S’il y a une philosophie de l’histoire, ’c’est parce qu’il existe des faits qui permettent de la dégager. […] Art, religion, science, philosophie, la poésie devait tout dominer. […] Un mot de Taine lui fit découvrir Cournot, qui orienta ses idées vers la philosophie sociale. […] Cet homme d’action avait la manie de la philosophie religieuse. […] Non seulement ma visite lui fut agréable, mais il me tint plus de trois quarts d’Heure à me parler de philosophie.
Ces diverses publications achèvent de mettre en pleine lumière la figure du malheureux poète de Nérine, en même temps qu’elles permettent d’étudier le problème intéressant que les premiers critiques qui se sont occupés de Leopardi ont posé dès l’abord : celui des rapports entre les circonstances extérieures qu’il a traversées et sa philosophie de l’Infelicita. […] Cette philosophie, à défaut d’autre utilité, fournit aux hommes courageux la satisfaction hautaine de déchirer le manteau dont se couvre la mystérieuse et hypocrite cruauté du destin. » Souvent, cette « philosophie » le tourmentait comme un mal positif : il se plaint de sentir « le vide de l’existence comme si ç’avait été une chose réelle qui pesait lourdement sur son âme » ; le « néant des choses » lui « était toujours présent comme un fantôme affreux » ; il ne concevait pas qu’on pût « s’assujettir aux soins journaliers que la vie exige, en étant bien sûr que ces soins n’aboutissent jamais à rien ». […] Chez leurs successeurs, la foi est plus factice ; mais ils s’émancipent des dogmes catholiques, les quattrocentistes essayent de se rattacher au spiritualisme le plus pur de la philosophie antique. […] Après avoir pénétré dans la vie intérieure de Leopardi, ne faut-il pas reconnaître que la petite part seulement, dans la formation de sa philosophie, peut être attribuée aux circonstances ? […] La division s’est faite d’elle-même, et elle a sa raison d’être dans le fait qu’avec leurs différences de talent, de tempérament et d’habitudes, la philosophie respective de ces deux groupes a des traits communs dont on ne saurait nier l’évidence, mais qu’il n’y a pas lieu d’analyser ici.
Thiers s’occupait beaucoup, à cette époque, de philosophie, de haute analyse spéculative, soit mathématique, soit même méaphysique ; l’optimisme de Leibniz lé tentait, et Descartes ne lui était pas du tout indifférent. […] J’ai déjà moi-même tant discuté ailleurs28 cette théorie de la fatalité, cette forme particulière de la philosophie de l’histoire, qu’il me répugne de m’y étendre de nouveau : qu’on me permette seulement de dire que je ne suis pas de ceux qui croient en général à un si visible et si appréciable enchaînement des choses humaines. […] Quand on est arrêté, c’est différent ; on veut plus de réflexion, plus de philosophie, on réagit contre les faits ; mais, pour se laisser guider au fil du courant, rien de plus séduisant, de mieux vu et de plus rapide ; les obstacles disparaissent, sont aplanis.
C’est ainsi qu’Aristophane avait détruit ce qui est faux en Morale, en Religion, en Politique, en Philosophie, en Littérature, au plus grand honneur de l’indestructible Vérité. […] La logique vulgaire demande comment il est possible que l’on prenne la chevalerie errante pour la plus utile et la plus nécessaire des institutions, que l’on prenne des moulins pour des géants, un troupeau de moutons pour une armée en marche, et qu’en même temps on ait du sens commun, et même du savoir et de la philosophie. […] Ce n’est pas sur ce qu’il y a de vraiment moral dans la vie du peuple athénien, sur là traie philosophie, la vraie foi aux Dieux, l’art solide, qu’Aristophane se montre comique, mais sur les excès de la démocratie, qui ont fait disparaître l’ancienne croyance et les anciennes mœurs, sur la sophistique, le genre larmoyant et les lamentations de lu tragédie, sur le verbiage léger, l’amour de la dispute, etc., cette réalité en contraster avec ce que devraient être l’État, la religion et l’art .
. — Manque de philosophie supérieure et de gaieté comique. — Son imagination et sa fantaisie. — L’Entrepôt de nouvelles et la Fête de Cynthia […] Les enfants arrivaient, il fallait leur gagner du pain, et il n’était pas pour cela d’humeur à suivre la route battue, étant persuadé qu’il fallait mettre dans la comédie « une belle philosophie », une noblesse et une dignité particulières, suivre les exemples des anciens, imiter leur sévérité et leur correction, dédaigner le tapage théâtral et les grossières invraisemblances où la canaille se complaît. […] Tantôt c’est un vice choisi dans les catalogues de la philosophie morale, la sensualité acharnée après l’or ; cette double inclination perverse devient un personnage, sir Épicure Mammon ; devant l’alchimiste, devant le famulus, devant son ami, devant sa maîtresse, en public ou seul, toutes ses paroles expriment la convoitise du plaisir et de l’or, et n’expriment rien de plus121.
Thiers que nous ferions porter la véritable critique qui pèsera sur cette belle histoire ; c’est sur l’absence de philosophie politique qui marque et qui attriste ce long récit. […] XXV Toute la philosophie morale et politique de M. Thiers, résumée à la fin de ses livres les plus sanglants et les plus cadavéreux, sur des plaines changées en sépulcres pour la gloire d’un homme ; toute cette philosophie et toute cette morale se bornent à un léger avertissement, timidement adressé à son héros, de se modérer un peu dans l’excès de son ambition et de craindre les retours de fortune, ces vengeances voilées de la destinée.
Les notes et les dépêches de la main de M. de Talleyrand, retouchées seulement par le consul, ont un accent d’héroïsme tempéré par un accent de philosophie. […] L’alliance libérale rêvée en 1789 par Mirabeau, M. de Talleyrand et les grands patriotes anglais, pour l’expansion de la philosophie et de la liberté dans le monde, est noyée dans des ressentiments implacables ; Bonaparte les résume dans son nom. […] Nous dirons tout à l’heure par quels motifs admirablement analysés M. de Talleyrand, en se déclarant pour le mariage autrichien, faisait acte de justesse de vues, de génie pratique et de philosophie de la paix dans un même avis.
Mais fussent-ils poètes, fussent-ils peintres, fussent-ils même lettrés, même fussent-ils artistes, ils ne sont point des wagnéristes ceux à qui le mythe n’apparaît point en sa signifiance symbolique, et le drame en sa philosophie… Et qu’importe ? […] Et, comme l’étrange philosophie de Schopenhauer, si troublante, lui a révélé la distinction profonde de l’univers sensible et de l’univers idéal, la régénération du public lui paraît devoir se faire sous une forme double, politique et religieuse. […] Il reproche la « prétendue philosophie » de Parsifal et dénonce « l’esprit de secte » des wagnériens.
Lewes, il a organisé un système de philosophie. Et comme il adopte la méthode positive, qu’il est complètement imbu de l’esprit positif, et qu’il tire les matériaux de son système uniquement des sciences positives, on ne peut que se poser la question : « En quelle relation est-il avec la philosophie positive ? […] Mais ce positivisme scientifique n’est point identique avec la philosophie positive.
De là le problème qui a tant agité la philosophie du moyen âge : d’où vient la généralité des idées ? […] A vrai dire, toutes nos représentations des choses, tous nos sentiments, toutes nos actions, toute notre philosophie et notre science même sont à quelque degré symboliques, car nous ne connaissons rien d’une manière absolue et complète ; nous connaissons seulement, et en partie, les rapports des choses entre elles ou avec nous : nos conceptions sont donc, comme Leibniz l’a bien vu, des symboles dans lesquels la partie est substituée au tout, la forme au fond, les rapports plus ou moins extrinsèques à l’être intime, le relatif à l’absolu, le phénomène à la réalité. […] La Philosophie en France au XIXe siècle.
Le discours qu’il adresse à Vespasien pour le décider à briguer l’empire, est un cours de politique à l’usage des ambitieux, aussi habile en séductions du pouvoir que le discours d’Othon est magnanime de désintéressement et de philosophie. […] « Il avait choisi pour maîtres de philosophie ces sages qui estiment que le seul bien est l’honnête, le seul mal le vice, et qui ne comptent la noblesse, la puissance, et tout ce qui est en dehors de l’âme, ni parmi les vrais biens, ni parmi les vrais maux.
Du dernier livre de poésie, ou de philosophie, ou d’histoire qui vient de paraître ; du dernier tableau qui vient de déceler un pinceau puissant, une touche neuve à l’exposition ; du dernier marbre qui palpite encore du coup de ciseau, ou qui sent encore la caresse de la main de son sculpteur, dans la galerie ou dans le jardin statuaire des Champs-Élysées. […] Il se plongea dans les mâles études de l’antiquité grecque et de l’Allemagne, toujours antique ; études sur la philosophie, sur la poésie, sur l’architecture, sur la musique, sur la sculpture, sur la peinture, ces cinq formes extérieures par lesquelles le beau, caché dans les langues, dans les sons, dans les lignes, dans les nombres, dans le marbre, dans les couleurs, se révèle avec plus ou moins d’évidence et de splendeur dans tous les temps et dans tous les lieux où Dieu suscite le génie pour dévoiler la beauté.
Stendhal a fait une étude profonde de psychologie et de philosophie historiques. […] Morale, philosophie, histoire, il a tout subordonné à l’effet artistique.
Listz 90 ; Voltaire musicien 91, qui renferme un chapitre intitulé Wagnérisme ; Lohengrin, instrumentation et philosophie 92, dédié à Mme Wagner ; Turin musical 93, qui renferme aussi un chapitre sur le Wagnérisme et où le nom de Wagner revient à chaque page. […] Beethoven et Wagner sont les deux grands-prêtres de la nouvelle religion. — Toutes les religions et toutes les philosophies de l’histoire nous annoncent une troisième époque pour l’humanité, celle de la paix et de la bonne volonté entre les hommes, dont Kant même a rêvé.
Paul Bourget est le plus en vue des disciples vils qui dans les noblesses dites n’entendent que de basses utilités et qui apprennent les philosophies et les littératures dans le même esprit qu’un futur comptable étudie l’arithmétique. […] Vous nous exposez longuement que, dans La Course du flambeau, Paul Hervieu a démontré ceci : « Les générations successives qui se passent la vie, quasi cursores lampada… (Bravo pour la citation), regardent toujours en avant, jamais en arrière : nul amour maternel, par exemple, n’est payé de retour. » Et vous nous dites un peu plus loin, cher étourdi : « La philosophie de l’œuvre… c’est le réalisme psychologique de La Rochefoucauld, la théorie de l’égoïsme mobile de toutes nos actions » Croyez-vous sérieusement l’amour maternel plus égoïste que l’amour filial et que votre maman est petit Fernand plus que petit Fernand n’est sa maman ?
Il n’est pas en somme, dans toute l’œuvre du poète, des sujets aux péripéties, de la psychologie à la philosophie, une pensée qui ne soit prise à la foule ou aux livres, qui ne doive être tenue pour inadéquate ou mal conçue. […] Coutumier comme elle de ne point creuser les dessous des choses, de croire tout uniment qu’il y a des braves gens et des coquins, que tous les hommes sont frères et tous les prés fleuris, que les oiseaux chanteurs célèbrent l’Éternel, que les morts vont dans un monde meilleur, et que la Providence s’occupe de chacun, ralliant les disserteurs de politique par son adoration de quatre-vingt-neuf, les mères par son amour des enfants, les ouvriers par sa philanthropie et son humanitarisme, ne choquant en politique que les aristocrates, en littérature que les réalistes et en philosophie que les positivistes, trois partis peu nombreux, M.
Le second ne voulait probablement pas du paradoxe, mais il n’aurait pu l’écarter qu’en montrant dans Pierre un être réel et dans Paul devenu nain un pur fantôme — c’est-à-dire en faisant une distinction qui ne relève plus de la physique mathématique, mais de la philosophie. […] Mais la physique rendrait service à la philosophie en abandonnant certaines manières de parler qui induisent le philosophe en erreur, et qui risquent de tromper le physicien lui-même sur la portée métaphysique de ses vues.
Dans la Revue de Philosophie, de Littérature et d’Histoire ancienne (1845), volume I, n° 2, voir, si l’on est curieux,, l’article Dübner, qui a pour titre : Sur une attaque contre Niebuhr.
La religion, désertant peu à peu son immense et vague domaine, se replia dans les cérémonies du culte ; la science fit effort, se détacha et subsista d’une vie propre ; la philosophie fonda ses écoles ; l’histoire établit des registres plus ou moins scrupuleux.
Il appela ce volume de prédilection : Paroles d’un Croyant, et, ayant ainsi achevé sa pensée devant Dieu, il se sentit un peu calmé ; son grand travail de philosophie le retrouva plus dispos et plus persévérant.
Nous avons essayé de caractériser, dans la majesté de sa haute et sombre philosophie, ce produit lyrique de la maturité du poëte ; mais nous n’avons qu’à peine indiqué le charme réel et saisissant de certains retours vers le passé, les délicieuses fraîcheurs à côté des ténèbres, les mélodies limpides et vermeilles qui entrecoupent l’éternel orage de la rêverie.
Si ce volume, qui ne doit pas contenir moins de six mille vers, tombait aux mains de lecteurs qui aiment peu les vers, et ceux d’amour en particulier ; si, d’après la façon austère et assez farouche qui essaye de s’introduire, on se mettait aussitôt à morigéner l’auteur sur cet emploi de sa vie et de ses heures, à lui demander compte, au nom de l’humanité entière, des huit ou dix ans de passion et de souffrance personnelle que résument ces poëmes, et à lui reprocher tout ce qu’il n’a pas fait, durant ce temps, en philosophie sociale, en polémique quotidienne, en projets de révolution ou de révélation future, l’auteur aurait à répondre d’un mot : qu’attaché sincèrement à la cause nationale, à celle des peuples immolés, il l’a servie sans doute bien moins qu’il ne l’aurait voulu ; que des études diverses, des passions impérieuses, l’ont jeté et tenu en dehors de ce grand travail où la majorité des esprits actifs se pousse aujourd’hui ; qu’il s’est borné d’abord à des chants pour l’Italie, pour la Grèce ; mais qu’enfin, grâce à ces passions mêmes qu’on accuse d’égoïsme, et puisant de la force dans ses douleurs, en un moment où tant de voix parlaient et pleuraient pour la Pologne, lui, il y est allé ; qu’il s’y est battu et fait distinguer par son courage ; que, s’il n’y a pas trouvé la mort, la faute n’en est pas à lui ; qu’ainsi donc il a payé une portion de sa dette à la cause de tous, assez du moins pour ne pas être chicané sur l’utilité ou l’inutilité sociale de ses vers.
Après de premières études, qu’il doit presque tout entières à lui-même, Victorin Fabre nous est présenté, vers la fin de 1799 (il avait quatorze ou quinze ans), comme un esprit dont le coup d’œil politique était dès lors aussi juste qu’étendu : « La manière dont s’était opérée la révolution du 18 brumaire, et surtout quelques dispositions captieuses placées dans la Constitution de l’an viii comme pierres d’attente, avaient excité son mécontentement, éveillé ses soupçons. » Voilà un Solon bien précoce qui nous arrive ; en conséquence de ses prévisions, Victorin Fabre, qui avait un moment songé, nous dit-on, à prendre la carrière des armes, s’en détourne et ne songe plus qu’aux lettres et à la philosophie ; nous concevons cette préférence ; qu’on nous permette seulement de croire, sans faire injure à tout ce puritanisme, que cela ne l’eût aucunement compromis de se trouver à Marengo.
Au xviiie siècle, la philosophie, en imprimant son cachet à tout, mit bon ordre à ces récidives de tendresse auxquelles les poëtes sont sujets si on les abandonne à eux-mêmes ; elle confisqua d’ailleurs pour son propre compte toutes les activités, toutes les effervescences, et ne sut pas elle-même en séparer toutes les manies.
Maurize le ton d’absolu dédain dont il traite les divers partis de ce qu’on appelle le mouvement, son cordial mépris pour tout ce qui est morale, politique, philosophie, pour tout ce qui a occupé jusqu’ici les plus grands hommes ?
Vous avez vu qu’on en peut tirer une philosophie.
Essai de philosophie optimiste, p. 143).
La comédie même, quand elle se mêle au drame, doit contenir une leçon, et avoir sa philosophie.
Ce qui brouilla ces deux caustiques écrivains, que la même humeur & le même caractère avoient unis, c’est l’insipide roman de Macarise, ou la Reine des isles fortunées, histoire allégorique contenant la philosophie morale des stoiques, sous le voile de plusieurs aventures agréables.
Si la philosophie inspire le goût des lectures utiles, le plus grand mérite auprès d’elle est de joindre l’agrément à l’utilité ; par là on rend nos plaisirs plus réels et plus durables.
Mais quand Tennemann faisait un Manuel de l’histoire de la philosophie, il l’intitulait exactement et modestement un « manuel ».
Quand rien n’est calme et personne impartial, à une époque telle que la nôtre, ingénieuse, entortillée, paradoxale, sceptique et nerveuse, vaniteuse à la rage et désespérée de philosophie impuissante, Lerminier, tranchant sur cette époque et sur son passé, car il eut son bouillonnement sanguin, son exubérance et ses systèmes de jeunesse, est enfin arrivé au calme et à l’impartialité.
prononçant, chacune à sa manière, l’une avec des lèvres d’airain comme ses trompettes, l’autre avec des lèvres harmonieuses comme les flûtes de ses artistes, ce mot de liberté qui donne le délire à l’esprit humain, elles devaient toutes deux, la Grèce et Rome, en leur qualité seule de Républiques, agir puissamment sur les esprits, lassés de féodalité, de monarchie, de gouvernement, et dressés à la révolte par une philosophie ignorante de l’Histoire.
sans une philosophie de l’histoire ; l’histoire sans esprit de parti ou sans parti pris, sans prêchaillerie, sans thèse au fond, comme celle de Macaulay, par exemple, dont nous venons de parler, voilà ce qui doit venger une époque troublée comme la nôtre des impuissances de sa métaphysique et des démences de son orgueil !
alors, il n’y a plus là qu’une vignette édifiante pour les innocents esprits qui ne se doutent pas des sublimes complications de la politique et des certitudes de la philosophie.
Au Protestantisme et à son principe d’examen se sont ajoutées la Philosophie et la Libre-Pensée, qui ne sont, au fond, que du Protestantisme encore.
Il sait que la plus belle des vertus, parmi les hommes, est la plus obscure, et puisqu’il n’est pas (de philosophie) absolument un athée, il sait que ceux qui vont à la mort pour la Patrie comme les Saints y vont pour Dieu, et qui montent le long des colonnes couronnées par un nom qui n’est pas le leur, Dieu les a vus monter le long de leur bronze et sait leurs noms à tous, et n’a pas besoin de l’Histoire, même écrite par Michelet, pour leur faire justice.
… En effet, il n’avait ni conception première ni philosophie.
Elles arrachent au xviiie siècle, dont la philosophie et les mœurs sont maintenant estimées ce qu’elles valaient, sa dernière loque de considération intellectuelle, — la considération de l’esprit qu’il avait encore !
Il le voit entre les théories et les systèmes, constatant nettement que Buffon, tiré à deux philosophies, tenait de Descartes le goût des hypothèses, et de Newton le respect et la recherche des faits.
L’enseignement du prêtre qu’on pouvait craindre y est remplacé par la sentimentalité d’un philosophe, chrétien encore, mais d’un christianisme qui n’est point farouche, d’un christianisme humanisé ; et le moine, le moine qui inquiète toujours les yeux purs et délicats de la Philosophie, s’y est enfin suffisamment décrassé dans les idées modernes, pour qu’il n’en reste rien absolument sur l’académicien, reluisant neuf !
… En effet, il n’avait ni conception première ni philosophie.
C’est ainsi que la Philosophie, si elle n’est pas charmée, est au moins gênée devant les yeux baissés de l’immaculée Carmélite qui n’est pas seulement la gloire de l’Espagne, mais de la Chrétienté et de l’âme humaine, et aussi de l’esprit humain, et c’est pourquoi, sans aucun doute, dans l’embarras où tant de gloire la jette, elle aime mieux se taire que parler !
Ahasverus voulait être une épopée en prose, comme Merlin l’Enchanteur ; tirée des légendes, comme Merlin, et sous la forme légendaire et poétique, cachant, comme Merlin, une philosophie, laquelle est encore celle de Merlin !
C’était un déiste du xviiie siècle, d’un déisme invalidé de scepticisme et d’indifférence, mais quelle que fût la philosophie d’André Chénier, dans un temps où tout le monde se vantait d’être philosophe, il était encore assurément le meilleur d’un siècle si violemment hostile aux idées religieuses comme nous, chrétiens, les comprenons.
Ancien directeur de l’Histoire des églises de France, il a touché autrefois d’une main compétente à ces études historiques auxquelles il reviendra sans doute ; car, par ce temps de délabrement et de philosophie épuisée, l’histoire est le dernier mot et la dernière ressource de tous les esprits vigoureux.
Brucker, dans la fournaise de ce cerveau qui avait brûlé comme une paille sèche tant de philosophies et de systèmes !
Taine pour la philosophie, M.
Mirèio, dont nous avons tant parlé, Mirèio et ses douze chants, ce poème de longueur à l’Énéide, est un poème écrit en provençal ; mais, en français, nul grand travail de poésie, de philosophie et d’histoire n’a révélé des noms nouveaux ou consacré des noms déjà connus.
L’éloquence en est faible, et la philosophie commune.
Il y a, comme on sait, une sorte de philosophie mâle et forte, qui applique à des vérités politiques ou morales toute la vigueur de la raison ; et c’était celle qu’avait souvent Corneille.
On sait comment Horace se console ou se moque, dans sa philosophie, des caprices du sort.
je crains que ces propos ne soient horribles, bien que je les sente conformes à la philosophie de M. […] Quoique vous ne pensiez à rien, vous portez cependant avec vous votre philosophie. Je ne vous ferai pas l’injure de croire que cette philosophie ne soit pas celle d’Épicure, de Montaigne et de M. […] La nature matérielle, la science, la philosophie vous suffisent. […] Théâtre du Chat-Noir : L’Épopée, par Caran d’Ache. — Philosophie du Musée Grévin.
Quelques-uns sont gros de doctrine et nourris de philosophie. […] (Voir La Fontaine et ses fables, p. 2 ; Philosophie de l’art, t. […] Bien qu’il se flatte d’ignorer la philosophie, il pense, selon la doctrine d’Emmanuel Kant, que la personne humaine doit être considérée comme une fin, non comme un moyen. […] Quelques femmes, en Angleterre, s’attaquent avec beaucoup d’habileté et de force aux problèmes les plus ardus de la philosophie et de la science. […] Jamais les plus belles conférences de philosophie ou d’histoire ne l’avaient induit en si poignante rêverie.
Il est agrégé d’histoire et on le charge de parler au public de poésie, de morale et de philosophie ! […] Une philosophie est née qui, en prenant pour méthode ou en se proposant pour fin l’indifférence systématique, légitime ces instincts terre à terre ; et si la littérature qui les exprime a besoin d’une poétique qui la consacre, cette philosophie la lui donne. […] Flaubert semble ne l’avoir retracé que pour démontrer par un exemple la philosophie de M. […] Il n’est plus besoin de s’écrier, comme Saint-Simon, avec une philosophie mélancolique : « Tout, ici-bas, est cercle et période ». […] En cette création, Regnard a mis son expérience, son art, sa finesse, sa précision de coup d’œil, son humeur, sa philosophie riante et un peu relâchée, tout enfin.
À un autre point de vue, tout différent, — l’École des femmes est une pièce singulièrement significative, où l’on n’a pas besoin d’un œil très pénétrant pour discerner les linéaments de la philosophie de Molière, je veux dire de sa conception de la vie46. […] Vous savez également que, si sa « philosophie », si sa « pensée de derrière la tête » est quelque part, elle est là, dans cette comédie, sur le sens ou la portée de laquelle nous disputons encore comme si c’était hier qu’elle eût paru pour la première fois. […] Ce serait alors une espèce de philosophie de l’histoire et de la vie !
Mais ce qu’ils oublient de faire, pour la plupart, c’est la philosophie de cette romanisation… Lorsqu’un peuple est ainsi brusquement jeté hors de sa voie naturelle, cela ne va pas sans des conséquences qu’il serait pour le moins intéressant de noter. […] Et c’est d’un autre point de vue que nous jugeons ce problème de la philosophie de l’histoire. […] Les esprits larges, souples, compréhensifs y abondent, les talents pullulent, la philosophie, la littérature, les arts s’y épanouissent. […] Le scepticisme et le détachement, la philosophie du « cœur léger », ont leur place dans l’existence : mais est-ce là toute l’existence ? […] Pour compléter cet enseignement et pour en lier les parties entre elles dans l’esprit de l’adolescent, aussi bien que pour en tirer toute la substance, il faudrait le couronner par une philosophie des sciences.
