Mais si l’observateur qui est au sommet de la montagne est bien placé pour étendre au loin ses regards sur toute une contrée, dans un horizon d’autant plus vaste que la montagne est plus élevée, ne peut-il pas arriver aussi qu’un rideau de nuages lui dérobe quelquefois plusieurs objets importants ?
La parole continuera d’être fécondée par la religion, ainsi que nous l’avons dit ; et l’étude des langues où sont enfermées comme dans une arche voilée aux regards les traditions primitives du genre humain, entretiendra ce genre d’activité des esprits, cette continuité de traditions.
Mais il faut auparavant jeter quelques regards en dehors de sa terre natale et de ses grandes colonies, par-delà cet horizon couronné d’une si éclatante lumière, qui commençait à Syracuse et que fermaient les Cyclades, la côte d’Asie et la terre d’Égypte.
Nous n’apercevons pas Dieu, mais nous le concevons, sur la foi de ce monde admirable exposé à nos regards, et sur celle de cet autre monde plus admirable encore que nous portons en nous-mêmes. […] Dans ce regard satisfait, dans le gonflement des narines, dans l’élévation de la lèvre inférieure, on sent à la fois une colère mêlée de dédain, l’orgueil de la victoire et le peu de fatigue qu’elle a coûté. […] Et dans la plus belle époque de l’art, Eschyle et Phidias ne portèrent-ils pas une grande liberté dans les scènes religieuses qu’ils exposaient aux regards des peuples, soit au théâtre, soit au front des temples ? […] Les arts s’appellent les beaux-arts, parce que leur seul objet est de produire l’émotion désintéressée de la beauté, sans regard à l’utilité ni du spectateur ni de l’artiste. […] Ainsi, nul regard au-delà de cette terre : nul recours à un juge tout-puissant, tout juste et tout bon, contre les jeux du sort et les imperfections de la justice humaine.
Michèle de Burne, si jolie dans son éclat doré, avec son nez fin et souriant et son regard de fleur passée, est une mondaine accomplie. […] Sa parole haletante, brève, imagée, annonce un tout autre génie ; son regard fiévreux trahit le poète, et en vérité il est poète autant que savant. Je voudrais vous peindre ce noir regard d’arabe sur son pâle visage aux traits accentués, qui porte les traces d’une extrême délicatesse de tempérament. […] Les habitudes négligées de sa personne et de son vêtement, son allure courbée, son regard vague, sa parole sourde et comme intérieure, tout en lui trahissait l’homme songeur et méditatif. […] Sa jolie infirmité fut de toujours nuer, nacrer, iriser l’univers et de porter sur la nature un regard féerique qui l’inondait d’azur et de rose tendre.
Or, pour vaste que soit la profondeur de son regard, l’artiste ne peut enfermer sous sa paupière le déploiement indéfini des horizons vivants. […] Prenons par exemple cette pièce intitulée Regards. L’auteur nous veut parler des regards pauvres et las. […] Ô ces regards pauvres et las ! […] Jamais on n’avait encore embrassé d’un plus vaste regard une succession continue de chefs-d’œuvre pour en mieux fixer la commune origine.
Les génies des autres races échappent et fuient sous le regard de l’observateur ; celui-là a vraiment cette franchise dont les peuples germaniques faisaient la première vertu de l’homme ; il se laisse voir tel qu’il est et ne dissimule rien de lui-même. […] — dès que la froide attention vient fixer sur elles son regard inexorable. […] Nos yeux aiment à se détourner parfois des acteurs pour surprendre les émotions de l’âme sur les visages des spectateurs, pour découvrir dans le jeu expressif et muet de leurs regards et de leurs sourires les inquiétudes de leur conscience ou les arrêts de leurs jugements. […] Leurs yeux se sont rencontrés et leurs regards se sont mutuellement envoyé l’étincelle à laquelle s’est allumée cette flamme implacable qui ne s’éteindra pas avant que leur être entier soit consumé. […] Je ne pus lui répondre que par un regard de sympathie reconnaissante et un profond soupir, et je retournai à votre logement, que j’ai loué jusqu’à votre retour, pour me résigner à mon malheur.
L’été, c’est la saison de feu ; C’est l’air pur et la tiède aurore : L’été, c’est le regard de Dieu ! […] Plusieurs fois il osa être de son opinion contre le roi, et contre le grand Condé, si terrible dans la dispute, et qui, comme sur les champs de bataille de Rocroi et de Lens, « étonnait de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups. » Boileau, devant le Père de la Chaise, fit l’éloge d’Arnaud disgracié. […] Ces prédestinés, chez qui le germe du mal est tout à fait natif, quelle que doive être l’heure de son développement, sont surtout des sujets dignes d’une observation émue par les habitudes délicates que leur âme semble s’être données en harmonie avec la délicatesse de leur constitution physique, par l’activité du sentiment, la sensibilité poétique ou religieuse et la spiritualité que suggère vaguement un danger organique dont on n’aura peut-être conscience que bien tard ; n’importe : l’empreinte est marquée de bonne heure dans la physionomie expressive, animée ou profonde, le regard trop lumineux, rapide et touchant, la voix vibrante et tendre. […] L’une et l’autre faussent tout : la voix, et le regard, et le geste, et toute la personne. […] Une admirable nature frappa ses premiers regards.
Le Monarque jeta des regards bienfaisans sur les Arts & sur les Sciences ; & comme ils devoient tous concourir à sa gloire, le génie commença d’abord par perfectionner la langue destinée à transmettre à la postérité les merveilles de son règne. […] Dans ces temps du bon goût, ce n’étoient pas seulement les Orateurs que les filles de Mémoire inspiroient ; elles se plaisoient encore à mêler leurs chants célestes aux accords de la lyre des Quinault & des Lulli ; elles faisoient revivre les pinceaux des Apelles & des Zeuxis, & ranimoient le ciseau des Phydias & des Praxitelles ; elles portoient avec complaisance leurs regards sur ces Monumens immortels, qui s’élevoient par la magnificence & pour la gloire du Monarque & des Arts ; en un mot aucun genre ne pouvoit demeurer imparfait. […] Un Roi jeune & victorieux, une Cour brillante, qui ne respiroit que la gloire & la galanterie, où l’on ne songeoit qu’à plaire, où du sein des plaisirs on voloit à la victoire, frappèrent les premiers regards de Racine ; ainsi, lorsqu’il choisit l’amour pour être l’ame de ses Tragédies, il suivoit à la fois le goût qui dominoit alors, & le penchant de son cœur.
généreux, dévoués, se chargeant eux-mêmes, s’accusant de tout : Bories le premier, Bories, jeune martyr au front calme, au cœur résigné, plein de vertu et de génie, confondant ses juges, consolant et relevant ses compagnons ; les soutenant sur la charrette du supplice contre l’horreur d’une mort méconnue ; les faisant monter avant lui sur l’échafaud pour les affermir jusqu’au bout de son regard et de sa voix ; Bories, figure mélancolique et sans tache, luttant contre l’oubli ; nom sublime à inscrire dans la mémoire publique à côté des Roland, des Vergniaud, des Oudet, des Hoche et des Manuel ! […] Poitrine large et forte, constitution qu’on eût dite des plus robustes, épaules carrées (il avait une grosse veine bleue sur la poitrine à droite, près du sein, qui frappait tout d’abord le regard), la voix toujours ferme et haute sans fatigue, l’appétit solide même durant ses souffrances, sans répugnance pour aucun mets, pas de délicatesse maladive, un organisme des plus sains, de lésion nulle part, sauf celle produite par la maladie dont il est mort, et qui n’était peut-être pas incurable.
Le jour, ces collines semblent arides et calcinées par le soleil romain ; le soir, le jeu de l’ombre qui grandit et de la lumière qui se retire les revêt d’une apparence de fertilité qui caresse agréablement le regard ; on dirait aussi qu’elles se meuvent dans le lointain bleuâtre de l’horizon comme des vagues sombres de la haute mer au souffle d’un vent du soir. […] Je crois Ferney plus beau ; les regards étonnés, Sur cent vallons fleuris doucement promenés, De la mer de Genève admirent l’étendue, Et les Alpes, au loin s’élevant dans la nue, D’un large amphithéâtre embrassent les coteaux Où le pampre en festons rit parmi les ormeaux.
L’homme de désir et d’espérance élève involontairement ses regards vers cette lueur crépusculaire, pendant que le vulgaire regarde en bas. […] L’amour veut être libre et dégagé de toute affection du monde, afin que ses regards pénètrent jusqu’à Dieu sans obstacle, afin qu’il ne soit ni retardé par les biens, ni abattu par les maux du temps.
Un regard rapide jeté sur le siècle qui vient de s’écouler prouve déjà que, si l’on veut porter un jugement sérieux, il faut, comme toujours, opposer en un tableau bilatéral les pertes et les gains littéraires qu’on peut attribuer à l’orientation politique de la France nouvelle. […] Il faudrait mettre tout cela en regard des services éminents que Paris a rendus et rend encore en affinant les esprits, en émancipant la pensée, en grossissant par la liberté de mœurs qu’il permet à ses hôtes et à ses habitants les types offerts à l’observation, en y rassemblant sur un même point tant de personnes originales et intelligentes que les idées se respirent, pour ainsi dire, dans l’air ambiant.
Le motif est ensuite repris par les instruments à vent les plus doux ; les cors et les bassons en s’y joignant préparent l’entrée des trompettes et des trombones, qui répètent la mélodie pour la quatrième fois, avec un éclat éblouissant de coloris, comme si dans cet instant unique l’édifice saint avait brillé devant nos regards aveuglés, dans toute sa magnificence lumineuse et radiante. […] Il superpose à la partition des images riches et évocatrices et décrit même un véritable tableau, traduisant en un langage pictural la musique de son futur beau-fils : « éclat éblouissant de coloris », « regards éblouis », jusqu’à l’assimilation de la mélodie à une fleur « monopétale ».
et parmi ces langueurs agonisantes, c’est déjà le très océaneux aperçu, le lent sublime immensément distant vers où l’on avait rêvé, le fuyant idéal, ah, par le désir de qui l’on est damné : et une force juvénile a brisé la force massive ; encore les gémissements, profonds, souterrains, décroissants et implorants, et des lamentations, les lentes plaintes des destinées évanouies : hélas, j’eus des jours victorieux, je fus puissant, je fus un regard levé au ciel, je fus heureux, je meurs, hélas, hélas ; plaintes, lamentations et gémissements, qui se traînent à terre et s’affaissent, en la vision de l’idéal et du désir qui l’a perdu ; car voilà qu’une commisération s’est élevée, large comme les sanglots mourants, comme l’éloignement des entrevus effacés, et qu’une intime commisération monte envers la brillant Siegfried des Victoires pour l’Or, et l’âme avec tant de regrets périe s’exalte en une charité, oh Fafner, âme simple, et tu dis en ta mort la pitié des quelconques chercheurs d’idéal. […] ma face était de fiancée ; et il passa me disant « je suis l’Amant, sois l’Amante » ; il passait, l’attendu, l’élu, et qui m’offrait l’holocauste de son amoureuse divinité ; et — ah — je ne le connus point, je ris, je le dédaignai, je ris, je le chassai, je ris, je le refusai ; et le regard de son adieu me regarda dans la plainte et la compassion.
Il me semble vivre, un moment, dans les fonds fauves d’une de ces vieilles toiles, dont les maîtres vénitiens entourent un couple d’amoureux, pâlement enfiévrés, et aux lèvres, aux regards de sang. […] Il s’étonnait de ne l’avoir pas retrouvée, et moi il me semblait, aussi, que mon regard n’avait pas rencontré le petit cabinet en laque, de la vente Montebello, acheté pour son compte, par Mallinet, 2 700 francs.
Que l’on se rappelle toutes les physionomies modernes que le romancier a mises dans notre mémoire, les camarades de Frédéric Moreau, les hôtes des Dambreux, le père Régimbard imposant, furibond et sec, Arnoux, la délicieuse héroïne du livre ; puis la figure de Madame Bovary, les grotesques, Rodolphe brutal et fort, les croquis des comices, le débonnaire aspect du mari, et les merveilleux profils de l’héroïne toutes ces figures et ces statures sont retracées analytiquement, en traits et en attitudes ; ainsi : « Jamais Mme Bovary ne fut aussi belle qu’à cette époque… Ses paupières semblaient taillées tout exprès pour ses longs regards amoureux où la prunelle se perdait, tandis qu’un souffle fort écartait ses narines minces et relevait le coin charnu de ses lèvres qu’ombrageait à la lumière un peu de duvet noir. […] Dans la Tentation il s’est élevé à l’intuition pure de cette idée spéculative et la propose aux regards avec la moindre somme d’éléments connexes, mais non sans que ceux-ci interviennent.
Visage, regard, lèvres, fibres sourdes ou éclatantes de la voix, stature, démarche, orteils crispés sur la planche, gesticulation serrée au corps ou s’élevant avec la passion jusqu’au ciel, rougeurs, pâleurs, frissons, frémissements ou convulsions de l’âme communiqués de l’âme à l’épiderme et de l’épiderme de l’acteur à celle d’un auditoire transformé dans le personnage, cris qui déchirent la voûte du théâtre et l’oreille du spectateur pour y faire entrer la foudre de la colère, gémissements qui sortent des entrailles et qui se répercutent par la vérité de l’écho du cœur, sanglots qui font sangloter toute une foule, tout à l’heure impassible ou indifférente, gamme entière des passions parcourue en une heure et qui fait résonner, sous la touche forte ou douce, le clavier sympathique du cœur humain : voilà la puissance de ces hommes et de ces femmes, mais voici aussi leur génie ! […] V Nous ne voulons pas écrire ici la vie de Racine, malgré la corrélation intime qui, pour le regard clairvoyant du philosophe, existe entre le poète et ses œuvres.
Nous avons entrevu dans tous les climats bien des femmes dont les traits éblouissaient les yeux, dont le timbre de l’âme dans la voix ébranlait le cœur, dont les regards répandaient plus de lueurs qu’il n’y en a dans l’aube et dans les étoiles d’un ciel d’Orient ; mais nous n’avons jamais vu et nous craignons qu’on ne revoie jamais (car la nature s’égale mais ne se répète pas) une créature innomée comparable à cette bayadère du ciel ici-bas. Nous disons bayadère dans le sens pur et pieux du mot, une cariatide vivante des temples de la divinité dans les Indes, l’ivresse de l’oreille et des yeux dévoilée aux hommes pour enlever l’âme au ciel par les regards et par la voix !
Il pâlissait, son regard s’altérait ; il semblait mourir d’un mal inconnu. — Le scarabée d’or l’aura mordu à la tête et lui aura filtré dans la cervelle le poison dont il meurt, — disait Jupiter. […] Ce spleenétique colossal, en comparaison de qui Lord Byron, ce beau lymphatique, ne nous apparaît plus que comme une vaporeuse petite maîtresse ; ce spleenétique colossal, malgré l’infiltration morbide de son regard d’aliéné, aies lucidités flegmatiques et transperçantes du condamné qui se sait sur son échafaud.
Mignet de dire toutes ces choses, et peut-être même ne les a-t-il jamais sues qu’à peu près : car, homme de mérite et d’un talent supérieur, il a la faculté, ce me semble, de ne voir qu’imparfaitement tout ce qui ne se passe pas en plein sous son regard ; ce qui aide fort à la sérénité.
Il le sera encore plus lorsqu’au lieu de la traduction de Du Cange, trop longue et traînante, on en aura fait une plus courte et plus nette qui, mise en regard du texte, en sera l’exact équivalent et permettra de lire à la fois et presque indifféremment l’original et la transcription plus moderne.
Le jeune administrateur, comme on l’appelait encore, s’y montre avec tous ses avantages de physionomie, de regard, de représentation : il est peint assis, jusqu’à mi-jambe, en habit habillé, avec dentelles, coiffure du temps ; la main gauche est étendue sur une console d’où tombe en se déroulant une carte de la province : ses doigts distraits s’y posent et s’y déploient quelque peu complaisamment.
Son œil était spirituel, son regard noble, sa parole douce ; il avait le maintien réservé, l’abord honnête et quelquefois un peu froid.
L’un des conducteurs est descendu, il s’appuie sur le joug, commande le repos à son attelage, et jette sur la scène un regard intelligent et fier.
Son regard est d’une vivacité et d’une franchise qui inspirent à la fois la crainte et la confiance… On a beau critiquer son système et son ouvrage, les doutes cessent quand on l’entend, et l’on ne peut être son ami sans devenir son disciple.
» Un homme qui ne veut rien blâmer, mettez ce trait en regard du trait dominant de Saint-Simon, l’onctueuse fadeur en regard de l’amertume qui s’épanche et de l’ardente causticité : c’est le combat des éléments.
Sous un chevron de bois maudit Y branle le squelette horrible D’un pauvre amant qui se pendit Pour une bergère insensible, Qui d’un seul regard de pitié Ne daigna voir son amitié.
et n’allait plus un seul instant le perdre du regard.
Ce renouvellement du premier aspect des choses, de la physionomie qu’on leur a trouvée avec les premiers regards, est, à mon avis, une des plus douces réactions de l’enfance sur le courant de la vie.
» Un jour, au temps de sa pleine gloire de tribune, Mlle Rachel, qui assistait à une séance de la Chambre, dit, après l’avoir entendu : « J’aimerais à jouer la tragédie avec cet homme-là. » Il a, en effet, le port, le geste, le regard, ce que les Anciens appelaient l’action.
si l’on est d’un art particulier, tout en restant le confrère et l’ami des artistes, savoir s’élever cependant peu à peu jusqu’à devenir un juge ; si l’on a commencé, au contraire, par être un théoricien pur, un critique, un esthéticien, comme ils disent là-bas, de l’autre côté du Rhin, et si l’on n’est l’homme d’aucun art en particulier, arriver pourtant à comprendre tous les arts dont on est devenu l’organe, non-seulement dans leur lien et leur ensemble, mais de près, un à un, les toucher, les manier jusque dans leurs procédés et leurs moyens, les pratiquer même, en amateur du moins, tellement qu’on semble ensuite par l’intelligence et la sympathie un vrai confrère ; en un mot, conquérir l’autorité sur ses égaux, si l’on a commencé par être confrère et camarade ; ou bien justifier cette autorité, si l’on vient de loin, en montrant bientôt dans le juge un connaisseur initié et familier ; — tout en restant l’homme de la tradition et des grands principes posés dans les œuvres premières des maîtres immortels, tenir compte des changements de mœurs et d’habitudes sociales qui influent profondément sur les formes de l’art lui-même ; unir l’élévation et la souplesse ; avoir en soi la haute mesure et le type toujours présent du grand et du beau, sans prétendre l’immobiliser ; graduer la bienveillance dans l’éloge ; ne pas surfaire, ne jamais laisser indécise la portée vraie et la juste limite des talents ; ne pas seulement écouter et suivre son Académie, la devancer quelquefois (ceci est plus délicat, mais les artistes arrivés aux honneurs académiques et au sommet de leurs vœux, tout occupés qu’ils sont d’ailleurs, et penchés tout le long du jour sur leur toile ou autour de leur marbre, ont besoin parfois d’être avertis) ; être donc l’un des premiers à sentir venir l’air du dehors ; deviner l’innovation féconde, celle qui sera demain le fait avoué et’reconnu ; ne pas chercher à lui complaire avant le temps et avant l’épreuve, mais se bien garder, du haut du pupitre, de lui lancer annuellement l’anathème ; ne pas adorer l’antique jusqu’à repousser le moderne ; admettre ce dernier dans toutes ses variétés, si elles ont leur raison d’être et leur motif légitime ; se tenir dans un rapport continuel avec le vivant, qui monte, s’agite et se renouvelle sans cesse en regard des augustes, mais un peu froides images ; et sans faire fléchir le haut style ni abaisser les colonnes du temple, savoir reconnaître, goûter, nommer au besoin en public tout ce qui est dans le vestibule ou sur les degrés, les genres même et les hommes que l’Académie n’adoptera peut-être jamais pour siens, mais qu’elle n’a pas le droit d’ignorer et qu’elle peut même encourager utilement ou surveiller au dehors ; enfin, si l’on part invariablement des grands dieux, de Phidias et d’Apelle et de Beethoven, ne jamais s’arrêter et s’enchaîner à ce qui y ressemble le moins, qui est le faux noble et le convenu, et savoir atteindre, s’il le faut, sans croire descendre, jusqu’aux genres et aux talents les plus légers et les plus contemporains, pourvu qu’ils soient vrais et qu’un souffle sincère les anime.
Mes regards se fixèrent sur les vitraux de la rose méridionale à travers laquelle passaient les rayons du soleil, colorés des nuances les plus éclatantes.
C’est un prophète qui ramasse sous son regard l’histoire de tous les peuples : il a impuissance ou dédain d’être fleuri.
En regard, une belle soirée : Et le soir s’abaissait.
Son regard vif devenait presque caressant dans l’intimité et d’une douceur incroyable.
Le public, qui ne lit pas ces ébauches plus ou moins téméraires et malheureuses, ne sait pas ce qu’il en coûte pour arriver jusqu’à lui, et dans ces marches forcées de l’intelligence, pour un qui atteint au but ou qui obtient du moins d’être nommé et discuté, combien d’autres tombent obscurément le long du chemin, sans une mention, sans un regard.
Dès le début, il voudrait nous faire croire qu’il est en lutte avec le génie comme avec Protée ; mais tout cet attirail convenu de regard furieux, de ministre terrible, de souffle invincible, de tête échevelée, de sainte manie, d’assaut victorieux, de joug impérieux, ne trompe pas le lecteur, et le soi-disant inspiré ressemble trop à ces faux braves qui, après s’être frotté le visage et ébouriffé la perruque, se prétendent échappés avec honneur d’une rencontre périlleuse.
Le poëte de Millevoye meurt pour avoir trop goûté de cet arbre où le plaisir habite avec la mort ; l’extrême langueur s’exhale dans cette voix parfaitement distincte, mais affaiblie160 ; il n’a pas su dire à temps comme un élégiaque plus récent, qui s’écrie sous une inspiration semblable : Ôtez, ôtez bien loin toute grâce émouvante, Tous regards où le cœur se reprend et s’enchante ; Ôtez l’objet funeste au guerrier trop meurtri !
Veillez sur vos sujets dans le rang le plus bas Tel, loin de vos regards. dans la misère expire.
Regards historiques et littéraires, 1892.
Or rien de plus facile à embrasser d’un regard que ce qui est rond.
Mais, comme l’explique un damné, « l’air du paradis est fatal à la mémoire : chacun de nous a là-haut un parent, un ami, un frère, une sœur, une mère, une femme ; de ces êtres chéris nous ne pûmes jamais obtenir un regard ».
Il a laissé dans le rôle un long souvenir de succès… « Avec des regards lubriques, des gestes à l’avenant, il forçait Elmire, en plein théâtre, à subir des grossièretés qu’il serait répugnant d’indiquer.
Louison est de celles que le regard ne quitte plus dès qu’on les a remarquées.
Il avait cinq pouces de taille de plus que Napoléon ; son front était de son père ; son œil, plus enfoncé dans l’orbite, laissait voir quelquefois un regard perçant et dur qui rappelait celui de son père irrité ; l’ensemble de sa figure pourtant avait quelque chose de doux, de sérieux et de mélancolique.
Le regard intérieur, quand il se replie sur nous-mêmes, redescend des phénomènes à l’activité, de l’activité à l’être ; mais au-dessous il plonge dans une nuit sans fond.
Cependant, s’il m’est permis de m’arrêter un instant sur les parties moins élevées du sujet qui nous occupe, nous n’aurons pas besoin du vaste regard de l’aigle de Meaux.
On n’aurait peut-être pas cru que ce regard d’observateur, qui n’allait qu’aux détails de la vie intime d’entre le lit et le berceau, s’allongerait sur les choses de la vie sociale, et qu’au lieu de sentiments délicats à exprimer de deux à trois cœurs, comme d’un fruit les gouttes d’une essence exquise, il s’occuperait un jour à démêler et à peindre des passions et des caractères.
Tels ces vers : Plus belle que Vénus, tu marches : Ton front est beau, tes yeux sont beaux, Qui flambent sous deux noires arches, Comme deux célestes flambeaux, D’où le brandon fut allumé, Qui tout le cœur m’a consumé, Ce fut ton œil, douce mignonne, Qui d’un regard traistre escarté Les miens encores emprisonne Peu soucieux de liberté, Et qui me desroba, le cœur.
Mais soudain certaine fuite du regard entr’ouvre un gouffre de bouderie. […] Son regard proclame la bonté universelle et guette partout la vilenie. […] » Mais surtout le regard de Hume ! « ce regard sec, ardent, moqueur et prolongé » que celui-ci tenait sur Rousseau, les soirs ; au coin du feu ! […] Les plus banales expériences vont lui causer des stupéfactions et des déceptions tout à fait déconcertantes au regard d’un jugement et d’une sensibilité tant soit peu prémunis.
