L’auteur y explique et y apprécie les mouvements d’idées de l’époque contemporaine. […] Il pourrait, s’il le voulait, faire le procès à son auteur sur d’autres points. […] Giraud donne un portrait de l’auteur qu’il aborde, un portrait qu’il n’a point tracé.

259. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Comme l’auteur de Delphine, l’auteur d’Indiana, assure-t-on, est une femme : ainsi le nom qui se trouve au titre du livre n’y serait que comme le nom de Segrais en tête des romans de Mme de La Fayette, comme le nom de Pont-de-Vesle en tête de ceux de Mme de Tencin. […] Honneur à l’auteur d’Indiana de lui avoir arraché sa fausse enveloppe, et d’avoir étalé à nu son misérable bonheur ! […] L’auteur d’Indiana, depuis son roman, a donné à une Revue une nouvelle intitulée Melchior, où se retrouvent dans un moindre espace les mérites d’observation et de passion que nous venons de signaler. Le succès d’Indiana va mettre son auteur à une rude épreuve ; nous voudrions qu’il y prît garde ; les libraires, les éditeurs de livres et de journaux doivent déjà l’investir et lui demander nouvelles et romans coup sur coup, sans relâche. L’auteur d’Indiana, en cédant avec mesure à ces instances, qui expriment à leur manière le vœu du public, fera bien de se consulter toujours, de se ménager le temps et l’inspiration, de ne jamais forcer un talent précieux, si fertile en belles promesses. 

260. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Le rapprochement philosophique et littéraire de l’auteur des Paroles d’un Croyant et du peintre magnifique de Lélia n’a rien eu de plus inattendu, de plus caractéristique par rapport à l’époque, que le soudain et profond reflet que vient de jeter la manière de M. de Balzac sur toute une partie souterraine de la Chute d’un Ange par M. de Lamartine. […] Et d’abord le critique intègre, indépendant, a besoin de l’anonyme, non pas pour en abuser contre les auteurs, mais pour que les auteurs n’abusent pas de lui. […] Il y a eu pourtant à cela bien des exceptions fermes, énergiques, et plus d’un auteur ne serait pas, je le crois bien, de cet avis, qu’il n’y a pas eu assez de critique jusqu’ici dans la Revue des Deux Mondes. […] Critiquer un auteur, voilà que c’est à la fois comme si l’on cassait les vitres à la boutique d’un industriel, et comme si l’on frappait avec insulte la grotte de cristal d’un dieu !  […] Aucun monument véritable, aucune pièce étendue et exemplaire, n’a suivi les admirables préludes que leurs auteurs n’ont pas surpassés ; la perfection du genre n’est pas venue.

261. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Les Auteurs qui attaquent la Société, n’eurent jamais droit d’exiger des ménagemens, puisqu’ils manquent eux-mêmes aux ménagemens les plus indispensables. […] On sera sans doute étonné de trouver nos jugemens sur ces Auteurs encensés par la crainte ou la flatterie, si peu d’accord avec les idées favorables de la prévention. […] Nous connoissons trop la sensibilité des Auteurs contre ceux qui attaquent leurs Ouvrages & blessent leur amour propre, pour ne pas nous attendre à leur ressentiment. […]   Nous ne parlerons point des Auteurs qui n’ont cultivé que les Sciences : l’Ouvrage eût été trop volumineux ; d’ailleurs nous n’aimons à parler que de ce que nous entendons. […] Il n’en est pas de même de beaucoup d’Auteurs obscurs à qui nous avons consacré un article : notre but, en les ramenant sur la scene, a été de faire connoître le mérite de quelques-uns trop injustement oubliés.

262. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Quand il se livre à son enthousiasme, sa verve offre des traits que nos Poëtes les plus sublimes, l’Auteur même d’Athalie, n’auroient pas désavoués. […] Peu d’Auteurs ont su aussi bien conduire la marche du récit, & ont aussi bien connu le mécanisme de notre versification. […] Non seulement un Poëme didactique n’offre point de difficultés insurmontables dans la nôtre, mais encore il est très-peu de sujets qui puissent arrêter un Auteur né avec le génie propre à fournir cette carriere. […] Il est des matieres, en Prose comme en Poésie, qui ne sont faites pour intéresser que ceux qui s’y attachent par préférence ; & dès que l’Auteur leur présente des lumieres capables de les instruire, on peut assurer qu’il a rempli son objet. […] Ses Réflexions sur la Poésie, où plusieurs Auteurs ont souvent puisé sans s’en vanter, annoncent un Homme profond dans la Littérature.

263. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

« Bizarre manie, — dit l’auteur quelque part, — que de supposer toujours un miracle quand il s’agit de reconnaître une vertu !  […] couronner l’auteur d’un livre pareil, en toute circonstance c’est montrer à quel point les respectables auteurs du dictionnaire de la langue française peuvent être dupes des mots et des formes limpides que la pensée sait parfois revêtir. […] C’est un livre dont le mérite vient, avant tout, d’une doctrine que l’auteur n’a pas faite et qui lui communique le principe inépuisable de sa force. […] L’auteur, qui a l’aperçu de son point de vue encore plus que l’aperçu de son regard, ne reste point comme E.  […] Tel est, en peu de mots, un livre pour lequel l’Académie, tout en rendant justice au talent de l’auteur, n’a pas voulu courir la responsabilité d’une couronne.

264. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

L’auteur ne les fit pas attendre. […] Vouloir fixer par écrit des pensées communes, c’est, dans l’auteur, ou médiocrité d’invention, ou illusion de l’ouvrier qui estime moins la matière que la façon. […] Le seul de cette grande famille, il a cherché la vérité pour plaire, dans un temps où les auteurs plaisaient en la cherchant pour elle-même. […] On doit ce renseignement au savant et spirituel auteur du Dictionnaire critique de Biographie et d’Histoire, A. […] Dans chacune de ces divisions, quelques pensées fondamentales sont placées çà et là, comme les pierres d’attente sur lesquelles l’auteur bâtira successivement son édifice.

265. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

On a reproché aux auteurs de n’avoir point négligé l’anecdote, le détail, le coin intime des hommes et des choses. — Les auteurs répondront, pour leur défense, qu’ils ont été entraînés dans cette voie par deux anecdotiers, leurs maîtres : Plutarque et Saint-Simon. […] On a reproché aux auteurs d’avoir placé, en 1789, la société française à Paris, au lieu de l’avoir placée en province ; on a reproché aux auteurs « dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale », d’avoir commis ce contresens au mépris des traditions de famille. — Les auteurs ont remonté leur famille : ils ont trouvé en 1789, leur grand-père Huot de Goncourt, non en province, mais à Paris, député du Bassigni à l’Assemblée nationale. On a reproché aux auteurs, ici, des opinions ; là, des indifférences politiques. — Les auteurs n’ont rien à répondre. […] Les auteurs veulent, au bout de ces quelques lignes, assurer de leur gratitude profonde M.  […] Il recourra aux romanciers, aux auteurs dramatiques, aux conteurs, aux poètes comiques.

266. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

La faute en est aux auteurs qui confondent le succès moral et la vente d’un livre. […] Ces succès sont éphémères et ne portent que sur un seul titre, non sur un auteur. […] Ce n’est plus l’œuvre qui crée la personnalité de l’auteur, c’est la personnalité de l’auteur qui étaye un mauvais livre ! […] Il ne transformera en aucune façon la « manière » de cet auteur pour peu qu’elle soit personnelle, et l’auteur continuera à entretenir avec soin ses qualités et surtout ses défauts qui constituent sa « marque »18. […] Philéas Lebesgue (traducteur d’auteurs portugais).

267. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Ce tableau ne serait que ridicule, si l’auteur s’était borné à la prétention d’en faire une facétie littéraire. […] Grimarest, auteur d’une Vie de Molière, rédigée sur les témoignages de Baron, et publiée en 1705, l’affirme. […]  » La guerre dont parle l’auteur, c’est la Fronde, qui a éclaté en 1648, et fini en 1652. […] Chez les Scudéry, on disserte sur Quinault ; et l’on est partage sur son mérite : il est, selon les uns, un bon auteur, selon les autres un mauvais. […] Autheur, auteur.

268. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

L’auteur, d’une sensibilité que j’adore, l’auteur qui est encore plus une âme qu’un esprit, s’est trop fait objectif, comme disent les Allemands, lui, de nature, le plus subjectif des hommes ! […] Mais ce serait bien mal connaître le mystère et l’essence de la composition que de faire de cela une diminution dans le talent de l’auteur. […] Telle l’entreprise de l’auteur des Rois en exil. […] L’auteur, nous le connaissons bien. […] Impossible, en effet, de rouler plus bas la royauté que ne l’a fait l’auteur des Rois en exil.

269. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Le docteur Reuchlin dans son ouvrage sur Port-Royal, l’Académie française en proposant l’Éloge de l’auteur des Pensées, M.  […] La théologie de l’auteur des Pensées, à la bien voir et en la dégageant des accessoires qui n’y tiennent pas essentiellement, porte en plein sur la nature morale de l’homme ; c’est là sa force et son honneur. […] Vinet n’est que le premier de ceux qui paraîtront successivement, et qui nous offriront les Œuvres complètes du savant et pieux auteur. […] Vous semblez, monsieur, confesser les auteurs que vous critiquez ; et vos conseils ont quelque chose d’intime comme ceux de la conscience. […] L’auteur de cet article est M. 

270. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

A Athènes, comme à Paris, dans la représentation d’une pièce nouvelle, les spectateurs se prévenoient pour ou contre, selon que l’auteur étoit de leurs amis ou de leurs ennemis, & que ses idées étoient analogues aux leurs. […] La même chose arrive parmi nous toutes les fois qu’il paroît une nouveauté sur nos théâtres, & principalement quand l’auteur a quelque réputation. […] L’auteur de cette satyre de Socrate faisoit adroitement l’éloge des Athéniens. […] De pareils succès causent le désespoir d’un bon auteur, & le dégoûtent quelquefois du théâtre. […] Spectateurs, acteurs, auteurs, tous gagnent à ce respectueux silence qu’on y impose.

271. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Le jour où Charron a ainsi emprunté à Montaigne, et en propres termes, cette délicieuse et inoubliable image pour la mettre couramment au beau milieu de son texte, il a été bien modeste, et il a donné pour jamais, devant le monde et devant la postérité, sa mesure comme écrivain, sa démission comme auteur original. […] Parmi ceux pourtant qui critiquèrent le livre de La Sagesse, il en est un qui mérite d’être distingué, c’est l’auteur de l’écrit intitulé Considérations sur la sagesse, publiées en 1643, et qu’on dit être le médecin Chanet : il est modeste, il est modéré de ton, il se montre plein d’égards pour l’auteur qu’il réfute. […] Ceux qui auront assez de loisir pour lire plus avant, verront que j’aime la réputation de cet auteur ; que je fais valoir quelques-unes de ses opinions, et que je respecte toutes les autres. […] [NdA] Le peu qu’on sait sur l’auteur de ce livre est dû à Gui Patin, dans une de ses lettres à Spon (17 août 1643) : « Des Considérations sur la sagesse de Charron, dit-il, le vrai auteur, qui n’aime pas d’être connu, est M.  […] Il lui avait présenté le jeune Scipion Du Pleix, qui devint dans sa vieillesse un auteur si encroûté et si suranné.

272. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Simple teneur de livres d’abord chez un marchand de bois de la Rapée, il demanda des ressources à son talent ; il écrivit dans les journaux ; il fit des pièces pour les divers théâtres, quelquefois seul, le plus souvent en collaboration de quelques jeunes auteurs qui débutaient comme lui. […] cette pièce en cinq actes et en vers, ce phénix de haute comédie, qui a valu tant d’applaudissements et de profits à son auteur, on dit qu’il n’en est pas l’auteur véritablement, qu’il l’a copiée ou imitée, qu’il l’a prise je ne sais où. » Les rivaux jaloux, les vaudevillistes dépassés par un ancien confrère, les auteurs critiqués dans le Journal de l’Empire, allaient s’informant, remontant à la source, et, en attendant, ils répétaient le fait dans tout son vague et l’amplifiaient. […] Les bons vers de Conaxa sentent le Régnier et le ton de la vieille satire : si l’auteur moderne les avait introduits dans son courant limpide, ils y auraient fait tache. […] Le journaliste en lui avait retenu de l’auteur comique bien moins la verve ou la gaieté que l’épigramme. […] Étienne, l’auteur comique applaudi, à tout ce qui concernait la renommée et la mémoire de Molière.

273. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Pourquoi cet Auteur, qui a joui d’une si grande réputation pendant sa vie ; que Vaugelas consultoit comme l’oracle de la Langue Françoise ; à qui Despréaux & Racine s’empressoient de lire leurs Ouvrages, comme à un juge plein de lumieres & de goût ; pour qui l’Académie avoit une déférence qui tenoit du respect ; qu’on regardoit au Barreau, comme un des Orateurs les plus éloquens ; pourquoi est-il aujourd’hui totalement oublié ? La raison en est facile à trouver ; c’est que la Postérité ne juge jamais d’un Auteur sur les éloges de ses contemporains & de ses amis ; elle le cite en personne devant son Tribunal, & ses Productions ne peuvent se soutenir à ses yeux que par leur propre mérite. […] Il importe peu aux siecles suivans qu’un Auteur ait connu parfaitement sa langue, qu’il l’ait parlée purement & avec facilité, qu’il ait eu du goût & des connoissances, que les grands Poëtes de son temps l’aient célébré : s’il n’a laissé des Ecrits qui le rendent digne de se survivre à lui-même, on le met bientôt au rang des Auteurs oubliés. […] Combien d’Auteurs médiocres, célébrés comme de Grands Hommes, ne sont-ils pas déjà appréciés à leur juste valeur ?

274. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521

Vulson, [Marc de la Colombiere] né à Grenoble, mort dans un âge avancé, en 1658 ; Auteur inconnu à presque tous nos Lexicographes, & qui ne méritoit nullement cet oubli pour les services qu'il a rendus à notre Histoire. […] L'Auteur y expose tout ce qui a rapport aux anciens exercices si chers autrefois à la Nation, comme les joûtes, les combats, les triomphes, les tournois, les carrousels, les courses de bague ; il y parle aussi des cartels, des duels, des dégradations des noblesse, de chevalerie, & de mille autres objets aussi curieux qu'intéressans. […] Le même Auteur avoit commencé une Géographie Histori-Politique de l'Allemagne, dont il parle dans son livre de l'Office des Rois d'Armes ; & l'on doit peu regretter qu'il ne l'ait point achevée, depuis que M. l'Abbé Courtalon, Précepteur des Pages de Madame, a publié un Atlas élémentaire de cet Empire, où l'on voit sur des Cartes & des Tableaux sa description géographique, & l'état actuel de sa constitution politique. Comme cet Ouvrage, qui suppose autant de connoissances que d'application, peut être infiniment utile à la jeune Noblesse & à tous les Militaires curieux d'avoir une juste idée du Corps Germanique, nous saisissons cette occasion de le faire connoître ; & nous ne pouvons mieux y réussir, qu'en rapportant la Lettre d'un Ambassadeur de l'Empire d'Allemagne, adressée à l'Auteur même qui lui en avoit envoyé un exemplaire. […] Un Auteur qui ne cherche que le bien, quand il croit l'avoir trouvé, s'inquiete peu de la gloire ; ce qui ne dispense aucun de ses Lecteurs de lui rendre la justice qu'il mérite.

275. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Chacun des trois volumes des précédentes éditions représentait la manière de l’auteur à trois moments, et pour ainsi dire à trois âges différents ; car, sa méthode consistant à amender son esprit plutôt qu’à retravailler ses livres, et, comme il l’a dit ailleurs, à corriger un ouvrage dans un autre ouvrage, on conçoit que chacun des écrits qu’il publie peut, et c’est là sans doute leur seul mérite, offrir une physionomie particulière à ceux qui ont du goût pour certaines études de langue et de style, et qui aiment à relever, dans les œuvres d’un écrivain, les dates de sa pensée. […] Les Odes historiques, qui constituent le premier volume, et qui offrent sous un côté le développement de la pensée de l’auteur dans un espace de dix années (1818-1828), ont été partagées en trois livres. […] Ainsi le petit nombre de personnes que ce genre d’études intéresse pourra comparer, et pour la forme et pour le fond, les trois manières de l’auteur à trois époques différentes, rapprochées, et en quelque sorte confrontées dans le même volume. […] Quelque puérile que paraisse à l’auteur l’habitude de faire des corrections érigée en système, il est très loin d’avoir fui, ce qui serait aussi un système non moins fâcheux, les corrections qui lui ont paru importantes ; mais il a fallu pour cela qu’elles se présentassent naturellement, invinciblement, comme d’elles-mêmes, et en quelque sorte avec le caractère de l’inspiration. […] L’auteur s’en abstiendra donc ici, en se réservant d’exposer ailleurs les idées qu’il a pu recueillir sur ces matières, et, qu’on lui pardonne la présomption de ces paroles, de dire ce qu’il croit que l’art lui a appris.

276. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

L’auteur de ce drame écrivait, il y a peu de semaines, à propos d’un poète mort avant l’âge : « … Dans ce moment de mêlée et de tourmente littéraire, qui faut-il plaindre, ceux qui meurent ou ceux qui combattent ? […] Le jour viendra peut-être de le publier tel qu’il a été conçu par l’auteur, en indiquant et en discutant les modifications que la scène lui a fait subir. […] C’est au public que l’auteur de ce drame adresse les siens, et du fond du cœur. […] Cette lecture, si pourtant elles veulent bien faire d’abord la part de l’immense infériorité de l’auteur d’Hernani, les rendra peut-être moins sévères pour certaines choses qui ont pu les blesser dans la forme ou dans le fond de ce drame. […] Hernani n’est jusqu’ici que la première pierre d’un édifice qui existe tout construit dans la tête de son auteur, mais dont l’ensemble peut seul donner quelque valeur à ce drame.

277. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Je mis la main sur mes yeux, et je fis le choix avec mon cœur… Je ne connais rien de plus triste que cette prodigalité de cœur qui est répandue sur toute cette préface, sous prétexte d’y couvrir ce que l’auteur ne fait par là qu’étaler. […] L’auteur vient de nous dire qu’en publiant Les Confidences il sacrifiait l’amour-propre au sentiment. […] Parmi les auteurs qu’il lit d’abord et qu’il aime, nous trouvons le Tasse, Bernardin de Saint-Pierre, Ossian ; c’est tout simple, et l’affinité des natures, la parenté des génies se déclare. […] Parmi les auteurs qui ont eu le plus d’influence sur M. de Lamartine, et qui ont le plus agi de bonne heure sur sa forme d’imagination, il faut mettre au premier rang Bernardin de Saint-Pierre. […] L’auteur s’y souvient, mais à peu près ; les portraits de ses amis, il les force et les exagère.

278. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « APPENDICE. — M. SCRIBE, page 118. » pp. 494-496

L’idée de la Calomnie est aussi courageuse que spirituelle ; on doit remercier l’auteur d’avoir osé dire et su faire accepter au public, si esclave des journaux, bon nombre de vérités assez neuves sur la scène. […] Scribe ; on adressera à l’auteur plusieurs questions auxquelles il lui serait difficile de répondre. […] Cela est d’un franc comique, et dont l’auteur a tiré tout le parti en le prolongeant. […] Mais n’allons pas nous montrer trop exigeants, et à propos d’un légitime succès, envers notre seul auteur comique d’aujourd’hui. […] Scribe pour seul auteur comique ; mais cela fera beaucoup d’honneur à M.

279. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

DUPLEIX, [Scipion] Historiographe de France, né à Condon en 1569, mort dans la même ville en 1661 ; le premier Auteur qui ait publié en François un Ouvrage de Philosophie scholastique, & le premier Historien qui ait cité en marge les sources où il a puise les faits qu’il rapporte. […] DUPONT, [Pierre-Samuel] des Sociétés d’Agriculture de Soissons & d’Orléans, né à Paris en 1739 ; Auteur de plusieurs Ouvrages sur l’économie politique, & un des Coopérateurs du Journal des Ephémérides. C’est assez en dire pour annoncer un spéculateur visionnaire, un triste zélateur du bien public, & de plus un Auteur foudroyé par la plume étincelante de M. […] Il est le premier qui nous ait donné une Traduction du Paradis perdu, généralement préférée à celle qu’en a donnée depuis l’Auteur du Poëme de la Religion. […] L’Auteur, à chaque Regne, indique, avec autant de méthode que de précision, les révolutions, les mœurs, les événemens les plus remarquables ; fait connoître les Savans, les Hommes de Lettres, les Artistes qui se sont le plus distingués, & caractérise, en peu de mots, le moral de chaque Souverain, tantôt par des réflexions, & tantôt par des anecdotes aussi piquantes, que bien présentées.

280. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Il imitait ainsi les auteurs espagnols. […] L’auteur de Rinconete y Cortadillo n’est-il pas aussi le noble auteur de Don Quichotte ? […] Que dis-je, l’auteur de Candide ! […] Qu’est-ce que seraient Voltaire ou Fontenelle, s’ils n’étaient les auteurs de leurs œuvres ? […] Le savant et laborieux auteur lui-même de la Bibliographie cornélienne, M. 

281. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Les gens du monde, les femmes, dans ce court intervalle des deux Frondes, se jetèrent sur les restes de leur auteur bien aimé. […] Costar qui en est l’auteur, il me sembla qu’en pareille matière je n’avais rien vu de si bien écrit, de si judicieux, de si élégant, ni de si fleuri. […] Il le reprenait ensuite lorsqu’il faisait le savant et qu’il citait, en écrivant particulièrement à Costar, force passages d’auteurs latins. […] À cela près, il déclarait admirer sincèrement l’auteur pour ses grâces d’esprit, et n’avoir voulu que noter quelques taches dans un beau corps. […] Costar a publié des libelles contre l’auteur sans en avoir eu sujet ; que c’est un calomniateur… » « Que l’auteur a été obligé, pour sa défense, de découvrir les impuretés de M. 

282. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Delaunay, au nom des auteurs et du public, de revenir sur sa résolution et d’oser avoir vingt ans, les vingt ans de son talent. Devant cet intérêt de la presse, la situation du théâtre, celle des deux auteurs, M.  […] Les excellents acteurs qui devaient la jouer mettaient au service des auteurs tous leurs efforts, toute leur expérience, donnaient, nous pouvons le dire, tout leur cœur à la pièce. […] Une autre pièce a un certain intérêt pour les gens qui sont curieux de l’histoire littéraire des auteurs qu’ils aiment. […] Je signale le fait aux auteurs qui, dans le temps, auraient déposé des pièces au Théâtre-Français, et croiraient pouvoir les retirer à leur heure.

283. (1910) Rousseau contre Molière

Il y a donc une méchanceté latente au fond de tout auteur comique. […] Voici une œuvre où le public approuve tout ce que l’auteur condamne. […] Et le critique doit-il rendre l’auteur responsable de toutes les interprétations saugrenues qu’il est possible que le public fasse de l’œuvre de l’auteur ? […] A certains moments, on dirait, en vérité, que l’auteur se moque de M.  […] L’auteur de cette dissertation est un petit bourgeois.

284. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

Seulement, le titre de son livre me le fit demander, comme si j’avais, sous les meilleurs rapports, connu le nom de son auteur. […] L’auteur de L’Esprit révolutionnaire avant la Révolution n’a point tenu les promesses de son titre. […] Félix Rocquain, on tombe d’un quatrième étage… L’auteur de L’Esprit révolutionnaire avant la Révolution, n’a vu, en se vantant, que ce que tout le monde a vu, sans se vanter. […] À cela près de deux ou trois peut-être, j’ai dit toutes les sources dans lesquelles l’auteur de L’Esprit révolutionnaire avant la Révolution a puisé son livre, et on vient de voir qu’elles ne sont ni bien nombreuses, ni bien profondes, ni bien difficiles à trouver. […] que Voltaire, — il est impossible de ne pas admettre que l’auteur de L’Esprit révolutionnaire avant la Révolution ne soit animé — non pas animé, il n’est jamais animé !

285. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

L’auteur de l’Énigme d’Alceste, qui est plus janséniste à sa façon que l’Alceste janséniste qu’il invente, a de l’intelligence historique. […] Pour l’auteur de l’Énigme d’Alceste, ce n’est pas Louis XIV qui a changé, élevé et ennobli son siècle. […] S’il faut se résumer sur ce livre de l’Énigme d’Alceste, plus piquant de titre que de conclusion, il est bien heureux pour l’auteur qu’il n’y ait ni Sphinx ni énigme ; car le pauvre homme serait mangé. […] À la page 174, l’auteur de l’Énigme trouve dans les vers de Molière les cahiers de 89 ! […] L’auteur a-t-il assez d’esprit pour s’attraper lui-même ?

286. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

A de certaines saveurs de son volume, on pourrait croire que l’auteur est chrétien d’éducation première et peut-être d’âme par sa mère ; mais littérairement, non ! […] C’est un païen, un païen de nuances douces et mêlées à des quarts de nuances chrétiennes, et voilà pourquoi, sans nul doute, amitié et talent à part, Hippolyte Babou, l’auteur des Païens innocents, l’a chaperonné si aimablement dans une spirituelle préface. […] D’un autre côté, malgré sa jeunesse, l’auteur d’Impressions et Visions ne s’est pas donné à l’antiquité tout entier. […] L’auteur d’Impressions, au lieu de se plonger là où disparut Gœthe, a tâté l’eau, mais l’eau est implacable et elle l’a figé dans ses plis. […] » Comme si les mérites extérieurs d’une œuvre quelconque n’étaient pas toujours profondément dépendants de l’inspiration de l’auteur !

287. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Annoncé il y a trente ans et pendant les années qui suivirent, commencé, abandonné, repris, le Capitaine Fracasse ne semble avoir été achevé par son auteur que pour n’en pas avoir le démenti, comme dit l’expression populaire. […] Balzac eut l’incroyable puissance de se planter sur les épaules la tête de Rabelais, et même d’un Rabelais supérieur à Rabelais de toute la force de l’idéalité et du pathétique, que l’auteur du Pantagruel n’avait pas ! […] Gautier, se sont faits modestes pour lui, et comme cet écrivain n’a peint ces entrailles d’où jaillissent le pathétique et la passion dans les œuvres, ils ont prétendu que le roman qu’il publie aujourd’hui n’avait jamais été, dans la pensée et le dessein mêmes de l’auteur, qu’un simple roman d’aventure. […] Ce dernier des Sigognac vit, au fond des Landes, dans un vieux château délabré que l’auteur appelle le Château de la Misère, et qui par cela seul qu’il est une description physique faite avec cet acharnement de détails très-approprié au talent de M.  […] Or, c’est parce que je le tiens pour l’un et pour l’auteur qu’il me déplaît de lui voir perdre ses facultés dans des œuvres pour lesquelles évidemment il n’est pas fait.

288. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Ainsi pensait, nous l’avons vu, l’auteur des Confessions ; et il semblait que sa fortune eût prouvé la vérité de son paradoxe. […] Avec l’auteur d’Émaux et Camées une génération d’artistes succède à une génération d’improvisateurs. […] La nature et la société, l’art et la vie, la vérité, la beauté sont là qui invitent le poète, et le romancier, et l’auteur dramatique. […] C’est ce que pensait aussi l’auteur des Poèmes antiques. […] L’auteur des Poèmes antiques ou des Poèmes barbares savait ce qu’il voulait !

289. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

plume se prend aussi pour l’auteur même, c’est une bone plume, c’est-à-dire, c’est un auteur qui écrit bien : c’est une de nos meilleures plumes, c’est-à-dire, un de nos meilleurs auteurs. […] On dit d’un auteur que son stile est clair et facile, ou au contraire que son stile est obscur, embarassé, etc. : on reconoit un auteur à son stile, c’est-à-dire, à sa manière d’écrire, come on reconoit un home à sa voix, à ses gestes, et à sa démarche. […] Vous voyez que l’auteur joue sur la double signification de (…). […] On poura remarquer un plus grand nombre d’exemples pareils dans les auteurs. […] Ainsi quand la construction est équivoque, ou que les paroles expriment un sens contraire à ce que l’auteur a voulu dire ; on doit convenir qu’il y a équivoque, que l’auteur a fait un contre-sens, et qu’en un mot, il s’est mal exprimé.

290. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Mon éditeur m’a envoyé les passages suivants, dont l’auteur ou les auteurs lui sont apparemment connus. […] Je renvoie à mon auteur, que je n’ai pas résolu de copier page à page. […] Qui sait si l’auteur n’avait pas de bonnes raisons pour n’être pas trop clair ? […] Cette modération nous aurait épargné, à l’auteur et à nous, quelques lignes d’humeur. […] L’auteur de l’Essai ne saurait penser ainsi.

291. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Une note de l’auteur ne manqua pas de donner à deviner à quelle « auguste critique » il avait dû la correction de cette faute. […] Sans compter que c’est un des meilleurs morceaux de l’auteur, le réimprimer eût été certainement un à-propos et presque une flatterie à l’adresse de son éloquent neveu. […] Edmond Biré s’est attaché à réfuter (pages 251-255) un mot entre autres échappé à l’illustre auteur des Misérables. […] Ce jeune auteur possède à un remarquable degré la faculté du détail ; il est armé d’un instrument d’investigation très-fin, et il a poussé plus d’une fois la précision jusqu’au piquant. […] Il est, à mes yeux, des inexactitudes d’un autre ordre, et dont l’auteur ne paraît pas assez se douter ; elles consistent, par exemple, à prendre M. 

292. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Un classique, d’après la définition ordinaire, c’est un auteur ancien, déjà consacré dans l’admiration, et qui fait autorité en son genre. […] Les vrais et classiques auteurs de la double Antiquité se détachèrent désormais dans un fond lumineux, et se groupèrent harmonieusement sur leurs deux collines. […] Le premier Dictionnaire de l’Académie (1694) définissait simplement un auteur classique, « un auteur ancien fort approuvé, et qui fait autorité dans la matière qu’il traite ». […] En général, les nations diverses y auraient chacune un coin réservé, mais les auteurs se plairaient à en sortir, et ils iraient en se promenant reconnaître, là où l’on s’y attendrait le moins, des frères ou des maîtres. […] Mais pourquoi parler toujours d’être auteur et d’écrire ?

293. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

La préface des Gaietés est adressée au docteur Prosper Ménière, un des amis de l’auteur. […] Analyser le roman, c’est en ôter précisément ce que l’auteur a voulu y mettre, c’est isoler le fil et le présenter sans la broderie. […] Dans sa verve de composition, la plume de l’auteur a de ces méprises qui ne sont qu’un malentendu entre deux souvenirs qui se pressent trop. […] Je commence par dire à l’auteur : N’entrez pas, ne vous en mêlez pas ; allez produire encore, ne vous retournez jamais en arrière. […] Combien j’en retrouve en idée de ces chapitres piquants, de ces petits chefs-d’œuvre sur tous les auteurs du jour, sur tous les romanciers en vogue, sur tout ce qui a passé, chanté, jasé, voltigé au théâtre !

294. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Le Bébé, voilà la vertu définitive de l’auteur de Monsieur et Madame, de ce Risque-tout, qui, à partir du Bébé, ne risque plus rien. […] L’auteur du Bébé est de cette école de sentiment et de peinture, avec les facultés de son ordre et le cadre du tableau de genre qu’il s’est choisi. […] Qui ne savait, en effet, comment l’auteur de Monsieur, Madame et Bébé, s’était révélé dans la littérature contemporaine ? […] Obligé de se garder peintre de mœurs et d’être vrai, l’auteur d’Autour d’une source ne pouvait éviter la pourriture sociale qui nous fait, à tous tant que nous sommes, des taches plus ou moins grandes sur la conscience et sur le cœur. […] C’est comme une fleur de ridicule bien épanouie et que l’auteur a glissée entre les grandes figures sérieuses de son livre, pour nous dérider, et on la respire en riant, cette violette… Quelle trouvaille de comédie !

295. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

l’auteur en profite. […] Nous a-t-elle été donnée comme telle par l’auteur ? […] Voilà ce que voulait l’auteur ! […] Quand j’y songe, il me semble que l’auteur n’a pas pris son parti. […] Voilà ce dont je suis obligé d’avertir l’auteur.

296. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Alexandre Dumas fils, était envoyé au concours, et la commission, dont chaque membre aurait aimé individuellement à n’avoir qu’à louer et à applaudir l’auteur pour la franchise de ses expositions, pour la spirituelle et frappante énergie de ses tableaux, a dû se former un avis au point de vue particulier où elle était placée, en vue de la fonction dont votre confiance, monsieur le ministre, l’avait investie. […] Ici l’attrait des sens ne s’étalait pas, et l’auteur s’attaquait surtout à la corruption du cœur et de l’esprit. […] Il a été répondu encore, et d’une manière plus directe (toujours au point de vue dont la commission n’avait point à s’écarter), que, toute part faite et toute justice rendue au talent de l’auteur, sur lequel il n’y avait qu’une voix, on ne pouvait découvrir réellement dans sa pièce d’autre intention dominante que celle de peindre ; qu’il avait porté son miroir où il avait voulu, qu’il avait fait une exhibition fidèle, inexorable, de ce qu’il avait observé, et avait montré les gens vicieux tels qu’il les avait saisis ; que ce n’était pas un reproche qu’on lui faisait, mais que c’était le caractère de sa comédie qu’on se bornait à relever, et que ce serait lui prêter gratuitement que de voir autre chose dans son Demi-Monde qu’une peinture attachante, ressemblante et vraie, digne d’être applaudie sans doute, mais non pas d’être récompensée comme ayant atteint un but auquel l’auteur n’avait point songé. Reprenant alors le texte même de l’arrêté du 12 octobre 1851, on n’a eu qu’à relire l’article 4, ainsi conçu : “Une prime de cinq mille francs pourra être accordée chaque année à l’auteur d’un ouvrage en cinq ou en quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès à Paris, pendant le cours de l’année, sur tout autre théâtre que le Théâtre-Français…, et qui serait de nature à servir et à l’enseignement des classes laborieuses par la propagation d’idées saines et le spectacle de bons exemples. […] Le ministre, homme de bien, qui a laissé une mémoire si honorée8, en recommandant expressément aux auteurs dramatiques, à la date de 1851, une direction morale formelle et un enseignement d’une utilité presque directe, portait secours là où il y avait encore danger ; il cherchait à proportionner le contrepoids à la force de l’entraînement qui avait précipité les esprits en sens contraire.

297. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Ajoutons que les progrès de la science semblent donner à l’auteur un démenti. […]   Nous ne le suivrons pas dans le détail, qui est d’ailleurs exposé sans beaucoup de suite, car l’auteur a eu l’intention non de faire un traité complet et méthodique, mais d’aborder seulement les questions où il a quelque chose à dire. […] À cette doctrine de la perception immédiate et passive se rattache l’opinion de l’auteur sur la vision. […] Les discours d’un orateur, les traités d’un auteur, les prescriptions du législateur, les manœuvres du général, les décrets du monarque l’impliquent également. […] Les mêmes actions humaines peuvent être voulues avec une liberté parfaite par l’auteur, et prédites avec une certaine confiance par l’observateur.

298. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

On reconnoîtra facilement cette maniere dans l’Auteur du Poëme de la Peinture. […] Si on peut reconnoître en lui le caractere de quelque Auteur original, c’est sans contredit celui de Virgile. […] Ceux qui n’imitent point, dit un Auteur Anglois, ne seront jamais imités. […] Ces précautions consistent à ne pas s’enthousiasmer si fort d’un Auteur, qu’on néglige de joindre aux secours qu’il nous fournit, les secours qu’on peut tirer des autres Auteurs d’un genre différent. […] Ce qu’il y a de plus absurde, de plus contraire aux mœurs & à l’honnêteté dans le Dictionnaire de ce Philosophe, devient, entre ses mains, le fond principal d’une Compilation odieuse, condamnée au feu par le Parlement, & punie par la détention de l’Auteur à la Bastille.

299. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

il y en a, et plus qu’on ne voudrait et qu’on aurait pu croire, venant de l’auteur de ce livre, connu déjà par des ouvrages d’un ton bien inférieur à celui-ci… Jusqu’alors M.  […] Zola, est donc, au fond, un livre de désespéré, et son titre n’en dirait pas la portée si l’auteur ne l’avait pas souligné avec une épigraphe qui étonne et peut-être avertit… Le croirait-on ? l’auteur l’a tirée d’un des plus grands mystiques du xive  siècle ! […] Au bout de toutes les incroyables folies qu’il ose, l’auteur a senti le navrement de la déception. […] Mais l’auteur d’À Rebours les choisira-t-il ?

300. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Doutez-vous, à ce compte, que les auteurs dramatiques, et les romanciers eux-mêmes, soient des moralistes ? […] Tous les poètes qu’on verra bientôt refuser leur admiration à l’auteur du Cid, — Du Ryer, Bois-Robert, Scudéry, — saluent avec enthousiasme l’auteur de la Veuve. […] Mais cela est conforme au dessein de l’auteur. […] Vous trouverez peut-être intéressant de rapprocher et de comparer l’auteur espagnol et l’auteur français. […] Pour grand qu’il soit, il n’effacera jamais l’auteur du Cid.

301. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Comme il s'en faut que cet Auteur jouisse de toute sa célébrité, nous croyons devoir nous arrêter un peu plus sur son article, afin de donner une juste idée de ses talens, qui le mettent bien au dessus de la plupart des prétendus Beaux-Esprits, en vogue de nos jours. Tel est le caractere de notre Nation : quelques Auteurs agréables, en l'amusant par des Contes ou des Opéra comiques, suffisent pour lui faire oublier les Auteurs vraiment estimables. […] On est fâché que cette Histoire ne soit qu'un Fragment, & que la paresse de l'Auteur ne lui ait pas permis de la finir en entier. […] Comme on voit quelquefois dans l'Ardenne fameuse, Et dans les prés herbus où le Rhin joint la Meuse, Deux furieux taureaux par l'amour courroucés, Se heurter fiérement de leurs fronts abaissés : Le troupeau plein d'effroi regarde avec silence ; Le nombre des Pasteurs cede à leur violence : Les deux vaillans rivaux se pressant rudement Des cornes l'un sur l'autre appuyés fortement, Redoublent, sans cesser leurs cruelles atteintes ; De longs ruisseaux de sang leurs épaules sont teintes ; Ils mugissent des coups d'un cri retentissant, Et toute la forêt répond en mugissant…… Ajoutons encore ce morceau sur la briéveté de la vie, & nous ne serons point étonnés que l'Auteur du Lutrin & celui de la Henriade n'aient pas dédaigné de s'approprier plusieurs traits de ce Poëte, injustement oublié.

302. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

On n’accorde à l’auteur qu’il a raison, que dans le tête-à-tête. […] Si peu auteur qu’on se pique d’être en écrivant, on l’est toujours par un coin. […] Un seigneur aussi grand en esprit qu’en naissance en est l’auteur. […] Elle fut conseillère, mais pas autre chose : La Rochefoucauld reste l’auteur tout entier de son œuvre. […] Il faut y voir surtout un dernier hommage à l’auteur, et même d’autant plus grand qu’on aura moins réussi.

303. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Bien des opinions considérables et plausibles sont différentes de celles de l’auteur sur l’aspect de ces guerres entre le sacerdoce et l’empire, entre Simon de Montfort et les Albigeois. […] Au reste, dans une introduction comme celle-ci, l’inconvénient n’existe qu’assez secondaire : ces tableaux généraux ont besoin d’une perspective ; celle que l’auteur trouvait tout naturellement tracée et éclairée par sa foi était la plus magnifique qu’il pût offrir. […] Ces qualités, que l’auteur croit retrouver exprimées jusque dans les formes de l’église dédiée à sainte Élisabeth, il les a lui-même portées dans son récit. […] Il y a d’affreux détails dans ce que l’auteur raconte de la charité d’Élisabeth, notamment lorsqu’elle boit cette eau (p. 213), pour se punir d’un dégoût. […] L’auteur, nous dit-on, a déjà trouvé la sienne.

304. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Car, disait-il, on voit mieux le sens ; et puis le traducteur a arrangé, amélioré son auteur : le texte est toujours plus défectueux. […] Seulement, il y a un seulement, un honnête homme ne se permet pas d’attaquer les personnes comme fait l’auteur des Satires. […] Et le ton ne donnait pas une idée plus avantageuse de l’auteur et de sa cause. […] En un mot, il se fait à chaque moment juge du sens et des mots de son auteur, il le « rectifie » sans scrupules, « à la française ». […] Les mots dont il s’est servi nous offrent sans doute plus de sens qu’ils n’en avaient pour leur auteur.

305. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Fait, il est vrai, en plusieurs endroits, sur des articles qui furent comme les pierres d’attente de la pensée de leur auteur, le livre en question a été pensé à nouveau et inventé en beaucoup d’autres. […] Or, tel est et tel fait Xavier Aubryet, le jeune auteur des Jugements nouveaux, qui, par cela seul, justifieront leur titre. […] Mais cette moitié de force et de faiblesse peut être toute force demain, et, pour cela, l’auteur des Jugements nouveaux n’aura pas besoin de se démentir : il s’accomplira simplement. […] Et l’auteur en convient, du reste, en sa leste et spirituelle préface : « Madame d’Ivrée (y dit-il) comme madame Étienne, mademoiselle Rosa La Rose comme mademoiselle de Keldren (ce sont ses héroïnes), représentent les gardiennes de l’idéal, tout en ayant l’ambition d’être de leur siècle… » Or, cette réserve n’est qu’un mot d’auteur qui veut être lu ; car si elles en sont, de leur siècle, c’est comme les personnes qui tranchent sur le leur, et qui, par cela même, n’en sont pas. […] C’est, après tout, une preuve de noblesse dans la pensée ; c’est l’anxiété incessante de l’idéal que la préciosité : elle tient à cette haine vigoureuse et presque cabrée du vulgaire que j’estime tant dans l’auteur des Patriciennes de l’Amour.

306. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

L’essentiel était de manifester une originalité personnelle, de créer de l’esprit ou un système, et de se montrer avantageusement à l’occasion de son auteur. […] La critique doit assortir jusqu’au format de son livre à la couleur esthétique de son auteur. […] Naturellement orienté vers les réalités plutôt que vers les abstractions, très artiste, très attentif aux rapports de la littérature et des beaux-arts, il regardait ses auteurs comme un peintre, ou comme un romancier naturaliste peut faire. […] Est-ce de l’inconduite, est-ce uniquement de la coquetterie de sa femme que souffrait l’auteur de Sganarelle et du Misanthrope ?  […] Il était sérieux, parce qu’il voulait l’être, parce qu’il croyait le devoir à son auteur, à son lecteur.

307. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Enfin, elles éclairent comme d’une lumière intérieure ce type de Werther qui fut Goethe, et marquent bien l’endroit où le marbre du type expire et devient la chair même de l’auteur. […] L’auteur comédien dominait déjà l’amant sincère… Et, qu’on nous comprenne bien ! […] L’auteur y dévore tout ce qui restait de l’amant, et il ne s’en porte que mieux. […] Baschet, — c’est le passage de sa vie de jeune homme encore incertaine à sa vie d’auteur triomphale et olympienne. » Goethe passait dieu. […] … Non pourtant qu’il n’y ait une certaine sensibilité dans l’auteur du Werther et l’amant phraseur de Charlotte Buff, mais c’est la sensibilité littéraire, c’est la sensibilité de l’auteur, du poète, de l’avocat, du comédien, de l’artiste nerveux ; ce n’est pas la vraie, la profonde sensibilité du cœur.

308. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Et dites si tout cela n’appartient pas, corps et biens, depuis des siècles, à l’auteur d’Émaux et Camées et de La Comédie de la mort ? […] En effet, malgré les quelques mièvreries libertines de son Monsieur de Cupidon, le dessein de ce livre est sérieux, — ou, du moins, il révèle des facultés d’observation qui peuvent un jour faire la fortune intellectuelle de leur auteur. […] Dans une introduction d’un ton leste et incisif, l’auteur de Monsieur de Cupidon nous fait la biographie assez mystérieuse d’un sien oncle fort original, qui avait connu toutes les célébrités de son époque, et qui mourut en lui laissant pour héritage tout un vaste système de métempsycose appliquée. […] Individualisé de la sorte par la fantaisie de l’auteur, cet Amour passa en zigzag dans le xixe  siècle, et il en oppose les particularités et les mœurs aux mœurs et aux particularités de la société d’autrefois. […] Que surtout l’auteur de Monsieur de Cupidon ferme à la clef son xviiie  siècle, et qu’il se désinfecte des parfums aigris que tout homme qui a aimé ce siècle funeste emporte fatalement dans sa pensée comme la punition d’un goût dépravé.

309. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

L’auteur, qui n’en a pas cherché le titre dans la lune, mais à côté, est un diplomate pourtant, et des plus positifs, de notre globule terraqué. […] avec lesquels, pour un homme vivant, il semble trop ajuster l’Académie des Inscriptions, ce cimetière orné de ces momies dont il n’est pas… Il a, en effet, écrit une Histoire des Perses d’après les auteurs orientaux, grecs et latins, et les manuscrits inédits ! […] … Pour peu qu’on plonge et qu’on pénètre dans tous les endroits de son roman et qu’on cherche à l’éclairer par les idées morales de l’auteur, on ne trouve guères, sous des formes élégantes, qu’un stoïque en lui (voir son personnage de Gandeuil). […] Ce sont les vaniteux et sanglants auteurs, les moteurs uniques et détestables de la décrépitude universelle, et la pluie de mes carreaux de feu labourerait sans pitié ces crânes pervertis. […] Ainsi, résultat singulier au milieu de toutes ces singularités, la misanthropie de l’auteur des Pléiades, qui n’est peut-être que de l’aristocratie naturelle exaspérée, est encore la meilleure explication qu’il y ait à donner de son livre.

310. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Si, sur plusieurs de ces points secondaires, l’auteur avait réussi à fonder quelques jugements nouveaux, à préparer quelques-uns des éléments qui s’introduiront un jour dans l’histoire littéraire de notre époque, il aurait atteint l’objet de sa plus chère ambition. […] Dans l’Avertissement placé en tête des second et troisième volumes de cet ouvrage24, qui parurent en 1836, j’ai dit, et il m’avait semblé, en effet, qu’un quatrième volume me suffirait pour épuiser les noms d’auteurs que je tenais à traiter encore. […] Un collectionneur des plus distingués, à qui nous devons beaucoup pour cette publication, nous signale une note relative encore aux Critiques et Portraits littéraires, dans un petit volume paru sans nom d’auteur en 1812 et qui n’est qu’un choix de Portraits, extraits des œuvres de M.  […] Quérard, l’auteur insère ici, faute d’autre lieu, le renseignement qui suit : Les Critiques et Portraits, auxquels se rattache ce petit volume, forment, à cette date de 1842, cinq volumes in 8° : le premier volume publié en 1832, les second et troisième en 1830, les quatrième et cinquième en 1839. […] Mais, contre ce qu’on croyait prévu, la première édition, non épuisée, du premier volume a continué de se débiter de préférence à la seconde, qui n’a été mise qu’incomplètement en circulation, et que l’auteur signale aux gens du métier, parce que c’est en définitive sur elle que, pour ces débuts critiques, il aimerait à être jugé. »

311. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

Une différence bien remarquable entre les écrivains d’Athènes & ceux de Rome, c’est qu’on voit les premiers, ainsi que les nôtres, dévorés de jalousie, tourmentés d’un ver rongeur, se faisant une éternelle guerre ; au lieu que les grands auteurs Latins n’ont jamais eu leur gloire obscurcie par cette tache. […] Auguste voulut en connoître l’auteur ; personne ne se déclara. […] Le véritable auteur du distique ayant été par-là découvert, Bathille devint la fable de Rome. […] Il n’est qu’un seul homme dont la prose égale au moins ses vers, l’auteur de la Henriade & du Siècle de Louis XIV. […] L’auteur de cet ouvrage unique mourut assez riche pour laisser des sommes considérables à Tucca, à Varius, à Mécène, à l’empereur même.

312. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

L’auteur de Werther, s’il a jamais un moment ressemblé à son héros, serait une belle preuve de cet apaisement graduel, dont on pourrait citer d’autres exemples moins contestables. […] On lit un livre, dès la préface on en tire la connaissance de l’auteur, on entre dans sa pensée ou on la contredit ; à la vingtième page, que de réflexions le livre a déjà fait naître ! […] Le pauvre auteur serait honni, j’imagine, toutes les fois qu’il sortirait de la maxime et qu’il en viendrait aux originaux en particulier. […] Ce début me semble caractéristique, étant d’un auteur si jeune et femme. […] L’auteur de la lettre non signée, et des articles qu’après quelque première difficulté elle agréa avec reconnaissance, était M.

313. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

La Bourse, avec ses fortunes si vite élevées et plus vite écroulées, est devenue un thème de satire pour les moralistes, les romanciers, les auteurs dramatiques. […] Autant que la classe d’où sortent les auteurs, il importe de noter leur degré de fortune. […] Quand on examine les groupes qui tiennent les auteurs par des chaînes plus ou moins dorées, on voit qu’ils varient beaucoup suivant les époques. […] Les comédiens se sont accoutumés à rétribuer les auteurs en leur accordant un tant pour cent sur la recette. […] En 1835, voici les sommes que leurs œuvres rapportaient aux auteurs.

314. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

L’auteur des Ducs de Guise, ces hommes brillants, n’est jamais un pataud ni le fameux cuistre que voulait Cousin. […] Il n’a ni le protestantisme étranglé de Guizot, ni le protestantisme dilaté et attendri de Dargaud, l’auteur de l’Histoire de la liberté religieuse, qui a aussi parlé des Guise et de leur époque. […] C’est, avant tout, un Français, que l’auteur des Guise. […] Catherine de Médicis, si la politique, comme l’auteur des Guise doit le penser, est la seule loi et le seul but de l’Histoire, est évidemment la plus grande figure de son temps. […] L’auteur politique de l’histoire actuelle de Philippe II n’a pas regardé assez avant dans ce fanatisme religieux pour plonger au fond et voir clairement ce qu’il signifiait.

315. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Ici comme là, on ne trouve que l’auteur, ses basses passions grossières, ses basses passions raffinées. […] La probité et la modestie de l’auteur touchaient ; on souffrait de voir un ouvrier si appliqué ne réaliser qu’à demi ; on l’aidait d’un rêve sympathique et l’esprit du lecteur achevait l’œuvre. […] Il est regrettable que les auteurs n’aient pas fait, par un de ces deux moyens ou par quelque autre, le travail d’unification qui, après tout, leur incombait. […] Heureusement les auteurs, vite fatigués, ne soutiennent ce grand effort littéraire qu’aux trois ou quatre premières pages. […] L’auteur est — en tant que penseur — un naïf.

316. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Taine a apporté dans la critique un esprit autrement clair et fort : il cherche le rapport de l’auteur avec son œuvre, et le rapport des auteurs avec l’ensemble social dont ils font partie. […] « Quelles sont les émotions que l’ensemble des œuvres de tel auteur suscite, et par quels moyens les provoque-t-il ? qu’exprime tel auteur et comment l’exprime-t-il ?  […] Au point de vue historique, où nous sommes maintenant placés, les auteurs ne valent plus, en effet, par leur origine et leurs qualités, mais par leur popularité. […] Le rapport est enfin beaucoup plus lâche, il faut bien le dire, des qualités de l’œuvre à celles de ses admirateurs, qu’il ne l’est à celles de son auteur.

317. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

— il est bien évident que l’auteur de la Révolution n’emménagera jamais dans les limites qu’il s’est tracées l’immense récit et l’immense détail de ces soixante années, dont les jours, par la plénitude des événements, semblent avoir plus de vingt-quatre heures. […] Hors ce résultat, qui est la destruction, n’importe par quelles voies, du monde ancien et de ses hiérarchies, et l’érection, n’importe par quelles voies, du monde nouveau appuyé sur l’égalité politique, rien pour l’auteur de cette histoire ne vaut la peine d’être aperçu ou même regardé. […] Et l’on ne doit plus s’étonner que les détails de ces soixante années prodigieuses, l’auteur des Soixante ans croie — comme cet enfant qui s’imaginait faire tenir l’océan dans une coquille d’huître  — les mettre dans le creux de sa main, en en oubliant la moitié ! […] — l’auteur des Soixante ans est un homme que la politique et le fait et le fatum n’ont pas desséché, et s’il faut bien le reconnaître pour un matérialiste en histoire, il faut du moins convenir que c’est un matérialiste dont le sang est chaud et bat parfois pour la justice. […] Il raisonne donc faux, l’auteur des Soixante ans, mais il sent juste.

318. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Mais où commence la différence entre ces deux inconnus faits pour ne pas l’être, le voici : L’auteur des Ruines de la Monarchie française est mort dédaigneux de la publication de son livre, qu’il savait, de conception et de sujet, impopulaire, l’ayant gardé fermé sous son coude après l’avoir écrit, et achevé ainsi de vivre, la tête qui l’avait pensé dans sa main, ne demandant rien à son siècle… L’auteur des Philosophes et la Philosophie n’a pas eu, lui, cette indifférence, qui est une impertinence sublime ! […] L’auteur des Philosophes, qui a mesuré le danger qu’elle court et l’abaissement dans lequel elle est tombée et où elle tombe chaque jour davantage, a donné dans son histoire critique la preuve de cette dégradation de la pensée par le Matérialisme, qui est à la fin de tout dans l’ordre philosophique : Finis Poloniæ ! […] Une des plus belles parties du livre en question est l’histoire de ce sens commun et moral que l’auteur appelle : « la philosophie de tout le monde », mais qui n’est la philosophie de tout le monde que quand nulle autre philosophie ne l’a dépravé. […] L’auteur, qui ne se contente pas de massacrer les systèmes et les hommes du Matérialisme, boucherie méritée ! […] L’auteur des Philosophes et la Philosophie reprend la même thèse avec d’autres adversaires et un matérialisme autrement grossier, autrement impudent, autrement haineux que le petit matérialisme de Gassendi, — le têtard du monstre actuel !

319. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

L’auteur des Iambes publia des Odelettes, dans lesquelles le terrible et noir Archiloque, voulant faire de l’Anacréon, culbuta dans le Fidèle Berger de la rue des Lombards. […] C’était cela qui empêchait de croire que l’auteur des Iambes et du Pianto, englué dans le miel de la bonbonnerie et dans les douceurs de l’Almanach des Muses, pût s’arracher de là et redevenir lui-même. […] On y trouve beaucoup de pièces d’avant La Curée, que l’auteur gardait en portefeuille, qu’il aurait bien dû y laisser, et qu’il a publiées pour ne rien perdre. […] Tous les vers, tous, sans exception, de ce poète qui fut Auguste Barbier, y sont jetés dans le moule à chandelle que voici… et c’est vraiment curieux, venant de l’auteur de l’Idole ! […] des patauderies du sublime auteur du Pianto et qui tiennent à la profonde ignorance de son métier, passerait toute créance.

320. (1923) Au service de la déesse

Mais ce n’est pas Balzac l’auteur de notre époque. […] Chaque philologue signe son auteur et le doit signer. […] Mais il n’avait pas envie de passer pour un auteur. […] Quant à l’auteur du Fénelon que je disais, M.  […] — les petits faits que l’auteur nous donne en passant.

321. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Ces quatre personnages ne nous sont pas donnés rigoureusement comme des auteurs. […] Ce sont des compositions impersonnelles, où l’auteur disparaît totalement. […] L’auteur y parle toujours comme témoin oculaire ; il veut se faire passer pour l’apôtre Jean. […] À partir de XVI, 10, l’auteur se donne pour témoin oculaire. […] Souvent on sent que l’auteur cherche des prétextes pour placer des discours (ch.

322. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

L’auteur de cette pièce est M.  […] L’auteur est M.  […] L’auteur de ces strophes généreuses, parfois éloquentes, est M.  […] L’auteur est M.  […] L’auteur est M. 

323. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

L’auteur, il est vrai, ne les écrivit pas de suite et avec continuité ; il y revint à plus d’une reprise et comme par époques, sans se soucier beaucoup des liaisons. […] On voit passer devant soi une suite de peintures de mœurs fort contrastées, prises chacune sur le vif dans les régimes successives que l’auteur a traversés et qu’il a trouvé moyen de railler, tout en les servant. […] Le fait est que nous n’avons pas même la biographie complète de l’auteur des Mémoires. […] N’oublions jamais, en lisant ces Mémoires, que l’auteur a intérêt à ne pas avoir une trop haute idée de l’humanité. […] Mais il a beau en être l’auteur, il a beau être le souffleur tout trouvé en chaque rencontre pour ces sortes d’à-propos monarchiques, il est mal récompensé.

324. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Et cette imagination, c’est Lawrence Sterne, l’auteur du Tristram Shandy et du Sentimental Journey, deux chefs-d’œuvre de sentiment et de grâce pour les uns, et de déraison et d’absurdité pour les autres ! […] La biographie n’est ici que pour préparer la critique, par laquelle l’auteur la termine. […] Et ce n’est qu’après avoir repoussé les attaques adressées à la moralité sensible de son auteur, que M.  […] Sterne n’a certainement pas les qualités épiques du Rieur gigantesque qu’est l’auteur du Pantagruel ou du Gargantua, mais il en a d’autres non moins rares. […] Un ouvrage, inconnu en France, de l’auteur du Tristram Shandy, du Voyage sentimental et des Lettres à Elisa Draper, oui !

325. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Eugène Chapus est l’auteur de deux publications encore : Les Chasses royales depuis 1589 jusqu’à 1841, et Le Turf 6. […] Cette masse du public ne connaissait pas le nom de l’auteur du Turf et des Chasses royales. […] Avec tout ce que nous savions de l’auteur, nous pouvions craindre que ces livres, d’une spécialité si restreinte et d’une technologie presque savante, pensés par un talent très fin, très particulier, très genuine, — comme ils disent si bien en Angleterre, — lequel ajoutait son originalité native à tous les schibboleth d’une société très élevée qui a aussi son genre de langage, ne franchît pas les limites de cette société et y concentrât son succès. […] Il est savant, renseigné, détaillé, plein de faits qui, sous la plume pittoresque de l’auteur, deviennent des peintures : paysages ici, portraits là. […] L’auteur y montre, entre mille autres faces d’un talent mouvementé et chatoyant, une faculté de paysagiste presque embrasée, tant elle est ardente !

326. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche ce qu’Oberman, Adolphe et René sont à leurs auteurs, il est dit : « Vers l’âge de vingt et un ans, sa santé se raffermit…. […] Ballanche connut de bonne heure à Lyon Fourier, auteur des Quatre Mouvements ; mais il entra peu dans les théories et les promesses de ce singulier ouvrage, publié en 1808 ; aujourd’hui il se contente d’accorder à l’auteur une grande importance critique en économie industrielle, et de penser avec lui en des termes généraux que l’homme a pour mission terrestre d’achever le globe. […] Préparer à la lecture de notre auteur, c’est là en général dans les essais que nous esquissons, et ce serait dans celui-ci en particulier, notre plus entière récompense. […] En écrivant cet article et pour être plus sûr de comprendre comme il le fallait un auteur éminent, mais très-particulier et assez difficile, j’avais songé avant tout à me placer au point de vue de cet auteur et à le considérer, comme on dit aujourd’hui, dans son milieu. […] Ballanche qui suivirent l’Essai sur les Institutions ; il faudrait dire imprimé aux frais de l’auteur, et distribué à quelques amis et à quelques juges.

327. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

de la chose la plus agréable pour les auteurs….. […] Les académies ont coutume d’enrôler les auteurs qui les décrient…. […] Oui, quelquefois j’ai osé soutenir qu’un livre dont l’auteur me déplaisoit, étoit pitoyable ; & pourquoi l’auteur me déplaisoit-il ? […] Souvenez-vous bien, mon ami, qu’un auteur n’est pas toujours maître. […] Et les auteurs ?

328. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Le point de vue essentiel se rattache à la position que l’auteur a prise depuis plusieurs années, et à un rôle littéraire qui doit avoir de l’avenir en lui, nous le croyons. […] Nisard, ils n’ont pu s’empêcher de relever la sévérité extrême de l’auteur à l’égard des poëtes qu’il examine. […] L’auteur devient plus sévère à mesure qu’il avance, et plus dégoûté dans son blâme. […] On ferait une vraie académie de province des auteurs médiocres qu’il a loués en faveur de leurs qualités négatives et de leur abstinence de métaphores. […] L’esprit est le même ; mais on peut dire que les meilleures qualités de l’auteur se sont donné carrière dans ce dernier ouvrage.)

329. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Si l’auteur d’Adam Bede et l’auteur d’Anna Karénine sont des naturalistes, M.  […] Taine, plus près de nous, aussi souvent de l’auteur de Madame Bovary, qu’on l’a fait, qu’on le fait tous les jours encore de l’auteur du Nabab ou de celui de la Bête humaine. […] Quant aux auteurs, ce n’est pas cette année, je pense, qu’on pourra décemment reprocher à M.  […] Léon Hennique, l’auteur d’Amour, nous contait donc à l’Odéon l’autre soir ? […] Il n’y a rien encore qui semble manquer davantage à nos jeunes auteurs.

330. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « La Esmeralda » (1836) »

Si par hasard quelqu’un se souvenait d’un roman en écoutant un opéra, l’auteur croit devoir prévenir le public que, pour faire entrer dans la perspective particulière d’une scène lyrique quelque chose du drame qui sert de base au livre intitulé Notre-Dame de Paris, il a fallu en modifier diversement tantôt l’action, tantôt les caractères. […] Au reste, quoique, même en écrivant cet opuscule, l’auteur se soit écarté le moins possible, et seulement quand la musique l’a exigé, de certaines conditions consciencieuses indispensables, selon lui, à toute œuvre, petite ou grande, il n’entend offrir ici aux lecteurs, ou pour mieux dire aux auditeurs, qu’un canevas d’opéra plus ou moins bien disposé pour que l’œuvre musicale s’y superpose heureusement, qu’un libretto pur et simple dont la publication s’explique par un usage impérieux. […] L’auteur suppose donc, si par aventure on s’occupe de ce libretto, qu’un opuscule aussi spécial ne saurait en aucun cas être jugé en lui-même et abstraction faite des nécessités musicales que le poëte a dû subir, et qui, à l’Opéra, ont toujours droit de prévaloir. […] Le libretto de cet opéra avait deux auteurs : l’un s’appelait Poquelin de Molière, l’autre Pierre Corneille.

331. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

J’y trouvai (c’est Duclos qui parle) Maupertuis, Saurin, Nicole, tous trois de l’Académie des sciences, Melon, auteur du premier traité sur le commerce, et beaucoup d’autres qui cultivaient ou aimaient les lettres. […] Le marquis d’Argenson, lisant plus tard le volume des Œuvres de l’abbé de Pons, se souvenait d’avoir connu autrefois l’auteur, et en parlait en ces termes, n’écrivant que pour lui seul23 : Je crois que c’est chez Mme la marquise de Lambert que je l’ai vu. […] Celui-ci lui ayant lu sa pièce du Lot supposé avant la représentation, il l’avait approuvée, et il se croyait comptable devant l’auteur et devant tous de son premier jugement : Il me semble, disait-il, que lorsqu’un ouvrage livré à notre censure nous a semblé bon, nous devons à l’auteur l’hommage public du jugement avantageux que nous en avons porté… Quand il me serait arrivé de trouver bon un ouvrage que le public aurait ensuite jugé mauvais, il n’y aurait pas grand mal à cela, et j’ose assurer que je serais en ce cas moins mécontent de moi, que si, dissimulant lâchement mon estime, je m’étais épargné cette espèce d’humiliation. […] La plupart des gens croient avoir donné une haute idée de leur goût lorsqu’ils ont reproché durement à un auteur quelques fautes sensibles de son ouvrage. […] sans craindre de faire tort à l'auteur

332. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

En ménage était, avec un relief unique, le récit goguenard et résigné des misères moyennes et sans issues, la vôtre, celle de l’auteur, la mienne. […] Mais, comme il reste l’exceptionnel auteur d’À rebours, « écrivain bizarre et maladif », comme il s’appelle, ce qu’il a vu au premier plan dans le catholicisme, c’est le satanisme, soit le catholicisme morbide. […] Ici, détail : dans ce curieux roman de conversion on cherche si l’auteur s’est peint lui-même. […] Huysmans a le plus souvent choisi pour héros un homme de lettres, et, qu’il s’appelle André dans En ménage, ou Durtal comme aux derniers livres, il est le même être, en mouvement, et bien cousin de l’auteur… Maintenant, on voit mal M.  […] L’auteur a pénétré assez ce milieu pour en posséder mieux que la notion, pour s’en assimiler l’émotion.

333. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Autran, qui a osé toucher, lui aussi, dans ses Laboureurs et Soldats, à ce grand sujet, — l’idylle héroïque, — M. de Laprade, l’auteur des Symphonies et d’une foule d’autres poèmes Revue des Deux-Mondes, M.  […] Quinet, l’auteur de ce grand poème d’Ahasvérus, maintenant à peu près oublia, mit en usage, il y a trente ans ! […] L’auteur des Idylles héroïques, qui a fait un poème intitulé Konrad, lequel est un Manfred vertueux, un Manfred retourné, car, de fait, il retourne au monde et à la vie morale en sortant de la solitude, l’auteur n’a pas besoin de s’appuyer sur lord Byron pour justifier ce que j’appelle nettement un défaut de composition permanente. […] Déjà la Critique bienveillante, qui s’enferre quelquefois elle-même sur sa propre bienveillance, a appelé M. de Laprade « le poète des sommets », et en effet, si ce n’est pas encore le titre officiel, c’est le titre mérité de l’auteur des Idylles héroïques, qui devraient bien plutôt s’appeler les Idylles grimpantes : mais peut-être y a-t-il ici héroïsme à grimper. […] Pour réchauffer cette climature, l’auteur ne s’est-il pas imaginé de faire tomber dans cette neige alpestre une goutte du sang immortel du vieux Dante ?

334. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

I L’auteur de ce roman est un des plus brillants derniers venus de ces dernières années. […] s’il n’y avait là qu’une histoire comme l’histoire de la conspiration de Catilina ou des Pazzi, l’auteur, avec son style nerveux, rapide, poignant par places, et qui ne s’amuserait pas aux archaïsmes enfantins du vieux Salluste, nous la raconterait à merveille, je n’en doute pas, et y verserait cette vie de l’action qui est la vraie vie de l’Histoire. […] Quoique dans l’introduction qui précède son livre il nous dise, vers la fin : « La conspiration que j’ai rapportée est une conspiration vraie, aussi vraie que la conspiration du général Malet », ce qui est peut-être trop vite dit et pas assez prouvé, et, quoique l’imagination, beaucoup plus intéressée à ce roman d’une conspiration qu’elle ne le serait à une histoire, veuille bien accepter, sans le chicaner, ce qu’affirme si brièvement l’auteur, cependant il reste toujours, non pas uniquement l’embarras de savoir où le personnage historique finit et où le personnage inventé commence, mais il reste encore — et c’est autrement important — que tous les personnages de l’action sont tous vus de par dehors, comme les personnages d’une histoire, au lieu d’être vus de par dehors et de par dedans tout ensemble, comme doivent être vus tous les personnages d’un roman, dont l’auteur peut approfondir à son gré ou idéaliser les caractères, puisqu’il les a lui-même inventés ! […] Ranc nous raconte dans une note que ce misérable fut condamné à vingt ans de travaux forcés, et c’est ce geôlier dont l’auteur du Roman d’une conspiration a fait la cheville ouvrière de son drame. […] L’auteur du Roman d’une conspiration n’a pas tiré de la foule de tous les conspirateurs qui mettent leur vie au jeu, et bravement l’y laissent, ce Goujet, et surtout ce Rochereuil, qu’il fallait marquer d’un signe à part, — comme ce Redgauntlet, par exemple, qui est aussi un conspirateur, et que le génie de Walter Scott a marqué, pour que l’imagination le revoie toujours dans ses rêves, de ce fer à cheval sur le front, signe du malheur de toute une race, qui perd toutes les causes pour lesquelles elle combat, sans que jamais son courage faiblisse sous le poids de cette sombre et désespérante fatalité !

335. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Les auteurs regardaient désormais le monde au microscope, au risque de prendre pour un caractère un ridicule plusieurs fois grossi. […] La vraie cause était le dépit d’un auteur au début qui en voulait à Boileau de la gêne des règles. […] Diderot, l’auteur des Salons, devait le savoir mieux que personne. […] C’est que nul auteur n’a été plus le père de ses personnages que Beaumarchais. […] Sa prédiction s’est accomplie, parce que sa préférence était sincère et d’un auteur connaissant ses forces.

336. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Collé, qui n’a pas le tempérament admiratif, fait de l’auteur à la fois un Horace, un Juvénal, un Fénelon, un Démosthène. […] Et puis il est sorti déjà de la valetaille, il a eu un emploi, il est homme à talents, gazetier, poète, auteur sifflé, entrepreneur de tous métiers, pour le profit, et pour la joie d’agir ; l’auteur lui a soufflé sa fièvre, son audace, son esprit aventurier. […] Sur tout cela, l’auteur, se souvenant de sa course romanesque au-delà des Pyrénées, avait jeté le piquant des costumes espagnols, dont le contraste relevait le ragoût parisien du dialogue. […] Leur couple, autant que le peut faire l’auteur, est chargé des intérêts de la morale, pour la honte de la noblesse et pour la gloire du Tiers État. […] Il entre en querelle avec les comédiens sur la question de ses droits d’auteur (1776), et provoque l’union des auteurs dramatiques pour la défense de leurs intérêts.

337. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

L’auteur nous fait pénétrer dans un monde inexploré de sensations. […] Pour ma part, j’aime certains poèmes de cet auteur, quoique je ne les admire point. […] Mais il y a loin vraiment entre les intentions des auteurs et les œuvres qu’ils réalisent. […] « Son génie est un génie de destruction, nous dit l’auteur, rien de plus. […] L’auteur, M. 

338. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 388-389

Il sut rajeunir & embellir l’ancienne Comédie de l’Avocat Patelin, qu’on jouoit dès le temps de Charles VIII, & dont François Corbueil est le premier Auteur. Il a fait encore le Grondeur & le Muet, Pieces qui n’appartiennent qu’à lui seul, quoi qu’en dise l’Auteur du Siecle de Louis XIV. […] Cette Piece avoit d’abord été composée en cinq actes : les Comédiens presserent vivement l’Auteur de la réduire à trois ; ce qu’il fit avec beaucoup de peine. […] Les Ouvrages des hommes de génie, & l’on peut appeler de ce nom l’Auteur du Grondeur, devroient être sacrés pour ceux qui n’en sont que les organes, & qui n’ont de mérite qu’à proportion qu’ils savent en rendre les beautés dans toute leur valeur.

339. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 424-425

Ses Lettres sur le christianisme de l'Auteur d'Emile, & son dernier Ouvrage, intitulé Confidence philosophique, sont les fruits d'une raison lumineuse & du vrai talent, si nécessaire lorsqu'il s'agit de faire triompher la vérité & de confondre l'erreur. Il seroit difficile de présenter sous un jour plus frappant les dangers des maximes de nos Celses modernes, la folie de leurs systêmes, & les contradictions perpétuelles de leurs demi-idées, qu'on l'a fait dans ce dernier Livre, dont l'Auteur vient de publier une nouvelle édition augmentée de plusieurs traits capables de lui donner un nouveau prix. […] « Si le style d'un Etranger pouvoit être celui de Pascal, dit un ami de l'Auteur, ce Livre, mieux fondé en preuves que les Lettres Provinciales, n'eût pas été moins redoutable aux Philosophes du jour, que celles-ci ne le furent aux Jésuites ». […] L'Auteur, en employant l'ironie, ne la marque point assez, & ne s'est pas assez attaché à la faire sentir.

340. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Argument » pp. 249-250

C’est une application de la méthode qu’on y a suivie, au plus ancien auteur du paganisme, à celui qu’on a regardé comme le fondateur de la civilisation grecque, et par suite de celle de l’Europe. L’auteur entreprend de prouver : 1º qu’Homère n’a pas été philosophe ; 2º qu’il a vécu pendant plus de quatre siècles ; 3º que toutes les villes de la Grèce ont eu raison de le revendiquer pour citoyen ; 4º qu’il a été, par conséquent, non pas un individu, mais un être collectif, un symbole du peuple grec racontant sa propre histoire dans des chants nationaux. […] Vico conjecture que l’auteur ou les auteurs de l’Odyssée eurent pour patrie les contrées occidentales de la Grèce ; ceux de l’Iliade, l’Asie Mineure.

341. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Les auteurs peuvent donc sans risque envoyer leurs manuscrits au Correspondant. […] D’une vie morale pleine de complications, il devient l’auteur et le maître. […] Pour être auteur dramatique, faut-il en être complètement démuni ? […] Voilà trois personnages qui ne sont pas demeurés longtemps en quête d’un auteur. […] C’est en gros, il me semble, la pensée de l’auteur.

342. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

La présence matérielle de l’auteur l’induit au bavardage et au remplissage. […] Mais Monneron et Ferrand n’en figurent pas moins des conclusions de l’auteur ; si la vie conclut contre l’un et en faveur de l’autre, ce sont les idées de l’auteur, les événements voulus par l’auteur, qui y ont obligé la vie. […] Œuvre de début, que l’auteur a depuis bien dépassée. […] Barrès se comporte comme une pièce de Dumas fils, et au contraire d’une comédie de Molière : le personnage qui nous captive est celui où nous reconnaissons l’auteur, ou des parties de l’auteur, ou la présence de l’auteur. […] Le plaisir, épousé sympathiquement par l’auteur, intéressera peu.

343. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Le critique absolu ne serait ni auteur ni lecteur, il ne serait donc pas critique. […] Il peut d’abord lui arriver de rédiger, au lieu de son sentiment sur les auteurs, une tradition sur les auteurs. […] Et celui qui, par position coïncide le mieux avec elle, c’est son auteur. […] Le critique des défauts s’adresse, lui, aux auteurs. […] Jamais la critique classique n’a pensé que les origines locales d’un auteur dussent être prises en considération pour expliquer cet auteur.

344. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Elle est un châtiment, et d’autant plus terrible que l’auteur n’en sait absolument rien. […] À quel auteur français s’apparente de plus près la prose de Flaubert ? […] Une double commémoration se prépare : l’une, celle de l’auteur des Pensées, à Clermont ; l’autre, celle de l’auteur de la Vie de Jésus, à Paris. […] L’auteur à un ami. […] Pas un seul mot d’auteur, rien d’abstrait, rien qui sente l’École.

345. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 128-130

La France a produit peu d’Auteurs aussi laborieux & aussi féconds. […] Cet Auteur a été en cela un exemple très-capable de prouver combien un esprit caustique, indépendant, aidé d’une mémoire prodigieuse, est propre à enfanter d’erreurs, & à les débiter avec assurance. […] Le Censeur dont il étoit mécontent, devoit s’attendre à quelque trait satirique, dans le premier Ouvrage que l’Auteur faisoit imprimer. […] Nous ne dissimulerons pas qu’il est des Censeurs, dont la sévérité peu éclairée, les difficultés minutieuses, la foiblesse, la pusillanimité, l’esprit de parti, peuvent donner de justes mécontentemens aux Auteurs les plus irréprochables.

346. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 78-80

Si, comme cet Auteur le dit lui-même dans un Vers des plus prosaïques, Qui n'est pas né Poëte, à rimer perd son temps. […] Une autre preuve que cet Auteur n'est pas né Poëte, c'est que le langage sublime & figuré des Prophetes n'a pas été capable d'échauffer sa verve. […] On doit lui savoir gré d'avoir consacré son travail à la défense de la Religion, pendant que tant d'autres Auteurs s'efforcent de faire valoir des talens plus médiocres encore, à la décrier. […] Ce petit Ouvrage est précédé d'un Discours préliminaire qui renferme d'excellens principes de morale & de goût, qui prouvent que l'esprit de l'Auteur est plus propre à donner des leçons que des exemples.

347. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

On s’est fort occupé depuis quelque temps du spirituel auteur, M.  […] L’armée romantique, qui avait à sa tête la Revue d’Édimbourg et qui se composait de tous les auteurs anglais, de tous les auteurs espagnols, de tous les auteurs allemands, et des romantiques italiens (quatre corps d’armée), sans compter Mme de Staël pour auxiliaire, était campée sur la rive gauche d’un fleuve qu’il s’agissait de passer (le fleuve de l’Admiration publique), et dont l’armée classique occupait la rive droite ; mais je ne veux pas entrer dans un détail très ingénieux, qui ne s’expliquerait bien que pièce en main, et qui de loin rappelle trop la carte de Tendre. […] Selon la définition qu’il en donne, un auteur romantique n’est autre qu’un auteur qui est essentiellement actuel et vivant, qui se conforme à ce que la société exige à son heure ; le même auteur ne devient classique qu’à la seconde ou à la troisième génération, quand il y a déjà des parties mortes en lui. […] nous sommes bien revenus de ces prises à partie du public par les auteurs. […] Il n’explique pas ce démenti que donne l’auteur des Femmes savantes et du Misanthrope à cette théorie d’une mort partielle chez tous les classiques.

348. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

La plupart de ces livres n’ayant jamais été traduits auparavant, on est fort obligé à un auteur qui a pris la peine de les mettre en notre langue. […] On peut tenir pour une merveille qu’un seul auteur ait produit tant de choses. […] Telles sont ses douleurs et humiliations, dont il ne ressent pas autant d’irritation qu’on le croirait : c’est un enfant qui se plaint, encore plus qu’un auteur piqué. […] Chapelain était fort savant, d’une science solide, et il se montra judicieux, bien qu’avec pesanteur, tant qu’il n’eut affaire qu’à des auteurs et à des ouvrages qui se rapportaient aux habitudes de toute sa vie et qui dépendaient de l’école littéraire où avait été nourrie sa jeunesse. […] Et Mercier, l’auteur du Tableau de Paris, dans je ne sais quelle épître de sa vieillesse, a trouvé ce vers qu’il adressait à la nature ou à la Providence : Laisse-moi vivre au moins par curiosité !

349. (1890) L’avenir de la science « XIII »

On lira peu les auteurs de notre siècle ; mais, qu’ils s’en consolent, on en parlera beaucoup dans l’histoire de l’esprit humain. […] Combien les travaux sur les littératures orientales gagneraient si leurs auteurs étaient aussi spéciaux que les philologues qui ont créé pièce à pièce la science des littératures classiques ! […] Or, sur plusieurs points importants, les monographies manquent encore, en sorte que l’auteur est réduit à recueillir çà et là quelques notions éparses et de seconde main, souvent fort inexactes. […] On pourra négliger le nom de son auteur ; elle-même pourra tomber dans l’oubli ; mais les résultats qu’elle a contribué à établir demeurent. […] Tel fait est pris sous un jour un peu différent de celui sous lequel on le vit d’abord ; on ajoute une réflexion que n’eût pas faite l’auteur des travaux originaux, mais qu’on croit pouvoir légitimement faire.

350. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Ce roman, d’ailleurs, est froid ; le soi-disant Gascon manque tout à fait de verve gasconne ; c’est partout l’auteur qui parle, on le sent, et non son cadet. […] L’auteur met en tête une note qui le peint lui-même par un de ses travers : « Il nous a semblé convenable, dit-il, d’avertir le lecteur qu’il va se trouver avec des gens de lettres. […] Bazin est tout différent ; en s’attaquant directement aux mœurs du siècle, l’auteur a trouvé sa matière. […] L’auteur vous promène dans Paris durant les années 1830-1833 ; il vous peint le bourgeois d’alors, le gamin et le Mayeux d’alors, l’émeute d’alors, et toutes les choses parisiennes de cette date. […] Plus tard, l’auteur se trouva sujet lui-même à ce ridicule qu’il craignait.

351. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Il y met du liant ; sa phrase court comme une phrase naturelle et d’un auteur original, qui n’a pas songé à lutter et à jouter. […] M. de Blignières, qui tâche de couvrir le plus filialement qu’il peut les côtés faibles de son auteur, est forcé lui-même d’en convenir. […] Mais je doute qu’il ait rien rabattu de son admiration générale pour l’excellent auteur, et, selon moi, il a eu raison. […] D’autres, comme Montaigne, on l’a vu, ont parlé du style de Plutarque comme d’un auteur « épineux et ferré ». […] N’oublions jamais que Montaigne l’a appelé « le plus judicieux auteur du monde ».

352. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Appendice sur La Fontaine (L’article suivant, écrit dans le Globe (15 septembre 1827), à propos des Fables de La Fontaine rapprochées de celles des autres auteurs par M.  […] L’esprit léger, moqueur, grivois, qui de tout temps avait animé nos auteurs de fabliaux, de contes, de farces et d’épigrammes, ne s’était pas éteint vers le milieu du xvie  siècle, avec l’école de Marot, en la personne de Saint-Gelais. […] Quant aux auteurs français, il avait ceux du temps, passablement nombreux, et la littérature du dernier siècle, qui était encore fort en vogue, surtout hors de la capitale. […] Ces circonstances réunies nous semblent propres à expliquer la défaveur de La Fontaine à la cour, et l’injustice dont on accuse l’auteur de l’Art poétique de s’être rendu coupable envers lui. […] Colletet avait été l’un des cinq auteurs qui formaient le conseil littéraire de Richelieu ; et, grâce aux largesses du cardinal, il avait pu acheter dans le faubourg Saint-Marceau, tout à côté de l’ancien logement de Baïf, une maison que Ronsard avait autrefois habitée ; circonstances glorieuses qu’il ne se lassait pas de remémorer.

353. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Quand l’auteur octogénaire de Tancrède et de Zaïre recevait en plein théâtre une couronne et un triomphe, qui songeait à censurer Irène ? […] L’auteur des Eaux de Saint-Bonan et du Château de Woodstock est toujours celui des Puritains et d’Ivanhoé ; et il ne faut pas qu’en lui présentant à nu, et, pour ainsi dire, en disséquant devant lui ses chétifs derniers-nés, on le contraigne trop malignement à rougir des marques de l’infirmité humaine. […] Un voyage de huit jours à Paris durant lequel le discret auteur s’est constamment tenu sur la défensive contre les renseignements qui allaient à sa rencontre, n’a fait illusion à aucun d’entre nous, badauds de Paris, comme il nous appelle. […] Un peu plus loin, il est vrai, l’auteur paraît regretter que le patronage qu’exerçaient les grands envers les philosophes soit souvent allé jusqu à l’intimité réciproque ; que devient la compassion, alors ? […] Personne ne doutait jusqu’ici que l’auteur des Vies de Dryden et de Swift n’eût le don des comparaisons ingénieuses : seulement on lui supposait assez de goût pour ne pas les prodiguer sans mesure ni les appliquer sans convenance.

354. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Puisque, au désordre vivant de ses odes et au désordre inorganique de ses romans, l’auteur de l’Intermède de rimes et du Feu ne sait parler que de lui-même, examinons qui il est. […] Un être sans consistance, comme Emma Bovary, comme Bouvard, comme Pécuchet, n’intéresse pas longtemps les hommes et, si l’auteur a l’air de croire que de telles absences d’âmes nient toute l’âme, il ne prouve que son propre vide intérieur. […] Le dessein de l’auteur est d’ailleurs presque aussi incertain que la conduite de son héroïne. […] Mais l’auteur est impuissant à les nouer en faisceau ; il ne paraît même pas les apercevoir simultanément et chacune, à l’instant où il l’exprime, semble pour lui l’explication totale. […] L’auteur n’a pas su les mettre à leur place ; les membres restent bizarrement dispersés et comme hostiles.

355. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

L’auteur a-t-il enfin donné le mot de ces deux ordres de choses, dont l’un a fini l’autre en le brisant ? […] Tocqueville, l’auteur de la Démocratie en Amérique, — un livre dépassé et passée — s’est-il assez accru, s’est-il assez mûri pour arriver à ce résultat considérable ? […] Voilà pourquoi l’auteur, un Montesquieu de demi-teinte, fut proclamé un vrai Montesquieu de plein jour. […] Pas une seule fois dans ce volume, maigre de raisons et enflé, ou plutôt soufflé de phrases, l’auteur de l’ancien Régime et la Révolution n’a su porter un ferme regard plus haut que le plain-pied des questions dernières. […] Les vues les plus contraires s’entre-choquent dans son ouvrage, où pas un mot n’est défini et où l’auteur reste suspendu entre deux antithèses, comme le cercueil de Mahomet entre le pavé et la voûte.

356. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Auteur déjà d’un petit livre intitulé : Études sur les grands Hommes, il a montré cet esprit positif et net qui aime à saisir les plus brillantes écorces dans sa main et en exprimer strictement tout ce qu’elles contiennent. […] Ces renseignements, ces anecdotes, ces rapprochements, ces témoignages, qui ne vont à rien moins qu’au déshonneur complet de Voltaire et dont l’auteur du Ménage et finances prend intrépidement la responsabilité vis-à-vis de la Critique, essaiera-t-on de les diminuer ? […] le livre du Ménage et Finances de Voltaire n’a pas seulement dans la pensée de son auteur le but de polémique que nous avons signalé. […] ) auront certainement un grand plaisir à le revoir, et pardonneront à l’auteur de Ménage et Finances de Voltaire ce que l’esprit de parti, soit qu’il parle, soit qu’il se taise, ne pourra jamais lui pardonner. […] L’auteur de Ménage et Finances de Voltaire a eu l’honneur d’être un des hommes les plus insultés de ce temps.

357. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Que l’influence de Stendhal ait été subie ou recherchée, il est de fait que l’auteur du Rouge et Noir a planté le cachet ineffaçable de sa personnalité sur la vie de l’auteur de Colomba et de Carmen. […] L’auteur de La Guzla, qui nous apprend, dans la préface de la seconde édition de cet ouvrage, qu’il s’est amusé à mystifier le public en traduisant un livre qui n’a jamais existé, et qu’il a écrit de manière à ce que les plus savants de l’Europe y ont été pris, tout simplement pour l’avoir poudré, ici et là (Macpherson à trop bon marché !) […] Sans doute, il y a toujours, et souvent dans une très-large mesure, des analogies d’organisation entre l’imité et l’imitateur ; mais ces analogies d’organisation sont-elles assez marquées entre l’auteur de Colomba et l’auteur de Rouge et Noir, pour qu’on ne puisse poser la question terrible qui supprime un homme : Qu’aurait été M.  […] L’auteur de La Double Méprise donne ce démenti à la physiologie. […] Il est évident, en effet, que l’imagination de l’auteur de Carmen et de la Chronique de Charles IX se reconnaît, quoique affaiblie, dans les sujets qui l’ont attiré, et qui sont, à coup sûr, les sujets les plus romanesques de l’histoire.

358. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

Nous ne garantissons pas cette Anecdote, pour laisser une Production passable à son Auteur putatif ; du moins est-il certain que feu M. […] elles ont été relevées par des Critiques très-propres à lui faire sentir la nécessité de traduire une seconde fois son Auteur, ou à le dégoûter pour jamais de la traduction. […] De plus, il y regne un ton dogmatique & magistral, qui décele un Auteur jaloux de ses petites idées, & indispose contre lui le Lecteur le plus porté à l’indulgence. […] L’Auteur ne voulut pas l’imprimer alors, pour ne pas trop irriter l’envie, que cette double histoire affligeoit assez. […] Après cela, que M. de la Harpe vienne se plaindre de l’Auteur des Trois Siecles !

359. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Aussi l’amour fut-il l’Apollon de l’auteur. […] L’auteur s’imagine être dans un jardin orné des plus belles fleurs. […] Mais le continuateur, aussi bien que l’auteur du poème, sortent très-souvent de leur sujet. […] L’auteur n’osoit se montrer. […] Jamais aventure ne fut plus humiliante pour un auteur.

360. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Un mauvais cœur, un esprit caustique, une mémoire chargée d’anecdotes scandaleuses contre les auteurs morts & vivans ; ses épigrammes & sa réputation d’homme à bons mots ; son avarice sordide, quoiqu’il eut amassé, par toutes sortes de voies, des biens considérables ; sa fureur de primer partout ; sa profession de parasite : voilà ce qui le rendit l’objet de la haine, ou le sujet des plaisanteries des auteurs. […] L’auteur, à la fin de l’ouvrage, exhortoit, par une satyre de cinq cent vers, tous les sçavans à prendre les armes, à se réunir contre un ennemi commun. […] On le pressoit de mettre en usage son talent pour la médisance, & de faire, au milieu des repas, des contes sur ses confrères les auteurs. […] Il avoit dit d’un ton de maître, au milieu d’une compagnie nombreuse & choisie, qu’on trouveroit telle chose dans tels & tels auteurs. […] Combien de chagrins se fût épargné Montmaur, s’il eût voulu retenir sa langue & ne pas succomber à la tentation qu’ont souvent les plus minces auteurs de s’ériger en Lucien de leur siècle ?

361. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

. — Les auteurs et le goût […] M. de Gourmont ne le nie point, mais il proteste contre le conseil que nous donnons de lire d’abord les auteurs dont on peut tirer un profit immédiat d’assimilation, avant de lire ceux dont les procédés nous échappent. « Donc, dit-il ironiquement, vous ne lirez point Pascal, vous ne lirez point Descartes, vous ne lirez point de Retz. » Nous n’avons jamais dit pareille chose. […] Quant aux autres auteurs qui n’offrent pas, selon nous, un « profit immédiat », loin d’en avoir dédaigné la lecture, nous avons dit en propres termes : « On trouvera chez eux (les auteurs sans procédés) tout ce qui se transmet par instinct, tout ce que fournît l’inspiration tranquille, l’ensemble des qualités de bon sens, de clarté, de finesse, d’équilibre qui font un ton général. » (Art d’écrire, p. 298.)‌ […] Nous conseillions même de lire les auteurs de second ordre. Seulement pour l’assimilation immédiate de l’art décrire, nous recommandions et nous recommanderons toujours de préférence la lecture des auteurs dont on peut discerner le travail et les procédés.

362. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

Cette nature vive, fraîche et sensible de l’auteur des Souvenirs, se peignait à mes yeux à travers ces récits plus ou moins semés de jolis mots et sur lesquels courait sa plume facile. […] « Elle parlait pourtant assez bien espagnol, nous dit l’auteur du récit, mais elle n’en prononça pas un mot.Il semble que dans les grandes douleurs, on revient à la langue naturelle, comme on se réfugie dans le sein d’un ami. » L’arrivée de la jeune Mercedès à Cadix, puis à Madrid où elle retrouve sa mère, sa famille ; l’état de la société peu avant l’invasion des Français ; les accidents gracieux qui formaient de légers orages ou des intérêts passagers dans cette existence de jeune fille, puis l’invasion de Murat, la fuite de Madrid, le retour, la cour de Joseph, et le mariage ; tels sont les événements compris dans ces deux premiers volumes de Souvenirs. […] Mais ce qui ne nous a pas intéressé le moins dans la lecture de ces volumes, ce sont les divers endroits qui nous servaient à reconnaître et à composer dans notre pensée l’image de l’auteur même. […] L’auteur de ces Souvenirs, que déjà de grands dons de nature et d’art recommandent à l’admiration, aurait peine à éluder, en s’offrant sous une autre forme au jugement du monde, cette disposition un peu maligne qu’il a de ne louer qu’à son corps défendant, si l’absence de toute prétention d’abord, et puis une cordialité noble, sociable, une nature manifestement bienveillante et généreuse, n’engageaient le lecteur qui a tant de fois applaudi. Madame de La Fayette écrivait à madame de Sévigné : « Votre présence augmente les divertissements, et les divertissements augmentent votre beauté lorsqu’ils vous environnent : enfin, la joie est l’état véritablement de votre âme, et le chagrin vous est plus contraire qu’à personne du monde. » Ninon écrivait encore à Saint-Évremond : « La joie de l’esprit en marque la force. » L’auteur de ces Souvenirs, à mesure qu’ils se déroulaient devant nous, et que nous nous plaisions à composer son image, nous paraissait ainsi une personne chez qui la joie, une joie qui n’exclut nullement la sensibilité, est compagne de la force de l’âme.

363. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 331-337

Comment Moliere, Auteur seulement de trois ou quatre Pieces achevées, Auteur de tant d’autres, dont le dénouement est si peu naturel, & les défauts si sensibles ; comment avec une Prose si négligée, des Vers peu exacts, des caracteres outrés, est-il parvenu à se faire regarder, à juste titre, comme le premier Poëte Comique de tous les Théatres connus ? […] Ses autres Pieces, quoique moins parfaites, seroient capables de faire un nom à quiconque eût eu assez de génie pour en être l’Auteur. […] M. l’Abbé de Voisenon, qui, quelques années avant sa mort, avoit jeté sur le papier des jugemens sur la plupart de nos Auteurs, s’exprime ainsi sur le compte de Moliere. […] Les Auteurs qu’il surpassoit, les originaux qu’il peignoit, ses camarades qu’il enrichissoit, étoient ses ennemis.

364. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

La force & la fécondité, l'élévation & la souplesse, le naturel & le sublime, un art supérieur d'exciter la surprise & d'entretenir l'admiration, sont, sous sa plume, des ressorts puissans qui élevent l'esprit du Lecteur, & le conduisent sans effort dans les routes sublimes que l'Auteur se fraye à lui-même. […] Il seroit à souhaiter qu'on pût louer le sujet de toutes ses Epigrammes, comme on admire la maniere dont il l'a traité ; mais on ne doit pas oublier qu'il s'est reproché ces écarts ; & en ne considérant ces petites Pieces que du côté de la poésie, qui n'applaudira à la simplicité, à la briéveté, à la justesse & à l'énergie de l'expression, au sel piquant, au tour original, qui le rendent un Auteur presque unique en ce genre, sans excepter Martial, lequel, à beaucoup près, n'est ni aussi précis, ni aussi nerveux, ni aussi agréable que lui ? […] M. de Voltaire a beau s'épuiser en raisonnemens, se consumer en recherches, pour prouver que celui dont il se glorifioit autrefois d'être l'Eleve & l'Ami, est véritablement l'Auteur des Couplets qui occasionnerent ses malheurs ; tous ses efforts seront inutiles, & ne produiront jamais que cette réflexion : Comment l'Auteur de tant d'Ouvrages, plus condamnables & plus odieux que ces mêmes Couplets, ose-t-il se déclarer si obstinément l'accusateur d'un homme plus malheureux que coupable, plutôt soupçonné que convaincu ? […] Plusieurs Auteurs prétendent qu'il est né en 1669 ; mais cette date est fautive, si l'on doit s'en rapporter à Rousseau même, qui écrivoit à M. 

365. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVI. Des Livres nécessaires pour connoître sa Religion. » pp. 346-352

. ; mais l’auteur s’est plus attaché à abréger M. […] in-12. ; mais l’auteur a trop cherché l’esprit & les belles phrases. […] L’auteur de ces productions impies a été attaqué dans plusieurs ouvrages solides. […] On ne peut douter de la bonté de ces deux livres, car ils ont fait vomir à l’auteur réfuté un torrent d’injures. […] Voilà, ce me semble, les auteurs qui doivent suffire à un laïque, à moins qu’il ne voulût avoir un cours de morale pour toute l’année, & alors il lui faudroit une Année Chrétienne.

366. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Le personnage de Leicester, même avec les adoucissements que l’auteur français y apportait, eut peine d’abord à se faire accepter. […] Il se trouvait dans le premier recueil manuscrit du poëte de douze ans une tragédie de Coriolan, que l’auteur remania plus tard à quinze. […] C’était un sujet à tenter l’auteur d’Adélaïde Du Guesclin et de Tancrède. […] Nos auteurs vivants ne vont pas si loin que ce maître dans le genre. […] … L’auteur de Marie Stuart lui fournit le sujet d’une foule d’idées que je n’ai entendu exprimer à personne.

367. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 397-399

Les Auteurs du Nouveau Dictionnaire historique, où l’on a copié trop aveuglément les Journaux, auroient pu se dispenser de dire que la Rhétorique ou les Regles de l’Eloquence de M. […] Il est vrai qu’il y regne beaucoup de méthode, beaucoup d’érudition, beaucoup de citations, beaucoup d’observations ; mais les Ouvrages didactiques, surtout de cette espece, exigent encore du goût, de la critique, des vûes bien présentées, & principalement une élocution soignée, propre à animer les préceptes que l’Auteur veut faire goûter. […] Gibert nous paroît, sans contredit, plus estimable, dans ses Jugemens des Savans sur les Auteurs qui ont traité de la Rhétorique. […] Au mérite d’une compilation beaucoup mieux digérée, l’Auteur joint celui d’un style assorti à son objet.

368. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 369-371

Sous prétexte de donner des leçons de Morale, l’Auteur y débite des maximes absurdes, & renverse le plus souvent les notions des vertus, les plus invariables dans leurs principes. […] L’expression est heureuse ; mais ces Messieurs devroient savoir que, si cet Auteur, réprouvé parce qu’il est décent, honnête, raisonnable dans la plupart de ses sentimens, n’a pas mérité d’être célébré par eux, comme tant d’autres, il n’en a pas moins le mérite d’écrire d’une maniere bien supérieure aux Auteurs de la Philosophie du bon sens, du Code de la Nature, du Christianisme dévoilé, & de tant d’autres rapsodies aussi insupportables par l’extravagance des idées, que par la bizarre contexture du style. […] L’Auteur ne se borne pas à faire la satire des ridicules & des vices du Siecle, il présente aussi les moyens de les corriger ; & si ses observations ne sont pas toujours élégantes & vivement exprimées, elles ont du moins le mérite de la justesse, & annoncent un Esprit aussi éclairé, que jaloux du bonheur de ses Concitoyens.

369. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Dès huit ans il cultivait un petit jardin et prenait part à la culture des fleurs, comme il convenait à l’auteur futur du Fraisier. […] Le clergé lui-même qui avait fait du chemin depuis les dernières années, et qui, en devenant moins difficile en fait d’auxiliaires, ne trouvait pas dans l’ouvrage nouveau les agressions directes dont Jean-Jacques avait embarrassé son spiritualisme, accueillit avec faveur ces hommages éloquents rendus à la Providence ; on opposait, dans des thèses en Sorbonne, Saint-Pierre à Buffon, l’auteur des Études à l’auteur des Époques. […] Lamartine, qui nous offre tant de parenté de génie avec l’auteur des Études, est moins exclusivement un peintre, et sa poésie suscite des émotions élégiaques plus compliquées. […] Le succès devait couronner un livre qui est le résultat d’une harmonie si parfaite entre l’auteur et l’ouvrage… » M.  […] L’auteur d’Anacharsis et Bernardin eussent tout à fait convenu, ce semble, à orner ce qu’on appela un moment le trône restauré et paternel.

370. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

L’auteur n’en fut-il pas gêné ? […] L’auteur n’est pas là. […] À nul instant l’auteur n’est inquiet. […] Ainsi, l’auteur ne livre pas son secret. […] Si le nom de leurs auteurs s’est perdu, il n’en résulte pas que ces auteurs n’« aient point existé ».

371. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Pour ceux qui pensent autrement que lui, on le comprend, quoiqu’il valût mieux ne pas se taire, quoique la vérité, dite et déduite, vaille toujours mieux que le dédain ; mais pour ceux qui pensent comme l’auteur de l’Histoire de la Liberté religieuse, pour les hommes de la même confraternité politique et philosophique, qui n’ont pas encore parlé de cette histoire, plus intéressante à tous les points de vue que la plèbe de livres qu’ils ont l’habitude de vanter, il serait vraiment incompréhensible qu’ils se fussent tus ou qu’ils eussent dosé à l’auteur si chichement l’éloge, s’il n’y avait à cela une raison tirée de cette Histoire de la Liberté religieuse et que mon devoir de critique est, avant tout, de dégager. Et cette raison que je dirai, cette raison plus profonde que le talent, plus involontaire que la conviction dans l’auteur de l’Histoire de la Liberté religieuse, c’est son âme même, son instinct de cœur le plus vrai, c’est ce que les hommes et lui-même n’ont pas mis en lui et ce qui, pour cette raison, y est davantage ! […] Dargaud, l’auteur de la Famille et de Marie Stuart, deux livres dont l’un est simplement touchant, mais dont l’autre est grandement pathétique. […] En effet, ce christianisme plus fort que tout dans l’auteur de l’Histoire de la Liberté religieuse et qui lui a fait épouser les grandeurs catholiques autant que les grandeurs protestantes, a été reproché sourdement à M.  […] En effet, ce n’est presque jamais la vérité du fait ou du jugement politique, — l’Hôpital excepté, — qui manque à cette très noble histoire, c’est la vérité dans la conception de la nature humaine que l’auteur ne saisit pas telle qu’elle est.

372. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Les auteurs que je cite sçavoient fort bien le grec. […] Il juge de l’ouvrage par l’auteur ; au lieu que la raison juge de l’ouvrage par l’ouvrage même. […] Le second, c’est la vûë de l’art même que l’auteur a employé pour exciter le prémier. […] Un auteur judicieux commande à une imagination trop fertile. […] On s’efforce en vain de décréditer d’avance ce nouvel auteur.

373. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Alexandre Dumas est un auteur aimé du public, et l’on a applaudi de bon cœur sa spirituelle et vive comédie. […] L’auteur s’est conduit bravement, il est entré in medias res, comme on dit ; il s’est jeté là comme son héros à Port-Mahon. […] L’auteur a été habile, il a fait accepter au public sa substitution, dirai-je sa rallonge dramatique : on a pris le change, il a donc eu raison. […] N’admirez-vous pas l’importance du serment à la scène et le merveilleux ressort qu’il fournit à nos auteurs qui ne craignent pas de faire peser toute une pièce là-dessus ? […] que le rôle serait beau pour un auteur dramatique qui le comprendrait et qui aurait en lui la veine !

374. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Mais, au reste, l’auteur demeure un poète de très grand talent. […] La pièce abonde en morceaux de bravoure, en motifs spirituellement traités, en tirades brillantés ; mais tout y est en scène ; nous avons mis la main sur un auteur dramatique, sur un homme qui a le don. Et ce qui m’enchante plus encore, c’est que cet auteur dramatique est de veine française. […] Cela même eût mieux valu : l’auteur n’eut pas été tenté de défigurer, en un médiocre récit, l’étonnante Histoire comique des États et Empires de la Lune, et n’eût pas commis les interminables plaisanteries sur le nez de son héros. […] Mais je me demande ce que j’aurais auguré de l’avenir de l’auteur des Musardises , s’il m’eût fallu faire obligatoirement, à propos de ce premier volume, quelque prédiction.

375. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Cela disait en deux mots, — plus un titre est bon, moins il en a, — cela disait en deux mots ce que l’auteur a voulu faire, et ce qu’il a voulu faire était bien assez difficile pour n’avoir pas besoin de le compliquer par toutes les superfétations du titre lourd qu’il a choisi. […] Assurément, l’auteur de l’Histoire de la Presse n’est pas ce qu’on pourrait appeler un esprit faux (le mal sans remède !) […] Hatin, aucun principe souverain ne s’élève et n’éclaire la route dans laquelle il va tout à l’heure s’avancer, et l’auteur n’a, pour nous faire voir clair dans cette histoire à travers laquelle il veut nous conduire, que de vieilles phrases éteintes depuis longtemps à force d’avoir servi. […] Un dépisteur habile, on ne le nie point, mais qui, comme tous les dépisteurs, a pris souvent son nez pour la truffe, Victor Leclerc, a pu s’occuper de découvrir le journalisme au Moyen Âge, mais l’auteur de l’Histoire de la Presse n’en dit rien dans son introduction qu’un seul mot, en passant, avec une légèreté incrédule. […] Hatin, jusqu’à la Révolution française, — qui déchaîna le journalisme, jusque-là contenu sous la main des gouvernements, — et son histoire, à cette grande presse dérisoire qui fut si peu de chose, n’aurait-elle pas été bientôt écrite, si l’auteur de l’Histoire de la Presse en France, tenant à justifier son titre, n’avait remonté les courants de la Fronde et de ses pamphlets pour y trouver ce qu’il appelle la petite Presse ?

376. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Auguste Martin est l’auteur d’une Histoire de la morale, et si Pascal est le poëte de l’épouvante, M.  […] Martin, auteur de plusieurs ouvrages, comme il dit sur la couverture de son livre. […] C’est une bonne ouverture, et nous en faisons sincèrement notre compliment à l’auteur. […] Louis-Auguste Martin, l’auteur de plusieurs ouvrages, pourra se dispenser d’en faire un de plus ! […] Louis-Auguste Martin, auteur de plusieurs ouvrages (sic).

377. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Charles Didier était un débutant littéraire, on pourrait croire, de sa part, à une petite spéculation d’auteur, exploitant, au profit de son livre, ce nom d’Italie si populaire à cette heure et qui pare aujourd’hui le titre du sien. […] Didier veut être tout cela, — l’auteur des Amours d’Italie n’est donc pas sorti de ce qui fut à toute époque sa voie de préoccupation et d’étude. […] Intellectuellement, l’auteur des Amours d’Italie ne s’est pas italianisé… Sa nature forte, mais épaisse, a résisté et ne s’est pas fondue à l’air transparent que ne respirèrent jamais impunément, même les Barbares… Il a été moins heureux que Beyle, Beyle l’esprit sec et cruellement positif, le Voltairien, l’Américain, l’anti-poétique, et dont cette magicienne d’Italie avait fini par faire… l’auteur de La Chartreuse de Parme, avec le droit d’écrire sur son tombeau : Ci-gît Henri Beyle, le Milanais. […] Rien de plus simple, dans le plus mauvais sens du mot, et, comme vous le voyez, de plus vulgaire, que le prétexte à conversations et à récits, découvert par l’auteur des Amours d’Italie, et qui n’a d’autre originalité de détail que ces huit mille pieds innocents au-dessus du niveau de la mer dont M.  […] L’auteur des Amours d’Italie n’est pas né plaisant, et, affreux spectacle !

378. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 441-443

Il a eu le sort de la plupart des Auteurs médiocres, c’est-à-dire quelques succès pendant sa vie, & le plus profond oubli après sa mort. […] L’Abbé de Villiers étoit bien différent, en cela, de nos Auteurs modernes, qui esperent toujours effacer ceux qui les ont précédés, & croient écrire pour la postérité, sans s’appercevoir que leur Siecle commence déjà à rougir des suffrages qu’une premiere surprise lui avoit arrachés. […] On trouve en effet d’excellentes vûes dans ses Entretiens sur les Tragédies, & des idées très-justes dans ses Réflexions sur les défauts d’autrui, témoin celle-ci, plus vraie qu’élégamment exprimée : le signe de la médiocrité, dans les Auteurs, est la révolte contre la critique. Il eût pu y joindre cette autre-ci, pour lui servir de suite : & la maniere dont un mauvais Auteur se défend contre la critique, ajoute souvent à la preuve de la médiocrité de son esprit, celle de la petitesse & de la perversité de son ame.

379. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Préface (1859) »

Si un auteur pouvait avoir quelque droit d’influer sur la disposition d’esprit des lecteurs qui ouvrent son livre, l’auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci : Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d’un mort. […] L’auteur a laissé, pour ainsi dire, ce livre se faire en lui. […] Ce livre contient, nous le répétons, autant l’individualité du lecteur que celle de l’auteur.

380. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Peu d’auteurs décrivent autant que le romancier anglais ; peu sont aussi inhabiles à reproduire les aspects pittoresques de la campagne, de la mer, des fleuves. […] On chercherait en vain chez l’auteur anglais un récit contenu et impassible, une scène où l’écrivain ait l’art supérieur de laisser porter de leur poids propre les événements et les idées qu’il exprime et retrace. […] Aussi le style d’un littérateur affectif sera exubérant, grandiloque, tout de premier jet et d’inspiration, tourmenté, sans mesure, sans grâce ; cet auteur se lancera à propos de n’importe quel sujet en infinis développements, et comme c’est son sentiment qui le fait écrire et qu’au moment où il écrit, ce sentiment d’aversion, de bienveillance, de raillerie, constitue son moi tout entier, cet auteur parlera surtout de lui-même et de ce qui l’agite toutes les fois qu’aucune raison supérieure ne l’empêche. […] Pour la démonstration d’un caractère, d’une physionomie, pour les procédés de personation d’un auteur, cette tendance affective aura des effets plus marqués encore. […] Dickens était un romancier riche et fameux, et depuis il marcha dans la carrière littéraire avec les triomphes que l’on sait, au point de devenir en peu de temps l’auteur et un des hommes les plus populaires d’Angleterre.

381. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Mais l’auteur n’a pas pris ce point de vue, ou plutôt il n’en a pris aucun : toute la pièce reste aussi indécise que la nouvelle même qui en a été l’occasion. […] Mise en musique, chantée dans les salons, on ne se lasse point de l’entendre, ce qui prouve à l’auteur que la naïveté a bien aussi son prix. […] Voilà tout à l’heure vingt ans que l’auteur des Messéniennes a débuté par un succès éclatant et populaire. […] L’action a paru lente : ce n’est pas évidemment de ce côté que l’auteur a voulu porter ses forces. […] L’auteur atteint souvent à une élévation morale qui rentre dans l’émotion dramatique.

382. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Que fait l’auteur ? […] L’auteur saisit le moment d’une émotion si vive pour vous cacher le défaut de son sujet. […] L’auteur a bien senti ce défaut. […] Admirez l’usage que l’auteur fait de ce personnage. […] L’auteur n’a, pour occuper la scène, que le danger de Tancrède et l’incertitude des événements.

383. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 79-87

] de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Dijon en 1726 ; Littérateur infiniment plus versé dans l’Histoire des anciens Peuples, & dans la connoissance des bons Auteurs Grecs & Latins, que nos Philosophes, qui n’ont cherché à répandre du ridicule sur l’érudition & sur ceux qui la cultivent, que par la manie générale de proscrire tous les genres de mérite qu’ils n’ont pas. […] Il lisoit les anciens Auteurs, mais c’étoit dans des Extraits infideles, qu’on lui avoit fournis des pays étrangers. […] Mais puisque vous ne voulez pas répondre sur le Grec, voyons sur les Auteurs. […] Il est encore Auteur d’un Mémoire sur Vénus, auquel l’Académie Royale des Inscriptions a adjugé le Prix de la Saint-Martin 1775. […] On y cite, corrige, compare, concilie 167 Auteurs anciens ; on y indique 248 noms différens de cette mere des Amours, 104 de ses Statues, 7 de ses Tableaux, 185 de ses Temples, & 24 Artistes célebres qui avoient travaillé pour elle.

384. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Robert Burtonr auteur de l’Anatomie de la Mélancolie, Thomas Browne, un érudit non moins bizarre, chercheur encyclopédique et poétique, nous sont définis de manière à ne plus être oubliés. […] Sa précocité comme auteur le mit en rapport dès l’adolescence avec des poètes et des personnages en renom. […] S’il haïssait trop les sots auteurs et les méchants poètes, il n’en admirait que mieux les bons et les grands. […] Vous admirez Balzac ; vous le citez plus d’une fois, vous l’introduisez volontiers au milieu de ces auteurs anglais, et même là où il n’a que faire : je le prends donc comme un exemple, à vous familier. Je me rappelle d’intéressantes révélations que j’entendais faire un jour sur sa préoccupation étrange et son égoïsme d’auteur en composant.

385. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

L’auteur met en avant une idée philosophique, et je tremble toujours quand je vois une idée philosophique servir d’affiche à un roman. L’auteur a voulu faire la contrepartie d’une composition mélancolique d’Holbein, dans laquelle on voit un misérable attelage de chevaux traînant la charrue dans un champ maigre ; le vieux paysan suit en haillons ; la Mort domine le tout sous forme d’un squelette armé du fouet. […] On fera tout d’abord une remarque sur ce style demi rustique, demi vieilli, que l’auteur, dans tout ce roman, a employé et distribué avec beaucoup d’art et de bonheur : c’est que, pour vouloir être ici plus naturel que dans La Mare au diable, l’artificiel commence. […] « Il est écrit dans la loi de nature, remarque l’auteur, que de deux personnes qui s’aiment, soit d’amour, soit d’amitié, il y en a toujours une qui doit donner de son cœur plus que l’autre, qui doit y mettre plus du sien. » Les sympathies mystérieuses qui continuent, après la naissance, d’enchaîner ces deux êtres appartiennent à une physiologie obscure que l’auteur a sentie et devinée sans s’y trop enfoncer ; les superstitions populaires s’y mêlent sans invraisemblance. […] L’autre, le gentil Sylvinet, reste enfant, plus faible, plus susceptible, âme toute sensible et maladive, toute douloureuse : il y a là des nuances d’analyse et une anatomie du cœur humain où l’auteur a excellé.

386. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

L’auteur de La Chanson des Gueux a été jugé et condamné pour ce livre de poésies. […] Or, cet accent, qui l’a jamais eu plus que l’auteur des Névroses ? […] Je sais bien que dans le cas particulier de l’auteur des Névroses et de l’auteur des Blasphèmes, la Critique avait une espèce de mauvaise raison pour les accuser ou les soupçonner d’histrionisme dans leurs vers, et c’était, pour tous les deux, l’exhibition de leurs personnes, l’un dans les salons de Paris, et l’autre, résolument acteur, sur un théâtre, devant le public des théâtres. […] L’auteur des Blasphèmes que voici est bien venu à son heure, et son heure doit en être fière ! […] L’auteur des Blasphèmes l’apportait.

387. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

L’Espagne, de son côté, pourrait mettre en ligne toute une phalange d’auteurs de bas étage empressés à suivre les traces d’un Fernan Gonzalez. […] Et encore l’experte façon, moins appréciable, pour les lecteurs que pour les auteurs eux-mêmes, de modifier et d’étirer le dialogue avec tous les trucs qu’il comporte. […] Commencé par l’un, continué par l’autre, il est achevé par un troisième sans qu’intervienne — sauf à la caisse — l’auteur officiel. […] Ils poussent à la colonne, allongent, étendent autant que la matière est flexible, et n’y mettant pas d’amour-propre d’auteur, ne se relisent presque jamais. […] Il se mit à satiriser l’auteur, le prétendu auteur, dans l’ouvrage que celui-ci justement était censé avoir écrit.

388. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Quoi que Féval ait produit, ce n’est pas le nombre des livres, mais leur qualité, qui rapporte à son auteur l’estime ou la gloire. […] L’auteur a reculé devant le titre, qui n’aurait pas dû faire peur à sa hardiesse, et qui aurait dû être : La Bague de corde de pendu. […] L’auteur, qui est Breton et qui a déjà bretonné dans tant de livres, n’a jamais mieux bretonné que dans celui-ci. […] Voilà ce que l’auteur du Chevalier Des Touches avait à dire à l’auteur du Chevalier de Kéramour ! […] L’auteur à fond de train et ventre-à-terre des romans les plus lus et les plus aimés de ce siècle, qui a la fringale des romans, s’est rassis dans ce petit volume.

389. (1890) Nouvelles questions de critique

Il y a des œuvres qui survivent à leurs auteurs ; il y en a qui meurent avec eux ; il y en a même à qui leurs auteurs survivent. […] Le Petit, et soumettre à l’auteur quelques-unes de nos critiques avec quelques-uns de nos vœux. […] et, s’il n’est pas de lui, quel en est l’auteur probable ? […] Zola, c’est qu’ils nourrissent, tout au fond d’eux, une ambition timide ou un rêve avorté d’auteur dramatique ou de romancier. […] Les auteurs dramatiques et les romanciers sont quelquefois bien ingrats pour les pauvres critiques.

390. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Aucun auteur ne va plus hardiment, voiles ouvertes, contre le courant de notre siècle. […] L’auteur n’a point fait besogne de rhétorique. […] Balzac du moins cite quelque part cette opinion de l’auteur de Faust. […] Cette simplicité résulte de la conception même que l’auteur se forme de la nature. […] L’auteur dramatique se figure donc ce public de neuf heures du soir.

391. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 544-547

POSTEL, [Guillaume] né à Baranton dans la Basse-Normandie, mort à Paris, âgé de 107 ans, en 1581, & non en 1582, comme l’ont assuré plusieurs Auteurs. […] Il est cependant un des Auteurs de son Siecle qui ont le plus contribué à étendre le goût des Lettres. […] Cet Ouvrage devoit au moins garantir Postel de l’accusation d’être l’Auteur du Livre de tribus Impostoribus, qui n’a jamais existé, comme l’a très-bien prouvé M. de la Monnoie. […] M. de Voltaire, qui a adressé une Epître à l’Auteur de cette infame Production, pour lui reprocher ses excès, auroit dû se garantir lui-même de ceux dans lesquels il est tombé, & que ces beaux Vers, sur la nécessité d’un Dieu, ne sont pas capables de lui faire pardonner.

392. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chants du crépuscule » (1835) »

Quant à ce volume en lui-même, l’auteur n’en dira rien non plus. […] L’auteur est fort loin de croire que toutes les parties de celui-ci en particulier puissent jamais être considérées comme matériaux positifs pour l’histoire d’un cœur humain quelconque. […] Ce qui est peut-être exprimé parfois dans ce recueil, ce qui a été la principale préoccupation de l’auteur en jetant çà et là les vers qu’on va lire, c’est cet étrange état crépusculaire de l’âme et de la société dans le siècle où nous vivons ; c’est cette brume au-dehors, cette incertitude au-dedans ; c’est ce je ne sais quoi d’à demi éclairé qui nous environne. […] Le dernier mot que doit ajouter ici l’auteur, c’est que dans cette époque livrée à l’attente et à la transition, dans cette époque où la discussion est si acharnée, si tranchée, si absolument arrivée à l’extrême, qu’il n’y a guère aujourd’hui d’écoutés, de compris et d’applaudis que deux mots, le Oui et le Non, il n’est pourtant, lui, ni de ceux qui nient, ni de ceux qui affirment.

393. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

N’exagérons pas les torts de ces auteurs. […] Les auteurs faisaient partie de la domesticité des grands seigneurs. […] Quel auteur n’est tout d’abord touché par la mode et enlevé quelque temps à sa propre nature ? […] Quant aux auteurs qu’il a critiqués, que n’a-t-on pas fait pour les relever de ses arrêts ? […] L’auteur est John Lily, né en 1554.

394. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

C’était moins encore un auteur qu’une nature, une spécialité de nature, quelque chose d’impromptu et d’irrésistible. […] Il commença pauvrement, fut copiste chez le chevalier de Belle-Isle, puis auteur pour le théâtre de la Foire. […] On les prend, on les conduit chez le commissaire La Fosse, frère de l’auteur de Manlius. […] Est-ce donc à l’auteur de Cortez à plier devant le faiseur de Zulime ? […] On la savait, on la récitait, on la traduisait, et on ignorait le nom de l’auteur.

395. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Voilà donc M. de Rémusat auteur, et le voilà du groupe doctrinaire. […] L’auteur rapporte à M.  […] Ou bien, si le critique se mêle une fois d’avoir ses talents d’auteur, oh ! […] L’auteur ne se laissa pourtant pas entraîner à la tentation de les livrer au grand jour. […] L’auteur fut mis en demeure de publier.

396. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

, mais plus réelle dans cette farce vraiment assez gaie que dans aucun des grands drames sérieux du même auteur. […] L’auteur n’a eu qu’à copier ce qu’il avait sous les yeux. […] Le plan de l’auteur ou plutôt de l’imitateur latin est extrêmement simple. […] Dans le monologue d’Harpagon, après le vol, l’auteur moderne n’a fait qu’amplifier et broder l’original. […] Thalie en est charmée, et l’auteur, impatient du dieu qui l’agite : Allons, s’écrie-t-il, Allons, Muse !

397. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Quand nous primes contact avec ces auteurs, leur talent ne nous toucha point. […] La mode nous imposa des romances, des odes, des allégories d’auteurs étrangers. […] Cependant on peut discerner dans les poèmes de quelques jeunes auteurs un caractère de véhémence qui dénonce assez chez ceux-ci les généreuses fureurs dont ils sont animés. […] L’auteur de ces pages y a contribué de son mieux. […] La littérature à laquelle plusieurs jeunes auteurs se sont voués demeure infiniment violente ; resplendissante et heureuse.

398. (1879) Balzac, sa méthode de travail

On le porte à l’auteur. « L’auteur renvoie les deux premières épreuves collées sur d’énormes feuilles, des affiches, des paravents ! […] J’estime que les émoluments d’une feuille de Revue, payée en moyenne à l’auteur deux cents francs les seize pages, furent souvent dépassés par les frais de corrections typographiques que naturellement l’éditeur portait en déduction au compte de l’écrivain. […] Qui verrait aujourd’hui, dans une vente d’autographes, le prix d’un manuscrit complet de l’auteur de la Tour de Nesle comparé à une simple page semblable à celle ci-dessus, se rendrait compte que les récompenses de la postérité sont en sens inverse de la fortune des écrivains pendant leur vie. […] L’auteur de la Comédie humaine, qui vivait à une époque où les écrivains se plaisaient à jeter de la poudre aux yeux du public, fut assez satisfait de cet article d’Ourliac, paru primitivement dans Le Figaro, pour le donner tout entier en appendice dans la première édition de César Birotteau.

399. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Cette idée ne serviroit qu’à faire trouver des difficultez mal fondées sur une chose constante, par le temoignage des auteurs les plus respectables de l’antiquité qui ont écrit ce qu’ils voïoient tous les jours. […] Cet auteur après avoir dit qu’un orateur qui devient vieux peut rallentir sa declamation, ajoute : citons encore ici Roscius, ce grand comedien que j’ai déja cité tant de fois comme un modele d’après lequel les orateurs pouvoient étudier plusieurs parties de leur art. […] L’auteur dit en parlant des joüeurs d’instrumens qu’on entendoit au théatre. […] Il suffit pour cela que l’auteur de cet écrit, qui est connu depuis plusieurs siecles, ait vécu quand les théatres des anciens étoient encore ouverts. Or l’auteur de cet écrit, quel qu’il ait été, ne l’a composé que pour faire voir qu’un chrétien ne devoit point assister aux spectacles de ces temps là, qu’il ne devoit pas, comme le dit saint Augustin, participer aux infamies du théatre, aux impietez extravagantes du cirque, ni aux cruautez de l’amphithéatre.

400. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

L’auteur est évidemment de ceux chez qui le goût s’inspire aux sources de l’âme. […] Les gens de lettres, auteurs de ce mouvement, le gouvernent, le dirigent, et quelquefois l’égarent. […] Bien des auteurs ne vivent que de leur crédit, et il est plus d’un grand homme qu’on n’admire désormais que par habitude. […] Regardons les auteurs du grand siècle : quelle continence d’écrire ! […] Mais dire à un auteur : Ayez des rentes, c’est un conseil plus facile à donner qu’à suivre.

401. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

L’idée fondamentale de notre auteur est la Providence. […] Tel est, d’après l’auteur des Études, le système général du monde. […] Aussi les philosophes ne pardonnèrent à l’auteur ni sa vertu, ni son éloquence, ni sa gloire. […] L’auteur aurait pu obtenir cette pension, s’il avait voulu la demander à l’assemblée générale du clergé. […] Ainsi je me trouvai légataire d’une part dans le patrimoine que l’auteur de tant de chefs-d’œuvre avait transmis.

402. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

S’il n’y a pas une seule ligne de son livre unique qui, depuis le premier instant de la publication, ne soit venue et restée en lumière, il n’y a pas, en revanche, un détail particulier de l’auteur qui soit bien connu. […] L’excitation et l’irritation de la publicité les firent naître sous la plume de l’auteur, qui avait principalement songé d’abord à des réflexions et remarques morales, s’appuyant même à ce sujet du titre de Proverbes donné au livre de Salomon. […] Les imitateurs qui lui survinrent de tous côtés, les abbés de Villiers, les abbés de Bellegarde, en attendant les Brillon, Alléaume et autres, qu’il ne connut pas et que les Hollandais ne surent jamais bien distinguer de lui144, ces auteurs nés copistes qui s’attachent à tout succès comme les mouches aux mets délicats, ces Trublets d’alors, durent par moments lui causer de l’impatience : on a cru que son conseil à un auteur né copiste (chap. […] La dialectique de ce chapitre est forte et sincère ; mais l’auteur en avait besoin pour racheter plus d’un mot qui dénote le philosophe aisément dégagé du temps où il vit, pour appuyer surtout et couvrir ses attaques contre la fausse dévotion alors régnante. […] Par exemple, au lieu de ce genre de sentences familières à l’auteur de l’Art poétique : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, etc.

403. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

En quoi consiste l’éloquence dans les lettres de Balzac, et des progrès que fait faire cet auteur à la langue française. — § IV. […] Ces deux noms ont été fort retentissants au commencement du dix-septième siècle, celui de Coeffeteau surtout, un des auteurs modèles de la naissante Académie française. […] En quoi consiste l’éloquence dans les lettres de Balzac, et des progrès que fait faire cet auteur a la langue française. […] C’est pour s’emparer de l’esprit des autres qu’un auteur fait faire un si violent effort au sien. […] On luisait un tort à Balzac de l’un de ses principaux mérites : car si cet auteur est digne de louange, c’est surtout pour la façon dont il imite les anciens.

404. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

S’il y avait eu quelque chose d’inférieur à la notion que l’auteur du Maréchal de Richelieu et de Madame de Pompadour nous donne présentement de l’histoire, ah ! […] L’auteur de Madame de Pompadour est un avortement de Watteau. […] Le Bel, si l’auteur, qui ne se retiendra pas plus tard, ne se retenait encore ; cette absolution qui tombe sur tout le monde et sur toutes choses avec une largeur de bonté qu’on voudrait moins inépuisable, n’est point un parti pris ou une de ces combinaisons de l’esprit de parti, une de ces tentatives comme l’esprit de parti s’en permet quelquefois, et qui serait d’ailleurs malheureuse… Non, l’auteur est séduit ! […] L’auteur n’a plus été au niveau de lui-même dans un sujet où il aurait dû se surpasser. […] Capefigue, sur cette réhabilitation historique osée et manquée à la fois, — en même temps poltronne et audacieuse, car l’auteur a peur de son audace ou plutôt de l’effet de son audace sur le public scandalisé.

405. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Doit-il monter, du rang des bons auteurs à celui des vrais maîtres ? […] Enfin, lorsque dans ces récits d’où la personnalité morale de l’auteur est presque absente, un peu d’émotion vient à se glisser, le ton change encore. […] Maupassant et Pierre Loti, pour ne citer que deux auteurs, nous ont communiqué des émotions d’art autrement profondes et complètes. […] La jeunesse de l’auteur s’est écoulée parmi ces campagnes un peu tristes. […] Il y aurait à montrer dans les Maîtres d’autrefois toute l’esthétique de l’auteur.

406. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 90-93

Le galimatias de Richesource est passé en proverbe, & jamais Auteur n'a mieux mérité ce genre de célébrité. […] Voici la méthode de notre Auteur. […] Dans un autre Ouvrage, qui est aussi une espece de Rhétorique, publiée en 1666, cet Auteur donne cet avis à la fin de sa Préface : Ceux qui auront besoin de quelques Discours, Harangues, Lettres, Complimens, &c, pourront s'adresser à moi ; je loge dans la Place Dauphine, à la Renommée, deuxieme appartement. […] Nouvelle découverte d'un grand nombre de très-beaux principes & de très-belles maximes pour les avantages de la composition prosaïque & pour les charmes de la déclamation Françoise ; avec plus de quatre cents remarques sur la Diction, sur la Phrase, & sur la Période, savantes, utiles, curieuses, & divertissantes, qui vont plus loin que celles des illustres MM. de Vaugelas, Ménage, & du très-Révérend Pere Bouhours, & plus délicates & de plus grande conséquence ; en forme de partition anatomique ou critique raisonnée (à la façon des Mécaniques) sur l'une des plus élégantes & plus éloquentes Pieces de ce temps, la Relation ou l'Histoire de la prise de Fribourg, l'un des chef-d'œuvres de la plume de M. le C** de G.** Secrétaire du Cabinet, & l'un des plus beaux, des plus discrets, & des plus délicats Esprits de la Cour ; accompagnée de plusieurs Ratifications ou Réformations d'une invention toute particuliere, plus pompeuses & plus magnifiques que les expressions originales de l'Auteur rectifié ; en faveur des Prosateurs.

407. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 162-165

Il est vrai qu'une Histoire dans le goût des nouvelles Annales de Toulouse n'eût certainement pas obtenu à son Auteur, de la part des Archontes, des Lettres de Citoyen, & le titre d'Homme de génie. […] Qu'on se plaigne que nous parlions des Auteurs ignorés, & que nous nous élevions contre les usurpations des mauvais, tandis qu'on les voit tous les jours obtenir des succès éclatans ! […] On ignore néanmoins dans quel pays on eût pu couronner ce morceau, tiré d'une certaine Dissertation sur Corneille & Racine, où celui-ci est traité comme le dernier des Auteurs. […] La derniere des Productions connues de cet Auteur, est une espece de Comédie en trois actes & en prose, avec des Ariettes, intitulée Henri IV ou la Bataille d'Ivry, qui, à la faveur du Héros que tout le monde chérit, & de la Musique de M.

408. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Amédée Van Loo  » pp. 139-140

Il y a des auteurs qui pensent ; il y a des peintres qui ont de l’idée. Il y a des auteurs qui savent distribuer leur matière ; il y a des peintres qui savent ordonner un sujet. Il y a des auteurs qui ont de l’exactitude et de la justesse. […] C’est le style qui assure l’immortalité à un ouvrage de littérature ; c’est cette qualité qui charme les contemporains de l’auteur, et qui charmera les siècles à venir.

409. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

Cette fois, le jeune auteur a voulu tenter la comédie proprement dite et tracer un caractère. Son Homme de bien, en trois actes, dont bien des scènes sont agréablement versifiées, n’a rempli qu’imparfaitement l’attente du public et, nous le croyons aussi, l’espoir de l’auteur lui-même. […] On se demande d’abord ce que l’auteur a voulu en retraçant son principal caractère, et l’on ne sait trop que répondre. […] Le jeune et spirituel auteur a (c’est tout simple) beaucoup à apprendre de la pratique du métier et du jeu de la scène ; MM.  […] Mais ce que nous voudrions surtout suggérer à un talent aussi net et aussi naturel d’expression, aussi tourné par vocation, ce semble, aux choses de théâtre, ce serait d’agrandir, avant tout, le champ de son observation, non pas de vieillir (cela se fait tout seul et sans qu’on se le dise), mais de vivre, de se répandre hors du cercle de ses jeunes contemporains, de voir le monde étendu, confus, de tout rang, le monde actuel tel qu’il est, de le voir, non pas à titre de jeune auteur déjà en vue soi-même, mais d’une manière plus humble, plus sûre, plus favorable au coup d’œil, et comme quelqu’un de la foule ; c’est le meilleur moyen d’en sortir ensuite avec son butin, et de dire un jour à quelque ridicule, à quelque vice pris sur le fait : Le voilà !

410. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

Cet auteur en raisonnant sur un endroit de l’oraison de Ciceron pour Milon, qui devoit devenir emphatique dans la prononciation, dit que cet endroit tenoit du cantique. […] Comme Tite-Live ne fait que narrer l’origine de l’usage qui se pratiquoit de son temps, je ne songerois point à confirmer son récit par le témoignage d’autres auteurs, si la chose qu’il nous apprend, ne devoit point paroître extraordinaire. Mais d’autant qu’il est impossible que bien des gens ne la trouvent pas étrange, je crois à propos de rapporter encore quelques passages des auteurs anciens, qui disent la même chose que Tite-Live. […] Cet auteur ajoûte quelques lignes après. […] On voit par l’histoire de Livius Andronicus rapportée dans Tite-Live, et par plusieurs autres passages des auteurs anciens, que les poëtes chantoient souvent dans leurs pieces, c’est-à-dire, qu’ils y prononçoient eux-mêmes ces endroits que les gesticulateurs ne prononçoient pas.

411. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Autant dire qu’on ne peut étudier un auteur que si tout le monde le comprend de même façon et adopte, par conséquent, une traduction unique. […] Ce reproche pouvant s’appliquer à tous les poètes antiques, il est clair, en effet, que nous sommes également réduits à épeler Virgile, Horace, Ovide, Sophocle, Théocrite, Eschyle et tous les auteurs étrangers dont nous lisons les traductions. […] L’influence d’Homère est, d’ailleurs, si visible, si importante, que Sainte-Beuve déclare qu’elle peut servir à classer les auteurs français. […] Si l’on désapprouve l’imitation d’Homère, en revanche on veut bien nous permettre d’imiter les auteurs du onzième siècle, qu’on nous accuse naturellement de n’avoir pas lus » « Quelles belles leçons de simplicité et de force M.  […] Homère résume tout et suffit à tout, Il n’est ni un auteur classique ni un auteur ancien, il est le poète de tous les temps ; c’est un moderne.‌

412. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Ils ont tout de suite reconnu que l’auteur était de la famille. […] Aveuglé par la question présente, esclave d’une opinion politique en harmonie avec la portée de son esprit, — car, il ne faut pas s’y tromper, l’opinion politique de la plupart des hommes est une affaire de naissance ou de facultés, c’est-à-dire de naissance encore, — l’auteur de Royalistes et Républicains n’a pas su conclure, dans son livre, contre l’opinion que les faits et les observations de son livre auraient dû renverser. […] Et l’auteur du livre que voici, et qui a bien choisi son moment pour le publier, l’a montré avec une évidence que personne ne sera tenté de nier. […] Seulement, arrivé à la fin de la description qu’il en fait, l’auteur de Royalistes et Républicains, qui ne sait rien de plus que ce qu’il voit, recommence, avec moins d’expression et d’énergie, le cri de Mallet-Dupan, et c’est tout ! […] L’auteur de Royalistes et Républicains, qui aurait pu ajouter, comme un exemple de plus, le règne de Louis-Philippe à son étude historique, car le règne de Louis-Philippe vit les royalistes et Berryer entrer dans une coalition où figurèrent aussi Guizot, le royaliste de 1815, et Thiers, le complice plus tard de Barodet ; l’auteur de Royalistes et Républicains, homme de juste milieu, comme on l’était sous Louis-Philippe, eût été probablement un ventru de ce temps, et il voit comme un ventru.

413. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Car l’auteur du Gouvernement des Papes ne discute pas une minute ; il se contente de raconter. […] Je sais bien que l’auteur du Gouvernement des Papes ne l’a pas vu aussi clairement que moi. […] Voilà l’affirmation que, pour mon compte, je ne crains point de formuler, et que l’auteur du Gouvernement des Papes, lui, n’a point osée. […] Mais ce que j’ai été bien obligé d’omettre en ce chapitre, l’auteur du Gouvernement des Papes avait pour devoir de le raconter, et il l’a raconté avec cette droiture d’esprit dans la clarté sobre qui est la marque distinctive de son esprit et de son histoire. […] L’auteur du Gouvernement des Papes a pris pour épigraphe cette forte parole : Res, non verba !

414. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Je ne crois pas cependant que, malgré la réclame involontaire de Mgr l’archevêque de Bordeaux, l’abbé Trois-Étoiles ait l’heureuse étoile de l’auteur de la Vie de Jésus. […] II J’ai parlé d’Eugène Sue et je suis forcé d’y revenir… C’est lui, en effet, qui a été le modèle de l’auteur du Maudit, dont le Juif Errant est un prêtre. La thèse de l’auteur, ou des auteurs du Maudit, — car des critiques plus aigus ou plus fins que moi, malgré l’unité de platitude qui règne dans ce livre de l’un à l’autre bout, ont prétendu qu’il y avait plusieurs astres en conjonction sous les trois étoiles de l’occulte abbé, qui ne serait pas un si pauvre diable alors et pourrait s’appeler Légion, — la thèse donc du Maudit, qu’on a voulu traduire en récit romanesque, sans doute pour plus vite la vulgariser, est la malédiction jetée par l’Église sur la tête du prêtre qui comprend que le vieux sacerdoce du passé croule de toutes parts, pour faire place au sacerdoce de l’avenir ! […] Ce sont les idées qui, depuis trente ans, grouillent dans les bas-fonds d’un monde tombé, et qui étaient déjà jugées et déshonorées alors que des plumes plus puissantes que celles de l’auteur ou des auteurs du Maudit les remuaient. […] Mais l’auteur du Maudit n’a pas le badigeon voyant d’Eugène Sue, et il ne fera pas de propagande chez les Limousins du bâtiment et chez les cochers.

415. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Ferrari, l’auteur des Révolutions d’Italie, est une espèce de Proudhon historique. […] L’auteur des Révolutions d’Italie n’est pas d’hier dans les lettres, et les lettres graves et élevées. […] L’auteur des Révolutions d’Italie n’aurait-il donc pas la notion du bien et du mal, du mal, qui est un moins sur le bien, un attentat sur la chose créée ? […] Les figures que tout le monde connaît, ces grands hommes qui ont l’honneur d’être la propriété du genre humain et qui ne sont pas seulement de la poudre de sépulcre à laquelle on ordonne de se lever, nous font trembler sur la loyauté historique de l’auteur, par la manière dont ils sont jugés. […] Ainsi donc, beaucoup de talent et un talent très spécial, très particulier, très difficile à classer surtout, voilà ce qui distingue l’auteur de l’Histoire de la Raison d’État, mais ce n’est ni le talent d’un philosophe, ni même celui d’un historien, quoiqu’il y ait là une puissance de déduction à faire bien les affaires d’une philosophie, si la tête de l’auteur pouvait en concevoir les principes, et quoiqu’il y ait en même temps une étendue de coup d’œil et de connaissance et une faculté de rapprochement à faire tout aussi bien les affaires d’une histoire.

416. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

C’est d’après la réunion plus ou moins complète de ces moyens d’influer sur le sentiment, l’imagination ou le jugement, que nous pouvons apprécier le mérite des différents auteurs. […] Un ouvrage qui n’est pas écrit avec philosophie, classe son auteur parmi les artistes, mais non parmi les penseurs. […] Lorsqu’un auteur se permet un mot nouveau, le lecteur qui n’y est point accoutumé, s’arrête pour le juger ; et cette distraction nuit à l’effet général et continu du style70. […] Il n’existe pas un seul auteur qui ait, en parlant de lui, su donner de lui-même une idée supérieure à la vérité : un mot, une transition fausse, une expression exagérée révèlent à l’esprit ce qu’on voulait lui dérober. […] Il n’existe pas un auteur de quelque talent qui n’ait fait admettre une tournure ou une expression nouvelle ; et le temps a consacré les hardiesses du génie.

417. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

L’auteur, homme du monde et d’action, cela se devinait dans son livre, écrit d’une plume fringante comme une cravache, — la cravache qu’il portait aux Gardes du corps dont il eut l’honneur de faire partie, — l’auteur vit son malheur avec le sang-froid d’un homme de talent qui n’ignore pas que le succès ne prouve rien de plus que le succès, — un hasard dans la vie ! […] Quelles que soient les idées générales auxquelles l’auteur de ce livre spécial rattache ses curieuses observations de détail, c’est, après tout, un écrivain de race et d’étude. […] Mais, comme l’auteur, ce style n’en est pas moins resté capitaine, et toute cette philosophie énervante n’a pu ni le dégrader ni même l’affaiblir. […] Elle n’a plus à juger que de l’art avec lequel l’auteur de la Chiromancie ou la science de la main 9 a fait un livre d’analogies étincelant de rapprochements ingénieux, inattendus, saisissants, où la forme didactique, cette forme d’un ennui affreux, est sauvée par la qualité de l’esprit de l’auteur, dont l’expression ne faiblit jamais et qui couvre toutes les aridités et tous les pédantismes de la nomenclature avec le luxe des élégances les plus charmantes, les plus cavalières et les plus lestes ! […] L’auteur, qui en a peut-être un autre et même plusieurs autres dans la pensée, nous croira-t-il quand nous lui dirons que ses idées doivent nuire profondément à son genre de talent, comme elles ont nui au talent de Stendhal et l’ont fait bourgeois, ce talent d’une méprisante distinction, tout aristocratique qu’il était ?

418. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

L’auteur devait entrer, son livre à la main, de plain-pied, à l’Académie. […] Assurément, l’auteur de La Religion romaine a trop l’habitude de l’histoire pour ne pas savoir où il tend et où il va ; mais il a la finesse ou l’hypocrisie de ne pas le dire, et c’est la route faite que vous apercevez enfin où cet insinuateur vous a mené ! […] Et, en effet, à dater d’Auguste, selon l’auteur de La Religion romaine, tout tournait au Christianisme, puisque tout tournait à la dévotion : — la religion, qui n’avait guères été jusque-là qu’une formule de droit religieux et une tradition patriotique, la philosophie, et même la rhétorique. […] Je ne puis entrer dans le détail des faits entassés dans cette histoire, et dont l’auteur fait converger la lumière et les influences, avec le calcul et l’œil d’un pointeur, là où il lui plaît qu’elles convergent. […] Dès les premiers mots de ce livre, qui semble avoir l’indifférence de l’impartialité : La Religion romaine d’Auguste aux Antonins, l’auteur vise le Christianisme.

419. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Il ne visait pas d’abord à être auteur ; maître chéri et familier de ses élèves, c’étaient d’abord de petites comédies qu’il écrivait pour leur divertissement. […] Les albums grotesques coururent de main en main, et il arriva qu’un ami de l’auteur, passant à Weimar, fit voir je ne sais lequel à Goëthe. […] Je conçois en d’autres temps du scrupule et la nécessité pour l’auteur de se tenir avant tout et de n’opérer qu’avec nuance dans le cercle régulier dessiné ; mais aujourd’hui qu’est-ce ? […] Est-il besoin, pour la confirmer, de dire que le fond de ce naturel tableau procède de souvenirs qui appartiennent à la première enfance de l’auteur ? […] Töpffer ont depuis été recueillis sous le titre de Voyages en zigzag (chez Du Bochet, 1844) en un magnifique volume illustré d’après les dessins de l’auteur lui-même, et orné de quinze grands dessins de Calame.

420. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

La révolution est consommée en Savoie depuis l’invasion de septembre 1792 ; l’auteur dit aux siens : Voyez et comparez. […] L’auteur ne vient pas pour distraire, il ne veut pas munie consoler, il ne veut que s’attrister avec une mère. […] La périphrase l’indiquerait, mais le nom n’y est pas ; l’auteur en est encore aux périphrases comme plus élégantes. […] On crut un moment que M. de Maistre en était l’auteur. […] L’auteur dit positivement dans la préface qu’il garde son opuscule en portefeuille depuis cinq ans.

421. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 540-543

On diroit que le but de l’Auteur est de justifier M. de Voltaire de tous les torts qu’on lui reproche à l’égard des Gens de Lettres qu’il a si cruellement outragés, & de le placer au dessus de tous les Ecrivains ses prédécesseurs, dans les différens genres de Littérature qui ont exercé sa plume. […] C’étoit, sans doute, pour réserver à M. de Voltaire un degré de prééminence sur l’Auteur de Phédre, d’Athalie, de Britannicus, &c. […] Auroit-il eu enfin la simplicité d’assurer, qu’il n’est rien sorti des mains de M. de Voltaire, qui ne respire l’amour du vrai, si l’Auteur de l’Histoire générale, du Siecle de Louis XIV, du Siecle de Louis XV, & de cent autres Histoires, n’eût dirigé sa plume, ou plutôt ne l’eût aveuglé sur la sottise qu’il avançoit ? […] Nous nous contentons d’avertir le Lecteur du cas qu’on doit faire de ces Auteurs prétendus impartiaux, qui ne s’occupent jamais que de ceux pour qui ils écrivent, sans réfléchir sur ce qu’ils écrivent.

422. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIII. Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c. » pp. 325-328

Tissot mérite le premier rang parmi les auteurs, qui ont écrit non pour les Médecins de profession, mais pour ceux qui sont éloignés d’eux, ou qui cherchent à s’en passer. […] La théorie que l’auteur donne sur les causes des maladies est excellente, & les remèdes qu’il conseille sont d’autant plus sûrs, qu’il en a vérifié l’efficacité par lui-même. Le même auteur a donné ensuite un Essai sur la santé des gens de lettres, & un autre sur celle des gens du monde : tous les deux très-bien faits. […] Je ne vous conseillerai pour l’Anatomie que l’Exposition anatomique de la structure du corps humain, par Winslovv, in-12. quatre vol. 1767., cette édition est corrigée & augmentée sur un exemplaire de l’auteur, & le Dictionnaire anatomique, in-12., 1754.

423. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

L’auteur a la haine du vieux. […] Ceci n’est pas tout à fait exact, et l’auteur fait là de l’histoire littéraire à sa fantaisie. […] Et ici, dans le sombre tableau qu’il trace des défauts et des vices de la littérature actuelle, l’auteur fait ce qui est trop ordinaire aux natures impétueuses et sans nuances, il se retourne contre lui-même, et entre en réaction contre les siens. […] Ici nous retrouvons des paroles connues et qui ont été proclamées il y a plus de vingt-cinq ans. — L’âge d’or, qu’on place toujours en arrière, est devant nous. — Aimons, travaillons, fécondons l’imprescriptible progrès. — La littérature, dans l’avenir, aura à formuler définitivement le dogme nouveau. — Tout cela encore est bien vague, bien peu défini ; Déroulant devant nous le mouvement scientifique et le mouvement industriel de notre temps, l’auteur essaie de préciser ce rôle qu’il assigne au littérateur, au poète, et qui est, selon lui, d’expliquer la science, de la revêtir de charme et de lumière : « Il se passe parfois, dit-il, de planète à planète, de fer à aimant, de mercure à mercure, de chlore à hydrogène, des romans extraordinaires qu’on dissimule pudiquement derrière des chiffres et des A+B. » L’auteur voudrait que le poète expliquât et rendît sensibles à chacun de nous ces mystères. […] Mais les pièces où l’auteur me semble avoir le mieux réussi, ce sont celles de voyage ; l’une, par exemple, qui a pour titre « En route ! 

424. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Tel auteur, comme Corneille, nous montre sous mille faces le triomphe de l’énergie et les sentiments de fierté qu’une volonté ferme donne à une âme virile. […] On cherchera la conception que l’auteur se faisait du monde extérieur, de la société humaine, de la vie, de l’art, de l’ensemble des choses. […] On peut se demander si une œuvre trahit quelque prédilection pour l’analyse ou pour la synthèse, ou bien si, comme c’est le cas pour un esprit complet, l’auteur a su équilibrer l’une et l’autre. […] Parfois, l’auteur prend la peine de dire ce qu’il veut. […] Parfois, au contraire, l’auteur se cache à demi.

425. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Aussi rapidement que solidement exécutée, l’Histoire entière parut pour la première fois en 1819 ; l’auteur depuis ce temps n’a cessé de la revoir et de l’améliorer. […] Lue de suite, cette Histoire est d’un grave et sérieux intérêt : Il me semble, écrivait à l’auteur un critique un peu sec, mais judicieux et nullement méprisable (M.  […] Le but de l’auteur était de préparer ainsi et de commencer l’histoire générale de France par une histoire particulière de chacune des provinces prise jusqu’à l’époque de sa réunion. […] Quoi qu’il en soit, l’auteur n’avait pas cueilli dans la forêt celtique le rameau d’or de la légende. […] Daru, dans le premier moment, répondant peu et ne paraissant pas entendre : « Comte Daru, lui dit Louis XVIII, puisque vous n’entendez plus Horace, je vais vous le traduire en beaux vers français. » Et avec toute sa coquetterie royale, il se mit à réciter à l’auteur le passage de sa traduction même.

426. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Sénecé, auteur d’opéras et d’intermèdes de circonstance, avait eu probablement affaire à Lulli et savait par où il péchait. […] Le groupe des voyageurs qui accompagne Lully la recherche du bon goût se compose de Clément Marot, de Catulle, de Virgile, et de tous les auteurs du temps passé et des siècles récents. […] Disons qu’un homme qui en 1688, vivant à côté de La Bruyère, invente de telles choses et les publie, n’est pas un auteur du grand siècle ; sa littérature, ingénieuse d’ailleurs, est une littérature d’avant et d’après. […] Cela révolta contre lui la nation indocile des auteurs, autant impatiente de la servitude qu’aucune autre, et on lui donnait de temps à autres des marques de rébellion. […] Il est, à la suite de La Fontaine, un héritier des plus légitimes de nos vieux et malins auteurs de fabliaux.

427. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

L’auteur eût diminué peut-être le nombre des contradicteurs s’il avait donné au livre son vrai titre : Histoire de la race et de la civilisation anglaises par la littérature. […] Mais, en abordant directement et de front l’histoire des œuvres littéraires et des auteurs, sa méthode scientifique non ménagée a effarouché les timides et les a fait trembler. […] Mais n’est-ce donc rien, demanderai-je à mon tour, que de poser le problème comme le fait l’auteur, de le serrer de si près, de le cerner de toutes parts, de le réduire à sa seule expression finale la plus simple, de permettre d’en mieux peser et calculer toutes les données ? […] Pour moi, j’avoue n’avoir vécu dans ma jeunesse qu’avec des gens que cela choquait, quoiqu’ils rendissent justice d’ailleurs aux auteurs en d’autres parties de leur talent. […] Il semble que Théophraste, l’auteur des Caractères, ait devancé l’objection, lorsqu’il dit tout au commencement de son livre.

428. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Le poème est égayé de noms de méchants auteurs et d’ouvrages ridicules : Saint-Amant, Scudéry, Brébeuf, le burlesque, Cyrus, Clélie, Childebrand, toute cette mauvaise littérature n’a donc pas été détruite par les Satires, elle vit encore, puisqu’il faut encore la frapper. […] Le grand, l’immense succès de l’Art poétique n’empêche point qu’il n’y ait un désaccord latent entre l’auteur et son public. […] La doctrine de Boileau fut amputée précisément de ce qu’elle avait de plus éminent et caractéristique, de ce double caractère naturaliste et esthétique, où s’exprimait, avec le génie même de l’auteur, la spéciale beauté du grand art classique. […] Une conception relativiste, qui lie l’œuvre du littérateur au caractère de la race, à l’esprit de siècle, au tempérament de l’auteur, autorise toutes les audaces et toutes les nouveautés. […] Nous voulons que l’auteur vienne à nous, et nous n’allons pas à lui ; nous n’y mettons guère du nôtre, et nous lui faisons peu de crédit : à lui de nous prendre et de nous retenir.

429. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Qu’est-ce en effet que le réalisme, et en quoi celui de l’auteur de Chien-Caillou ressemble-t-il à cette grande chose ? […] Pour peu que vous ayez fait jouer une comédie ou un vaudeville, vous tenez à votre titre d’auteur dramatique. — Homme de lettres ! […] Édouard Plouvier et Charles Vincent, auteurs des Refrains du dimanche. […] Ubicini, auteur d’un consciencieux et remarquable ouvrage sur la Turquie actuelle. […] Louis Goudall, l’auteur de l’article incriminé, et M. 

430. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Il simplifie le plus qu’il peut la grammaire ; il fait passer le plus tôt possible son élève à la lecture graduée des auteurs, à l’explication ; il se garde bien de commencer, comme on faisait, par la composition ou le thème. […] Il se fit même une affaire avec l’académie et le consistoire de Saumur pour avoir dit, dans ses notes sur Sapho, qu’il trouvait la fameuse ode si belle qu’il était tenté de pardonner à l’auteur l’étrange passion qui la lui avait inspirée. […] Son Florus fut imprimé dès l’année 1674, et depuis ce temps-là on a vu trois autres auteurs qu’elle a commentés pour M. le Dauphin, savoir Dictys Cretensis, Aurelius Victor et Eutrope. […] L’ouvrage eut du succès, et ouvrit la nouvelle carrière où l’auteur devait rendre tant de services qu’il y aurait de l’ingratitude à méconnaître. […] Du caractère dont elle est, Mme Dacier entend mieux la force, l’abondance, la veine pleine et continue d’un auteur ancien que la grâce et la légèreté ; elle rend mieux l’effet du texte avec Plaute, avec Térence qu’avec Anacréon ; et surtout elle nous rendra mieux Homère.

431. (1874) Premiers lundis. Tome I « Fenimore Cooper : Le Corsaire Rouge »

Aussi, malgré leurs défauts, les romans de l’auteur américain sont-ils de ceux qui procurent le plus de plaisir et d’émotion ; assez de beautés supérieures y rachètent quelques obscurités et quelques invraisemblances. […] Cooper a voulu, comme l’auteur de Roderic Random, décrire des mœurs et des scènes de mer ; mais c’est avec plus de poésie, et, pour ainsi dire, avec plus d’amour, qu’il l’a fait. […] Mais l’auteur a trouvé moyen de rajeunir et de nationaliser, en quelque sorte, son héros par les sentiments anticipés qu’il lui prête. […] Nous voudrions encore, dussions-nous sembler bien exigeant, que le tailleur Homespun parlât un peu moins de ses cinq longues et sanglantes guerres, et que l’excellent Richard Fid farcît un peu moins sa conversation d’expressions nautiques ; l’auteur, en voulant être vrai, a renchéri sur la nature : les marins, les tailleurs et les gens de métier parlent aussi comme les autres hommes. […] On ne peut donner que des éloges au caractère de Henri Wilder : l’auteur a réalisé en lui le type américain dans toute sa pureté.

432. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

DIDEROT, [Denis] de l’Académie de Berlin, né à Langres en 1714, Auteur plus prôné que savant, plus savant qu’homme d’esprit, plus homme d’esprit qu’homme de génie ; Ecrivain incorrect, Traducteur infidele, Métaphysicien hardi, Moraliste dangereux, mauvais Géometre, Physicien médiocre, Philosophe enthousiaste, Littérateur enfin qui a fait beaucoup d’Ouvrages, sans qu’on puisse dire que nous ayons de lui un bon Livre. […] Peut-être cet Auteur s’est-il persuadé que l’obscurité dans les pensées & dans le style seroit propre à donner du prix à ses Productions ? […] Les Pensées sur l’interprétation de la Nature appartiennent en grande partie à Bacon, ce dont l’Auteur ne s’est nullement mis en peine de nous avertir. […] Il ne faut pas croire au reste, que cette obscurité vienne du fond des matieres ; un esprit sage ne doit pas les traiter, quand il n’est pas capable de les éclaircir, & l’esprit net & méthodique sait rendre tout sensible : c’est ainsi que Bacon, Mallebranche, l’Auteur des Mondes, M. l’Abbé Condillac, ont trouvé moyen de mettre leurs idées à la portée de tout lecteur. […] Se seroit-on douté que cet Auteur philosophe eût daigné s’abaisser jusqu’à des Ouvrages d’agrément ?

433. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Joseph Scaliger, et Scioppius. » pp. 139-147

Ses écrits sont un amas de choses utiles, & d’invectives grossières contre tous ceux qui ne le déclaroient point le phénix des auteurs. […] Auteurs morts & vivans, tous furent également immolés à sa critique. […] Une si grande déraison dans un homme qui faisoit dire qu’ assurément le diable étoit auteur de l’érudition , méritoit qu’il rencontrât quelqu’un encore plus emporté que lui, & qui vengeât la cause commune des gens de lettres. […] Scioppius, le terrible Scioppius, surnommé le chien de la littérature, voulut aussi tenir le premier rang parmi ses confrères, & devenir l’Attila des auteurs. […] L’auteur, dont le père né dans le territoire de Vérone vint s’établir en France, dans la ville d’Agen, veut y prouver que sa famille descendoit des anciens princes de Vérone.

434. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

Il savait que l’on en fait toujours, si médiocre soit-on, avec une comédie politique, et, du premier coup, dès qu’il a eu fait la sienne, lui, l’auteur du Gendre de M.  […] … Il faut que nous soyons bien indignes de nos spirituels aïeux pour que le public du théâtre de Corneille, de Racine, de Molière, de Regnard et de Beaumarchais, ait, pu prendre un moment Émile Augier pour le successeur naturel de ces auteurs charmants et superbes ! […] Ils ont crié à la ciguë, parce que, dans cette comédie du Fils de Giboyer, plutôt scribouillée qu’écrite, l’aimable auteur a personnifié ce terrible parti catholique, qui doit avaler prochainement la civilisation si on ne se met en travers, par un marquis Samson, à voix de tabatière, par deux Putiphars, par un Prudhomme, industriel enrichi, etc. […] L’auteur du Fils de Giboyer avait le droit, sinon la puissance, d’être féroce comme Aristophane contre Socrate, comme Voltaire contre Fréron, sans avoir besoin de demander pardon pour l’atrocité de son génie dans une préface sans esprit, sans style et sans fierté. […] Le public, qui se reconnaît dans ces élégances, s’applaudit, en ayant l’air d’applaudir l’auteur.

435. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

C’est l’auteur de L’Immolation. […] C’est l’auteur de Tous quatre. […] C’est l’auteur de Charlot s’amuse. […] Céard est l’auteur d’Une belle journée. […] L’auteur a lu Balzac ; il s’en souvient quelquefois.

436. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 56-59

La multitude de connoissances historiques que ces Mémoires supposent, l’art avec lequel l’Auteur les a mises en œuvre, l’ordre & la sagacité qui regnent dans ses discussions, font regretter qu’il n’ait pas entrepris d’écrire l’Histoire de la Lorraine. […] Ce dernier Ouvrage est écrit avec cette précieuse simplicité, qui n’exclut ni l’élévation des pensées, ni la noblesse des expressions, & il donne à l’Auteur le droit de figurer dans la classe très-peu nombreuse des Ecrivains qui sont demeurés invinciblement attachés aux vrais principes de la morale & du goût. […] L’Eloge de Colbert, du même Auteur, sujet proposé par l’Académie Francoise, obtint le premier Accessit, au jugement de cette Société ; ce qui ne seroit pas une preuve de son mérite, s’il n’étoit même supérieur à celui de Charles III. […] quelle sagacité dans les vûes de l’Auteur !

437. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Germond de Lavigne ; l’auteur traduit est Fernandès Avellaneda, le continuateur du Don Quichotte de Michel Cervantes, un de ces continuateurs qui peuvent être des réputations en Espagne, mais qu’en France, avant M.  […] Germond de Lavigne est un traducteur de haute distinction et de merveilleuse aptitude ; mais cependant, nous devons l’avouer, il y a pour nous, entre lui et Filleau de Saint-Martin, à peu près la même différence qu’entre l’immortel auteur du Don Quichotte et Avellaneda, son continuateur. […] Germond de Lavigne ne juge point son auteur. […] Ce sera une question longtemps encore de savoir si une traduction est possible quand l’homme qui la fait est de taille, d’aplomb et de sang-froid à juger de haut et l’œuvre et l’auteur qu’il reproduit et qu’il interprète. […] Le livre oublié d’Avellaneda remis en lumière par un homme qui porte à la main un flambeau, la grande affaire pour la Critique est dans l’appréciation du livre qu’il éclaire, quel que soit cet Avellaneda qui l’a signé ; car avant de discuter le livre, on en a discuté l’auteur.

438. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

L’auteur des Etudes et des Harmonies a peut-être dit beaucoup de sottises, et nous ne les défendrons pas ; mais on avouera qu’il faut être un sot d’une rare espèce pour écrire Paul et Virginie que Flaubert avouait ne pouvoir lire sans fondre en larmes et que Maupassant déclarait un chef-d’œuvre, invincible témoignage de deux auteurs peu suspects qui tranche décidément la question. […] Il faut en prendre son parti : l’auteur de Paul et Virginie est un grand peintre. […] Voilà le ton que prennent ces messieurs, quand ils daignent répondre, non pas même à ceux qui les attaquent personnellement, mais à ceux qui osent discuter certains auteurs du dix-septième siècle. […] Il est évident, en effet, que les pires auteurs ont toujours l’intention de signifier quelque chose, quand ils ajoutent une épithète qui ne signifie rien, et il est non moins évident que même les mots qui ne signifient rien signifient au fond toujours quelque chose. […] On peut également relire dans notre Art d’écrire, à propos de l’emploi des qui et des que par les grands auteurs, une partie des constatations qu’on m’oppose naïvement.

439. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

, à tous ces messieurs Jourdain de lecteurs qui aiment que, dès le début, un auteur leur frappe, sans façon, sur la cuisse, et leur dise à la bonne franquette : « Mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi !  […] En sa qualité de bon physiologiste, l’auteur de Si j’avais une fille à marier ! […] … L’auteur de Si j’avais une fille à marier ! […] Il a des impatiences d’auteur et un esprit plus facile que vraiment fécond, plus hâté de produire que mâle de production. […] n’avoir pas trois ans de façon, quoiqu’il nous le dise, et qui ne calmera pas par une grande et forte satisfaction d’intelligence les démangeaisons qui prennent son auteur d’écrire.

440. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Le silence qu’il garde sur ce massacreur du peuple, ainsi que l’appellent les républicains, l’auteur des Uns et des Autres le couvre, il est vrai, de cette énormité : c’est que les royalistes et les bonapartistes seuls firent l’insurrection que le général Cavaignac canonna. […] Ces quatre biographies, qui ne peuvent pas être justes, avec les opinions de l’auteur, ne manquent ni d’intérêt ni même de piquant, non dans le fond des choses et des jugements, qui sont, excepté sur l’un d’eux (Béranger), de la plus profonde pauvreté, mais dans la manière dont elles sont touchées. […] Et voilà pourquoi l’auteur de ce pamphlet des Uns et des Autres s’est donné tant de peine contre cet autre-là, sa haine contre la Papauté l’emportant, dans Pelletan, jusque sur sa haine contre l’Empire ! […] L’auteur des Uns et des Autres n’ayant pas dans l’esprit les muscles samsoniens qu’il faudrait pour mettre en pièces le lion, s’est fait taon contre ce lion de marbre. […] Tout pour la phrase et par la phrase, voilà la méthode en action de l’auteur des Uns et des Autres, pourvu que cette phrase soit trempée pourtant dans le vermillon de la République ou de la libre-pensée.

441. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Nous croyons même que la première échancrure faite à la réputation de l’auteur de la Démocratie en Amérique pourrait bien venir de cette publication sentimentale et imprudente. Nul, sans le dévouement de l’amitié ou ces engagements de la vie qui nous mènent souvent plus loin que nous n’avions dessein d’aller, ne supportera, sans en souffrir, l’insignifiance d’un livre qui n’était pas un livre, d’ailleurs, écrit pour le public, et dont la médiocrité ne doit pas être reprochée à l’auteur ; car on a le droit d’être médiocre chez soi tout à son aise comme on a le droit d’y être en pantoufles, surtout quand on vit au milieu de gens qui sont disposés à vous trouver charmant, quoi que vous soyez… Malheureusement, il n’en est pas tout à fait ainsi pour cet indifférent de public. […] Mais, s’il n’y a pas de supériorité réelle et de tous les moments à montrer, sur place, dans la correspondance d’un auteur qui, comme auteur, a eu sa fortune, il ne faut pas exposer cette fortune à ce qu’on revienne de l’homme à l’auteur et de la correspondance aux livres, pour commencer une réaction à laquelle personne ne pensait ! […] L’auteur de la Démocratie en Amérique et de l’Ancien Régime et la Révolution, quand on le prendra en dehors des admirations séniles ou juvéniles qu’il a inspirées et qu’on le réduira à ses proportions justes et vraies, est un écrivain de facultés moyennes et cultivées, dont il est très facile de coter la valeur. […] Prenez et lisez-en une page au hasard, sans dire le nom de l’auteur, et je défie qu’on reconnaisse plus le style d’Alexis de Tocqueville que le style d’un autre !

442. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

L’auteur des Cariatides a rejeté son entablement. […] Il a l’emphase gaie, et sa gaieté n’est pas celle non plus de son oncle, Alfred de Musset ; ce n’est pas la gaieté de l’auteur d’Un spectacle dans un fauteuil, qui vient d’une observation sociale très raffinée. […] Il y a, dans ces Odes funambulesques, telles pièces qui nous font pressentir Les Occidentales, ces Occidentales que l’auteur des Orientales n’aurait, certes ! […] Mais, à cette époque-là, aurait-on mieux cru le trouver dans l’auteur des Odes funambulesques ? […] L’auteur des Funambulesques s’amusait alors à la bagatelle, comme toute la France, et cependant, quelques années plus tard, il devait être non pas son Tyrtée, hélas !

443. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Quant au livre même d’Elle et Lui, — il est vrai que l’auteur a eu le temps de le combiner (dame ! […] Placée par l’auteur entre deux hommes, le forcené, qui l’aime et l’insulte et avec lequel (il faut bien le dire !) […] L’auteur d’Elle et Lui n’est qu’une femme, et elle n’a rien de plus dantesque que Caroline Lamb (maintenant oubliée) quand elle publia son petit roman contre lord Byron. […] Ici, l’auteur d’Elle et Lui est seule en cause, quoiqu’elle n’y soit pas différente de la madame Sand que nous connaissons. […] Serait-ce au sujet, serait-ce à l’auteur ?

444. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Quant au livre même d’Elle et Lui, — il est vrai que l’auteur a eu le temps de le combiner (dame ! […] Placée par l’auteur entre deux hommes, le forcené qui l’aime et l’insulte et avec lequel (il faut bien le dire !) […] L’auteur d’Elle et Lui n’est qu’une femme, et elle n’a rien de plus dantesque que Caroline Lamb (maintenant oubliée), quand elle publia son petit roman contre Lord Byron. […] Aujourd’hui, l’auteur d’Elle et Lui est seule en cause, quoiqu’elle n’y soit pas différente de la Mme Sand que nous connaissons. […] Serait-ce au sujet, serait-ce à l’auteur ?

445. (1894) Critique de combat

— Monsieur l’auteur, la naïveté est un peu bien forte. […] Et l’auteur de s’applaudir ! […] L’auteur procède par élimination. […] L’auteur, M.  […] Que de pensées communes décèlent le même auteur !

446. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

L’auteur nous montre aussi Murat fusillé, le général Choderlos de Laclos, l’auteur des Liaisons dangereuses, mourant à Tarente, et dans les légendes italiennes les Sirènes, dont le nom seul est poésie, s’apprivoisant avec du pain, du vin et… du fromage ! […] C’est la lutte entre l’amour du père et son amour de fiancé qui a fourni à l’auteur ses plus beaux élans. […] Tout cela raconté alertement, à la façon des autres ouvrages de l’auteur. […] Et l’auteur la gloussait avec une gravité si imperturbable, que toutes les côtes en tressautaient bon gré mal gré. […] L’auteur, M. 

447. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

« Je l’ai entendu crier : l’auteur ! quand l’auteur riait dans une stalle à côté de lui. […] Quant au mystère qui se fit sur le nom de l’auteur, on le doit à M.  […] Le nom de ce dernier dit assez la bannière littéraire sous laquelle s’est rangé l’auteur. […] L’esprit se sent effectivement comme enfermé d’ombre en pénétrant dans les mystérieux milieux où l’auteur a enveloppé ses pensées.

448. (1924) Critiques et romanciers

Enfin, les auteurs, MM.  […] Le même auteur, M.  […] L’auteur s’amuse. […] L’auteur aussi s’en est aperçu. […] se dit l’auteur.

449. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

disoit tout bas un Auteur obligé de visiter des Grands. […] Si le Public, en gros, n’étoit pas méchant, les Auteurs vivroient sans se faire la guerre. […] L’Auteur que les critiques ont déconcerté, doit sortir de la carriere. […] Dis-moi, le spectacle de l’univers a-t-il élevé ton âme & ton génie jusqu’à son auguste Auteur ? […] Ces sots Auteurs s’imaginent être moralistes & politiques.

450. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Nos petits auteurs essaient de se mettre à l’ombre derrière ces colosses. […] Garderait-on quelque scrupule sur la vraie pensée de l’auteur ? […] L’auteur lui-même la porte sur un autre terrain, non point historique, mais philosophique. […] Mais ce n’est point-là ce que nous reprochons à l’auteur. […] Aux jours même de la plus extrême licence, l’auteur n’a rien fait de pire.

451. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Dans la première, l’auteur décrivait l’aspect général du pays et les mœurs des habitants. […] Nul auteur français n’avait en effet plus que M.  […] Je l’ai cru longtemps moi-même sur la foi de l’auteur, avant d’avoir pu en juger par ma propre expérience. […] À côté de lui régnait Dussault, l’auteur des Annales littéraires. […] Quand ils s’émeuvent, on s’aperçoit bien que l’auteur les souffle.

452. (1925) Portraits et souvenirs

Il y a cependant, entre la correspondance de l’auteur du Lys dans la vallée et celle de l’auteur des Fleurs du mal un point commun. […] Parmi les grands poètes romantiques, l’auteur des Trophées avait une admiration particulière pour l’auteur des Emaux et Caméesm . […] L’irritation qu’ils causaient s’en prenait à leur auteur. […] Barrès, puisque, avant de devenir l’auteur de Colette Baudoche, M.  […] L’auteur, M. 

453. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

Dans toute œuvre de la pensée, drame, poëme ou roman, il entre trois ingrédients : ce que l’auteur a senti, ce que l’auteur a observé, ce que l’auteur a deviné. […] D’ailleurs, puisque l’auteur, si peu de place qu’il tienne en littérature, a subi la loi commune à tout écrivain grand ou petit, de voir rehausser ses premiers ouvrages aux dépens des derniers et d’entendre déclarer qu’il était fort loin d’avoir tenu le peu que ses commencements promettaient, sans opposer à une critique peut-être judicieuse et fondée des objections qui seraient suspectes dans sa bouche, il croit devoir réimprimer purement et simplement ses premiers ouvrages tels qu’il les a écrits, afin de mettre les lecteurs à même de décider, en ce qui le concerne, si ce sont des pas en avant ou des pas en arrière qui séparent Han d’Islande de Notre-Dame de Paris.

454. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Il n’était rien qui ne lui fût souverain bien, en tant qu’auteur dramatique. […] Tout auteur qui se fait critique reprochera toujours aux autres auteurs d’être ce qu’il n’est pas et de ne pas être ce qu’il est. […] Les auteurs méritent qu’on les nomme. […] Monsieur l’auteur, comme vos personnages sont aimables ! […] L’auteur, évidemment, en met trop.

455. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Un auteur qui communique à un autre auteur toutes ses idées, toutes ses ébauches, tous ses projets littéraires ! […] De la fraternité entre auteurs ! […] J’ai oublié le nom de l’auteur. […] Anatole France est un admirable auteur comique. […] Il étudiait ses auteurs.

456. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Les vrais auteurs doivent être les maîtres du vulgaire, mais les disciples du public. […] nos grands auteurs nous en fourniront autant que ceux de l’antiquité. […] par la lecture assidue des bons auteurs : elle supplée en nous à ce qui nous manque de force ou d’instruction. […] Quel mauvais auteur que ce Boileau ! […] Écoutons ici l’auteur de Bajazet.

457. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Bulwer était décidément un auteur à la mode. […] D’ailleurs, à vrai dire, je ne crois pas que l’auteur lui-même ait jugé son livre autrement que moi. […] C’est, après Pelham, le plus important ouvrage de l’auteur. […] Nous ne savons rien de l’auteur de Pelham. […] Mais l’auteur a-t-il assez ménagé les transitions ?

458. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

… Et l’auteur de L’Ancien Régime a obéi à cette consigne : il ne s’est point repenti. […] Ce n’est pas lui qui l’a inventée… L’auteur de L’Ancien Régime a bien moins d’initiative que de mémoire et d’érudition. […] Le vrai y est dans de si colossales proportions que la beauté y devient inutile, et l’auteur l’a compris. […] En effet, l’auteur de ce livre, M.  […] Par une incroyable possession de soi, l’auteur des Origines de la France contemporaine n’a rien laissé transpirer de ce qu’il aime et de ce qu’il pense.

459. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Il ne faut donc pas chercher dans les poëtes la mesure de l’esprit français durant cette période ; les auteurs en prose peuvent seuls nous la donner. […] Or, aucun auteur de l’antiquité n’a plus exprimé de ces idées-là que Plutarque. […] Il y a d’ailleurs des causes générales de ce goût de Montaigne pour les auteurs des époques de décadence. […] Ni dans l’une ni dans l’autre époque, les auteurs n’ont de goût : car le goût, c’est la présence de la raison dans tous les détails d’un ouvrage d’esprit. […] Sous quelque point de vue qu’on l’ait regardé, soit qu’on y ait cherché l’instruction ou la distraction, peu d’écrivains, depuis trois siècles, ont eu plus de lecteurs dans notre pays, et des lecteurs plus amis de leur auteur.

460. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

indépendamment des opinions, des vues et de la conclusion de l’auteur, qu’il soit pour ou contre son héros, qu’il le tue sous la société ou qu’au contraire il tue la société sous lui. […] Ce sont des livres qui ne sont pas sortis, qu’on distingue seulement à travers ce qu’a fait l’auteur, et qui, s’ils étaient sortis, seraient des œuvres peut-être. […] Il fallait avoir ce que l’auteur n’a pas, — le sentiment de l’idéal et des réalités puissantes ! […] dans la sphère où elle fût montée, elle aurait peut-être emporté d’enthousiasme et l’auteur, inspiré par elle, et tout le reste du roman. […] L’auteur des Amours de Philippe a étranglé celui-ci.

461. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Ce n’est point toutefois à ces divers points de vue que j’envisagerai le document nouveau qui nous est livré, et je me bornerai à en extraire ce qui concerne plus particulièrement la littérature et les auteurs célèbres : c’est notre gibier, à nous. […] Montesquieu, à cette date, n’était pas du tout l’auteur de l’Esprit des Lois, et ceux qui ne le connaissaient point directement ne le prévoyaient pas un aussi grand homme. […] Parmi les auteurs modernes qui se sont occupés de l’histoire de l’Académie, il n’en est aucun jusqu’ici qui se soit aperçu de ce compétiteur incognito qu’avait eu Montesquieu. […] D’ordinaire on profite de cette classe d’auteurs (qui n’en sont pas) plus qu’on ne les prise et qu’on ne les loue. […] Je ne suis pas exigeant et je ne demanderais que ce qui est partout, ce me semble : au défaut de l’auteur, un correcteur en première.

462. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Dans Paris, au contraire, le succès a été moindre, bien que fort vif encore ; mais on a contesté plusieurs mérites à l’auteur. […] L’auteur de Louis Lambert et d’Eugénie Grandet n’est plus un talent qu’il soit possible de rejeter et de méconnaître. […] L’auteur a jugé ce roman digne d’être revu et reconnu, et il ouvre sa carrière ostensible à dater de là. […] L’auteur y rajeunit à la moderne un sujet usé ; il n’échappe pourtant pas toujours à des plaisanteries devenues vulgaires. […] L’auteur s’est évidemment préoccupé d’Hoffmann qui faisait alors son apparition parmi nous.

463. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Nous y rangerons aussi ceux des critiques littéraires, à proprement parler, qui, à tête reposée, s’exercent sur des sujets déjà fixés et établis, recherchent les caractères et les beautés particulières aux anciens auteurs, et construisent des Arts poétiques ou des Rhétoriques, à l’exemple d’Aristote et de Quintilien. […] Quelque vastes que soient les espaces et le champ défini, il ne peut promettre de s’y renfermer, ni s’empêcher, comme il le dit admirablement, de faire des courses sur toutes sortes d’auteurs. […] Il ne devint véritablement auteur que par sa Lettre sur les Comètes (1682). […] Un des écueils de ce goût si vif pour les livres eût été l’engouement et une certaine idée exagérée de la supériorité des auteurs, quelque chose de ce que n’évitent pas les subalternes et caudataires en ce genre, comme Brossette. […] On lui reprochait d’abord d’être trop prodigue de louanges ; mais il s’en corrigea, et d’ailleurs ses louanges et ses respects dans l’expression envers les auteurs ne lui dérobèrent jamais le fond.

464. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Croyez que par là on retrouverait ce qu’on a eu, des poètes, des auteurs, des généraux, des peintres, des politiques, des prédicateurs, etc. […] Il s’est bien tiré de son rôle d’auteur, et mal de celui de galant homme. […] Fameux, ouvrage de ce fameux auteur. […] Cet auteur est un homme d’une imagination forte, et son jugement ne vient qu’à la suite de son esprit. […] Il a ses auteurs favoris.

465. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Augustin Thierryef l’un des premiers, parti de l’idée confuse que les événements comprennent dans leurs causes d’autres facteurs que leur auteur principal, et exagérant l’effet de ces facteurs secondaires, a attribué une importance excessive à l’influence des masses dans les faits historiques. […] Cf., la théorie de l’imitation sociale dans Bagehot [L’économiste britannique Walter Bagehot (1826-1877) est l’auteur des Lois scientifiques du développement des nations dans leurs rapports avec les principes de la sélection naturelle et de l’hérédité (1869). […] Il est surtout l’auteur des Eléments de psycho-physique (1860), qui font de lui le père fondateur de cette discipline (« loi de Fechner »). […] Il est aussi l’auteur d’une Histoire de la formation et des progrès du Tiers Etat (1850). […] Henry Thomas Buckle (1821-1862) est un historien britannique, auteur d’une Histoire de la civilisation anglaise (1857-1861).

466. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Les salons que l’auteur avait en vue n’y sont pas peints avec vérité, par la raison très simple que Beyle ne les connaissait pas. […] L’auteur veut peindre les classes et les partis d’avant 1830. […] Le tableau des partis et des cabales du temps, que l’auteur a voulu peindre, manque aussi de cette suite et de cette modération dans le développement qui peuvent seules donner idée d’un vrai tableau de mœurs. […] La conduite de Fabrice, sa fuite extravagante, et les conséquences que l’auteur en a tirées, seraient inexplicables si l’on cherchait, je le répète, la vraisemblance et la suite dans ce roman, qui n’est guère d’un bout à l’autre (j’en excepte le commencement) qu’une spirituelle mascarade italienne. […] Que j’admire cet auteur !

467. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Cette différence entre le point de vue de Malherbe et celui de Vaugelas est capitale, et notre auteur, si déférant d’ailleurs envers l’illustre poète, ne perd aucune occasion de la marquer. […] Mais la Cour, selon Vaugelas, ne suffit pas ; il faut encore compter les bons auteurs. […] Les bons auteurs mettent le sceau, mais la source première est la conversation des honnêtes gens. […] Celle-ci étant en premier lieu pour l’importance, il demandait d’y associer les bons auteurs, les bons livres, et aussi, de plus, la fréquentation, la consultation directe des personnes savantes, capables d’éclaircir les doutes et de résoudre les difficultés. […] En les indiquant sans les nommer, Vaugelas les salue encore avec respect et les appelle nos maîtres ; car il est toujours poli jusque dans sa contradiction et dans la critique qu’il fait des personnes et des auteurs.

468. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

L’auteur du volume dont il s’agit, M.  […] Vinet, c’est l’absence complète du sentiment religieux : ce sujet magnifique n’a pu fournir à son auteur le moindre mot, le plus léger aperçu de philosophie ou de cosmologie religieuse. […] L’Humanité collective et solidaire y apparaît rangée comme en amphithéâtre, ou plutôt échelonnée dans des stations successives et de plus en plus avancées ; mais laissons parler ou chanter l’auteur. […] Était-ce donc la peine, ô savants auteurs et pères de l’astronomie moderne, de tant observer, de tant calculer, de ne rien laisser à l’hypothèse ? […] Racine a pu faire de jolies épigrammes contre le Fontenelle poëte et auteur de tragédies ; mais convenons que Fontenelle prend bien sa revanche par la philosophie et la pensée.

469. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

On sent que l’auteur travaille à une démonstration édifiante ; la comédie devient un sermon laïque. […] Il ne faut pas en accuser seulement son manque de génie, et celui de tant d’auteurs qui ne réussirent pas mieux que lui. […] Les Italiens et la Foire La Comédie-Française était seule à jouer des tragédies : elle maintenait au besoin les auteurs dans la tradition. […] Charles Simon Favart, né à Paris (1710), fils d’un pâtissier, auteur, puis directeur de l’Opéra-Comique, directeur des comédiens du maréchal de Saxe ; sa femme fut une des plus naturelles actrices du siècle. […] Gresset, né à Amiens en 1709, auteur de Ver-vert (1733), de Sidney drame moral, et du Méchant (1745) ; il mourut en 1777.

470. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Une autre année, à un autre anniversaire, si nous y sommes encore, nous parlerons de cet autre ami de la famille, de l’auteur des Contes de fées, je veux dire de Perrault. […] L’auteur futur des Fables dut se ressouvenir de cette impression première et de la forme dans laquelle elle lui venait. […] Ce Théâtre de Florian est bien à lui, et il offre des nuances de gaieté, de fraîcheur et de sentiment, qui assurent à l’auteur une place à part, à la suite des Marivaux, des Sedaine. […] Puis bergers, auteur, lecteur, chien, S’endorment de moutonnerie. […] À la fois auteur, acteur, metteur en scène, il était l’âme des divertissements de la société.

471. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Warwick, représenté en novembre 1763, eut une sorte de triomphe que l’auteur ne retrouva jamais depuis. […] Il disait, et je ne sais s’il le pensait, que le jeune auteur « avait pris un vol d’aigle dans Warwick ». […] Il engagea une guerre ou plutôt mille petites guerres avec la foule des amours propres des auteurs du temps, se posant comme leur juge et comme leur fléau ; et à la fois il aspira à l’honneur d’un restaurateur du goût et d’un modèle dans ses œuvres et ses productions de poète. […] Voltaire venait de mourir à Paris (30 mai), et la foule des petits auteurs, ennemis de La Harpe, n’attendait qu’une occasion pour tomber sur le disciple que la protection du maître ne couvrait plus. […] Cette guerre qu’il déclarait aux oppresseurs politiques de la veille, il ne la poursuivit pas moins dans l’ordre littéraire contre les propagateurs des idées philosophiques, qu’il en était venu à considérer comme les premiers auteurs du mal.

472. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Ce livre, dangereux pour l’originalité la mieux fermée aux influences, tente, par sa beauté, nos facultés imitatrices les plus involontaires, et l’auteur de l’Infaillibilité n’a peut-être échappé si bien à ces influences qu’en raison de sa surprenante profondeur. […] Ils auraient voulu que l’auteur mît en balles légères et plus mortelles le globe de pensées qui n’est pas un boulet de canon, et qui se meut sous sa main presque avec l’harmonie d’une sphère céleste ! […] Une tête de la force de celle de l’auteur pourrait peut-être, sous ce bloc d’idées si nettement équarri, appréhender leurs développements et leurs conséquences, vues à travers cette langue si strictement condensée, cet autre bloc de cristal, dense et transparent à la fois. […] Dans ce sujet d’un livre qui prêtait le plus à la lâche sentimentalité des hommes, on ne trouvera, pour mettre autour de son cœur navré par l’éternelle douleur de la vie, que des choses d’une vigueur sublime… Saint-Bonnet, l’auteur de la Chute, — de ce livre dont nous n’avons, hélas ! […] L’auteur de la Douleur a souvent des élancements vers ce qu’il appelle l’Infini, qui ressemblent aux Exclamations de sainte Thérèse vers Celui qu’elle appelait « son Dieu ».

473. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

ce sont les mains pieuses du petit-fils de l’Auteur du Pape qui ont écarté ces pierres-là. […] L’auteur peut y être moins fulgurant, moins écrasant de clarté que dans le Pape, mais il y est intégral (déjà), absolu, péremptoire, avec cet éclair à la cime d’une phrase ou d’un mot qui est tout de Maistre, et ce mépris que j’ai appelé un jour la seule colère d’un gentilhomme. […] Il fait œuvre là d’auteur dramatique, et il n’est pas plus responsable de toute cette fureur que Shakespeare, par exemple, des rugissements d’Othello, Le comte de Maistre, en grand artiste qu’il est, invente une colère, mais il ne la ressent pas ; et, cependant, il n’y a pas que la haine et la violence contre lui qui s’y soient trompées ! Un homme qui avait autant de respect que moi pour le bon et grand homme dont la vertu toucha à la sainteté, Louis Veuillot, à propos des Fragments signalés dernièrement à l’attention publique, a parlé du noble courroux de l’auteur de ces fragments contre les incrédules et les révolutionnaires. […] L’auteur y oppose la révolution à la révolution, et lui met sur la gorge les témoignages écrits de ceux qui l’ont voulue et de ceux qui l’ont admirée.

474. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Comme son Des Grieux, il conserve, à travers toutes les phases et les légèretés de sa première vie, un air noble et qui sent sa qualité et son monde ; c’est l’homme bien élevé qui se marque toujours sous sa plume jusque dans l’écrivain de métier et dans l’auteur trop assujetti. […] L’habile artiste, auteur du buste, semble l’avoir ainsi compris. […] Si l’on pouvait supposer que l’auteur en a conçu un moment le projet, l’invention avec un but quelconque, on ne le supporterait pas. […] On a vu, en effet, l’auteur de la cantate, M.  […] [NdA] Cette lettre de l’abbé Prévost à M. de Maurepas se trouve incluse dans une autre lettre de lui, également datée de Francfort, et adressée à Bachaumont, l’auteur des Mémoires secrets, les originaux font partie de la riche collection de M. 

475. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Beaucoup d’écrivains, d’auteurs de profession ou d’amateurs ont écrit en français hors de France, sans être Français eux-mêmes ou en étant des Français exilés, émigrés : c’est de cette vaste littérature de banlieue que M.  […] Il a, sur nos écrivains du grand siècle, et sur Boileau notamment, considéré comme auteur de satires, des opinions qui ne laisseraient pas de surprendre si on les citait, et qui ne me paraissent pas manquer de vérité dans leur entière indépendance. […] Mais le prix que l’auteur y met au bien et au mal, au bien surtout, paraît moins partir du cœur que de la tête, comme aussi l’effet que ses satires font va plus à la tête qu’au cœur. […] Au reste, cet auteur n’a point de caractère dominant. […] L’histoire littéraire vit de détails, et ce n’est pas nous qui reprocherons à l’auteur de les prodiguer, surtout dans une histoire littéraire du genre de celle-ci, et qui était à créer : ma critique porterait seulement sur un certain manque de proportion.

476. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

L’auteur, qui a plus d’un rapport de ressemblance avec M. […] Première question importante, que l’auteur discute dans sa préface, et qu’on peut discuter avec lui, avant de voir comment il l’a résolue dans son poëme. […] J’attends cette épopée en chansons, et je me fie, pour tempérer le conte et l’exagération populaire, à l’auteur du Roi d’Yvetot, à celui qui a vu le conquérant à son midi et qui ne s’est pas soucié de servir sa gloire désastreuse. […] Quoi qu’il en soit, l’auteur dans ses vers a très-vite trouvé son rhythme, son allure, et, en quelque sorte, le trot ou le galop qui conviennent à sa rapide pensée. […] Ce poëme, malgré la bonne volonté de l’auteur, fut à peu près comme non avenu ; il est innocent de tout ce qui a triomphé depuis et que l’auteur a été des premiers à réprouver et à maudire.

477. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Le chapitre que l’auteur y consacre, donne, dès l’abord, un échantillon de sa savante et scrupuleuse méthode. […] Remarquons, en passant, cette déclaration de notre auteur, nous verrons plus tard qu’elle importe. […] Plusieurs explications cependant sont en germe dans Millier, et l’auteur déclare, à diverses reprises, en avoir tiré bon parti164. […] L’auteur s’en tient à l’homme, et ces instincts qu’il va étudier, peuvent se traduire par le terme plus clair de mouvements instinctifs. […] C’est ce que l’auteur a fait pour la volonté.

478. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Victor Hugo nous est une occasion naturelle d’examiner le jeune et célèbre auteur sous un point de vue assez neuf, de suivre son développement et son progrès dans un genre de composition où il débuta tout d’abord, qu’il a toujours cherché à mener de front avec les autres parties de son talent, et qu’il nous promet (le catalogue du libraire en répond) de ne pas déserter pour l’avenir. […] En effet, au second volume du Conservateur littéraire, journal que le jeune écrivain, aidé de ses frères et de quelques amis, rédigeait dès 1819, on trouve, comme faisant partie d’un ouvrage inédit intitulé les Contes sous la Tente, la première édition de cette nouvelle que l’auteur ne publia qu’en 1825, remaniée et récrite presque en entier. […] Quand l’auteur écrivait cette nouvelle, c’était encore l’amitié, l’amitié solennelle et magnanime, l’amitié lacédémonienne telle qu’on l’idéalise à quinze ans, qui occupait le premier plan dans son âme.  […] Mais ce qu’il y a de plus caractéristique dans les additions, et ce qui signale une notable intention chez l’auteur, c’est qu’à côté de Marie, c’est-à-dire de la grâce, de la beauté virginale et du bonheur vertueux de l’existence, presque parallèlement se révèle et grossit l’aspect haineux, contrefait, méchant, de la nature humaine, le mal personnifié dans le nain Habibrah, frère africain de Han d’Islande, de même que Marie est la sœur d’Éthel, de Pépita l’Espagnole et de la vive Esméralda. […] L’auteur nous fait suivre les corps au gibet ; il nous fait toucher du doigt les squelettes ; mais des destinées morales, spirituelles, pas un mot.

479. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Il faut espérer que l’auteur, s’élevant à d’autres perspectives, éclairera de quelques traits lumineux les causes de cette décadence. […] Ce tableau est semé de traits brillants et profonds, et la verve de l’auteur lance avec vigueur des sarcasmes accablants. […] Ces pages d’une contexture solide, et où l’auteur s’appuie à chaque pas des témoignages et des aveux de Cicéron, m’en ont involontairement rappelé d’autres sur le même sujet et dues à une plume qu’on est toujours sûr d’avoir à louer par quelque endroit, même lorsqu’on la blâme. Le célèbre auteur de l’Histoire des Girondins nous a donné, il y a quelques mois, celle de César. […] Dans cette improvisation historique nouvelle, l’auteur a fait preuve, une fois de plus, de ce talent de peindre en courant, de deviner au risque d’imaginer, de faire vivre des portraits, de dramatiser des scènes, et de verser l’émotion poétique, romanesque même, dans de graves récits.

480. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

La connaissance approfondie que l’auteur a de l’Antiquité amène à propos des rapprochements, des citations heureuses, toutes neuves à force d’être antiques, et pleines de fraîcheur. […] En n’évitant aucune des faces importantes de son sujet, l’auteur réussit particulièrement dans les endroits qui demandent un sentiment littéraire exquis. […] Ce volume des pères a été pour l’auteur une étude de prédilection depuis plusieurs années, et comme une retraite à demi littéraire et à demi religieuse. […] Nous apprenons à mieux pénétrer les secrets de composition de nos grands auteurs. […] L’ancien genre de l’éloge académique est détrôné ; il a fait place décidément à la notice érudite, à la dissertation et à la dissection presque grammaticale de chaque auteur.

481. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Cet auteur ne fait en cela que donner à l’espece le nom du genre. […] Les auteurs qui ont donné la division de la musique des anciens, font présider à leur danse la musique hypocritique. […] Lorsque cet auteur parle de la démarche de ses acteurs sur le théatre, il emploïe le terme incedere, qui signifie proprement marcher. […] Il ne faut pas, dit cet auteur, avoir honte d’apprendre ce qu’on doit être obligé de faire un jour. […] Cet auteur dit encore dans un autre endroit, qu’il ne faut pas qu’un orateur prononce comme un comédien, ni qu’il fasse ses gestes comme un danseur.

482. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Mais l’auteur de Vertu manque de cette notion d’art, qui est l’exigence même de l’Idéal. […] et restent dans les prétentions de l’auteur. […] Livre fait avec d’autres livres, non que l’auteur pille, mais il s’imprègne… Par exemple, le faux « marchand de coton » a été inspiré par le Peyrade de Balzac, déguisé en anglais. […] L’auteur de Vertu accomplit la loi de son être féminin, qui est de n’avoir pas d’individualité. […] Une médiocrité qui a dû coûter immensément de peine à l’auteur.

483. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

L’auteur de cette Papesse Jeanne, Rhoïdis ou non, Rhoïdis ou Grisélidis, est une espèce de Janus littéraire à deux faces, burlesque et grave, dont l’une (la burlesque) rit et veut faire rire le public, en tirant une langue qui compromettrait Quasimodo, et dont l’autre (la grave) se fronce et se grime en visage de pédant, coiffé de textes et poudré de poussière. […] L’auteur de La Papesse Jeanne, et son consubstantiel traducteur, se croit un génie ambidextre. […] Il a cette vieille goguenardise impie qui se vante d’être tombée du bonnet de Rabelais, dont le génie n’a pas mérité l’outrage d’être rappelé à propos des gargouillades de Rhoïdis, et qui, tombée de ce sublime bonnet, a glissé jusque dans les culottes cyniques de Diderot, pour aller se perdre dans les culottes, plus ordes encore, de l’auteur du Compère Mathieu. […] Aussi, pour s’assurer qu’on la lira, cette dissertation, le charmant auteur de La Papesse dit, avec toute la langueur de l’indifférence : « Ne la lisez pas !  […] Trompe-l’œil grossier, elle n’est guères qu’un kaléidoscope de citations que l’auteur fait tourner devant vous pour vous éblouir, et auxquelles citations la Critique, une critique informée et compétente, a péremptoirement et depuis longtemps répondu.

484. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Quand on vient de lire l’incroyable volume d’Auguste Vacquerie, on se demande à quelle classe d’esprits appartient l’auteur de ces pages… amusantes, car elles le sont ; mais à quel prix ? […] La plupart des chapitres furent des feuilletons, auxquels on ne prendrait pas garde si l’auteur ne les regardait pas lui-même, comme l’expression définitive de sa pensée, puisqu’il les publie après correction et côte-à-côte avec d’autres chapitres qui sont datés de 1855 et même de 1856. L’auteur, — qui est poète à sa manière, qui a fait Tragaldabas, un drame qu’on aurait dit une parodie de Hugo et qui n’était qu’une caricature par adoration, — l’auteur a voulu, comme son maître, théoriser ses pratiques théâtrales, et comme il avait réverbéré la poésie de Hugo en la décomposant, il a voulu aussi réverbérer ses théories. […] auteurs de poètes ! […] Les métempsychosistes ne seront pas tous logés dans les astres, où l’auteur des Grimaces fait pleurer Molière d’avoir écrit ses Femmes savantes.

485. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Nous continuerions de penser qu’il doit, comme l’auteur, mais dans sa mesure de libraire, prévenir ce goût, l’éveiller, le modifier, et l’empêcher de se blaser ou de se dégrader, par des publications audacieusement intelligentes. […] Mille motifs autres que son propre jugement peuvent influer sur lui quand il s’agit d’un livre nouveau qu’il publie : ainsi la nouveauté, les coteries, l’entourage, l’action plus ou moins éloquente de l’auteur, que sais-je encore ? […] Car, nous le répétons, ce talent n’est pas connu encore dans ce qu’on appelle le public, quoique depuis la mort de l’auteur il en ait été question davantage. […] Dans l’appréciation des beaux-arts, Beyle, l’auteur de l’Histoire de la peinture en Italie, a une grandeur de sensation et une émotion simple et sincère d’un diagnostic bien autrement sûr que les troubles nerveux et les bouillonnements de feu et de larmes de Diderot. […] Berchoux, l’auteur du poème de La Gastronomie et de La Danse ou les dieux de l’Opéra, était aussi un homme d’esprit et gai.

486. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

M. de Chateaubriand, à plus de trente années de distance, réimprimant son Essai sur les Révolutions et se jugeant çà et là dans de courtes notes comme entièrement désintéressé dans la question, a pu sembler quelquefois usurper les prérogatives de ce chatouilleux public qui se pique de classer œuvres et gens à sa guise, et de ne pas accepter un jugement tout fait d’un auteur sur lui-même. […] Il y a quelques jours, pour exhorter à l’histoire et détourner des vagues rêveries la jeunesse, il lui échappait, à propos de l’auteur d’Adolphe, une sortie sans motif contre la lâcheté d’Obermann que personne ne songeait à proposer en exemple, et il se trouvait ainsi injurieux à son insu, injuste envers un moraliste rigoureux qui cherche à sa manière, dans ses voies obscures, l’utilité et le bien des hommes. […] Lerminier contre cet auteur profond, il aurait mentionné avec quelque détail le mystique précurseur et, je crois même, inspirateur de De Maistre. […] Lerminier, c’est que ce livre nous ayant paru le meilleur, le plus ferme et le mieux exprimé de ceux qu’il a produits jusqu’ici, nous avons cru le moment propice à quelques conseils que notre admiration pour la rare faculté de l’auteur et notre confiance en son avenir feront peut-être agréer de lui, mais que du moins il nous pardonnera. En terminant dignement toute la première partie de l’œuvre de l’auteur, la partie d’essai, de revue critique, d’introduction et de prolégomènes, l’ouvrage présent donne de belles assurances pour le développement qui doit suivre.

487. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Poirier (1854), qui met aux prises deux types si vrais de bourgeois enrichi et de noble ruiné ; dans les Lionnes pauvres (1858), où l’honnête Pommeau et sa femme forment un couple digne de Balzac, et nous offrent le tableau des ravages que l’universel appétit de richesse et de luxe peut faire dans un modeste ménage ; dans Maître Guérin (1864), enfin, qui, malgré son sublime colonel, est peut-être l’œuvre la plus forte de l’auteur par le dessin des caractères : ce faux bonhomme de notaire, qui tourne la loi et qui cite Horace, gourmand et polisson après les affaires faites, cette excellente Mme Guérin, vulgaire, effacée, humble, finissant par juger le mari devant qui elle s’est courbée pendant quarante ans, cet inventeur à demi fou et férocement égoïste, qui sacrifie sa fille à sa chimère, ces trois figures sont posées avec une étonnante sûreté ; Guérin surtout est peut-être le caractère le plus original, le plus creusé que la comédie française nous ait présenté depuis Molière : Turcaret même est dépassé. […] La contradiction des deux œuvres n’est qu’apparente ; si l’auteur semble changer de principe, c’est que les espèces ne sont pas les mêmes : l’amour absent dans un cas, présent dans l’autre, détermine la sévérité ou l’indulgence de l’auteur. […] Parfois, en dépit du très habile emploi de tous les ressorts dramatiques, on croit n’avoir pas devant soi une image de la vie : l’abstraction l’emporte, et la pièce s’écoute, en dépit des acteurs, comme un dialogue moral ; l’accent de l’auteur domine dans toutes les voix des personnages. […] Et je n’en veux pour preuve que le jugement porté par l’auteur sur les actes de ses personnages : il s’en faut que nous en estimions comme lui la valeur morale ; l’écart est précisément d’autant plus grand que nous les prenons davantage comme individus réels, astreints aux infirmités, aux incertitudes, aux délicatesses des réelles consciences. Pour l’auteur, ils sont des symboles, purs représentants de l’absolu ; reprochera-t-on à des symboles d’être arrogants, indiscrets, brouillons, brutaux ?

488. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Prenant des notes, dégageant les principes, m’efforçant surtout d’atteindre la sensibilité et la tournure d’esprit des auteurs, je ne me suis décidé à publier mon Art d’écrire que sur les très vives instances de mes amis. […] Prenant des notes, dégageant les principes, m’efforçant surtout d’atteindre la sensibilité et la tournure d’esprit des auteurs, je ne me suis décidé à publier mon Art d’écrire que sur les très vives instances de mes amis. Je suis ravi que ma tentative fisse réfléchir mes adversaires ; pour moi, ce sont les auteurs classiques, lus pendant dix ans, qui m’ont fait réfléchir, et c’est pour cela que je crois avoir dit les seules choses qu’il y avait à dire et qu’on n’avait pas dites. […] Albalat, dont l’Art d’écrire… eut un réel et mérité succès, auteur de la Formation du style, qu’il s’agit pour M. de G… de réfuter. […] Albalat ne veut pas limiter, — en quoi il aurait tort, — le style au pastiche adroit ; non, il ne compte pas nous faire acquérir un style inspiré des auteurs illustres.

489. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

L’auteur du Marquis de Grignan n’a, lui, ni orgueil blessé, ni basse envie, ni ressentiment, ni mauvais sentiment quelconque contre la société de Louis XIV, contre cet ancien régime que tant de lâches historiens, qui l’ont fusillé et enterré, déterrent comme les bleus déterrèrent Charette, pour le refusiller encore !   […] Nous sommes bien loin ici du sérieux qu’il fallait à l’auteur quand il réclamait pour la gravité méconnue du cardinal de Bernis. […] L’auteur s’est transformé avec son sujet. […] Et c’est ainsi que ce livre très inespéré de Frédéric Masson sur un inconnu, le marquis de Grignan, a produit un autre inconnu plus étonnant encore que l’inconnu du livre, et c’est son auteur ! […] Du moins, il a fait un tableau du mariage du marquis de Grignan et du supplice de la malheureuse qu’il a épousée, et qui, pour l’avoir sauvé de la ruine, passa sa vie dans l’abandon et dans le mépris ; et ce tableau, digne d’un romancier, semble en promettre un… Quoiqu’il en puisse être, ces facultés d’imagination et d’observation dont le livre que voici a révélé l’existence dans un auteur qui avait paru moins brillamment et moins richement doué, ces facultés, qui ont donné à ce livre nouveau un genre de piquant qu’on n’était pas accoutumé de trouver en un livre d’histoire, prendront-elles assez de développement et de place dans la tête du mâle auteur du Cardinal de Bernis, pour l’entraîner un jour hors d’une voie marquée par un livre si ferme et si exclusivement historique, ou continuera-t-il de les consacrer à l’histoire ?

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