Sans m’attacher à prouver cette assertion, il me suffira d’observer que l’esprit du clergé catholique, qui s’est emparé de tout temps de l’instruction publique, est entièrement opposé aux progrès des lumières et de là raison que tout favorise dans les pays protestants, et qu’il ne s’agit pas dans cette question d’examiner s’il n’a pas existé dans les pays catholiques de très-grands hommes depuis la renaissance des lettres ; mais si le grand nombre, si le corps de la nation est devenu plus éclairé et plus sensé : car le privilège du petit nombre de grandes têtes consiste à ne pas ressembler à leur siècle, et rien de leur part ne peut faire loi.
En vain lui reprochera-t-on que sa traduction manque d’une justesse rigoureuse, si on ne lui fait voir qu’il pouvait conserver cette justesse sans rien perdre du côté de l’agrément ; en vain prétendra-t-on qu’il n’a pas rendu toute l’idée de son auteur, si on ne lui prouve qu’il le pouvait sans rendre la copie faible et languissante ; en vain accusera-t-on sa traduction d’être trop hardie, si on n’y en substitue une autre plus naturelle et aussi énergique.
Les géologues prouvent fort bien que nos continents sont nouveaux ; et c’est depuis bien peu de temps aussi que nous avons perdu les traditions orales ; car l’histoire n’est, encore à présent, pour les premières origines de tous les peuples, que ces traditions écrites, la prose substituée à la poésie.
Delacroix, qui dans ses études sur le mysticisme a déjà annexé à l’étude de l’homme un domaine jusqu’ici trop abondonné, entamera, comme le prouve son livre d’aujourd’hui, son sujet avec un esprit plus ouvert et plus souple.
C’est à elle que Louis XIV dut les principales qualités de son âme ; cette droiture, ennemie de la dissimulation, et qui ne sut presque jamais s’abaisser à un déguisement ; cet amour de la gloire qui, en élevant ses sentiments, lui donnait de la dignité à ses propres yeux, et lui faisait toujours sentir le besoin de s’estimer ; cette application qui, dans sa jeunesse même, fut toujours prête à immoler le plaisir au travail ; cette volonté qui savait donner une impulsion forte à toutes les volontés, et qui entraînait tout ; cette dignité du commandement qui, sans qu’on sache trop pourquoi, met tant de distance entre un homme et un homme, et au lieu d’une obéissance raisonnée, produit une obéissance d’instinct, vingt fois plus forte que celle de réflexion ; ce désir de supériorité qu’il étendait de lui à sa nation, parce qu’il regardait sa nation comme partie de lui-même, et qui le portait à tout perfectionner ; le goût des arts et des lettres, parce que les lettres et les arts servaient, pour ainsi dire, de décoration à tout cet édifice de grandeur ; enfin, la constance et la fermeté intrépide dans le malheur, qui, ne pouvant diriger les événements, en triomphait du moins, et prouva à l’Europe qu’il avait dans son âme une partie de la grandeur qu’on avait cru jusqu’alors n’être qu’autour de lui.
Mais ne pensez-vous pas que c’est être aussi bien dur que de vouloir prouver à ce que vous appelez la littérature facile qu’elle ne sait même pas faire les choses les plus faciles, pas même écrire un roman, pas même inventer un conte ? […] — Et voilà certes ce qui prouve que cet homme avait bien de l’esprit, en effet, c’est qu’on a pu ramasser tous ces fragments, les coudre ensemble, les coller sur la même page, dans le même livre, et que, nonobstant toutes ces préparations, cela est resté du bel et bon esprit. […] Ce qui prouve bien la nécessité et l’utilité de cette chronique ! […] Allez donc arracher les jeunes gens de ces hauteurs, leur prouver le danger des fables dont on les berce, et enfin leur démontrer, vous seul contre tous, la vanité du seul orgueil légitime de ce monde, l’orgueil de la jeunesse, cet immense triomphe du jeune homme qui se dit : « L’avenir est à moi, je n’ai que vingt ans ! […] Quelle oraison funèbre plus touchante, et quelle louange plus méritée et qui prouve avec plus d’évidence que tout ne se fait pas par le destin !
Heureux si, dans ce travail respectueux et sincère, nous prouvons aux admirateurs, je dirai presque aux coreligionnaires de l’auguste et vertueux théoricien, que nous ne l’avons pas méconnu, et si en même temps nous maintenons devant le public impartial les droits désormais imprescriptibles du bon sens, de la libre critique et de l’humaine tolérance ! […] Je ne donnerai ici qu’un passage décisif en ce qu’il prouve que l’auteur, à ce moment, n’était point encore du tout revenu des idées généralement courantes sur le pacte ou contrat social : « Sans doute, messieurs, tous les hommes ont des devoirs à remplir ; mais que ces devoirs sont différents par leur importance et leur étendue ! […] « Je l’entendis, ce curé d’Embremenil, le 16 février 1793, lorsqu’il se donna tant de peine dans la cathédrale de Chambéry pour nous prouver que l’Église constitutionnelle était catholique. […] Un troisième et remarquable aspect qui, dans les Considérations, se rattache au précédent, et qui prouve à quel point l’auteur avait bien vu, c’est le nombre de conjectures, de promesses, et même de prédictions qui se sont trouvées justifiées.
Après avoir prouvé que Molière n’avait point vécu comme Bourdaloue, ni Bourdaloue comme Molière, M. […] Notre confrère Lapommeraye s’est évertué à prouver contre M. […] Il veut être aimé, et au lieu d’aimer lui-même et de prouver son amour, ce qui est la seule voie, il ennuie sa maîtresse de sermons ; il va se battre avec un couteau de bois contre des ennemis qui ont des canons. […] Je n’aime que les vérités de bon sens, celles qui se peuvent prouver par raisonnement certain, et qui sont aussi claires que la lumière du soleil. […] Ce que répond Éliante, c’est ce que pensent toutes les mères de famille ; il est vrai que la plupart du temps elles ne l’avouent point à leur fille ; cette discrétion prouve qu’il leur reste encore un peu de pudeur.
Ils n’avaient pas seulement le démon de l’ennui et de la délectation morose, comme suffirait à le prouver le sinistre Escurial opprimé par ses murs de granit. […] Cette observation d’une ironie facile ne prouve point cependant qu’il ait complètement échoué dans sa propagande. […] Il prouve que la philosophie de la nécessité n’exclut aucunement la notion de santé physique et morale. […] Cela prouve qu’il avait des opinions très arrêtées en littérature. […] Ils les critiquent volontiers, sans ménagements, mais prouvent ainsi qu’ils ne les tiennent point pour négligeables.
Claude Debussy eut une autre idée de son rôle ; il vient de nous prouver qu’un « musicien dramatique » n’est pas fatalement moins qu’un musicien, mais peut, doit être davantage. […] le poète aura suffisamment prouvé la qualité de son intention première ; il ne veut plus de sacrifice ! […] Il nous prouve sans cesse que composition peut égaler création. […] Et certes, ainsi que l’a prouvé M. […] Bouvard et Pécuchet après l’Education sentimentale nous prouve qu’il rêvait d’y échapper, par un assouplissement, une extension de la forme, qui est dans le caractère même du « roman » et dont tant d’écrivains russes et anglais, et Stendhal, et Balzac nous ont donné l’exemple.
Son administration prouve très-bien que, pour gouverner à la satisfaction de tout le monde, il ne suffit pas d’être vertueux. […] Son testament, qu’on répandit après sa mort, dans toute l’Europe, le prouve bien. […] Pour leur prouver qu’il étoit en état de disputer de stile avec eux, il composa, contre la gent franciscaine, une satyre intitulée, le Sommeil. […] L’exemple des solitaires de la Thébaïde, qui ne connoissoient que la contemplation & le travail des mains, ne prouve rien. […] Ils annoncent véritablement des chrétiens ; mais prouvent-ils d’une manière indubitable que ces chrétiens soient au rang des saints ou des martyrs ?
Ainsi pensait, nous l’avons vu, l’auteur des Confessions ; et il semblait que sa fortune eût prouvé la vérité de son paradoxe. […] Parce qu’elle a cru trouver dans la Profession de foi du vicaire savoyard un fondement inébranlable à ses espérances de progrès, c’est pour cela qu’au lendemain de la Terreur, Mme de Staël a écrit tout un livre, pour y prouver « que la raison et la philosophie acquéraient toujours de nouvelles forces à travers les malheurs sans nombre de l’espèce humaine ». […] Ce qui suffirait à prouver la filiation ou la succession, non seulement chronologique, mais logique, c’est que lorsque La Littérature, 1800, et le Génie du christianisme, 1802, paraissent, on commence bien, a la vérité, par les opposer l’un à l’autre, et Fontanes, quoique pourtant il ne soit pas encore le grand maître de l’Université napoléonienne, plaisante assez aigrement Mme de Staël sur sa chimère de « perfectibilité indéfinie ». […] Que, si Stendhal ne les a pas dégagés nettement, il a fourni pourtant au romantisme trois des principes essentiels de son esthétique ; — lesquels sont, et sans parler d’une orientation générale de la curiosité vers des littératures étrangères : — 1º le Principe de l’équivalence des arts ; — ou du perpétuel échange que la poésie, la peinture et la musique peuvent faire de leurs « moyens » ; — et conséquemment de leurs effets ; — 2º le Principe de la représentation du caractère comme objet essentiel de l’art ; — en tant que le caractère est l’expression du « tempérament » physiologique des individus ; — et des peuples ; — et 3º le Principe de la glorification de l’énergie ; — si son admiration pour Napoléon ; — pour l’Italie ; — et pour l’Angleterre prouve essentiellement sa sympathie pour la résistance des individus aux conventions et aux lois de la société. — Il est aussi l’un des premiers qui aient fait de la « culture du moi » la loi du développement de l’artiste. […] Les Femmes qui tuent et les Femmes qui votent], 1880, — ou encore La Question du divorce, 1881. — Ramenées ou réduites à l’optique du théâtre, il tranche trop aisément des difficultés ; — dont il n’a pas vu la complexité. — Mais il n’en a pas moins rendu un service considérable, — rien qu’en passant lui-même, franchement et résolument du « naturalisme » à l’« idéalisme » ; — sans effort, et par le seul mouvement du progrès de ses réflexions. — L’un des premiers en son temps, — et depuis Les Idées de madame Aubray jusqu’à Francillon, — il a rattaché l’un à l’autre l’art et la vie, — qu’on voulait séparer. — Et sans doute, on doit regretter que de tout son théâtre, — ce qui durera sans doute le plus longtemps ce soient ses drames « réalistes », — mais l’accident ne prouve rien ni contre son talent d’auteur dramatique, — ni contre les pièces à thèse, — ni contre la générosité de son effort, — et encore bien moins contre cette idée — plus que jamais aujourd’hui répandue, — que l’art a « une fonction sociale ».
Il prouve une maîtrise de soi, vraiment caractéristique. […] Et ce prouve un lucide envisagement du futur. […] Saint-Georges de Bouhélier qui est surtout un sensitif, néglige dans ses pages toute discussion abstraite, pour des paroles passionnées et didactiques ; il nous enseigne par des cris, des sensibilités, et son verbe qui frissonne plein de sève et de vie n’essaie pas de prouver, il séduit, il conquiert.
Tant de chef-d’œuvres parvenus jusqu’à nous d’âge en âge, & qui font depuis tant de siècles les délices & l’admiration des gens de Lettres, vraiment dignes de ce nom, prouvent bien la supériorité des Grecs & des Romains ; & si leurs langues sont devenues celles du monde savant, c’est moins encore par leur beauté, leur richesse & leur énergie, que par le génie, le goût, le naturel & le sublime, qui brillent dans les ouvrages immortels que ces grands hommes nous ont laissés. […] Cette vie errante, qui ressembloit assez à celle des anciens Poëtes Grecs, n’avoit rien de deshonorant ; mais elle prouve que de tout temps, les favoris des Muses n’ont jamais été ceux de la fortune. […] « l’expérience faite le 16 Août 1771 dans le laboratoire du sieur Rouelle, Démonstrateur de Chimie au Jardin Royal, par laquelle il a été prouvé que le diamant s’évapore au grand feu, & s’y volatilise tout entier, sans laisser dans le creuset aucune trace de matière ».
Un procès-verbal prouve que dans la seule paroisse de Vaux, près de Meulan, les lapins des garennes voisines ont ravagé huit cents arpents cultivés et détruit une récolte de deux mille quatre cents setiers, c’est-à-dire la nourriture annuelle de huit cents personnes. […] Ceci est prouvé par les registres de la capitation, qu’on payait au domicile réel.
Ce mot indigné de Brutus contre la partialité de la Providence en faveur des méchants prouve que Brutus n’était pas encore assez philosophe. […] Deux chapiteaux et deux tronçons de colonnes doriques viennent d’être exhumés des décombres ; ils prouvent qu’une certaine élégance attique avait pénétré avec l’ami de Mécène jusque dans ces cantons reculés.
vraiment, quand vous auriez autant de trésors qu’en pourrait désirer une femme intéressée, vous n’auriez pas de quoi payer seulement une des petites pattes de mon chien, et pour vous prouver que je dis la vérité, venez au moins avec moi », dit-il à la nourrice en la tirant à part. […] Conserver son sang-froid comme l’Arioste, entre le rire et les larmes, entre l’enthousiasme et la moquerie, c’est prouver qu’on ne s’intéresse assez ni aux amours, ni aux héroïsmes, ni aux infortunes, ni aux déceptions du cœur humain ; c’est prendre la vie gaiement.
Il me fallait voir le Pape à tout prix, et lui prouver au moins ma bonne volonté. […] Il lui dit donc que, dans cette matinée, les cardinaux avaient prouvé que leur puissance était plus grande que celle du pape.
La France y ramènera par sa loyauté mieux prouvée l’Angleterre et l’Espagne, ou bien elle agira seule avec des forces prépondérantes ; l’Amérique espagnole sera protégée, les États-Unis seront réprimés, l’Espagne et l’Angleterre seront ramenées, et cette grande entreprise sera l’honneur de ce siècle en Europe et l’honneur de la France dans l’Amérique espagnole. […] J’essayais de lutter contre elle ; et les constantes réparations qu’exigeaient mes oiseaux empaillés, la teinte fauve et terne qui décolorait leur beau plumage prouvaient que la mort était plus forte que moi.
« L’exemple des hommes politiques, dit-il, prouve jusqu’à l’évidence que l’individu pèse pour quelque chose dans la détermination sociale et qu’il n’est pas l’instrument aveugle, l’esclave de la société qui le dépasserait toujours de beaucoup. […] Ce fait indéniable prouve bien non seulement qu’il n’y a aucune antinomie profonde entre l’individu et la société, mais que leur séparation ne peut être conçue14. » — Qui ne voit que cette solution de l’antinomie est un pur trompe-l’œil et qu’elle aboutit simplement à nier l’individu et à l’absorber dans le déterminisme social ?
Michelet, ému jusqu’aux entrailles dans la personne de cette petite Mme Robert, se risque à protester contre le portrait déshonorant qu’en fait Mme Roland dans ses Mémoires, — « ce qui prouve, ajoute-t-il mélancoliquement, que les plus grands caractères ont leurs misères et leurs faiblesses ! […] Michelet sait bien, au fond de sa conscience d’historien (et les embarras de son livre, et le vague tourment de sa pensée dans les conclusions de ce livre, le prouvent avec éloquence), que ce n’est pas aux femmes de la Renaissance qu’une société, qui fut chrétienne, peut rester aujourd’hui, sans périr !
Il me reste à le prouver, et à ne pas dissimuler non plus le côté grave, audacieux, profondément agressif, qui se décèle dans quelques parties du Roman de Renart, dans les parties les plus allégoriques et les moins aimables.
Dans le dernier discours sur Jouffroy, il me semble avoir sacrifié plus que d’ordinaire à la mise en scène ; il y a mêlé un but étranger au sujet même qu’il étudiait ; il a voilé en un sens et drapé son personnage ; il a pris parti, plus finement qu’il ne convient, pour la malice et la rancune des grands sophistes et des grands rhéteurs dont l’histoire sera un jour l’un des curieux chapitres de notre temps, intolérants et ligués comme les encyclopédistes, jaloux de dominer partout où ils sont, et qui, depuis que l’influence décidément leur échappe, s’agitent en tous sens pour prouver que le monde ne peut qu’aller de mal en pis.
Les classiques d’alors s’attachaient à prouver, par toutes sortes de raisons techniques et de considérations d’atelier, que ces régions supérieures des Alpes étaient essentiellement impropres à être reproduites sur la toile et à devenir matière de tableaux.
Honneur donc et respect à ceux qui à certains jours, ont prouvé qu’à quelques égards et à quelque degré ils étaient, eux aussi, de cette austère et souveraine famille d’inventeurs !
Dans un piquant dialogue entre Semblançay, surintendant des finances de François Ier, et l’abbé Terray, dernier contrôleur général sous Louis XV, il s’applique à prouver que François Ier était plus riche avec un revenu d’environ seize millions que Louis XV, avec ses trois cent soixante-six millions.
Après quarante ans d’une lutte glorieuse, durant laquelle fortes de leur droit, de leur patriotisme et de leur conscience, elles avaient tenu en échec la toute-puissante monarchie espagnole et prouvé leur souveraineté à la face du soleil, les Provinces-Unies de Hollande, lasses enfin, aspiraient à la paix.
Il est bien prouvé que de même qu’on a dit qu’un peu de philosophie et de science éloigne de la religion et que beaucoup de philosophie y ramène, de même il y a un degré de poésie qui éloigne de l’histoire et de la réalité, et un degré supérieur de poésie qui y ramène et qui l’embrasse.
L’exemple même de Raphaël dans ce portrait de Léon X prouverait, au besoin, qu’il ne faut pas craindre de représenter les physionomies des personnages au naturel ; et ceci me rappelle une esquisse d’un prince de l’Église, du cardinal Maury, par M.
[NdA] Depuis que ceci est écrit, on m’a fait connaître une pièce qui prouve que la prétention de la ville de Moulins à revendiquer la naissance de Villars est un droit désormais authenlique.
» Et cependant Rousseau eut jusqu’à la fin des moments de bonheur et d’intime jouissance ; il aimait, il sentait trop vivement la nature pour haïr la vie ; et s’il était besoin d’un témoignage pour prouver que la vie, somme toute, est bonne, si après le bûcheron de La Fontaine, après l’heureux Mécénas, après l’ombre d’Achille qu’Homère nous a montrée dans la prairie d’Asphodèle redésirant à tout prix la lumière du jour, il fallait quelqu’un qui renouvelât ce même aveuaa, ce n’est pas à un autre qu’à Rousseau, à cet aîné de Werther, à cet oncle de René, que nous l’irions demander.
., prouvent que la fermeté du ton n’exclut pas chez lui une certaine variété.
Il connaissait sa carte de France « comme le parc de Versailles. » Tout cela, avec bien d’autres particularités que j’omets, est fait pour intéresser, et prouve qu’on a affaire ici à un enfant précoce, à un enfant célèbre.
Il prouvait que l’ennui lui-même a son prestige.
Le prix extrême que j’attache à votre suffrage vous prouvera mieux que toutes les phrases ce que je pense de vous, etc. » Mais apparemment, le spirituel écrivain qu’on caressait de la sorte et qu’on espérait amadouer, ne répondit pas à l’appel ou n’y répondit que par quelques coups de plume sincères : inde iræ.
Il n’est pas moins vrai que quand j’ai détaché de son livre la figure de ces deux gracieux enfants qui s’aiment sans se rendre compte et qui ne savent comment se le prouver, quand j’ai reconnu que Daphnis et Chloé ne sont pas morts et ne mourront pas, qu’ils recommencent à chaque génération d’adolescents, sous tous les régimes et à travers tous les costumes, qu’ils préexistent confusément et résistent à toute éducation comme la nature elle-même, je n’ai guère plus rien qui m’intéresse, et je rencontre bien des accessoires qui me choquent.
Le ministre de l’Instruction publique, M. de Salvandy, lui écrivit, tout électrisé, au sortir de la séance : « Monsieur, je double le prix… Je regrette de ne pouvoir mieux vous prouver l’estime que m’ont inspirée vos patriotiques vers : eux aussi semblent sculptés en granit. » Sur des sujets moins ambitieux et moins solennels, Boulay-Paty avait pendant des années remporté toutes les formes et les variétés de prix que l’Académie des Jeux floraux peut décerner : ces fleurs artificielles (souci, églantine, amarante, etc.), étaient rangées chez lui et conservées sous verre, chacune dans son bocal.
Renan (dans la séance du 29 mars 1867), et, l’année d’après (le 7 mai 1868), à propos de son discours sur la loi de la presse, prouve bien que le Sénat (si j’en excepte M. de La Guéronnière) ne s’intéressait que pour les étouffer à ces questions de livres et de journaux.
« Le rôle qu’il joua à cette armée prouva que, si beaucoup de généraux du second rang s’éclipsent au premier, un génie supérieur ne peut rien quand il est forcé de remettre aux autres le soin d’apprécier ses projets et de les exécuter. » Jomini.
Un danger présent a pu contraindre le peuple à retarder son injustice ; une mort prématurée en a quelquefois précédé le moment ; mais la réunion des observations, qui font le code de l’expérience y prouve que la vie si courte des hommes, est encore d’une plus longue durée que les jugements et les affections de leurs contemporains.
Par ennui et besoin d’excitation, par vanité et pour se prouver sa dextérité, on se plaît à tourmenter, à faire pleurer, à déshonorer, à tuer longuement.
Mon récit paraissait vivement les intéresser, et, s’ils m’interrompaient, c’était pour m’adresser des questions d’une remarquable naïveté et qui prouvaient que, dépourvus de toute notion, même superficielle, sur les sciences et les voyages, ils étaient aussi ignorants sur ces matières que pouvaient l’être de vieux rentiers au Marais. » Note 5.
De cette façon, l’unité du livre a été prouvée, et les deux idiomes se sont complétés ou éclairés l’un par l’autre.
Il a compris les idées qui s’échangeaient à sa table ; la façon dont il les réduit en système le prouve.
Il y aurait fort à dire sur le dessein philosophique de l’essai : Mme de Staël entreprend de prouver, ou du moins affirme avec constance que la liberté, la vertu, la gloire, les lumières ne sauraient exister isolément : elle tient pour acquis que les grandes époques littéraires sont des époques de liberté.
Je m’y emploie par délassement et pour me prouver, comme votre Baudelaire le faisait avec plus de génie, que je ne suis pas inférieur à mes contemporains que je méprise.
Et cela n’était pas chez lui un principe théorique, une doctrine plus ou moins prouvée et qu’il cherchait à inculquer aux autres.
Il est assez difficile aujourd’hui, d’après l’état incomplet des documents, de se faire une idée très précise du caractère de Mme de Mondonville ; mais tout ce qu’on sait prouve, encore une fois, que ce dut être une personne d’une haute distinction, d’un caractère ferme, élevé, née pour le commandement, et d’une grande habileté de domination.
c’est une douce chose », s’écrie-t-elle en un endroit, et elle prouve de reste qu’elle s’y complaît.
À propos de la guerre d’Espagne, quand elle apprit la délivrance du roi Ferdinand par l’armée française, elle s’écria : « Il est donc prouvé qu’on peut sauver un roi malheureux !