Mes comptes d’auteur accusent, dans les mois d’été et d’automne de 1898, pour mes Réputations littéraires, mon meilleur livre, que l’intelligent regard de Cornély avait distingué entre tous les autres, une vente de… vingt-six exemplaires. […] C’était rare et curieux, le feu de ces regards disciplinés et de ces prunelles ardentes qui tutoient tout le monde. […] Quand notre regard se porte sur un des grands hommes des temps passés, nous ne pensons pas qu’il est heureux d’être aujourd’hui encore admiré de tous ; mais combien il a dû être heureux dans la jouissance immédiate d’un esprit dont les vestiges délassent encore une suite de siècles ! […] Aussi ceux qui croient prouver le néant de la renommée, en disant que ceux qui y parviennent après leur mort n’en savent rien, peuvent être rapprochés de celui qui fait l’entendu et, pour détourner un homme de jeter des regards d’envie sur un amas d’écailles d’huîtres placées dans la cour du voisin, cherche à lui en démontrer gravement l’entière inutilité71.
Nous ne les scrutons pas du regard, nous ne les étudions pas, nous ne nous posons à leur sujet aucune question. […] L’expression même de notre regard, dans la contemplation poétique, suffirait à déceler ce changement dans notre état de conscience ; il est songeur, distrait, ou étrangement fixe : on voit bien que notre pensée est ailleurs. […] Les premières cheminées d’usine se dressant à l’horizon ont paru insolites et discordantes : peu à peu, le regard s’y est fait, l’harmonie s’est rétablie. […] Pendant que nous sommes ainsi hypnotisés, qu’un incident quelconque, une sonnette qui tinte, une voix qui nous interpelle, nous tire brusquement de notre rêve : nous avons ce regard effaré du dormeur qui se réveille en sursaut. […] Les images passent ; et silencieux, charmés, nous les suivons du regard.
En elle se retrouve la véhémence sanguine et voluptueuse de l’homme, comme la caresse naïve de son regard. […] Comme sous un baiser, les vagues à l’entour S’apaisent, l’aube naît, une haleine se lève ; La vivante lumière a dissipé le rêve, Les yeux couleur de mer dans la mer sont épars, La clarté de ses eaux s’est faite leur regard. […] Le corps nerveux, bandé, comme prêt à bondir, une certaine brusquerie dans sa démarche pesante de paysan têtu, le visage maigre profondément labouré de rides, une moustache formidable, à la gauloise, où s’emmêlent aux fils d’or des fils d’argent, le regard vif et clair, Verhaeren révèle une nature étonnamment candide et spontanée. […] Je suis venu si tard Vers la douceur de ton regard Et de si loin, vers tes deux mains tendues, Tranquillement, par à travers les étendues ! […] Il convient, pour en apprécier la vigueur, de jeter aussi un regard sur les nombreuses revues.
Mais pour personne le phénomène ne ressortira avec autant de clarté que pour Flaubert ; on effleure alors le cas pathologique, et il faut se demander si l’audition des sons et l’aspect des syllabes n’arrivaient pas à provoquer en partie devant ses regards la vision matérielle de couleurs correspondantes19. […] Je reste là quelques instants, Brisé, mais l’âme inassouvie, Promenant mon regard glacé Sur l’avenir et le passé64. […] Les exemples qu’ils donnent de leur extrême impressionnabilité sont innombrables : Un regard, un son de voix, un geste leur parlaient… Il suffisait d’une nuance, d’une forme, de la couleur d’un papier, de l’étoffe d’un meuble pour les toucher agréablement ou désagréablement155. […] L’un est son regard, l’autre son sourire, Le troisième enfin est sa lèvre en fleur ; Mais je l’aime trop, c’est un vrai martyre : Avec trois fils d’or elle a pris mon cœur. […] Et, en effet, on se demande ce qu’ils ont pensé ou accompli qui mériterait davantage d’attirer les regards.
Et l’on voit, dans la succession des planches, le jeune ambitieux complotant presque enfant, se livrant aux exercices militaires, apprenant d’un tacticien mystérieux l’art de la guerre, — et le moyen magique d’être vu par le regard des hommes, sous son apparence sept fois répétée. […] Trois femmes agenouillées au bord d’une baie, le regard à la mer, pendant qu’une servante souffle avec le vent d’un écran le feu d’un réchaud sur lequel chauffe le saké. […] Un faucon sur une branche de chêne, une patte rebroussée contre lui dans un mouvement de prise de vol, avec le regard d’un oeil qui semble percevoir une proie dans le ciel. […] Un renard fuyant dans une fuite où est exprimé le détalement sournois de la bête avec l’inquiétude du regard. […] C’est un front sillonné de rides profondes ; des yeux à la patte d’oie, aux poches de dessous tuméfiées et où il y a, en leur demi-fermeture, comme un peu de cette buée que les sculpteurs de nétzkés mettent dans le regard de leurs ascètes ; c’est un grand nez décharné ; c’est une bouche démeublée à la rentrée sous le pli de la joue ; c’est le menton carré d’une volonté résolue, attaché au cou par des fanons.
Homme de belles manières, de haute taille et de fière mine, il s’imposa, dès la première revue, à l’admiration des troupes, par son air de gravité, par la droiture de son regard, par la mâle sévérité de son visage, que rehaussait une couronne de cheveux blancs. […] C’est elle qui, dans cette minute inoubliable, attire tous les regards, toutes les admirations, toutes les envies… Elle est la femme du héros, l’épouse de l’Empereur. […] Évitez ses regards langoureux, son parfum troublant, sa voix si douce. […] L’âge a éteint, dans ses yeux mornes, la flamme dont naguère s’illuminait son regard dès qu’on parlait des souvenirs de l’année terrible. […] Il laisse errer sur son horizon coutumier le regard des yeux bleus qu’il tient d’une race étrangère.
Car, mis à part quelques sages que l’habitude d’embrasser et de tenir sous leur regard toutes les données des problèmes préserve des impulsions variables de chaque jour, et dont les opinions ont des assises assez profondes pour ne pas demeurer sans cesse à la merci des souffles publics, il est de la faiblesse des hommes de régler l’orientation générale de leur esprit sur le jeu changeant des faits et des informations de surface plutôt que sur la marche réelle et la véritable substance des choses. […] Lui, ce merveilleux esprit, qui a tant compris, tant embrassé, tant senti ; lui, de plain-pied avec les plus hautes conquêtes de la pensée et les plus délicates jouissances de l’imagination, et dominant, de son clair regard, en dépit de plus d’une erreur, tant d’êtres et tant de choses ; lui, l’héritier complet de tant de siècles de civilisation supérieure, il ne se trouve rien de grand encore. […] Sur le front du directeur, la grâce touchante du sujet individuel faisait naître un sourire qui tempérait l’habituelle et insondable sévérité de son regard sur l’espèce. […] Pour qui ne borne pas ses regards à une élite assez peu nombreuse, mais les étend à la masse de la société, il ne s’en est pas vu encore d’aussi puissante que la religion. […] Je ne vise pas le reste de l’œuvre poétique wagnérienne, Tannhäuser, Lohengrin, très acceptables opéras, Les Maîtres chanteurs, fable germanique un peu lourde, qui a un gros charme adolescent Moussorgsky, musicien doué à miracle, mais sans école, étranger aux traditions qui soutiennent le compositeur, gauche, fruste, parfois pénible, jamais indifférent, imprimant à ses gaucheries mêmes un accent et un mordant extraordinaires, ourdissant un tissu qui, de loin, pourrait sembler pauvre et troué, mais qui offre à un regard plus proche des fils merveilleux, ne demandant rien qu’à lui-même, ne tirant rien que de sa propre substance, Moussorgsky, à la fois prince oriental et pauvre moujik de son art, ne chante que sous les inspirations humaines les plus exquises moralement Ce n’est certes pas un sentimental.
Il voulait cerner, analyser, rendre visible à tous les regards le mal qui est dans notre conscience, dans notre nature, dans les profondeurs secrètes de notre âme, indissolublement mêlé avec le bien. […] Évoquons, en regard, les Anglo-Saxons : comme ils diffèrent de nous sur ce point ! […] Ils n’ont pas survolé les montagnes et les océans ; ils n’ont pas été transportés par l’Esprit jusqu’au septième ciel, d’où il est donné de contempler d’un seul regard tout l’univers : ils sont restés attachés à leurs champs, qu’ils ont parcourus tous les jours, et qu’ils ont examinés comme font les myopes, du plus près qu’il leur a été possible. […] Il n’est pas d’écolier qui ne sache que l’imagination a été la qualité dominante de son génie ; qu’il a créé, comme en se jouant, les formes et les couleurs ; qu’il a suscité des mythes, comme s’ils étaient la réalité même ; que son seul regard a prêté aux choses la vie et la splendeur. […] J’y découvre une Déesse majestueuse, qui d’un seul de ses regards se rend maîtresse de mon cœur.
On admirait combien ce regard minutieux et ce sentiment délicat savaient en saisir et en interpréter les aspects mobiles. […] Avez-vous remarqué comme tous ces visages sont plissés, froncés ou pâlis, comme ces regards sont inquiets, comme ces gestes sont nerveux ?
Mais ce dédaigneux silence cessa de m’affliger lorsque, un moment après, je vis le roi répandre autour de lui cette monnaie de son regard sur des objets bien plus importants que je ne l’étais. […] Dès l’âge de dix-sept ans, la jeune chanoinesse attirait tous les regards dans cette société d’élite.
Dans les discours de collège, « le monument champêtre qu’on lui avait élevé, sous les regards de la nature101 », passait bien avant les superbes mausolées où sont renfermées les dépouille » des princes et des souverains. […] Voici mon cœur, ô mon Dieu, tu vois que je m’en souviens. » Et pourtant cette humilité, cette résolution de n’affirmer que ce qu’il croyait voir dans les obscurités de sa mémoire, sous le regard et avec le témoignage de Dieu, n’avaient pas empêché la complaisance pour lui-même de se glisser jusque dans sa pénitence.
Anna Deslions, des cheveux noirs opulents, magnifiques, des yeux de velours avec un regard qui est comme une chaude caresse, le nez un peu en chair, la bouche aux lèvres un rien entr’ouvertes, une superbe tête d’adolescent italien, éclairée de la coloration dorée de Rembrandt en ses têtes juives. […] Quelques jolis moments, comme de la voir dans la chambre en camisole, un peu de peau de-ci de-là, troussée et ballonnante, ou enfoncée dans un grand fauteuil avec des ronrons de chatte, ou bien encore, dans une allée retirée du parc, couchée tout de son long, les bras arrondis en couronne, et sa robe ondoyant tout autour d’elle, — paresseuse et blanche, enviée du regard par la marchande de coco tannée qui passe.
Macé, l’ancien chef du service de sûreté, au regard à la fois fuyard et interrogateur sous ses lunettes. […] À ce récit, et au plaisir littéraire que Daudet y mettait, Gambetta le contempla, un moment, avec un regard tout plein d’une immense commisération, et qui semblait lui dire, qu’il était condamné à rester toujours le Petit Chose.
C’est ainsi que dans les œuvres de certains poètes, des sensations ordinairement joyeuses, une journée de printemps, le déferlement d’une belle mer grise sur une plage sinueuse, le regard charmant d’une femme, se trouvent décrites en termes de mélancolie ; tandis que d’autres, renfermant en elles une particule de tristesse, sont dénoncées et calomniées. […] Dans les Sérénades, la pièce VIIl est assurément d’une émotion toute germanique ainsi que la pièce XI, qui débute par cette strophe : Tes yeux méchants et captieux, Comme le regard des chimères, Je veux les voir, bien que ces yeux Causent des peines très amères.
Ailes des paupières, nos regards volent et le vent en l’honneur duquel Picasso de chaque pierre triste a fait jaillir les Arlequins et leurs sœurs cyclopéennes et tout un monde endormi dans les secrets des guitares, l’immobilité du bois en trompe l’œil, les lettres d’un titre de journal, le vent en l’honneur duquel Chirico a construit des villes immuables et Max Ernst ses forêts, pour quelles résurrections emporte-t-il nos mains, ces fleurs sans joie. […] En même temps qu’il refuse une conception ésotérique et élitiste de la poésie, Crevel semble répondre à Roger Martin du Gard, codirecteur des Nouvelles littéraires, qui, peu de jours avant la sortie du Manifeste du surréalisme le 11 octobre 1924 publiait dans la rubrique « Opinions et portraits » un éloge ambigu de Breton : « Aujourd’hui, il a vraiment le port d’un inquisiteur ; que de tragique et de lenteur dans les regards et dans les gestes !
La science se borne à attirer notre regard sur cette matière : si nous ne localisions déjà le nombre dans l’espace, elle ne réussirait certes pas à nous l’y faire transporter. […] Pas tout à fait, sans doute, parce que nous conserverions l’idée d’un espace homogène où les objets se distinguent nettement les uns des autres, et qu’il est trop commode d’aligner dans un pareil milieu, pour les résoudre en termes plus simples, les états en quelque sorte nébuleux qui frappent au premier abord le regard de la conscience.
Un être humain qui rêverait son existence au lieu de la vivre tiendrait sans doute ainsi sous son regard, à tout moment, la multitude infinie des détails de son histoire passée. […] Une conscience qui, détachée de l’action, tiendrait ainsi sous son regard la totalité de son passé, n’aurait aucune raison pour se fixer sur une partie de ce passé plutôt que sur une autre.
Mais la matérialité de l’atome se dissout de plus en plus sous le regard du physicien. […] Le regard que nous jetons autour de nous, de moment en moment, ne saisit donc que les effets d’une multitude de répétitions et d’évolutions intérieures, effets par là même discontinus, et dont nous rétablissons la continuité par les mouvements relatifs que nous attribuons à des « objets » dans l’espace.
Encouragé par ce regard et par ce suffrage, il se remit activement à l’œuvre, et le tome Ier de son Histoire de France, avec tout l’ensemble d’images et de portraits qui la recommandent, put paraître en 1643, l’année même de la victoire de Rocroi et dans les premiers mois de la régence.
Ses exordes avaient quelque chose d’heureux et qui saisissait aisément, comme le jour où il prononça l’Oraison funèbre de Louis XIV, et où, après avoir parcouru en silence du regard tout ce magnifique appareil funéraire, il commença par ces mots : « Dieu seul est grand, mes frères !
Déjà vieux et hors de la carrière (et il ne mourut qu’à près de quatre-vingt-six ans), il disait avec un soupir, en rejetant ses regards sur le passé : Je m’en irai sans avoir déballé ma marchandise ; et comme on ne m’a jamais mis en œuvre, on ne saura point si j’étais propre à quelque chose ; je ne le saurai pas moi-même : je m’en doute pourtant, et, croyant me sentir des talents, il y a eu des temps dans ma vie où je me suis trouvé affligé en songeant qu’ils étaient perdus, et en les comparant avec ceux des personnes à qui je voyais occuper les premières places.
Ces courtes entrevues si observées, et que chacun dévorait du regard, ont été peintes par Saint-Simon avec ce feu de curiosité et de mystère qu’il met à tout ce qu’il touche : il en a même un peu exagéré le dramatique, car, dans l’un des cas, il fait de Saumery, qui était à côté du prince, une sorte d’espion et d’Argus farouche, tandis que ce n’était qu’un ami et un homme très sûr.
[NdA] Dans un lieu où les développements seraient permis, il y aurait à citer au long et à mettre en regard les passages de ces divers auteurs ; c’est ce qu’il me fut permis de faire un jour dans une de mes leçons à l’École normale et à propos de ces idées de Charron sur la convenance qu’il y a pour les mères d’allaiter elles-mêmes leurs enfants ; ayant produit le plaidoyer de Favorin, je disais à mes jeunes et studieux auditeurs : « Je cherche à établir dans vos esprits une filiation naturelle.
quel feu dans ce regard !
Le sacrifice s’est consommé ; et, grâce à cette simplicité de cœur de la victime, grâce à la sublimité des sources où elle s’inspirait, il est descendu sur elle, dans cette immolation suprême, un rayon qui ne la quitte plus et qui répand sur ce front sans tache et dans ce regard céleste la clarté sereine d’une figure de Raphaël.
Elle est de la religion politique de Burke qui ne concevait pas que dans une nation de galants hommes, dans une nation d’hommes d’honneur et de chevaliers, dix mille épées ne sortissent pas de leurs fourreaux à l’instant, pour venger une noble reine de l’insulte, ne fût-ce que de l’insulte d’un seul regard.
Ce singulier kiosque, fait en marqueterie, d’une originalité concertée et composite, qui, depuis quelque temps, attire les regards à la pointe extrême du Kamtchatka romantique, j’appelle cela la folie Baudelaire.
Au moment où elle fut dite par elle, déjà mortellement atteinte et défaillante, une telle parole dut paraître admirable, et elle l’était ; mais c’est à la condition d’y mettre aussi l’éclair du regard, la physionomie, l’accent ; il faut tout cela à sa parole pour se compléter ; sa plume n’avait pas ce qui termine : il manque presque toujours à sa phrase écrite je ne sais que] accompagnement.
Il fut le premier à sentir son infériorité ; il se fit peindre les Œuvres de son père à la main, et les regards fixés sur les vers de la tragédie de Phèdre : Et moi, fils inconnu d’un si glorieux père !
L’Enfer à peine informé s’en émeut ; Lucifer fait appel aux diables ses confrères et s’écrie : Diables d’Enfer horribles et cornus, Gros et menus, aux regards basiliques, Infâmes chiens, qu’êtes-vous devenus ?
J’ai assez dit les crimes et les excès : qu’on me laisse revenir à mon aise et reposer un peu mon regard sur ces nobles et graves figures qui apparaissent dans leur lointain, avec quelques autres également respectables, comme les bons génies si peu écoutés de la Restauration.
» aurait demandé malignement la marquise dans le jeu qui se jouait, et chacun de répondre : « Le lierre. » Tous les regards se seraient portés alors sur Mme de Motteville qui avait du lierre dans ses cheveux.
Il n’est pas en représentant ni en délégué ; il lui manque les insignes, le panache et l’écharpe ; il est en bourgeois, la tête couverte d’un chapeau ordinaire et commun, aux larges bords, les bras croisés, les cheveux longs, flottants, avec la queue derrière, dans l’attitude de l’observation sévère, ardente, pénétrante ; le profil est grave, attentif ; l’œil à moitié dans l’ombré lance un regard perçant : tout dans cette physionomie veut dire sévérité, vigilance, fermeté.
Il ne serait pas exact de penser, comme paraît l’avoir cru l’illustre écrivain, d’après une autre lettre de lui écrite à la même date et dont j’ai eu communication, que ce « philosophe critique, sans femme, sans enfants, sans affaires, spectateur curieux et douteur, ce soit moi-même », et que j’aie mis là mon portrait en regard du sien.
Léopold Delisle pour l’état des terres et le rapport des classes en Normandie ; il aurait pu citer également, en portant son regard à l’autre extrémité du royaume et vers le Midi, M.
Zeller, ne se dessine et ne commence à s’étager, à se grouper à nos regards que selon les degrés et dans les proportions véritables où elle s’est successivement formée, et où elle apparaît aujourd’hui à qui la considère à cette distance en observateur curieux et désintéressé.
Ainsi, pour le mot lyrique par exemple, dont le sens ne se borne plus à des pièces d’opéra, comme du temps de Quinault ou de M. de Jouy, mais qui comprend et embrasse, selon les meilleurs critiques, tout un vaste ensemble de poésie intime ou personnelle et d’épanchements de l’âme, en regard et à côté des genres épique et dramatique : il faudra, bon gré, mal gré, tenir compte de ces progrès de l’Esthétique, comme on dit.
Suard, en publiant en 1803 toute cette partie littéraire et morale du Voyage de Malouet, avait probablement la pensée de faire opposition, — une opposition de salon et très mitigée, — au succès d’Atala : mais que peut un dessin juste et fin en regard d’une éclatante et passionnée peinture ?
Mais, en regard et à côté, il est indispensable d’avoir sur sa table le terrible article Talleyrand, de la Biographie-Michaud, article qui est tout un volume, et qui constitue la base la plus formidable d’accusation, le réquisitoire historique permanent contre l’ancien évêque d’Autun.
Dans la pièce sur la Charité, en parlant de la femme, celui qui fut le plus harmonieux des poètes dit sans hésiter : Mais si tout regard d’homme à ton visage aspire, Ce n’est pas seulement parce que ton sourire Embaume sur les dents l’air qu’il fait palpiter… Évidemment, une révolution s’est opérée : M. de Lamartine veut prendre, en quelque sorte, dans son rhythme le trot de Victor Hugo ; ce qui ne lui va pas.
Au moment où cette belle jeune femme au regard sombre emmène avec elle son frère à cheval, fusil sur l’épaule, et sourit d’une joie maligne, on est comme miss Nevil, et un frisson vous prend : il semble qu’Orso soit ressaisi par la voix fanatique du sang, et qu’il entré sous l’influence barbare.
C’est alors surtout qu’il se livra, pour se désennuyer, à la société du prince de Conti et de MM. de Vendôme dont on sait les mœurs, et que, sans rien perdre au fond du côté de l’esprit, il exposa aux regards de tous une vieillesse cynique et dissolue, mal déguisée sous les roses d’Anacréon.
Étienne ; mais certainement, lorsqu’il retraçait les caractères de la première famille, et à mesure qu’il en dépeignait à nos regards le type accompli, on sentait combien M. de Vigny parlait de choses à lui familières et présentes, combien, plus que jamais, il tenait par essence et par choix à ce noble genre, et à quel point, si j’ose ainsi parler, l’auteur d’Éloa était de la maison quand il révélait les beautés du sanctuaire.
Un tableau qui représentait les adieux d’Hector à Andromaque, frappa d’abord leurs regards.
Je ne concevrai jamais, je l’avoue, par quel procédé de l’esprit l’on peut arriver à donner à la moitié de ses facultés le droit de proscrire l’autre : et si l’organisation morale pouvait se peindre aux yeux par des images sensibles, je croirais devoir représenter l’homme employant toutes ses forces sous la direction de ses regards et de son jugement, plutôt que se servant d’un de ses bras pour enchaîner l’autre.
Nous n’avons qu’à jeter un regard sur la société, pour constater le progrès des idées nouvelles.
« Il était laid, nous dit un contemporain628 : sa taille ne présentait qu’un ensemble de contours massifs ; quand la vue s’attachait sur son visage, elle ne supportait qu’avec répugnance le teint gravé, olivâtre, les joues sillonnées de coutures ; l’œil s’enfonçant sous un haut sourcil, … la bouche irrégulièrement fendue ; enfin toute cette tête disproportionnée que portait une large poitrine… Sa voix n’était pas moins âpre que ses traits, et le reste d’une accentuation méridionale l’affectait encore ; mais il élevait cette voix, d’abord traînante et entrecoupée, peu à peu soutenue par les inflexions de l’esprit et du savoir, et tout à coup montait avec une souple mobilité au ton plein, varié, majestueux des pensées que développait son zèle. » Et Lemercier nous montre « les gestes prononcés et rares, le port altier » de Mirabeau, « le feu de ses regards, le tressaillement des muscles de son front, de sa face émue et pantelante ».
Je les aime, non à cause de cela, mais parce que j’ai arrêté mes regards sur leur misère, fourré mes doigts dans leurs plaies, essuyé leurs pleurs sur leurs barbes sales, mangé de leur pain amer, bu de leur vin qui soûle, et que j’ai, sinon excusé, du moins expliqué leur manière étrange de résoudre le problème du combat de la vie, leur existence de raccroc sur les marges de la société et aussi leur besoin d’oubli, d’ivresse, de joie, et ces oublis de tout, ces ivresses épouvantables, cette joie que nous trouvons grossière, crapuleuse, et qui est la joie pourtant, la belle joie au rire épanoui, aux yeux trempés, au cœur ouvert, la joie jeune et humaine, comme le soleil est toujours le soleil, même sur les flaques de boue, même sur les caillots de sang.
Le jour où l’esprit ancien et l’esprit français, mis en contact par les livres, se seront reconnus, ce jour-là commencera l’histoire de la littérature française ; et, malgré la lenteur des progrès, il sera glorieux pour l’esprit français de s’être trouvé prêt pour cette reconnaissance, et d’avoir eu le regard assez ferme pour n’être pas ébloui de tant de lumières.
Quand elle avait des petits à nourrir, elle venait encore avec moi, mais à un moment donné, elle m’abandonnait, s’enfuyait en courant, la tête basse, en évitant autant que possible mon regard et ma voix.
Dès les premières lignes, je fus épouvanté et Villiers, tantôt me consultait d’un regard furtif, tantôt écarquillait vers le lecteur ses petits yeux gonflés d’effarement.
C’est une attitude accablée et, parfois, des regards en haut douloureusement timides, comme des prières vers quelqu’un qui n’est peut-être pas là.
Elle n’avoue rien, elle ne s’explique pas, elle n’essaye point, comme une femme vulgaire ferait à sa place, de balbutier d’inutiles mensonges ; mais elle s’enveloppe lentement dans les plis d’un manteau de reine, essuie tranquillement les regards moqueurs ou irrités qui la visent, et s’éloigne d’un pas résolu.