Prenez L’École des femmes : c’est admirable ; et cependant, malgré tout l’esprit, toute l’éloquence, toute la philosophie que Molière a dépensés dans cette pièce, à nous peindre cette lutte si singulière et si vraie d’une petite fille qui vient à bout de toute la diplomatie du bourgeois le plus prudent et le plus retors, je ne trouve pas trop forte l’expression de Diderot, qui ne voulait voir dans cette suite de rencontres sur la place publique qu’un enchaînement ou plutôt une accumulation de contes à dormir debout. […] C’est en ce sens, que je ne juge pas, mais que je constate simplement, que l’emploie toute l’école de la philosophie allemande. […] Où Molière a-t-il pu prendre un pareil mot, avec un sens pareil à celui que lui attribuent la métaphysique la plus avancée, la philosophie, la politique et la morale de nos jours, — la métaphysique la plus téméraire et la philosophie la plus saine de notre temps ? […] Si, dans la peinture de certains vices sociaux tels que l’hypocrisie et l’athéisme, il a devancé l’époque malheureuse où la dévotion intéressée était assise sur les degrés du trône pour dominer de là la pensée et fausser les consciences et celle où l’impiété systématique unie au libertinage allait devenir une mode et une philosophie, encore une fois, il a plané en prophète au-dessus de l’histoire dans ces occasions, plutôt qu’il n’a agi sur elle en poète. […] Le dialogue, cette forme qui permet à l’écrivain de se faire poète en mettant des personnages en action, avait séduit Weiss dès le collège : la Sorbonne garde encore le souvenir d’une composition au Concours général de philosophie traitée en dialogue, à l’instar des « dialogues de Platon ».
Il fut le poète réclamé par le siècle à son aurore, homme de génie capable de ressentir et de rendre des maux et des aspirations que la philosophie de Condillac et le cours de littérature de La Harpe n’avaient pas même soupçonnés. […] L’épître à M. de Maisonfort, Philosophie, quoique avec plus de correction, est écrite sur le ton des discours de Voltaire. […] La doctrine d’ensemble, qui se dégage de tous ses écrits, semble la synthèse d’une philosophie très spiritualiste avec un christianisme très compréhensif. […] À vingt-trois ans il frappait un coup de maître en donnant la traduction des idées de Herder sur la philosophie de l’histoire, complétée deux ans après par un essai sur les œuvres de Herder. […] Nous n’hésitons pas à proclamer l’ouvrage de Quinet le plus beau livre de philosophie historique produit par le xixe siècle.
Le barreau, la finance, la politique, la philosophie, le sport sont en train de faire de notre langue un prétentieux charabia qui n’est presque plus du français. […] Ni Gœthe ni Chateaubriand n’ont pourtant voulu faire de la philosophie. […] La philosophie n’est ni un but ni un programme. […] Jules Lemaître a bien vu le côté artificiel de ces explications paradoxales. « Vous savez, dit-il, ce que c’est que la philosophie de l’histoire. […] Caro enseignait la morale, la philosophie, la métaphysique.
Les coupables se repentent et, en présence de l’insuffisance des remèdes que croit donner la philosophie d’ici-bas, tournent leurs yeux vers le ciel et deviennent des chrétiens. […] Émile Ollivier d’orgueil, de confiance illimitée en lui-même, d’élans imprudents, tout cela est possible, mais il faut lui reconnaître toujours une grande sincérité d’impressions, une entière bonne foi, qu’il s’agisse d’art, de philosophie et aussi de politique. […] Qui n’y a aperçu sa longue et mince silhouette, qui ne sait la finesse de son esprit et, sous des aspects fantaisistes, la profondeur de sa philosophie ? […] Madame Adam est née sous une étoile heureuse qui, entre autres dons précieux, lui a accordé la bonté et la philosophie. […] Dans cet ouvrage d’une forme très personnelle et très originale, je rencontrai des observations qui me parurent commander l’attention et qui, sous une forme fantaisiste, renfermait des opinions fort justes sur la politique, la philosophie, l’art, etc.
La science, qui commence par l’étonnement, finit aussi par l’étonnement, dit Coleridge, et c’est de l’étonnement que naît la poésie comme la philosophie. […] Taine l’a très bien montré dans sa Philosophie de l’art. […] Nous avons vu qu’à son origine la poésie ne faisait qu’un avec la science même et avec la philosophie de la nature. […] Dans un avenir plus ou moins lointain peut redevenir possible l’union de l’originalité) poétique avec les inspirations de la science et de la philosophie. […] Herbert Spencer (« Philosophie du style », Essais), dont M.
Ce philosophe, chargé de présider à l’éducation de Chapelle, fils naturel de l’Huiller, maître-des-comptes, et voulant donner des émules à son élève, admit à ses leçons Bernier, Cyrano, Pocquelin ; bientôt il est enchanté de la docilité, de la pénétration de celui-ci, et lui enseigne, non seulement la philosophie d’Épicure, mais lui donne encore les principes de cette philosophie pratique, plus douce, plus utile, et que nous lui verrons mettre en action dans toutes ses pièces. […] Mais nous la traiterons plus favorablement, n’eût-elle que le mérite de verser à grands flots le ridicule sur le pédantisme de la fausse philosophie, et sur le jargon vide de sens qui régnait dans nos écoles. […] L’inimitable mademoiselle Dangeville, remplie de grâces, d’esprit et de naturel, en débitait les tirades de manière à faire oublier qu’à force de justesse, de raison, de philosophie, elles sortent un peu du genre des soubrettes. […] vraiment oui, fiez-vous à la philosophie pour déraciner des erreurs utiles aux charlatans. […] Molière avait à se venger de quelques précieuses de qualité, qui, retranchées dans l’hôtel de Rambouillet, dans celui de Longueville, déchiraient ses meilleurs ouvrages ; il avait à les punir de l’insulte qu’elles faisaient au véritable savoir, en alliant les petitesses du demi-bel esprit au jargon pédantesque de la fausse philosophie, et Les Femmes savantes nous prouveront s’il y réussit.
Seulement il en ajoute chez nous une seconde « commune à nous et aux anges, fille du ciel, trésor à part, capable de suivre en l’air les phalanges célestes, lumière faible et tendre pendant nos premiers ans, mais qui finit par percer les ténèbres de la matière. » Ces gracieuses rêveries, imitées de Platon, vraie philosophie de poëte, peignent son sentiment plutôt que sa croyance. […] Poésie, philosophie, peinture, moeurs, tout y conduit.
Guillaume, ayant rejoint Campe, son premier instituteur, à Brunswick, alla avec lui assister avec une joie sérieuse, à Paris, à l’éclosion d’une philosophie politique, en 1789. […] Insensés qui ne voient pas que l’être est le premier problème de toute philosophie, que l’existence du dernier des êtres est un effet évident qui proclame une cause, et que Dieu est la cause de tous les effets.
Tout grand ouvrier en philosophie, en religion, en politique ou en art, laisse de sa vie dans son œuvre. […] La Rome d’Auguste imitait lourdement la Grèce ; la Rome de Léon X et la Florence des Médicis inventaient un art, une poésie, une philosophie plus attiques que la Rome des Césars ; on peut même ajouter plus italiennes encore qu’attiques.
Il semble que la moralité sombre, et si l’honnêteté bourgeoise, si la philosophie chrétienne ou antique la maintiennent encore dans quelques parties du xive siècle, le siècle suivant touchera le fond du nihilisme moral. […] On l’a comparé à Hérodote : mais qu’il en est loin, avec son enfantine conception de l’histoire, sa philosophie vaine, et sa moralité creuse.
La malechance d’Horace, c’est d’avoir été, pour quelques chansons bachiques et quelques développements de philosophie bourgeoise, accaparé par les chansonniers et par les vieux messieurs des académies provinciales de jadis. […] Or, le véritable Horace a bien pu se qualifier lui-même, par boutade, de pourceau d’Épicure : vous savez que l’épicurisme n’est nullement la philosophie des refrains à boire ; et celui d’Horace est, finalement, d’un stoïcien qui n’avoue pas.
En ce livre qui parut peu de temps avant Joies, on discerne malaisément le poète instinctif et le trouveur de rythmes qui va naître bientôt ; cependant des compositions publiées avant ce drame (les premiers Cygnes) indiquaient déjà les vagues linéaments de la philosophie que j’ai exposée au premier chapitre de cette brochure, et, entre beaucoup de pièces agitées d’influences diverses, — celle de M. […] L’hédonisme est aussi méprisable en art qu’en philosophie ; il énerve, débilite, affadit ; il répugne aux grandes actions comme aux grandes pensées, change le beau en joli, l’héroïque en agréable, et doit susciter une indignation sévère chez tout homme qui veut agir ou créer.
Il faut songer à se rendre meilleur ; voilà la bonne philosophie. […] Il faut donc croire que, m’ayant renvoyé si loyalement mon obligation, vous n’avez pas mis moins de philosophie à recevoir les fonds auxquels elle se montait, ou que vous avez voulu prendre connaissance de mon ouvrage pour m’en parler à fond.
En opposition avec une philosophie stérile, muette, superficielle, que nous enseigne la théologie chrétienne ? […] La philosophie ni la science n’ont affaire de la Muse.
C’est sous l’influence de Mme de La Sablière et de son entourage, qu’il est devenu curieux des choses de sciences, qu’il est devenu curieux des choses de philosophie. S’il y a une philosophie de La Fontaine et qui est fort curieuse je crois que c’est au monde, à la société de Mme de La Sablière qu’il la doit.
Tous ces écrivains, qui portent dans leur esprit le virus de la maladie héréditaire qui nous dévore depuis Luther, sous le nom de philosophie, ont trouvé périlleux (avaient-ils bien tort ?) […] Ils savaient ce qu’ils avaient accompli, ce qui restait à accomplir… La Philosophie, plus hideuse que son père, le Protestantisme, tenait le monde sous elle.
Après les premières années de tâtonnement et de légère incertitude, on vit se dessiner, en tous sens, des tentatives nouvelles, — en histoire, en philosophie, en critique, en art.
On s’incline, on salue ; mais la vraie philosophie politique et morale, qui accompagne l’homme tel qu’il est et non tel qu’on veut qu’il soit, passe outre, poursuit sa marche, et n’abdique jamais.
C’est avec cette orthographe et cette diction qu’il ne laissait pas cependant de plaire à quelques-unes de ces dames qui se piquaient de philosophie.
Ses pièces sont supérieures aux tragédies grecques, pour la philosophie des passions et la connaissance des hommes47 ; mais elles sont beaucoup plus reculées sous le rapport de la perfection de l’art.
Il demande seulement que ce plaisir soit fin, mêlé de philosophie et de tendresses.
Sans géographie l’histoire n’existe pas, la politique est aveugle, la guerre ne sait ni attaquer ni défendre, la paix ignore sur quels fleuves, sur quelles mers, sur quelles montagnes il faut construire ses forteresses ou asseoir ses limites ; la navigation ne peut se servir de ses boussoles, le commerce s’égare sur les océans, inhabile à découvrir quelles sont les productions ou les consommations qu’il doit emprunter ou porter aux climats divers dont il ne connaît ni la route, ni les richesses, ni les besoins, ni les langues, ni les mœurs, ni les philosophies, ni les religions.
La nature matérielle, la science, la philosophie vous suffisent.
La culture intellectuelle, la recherche spéculative, la science et la philosophie, en un mot, ont la meilleure de toutes les garanties, je veux dire le besoin de la nature humaine.
Ainsi, la seconde moitié du xviiie siècle voit s’épanouir avec une force singulière la sensibilité française, qui commençait, depuis une vingtaine d’années, à reprendre, aux dépens de la raison, une place croissante dans la littérature et la philosophie.
C’est là un fait de la plus haute importance possible pour la morale et la philosophie. » L’auteur n’a point de peine à montrer que la richesse est un moyen de nous procurer les services des autres en les rémunérant ; que le pouvoir est un moyen de les plier sous notre obéissance par l’espoir ou la crainte ; que les dignités enfin nous procurent leur respect, non pas seulement un respect extérieur, mais qui se traduit par leurs actions49.
Elle a fondé les religions et les philosophies.
… La Fontaine savait que madame de la Sablière, non seulement avait oui parler de la philosophie, mais il savait qu’elle y était même très-versée ; en effet, elle la connaissait mieux que La Fontaine ; mais elle craignait de passer pour savante.
Il semblait donc que la réalité sociale ne pouvait être l’objet que d’une philosophie abstraite et vague ou de monographies purement descriptives.
Cousin fait une critique des philosophes de l’antiquité et des temps modernes, car on peut dire, sans le blesser, que c’est là le fond de sa philosophie ; M.
Il fallait toute la fatuité de cette grande sotte de philosophie pour admirer cela, en s’y reconnaissant.
C’était la vieille idée si simple et si vraie contre laquelle la philosophie proteste et réclame, et que tous les Congrès de la paix à mourir de rire ne parviendront jamais à déshonorer !
Religion, philosophie, roman, critique, histoire, économie politique, tout dut prendre ce galant uniforme et s’en habiller, comme le Spectre d’Hamlet de sa toile cirée… Et tout cela s’est exécuté ponctuellement, et la Revue des Deux Mondes a toujours paru le même intéressant recueil à ses abonnés impassibles.
ni au temps des querelles et des déchirements du Sacerdoce et de l’Empire, ni quand Luther rompit avec Rome, ni, plus tard, quand la foi, ébranlée, ne pouvant pas tomber plus bas, chuta dans la philosophie.
C’est ainsi que la Philosophie, si elle n’est pas charmée, est au moins gênée devant les yeux baissés de l’immaculée Carmélite, qui n’est pas seulement la gloire de l’Espagne, mais de la Chrétienté et de l’âme humaine, et aussi de l’esprit humain ; et c’est pourquoi, sans aucun doute, dans l’embarras où tant de gloire la jette, elle aime mieux se taire que parler.
Et je l’ai dégagée parce que j’aime, pour mon compte, les conclusions de cette forte thèse ; — parce qu’elle soufflette largement, comme les servantes de Boileau, les histoires modernes et toutes les idées sur la liberté politique dont la philosophie et le libéralisme les ont bourrées !
Ardent comme les Covenantaires des romans de Walter Scott, mais moins puritain, moins dur et moins farouche, ce dernier venu dans le protestantisme, qui a manqué son siècle et qui est tombé dans celui de l’athéisme et de la philosophie sans s’y briser, avait fait longtemps, dit-on, des missions protestantes, dans les montagnes et aux paysans de la Suisse, sous l’inspiration et sous la pression de son Saint-Esprit particulier.
Ses Six filles de Louis XV, à Jules Soury, n’ont pas l’honnête volonté d’être impartial du brave Bonhomme, qui n’en peut mais, ce bon garçon, s’il a été trempoté par son temps dans cette philosophie du sens commun dont les compotes deviennent si vite des pourritures… Jules Soury est un regain de Michelet.
Cette belle place littéraire à prendre aurait pu le tenter cependant, car Gobineau est un esprit sérieux, de philosophie stoïque, et le stoïcisme est pour lui — il le dit en termes formels dans une thèse qui a de la fierté — un des plus nobles buts de la vie.
Il gouverna et sauva Rome, fut vertueux dans un siècle de crimes, défenseur des lois dans l’anarchie, républicain parmi des grands qui se disputaient le droit d’être oppresseurs ; il eut cette gloire, que tous les ennemis de l’État furent les siens ; il vécut dans les orages, les travaux, les succès et le malheur ; enfin, après avoir soixante ans défendu les particuliers et l’État, lutté contre les tyrans, cultivé au milieu des affaires la philosophie, l’éloquence et les lettres, il périt.
Et de fait on sent partout, dans ce livre singulier fait de charme et de philosophie, d’ironie et de logique, le frémissement de la chose vivante. […] Le frisson de l’épouvante vous prend à lire avec quelle philosophie, prise par l’habitude, l’auteur peint les milieux où l’ont jeté les cruels et terrifiants aveugles hasards de la vie. […] Maurice Barrès ; je suis très loin de voir là le but de son livre, mais notre siècle n’aurait-il été profitable qu’aux animaux, qu’il aurait bien mérité de la morale et de la philosophie. […] Renan de parler longtemps sans s’inquiéter de l’au-delà, la philosophie le ramène à la religion qu’il n’aime guère, mais dont il reconnaît la nécessité, pour quelques-uns du moins. […] En fin de compte, ce qu’il y a de plus clair dans la philosophie de M.
la vie est courte… » Au fait, la philosophie du Caveau n’est que l’antique épicurisme dégénéré et épaissi. […] Sa philosophie, c’est le naturisme cordial d’Elmire, de Cléante et de Béralde. […] De même, un moliériste n’est, proprement, ni un ami de la simplicité et de la raison dans les choses écrites, ni un sectateur de la philosophie de la nature, ni, comme on disait jadis, un « libertin » : c’est un moliériste. […] Comme toutes les âmes candides et fortes, il est l’ennemi de l’ironie, j’entends de l’ironie cultivée pour elle-même, suppléant à la connaissance et constituant, à elle seule, une sagesse, une philosophie. […] Il y a là un étudiant en médecine, un rapin, une vieille demoiselle, — et un nommé Vautrin, qui tient des propos d’une philosophie cynique.
Mais surtout dans le chapitre II, intitulé Philosophie et sociologie expérimentale, le caractère si moderne de la pensée de Bonald se trouvera vérifié. […] Gratry, élève des plus distingués de l’Ecole polytechnique, ayant obtenu le prix de philosophie au concours… s’est fait prêtre. […] Ils prétendirent, sous le nom de logique, conserver la classe de philosophie, en y faisant enseigner un ensemble de doctrines officielles, inoffensives, mais encore plus inutiles. […] Quelque sérénité que lui donnât sa haute philosophie, il ne pouvait pas avoir entièrement oublié les tracasseries de Nevers et de Poitiers. […] Comment en tirer une philosophie, alors qu’elle ne permet pas, à cause de sa brièveté, les développements contradictoires qui sont la loi du roman à thèse.
Au cours des promenades, où un livre à la main, quelque mauvais Taine d’art ou quelque bouquin de philosophie lui paraissait nécessaire à son maintien, nous échangeâmes des idées. […] La littérature, il la concevait non pas comme une chose par elle-même existante, mais comme un reflet, une traduction d’une philosophie. […] La philosophie, nous la trouvons aussi éparse au long de son œuvre en quelques phrases. […] Sa foi, sa philosophie, qui se confondent sont, en ses œuvres, éparses. […] Rien de pauvre comme le fond de philosophie cléricale et réactionnaire d’où procèdent Hugo et Lamartine.
Mais il se trouve qu’avec les sept drames qui nous ont été conservés de lui, nous avons un traité presque complet de haute philosophie morale. […] Aussi a-t-elle penché particulièrement vers la philosophie. […] Quand Clitandre se prononce décidément, sa philosophie s’en va et elle est toute au dépit amer et sec. […] Pour mieux dire, tout entêtée de philosophie, de belles lettres et de belles sciences, elle ne les a pas élevées de tout. […] Brunetière l’a admirablement dit, Molière c’est la philosophie de la nature, c’est le retour à la bonne nature, à la nature tenue pour bonne, pour bonne mère et pour bonne conseillère.
Pour conduire à bien l’entreprise, il y faut encore un peu de littérature, un peu de philosophie : quelque teinture de théologie s’y joindrait qu’on en trouverait l’emploi tout de même, — et que l’édition ne pourrait qu’y gagner. […] Il a résolu, de cette manière, non seulement en critique, mais en histoire, mais en philosophie, plus de vingt problèmes qui sont restés problèmes ; et c’est pourquoi son autorité n’en est pas une : il laissait à d’autres les longues et patientes recherches, c’est à d’autres aussi qu’il a laissé l’avenir. […] Le goût de la science et de la philosophie se répand, le siècle entier tourne à la physique, et les marquises donnent à la géométrie tout ce que les pompons et l’amour leur laissent de loisir ? […] C’est un vin que j’ai cuvé et que je n’ai plus envie de boire172 » Mais il s’y mêlait plus de calcul encore que de dépit sincère ou de philosophie, et moins d’amour certainement pour Émilie que de politique. […] » C’est là le dernier mot de sa philosophie de l’histoire : il n’a pas le sens des grandes choses.
La Harpe a cherché malice et philosophie dans quelques paroles d’Arlequin refaisant des hommes selon le procédé mythologique, et intervertissant le rang de ces nouvelles poupées, mettant le laboureur en tête, puis l’artisan, l’homme d’épée ne venant que le troisième ; avec cet homme d’épée qui tranche du capitan, Arlequin commence par lui jeter bas d’un revers de main le chapeau à plumet qu’il a insolemment sur la tête : « Chapeau bas devant ton père, quand tes deux aînés sont dans leur devoir. […] Mais il n’y a pas là dedans de philosophie véritable ; et quoique Arlequin dise encore, à la barbe de la noblesse, en promulguant la charte de ses futurs neveux : « Ma suprématie aura soin de les égaliser : les cadets seront frères de leurs aînés, et, l’inégalité détruite, je réponds du bon ordre et de la félicité universelle » ; malgré ces boutades d’un bon sens bariolé d’humeur, il ne faut voir en toutes ces pages que de la gaîté gauloise, narquoise, des hardiesses comme du temps du bon roi Louis XII, et non des révoltes comme au lendemain de J. […] Je veux m’instruire et vous aimer ; je veux que vous soyez newtonien, et que vous entendiez cette philosophie comme vous savez aimer. » Cette noble ambition d’une intelligence élevée et toujours en progrès, ce beau feu d’une curiosité allègre et légère qu’il a exprimée d’un mot : Tous les goûts à la fois sont entrés dans mon âme ; Ce zèle à propager ce qu’on croit vrai, ce que l’on sent aimable, et à y faire participer, à y convertir ses amis et l’univers, étaient lettre close pour Piron.
Tu ne saurais pas aujourd’hui que les plus belles philosophies n’ont que des jours d’explosion et des années de fumée, fumée à travers laquelle on ne reconnaît plus rien que des décombres ; que les peuples, comme des banqueroutiers de la vérité, ne tiennent jamais ce qu’ils promettent ; que les princes les meilleurs ne recueillent que l’assassinat, comme Henri IV, ou le martyre, comme Louis XVI ; que les réformateurs les plus bienfaisants ont pour ennemis les utopistes les plus absurdes ; que les gouvernements héréditaires subissent les dérisions de la nature, qui ne sanctionne pas toujours l’hérédité du génie ou des vertus ; que les gouvernements parlementaires subissent la domination de l’intrigue, la fascination du talent, l’aristocratie de l’avocat, qui prête sa voix à toutes les causes pourvu que l’on applaudisse, et qui est aux assemblées ce que la caste militaire est aux despotes, pourvu qu’ils les payent en grades et en gloire ; que les gouvernements absolus font porter à tous la responsabilité des fautes d’une seule tête ; que les gouvernements à trois pouvoirs sont souvent la lutte de trois factions organisées qui consument le temps des peuples en vaines querelles, qui n’ont d’autre mérite que d’empêcher les grands maux, mais d’empêcher aussi les grandes améliorations, et qui finissent par des Gracques ou par des Césars, ces héritiers naturels des anarchies ou des servitudes ; que les républiques sont la convocation du peuple entier au jour d’écroulement de toute chose pour tout soutenir, le tocsin du salut commun dans l’incendie des révolutions qui menace de consumer l’édifice social ; mais que si ces républiques sauvent tout, elles ne fondent rien, à moins d’une lumière qui n’éclaire pas souvent le fond des masses, d’une capacité qui manque encore au peuple, et d’une vertu publique qui manque plus encore aux classes gouvernementales. […] Il venait d’écrire ainsi sans profondeur, sans philosophie, sans justice, une histoire de la Révolution qui n’était qu’une adulation à la Révolution elle-même. […] Il fallait des passions et non des principes à la démocratie ; elle avait trouvé un jeune homme de talent, elle lui dit : « Fais mon portrait, mais flatte-moi, et défigure mes ennemis, je te nommerai peintre du peuple. » Du côté opposé, les historiens de la Révolution dans le parti royaliste, religieux, aristocratique, n’avaient écrit sous le nom d’histoire que le martyrologe des victimes de 1791 à 1794 ; ils avaient barbouillé de sang tous les principes les plus saints et les plus innocents de la philosophie révolutionnaire du dix-huitième siècle.
Le Code bride l’imagination des magistrats ; aussi, dans ces documents, ne l’évoquent-ils qu’à la fin, quand ils ont épuisé leur provision d’histoire, de littérature ou de philosophie. […] Les gens simples l’appelaient « le bon prêtre de Digne », mais les initiés opposaient sa philosophie épicurienne au rigide idéalisme de Descartes. […] Il faut y joindre le Supplément au Voyage de Bougainville, qui est bien la chose la plus divertissante qu’ait jamais inspirée la philosophie et qu’il faudrait mettre au rang des contes de Voltaire.