À la bravoure et à l’amour de la gloire, naturels aux Français, ils joignaient un grand respect pour la discipline, et une confiance sans bornes en leur chef, premiers éléments du succès… Les soldats d’aujourd’hui marchent dignement sur les traces de leurs devanciers ; et le courage, la patience, l’énergie qu’ils ne cessent de montrer dans la longue et pénible guerre d’Afrique, prouvent que toujours et partout ils répondront aux besoins et aux exigences de la patrie.
Cette réfutation, qui s’est fait attendre, prouverait seule combien l’article a touché juste.
Car cette nouveauté et cette rareté prouveront aux snobs, si leur jugement est ratifié, la perfection de leur goût, tandis qu’en raison de la difficulté du jugement à porter, il leur sera permis de rejeter l’insuccès sur la bassesse du vulgaire.
Celui-ci, qui ne possède encore aucun plan organique, aura tout avantage à se concevoir autre qu’il n’est, à mettre à profit les expériences des autres groupes déjà constitués, car il abrège, par cet expédient, la lente période de formation par laquelle ces groupes ont dû passer avant de parvenir à l’état organique, il s’épargne mille vains essais ; du premier coup, il use d’un système qui déjà a prouvé son efficacité à faire vivre des hommes en société.
Rien ne prouve mieux l’insuffisance du principe matérialiste et sensualiste que ce progrès spontané et régulier de la pensée qui conduit un Biran et un Cabanis29 à s’élever d’eux-mêmes au-dessus de leurs propres principes jusqu’à une philosophie plus délicate et plus haute.
L’expérience avait pourtant prouvé tous les dangers de cette méthode qui, en permettant de construire arbitrairement les systèmes que l’on discute, permet aussi d’en triompher sans peine.
Cela fait, et quand vous m’aurez prouvé que tout est bien faux et bien niais dans ces principes, qu’il n’y a plus que les « badauds » qui s’arrêtent devant sans hausser les épaules, — je m’empresserai de donner mon buste de Hugo à mon portier.
Ces études sont très intéressantes ; elles ne se peuvent faire un peu sérieusement qu’à la lecture ; cela même prouve qu’il faut lire les pièces de théâtre ; les pièces de théâtre se relevant au-dessus ou s’abaissant au-dessous de la représentation à la lecture que l’on en fait.
Les fausses religions elles-mêmes révèlent et prouvent les principes de la vraie religion : toutes les fois, par exemple, que, dans le polythéisme, un homme a rencontré le sentiment de l’amour, il a rencontré le christianisme, et il a été ce que Tertullien appelait une âme naturellement chrétienne.
La méthode prouve d’abord que Dieu existe, puis qu’il crée le monde avec sagesse, et enfin, qu’il couronne son ouvrage en faisant l’homme.
Hégel a prouvé que les exceptions apparentes rentrent dans la règle générale.
Elle ne prouve nullement que sa théorie de l’art dramatique fût beaucoup plus large que celle de Boileau. […] Perrichon. — Cela prouve donc que l’idée est assez générale et assez riche pour se prêter aux applications les plus variées. […] Francine devait être la maîtresse du beau garçon rencontré à l’Opéra, et le dire, et le prouver, et croire qu’elle a bien fait. […] L’exemple a été donné dès longtemps ; mais qu’est-ce que cela prouve contre l’auteur ? […] Cela prouve enfin (songez donc !
Il a prouvé qu’il comprenait sévèrement ses nouveaux devoirs. […] Le paysage de Jocelyn est là pour le prouver. […] Comment se prouver à soi-même qu’on n’est pas la dupe d’une illusion ? […] Son tableau du seizième siècle et ses Portraits prouvent assez, quoique diversement, ce que j’avance. […] car ceci prouve que la fable est logique.
Glesener le prouve. […] Deuxièmement, rien ne prouve que, sous le nom de Gynnis, Chénier désigne ce Gennot. […] Ses papiers, tels que désormais nous les connaissons, prouvent la merveilleuse activité de son génie, sa fougue, sa passion de liberté. […] Et son originalité, qui prouve la puissance de son esprit, ce fut d’être cet Encyclopédiste parmi les savants très difficiles, d’être l’un d’eux, et non le moins fervent, mais le moins jaloux : il ne gardait pas pour lui les subtils plaisirs de la pensée. […] Le gouvernement fut mal inspiré (l’événement le prouve assez), lorsqu’il ne se contenta point des assurances que lui donnait le prince Antoine et réclama les assurances du roi Guillaume.
Ses constants retards, d’ailleurs, prouvaient à Mariolle combien peu d’empressement la poussait à ces rencontres. […] Ce qui prouve, soit dit en passant aux gens qui ne savent pas cette grammaire que peuple et populace ne sont point synonymes. […] Sa mémoire ne s’en porte pas plus mal, et le livre qui vient de paraître prouvera l’injustice de ceux qui, maltraités par les épigrammes de l’auteur des Guêpes, ont été jusqu’à contester son talent. […] N’ayant pas de quoi payer la place du petit, j’avais dû le porter sur mes genoux pendant toute la route en suspendant un mouchoir à mes reins ; mes bras étaient trop fatigués… » J’arrête là mes citations relatives à Charles ; elles ont servi à prouver que dans la vie de Déjazet le dévouement et l’amour maternel ont tenu la plus grande place. […] Lamartine, je l’ai prouvé, ne l’était pas assez.
Je n’en veux recueillir ici qu’une seule, qui prouve, une fois de plus, combien l’histoire ressemble à un conte des Mille et une Nuits. […] Si, près de succomber, Élisabeth n’oppose à Otto, comme dernière défense, que ses serments, reçus par Robert devant Dieu, un vertige la saisit, et la nuit se fait autour d’elle, quand Otto lui répond que Dieu n’est pas et que Robert le prouve. […] L’athée rejette l’explication suprême que nous donnons du monde, de ses phénomènes et de ses lois, soit parce qu’elle ne lui semble pas suffisamment prouvée, soit parce qu’elle répugne, selon lui, à la nature de ces lois et de ces phénomènes. […] Qu’est-ce que cela prouve ? […] Des arguments qui renversent les nôtres, l’athée en produit quelquefois ; cela prouve que nos arguments ne sont pas toujours bons.
Au sens de ces hommes sérieux, les critiques de profession blessent le poète, ils impatientent le lecteur ; leur goût consiste absolument à n’avoir pas le goût de tout le monde ; ils imposent leur volonté à la foule obéissante, à regret obéissante ; ils brisent ce que le public adore, ils relèvent ce qu’il a brisé ; quand ils devraient donner la force et le courage aux artisans de la belle gloire, ils s’appliquent, au contraire, à leur montrer l’obstacle, à leur faire sonder l’abîme, à leur prouver qu’ils tentent l’impossible. […] Il faut respecter le vestibule, a dit un critique ; il faut étudier les maîtres, avant d’aller aux disciples ; il faut prouver que l’on sait aimer, comprendre et admirer certaines beautés des chefs-d’œuvre, si l’on veut, plus tard, conquérir le droit de critiquer les œuvres qui viennent à la suite. […] Or, voilà tout ce que Molière a voulu prouver contre Alceste. […] À aucun prix je ne voudrais dire à une femme : — Vous êtes laide, vous êtes mal faite, votre voix est aussi rauque que votre main est rouge, si, au bout du compte, il n’y a pas quelque parti possible à tirer de cette femme, comme, par exemple, de faire d’une reine triviale, une confidente passable ; de changer une ingénue en mère-noble, et de prouver victorieusement à Madame la confidente qu’elle serait une très bonne ouvreuse de loges — et toujours ainsi jusqu’à la fin. […] ces mœurs d’une race évanouie et d’une grâce exquise ; ces passions à fleur de peau, cette façon de tout prouver, et surtout l’impossible, ces petits sentiments qu’un souffle emporte, ce dialogue à demi-voix, cet intérêt, si facilement éconduit quand on vient à s’en fatiguer par hasard ; cette piquante causerie de gens aimables qui n’ont rien à se dire ; toutes ces exceptions brillantes d’un monde qui ne peut plus revenir, sont déjà loin de nous, à ce point que nous ne pouvons plus dire si c’est là une comédie qui appartienne à nous seuls.
Barthélémy Saint-Hilaire, ami de ses fils, et qui avait vécu dans sa maison sous la même discipline, lui dédiât sa Politique d’Aristote (1837), et en des termes qui se gravent et ne s’effacent plus ; voici en partie cette dédicace qui prouve quelle idée, quelle empreinte ce père de M. […] Ce que j’ai reçu de témoignages en sa faveur depuis huit jours, de la part de médecins distingués et d’hommes de science que j’avais à peine l’honneur de connaître, me prouve combien ses confrères de l’Académie de médecine sont heureux et fiers de le posséder.
Il sentait bien, a-t-on remarqué finement, qu’il ne serait pas croyable que tant de gens lui eussent manqué à la fois, s’ils avaient pensé et agi séparément : admettant donc comme un fait prouvé le mauvais vouloir et le tort des gens contre lui, il fut conduit par la logique même à l’idée de complot. […] Elles ajoutent peu à la connaissance de Mme de Verdelin ; mais, en ce qui est de Rousseau, elles m’ont prouvé qu’en certains endroits j’aurais pu accentuer davantage et marquer plus vivement sa reconnaissance bien sincère envers son ancienne voisine ; il s’y découvre chez lui un côté plus ouvert et plus habituellement attendri qu’on n’oserait le supposer d’après le résultat final.
La pièce qui porte cette adresse, très-belle, mais assez amère, et où il exprime ses plaintes encore plus que ses espérances, semble prouver qu’il n’avait guère prospéré dans l’intervalle, et que la confraternité d’études avec Ptolémée Philadelphe ne lui avait pas beaucoup profité. […] Lycidas, comme sa chanson le prouve et toute sa belle humeur, est évidemment bien plus un poëte qu’un amoureux ; il se console aisément de l’objet absent avec ses chères déesses.
Raynouard est donc aujourd’hui ruinée ; il demeure bien prouvé que la langue d’oïl est la sœur, et non la fille de la langue d’oc, et une sœur qui n’est nullement cadette. […] Pourtant l’on rencontre quelques exceptions, c’est-à-dire quelques cas qui prouvent qu’au moment de la transformation, les populations accentuaient certains mots, déformés déjà, autrement que ne faisait la latinité : rogitus pour rogatus, provitus pour probatus, etc.
Mes lettres successives de Villeneuve, de Dijon, de Pontarlier et de Lausanne, vous auront prouvé que mes regrets ont augmenté en m’éloignant ; il en sera ainsi jusqu’au jour où je serai revenu à Paris, ou jusqu’au moment où vous arriverez à Rome. » « Brigg, au pied du Simplon, jeudi 25 septembre 1828. […] Legouvé, le plus éclectique des hommes, le plus généreux des cœurs, applaudit à cette profession de foi d’une femme, et il en garda la mémoire, pour me prouver qu’il n’y avait rien de double dans madame Récamier que son cœur et son esprit : deux forces qu’elle mettait au service de ses amis présents ou absents, quand l’occasion demandait du courage.
Des centaines d’observations m’ont prouvé, depuis, que cette espèce émigre toujours pendant la nuit. […] Je tins la gageure, et nous voilà partis au trot de nos chevaux, moi désirant beaucoup me prouver ici encore, qu’à force d’appliquer son esprit à un sujet, on peut finir tôt ou tard par le bien connaître.
Il me parla de ma lettre, et me dit que j’avais raison en soutenant que, si un homme a su traiter avec clarté un certain sujet, il a prouvé par là qu’il pouvait se distinguer dans beaucoup d’autres occasions toutes différentes. […] Ces soins extérieurs prouvaient que Goethe regarde ce manuscrit avec plus de faveur qu’aucun autre.
S’il n’y a pas de chansons à boire, ce qui ne prouverait pas, d’ailleurs, qu’on fût sobre en ce temps-là, il y a beaucoup de chansons d’amour et de guerre. […] D’autres passages du même caractère ; quelques pièces plus connues, dont la plus goûtée, Les fourriers d’esté sont venus est une description du printemps, où la grâce n’est pas sans recherche ; dans tout le recueil, une certaine délicatesse de pensées, qui trop souvent tourne à la subtilité ; des expressions plus claires que fortes ; des images abondantes, mais communes une pureté prématurée à une époque où la langue avait plus besoin de s’enrichir que de s’épurer ; bon nombre de vers agréables qui prouvent plus de culture que d’invention, et où l’on reconnaît l’effet de l’éducation maternelle plutôt que le génie national : ces titres, que je suis bien loin de dédaigner, ne valent pas qu’on dépossède Villon de son rang, au. profit d’un poëte, le dernier qui ait imité le Roman de la Rose, le premier, qui ait imité la poésie italienne.
On y voit l’histoire telle que la veut l’esprit moderne, avec la vérité prouvée par des pièces, et au défaut de la vérité la vraisemblance. […] S’il est vrai que Louis XIV n’eût pas goûté la liberté de l’histoire, du moins a-t-il prouvé qu’il ne haïssait pas le talent d’en chercher les sources ; témoin Mabillon, qu’il envoyait en Allemagne et en Italie pour y recueillir des documents sur l’histoire de France ; témoin Montfaucon, qui allait plus tard aux frais du roi glaner sur les traces de Mabillon ; témoin enfin du Cange, dont Louis XIV pensionnait les enfants en récompense des travaux de leur illustre père.
Il n’y a de même, dans ce roman, au lieu de l’amitié, que la métaphysique d’une amitié extraordinaire, qui veut faire honte à toutes les amitiés du siècle, et prouver à la postérité que si Rousseau perdait ses amis, c’est qu’il était seul digne d’en avoir. […] Quand il sera touché de ce goût du vrai que le païen Cicéron regardait comme la plus noble prérogative de l’homme ; quand, averti par son instinct, il soupçonnera que la connaissance du monde où il vit est nécessaire à son bonheur, ces premiers indices qui prouvent que l’âme est adulte, même dans les plus jeunes enfants, ne hâteront pas d’une heure le moment où Rousseau se résignera enfin à lui apprendre à lire.
Mais si on leur avait prouvé que dans ce siècle du Progrès, les romantiques avaient domestiqué la muse vagabonde, qu’ils lui avaient enseigné l’art de « jouer de l’encensoir, d’épanouir la rate du vulgaire, pour gagner le pain de chaque soir7 », et si on leur avait montré le chef de l’école romantique recevant à vingt ans trois mille francs de pension pour des vers « somnifères » les parents, jugeant que la poésie rapportait davantage que l’élève des lapins ou la tenue des livres auraient encouragé, au lieu de réprimer, les velléités poétiques de leur progéniture8. […] Ce changement de Dieux prouve la sincérité de son déisme.
Il a prouvé sa force. […] « Ils ne l’auront pas, notre Rhin allemand, tant que les ossements du dernier des Germains ne seront pas ensevelis dans ses vagues. » Musset répondit à ces strophes brûlantes et fières par des strophes railleuses et prosaïques auxquelles l’esprit national (dirai-je esprit, dirai-je bêtise) répondit par un de ces immenses applaudissements, que l’engouement prodigue à ses favoris d’un jour, engouement qui ne prouve qu’une chose : c’est que le patriotisme n’était pas plus poétique qu’il n’était politique en France en ce temps-là.
Laissons cela, et pour nous soulager de la petitesse de cette composition vraiment digne et du personnage qui l’a commandée et des personnages qui la composent, prouvons par un dernier exemple que le plus grand tableau de poésie que je connoisse seroit très ingrat pour un peintre, même de plats-fonds ou de galerie. […] Je fais mieux, je le prouve ; mais auparavant, permettez que je fasse une petite imprécation, et que je dise ici du fond de mon cœur : maudit soit à jamais le premier qui rendit les charges vénales.
Mais on prouve simplement ainsi qu’il est impossible de construire a priori le mouvement avec des immobilités, ce qui n’a jamais fait de doute pour personne. […] Mais la séparation entre la chose et son entourage ne peut être absolument tranchée ; on passe, par gradations insensibles, de l’une à l’autre : l’étroite solidarité qui lie tous les objets de l’univers matériel, la perpétuité de leurs actions et réactions réciproques, prouve assez qu’ils n’ont pas les limites précises que nous leur attribuons.
Iphigénie, disait un géomètre, cela ne prouve rien ! Et justement voilà le type du sujet littéraire et vraiment classique, — parce que cela ne prouve rien !
Dès la fin de la première année (1594), la tentative d’assassinat de Châtel prouvait aux bons citoyens que le fanatisme veillait toujours.
Madame, en parlant ainsi, n’exagérait pas ; la régence de son fils le prouva bientôt après.
Les paroles de Goethe citées comme celles d’un oracle ne prouvent pas non plus beaucoup, à les lire sans superstition.
Bossuet a dit quelque part dans un de ses sermons : « S’il n’était mieux séant à la dignité de cette chaire de supposer comme indubitables les maximes de l’Évangile que de les prouver par raisonnement, avec quelle facilité pourrais-je vous faire voir, etc. » Là où Bossuet eût souffert de s’abaisser et de s’astreindre à une trop longue preuve et à une argumentation suivie, Bourdaloue, qui n’avait pas les mêmes impatiences de génie, était sans doute un ouvrier apostolique plus efficace à la longue et plus approprié dans sa constance.
Il ne faudrait pourtant pas voir là-dedans une retraite par désespoir, un acte de sacrifice comme on le raconte d’un Rancé ou d’un Comminges : Maucroix n’avait point une si grande fermeté ni élévation de sentiments ; en pensant au canonicat, il cherchait une vie agréable, un arrangement honnête et facile, et la suite de ses relations avec la marquise de Brosses le prouva trop bien.
Ces parties étudiées et brillantes, à la Tite-Live, prouvent une chose, c’est qu’il y avait en d’Aubigné beaucoup moins de hasard et de verve à bride abattue qu’on n’est habitué à le supposer : ce qui n’empêche pas que d’autres parties considérables de l’ouvrage ne portent le cachet de la précipitation et de l’incorrection.
Ce simple fait prouve combien est dénuée de fondement cette opinion si répandue, que la chevalerie de cette époque dédaignait les armes à feu ; et c’est avec peine que nous avons vu, dans le cours d’histoire militaire de M.
Il n’avait pas un meilleur goût, mais un goût qui, mieux entouré ou portant sur de grands sujets, aurait pu devenir meilleur, et il l’a prouvé.
Ces derniers écrits, qui ne furent imprimés et publiés que vers le temps de sa mort48, arrivèrent sans doute plus tôt à leur adresse sous forme de manuscrit : c’étaient des cartes de visite que le duc de Rohan envoyait en Cour pour rappeler qu’il était capable et pour prouver qu’il n’était plus ennemi.
Je ne sais s’il se défendra avec une partie de son armée, ou s’il sera ramené à Paris… La fourberie de ce général prouvera en faveur du plus franc et du moins ambitieux des citoyens, notre ami Philippe.
On ne sait rien de bien précis sur ses liaisons de cœur, mais tout nous prouve qu’il était fait pour les plus nobles attachements.
Il n’est pas si aisé qu’on le croirait de prouver à des académiciens politiques et hommes d’État comme quoi il y a, dans les Fleurs du Mal, des pièces très remarquables vraiment pour le talent et pour l’art ; de leur expliquer que, dans les petits poèmes en prose de l’auteur, le Vieux Saltimbanque et les Veuves sont deux bijoux, et qu’en somme M.
Un critique pur est entièrement à la merci de son examen, du moment qu’il y a apporté toutes les conditions d’exactitude et toutes les précautions nécessaires ; il trouve ce qu’il trouve, et il le dit tout net : le chimiste nous montre le résultat de son expérience, il n’y peut rien changer : Letronne, dans sesleçons, appliquait son esprit d’analyse à une question archéologique, biblique quand il avait bien prouvé l’impossibilité de telle ou telle solution qu’il combattait, quand il avait mis l’opinion de son adversaire en pièces et en morceaux, — en tout petits morceaux comme avec un canif, — il n’en demandait pas davantage, il se frottait les mains d’aise et il s’en allait content.
Je vous prie aussi de donner un écu à la nourrice de Nanette, qui lui a envoyé des biscuits… » Tout cela est bien, sans doute, et prouve une grande vertu morale et domestique chez l’homme de génie.
Le vieil auteur, en étant si près d’un grand effet dramatique sans le saisir, a prouvé qu’il ne savait pas encore son métier.
Judas est bien soupçonné de ce meurtre, mais la chose n’est pas prouvée.
Je dois dire que nulle part, ni avant ni après le voyage de Paris, le misérable embaucheur Archambaud, dénoncé par Élie Benoît comme l’agent subalterne des conversions parmi le peuple, n’est nommé dans ce Journal de Foucault ; mais cela ne prouve rien : il y a de ces agents qu’on emploie, qu’on paye, et qu’on rougirait de nommer.
Son entreprise avait du grandiose ; l’exécution a prouvé de la puissance.
M. d’Argenson s’avisa de demander qu’on procédât, comme en Angleterre, lorsqu’on veut suspendre l’habeas corpus, et qu’on fît préalablement une enquête pour prouver que les lois en vigueur ne suffisaient pas ; autrement, on est réduit, disait-il, à se décider d’après des faits isolés, sur des rapports partiels et contradictoires qui ne permettent pas d’asseoir une opinion : « Et c’est ainsi, continuait-il, que tandis que les uns parlent de clameurs séditieuses, de provocations insensées à la révolte, les autres ont déchiré mon âme en annonçant que des protestants avaient été massacrés dans le Midi. » A ces mots une violente agitation s’empara de l’Assemblée ; les cris : A l’ordre !
On n’est pas impunément poète en ce temps-ci : à peine a-t-on prouvé qu’on l’était bien et dûment, avec éclat ou distinction, que chacun à Fenvi vous sollicite de cesser de l’être.
On voit bien percer çà et là quelques-unes des idées radicales qui sortirent plus tard à la chaleur de la fournaise ; mais ce ne sont que de faibles indices et qui, à eux seuls, ne prouveraient rien.
Il tient donc ces réponses pour de simples reflets de désirs, des répercussions et des réflexions du même au même, qui ne prouvent autre chose que le foyer intérieur d’où elles sont parties, et qui peuvent rester stériles comme tant de désirs.
Dans une lettre toute familière, le maréchal, pour lui prouver qu’il ne le boude pas, lui parle à cœur ouvert de la Cour de France et des intrigues en jeu.
et M. de Lamartine est de la race de Virgile ; il lui appartenait, et il l’a prouvé, de compter parmi les grands, les immortels bienfaiteurs.
Colomba, certainement, a prouvé que M.
Pour la première fois dans l’histoire, les sciences s’étendent et s’affermissent au point de fournir, non plus comme autrefois, sous Galilée ou Descartes, des fragments de construction ou quelque échafaudage provisoire, mais un système du monde définitif et prouvé : c’est celui de Newton326.
Et son esprit qui lui survit prouve par l’excellence de son action la bonté de sa doctrine.
Il sort de tout cela une certaine science confuse, qu’on appelle la scolastique ; monstrueux amalgame de la philosophie qui veut imposer ses formules aux vérités de la foi, et de la religion qui veut prouver les vérités de la foi par l’unique procédé du raisonnement philosophique à cette époque, le syllogisme.
Elle prouve que des déluges ont inondé passagèrement des parties de la terre.
Mais qu’il doive y avoir un « sacrifice », c’est ce qui prouve la persistance du moi égoïste à côté des autres.