Après avoir mis en regard, par exemple, les malheurs qui frappèrent, vers le même temps, la maison de France et celle de Castille : « Et semble, dit-il, que Notre Seigneur ait regardé ces deux maisons de son visage rigoureux, et qu’il ne veut point qu’un royaume se moque de l’autre. » À partir de la mort de Louis XI, les Mémoires de Commynes perdent sensiblement en intérêt.
Cela console le regard.
Et quand tout cela était non pas lu, mais dit, mais chanté, né à l’instant et le matin même, quand on voyait tout ce talent jaillir de source pendant des heures et courir sous le regard ; quand il en était de même des leçons plus grandioses et plus imposantes de M.
Cela peut être mis en regard des plus mémorables endroits qu’on cite dans les dernières Provinciales de Pascal.
…………………………………………………… J’ai sondé d’un regard leur poussière bénie, Et j’ai compris Que leur âme a laissé comme un souffle de vie Dans ces débris ; Que dans ce sable humain, qui dans nos mains mortelles Pèse si peu, Germent pour le grand jour les formes éternelles De presque un dieu !
Et Cavois répond : Je n’en suis pas surpris, il aime les beaux-arts ; Un homme tel que vous doit fixer ses regards : Sous ce rapport du moins il prouve qu’il est juste.
Précisément avant nous, fut appelé un petit jeune homme maigriot, aux regards d’halluciné, qui avait, de son autorité privée, condamné à mort l’Empereur, et envoyé son acte de condamnation à toutes les ambassades.
L’infini qu’ils ont en eux sort d’eux et les multiplie et les transfigure devant vous à chaque instant, fatigue redoutable pour votre regard.
Ce qui, dans la réalité, est à portée de nos regards est une moyenne de l’humanité.
Critiques, tous deux, de sentiment et de sensation ; compréhensifs bien plus qu’exclusifs d’intelligence et de doctrine ; portant sur les choses de ce monde un regard curieux, ouvert et bienveillant ; ayant la même philosophie sans métaphysique, la même opinion politique, les mêmes goûts pour les lumières modernes et la même foi (un peu éblouie, selon moi) dans le progrès des sociétés, ils ne diffèrent guère que par la destinée, qui fait de ces charmants coups quelquefois : — c’est que Macaulay est monté plus haut dans son pays que Philarète Chasles dans le sien.
Lire, par exemple, la deuxième et la troisième leçon, et en regard, Beyle, Lettres, tome II, p. 81.
Son regard rencontra les yeux de la converse ; elles échangèrent un sourire discret de connaissance. […] Donc, un treize, une Andalouse De Pantin, telles sont les rencontres qu’on a, Amable, d’un regard charmant, m’assassina. […] Je ne suivrai pas le pauvre père promenant à son bras la petite poitrinaire sous les regards étonnés et involontairement cruels des gens du quartier venus sur leur porte ; autant de coups de couteau pour son cœur ! […] Voilà pourquoi en voyant ondoyer les femmes, les chars funèbres, les armées, les fêtes et les deuils, son regard semblait voir autre chose et dire : « Pourquoi pleurent-ils et pourquoi poussent-ils des cris de joie ? […] Les courtisanes se levèrent et se firent emporter sur leurs litières, en jetant un regard dépité au maître de la maison.
Souvent il jette sur l’ensemble de l’univers un regard philosophique et profond ; sur la nature, sur l’ordre du monde, on rencontre chez lui des pensées belles et grandes. […] Si l’on pose en fait que chaque partie de la morale, chaque devoir est à son principe un sentiment du cœur, on pourrait exiger que l’identité de ce sentiment, chez les différents peuples et les différents individus, fût constatée par une application, sinon exactement pareille, du moins évidemment homogène, où la communauté d’origine se trahît au premier regard. […] Il est presque le seul à nous montrer cette portion de la nation, si supérieure en nombre, et qui échappait néanmoins aux regards des écrivains du temps : « L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine ; et en effet ils sont des hommes. […] Période intermédiaire Arrivé au terme de la carrière que je m’étais proposé de parcourir, je comptais, Messieurs, jeter avec vous un regard sur l’espace que nous laissons derrière nous, rassembler sous un coup d’œil les principaux faits et les principales idées qui nous ont successivement occupés, en un mot résumer le cours que je viens de faire336.
C’est à peine si, par le regard divinateur du génie, il pouvait entrevoir une bien faible partie du développement ou plutôt du déclin futur de la poésie en Grèce, sans qu’il pût aucunement prétendre à lui imposer à l’avance des lois ; quant à la marche de l’art à travers les âges, elle était tout à fait hors de ses conjectures, comme de sa juridiction. […] Nous le verrons, directeur du théâtre de Weimar, confondre, par une méprise singulière, sa noble intelligence avec celle du public, prétendre que la littérature nationale a fait son temps et doit céder la place à la littérature universelle, s’asseoir seul à la table des Grecs, s’étonner d’être seul, s’imaginant que tout le monde devait avoir comme lui le vol et le regard de l’aigle, « qui plane indifféremment au-dessus de toutes les contrées, fond sur la terre et remonte, sans s’inquiéter si le lièvre qu’il tient courait en Prusse ou en Saxe395 ». […] Les mouvements sont tranquilles ; le regard est vague, et n’attire pas l’attention sur lui.
. — Sire vicaire, avec vos airs graves, j’ai bien peur — que vous ne couliez un regard fripon sur la femme de chambre de madame. — Je souhaite qu’elle vous prête sa jolie main blanche — pour raccommoder votre soutane et repasser votre rabat. — Partout où vous voyez une soutane et une robe, — pariez cent contre un qu’il y a dedans un rustre. — Vos Eaux-Vides, vos Amers, vos Platurks 994, et toute cette drogue, — pardieu ! […] If you continue to treat me as you do, you will not be made uneasy by me long… I am sure I could have born the rack much better than those killing, killing words of yours… O, that you may have but so much regard for me left, that this complaint may touch your soul with pity ! […] He has a confused remembrance of words since he left the university, but has lost half their meaning, and puts them together with no regard except to their cadence ; as I remember a fellow nailed up maps in a gentleman’s closet, some sidelong, others upside down, the better to adjust them to the pannels.
« Ainsi, tantôt crayonnant une feuille blanche, devant lui, sur le buvard, et tantôt se frottant les mains l’une dans l’autre avec vivacité, ou roulant dans les doigts, et tordant, et meurtrissant je ne sais quel méchant bristol, le regard riant à travers le double verre du lorgnon bien posé sur le nez fort, le front large, la barbe cascadante grisonnante au menton, et les pieds chaudement fourrés dans les pantoufles, M. […] Au nord »,… Circuit, le mot n’est pas de moi, le mot est de Taine ; cette méthode est proprement la méthode de la grande ceinture ; si vous voulez connaître Paris, commencez par tourner ; circulez de Chartres sur Montargis, et retour ; c’est la méthode des vibrations concentriques, en commençant par la vibration la plus circonférentielle, la plus éloignée du centre, la plus étrangère ; en admettant qu’on puisse obtenir jamais, pour commencer, cette vibration la plus circonférentielle ; car on voit bien comment des vibrations partent d’un centre, connu ; on ne voit pas comment obtenir la vibration la plus circonférentielle, ni même comment se la représenter, si le centre est par définition non connu, et si un cercle ne se conçoit point sans un centre connu ; pétition de principe ; c’est le contraire de ce qui se passe pour les ondes sonores, électriques, optiques, pour toutes les ondes qui se meuvent partant de leur point d’émission ; c’est le contraire de ce qui se passe quand on jette une pierre dans l’eau ; c’est une spirale commencée par le bout le plus éloigné du centre ; à condition qu’on tienne ce bout ; ce sont les vastes tournoiements plans de l’aigle, moins l’acuité du regard, et le coup de sonde, et, au centre, la saisie ; je découpe ici mon exemplaire, et je cite au long, pour que l’on voie, pour que l’on mesure, sur cet exemple éminent, toute la longueur du circuit : « Au nord, l’Océan bat les falaises blanchâtres ou noie les terres plates ; les coups de ce bélier monotone qui heurte obstinément la grève, l’entassement de ces eaux stériles qui assiègent l’embouchure des fleuves, la joie des vagues indomptées qui s’entre-choquent follement sur la plaine sans limites, font descendre au fond du cœur des émotions tragiques ; la mer est un hôte disproportionné et sauvage dont le voisinage laisse toujours dans l’homme un fond d’inquiétude et d’accablement. — En avançant vers l’est, vous rencontrez la grasse Flandre, antique nourrice de la vie corporelle, ses plaines immenses toutes regorgeantes d’une abondance grossière, ses prairies peuplées de troupeaux couchés qui ruminent, ses larges fleuves qui tournoient paisiblement à pleins bords sous les bateaux chargés, ses nuages noirâtres tachés de blancheurs éclatantes qui abattent incessamment leurs averses sur la verdure, son ciel changeant, plein de violents contrastes, et qui répand une beauté poétique sur sa lourde fécondité. — Au sortir de ce grand potager, le Rhin apparaît, et l’on remonte vers la France. […] Eu Allemagne, je découvrais dans les regards mie expression de vague mélancolie ou de résignation inerte ; d’autres fois, l’œil bleu gardait jusque dans la vieillesse sa limpidité virginale ; et la joue rose des jeunes hommes, la vaillante pousse des corps superbes annonçait l’intégrité et la vigueur de la sève primitive.
Il s’attaque aux murs, à tous les murs, et qu’on m’entende, les au propre et au figuré, murs de pierres idéales, d’idées pétrifiées, obstacles à la marche de l’homme, contraintes à son corps, outrages à son regard, défis à sa pensée. […] Bien que la naïveté confiante du regard, l’élégance naturelle, le goût des jeux violents, de la campagne, de l’hiver sous la neige, la musculature des membres, l’étroitesse des reins, l’optimisme respiratoire, la passion de la viande rouge, une gourmandise enfantine de la volupté qui ne se donnait pas même la peine de distinguer entre l’un ou l’autre sexe de ses congénères, et jusqu’à la couleur tabac blond de son tape-à-l’oeil lui valussent de traduire en chien le jeune anglais champion de hockey sur glace, buveur de whisky et applaudisseur de ballets russes, je l’avais débaptisé du britannique. […] Son regard ne se limitait point, comme celui de Marius, à un éclat de pierre précieuse. […] Dans mes rêves, le regard de Mme Hebdomeros se ralluma, ne se ralluma que pour s’éteindre.
Nous voyons dans ce livre l’observateur au regard aigu et tranquille, comme celui de Saint-Simon est aigu et inquiet, qui a posément, patiemment pénétré les personnages, non pas qui passaient, mais qui séjournaient devant ses yeux. […] Plus « lettré », comme il dit, sans peut-être trouver davantage, il eût porté ses regards plus loin et se fût demandé si cet état des choses qui est celui de son temps, a bien ce caractère de loi éternelle et cette marque comme providentielle qu’il semble lui donner. […] Commynes aime bien un système d’idées clos et plein où a sa place même l’inexplicable sous un nom précis. — Ce déisme d’historien et d’homme d’État est naturel, très logique, et si l’on fait attention au nombre proportionnellement si considérable des choses qui ne s’expliquent pas en regard des choses qui s’expliquent, on ne trouvera pas trop fréquent le refrain théologique de Commynes. […] Est-ce que le choix gratuit et arbitraire n’est pas partout sous nos regards ? […] Il nous prie de remarquer à qui Jésus-Christ parle ainsi, ce qui, au premier regard, semble importer peu.
Elle sent le poète, certes, mais elle sent un peu l’écolier qui s’amuse et qui souffle des bulles de savon, ou l’étudiant qui suit d’un regard amusé les spirales de la fumée de sa cigarette. […] La priorité, à ce nouveau regard, lui resterait encore. […] Et il y avait encore un réaliste, un homme qui a le don de voir et qui prend plaisir à regarder, un observateur très curieux, et très sagace, encore qu’au regard un peu court et à l’horizon un peu restreint. […] » Le pigeon sédentaire le suit longtemps du regard en disant : « Pauvre petit ! […] Il n’y a, quelque imprévu qu’il ait pu paraître au premier regard, que celui qu’a donné l’auteur.
En jetant un regard en arrière et en embrassant toute cette période de ses premières années, Gibbon tient à indiquer qu’il n’y laisse rien de regrettable ni à plus forte raison d’enchanteur ; que cet âge d’or du matin de la vie, qu’on vante toujours, n’a pas existé pour lui, et qu’il n’a jamais connu le bonheur d’enfance.
C’est bizarre, métaphysique, contourné ; nulle part on n’y sent le souffle des fées, le regard et le jeu de la déesse.
Par exemple, sur la route de Langres à Dijon, il rencontre une petite colline couverte de bois qui, vu le paysage d’alentour, est d’un grand effet et enchante le regard : « Quel effet, se dit Beyle, ne ferait pas ici le mont Ventoux ou la moindre des montagnes méprisées dans les environs de la fontaine de Vaucluse !
Et puisque j’en suis à rappeler ces souvenirs fortifiants et ces antidotes en regard d’un exemple de dégradation qui afflige, qu’il me soit permis de joindre ici la traduction de la fameuse Hymne d’Aristote à la Vertu, où circule encore et se resserre en un jet vigoureux toute la sève des temps antiques : Vertu qui coûtes tant de sueurs à la race mortelle, ô la plus belle proie de la vie, c’est pour toi, pour ta beauté, ô Vierge, qu’il est enviable en Grèce, même de mourir, et d’endurer des travaux violents d’un cœur indomptable ; tant et si bien tu sais jeter dans l’âme une semence immortelle, supérieure à l’or et aux joies de la famille, et au sommeil qui console la paupière !
Il voit autour de lui tout périr, tout changer ; À la race nouvelle il se trouve étranger, Et lorsqu’à ses regards la lumière est ravie, Il n’a plus en mourant à perdre que la vie.
Il est curieux, pour se donner le sentiment d’un parfait contraste mais d’un contraste qui n’a rien de criant, de la mettre en regard d’un Hamilton ou d’une Caylus peignant avec une finesse malicieuse les beautés de la cour de Charles II ou celles de Marly ou de Versailles.
Il s’était trouvé présent à Ferney le jour que M. de Voltaire reçut les Lettres de la montagne, et qu’il y lut l’apostrophe qui le regarde ; et voilà son regard qui s’enflamme, ses yeux qui étincellent de fureur, tout son corps qui frémit, et lui qui s’écrie avec une voix terrible : « Ah !
Une lutte éternelle contre le sol a rabougri les femmes comme les plantes ; elle leur a laissé dans le regard une vague expression de mélancolie et de réflexion.
Vauvenargues se trompe sur un point, et il borne trop son regard à l’influence présente : de grandes pensées, de belles vérités écrites et fixées avec éclat, ne sont-elles pas aussi des actions, moins promptes il est vrai, mais permanentes et éternelles ?
Ce n’est pas tout : un militaire pérore de l’expulsion des jésuites ; deux médecins parlent, je crois, de guerre, ou se la font peut-être ; un archevêque me montre une décoration d’architecture ; l’un veut attirer mes regards, l’autre occuper mon esprit, tous obtenir mon attention : vous seule intéressez mon cœur.
Je ne suis pas entêté de mes opinions politiques à ce point. » Parmi ses correspondants illustres, deux surtout, par le contraste, appellent le regard : Lamennais, Chateaubriand.
A Bade, ville catholique, il est frappé de la pratique sévère du plus grand nombre, qui va jusqu’à faire maigre le mercredi, et il y vérifie cette observation, qu’il n’est rien de tel, pour se tendre et se resserrer dans sa dévotion, que d’être en regard et en contradiction permanente de l’opinion contraire.
D’une ardeur sans égale, elles démêlent grain à grain tout le monceau ; et, après avoir fait des tas distincts, avoir séparé les espèces, elles se dérobent promptement aux regards.
Moi, c’était tout ce que je pouvais toucher de la main, atteindre du regard, et qui m’était bon à quelque chose ; non-moi était tout ce qui pouvait nuire ou résister à moi.
Il y a même un des enfants encore, celui qui tire le soufflet, qui a le regard sans but et un peu étonné.
On pouvait se dire en les nommant, en les confondant un peu et les enveloppant d’un même regard : Où chacun n’atteindra-t-il pas ?
Pour comble d’à-propos, la France, participant tout entière à cette ébullition fantasque (la Fronde) qui avait commencé à Paris, s’étalait palpitante sous le regard curieux qui l’étudiait.
Que d’esprit et de goût pittoresque dans la manière dont tous les actes de ce petit drame sont coupés, divisés par compartiments, présentés gaiement au regard !
Il est difficile aux auteurs de ne pas se peindre, surtout dans un premier ouvrage : Émile, qui ne fait autre chose que se raconter à Mathilde, essaye à un endroit de se peindre aussi, ou du moins de tracer l’idéal relatif qu’il a parfois devant les yeux et qu’il est tenté de réaliser : « Il y aurait, dit-il, un caractère intéressant à développer dans un roman ; ce serait celui d’un jeune homme né comme moi sans famille, sans fortune, suffisant à tout ce qui lui manquerait par sa seule énergie, et dont les forces croîtraient avec les obstacles ; un jeune homme qui se placerait au-dessus d’une telle position par un tel caractère ; qui, loin de se laisser abattre par les difficultés, ne penserait qu’à les vaincre, et, esclave seulement de ses devoirs et de sa délicatesse, aurait su parvenir, en conservant son indépendance, à un poste assez élevé pour attirer sur lui les regards de la foule et se venger ainsi de l’abandon.
Tout enfant, doué d’un doux regard, doué surtout de la plus douce voix, on l’appelait « le petit rossignol ».
Celui qui n’a pas l’œil fait pour observer toutes ces choses, et qui ne peut d’un seul regard distinguer chaque nuance et chaque teinte dans sa variété, sera d’autant insuffisant par là même dans une des plus essentielles qualités du poète. » Pope n’est certes pas dénué de pittoresque ; il sentait la nature, il l’a aimée et décrite dans sa forêt de Windsor ; condamné par sa santé à une vie sédentaire et ne pouvant voyager vers les grands sites, il avait le goût de la nature champêtre, telle qu’elle s’offrait riante et fraîche autour de lui : il dessinait même et peignait le paysage, il avait pris des leçons, pendant une année et demie, de son ami Jervas ; et comme on lui demandait un jour : « Lequel des deux arts vous donne le plus de plaisir, la poésie ou la peinture ?
Il est heureux pour lui qu’il sache tant de choses ; car, du train dont il y va, un fonds médiocre serait épuisé en une demi-heure. » — Qu’on mette en regard ce profil de Villoison avec la figure de Wolf, le maître éminent, le grand professeur, dont chaque parole porte et pénètre, et qui dispose d’une érudition « toujours vraie, sobre et forte », ainsi que l’a définie M.
Pour moi, quand je suis seul à contempler ces millions de mondes, cette ordonnance merveilleuse, connue dans de certaines limites et pressentie par-delà ou ignorée, il me semble que je n’ai pas besoin d’amasser tant d’autorités, tant de noms propres ou d’idées accessoires au service de mes rêves ; et tout en concevant qu’il y a autant de manières de sentir, d’être affecté et d’adorer, qu’il y a d’intelligences et de regards, je crois qu’il en est une non moins légitime, et je ne la cherche que dans cette contemplation même et dans ce qu’elle a d’auguste.
Ne s’abstiennent-ils pas, avec une rigueur qui est, certes, de la force, mais qui ressemble parfois à une gageure, de tout ce qui pourrait adoucir, compenser l’effet produit, non pas l’amortir, mais le racheter et consoler à côté le regard (témoin Germinie Lacerteux) ?
Ces commissions confidentielles lui maintenaient une position rivale et presque menaçante en regard du ministre en titre, M.
Sans doute, en considérant avec détail les maîtres, on aurait pu trouver plus d’une fois que l’imitateur n’avait pas tout rendu, qu’il était resté au-dessous ou pour la concision ou pour une certaine simplicité qui ne se refait pas ; c’est l’inconvénient de tous ceux qui imitent, et Horace, mis en regard des Grecs, aurait à répondre sur ces points non moins que Chénier ; mais tout à côté on aurait retrouvé chez celui-ci les avantages, là où il ne traduit plus à proprement parler, et où seulement il s’inspire ; on aurait rendu surtout justice en pleine connaissance de cause à cet esprit vivant qui respirait en lui, à ce souffle qu’on a pu dire maternel, à cette fleur de gâteau sacré et de miel dont son style est comme pétri, et dont on suivrait presque à la trace, dont on nommerait par leur nom les diverses saveurs originelles ; car, à de certains endroits aussi, ne l’oublions pas, l’aimable butin nous a été livré avant la fusion complète et l’entier achèvement.
Contrairement à ceux qui, n’approuvant plus une révolution et cessant de rien accepter d’une assemblée, s’abstiennent, se retirent plus ou moins, et émigrent à quelque degré, il y a ceux qui restent dedans, contestent à haute voix, disputent pied à pied, et meurent quand il le faut, mais en proférant des mots qui retentissent ; en regard du système de l’émigration, il y a le système qui se personnifie en Kersaint et qu’on pourrait appeler de son nom.
À la vérité, cet état est sa condition suffisante et nécessaire ; mais il n’est pas sûr qu’elle soit la même chose que lui ; au premier regard, elle en diffère, et, certainement, elle ne nous est pas connue au même degré que lui ni de la même façon.
Il transperce les hommes de son regard, il sonde les reins et les cœurs.
Hugo dans cette pièce et celle de ses devanciers, il suffit de mettre en regard le Mazeppa et le beau début de l’ode au comte du Luc.
A l’époque de la captivité, un poëte plein d’harmonie vit la splendeur d’une Jérusalem future, dont les peuples et les îles lointaines seraient tributaires, sous des couleurs si douces, qu’on eût dit qu’un rayon des regards de Jésus l’eût pénétré à une distance de six siècles 151.
Asseyons-nous tous deux à terre, et adoucissons avec du vin nos regards courroucés.
Mme Sand le sait bien ; elle excelle à peindre Ces natures qu’elle domine et pénètre si bien du regard.
Il prend plaisir, en regard des romans exaltés et des inventions systématiques du jour, à rappeler ce livre tout naturel, qui résume la morale de l’expérience.
Elle l’aurait vainement espéré dans la société où son regard inexorable ne voyait guère qu’une collection de ridicules, de prétentions et de sottises.
Il émane de leurs écrits comme un parfum qui prévient et s’insinue ; la physionomie de l’homme parle d’abord pour l’auteur ; il semble que le regard et le sourire s’en mêlent, et, en les approchant, le cœur se met de la partie sans demander un compte bien exact à la raison.
Quand il en fut de sa lecture au passage où il dit : « Mais je craindrais, en lisant Rousseau, d’arrêter trop longtemps mes regards sur de coupables faiblesses, qu’il faut toujours tenir loin de soi… » Sieyès l’interrompit en disant : « Mais non, il vaut mieux les laisser approcher de soi, pour pouvoir les étudier de plus près. » Le physiologiste, avant tout curieux, venait ici à la traverse du littérateur qui veut le goût avant tout.
Ce désir de gloire que nourrissait la jeune âme de Frédéric et qui cherchait encore son objet, lui faisait tourner naturellement ses regards vers la France.
« Dès ma première enfance, disait-il, la poésie a eu cela de me transpercer et transporter. » Il estime avec un sentiment pénétrant que « nous avons bien plus de poètes que de juges et interprètes de poésie, et qu’il est plus aisé de la faire que de la connoître. » En elle-même et dans sa pure beauté, elle échappe à la définition ; et celui qui la veut discerner du regard et considérer en ce qu’elle est véritablement, il ne la voit pas plus que la « splendeur d’un éclair ».
La France restant victorieuse et puissante, l’Espagne restait sûre : mais à chaque défaite qui allait survenir en Allemagne ou en Flandre, les regards des grands se reportaient vers l’archiduc, et leur fidélité ne tenait plus.
C’étaient sans cesse des visites domiciliaires, des menaces de pillage et d’incendie ; on accusait Beaumarchais d’être accapareur de blés, puis d’être accapareur d’armes cachées, et de les entasser dans des souterrains qui n’existaient pas : Quant à moi, disait-il dans ces espèces de mémoires et pétitions à la Convention qu’il faudrait toujours mettre en regard du monologue de Figaro, quant à moi, citoyens, à qui une vie si troublée est devenue enfin à charge ; moi qui, en vertu de la liberté que j’ai acquise par la Révolution, me suis vu près, vingt fois, d’être incendié, lanterné, massacré ; qui ai subi en quatre années quatorze accusations plus absurdes qu’atroces, plus atroces qu’absurdes ; qui me suis vu traîner dans vos prisons deux fois pour y être égorgé sans aucun jugement ; qui ai reçu dans ma maison la visite de quarante mille hommes du peuple souverain, et qui n’ai commis d’autre crime que d’avoir un joli jardin, etc.
De retour au pays natal, plein de doctrine, et d’une imagination riante où brillait la pudeur, d’une figure attrayante et d’un regard où se lisait la tendresse et la beauté de son âme, il faisait la joie de ses parents et « contraignait même ceux qui ne lui appartenaient en rien de l’aimer ».