En littérature comme en philosophie, ni le réalisme pris seul n’est vrai, ni l’idéalisme. […] Vous voulez m’« étonner » ; commencez par posséder vous-même ce don de l’étonnement philosophique devant l’univers qui, selon Platon, est le commencement de la philosophie. […] Le génie chrétien est un produit hybride où se sont mêlés et mariés intimement l’esprit hébraïque et l’esprit grec, mais où domine souvent le platonisme grec : les plus hautes idées de la philosophie chrétienne viennent de Grèce et d’Orient.
L’associationnisme a donc le tort de substituer sans cesse au phénomène concret qui se passe dans l’esprit la reconstitution artificielle que la philosophie en donne, et de confondre ainsi l’explication du fait avec le fait lui-même. […] Cours de philosophie positive, tome II, 32e leçon. […] La philosophie de Hamilton, trad.
La philosophie, témoin de ces jeux et de leurs effets, voulut les rendre utiles, en tournant leur vivacité licencieuse au profit de la raison et de la morale publique. […] Il est incontestable qu’aucune espèce de comédie n’a pu exciter de tels transports, et que jamais la philosophie n’a pu faire un plus salutaire emploi de la dérision. […] Et vous, bons maris, qui comptez, en négligeant le soin de vous bien assortir d’âge, d’humeurs et de conditions, que vos femmes ne doivent aimer que vous seuls, le voilà qui sourit de vous voir si affligés d’un accident inévitable : prenez de lui, avec tous vos confrères, les leçons de sa plaisante philosophie. […] Je n’ai garde de le penser : aussi n’est-ce point de lui que la philosophie se joue, mais du préjugé qui s’y mêle. […] Jourdain prend de son maître en philosophie sur la grammaire, sur la prononciation des voyelles, et des syllabes, et sur l’almanach, où il cherche à savoir quand il y a de la lune et quand il n’y en a point.
Leurs adversaires, les Garat, les Ginguené, les Morellet, consolateurs attardés de cette philosophie douairière, faisaient très pauvre figure dans la lutte, et n’avaient pas même pour eux ces gros bataillons trop souvent acquis aux flatteurs des mauvais instincts de l’humanité. […] La philosophie du dernier siècle et cette épidémie d’irréligion qu’elle répandit sur la France, ce n’était pas seulement une attaque contre l’Église considérée comme puissance séculière, contre le clergé à l’état de corps politique. […] Voilà l’égalité moderne telle que la philosophie l’a prêchée, telle que la Révolution l’a voulue, telle que la France l’a poursuivie, depuis soixante-dix ans, à travers toutes les variations de sa politique, toutes les formes de son gouvernement. […] Cousin se complaît et où il excelle, non seulement la biographie est de l’histoire, mais l’histoire est de la philosophie, puisqu’elle ne veut pour clef et pour point de départ que l’étude du cœur et de la conscience de l’homme. La philosophie !
Quand nous disons que l’antécédent suscite le conséquent, nous ne songeons ni au lien mystérieux par lequel les métaphysiciens attachent ensemble la cause et l’effet, ni à la force intime et incorporelle que certaines philosophies insèrent entre le producteur et le produit. […] Nulle question n’a eu plus d’importance en psychologie, car nulle question n’a des conséquences plus graves en philosophie. […] Discours sur l’étude de la philosophie naturelle, p. 159-162. — System of Logic, I, 458. […] Mélanges. — Éclaircissements sur les éléments de philosophie.
Au premier mot, elle le renverse, elle le frappe, elle accumule sur le malheureux, les épithètes les plus infamantes, elle l’accuse de détruire toute littérature, de corrompre le goût, de fausser l’histoire, la philosophie, la morale, de pervertir les esprits, d’avilir les mœurs ; elle assène en guise de coup de grâce, aux auteurs de ces œuvres proscrites, une verte semonce sur les conséquences funestes de l’amour de l’argent, et toutes ses injures dites, la critique s’en va ; mais elle n’a pas encore tourné le dos que la victime consolée, part, au bruit des fanfares, pour parcourir la France entière, passer sous les yeux de plus de cent mille lecteurs, franchir ensuite les frontières, recueillir les applaudissements de l’Angleterre, de l’Allemagne, de l’Espagne, tous pays qui consomment avec fureur nos produits littéraires et les trompettes de la Renommée ne cessent de répandre la gloire du feuilleton si maltraité que lorsqu’un rival heureux lui est né. […] Jourdain il hésite s’il apprendra la philosophie, l’almanach, ou l’orthographe. […] Mais toute la finesse d’observation possible, toute la philosophie, toute la raison du monde ne sauraient suffire à produire une bonne nouvelle. […] — Pauvre Rhin, répond le poète aux interrogations du vieillard, ne crains plus, quoi qu’il arrive, le persiflage des Français, ce ne sont plus les hommes que tu as connus : devenus rêveurs et mélancoliques, ils parlent de Hegel tout comme nous ; ils font de la philosophie, ne sont plus voltairiens et portent des pantalons rouges.
Ermenonville, avec son Temple de la Philosophie et sa Tour de Gabrielle, ne trouvait pas grâce absolument devant son goût sans fadaise. […] Les lumières de la philosophie ont donné plus de confiance aux fondateurs de notre république. Tout fut abattu ; tout doit être reconstruit116. » Dans un autre discours de rentrée, il maintenait, contrairement au préjugé régnant, la prééminence du siècle de Louis XIV, et des grands siècles du goût en général, non-seulement à titre de goût, mais aussi à titre de philosophie : « Chez les Latins, si vous exceptez Tacite, les auteurs qu’on appelle du second âge, inférieurs pour l’art de la composition, les convenances, l’harmonie et les grâces, ont aussi bien moins de substance et de vigueur, de vraie philosophie et d’originalité, que Virgile, Horace, Cicéron et Tite-Live. […] A l’exception de trois ou quatre grands modernes qui appartiennent encore à demi au siècle dernier, vous verrez que Racine, Corneille, La Fontaine, Boileau, Molière, Pascal, Fénelon, La Bruyère et Bossuet, ont répandu plus d’idées justes et véritablement profondes que ces écrivains à qui on a donné l’orgueilleuse dénomination de penseurs, comme si on n’avait pas su penser avant eux avec moins de faste et de recherche. » La théorie littéraire de Fontanes est là ; son originalité, comme critique, consiste, sur cette fin du xviiie siècle, à déclarer fausse l’opinion accréditée, « si agréable, disait-il, aux sophistes et aux rhéteurs, par laquelle on voudrait se persuader que les siècles du goût n’ont pas été ceux de la philosophie et de la raison. » C’était proclamer, au nom des Écoles centrales, précisément le contraire de ce que Garat venait de prêcher aux Écoles normales.
Je vais donc résumer pour eux surtout les trois chapitres que j’ai cru devoir retrancher dans ma traduction parce qu’ils contenaient une philosophie d’une forme un peu aride et scolastique et n’intéressaient qu’une fraction aussi respectable que restreinte du public lettré. […] On ne peut la comparer qu’à une autre grande époque intellectuelle : celle de la splendeur de la philosophie scolastique. […] Aujourd’hui sa philosophie est aussi dangereuse pour la société et la famille qu’une lanterne magique ou qu’un kaléïdoscope. […] Avant tout, tâchons d’éviter de faire de la philosophie. […] C’est ce que diront certains historiens de la philosophie qui copient, au fond, Platon et Aristote.
le portique se prend pour la philosophie que Zénon enseignoit à ses disciples dans le portique. Le lycée étoit un lieu près d’Athènes, où Aristote enseignoit la philosophie en se promenant avec ses disciples ; ils furent apelés péripatéticiens du grec (…), je me promène : on ne pense point ainsi dans le lycée, c’est-à-dire, que les disciples d’Aristote ne sont point de ce sentiment. […] Rousseau, pour dire que Cicéron dans sa maison de campagne méditoit la philosophie d’Aristote et celle de Zénon, s’explique en ces termes : c’est là que ce romain, etc. Académus laissa près d’Athènes un héritage où Platon enseigna la philosophie. […] Come une clé ouvre la porte d’un apartement, et nous en done l’entrée, de même, il y a des conoissances préliminaires qui ouvrent, pour ainsi dire, l’entrée aux sciences plus profondes : ces conoissances ou principes sont apelés clés par métaphore ; la grammaire est la clé des sciences : la logique est la clé de la philosophie.
Et puis, un matérialisme, une philosophie matérialiste, également vulgaires, un peu teintés, dans quelques œuvres, d’un pessimisme venu de l’influence de Schopenhauer, très agissante à l’époque où il écrivait : tout cela aussi articles de bazar. […] Une vague philosophie panthéiste, pessimiste, la même que chez Leconte de Lisle, mais sur un autre ton, moins hautain et plus épouvanté. […] On peut fort bien discerner, par contre, que, sous des apparences volontiers ironiques, France défendait une philosophie généreuse, féconde — celle à qui nous devons l’aspect des sociétés occidentales contemporaines. […] Puis son hédonisme, sa philosophie, qui lui enseignaient qu’il faut jouir de la vie, communiquaient à son œuvre, non seulement une grâce spirituelle, mais de la gaîté. […] Rosny aîné, avec Le Bilatéral qui, en même temps qu’un très curieux et vigoureux roman, est un document d’une valeur inappréciable sur l’état d’esprit, la philosophie politique des premiers grands rêveurs socialistes vers les années 1880.
Le Tasse obtint l’autorisation de se rendre à Rome, à Padoue, à Venise, pour épurer son poème de tout ce qui pouvait blesser les plus légers scrupules de la théologie, de la philosophie, de la langue ou du goût. […] La privation de ses livres, laissés à Ferrare, de ses manuscrits, du bruit de sa renommée qui s’amortissait dans la solitude à Sorrente ; la monotonie de la maison rustique de sa sœur ; la société douce, mais stérile, de ses deux neveux, dont l’enfance ne s’élevait pas assez haut pour lui dans la sphère de la poésie et de la philosophie qu’il habitait à la cour de Ferrare ; peut-être même l’absence de ces agitations de l’esprit qui fatiguent la vie, mais qui l’occupent, ne tardèrent pas à lui faire désirer un autre séjour.
. — Littérature et philosophie mêlées (1864). — William Shakespeare (1864) […] Stéphane Mallarmé Hugo, dans sa tâche mystérieuse, rabattit toute la prose, philosophie, éloquence, histoire, au vers ; et comme il était le vers personnellement, il confisqua, chez qui pense, discourt ou narre, presque le droit à s’énoncer.
Parcourez la philosophie du temps : même rébellion commençante contre la morale courante. […] Les genres peu lucratifs, l’histoire, la philosophie ont été durant de longs intervalles délaissés, négligés.
… en pleine philosophie, et en pleine philosophie active, militante et hostile.
En résumé, quelle que soit la doctrine à laquelle notre raison se rallie, notre imagination a sa philosophie bien arrêtée : dans toute forme humaine elle aperçoit l’effort d’une âme qui façonne la matière, âme infiniment souple, éternellement mobile, soustraite à la pesanteur parce que ce n’est pas la terre qui l’attire. […] Il y a donc une logique de l’imagination qui n’est pas la logique de la raison, qui s’y oppose même parfois, et avec laquelle il faudra pourtant que la philosophie compte, non seulement pour l’étude du comique, mais encore pour d’autres recherches du même ordre.
La philosophie pour elle n’était qu’un en cas qu’elle tenait en réserve pour une éventualité extrême.
Ce court moment dont nous parlons, et où la philosophie elle-même souriait au roman, c’était, en un mot, la lune de miel de la critique et de la poésie à la Revue des Deux Mondes, et là, comme ailleurs, les lunes de miel ne luisent qu’une fois.
Rousseau banni adressait à ses protecteurs des odes composées au jour le jour, sans unité d’inspiration, et que n’animait ni l’esprit du siècle nouveau ni celui du siècle passé, en 1729, à l’hôtel de Conti, naissait d’un des serviteurs du prince un poëte qui devait bientôt consacrer aux idées d’avenir, à la philosophie, à la liberté, à la nature, une lyre incomplète, mais neuve et sonore, et que le temps ne brisera pas.
C’est un homme fin qui joint à la connoissance des belles-lettres celle de la théologie, de l’histoire et de la philosophie.
Xavier Aubryet, Philosophie mondaine.
Après avoir chanté les plus douces leçons de la morale et de la philosophie, Sapho se précipita du haut du rocher de Leucade ; Élisabeth, après avoir dompté les ennemis de l’Angleterre, périt victime de sa passion pour le comte d’Essex.
Je trouve un merveilleux exemple de raisonnement inductif dans la Philosophie de l’art de M.
Or le dandy entreprend de modifier du tout au tout cette opinion si profondément enfoncée chez les hommes par une philosophie traditionnelle et banale et de bouleverser la hiérarchie des mérites.
Le crâne nu, cuivré, bossué comme un antique chaudron, l’œil petit, oblique et luisant, la face camuse, la narine enflée, il ressemble, avec sa barbe courte, rare et dure, à un Socrate sans philosophie et sans la possession de soi-même.
Essai sur Adolphe Si Benjamin Constant n’avait pas marqué sa place au premier rang parmi les orateurs et les publicistes de la France, si ses travaux ingénieux sur le développement des religions ne le classaient pas glorieusement parmi les écrivains les plus diserts et les plus purs de notre langue ; s’il n’avait pas su donner à l’érudition allemande une forme élégante et populaire, s’il n’avait pas mis au service de la philosophie son élocution limpide et colorée, son nom serait encore sûr de ne pas périr : car il a écrit Adolphe.
Il ne constitue pas en lui-même un système de philosophie mentale proprement dite ; mais c’est une collection de faits classés pour un tel système, et présentés avec cette méthode, cette connaissance approfondie, que donne la discipline des sciences, et accompagnée de passages d’un caractère analytique.
L’école, c’est la résultante des pédantismes ; l’école, c’est l’excroissance littéraire du budget ; l’école, c’est le mandarinat intellectuel dominant dans les divers enseignements autorisés et officiels, soit de la presse, soit de l’état, depuis le feuilleton de théâtre de la préfecture jusqu’aux Biographies et Encyclopédies vérifiées, estampillées et colportées, et faites parfois, raffinement, par des républicains agréables à la police ; l’école, c’est l’orthodoxie classique et scolastique à enceinte continue, l’antiquité homérique et virgilienne exploitée par des lettrés fonctionnaires et patentés, une espèce de Chine soi-disant Grèce ; l’école, c’est, résumées dans une concrétion qui fait partie de l’ordre public, toute la science des pédagogues, toute l’histoire des historiographes, toute la poésie des lauréats, toute la philosophie des sophistes, toute la critique des magisters, toute la férule des ignorantins, toute la religion des bigots, toute la pudeur des prudes, toute la métaphysique des ralliés, toute la justice des salariés, toute la vieillesse des petits jeunes gens qui ont subi l’opération, toute la flatterie des courtisans, toute la diatribe des thuriféraires, toute l’indépendance des domestiques, toute la certitude des vues basses et des âmes basses.
Convenons pourtant d’une chose, que le goût des fables est passé : notre siècle leur préfère l’esprit de philosophie, d’exactitude & de raison : elles étoient d’une grande ressource aux anciens poëtes.
Quoique ce livre soit d’un très-petit format, il y a certainement plus de choses & de sens, de raison, de philosophie, de vues, que dans beaucoup de gros volumes, où la forme est absorbée par la matiere.
Cours de philosophie positive, IV, 328.
Ma curiosité ayant été éveillée, en rhétorique, par le devoir français d’un de mes camarades que je ne connaissais pas autrement, parce qu’il était d’une autre pension que moi, j’allai à lui, quelque temps après, et je lui demandai ce qu’il faisait : « Depuis quelque temps, me dit-il, je m’occupe beaucoup de philosophie. » Il s’occupa sans doute des littérateurs latins et français l’année suivante.
Victor Cousin, qui était un styliste, et qui avait plus de style que de philosophie, s’écriait un jour qu’il donnerait le monde pour une belle phrase.
Bulletin de la Société française de philosophie, février 1905.
Il avait, comme Fontenelle, voulu orner la philosophie par les grâces ; il chercha de même à copier sa manière dans les éloges.
Émile Blémont dans son esthétique de la tradition, petit livre fort éloquent et plein de philosophie. […] Il y montra plus de curiosité d’art et de goût de forme que d’esprit critique et de philosophie. […] Au xviie siècle, on en dissertait dans les chaires de philosophie, de dialectique et d’éloquence. […] Quelle philosophie ou quelle religion lui ouvre les demeures des âmes ? Ni religion ni philosophie aucune.
Pourquoi ces formules d’étudiant allemand qui vient de découvrir la philosophie ? […] Vous pensez bien qu’il me serait également facile de déclarer que le Père est un chef-d’œuvre de philosophie, de psychologie et de dramaturgie, et que la dernière soirée de l’« Œuvre » a consommé le triomphe de la littérature scandinave à Paris, — ou de prononcer que la pièce de M. […] C’est l’action pure, en dehors de toute philosophie, de toute idée morale, de toute peinture des caractères (sinon superficielle et réduite, pour les mousquetaires, à des signes particuliers, pour Cromwell et le roi, à des signes généraux très faciles et voyants), en dehors enfin de toute observation, de toute émotion, de tout style. […] Croirons-nous peut-être qu’il soit suffisamment défendu par la lassitude de ses sens (il a trente-cinq ans) ou par sa philosophie (Oh ! […] Maurice Donnay, ses personnages, sa morale, sa philosophie, son style et son esprit différent notablement de ceux de l’archevêque de Cambrai.
Boutroux, mais ni en art ni en philosophie on ne mesure la valeur à la popularité. Ses paroles ont donc de l’importance, surtout lorsqu’elles se résument en de nets aphorismes comme celui-ci, que je trouve dans un article de la Revue philosophique : « La philosophie n’est pas une science du bonheur, mais une science du savoir. » Voilà de quoi méditer, voilà de quoi éveiller les contradictions. Cela voudrait dire, en d’autres termes, puisque la philosophie est la recherche de la vérité, que la vérité n’est pas destinée à devenir la trame de notre bonheur. […] Il est du moins certain que ces philosophies, comme celle de Spinoza, ne se sont pas proposé la recherche directe du bonheur humain, mais cherchant la vérité, elles ont par cela même visé à la crédibilité et promis aux esprits qui peuvent y acquiescer la haute satisfaction de se sentir conformes à l’harmonie même des choses, même si cette vieille harmonie est en réalité une désharmonie.
De poèmes ou de philosophies, la littérature de M. […] Si c’est un dialogue, il fera proférer à tel personnage des philosophies bien au-dessus de sa normale intelligence des choses. […] Sarcey, à propos du lamentable Murger : « About lui donna un sujet de roman ; il n’en fit rien : c’était décidément un paresseux. » Il est très difficile de persuader à de certains vieillards — vieux ou jeunes — qu’il n’y a pas de sujets ; il n’y a, en littérature, qu’un sujet, celui qui écrit, et toute la littérature, c’est-à-dire toute la philosophie, peut surgir aussi bien à l’appel d’un chien écrasé qu’aux exclamations de Faust interpellant la Nature : « Où te saisir, ô Nature infinie ? […] Son génie naturel fait de sensibilité, d’ironie, d’imagination et de clairvoyance, il avait voulu le nourrir de connaissances positives, de toutes les philosophies, de toutes les littératures, de toutes les images de nature et d’art ; et même les dernières vues de la science semblent lui avoir été familières.
Puis, nous le jugeons fort intéressant et nous l’aimons tel qu’il est : il n’inquiète plus notre religion et n’irrite plus notre philosophie. […] Ou bien on y a cherché des sens profonds, on en a dégagé la philosophie abstruse. […] On a coutume de s’extasier sur la profondeur philosophique de ce morceau ; au fond, il est assez banal et d’une philosophie rudimentaire. […] » Eugène a pu se former ainsi, peu à peu, une philosophie de l’amour assez semblable à celle de M. […] Elle alla chez Valmiki à la nuit tombante, s’assit auprès de lui, et l’interrogea sur quelque points de philosophie.
Toute une philosophie de l’histoire littéraire et, à la fois, toute une esthétique et toute une éthique sont visiblement impliquées dans les moindres de ses jugements. […] Vous savez ce que c’est que la philosophie de l’histoire. […] En d’autres termes, il a écrit là un chapitre excellent de philosophie de l’histoire littéraire. […] Elle mourut, dites-vous, par la rhétorique, le romanesque et la philosophie ? […] … Justement la philosophie, à mesure qu’elle se détachait davantage de la religion, était prise d’une rage de moraliser et de diriger les consciences.
Elle se rend imitatrice en retraçant les jeux célébrés en l’honneur du vieil Anchise, et les lois pastorales du bon Évandre ; mais redevenant elle-même dans les tableaux de la grandeur du Capitole, mais embrassant la vaste complication des lois de Rome et de sa conquérante politique, mais imbue des dogmes de la philosophie pythagoricienne, elle s’ennoblit à détailler les effets du renversement de Troie, les rivalités implacables de Carthage, les sentences de Minos, l’immortalité promise aux justes, et le spectacle de la bataille d’Actium. […] De tels monuments et leurs dates nous attestent du moins que les muses furent de tout temps indépendantes des préjugés ; que nos pères, dans les âges antérieurs à la Sorbonne, exercèrent une plus sage modération qu’elle envers leurs élégants ouvrages, et que cette philosophie décriée comme une fille de nos jours d’erreur était l’aimable et instructive compagne de nos aïeux. […] Son théâtre, quoique astreint aux rigoureuses unités grecques, n’en a pas moins porté les leçons pathétiques de la vertu et de la philosophie chez toutes les nations vivantes. […] Il le devait à la vérité et à son sujet, et il fallait faire voir que les attentats de Sixte-Quint n’étaient pas plus respectables que ceux de Jules II et des Borgia, et n’appartenaient pas à la religion. » Non, sans doute, ajouterai-je, pas plus que les forfaits des factieux et des tyrans n’appartiennent à la liberté, à la gloire, et à la philosophie, qu’on en accuse calomnieusement en notre âge. […] On sait que ces irruptions des peuplades du Nord furent toujours attirées par les agressions des souverains du Bas-Empire : les pontifes romains et les premiers pasteurs évangéliques tempéraient alors, par leur philosophie charitable et sincère, les atrocités des vainqueurs et l’esclavage des nations.
Philosophie de chef d’orchestre. […] Il a même résolu le problème éternel de l’union de la philosophie et de l’art. […] C’est une philosophie, comme je l’ai indiqué en commençant, éperdument et délicieusement idéaliste. […] Comme Lucrèce saluait la philosophie d’Épicure à titre de libératrice de l’humanité, M. […] Fogazzaro trouve toute une philosophie optimiste dans le meilleur sens du mot, toute une philosophie de foi, d’espérance en l’avenir et d’adoration du devenir, de charité aussi et d’amour débordant à l’égard de l’humanité.
Car, de la philosophie athée qui y est prodiguée, je crois qu’il n’en faut pas tenir grand compte, ; je la sens plutôt voulue, forcée, cherchée, que naturelle et spontanée. […] Le mot du grenadier de Waterloo ; « Ils sont trop… » devait être celui de la philosophie de cet homme. […] Le dénouement du roman renferme une leçon de philosophie à l’adresse de toutes les nations. […] C’est que non seulement l’aventure, mais la science et la philosophie sont si habilement mêlées à ses récits qu’un livre de Jules Verne est toujours le livre de tout le monde. […] Caro, car son livre est presque entièrement consacré à la transformation qu’a subie la philosophie positive et à son triomphe qui s’accentue chaque jour.
Camille Flammarion, d’Uranie, ce livre étrange et captivant qui, sous une forme légère, nous donne le résumé de toutes les conclusions de la science et de la philosophie modernes. Philosophie charmante, qui ouvre de si vastes horizons aux aspirations de l’âme et qui remplace cette philosophie sèche et désespérante qui, faite d’observations scientifiques incomplètes, concluait invariablement au néant. […] Joignez à cela une calme philosophie sous laquelle on sent percer, très adoucie, une pointe des contes de Voltaire, et vous pourrez vous former une idée de ce livre exquis par la pureté de sa forme. […] Halévy nous souligne toutes les étrangetés, toute la philosophie de ces deux années qui marquent avec la fin de la guerre étrangère, notre guerre civile et le commencement de la troisième République. […] L’auteur a donné le titre de : Nouveaux entr’actes à ce livre pétri de bon sens, de philosophie et d’éloquence où je signalerai, avant tout autre, le chapitre relatif à la recherche de la paternité.
Or, une heure par jour en moyenne, cela fait trois cent soixante-cinq heures en un an, ou mille quatre cent soixante heures en quatre années, de la troisième à la philosophie. […] Le style abstrait vit surtout d’idées, d’intellectualité, de compréhension, de tours, de rapports, de nuances : histoire, philosophie, morale, métaphysique, maximes, critique, psychologie. […] Prenons, par exemple, cette brillante page de Chateaubriand sur les Pyramides : La philosophie peut gémir ou sourire, en songeant que le plus grand monument sorti de la main des hommes est un tombeau ; mais pourquoi ne voir dans la pyramide de Ghéops qu’un amas de pierre et qu’un squelette ? […] Je disais à madame du Châtelet : Vous vous empêchez de dormir pour apprendre la philosophie ; il faudrait, au contraire, étudier la philosophie pour apprendre à dormir. […] Hugo, Philosophie mêlée.)