Mais si l’on y réfléchit, on verra que la preuve n’est pas faite ; ce qui est prouvé, c’est que cette émotion est provoquée chez Jean comme chez Pierre par les sensations auxquelles Jean et Pierre donnent le même nom ou par les combinaisons correspondantes de ces sensations ; soit que cette émotion soit associée chez Jean à la sensation A que Jean appelle rouge, tandis que parallèlement elle est associée chez Pierre à la sensation B que Pierre appelle rouge ; soit mieux parce que cette émotion est provoquée, non par les qualités mêmes des sensations, mais par l’harmonieuse combinaison de leurs relations dont nous subissons l’impression inconsciente.
Notre victoire prouve surabondamment que, sous la pression de la nécessité, notre race toujours capable d’héroïsme, sait retrouver l’énergie et la vigueur nécessaires.
[Introduction] Messieurs, J’ai avant tout une double dette à reconnaître, et croyez bien que si je commence par-là, ce n’est point pour m’en acquitter au plus vite : quoi qu’il puisse arriver dans la suite, si même il devait un jour m’être prouvé que j’ai trop présumé de mes forces en acceptant la lourde succession de M.
Un jour qu’on aurait lu une page de Voltaire où quelque trait peu religieux se serait glissé, on lirait cet Éloge du général Drouot dont nous parlions dernièrement, et qui prouverait que la religion et le patriotisme se concilient très bien, et dans le guerrier qu’on loue et à la fois dans l’orateur qui le célèbre.
Il paraît qu’entre les deux interlocuteurs les paroles furent vives et singulières ; et ce qui prouverait que l’esprit de la dame se fourvoya dans le dialogue, c’est l’étrange condition qu’elle voulait imposer… » Le lecteur, à travers ces vagues allusions, est dans un certain embarras et peut bien se fourvoyer lui-même.
Les quelques lettres qu’on publie d’elle au duc de Noailles, et où elle dit qu’elle n’entend rien à la politique, prouveraient plutôt que, si elle pouvait causer plus librement que par écrit, elle aimerait très bien à s’en mêler.
Dans sa vieillesse, la complaisance même avec laquelle elle se mit à raconter et à décrire toutes ces puérilités romanesques, en ayant l’air d’en sourire, prouve au contraire qu’elle n’en fut jamais corrigée.
L’objet de Mallet serait de prouver que la vraie liberté ne se trouve que dans une monarchie modérée, et que dans la république on a la servitude.
C’est ainsi encore que Patru plaisante, car, au fond, sa première harangue nous a prouvé qu’il n’était ni frondeur ni républicain jusque-là.
[NdA] Il paraît prouvé aujourd’hui, d’après les recherches de M.
Rien ne nous prouve mieux que Portalis ne dévia de sa ligne mixte à aucun moment, qu’il n’eut point à revenir plus tard après s’être égaré d’abord, et qu’il était de ceux qui, comme d’Aguesseau, sont nés tout tempérés.
Celui-ci même ne l’avoue point pour élève et pour fils, et Collé, qui se connaît en gaieté, ne devine nullement en lui un confrère et un maître : « M. de Beaumarchais (nous dit Collé) a prouvé, à ne point en douterb, par son drame qu’il n’a ni génie, ni talent, ni esprit. » Cette phrase de Collé, il la corrige dans une note pleine d’admiration et de repentir écrite après Le Barbier de Séville.
Et Cavois répond : Je n’en suis pas surpris, il aime les beaux-arts ; Un homme tel que vous doit fixer ses regards : Sous ce rapport du moins il prouve qu’il est juste.
Beffara croit avoir prouvé que les parents de Molière demeuraient rue Saint-Honoré, et non sous les piliers des Halles, comme on le disait communément.
Lorsqu’il nous dit que, dans les littératures du Nord, « l’équilibre est à chaque instant rompu entre l’imagination et la raison », cela est-il bien prouvé ?
Il dit, il répète : « Tout s’en va, il n’y a rien, plus de style, plus de goût, plus de France, plus de tradition. » Le novateur dit : « Mais la tradition c’est moi qui la maintiens, je vais essayer de le prouver. » Alors les esprits ouverts et conciliants, les témoins bienveillants, les sages qui ont du goût pour le passé et quelque tendresse vis-à-vis de l’avenir disent aux novateurs : « On a eu tort vis-à-vis de vous, on vous méconnaît !
Le livre n’est pas venu, malgré les facultés qu’il prouve.
Les citations, pour prouver le mieux ce que nous disons, sont radicalement impossibles ; il faudrait les faire en latin et nous ne sommes pas à Leipzig.
Cette préoccupation constante prouve une fois de plus l’habileté suprême et l’adresse de haut vol des rédacteurs de mandements et de lettres apostoliques.
Qu’il dépende en quelques points et pour quelques changements des fonctions et de leurs exigences, on l’a prouvé tout à l’heure.
La lettre qui suit nous le prouve trop bien : « Ce 23 octobre (1802), Coppet. […] Il m’a mise dans la confidence de quelques écrits qui prouvent du talent ; mais il y a en lui un mélange de l’ancien et du nouveau régime qui m’étonne toujours. […] La voici en ce qu’elle a d’essentiel ; il s’adresse, par manière d’apostrophe, à ses compatriotes lyonnais : « Après avoir prouvé que jamais votre ville n’avait joui d’un calme plus profond que depuis trois mois à l’ombre des paternelles administrations qu’elle s’était choisies, montrant que si, à des époques plus reculées, quelques assassinats y avaient été commis, comme dans toutes les autres parties de la République, par la négligence du gouvernement, ils n’appartenaient à aucun système réfléchi, à aucun mouvement contre-révolutionnaire, mais à la seule impulsion de la vengeance individuelle, je disais : Et dans quelle ville une telle vengeance dut-elle paraître davantage, je ne dis pas excusable ou permise, mais naturelle ?
Il a trouvé cent raisons plus subtiles et plus cherchées les unes que les autres pour prouver qu’il avait bien fait de les omettre. […] Ceci me ramène à ce que vous me dites dans votre dernière lettre… Cette lettre m’a causé un certain chagrin dont vous ne devez pas me savoir mauvais gré ; elle a achevé de me prouver qu’il s’était fait un changement considérable dans votre vie, et que d’ici à longtemps il n’y avait point d’espérance de vous voir, si ce n’est en passant et pour peu de temps. […] Guessard est purement sur la défensive et fort sceptique : je crois qu’il serait prouvé aujourd’hui qu’il l’était trop.
« Cette pièce admirable, écrit-il avec raison en s’y reconnaissant, présente ce que la France a voulu constamment depuis 89 et ce qu’elle voudra toujours jusqu’à ce qu’elle l’ait obtenu. » Et il ajoute : « Ceux qui accusent les Français de légèreté devraient penser qu’au bout de vingt-six ans de révolution ils se retrouvent dans les mêmes dispositions qu’ils manifestèrent à son commencement. » Mais, en supposant que les Français de 1815 aient été assez unanimes sur cette Déclaration avec la Chambre des représentants (ce que rien ne prouve) pour ne pas être accusés de légèreté, n’était-ce donc pas trop déjà, au point de vue de La Fayette, qu’après avoir été les Français de 89, ils eussent été ceux du Directoire, ceux du 18 brumaire, du couronnement et des pompes idolâtriques de l’Empire ? […] Mais ce qu’on écrit, ce qu’on dit de plus judicieux, de plus fin, dans les intervalles de l’action, ne prouve pas toujours ; on ne saurait conclure de toutes les qualités de l’écrivain historien, de l’homme sorti de la scène et qui la juge, à celles de ce même homme en action et en scène. […] Pourtant, encore une fois, la lettre à M. de Maubourg et celles qu’il écrivait à cette époque me prouvent que La Fayette se serait résigné, en 1799, à quelque chose de semblable à l’ordre actuel, ou même de moins bien, et qu’entre ce qu’on a et lui il n’y a, au fond, que de ces nuances qui se perdent et se regagnent constitutionnellement.
Ce Lafcadio, élevé dans le luxe et le désordre, maintenant orphelin et pauvre, forme le contraste le plus complet avec Julius et Anthime, lesquels au contraire étaient à peu près de la même qualité morale, bien qu’ils eussent commencé par suivre des voies bien différentes, l’un à droite, l’autre à l’extrême gauche (et voilà qui prouve l’impartialité de M. […] Mais on ne voit pas qu’il l’ait prouvé par des faits et des chiffres. […] S’il me considère comme un politicien qui loue ou condamne les œuvres littéraires selon les opinions de l’auteur, il se trompe très lourdement, et cela prouve qu’il ne me lit pas, ce que je lui permettrais au surplus, à condition qu’il ne parlât pas de moi.
Mais il fait mieux que de le dire, s’il le suggère comme sans avoir l’air d’y penser, et qu’il mette à le prouver moins d’esprit de système que d’involontaire ardeur et d’enthousiasme presque inconscient. […] Composition de l’Heptaméron ; — témoignage de Brantôme ; — comparaison de l’Heptaméron avec le Décaméron de Boccace, et les Propos et Joyeux Devis de Bonaventure des Périers. — Que la grossièreté de certaines histoires n’y prouve que la grossièreté des mœurs et du langage du temps ; — mais que l’objet de Marguerite a été de réagir contre cette grossièreté ; — et que la preuve s’en trouve dans les Dialogues qui séparent les « journées ». — Les allusions historiques dans l’Heptaméron. — Qu’il est le livre d’une honnête femme, et même un peu prêcheuse ; — témoignage de Du Verdier, dans sa Bibliothèque, t. […] xxviii]. — Signification de ces plagiats. — Charron essaie de faire la synthèse des idées de son temps ; — et c’est ce que prouve l’effort vers la composition, qui est la principale originalité de son livre. — Trois idées maîtresses dans la Sagesse : 1º bonté de la nature [Cf.
Cela prouve que cette métis de l’Amérique du Sud, cette belle créature qui doit avoir dans les veines le soleil de son pays, a un rude empire sur elle-même. […] Un jeune homme pauvre, et dont il n’est pas encore prouvé qu’il ait du génie, n’épouse pas une jeune fille millionnaire. […] Que prouve cette échelle ? […] On ne prouve pas par des raisonnements qu’il y ait dans Shakespeare une plus complète et plus profonde représentation de la vie que dans Molière, ni même une conception plus philosophique du monde. […] » Cela prouve surtout que mon ami Faguet n’est pas, lui, une « bête fauve », qu’il est incapable d’un sentiment féroce et qu’il n’est pas jaloux.
Il ne travaille point à expliquer ni à prouver ; tableau sur tableau, image sur image, il copie incessamment les étranges et splendides visions qui s’engendrent les unes les autres et s’accumulent en lui. […] Il le compare au héraut Mercure, « nouvellement descendu sur une colline qui baise le ciel217. » Cette apparition charmante, au milieu d’une sanglante invective, prouve que le peintre subsiste sous le poëte. […] Elle descendra dans les vulgarités de l’orgueil et de la colère, elle s’abandonnera aux effusions folles de la joie, aux rêves de l’imagination ambitieuse252, et prouvera une fois de plus que l’imagination passionnée de Shakspeare a laissé sa ressemblance dans toutes les créatures qu’elle a formées. […] Halliwell et d’autres commentateurs tâchent de prouver qu’à cette époque les fiançailles préalables constituaient le vrai mariage ; que ces fiançailles avaient eu lieu, et qu’ainsi il n’y a rien d’irrégulier dans la conduite de Shakspeare.
Cela ne prouvait rien, comme il le dit plus tard, et un lettré peut posséder des livres qu’il condamne. […] Il obtint en 1536 de revenir en France, mais moyennant une abjuration formelle qu’on a longtemps niée, mais qui est maintenant prouvée par des textes peu discutables7. […] Et ce sont là, comme l’histoire le prouve, les seuls vœux que le ciel tienne pour justes. […] Un siècle après Calvin, Voltaire s’amusait à prouver aux docteurs de Genève qu’ils étaient semi-pélagiens, et il n’avait tort que de s’en amuser. […] C’est, tout compensé, une des vies les plus heureuses qu’on ait vues, surdité à part ; et du Bellay lui a prouvé en vers très spirituels que c’était encore un avantage.
Certes je ne suis pas assez sottement empressé de prouver ma critique, pour discuter l’étonnante fécondité d’invention, la curiosité, la passion répandues dans tout ce roman et même dans la première partie de la Comtesse de Rudolstadt, qui en est la suite. […] « Il ne faut pas oublier, dit Mme Sand ingénument, que Bénédict était un naturel d’excès et d’exception. » Il le prouvera jusqu’à la fin, à travers des incidents sans nombre, des surprises et des rendez-vous manqués, jusqu’à un meurtre absurde, jusqu’au coup de fourche qui atteint le héros par suite d’un ridicule malentendu. […] Le 28 avril 1871 elle écrivait à Flaubert : « L’expérience que Paris essaye ou subit ne prouve rien contre les lois du progrès, et si j’ai quelques principes acquis dans l’esprit, bons ou mauvais, ils n’en sont ni ébranlés ni modifiés. […] Elle ne supporte pas qu’on lui dise : « Croyez cela avec moi, sous peine de rester avec les hommes du passé, détruisons pour prouver, abattons tout pour reconstruire ». Elle répond : « Bornez-vous à prouver et ne nous commandez rien ».
Tous trois peuvent être définis, littérairement, comme des esprits profondément critiques, que leur génie détourne de la critique extérieure, de la critique des œuvres, où il est prouvé qu’ils eussent pu être maîtres, et concentre, en dominateur exigeant, sur une critique d’eux-mêmes. […] Alors je comprends que le Mauvais Vitrier vous paraisse une mystification, mais la tragédie où on ne prouvait rien était aussi une mystification pour le géomètre, et probablement, lorsque l’auteur du livre sur l’évolution de la tragédie parlait de la faillite de la science, voyait-il dans la géométrie une mystification transcendante. […] « Il est probable que j’échouerai dans ce que j’entreprends, ce qui ne prouvera pas que l’entreprise est irréalisable. » Le problème est parfaitement posé. […] Et l’espèce d’hypocondrie froide et élégante qui perçait dans toute sa personne prouvait que, si quelque chose survivait au découragement de beaucoup d’ambitions si vulgaires, c’était à la fois le dégoût de lui-même avec l’amour excessif du bien-être. » Le découragement vient de ce qu’il ne sert à personne. […] « J’écris ici sans but quelconque..., c’est l’holocauste à la déesse stérile, à l’inutilité. » Il ne lui arrive jamais, tout au moins dans les fragments publiés (et je ne crois pas que d’autres fragments nous prouvent le contraire) de relire de suite et systématiquement le Journal entier pour s’apercevoir lui-même sous la forme d’une histoire, d’une suite, d’un progrès.
Quoi qu’il en soit, — si l’on ne s’arrête pas aux récits épiques de Provence, dont l’autochtonie provençale n’est pas encore sûrement prouvée, et dont la valeur littéraire, hormis dans Gératz de Rossillon, ne paraît pas extrême, — les troubadours, depuis Guillaume IX, comte de Poitiers, et Bernard de Ventadour qui de Domestique devint Amant, jusqu’à Pierre de Corbiac qui mit en huit cent quarante alexandrins monorimes l’encyclopédie de la Gaie-Science, « romancèrent » avec un éclat d’élégance et de charme, dont la France méridionale fut éblouie et dont la France du Nord s’émerveilla jusqu’à l’envier et à l’imiter, cependant qu’il éveillait des ténèbres du moyen âge l’âme poétique de l’Italie. […] Je pense exprimer ici, pour la gloire du xixe siècle poétique, la vérité même ; je vais essayer de prouver mon dire, sans m’attarder à trop de détails. […] C’est le contraire précisément que prouve son impassibilité. […] Mais vous ne vous êtes pas borné, « Inventeur d’odes étincelantes, qui lancez au loin la double flèche des rimes d’or, « À violer la prose, cette matrone lourde, jusqu’à lui faire enfanter des contes tout frémissants de plumes aurorales pareilles à celles des colombes de Kythereïa ou à celles de l’aigle de Zeus, vous avez, en passant, en songeant à autre chose, pour vous jouer, prouvé la féerie et la comédie de Shakespeare, en écrivant des féeries et des comédies qui auraient charmé Rosalinde et sa cousine Cœlia. […] Devant un auditoire choisi, composé de colonels en retraite, traducteurs d’Horace, de diplomates ensevelis dans d’opulentes redingotes pareilles à des linceuls, de professeurs tournant le petit vers, de philosophes éclectiques, intimement liés avec Dieu, et de bas-bleus quinquagénaires rêvant tout bas, soit l’œillet de Clémence Isaure, soit l’opprobre d’un prix de vertu ; un jeune homme pâle, amaigri et se boutonnant avec désespoir, comme s’il eût collectionné dans sa poitrine tous les renards de Lacédémone, s’avançait hagard, s’adossait à la cheminée, et commençait d’une voix caverneuse la lecture d’un long poème où il était prouvé que le Ciel est une patrie et la terre un lieu d’exil, le tout en vers de douze ou quinze pieds ; ou bien encore, quelque vieillard chargé de crimes, usurier peut-être à ses heures, en tout cas ayant pignon sur rue, femme et maîtresse en ville, chantait les joies de la mansarde, les vingt ans, la misère heureuse, l’amour pur, le bouquet de violettes, le travail, Babel, Lisette, Frétillon, et, finalement, tutoyait le bon Dieu et lui tapait sur le ventre dans des couplets genre Béranger.
Du reste, son administration et les souvenirs qu’en gardèrent les Siciliens prouvent que, dans les conseils admirables qu’il a depuis donnés à son frère Quintus, il ne faisait que rappeler ce qu’il avait pratiqué lui-même. […] L’esclave, au milieu de ses gémissements, s’avisa de reprochera à son maître que cette violence prouvait eu lui peu de philosophie, et de lui objecter un beau traité contre la colère, qu’il avait composé, et dont il se souvenait si mal. […] Voltaire se trompait, en voulant ravaler le génie de Shakspeare ; et toutes les citations moqueuses qu’il entasse ne prouvent rien contre l’enthousiasme que lui-même avait partagé. […] Milton publia successivement quatre dissertations violentes pour prouver la justice et la nécessité du divorce. […] Elles prouvent que ce grand poète fut sujet à bien des petitesses ; mais elles n’altèrent en rien l’idée qu’on aime à se former de la droiture et de l’honnêteté de son cœur.
De même à Fontenay en Poitou : après une bonne défense, la ville se rend et capitule sans vouloir rien mettre par écrit, sans demander d’otages, mais en se fiant entièrement en la foi et en la parole de Henri qu’ils savent bien être inviolable : « De quoi ce brave courage se trouva tellement touché, qu’il accorda tant aux gens de guerre qu’aux habitants quasi tout ce qu’ils voulurent demander, et le leur fit observer loyaument, traitant ceux de la ville tout ainsi que si elle n’eût point été prise par siège. » Le soin que mettent les secrétaires de Sully à enregistrer ces actes de clémence et ce nouveau droit de la guerre, prouve à quel point il était nouveau en effet, et combien il tranchait sur les mœurs et les habitudes du temps.
On sait encore qu’il se piquait de mettre une boule noire à chaque élection nouvelle ; quel que fût le candidat, il votait contre invariablement : « C’était, disait-il, pour prouver à la postérité par cette marque qu’il y avait liberté à l’Académie dans les élections. » Ennemi de tout ce qui était étiquette et cérémonie, il se moquait, ainsi que Patru, de voir la compagnie y mettre tant d’importance et se rattacher à tout propos par des compliments et des députations aux événements de la Cour ; tous deux, dans leur sans-façon, ils avaient donné à l’Académie les épithètes de délibérante, de dépistante et remerciante.
Quant au Grand Condé, il reste à peu près prouvé qu’il y était très peu dans les derniers temps de sa vie.
Tout cela prouve une seule chose, que le besoin de faire admirer nos talents n’est pas le seul besoin de notre amour-propre, qu’il nous faut encore, outre les applaudissements, de la considération ou de l’autorité, ou de l’éclat, etc.
» Ici nous retrouvons quelques-unes des idées particulières et, si l’on veut, des préventions de Vauvenargues, un reste de gentilhomme, ou plutôt un commencement de grand homme ambitieux, qui aimerait mieux franchement être Richelieu que Raphaël, avoir des poètes pour le célébrer que d’être lui-même un poète ; qui aimerait mieux être Achille qu’Homère : « Quant aux livres d’agrément, ose-t-il dire, ils ne devraient point sortir d’une plume un peu orgueilleuse, quelque génie qu’ils demandent ou qu’ils prouvent. » Il ne permet tout au plus la poésie à un homme de condition et de ce qu’il appelle vertu, que « parce que ce génie suppose nécessairement une imagination très vive, ou, en d’autres termes, une extrême fécondité, qui met l’âme et la vie dans l’expression, et qui donne à nos paroles cette éloquence naturelle qui est peut-être le seul talent utile à tous les états, à toutes les affaires, et presque à tous les plaisirs ; le seul talent qui soit senti de tous les hommes en général, quoique avec différents degrés ; le talent, par conséquent, qu’on doit le plus cultiver, pour, plaire et pour réussir. » Ainsi la poésie, il ne l’avoue et ne la pardonne qu’à titre de cousine germaine de l’éloquence, et qu’autant qu’elle le ramène encore à une de ces grandes arènes qui lui plaisent, à l’antique Agora ou au Forum, ou à un congrès de Munster, en un mot à une action directe sur les hommes.
Il continuait, il est vrai, d’écrire dans son journal qu’il ne se croyait pas de talent ; il se le démontrait de son mieux dans des pages subtiles et charmantes, et qui prouvaient ce talent même.
Mais je vois bien que messieurs les Parisiens se moquaient de moi ; personne n’a bougé, et tout ce que j’apprends du caractère des habitants me prouve que je n’ai pas à craindre de pareilles avances.
Louis XIV avait été très mal instruit dans son enfance ; les quelques thèmes que lui dictait Péréfixe et qu’on a retrouvés depuis ne prouvent rien.
Delécluze, l’autre était pur et donnait même l’idée de beauté, comme David le sculpteur l’a prouvé par son médaillon.
Charles-Quint sans doute était guerrier et capitaine, et il le prouva en plus d’une rencontre à la tête de ses vieilles bandes ; il s’était montré de bonne heure passionné pour les exercices corporels, habile aux armes, le meilleur cavalier de son temps.
Un fait isolé ne prouve rien, et, comme dit le proverbe, une hirondelle ne fait pas le printemps ; mais des séries de faits ou d’objets sont des témoins irrécusables, et qui servent de fondement ou de garantie à toute histoire naturelle, sociale, politique.
Deleyre vient y passer quelques jours en tiers avec Ducis et s’en trouve bien ; une lettre qu’il a écrite au retour respire un certain calme, une certaine paix de l’esprit qui prouve que le bonheur n’est pas chose tout à fait étrangère à sa nature ; Ducis lui répond : « Vous voilà bien, mon cher Deleyre, conservez-vous dans cet état.
« Les batailles, qui sont les tableaux où il a déployé le plus d’élévation de talent, prouvent surtout que, sans viser à l’idéal, en se tenant à la simple réalité, on peut être noble et vrai tout à la fois.
Je me borne à signaler, pour les cas où l’on me trouverait bien sévère, quelques autres passages qui achèveront de prouver la précipitation et l’incurie de l’écrivain et de l’éditeur : à la page 110, la phrase qui commence par ces mots : « Liancourt se décida à tenter l’aventure… » est inintelligible.