Marot lui-même, en la louant, insiste particulièrement sur son caractère de douceur qui efface la beauté des plus belles, sur son regard chaste, et ce rond parler, sans fard, sans artifice.
En associant les semblables, la conscience obéit à la loi universelle d’économie, qui veut que toute force s’exerce avec la moindre dépense possible, que toute appétition se satisfasse avec le minimum de peine : le rapprochement des semblables permet à la conscience d’embrasser d’un même regard une foule d’objets et de produire le plus grand travail avec le moindre effort.
Un toupet en escalade, fait comme de cheveux en fil d’archal, un œil sans couleur, triangulairement voilé par l’ombre d’une profonde arcade sourcilière, et dans cet œil un regard d’aveugle.
La beauté de cette fille relevée encore par la pudeur qui lui faisoit baisser les yeux à l’approche d’Alexandre, fixoit sur elle les premiers regards du spectateur.
Et, si nous ramenons nos regards sur les temps qui sont à peine écoulés, quels prodiges viennent de s’opérer !
… Les femmes seules ne peuvent y atteindre que par le petit bout, — le bout des Mémoires, des commérages, des anecdotes, des choses, personnelles, charmantes souvent sous leurs plumes ; mais pour l’histoire en elle-même, la grande Histoire, interdite même aux poëtes, aux imaginations de trop de flamme, aux génies inventifs, tant elle exige un regard calme et clair pour discerner les choses, et une main juste et ferme pour n’en pas manquer les proportions !
Mais elles n’en sont pas moins des pastels ravissants de chasteté d’attitude, de regards baissés, de rougeurs d’aurore, de beauté bien à elles, de beauté vraie, à éteindre et à effacer toutes les parures, tous les diamants, tous les maquillages de la terre !
Il jette, il est vrai, vers la fin, un regard assez prophétiquement noir sur l’Empire, auquel sa carcasse, comme il disait de sa personne, a survécu quelques jours.
D’ailleurs, Milton n’est pas seul sous le regard de son critique, qui nous fait comprendre son génie en lui donnant pour repoussoir le génie du Dante, c’est-à-dire en mettant, comme Michel-Ange à Saint-Pierre, une difficulté sur une difficulté.
La Critique, qui dit, comme la Médecine, au perçant regard : « Cet homme que vous voyez là, et qui va encore, il est mort !
« Il avait, dit-il lui-même, une pente naturelle vers les choses d’observation intérieure »… Il suivait « une lumière intérieure, un esprit de vérité qui luit dans les profondeurs de l’âme et dirige l’homme méditatif appelé à visiter ces galeries souterraines… Cette lumière n’est pas faite pour le monde, car elle n’est appropriée ni au sens externe ni à l’imagination ; elle s’éclipse ou s’éteint même tout à fait devant cette autre espèce de clarté des sensations et des images ; clarté vive et souvent trompeuse qui s’évanouit à son tour en présence de l’esprit de vérité. » Ainsi occupé, et ses regards concentrés sur lui-même, il avait fini, comme les philosophes indiens, par isoler et constituer à part, du moins à ses propres yeux, son être intérieur et sa volonté active.
Mais en même temps il a une idole, il a une divinité, vers laquelle il élève les regards et tend les bras. […] V Tocqueville a trop peu porté ses regards sur les causes qui ont engagé les peuples modernes dans l’état démocratique, et c’est le principal défaut de l’un et de l’autre de ses deux ouvrages. […] Cette distinction, très séduisante au premier regard, est à peu près illusoire. […] Il est vrai qu’en même temps il avait des regards en arrière du côté des poètes de 1800. […] Ils commencent par étudier le premier sujet humain qu’ils trouvent sous leur regard, à savoir eux-mêmes.
Lorsque, dans l’intérieur du Canada, je gravissais une montagne, mes regards se portaient toujours à l’ouest, sur les déserts infréquentés qui s’étendent dans cette longitude. […] Il n’avait encore aucune charlatanerie dans le regard, rien de théâtral et d’affecté. […] Du bord de mon navire, les regards attachés à l’étoile du soir, je lui demandais des vents pour cingler plus vite, de la gloire pour me faire aimer. […] Il marche difficilement, mais d’une façon noble et touchante ; sa taille n’a rien d’extraordinaire ; sa tête est superbe, son regard est à la fois celui d’un roi et d’un homme de génie. […] Ses ennemis fascinés le cherchent et ne le voient pas ; il se cache dans sa gloire comme le lion du Sahara se cache dans les rayons du soleil pour se dérober aux regards des chasseurs éblouis.
Il a presque toujours la tête penchée, les regards abaissés ; et l’on dirait qu’il écoute les battements de son cœur ; il songe, il a sans cesse de menus problèmes de sagesse et de modestie à résoudre. […] Il y a, pour qu’on l’aime, « la douceur de ses regards il y a son espièglerie amusante et câline ; il y a, dans les pires moments, son léger sourire et « un air charmant de tristesse ». […] Du moindre regard au ciel, comme d’une fusée, retombait une gerbe d’oiseaux. […] Il préfère aujourd’hui dîner tranquille, loin des regards étrangers, en donnant la becquée à quelqu’un de ses petits ou en lui disant : “Tiens, mouche-toi ; non, pas comme ça ! […] À nos regards, c’est moins que rien, si nous ne sommes pas chargés du relèvement des apaches ou de leur mise en lieu sûr.
Lors même que l’auteur des Orientales s’enfermerait obstinément dans le système littéraire qu’il a fondé, et soutiendrait que la terre finit à l’horizon de son regard, son passage dans la littérature contemporaine mériterait cependant d’être signalé, sinon comme une ère de fécondité, du moins comme une crise salutaire. […] Fier de leur docilité, il les contemple d’un œil joyeux, il les couve de son regard, et oublie, dans ce puéril plaisir, la première, la plus impérieuse de toutes les lois qui président à la poésie. […] Arrivé à ces cimes terribles que le regard peut à peine mesurer, M. […] La parole est si abondante, la pensée si rare, les strophes se précipitent à flots si pressés sur l’idée qu’elles devraient porter, qu’elles l’engloutissent et la dérobent au regard. […] Quand il a passé la journée près d’une jeune fille calme et pure, dont le cœur ne s’est pas encore ouvert à la passion, dont la beauté sereine, le caractère angélique, le regard limpide, le sourire presque divin, lui promettent une longue suite d’années heureuses, il trouve, en rentrant chez lui, une lettre qui lui rappelle que sa chaîne n’est pas brisée.
Ce que l’homme a acquis et qui le fait homme, c’est la coodification des méthodes élémentaires de la vie originaire, avec une vue sur soi, mais bornée à ce seul regard intérieur. […] Enfin, voilà des écrivains qui répudient l’antiquité pour le présent, qui promènent leurs regards autour d’eux, qui s’aperçoivent de la misère et des souffrances du grand nombre. […] Dans ses Évangiles, Émile Zola envisage l’humanité d’un regard qu’il s’était bien défendu jusque-là d’avoir pour elle.
À propos de la vente d’eaux-fortes, d’où viennent ces Huet avant la lettre, il y a vraiment de bons toqués d’eaux-fortes avant la lettre, que dis-je avant la lettre, mais avant la plupart des travaux, avant même le sujet principal indiqué, et je suis sûr, à la convoitise de certains regards par moi perçus, qu’une épreuve de la planche de Daubigny : Les cerfs au bord de l’eau, avant les cerfs, sera vendue fort cher. […] Jeudi 22 août En montant à Bar-le-Duc, dans la victoria de Rattier, mes regards s’arrêtant par hasard sur mes mains reflétées sur le cuir verni du siège du cocher, mon étonnement est grand de rencontrer dans le reflet de mes mains, le trompe-l’œil le plus extraordinaire d’un morceau de peinture de Ribot, avec ses chairs aux ambres noirâtres, aux lumières d’un rose violacé. […] Et la nuit, je ne sais comment le roi Rhompsonitos et mon cul-de-jatte devenaient contemporains, se mêlant, se brouillant dans un rêve, où je voyais le roi, sa fille, et le voleur, tous de profil, et toujours de profil, en toutes leurs actions, comme on les voit sur les obélisques, avec des apparences de têtes d’épervier, et clopinant au milieu d’eux mon cul-de-jatte, qui devenait à la fin un gigantesque scarabée de cette belle matière vert-de-grisée, qui arrête le regard dans les vitrines du Musée égyptien du Louvre.
Et le cou un peu décolleté, sans un bijou, sans une fanfreluche distrayant le regard, elle est habillée d’une robe de satin blanc, toute plate, toute collante aux formes, avec seulement au bas, cinq ou six rangs de petites ruches, qui font un remous de luisants et de reflets de soierie, à ses pieds. […] Et comme je lui demande, si sa femme est vraiment aussi jolie qu’on le dit, il me répond qu’il n’en sait rien, que ces gens du nord, avec leur blondeur de chanvre, ont quelque chose d’effacé, quelque chose qui ne fixe pas le regard, quelque chose qui ne reste pas dans la mémoire. […] Quant aux dessins à la plume, représentant des types juifs, Tissot nous les montre portraiturés dans la vérité du type juif autochtone, et donnant très exactement ces grands nez courbes, ces sourcils broussailleux, ces barbes en éventail, ces regards précautionneux soulevant de lourdes paupières, et les pensées calculatrices, et les jovialités mauvaises, et la perfide cautèle, sous la bouffissure de graisse de ces faces.
C’est que le signe, lui, comme tel, doit se détacher du groupe auquel il est associé ; il est comme un éclaireur au service d’une armée, toujours hors des rangs, — sa fonction le veut, — en avant, en arrière ou sur les flancs de la colonne en marche ; s’il est analogue à une portion de l’idée, l’attention spéciale dont il est l’objet enveloppe avec lui cette portion d’idée dans un même regard, et le temps manque le plus souvent pour les distinguer ; car l’attention est toujours dirigée par la loi de l’essence, et plus les essences sont semblables, plus il faut d’efforts et de temps pour en opérer le discernement. […] D’ordinaire, pour apercevoir un certain nombre des images diverses dont le mélange intime constitue l’idée, il faut isoler un mot et le retenir longtemps sous le regard de l’attention ; l’attention, comme certains réactifs chimiques, a le pouvoir de revivifier les traces évanouies des anciennes idées particulières ; mais, en même temps, elle éveille nos facultés d’invention, et nous risquons ainsi de faire de notre idée une analyse fantaisiste, en substituant à notre insu des imaginations à des souvenirs, en confondant le vraisemblable et l’authentique. […] L’esprit d’analyse et l’esprit d’examen ne sont que des variétés de l’esprit d’invention : pour confirmer le bon sens, il faut le retrouver soi-même ; pour infirmer le préjugé, il faut le penser à nouveau, dans son vrai sens et sous toutes ses faces, en regard des objections qu’il soulève.
Tous les deux nous les supposerons éclairés de ce mutuel regard, entendus de cette mutuelle entente, animés de ce mutuel respect. […] Et que d’un seul regard ils parcourent, ils couvrent instantanément des surfaces. […] C’est la grandeur, c’est la beauté, c’est la noblesse du combat qui est tout pour le regard pour qui seul ce combat est livré. […] Sous ces regards, ces cris, cette pensée, leur troupe meurtrie, décimée, lutte avec un courage plus grand que son courage même, résiste avec une force plus grande que sa force même. […] Ou plutôt il faut le lire pour la première fois, et nous-mêmes d’un regard inhabitué.
Nous pouvons, cette fois, jeter un regard d’ensemble sur cette obnubilation politique, d’où pleut le sang des hommes infortunés du XIXe siècle. Ce regard traversera les groupes sociaux, si nous divisons ceux-ci en ouvriers, bourgeois et paysans. […] Joie de l’esprit et du regard ! […] L’autre Normand appartient à la race des géants, des initiateurs, dont le regard domine et outrepasse la foule des ânonneurs d’opinions toutes faites et des adorateurs de faux chefs-d’œuvre. […] Il apparaît comme un génie encyclopédique aux regards des timides provinciaux, amis de l’ordre, respectueux du désordre que délèguent à la Chambre et au Sénat, les temps troublés.
xiii), « le regard de Julien était atroce, sa physionomie hideuse. […] Tous les portraits de Pasteur se ressemblent, à travers les différences entre les âges du modèle et la facture des peintres, par l’expression du regard, si étonnamment attentif. […] Il est bien curieux, et bien attristant aussi, quand on vient de méditer quelqu’un de ces fragments de Pascal où palpite la plus magnifique sensibilité morale, de lire en regard des déclarations de Renan, comme celle-ci : « Le péché préoccupe Amiel, l’attriste, lui, le meilleur des hommes. […] Ce regard du Christ sur l’Apôtre, il le voit posé sur lui-même. […] Alphonse Daudet divisait ingénieusement la littérature en deux groupes : celle qu’il appelait la littérature debout et, en regard, la littérature assise.
Naturellement passionné pour le grand et le simple, amoureux de ses propres études et vivant dans l’abondance des pensées, il ne s’occupait guère de ces tentatives d’alentour qui remuaient, plus qu’il ne le croyait, des intelligences sérieuses ; et si, à la rencontre, son regard venait à s’y arrêter, il y opposait aussitôt un tel idéal de simplicité et de pureté, que les contemporains le plus souvent n’avaient rien à faire en comparaison. […] En même temps que le détail se multiplie à plaisir sous son regard et se décompose en ses moindres points, l’ensemble prend de la construction et de la grandeur ; il y a toujours des horizons.
Voici, par exemple, Mathew Prior ; au premier regard il semble qu’il ait toutes les qualités requises pour le bien porter : il a été ambassadeur en France, il écrit de jolis impromptus français ; il tourne aisément de petits poëmes badins sur un dîner, sur une dame ; il est galant, homme de société, aimable conteur, épicurien, sceptique même, à la façon des courtisans de Charles II, c’est-à-dire jusques et y compris la coquinerie politique ; bref, c’est un mondain accompli dans son genre, ayant le style correct et coulant, maître du vers leste et du vers noble, et qui manie, d’après Bossu et Boileau, les pantins mythologiques. […] Comme lui, il combattait la frivolité contemporaine et mettait en regard les anciennes républiques, « dont les désirs héroïques planaient si fort au-dessus de la petite sphère égoïste de notre vie sceptique. » Comme lui, il louait le sérieux, le patriotisme, la liberté, la vertu, s’élevait du spectacle de la nature à la contemplation de Dieu et montrait à l’homme par-delà le tombeau les perspectives de la vie immortelle.
La France, en promenant ses regards sur ses hommes politiques, n’en voyait plus qu’un qui pût s’interposer entre elle et les cours étrangères, et cet homme était dans la disgrâce et dans l’isolement ; mais, quand un homme de génie redevient nécessaire à un peuple, quelque disgracié et quelque isolé que cet homme soit dans son obscurité, la pensée publique le replace vite en évidence, et le regard involontaire de toute une nation, en se portant sur lui, l’illumine comme un phare sur l’écueil où la patrie va sombrer.
Je cherchais quelqu’un ; le hasard, cette providence des hommes qui cherchent, me le fit rencontrer au milieu des flots turbulents d’une révolution populaire, à la tête de laquelle j’avais été jeté ; voici comment : II En 1848, pendant que j’étais submergé par des masses de citoyens agités, tantôt à l’hôtel de ville de Paris, tantôt dans les rues ou sur les places publiques, tantôt à la tribune de la chambre des députés ou de l’Assemblée constituante : 24 février, 27 février, 28 février, journée du drapeau rouge ; 16 avril, journée des grands assauts des factions combinées contre les hommes d’ordre ; 15 mai, journée où la chambre nouvelle violée est dissoute un moment par les Polonais, ferment éternel de l’Europe ; journées décisives de juin où nous combattîmes contre les insensés frénétiques de la démagogie, et où nous donnâmes du sang au lieu de paroles à notre pays : je fus frappé par la physionomie belle, grande, honnête et intrépide d’un homme de bien et de vertu, que je ne connaissais pas, mais que j’avais eu le temps de remarquer autour de moi aux éclairs de son regard. Ce regard d’honnête homme, en tombant calme et serein sur les foules, semblait les contenir, les éclairer et les calmer, comme un beau rayon de soleil sur les vagues écumeuses d’une mer d’équinoxe.
Elle le quitta aussitôt sans dire un mot ; mais elle lança sur ses ennemis des regards furieux. […] Kriemhilt dévorant du regard Hagene, froisse en passant les guerriers de son pays.
Flosshilde Ton pointant regard, ton hérissée barbe, ô si je le voyais, si toujours je la saisissais ! […] … Il demeure en une muette fureur ; lorsque, soudain, son regard est attiré vers le haut.
Remarquons toutefois que le jeu d’images précédemment décrit est toujours simultané dans l’esprit ; c’est une perspective où les termes, sous un même regard, sont distingués comme réels et idéaux, intenses ou faibles, clairs ou obscurs, complets ou incomplets, en ordre de croissance ou de décroissance ; mais ils ne sont pas encore en ordre de succession proprement dite. […] Une simple conception est elle-même un complexus de sensations possibles et, pour saisir ce complexus, il faut embrasser les parties dans un même regard intérieur.
Le château, caché aux regards par deux mamelons et par des rideaux de grands frênes, n’est aperçu que par les corneilles et par les geais des collines élevées qui l’entourent ; les petits bergers paissent leurs moutons dans les clairières nues des sommets. […] Les avenues de cerisiers, les buis séculaires, ces ifs du Nord, ce velours des murs d’enceinte, les larges parterres, les immenses jardins, les pièces d’eau dormante dans leurs bassins de roseaux et de marbre, les fontaines bouillonnantes par la gueule des dauphins moussus sous le hêtre colossal, les longs méandres de charmilles taillées en murailles arrondies en berceaux, les gradins de gazon fuyant en perspective pour conduire le regard jusqu’au cœur des bois, enfin les forêts épaisses et silencieuses qui entourent la demeure, tout donnait au château de mon oncle un caractère de mélancolique grandeur et de sauvage majesté.
Pour tous ceux qui aiment le pouvoir et souhaiteraient son action éternelle, pour tous ceux qui, comme Cassagnac, voudraient effacer à jamais ce mot d’accident que les partis désarmés jettent à l’Empire qui les a vaincus, n’était-ce pas surtout de ce côté que l’historien de cet Empire devait diriger son regard et concentrer sa pensée ? […] Si Barrot, passant devant cette statue après ses luttes oratoires, l’avait quelquefois interrogée du regard, elle lui aurait appris ce que deviennent les ambitieux demandant la chimère du pouvoir à l’idolâtrie des « multitudes.
Pour mon regard, j’honorerai toujours la grandeur en lui et en autrui, mais je ferai plus de cas d’un grain de bonté que d’un monde entier de grandeur.
C’est alors, dans ce second moment d’un enthousiasme plus tranquille, qu’il se remet à embrasser de ses regards l’ensemble de la société et qu’il se fortifie dans ses premières vues.
Une double lecture est intéressante à faire, c’est celle des mémoires de Rohan en ayant en regard les mémoires de Richelieu.
Cependant avec deux gros yeux dont l’un regardait à droite et l’autre à gauche, son regard n’en avait pas moins je ne sais quelle douceur, qu’on remarquait aussi dans le son de sa voix et lorsqu’on l’écoutait, ses paroles étant toujours d’une obligeance extrême : on s’accoutumait à le voir… Il avait pour les arts, et surtout pour la musique, une véritable passion, au point qu’il voyageait avec son premier violon afin de pouvoir cultiver son talent en route.
Sur le chapitre des mathématiques, et sur cette géométrie de complaisance dont le goût prit subitement à Voltaire, le nouveau recueil nous fournit quelques lettres qui sont de celles que le commun des lecteurs se contente de parcourir et d’effleurer du regard : un habile homme m’avertit d’y prendre garde, et il me fait lire, en me le commentant, ce passage : Puisque me voilà en train, dit Voltaire en écrivant à un M.
Dès que le grand homme qui sait s’étonner le premier porte ses regards hors de lui, le voile de l’habitude tombe, il se trouve en présence de la nature, l’interroge librement et recueille ses réponses. » Le grand homme est celui, qui, après s’être étonné, trouve l’explication.
. — « Je hais le jeu comme la fièvre, et le commerce des femmes comme je n’ose pas dire ; celles qui pourraient me toucher, ne voudraient seulement pas jeter un regard sur moi. » Vauvenargues avait toujours pris l’amour au sérieux : « Pour moi, je n’ai jamais été amoureux, que je ne crusse l’être pour toute ma vie ; et, si je le redevenais, j’aurais encore la même persuasion. » C’est pour cela qu’il recommençait rarement.
Ces observations faites pour l’acquit de sa conscience, il doit, avant tout, homme pratique et de bon sens, porter un regard scrutateur sur l’âme et sur la nature d’Aurélie, afin de bien voir si cette apparence candide et calme ne recèle point un foyer de trouble et d’orage.
Un autre témoin fort digne d’être écouté à son sujet, Dutens, un esprit sérieux et solide, le premier éditeur complet de Leibnitz, Anglais d’adoption et de jugement, qui avait visité les principales Cours d’Europe et qui avait en soi bien des termes de comparaison, a parlé de ce prince dans le même sens que le président Hénault : « M. le prince de Conti était l’un des plus aimables et des plus grands hommes de son siècle : il avait la taille parfaitement belle (il dérogeait par là notablement à la race des Conti, qui avait la bosse héréditaire), l’air noble et majestueux, les traits beaux et réguliers, la physionomie agréable et spirituelle, le regard fier ou doux, suivant l’occasion ; il parlait bien, avec une éloquence mâle et vive, s’exprimait sur tous les sujets avec beaucoup de chaleur et de force ; l’élévation de son âme, la fermeté de son caractère, son courage et sa capacité sont assez connus en Europe pour que je me dispense d’en parler ici.
encore pour son esprit jusque sous les premières neiges de la vieillesse, tout d’un coup, on ne sait plus et qu’elle devient, elle disparaît dans le gouffre commun, elle ne surnage pas un instant, ou, si elle surnage, personne ne fait, plus attention à sa présence ou à son absence ; elle va échouer où elle peut et sans qu’on le remarque ; elle n’est une perte et un regret pour personne ; elle n’obtient pas la moindre mention funéraire de la part d’une société bouleversée ou renouvelée, qui toute à ses soucis, à ses craintes, à ses espérances ou à ses ambitions renaissantes, n’a que faire des anciennes idoles, et qui, après avoir renversé coup sur coup avec tous ses temples ses anciens dieux, et les plus grands, n’a plus même un regard de reste pour les demi-déesses d’hier !
Ainsi il a fait à El-Aghouat, ainsi à Aïn-Mahdy : et du haut de cette station dominante, promenant partout le regard, pensant aussi aux luttes sanglantes dont ces villes ignorées furent le théâtre, à ces sièges qu’elles soutinrent, et aux scènes humaines émouvantes qui durent se passer autour de ces murailles, il dira : « De ma terrasse, en m’accoudant sur un mur crénelé qui fait partie du rempart, j’embrasse une grande moitié de l’oasis et toute la plaine, depuis le sud où le ciel enflammé vibre sous la réverbération lointaine du désert, jusqu’au Nord-Ouest où la plaine aride, brûlée, couleur de cendre chaude, se relève insensiblement vers les montages.
Ayant sans doute jeté un regard sur le cadran et s’étant assuré que la chose est à la rigueur possible, il se risque à glisser une heure ou deux de répit.
Les Anciens avaient Andromaque, Hector, Priam, les malheurs d’Hécube : ils y revenaient sans cesse ; leurs oreilles n’avaient jamais assez d’attente et de silence, leurs yeux n’avaient jamais assez de regards ni de larmes pour ces tragédies funestes.
Mais n’oubliez pas dorénavant de mettre cela en regard d’une fable ou d’une pastorale de Florian.
Comme s’il avait pris à la lettre et tout à fait au sérieux son sujet du Méchant, et comme s’il s’était dit qu’il n’y avait pas à demeurer dans un pareil monde, il ne tourna plus désormais de regard qu’en arrière, vers la retraite et vers la vie de province.
Mais il vient un moment où l’on a droit de juger à son tour ceux qui vous ont précédé et guidé, surtout si tout le monde les juge, et si eux-mêmes, hommes de publicité et de parole, ils ont provoqué ce regard scrutateur par toutes sortes d’éclats, d’indiscrétions moqueuses et de confidences à haute voix.