J’abandonne pour toujours le service du lâche prince qui nous a trahis. » XIII Stello avait paru ; quelque chose qui rappelait Sterne, inconséquent, décousu, fragmentaire, doux, fort, sensible, ému et plaisant tour à tour ; livre multicolore où perçait la philosophie stoïque à travers la raillerie gauloise. […] Il a médité dans la retraite sa philosophie entière ; il la voit toute d’un coup d’œil : il la tient dans sa main comme une chaîne, et peut dire à quelle pensée il va suspendre son premier anneau, à laquelle aboutira le dernier, et quelles œuvres pourront s’attacher à tous les autres dans l’avenir. […] Il peut être Homme de lettres, ou mieux encore ; si la philosophie vient à son aide, et s’il peut se dompter, il deviendra utile et grand écrivain ; mais à la longue, le jugement aura tué l’imagination, et avec elle, hélas !
Il est ennemi déclaré de la mauvaise compagnie, et craint par-dessus tout de manquer aux convenances ; ce qui n’empêche pas que dans ses moments de bonne humeur il ne lui arrive de se poser en partisan d’Épicure ; mais il estime peu, toutefois, la philosophie ; il l’appelle la nourriture brumeuse des intelligences germaniques, et parfois même il la traite de fatras insipide. […] Il s’intéressait particulièrement à la philosophie allemande. […] La chasse au fusil a un singulier attrait par elle-même, für sich, comme on disait autrefois, à l’époque où la philosophie de Hégel était en faveur.
À cette époque, une fausse philosophie avait tellement usé l’erreur, que, pour être neuf, il ne restait plus à dire que la vérité, aussi vieille que le monde, qui donna tant de charmes aux méditations de M. de Saint-Pierre. […] Mais les Études n’étaient pas seulement sa poésie, c’était sa philosophie, un plaidoyer en faveur de Dieu dont l’avocat était la Nature. […] Robespierre, qui cherchait à couvrir le sang qu’il versait du manteau de la philosophie, sachant que je demandais à son comité la restitution d’une pension, mon unique revenu, me fit dire qu’il n’y avait point de fortune où je ne pusse prétendre, si je voulais représenter sa conduite comme le résultat d’une mesure philosophique.
Mais, au point de vue général de la philosophie, l’idée du sommeil n’est pas pour cela, comme le croit l’école de Paris, un simple « reflet » de mouvements organiques qui pourraient aussi bien exister sans aucun contenu mental ; il y a là deux parties d’un même tout également nécessaires, et on n’a pas le droit de déclarer que l’une ou l’autre est un reflet superflu. Ce serait passer indûment du point de vue de la science expérimentale au point de vue de la philosophie, et d’une philosophie inexacte. — Cependant, nous dira-t-on, une idée est, pour un philosophe, un ensemble de sensations renaissantes ; or, comme les sensations dépendent des excitations périphériques, l’idée elle-même, qui nous paraît interne, dépend tout entière des excitations externes : elle emmagasine donc simplement l’action du dehors sur nous. — Cette opinion, soutenue par MM.
Non, la philosophie n’y est plus, la science n’y est plus. […] Ils créent alors une philosophie de l’histoire, c’est-à-dire une exégèse logique de l’évolution de l’humanité. […] La science, la philosophie, la profondeur dont il fait preuve, à maints endroits, ne refroidissent en rien son allure.
Il n’en va pas de même chez les partisans d’une philosophie basée sur l’étude de la nature et sur la foi dans la volonté humaine délivrée des dieux qu’elle s’imposa jadis. […] Supposons, par exemple, que le transformisme, philosophie formulée pour la première fois complètement par l’Anglais Darwin, soit inconnu chez nous. […] — Le fonctionnaire de l’État. — Quelle est la philosophie qui donne la formule supérieure pour le fonctionnaire de l’État ? […] Je fis de ma volonté de guérir, de vivre, ma philosophie. […] Henri Lichtenberger, la Philosophie de Nietzsche, un vol., chez Alcan.
De la taille des plus grands, entre les écrivains de premier ordre, il a parfois sur eux ce quasi avantage et cette presque infériorité de se voir compris, mal à la vérité dans les trois quarts des cas, et c’est heureux et honorable, par des lecteurs d’ordinaire rebelles à telles œuvres de valeur exceptionnelle en art et en philosophie. Et pourtant, amère et profonde se manifeste en tout lieu la philosophie de Charles Cros, desservie par un art plutôt sévère, sous son charme incontestable, mais d’autant plus pénétrant… Lisez par exemple ces étranges nouvelles, Correspondance interastrale, et surtout la Science et l’Amour, cruelle satire où toute mesure semble gardée dans la plaisanterie énorme. […] excellent, d’une utilité incontestable pour les élèves intelligents et pour les jeunes maîtres ; mais c’est aussi, et plus encore, un livre de philosophie historique, que ses qualités hautement littéraires, la netteté, la hardiesse, la clairvoyance de ses vues destinaient au grand public. […] Poë ; — son œuvre toujours captivante, en tant que légende, philosophie, théologie même (par exemple dans certains passages d’Hamlet et de plusieurs autres pièces dont les titres m’échappent), contes de fées, et de fantômes. […] Cette forme, si difficile, souvent si ingrate, exige encore plus de maturité peut-être que l’Histoire, la Critique et les suprêmes spéculations de la Philosophie.
Je demeure anéanti de la petitesse des considérations littéraires, après ces divagations éthérées et infinies ; c’était une vaste philosophie que j’attendais, je tombe dans des phrases sans fond et sans suite. […] Nous ne l’explorerons pas, comme le fait la philosophie de l’art, pour distinguer ce qui dans nos émotions appartient à l’action des objets extérieurs sur les sens, et ce qui émane des facultés de l’âme ou tient aux dispositions natives des peuples divers.
Job lu dans le désert I Voici, selon nous, le plus sublime monument littéraire, non pas seulement de l’esprit humain, non pas seulement des langues écrites, non pas seulement de la philosophie et de la poésie, mais le plus sublime monument de l’âme humaine. […] L’ingratitude n’est jamais justice, et sans justice où serait la philosophie de la vie ?
Notre génération était tout imprégnée des théories et de la méthode de Darwin ; nous avions lu et relu dix fois l’Origine des Espèces, et nous étions convaincus que ce livre illustre contenait le commencement de la fin de la philosophie. […] Mais, jusqu’ici, vous avez au moins reçu, en échange, ou de nobles exhortations au patriotisme et au travail, ou de beaux aperçus de philosophie et d’histoire, dans les formes les plus élevées de l’éloquence.
Il aurait bien voulu l’enrôler dans le bataillon sacré de la philosophie.
Il n’est pas ennemi, il n’est pas hostile, il balance les avantages, mais au fond il n’hésite pas et se prononce pour une philosophie naturelle.
Je ne suis pas de ces esprits qui ne comprennent qu’une chose ; je n’ai pas le goût de diviser en deux camps mes compatriotes ; il y a, je le sais, le point de vue très plausible, très légitime à bien des égards, du bon sens et de la prudence, comme il y a le parti de l’exaltation intrépide et généreuse ; mais, si large qu’on fasse la part de la civilisation générale, de la raison humaine et de la philosophie, il est des moments où l’honneur l’emporte sur tout ; où, si adouci qu’on soit, si éclairé qu’on se flatte d’être, il convient d’être peuple, de sentir comme le peuple, si l’on veut rester nation.
Le fils du connétable est un savant, un amateur de la philosophie nouvelle, un traducteur de Descartes ; non seulement on discutait autour de lui, et à son exemple, dans son petit château de Vaumurier, mais on y disséquait des animaux, des chiens, pour s’assurer si les bêtes étaient ou n’étaient pas de pures horloges et des automates.
» mais j’aime une philosophie moins fastueuse et moins guindée, et qui me paraît plus d’accord avec la faiblesse et la diversité humaines.
Guerre, art, poésie, philosophie, imagination ou réalité, heureux qui trouve à quoi se prendre une dernière fois dans sa vie, entre les belles causes qui demandent et appellent l’étincelle sacrée !
Mais même, quand la science des esprits serait organisée comme on peut de loin le concevoir, elle serait toujours si délicate et si mobile qu’elle n’existerait que pour ceux qui ont une vocation naturelle et un talent d’observer : ce serait toujours un art qui demanderait un artiste habile, comme la médecine exige le tact médical dans celui qui l’exerce, comme la philosophie devrait exiger le tact philosophique chez ceux qui se prétendent philosophes, comme la poésie ne veut être touchée que par un poète.
Du collège des Jésuites, il alla faire sa philosophie à Navarre.
La philosophie des Grecs, qui acheminait à la connaissance de la vérité, était, si l’on en croit Bossuet, une émanation lointaine de l’Orient et de la tradition juive.
. — Jean-Jacques Rousseau, de Genève, auteur agréable, mais se piquant de philosophie, a dit que les gens de lettres doivent faire trois vœux : pauvreté, liberté, vérité.
Il fit observer que nulle part dans son ouvrage on ne trouvait l’empreinte de la passion : « Je n’ai jamais, disait-il, attendu des temps de trouble aucun avantage personnel… Ce livre n’avait pas pour objet d’être orthodoxe, mais on y demande la tolérance en faveur des cultes, comme entre les cultes,… et je n’approuverais pas plus l’exigence, au nom de la philosophie, que l’intolérance sous le prétexte du dogme… En 1798, j’ai été arrêté dans le Jura, parce que je n’avais pu obtenir un passeport.
Geoffroy remarque avec raison que Titus serait sifflé, s’il agissait ainsi au théâtre, « et Rousseau, ajoute-t-il, mérite de l’être pour avoir consigné cette opinion dans un livre de philosophie. » Tout se tient en morale : c’est pour n’avoir pas senti cette délicatesse particulière, cette religion de dignité et d’honneur qui enchaîne Titus, que Jean-Jacques a gâté certaines de ses plus belles pages par je ne sais quoi de choquant et de vulgaire qui se retrouve dans sa vie, et que l’amant de madame de Warens, le mari de Thérèse, n’a pas résisté à nous retracer complaisamment des situations dignes d’oubli.
Elle les observait à l’aise et aussi à ses dépens dans cette petite cour de Sceaux, absolument comme on observe de gros poissons dans un petit bassin : « Les Grands, écrivait-elle à Mme du Deffand, à force de s’étendre, deviennent si minces qu’on voit le jour au travers : c’est une belle étude de les contempler, je ne sais rien qui ramène plus à la philosophie. » Les scènes avec la duchesse de La Ferté et les aventures à Versailles sont d’un excellent comique et du meilleur goût, du plus franc, du plus simple ; cela va de pair avec la plaisanterie des Mémoires de Grammont.
L’exaltation de ce qu’on appelle la philosophie, est une superstition comme le culte des préjugés ; les mêmes défauts conduisent aux deux excès contraires ; et c’est la différence des situations ou le hasard d’un premier mot, qui, dans la classe commune, fait de deux hommes de parti, deux ennemis, ou deux complices.
Ils résolvent ainsi à leur façon, par leur rhétorique, le grand problème que la philosophie scolastique avait posé : entre les réalistes et les nominalistes, dont ils ignoraient sans doute les débats, ils se déclaraient spontanément réalistes.
Il faut comparer ses Fables avec les secs apologues d’Ésope, avec la froide philosophie de Lessing : mais il faut aussi, dans les occasions où il a rivalisé avec notre Rabelais, étudier comment, à force de goût, de mesure, de sobriété, il a multiplié en quelque sorte sa puissance.
L’essai est la forme supérieure de la critique ; il se rattache directement aux sciences psychologiques et contemplatives, il touche autant à la poésie qu’à la philosophie, il est l’expression morale des arts.
Devant la médiocrité des emplois administratifs, d’anciens élèves d’Écoles, normale, même centrale et polytechnique, des archivistes, des agrégés de philosophie, pensèrent à gagner la vie littéraire.
Il opère ou tente une quadruple révolution : une révolution économique, liée aux découvertes maritimes qui transportent du bassin de la Méditerranée aux bords de l’Atlantique le siège du grand commerce, qui ouvrent d’immenses débouchés à l’Europe soit aux Indes soit en Amérique, qui accélèrent la substitution de la richesse mobilière à la richesse terrienne, base du régime féodal ; une révolution intellectuelle qu’on a baptisée la Renaissance et qui n’est pas seulement la résurrection de l’antiquité classique, qui est aussi le réveil de l’esprit d’examen, l’essor de la pensée moderne, le point de départ d’une activité féconde dans les sciences, les lettres, la philosophie ; une révolution religieuse qu’on appelle la Réformation et qui, séparant l’Europe occidentale en deux confessions rivales, cause les guerres les plus atroces dont la différence de croyance ait jamais ensanglanté le monde ; enfin une révolution politique, conséquence des trois autres, qui ébranle les bases de la royauté, suscite des théories libérales et républicaines, des soulèvements populaires et même des appels au régicide.
Avec un mari qui n’est pour elle qu’un père, et qui, dans sa philosophie indulgente, lui permettrait beaucoup, avec des opinions et des doctrines positives comme celles qu’elle s’est formées, on est réduit à reconnaître que Julie ne peut être protégée dans ses longs tête-à-tête avec son jeune ami (et elle en convient) que par son mal même et par la singularité de sa nature.
Et grâce à son habitude d’accorder le pas à ses observations sur ses idées générales, à ne point plaider de cause et à ne pas émettre de considérations sur la vie, M. de Goncourt a pu se tenir à égale distance de ces philosophies nuisibles à toute vue exacte de la vie, et antiscientifiques : l’optimisme et le pessimisme.
Avec de pareils principes, & voulant empêcher que le parnasse ne fût une école d’impiété, qu’on n’y affichât une philosophie antichrétienne, est-il étonnant qu’il ait si peu ménagé Saint-Pavin & Liniere.
Peu d’occupations sont de plus douce philosophie et réservent plus de surprises.
La philosophie éclairée par ses expériences ne dédaignera plus les vieilles doctrines, car les vieilles doctrines sont demeurées dans le genre humain.
Qu’on parte de l’école sicilienne (à demi provençale et française), ou de la poésie religieuse de l’Ombrie, ou qu’on admette encore (comme il faut le faire, à mon avis) une poésie populaire, primitive et demeurée orale, on aboutit toujours, vers 1260, à Guinizelli et au « dolce stil nuovo », où l’Italie affirme son originalité, par la fusion de ces éléments divers : réalisme, philosophie, mysticisme.
Entendre « l’alouette qui prend son essor et de son chant éveille la nuit morne jusqu’à ce que se lève l’aube tachetée ; le laboureur qui siffle sur son sillon ; la laitière qui chante de tout son cœur ; le faucheur qui aiguise sa faux dans le vallon sous l’aubépine » ; voir les danses et les gaietés de mai au village ; contempler les pompeuses processions et « le bourdonnement affairé de la foule dans les cités garnies de tours » ; surtout s’abandonner à la mélodie, aux enroulements divins des vers suaves, et aux songes charmants qu’ils font passer devant nous dans une lumière d’or, voilà tout497 ; et aussitôt, comme s’il était allé trop loin, pour contrebalancer cet éloge des joies sensibles, il appelle à lui la Mélancolie498, « la nonne pensive, pieuse et pure, enveloppée dans sa robe sombre, aux plis majestueusement étalés, qui, d’un pas égal, avec une contenance contemplative, s’avance, les yeux sur le ciel qui lui répond, et son âme dans les yeux. » Avec elle il erre parmi les graves pensées et les graves spectacles qui rappellent l’homme à sa condition, et le préparent à ses devoirs, tantôt parmi les hautes colonnades d’arbres séculaires dont les dômes entretiennent sous leur abri le silence et le crépuscule, tantôt dans « ces pâles cloîtres studieux, où, sous les arches massives, les vitraux, les riches rosaces historiées jettent une obscure clarté religieuse », tantôt enfin dans le recueillement du cabinet d’étude, où chante le grillon, où luit la lampe laborieuse, où l’esprit, seul à seul avec les nobles esprits des temps passés, évoque Platon pour apprendre de lui « quels mondes, quelles vastes régions possèdent l’âme immortelle, après qu’elle a quitté sa maison de chair et le petit coin où nous gisons499. » Il était rempli de cette haute philosophie. […] Pour délivrer la dame enchantée, on appelle Sabrina, la naïade bienfaisante, qui, « assise sous la froide vague cristalline, noue avec des tresses de lis les boucles de sa chevelure d’ambre. » Elle s’élève légèrement de son lit de corail, et son char de turquoise et d’émeraude « la pose sur les joncs de la rive, entre les osiers humides et les roseaux. » Touchée par cette main froide et chaste, la dame sort du siége maudit qui la tenait enchaînée ; les frères avec la sœur règnent paisiblement dans le palais de leur père, et l’Esprit qui a tout conduit prononce cette ode où la poésie conduit à la philosophie, où la voluptueuse lumière d’une légende orientale vient baigner l’Élysée des sages, où toutes les magnificences de la nature s’assemblent pour ajouter une séduction à la vertu : Je revole maintenant vers l’Océan — et les climats heureux qui s’étendent — là où le jour ne ferme jamais les yeux, — là-haut, dans les larges champs du ciel. — Là je respire l’air limpide — au milieu des riches jardins — d’Hespérus et de ses trois filles — qui chantent autour de l’arbre d’or. — Parmi les ombrages frissonnants et les bois, — folâtre le Printemps joyeux et paré ; — les Grâces et les Heures au sein rose — apportent ici toutes leurs largesses ; — l’Été immortel y habite, — et les vents d’ouest, de leur aile parfumée, — jettent le long des allées de cèdres — la senteur odorante du nard et de la myrrhe. — Là Iris de son arc humide — arrose les rives embaumées où germent — des fleurs de teintes plus mêlées — que n’en peut montrer son écharpe brodée, — et humecte d’une rosée élyséenne — les lits d’hyacinthes et de roses où souvent repose le jeune Adonis — guéri de sa profonde blessure — dans un doux sommeil, pendant qu’à terre — reste assise et triste la reine assyrienne. — Bien au-dessus d’eux, dans une lumière rayonnante, — le divin Amour, son glorieux fils, s’élève — tenant sa chère Psyché ravie en une douce extase. — Mortels qui voulez me suivre, — aimez la vertu, elle seule est libre, — elle seule peut vous apprendre à monter — plus haut que l’harmonie des sphères. — Ou si la vertu était faible, — le ciel lui-même s’inclinerait pour l’aider504. […] Tout s’effaçait devant le spectacle de la Renaissance riante, transformée par la philosophie austère, et du sublime adoré sur un autel de fleurs. […] « Quand même je n’aurais eu qu’une faible teinture du christianisme, une certaine réserve naturelle d’humeur et la discipline morale enseignée par la plus noble philosophie eussent suffi pour m’inspirer le dédain des incontinences. » (Apologie pour Smectymnus.)
je n’étais pas faite pour être morte… ……………………………………………………………………………………… Une âme orientale, faite pour la joie presque inconsciente, des pays de Soleil et qui a bu le poison de notre philosophie occidentale : tel est un des aspects de Mme de Noailles. […] La philosophie qui se dégage de cette poésie, c’est l’amour de la vie. […] Les Pastorales, le dernier recueil de Marie Dauguet, nous donne la formule définitive de cette philosophie, de cet amour de la vie. […] Sa philosophie est une sorte de panthéisme où elle éprouve le besoin de se baigner jusqu’au cou.
Figaro a tout l’esprit et toute la philosophie de la pièce ; il nous explique ce que c’est qu’un ministre, un diplomate, un courtisan, et nous démêle tout le fin de leur art ; il est, lui, bien plus qu’un grand seigneur, un diplomate ou un ministre. […] Et, certainement, l’influence du théâtre se retrouve dans sa philosophie personnelle et privée, dans la conception qu’il se forme du monde. […] Le lendemain de la première représentation, tous les critiques parlaient de l’aménité, de la politesse, de la douce philosophie, de l’esprit gracieux et bienveillant de M. […] Il y a, du reste, dans l’espèce de philosophie nihiliste où ces constatations nous mènent, un vif plaisir de révolte, de négation. […] Ils sont heureux ; ils continuent de pratiquer leur douce philosophie ; ils voient souvent Mme de La Fayette et Mme de Sévigné, etc.
Car si l’on veut faire de la métaphysique ou, simplement, de la philosophie, il en faut faire en prose, en prose abstraite et exacte, et par un exposé direct et suivi, et je n’y vois pas d’autre moyen. […] J’ai souvent constaté que ces prétendus drames philosophiques contiennent tout juste autant de philosophie que tel vaudeville de Labiche et se peuvent ramener aux mêmes axiomes de sagesse courante. […] Romain Coolus, l’Enfant malade, où l’on voit un mari sans préjugés, aller jusqu’au bout de sa philosophie et de sa miséricorde indépendante. […] Le vrai révolté, c’est un homme pareil de costume à tout le monde, de vie austère et retirée, qui travaille quinze heures par jour et invente une philosophie. […] Il hait la « philosophie », la fausse humanité, la sensiblerie du temps.
Il fut, dit-on, un peu élève de Gassendi, qui put lui donner quelque teinture de philosophie épicurienne. […] J’ajoute qu’Angélique ne plaide point du tout une thèse générale, qui serait le seul cas où l’on serait — très peu mais quelque peu — autorisé à supposer que Molière parle par sa jolie bouche ; elle plaide son cas qui est celui-ci : on l’a épousée sans qu’elle y consentît, et avant les paroles qu’on nous cite et qu’on nous cite comme la pensée centrale de la philosophie de Molière elle dit : « La foi que je vous ai donnée ! […] Sens commun et sens social comme, il était compris de son temps, ce qui n’est pas à dire qu’il soit compris très différemment aujourd’hui, c’est toute « la philosophie de Molière » qui n’avait pas du tout de philosophie. […] De cette bonté, il s’est parfaitement rendu compte lui-même et il la considère spirituellement comme une conséquence de sa philosophie. Quand on s’est habitué à supporter les défauts des hommes, on arrive à faire cas de ces défauts comme d’une occasion d’exercer sa philosophie et sa vertu, et l’on a à leur égard une espèce de gratitude et la bonté du pessimiste n’est pas autre chose que cette gratitude intelligente.
Il fait dans le roman ce que Hobbes fit en philosophie. […] Par derrière cette philosophie s’étend une seconde galerie de portraits aussi insultants que les premiers : car l’inégalité, ayant corrompu les grands qu’elle exalte, corrompt les petits qu’elle ravale, et le spectacle de l’envie ou de la bassesse dans les petits est aussi laid que le spectacle de l’insolence ou du despotisme dans les grands. […] Vous trouverez le même défaut dans leur critique toujours morale, jamais psychologique, occupée à mesurer exactement le degré d’honnêteté des hommes, ignorant le mécanisme de nos sentiments et de nos facultés ; vous trouverez le même défaut dans leur religion, qui n’est qu’une émotion ou une discipline, dans leur philosophie, vide de métaphysique, et si vous remontez à la source, selon la règle qui fait dériver les vices des vertus et les vertus des vices, vous verrez toutes ces faiblesses dériver de leur énergie native, de leur éducation pratique et de cette sorte d’instinct poétique religieux et sévère qui les a faits jadis protestants et puritains.
Ce spectacle que l’éloquence donnoit en même tems à la Religion & à la Philosophie, n’a pas plu à des historiens modernes ; ils ont traité Bossuet d’éloquent déclamateur qui peut éblouir un jeune Prince, mais qui contente bien peu les sçavans. […] Il y a des répétitions sans nombre ; une morale longue & souvent puérile, & un défaut de philosophie qui n’est pas excusable dans le siécle où nous vivons. […] Cet extrait fait partie de ses Mêlanges de littérature, d’histoire & de philosophie.
Au fond, personne ne fait attention que ç’a été un pouvoir, un gouvernement constitué, ce qui est quelque chose par ce temps-ci, et un gouvernement fort, le plus humainement tempéré par les mœurs, la philosophie, la littérature. […] Et la voilà qui s’élève contre la bassesse de la philosophie du philosophe du Midi, le terre-à-terre égoïste de sa doctrine, le vilain pessimisme qui se dégage de sa prose. « Il est abominable, il est abominable avec ses appréciations sur la femme !