Si vous tenez à Dieu, c’est par Ève. » Elle est bien fille d’Ève, en effet ; elle le prouve en venant chez lui, en s’y laissant conduire.
Charlet, d’un autre temps, d’une tout autre génération, et de sa barrière du Maine, n’était en rien de ce monde-là ; mais il estimait de loin Gavarni, et il lui écrivait un jour, à l’occasion d’un jeune homme que celui-ci lui recommandait pour l’examen de l’École Polytechnique où Charlet était professeur : « Mon cher confrère, demandez-moi tout hors ce que vous me demandez, car je ferai tout pour vous prouver toute l’estime que je professe pour votre talent.
En un mot on n’y perd pas un moment, et Son Éminence le peut croire d’un homme comme moi qui en ai été le promoteur, qui y donne le plus cher de mon temps et qui en passionne l’accomplissement comme y ayant un plus particulier intérêt d’honneur que personne. » Ces lettres, tout en faveur de Vaugelas, prouvent bien en même temps à quel point il y avait réellement besoin et urgence d’un Vaugelas pour épurer et alléger un peu ce style lourd et pesant des doctes Chapelain.
C’est un homme d’un tact sur, d’une expérience consommée, et, quoi qu’on en dise, il a prouvé qu’il était exceptionnellement capable de dévouement. » Si j’osais prendre la liberté d’éclairer ces portraits par des noms connus, je dirais que ce comte de Noir-mont est un bon Montrond, un Montrond qui n’a été corrompu qu’à point.
La grande époque d’inspiration est passée ; l’époque rassise et de déclin laisse lieu à bien des agréments encore, et même (Tacite et Swift l’ont prouvé) à de la véritable éloquence.
Une autre phrase plus que risquée, à propos de Tacite (p. 181), et qui aurait bien pu sans dommage rester au bout de sa plume, prouverait tout au plus que Mme Roland, lorsqu’elle écrivait, n’était pas moins gaillarde que Mme de Sévigné.
Voilà la vérité morale, la vérité éternelle ; et à l’égard de Saint-Simon, de ce duc entêté, implacable, féroce, tout ce que vous voudrez, mais honnête homme au sens roide du mot, le duc de Noailles l’a prouvé et a vérifié la maxime.
. — Il croit avoir prouvé, par deux billets qu’il produit, que Saint-Simon en a imposé dans ses Mémoires sur le caractère de ses relations avec le duc de Noailles pendant la durée de leur brouille sous la Régence.
Hors de là, elle ne réfléchit encore guère, et l’usage qu’elle a fait jusqu’ici de son indépendance le prouve assez, puisqu’il n’a porté absolument que sur des objets d’amusement et de frivolité ; mais le temps de la réflexion ne lardera vraisemblablement plus longtemps à venir… » J’ai indiqué, dans cette seconde édition de M. d’Arneth, tout ce qui est fait pour intéresser ceux qui avaient déjà été si frappés de l’importance historique de sa publication première.
Louis XV étant tombé malade à Metz pendant cette campagne, le comte de Clermont, sur le conseil de M. de Valfons (celui-ci du moins s’en vante), se rendit auprès du roi, là où était sa place et il n’eut qu’à s’en féliciter ; comme depuis le commencement de la maladie, les deux sœurs (Mme de Châteauroux et de Lauraguais), M. de Richelieu et les domestiques inférieurs étaient les seuls qui entrassent dans la chambre du roi, au grand murmure des princes du sang et des grands officiers exclus, qui attendaient dans une sorte d’antichambre, il prit sur lui d’entrer sans permission dans la chambre du roi et de lui dire « qu’il ne pouvait croire que son intention fût que les princes de son sang, qui étaient dans Metz occupés sans cesse de savoir de ses nouvelles, et ses grands officiers fussent privés de la satisfaction d’en savoir par eux-mêmes ; qu’ils ne voulaient pas que leur présence pût lui être importune, mais seulement avoir la liberté d’entrer des moments, et que pour prouver que pour lui il n’avait d’autre but, il se retirait sur-le-champ.
Car toutes ces discordes domestiques et ces guerres civiles littéraires n’empêchent pas, Messieurs, et tout devant moi le prouve, que les vrais lettrés, j’entends par là ceux qui aiment les lettres pour elles-mêmes, ne soient, toute rébellion cessante, d’une même cité, d’une même famille, et que le bien acquis et par les pères et par les neveux ne compose finalement le trésor de tous.
Le chimiste prouve qu’en combinant, avec une molécule d’azote, une, deux, trois, quatre, cinq molécules d’oxygène, on construit le protoxyde d’azote, le deutoxyde d’azote, l’acide azoteux, l’acide hypoazotique, l’acide azotique, cinq substances qui, pour l’observation brute, n’ont rien de commun et qui pourtant ne diffèrent que par le nombre des molécules d’oxygène comprises dans chacune de leurs parcelles.
Pendant ce temps, le père Hilario avait réussi à prouver au docteur Bernabo la scélératesse de Calamayo pour favoriser le libertinage du capitaine des sbires, et la fausseté des pièces qu’il avait inventées pour nous dépouiller de nos pauvres biens pièce à pièce.
Prises en elles-mêmes, à leur place et à leur date dans la polémique, les Réflexions sur Longin prouvent une fois de plus combien Boileau est incapable de composer un ouvrage lié et suivi, de saisir franchement et fortement un sujet, et d’en faire une exposition directe et méthodique : son manque de souffle et de talent oratoire, ici encore, le trahit.
Qu’est-ce que cela prouve ?
Ce qui le prouve bien, c’est que des individus différents, soumis aux mêmes conditions sociales, englobés dans les mêmes arrangements sociaux et les mêmes implications sociales, ne réagissent pas de la même façon.
Quand tu couches avec la blonde, tu songes à la brune ; et tu te prouves ingénieusement que la belle est laide ou que la laide est belle.
Les natures simples des gens du peuple, dans les moments de passion, le prouvent assez ; ils ont le mot juste et souvent le mot unique.
Souvent l’orateur joue sur les mots ; il se crée des définitions et en conclut ensuite ce qui serait précisément à prouver.
Il a rempli cet autre vœu de Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Et, enfin, il semble avoir été mis au monde exprès pour prouver qu’en poésie française il n’était pas tout à fait impossible de trouver ce que Fénelon désirait encore : « Je voudrais un je ne sais quoi, qui est une facilité à laquelle il est très difficile d’atteindre. » Prenez nos auteurs célèbres, vous y trouverez la noblesse, l’énergie, l’éloquence, l’élégance, des portions de sublime ; mais ce je ne sais quoi de facile qui se communique à tous les sentiments, à toutes les pensées, et qui gagne jusqu’aux lecteurs, ce facile mêlé de persuasif, vous ne le trouverez guère que chez Fénelon et La Fontaine.
Mais mes réflexions, mes combats, tout ce que je sens, tout ce que je pense, me prouve que je vous aime plus que je ne dois.
M. de Balzac avait ce genre de force, et il l’a prouvé.
Il l’a pourtant, cette conception de l’ordre universel, et, jusque dans ses fragments de pensées, il le prouve par d’assez belles marques.
Connaissant, comme il faisait, les hommes et les choses de ce monde ; il sentait bien qu’il n’est permis d’être un peu philosophe sur le trône qu’après qu’on a prouvé qu’on sait être autre chose encore.
Dans une étude détaillée sur La Fontaine, cela se prouverait aisément : on le verrait, dans sa première manière, s’appliquer à la fable proprement dite, et en atteindre la perfection dès la fin de son premier livre, dans Le Chêne et le Roseau ; mais bientôt il est maître et il se joue ; il agrandit son cadre, il le laisse souvent, il l’oublie.
Au retour, il débuta comme avocat au barreau de Paris (1549), et en même temps, pour occuper ses loisirs, il se livra à la poésie, à la composition littéraire, caractère qui distingue sa génération d’avocats, et Pasquier entre tous les autres : « Lorsque j’arrivai au Palais, dit-il, ne trouvant qui me mît en besogne, et n’étant né pour être oiseux, je me mis à faire des livres, mais livres conformes à mon âge et à l’honnête liberté que je portois sur le front : ce furent des Dialogues de l’amour… » Les dialogues galants et amoureux, les sonnets qu’Étienne Pasquier publia dans ces années de jeunesse, et auxquels il se reportait avec complaisance et sourire en vieillissant, ne prouvent rien autre chose que de l’esprit, de la facilité, de la subtilité ingénieuse, et on n’y trouve d’ailleurs aucun trait original qui puisse assigner rang à leur auteur parmi les vrais poètes.
Cette conduite, qui lui a été reprochée, prouve une seule chose : elle était de ces femmes qui, dans ces instants de séparation et d’adieu suprême, s’en remettent à leur confesseur encore, plutôt que de prendre conseil de leur cœur.
Il réduit sa thèse à celle-ci : « En un mot, je suis très convaincu que, si les anciens sont excellents, comme on ne peut pas en disconvenir, les modernes ne leur cèdent en rien et les surpassent même en bien des choses. » Dans l’entraînement de la dispute, il ira beaucoup plus loin ; mais à l’origine il ne prétend prouver que cela.
Pour prouver les avantages de la petite propriété, Bernardin nous décrit un paradis terrestre, près de Paris, qui doit tout son bien-être et toutes ses vertus, selon lui, à la division des propriétés : ce sont les prés Saint-Gervais, tout proche Romainville.
Né le 1er novembre 1636, à Paris, et, comme il est prouvé aujourd’hui, rue de Jérusalem, en face de la maison qui fut le berceau de Voltaire61, Nicolas Boileau était le quinzième enfant d’un père greffier de grand-chambre au parlement de Paris.
Les détails où il faut entrer sans cesse, et qui recommencent chaque jour, ne le lassent point ; loin d’être jamais un ennui, ils lui paraissent une source de plaisirs : Consacrons à l’amitié, dit-il, les moments dont les autres devoirs nous permettent de disposer ; moments délicieux qui arrivent si lentement et qui s’écoulent si vite, où tout ce qu’on dit est sincère, et tout ce qu’on promet est durable ; moments où les cœurs à découvert et libres de contrainte savent donner tant d’importance aux plus petites choses, et se confient sans peine des secrets qui resserrent leurs liens ; moments enfin où le silence même prouve que les âmes peuvent être heureuses par la seule présence l’une de l’autre ; car ce silence n’opère ni le dégoût ni l’ennui.
D’Argens, dans je ne sais quel de ses ouvrages, avait fait des réflexions critiques sur l’amitié, et avait voulu prouver qu’on peut s’en passer et être heureux : Je ne suis malheureusement point de votre sentiment sur l’amitié, lui répond Frédéric (31 août 1745) : je pense qu’un véritable ami est un don du ciel.
Poirier prouvent avec éclat que le poète a compris la portée de la révolution dramatique que vient d’accomplir M.
Nous lisons encore dans Pline un grand nombre de faits et plusieurs détails qui prouvent que les peintres anciens se piquoient d’exceller dans l’expression, du moins autant que les peintres de l’école romaine se sont piquez d’y exceller.
… il est facile de prouver que, si Hugo n’avait point écrit Hernani, Baudelaire n’aurait pas fait des queues de six heures devant la Porte-Saint-Martin pour entendre le chef-d’œuvre ; si Baudelaire n’avait pas fait queue, il ne serait point entré ; et, s’il n’était pas entré, il n’aurait pas entendu.
Ce nom toutefois subsiste ; et, sauf à prouver qu’il ne signifie rien ou qu’il est mal appliqué, il est indispensable de l’employer, pour parler de la chose même que, d’après un usage presque général, il sert à désigner.
Attachés, ils secouent leurs attaches, et c’est leur manière de les secouer qui prouve leur grandeur et leur force.
La suite des temps l’a bien prouvé.
car ces Lettres à une inconnue le disent assez haut et le prouvent, c’était par-dessus tout un Trissotin.
Nous prouverons qu’il n’y était pas.
Or, cet Edgar Poe, il faut bien l’avouer, tout en convenant de son génie, n’est au fond qu’un puffiste sublime, qui méprise son public et le lui prouve, sans le lui dire, en lui construisant une littérature à le dompter, ce public américain qui aime les tours de force, et à le tenir les yeux dilatés dans la terreur des extraordinaires histoires qu’il lui raconte.
C’est par l’idylle et l’idylle élégiaque qu’il commença sa renommée, et malgré des efforts soutenus, comme on n’en aurait guère attendu de sa gracieuse faiblesse, et qui prouvent que l’entêtement n’est pas la force, même chez les Bretons, c’est par ce seul genre de poésie qu’il se soutiendra dans la mémoire des hommes.
Il ne serait point inutile de prouver à d’innombrables étrangers, et même à quelques Français, que le fameux boulevard est un lieu trop étroit pour loger trois millions d’habitants, que l’immense majorité de ceux-ci vivent péniblement et bravement, grâce à une activité qui dérouterait plus d’un provincial ; que les Parisiens n’entrent que pour un quart dans le succès d’une pièce de théâtre, même scandaleuse, et que la province fait les trois autres quarts ; que les ménages de Paris ne ressemblent pas tous, il s’en faut, à ceux de nos pièces de théâtre et de nos romans dits « parisiens » ; et qu’au surplus rien n’est si commun que des concitoyens qui s’ignorent réciproquement.
On vous renverra à l’idéologie, et on vous prouvera par l’analyse que le mot pouvoir n’est rien qu’une expression générale.
En un mot, il avait la chance insigne d’être adopté, gâté, prêché, endoctriné, par l’une des plus glorieuses élites intellectuelles que pays ait jamais possédées, et il ne tarda guère à lui prouver qu’elle n’avait pas semé le bon grain sur des pierres ou parmi des épines. […] Ils combattaient des tendances qu’ils jugeaient funestes, et la lettre de Musset à l’oncle Desherbiers, dont on a déjà lu un passage, prouve que leurs efforts n’avaient pas été en pure perte. […] Qu’il ait eu d’autres maîtresses ne prouve rien. […] Il raconte à Mme Jaubert dans une de ses lettres (inédite) qu’il a été très fâché, dînant avec sa famille, d’être obligé de soutenir une discussion pour prouver que le fa était jaune, le sol rouge, une voix de soprano blonde, une voix de contralto brune. […] « Excepté à l’âge de la première communion, … je n’ai jamais pu souffrir ce maître des gandins, son impudence d’enfant gâté qui invoque le ciel et l’enfer pour des aventures de table d’hôte, son torrent bourbeux de fautes de grammaire et de prosodie… » Baudelaire prêchait dans le désert, comme le prouve une note mise par Sainte-Beuve au bas de sa lettre : « Rien ne juge mieux les générations littéraires qui nous ont succédé que l’admiration enthousiaste et comme frénétique dont tous ces jeunes ont été saisis, les gloutons pour Balzac et les délicats pour Musset28 ».
Sheridan l’engageait à se tourner vers l’éloquence, et la vigueur, la logique perçante, la verve extraordinaire, l’argumentation serrée de sa prose, prouvent que parmi les pamphlétaires1264 il eût été au premier rang. […] Il y rit horriblement, comme Swift ; bien mieux, il y bouffonne comme Voltaire. « On voulut manger le second comme plus gras ; — mais il avait beaucoup de répugnance pour cette sorte de fin. — Pourtant ce qui le sauva, ce fut un petit présent qui lui avait été fait à Cadix — par une souscription générale des dames1321. » Pièces en main1322, il y suit avec une exactitude de chirurgien tous les pas de la mort, l’assouvissement, la rage, le délire, les hurlements, l’épuisement, la stupeur ; il veut toucher et montrer la vérité extrême et prouvée, le dernier fonds grotesque et hideux de l’homme. […] La science approche enfin, et approche de l’homme ; elle a dépassé le monde visible et palpable des astres, des pierres, des plantes, où, dédaigneusement, on la confinait ; c’est à l’âme qu’elle se prend, munie des instruments exacts et perçants dont trois cents ans d’expérience ont prouvé la justesse et mesuré la portée.
Muni de ce passeport, le jeune homme va un soir à l’Opéra ; il fait sensation dans le monde féminin ; on se questionne, on apprend son nom, dignus est intrare, et toutes les dames, jeunes ou vieilles, l’attirent, et lui prouvent avec frénésie qu’elles le considèrent comme un gentilhomme. […] Ce qui prouve une fois de plus qu’il est aussi prudent pour un homme que pour une femme de se munir d’une indiscutable beauté, autrement il est à peu près inutile de venir au monde, si l’on veut faire son chemin sans le secours du travail ou du talent. […] De ce côté, hélas, le peuple de Paris n’a rien à envier à celui de Rome, il ne l’a que trop prouvé. […] Ce qui prouve une fois de plus que Voltaire avait bien raison de dire en de jolis vers qu’il faut avoir l’esprit de son âge ; j’ajouterai en prose inférieure, que ceux qui, malgré les années, ont conservé l’esprit jeune, feront bien de se méfier et de ne pas toujours croire à leur corps l’âge de leur esprit, XLIV. […] Convaincu que c’est un espion, mais ne découvrant rien qui prouve sa mission, il se fait amener les bouchers du camp, avec leurs mains et leurs tabliers pleins de sang et leurs coutelas ; il fait mettre par eux cet homme nu, le fait attacher par les quatre membres sur une table, puis d’une voix qu’il savait rendre terrible, quoiqu’il fut le meilleur homme du monde, il ordonne de lui ouvrir le ventre s’il ne dit à l’instant où se trouve la dépêche qui lui a été remise.
Dante et Pétrarque, en effet, se sont élevés à une hauteur où les sentiments particuliers se confondent en un sentiment unique qui les englobe tous : la foi, l’amour et le patriotisme sont pour eux, s’il m’est permis de parler par image, trois formes différentes de la même pensée ; et cela est si vrai, que d’ingénieux commentateurs ont pu soutenir, sinon prouver, que Laure et Béatrice n’ont jamais eu d’existence réelle et n’ont été pour les deux poètes que les symboles de leurs opinions. […] Il a été compris dans son pays : les triomphes de Bayreuth sont là pour le prouver. […] Ces tâtonnements — ceux de Lamartine étaient déjà du génie — ces révélations, cette découverte d’un art nouveau — c’était là lettre morte pour Victor Hugo, qui résistait de son mieux à l’entraînement de sa génération, ainsi que le prouve le recueil qu’il rédigea avec son frère de 1819 à 1821, le Conservateur littéraire 33. […] Et ces fiers insulaires le prouvent bien en entretenant le feu sacré dans les montagnes ! […] Que les monarchies, comme les prêtres, prouvent chaque jour que rien de bon n’en peut sortir, c’est un fait patent ; mais qu’il fallait proclamer la république de Palerme à Naples en 1860, c’est faux !
On eut beau la rassurer, l’auteur du roman eut beau lui écrire pour prendre les choses sur le compte de son imagination, pour l’informer avec serment qu’il n’avait en rien songé à elle, elle imprima tout cela ; et, en dépit ou à l’aide de tant d’attestations, il resta prouvé pour le public de ce temps-là que l’anecdote du roman était bien au fond l’histoire de la réclamante. […] Ne soyons pas si fiers en effet : austères régents de notre âge, et qui le preniez si haut, kantistes, éclectiques, doctrinaires et tous, nous ne sommes pas si riches en morale, et vous-mêmes l’avez bien, à la longue, un peu prouvé.
Pour la première fois nous voyons un plan suivi, combiné, une intrigue complète qui a son commencement, son milieu et sa fin, des actions partielles bien agencées, bien rattachées, un intérêt qui croît et n’est jamais suspendu, une vérité dominante que tous les événements concourent à prouver, une idée maîtresse que tous les personnages concourent à mettre en lumière, bref, un art semblable à celui que Molière et Racine vont appliquer et enseigner. […] » — « Cependant on offre de les prouver, et les dénonciateurs y engagent leur vie133. » Sur ce mot, la lettre devient menaçante.
» Si nous tentions d’y répondre, nous ne parviendrions qu’à prouver une fois de plus l’insuffisance de l’esprit humain à rien expliquer et rien définir. […] Par une expérience ingénieuse et fort connue, Pythagore prouva qu’il avait le pressentiment de cette belle pensée de Leibniz : « La musique est un calcul secret que l’âme fait à son insu. » Définition admirable, qui semble dérobée à la langue de Platon, et qui concilie la liberté indéfinie du génie créateur de l’homme avec l’ordre absolu qui règne dans la nature.
Rien n’est donc moins prouvé en politique et en histoire que la nécessité et que le bienfait du coup d’État du général Bonaparte au 18 brumaire. […] Ce qu’il dit et ce qu’il prouve admirablement, c’est le génie gouvernemental, administratif et militaire de son héros.
Cela pourrait se prouver sans trop solliciter les faits. […] Sa vie, d’abord, le prouverait, toute solitaire et, jusqu’à ces dernières années, toute en dehors des « cadres » officiels.
Au lieu de voir dans cette basse origine une preuve de ce fait, que la naissance du Rédempteur des pauvres ne trouverait aucune place chez les nations civilisées qui régnaient alors, mais que cette Galilée, que seul le mépris des Juifs distinguait, avait pu être choisie, à cause même de son abaissement apparent, pour le berceau de la nouvelle foi, — et les premiers croyants, les bergers et les paysans, aveuglément soumis aux lois juives, crurent pouvoir prouver que le Sauveur se rattachait, par son origine à la race royale de David, comme pour excuser sa téméraire sortie contre la loi hébraïque. […] Cette obscurité provient, je crois, de la mauvaise composition dialectique, les preuves — quand il y en a — se trouvant étrangement séparées des arguments qu’elles doivent prouver.
Ceci paraîtra à quelques uns un paradoxe ; mais nous avons un argument bien puissant en faveur de notre manière de voir, et qui prouve combien telle était bien réellement l’intention du Maître en écrivant la Gœtterdaemmerung . […] Claude, le héros, est un peintre falot ; l’auteur nous répète qu’il a du génie, mais n’a jamais songé à nous le prouver par l’analyse des idées.
Toute l’œuvre de la psychologie analytique, c’est de prouver cette vérité ou, pour mieux parler, de la découvrir ; car c’est un voyage de découverte. […] Et ce qui le prouve, c’est que cet objet peut être une simple imitation, un trompe-l’œil : en ce cas, le goût, le toucher, l’odorat rectifient mon inférence et l’objet n’est plus classé parmi les oranges.
C’est pour cela qu’elle produit, comme l’expérience le prouve, un afflux sanguin correspondant à l’afflux nerveux et à la dépense des nerfs, que le sang doit réparer. […] C’est ce que prouvent les expériences « psychophysiques » : si je suis attentif, la durée nécessaire à la perception devient de plus en plus voisine de zéro.
Ce qui le prouve bien, c’est que le changement n’est pas continu dans la sensation comme dans sa cause extérieure, c’est que la lumière peut croître ou diminuer pendant un certain temps sans que l’éclairage de notre surface blanche nous paraisse changer : il ne paraîtra changer, en effet, que lorsque l’accroissement ou la diminution de la lumière extérieure suffiront à la création d’une qualité nouvelle. […] Il faudrait d’abord avoir prouvé que deux contrastes élémentaires successifs sont des quantités égales, et nous savons seulement qu’ils sont successifs.