Pour qui se complaît à ces ingénieuses et tendres lectures ; pour qui a jeté quelquefois un coup d’œil de regret, comme le nocher vers le rivage, vers la société dès longtemps fabuleuse des La Fayette et des Sévigné ; pour qui a pardonné beaucoup à Mme de Maintenon, en tenant ses lettres attachantes, si sensées et si unies ; pour qui aurait volontiers partagé en idée avec Mlle de Montpensier cette retraite chimérique et divertissante dont elle propose le tableau à Mme de Motteville, et dans laquelle il y aurait eu toutes sortes de solitaires honnêtes et toutes sortes de conversations permises, des bergers, des moutons, point d’amour, un jeu de mail, et à portée du lieu, en quelque forêt voisine, un couvent de carmélites selon la réforme de sainte Thérèse d’Avila ; pour qui, plus tard, accompagne d’un regard attendri Mlle de Launay, toute jeune fille et pauvre pensionnaire du couvent, au château antique et un peu triste de Silly, aimant le jeune comte, fils de la maison, et s’entretenant de ses dédains avec Mlle de Silly dans une allée du bois, le long d’une charmille, derrière laquelle il les entend ; pour qui s’est fait à la société plus grave de Mme de Lambert, et aux discours nourris de christianisme et d’antiquité qu’elle tient avec Sacy ; pour qui, tour à tour, a suivi Mlle Aïssé à Ablon, où elle sort dès le matin pour tirer aux oiseaux, puis Diderot chez d’Holbach au Granval, ou Jean-Jacques aux pieds de Mme d’Houdetot dans le bosquet ; pour quiconque enfin cherche contre le fracas et la pesanteur de nos jours un rafraîchissement, un refuge passager auprès de ces âmes aimantes et polies des anciennes générations dont le simple langage est déjà loin de nous, comme le genre de vie et de loisir ; pour celui-là, Mlle de Liron n’a qu’à se montrer ; elle est la bienvenue : on la comprendra, on l’aimera ; tout inattendu qu’est son caractère, tout irrégulières que sont ses démarches, tout provincial qu’est parfois son accent, et malgré l’impropriété de quelques locutions que la cour n’a pu polir (puisqu’il n’y a plus de cour), on sentira ce qu’elle vaut, on lui trouvera des sœurs.
Sur l’aimable et sage M. de Boismorel, qui joue un si beau rôle dans les Mémoires ; sur Sévelinges l’académicien89, qui n’est pas non plus sans agrément ; sur certain Genevois moins léger, et « dont l’esprit ressemble à une lanterne sourde qui n’éclaire que celui qui la tient ; » sur toutes ces figures de sa connaissance et bientôt de la nôtre, elle jette des regards et des mots d’une observation vive, qui plaisent comme ferait la conversation même.
Ces trois morceaux en regard appellent bien des pensées.
Quand les anciens personnifiaient l’amour et la beauté, loin d’affaiblir l’idée qu’on en pouvait concevoir, ils la rendaient plus sensible, ils l’animaient aux regards des hommes, qui n’avaient encore qu’une idée confuse de leurs propres sensations.
Ceux qui ont inventé le langage n’ont point noté les objets par des signes abstraits à la façon des algébristes ; ils ont joué en leur présence et pour les exprimer un drame figuratif et une pantomime ; ils ont imité les événements avec leurs attitudes, avec leurs cris, avec leurs regards, avec leurs gestes ; il les ont dansés et chantés.
Ce qui est poésie dans la nature physique ou morale, et ce qui n’est pas poésie se fait reconnaître à des caractères que l’homme ne saurait définir avec précision, mais qu’il sent au premier regard et à la première impression, si la nature l’a fait poëte ou simplement poétique.
Ce sont tes frères les Désirs Avec leurs faces impérieuses et suppliantes Et leurs guirlandes d’amaranthes Et de soucis et de riantes Lèvres qui pleureraient vite À quelque dur déni d’un destin obstiné, Tu sais où leurs regards jadis t’ont conduite Pauvre Âme en qui le soir, comme une autre âme, est né.
Le regard du Titan et la foudre du Dieu croisaient leurs éclairs.
J’ai le regard accueillant, le maintien naturel, et le sourire sincère.
Il aime que sa comédie soit de plain-pied en quelque sorte avec la société où il vit, et que l’une ne soit que l’autre, légèrement extraite et découpée, mise en regard et pourtant à peine séparée d’elle-même.
J’ai touché, il y a quelque temps, l’autre Lauzun à propos de la Grande Mademoiselle qu’il avait su rendre folle de lui : il ne mérite pas un plus long regard.
Il sortit de là pour être mousquetaire, assista aux derniers moments de Louis XV, reçut un jour, au passage, un regard charmant de la jeune et nouvelle reine Marie-Antoinette : il paraît que ce furent là les plus vifs souvenirs de ce jeune mousquetaire au cœur simple, à la figure noble et pleine de candeur.
Amyot, assuré de la subsistance, et croyant que, François Ier n’étant plus, la fortune en France se retirait de lui, tourna ses regards vers l’Italie, cette vraie patrie de la Renaissance, et où l’appelaient tant de précieux manuscrits à consulter.
Il n’est jamais revenu sans un éclair au front et sans une larme dans le regard au souvenir de ce qu’il appelait ces camps de sa jeunesse, « dont est sortie la plus belle et la meilleure armée qui ait existé dans les temps modernes, et qui, si elle est égalée, ne sera certainement jamais surpassée : je veux dire l’armée qui campa deux ans sur les côtes de la Manche et de la mer du Nord, et qui combattit à Ulm et à Austerlitz ».
Il s’était logé à Passy dans une maison agréable, entourée d’un jardin ; il s’était uni depuis des années à une jeune, à une belle et aimable personne qui animait son intérieur et réjouissait son regard.
Ceci devait mourir dans le même lieu qui l’a fait naître ; mais ceux qui vivent dans une société ont des devoirs à remplir ; nous devons compte à la nôtre de nos moindres amusements. » Il semble même qu’en terminant ce mémoire, Montesquieu s’attache trop à diminuer le mérite de l’observateur, lequel a souvent besoin de toute sa subtilité d’esprit et de son invention ingénieuse pour amener le fait sous son regard : Il ne faut pas avoir beaucoup d’esprit, disait Montesquieu, pour avoir vu le Panthéon, le Colisée, des Pyramides ; il n’en faut pas davantage pour voir un ciron dans le microscope ou une étoile par le moyen des grandes lunettes ; et c’est en cela que la physique est si admirable : grands génies, esprits étroits, gens médiocres, tout y joue son personnage.
Et encore : « Des rois qui vivaient dans le faste et dans les délices n’osaient jeter des regards fixes sur le peuple romain. » Je pourrais multiplier ces remarques et montrer comment Montesquieu affecte de rendre leur sens exact et propre à quantité de mots (ajuster, engourdir, etc.), et comment il double leur effet en les appliquant nettement à de grandes choses.
Les cours d’Allemagne avaient alors les regards tournés vers la France ; les souverains visitaient Paris incognito, et, de retour ensuite dans leur pays, ils voulaient rester au courant de ce monde qui les avait charmés.
Necker est revenu depuis sur ce premier culte qu’il avait voué à l’opinion ; rejetant ses regards en arrière après son second ministère, en 1791, il s’est écrié, avec une sorte de naïveté encore : Je ne sais trop pourquoi l’opinion publique n’est plus à mes yeux ce qu’elle était.
Cependant le roi Frédéric-Guillaume, son père, était au terme de sa vie et de son long règne ; atteint d’une hydropisie croissante, il ne pouvait plus aller que peu de temps ; chaque jour on attendait sa mort, et les regards, les ambitions se tournaient du côté du prince si longtemps écarté.
* * * En regard des fables — relativement rares — qui relatent les aventures d’animaux divers, il en est un grand nombre qui s’attachent avec complaisance à évoquer les tours pendables de frère lièvre à son éternelle dupe : l’hyène.
Maintenant, que l’attention à la vie vienne à faiblir un instant — je ne parle pas ici de l’attention volontaire, qui est momentanée et individuelle, mais d’une attention constante, commune à tous, imposée par la nature et qu’on pourrait appeler « l’attention de l’espèce » — alors l’esprit, dont le regard était maintenu de force en avant, se détend et par là même se retourne en arrière ; il y retrouve toute son histoire.
Je ne sais quelle pudeur baignait son regard, ne le noyait pas ; les joues avaient un jaune rose moite où hésitaient de percer quelques grains de beauté, flavescences d’aurore. […] Sa joie d’ailleurs était de vivre par le regard. […] Borluut pour Godelieve, c’est le seul homme, parce que seul il écoute et perçoit les vibrations de la pensée ; ce seraient les amants heureux dans les Vérones où a parlé l’Esprit, les blancs catéchumènes enchaînés par leur mutuel regard, dansant nus et innocents devant les phalanges célestes. […] Il semble que si les poètes mettent grand souci à conter les villes et les campagnes d’autour de leurs berceaux, c’est qu’il est temps d’enclore d’un dernier regard des choses qui vont disparaître ; la campagne natale leur apparaît avec cette absolue netteté que prennent les êtres et les décors à l’heure d’un peu avant le crépuscule. […] La difficulté même qu’a un jeune homme d’éteindre et de traduire ce qu’il a de vraiment personnel, qui est son regard sur les choses et le timbre de sa voix pour en parler, lui fait apparaître ses pensées existantes, mais difficilement saisissables, parce que embryonnaires, comme compliquées à l’excès, rares et profondes.
Il est encore plus difficile de juger avec impartialité un grand homme quand on l’a connu et aimé, quand on peut encore se rappeler le son caressant de sa voix, la finesse de son sourire, la profondeur de son regard, la pression affectueuse de sa main, quand on se sent encore, non seulement subjugué par la supériorité de son esprit, mais comme enveloppé de sa bienveillance et de sa bonté. […] Il avait, ce puissant esprit, le sérieux, la simplicité et la candeur d’un enfant ; et c’est au sérieux, à la simplicité, à la candeur avec lesquels il ouvrait ses regards naïfs et scrutateurs sur le monde et sur les hommes qu’il a dû précisément la puissance d’impression et d’expression qui est son originalité et la marque de son génie. […] Elle n’avait rien qui attirât les regards. […] Mais, en le voyant de près, en causant avec lui, on était frappé du caractère de puissance et de solidité de la structure du crâne et du visage, de l’expression, tantôt réfléchie et comme retournée en dedans, tantôt interrogatrice et pénétrante de son regard, du mélange de douceur et de force de tout son être. […] Quand il parlait, quand la pensée animait ses yeux, on ne voyait plus que son regard, ce regard qui fut jusqu’au bout limpide et brillant comme chez tous ceux dont le cœur reste jeune.
Réponse d’un de ceux qui ont vingt ans à M. de Vogüé M. de Vogüé a réuni récemment sous le titre de Regards historiques et littéraires un certain nombre d’articles qu’il a éparpillés ces années dernières dans différentes publications. […] « Le métier des armes », n’a pas échappé plus que les autres aux regards des analystes fouilleurs pénétrants de la réalité. […] Pourquoi ne pas mettre en regard ces manifestations contraires d’une même force ? […] Et pourtant un regard sur la philosophie contemporaine s’impose à quiconque veut comprendre Aujourd’hui et surtout Demain ! […] Ils prendront conseil de M. de Vogüé (Melchior), qui publiera un livre majestueux et terne sous ce titre : Regards politiques sur les choses de la terre.
L’Arétin C’était un homme grand, fort, carré d’épaules, avec un regard à la fois insolent et oblique, — le regard d’un homme qui triche au jeu : — avec une large bouche, constamment épanouie en public par un sourire béat et protecteur. […] Chaste anniversaire, fêté par deux âmes sous le regard attendri de Dieu ! […] Je supprime, bien entendu, les sourires, le jeu de l’éventail, la poésie du regard, la tenue de la cravate blanche ; mais, daguerréotype fidèle, je suis certain d’avoir reproduit ce feuilleton oral qui éclate dans vingt loges différentes, que redoutent les hommes de génie, sous les verges duquel se courbent les gens d’esprit, qui est le résumé de l’opinion d’une salle, et que l’on a baptisé de ce nom terrible : le public.
hialmar : Et jamais tu ne jettes un regard en arrière, sur les fautes de ton passé ? […] Parfois, dans leurs regards clairs ou mystérieux, Tu croiras voir luire une flamme… Garde-toi ! […] N’est-ce pas que ce nous serait un plaisir de savoir exactement quelle tête ils ont eue, de nous les représenter dans la vérité familière de leur allure, de surprendre leur regard, d’entendre le son de leur voix ? […] Ou plutôt, par une démarche inverse, prenant le réel pour point de départ, il le transforme en le contemplant, il l’enfle et le rend gigantesque par l’intensité du regard qu’il fixe sur lui. […] Ce n’était pas la peine de prendre ces airs d’homme fort, pour redevenir si vite, sous un regard de jeune fille, un si bon jeune homme.
James Sully, est avant tout le détachement, l’état d’âme ou d’esprit où l’homme ne tient pas à soi-même, dépasse l’égoïsme et l’égotisme et promène sur toute chose un regard souriant, spirituel sans doute, mais où il entre surtout de la bienveillance. […] De Brandès : « Dans son Roi Lear, Shakespeare du regard a mesuré jusqu’au fond l’abîme des horreurs et à ce spectacle son âme n’a éprouvé ni peur, ni vertige, ni pitié. […] Il avait l’aspect souffrant, gauche et expressif ; son visage avait la beauté intellectuelle de la forte inspiration et son regard brillait du feu sacré… Ses conseils m’ont ranimé et retrempé vingt fois, non pas seulement par rapport aux choses d’art. […] Elle est un peu décevante ; je veux dire elle a l’air, au premier regard, de devoir être décevante parce qu’elle n’est pas liée. […] On lit trois lignes d’un regard et puis on refait la phrase. » Ce n’est pas donné à tout le monde.
L’homme n’a qu’une mesure de sensibilité, et son langage qu’un degré d’énergie ; son cœur est-il oppressé par le poids accablant d’un sentiment profond, son imagination ravagée par des spectacles d’horreur multipliés, il désespère d’y proportionner son langage ; et un geste, un regard, un morne silence lui tiennent lieu alors de paroles et sont plus expressifs.
Selon lui, l’âme humaine, toute déchue et altérée qu’elle est, est le plus grand et le plus invincible témoin de Dieu ; elle est un témoin bien autrement parlant que la nature physique, tellement que le vrai athée (s’il y en a) est celui qui, portant ses regards sur l’âme humaine, en méconnaît la grandeur et en conteste l’immortelle spiritualité.
Trois personnages donc, trois députés marquèrent dès les premiers jours leur rang comme orateurs et comme chefs de la minorité dans cette Chambre de 1815, et chacun selon sa mesure et suivant son pas, ils marchèrent constamment d’intelligence et de concert : nous nous plairons aujourd’hui à les considérer, n’en déplaise aux mauvais restes vénéneux des passions de ce temps-là et à ces esprits louches que le regard de l’histoire offense42.
En attendant, pour consoler ses regards, elle s’est fait apporter ce qu’elle appelle this dear picture, un médaillon contenant le portrait de Buzot en miniature que, par une sorte de superstition, dit-elle, elle n’avait point voulu mettre d’abord dans sa prison : « Mais pourquoi se refuser cette douce image, faible et précieux dédommagement de la privation de l’objet ?
Mes regards plongèrent pour le voir, et je découvris sur sa surface, comme au fond d’un précipice, un bac de forme triangulaire.
Mais il n’avait pas su profiter de cette chance unique, il avait manqué à la belle mission qui lui était échue par le bénéfice du temps ; et après lui avoir représenté les contradictions flagrantes dans lesquelles le plaçait sa démarche, le ton et le caractère de ses anciens écrits qui juraient du tout au tout avec ce dernier acte, la palinodie qu’il semblait s’être réservée pour son chant du cygne, André Chénier lui traçait en regard le canevas de la véritable lettre qu’il aurait dû écrire, lettre sévère et digne, qui eût pu contenir un examen critique et judicieux de la Constitution, sans rien rétracter, sans rien démentir des principes.
Habitant volontiers dans ses souvenirs, en même temps qu’il suivait toujours de son regard le plus attentif les progrès de la science militaire et l’application des principes qu’il avait posés, ses dernières œuvres furent un Précis inédit des campagnes de 1812, 1813, 1814, et quelques brochures sur des questions militaires spéciales.
En me remettant à la lecture de Du Bellay et en reprenant de lui ce premier écrit par lequel il a ouvert, pour ainsi dire, l’ère de la Renaissance française, je me suis senti saisi d’un regret, et j’ai comme embrassé d’un seul regard la période tout entière, le stade littéraire où il entrait en courant, le flambeau à la main, stade glorieux, et qui, coupé, continué, accidenté et finalement développé pendant près de deux siècles et s’y déroulant avec bien de la variété et de la grandeur, n’a été véritablement clos et fermé que de nos jours.
Dans le drame politique qui se joue presque en regard du Verre d’eau, il y a de ces conditions réunies de tristesse et de contradictions en grand dont je parlais tout à l’heure, et qui seraient capables d’éclipser même la haute comédie.
» Une fois il s’adresse à Louis XIV qui a fait représenter à Versailles Sertorius, Œdipe et Rodogune ; il implore la même faveur pour Othon, Pulchérie, Suréna, et croit qu’un seul regard du maître les tirerait du tombeau ; il se compare au vieux Sophocle accusé de démence et lisant œdipe pour réponse ; puis il ajoute : Je n’irai pas si loin, et si mes quinze lustres Font encor quelque peine aux modernes illustres, S’il en est de fâcheux jusqu’à s’en chagriner, Je n’aurai pas longtemps à les importuner.
La sérénité rentrée dans mon âme se peignit bientôt dans mes regards, et je vois déjà dans les yeux de ceux que j’appelais mes ennemis un étonnement et un sentiment de regret, de honte et de compassion bienveillante qui va presque à l’admiration et au respect… je suis heureux, bien heureux.
Elle joignait à cela des grâces plus tendres ; une extrême sensibilité, unie à une mélancolie profonde, respirait dans ses regards.... » XXI On arrive au grand village d’Atala, la veille de la mort du prisonnier.
Il semble que l’univers ait été créé pour lui, et que ce soit le premier regard de l’humanité sur le monde des formes, des couleurs et du mouvement.
l’esprit des grandes intrigues et l’esprit des 1 sottes brimades, l’esprit du Prince de Machiavel et celui des clercs de Balzac, l’esprit plus fort que la force, voilà le spectacle qui se déploie dans le Roman de Renart : voilà sur quoi l’on arrête et l’on ramène toujours nos regards.
De tout son maintien, de ses regards, de ses paroles s’échappe une ardeur d’adoration qui chatouille agréablement la vanité du patriarche : c’est une fidèle devant son Dieu.
Est-il possible de faire tenir plus de contemplation dans un regret, et plus de pensée dans un simple regard aux étoiles ?
J’ai peur que ce ne soit simplement celle des classes dirigeantes, le catholicisme des gens « bien élevés » et, peu s’en faut, celui de la Vie Parisienne, celui qui n’interdit ni la paresse, ni les raffinements du luxe, ni les bals, ni les gorges et les bras nus livrés aux regards des hommes.
Robuste, infatigable, usant force chevaux, très habile à manier ses armes, mais payant peu de mine, petit, replet, le visage osseux et presque carré, ses traits, son regard, annonçaient l’audace et la résolution plutôt que la supériorité de la pensée.
., dans cette version Et neanmoins que tout aultre animal Jecte toujours son regard principal Encore bas, Dieu à l’homme a donné La face haulte, et luy a ordonné De regarder l’excellence des cieux, Et d’eslever aux estoiles ses yeux.
Pendant que la Rochefoucauld jetait un regard si triste et si profond sur une époque qui avait forcé tous les caractères, le jeune La Bruyère faisait son apprentissage d’observateur sur une société disciplinée, où les vices comme les vertus étaient revenus à leurs proportions naturelles, et où l’état de santé avait remplacé l’excitation de la fièvre.
Le cœur, l’instinct, peuvent la guider, mais non la rendre inutile ; ils peuvent diriger le regard, mais non remplacer l’œil.
Jamais une idée de haute et inquiète spéculation, jamais un regard profond jeté sur ce qui est.
» Ainsi tout autour de la peine de mort s’épanouit une abondante floraison d’œuvres littéraires, qui, si elles n’ont pas encore réussi à la faire disparaître, l’ont du moins réduite à se défendre, à se cacher, à reculer devant la lumière du jour et le regard de la conscience humaine.
Cela entraine des conséquences graves : d’abord un dédain profond des classes subalternes, un parti pris d’écarter ce qui peut rappeler les vulgarités de la vie domestique ou populaire ; puis, entre les privilégiés admis sur un terrain de choix, un code très sévère de bienséances : peu parler de soi ; épargner l’amour-propre d’autrui ; flatter ou ménager les travers des gens en leur présence, ce qui n’interdit pas — au contraire — de les railler en leur absence ; beaucoup de tact et de circonspection ; adoucir les angles de son caractère ; mettre une sourdine aux émotions trop vives, aux convictions trop fortes ; laisser entendre ce qu’on ne peut pas dire tout haut ; s’habituer ainsi à une fine analyse des sentiments, à une psychologie déliée qui permet de reconnaître à un froncement de sourcils, à un regard, à une inflexion de voix les plus subtils mouvements du cœur.
On comprend le regard torve jeté par le vieil athlète se retirant de l’arène, sur l’éphèbe qui découronnait son front chauve, son froncement de sourcil sous ses lauriers humiliés.
Sa mère, qui déteste en elle l’enfant d’un mari abhorré, la rebute et la maltraite depuis son enfance ; jamais un tendre regard n’a réjoui ses yeux ; jamais un mot d’amour n’a fait battre son cœur ; et pourtant elle se présente aux prétendus avec un million dans chaque main.
D’un acte à l’autre, cinq mois ont passé : nous retrouvons Paul Forestier crayonnant, sous le regard de son père, le portrait de Camille devenue sa femme.
C’est un crescendo de colère, d’exaltation et d’amour qui s’enfle et bouillonne, mettant à nu son coeur déchiré… Tout à coup Raymonde se retourne, aperçoit le regard de son mari fixé sur elle, avec une stupeur douloureuse.
Au sortir de ce livre terne et soi-disant consolateur, où pas une expression, pas une pensée ne vient, chemin faisant, dérider l’esprit et réjouir le regard, il faut bien vite ouvrir les Mémoires du cardinal de Retz et Gil Blas : ce sont les deux livres qui guérissent le mieux du Condorcet.
… il nous rend comme lui-même ; il nous poursuit sans cesse de son ironie, il nous atteint au cœur ; son incrédulité nous enveloppe, sa frivolité nous dessèche ; il jette son regard froid sur notre enthousiasme, et il l’éteint : il pompe nos, illusions une à une, et il les disperse ; il nous dépouille, et quand il nous voit misérables comme lui, faits à son image, désenchantés, flétris, sans cœur, sans vertus, sans croyance, sans passions, et glacés comme lui, alors il nous lance parmi ses élus, et nous dit avec orgueil : Vous êtes des nôtres, allez !
Il en a fait un délicieux de Mme de La Vallière, qu’il est juste de mettre en regard de celui de Colbert, où l’on vient de voir les plis du front : Elle avait le teint beau, les cheveux blonds, le sourire agréable, les yeux bleus, et le regard si tendre et en même temps si modeste, qu’il gagnait le cœur et l’estime au même moment : au reste, assez peu d’esprit, qu’elle ne laissait pas d’orner tous les jours par une lecture continuelle.
Il dira des regards de son amie, qu’ils pompent l’amour sur ses lèvres.
Pour le teint, elle ne l’a pas de la dernière blancheur ; il a toutefois un si bel éclat qu’on peut dire qu’elle l’a beau ; mais ce que Sapho a de souverainement agréable, c’est qu’elle a les yeux si beaux, si vifs, si amoureux et si pleins d’esprit, qu’on ne peut ni en soutenir l’éclat ni en détacher ses regards… Ce qui fait leur plus grand éclat, c’est que jamais il n’y a eu une opposition plus grande que celle du blanc et du noir de ses yeux.
Grand, beau, l’air ouvert et martial, l’œil plein de feu, la tête haute, avec une coiffure à lui, la chevelure assez rase et en rond, à la Charles XII, ou à la Titus comme nous dirions, Bonneval attirait les regards.
Quand on arrive en Angleterre, la première chose qu’on cherche du regard c’est la statue de Shakespeare.
Caesar a le bras droit étendu, l’autre tombant, les regards attendris et tournés vers le ciel.
Sur un troisième plan plus sur la gauche, et tout à fait sur le devant, c’était un homme accroupi, mais il commence à se lever et à jetter ses regards mêlés d’inquiétude et de curiosité vers la gauche et le devant de la scène ; il a entendu.
Si justement il croyait se promener alors dans la rue, c’est dans ce très simple appareil qu’il s’offrira aux regards des passants.
Chacun d’eux appela sur lui les regards de la nation ; mais, ce qu’on doit remarquer, c’est que tous les arts précédèrent parmi nous celui de l’éloquence.
Devant les regards du roi, à son majestueux aspect, nul n’osait enfreindre les règles qu’il avait prescrites. […] Ce n’est pas cette haute éloquence de Bossuet planant au-dessus des empires, jetant un regard d’aigle sur leurs révolutions et sur leurs débris, se plaçant comme spectateur au-dessus de la nature humaine pour chercher les voies de la Providence. […] L’abbé de Mably ne rendit justice à rien de ce qui appartenait aux temps modernes ; ni la religion, ni le gouvernement, ni la gloire, ni les annales de la France et des nations européennes ne lui parurent mériter un regard. […] L’auteur semble d’un vaste regard embrasser la nature, sans être troublé d’un tel spectacle, bien qu’il en apprécie la grandeur ; en un mot, aucun écrivain du dix-huitième siècle ne parla un plus beau langage que Buffon, ou, pour mieux dire, n’eut de plus grandes pensées. […] La marche de l’esprit humain, le but où il est parvenu y ont été si remarquables, qu’il attirera toujours les regards de la postérité.