Pour les élèves, cent bons abrégés de la Philosophie de Newton. […] À cela je réponds qu’on peut exercer et étendre la mémoire des enfants aussi facilement et plus utilement avec d’autres connaissances que des mots grecs et latins ; qu’il faut autant de mémoire pour apprendre exactement la chronologie, la géographie et l’histoire, que le dictionnaire et la syntaxe ; que les exemples d’hommes qui n’ont jamais su ni grec ni latin, et dont la mémoire n’en est ni moins fidèle, ni moins étendue, ne sont pas rares ; qu’il est faux qu’on ne puisse tirer parti que de la mémoire des enfants ; qu’ils ont plus de raison que n’en exigent des éléments d’arithmétique, de géométrie et d’histoire ; qu’il est d’expérience qu’ils retiennent tout indistinctement ; que quand ils n’auraient pas cette dose de raison qui convient aux sciences que je viens de nommer, ce n’est point à l’étude des langues qu’il faudrait accorder la préférence, à moins qu’on ne se proposât de les enseigner comme on apprend la langue maternelle, par usage, par un exercice journalier, méthode très avantageuse sans cloute, mais impraticable dans un enseignement public, dans une école mêlée de commensaux et d’externes ; que l’enseignement des langues se fait par des rudiments et d’autres livres ; c’est-à-dire qu’elle y est montrée par principes raisonnes, et que je ne connais pas de science plus épineuse ; que c’est l’application continuelle d’une logique très-fine, d’une métaphysique subtile, que je ne crois pas seulement supérieure à la capacité de l’enfance, mais encore à l’intelligence de la généralité des hommes faits, et la preuve en est consignée dans l’Encyclopédie, à l’article CONSTRUCTION, du célèbre Dumarsais, et à tous les articles de grammaire ; que si les langues sont des connaissances instrumentales, ce n’est pas pour les élèves, mais pour les maîtres ; que c’est mettre à la main d’un apprenti forgeron un marteau dont il ne peut ni empoigner le manche, ni vaincre le poids ; que si ce sont des clefs, ces clefs sont trèsdifficiles à saisir, très-dures à tourner ; qu’elles ne sont à l’usage que d’un très-petit nombre de conditions ; qu’à consulter l’expérience et à interroger les meilleurs étudiants de nos classes, on trouvera que l’étude s’en fait mal dans la jeunesse ; qu’elle excède de fatigue et d’ennui ; qu’elle occupe cinq ou six années, au bout desquelles on n’en entend pas seulement les mots techniques ; que les définitions rigoureuses des termes génitif, ablatif, verbes personnels, impersonnels sont peut-être encore à faire ; que la théorie précise des temps des verbes ne le cède guère en difficulté aux propositions de la philosophie de Newton, et je demande qu’on en fasse l’essai dans l’Encyclopédie, où ce sujet est supérieurement traité à l’article TEMPS ; que les jeunes étudiants ne savent ni le grec ni le latin qu’on leur a si longtemps enseigné, ni les sciences auxquelles on les aurait initiés ; que les plus habiles sont forcés à les réétudier au sortir de l’école, sous peine de les ignorer toute leur vie, et que la peine qu’ils ont endurée en expliquant Virgile, les pleurs dont ils ont trempé les satires plaisantes d’Horace, les ont à tel point dégoûtés de ces auteurs qu’ils ne les regardent plus qu’en frémissant : d’où je puis conclure, ce me semble, que ces langues savantes propres à si peu, si difficiles pour tous, doivent être renvoyées à un temps où l’esprit soit mûr, et placées dans un ordre d’enseignement postérieur à celui d’un grand nombre de connaissances plus généralement utiles et plus aisées, et avec d’autant plus de raison qu’à dix-huit ans on y fait des progrès plus sûrs et plus rapides, et qu’on en sait plus et mieux dans un an et demi, qu’un enfant n’en peut apprendre en six ou sept ans.
Il leur enseigna sa philosophie d’Épicure, qui, quoique aussi fausse que les autres, avait au moins plus de méthode et plus de vraisemblance que celle de l’école, et n’en avait pas la barbarie. […] Il faisait de son bien un usage noble et sage : il recevait chez lui des hommes de la meilleure compagnie, les Chapelle, les Jonsac, les Desbarreaux, etc., qui joignaient la volupté et la philosophie.
Il voyait le monde à tous ses étages, et, dans sa philosophie naïve, tous ces étages lui paraissaient souvent n’en faire qu’un.
Le souffle vigoureux de la philosophie a renversé, depuis une quinzaine d’années, toutes ces réputations étayées sur des roseaux.
Entré en philosophie au collège de Navarre, il y brilla dans les thèses et les actes publics ; il fut un prodige et un ange d’école avant d’être cet aigle que nous admirons.
Certes, ce sentiment exprimé par un jeune homme de vingt-deux ans, cette leçon donnée aux esprits forts (appelés ici par politesse des âmes fortes), en présence de la philosophie du siècle, à deux pas de Voltaire et pendant la vogue de l’abbé Raynal, annonce, encore mieux que Le Jeune d’Olban et que les Élégies, combien Ramond appartient d’avance à un mouvement réparateur et à une inspiration digne des régions sereines où se passeront les plus belles heures de sa vie83.
Le fait est qu’en nous présentant de Maistre diplomate, il le passait préalablement dans je ne sais quelle teinture de philosophie de l’histoire, il nous le préparait moyennant des recettes qui ont cours apparemment dans la patrie de Vico comme dans celle de Hegel.
On en était resté, avec lui, sous le coup de la fameuse note de la cinquième partie de La Nouvelle Héloïse : « Non, ce siècle de la philosophie ne passera point sans avoir produit un vrai philosophe.
Guizot, préoccupé des dangers dont toutes les communions chrétiennes et le christianisme lui-même sont menacés par le redoublement d’efforts et d’attaques de la philosophie, estime que l’heure est venue de se comporter comme on ferait « dans une place assiégée », quand l’étranger et l’ennemi est aux portes : il conseille, en conséquence, à toutes les communions chrétiennes de s’unir pour la défense commune, en mettant de côté leurs querelles et leurs différends.
Je le lis depuis des années déjà, je remarque de lui, surtout dans le Journal des Débats, des articles de littérature, de philosophie, d’histoire, de politique toujours, mais enfin des articles très variés et sur toutes sortes de sujets, et je ne les trouve réunis nulle part.
Il avait vu précédemment Catherine à Hambourg et avait grondé sa mère de faire trop peu de cas de cette enfant, qui avait, disait-il, « une tournure d’esprit très-philosophique. » Arrivé en mission à Pétersbourg, il vit beaucoup la mère et la fille, et s’intéressa de plus en plus à celle dont il avait deviné le génie : « Il me demanda comment allait ma philosophie dans le tourbillon où j’étais placée.
Il embrasse la pensée des mondes comme Lucrèce, mais il se rabat par choix et par goût à une philosophie moindre et plus pratique, plus d’accord aussi avec les besoins et les désirs des humbles mortels.
Ville heureuse où l’on est dispensé d’avoir du bonheur, où il suffit d’être et de se sentir habiter ; qui fait plaisir, comme on le disait autrefois d’Athènes, rien qu’à regarder ; où l’on voit juste plus naturellement qu’ailleurs, où l’on ne s’exagère rien, où l’on ne se fait des monstres de rien ; où l’on respire, pour ainsi dire, avec l’air, même ce qu’on ne sait pas, où l’on n’est pas étranger même à ce qu’on ignore ; centre unique de ressources et de liberté, où la solitude est possible, où la société est commode et toujours voisine, où l’on est à cent lieues ou à deux pas ; où une seule matinée embrasse et satisfait toutes les curiosités, toutes les variétés de désirs ; où le plus sauvage, s’il est repris du besoin des hommes, n’a qu’à traverser les ponts, à parcourir cette zone brillante qui s’étend de la Madeleine au Gymnase ; et là, en quelques instants, il a tout retrouvé, il a tout vu, il s’est retrempé en plein courant, il a ressenti les plus vifs stimulants de la vie, il a compris la vraie philosophie parisienne, cette facilité, cette grâce à vivre, même au milieu du travail, cette sagesse rapide qui consiste à savoir profiter d’une heure de soleil !
C’était un cours de rhétorique parlementaire très-forte, ou même de philosophie de l’histoire, qui en valait bien un autre.
Son génie, naturellement recueilli et paisible, eût-il suffi à cette intensité d’action que réclame notre curiosité blasée, à cette vérité réelle dans les mœurs et dans les caractères qui devient indispensable après une époque de grande révolution, à cette philosophie supérieure qui donne à tout cela un sens, et fait de l’action autre chose qu’un imbroglio, de la couleur historique autre chose qu’un badigeonnage ?
Il n’y en a plus que deux aujourd’hui, le moi et la matière ; mais jadis il y en avait une légion ; alors, pendant l’empire avoué ou dissimulé de la philosophie scolastique, on imaginait, sous les événements, une quantité d’êtres chimériques, principe vital, âme végétative, formes substantielles, qualités occultes, forces plastiques, vertus spécifiques, affinités, appétits, énergies, archées, bref un peuple d’agents mystérieux, distincts de la matière, liés à la matière, et que l’on croyait indispensables pour expliquer ses transformations.
La philosophie omet les détails de l’objet complexe, et ainsi le change en chose abstraite ; elle ne prend dans l’objet particulier que ce qu’il a de commun avec les autres, et ainsi le change en un être général ; elle ne l’observe complexe et particulier que pour l’apercevoir général et abstrait ; elle n’agit que pour altérer, dénaturer, transformer ; elle est un raisonnement continu, où les faits ne comptent que parce qu’ils prouvent des lois, où les êtres n’entrent que pour se résoudre en qualités, où les événements ne sont reçus que pour se fondre en formules ; elle ne part de la connaissance primitive que pour s’en écarter.
Ainsi il assigne à la poésie lyrique « l’amour, le vin, les banquets dissolus, les danses, masques, chevaux victorieux, escrimes, joutes et tournois, et peu souvent quelque argument de philosophie ».
Autour de ces idées fondamentales, il groupa une théorie générale des formes diverses du gouvernement, de fortes études sur les progrès et les révolutions des États, des réflexions curieuses sur l’adaptation des institutions politiques aux climats, enfin de très libérales doctrines sur l’impôt et l’égale répartition des charges publiques : si bien que ce livre, sans éloquence, sans passion, pesant, peu attrayant, fonda chez nous la science politique, et ouvrit les voies non seulement à Bossuet pour la théorie de la royauté française, mais à Montesquieu pour les principes d’une philosophie de l’histoire.
Ce traité est tout à fait élégant pour ce que, en concision et en lumière, il dessine une théorie cohérente d’art, d’éthique et presque de philosophie.
L’idée d’Oscar Wilde était que l’homme avait droit au bonheur et, comme dit Goethe, à une philosophie qui ne détruit pas sa personnalité, et il estimait légitimes tous les moyens d’y parvenir.
Ils veulent tous absolument que Dante soit la partie animale, ou les sens ; Virgile, la philosophie morale, ou la simple raison ; et Béatrix, la lumière révélée, ou la théologie.
………………………………………………… J’ai vécu plus que toi : mes vers dureront moins ; Mais, au bord du tombeau, je mettrai tous mes soins À suivre les leçons de ta philosophie, À mépriser la mort en savourant la vie, À lire tes écrits pleins de grâce et de sens, Comme on boit d’un vin vieux qui rajeunit les sens.
Dans la seconde partie de son roman, l’auteur essayera d’attribuer la conduite légère de sa Louise à la philosophie du siècle, à cet esprit de débauche, autorisé par Louis XV, soufflé par Voltaire, propagé par tant d’autres.
Il porta son malheur jusqu’à la fin avec un mélange de dignité, de fierté même, de philosophie et de tristesse, de tristesse au fond, de distraction et de facilité à la surface, et toujours avec honneur.
On conçoit bien cette prédilection de Franklin pour le monde lettré d’Édimbourg ; il a en lui de cette philosophie à la fois pénétrante et circonspecte, subtile et pratique, de cette observation industrieuse et élevée ; comme auteur d’essais moraux, et aussi comme expérimentateur et physicien, comme expositeur si clair et si naturel de ses procédés et de ses résultats, il semble que l’Écosse soit bien sa patrie intellectuelle.
» L’abbé Barthélemy devait avoir, au fond du cœur, moins de facilité à bien augurer de l’avenir : c’est lui qui avait écrit dans une lettre de Callimédon à Anacharsis, en parlant des préjugés et des superstitions populaires : « Mon cher Anacharsis, quand on dit qu’un siècle est éclairé, cela signifie qu’on trouve plus de lumières dans certaines villes que dans d’autres, et que, dans les premières, la principale classe des citoyens est plus instruite qu’elle ne l’était autrefois. » Quant à la multitude, sans excepter, disait-il, celle d’Athènes, il la croyait peu corrigible et peu perfectible, et il ajoutait avec découragement : « N’en doutez pas, les hommes ont deux passions favorites que la philosophie ne détruira jamais : celle de l’erreur et celle de l’esclavage. » Tout en pensant ainsi, il n’avait nulle misanthropie d’ailleurs, et n’était point porté à se noircir la nature humaine : « En général, disait-il, les hommes ont moins de méchanceté que de faiblesse et d’inconstance. » Les événements de la Révolution vinrent coup sur coup contrister son cœur, et détruire l’édifice si bien assis de sa fortune.
Effrayé de la peur de la vie et souffrant misérablement de son horreur, pénétrant l’homme dans ses dessous farouches et douloureux, pris du triste amour de sa chair souffreteuse, ne voyant en toute transgression que le commencement du châtiment, inquiet, éperdu et aimant, obstinément attaché à débattre et à retourner le problème du mal, du péché et de la peine, interrogeant la science et violenté, dans son âme obscure et slave, par la hautaine impiété de la philosophie évolutionniste, par ces doctrines qui, extraites et résumées du cours des astres, du choc des atomes, du sourd essor de la substance organique, puisent dans leur origine matérielle une inhumaine dureté et font au ciel qu’elles mesurent et dans l’âme qu’elles analysent un épouvantable et clair vide, frémissant du tranquille déni qu’elles opposent au problème final de toute méditation irréaliste — le but et le sens de la vie, — et finalement repoussé par les sèches raisons dont elles interdisent la pitié, l’aide aux faibles, aux malades, aux méchants, par la nécessité de ne point intervenir dans la lutte de tous contre fous, qui est à la fois la loi du monde vivant et la source même de ce qui nous pousse à la violer, — Dostoïewski s’est violemment rejeté en arrière ; sortant de toute église comme de tout enseignement, maudissant toute intelligence, se contraignant à croire ce qui console non sans trembler de la peur tacite d’être déçu, il a rivé ses yeux sur l’Évangile, il s’est prosterné pleurant sur la face pleurante d’un Christ populaire, en une agonie de pitié, de douleur, d’angoisse, d’effroi, de fou désespoir et de tremblante supplication aussi tragique en sa clameur que les affres contenues de Pascal.
Huysmans se figure le mécanisme de l’âme humaine, exagère certaines facultés, amoindrit l’action de certaines autres, que ses romans tranchent sur leurs congénères, se sont nécessairement revêtus d’un style original et aboutissent à une philosophie générale déduite jusqu’en ses extrêmes conséquences.
Voyez, en effet, cette nombreuse postérité qui doit en quelque sorte le jour à Homère, et qui a régné trois mille ans sur notre poésie : dites-moi comment tous ces nombreux descendants d’Aristote ont conservé l’empire de la philosophie pendant tant de siècles.
Quand je fis Lelia, dit-elle encore, on m’avait accusée d’être philosophe, je voulu voir ce que c’était que la philosophie, (Curieuse !)
Fatalité du tempérament, du milieu, de la philosophie d’un homme !
Renan constatant avec trouble que la blague de Gavroche et de Niniche arrive du premier coup, sans effort ni réflexion, aux mêmes conclusions sur le monde et à la même philosophie où l’homme sérieux et scrupuleux ne parvient qu’après une vie d’étude et de méditation. […] Ce sont là des morceaux accomplis, éclatants à la fois et profonds, à mettre à côté des plus belles pages de philosophie de l’histoire, fussent-elles signées de Thierry ou de Michelet. […] Et cela me dégoûterait fort, si je ne me rappelais que ce genre d’impiété, ce tour d’esprit, cette façon de considérer les religions et d’expliquer l’histoire, toute cette épaisse philosophie a eu, dans son temps, ses raisons d’être et son utilité publique. […] Il me paraît bien, cependant, qu’il est difficile d’être moins « européen » que Parny, d’être plus étroitement d’un pays, d’une société, d’une époque, d’une philosophie, d’une poétique et d’un genre. […] La philosophie qui se dégage de l’ensemble du théâtre de MM.
Bien qu’il s’en défendît, Goethe était imbu de la philosophie française du XVIIIe siècle : eux, revenaient au christianisme, au catholicisme surtout, les uns effectivement, comme Stolberg et Frédéric Schlegel, et les autres par le désir et les aspirations. […] Il se donne raison contre tous : de même que les résistances des corps savants n’ébranlent point sa foi en sa théorie des couleurs, il demeure fidèle à sa philosophie qui semble un anachronisme. […] C’est ainsi que je me divise, amis, et suis pourtant toujours le même6. » Cet accord l’avait peu à peu conduit à une philosophie qu’on a définie d’un mot, l’olympisme. […] Il est monté sur son monument, sur cette pyramide de poésie, d’esthétique, de littérature et de philosophie qu’ont construite ses soixante années de laborieuse activité, dont ses œuvres sont les pierres et sa vie le ciment, qui est à la fois une et disparate, et qui en impose par son énormité. […] Dans le fait, s’il veut obéir aux leçons reçues, s’il tient à garder intacte la philosophie qu’on lui a léguée, il ne comprendra pas la douleur.
Quelques-uns, même au premier rang des braves gens qui reconnaissent que la poésie a droit de cité parmi nous, que la philosophie, après tout, n’est pas faite pour se morfondre à la porte des écoles, que l’auteur dramatique est nécessaire au théâtre, et le romancier au foyer domestique ; — ils vont plus loin ; ils acceptent l’historien comme un vengeur nécessaire, ils ajoutent que la fable est utile aux enfants, que l’élégie est bien séante au jeune homme ; une nouvelle bien faite a son prix pour la femme oisive, un long poème endort agréablement le vieillard, un bon dictionnaire est la science de l’ignorant ; même le conte de fée a sa faveur et son charme, — ils en conviennent. — Mais, disent-ils, à quoi bon la critique, et que peut-on faire, ici-bas, de ces jurés peseurs de diphtongues, au sourcil dédaigneux, qui ne trouvent rien de bon, rien de vrai, rien de juste et de naturel ? […] La première lecture qu’en fit Molière se fit chez Ninon de Lenclos, cet honnête homme d’un goût exquis, d’une beauté fine, d’une philosophie pleine de grâce et de malice. […] Ce théatin était un bonhomme déjà fort âgé, très obéissant à son évêque, à ses supérieurs, qui, depuis vingt ans, était régent de philosophie et de théologie, sans avoir encouru la plus petite censure. […] En ce temps-là, la philosophie de Descartes jetait déjà, dans tous les esprits, ses premières et irrésistibles clartés. […] La philosophie de Descartes, ainsi menacée, trouvait tout d’abord un appui dans Molière, et sept ans plus tard, un partisan dans Boileau.
Il a bien fait de faire de la philosophie et de causer avec son génie, il ne pouvait pas faire autre chose ! […] Costume, manières, figure… l’illusion était complète : souplesse infernale, raillerie impitoyable, diabolique, philosophie infâme et légère. […] Enfin… Mais comme la Russe a un caractère très large et un esprit plus occupé de choses sérieuses que de bêtises de ce genre, elle trouva avec philosophie tout cela fort naturel, se contentant d’en rire un peu de travers comme l’Arlequin de Saint-Marceaux, un artiste qu’elle vénère et dont elle aime le talent. […] L’Arlequin est non seulement d’une exécution sans rivale, mais c’est encore et surtout une œuvre de haute philosophie. […] C’est infiniment plus difficile à saisir que la philosophie des anciens.
Le Christ demande à son père le prix de sa venue : il pose les éternels problèmes du bien et du mal, de la vérité et du doute, de la vie et de la mort, de la Providence et du Hasard, tous les pourquoi possibles, en philosophie naturelle, en philosophie morale, en politique : Et si les nations sont des femmes guidées Par les étoiles d’or des divines idées, Ou de folles enfants sans lampe dans la nuit, Se heurtant et pleurant, et que rien ne conduit ?
Dans l’ordre religieux, ce fut tout un réveil ou plutôt un puissant appel qui s’entendait pour la première fois : on vit ce que la philosophie n’avait su faire, on vit de grands saints, un Jérôme avoir tout un cortège de femmes, de dames illustres, ses sœurs ou filles spirituelles. […] N’allons pas oublier que la philosophie, en la personne de Descartes, avait fait dans le sexe des conquêtes illustres.
En philosophie, en politique et en tout, se décidant par caprice, ils tombent dans les mysticismes les plus absurdes et les pires superstitions. […] Pour la science et la philosophie, l’abstention leur suffit.
La philosophie accrut encore, dans le dix-huitième siècle, cette décadence des papes. […] La philosophie n’avait qu’à puiser dans l’arsenal catholique les armes de l’indépendance même spirituelle contre les papes.
Nobles démentis donnés à la philosophie de la sensation, dans le temps que Voltaire mettait à la mode Locke, Dont la main courageuse A de l’esprit humain posé la borne heureuse… ce qui veut dire : qui a appris à l’esprit humain à ne pas nier que la matière soit capable de penser. […] C’est à quoi Bossuet, qui a tout vu en cette matière, fait servir l’étude de l’antiquité païenne. « Nous marquions, dit-il, dans la doctrine admirable de Socrate, ce que la philosophie chrétienne y condamne, ce qu’elle y ajoute, ce qu’elle en approuve, avec quelle autorité elle en confirme les règles véritables, et combien elle s’élève au-dessus. » Bossuet avait indiqué le véritable esprit de l’éducation moderne ; il restait à développer son plan d’études, et à l’approprier aux besoins de l’enseignement public.
Ne cherchez plus le sérieux d’un Boileau, l’austérité d’un Bossuet : C’est en souriant que Fontenelle prépare le renouvellement de la philosophie. […] Et (voyez toujours la coïncidence) modes et pièces de théâtre, romans et livres de philosophie légère, maîtres à danser et perruquiers sont en ce temps-là pour la France de grands articles d’exportation.
Il en résulte que « la philosophie de l’expérience » n’a vu qu’un des côtés de la question : elle a représenté nos formes cérébrales comme de simples empreintes laissées par les relations externes, fixées par une répétition séculaire ; or nous venons de voir que ces formes peuvent être aussi les résultats de variations heureuses, dues non à l’expérience, mais à un jeu de circonstances antérieur à toute expérience et ayant pour théâtre le germe ou l’embryon. […] Les religions naturalistes et les philosophies naturalistes se sont figuré la matière première comme un abîme à la fois obscur et fécond, laboratoire caché de la vie, où la pensée ne jaillit qu’après des siècles, étincelle brillante et fugitive.
Plus assidûment encore et avec de plus harcelants malaises, le prince Pierre Bezonkhof, inquiet et se dégoûtant des grosses jouissances dont il essaie de tromper ses besoins spirituels de foi, se lance de-ci de-là à la recherche d’une règle, d’un mot magique qui donne quelque sens à ses actes, et rencontre en plein désespoir, un singulier personnage qui lui parle de Dieu et de la vie future selon les formes de la franc-maçonnerie ; il se jette dans cette secte pour reconnaître promptement l’inanité de sa philosophie et de sa morale, retombe dans sa morosité et ses débauches quand à l’approche de l’année française il est témoin de la forte certitude, de la foi et de la joie qui animent les masses populaires et les armées ; pris de contagion, enflammé d’un patriotisme fumeux, il quitte son palais, se môle à la populace, conçoit un instant le dessin d’assassiner Napoléon ; une conversation dissipe ce transport de férocité, il se fait horreur devant l’exécution de quelques-uns de ses compagnons, et froissé, prostré, éperdu, rejoint une troupe de prisonniers, où l’existence de pauvre qu’il mène, cette vie de résignation et d’insouciance l’apaisent peu à peu et l’ouvrent aux humbles paroles d’un petit soldai paysan, familier, doux et sensé ayant sur lui quelque chose de la bonne fraîcheur de la terre. […] L’auteur qui eût paru capable entre les premiers de mettre debout un capitaine de génie et qui rencontre Napoléon sous sa plume, ne sait nous en décrire que quelques aspects anecdotiques ridicules, et quand il se trouve amené à propos de la guerre à exposer ses vues sur la philosophie de l’histoire, c’est à la plus mesquine, à la plus absurde doctrine qu’il se rallie, prétendant citer le hasard, l’instinct obscur des masses comme une explication, et préférant la stupide inaction de Koutouzoff à tous les actes déterminants de ses lieutenants et de ses adversaires.
On voit, dans ses écrits, qu’il croyoit toucher au moment où les grands modèles de l’antiquité éprouveroient le sort de la philosophie péripathéticienne ; mais il ne s’appercevoit pas qu’en reprochant à madame Dacier son culte fanatique pour Homère, il faisoit de La Mothe une autre divinité. […] Peut-on refuser encore des louanges à Dom Quichotte, à l’Argenis de Barclay, qui est un tableau des vices & des révolutions des cours, & à quelques essais d’un genre tout particulier, tels que Zadig, Memnon, Babouc, ouvrages bien supérieurs à Candide, ou l’Optimisme, pour la manière fine & piquante dont la morale & la philosophie y sont présentées.