Le physicien Pierre admet naturellement (ce n’est qu’une croyance, car on ne saurait le prouver) qu’il y a d’autres consciences que la sienne, répandues sur la surface de la Terre, concevables même en n’importe quel point de l’univers. […] On entend par là qu’on n’aperçoit aucune raison de croire le contraire : quand les apparences sont d’un certain côté, c’est à celui qui les déclare illusoires de prouver son dire.
Sa répugnance s’intensifie quand son attention se fixe sur elle, tandis que ma satisfaction tient de la distraction et pâlit plutôt à la lumière ; je crois qu’elle s’évanouirait si des expériences décisives venaient prouver, comme ce n’est pas impossible, qu’on s’empoisonne spécifiquement, lentement, à manger de la viande 24. […] Et ils en sont convaincus parce qu’ils jugent incontestable, définitivement prouvée, une certaine relation entre l’organisme et la conscience, entre le corps et l’esprit.
Il en cite quelques exemples qui, s’ils ne prouvent point la supériorité de Malherbe sur les Latins, montrent du moins une émulation savante et assez brillante.
Un Marat de plus ou de moins (et le fait l’a bien prouvé) ne changeait rien à cette redoutable puissance.
Dans tous les cas, il a passé le but, il a été déclamateur ; et, en faisant montre de ses défauts à son tour, il nous a seulement prouvé combien la famille d’esprits à laquelle il appartient est en tout l’opposé de celle de Gibbon.
Elle prouve surtout combien il y a peu de la nature de la femme en elle par le peu de délicatesse, et, pour tout dire, par le peu de pudeur qu’elle a dans les propos.
Il existe de cette dédicace deux versions, l’une où se trouve le nom de l’exilé de Sainte-Hélène, l’autre, plus énigmatique et plus obscure, sans le nom ; dans les deux, Napoléon y est traité en monarque toujours présent, et Beyle, en rattachant « au plus grand des souverains existants » (comme il le désigne) la chaîne de ses idées, prouvait que dans l’ordre littéraire et des arts, c’était une marche en avant, non une réaction contre l’Empire, qu’il prétendait tenter.
Il demeurera prouvé pour nous, et pour tous ceux qui examineront désormais l’ouvrage, que les prétendus Souvenirs de la marquise de Créqui ne sont d’elle, à aucun degré, ni pour les faits, ni pour les sentiments, ni pour le ton.
Il le prouve bien en commençant son journal en 1794 ; le printemps de cette affreuse et mémorable année, même avant qu’on puisse prévoir Thermidor, ne lui apporte que des impressions douces et paisibles ; il s’est complètement isolé de la tyrannie qui pèse sur toute la France, et il n’y songe même pas dans le lointain.
On devrait me faire honneur de cette invention, ce qui est bien aisé à prouver par mes lettres et mémoires sous le ministère de M.
Ces deux passages allégués prouvent donc l’exactitude même de notre dire ; mais naturellement, tous les autres endroits de la correspondance que ces deux-ci supposent et où les plaintes de Mme Edling doivent être articulées, ont été passés sous silence et omis par M.
La suite vous prouvera que mon cœur est fait pour l’amitié, que je n’en promets pas par-delà ce que j’en veux donner, que je ne suis point susceptible de dégoût sans cause, et que j’ai quelque discernement pour juger du mérite.
Caillot d’un extrait du procès-verbal de la séance du 3 octobre 1793 (vieux style), constatant que notre Comité ne connaissait aucuns suspects ; — au bas duquel on a certifié « que les deux citoyennes Boufflers, en particulier, n’avaient donné aucune preuve d’incivisme ; qu’au contraire elles avaient manifesté la plus parfaite soumission aux lois. » Une autre pièce, également à décharge, présentait d’une manière avantageuse leur conduite depuis leur rentrée, et nous prouve toute la bienveillance qu’elles inspiraient : « An II, 5 germinal (25 mars 1794). — Extrait d’un tableau d’observations (en conciance) envoyé ledit jour par le Comité de surveillance d’Auteuil au Directoire du district de Franciade (Saint-Denis).
Deux autres ecclésiastiques compromis, l’un notamment nommé Bourdin, ami et compagnon de Le Noir, et qui confessait avoir pris part aux libelles de ce dernier, en s’offrant de prouver tout ce qu’on avait avancé et en demandant d’être renvoyé par devant le juge d’Église, seul compétent, au lieu des juges laïques qu’on lui avait donnés, furent condamnés aux galères, et Bourdin aux galères perpétuelles (1683).
Des lettres de Du Plessis-Mornay à Montaigne, d’une date antérieure à 1585, mais écrites dans le même temps de cette mairie de Bordeaux, nous montrent combien, du côté du roi de Navarre, on se fiait en lui à titre de caractère modéré et conciliant, et nous prouvent qu’on aimait en toute circonstance à le prendre pour témoin et garant des intentions, comme quelqu’un qui, « en sa tranquillité d’esprit, n’était ni remuant ni remue pour peu de chose. ».
Fromentin est évidemment un talent aussi souple que complexe ; il peut s’appliquer à tout, nous rendre les aspects de nature les plus opposés, et pénétrer aussi dans les replis du cœur humain avec la dernière finesse, ainsi que l’a prouvé son roman de Dominique.
On veut donc qu’elle n’ait, de sa vie, aimé personne, et l’on met un prix extrême à le prouver.
Une des curiosités de Bayle était de savoir si ces lettres étaient bien authentiques ; il en écrivit à son correspondant de Paris, l’avocat Matthieu Marais : on lui répondit que la famille les désavouait ; mais ce désaveu tout verbal ne prouvait qu’une seule chose : c’est que la famille n’entendait pas être responsable ni complice de l’impression.
Elle est toujours au même point ; il y a eu un moment où l’on avait cru le contraire ; même Monsieur se vantait beaucoup ; mais la suite a bien prouvé que ce n’était qu’une gasconnade, et je crois qu’il restera toujours comme il est. » Marie-Antoinette s’est chargée là de fournir une note historique à l’appui, pour une future édition des Chansons de Béranger : relisez Octavie 63.
qu’ils se hâtent donc de le dire et de le prouver, répondit Mirabeau.
C’est, je le répète, et toute l’histoire des salons le prouve, qu’un certain mauvais goût littéraire est très compatible avec le goût social le plus délicat.
Belcolore dit quelque part à Frank : Prétends-tu me prouver que j’aie un cœur de pierre ?
Mais de nos jours, au milieu des respects et des hommages individuels et publics volontiers décernés à la religion, après le triomphe encore plus complet qu’espéré d’une politique conservatrice, venir réagir au delà dans le même sens et en passant outre, pousser par système et par mode à l’aristocratie, au despotisme, à l’ultramontanisme, c’est ne prouver autre chose que l’ennui de l’âme qui s’agite à vide et la vanité de l’esprit qui se monte à froid.
Mais, avant d’être coulé près d’elle, il avait su s’en faire aimer, et rien ne prouverait mieux au besoin qu’il n’y a dans l’amour que ce qu’on y met, et que l’objet de la flamme n’y est presque en réalité pour rien.
« Il ne s’est jamais vanté, comme il est dit dans le Bolœana, d’avoir le premier parlé en vers de notre artillerie, et son dernier commentateur prend une peine fort inutile en rappelant plusieurs vers d’anciens poëtes pour prouver le contraire.
Je m’imagine encore que, trompés comme moi, ils me disent : « Vous ne nous apprenez rien ; vous ne nous donnez aucun moyen d’adoucir nos peines : au contraire, vous prouvez trop qu’il n’en existe point. » Ô mes compagnons d’infortune !
C’est par un seul et même raisonnement que l’ancienne théodicée prouve Dieu omniscient et tout bon.
Ce défaut tient encore à une autre vanité des savants, qui tient elle-même de très près à l’esprit superficiel, contre lequel ils ont une si juste horreur : c’est de faire des livres non pour être lus, mais pour prouver leur érudition.
Un simple coup d’œil sur les mots et locutions importés d’Italie en France depuis le règne de Charles VIII jusqu’à la mort de Mazarin prouve qu’en fait d’élégance mondaine, de stratégie, de beaux-arts, de marine, de commerce, de littérature régulière et classique, les Italiens de ce temps-là ont été des initiateurs pour leurs voisins.
Mais les filles d’Io prouvent leur descendance degré par degré, elles disent leur horreur de l’inceste permis par les lois barbares, et leur fuite à travers la mer pour échapper aux lits des fils d’Égyptos.
Pourtant la vérité générale de pareils tableaux se prouve aussi, se déclare d’elle-même, et, en les voyant, on a droit de s’écrier comme devant un portrait dont on n’a jamais connu le modèle : Que c’est vrai !
Toute part faite à la galanterie et à la poésie, cet aigle dans une cage de gaze nous prouve au moins que Mme d’Épinay avait de bien beaux yeux et une âme bien vive dans son enveloppe transparente.
Cicéron écrivit un beau traité sur la vieillesse, mais il ne prouva point son livre par les faits ; ses dernières années furent très malheureuses.
Le jeune homme arrive à Paris avec son futur beau-père, celui même chez qui il s’est rendu coupable du méfait, et il trouve moyen, avant que son oncle se soit mis sur ses gardes, de lui prouver que lui, M.
C’en est assez pour prouver que Raynouard, honnête homme et patriote par le cœur, doué de caractère d’ailleurs quand la circonstance l’exigeait, n’était nullement un républicain à la Caton.
Voulant donc convaincre le prince de Condé qu’il y a un grand et incomparable rôle à jouer dans cette crise entre la magistrature et la Cour, voulant tempérer son impatience et ses colères à l’égard du Parlement, et lui prouver qu’on peut arriver moyennant un peu d’adresse, quand on est prince du sang et vainqueur comme il l’est, à manier et à gouverner insensiblement ce grand corps, Retz, dans un discours qu’il lui tient à l’hôtel de Condé (décembre 1648), s’élève aux plus hautes vues de la politique, à celles qui devancent les temps, et à la fois il touche à ce qui était pratique alors.
Notez que Le Brun, dans son Mémoire judiciaire, argumentait de ses vers et de ses chansons pour prouver qu’il rendait sa femme heureuse : Qu’un enfant des neuf sœurs est facile à tromper !
« Il m’a souvent passé par l’esprit, dit Gourville, que les hommes ont leurs propriétés à peu près comme les herbes61, et que leur bonheur consiste d’avoir été destinés ou de s’être destinés eux-mêmes aux choses pour lesquelles ils étaient nés. » Et, s’appliquant cette pensée à lui-même, il ajoute : « J’oserais quasi croire que j’étais né avec la propriété de me faire aimer des gens à qui j’ai eu affaire, et que c’est cela proprement qui m’a fait jouer un assez beau rôle avec tous ceux à qui j’avais besoin de plaire. » Gourville fit bien des conquêtes en ce genre, mais la plus difficile, et qui prouve le plus pour lui, fut celle de Colbert.
Courier, et dont l’un était déjà mort au moment de ce second procès ; il les accusait de l’avoir poussé à l’acte, de l’y avoir conduit et d’avoir fait de lui leur instrument, eux présents sur les lieux et lui forçant la main ; il prétendait prouver qu’ils avaient à cette mort plus d’intérêt que lui.
Le peu de notes qu’on a publiées de lui, et où il fait son portrait, ont donné à sa physionomie une vie et un naturel qui est mieux que de la majesté : « Plutarque me charme toujours, disait-il ; il y a des circonstances attachées aux personnes qui font grand plaisir. » Né le 18 janvier 1689, au château de La Brède, près de Bordeaux, il sortait d’une famille de robe et d’épée, de bonne noblesse de Guyenne : « Quoique mon nom ne soit ni bon ni mauvais, disait-il, n’ayant guère que deux cent cinquante ans de noblesse prouvée, cependant j’y suis attaché. » Son père, qui avait servi, après s’être retiré de bonne heure, soigna fort son éducation ; le jeune Montesquieu fut destiné à la magistrature.
Il appliquera à l’examen de la chevalerie une méthode d’arithmétique morale qu’il aime à employer, et partant de ce principe « qu’un fils n’appartient qu’à moitié à la famille de son père, l’autre moitié appartenant à la famille de sa mère », il prouvera par chiffres qu’en neuf générations, à supposer une pureté de généalogie intacte, il ne reste dans la personne qui hérite du titre de chevalier que la cinq cent douzième partie du noble ou chevalier primitif.
Necker, dans la teneur morale de sa vie, doit sembler plus d’accord avec ses doctrines religieuses que ne le fut avec les siennes le brillant et fragile auteur de tant d’écrits passionnés : mais l’idée du Génie du christianisme (je le prouverai un jour par une pièce décisive que j’ai été assez heureux pour rencontrer) fut sincère à l’origine et réellement conçue dans les larmes d’une pénitence ardente, bien que trop tôt distraite et dissipée.
Quand il le sait malade et qu’il le voit comme prêt à s’évanouir dans sa pure essence, il s’écrie : La seule pensée de votre mort me sert d’argument pour prouver l’immortalité de l’âme ; car serait-il possible que cet être qui vous meut et qui agit avec autant de clarté, de netteté et d’intelligence en vous, que cet être, dis-je, si différent de la matière et du corps, cette belle âme douée de tant de vertus solides et d’agréments, cette noble partie de vous-même qui fait les délices de notre société, ne fût pas immortelle ?
Dryden, catholique converti, avait deux fils huissiers de la chambre de Clément XI, il faisait des tragédies dignes d’être traduites en vers latins, comme le prouvent les hexamètres d’Atterbury, et il était le domestique de ce Jacques II qui, avant d’être roi pour son compte, avait demandé à Charles II son frère : Pourquoi ne faites-vous pas pendre Milton ?
Nisard s’attache surtout à prouver qu’il n’a rien découvert, qu’il n’a rien inventé.
. ; mais si j’appliquais à ces principes le même genre de critique impitoyable que je dirige contre la sensation transformée ou l’impersonnalité de Dieu, qui me prouve que même ces grands principes resteraient encore debout ?
En quelques cas on peut prouver que dans des districts différents ce sont de très différentes causes qui mettent obstacle à l’existence d’une même espèce.
Il faut le convaincre peu à peu, feindre soi-même de croire aux êtres mystérieux de la nuit et surtout lui prouver, par des citations d’histoires de même nature, que déjà l’on a mis d’autres conteurs en confiance.
Il nous avait annoncé il est vrai, pour plus tard, un autre volume sur Rivarol et sur son temps, et nous l’avons eu, mais ce volume, qui est une biographie très bien faite, dans laquelle M. de Lescure a prouvé la noblesse très ancienne de Rivarol, et le titre nullement apocryphe de comte porté par lui montre l’homme et non l’écrivain.
III19 La maladie même et les plus épouvantables douleurs n’ont pas éteint en Heine le feu sacré du talent et l’ont même grandi, en l’exaspérant… L’Esprit n’a jamais mieux prouvé chez personne qu’il était d’une nature immortelle.
… Encore une fois, c’est moins un livre qu’un assemblage de forces vives, qui prouvent qu’il y a un homme sous cet Homme.
On le voit, les partisans de l’égotisme national ne prouvent que leur ignorance de la psychologie humaine et sociale.
Maintes fois j’ai écouté les orateurs populaires, ceux qui s’adressent aux bourses, et prouvent leur talent par leurs recettes ; c’est de cette façon qu’ils haranguent, avec des exemples circonstanciés, récents, voisins, avec les tournures de la conversation, laissant là les grands raisonnements et le beau langage. […] Il avait bien jugé ; c’est par cette suprême épreuve qu’une croyance prouve sa force et conquiert ses partisans ; les supplices sont une propagande en même temps qu’un témoignage, et font des convertis en faisant des martyrs. […] Figurez-vous donc ces étranges sermons, où les deux éruditions, l’hellénique et l’évangélique, affluent ensemble avec les textes, et chaque texte cité dans sa langue ; où, pour prouver que les pères sont souvent malheureux dans leurs enfants, l’auteur allègue coup sur coup Chabrias, Germanicus, Marc-Aurèle, Hortensius, Quintus Fabius Maximus, Scipion l’Africain, Moïse et Samuel ; où s’entassent en guise de comparaisons et d’illustrations le fouillis des historiettes et des documents botaniques, astronomiques, zoologiques, que les encyclopédies et les rêveries scientifiques déversent en ce moment dans les esprits. […] Maintenant tu as vu que lorsque le premier s’est mis à balayer, la poussière a volé tellement que la chambre n’a pu être nettoyée et que tu as été presque étouffé ; c’était pour te montrer que la Loi, au lieu de balayer par son opération le péché du cœur, le ranime, lui donne de la force, l’accroît dans l’âme, en même temps qu’elle le manifeste et le condamne, car elle ne donne pas le pouvoir de le vaincre. — Au contraire, quand tu as vu la demoiselle arroser d’eau la chambre, en sorte qu’on a pu la nettoyer avec plaisir, c’était pour te montrer que lorsque l’Évangile vient dans le cœur avec ses douces et précieuses rosées, comme tu as vu la demoiselle abattre la poussière en arrosant d’eau le plancher, de même le péché est vaincu et subjugué, et l’âme nettoyée par la foi, et par conséquent propre à recevoir le roi de gloire422. » Ces répétitions, ces phrases embarrassées, ces comparaisons familières, ce style naïf dont la maladresse rappelle les périodes enfantines d’Hérodote, et dont la bonhomie rappelle les contes de madame Bonne, prouvent que si l’ouvrage est allégorique, c’est pour être intelligible, et que Bunyan est poëte parce qu’il est enfant.
Et la suite, qui est l’histoire des douleurs, mais aussi de la charité grandissante et, finalement, de la sainteté de Jocelyn, prouve bien que le vieil évêque avait raison et qu’il fut, dans sa violence inspirée, bon aiguilleur de cette destinée hésitante. […] C’est l’éternel soupir qu’on appelle chimère, Cette aspiration qui prouve une atmosphère… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Les vraies « Feuilles d’automne », ce sont les Recueillements : le soleil de l’avenir humain y brille, pour le poète, à travers les feuillages jaunis de son automne, au bout des sentiers jonchés de ses illusions et de ses deuils… L’éternelle mélancolie et l’éternel espoir… Mais pourquoi un critique impérieux et inventif, dialecticien de la même façon que d’autres sont poètes, et qui produit des théories comme un rosier porte des roses, a-t-il dit et même démontré que la poésie romantique et la poésie personnelle, c’est tout un ; que ce qui distingue, en gros, les romantiques des parnassiens, c’est que les premiers, monstres de vanité, se jugeaient si intéressants et si particuliers qu’ils ne nous parlaient que d’eux-mêmes et de leurs petites affaires, au lieu que les seconds se sont appliqués à peindre ce qui leur était extérieur, et qu’ainsi « l’évolution de la poésie lyrique » en ce siècle, c’est, en somme, le passage de la poésie subjective à la poésie objective Je crois pourtant n’avoir presque jamais rencontré, ni dans Chateaubriand, ni dans Lamartine, Hugo ou Vigny, ni même dans Musset, rien de personnel qui ne soit en même temps général ; et je le pourrais prouver très facilement, si c’était ici le lieu. […] Et cela encore, si c’était le lieu, se prouverait avec aisance Pour Lamartine, en tout cas, le reproche de subjectivisme est étrange ; ou bien, alors, je ne sais pas quel poète y échapperait.
Et l’événement prouve que certains phénomènes de la nature se prêtent à cette exigence, de telle sorte que la notion de loi mécanique domine toute la recherche scientifique, au moins comme idée directrice. […] Et, comme rien ne prouve que le support réel des phénomènes dits mécaniques soit lui-même mécanique et soumis au déterminisme, il n’y a point de chaîne à rompre pour faire pénétrer une influence morale dans ce qu’on appelle le monde de la matière et du mouvement. […] La loi dont il s’agit, loin de prouver la possibilité des transformations, les exclut. […] Mais, en admettant que tout doive un jour se ramener à l’unité, qui nous prouve que la science totale ne sera qu’une extension de la science mécanique, et non pas une science supérieure, où le mécanisme lui-même rentrerait comme une espèce dans un genre ?
L’un construit, l’autre démolit ; l’un dit, l’autre dédit ; on vous a prouvé une thèse ici, dans la chaire voisine on la réfute ; vous avez entendu un orthodoxe, voici un rationaliste auquel succède un spéculatif. […] Ils avaient prouvé par leur existence et leur exemple, qu’une culture romande, française par la langue, autochtone et protestante par la sève, était capable de faire figure, de porter fruit. […] Le corps c’est l’œuvre, par laquelle le génie passe de la puissance à l’acte, cesse d’être disponibilité pour devenir position et proposition, se prouve à lui-même, comme l’homme dans l’amour, en un moment privilégié qui n’est que la face interne du moment où il se prouve à autrui.
« La France était jalouse des victoires prussiennes. » — Non pas jalouse, mais inquiète, et à juste titre ; l’événement ne l’a que trop prouvé, et M. […] Mais c’est justement pour le peuple, pour le grand nombre qu’elle est faite, et ceux qui la décrient, au nom de ce qu’ils nomment emphatiquement les principes, prouvent par cela même qu’ils sacrifient le peuple vivant, les travailleurs, les pauvres, à une théorie usée, à une phrase de livre, à un pur jeu de logique et d’abstractions. […] En second lieu, il est prouvé que chacun de nos événements intérieurs, même le plus compliqué, même le plus délicat, une pensée abstraite, un sentiment fugitif, a pour correspondant et pour condition un mouvement moléculaire qui se propage dans les cellules de l’écorce grise cérébrale, ce qui établit une liaison originelle entre le phénomène mental et le phénomène physiologique. […] On peut le prouver rigoureusement pour les caractères physiques, et grâce à la correspondance établie entre le physique et le moral, on peut conclure de même pour les caractères moraux ; l’hérédité physiologique nous garantit l’hérédité psychologique. […] Les quatre ouvrages dont on vient de lire les titres ont été publiés le mois dernier, et nous les annonçons avec plaisir ; car non seulement ils sont importants et méritent d’être lus, mais encore ils prouvent qu’en France on commence à ouvrir les yeux, à regarder au-delà du cercle officiel, à redevenir curieux.
le prouvent), doué singulièrement de la faculté d’apercevoir les anomalies et les mensonges qui rendaient ses contemporains malheureux ou coupables, Dumas fils serait digne d’être rangé au nombre des grands hommes, si ses livres étaient illuminés par ce rayon de beauté qui sauve de l’oubli les œuvres humaines. […] Il est prouvé que la Vervolière a été la propriété des Richelieu. […] Et cependant certains faits paraissent prouver que le régime démocratique n’est pas définitivement brouillé avec le mérite personnel. […] C’étaient là des imprudences qui prouvent que les missionnaires sont quelquefois les dupes de leur zèle et les victimes de leur dévouement. […] S’il était nécessaire de démontrer que ces deux maîtres, dans leur longue intimité avec l’hellénisme, ont cueilli la fleur et savouré l’essence de la sagesse grecque, rien ne le prouverait mieux que cet affranchissement, tout attique, du pli professionnel et des servitudes du métier.
Elle y a échoué ; mais en comédienne qui prouve qu’on peut lui confier sans crainte quelque rôle que ce soit ; et si c’est cette démonstration qu’elle voulait faire, elle a eu pleinement raison de réclamer ce rôle redoutable. […] Mais savez-vous bien qu’elle prouve la sincérité de l’admirateur ? […] Mais, puisque Diderot le démontre lui-même, ce n’était pas une chose à prouver. […] , lettre où est prouvé que Concini a trempé dans l’assassinat d’Henri IV, lettre qui, on ne sait comment, est en la possession de Borgia. […] Ce qui le frappe, c’est que Scribe a peint très exactement les mœurs de son temps, et c’est qu’il a été souvent très hardi, et il le prouve parfaitement ; et c’est qu’il a été un novateur et c’est absolument vrai ; et c’est qu’il a dans tous les genres poussé en avant et fait rendre à chaque genre tout ce qu’il pouvait donner à cette époque.