L’idée seule brille, de tout son éclat, indépendante des faits, comme une statue dont aucun voile ne dérobe aux regards la beauté idéale. […] Ce ne sont pas seulement les dix sous rapportés qui vous ont séduit, c’est la manière dont l’action a été faite, c’est l’air de franchise, c’est le regard d’honnêteté, c’est le je ne sais quoi. […] Elle est telle que l’a peinte Gérard dans son tableau : quinze ans à peine, le regard vague et ravi de l’innocence ; une enfant qui ne comprend ! […] Elle semblait accablée d’un trouble délicieux, il y avait dans ses gestes ingénus et craintifs, dans ses regards étonnés et tendres, un mélange de rougissante pudeur et d’amour qui s’ignore. […] Il faut la voix d’un homme pour ces mots brûlants, la main d’un homme pour ces caresses tendres, les yeux d’un homme pour ces regards noyés de désir.
Aussi, quelle perspective interminable de pensums, quelle éternité de retenues se déroule devant lui… Mais soudain, voyez ce jeune visage s’illumine, la conscience que tout cela n’est qu’un rêve a pénétré jusque dans son profond sommeil de collégien… ; il se dresse avec anxiété sur son séant pour ressaisir la bienheureuse réalité, l’embrasse d’un seul regard, et se replonge avec félicité dans le sommeil. […] Un tout jeune homme, Francis Valigny, atteint de ce qu’on a nommé la maladie du siècle, l’ennui, le doute, l’orgueil, croyant à la fatalité, pressentant et appelant la passion, rencontre une femme belle, romanesque, ennuyée, avide d’émotions, qui, d’un seul regard, fait de lui son esclave. […] Celui-ci arrive juste à temps pour pardonner, et pour déposséder son malheureux rival du dernier regard de celle qu’il a si follement aimée. […] La petite pensionnaire, au sortir du couvent, débute modestement par la poudre de riz sur ses jeunes épaules ; sa sœur aînée, jusque sous l’aile maternelle, rehausse l’éclat de son regard par une ombre presque imperceptible de noir oriental ; plus tard, elle ajoutera à tous ces avantages un peu de rouge et le coup de pinceau aux sourcils ; enfin, elle se donnera le corail des lèvres et les petites veines bleues. […] Nos Japonais poussent à ce point les belles manières que, lors de l’ouverture de l’Exposition de Londres, ils ont traversé la grande nef, armés jusqu’aux dents, sans jeter un seul regard ni à droite, ni à gauche, à la profonde mortification du public anglais.
L’Empereur eut même la bonté, étant à table, de chercher du regard sa nouvelle invitée, à travers l’encombrement des corbeilles de fleurs, des candélabres et des surtouts d’or massif. […] Nulle vision d’éditeur bien payant, nulle idée de scandale lucratif ne s’est jamais interposée entre son regard et la page vierge à laquelle il confiait ingénument ses songeries. […] Son regard était beau et plein de feu. […] Un matin, on vint le prévenir « qu’un inconnu, d’âge mûr, de tenue fort correcte, la figure fraîche et rasée, le regard fin, le chef orné d’une perruque blonde », demandait à lui parler confidentiellement. […] La dame riposte par un regard hautain, qui glace jusqu’aux moelles le professeur lascif.
Univers ou chaos, l’objet redoutable dépend des lois intimes et cachées qui le gouvernent, dépend aussi du regard qui l’examine et qui en tolère le spectacle. […] Glesener, lui, nous dessine de véritables enfants qui ont leur âme en train de se former, qui ont leur univers limité à leurs regards, et qui ont leur pensée de cet univers peu étendu, complet cependant. […] L’altier courtisan emprunte tout son orgueil des regards du maître, qui ont daigné tomber sur lui ; mais à son dîner il est maître à son tour et ses regards, en tombant sur le ridicule front de son poète, lui transmettent une partie de cet orgueil emprunté. […] Mais rappelez-vous ses silences et sachez ce que vous dérobèrent un masque pâlot et des regards qui fuyaient l’interrogation du vôtre. » L’Élève Gilles, c’est tout uniment le récit de la onzième année d’un enfant. […] Et l’on dirait qu’avant de se risquer parmi toutes les complications des âmes qui, ayant vécu davantage, ont plus embrouillé leurs désirs, leurs volontés et leurs remords, André Lafon, prudent, essayait son regard à examiner des âmes claires encore et anodines.
Le spectateur, qui est dans cet état, aime à promener ses regards vaguement, sans but et sans suite, sur une infinie diversité de choses, et si le poète ose lui faire violence, en exigeant de lui la disposition sérieuse qui ne convient qu’au spectateur de la tragédie, je veux dire en voulant arrêter jusqu’à la fin ses yeux sur un objet unique, sans incidents, sans interruptions et mélanges bizarres de toute nature pour le distraire, sans jeux d’esprit ou mots piquants pour réveiller à toute minute, sans inventions inattendues, hardies, pour le tenir sans cesse en haleine, la gaieté tombe, le sérieux reste et le comique s’évanouit. […] Qu’offrira-t-il donc à nos regards ?
Il dresse la liste des gens morts ou malades d’amour, et des causes ridicules qui les ont mis dans ce triste état. « William Simple, frappé à l’Opéra par un regard adressé à un autre. — Sir Christopher Crazy, baronnet, blessé par le frôlement d’un jupon de baleine. — M. […] Je souhaitai les ailes d’un aigle pour m’envoler jusqu’à ces demeures fortunées ; mais le Génie me dit qu’on n’y pénétrait que par les portes de la mort que je voyais s’ouvrir à chaque instant sur le pont. — Ces îles, me dit-il, que tu vois si fraîches et si vertes et dont la face de l’Océan semble bigarrée aussi loin que tes regards portent, sont plus nombreuses que les grains de sable sur le rivage de la mer ; il y en a des myriades derrière celles que tu découvres, au-delà de ce que ton œil, et même de ce que ton imagination peut atteindre.
. «… Au sortir d’une conversation où j’aurai, par l’excès de mes dédains, étonné des âmes éteintes, j’irai dévorer en pleurant quelque puéril récit d’amour… Un son de voix, un regard, me jettent dans des chimères de tendresse et de mélancolie d’où je ne puis plus sortir. […] Et c’est du même regard visionnaire qu’il considère l’avenir.
Et nous voilà dans un petit recoin, en forme de loge, dont les murs vous font blancs, à la façon des meuniers, et d’où, comme d’une lucarne, le regard plonge, non sans une espèce de vertige, dans la salle. […] Gérôme qui dîne avec nous, à la veille d’un départ pour Constantinople, me plaît, lui, avec son physique énergique, sa figure cabossée, son regard au grand blanc, enfin par toute cette physionomie, qu’on dirait la physionomie d’un talent farouche.
Mais je crois qu’il aurait fallu tenir compte pour les femmes de la faiblesse de notre œil pour elles, chez nous autres qui n’avons pas le regard déformateur ni si rudement scrutateur. […] Ce sont eux qui les premiers contemplèrent ses montagnes avec un regard désintéressé, avec l’espoir d’y trouver une émotion.
Alors, il sentait ses regards pénétrer son âme, comme ces grands rayons de soleil qui descendent jusqu’au fond de l’eau. » — « Les cœurs des femmes sont comme ces petits meubles à secret, pleins de tiroirs emboîtés les uns dans les autres ; on se donne du mal, on se casse les ongles, et on trouve au fond quelque fleur desséchée, des brins de poussière — ou le vide265 ! […] Les jeunes filles folâtraient sous l’œil des religieuses ; Le regard de l’impeccabilité ne gêne pas l’innocence.
A mesure qu’il élève plus haut ses regards, le dynamiste croit apercevoir des faits qui se dérobent davantage à l’étreinte des lois : il érige donc le fait en réalité absolue, et la loi en expression plus ou moins symbolique de cette réalité. […] Nous voici donc obligés de modifier profondément l’idée que nous nous faisions de Paul : ce n’est pas, comme nous l’avions pensé d’abord, un spectateur dont le regard plonge dans l’avenir, mais un acteur, qui joue par avance le rôle de Pierre.
Le xviiie siècle ne nous a pas accoutumés à ces regards d’en haut, perdus en France depuis Bossuet. […] Celui qui consent à se laisser emporter dans cette sphère supérieure, et à diriger son regard selon le rayon, sent par degrés, en montant, de grandes difficultés s’aplanir, et bien des notes discordantes d’ici-bas s’apaiser en harmonie. […] Ce sont là des questions que nous posons à peine, mais qui se lèvent devant nous ; et comme la lecture de De Maistre met, bon gré mal gré, en train de prédire, nous nous risquerons à ajouter : Quoi qu’il puisse arriver dans un avenir quelconque, et même (pour ne reculer devant aucune prévision), même si quelque chose en religion devait définitivement triompher qui ne fût pas le catholicisme pur, que ce fût une convergence de toutes les opinions et croyances chrétiennes, ou toute autre espèce de communion, De Maistre aurait encore assez bien compris l’alternative à l’heure de crise, il aurait assez ouvert les perspectives profondes et assez plongé avant son regard, pour s’honorer à jamais, comme génie, aux yeux des générations futures vivant sous une autre loi ; il ne leur paraîtrait à aucun titre un Julien réfractaire, mais bien plutôt encore une manière de prophète à contre-cœur comme Cassandre, une sibylle merveilleuse.
I Ce ne fut pas sans peine, et au premier regard il semble qu’à cette révolution, dont elle est si fière, l’Angleterre n’ait rien gagné. […] VI Ouvrez Reynolds pour revoir d’un coup d’œil toutes ces figures, et mettez en regard les fins portraits français de ce temps, ces ministres allègres, ces archevêques galants et gracieux, ce maréchal de Saxe qui, dans le monument de Strasbourg, descend vers son tombeau avec le goût et l’aisance d’un courtisan sur l’escalier de Versailles. […] La beauté s’y trouve, mais ailleurs, dans la froide décision du regard, dans le profond sérieux et dans la noblesse triste du visage pâle, dans la gravité consciencieuse et l’indomptable résolution du geste contenu.
Cette timidité qui voilait, comme elle le lui disait agréablement, certaines parties de son esprit, se leva par degrés sous un regard accueillant ; elle put l’apprécier dans cette nuance affectueuse et cette originalité simple qui se confondaient en lui et qui demandaient à être observées de près. « Ce n’est pas assurément que votre esprit aussi ne me plaise, lui écrivait-elle un jour, mais il me semble qu’il tire surtout son originalité de vos sentiments. » Fauriel, à cet âge, était doué de toutes les qualités que nous lui avons connues, mais de ces qualités en leur fleur ; sa physionomie, qui ne fut jamais très-vive, était aimable ; cette physionomie sensible, expressive, inquiétait même parfois sur la délicatesse de sa santé. […] Au dedans de mon cœur, en te voyant, je sentais aux prises ces deux adversaires qui vont toujours ensemble, le Respect et l’Amour ; mais pourtant ton sourire était si clément, et je ne sais quoi de connu me luisait si doucement dans tes regards, que l’Amour l’emporta, et que je m’approchai plein de confiance. […] Les dieux littéraires les plus voisins de nous, et réputés les plus incomparables dans nos habitudes d’admiration, n’étaient certainement pas ceux sur lesquels il reportait le plus volontiers ses regards. […] Il y aurait encore, comme pendant et parallèle à ce tableau des conversations d’Augustin Thierry, à mettre en regard les communications non moins intimes, non moins actives, de M.
Là-bas les soings, ne les mornes langueurs, Ne les regrets, ne les soupçons hagards, Les froides peurs, ne les traistres regards Des vrais amans ne tourmentent les cœurs. […] Mais je vous laisse juges : Ni le retour délicieux du printemps, dit Olivier de Magny, ni la consolation que m’apporte l’amitié : Ne peuvent flatter la langueur Qui tient genné mon pauvre cœur : Bien que la mignarde maîtresse, Pour qui je languis en détresse, Contre mon amoureus tourment Ne s’endurcisse fièrement, Et bien qu’ingrate ne soit celle, Celle gentile damoiselle Qui fait d’un regard bien humain, Ardre cent feus dedans mon sein. […] Enfin, que ce soit pour le poète Olivier de Magny, ou pour cet homme de guerre dont on a jasé, ou bien pour un troisième larron, il n’en est pas moins certain que Louise souffrit les assauts du cruel Amour, et que son cœur ardent ne s’étonna de rien, comme elle dit : O beaux yeux bruns, ô regards destournés, O chauds soupirs, ô larmes espandues ! […] L’aspect religieux de ce vieillard, son front modeste, la dignité de ses regards, sa douceur, sa noblesse, son air africain, tout annonçait le très glorieux Père Augustin. […] Sous un chevron de bois maudit Y branle le squelette horrible D’un pauvre amant qui se pendit Pour une bergère insensible Qui d’un seul regard de pitié Ne daigne voir son amitié… Tantôt, sortant de ces ruines, Je monte au haut de ce rocher, Dont le sommet semble chercher En quel lieu se font les bruines ; Puis je descends tout à loisir, Sous une falaise escarpée, D’où je regarde avec plaisir L’onde qui l’a presque sapée, Jusqu’au siège de Palémon, Fait d’éponges et de limon… Cette fameuse ode sur la Solitude fut composée à Belle-Isle-en-Mer où Saint-Amant avait suivi le duc de Retz.
Un garçon se présente, et reste médusé par le regard de L. […] Partout où va sa maîtresse, il faut qu’il aille, la suivant comme son ombre, ombre mélancolique et désolée, et jetant sur l’idole les mêmes regards effarés que doit avoir un avare en voyant son coffre-fort s’ouvrir de lui-même et étaler toutes ses richesses au milieu de gens qui ne dissimulent pas leur convoitise. — Chaque soirée est un combat, chaque bal une bataille où la lutte a lieu dans la proportion de un contre cent ; car, pour ne pas perdre un pouce de terrain dans le cœur de sa maîtresse, il faut qu’il ait à lui seul autant d’esprit que tous les hommes qui lui font la cour ; il faut qu’il ait le nœud de sa cravate aussi bien fait, ou la jambe aussi bien tournée ; car le retour des culottes vient d’ajouter un nouvel élément aux moyens de séduction, et le mollet, au dire de nos aïeux, passait jadis pour être irrésistible. […] Il en est qui s’installent pendant des heures entières, et poussent l’indiscrétion jusqu’à demander à l’artiste chez laquelle ils se trouvent s’il est vrai qu’elle était réellement l’héroïne de telle ou telle aventure qu’ils ont lue dans un journal, — et tout en parlant, ils inquisitionnent l’appartement du regard ; ils s’informent du prix du loyer, du chiffre des appointements. — Si on les laissait faire, ils iraient ouvrir les tiroirs. […] Quant à la chaleur, elle était véritablement torride ; non-seulement les bougies fondaient, mais encore on a eu à craindre un moment que le bronze des lustres n’entrât lui-même en fusion. — Il a été impossible de se procurer une glace avant trois heures du matin. — Dans le parcours des buffets aux loges, elles se transformaient en eau bouillante. — Mademoiselle A… e…, qui, sans doute par amour de l’antithèse, s’était coiffée avec une couronne de fleurs d’oranger, en rentrant le matin chez elle, a trouvé des oranges parfaitement mûres, à la place des fleurs et des boutons symboliques. — Cette atmosphère, qui aurait fait crier grâce au ver à soie le plus frileux, a causé également plusieurs accidents, sans compter les rhumatismes qui pourront en résulter. — On cite notamment une aventure dont l’héroïne est une actrice qui n’a pas encore débuté, et qui a été surnommée Bérésina, à cause de sa réserve tellement glaciale, qu’un seul de ses regards suffisait pour donner des engelures. […] — Les parcs n’ont point été fermés, mais, sur une pétition de la chaste Diane qui avait sa statue dans Saint-James, on a organisé des rondes, qui assurent à la déesse un repos tranquille, en éloignant de ses regards tout ce qui pourrait lui faire regretter trop vivement l’absence d’Endymion.
Du premier coup d’œil, je le reconnus en ce petit, homme élégant et nerveux, au monocle impatient, au regard vif, au rire sarcastique et quelque peu diabolique, à la noire chevelure bouclée où se dressait une longue et souple mèche blanche, aux mains fines et agitées, maniant une badine noire et tirant de l’échancrure de son gilet de soirée un mouchoir pie. […] Que Mlle Geneviève était donc gracieuse, les rênes en ses mains fermes et avec quelle charmante tendresse son regard se tournait vers son père ! […] Volontiers, il ferait les ablutions prescrites aux vasques sacrées ; volontiers, il se prosternerait devant le Mihrab, les regards tournés vers La Mecque. […] » Nous la lisons, cette souffrance, dans les portraits du Baudelaire de la maturité, nous la lisons dans ce visage glabre et ravagé où le front se dépouille, où la bouche amère s’encadre de longues rides, où les yeux vous regardent d’un regard trop aigu. […] La tête est coiffée d’un foulard noué coquettement, le regard tourné vers un médaillon pendu à la muraille et où l’on distingue une figure de femme.
Et Marquise, alors, combattrait par de gentilles paroles, et par de doux regards et d’enjôleuses mines, le découragement du « cher maître », et aussi ses scrupules religieux. […] Ce sommet où la foudre gronde, Où le jour se couche si tard, Ne veut resplendir sur le monde Que pour briller dans un regard. […] Les impulsions secrètes, inconnues de nous-même, qui précèdent et préparent les passions mortelles ; ce qu’il y a d’involontaire dans nos paroles, dans nos gestes, dans nos regards ; les communications muettes de la pensée, d’une créature à une autre ; les signes extérieurs qui parfois nous présagent, à notre insu, notre destinée ; de mystérieux rapports soudainement dévoilés entre le monde des corps et le monde moral ; la stupeur dont nous frappe quelquefois ce simple fait, que nous vivons, et comme cela est extraordinaire et incompréhensible ; corollairement, la peur de la mort et aussi les pressentiments, les divinations, la peur sans cause présente, la peur imprécise de quelque chose d’indéterminé ; certains phénomènes de télépathie ; toute la partie de nous-même que nous ignorons et que nous ne gouvernons point ; ce qui se passe dans les limbes de l’âme et qui est comme en deçà, de la pleine existence psychologique ; ce qui affleure à peine à la surface de notre « moi » ; nos ténèbres intérieures, et, pour le dire d’un mot, la vie inconsciente de l’esprit (cherchez-en la définition dans Schopenhauer), voilà principalement ce que M. […] Il faut que ces détails coexistent tous dans notre mémoire, comme ceux d’une toile peinte coexistent sous notre regard. […] … On connaît sa spécialité ; c’est celle des nuances, des sous-entendus, des paroles murmurées, des regards ignorants accompagnant les sourires qui savent, ou des clins d’yeux commentant les soupirs, et, pour tout dire en un mot, de la décence dans la polissonnerie.
Faisant allusion aux bons offices de M. de Châlon, il disait, assez joliment : « Il ne vous était pas bien difficile de faire un beau bouquet de jasmin d’Espagne, puisqu’on vous en a apporté les fleurs toutes cueillies dans votre cabinet. » Après avoir parlé de l’orgueil du poète, il finissait par des personnalités agressives : « Reconnaissez, en échange, que vous êtes en prose le plus impertinent de ceux qui savent parler ; que la froideur et la stupidité de votre style sont telles, que votre entretien fait pitié à ceux qui souffrent vos visites ; et que, pour le regard des belles lettres, vous passez dans le beau monde pour le plus ridicule de tous les hommes. […] L’auteur de la dédicace dit qu’il a fait de son mieux : « Un si beau sujet eût demandé sans doute une main plus habile pour être traité avec plus de grâces ; mais, du moins, il a reçu de la mienne toutes celles qu’elle était capable de lui donner, et qu’on pouvait raisonnablement attendre d’une muse de province qui, n’étant pas assez heureuse pour jouir souvent des regards de Votre Éminence, n’a pas les mêmes lumières à se conduire qu’ont celles qui en sont continuellement éclairées (les cinq auteurs). […] Le poète ingénu n’était sans doute pas mécontent de ces trois déluges, d’eau, de feu et de sang, mis en regard. […] Mais Christ n’a point commis en vos profanes mains Ce sceau mystérieux dont il marque ses saints : Un ministre céleste, avec une eau sacrée, Pour laver mes forfaits, fend la voûte azurée ; Sa clarté m’environne et l’air de toutes parts Résonne de concerts et brille à mes regards !
Jamais a-t-on mieux parlé de cette ville heureuse, ou rien de chagrin, de jaloux, de rigide et d’austère s’affligeait le regard et ne mortifiait la joie du voisin ; où l’on jouissait rien qu’à y vivre, à y respirer, à s’y promener, et où la seule beauté des bâtiments et des constructions, la beauté du jour et certain air de fête secouaient loin de l’esprit la tristesse72 ; où l’on aimait le beau avec simplicité et la philosophie sans mollesse, où la richesse était à propos et sans faste, où le courage n’était pas aveugle (comme celui du Mars fougueux), mais éclairé et sachant ses raisons (comme il sied à la cité de Minerve) ; véritable Athènes selon l’idéal de Périclès, sa création et son œuvre à lui, l’école de la Grèce (Ελλάδος Ελλάς Αθήναι), telle qu’il l’avait faite durant les longues années de sa domination personnelle et puissamment persuasive : car on a dans Périclès le type le plus noble et le plus brillant du chef populaire, d’un dictateur de démocratie par raison éloquente, par talent et persuasion continue.
Lorsque, vainqueur et conquérant de Valence, il a fait hommage de sa terre au roi Alphonse comme à son seigneur et a obtenu de lui de laisser venir Chimène et ses deux filles qu’il n’a pas revues depuis cet adieu déchirant, le Cid va à leur rencontre ; il les reçoit avec honneur dans cette belle ville qu’il se flatte de leur avoir gagnée en héritage, et il les fait monter sur un endroit élevé pour qu’elles puissent embrasser du regard leur conquête ; mais un ennemi nouveau se présente ; le roi de Maroc vient de delà la mer, pour assiéger le conquérant à son tour.
De tels actes, une telle activité bienfaisante et, pour tout dire, une telle agence de charité instituée et gouvernée pendant des années par une simple particulière, n’ont pas été sans attirer les regards des supérieurs dans l’ordre spirituel.
Il est, dans la sphère humaine, dans le domaine de la pensée comme dans l’ordre social, des couches profondes, des cercles extrêmes qu’il faut avoir visités et traversés, qu’il faut sans cesse oser pénétrer du regard, sans quoi l’on n’est jamais un philosophe achevé ni même un parfait et consommé politique.
Pour peu qu’on prenne la peine de suivre et de refaire par soi-même, devant son Homère et son Virgile ouverts en regard, le petit travail délicat que je viens de décrire, on arrivera, comme moi, à rendre parfaitement compte de ce procédé accompli de la poésie studieuse et réfléchie du tendre Virgile : deux ou trois couleurs qui viennent se fondre en un seul rayon, deux ou trois sucs divers qui ne font qu’un seul et même miel.
Mille serments couvrent le papier, où se reflètent les roses de l’aurore ; mille baisers sont déposés sur les mots qui semblent naître du premier regard du soleil ; pas une idée, une image, une rêverie, un accident, une inquiétude qui n’ait sa lettre.
Mais reçois mon dernier salut, car il ne m’est pas permis de voir les morts ni de souiller mon regard par des exhalaisons mortelles, et déjà je te vois approcher du moment fatal. » Et elle disparaît.
Un homme d’esprit a comparé drôlement le Dictionnaire de Bayle, où end of footnote from the previous page : le texte disparaît sous les notes, à ces petites boutiques ambulantes lentement traînées par un petit âne qui disparaît sous la multitude de jouets et de marchandises de toutes sortes étalées sur chaque point aux regards des passants : ce petit âne, c’est le texte.
.) — Il serait curieux d’établir en regard le compte si restreint du vocabulaire de Racine.
Le premier venu peut trouver cette notion dans son expérience et la vérifier lui-même du premier regard.
Sa mort causa la plus vive douleur à ses adorateurs ; et comme on la portait au tombeau, le visage découvert, ceux qui l’avaient connue pendant sa vie s’empressaient d’attacher leurs derniers regards sur l’objet de leur adoration, et accompagnaient ses funérailles de leurs larmes15.
Il a fallu Saint-Simon pour lever tous les voiles sous lesquels Voltaire avait coulé son vif regard et qu’il avait ensuite pudiquement ramenés.
Et, quant à lui, non seulement il les voit, mais il les voit plus grands que nature ; l’intensité du regard qu’il fixe sur eux les gonfle, les rend démesurés ; il les admire, il les craint, il les trouve sublimes ou redoutables, il frémit sous leur parole.