Si j’avais concentré toutes les forces de ma sensibilité, de mon imagination, de ma raison, dans la seule faculté poétique ; si j’avais conçu lentement, écrit paisiblement, retouché sévèrement mon épopée sur un de ces grands et éternels sujets qui touchent à la fois à la terre et au ciel ; si j’avais semé à travers les dogmes et les hymnes de la philosophie religieuse ces épisodes d’héroïsme, de martyres et d’amour qui font couler autant de larmes que de vers dans les épopées du Tasse, de Camoëns ou du Dante ; si j’avais encadré mes drames épiques dans ces grandioses descriptions du ciel astronomique ou dans ces descriptions de la nature pastorale et maritime, de la terre et de la mer ; si j’avais emprunté les pinceaux et les couleurs tour à tour des grands poètes épiques de l’Inde, d’Homère, de Virgile, de Théocrite, et si j’avais répandu à grandes effusions toute la tendresse et toute la mélancolie de l’âme moderne d’Ossian, de Byron ou de Chateaubriand, dans ces sujets ; je me flatte, sans doute, mais je crois, de bonne foi, que j’aurais pu accomplir quelque œuvre, non égale, mais parallèle aux beaux monuments poétiques de nos littératures. […] Et, à ce sujet, je ne puis m’empêcher de vous faire observer, en passant, que l’enfant, l’adolescent, le jeune homme, l’homme fait prendraient bien plus de goût à la littérature et à la poésie si les maîtres qui la leur enseignent proportionnaient davantage leurs leçons et leurs exemples aux différents âges de leurs disciples ; ainsi, aux enfants de dix ou douze ans, chez lesquels les passions ne sont pas encore nées, des descriptions champêtres, des images pastorales, des scènes à peine animées de la nature rurale, que les enfants de cet âge sont admirablement aptes à sentir et à retenir ; aux adolescents, des poésies pieuses ou sacrées, qui transportent leur âme dans la contemplation rêveuse de la Divinité, et qui ajournent leurs passions précoces en occupant leur intelligence à l’innocente et religieuse passion de l’infini ; aux jeunes gens, les scènes dramatiques, héroïques, épiques, tragiques des nobles passions de la guerre, de la patrie, de la vertu, qui bouillonnent déjà dans leur cœur ; aux hommes faits, l’éloquence, qui fait déjà partie de l’action, l’histoire, la philosophie, la comédie, la littérature froide, qui pense, qui raisonne, qui juge ; la satire, jamais !
Mais l’illusion qui consiste à n’établir entre le souvenir et la perception qu’une différence de degré est plus qu’une simple conséquence de l’associationnisme, plus qu’un accident dans l’histoire de la philosophie. […] RAVAISON, La philosophie en France au xixe siècle, 3e éd., p. 176.
Le prince de Ligne, malgré sa douceur de mœurs habituelle, ne pouvait s’empêcher d’avoir quelque accès de misanthropie ; il en voulait aux engouements et à toutes ces contrefaçons de talent ou d’esprit qui usurpent la réputation des originaux et des véritables : « Il se fait, disait-il, dans la société un brigandage de succès, qui dégoûte d’en avoir. » Mais il était plus dans sa nuance de philosophie et dans les tons qui nous plaisent, lorsqu’il écrivait cette pensée qui résume sa dernière vue du bonheur : Le soir est la vieillesse du jour, l’hiver la vieillesse de l’année, l’insensibilité la vieillesse du cœur, la raison la vieillesse de l’esprit, la maladie celle du corps, et l’âge enfin la vieillesse de la vie.
De la critique, de la philosophie même, en histoire, il en faut sans doute quand il y a moyen d’en mettre ; mais la critique suppose le choix, la comparaison, la libre disposition de nombreux matériaux antérieurs.
La philosophie n’a point de spécifique qui supplée la constance, le courage, la modération.
En inculquant cette maxime au duc de Bourgogne et en la lui gravant au cœur, il ne croyait d’ailleurs pas faire acte de réforme positive, et encore moins de philosophie ou de démocratie, comme nous dirions ; il ne faisait que remonter à la religion de saint Louis.
J’ai souvent causé avec des savants modestes qui se rattachent à cette méthode de philosophie et d’expérience, et, après chaque entretien, je suis toujours sorti plein de respect pour Buffon savant, sans parler de cette autre admiration qu’on a de soi-même pour le peintre et l’écrivain.
Cessez cette cruelle philosophie ; ne ravissez point à l’infortuné sa dernière espérance : qu’importe qu’elle soit une illusion, si cette illusion le soulage ?
Ici le nonchaloir et la philosophie sembleraient aller jusqu’à une égoïste indifférence pour les maux de tous : avec un peu de travail, Maucroix aurait rendu sa pensée sans prêter à ce reproche.
Qui n’a vu, au temps de notre jeunesse, quelque vieux Vendéen ou soldat de l’armée de Condé, mécontent, chagrin, satirique, irrité contre Louis XVIII de ce qu’il avait trop donné du côté de la philosophie ou de la Révolution, et qui, dès que le roi fut mort, le pleura ?
En somme, de tout ce qui a produit dans les arts, c’est lui et Michel-Ange qui me remuent le plus : le premier par le fond de philosophie si bien écrit ; le second par une imagination si gigantesque, si grande, si originale.
Dans un recueil estimé, les Annales de philosophie chrétienne, M.
C’est alors qu’il trouva dans l’amitié un refuge, et que par elle il fut ramené aux lettres, à la philosophie, au rajeunissement intérieur.
Le chapitre de la Chaire, l’avant-dernier du livre, bien qu’essentiellement littéraire et relevant surtout de la rhétorique, achemine pourtant, par la nature même du sujet, au dernier chapitre tout religieux, intitulé des Esprits forts ; et celui-ci, trop poussé et trop développé certainement pour devoir être considéré comme une simple précaution, termine l’œuvre par une espèce de traité à peu près complet de philosophie spiritualiste et religieuse.
En philosophie, il était spiritualiste et cartésien, ni trop ni trop peu, pouvant, d’un côté, donner des gages aux libres penseurs, pouvant, de l’autre, sans hypocrisie et sans mensonge, se dire chrétien.
Éloquence et art d’écrire (philosophie, morale, politique, sciences, etc., tous les genres de prose élevée).
L’optimisme fut sans doute le défaut de la philosophie politique du xviiie siècle, à la prendre dans sa source, à son origine, chez les Fénelon, les Vauban même, les abbé de Saint-Pierre, et presque dans tout son cours ; il y eut une recrudescence d’optimisme sous Louis XVI à partir de Turgot, de Malesherbes, jusqu’à M.
— Les travaux du Père Cahour peuvent se lire dans les Études de Théologie, de Philosophie et d’Histoire, recueil publié par les Pères Daniel et Gagarin, septembre 1859, mars et juin 1860. — Mais, avant tout, il faut se reporter à la source et au puits d’érudition, aux Origines latines du Drame moderne, par M.
On entend le bruit de la vague qui nous dit que nous passons, et l’on jette un regard sur la scène variée du rivage qui s’enfuit. » Ces charmants passages de Ducis m’en rappellent de tout pareils dans les lettres de Béranger : même philosophie riante et résignée, mêmes images poétiques à la fois et naturelles ; mais, chez Ducis le tragique, il s’y mêle bientôt des tons plus sombres et qui montent.
. — Soyez tout, excepté Dieu. » Et mon ami continuait très-vivement ; il s’emportait contre cette philosophie de l’histoire qui est une si grosse et si mystérieuse affaire, une si merveilleuse production en même temps qu’un si commode instrument au sens et au gré des nouveaux doctrinaires : ils font de l’histoire quelque chose de sacré, et ils n’admettent pas cependant qu’il y ait un plan primitif tracé, et une Providence qui y ait l’œil et qui y tienne la main : c’est une inconséquence.
Dans ce qu’il nous offre comme une solution générale, je reconnais et j’étudie avant tout l’empreinte personnelle distincte : là où il prétend me donner une philosophie, une théologie, je vois un homme, l’homme d’État, l’historien encore, et son portrait, en achevant de se graver dans mon esprit, n’obtient et n’entraîne rien de plus sûr ni de plus sincère que mon respect 21.
Il fallait dire orthographie, comme on dit philosophie, biographie, télégraphie, photographie, etc.
Un oncle, homme de mérite, qu’il avait dans l’Oratoire et qui était régent de philosophie, l’avait appelé à quatorze ans au collège de Juilly, et le jeune Malouet s’était cru lui-même, dans le premier moment, de la vocation pour être oratorien.
On ne pourrait remplir son rôle utile en s’enfermant, non pas dans sa quiétude, mais dans son ministère de poëte et d’écrivain, en gardant, pour toute tribune, sa chaire de philosophie, d’histoire ou même d’éloquence ?
Parmi les écoles conservatrices et non pourtant ennemies du progrès, celle qui a le plus de confiance en elle-même143, et qui n’est pas encore guérie de croire à l’efficacité absolue de certaines formes et de certaines distinctions plus théoriques que vraies, a dû, ce me semble, se guérir au moins de tout dédain envers ceux qui n’ont à apporter au concours des choses publiques qu’un empirisme équitable, modéré, et qui a sa philosophie aussi dans l’histoire.
De telles considérations, si judicieuses et lumineuses, appartiennent à cette véritable et, j’ose dire, unique philosophie de l’histoire, comme Machiavel et Montesquieu l’entendaient, qui ne procède qu’appuyée sur l’observation humaine et sur les faits.
Il avait fini évidemment par y voir surtout un cadre commode à pensées, à sentiments, à causerie ; le petit drame qui en fait le fond n’y est plus toujours l’essentiel comme auparavant ; la moralité de quatrain y vient au bout par un reste d’habitude ; mais la fable, plus libre en son cours, tourne et dérive, tantôt à l’élégie et à l’idylle, tantôt à l’épître et au conte : c’est une anecdote, une conversation, une lecture, élevées à la poésie, un mélange d’aveux charmants, de douce philosophie et de plainte rêveuse.
Ils n’ont assez longtemps vécu, ni l’un ni l’autre, pour arriver, au sortir des plaisirs, à cette philosophie supérieure qui relève et console.
Étienne n’en fit aucune, en effet, ni aux idées, ni aux individus ; si quelque chose même put troubler la philosophie de son humeur, ce fut l’approche et l’avènement de certains noms qui ne lui agréaient en rien ; l’antipathie qu’il avait pour eux serait allée jusqu’à l’animosité, s’il avait pu prendre sur lui de haïr.
Sous ce rapport, il n’est pas dépourvu d’une sorte de philosophie ; mais cet esprit décourageant arrête le mouvement de l’âme qui porte à se dévouer ; il déconcerte jusqu’à l’indignation ; il flétrit l’espérance de la jeunesse.
Sa description de l’homme moral nous reporte au plus beau moment de la philosophie spiritualiste du dix-septième siècle.
Il formulait une sagesse rare, une philosophie élégante et dédaigneuse en axiomes imprévus.
Ainsi encore Taine, poursuivant la « philosophie de l’art » en différents pays, n’a garde d’oublier que les habitants y furent et y sont toujours façonnés par les mille influences de la terre, de l’eau, de l’air ambiants.
Si le langage de la philosophie allemande ne devait paraître déplacé ici, nous dirions en un seul mot, que la morale de M.
Commynes justifie tout à fait pour moi le mot de Vauvenargues : « Les vrais politiques connaissent mieux les hommes que ceux qui font métier de philosophie : je veux dire qu’ils sont plus vrais philosophes. » Mais, pour cela, il faut que ce soient de vrais politiques en effet, et il en est peu qui justifient ce titre à l’égal de Commynes.
Réservez votre doctrine secrète pour un petit nombre d’amis sûrs, dans le sein de qui votre âme puisse s’épancher sans contrainte, et qui soient dignes de cultiver avec vous la philosophie et de rendre honneur à la vérité.
Par une irrégularité et un hors-d’œuvre de composition, M. de Lamartine a placé à la fin de son second volume, c’est-à-dire sous la date de 1814 et avant les Cent-Jours, un tableau de la littérature, de la poésie, de la philosophie et de toutes les branches de la pensée, écloses et produites dans le cours de la Restauration.
Lorsque, sur la fin de sa vie, il apprit les premiers événements de juillet 89, il en conçut autant de méfiance et de doute que d’espérance ; les premiers meurtres, certaines circonstances dont la Révolution était accompagnée dès l’origine, lui semblaient fâcheuses, affligeantes : « Je crains que la voix de la philosophie n’ait de la peine à se faire entendre au milieu de ce tumulte. » — « Purifier sans détruire », était une de ses maximes, et il voyait bien tout d’abord qu’on ne la suivait pas.
Dans les livres de philosophie, on va chercher des idées générales, dans les romans réalistes des observations, dans les romans idéalistes de beaux sentiments, dans les poètes tout cela et de plus des inventions de rythme, des trouvailles de mélodie, d’harmonie, toute une technique, qui ici, a autant d’importance que le fond ; et de cette technique on ne jouit, à cette technique on ne se plaît, à cette technique on ne se joue amoureusement, que si soi-même on s’en est mêlé, que si on s’y est essayé, que si l’on en a mesuré les difficultés, que si l’on y a atteint soi-même à quelques petits succès relatifs ; comme il n’y a que les musiciens qui comprennent la musique, et les autres, quand ils croient y entendre quelque chose, sont des snobs, il n’y a que les hommes qui ont été un peu versificateurs qui comprennent les poètes.
Il fallait alors que la philosophie luttât contre les égarements de l’imagination, contre les séductions des sens, mais toujours en respectant le sentiment religieux, sorte d’instinct qui seul donne de la durée à l’existence de l’homme, qui seul revêt d’une sanction inviolable les lois auxquelles il doit obéir.
Il fut, d’ailleurs, professeur de morale et d’histoire, et les Josses de la philosophie, les orfèvres comme Saisset et Cousin, répètent assez haut que désormais les prêtres de l’avenir ne peuvent être que les philosophes.
Il remporta, en 1817, le premier prix de philosophie au concours général ; le sujet était l’énumération des preuves de l’existence de Dieu. […] Les critiques allemands, dans des occasions semblables, aiment à partir de la philosophie ; leur examen et leur discussion de l’œuvre poétique sont tels que leur commentaire explicatif n’est intelligible qu’aux philosophes de l’école à laquelle ils appartiennent : quant aux autres lecteurs, l’explication est pour eux beaucoup plus obscure que l’ouvrage qu’elle veut éclaircir. […] Au point de vue de la philosophie supérieure et suprême, qu’y a-t-il donc à regretter ?
Il est d’autres pièces au contraire qui sont acquises à l’histoire, à la langue française, comme aussi à la philosophie du cœur humain. […] Elle l’appelle un grand ouvrage, quoiqu’elle n’en ait vu, dit-elle, que le commencement, quelques cartes sans doute, et elle invite la littérature et la philosophie à se réunir pour exiger de l’auteur qu’il le reprenne et l’achève. Mais elle ne nomme point cet auteur, ne donne point son adresse, de sorte que la littérature et la philosophie eussent été bien embarrassées de lui faire parvenir une lettre. » Voilà de l’aigreur qui perce un peu vivement et sans but, nous en sommes fâché pour Mme de Charrière. […] Je vous abandonne leurs poëtes tragiques, comiques, lyriques, parce que je n’aime la poésie dans aucune langue ; mais, pour la philosophie et l’histoire, je les trouve infiniment supérieurs aux Français et aux Anglais.
Iago est un soldat d’aventure qui a roulé dans le monde depuis la Syrie jusqu’à l’Angleterre, qui, confiné dans les bas grades, ayant vu de près les horreurs des guerres du seizième siècle, en a retiré des maximes de Turc et une philosophie de boucher ; de préjugés il n’en a plus. — « Ô ma réputation, ma réputation ! […] Sa pensée habite déjà le cimetière ; pour cette philosophie désespérée, l’homme vrai, c’est le cadavre. […] Il se trouve injuste quand il voit « ces pauvres innocents tachetés, citoyens nés de cette cité déserte, poursuivis sur leurs propres domaines, et leurs hanches rondes ensanglantées par les flèches304. » Rien de plus doux que ce mélange de compassion tendre, de philosophie rêveuse, de tristesse délicate, de plaintes poétiques et de chansons pastorales. […] Elle emmène l’homme dans la plus haute philosophie, puis le laisse retomber dans des caprices d’enfant.
On raconte que l’aimable fils de Colbert, M. de Seignelay, pour lors âgé de seize ans, et qui étudiait en philosophie au collège de Clermont, ayant lu le livre, en parla à son père, et lui parut singulièrement instruit, d’après cette lecture, de l’origine des impôts et revenus du roi, de la taille, gabelle, paulette, etc., et même de leurs abus et inconvénients, que Mézeray était plus porté à exagérer qu’à diminuer.
Mais voici le second degré et la seconde saison qui fait la maturité durable, et sans quoi l’homme aimable, même défini de la façon qu’on vient de voir, court risque de mourir en nous ou de se figer avec la jeunesse : Si, ajouté encore à cela, on a des connaissances agréables de la littérature et de la langue de plusieurs pays, si l’on a de la philosophie, si l’on a beaucoup vu, bien comparé, parfaitement jugé, eu des aventures, joué un rôle dans le monde ; si l’on a aimé, ou si on l’a été ; on est encore plus aimable.
Duclos répond par un éclat de rire, et se refuse d’abord à croire à la duperie de tant de gens plus ou moins considérables qu’on a nommés : Il me répondit, continue Duclos, que j’étais jeune et ne connaissais encore ni les hommes ni Paris ; que dans cette ville où la lumière de la philosophie paraît se répandre de toutes parts, il n’y a point de genre de folie qui ne conserve son foyer, qui éclate plus ou moins loin, suivant la mode et les circonstances.
Elle avait de la philosophie dans le meilleur sens du mot, et, avec le sentiment de ce qu’elle était et la volonté de ne condescendre à rien d’indigne, elle souhaitait avant tout une vie sérieuse et tranquille, l’étude, les beaux-arts et la musique, les charmes de la société.
Goguenarderie à part, il avait un fonds de philosophie et de détachement, et ce n’est point de cela qu’on peut le blâmer.
C’est là ce qui m’a donné cet air de philosophie, qu’on dit que je conserve encore, car je devins stoïcien de la meilleure foi du monde, mais stoïcien à lier ; j’aurais voulu qu’il m’arrivât quelque infortune remarquable, pour déchirer mes entrailles, comme ce fou de Caton, qui fut si fidèle à sa secte.
Qui ne l’eût connu que par l’Analyse qu’il avait donnée de la philosophie de Bacon, n’aurait jamais soupçonné ces mystères de souffrances.
Dans toute cette série, Horacé, encore une fois, touché du coude son ami et camarade Charlet ; c’est la même veine : Charlet la suivra uniquement et y marquera de plus en plus par une finesse de crayon et une philosophie de mots qui le mettront à un si haut rang posthume.
Sa thèse de philosophie avait eu de la célébrité à son moment ; et, au bruit qu’elle fit, le cardinal de Richelieu, quoique peu disposé en faveur des Champvallon, avait voulu que le jeune soutenant lui fût présenté.
M. de La Rochefoucauld fit les siennes ; il y prit goût ; il eut l’idée d’y mettre en entier les résultats de sa philosophie et de son expérience, et c’est ainsi que de simples jetons de société sont devenus par lui des médailles immortelles.
elle avait fait, depuis Malherbe, ses preuves d’une poésie bien autrement éclatante et sublime avec le Ciel (1636), elle avait fait acte de haute et neuve philosophie avec Descartes par le Discours de la Méthode (1637), lorsqu’elle eut le courage de se remettre à la grammaire avec Vaugelas, — à une grammaire non pédantesque, humaine, mondaine, toute d’usage et de Cour ; non pas du tout à une grammaire élémentaire, mais à une grammaire perfectionnée, du dernier goût et pour les délicats.
Il faut donner cette page entière, monument de sa philosophie et de sa gaieté.
Ne confondons point les genres et les natures ; ne demandons pas à une organisation ce qui est le fruit d’une autre ; appliquons à Pope son propre et si équitable précepte : « En chaque ouvrage considérez le but de l’écrivain, car on ne peut y trouver plus et autre chose qu’il n’a voulu y mettre. » Ami de Bolingbroke, de Swift, Pope ne les suit pas jusqu’au bout de leur philosophie et de leurs audaces.
Né dans une classe obscure de la bourgeoisie, imbu de tous les principes de la philosophie moderne, et cependant tenant plus qu’aucun ecclésiastique à la hiérarchie du Clergé, vain, bavard, fin et brusque à la fois, fort laid et affectant l’homme singulier, traitant les gens les plus élevés comme ses égaux, quelquefois même comme ses inférieurs, l’abbé de Vermond recevait des ministres et des évêques dans son bain, mais disait en même temps que le cardinal Dubois avait été un sot ; qu’il fallait qu’un homme de sa sorte, parvenu au crédit, fît des cardinaux et refusât de l’être. » Si l’abbé de Vermond disait de ces choses à tous venants et sans discerner son monde, il avait grand tort ; mais il faut convenir que ce qu’on a présentement sous les yeux ne répond pas tout à fait à ce signalement, tracé par une griffe ennemie.
Quel naturel plein de légèreté gracieuse, quelles pages éblouissantes de pur esprit dans Mme de Staël, quand le sentiment ne vient pas à la traverse, et qu’elle laisse sommeiller sa philosophie et sa politique !
En histoire, en philosophie, en critique, il y eut aussi une formation essentielle à cette époque, y trouvant son progrès, son accroissement, sa culture.
Précisément toute sa poésie, ce qui fait rêver, cette pointe de philosophie railleuse et désabusée, qui ouvre un jour soudain sur les grandeurs et les petitesses de la vie militaire.
Alphonse Daudet avait été amené à nous révéler dans l’Immortel, des sentiments, ou plutôt une disposition d’esprit, une philosophie générale, dont je me sens, pour ma part, fort éloigné Oui, ce qu’il y a au fond, dans ce roman anti-académique, c’est, comme l’a fait remarquer M.
c’est imbécile ; la philosophie n’y est plus, la science n’y est plus ; nous sommes des positivistes, des évolutionnistes, et nous garderions le mannequin littéraire des temps classiques, et nous continuerions à dévider les cheveux emmêlés de la raison pure !
Mais ses cris contre la société, son dédain pour les solutions de la philosophie, la révélation de sa vie solitaire et de ses jouissances contemplatives, portèrent dans beaucoup d’âmes, avec le dégoût du monde, un véritable enthousiasme pour les scènes de la nature.
Ce volume, comme ses nombreux frères, révèle en Maurice Montégut un bourgeois grincheux à philosophie de vétérinaire triste : positivisme étroit et pessimisme sans horizon.
Je laisse à cette grande renommée d’Érasme la gloire de la science et de l’esprit, mais je ne cesserai jamais de revendiquer sous ce nom le droit du bon sens fin et mitigé, de la raison qui regarde, qui observe, qui choisit, qui ne veut point paraître croire plus qu’elle ne croit ; en un mot, je ne cesserai jamais, en face des philosophies altières et devant la foi même armée du talent, de stipuler le droit, je ne dis pas des tièdes, mais des neutres.
On a cherché à établir une contradiction entre les paroles et les écrits de Frédéric, adepte de la philosophie, et ses actions comme roi et comme conquérant.
Il avait terminé l’un des livres de ses Fables par ces vers, qui pourraient être plus forts d’expression, mais qui sont pleins de sentiment et de philosophie, et qu’il a intitulés Le Voyage : Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain, où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s’endormir, On appelle cela naître, vivre et mourir : La volonté de Dieu soit faite !
Chamfort, alors son ami, lui en adressa des condoléances, auxquelles Rulhière répondit par une épître en vers un peu longue, mais dans laquelle il développe avec facilité ses principes de philosophie et de sagesse, qui ne sont autres que ceux d’Horace : L’astre inconstant sous lequel je suis né, Des biens aux maux m’a souvent promené ; Mais aux événements payant mon caractère, En jouissant de tout, rien ne m’est nécessaire.
Carrel, libre enfin et n’ayant rien abjuré, vint à Paris pour y tenter une carrière ; militaire, il ne pouvait plus songer à l’être ; avocat, il n’avait pas fait sa philosophie et n’était point bachelier.
Ma philosophie là-dessus est toute d’expérience, il y a peu de gens, mais bien peu, dont je recherche le suffrage : encore m’en passerais-je au besoin. — Je passe ici mon temps assez bien, écrivait-il encore de Rome à Clavier (octobre 1810), avec quelques amis et quelques livres.