Car qu’est-ce, je vous prie, que l’instinct des animaux, sinon une espèce de vertu animale qui se rattache à l’intérêt bien entendu, à savoir à la satisfaction de leurs besoins par les moyens les plus propres ; et qu’est-ce, par analogie, que la raison chez le plus grand nombre des hommes, sinon un certain raisonnement pour se prouver à eux-mêmes qu’ils font bien en faisant ce qu’ils veulent, en ne faisant pas ce qu’ils ne veulent pas ? […] « L’âme, dit Platon, est après les dieux ce qu’il y a en nous de plus divin, comme elle est ce que nous avons de plus en propre. » C’est la doctrine cartésienne qui nous prouve notre existence par notre pensée, et notre corps par notre âme. […] Vienne le premier dissentiment, il prouve avec scandale que les pires inimitiés sont faites d’amitiés politiques. […] De là à s’intéresser à ce que les habiles appellent le jeu des institutions, à être touchés de cette « beauté particulière » que les artistes de la politique admirent dans les gouvernements de la parole, de là à prendre parti dans ces tournois où des orateurs se disputent à qui prouvera le premier qu’il s’entend mieux à parler qu’à gouverner, il y a loin. […] Encore eûmes-nous à les disputer à une voyageuse qui plus hardie que le Bilboquet des Saltimbanques, ne disait pas : « Ces malles doivent être à moi », mais bien : « Ces malles sont à moi. » On lui demanda de le prouver en les ouvrant.
Si, l’homme du livre, et surtout des vieux livres, vous le jugez au point de vue du livre, vous n’êtes pas à la page, vous ressemblez au mathématicien qui demandait d’Athalie ce que cela prouvait, Ce que dit Lemaître est vrai, jusqu’à un certain point (il ne faut pas exagérer et lui-même exagère en journaliste « pour frapper fort »), d’un journal pris en particulier, parce qu’on écrit dans un journal pour soutenir une opinion de parti. […] Comment le prouverez-vous ? […] Mais autant Athalie ou une symphonie comportent de précision chez l’auteur qui les a créés, même chez l’exécutant qui nous les fait entendre, autant il serait ridicule de chercher la précision dans les sentiments qu’elles nous font éprouver, de demander d’Athalie, comme ce mathématicien : « Qu’est-ce que cela prouve ? […] Le critique peut expliquer au géomètre qu’Athalie prouve quelque chose, mais dans l’ordre de ce qui est, comme disait Pascal, vérité d’agrément et non de démonstration ; le critique musical peut et même doit retrouver et faire sentir dans son commentaire et son explication, qui sont des actes, des créations, quelque chose de la précision souveraine qui était présente dans la composition de la symphonie et dans l’habileté de ses exécutants. […] Si peu dogmatique qu’il soit, il faut bien qu’il cherche à prouver, à ordonner, à construire.
Qu’on ajoute à ces nombreuses inventions et innovations sa Gazette, seul organe de publicité d’alors, placée sous la protection et comme dans la main du chef de l’État, c’est plus qu’il ne faut pour prouver que Renaudot n’était pas un esprit à mépriser.
Benjamin Constant, sous le coup de cette note, commençant son discours quelques heures après, était obligé de dire pour exorde : « Il eût été à désirer que le premier projet de loi soumis à la discussion du Tribunat eût pu être par lui adopté ; la malveillance n’aurait pas le prétexte de dire que cette enceinte est un foyer d’opposition… » J’ai eu sous les yeux des lettres qui prouvent à quel point Benjamin Constant et son monde, au moment où ils ouvraient les hostilités, furent sensibles eux-mêmes à de si promptes représailles.
Marivaux a donné la dénomination à un genre, et son nom est devenu synonyme d’une certaine manière : cela seul prouverait à quel point il y a insisté et réussi.
Essayons de le prouver pourtant, et sans rien exagérer.
Rien ne prouve mieux la force de son ascendant que l’effet que produisent ses paroles sur Pelleport, esprit froid, peu enthousiaste.
Félix Clément a recueilli quantité de passages qui prouvent que ce mouvement d’interrogation si naturel a été trouvé de bonne heure60.
Il dit qu’il avait l’esprit de gouvernement, et c’est ce qu’il y aurait à prouver.
. — Je reviens à la poésie d’après Gœthe, et à ce qui la fait naître et l’alimente : « Que l’on ne dise pas, ajoutait-il, que l’intérêt poétique manque à la vie réelle, car justement on prouve que l’on est poëte lorsque l’on a l’esprit de découvrir un aspect intéressant dans un objet vulgaire.
Royer-Collard que j’entends parler en ce moment) ne sont pas les meilleurs conseillers, tant s’en faut, dans les situations critiques, et ils l’ont bien prouvé à des reprises différentes.
— Je ne voulais arriver, en parcourant l’élégant et ingénieux dialogue, qu’à la citation de ces charmants passages qui prouvent, une fois de plus, l’avance marquée qu’eut presque de tout temps la prose française sur la poésie.
Lui-même, je l’ai dit, fut très-malheureux ; ses propres aveux le prouvent ; au sortir d’une maladie, s’adressant à Vénus, il disait : « Déesse du mystère, Vénus, de ma pauvreté errante reçois cette offrande, reçois de l’indigent et chétif Léonidas des gâteaux onctueux, une olive bien conservée, cette figue verte qui vient de quitter sa branche, un grappillon de cinq grains détaché d’une grosse grappe, et cette libation d’un fond d’amphore.
Deschanel, semble avoir tenu en effet à me réfuter presque aussitôt, et quelques mots de bienveillance, que j’ai surpris un matin sous sa plume, m’ont prouvé que, même dans ses sévérités habituelles de ton, il n’avait pas autant de parti pris que je l’avais supposé.
Au tome III (page 393 et suivantes) de son grand Traité, il rapprochait cette bataille de celle de Torgau, livrée par Frédéric en 1760, faisant remarquer toutefois que « s’il y avait de la ressemblance dans les résultats des deux affaires, il y avait une grande différence dans les dispositions antérieures et dans l’ordonnance du combat. » Il s’attachait à faire ressortir ce qu’il y avait de grand dans la combinaison première de Napoléon, « indépendamment de ce qu’il avait pu y avoir de fautif dans l’exécution. » Au sujet du retard de Ney, il l’attribuait à ce que l’aide de camp s’était « égaré en chemin », et, supposant les ordres donnés à temps, il concluait que « ce sont de ces choses qu’un général peut ordonner, mais qu’il ne peut pas forcer. » Il est à remarquer que cette phrase d’excuse et apologétique a disparu depuis dans l’édition définitive du Traité (chapitre xxvi), et qu’un paragraphe a été ajouté pour dire au contraire, par manière de critique, que « ces deux sanglantes journées prouvent également combien le succès d’une attaque est douteux, lorsqu’elle est dirigée sur le front et le centre d’un ennemi bien concentré ; en supposant même qu’on remporte la victoire, on l’achète toujours trop cher pour en profiter.
Il passa une année dans une petite chambre rue Mézières, puis rue du Dragon, étudiant et travaillant à force, jaloux de prouver à son père qu’il pouvait se suffire à lui-même.
Le succès des diverses petites Bibliothèques publiées en format dit anglais prouve que de bons livres remplis et peu chers garderaient toutes chances : et encore n’a-t-on pas toujours été scrupuleux dans les choix.
La perfection des deux nouveaux opuscules prouve que, chez lui, le bonheur du récit n’était pas un accident, mais un don, et combien il l’aurait pu appliquer diversement, s’il avait voulu.
Grâce à lui, l’histoire des premiers siècles de Rome est à refaire, ou mieux il demeure prouvé, je pense, qu’on ne saurait la refaire.
Traité avec le plus grand mépris dans cette Cour, et privé de l’espoir de jouer un rôle à Paris, la mort lui parut être sa seule ressource ; mais il porta sur lui une main mal assurée ; le courage manqua à ce nouveau Caton, pour achever… L’amour de la vie prévalut, un chirurgien fut appelé, et le comte prouva qu’il ne savait ni vivre ni mourir. » Quand on a eu affaire dans sa vie à des haines aussi cruelles et aussi envenimées que cette page en fait supposer, on a quelque mérite à n’avoir jamais pratiqué qu’indulgence et bienveillance, comme l’a fait M. de Ségur.
Sans doute l’on trouverait sans peine dans son œuvre des saillies de sensibilité : elles ne prouvent rien.
Est-il utile aujourd’hui de justifier l’importance que Boileau attribue au métier, de prouver que le génie ne dispense pas du métier, et qu’il n’y a pas de chef-d’œuvre sans métier ?
Pour en revenir à Gilbert, il prouve combien il est difficile à qui s’est défendu de l’illusion publique sur les écrivains contemporains, de se défendre de leurs défauts, et de sauver à la fois de la contagion ses sentiments et son goût.
J’entends bien que ses prévisions sont souvent démenties par l’événement ; cela prouve que la science est imparfaite et si j’ajoute qu’elle le restera toujours, je suis certain que c’est là une prévision qui, elle du moins, ne sera jamais démentie.
Vielé-Griffin prouvait la sienne en ajoutant des nuances et des tons à son talent discret et pathétique et nous contait la Chevauchée d’Yeldis ou les épisodes symboliques d’Ancaeus ou de Phocas le Jardinier.
Descartes n’est, pas sûr que la nature existe ; il se défie là-dessus du témoignage de ses sens ; il a besoin de se prouver à lui-même que le monde — tel qu’il le voit, tel qu’il le touche — n’est pas une illusion, et c’est par un long raisonnement qu’il arrive à établir que la terre, les arbres, les autres hommes sont bien des êtres réels.
[NdA] On cite quelquefois une phrase de Huet comme ayant un air de prophétie ; elle est dans son Histoire du commerce et de la navigation des anciens, qu’il écrivait sous le ministère de Colbert ; il parle des Russes, qu’on appelait encore Moscovites : « Que s’il s’élevait parmi eux quelque jour, dit-il, un prince avisé qui, reconnaissant les défauts de cette basse et barbare politique de son État, prît soin d’y remédier en façonnant l’esprit féroce et les mœurs âpres et insociables des Moscovites, et qu’il se servît, aussi utilement qu’il le pourrait faire, de la multitude infinie de sujets qui sont dans la vaste étendue de cette Domination qui approche des frontières de la Chine, et dont il pourrait former des armées nombreuses ; et des richesses qu’il pourrait amasser par le commerce, cette nation deviendrait formidable à tous ses voisins. » Je ne donne pas la phrase comme bien faite, mais elle est curieuse et prouve que Huet, avec un tour très latin en français, est capable, plus qu’on ne croirait, d’un sens très moderne.
Notre théâtre est devenu non seulement le témoignage éclatant de tout le dévergondage et de toute la démence auxquels l’esprit humain peut se livrer quand il est abandonné sans aucun frein, mais il est devenu encore une école de débauche, une école de crimes, et une école qui fait des disciples que l’on revoit ensuite sur les bancs des cours d’assises attester par leur langage, après l’avoir prouvé par leurs actions, et la profonde dégradation de leur intelligence et la profonde dépravation de leurs âmes.
Il serait facile de trouver de plus grands exemples que Mme de Caylus, qui n’a écrit qu’à peine et par rencontre ; mais ces exemples prouveraient autre chose, quelque chose de plus que ce que j’ai en vue, et la délicatesse dont je voudrais donner l’idée s’y compliquerait en quelque sorte du talent même de l’écrivain.
Il me serait trop aisé de prouver tout cela par des exemples ; quand je dis trop aisé, je me vante, car, si je voulais citer, ce me serait difficile et le plus souvent impossible, à cause du cynisme et de la grossièreté des passages, même là où c’est spirituel.
Effectivement elle le prouve.
Il avait dès longtemps cessé de l’aimer ; mais quand elle lui avait prouvé qu’elle pouvait s’arracher à lui et lui en préférer un autre, cet autre ne fût-il que Dieu seul, elle l’avait entièrement détaché et aliéné d’elle ; il ne le lui avait point pardonné : « Elle m’a souvent dit, raconte Madame, mère du Régent, que si le roi venait dans son couvent, elle refuserait de le voir et se cacherait de manière qu’il ne la trouverait point.
Cette demande ne fut point agréée ; mais tout prouve que Napoléon ne lui sut pas mauvais gré de sa tentative.
C’est un air qui ne prouve pas la supériorité de l’esprit, mais le dérèglement du cœur.
Cet homme grave avait ce tour d’esprit persifleur et fin qui était bien à lui, et il l’a prouvé depuis par quelques écrits qui attestent une observation minutieuse et pénétrante.
Je pourrais citer des traits piquants, incroyables, que je tiens de témoins dignes de foi, et qui prouveraient de reste son avarice et l’habituelle licence de ses propos.
L’exemple de Bonneval nous prouve, ce semble, qu’il faut quelque point d’arrêt, quelque principe, je dirai même quelque préjugé dans la vie : discipline, subordination, religion, patrie, rien n’est de trop, et il faut de tout cela garder au moins quelque chose, une garantie contre nous-même.
Très jeune à la Cour, très en posture de tout dire, on l’avait accepté sur ce pied-là, et quand, plus tard, après ses disgrâces passées et son retour, il eut prouvé son habileté et son utilité réelle dans les affaires de son ordre, on ne lui demanda pas de supprimer ses vivacités naturelles et ses craqueries, qui faisaient de lui un prélat qui ne ressemblait à nul autre.
Hennin ne l’en a pas moins obligé sans d’abord l’avertir de ce qu’il savait, il lui dit : Vous m’avez donné à Vienne, monsieur, une forte preuve de votre amitié ; mais le silence que vous avez gardé ne m’a pas prouvé votre estime.
L’événement prouva que je n’avais pas mal jugé cette affaire, puisque l’Assemblée nationale, aussitôt qu’elle en fut instruite, interdit à tous ses membres d’accepter aucune fonction à la nomination du roi.
La beauté très primitive inhérente à l’utilité, en tant qu’ensemble de moyens et de fins bien ordonnés, apparaît, surtout quand cette utilité est plus visible et quand l’objet utile, mis en action, prouve immédiatement devant nous son usage.
Toutes nos démonstrations tendent à prouver que cette troisième action diminue et disparaît à mesure que les sociétés évoluent, et cela en raison même du fait primordial que la société est une institution de conservation de l’individu et de l’espèce19 dirigée contre l’opération destructive propre de la natureek.
qui me prouve que mon tuteur ne se trompera pas ?
Tout dérive de l’idée qui seule dirige et crée ; ces moyens de manifestation physico-chimiques sont communs à tous les phénomènes de la nature, et restent confondus pêle-mêle comme les lettres de l’alphabet dans une boîte où cette force va les chercher pour exprimer les pensées ou les mécanismes les plus divers. » Cette remarquable page, où l’auteur développe à sa façon le principe que les philosophes appellent principe des causes finales, prouve qu’il y a dans les êtres vivants au moins une force initiale qui ne se réduit pas aux forces physiques et chimiques, et rien jusqu’ici ne porte à croire qu’elle s’y réduira jamais.
Jeudi dernier, appuyé sur mon bras (j’avais remplacé le parapluie feuille-morte), il était en train de me prouver la supériorité des paniers sur la crinoline… Tout à coup, il me lâche et se met à trottiner devant moi.
Prouvez-nous le contraire ; aidez-nous à vivre et à créer.
Héritiers d’une longue suite d’années paisibles, nos heureux devanciers ont pu se livrer à des discussions purement académiques qui prouvent encore moins leur talent que leur bonheur. […] Mais la philosophie du dix-huitième siècle, puisqu’on a adopté ce nom, ne pourra jamais former une doctrine textuelle ; on ne pourra jamais être reçu à citer un écrivain, pour prouver que cette philosophie avait un projet certain et des principes reconnus. […] C’est bien là ce qui prouve combien est puissante sur le cœur de l’homme la peinture d’une impression vive et réelle, quelle sympathie elle excite en lui, et comment elle établit entre celui qui parle et celui qui écoute des rapports si intimes, que l’un éprouve bientôt ce que l’autre a éprouvé. […] Le plus fort voulut toujours prouver qu’il avait raison, autrement que par la force. […] L’auteur cherche à prouver que leurs erreurs étaient le résultat des circonstances politiques dans lesquelles ils se sont trouvés, de ce relâchement des principes sociaux, préparé par la vieillesse de Louis XIV, la corruption du Régent et l’insouciance de Louis XV.
Tous les huit jours, quelques amis venaient s’asseoir à sa table ; j’entendais, fumant une cigarette à la fenêtre, le bruit des chaises qui s’installaient ; un silence, c’était le potage ; un peu après, un bruit d’assiettes qu’on changeait, puis des voix, des rires, des cris quelquefois, ce qui me prouvait qu’on parlait d’art ou de politique. […] Octave Mirbeau ; elle lui indique nettement sa route d’écrivain ; ce qui prouve une fois de plus que tout artiste doit prêter l’oreille et les yeux à la nature, et que sans elle il n’y a pas de salut. […] Voici en quelques lignes la donnée de ce drame étrange, qui ne tend à rien moins qu’à prouver que, sans l’adultère, il y aurait moins de bons ménages qu’on n’en compte généralement. […] Finissons par ce mot charmant de la comtesse Flore, à qui son neveu dit, en l’entendant professer certaines opinions : — Vous vous calomniez ; moi, je suis sûr que vous avez toujours été une très honnête femme. — Ton oncle l’a prouvé dans trois duels ! […] Tout n’est au fond qu’une grande illusion, et ce qui le prouve c’est que, dans beaucoup de cas, rien n’est plus facile que de duper la nature par des singeries qu’elle ne sait pas distinguer de la réalité.
Il me dit néanmoins un : « C’est toi, André, comme tu es aimable d’être venu… » qui me prouva, une fois de plus, le degré de son empire sur lui-même, et il me tendit une main que je ne pris pas. […] Je passe la fin de ce navrant récit si impressionnant, parce que l’auteur a su voir, et dire ce qu’il avait vu, et je termine mes emprunts par une petite anecdote faite pour prouver qu’il y a un peu de tout dans les notes de M. de Maupassant. […] Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais Bois mêmes, prouve, hélas ! […] Ce qui prouve que les poètes peuvent fort bien écrire en prose. […] Sully Prudhomme le prouvera du reste.
Il l’a prouvé, dès son début, en consacrant à Saint-Simon une trentaine de pages aimables, faciles, élégantes, d’un sentiment élevé, où l’on reconnaît l’homme de bien et l’homme de goût et qui sont des meilleures qu’on ait écrites sur ce sujet. […] quelle est cette morale qui ne convertit point, qui a besoin d’être prouvée pour qu’on la sente ; qui, même prouvée, nous éloigne parce qu’elle blesse nos instincts moraux ? […] que prouve cette plastique du laid, dont les fameuses chairs qui s’effiloquent, dans le portrait du vieil aveugle, sont le triomphe ? […] Chéruel a faite de ces divers documents, prouve que Fléchier a plutôt adouci que chargé l’horreur de ces forfaits. […] La nécessité où sont les volés et les battus de capituler, prouve assez qu’ils vivent dans une province où nos lois n’ont point cours.
Et cette minutieuse description n’a rien de froid ; si elle est si détaillée, c’est que la contemplation était intense ; elle prouve sa passion par son exactitude. […] Mais la poésie et la vie de famille prouvent qu’ils n’y réussissent qu’à demi.
V Pendant ce temps-là, bien que vous m’eussiez vu à l’œuvre, et, entre autres jours, le 16 avril 1848, le plus beau jour, le jour du salut, le jour encore mystérieux de ma vie publique, le jour que des calomnies qui seront confondues à leur heure ont cherché à tourner contre moi et dont ils ont voulu me dérober l’honneur et la résolution, bien que ces calomniateurs n’en sachent pas même encore la cause et le secret ; bien que, reconnu par vous au moment où, déguisé, j’échappais à mon triomphe, vous m’ayez dit à l’oreille, enlevé par l’enthousiasme de la bienveillance, un de ces mots que je n’ai jamais oubliés, jamais cités, et qui prouvaient plus que de la justice pour moi dans votre cœur, que faisiez-vous ? […] Mais vous ferez mieux que les Consolations, quelque chose de plus fort et de plus pur. » « Ce même Beyle, quelques mois après et au lendemain de la révolution de Juillet, nommé consul à Trieste, et se croyant prêt à partir (il n’obtint pas l’exequatur), m’écrivait cet autre billet tout aimable, qui me prouvait une fois le plus qu’il augurait bien de moi et qu’il ne tenait pas à lui que je ne devinsse quelque chose : « 71, rue Richelieu, ce 29 septembre 1830.
Mais, au moment même où Sainte-Beuve veut prouver que l’unique harmonie du vers, c’est la rime, ne prouve-t-il pas aussi la puissance du rythme ?
Dans les passages où Xénophon nous parle de l’oracle intérieur que s’attribuait son maître, il semble n’avoir rien ajouté à ce qu’il croyait la vérité ; mais le sérieux constant de cet esprit positif et borné permet de supposer qu’il n’a pas su distinguer dans les allusions de Socrate ce qu’il y avait de sincère et ce qu’il y avait de feint, la part du témoignage et celle de l’allégorie ; et cette distinction que Xénophon, d’ailleurs crédule et superstitieux, n’a pas su faire, Platon, idéaliste et poète, l’a volontairement dédaignée ; Platon, lui, a si bien compris l’ironie socratique qu’il l’a élevée à la hauteur d’un procédé littéraire ; il a renchéri sur Socrate ; il a greffé son ironie sur celle du maître, les mythes que lui dictait son imagination sur les mythes de l’enseignement socratique ; ce que Socrate avait, divinisé, Platon s’est gardé de le ramener à des proportions humaines ; il se serait privé par là de ressources précieuses pour la partie artistique et inspirée de ses dialogues ; tout prouve d’ailleurs qu’il professait pour la vérité historique un dédain presque absolu ; il était d’avance de l’avis d’Aristote, que « la poésie est plus philosophique que l’histoire183 » ; le fait sensible et particulier n’est pour lui qu’un fragment insignifiant du non-être ; la légende de Socrate était plus vraie, sans doute, à ses yeux, que la vie de Socrate. […] Cependant, dans beaucoup d’autres circonstances, il vint m’interrompre au milieu de mon discours ; mais aujourd’hui il ne s’est opposé à aucune de mes actions, à aucune de mes paroles… C’est que ce qui m’arrive est, selon toute vraisemblance, un bien… Infailliblement, si j’avais été sur le point de faire quelque chose qui ne fût pas bien, le signe ordinaire se fût opposé à moi… Il est clair pour moi que mourir dès à présent est ce qui me convient le mieux ; c’est pourquoi le signe ne m’a empêché en rien198. » Dans le Gorgias, Socrate explique par des raisons purement logiques son abstention des affaires publiques ; rien ne prouve donc que le signe démonique soit intervenu réellement pour cet objet particulier.