(Les voici, ces vers ; ils décrivent la salle à manger d’Eviradnus : Cette salle à manger de titans est si haute Qu’en égarant, de poutre en poutre son regard Aux étages confus de ce plafond hagard, On est presque étonné de n’y pas voir d’étoiles.
Pour lui, le sens des belles formes n’a pas dû être, comme chez d’autres, développé par l’étude, la comparaison, la « mesure » de toutes choses qui se fait en nous vers l’adolescence ; il a compris sans doute l’eurythmie aux premiers mots qu’il ouït prononcer, au premier paysage dont s’éblouit son regard d’enfant.
L’un, épicurien, exagérant trop souvent les excès du dernier du troupeau, au visage enjoué et fleuri, chargé sur la fin de sa vie de tout l’embonpoint qu’il reprochait aux moines, un Démocrite riant de son propre rire ; l’autre, une sorte de stoïcien chrétien, petit et maigre de corps, au visage pâle, exténué, où la vie ne se révélait que dans le regard, représentant l’esprit de discipline jusqu’au point où il devient tyrannie, de même que Rabelais représente l’esprit de liberté jusqu’au point où il devient licence.
Il n’aime pas la décadence il en détourne la vue ; mais de ce regard détourné et fugitif il n’en aperçoit pas moins les causes principales.
Ce trait lancé, elle essuie tranquillement les regards moqueurs ou irrités qui la visent, et s’éloigne d’un pas résolu.
Quand le roi de Prusse fit avec faste à d’Alembert une pension modique, comme Louis XV se moquait devant elle du chiffre de cette pension (1 200 livres), mise en regard des termes de génie sublime qui la motivaient, elle lui conseilla de défendre au philosophe de l’accepter, et d’en accorder une double : ce que Louis XV n’osa faire par principes de piété, à cause de l’Encyclopédie.
Et malgré tout, le voilà placé à la tête de cette censure, et investi de la plus délicate des fonctions, en présence d’une littérature philosophique très émancipée, dont il partage plus d’une doctrine ; en face d’une opposition religieuse et réactionnaire très irritée, qui a des appuis à la Cour auprès de la reine et du Dauphin, en regard enfin du Parlement, qui a ses préjugés, ses prétentions, et qui voudrait, dans bien des cas, évoquer à lui le jugement des livres et des auteurs.
M. de Chateaubriand, en 1814, était moins désabusé en effet qu’il ne voudrait le paraître, il espérait encore beaucoup, il espérait tout, et parlait de Louis XVIII en conséquence : « Il marche difficilement, disait-il de lui avec toutes les ressources et les complaisances du langage, mais d’une manière noble et touchante ; sa taille n’a rien d’extraordinaire ; sa tête est superbe ; son regard est à la fois celui d’un roi et d’un homme de génie. » Plus tard il empruntera, pour peindre Louis XVIII, quelques-unes des couleurs de Béranger ; mais alors, quand il attendait encore de ce roi impotent sa fortune politique, il le voyait ainsi dans sa majesté.
J’ai cru qu’il était facile de me deviner et de lire dans mes regards que celui qui vous voit et vous entend n’est point amoureux d’une autre.
Aujourd’hui, c’est un autre portrait que je voudrais montrer en regard, et d’une nature toute différente, d’un caractère non moins enviable et cher aux gens de bien.
Dans L’Education sentimentale, Flaubert a mis en scène, avec un art singulier, des personnages qui, déformés par une fausse conception d’eux-mêmes, ne relèvent précisément ni du drame ni de la comédie ou qui, au regard d’une observation plus aiguisée, confinent à l’un et à l’autre.
Dimanche 13 avril Liphart, en faisant mon portrait, m’apprend qu’il y a des femmes russes qui prennent de la belladone pour s’agrandir la pupille, et donner à leur regard de l’étrangeté et du brillant.
Mais tout autre chose est le regard perçant qui du haut de la montagne découvre, au-dessus des orages, les vastes horizons de l’avenir, et la force d’un bras infatigable qui, au fond de la vallée, lutte contre les menus obstacles qu’enfante à chaque pas le présent.
Les Espagnols, non ; cependant il a encore le regard tourné de ce côté-là, mais enfin, je ne connais que le fameux Paysan du Danube, qu’il a tiré d’un auteur espagnol tout récemment traduit.
Excepté de temps en temps, un regard charmant d’hirondelle, heurtant la tapisserie et cherchant son vieux mur du Cayla, à chèvrefeuille et à pariétaires, qui eût révélé dans cette fille calme autre chose qu’une femme du monde, capable de lui plaire, et, si elle avait voulu s’en donner la peine, de le dominer ?
Je connaissais les paroles et la musique tendre et grôle qui célébraient la tribu, les tentes rayées de noir, les coups de main audacieux, les razzias et le regard profond des femmes qui voient partir le guerrier.
La sociologie biologique n’avait de regards que pour ces « corps » sociaux qui seuls paraissent naître et se développer à la manière des organismes.
Nous nous placions dans son rayon visuel et lui laissions le temps de revenir du fond de son rêve, attendant que son regard nous rencontrât de lui-même, et il rentrait bien vite, en apparence du moins, dans la vie réelle, par quelque mot amical ou spirituel. […] À l’imperturbable dédain avec lequel il affrontait les regards, on devinait que, pour peu qu’on l’eût poussé, il fût revenu à la seconde représentation pavoisé d’un gilet jonquille. […] Tout est baigné d’une ombre vague où filtrent, par quelque ouverture des combles, ou quelque regard de loge, des lueurs bleuâtres, des rayons blafards contrastant avec les tremblotements rouges des fanaux de service disséminés en nombre suffisant, non pour éclairer, mais pour rendre l’obscurité visible. […] Le détail, discrètement atténué, laisse toute la valeur à l’ensemble, et, sur ce fond de nuances neutres ou assoupies, les figures que l’auteur veut mettre en relief se détachent avec une illusion de vie magique pareilles à ces portraits peints sur un champ d’ombres vagues qui retiennent invinciblement le regard. […] Quelle vérité dans ses gestes, dans ses poses, dans ses regards, lorsque, défaillante, elle s’appuyait contre quelque meuble, se tordait les bras, et levait au ciel ses yeux d’un bleu pâle tout noyés de larmes !
Cette périlleuse destinée fut bientôt fixée : Livie, de retour à Rome, plut aux regards du triumvir Octave, déjà tout-puissant. […] Un jour qu’il le tenait dans ses bras, il surprit un regard féroce que lui lançait Caïus : « Tu le tueras, dit-il à Caïus, et un autre te tuera. » Malgré cette prévoyance, rassuré par l’astrologue Thrasylle, qui lui promettait à lui-même plusieurs années de vie, Tibère ajourna la mort de Caïus. […] Depuis les premiers jours de leur révolution si récente32, et la plus légitime que les hommes aient jamais entreprise, on ne peut voir sans admiration tous les traits d’héroïsme et de dévouement national qui ont honoré leur cause si digne des regards et des secours de l’Europe civilisée. […] Ces regards ne peuvent rien recéler que la mort. […] Les insultes si odieuses et encore si récentes que Milton avait proférées contre la royauté, son enthousiasme pour une liberté devenue sanguinaire, ses engagements dans le parti de Cromwell, son apologie du régicide, appelaient sur lui les regards du parlement.
Il faudrait évoquer en regard ces images féminines qui sont les formes que prend la rêverie amoureuse de Musset, images toutes différentes et vivantes. […] Elle décline sous l’Empire, parce qu’on vit sous le regard du maître, qu’on se soucie de l’avancement, qu’on s’assouplit dans les antichambres des Tuileries. […] Chaque fois que Pasteur annonce une expérience loyalement préparée et dont le succès sera un bénéfice net pour la science impersonnelle, il sent peser sur lui le regard malveillant de tous ceux qui ont personnellement intérêt à ce que l’expérience manque et à qui cela fera plaisir. […] Des yeux sont sur nous dont nous sentons le regard malicieux et hostile. […] Il s’imaginait brisant avec toutes les conventions, bousculant les convenances, se campant dans une indépendance farouche, s’isolant dans l’âpreté de son orgueil, défiant l’humanité du geste et du regard, hautain, méprisant, beau d’insolence.
Si son sombre regard, d’une ardeur angélique, se pose tout à coup sur la fine pâte sculptée d’une rose ou sur le visage rayonnant d’une jeune femme, il perçoit, sous ces gracieuses apparences, un sens supérieur ; il les interprète d’une façon neuve, il leur découvre avec le reste du monde une analogie mystérieuse et des correspondances encore cachées. […] De bonne heure ils s’enthousiasmèrent pour les chamarrures des métaphores ; l’écarlate éclat des oripeaux et des draperies hypnotisa bientôt leurs regards.
Le regard qu’il jette sur la nature est large et profond ; son œil saisit le détail infini et l’ensemble des formes, des couleurs, des jeux d’ombre et de lumière. […] Il n’était pas homme à faire siffler longtemps, sur l’épaule des pervers et des sots, le fouet sanglant des Érinnyes ; il n’a ni le souffle haletant ni la fureur de l’âpre et fougueux poète des Tragiques, qu’il rappelle parfois ; mais il possède, à l’égal souvent de ses plus illustres confrères de la Renaissance moderne, le regard qui saisit du premier coup les magnificences naturelles et s’en pénètre.
La fixation du regard, étant une fixation de l’attention même, produit une sorte d’idée fixe ou de « monoïdéisme » artificiel ; aussi peut-on soutenir que, même en ce cas, il y a une cause psychologique à l’hypnotisme. […] Dire : je ne suis plus le même, c’est affirmer qu’on est encore le même, puisqu’on relie par je les deux états et qu’on les embrasse d’un seul regard.
» Mardi 28 mai Aujourd’hui, Mme Segond-Weber m’est amenée par Montesquiou, venant me demander de jouer La Faustin ; je suis frappé de sa beauté, de la fine ciselure de ses traits, de son pénétrant regard noir. […] Gigoux se révèle dans quelques portraits, entre autres, dans un portrait de Delacroix, comme un lithographe de premier ordre, et Achille Devéria, parmi de nombreux portraits, offre à nos regards deux très curieux et très remarquables portraits de Mérimée et de Dumas père.
En voici toutefois quelques-unes qui sautent au regard le plus négligent. […] Ceci est ce qu’on voit d’abord, si le regard demeure superficiel. […] Le monde, sous leur regard, est un jeu. […] Cela servit à ses succès terrestres, un peu moins à son œuvre, qui n’est pas négligeable ; car il portait sur la société provinciale de France, particulièrement sur celle de Touraine, des regards avertis. […] Si donc on se contente de jeter un regard superficiel sur notre plus récente littérature romanesque, on pourrait bien être tenté de la définir ainsi : une série de petits laboratoires de micrographie psychologique.
Tu fuirais, et jamais plus tu n’oserais affronter les ombrages sacrés que tes regards avaient violés. […] Et, tout en essuyant la sueur de mon front, je cherche avidement quelque objet moins sévère où reposer mes regards, quelque jeu de reflets qui me fasse oublier cet azur implacable… Voici une touffe de genêts en fleurs : mais son or frêle accuse davantage encore le gris morne des rocs. […] Les regards errants s’intéressent, une seconde, au va-et-vient des branches, aux moires et aux vagules de l’onde, au frémissement des gramens, puis finissent par se perdre dans le vague des nuages dont rien ne pourra plus les distraire. […] D’abord, les Fiers-à-Bras de la revanche — qui lancent, depuis vingt-huit ans, des regards furibonds vers les Vosges mais qui tremblent dans leur culotte dès qu’un attaché militaire étranger fronce le sourcil — pousseraient de tels cris, si l’on proposait une transaction, que nous en resterions à jamais sourds.
La République conservatrice les fixa d’un regard triste, sans employer la force. […] Comme les mers au regard des terres, ils s’échauffent et se refroidissent plus lentement que les personnalités dirigeantes. […] « Il est agile et vigoureux ; il est habitué aux règles d’une simple et saine hygiène ; il a subi les entraînements qui donnent la souplesse et la force ; il a le corps droit, le front haut, le regard franc ; il entre dans la vie avec modestie et avec confiance, comme il sied aux jeunes athlètes bien préparés à tous les combats. […] Léon Blum porte de l’autre côté des Alpes le regard que nos princes lorrains et leur suite jettent de l’autre côté du Rhin (mais la dictature n’a-t-elle pas autant de chances que le parlementarisme de revenir à sa première direction socialiste).
Tout cela s’y trouve, mais n’éclate peut-être pas toujours au premier regard. […] » Et Silvia, tout en lui coulant en dessous le regard le plus tendre, répond : « Hélas ! […] Ce gantelet du mari meurtrissant le poignet de sa femme ; le mouchoir de l’amoureuse servant à étrangler l’amant… cela accroche énergiquement les regards et l’imagination, et, après tout, il y fallait songer. […] Je n’aurai jamais une parole vraiment dure pour aucun des hommes qui ont vu le monde avec des regards plus ingénieux et plus créateurs que les miens, et à qui je dois l’inestimable joie d’une impression de beauté un peu nouvelle. […] Un policier, Porphyre Pétrowitch, le soupçonne, l’observe, le suit pas à pas, l’affole par ses apparitions imprévues, par ses questions, par ses ironies, par la pensée muette que le meurtrier lit dans ses regards.
C’étaient de mignardes études au crayon, des calques de types fugitifs et bientôt évanouis au regard, qui formaient ces cartons précieux, et qui plus tard, spirituellement ajustés et composés, puis enfin coloriés avec un charme exquis, devaient produire tous ces corps variés dont la guirlande capricieuse et éclatante commence à Fœdora pour finir à Mme de Mortsauf. […] Quelles ravissantes toilettes, que de jolis visages, que de regards évaporés, mon cher Monsieur ! […] Les marches couvertes de parures, d’écharpes, de plumes, de fleurs, de rubans ; les marches étincelantes de bijoux, de regards, de sourires, d’épaules qui se cachent, ressemblaient à ces larges gradins de nos serres-chaudes, où sont échelonnées mille plantes précieuses, des couleurs les plus vives et de l’aspect le plus éblouissant.
Mme de Saint-Pierre78, sans être jolie, a une figure qui plaît par l’expression de douceur et de bonté qui y est répandue, et surtout par un regard très gracieux.
Les poètes n’y font pas de nids, et les tourterelles mangent comme des ogres… » L’état d’Ondine, à ce second automne passé aux champs, était déjà devenu un sujet d’alarme, et les yeux d’une mère, si crédule qu’elle fût à l’espérance, ne s’y trompaient pas : « … Hors de là, mon cher fils, il faut rentrer dans les détails douloureux, t’avouer que je souffre toujours dans ce même amour de mère, te dire que vingt fois dans un jour une terreur se glisse entre elle et mon regard.
La politique vers laquelle l’Académie a paru trop pencher n’est réellement qu’une des provinces sur lesquelles elle doit promener son regard, mais seulement pour s’adjoindre ce qui se distingue éminemment en talent ou en éloquence.
Si, dans l’Élégie intitulée Patriæ desiderium, il sut chanter en un latin agréable les souvenirs de l’Anjou, de son cher Liré et des rives de Loire, il fit mieux d’y revenir en français, et je ne sais pas de meilleure leçon de goût pour un jeune poète que de lui donner à lire la pièce latine, si élégante, de Du Bellay, en mettant à côté et en regard le même tableau qu’il a rendu en français dans ce petit chef-d’œuvre qu’on peut appeler le roi des sonnets.
En nous montrant ce revers de style pâteux, mal lié, mou aux extrémités des phrases, avec des mosaïques bizarres de métaphores peu adhérentes, en nous offrant en regard le cachet du grand prosateur et la substance particulière dont est fait le grand style, souple et molle d’abord, et puis figée, lave d’abord, et puis granit, il a peint lui-même sa manière, il a donné l’empreinte et le moule de son procédé.
La mère écrit à son fils captif comme madame de Sévigné à sa fille absente : « A ceste heure… je cuyde sentir en moy-mesme que vous seuffrez. » Marguerite se représente aussi comme une autre mère pour ce frère bien-aimé, quoiqu’elle n’ait que deux ans plus que lui ; et, le revoyant après une séparation, elle croit lire dans son seul regard toute une tendre allocution, qu’elle se traduit de la sorte à elle-même : …….. « C’est celluy que d’enfance Tu as veu tien, tu le voys et verras ; Ainsy l’a creu et le croys et croirras.
S’il est beau de se vaincre, il est doux d’être heureux… L’éclat de deux beaux yeux adoucit bien un crime : Aux regards des amants tout paraît légitime… Je ne me connais plus et ne suis plus qu’amant ; Tout mon devoir s’oublie aux yeux de ce que j’aime.
Je me l’imaginais claustré, ainsi qu’un simple Fils du Ciel, au fond d’un farouche lyrisme, où il vivait, muet solitaire, refusé aux regards des profanes ; — car je ne doutais pas qu’il se tînt à l’écart de la conversation des hommes, faite, selon moi, pour écœurer de nausées son absolutisme hautain de chantre éternellement visité par la Muse.
Quel regard à la fois pénétrant et chaste il jette sur ces misères et ces désordres auxquels l’avait dérobé sa précoce sainteté !
Nulle part Wagner ne nous permet de jeter un regard dans l’âme de Lohengrin, lui dont le prodigieux art était de mettre à nu le cœur de l’homme et de dévoiler ses motifs à lui-même inconnus.
La salle du théâtre de Weimar est petite et n’est entourée que d’un balcon et d’une grille ; mais les proportions en sont assez heureuses et le ceintre est dessiné de manière à offrir un contour gracieux aux regards qui parcourent la rangée de femmes bordant comme une guirlande non interrompue le rouge ourlet de la balustrade.
Ses regards, moins errants, brillaient d’une flamme limpide ».
Certes l’auguste Justice serait mal nommée si elle venait en aide à cet homme ; mais elle ne l’a jamais jugé digne de son regard.
Sieyès voudrait tout d’abord une langue simple, philosophique, sans prestige : La langue la plus raisonnable, dit-il, devrait être celle qui se montre le moins, qui laisse passer, pour ainsi dire, le coup d’œil de l’entendement et lui permet de ne s’occuper que des choses ; et point du tout cette langue coquette qui cherche à s’attirer les regards ; ou, si vous aimez mieux, la langue, ne devant être que le serviteur des idées, ne peut point vouloir représenter à la place de son maître.
Jetez un regard sur les planches d’un livre de physiologie, vous serez frappé de l’inextricable écheveau que présentent les fibres grossies au microscope : c’est un tissu où l’action du temps, par l’hérédité et par la sélection naturelle, a fait des milliards de nœuds gordiens non encore dénoués par la science.
Ces héros de la retraite & du silence qui peuplerent & sanctifierent les déserts de la Thébaïde, méritent les regards de tout homme qui s’intéresse au Christianisme.
Le flot des faits qui viennent sur lui en masse et qu’il lui est impossible de ne pas voir, puisqu’il n’estime, en lui, que la faculté du regard qui observe et qui voit ce qui est, et qu’il appelle la science ; ce flot de faits tue la thèse rationaliste et impie, et d’autant plus sûrement qu’il ne comprend pas qu’elle va mourir et qu’il ne fait rien pour la défendre !
De ce point de vue, au regard du tout, les spécialités les plus diverses sont assimilables, et les basses classes pourront rappeler leur importance sociale pour réclamer l’égalité des droits.
En détournant nos regards de ces misérables disputes, où l’orgueil des auteurs croit jouer d’abord un si grand rôle et ne se prépare que des regrets pour l’avenir, nous, ne quitterons pas cependant ce même feuilleton du 15 juillet 1806 : il renferme la vie de l’auteur ; Geoffroy s’y peint tout entier, et les faits qu’il cite à son avantage, quoique racontés par lui-même, sont exacts et vrais. […] Cet admirable tableau des malheurs de l’anarchie, tracé d’une main si ferme dans la scène de la délibération, ne frappait les regards de personne : dans les dernières années de la monarchie, tous les spectateurs étaient aveuglés par l’anglomanie et par une fausse métaphysique, alors à la mode. […] Corneille peut avoir tort d’avoir prêté à César cet enthousiasme chevaleresque, très étranger aux mœurs romaines ; mais il n’y a rien de ridicule dans ces transports de nos anciens chevaliers, qui faisaient des prodiges de valeur pour mériter un regard de leur dame. […] Les femmes, persuadées de leur souveraineté, entêtées de leur divinité prétendue, ne voyaient rien de ridicule dans les soupirs, les langueurs, les flammes, les tourments, et dans tout ce phébus dont on se moque aujourd’hui, même à l’Opéra : les femmes approuvaient beaucoup que leurs yeux fussent des astres, des soleils, des dieux ; que leur teint fît honte aux lis et à la rose ; qu’un seul de leurs regards décidât du sort de leurs esclaves : les femmes trouvaient fort bon que leur absence ou leur colère fût regardée comme la plus grande calamité et le plus terrible des fléaux. […] L’unité d’action échappe à des yeux vulgaires, puisqu’elle s’est même dérobée aux regards perçants de Voltaire et de M. de La Harpe ; mais ce n’est pas la faute de Corneille si Voltaire et M. de La Harpe ont eu des yeux pour ne pas voir.
Et puis, le regard de la conscience n’est-il pas bien grossier, ne manque-t-il pas de précision ? […] Cependant par la volonté, nous pouvons détourner le regard de notre conscience du plaisir ou de la douleur, ou les rendre plus intenses en fixant sur eux notre attention ; nous pouvons trouver dans la douleur même des plaisirs très délicats : la mélancolie par exemple ; mais malgré ces différentes influences que nous avons sur ces sentiments, nous n’en sommes jamais maîtres absolus. […] Il réunissait ceux que Kant nomme principes constitutifs dans celui de raison suffisante, et mettait en regard le principe d’identité. […] Il est tel spectacle qui attire à lui nos regards sans qu’il soit possible de les en détourner. […] Elle provoque la volonté qui agit alors sur l’entendement, dirige dans un sens seulement les regards de notre esprit, le détourne des motifs qui pourraient nous incliner dans un autre sens : l’entendement ne voyant que les raisons d’un seul côté, affirme ou nie avec certitude.
Ainsi, vis-à-vis des sensations élémentaires, des cellules vivantes, des molécules chimiques, des atomes éthérés, le savant est comme un myope devant des fourmilières d’espèces différentes ; son regard obtus n’atteint que les effets de masse, les changements d’ensemble, la forme totale de l’édifice ; les petites ouvrières lui échappent ; il ne les voit pas travailler. […] On arrive ainsi à considérer les sciences de construction comme un exemplaire préalable, un modèle réduit, un indice révélateur de ce que doivent être les sciences d’expérience, indice pareil au petit édifice de cire que les architectes bâtissent d’avance avec une substance plus maniable, pour se représenter en raccourci les proportions et l’aspect total du grand monument qu’ils sont en train d’élever et que peut-être ils n’achèveront jamais. — En effet, si l’on met en regard le monde idéal et le monde réel, on s’aperçoit que leur structure est semblable.
« Pendant quatre mois qu’ils furent l’un avec l’autre, il n’y eut pas un rayon de soleil qui les chauffât de la même chaleur, pas une pierre qu’ils regardèrent d’un regard pareil. […] Mais tous deux avaient regardé l’histoire d’un regard qui y découvrait des types et des idées. Flaubert ne voudra la regarder que d’un regard d’artiste, ne lui demander que des couleurs et de la beauté. Mais, comme tous les regards d’artiste relèvent en somme d’une même physiologie, celle de l’œil d’artiste, cela ne l’empêchera pas de créer, lui aussi, des types, et de faire naître des idées. […] « Ses paroles, sa voix, son sourire, tout vint à lui déplaire, ses regards surtout, cet œil de femme éternellement limpide et inepte. » Rosanette, fille, fille fraîche et franche, n’a pas d’arrière-fond.
Il n’avait de l’homme qui parle en public ni le masque, ni la bouche d’airain, ni le front : il n’avait pas le coup d’œil ni la flamme du regard : aucune action, aucun geste.
Qu’on mette aussi en regard l’intérieur de Jocelyn à Valneige : Le jardin, le verger, quelques arpents de prés, Les châtaignes, les noix, de petits coins de terre Que je bêche moi-même autour du presbytère ; Tout abonde ; le pain y cuit pour l’indigent, Et Marthe dans l’armoire a même un peu d’argent.
Toutes les fois que le nom de Saint-Just revenait dans nos entretiens, l’accent s’amollissait, la physionomie s’attendrissait visiblement dans madame Lebas, et un regard d’enthousiasme rétrospectif s’élevait du portrait vers le plafond, comme un reproche muet au ciel d’avoir tranché quelque douce perspective, par la hache de 1794, avec cette tête d’ange exterminateur sur le buste d’un proscripteur de vingt-sept ans.
« Peuples, vous ignorez le Dieu qui vous fit naître ; « Et pourtant vos regards le peuvent reconnaître « Dans vos biens, dans vos maux, à toute heure, en tout lieu !