Turgot, qu’il avait connu et qu’il estimait, ne le rassurait que médiocrement en qualité de ministre : « Je le connais fort, écrivait de Brosses en apprenant son élévation ; homme honnête, instruit, dur et tranchant, encyclopédiste, grand sectateur de la philosophie nouvelle. » Et ailleurs : C’est une terrible besogne.
On causa, on parla de la philosophie de la forme des objets, et on parla de Dieu, auquel ils ne croient pas, ne croyant guère qu’aux esprits, à des manifestations des âmes des trépassés.
Qui dit poésie dit philosophie et lumière.
Cette tête de conteur d’histoires, qui n’a jamais fait véritablement grand dans ses romans et dans ses drames, avait la tête trop petite pour contenir une idée générale ou une philosophie quelconque.
l’Église, qui, seulement avec trois humbles vertus : la pauvreté, l’obéissance et la chasteté, bâtit le phalanstère qui devait coûter quinze mille milliards à Charles Fourier et à la philosophie !
Toute la philosophie politique de notre xviiie siècle pense qu’il convient de substituer « des règles simples et élémentaires, puisées dans la raison et la loi naturelle, aux coutumes compliquées et traditionnelles ».
Quelle sanction sublime auraient reçue les fragments de vérité, les éclairs de sentiment moral, les premiers cris de justice et d’humanité mêlés souvent aux erreurs de sa philosophie et aux pernicieux exemples de son siècle corrompu !
C’est qu’en effet, pour atteindre l’inspiration mystique, il ne suffit d’être ni chrétien, ni pieux, ni grand théologien, ni saint ; ce qu’il faut, c’est un état psychologique particulier, une effervescence de la volonté et de la pensée, une contemplation ardente et profonde des choses divines, et une métaphysique ou philosophie première, qui suit un chemin différent, mais nullement contraire de celui qu’adopte la théologie dogmatique. […] Sa puissance et sa fécondité sont si grandes qu’il naît de lui une théologie mystique et une ontologie mystique, dans lesquelles l’esprit, illuminé par les flammes de l’amour, aperçoit des perfections et des attributs de l’Etre que n’embrasse point le pur raisonnement ; une psychologie mystique qui creuse et atteint jusqu’aux dernières racines de l’amour-propre et des affections humaines ; une philosophie mystique qui n’est que la traduction sous forme artistique de toutes ces philosophies, animées par le sentiment personnel et vivant du poète qui chante ses amours spirituelles. […] Les Juifs, — Juda-Lévi qui, au dire d’Henri Heine, eut une âme plus profonde que les abîmes de la mer, Avicebron (Salomon-ben-Gabirol), sous l’influence de la philosophie de l’école d’Alexandrie, qui avait de même agi sur Synésius, l’évêque de Ptolémaïs, — laissent des morceaux superbes, sur lesquels l’orateur passe trop vite à notre gré, pour en arriver plus vite à démontrer l’influence de l’élément oriental (juif ou arabe) à déterminer la naissance de la littérature mystique chrétienne en Espagne. […] « Et quand vint le xiiie siècle, l’âge d’or de la civilisation chrétienne, tandis que la philosophie dogmatique et la philosophie aristotélique, purifiée du néo-platonisme et de l’avehrroisme ligués, se formulait méthodiquement dans la Summa Theologica et la Summa contra gentes, l’inspiration mystique, déjà adulte et capable de former un art, étincelait et resplendissait dans les tercets du Paradiso… et parcourait le monde portée par les mendiants Franciscains. » On se rappelle les belles études d’Ozanam sur les poètes Franciscains d’Italie. […] Nous citons encore : « Nous ne croyons pas que la poésie mystique meure ; elle doit avoir pour refuge quelques âmes d’élite, même dans ce siècle de doute et d’incrédulité, qui, né au milieu de révolutions apocalyptiques, se termine, dans sa triste vieillesse, en nous laissant, en philosophie, un nominalisme grossier ; dans l’art la description minutieuse et froide des détails, description inutile, sans but et sans raison d’être, préférant l’horrible et le laid au beau, art qui, jusqu’à maintenant, n’a point trouvé son vrai nom et qui profane ceux de réalisme et de naturalisme, applicables seulement à d’aussi grands peintres de la vie humaine que Cervantes, Shakespeare et Velazquez.
Cette philosophie consolante l’a consolé et a consolé les autres. […] Il était alors le plus grand critique possible dans la philosophie de l’histoire et, s’il ne vous faisait pas suffisamment entrevoir le but de sa philosophie personnelle, du moins il faisait apparaître le passé dans une si vive lumière et il en promenait une si belle sur les chemins de l’avenir, qu’on se sentait arracher le bandeau des yeux comme avec la main. […] Par exemple, on verra, ici mieux qu’ailleurs, combien Quinet, si nuageux quand il se perd dans la philosophie de l’histoire, fut un bon observateur des choses politiques contemporaines et vit juste en cela, de manière à être prophète, — hélas ! […] Il a ses partis pris, et, par exemple, une horreur et un mépris indéfectibles à l’endroit des professeurs de l’Université en général et des professeurs de philosophie en particulier. […] » Mais, dans ces notes rapides jetées sur le papier, M. de Gourmont n’est pas tenu de faire, ex professo, un cours de philosophie.
Il y a en France comme un préjugé contre le complexe, aussi bien en philosophie qu’en politique. […] Tout jeune Français a inventé une philosophie, créé un art nouveau et improvisé un genre littéraire qui était inconnu. […] La multiplicité des sectes religieuses prouve la vitalité du sentiment religieux, et la multiplicité des écoles et partis politiques, philosophiques, économiques, prouve simplement qu’un peuple s’occupe de philosophie, de politique et d’économie, et n’est pas absolument abruti. […] Edme Champion : « La pente qui éloigne de Voltaire aboutit à Sedan », on ne comprend pas très bien, parce que c’est une sorte de résumé de philosophie historique plutôt qu’un réquisitoire précis. […] Je ne suis ni de cette politique ni de cette philosophie. » — En conséquence, et cette logique particulière n’étonnera aucun de ceux qui sont familiers avec la mentalité anticléricale, M.
Il y eut l’évangile de la prospérité américaine, l’euphorie de la production s’accompagna d’une phosphorescence d’idées, prétendit même à une philosophie, celle d’un monde en mouvement, en action, en création. […] Cette conscience de l’héritage a fourni toute leur philosophie sociale à deux Français, aussi immodérément français que Barrès et Maurras. […] Une vraie et complète philosophie de la tradition est toujours agrarienne, et la liaison entre le traditionalisme chinois et le culte de l’agriculture aurait son équivalent chez ers Chinois de l’Europe, nous-mêmes. […] Mais enfin, comme la mystique héritière, la doctrine, la philosophie et la politique de l’héritage, fournissaient au nationalisme social de Barrès la notion vivante et vécue de la société de sang, calquée sur la famille, ainsi la mystique boursière installe nos professeurs politiques en plein centre et en pleine condition d’une société de pensée, de cette société de pensée qu’est l’école, qu’est par position toute école. […] Ce jeune Français de demain (vingt ans entre 1894 et 1898...), Léon Bourgeois, en 1890, le voyait comme un Français décatholicisé, formé par la philosophie du xviiie siècle, fils de la Révolution.
Il est donc utile à l’écrivain d’élever sa philosophie au-dessus des opinions passagères qui influeraient trop sur lui, s’il les envisageait trop, et de ne pas travailler seulement pour ses contemporains, mais pour la race humaine : averti par la nature, triste idée, mais inévitable ! […] Son caractère sans doute égara son discernement, s’il n’aperçut pas qu’en séparant ainsi, dans Voltaire, sa philosophie de ses talents, il lui refusait tout. […] Rousseau, qu’il ait tourné la vertu en ridicule, Molière semble avoir peint l’image de la sienne propre, et avoir voulu corriger celle de ses semblables du seul travers qui l’empêche d’être aimée, pour donner à la probité la plus utile leçon de philosophie et d’indulgence humaine. […] « L’Être infini, que la religion et la philosophie nous ont fait connaître, est au-dessus de ses chants : le sublime à son égard devient puéril. […] Le penchant de Voltaire aux saillies de la dérision, lui fournit souvent des armes victorieuses contre les erreurs sociales et les préjugés habituels des nations : mais sa malignité les tourna quelquefois trop cruellement contre ses collaborateurs en philosophie et en littérature.
Tantôt c’est la galanterie, espèce de sensibilité d’esprit plutôt que de cœur, qui recherche les idées ingénieuses et le langage du bon ton, plutôt que les sentiments et le langage de la nature ; tantôt c’est la philosophie, autre mode qui n’est pas moins froide ni moins desséchante, quoiqu’elle affecte une sympathie universelle, mais qui du moins est un progrès de l’esprit, au lieu que la galanterie est une dégradation du cœur. […] La fantaisie qui a inspiré ce roman, c’est l’amour de l’architecture du moyen âge, fantaisie noble, poétique, où il y a plus de philosophie et de sens qu’on ne pense ; fantaisie ardente, passionnée, qui ne ressemble pas mal à une espèce de culte. […] Il épuise, il pressure tous les sujets, et, quand il en a tiré tout ce qu’ils renferment de philosophie et de poésie, il les bat, il les remue encore, il leur demande ce qu’ils n’ont plus. […] Cette poésie toute en description, toute matérielle, comme la prose de l’Étude sur Mirabeau ; ces interminables énumérations, ce luxe de paillettes fausses sur un fond si maigre et si peu étoffé, cette stérilité de cœur, cette sensualité d’imagination, substituée au sentiment, cette philosophie sceptique à la suite ; tout cela était peu rassurant. […] Point d’idées pratiques et applicables, rien ou presque rien de la vie réelle ; nulle philosophie, nulle morale, aucun but de redressement ni de critique, de sympathie ni de satire ; point de plan, point de dessein, point d’opinions ; car nous n’appelons pas de ce nom des lieux communs d’un fond plus ou moins grave, sur lesquels le jeune écrivain a brodé de la prose en vers ; rien enfin de ce qui se rapporte plus particulièrement à la raison dans les choses de la littérature.
Aussi la vraie honnêteté est indépendante de la fortune ; comme elle s’en passe au besoin, elle ne s’y arrête pas chez les autres ; elle n’est dépaysée nulle part : « Un honnête homme de grande vue est si peu sujet aux préventions que, si un Indien d’un rare mérite venoit à la cour de France et qu’il se pût expliquer, il ne perdroit pas auprès de lui le moindre de ses avantages ; car, sitôt que la vérité se montre, un esprit raisonnable se plaît à la reconnoître, et sans balancer. » Mais ici il devient évident que la vue du chevalier s’agrandit, qu’il est sorti de l’empire de la mode ; son savoir-vivre s’élève jusqu’à n’être qu’une forme du bene beateque vivere des sages ; son honnêteté n’est plus que la philosophie même, revêtue de tous ses charmes, et il a le droit de s’écrier : « Je ne comprends rien sous le ciel au-dessus de l’honnêteté : c’est la quintessence de toutes les vertus. » Vous êtes-vous jamais demandé quelle nuance précise il y a entre l’honnête homme et le galant homme ? […] Les anciens avaient remarqué que de toutes les écoles de philosophie on passait dans celle d’Épicure, mais qu’une fois dans celle-ci on y restait et qu’on ne passait point à d’autres.
Ce n’est pas la philosophie qu’il faut chercher dans cette sainte famille d’artistes chantants, c’est la nature. Est-ce de la philosophie qu’on demande au chant du rossignol sur son nid ?
Peu soucieux, aussi, de la méprisable gloire, il rattache constamment sa doctrine à la philosophie de Schopenhauer, en reconnaissance d’une extraordinaire admiration. […] L’esquisse des Vainqueurs fut rédigée pendant l’hiver 1855-1856, après que Wagner a lu L’introduction à l’histoire du bouddhisme indien d’Eugène Burnouf, mais c’est sa lecture de Schopenhauer qui lui avait fait connaître cette philosophie en 1853 à travers Le Monde comme Volonté et Représentation.
— Et le voilà, appartenant à qui veut l’écrire, ce livre de morale, d’histoire, et de philosophie où se doit rencontrer, à la longue, le poème universel du genre humain ! […] Il a rempli l’Univers de ses armes, de sa politique, de sa philosophie et de ses modes nouvelles, de ses comédies et de ses pompons, de sa politique et de ses bons mots ; il a régné au théâtre et dans le salon ; dans la chaire et sur les champs de bataille ; il a vaincu par ses solitaires, autant que par ses capitaines ; la langue universelle il l’a trouvée, plus habile en ceci que Leibnitz qui cherchait à réaliser ce beau rêve, et qui le cherchait, comme si les oreilles n’eussent pas été faites pour entendre !
C’est dans cet état de choses en France, quand, la renommée et l’influence de Shakespeare grandissant par toute l’Europe, les livres de critique s’accumulaient sur son génie, ses procédés, son art, sa science encyclopédique et infuse, sa philosophie et jusque sur sa médecine (la médecine de Shakespeare !) […] Le jeune Préoccupé politique est allé une fois de plus — mais en s’obstinant, cette fois, davantage, — chercher midi à quatorze heures — à la pendule de son père — dans l’appréciation d’une œuvre qui, comme toutes les œuvres de Shakespeare, dit Coleridge, « n’a d’autre politique que sa philosophie et sa moralité ».
Dans le droit, dans les sciences, dans la philosophie, dans les lettres et les arts, ils se montraient partout les plus ardents à l’étude, à la recherche de la vérité sous toutes ses formes. […] L’historien… Je cite encore : « Sa philosophie historique est tout aussi élémentaire, et osons le dire, ne supporte pas mieux l’examen… » Il nous semble en effet inutile d’insister sur la valeur d’une critique historique pour laquelle les hommes sont semblables à ces figures inertes que fait mouvoir sur un échiquier, qui serait le monde, la main d’un joueur, qui serait Dieu.
Il lisait tous les ouvrages de philosophie, de politique, de législation, de morale et d’histoire les plus autorisés de son temps, Locke, Adam Smith, Bonnet, Montesquieu et les économistes.
Ce sont mes inclinations qui m’ont rendu philosophe ou qui m’en ont acquis le titre : si ce titre les gênait, il leur deviendrait odieux ; je ne m’en suis jamais caché, toute ma philosophie a sa source dans mon cœur… Mirabeau insiste et le secoue : il prétend lui montrer qu’avec ses talents, il serait impardonnable de se laisser aller à l’accablement, à la nonchalance.
Et encore dans une lettre à Huet, du 18 février 1662 (car Chapelain, en leur présentant Marolles, fait le tour de tous ses amis) : Jamais homme n’envisagea moins la vérité, n’entendit moins les auteurs, pour peu qu’ils soient difficiles, ne crut moins important de les rendre fidèlement, ni ne distingua moins les termes pour les employer…, et, ce qu’il y a de pis, jamais homme ne conçut moins la matière qu’il manie, n’eut moins de teinture des préceptes de l’éloquence et de la poésie, ni ne sut moins les principes de la philosophie.
Catinat mit sa philosophie à profit par une grande piété.
En politique, il a bien plus fondé de doctrines que ceux qu’on a nommés doctrinaires ; en philosophie, son ouvrage sur les religions contient plus de vérités neuves et mères qu’aucune des trois écoles opposées de Lamennais, de Cousin et de Tracy.
Otway, en mendiant le morceau de pain qui l’étouffa ; Gilbert, la tête troublée par le chagrin, avalant une clef à l’hôpital, sentirent bien amèrement à cet égard, quoique hommes de lettres, toute la vanité de la philosophie. » XXXV Voici un autre passage de l’Essai sur les Révolutions, où l’idée majestueuse de Dieu se fait jour comme un pressentiment ou comme un remords parmi les doutes, et manifeste l’immortalité de l’âme surnageant au scepticisme du jeune homme.
Au lieu que le XVIIe tout imprégné de philosophie cartésienne, mettait l’homme à part de la nature, nous nous sommes replacés au milieu des choses ; nous nous sommes mieux saisis comme une partie intégrante et inséparable de l’univers visible ; nous nous sommes sentis mêlés à tout le reste par nos obscures et profondes origines, plus proches du monde des plantes et des animaux, plus proches de la terre dont nous sortons, et nous l’avons mieux aimée.
Henry Céard, par la vision aiguë qu’ils découvrent de la vie, par l’impitoyable philosophie qu’il révèlent, par l’eurhythmie de leur composition et la maîtrise de leur style, Les Résignés ne sont pas un simple essai de cet art nouveau, ils en sont le premier, l’incontestable chef-d’œuvre.
Henry Céard, par la vision aiguë qu’ils découvrent de la vie, par l’impitoyable philosophie qu’ils révèlent, par l’eurhythmie de leur composition et la maîtrise de leur style, les Résignés ne sont pas un simple essai de cet art nouveau, ils en sont le premier, l’incontestable chef-d’œuvre.
D’ailleurs, chacun d’eux avait bel et bien sa philosophie de l’art, sa théorie du beau ; pour être enveloppée, dissimulée, sous-entendue dans leurs jugements, elle n’en existait pas moins au fond de leur intelligence et un bon analyste est de force à l’y surprendre.
Voltaire, obligé de vivre à Londres quelques années, en rapporte, entre autre choses, l’incrédulité méthodique de Bolingbroke, la philosophie de Locke, les théories de Newton sur la gravitation, les drames de Shakespeare.
« Probablement quelques-uns penseront qu’on a essayé ici de résoudre ces grandes questions qui ont embarrassé de tout temps la philosophie.
Elle fondait la Cité, inaugurait le Théâtre, inventait l’art, la science, la philosophie, l’éloquence : la fraîche aurore de son génie éclairait le monde.
Voilà pourtant où mène trop de philosophie quand on fait le métier des héros.
Ce fut à la mort de Mme de Jully, sa belle-sœur, charmante femme, qui, sous ses airs indolents, possédait elle-même la philosophie du siècle dans toute son essence, et la pratiquait dans toute sa hardiesse et dans sa grâce.
Shakespeare fait dire admirablement à son Hamlet : « Il y a plus de choses au ciel et sur la terre qu’il n’en est rêvé dans votre philosophie. » Mais, à lire attentivement les pièces, et même en tenant compte des difficultés constatées par M.
L’histoire de la philosophie, qu’il y traite de seconde main il est vrai, la description des arts mécaniques, dans laquelle il se montre peut-être plus original ; trois à quatre mille planches qu’il fit dessiner sous ses yeux, la charge et la direction du tout enfin, ne purent jamais l’absorber ni émousser sa vivacité de verve.
La philosophie sied bien avec les agréments de l’esprit.
Buffon n’y présente point son hypothèse comme réelle, mais comme un simple moyen de concevoir ce qui a dû se passer d’une manière plus ou moins analogue, et de fixer les idées sur les plus grands objets de la philosophie naturelle.
Plutarque, du moins, dans sa ville de Chéronée, revêtu des magistratures honorables et prêtre d’Apollon, put vieillir avec douceur et sérénité au milieu de la philosophie et des muses, et atteindre, dit-on, presque nonagénaire, jusqu’à l’aurore du règne d’Antonin le Pieux.
Une religion vraie et pratique, qui n’excluait pas, mais qui ramenait à elle les réflexions mêmes de la philosophie, la soutenait et raffermissait dans sa vertu et dans sa prudence.
Il en résulta les Lettres sur l’Angleterre (1802), dans lesquelles l’auteur, qui combat l’anglomanie et toutes ses conséquences, avait mêlé des réflexions très vives et très acérées sur la philosophie du xviiie siècle : il la considérait et la dénonçait comme antipathique à tout établissement social et comme hostile à tout principe stable de gouvernement.
Toute la philosophie de l’histoire de Montesquieu est dans cette parole, et il faut convenir qu’en ce qui concerne les Romains, à voir les choses après coup, il semble avoir raison.
Necker, dans son déisme théologique, s’avançait avec ménagement et précaution comme médiateur entre la philosophie et le sacerdoce ; il admettait les religions révélées, mais sa qualité de protestant, et son désir d’éviter toute discussion intérieure au christianisme, le forçaient à se tenir dans la généralité et dans le vague.
Doué de bon sens et d’une certaine philosophie naturelle, il n’avait point de ces passions personnelles d’envie ou d’ambition qui transportent les âmes hors d’elles-mêmes et leur mettent l’aiguillon au-dedans.
Quand Litvinoff quitte, le cœur meurtri, la ville où son ancien amour renaquit et s’évanouit une seconde fois, c’est la philosophie même du romancier qu’il formule : « Fumée, fumée, répéta-t-il, et subitement tout lui sembla fumée, sa vie, la vie russe, tout ce qui est humain et principalement ce qui est russe.
Il s’agit, pour ceux à qui elle est chère, bien plus de politique que de philosophie, d’influence que de vérité.
J’ai entre les mains la correspondance familiale de Robert Hertz, élève de l’École normale supérieure, professeur de philosophie au lycée Douai, fondateur des Cahiers du socialisme, fils d’un israélite allemand.
À coup sûr ce sera, moins que tout autre, cet élément profond et mystérieux qu’aucune philosophie n’a jusqu’ici analysé à fond.
La théorie de la Relativité a beau n’en tenir aucun compte dans ses déductions proprement scientifiques : elle en subit pourtant l’influence, croyons-nous, dès qu’elle cesse d’être une physique pour devenir une philosophie.
Cette opinion devait être celle de la critique française au dix-huitième siècle, époque où les lettres grecques, cette grande source du génie, de la philosophie sublime et de la belle poésie, n’étaient étudiées, pour le fond des choses et pour la pensée, que de Montesquieu et de Rousseau, qui s’en trouvèrent bien.
Il avait, peut-être à un plus haut degré, les mêmes études de langue latine, de poésie provençale et de philosophie ; il composait une thèse sur la terre et l’eau considérées comme premiers éléments ; il était venu écouter dans Paris, rue du Fouarre, un grand maître de scolastique, et il avait lui-même discuté contre tout venant.
J’y ai montré un parti-pris constant c’est-à-dire que je ne me suis jamais écarté des convictions de vie et d’art qui forment ma philosophie. […] Si tu aimes, comme tout bon peintre, les tons fins, les valeurs bien en place, les motifs « amusants », viennent les heures de repos, tu t’en vas aux philosophies et aux autres arts. […] Or comme il étouffe à Moscou car la Russie, alors comme maintenant, est une cave où la pensée s’étiole, en 1840 il part pour Berlin où il suit des cours d’histoire et de philosophie. […] Il saisit que toute conciliation est impossible entre la métaphysique chrétienne et la philosophie de l’avenir. […] Peindre l’homme actuel dans toutes ses attitudes, en faire le symbole des relations éternelles de l’espèce et de l’univers, c’est renforcer l’art de philosophie ; cela ne peut que contribuer à la beauté d’un livre.
Degérando ne sent pas que Royer-Collard a été un événement en philosophie, et Lacretelle, que Guizot en a été un en histoire. […] Royer-Collard était comme une position respectable qu’il importait d’occuper pour couvrir tout le développement de la philosophie éclectique ; Cousin l’a bien senti, et il s’est couvert de M. […] Il croit avoir renfermé dans son poème soi-disant philosophique, La Sauvage, toute la quintessenee de la philosophie de l’histoire et le produit net de la pensée politique de ce siècle et de tous les siècles.
La Fatuité moderne aura beau rugir, éructer tous les borborygmes de sa ronde personnalité, vomir tous les sophismes indigestes dont une philosophie récente l’a bourrée à gueule-que-veux-tu, cela tombe sous le sens que l’industrie, faisant irruption dans l’art, en devient la plus mortelle ennemie, et que la confusion des fonctions empêche qu’aucune soit bien remplie. […] Il y a un brave journal où chacun sait tout et parle de tout, où chaque rédacteur, universel et encyclopédique comme les citoyens de la vieille Rome, peut enseigner tour à tour politique, religion, économie, beaux-arts, philosophie, littérature. […] Voilà bien l’immortelle antithèse philosophique, la contradiction essentiellement humaine sur laquelle pivote depuis le commencement des âges toute philosophie et toute littérature, depuis les règnes tumultueux d’Ormuz et d’Ahrimane jusqu’au révérend Maturin, depuis Manès jusqu’à Shakspeare !
Dans un petit écrit intitulé Le Miroir et où il s’agit, en effet, d’une sorte de glace ou de miroir magique dans lequel se voit représenté tout un abrégé de l’âme et de la pensée en général, toutes les façons d’être et de sentir des hommes, tout ce qu’ils sont et ce qu’ils ont été ou ce qu’ils peuvent être, en un mot un raccourci de la nature morale, il a exposé ce que nous appellerions sa philosophie de l’histoire : elle est d’un homme très réfléchi, très éclairé, et dégagé de toute espèce de prévention.
» C’en est assez pour indiquer la veine d’esprit et de philosophie qui circule dans ce joli conte et qui en distingue les bonnes parties ; je ne lui vois d’autre défaut que de se trop prolonger à travers les aventures de l’Orient.