— J’aime entre tous, le poète Stéphane Mallarmé parce que, méprisant tout ce qu’il se prouva facile en des poèmes tels que « Les Fenêtres » et « Apparition », il rêva de créer une symphonie poétique aussi définitive et magique que celle exécutée par Richard Wagner, en musique. […] — Le journaliste attaqué par M. de Gourmont s’est mis le doigt dans l’œil, et certainement la présente consultation le lui prouvera.
Tandis, en effet, que des appareils moteurs se montent sous l’influence des perceptions de mieux en mieux analysées par le corps, notre vie psychologique antérieure est là : elle se survit, — nous essaierons de le prouver, — avec tout le détail de ses événements localisés dans le temps. […] Les diverses aphasies sensorielles prouvent assez que l’évocation d’une image auditive n’est pas un acte simple.
D’autre part, que les doctrines positivistes aient servi de parangon aux naturalistes en général, aux parnassiens en particulier, les œuvres littéraires ou artistiques des uns et des autres le prouvent abondamment. […] Revenant sur les œuvres de Dante, Shakespeare, Milton, Shelley, Tennyson, Wordsworth et même Byron, Alfred Austin a prouvé que ces poètes avaient énoncé des théories philosophiques supérieures à celles des métaphysiciens de leur époque.
Milton, pour prouver qu’on peut faire mourir un roi, cite Oreste, les lois de Publicola et la mort de Néron. […] Au milieu de ses syllogismes, Milton prie, soutenu par l’accent des prophètes, entouré par les souvenirs de la Bible, ravi des splendeurs de l’Apocalypse, mais retenu à la porte de l’hallucination par la science et la logique, au plus haut de l’air serein et sublime, sans monter dans la région brûlante où l’extase fond la raison avec une majesté d’éloquence et une grandeur solennelle que rien ne surpasse, dont la perfection prouve qu’il est entré dans son domaine, et au-delà du prosateur promet le poëte484 : « Toi qui siéges dans une gloire et dans une lumière inaccessibles, père des anges et des hommes ! […] La dialectique empêtrée, l’esprit pesant et maladroit, la rusticité fanatique et féroce, la grandeur épique des images soutenues et surabondantes, le souffle et les témérités de la passion implacable et toute-puissante, la sublimité de l’exaltation religieuse et lyrique : on ne reconnaît point à ces traits un homme né pour expliquer, persuader et prouver.
Si ces pages stimulent chez eux le goût inné du beau et grand théâtre et leur prouvent que leurs frères s’y intéressent encore, qu’ils travaillent à le relever en esprit de foi et de poésie, je n’aurai pas perdu ma peine ni mon temps. […] Comment, en décriant le mot, Bataille est tombé dans l’abus des mots, dans la fausse émotion, dans la fausse poésie, dans la pire littérature, c’est ce que ses ouvrages, avec des qualités certaines, nous prouvent surabondamment. […] Les faits nous prouvent jusqu’à l’évidence que nous n’avons pas perdu notre temps, que l’idée, en moins de trois ans, a fait un énorme chemin et que l’action l’a suivie.
Ainsi procédait le philosophe qui prouvait le mouvement en marchant ; son acte était la négation pure et simple de l’effort, toujours à recommencer et par conséquent impuissant, que Zénon jugeait nécessaire pour franchir un à un les points de l’intervalle. […] C’est par là qu’elle prouverait — c’est même par là seulement qu’elle pourrait d’abord définir — sa supériorité. […] Ainsi, même si l’on érige en principe de la morale l’intérêt personnel, il ne sera pas difficile de construire une morale raisonnable, qui ressemble suffisamment à la morale courante, comme le prouve le succès relatif de la morale utilitaire.
J’ai dit qu’il excellait à ne pas comprendre ; je dois le prouver. […] Et qui suffirait à prouver que les démarches de la poésie ne sont pas celles de la raison. […] Il me faudrait maintenant aborder la conclusion de mon discours et prouver comment la poésie peut aboutir à la prière.
Nous peindre, comme certains le font un Sainte-Beuve capable de trahir sa pensée pour satisfaire son envie et de dénier publiquement à un poète glorieux des mérites que lui reconnaît son for intérieur, c’est une thèse plus que gratuite ; ceux qu’elle contente prouvent par là leur opacité. […] Comment croirait-il plus que nous à la réalité d’une inspiration qui a besoin d’établir une sorte de service de contentieux pour prouver qu’elle est ? […] Ici, les affirmations de la religion naturelle : Providence, justice divine, décrets absolus de la conscience morale, vie future avec ses récompenses et ses châtiments, divinité de Jésus prouvée par la sublimité de la morale de l’Evangile, s’appuient sur un argument plus sentimental. […] Robert Godet a trouvés à prouver son dire par une série d’exemples et de citations.
N’y a-t-il pas, en effet, pour l’écrivain, une espèce de point d’honneur à réunir ainsi des pages quelque peu improvisées et à se pouvoir prouver à soi-même que, son travail, quoique hâtif n’est pas tout à fait indigne, au moins, de sa propre estime ? […] Il prouve simplement que cette place brillante que Lucien Muhlfed s’était acquise dans les lettres et à laquelle une mort cruellement prématurée l’a enlevé, il la conserve brillamment dans la postérité qui commence pour lui. […] Pour, cela, nous voyons Le Greco se soumettre aux influences de Tolède, renoncer à ses pratiques d’art précédentes, transformer sa palette, se faire l’interprète de ce que l’âme espagnole d’alors avait en même temps de réaliste et de visionnaire et qu’il traduit avec une intensité d’intérêt, une sincérité de moyens qui prouvent combien fut forte l’influence subie. […] Il prouve que Le Nôtre n’était pas insensible aux caprices de la nature, à la délicatesse des couleurs et à la bizarrerie des formes, et que, chez lui, le triomphe de l’intelligence n’avait pas détruit les finesses de la sensibilité.
Helvétius consacre tout un chapitre à prouver cette proposition : « De la supériorité des gens passionnés sur les gens sensés » ; et il donne à un autre le titre que voici : « On devient stupide dès qu’on cesse d’être passionné. » Il y montre que « l’absence totale de passions, si elle pouvait exister, produirait en nous le parfait abrutissement ; et qu’on approche d’autant plus de ce terme qu’on est moins passionné ». — Qui voudrait être rangé dans la classe des stupides ? […] Ou bien, en français, avec un peu plus d’insistance : « Tout sentiment prouve un Dieu, et tout sentiment agréable prouve un Dieu bienfaisant. » Mortels, venez à lui, mais par reconnaissance. […] Fait pour la société, tendant à la vulgarisation, il prouve et il prêche ; ses poèmes les plus typiques ne sont souvent qu’un appel à l’ordre, à la modération, à la sagesse.
Je le lui prouvai en l’allant remercier du brevet de bonne éducation qu’il voulait bien me décerner. […] Il le restera, au moins pour son amour incontestable du rare et du beau, même lorsque les « chauves-souris » se seront envolées, même lorsque les « odeurs suaves » se seront évaporées, même lorsque se seront flétris les « hortensias bleus », même si ses futurs mémoires ne prouvent que trop qu’il était de la « race irritable » genus irritabile vatum. […] Faguet, une fois formulées les réserves que j’ai indiquées, une fois bien établie sa résolution d’échapper à ce que j’appelais plus haut le prestige balzacien, une fois prouvé son éloignement de tout fétichisme, ne marchande pas à Balzac son admiration clairvoyante, mais cette admiration, il ne fait pas que là déclarer, il en donne les raisons critiques dans les pages substantielles auxquelles je renvoie le lecteur. […] De part et d’autre on s’acharnait à prouver la supériorité réciproque de ceux-ci ou de ceux-là, et le débat se poursuivait dans un flot d’encre. […] L’exemplaire que j’ai entre les mains est celui d’une seconde édition de l’ouvrage, ce qui prouve que la première eut, de son temps, quelque succès.
Cela prouve, une fois de plus, que chaque peintre voit d’une certaine façon, sent la lumière et les couleurs à sa manière, et que chaque spectateur, à son tour, voit le tableau avec ses yeux à lui, avec sa façon de sentir, avec son daltonisme particulier, soit du corps, soit de l’âme ; et chaque public aussi, et chaque siècle ; de telle sorte que, après que la nature s’est, pour ainsi dire, réfractée dans les yeux et dans la pensée de l’artiste, l’œuvre de celui-ci se réfracte dans les yeux et dans le sentiment du public, et de tous les publics successifs, sous des angles toujours nouveaux. […] Je prétends donc prouver, contre cette pièce duCid Que le sujet n’en vaut rien du tout ; Qu’il choque les principales règles du poème dramatique ; Qu’il manque de jugement en sa conduite ; Qu’il a beaucoup de méchants vers ; Que presque tout ce qu’il a de beautés sont dérobées ; Et qu’ainsi l’estime qu’on en fait est injuste. » Scudéry développe ces différents points avec une sorte de pédantisme littéraire et militaire. […] Mais, en admettant que l’homme d’État ait pu trouver la pièce de Corneille inopportune et périlleuse par ce côté comme par l’autre, ce n’est là qu’une explication subsidiaire, qui ne détruit ni n’atténue le fait trop prouvé de la jalousie de l’auleur de Mirame. […] Or il est de principe en justice que le doute profite à l’accusé, et l’accusé, ici, c’est le grand Corneille, Si donc, d’après ce que je viens de vous exposer fidèlement, l’authenticité de ce sonnet qu’on lui attribue ne paraît pas suffisamment prouvée, la conséquence est que nous devons, provisoirement, décharger sa mémoire de cette imputation qui tendrait à la ternir, le dit sonnet démentant d’une part, à la distance de quelques mois seulement, la modération louable du quatrain, que rien ne l’obligeait d’écrire, et, de l’autre, faisant un contraste si tranché et si peu honorable avec les adulations outrées de l’Épître dédicatoire d’Horace. […] Le dialogue me fit voir comment causaient les honnêtes gens ; la grâce et l’esprit de Dorante m’apprirent qu’il fallait toujours choisir un héros de bon ton ; le sang-froid avec lequel il débite ses faussetés me montra comment il fallait établir un caractère ; la scène où il oublie lui-même le nom supposé qu’il a imaginé m’éclaira sur la bonne plaisanterie ; et celle où il est obligé de se battre par suite de ses mensonges, me prouva que toutes les comédies ont besoin d’un but moral.
Mais que Flaubert ait traversé René et les Mémoires d’Outre-Tombe, les œuvres de jeunesse, récemment publiées, sont là pour le prouver. […] Et qu’il y ait ici invention de sentiment plus qu’invention grammaticale, le passé de la langue suffit à le prouver. […] Elle nous représente le type du schème moteur, type élémentaire de toute vie linguistique : c’est par schèmes moteurs que nous apprenons une langue, c’est par schèmes moteurs que nous lisons une page, des expériences précises l’ont prouvé, et M. […] Elle a prouvé d’ailleurs son sérieux par son influence. […] La belle occasion, pour les humanités modernes, de se révéler, et de prouver le mouvement en marchant !
Cette amitié si particulière du président de Lamoignon pour Gui Patin prouve une chose : c’est que ce dernier, malgré ses sorties et ses saillies parfois excessives, était en effet « agréable et charmant en conversation », qu’il avait le bon sens dans le sel, et était de ceux qu’un esprit solide pouvait agréer dans l’habitude.
… » Cela prouve que, sans la sécurité, il n’y a point de liberté.
Les sottises mystiques s’emparent de ces douleurs-là ; elles prouvent le peu de confiance réelle qu’on a dans la sagesse suprême si cruellement avilie par les fous de toutes les sectes 95.
Elle ne l’est pas davantage si elle se remarie, car alors elle a prouvé qu’elle n’a plus pour la mémoire de l’époux ce culte exclusif qui est le fondement de la puissance qu’on lui attribue, de la faveur rémunératoire dont elle est l’objet.
Il prouvait la forme de Vergilius par les marbres et les inscriptions, par les manuscrits les plus anciens et les plus authentiques, tant les manuscrits de Virgile même que ceux des auteurs qui l’ont cité.
Qu’on raisonne là-dessus tant qu’on voudra, qu’on s’alambique l’esprit pour me prouver qu’il n’en est rien ou qu’il ne tient qu’à moi qu’il en soit autrement, il n’est pas fort difficile de croire qu’on ne réussira pas sans peine à me persuader un fait personnel contre l’évidence de ce que je sens.
Une fois entré, il le disait lui-même, il était bien sûr de s’y tenir, d’y jeter l’ancre ; et il l’a prouvé.
Nisard ; il rappelle le mot de Chaulieu à Voltaire successeur de Villon, qui vaut mieux et prouve plus, dans sa légèreté.
Ils nous avaient frappés en les entendant ; ils firent le même effet sur tous ceux qui les apprirent, et le sentiment général fut de conclure qu’une troisième saignée prouverait au roi qu’il était bien malade, et le déterminerait au renvoi de Mme Dubarry.
Un but est donné : il y a quelque vérité à prouver, quelque définition à trouver, quelque persuasion à produire ; pour cela, il faut marcher toujours, et toujours droit.
C’est pourquoi, si l’on veut compromettre le travail mental que provoque l’image en son état de réduction et d’avortement, il faut examiner le travail mental qu’elle provoque en son état de plénitude et de liberté, imiter les zoologistes qui, pour expliquer la structure d’un bourrelet osseux inutile, montrent, par la comparaison des espèces voisines, que c’est là un membre rudimentaire ; imiter les botanistes qui, augmentant la nourriture d’une plante, changent ses étamines en pétales et prouvent ainsi que l’étamine ordinaire est un pétale dévié et avorté. — Par des rapprochements semblables et d’après des hypertrophies analogues, nous découvrons que l’image, comme la sensation qu’elle répète, est, de sa nature, hallucinatoire.
Jamais il n’en fut de plus tendre ; tout le prouve et l’atteste : il n’est donc pas surprenant que je me plaigne, que je verse des pleurs, que je ne puisse goûter aucun repos.
Quant à moi, je ne demande pas moins à l’écriture et vais prouver ce postulat.
Lamartine. » Ce qui tendrait à prouver que la liste des Marges n’était pas aussi « exhaustive » qu’il apparaissait, et qu’à la série des critiques dogmatiques, impressionnistes, académiques, indépendants, universitaires et artistes, il convenait d’ajouter le créateur.
» — Et toujours courant et gambadant : « C’est que sous les rois ce sont les femmes qui gouvernent, et ce sont les hommes sous les reines. » Le règne des favorites en France a prouvé la justesse de cette boutade, et, sans parler des Maintenon ou des Diane de Poitiers qui ont, chacun le sait, inspiré, commandé, suscité des œuvres conformes à leurs préférences, il y a des temps où les hommes féminisés subissent un ascendant qui, pour être doux et insinuant, n’en modifie pas moins leur façon de penser et d’écrire.
« Elle peut se définir une généralisation de l’expérience »104, ou bien encore « le moyen de découvrir et de prouver des propositions générales. » Son fondement n’est pas, comme l’ont prétendu les Écossais, notre croyance à l’uniformité du cours de la nature, vu que cette croyance est elle-même un exemple d’induction, et d’une induction qui n’est pas des plus faciles ni des plus évidentes, puisqu’il faut, avant d’y arriver, avoir conçu les uniformités particulières dont l’uniformité générale est la résultante et la synthèse.
Dans la version nouvelle, Clorinde quitte aussi le palais de Monteprade, battue et contente ; mais, avant de s’en éloigner, elle prouve son repentir par un beau mouvement.
Il lui prouve, chiffres sur table, qu’elle a dépensé huit fois, depuis son mariage, cette dot qu’elle fait bruyamment sonner : il n’y a pas de réplique à faire à une addition.
Il avait commencé par convenir franchement de tous ses torts, mais il exprimait ses regrets d’une manière qui prouve combien en ceci il tenait plus encore aux choses de l’esprit qu’à celles du cœur : Ne trouvez-vous pas, écrivait-il à sa cousine, que c’est grand dommage que nous ayons été brouillés quelque temps ensemble, et que cependant 38 il se soit perdu des folies que nous aurions relevées, et qui nous auraient réjouis ?
Addisson écrivit en forme pour prouver que ce Poëme égaloit ceux de Virgile & d’Homére.
Voilà l’immense, l’universelle église, dont l’établissement n’est pas le projet d’un rêveur, mais un fait constant, aussi bien qu’admirable ; pareille à la victorieuse république que proclamait un de ses généraux, elle n’a pas besoin qu’on la reconnaisse, elle se prouve par son éclat.
Au lieu que lorsqu’on sait combien elle diffère, on comprend beaucoup mieux les raisons qui prouvent que la nôtre est d’une nature entièrement indépendante du corps, et par conséquent, qu’elle n’est point sujette à mourir avec nous. » Vous le voyez, la grande raison pour laquelle les cartésiens ne voulaient pas que l’on attribuât une âme aux bêtes et voulaient que l’on considérât les bêtes comme des machines, cette raison est une raison religieuse ; une raison de philosophie spiritualiste, si vous voulez, mais, en même temps, une raison religieuse.
Les Français de religion protestante ont prouvé dans cette guerre qu’ils aimaient la France, le protestantisme et la justice du même amour : ils deviennent également chers à tous les Français.
Écoutez la missive d’un jeune chevalier français, au cœur pur : Ma chère J… Comment vous remercier de tout le bien que vous me faites : par vos lettres si pleines de chaudes paroles qui réconfortent, si douces comme celles d’une sœur aînée qui me manque, mais que je trouve en vous… Que puis-je faire pour vous prouver ma reconnaissance ?
Dieu semble les produire afin de se prouver ; Il prend pour les pétrir une argile plus douce, Et souvent passe un siècle à les parachever.
Puis, à supposer que cet entourage « dure », rien ne prouve rigoureusement que nous retrouvions la même durée quand nous changeons d’entourage : des durées différentes, je veux dire diversement rythmées, pourraient coexister.
Je vous défie de prouver, par expérience ou par raisonnement, que moi, qui vous parle en ce moment, je sois un être conscient.
Mais on peut aller plus loin, et prouver, par l’observation encore, que jamais la conscience d’un souvenir ne commence par être un état actuel plus faible que nous chercherions à rejeter dans le passé après avoir pris conscience de sa faiblesse : comment d’ailleurs, si nous n’avions pas déjà la représentation d’un passé précédemment vécu, pourrions-nous y reléguer les états psychologiques les moins intenses, alors qu’il serait si simple de les juxtaposer aux états forts comme une expérience présente plus confuse à une expérience présente plus claire ?
Cette théorie du philosophe est, disait-on, empruntée littéralement aux expressions allégoriques du prophète Ézéchiel : « Il m’a été fait, dans la maison d’Israël, des fils de l’homme mélangés tous de cuivre, d’étain, de fer ou de plomb. » Cependant, ici même, la ressemblance prouve-t-elle l’imitation ?
Houbigan, que l’aleph se prononçoit autrefois comme notre a ; ce qu’ils prouvent surtout par le passage d’Eusebe, Prep. […] Voici un passage de Ciceron qui me paroît prouver bien clairement qu’il y avoit de son tems des notes ou signes dont les copistes faisoient usage. […] Tel est le sentiment général des Anciens ; & l’on peut prouver 1°. que d’abord nos Peres ont écrit conformément à leur prononciation, selon la premiere destination des lettres ; je veux dire qu’ils n’ont pas donné à une lettre le son qu’ils avoient déja donné à une autre lettre, & que s’ils écrivoient Empereur, c’est qu’ils prononçoient empereur par un é, comme on le prononce encore aujourd’hui en plusieurs Provinces. […] L’analogie est aussi un des motifs de nos raisonnemens ; je veux dire qu’elle nous donne souvent lieu de faire certains raisonnemens, qui d’ailleurs ne prouvent rien, s’ils ne sont fondés que sur l’analogie. […] Ce qui prouve en passant, que le témoignage, quand il est revêtu de certaines conditions, est le plus souvent une marque de la vérité ; ainsi que l’analogie tirée de la ressemblance extérieure des objets, pour en conclurre leur ressemblance intérieure, en est le plus souvent une regle certaine.
L’erreur de quelques personnes, s’étendit bientôt au public, et cet opuscule qui m’avait fait si grand bien fut décrié comme un événement dangereux. » Dangereux, il l’était en effet et l’expérience ne l’a que trop prouvé. […] Tel est le badinage où se joue Nodier, et qui prouve la justesse de ce qu’on a dit de lui : « Il y a de l’Arioste dans ce Werther. » Sachons-lui gré, d’ailleurs, de n’avoir pas poussé l’imitation de Gœthe et de Ramond jusqu’à célébrer avec eux le suicide. […] et ce rapprochement ne prouve-t-il pas que, malgré certaines différences inhérentes à la diversité des situations et des personnes, l’esprit humain présente à certaines époques des aspects uniformes, et que les mêmes pensées s’y revêtent du même langage ? […] Du reste, ses notes le prouvent, si la maladie s’était prolongée quelque temps, il en eût précipité le dénouement. […] Rien ne prouve mieux combien il a souffert que la conclusion à laquelle il arrive : le néant envisagé comme sa meilleure espérance.
Les conteurs italiens nous ont déjà prouvé que la jalousie s’exaspère au soleil et parallèlement à l’amour. […] Cela ne prouve point que Barrès ait, de parti pris, poursuivi une démonstration fixe, un développement métaphysique à travers plusieurs volumes et j’estime qu’il s’illusionne volontiers sur ce point dans ses préfaces et ses gloses. Cela prouve néanmoins que son esprit suit sa route, qu’il gagne en amplitude et en originalité, qu’il sait mieux lui-même ce qu’il veut dire. […] Tout est dans l’intention. « Je veux prouver, s’est dit l’auteur, qu’il s’agit ici, non d’un monomane, d’un délirant, mais d’un humain aussi proportionné que les autres, avec cette seule différence que ses parties constituantes dépassaient celles des humains de cent mille coudées. […] Il est bien entendu que ces analogies ne diminuent en rien la très haute personnalité littéraire française qui nous occupe, mais il est intéressant de prouver une fois de plus comment l’originalité s’acquiert par un dosage inconscient d’impressions fortes successives.
Ils se mettaient des fers aux pieds, et prouvaient leur force en courant avec leurs entraves. […] Néanmoins ils sont d’accord avec ceux de Mackintosh, de George Chalmers et de plusieurs autres ; beaucoup de faits prouvent que la population saxonne était très-nombreuse, et tout à fait hors de proportion avec la population normande.
— Rien ne me le prouve. […] « Je sais bien que la rareté même de ces hommes inspirés et malheureux semblera prouver contre ce que j’ai écrit. — Sans doute, l’ébauche imparfaite que j’ai tentée de ces natures divines ne peut retracer que quelques traits des grandes figures du passé.
Julfa (c’est un faubourg d’Ispahan, peuplé d’Arméniens) ne doit payer que vingt-deux mille cinq cents livres de taille, et je prouverai qu’en cinq mois ce chien maudit en a arraché deux cent mille livres. » Il disait cela pour piquer davantage la reine mère, parce que le revenu de ce faubourg est dans l’apanage des mères du roi, et qu’on n’y peut lever un sou sans leur ordre. […] Cette petite expérience prouve que de Gâoù-Khâny, jusqu’au Kermàn, le sol est extrêmement escarpé et hérissé de montagnes, et surtout beaucoup plus élevé qu’à Gâoù-Khâny ; de manière que l’eau passe sous la terre, plutôt que de se frayer un passage dessus.
Il l’a bien prouvé par la suite, dès ses premiers débuts dans la presse, menant l’ardente campagne d’art que l’on sait, qui devait mettre en valeur le nom d’Édouard Manet. […] Cela prouve-t-il autre chose sinon que le lecteur se repaissait simplement des détails sans comprendre la terrible leçon de morale qu’ils concourent à former ?
Qu’il prouve encore aux oppresseurs Combien la gloire est roturière. […] Vous m’avez comparé, dans un de vos écrits, à M. de Talleyrand : on a ri de vous et de moi ; mais ce mot prouve que vous m’avez mieux regardé que bien d’autres.
Cette révolte publique contre l’indélicatesse et l’improbité prouve amplement que la conscience collective est encore intacte et qu’elle n’a oublié aucune des traditions de l’honneur. […] Prenez les romans, les nouvelles de Diderot et ils vous prouveront que celui qui les a écrits répudierait l’école qui ose se placer sous son patronage.
Et il n’y eut pas que ceux-ci, que je cite parce que tout le monde les connaît, au moins de nom ; des centaines d’autres dont un assez grand nombre se peuvent lire encore, écrits primitivement en grec, mais qui ne nous sont parvenus qu’à travers des traductions latines, d’un latin de basse époque, d’époque chrétienne et même chrétienne du moyen âge, ce qui prouve la durée de l’intérêt qu’on leur a longtemps porté. […] Tout cela, d’ailleurs, ne prouve rien, sinon que les hommes, à toutes les époques et dans toutes les sociétés, ont toujours possédé la même somme à peu près d’instincts bons ou mauvais ; mais cela ne doit pas faire oublier que — c’est incontestable — le xviie siècle a été traversé par un vigoureux et fertile courant de rénovation religieuse, aussi bien en France que dans les pays protestants. […] Il n’en faut pour preuve que, sous la Révolution, la faillite de la Constitution civile du Clergé, qui tendait à créer en France une église nationale, assez semblable à celle d’Angleterre, Pour des raisons de discipline religieuse, parce que cette Constitution ne tenait pas compte de l’obédience nécessaire à Rome, ce petit clergé refusa de l’accepter, et les fidèles firent comme lui : ce qui prouve qu’en un siècle, par la dignité de sa vie, par la solidité de sa direction sur les âmes, il avait acquis l’autorité qui, auparavant, lui manquait. […] Mais, avec sincérité, il croyait à tous les grands rêves — qu’on dise les grands poncifs, si l’on veut — de l’ère héroïque de 1848 : la justice, la vérité, tenue par lui comme pouvant toujours être prouvée matériellement, de façon « scientifique » : ingénuité qu’on retrouve dans Taine, mais que la manière et la nature d’esprit du romancier alourdissaient. […] » Ce qui prouve, à mes yeux, que pour ceux qui n’ont pas été pris assez petits pour corydoner, cette théorie peut mener assez loin.
Mais la Mort, qui nous apporte l’affranchissement de tout mensonge qui guérit le cœur quand le médecin échoue, qui réconforte ceux que la vie ne saurait consoler, qui plonge dans le sommeil les gardiens fatigués s’empare du Roi, et prouve qu’il n’est qu’un mendiant, parle, et nous, sourds à la voix de notre créateur, nous écoutons l’appel de notre destructeur, et nous y obéissons. […] Toutefois le livre du Professeur Veitch9 prouve qu’en tout cas, il y a « dans le pays des galettes » des gens capables d’admirer et d’apprécier ses merveilleux chanteurs d’autrefois, des gens que leur admiration pour le Lord des Îles, et pour l’Ode à une pâquerette de la montagne ne rend point aveugles aux beautés exquises du Testament de Cresseida, du Chardon et de la Rose, du Dialogue entre Expérience et un Courtisan. […] Le but de la comédie sociale, chez Ménandre, non moins que chez Sheridan, est de refléter les mœurs de son temps et non point de les réformer, et la censure du Puritain, qu’elle soit sincère ou affectée, est toujours déplacée dans la critique littéraire, et prouve qu’on est dépourvu du sentiment de la différence essentielle entre l’art et la vie. […] Tous finirent mal et prouvèrent que l’altruisme universel donne des résultats aussi mauvais que l’égotisme universel. […] Binyon, le récent lauréat d’Oxford, nous prouve dans son Ode lyrique sur la jeunesse, qu’il sait manier adroitement un mètre difficile, et que, dans le sonnet suivant, il est capable de saisir les doux échos qui dorment dans les sonnets de Shakespeare : Je ne puis relever mes paupières, quand s’en va le sommeil sans être visité par des pensées de vous.
» Et comme bêtise engendre bouffissure, ainsi que nous le prouve l’exemple des crétins et des filles tolérées, il n’y a pas lieu de s’étonner que nos contemporains soient si sains de corps et d’esprit. — Vous savez ce que j’entends par santé. — Et, voyez ! […] Il l’a bien prouvé et si sa courte captivité se fût prolongée, il l’aurait supportée avec la même belle humeur d’un homme qui sait faire face à tout ! […] L’Angleterre, si hospitalière aux étrangers, même morts, Westminster Abbey le prouve, n’a pas adopté la coutume de leur élever des statues sur les places publiques. […] La date même de mon arrivée prouve assez le contraire.
Dans « Shakespeare Mesure pour mesure », Du Bos loue la qualité de la traduction de Guy de Pourtalès, loyale et « parlable » comme le prouve la mise en scène de Georges Pitoëff. […] Si dans Madame Bovary, et dans L’Éducation Sentimentale, nous ne prouvons nous défendre de sentir malgré tout une certaine application, — ce que cette application trahit, c’est la gigantesque lassitude qui résulte chez Flaubert de l’effort pour rester en deçà de ses pleines facultés : incalculable est la somme de matière broyée ; multiples les points où Flaubert se martyrise. […] Le succès — a-t-on dit avec raison — ne prouve rien ni pour ni contre la valeur d’un ouvrage. […] Tout historien qui est en même temps un artiste le prouve avant tout par sa faculté de modeler, et ce pouvoir se reconnaît à la progression dans le récit. […] N’a-t-il pas déjà composé Les Cenci az rien que pour se prouver à lui-même qu’il était capable de « décrire des passions qu’il n’avait jamais ressenties et de relater l’histoire la plus atroce en un langage pur et élevé… Les Cenci, disait-il, sont une œuvre d’art qui n’est ni colorée par mes sentiments, ni obscurcie par ma métaphysique.
Mais il ne suffisait pas de formuler ce mécanisme ; il fallait le fonder, c’est-à-dire en prouver la nécessité, en donner la raison. […] Non seulement l’hypothèse d’une équivalence entre l’état psychologique et l’état cérébral implique une véritable absurdité, comme nous avons essayé de le prouver dans un travail antérieur, mais les faits, interrogés sans parti pris, semblent bien indiquer que la relation de l’un à l’autre est précisément celle de la machine à l’écrou. […] La vérité est que les mathématiques — comme nous avons essayé de le prouver dans un précédent travail — n’opèrent et ne peuvent opérer que sur des longueurs.
Les lettres qu’on a de Goethe, adressées à Kesfner pendant les mois qui suivent l’instant de la séparation, nous le prouvent aussi, tout en nous donnant assez bien la mesure de cette espèce de culte d’imagination et de tendresse idéale, mystique, pourtant domestique et familière, mêlée de détails du coin du feu.
Dubois (d’Amiens), prouve à quel point Talma n’était pas un conseiller pur et simple dans cette sorte de collaboration avec Ducis, en dehors même de son talent à la représentation.
Cela ne prouve point précisément qu’il eût tort ; mais, en général, il était plus préoccupé, dans la pratique politique, du droit et du devoir que de l’à-propos.
Il nous l’a prouvé dans sa Préface, et il ne le montre pas moins dans le chapitre final où il s’est réservé de traiter en détail de la pureté et de la netteté du style, deux qualités qu’il prend soin de distinguer et qui se complètent sans, se confondre.
Un préjugé public a nommé Barbaroux, parce qu’elle l’a loué dans un admirable portrait pour sa tête d’Antinoüs ; mais rien ne prouve que ce fût lui.
La force d’âme du monarque et du capitaine, en plus d’une conjoncture terrible, ne serait pas moins prouvée, pour n’être point consignée dans des pièces soi-disant légères, signées Sans-Souci et adressées à d’Argens.
Ce qui le prouve évidemment, c’est que ce sont les bourgeois, les gens de lettres, les gens de finances, enfin tous ceux qui jalousaient la noblesse, qui ont soulevé contre elle le petit peuple dans les villes et les paysans dans les campagnes. » (Rivarol, Mémoires.
Alger, l’Espagne, les deux grands actes extérieurs de la Restauration, prouvent que, malgré la difficulté de sa situation, l’honneur et la grandeur de la France n’ont jamais été en péril sous les ministres de la Restauration.
Le présent le prouve.
Nous avons donc, les faits le prouvent, une autre manière de sentir, un goût plus difficile, plus superbe, puisque nos antagonistes ne veulent pas qu’on dise plus exercé et plus sûr.
Or, c’est la forme suprême, incontestablement ; et celle qui prouve son homme.
Près de sept cents sonnets113, outre un bon nombre de petites pièces galantes, prouvent qu’il subissait d’assez bonne grâce la mode italienne.
L’histoire de l’humanité est tracée pour lui quand il a essayé de prouver que l’esprit humain marche de la théologie à la métaphysique et de la métaphysique à la science positive.
D’abord, Wagner n’était ni isolé ni découragé à cette époque, 1853-54 ; sa correspondance le prouve.
Il en a subi et prouvé l’inconvénient plus que personne.
Elle prouve, du moins, en quoi l’art de Sieyès diffère de la logique élémentaire et à bout portant de Rousseau.
Il prouve qu’ils avoient des Prêtres parmi eux & des Eglises où ils s’assembloient.
Or, l’exemple de tous ceux qui ont voulu traduire en alexandrins des poëtes étrangers, prouve que ce genre de vers nécessite des circonlocutions continuelles.
Abominables caractéristiques qui prouvent, du moins, dans ceux qui les méritent une exubérance, une violence, une intensité qui donnent quelque chose de gigantesque à leur attitude et de terrible à leur physionomie !
S’il y a çà et là, ici, quelques idées qui échappent à la fausseté de l’ensemble, quelques clartés qui n’ont pas péri sous la préoccupation inouïe de l’auteur, c’est un fait de hasard ou d’inconséquence qui ne prouve rien en faveur de ses facultés et de leur retour à l’ordre et au vrai.
Pour le prouver, j’ouvrirai ces notes dont j’ai parlé.
Théocrite prouva ce qu’attestent d’autres exemples.
Mais Wilde est jeune, il a devant lui tout un avenir, et il a prouvé, par des œuvres charmantes et fortes, qu’il pouvait beaucoup pour la beauté et pour l’art. […] … Et elle est encore en ceci que mon exemple prouve qu’il est très facile de devenir riche… Quant à votre prétendu socialisme, ça n’est rien, rien du tout ! […] Edmond Pilon de nous prouver que les vers de M. […] G…, voilà qui est explicite… L’autre jour, dans un de vos articles, vous disiez des Académies qu’elles étaient stériles, sans entourer cette opinion de faits ou de considérations qui la pussent justifier… Cela semblait plutôt une invective, et c’est toujours fâcheux… Maintenant, je trouve que ce qualificatif de stérile n’est pas suffisant… Cela me serait tout à fait indifférent que les Académies fussent stériles… Le malheur est qu’elles sont désastreuses pour le bien public… Et je vais vous le prouver… Avant les fondations académiques, il y avait toujours des hommes capables d’abnégation et de sacrifice, des hommes dévoués au bien public… C’est ainsi — excusez cette comparaison militaire — que les soldats d’un détachement marchent, sans hésiter, à une mort certaine, lorsque chacun est convaincu que, de sa mort, dépend le salut de toute une armée… C’est ainsi — malheureusement, du reste — que toutes les religions ont eu leurs disciplines, leurs apôtres et leurs martyrs… C’est ainsi que les œuvres d’Homère, de Moïse, des admirables poètes arabes — les plus grands poètes du monde, — de Mahomet… d’autres encore et encore d’autres, ont pu traverser des siècles et des siècles, parvenir jusqu’à nous, malgré l’absence d’imprimeries, la rareté et l’insuffisance des moyens de transcription, les difficultés de toutes sortes, et les persécutions actives, et sans que personne y attachât le moindre esprit de lucre, ou la vanité d’une récompense honorifique… Il suffisait à l’homme d’être convaincu que l’idée exposée par un penseur sur la place publique ou dans une réunion d’amis, que la beauté exprimée par un conteur de plein air, pussent être belles et utiles aux générations futures, pour que la pensée, le poème ou le conte fussent pieusement recueillis, et transmis de bouche en bouche, de pays en pays, de siècle en siècle, jusqu’au moment d’être fixés par des signes durables, éternels… Tenez, l’histoire Kepler, c’est à faire frémir… Kepler, ayant découvert la loi des mouvements planétaires, Kepler malade, sans ressources, mourant littéralement de découragement et de faim, trouva un éditeur, lequel, peu riche aussi, savait qu’il entreprenait une affaire commercialement désastreuse, mais ne voulait pas qu’une grande et utile découverte allât se perdre, comme tant d’autres, dans l’immense oubli des choses mortes… Eh bien ! […] Il y a eu aussi des déclarations inattendues, gonflées du patriotisme le plus impatient ; quelques-uns voulaient mourir pour la patrie dans les vingt-quatre heures, le rire aux lèvres, afin de me bien prouver que la patrie n’était point morte et que je ne l’avais pas tuée.
Si nous l’y cherchons, nous ne l’y trouvons pas ; les physiologistes ont beau nous prouver que l’ébranlement nerveux qui aboutit à la sensation de couleur commence dans la rétine, comme l’ébranlement nerveux qui aboutit à la sensation de contact commence dans les extrémités nerveuses de la main ou du pied ; ils ont beau nous montrer que l’éther vibrant choque l’extrémité de notre nerf optique, comme un diapason vibrant choque la superficie de notre main ; « nous n’avons pas42 la moindre conscience de cet attouchement de notre rétine, même quand nous dirigeons de ce côté tout l’effort de notre attention ». — Toutes nos sensations de couleur sont ainsi projetées hors de notre corps et revêtent les objets plus ou moins distants, meubles, murs, maisons, arbres, ciel et le reste. […] Partant, l’étendue et la continuité des corps ne sont que des illusions ; et, de fait, les physiciens arrivent à concevoir les atomes, s’ils existent, comme séparés par des intervalles énormes, en sorte que, dans une surface qui nous paraît continue, le vide l’emporte de beaucoup sur le plein ; plus profondément encore, ils définissent le corps comme un système de points mathématiques par rapport auxquels les effets croissent ou décroissent selon la distance. — En tout cas, rien ne prouve que les corps soient véritablement étendus et continus ; à cet égard, notre assertion est entièrement gratuite.
Newton vint et prouva que ces deux tendances sont la même ; la gravitation est commune aux corps célestes comme aux corps terrestres, et, plus généralement, à tous les corps. […] Si l’on parvenait à prouver qu’en fait l’éther existe, et qu’en fait la densité de ses couches étagées autour d’un corps pesant va croissant comme le carré du rayon qui mesure leur distance à ce corps, la supposition présentée deviendrait une vérité démontrée, on aurait un parce que de plus ; on dégagerait dans le corps qui gravite un caractère plus abstrait et plus général encore que la gravitation, une propriété toute mécanique, celle par laquelle un corps suit l’impulsion et, à chaque nouvelle impulsion, reçoit une nouvelle vitesse.
Samedi 24 décembre Si, à la suite des révélations de toutes les canailleries parlementaires, il n’y a pas une révolution, une émeute, au moins un bouillonnement dans la rue, ça prouvera que la France est une nation qui n’a plus de fer dans le sang, une nation anémiée, bonne pour la mort par l’anarchie ou par la conquête étrangère. […] » Et elle me parle du mépris de Porel pour la presse, qui a éreinté tout ce qu’il a joué d’artistique. « Du reste, pour prouver l’inintelligence des journalistes, ajoute-t-elle, figurez-vous que lorsque j’ai joué Germinie Lacerteux, j’ai reçu haut comme cela de lettres — et ses deux mains dessinent la grandeur d’une cassette — pour me détourner de la jouer… et c’étaient des amis… des gens qui m’étaient attachés… et qui le faisaient, dans l’intérêt de mon avenir… Eh bien, si je les avais écoutés, je serais restée une moule !
L’Examen critique des opinions de M. de Bonald 62 par Maine de Biran, prouve que ce grand psychologue ignorait, lui aussi, la parole intérieure ; il réfute très bien la doctrine de la révélation du langage ; mais il n’aperçoit pas la part de vérité psychologique que contenait la célèbre formule de son adversaire, et la description qu’il lui oppose est en grande partie chimérique. […] Il nous semble qu’on l’a généralement réfuté avant de l’avoir compris ; c’est qu’il était plus facile de prouver contre lui la possibilité de l’invention humaine du langage que de saisir la suite de ses idées avec leur vraie portée, leurs contradictions cachées, et ce qu’elles contenaient d’aperçus justes ou suggestifs.
Ce qu’il faudrait nous prouver, pour nous mettre en légitime défiance contre la poésie, c’est qu’elle tend à paralyser ou troubler les facultés d’exécution. […] Dans une composition décorative de Prouvé, La Nuit qui passe est personnifiée par une tête de femme qui semble glisser dans l’espace, indifférente, les yeux clos, tandis que dans sa sombre chevelure elle entraîne, représentés en images saisissantes, le crime, la souffrance, le sommeil et l’amour. […] Entre la fiction et la réalité il y a toujours une différence perceptible ; et cela même suffit à prouver que dans toute fiction il doit y avoir quelque chose de faux. […] Mieux vaudrait chercher à prouver qu’il ne ressemble tout à fait à aucun autre, mais qu’il a son domaine à part, dans lequel il pourra exceller. […] Cela nous prouve que ce n’est pas la théorie, mais bien plutôt le tempérament propre de l’artiste, qui détermine les diverses orientations de l’art.
Il est impossible de mieux tourmenter le parasite, et de lui prouver davantage toute sa bassesse ; bien plus, ce valet Parménon est si contenu dans son mépris, que Molière lui a emprunté, pour le compte de madame Jourdain, ses meilleures reparties ! […] le fils lui prouve alors, et par de bons raisonnements bien authentiques, qu’il a tout à fait le droit de battre Strepsiade. […] Naturellement, les parties contractantes signeront le contrat sans le lire, et quand le docteur Loewe se croira bien marié avec miss Anna, on lui prouvera que c’est son coquin de neveu qui a épousé la dame. […] C’était beaucoup dire, et c’était beaucoup prouver, et surtout c’était là une raison infinie d’être un homme de bonne humeur : deux millions à soi tout seul, et tout cet esprit naturel qui de temps à autre vous permettait d’emprunter l’esprit d’autrui ! […] Vous vouliez démontrer l’infidélité du mari, vous arrivez à prouver l’infidélité de la femme.
Elle prouve que l’Académie, quoi qu’en disent les méchants, ne se croit pas quitte envers les écrivains, lorsqu’elle leur a décerné quelques billets de banque en déclarant que leurs ouvrages sont utiles aux mœurs. […] Ce qui prouve que les civilisations « avancées » méritent, malgré tout, quelque considération. […] L’histoire littéraire prouve que presque tous les livres dont le succès fut soudain et décisif ont dû leur réussite moins encore à l’habileté technique de leurs auteurs qu’à la sensation de soulagement intellectuel et moral qu’ils procurèrent au public. […] Décidément, on peut tout prouver avec un jeu de petits papiers, savamment découpés et arrangés. […] Georges Dalmeyda vient de traduire avec la plus élégante minutie, prouvent que, sur certaines folies du désir humain, tout est dit et l’on vient trop tard20.
Non, dans les arts, dans la poésie, non plus qu’en diverses matières humaines, le succès n’est pas la bonne mesure, et l’applaudissement soudain, décerné à bon droit à quelques-uns, ne prouve pas contre la lutte ou l’isolement prolongé de quelques autres.
Une lettre de février 93, écrite par elle de Leipsick à Bernardin de Saint-Pierre199, prouve seulement que de grandes douleurs personnelles, la mort d’un père, quelque secret déchirement d’une autre nature peut-être, le climat aussi de Livonie, avaient, durant les quatorze derniers mois, porté dans cette organisation nerveuse un ébranlement dont elle commençait enfin à revenir : « La fièvre qui brûlait mon sang, dit-elle, a disparu ; mon cerveau n’est plus affecté comme il l’était autrefois, et l’espérance et la nature descendent derechef sur mon âme soulevée par d’amers chagrins et de terribles orages.
Un règlement imposé au maréchal de Ségur105 vient de relever la vieille barrière qui excluait les roturiers des grades militaires, et désormais, pour être capitaine, il faudra prouver quatre degrés de noblesse.
Depuis longtemps, les économistes ont dressé le budget d’une terre et prouvé par des chiffres l’excès des charges dont le cultivateur est accablé Si l’on veut qu’il continue à cultiver, il faut lui faire sa part dans la récolte, part inviolable, qui est d’environ la moitié du produit brut, et de laquelle on ne peut rien distraire sans le ruiner.
Il est doux, même pour les misérables, de contempler ces félicités complètes ; elles leur prouvent que, si le bonheur est rare, au moins il est possible en ce triste monde, et que, parmi tant de mauvais rêves, il y a aussi de phénoménales réalités.
« Il faut, dis-je à mes amis, confidents de ma pensée, il faut écrire pour ce peuple, dans une histoire impartiale, morale et pathétique à la fois, le commentaire vivant de sa première révolution, un Machiavel français, non dans l’esprit du Machiavel italien, mais dans l’esprit d’un Tacite moderne ; il faut prouver, par tous les faits de cette révolution, qu’en histoire, comme en morale, chaque crime, même heureux un jour, est suivi le lendemain d’une véritable expiation ; que les peuples, comme les individus, sont tenus de faire honnêtement les choses honnêtes ; que le but ne justifie pas les moyens, comme le prétendent les scélérats de théorie ou les fanatiques de liberté illimitée et de démagogie populacière ; que les plus justes principes périssent par l’iniquité des actes ; que la conscience ne subit pas d’interrègnes ; que la Providence est toujours là pour la venger, et que, si la Révolution de 1793 a noyé les plus belles pensées philosophiques dans le sang, c’est qu’elle est tombée des lèvres des philosophes dans les mains des tribuns, et des mains des tribuns dans les mains des Sylla et des César, lavant le sang dans le sang, et restaurant facilement la tyrannie, que les sociétés préfèrent justement aux crimes.
XL Est-ce que Cervantès ne fut pas le satiriste de ces chevaliers de l’enthousiasme, de l’amour platonique et de la dévotion dans un livre, épopée du ridicule, qui amusa la malignité de son siècle aux dépens de ces excès de vertu et d’engouement des héros, des poètes contemplatifs, luxe risible du cœur humain sans doute, mais luxe qui prouvait sa richesse ?
Cela prouve que les enfants ont le sentiment du beau, et que par les œuvres de Dieu il est facile de leur inspirer la foi et l’amour.
On y fait voir l’influence de la société sur les auteurs, des auteurs sur la société ; on y prouve que la science des lettres n’est pas la moins relevée des sciences morales143.
Cet amour est une démonstration morale affranchie de l’égoïsme sensuel ; elle prouve l’existence profonde d’une parenté entre des hommes frères.