J’ai vu dans ma jeunesse que l’on n’était pas plus philosophe que cela ; mais, grâce à Dieu, la philosophie nous éclaire davantage, et nous le devons à la liberté anglaise.
Malgré moi tu m’apprends toutes sortes de hontes, moi qui connais tout ce qu’il y a de bon et de beau parmi les hommes. » Le vieux poète, imbu d’une philosophie naturellement païenne et voluptueuse, s’adresse à un jeune ami Cyrnus.
Il prétendait que, dans ces matières de poésie et de belles-lettres, le monde fût affranchi des jugements d’autorité et même de tradition, exactement comme il l’était en matière de philosophie depuis Descartes.
— La vraie philosophie, c’est de préférer ce qu’on a et de voir toutes chose du bon côté.
Sa santé, sa santé de bohème, si longtemps à l’épreuve des plus dures privations, y avait succombé, et aussi la gaieté vivace qui faisait toute sa philosophie.
J’ai connu des philosophes de nos jours qui, dans les temps difficiles, mettaient leur philosophie à l’abri derrière le christianisme de Royer-Collard.
A l’intérêt que le roman et le théâtre avaient jeté sur l’infortuné don Carlos, à cet amour partagé qui aurait fait deux victimes, à cet enthousiasme de philosophie et de liberté dont le prince espagnol aurait été le complice et le martyr, est substitué, d’après des pièces authentiques, le récit d’une longue démence et d’une maladie terminée par la mort.
La philosophie, distincte de la théologie, perce elle-même à ce moment ; elle a des visées bien hautes.
Toute œuvre étrangère, en passant par la France, par la forme et par l’expression française, se clarifie à la fois et se solidifie, de même qu’en philosophie une pensée n’est sûre d’avoir atteint toute sa netteté et sa lumière, que lorsqu’elle a été exprimée en français.
Champagneux, le beau-père d’Eudora, est le premier qui ait mis en circulation, sept ans après la mort de Mme Roland, cet étrange ouï-dire, et il ne pensait, en le consignant dans son récit un peu solennel, qu’à faire honneur à la philosophie, ou, comme il dit, à la stoïcité de la victime.
Elle continue de plaire de plus en plus ; M. le dauphin l’aime un peu trop ; il a des bouderies et des colères même dont elle sait très bien profiter, et elle passe pour une personne habile, parmi les femmes : ce qui est un cours de philosophie qui leur est particulier et dont nous ne faisons que nous douter.
Le style de cette histoire est très-convenable ; il est généralement sain : la marque réfugiée ne s’y fait point ou presque point sentir61, et je reprocherais plutôt à l’auteur par moments quelque emphase, quelque recherche d’élégance convenue, trop conforme au goût régnant (le timon de l’État, les trophées de la victoire, les bannières de la philosophie, etc.).
Et il est bien entendu que nous ne voulons ici nous placer qu’au point de vue strictement littéraire ; nous n’aborderons à dessein ni la politique, ni la philosophie, ni la religion.
Ces pages-là, si vraies de couleur et de sentiment, sont surtout belles par la philosophie élevée ou elles aboutissent : cela commence par l’aquarelle et finit par le rayon d’Emmaüs.
Daunou, pût y écrire son beau discours sur le xiiie siècle, il a fallu que la révolution française et le xviiie siècle entier vinssent déposer leur définitive expérience au sein du plus prudent successeur de Voltaire, d’un écrivain consommé et sûr, qui s’est mis à introduire la philosophie d’un air de bénédictin et sous le couvert des faits.
Cette toile de Pénélope, dans la science et la philosophie, amuse les amants de l’humanité, qui s’imaginent toujours que le soleil ne s’est jamais levé si beau que ce matin-là, et que ce sera pour ce soir à coup sûr le triomphe de leur rêve.
M. de Chateaubriand s’imagina qu’il était généreux à lui de venir au secours de Fontanes, lequel n’avait guère besoin d’aide, et aurait eu besoin plutôt de modérateur : dans une Lettre écrite à son ami, mais destinée au public, et qui fut en effet imprimée dans le Mercure, il prit à partie la doctrine de la perfectibilité en se déclarant hautement l’adversaire de la philosophie.
Sans philosophie originale, sans expérience personnelle du cœur humain, incapable d’aller au-delà du décor et du masque, il ne pouvait faire, il ne fît dans ses Satires et ses Épîtres morales, que répéter des lieux communs.
Dans les genres qui semblent plus particulièrement les facultés du dix-septième, la poésie, le théâtre, l’éloquence religieuse, la philosophie morale, les pertes ne sont pas compensées par quelques beautés inspirées des anciennes, ni par d’heureuses nouveautés restées trop loin de la perfection.
Et qu’il aurait aimé le reconnaître si un peu de philosophie franche, virilement admise et positivement envisagée, l’eût, contre tout prétexte d’idiosyncrasie, dissuadé de trouver la vie si drôle et le fait ordinaire si irrémédiablement pitoyable, tant dans sa psychologie spécifique que dans sa connexité avec les entités naturelles.
Un trait austère lui est resté de cette école presque monastique, de cette philosophie qui était une théologie.
Dans le peu de temps que je fus dehors, sa philosophie opéra si bien et eut tant de pouvoir sur elle pour lui faire supporter son malheur, que je la trouvai qui jouait avec son hôtesse.
Je voudrais seulement que vous missiez dans votre cœur le demi-quart de la morale et de la philosophie qu’ils contiennent.
Après quelques incertitudes sur le choix du lieu, il se détermina pour l’Orient, pour ce berceau des antiques religions ; il se mêlait bien encore à son dessein quelque chose de la philosophie curieuse et destructive dont il était fils : cette fois du moins, dans l’exécution, cet esprit négatif ne se donna point carrière comme plus tard.
Le problème est capital pour la psychologie, non moins que pour la morale et la philosophie générale.
Par une évolution pareille et simultanée, l’histoire va du héros à l’homme, de l’action au mobile, du corps à l’âme ; et elle se tourne vers cette biographie que Montaigne appelle « l’anatomie de la philosophie, par laquelle les plus abstruses parties de notre nature se pénètrent ».
On suppose que dans la formation des langues l’ordre d’apparition des mots a été inverse de l’ordre de disparition constaté dans certaines maladies, les mots précis ayant été trouvés ou fixés les derniers, quand les esprits ont été capables d’idées nettes bien délimitées, tandis que les mots abstraits, appris d’abord, tels grands mots de la religion, de la philosophie, de la politique, restent dans les lobes, et témoignent jusqu’à la dernière heure de la puérilité d’une intelligence.
Plus les religions dogmatiques deviennent insuffisantes à contenter notre besoin d’idéal, plus il est nécessaire que l’art les remplace en s’unissant à la philosophie, non pour lui emprunter des théorèmes, mais pour en recevoir des inspirations de sentiment. « La moralité humaine est à ce prix, et la félicité. » Aussi, selon Guyau, les grands poètes, les artistes redeviendront un jour les initiateurs des masses, les prêtres d’une religion sociale sans dogme. « C’est le propre du vrai poète que de se croire un peu prophète, et après tout, a-t-il tort ?
Juriste de formation, philosophe lecteur de Leibniz, criminologue opposé à Lombroso, psycho-sociologue rival de Durkheim, collaborateur depuis 1880 de la Revue philosophique de Ribot, co-directeur avec Lacassagne des Archives de l’anthropologie criminelle à partir de 1893, Tarde occupera en 1900 la chaire de « Philosophie moderne » du Collège de France.
Mais, quelque peu philosophe qu’une nation puisse être sur ce point, l’orateur qui veut réussir auprès d’elle, doit se conformer aux préjugés qui la dominent, et qu’on peut appeler la philosophie du vulgaire ; le génie même les braverait en vain, surtout chez un peuple léger et frivole, plus frappé du ridicule que sensible au grand, sur qui une expression sublime peut manquer son effet, mais à qui une expression populaire ou triviale n’échappe jamais, et qui à la suite de plusieurs pages de génie, pardonne à peine une ligne de mauvais goût.
— mais celle de ce livre, lilas et satiné comme l’album d’une jeune miss, est une perfidie par trop féminine, et, comme l’admiration de l’auteur pour la philosophie de Shelley, qui s’était noyé dans le panthéisme bête avant de se noyer, en chair et en os, dans le golfe de Spezzia, cette perfidie est aussi beaucoup plus celle d’un bas-bleu que d’un corsaire rouge.
Le bourgeoisisme, qui est à l’histoire ce que le rationalisme est à la philosophie, abhorre la légende et la distingue de la réalité.
Elle devait encore réparer ces pertes dans notre siècle, par un grand nombre de termes que la connaissance générale de la philosophie, des sciences et des arts, a répandus parmi nous, et qu’elle a rendus, depuis trente ans, familiers à la nation.
De cette différence d’idées accessoires naissent deux sortes de dérivation ; l’une que l’on peut appeller philosophique, parce qu’elle sert à l’expression des idées accessoires propres à la nature de l’idée primitive, & que la nature des idées est du ressort de la Philosophie ; l’autre, que l’on peut nommer grammaticale, parce qu’elle sert à l’expression des points de vûe exigés par l’ordre de l’énonciation, & que ces points de vûe sont du ressort de la Grammaire. […] Il est évident en premier lieu qu’un recueil de cette espece doit faire la matiere d’un ouvrage exprès, dont l’exécution supposeroit une patience à l’épreuve des difficultés & des longueurs, une connoissance exacte & réfléchie de notre langue & de ses origines, & une philosophie profonde & lumineuse ; mais dont le succès, en enrichissant notre grammaire d’une branche qu’on n’a pas assez cultivée jusqu’à présent, assûreroit à l’auteur la reconnoissance de toute la nation, & une réputation aussi durable que la langue même. […] D’autres fois on supplée par cet artifice à une énumération ennuyeuse & impossible de noms propres ; les philosophes de l’antiquité, au lieu du long étalage des noms de tous ceux qui dans les premiers siecles ont fait profession de philosophie. […] « Il se trouve essentiellement dans toutes les langues, dit-il, ce que la Philosophie y considere, en les regardant comme les expressions naturelles de nos pensées : car comme la nature a mis un ordre nécessaire dans nos pensées, elle a mis, par une conséquence infaillible, un ordre nécessaire dans les langues ». […] Il n’y a que le coup d’oeil perçant & sûr de la Philosophie qui puisse appercevoir ces relations & ces points de réunion, d’où la lumiere se répand sur tout le systeme grammatical, & dissipe tous ces phantômes de difficultés, qui ne doivent souvent leur existence qu’à la foiblesse de l’organe de ceux qu’ils effraient.
En 1839, quand il va entrer en philosophie, Flaubert se préoccupe de faire parmi les professeurs du collège la remonte des personnages pour l’invisible Garçon : « Le Garçon, cette belle création si curieuse à observer sur le point de vue de la philosophie de l’histoire, a subi une addition superbe, c’est la maison du Garçon, où sont réunis Horbach, Podest, Fournier, etc… et autres brutes17. » On sait qu’Ubu est le professeur Hébert, du lycée de Rennes, porté sur le théâtre des Phynances, et qui, plus heureux que le Garçon sur le théâtre du Billard, s’est exprimé par une œuvre définitive. […] Ils sont écrits précisément à l’imitation des Confessions de Rousseau, qu’il a lues cette année 1838, en préparant son baccalauréat de philosophie. […] » Mais Rousseau tire de son malheur et de son échec un rêve d’amour et de reconstruction, tandis que ce qu’appellent les imprécations du jeune Flaubert, c’est l’écroulement, la ruine de tout ; les déclamations de Rolla viennent relayer les Confessions, et la philosophie du jeune homme est à peu près celle des Blasphèmes, de Richepin, c’est-à-dire d’un Homais qui aurait bu l’alcool de son bocal à ténia. […] Jules de Gaultier, a voulu tirer de Madame Bovary toute une philosophie, le bovarysme, comme M. […] Ce cocuage spontané fait fonction chez lui d’esprit, comme la faute de la fatalité fait fonction de philosophie.
Ces mystères recouvraient la philosophie la plus pure. […] Je ne pense pas qu’il y ait énormément plus de philosophie dans le Faust lui-même. […] Il est vrai qu’il a ajouté (mais personne n’y a fait attention) : « Elle est fort séduisante, cette philosophie naturaliste de Molière ; mais elle est un peu bien dangereuse aussi et elle ne pare pas à tout. […] La philosophie d’un Lacenaire est purement négative. […] Car Barbe-Bleue est bien de cette époque néfaste et charmante où l’on prenait la vie si gaiement et avec une philosophie si dégagée.
L’énumération n’est utile comme moyen oratoire que lorsqu’elle est longue ; or, si l’on voulait compter toutes les conquêtes que la philosophie a faites chez les femmes dans le monde entier, on ne trouverait pas une liste aussi nombreuse que celle de don Juan, en Espagne seulement. […] Il y a du vrai, croyez-le bien, dans ces deux aphorismes, qui semblent, au premier abord, dictés par une philosophie sans entrailles : tout pays a le gouvernement qu’il mérite ; chacun se fait son sort. […] D’abord sa tolérance : voici monseigneur Bienvenu qui dîne avec un sénateur athée qui lui débite, après boire, de la façon la plus saugrenue, sa philosophie matérialiste. […] De nos jours, une philosophie à peu près officielle est entrée en domesticité chez lui, porte la livrée du succès, et fait le service de son antichambre. […] Mais on y trouve mieux que cela : la peinture simple et vraie du sentiment national, une philosophie douce et pourtant railleuse, qui laisse deviner ses conclusions plutôt qu’elle ne les formule, et la représentation fidèle de certains aspects de la société italienne qui ont dis
… Et toi, que nous voyons avec une tendresse respectueuse, assis sur le trône de Henri IV et de Louis XIV, écoute toujours la voix de la philosophie, c’est-à-dire de la sagesse. » — Un Louis XIV philosophe, c’est toute la politique de Voltaire. […] Dans les Lettres persanes il expose, mais avec beaucoup plus de profondeur que Voltaire, ce qu’on appellera plus tard la « philosophie du Mondain » ou « l’économie politique du Mondain ». […] Quelle est donc l’espèce de philosophie qui fait dire des choses que le sens commun réprouve du fond de la Chine jusqu’au Canada ? […] Je vous ai pardonné toujours votre fureur contre la philosophie ; pardonnez-moi la mienne contre la cohue des enquêtes. […] Gardons-nous d’introduire le fanatisme dans la philosophie.
Décidément le genre allégorique succède ; c’est alors la vogue et le règne de la poésie symbolisée et moralisante, du Roman de la Rose, dont les dernières parties contiennent une espèce d’Encyclopédie de la fin du xiiie siècle, et expriment une philosophie des plus avancées ; ce Roman de la Rose, qui, en commençant, n’était qu’un Art d’aimer, finit par être un De Natura rerum. […] Le trop de philosophie peut aussi engendrer, à la fin, trop d’indifférence.
parce que les scènes invraisemblables, le comique arbitraire, les cérémonies burlesques, les Turcs, la danse des dervis, dara, dara bastonnara, toutes ces charmantes folies enfin, qui sont comme un souvenir de la comédie ancienne, nous font sortir un peu de la réalité qui nous obsède dans les scènes avec le maître de philosophie et avec Nicole. […] Non, Molière, la philosophie « n’apprend point à bien faire un potage », mais elle aurait dû vous apprendre à respecter le savoir, et à ne point faire de petits jeux de mots contre le raisonnement, qui, bien loin de « bannir la raison », lui fait apercevoir par la voie des conséquences logiques tant de choses qu’on n’aurait jamais soupçonnées !
De là mille larmes encore, mais délicieuses et sans amertume ; de là mille joies secrètes, mille blanches lueurs découvertes au sein de la nuit ; mille pressentiments sublimes entendus au fond du cœur de la prière, car une telle âme n’a de complet soulagement que lorsqu’elle a éclaté en prière, et qu’en elle la philosophie et la religion se sont embrassées avec sanglots. « En ce temps-ci, où par bonheur on est las de l’impiété systématique, et où le génie d’un maître célèbre22 a réconcilié la philosophie avec les plus nobles facultés de la nature humaine, il se rencontre dans les rangs distingués de la société une certaine classe d’esprits sérieux, moraux, rationnels ; vaquant aux études, aux idées, aux discussions ; dignes de tout comprendre, peu passionnés, et capables seulement d’un enthousiasme d’intelligence qui témoigne de leur amour ardent pour la vérité.
Les sciences et la philosophie ont tellement pénétré notre société moderne, qu’il est juste de dire que nous ne voyons plus le monde et les hommes du même œil que nos grands-pères. […] (Littérature et philosophie mêlées discours prononcé aux funérailles de Balzac, vol.
Pourquoi le lien léger et immortel de la poésie n’envelopperait-il pas, ne relierait-il pas toutes choses, comme la science même ou la philosophie ? […] Voir la Philosophie du style, dans les Essais d’esthétique.
Alphonse de Lamartine personnifie bien, en lui seul, et surtout, l’âme élégiaque de 1830, et que la grave et désespérante philosophie pessimiste se retrouve toute entière en telles œuvres de M. […] Mais tous, chacun pour son charme ou pour la joie infime retrouvée à leur lecture, et mes sympathies sont tout aussi bien au poète inconnu — ou méconnu — qui chanta dans la solitude de sa province lointaine, qu’à tel autre sacré dieu — ou plus. — Mais puisque question il y a : Verlaine, entre tous, Verlaine pour avoir tenté et presque accompli la synthèse poétique de la philosophie de Vigny avec l’impertinente grâce de Musset. — Fêtes galantes et Poèmes Saturniens — la grandiloquence de Hugo — les Voix — et les glorieuses hontes de Villon — Liturgies intimes — notre Verlaine enfin parce que Roi et vraiment le seul.
RABIER se rallie à cette opinion dans ses Leçons de philosophie, t. 1, Psychologie, pp. 187-192. […] HÖFFDING, UeberWiedererkennen, Association und psychische Activität (Viertelfahrsschrift f. wissenschaftliche Philosophie, 1889, p. 433).
Elle vit, rue Jacob7, au Paradis terrestre, et comme l’influence de la philosophie grecque est aux États-Unis plus sensible qu’en France, elle est arrivée à Paris platonicienne, comme d’autres avec le désir d’acheter des robes chez Lanvin. […] George Eliot est le sujet d’une méditation d’où Bremond semble tirer toute une philosophie de la vie. […] Dans les Mystères d’Eleusis 40, il résout un problème qui touche aux origines du christianisme, et il donne ainsi de l’actualité à l’histoire des religions primitives ; sa conclusion est qu’il n’y a jamais eu de philosophie éleusinienne, que nous sommes en présence, non pas d’une religion, mais de manifestations où la magie joue le rôle principal et que les traits de détail que l’on peut retrouver dans les mystères et dans le christianisme ne sont que des expressions quasi spontanées du sentiment religieux. […] Il fabriquait du drap à Roubaix et à Elbeuf, comme il fait toujours ; un prix de philosophie au concours général lui avait, certes, un moment, donné de l’ambition littéraire : il avait même publié à ses frais, et pour lui seul, à Rouen, un petit volume de réflexions et de portraits que de tardifs scrupules lui avaient fait mettre au pilon, ce dont Maurois n’a pas encore de regrets.
La musique est bien l’art qui convenait à une époque dont la principale philosophie n’a voulu voir dans le mal qu’une forme inférieure du bien, et dans nos vices que des vertus à leur plus bas degré de développement. […] S’en étonner serait presque aussi puéril que de s’étonner de la puissance de la religion ; on peut faire ce rapprochement sans blasphème, car la musique a sur les autres arts précisément la même supériorité que la religion sur les philosophies. […] Leur philosophie est la raison de leur poésie et leur poésie la raison de leur philosophie. […] Il y a longtemps que la fameuse méthode d’autorité a été abolie dans les sciences et la philosophie ; mais il est une province de l’activité humaine où elle conserve toujours son empire : je veux dire les voyages. […] « Je ne sais, mais il me semble quelquefois que la science du cœur humain est encore aujourd’hui dans l’état où était la philosophie au temps de la scolastique.
Les mémoires, les lettres, les études spéciales, les livres de voyage, de philosophie, les histoires, les portraits, les mélanges y prennent place de droit, comme en une sorte de bibliothèque commune aux combattants de toute nature dans cette grande Bataille littéraire. […] Elle venait, en effet, de recevoir sa première leçon de philosophie positive. […] Je ne sais pas de philosophie plus doucement attrayante, plus communicative que la sienne. […] Rien de plus comique et de plus touchant que la vie de ce pauvre Mâdou, condamné à cirer les souliers de ses camarades et prenant ainsi une bien dure leçon de philosophie à l’endroit des vicissitudes d’un futur souverain. […] Combien douce et aimable est la philosophie de Michelet.
. — Opium et haschich, ou la philosophie des Fleurs du Mal. — M. […] On pourrait dire des Paradis artificiels qu’ils contiennent la « philosophie » des Fleurs du Mal. […] En politique, ils croient au rythmeh ; En philosophie, — au rythme ; En morale, — au rythme. […] Dans ce rapport, il n’est pas soufflé mot de l’histoire ni de la philosophie. […] Littré dans une étude officielle sur l’histoire et la philosophie contemporaines.
Ninon, qu’il connaissait et avec laquelle il était lié, lui avait autrefois adressé, à l’occasion de l’une de ses espérances manquées, quelque consolation assaisonnée de réprimande et quelque rappel à la philosophie ; il lui répondait avec bonne grâce, en lui donnant raison sur le fond : Quant à l’extérieur, ajoutait-il, il faut faire à peu près comme les autres, et c’est être fou que de vouloir être sage tout seul… Qu’on me laisse chez moi vivre en repos ; qu’on m’y laisse choisir mes plaisirs et mes amusements et jouir tranquillement de mon bien, je serai trop content ; mais cela est impossible en ce pays-ci ; c’est la pierre philosophale qu’on cherche inutilement depuis tant de temps : tout le monde vient vous y tourmenter.
Vous êtes la personne qui me comprendrait, et si nous sommes assez longtemps ensemble, je ferai avec vous un cours de ma philosophie que je donnerai au public.
Jamais a-t-on mieux parlé de cette ville heureuse, ou rien de chagrin, de jaloux, de rigide et d’austère s’affligeait le regard et ne mortifiait la joie du voisin ; où l’on jouissait rien qu’à y vivre, à y respirer, à s’y promener, et où la seule beauté des bâtiments et des constructions, la beauté du jour et certain air de fête secouaient loin de l’esprit la tristesse72 ; où l’on aimait le beau avec simplicité et la philosophie sans mollesse, où la richesse était à propos et sans faste, où le courage n’était pas aveugle (comme celui du Mars fougueux), mais éclairé et sachant ses raisons (comme il sied à la cité de Minerve) ; véritable Athènes selon l’idéal de Périclès, sa création et son œuvre à lui, l’école de la Grèce (Ελλάδος Ελλάς Αθήναι), telle qu’il l’avait faite durant les longues années de sa domination personnelle et puissamment persuasive : car on a dans Périclès le type le plus noble et le plus brillant du chef populaire, d’un dictateur de démocratie par raison éloquente, par talent et persuasion continue.
Je ne puis croire d’abord que vous me refusiez l’ornement que je sollicite pour mon livre, et, dans tous les cas, bien que j’aie la conscience de m’être souvent lourdement mépris et surtout d’être passablement ignorant dans l’histoire de la philosophie où vous tenez le sceptre, Wyttenbach (in qua tu régnas, Wyttenbachi), j’aime à croire que vous êtes trop généreux pour songer à faire de moi un sujet de risée : ce n’est pas là le caractère que je vous connais. » Un érudit plus ferré que Boissonade, et plus crâne aussi, eût répondu aux amis de Wyttenbach : « Je l’attends l’arme au poing et je serai toujours prêt à le servir. » Un beau duel avec un illustre est une bonne fortune pour tout débutant qui aspire à se faire un nom.
Les docteurs, depuis si vigilants sur l’article de la philosophie, ne paraissaient pas se douter en 1715 qu’ils distribuaient un premier poison.
La philosophie peut être aride et délétère, l’art ne doit l’être jamais.
En prêchant votre tradition stricte, en l’appuyant surtout d’exemples et de détails plus féconds, vous empêcherez quelques défauts dans d’estimables esprits ; vous les empêcherez, s’il se peut, de porter dans des genres sérieux et sobres, philosophie, histoire, etc., la recherche de qualités étrangères au genre et à leur esprit même.
Remarquez encore que chacun porte dans sa philosophie et sa théologie son humeur, ce qu’on oublie trop.
Si les nations étaient en paix au-dehors et au-dedans, les arts, les connaissances, les découvertes en divers genres feraient chaque jour de nouveaux progrès, et la philosophie ne perdrait pas en deux ans de guerre civile, ce qu’elle avait acquis pendant des siècles tranquilles.
Depuis cent cinquante ans, il règne dans la littérature, dans la philosophie, dans la science, dans l’éducation, dans la conversation, en vertu de la tradition, de l’habitude et du bon goût.