XX Mais vous qui vivez à la campagne, soit dans le château démantelé de vos pères, non loin de l’église du village et des pauvres du hameau, soit dans la maison modeste, château nivelé de l’honnête bourgeoisie du dix-neuvième siècle, élevant là des fils, des filles, des sœurs étagées par rang d’âge dans la vie, qui vous demandent des livres à la fois intéressants et sains, où respirent dans un style enchanteur toutes les vertus que vous cherchez à nourrir dans votre jeune tribu ; vous qui, après une existence laborieuse, vous êtes retirés à moitié de la vie active dans le verger de vos pères pour y soigner les plantes naissantes destinées à vous remplacer sur la terre, et qui voulez les saturer de bonne heure de ce bon air vital plein des délicieuses senteurs de l’air ; enfin vous qui, déjà vieillis et désintéressés de votre propre existence prête à finir, voulez cependant jeter un dernier regard consolant sur les péripéties intérieures de ceux qui traversent les sentiers que vous avez traversés, afin d’y retrouver vos propres traces et de vous dire : « Voilà ce que j’ai éprouvé, pensé, senti, prié dans mes moments de tristesse ou de consolation ici-bas ; voilà la moisson en gerbes odorantes que j’emporte à l’autre vie » ; mettez à part, ou plutôt gardez jour et nuit sur votre cheminée, comme un calendrier du cœur, non pas ce livre confus où l’on a entassé pêle-mêle les œuvres du frère et de la sœur pour que le génie de l’une fit passer sur la médiocrité de l’autre, mais le volume de Mlle de Guérin, cette sainte Thérèse de la famille, qui n’a écrit que pour elle seule, et dont une amitié longtemps distraite n’a recueilli que bien tard les chefs-d’œuvre involontaires qu’elle oublia de brûler au dernier moment.
Les deux fiancés m’avaient adossée sur mon séant contre le parapet du pont, à l’ombre, et ils me regardaient doucement avec de belle eau dans les yeux ; on voyait qu’ils attendaient, pour questionner, que je leur parlasse moi-même la première ; mais je n’osais pas seulement lever un regard sur tout ce beau monde pour lui dire le remercîment que je me sentais dans le cœur.
Les ruines étaient décorées de ronces et de plantes safranées par l’automne et noyées dans la lumière ; la femme expirante abaissa ensuite, de gradin en gradin, jusqu’à l’arène, ses regards qui quittaient le soleil.
Il voit toute chose avec un œil de myope, il travaille à la loupe, et son regard se voile ou se trouble dès que l’objet examiné atteint quelques proportions.
C’est l’homme considérant son semblable d’un regard désintéressé, au lieu de le gouverner d’une main tyrannique, ou de lui donner le change par d’amusantes folies ; cherchant à se démêler, et, comme dit Montaigne, « affamé de se cognoistre. » C’est l’homme à la fois observateur et sujet d’observation ; c’est enfin Montaigne lui-même, un des plus excellents esprits qui aient été, éprouvant à sa conscience, comme à une pierre de touche, tous les traits attribués à l’homme par toutes les philosophies et toutes les histoires.
Cette idée, c’est que l’isolement est la condition du génie, et que la poésie doit se voiler aux regards vulgaires.
Je retrouve en moi son regard vif, ardent, varié comme un foyer d’étincelles.
L’œil ne pouvait l’endurer, mais l’oreille et le cœur, avec une extase de délices ténébreuses, Avec une terreur et un émerveillement dont les racines étaient la joie et la force de la pensée mise en liberté, Percevait le surgissement d’un arrêt divin, comme une aube ensoleillée surgissante aux regards, Des profondeurs de la Mer.
Son âme est pure encore, mais ses paroles, ses manières, ses regards ne le sont plus déjà : le corps est chaste, la robe est souillée.
Elle n’a plus les mêmes regards, elle n’a plus les mêmes gestes ; et elle m’apparaît comme se dépouillant, chaque jour, de ce quelque chose d’humainement indéfinissable qui fait la personnalité d’un vivant.
Là, il avait pour maîtresse, une grande fille, nommée Esperanza qui l’aimait beaucoup, et qui dans les récréations, s’asseyait sur les marches de l’escalier, lui renversant la tête sur ses genoux, et lui caressant les cheveux, pendant que le petit fouillait de son regard amoureux le bleu profond du ciel.
Vivez, amis ; vivez contents En dépit de Bavus, soyez lents à me suivre ; Peut-être, en de plus heureux temps J’ai moi-même, à l’aspect des pleurs de l’infortune, Détourné mes regards distraits ; À mon tour aujourd’hui mon malheur importune.
Il y peut entrer par un geste, par un regard, par le seul air de son visage, pourvu que ses mouvements soient aperçus par l’acteur qui parle, et qu’ils lui deviennent une occasion de nouvelles pensées et de nouveaux sentiments.
Elle consiste alors en libres courants qui sont perpétuellement en voie de transformation et que le regard de l’observateur ne parvient pas à fixer.
Vous savez que, jusqu’à la fin, l’admiration pour les jeunes filles a été une de ses manies, un de ses péchés légers ; jusqu’à la fin, il a jeté des regards du côté de la jeunesse féminine ; chez les Herwart, à la campagne, il tombait en extase devant une toute jeune fille, à ce point que, pour revenir à Paris, il s’égarait dans ses rêveries et dans les chemins, et finissait par s’apercevoir qu’il avait tourné absolument le dos au but de son voyage.
À chaque mouvement, répété aux deux bouts de l’échiquier du monde, et marqué en passant par l’écrivain avec cet éclair du regard qui peut-être éblouit le nôtre ou lui commande trop, nous sommes toujours tentés de nous écrier : Pas si vite !
… Si on me défiait, je pourrais multiplier des citations pareilles, — qui montreraient ce que devient Hugo quand il se livre à ses visions par trop cornues, et combien ce visionarisme dont on lui a fait un mérite poétique décompose son regard, sa pensée et sa langue.
Je l’imaginerais plutôt comme un Villon, doué de moins de tendresse, mais d’un plus sûr regard d’observateur ; peut-être aussi n’est-il point sans analogie avec l’antique Rutebeufg, qu’on relit trop peu. […] La simplicité d’âme, les certitudes ingénues des vieux artistes monacaux qui taillaient dans le chêne le Père, le Fils et les quatre Évangélistes, ou bien peignaient des Vierges et des Saintes, non pour mériter la faveur des hommes, mais pour être agréables à Dieu, voilà ce qu’il lui aurait fallu ; et, pieux en l’extase poétique, chrétien par amour de l’idéal, c’est en levant des mains jointes, c’est en fermant presque les yeux pour ne point offenser d’un regard d’ici-bas le plus sacré des mystères, qu’il suit vers le beau Rédempteur en oraison les pas de la Magdalena qui rêve. […] En outre, jamais nous ne cessâmes d’élever nos regards, par-dessus les fronts illustres de ceux à qui nous semblions obéir, vers le génie en exil, suprême dominateur de la pensée moderne. […] Dès les premières lignes, je fus épouvanté, et Villiers, tantôt me consultait d’un regard furtif, tantôt écarquillait vers le lecteur ses petits yeux gonflés d’effarement. […] nul ne saurait douter que ce poète — ce grand poète — porte en lui la nature, l’histoire, les religions, le rêve, toutes les chimères aux grandes ailes ; les flamboiements des gloires humaines avec ceux des splendeurs célestes ont émerveillé ses yeux, y sont entrés, s’y sont faits son regard ; et ce qu’il a dans l’âme et dans les yeux, il aurait pu le répandre en de longs poèmes.
. […] Toute sa cour s’empresse à chercher ses regards : Ce sont autour de lui confusions plaisantes ; Et l’on dirait d’un tas de mouches reluisantes Qui suivent en tous lieux un doux rayon de miel. […] Les premiers vers de ce poème sont d’une pompeuse platitude que l’on peut considérer comme fâcheuse : Digne fruit de vingt ans de travaux somptueux, Auguste bâtiment, temple majestueux, Dont le dôme superbe, élevé dans la nue, Pare du grand Paris la magnifique vue, Et parmi tant d’objets semés de toutes parts, Du voyageur surpris prend les premiers regards […] Les suivants, depuis : « Toi qui dans cette coupe… » jusqu’à : « Mais des trois comme reine… » ne sont peut-être pas aussi mauvais. […] L’on n’en sait rien du tout, répondrai-je, puisque Molière a écrit autant de pièces où s’abandonne, s’étale et joue son imagination débridée, je parle de ses farces, qu’il en a écrit où il a voulu être le serviteur fidèle et exact de ce que le monde présentait à son regard ; et par conséquent je suis autorisé à dire que c’est quand il s’abandonne qu’il est instinctif, que c’est quand il est soumis à l’objet qu’il se donne une discipline et que, s’étant donné cette discipline dans ses meilleurs ouvrages, il a donné plutôt leçon de discipline que d’abandonnement à la nature. […] Un regard de pitié jeté sur les turbulents et un regard au ciel comme pour implorer grâce pour eux, serait très bien ; ce serait pour l’assistance, ce serait dans le rôle ; mais la méditation intérieure, où il se félicite d’être meilleur que d’autres, ne fait rien pour le rôle et suppose une vie intérieure ; or il n’a pas de vie intérieure et il joue toujours un personnage : « Il évite une église déserte et solitaire, où il pourrait entendre deux messes de suite, le sermon, vêpres et compiles, tout cela entre Dieu et lui et sans que personne lui en sût gré : il aime la paroisse ; il fréquente les temples où se fait un grand concours ; on n’y manque point son coup, on y est vu. […] Au premier regard, Orgon semble n’être qu’une énorme caricature où Molière a déployé toute sa verve bouffonne et toute sa puissance de déformation grotesque.
… Oui : chacun des êtres qui font une collectivité est un petit univers digne de nos regards et de nos prédilections ; et nous passons auprès de la vie étourdiment, faute de savoir où nous arrêter. […] Seulement, son regard passe au-dessus des gens avec lesquels il cause ; il a au coin des lèvres un sourire « orgueilleux et acquiesçant », et ses yeux, sur les gens, opèrent une fascination bizarre : le feu secret qui est en lui lance des flammes invisibles, mais fortes. […] Nous sommes en un coin du monde, et où la vie peut multiplier ses fantaisies, voire les plus exubérantes, sans échapper à nos regards, qui ne perdent rien d’elle. […] Le regard saisit une large étendue ; et il examine chaque point du vaste décor sans perdre la vue de l’ensemble.
De la transition il détourne son regard. […] La psycho-physiologie d’une part, la psycho-pathologie de l’autre, dirigèrent le regard de notre conscience sur plus d’un problème dont nous aurions, sans elles, négligé l’étude, et que l’étude nous fit poser autrement. […] Dès que cette attention particulière lâche quelque chose de ce qu’elle tenait sous son regard, aussitôt ce qu’elle abandonne du présent devient ipso facto du passé. […] Sur les concepts dont ils ont jalonné la route de l’intuition les savants ont arrêté le plus volontiers leur regard. […] Quelque chose la cachait à tous les regards et, pour ainsi dire, la couvrait : il l’a découverte. — Tout autre est la conception de William James.
À côté de la Folle du Logis — une de ces belles femmes du peuple, qui marchent dans la robustesse du bon sens et dans la plénitude de la santé, — voici une muse au front pâle, au regard voilé, à la taille svelte et frêle, et toute pareille en sa démarche aérienne à la Camille du grand Maro. […] — Ôtez le velours, c’est l’infini dans un regard… Le cœur de l’homme, un muscle étroit, contient bien l’amour, c’est-à-dire l’immensité. « L’Océan dans un dé ! […] Sa taille a été découpée dans une tige de palmier nain ses menus pieds pourraient se faire des sandales d’une feuille de laurier-rose ; et, quant à ses mains atomistiques, il a fallu, pour les ganter, inventer un numéro spécial parmi ceux déjà connus, il n’y en avait point d’assez petits. — Avec cela, sa physionomie est plutôt espiègle qu’intelligente mais elle rachète cet excès de mutinerie enfantine par ce regard humide et ce sourire mouillé qui prêtent tant de charme à Mlle Delphine Fix.
« Ils étaient royalistes, mais ils étaient législateurs, et, n’appartenant à la monarchie par aucune idolâtrie d’individus, par aucune de ces habitudes qui gouvernent le vulgaire, mais par le seul regard de l’ordre et de la félicité publique, ils considéraient avant tout les besoins actuels du peuple, et, remarquant que le repos, après tant d’agitations, en était le plus pressant, … ils se seraient gardés de troubler ce calme heureux… « Ils étaient royalistes, mais ils étaient citoyens ; ils savaient qu’ils n’avaient que leurs voix dans ce vaste empire ; ils tenaient leurs systèmes les plus chers subordonnés à la volonté nationale… « Ils étaient royalistes enfin, mais, j’ose le dire, les plus prudents et les plus éclairés des royalistes ; ils avaient bien compris que, si la monarchie pouvait se rétablir jamais, ce ne serait que par le développement libre et légal de cette imposante volonté publique ; que toute secousse violente, toute tentative contraire aux lois, loin de l’accélérer, en retarderait l’inévitable cours ; et ainsi pensaient-ils que conspirer pour la royauté, c’était en effet travailler contre la royauté. […] En regard du côté brillant, il laisse voir le côté sacrifié, qu’on serait tenté d’oublier ou de faire moindre qu’il ne fut réellement.
Il ne regardait pas ses auditeurs, même quand il relevait ses lunettes ; la direction de son regard comme de sa parole semblait se retourner sur lui-même comme dans un soliloque. […] Je vous connais jusqu’au fond, et c’est pour cela que j’ai une affection si véritable pour vous ; je juge peut-être mieux l’état de votre âme que vous ne pouvez le juger vous-même ; je sais que, si vous veniez ici, vous y vivriez dans un état d’agitation intérieure et profonde que rien ne pourrait dérober ‘a mes regards.
We must first observe, that there is a principle implied in the very statement of what Induction is ; an assumption with regard to the course of nature and the order of universe : namely, that there are such things in nature as parallel cases ; that what happens once, will, under a sufficient degree of similarity of circumstances, happen again, and not only again, but as often as the same circumstances recur. […] That which is necessary, that which must be, means that which will be, whatever supposition we may make in regard to all other things.
We must first observe, that there is a principe implied in the very statement of what Induction is ; an assumption with regard to the course of nature and the order of universe : namely, that there are such things in nature as parallel cases ; that what happens once, will, under a sufficient degree of similarity of circumstances, happen again, and not only again, but as often as the same circumstances recur. […] That which is necessary, that which must be, means that which will be, whatever supposition we may make in regard to all other things.
Albalat consulte en vain le dictionnaire des lieux communs littéraires, celui de Goyer-Linguet, par exemple, qui s’appelle mirifiquement le Génie de la Langue française (1846) ; il verra les étoiles s’allumer, briller, scintiller, rayonner, flamboyer ; étinceler, rire, rougir, pâlir ; il apprendra qu’elles ont des yeux, des regards, qu’elles lancent des lueurs, qu’elles sont pareilles à des diamants, qu’elles sont la parure du firmament ; il pourra même noter cette expression « les tremblantes étoiles », et ce sera toujours l’idée de lumière. […] Enfin il est constant qu’il y a des hommes en qui tout mot suscite une vision et qui n’ont jamais rédigé la plus imaginaire description sans en avoir le modèle exact sous leur regard intérieur. […] Sur la Rochefoucauld : « Il ouvre son livre en jetant un regard inquiet vers la Sorbonne … Au dix-septième siècle, toutes les fois qu’on entamait un sujet de philosophie ou de morale, on se tournait vers l’Église, … et l’on entrait en matière en examinant de temps en temps les quatre coins de l’horizon, pour voir à temps s’il ne s’amassait pas, en quelque endroit, un orage théologique. » La période est un peu haletante, mais comme elle vit, comme elle transforme en gestes naturels une inquiétude toute morale ! […] Il ne peut mentir ; les impressions lui arrivent une à une, il les décrit à mesure, sans confusion … Flaubert, qui a une capacité de mensonge, donc une capacité d’art infinie, n’est pas exact en écrivant : « Les éléphants … Les éperons de leur poitrail comme des proues de navire fendaient les cohortes ; elles refluaient à gros bouillons. » Il n’amalgame si bien les deux images (éléphants et cohortes, navires et flots) que parce qu’il les a vues d’un seul regard.
C’est un état d’ivresse, mais d’ivresse divine, qui n’altère ni ne déshonore la raison, mais qui l’emporte comme un aigle emporte un enfant de roi dans la tempête, dans le tonnerre, dans ces espaces illimités qui prolongent jusqu’à notre planète le regard de Dieu. […] Cela seul mérite d’être beaucoup remarqué au lendemain du triomphe de Maurice Rollinat, cet autre poète d’une si différente inspiration, dont le regard, brisé aux angles de tous les sépulcres au milieu desquels il s’est fixé lui-même comme une effigie de désespoir, semble avoir perdu la puissance de réfléchir les vivantes harmonies de ce militant univers. […] Cependant, tous ne cachent pas leurs larmes et on en connaît sur le visage desquels elles ruissellent, depuis des siècles, au regard des peuples. […] Justin pensa qu’un regard jeté sur le papier en désordre lui apprendrait peut-être la vérité.
Et, Dieu merci, la rose sentie par plusieurs ne perd pas son parfum, l’ombre d’un jardin peut abriter bien des amis, un ruisseau peut calmer bien des soifs, un air pur enivrer bien des poitrines, un concert dans une salle sonore et vaste charmer bien des oreilles, un joli visage ou un beau tableau attirer bien des regards sans se déflorer. […] Le regard plane. […] On ne demande plus au mot que de laisser voir la pensée sans y projeter d’ombre, sans troubler le regard qui la fixe ; il coule sur elle, comme un flot pur dont le mouvement n’empêche pas d’apercevoir le lit qu’il recouvre sans le voiler. […] Le poète, lorsqu’il veut décrire, se trouve en présence d’une multitude d’images simultanées, qui lui sautent aux yeux suivant le hasard de son regard : il n’importe quelquefois guère de mettre l’une avant ou après l’autre. […] : Hier le vent du soir, dont le souffle caresse, Nous apportait l’odeur des fleurs qui s’ouvrent tard ; La nuit tombait ; l’oiseau dormait dans l’ombre épaisse· Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ; Les astres rayonnaient, moins que votre regard...
Tout y est juste, poli, judicieux… » Fléchier n’eut jamais honte de jeter un regard en arrière vers le premier idéal poétique qu’il avait conçu et cultivé dans sa jeunesse.
Ce petit volume original, dans sa primitive ordonnance qui s’est plus tard rompue, offrant ses trois cent quinze pensées si brèves, encadrées entre les considérations générales sur l’amour-propre au début et les réflexions sur le mépris de la mort à la fin, me figure encore mieux que les éditions suivantes un tout harmonieux, où chaque détail espacé arrêta le regard.
Sa vieille amie, la comtesse de Lémos, lui avait dit : « Prenez-y garde, l’intrigue, quand elle complique, n’est plus un moyen, c’est une difficulté de plus. » Au moment de sa retraite et de son voyage à travers les belles campagnes qu’il n’a pas aperçues depuis si longtemps, et où se promène avec une ombre de sourire son regard éteint je salue une haute pensée : « Dans tous les malheurs qui nous arrivent, il se rencontre un moment douloureux qu’on doit se hâter de franchir : c’est comme un passage obscur et difficile, une sorte de portique entre le désespoir et la résignation.
Nous ne citerons rien des vers mêmes : ils sont faciles et sensibles, de l’école de Lamartine ; mais c’est plutôt l’ensemble de cette fraîche floraison qui m’a frappé, comme d’une de ces prairies émaillées au printemps où aucune fleur en particulier ne se détache au regard, et où toutes font un riant accord.
En jetant un regard vers la mer et ses rivages, Humboldt et Bonpland s’aperçurent que leur navire, le Pizarro, était sous voiles, et cela les inquiéta fort, parce qu’ils craignaient que le bâtiment ne partît sans eux.
La fenêtre était si étroite, qu’une grosse barre de fer scellée en bas et en haut dans la pierre de taille, derrière le vitrail, suffisait pour empêcher un regard même d’y passer.
Il n’y a point de milieu : ou la femme est l’ange de pureté, l’idéale et rarement vivante Geneviève de Brabant, stéréotypée dans sa douloureuse fidélité, banale réplique d’une des plus primitives traditions ; ou bien, et plus souvent, plus vivante aussi parfois, c’est l’impudente, la sensuelle, fille ou femme, qui d’un regard s’enflamme, et qui donnera pour être aimée, s’il le faut, la tête d’un père37.
Sans être précisément jolie, Ondine était d’une physionomie douce, « avec le regard un peu maladif. » Elle était, comme sa mère, réfractaire à la toilette. « Mme Valmore avait la parole un peu traînante et larmoyante, sa fille avait plus de décision et de netteté dans la repartie ; elle plaisait au premier abord. » En 1842, je pense (elle avait alors vingt et un ans), Ondine entra comme institutrice dans un pensionnat de demoiselles qui était situé rue de Chaillot.
Mais, dès ce temps-là, j’avais confiance dans la netteté des traits de son visage ; dans sa mâchoire, qui est robuste ; dans le timbre si franc de son rire, et enfin, dans un certain regard, qui n’était pas d’un faible ou d’un efféminé.
Rarement il nous élève à cette hauteur d’où nous contemplons les choses humaines d’un regard qu’elles ne troublent pas, et où nous pouvons les sentir sans en être agités.
Ont-ils cette grossièreté, ce regard émoussé, cette face dégradée qui, je le dis avec tristesse et sans l’idée d’un reproche, est la manière du peuple ?
Leurs traits agrandis s’harmonisent, leurs noir regards n’expriment plus qu’une fixité vigilante ; le rictus grinçant de leur bouche dessine, en se pliant, le sourire ironiquement triste qu’on voit sur les belles têtes de Méduse.
C’est le son de voix, c’est la physionomie, c’est le regard.
Ce sens ne me nuit point par son illusion ; Mon âme en toute occasion Développe le vrai caché sous l’apparence ; Je ne suis point d’intelligence Avecque mes regards peut-être un peu trop prompts, Ni mon oreille, lente à m’apporter les sons.
Matérialiste, il est vrai, à l’œil borné, de cela seul qu’il est matérialiste, — car s’il ne l’était pas, il aurait, de nature, le regard étendu : il est très capable de voir grand, — matérialiste, M.
Nous passions, mon fils et moi, assez rapidement devant un magasin de jouets d’enfants, ou tout autre qui était garni de marchandises variées, et nous y jetions un regard attentif.
Il y a je ne sais quoi d’irréel et d’hoffmannesque dans ce dernier croyant de la lyre, qui se nourrit de belles images et de beaux sons, comme les cigales sacrées se nourrissent de leur chant ; dans ce poète d’apothéoses dont le regard divinise tout ce qu’il effleure, et qui, portant un nez railleur dans un visage olympien, a inventé (ou peu s’en faut) cette ironie lyrique et hyperbolique que l’on connaît, et n’a point voulu d’autre arme pour se venger du monde réel : en sorte que cet enfant des dieux n’a jamais écrit une parole vraiment amère ni exprimé directement une laideur. […] ………………………………………………………… Je comprends à présent, portraits des vieux ancêtres, Qui tous avez haï les tyrans et les traîtres, Pourquoi vous me suiviez d’un regard courroucé, Lorsque, enfant, devant vous, si souvent j’ai passé ! […] Regards des vieux portraits, flammes sous les vieux heaumes, Ô Torelli, c’étaient vos illustres fantômes, Qui, du pays des morts chassés par la douleur, Venaient maudire en moi l’intrus et le voleur ! […] Redoublez vos regards de colère, Vieux aïeux ! […] Les figures semblent lentement, lentement venir à nous d’un fond de fumée, un peu comme ces figures des tableaux de Carrière, d’autant plus expressives que c’est, on le dirait, notre regard qui les crée à mesure, et qu’en même temps nous craignons de voir s’évanouir leurs contours de fantômes.
ne donnez à personne, ni des regards, ni des baisers semblables à ceux qui troublent mon repos. […] D’un autre côté, quand il louait lui-même Théophile Gautier « d’avoir exprimé sans fatigue, sans effort, toutes les attitudes, tous les regards, toutes les couleurs qu’adopte la nature, ainsi que le sens intime contenu dans tous les objets qui s’offrent à la contemplation de l’œil humain », ou encore, et principalement, « d’avoir ajouté des forces à la poésie française, d’en avoir agrandi le répertoire et augmenté le dictionnaire, sans jamais manquer aux règles les plus sévères de sa langue », s’il ne parlait peut-être pas très bien, le disciple se mirait dans l’éloge qu’il décernait à son maître. […] La nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles, L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. […] Ô jeune Thyoné, vierge au regard vainqueur, Aphrodite jamais n’a fait battre ton cœur, Ah ! […] Il n’aurait pas cru qu’une vague ressemblance portât pour ainsi dire en soi cette force d’évidence, ni qu’un regard d’enfant pût émouvoir ainsi, jusque dans les profondeurs de son être, des fibres qu’il n’y connaissait pas.
Elle fut représentée à la fin de la même année 1634, et eut, comme les précédentes, un succès qui fixa tous les regards sur l’auteur d’œuvres si différentes de tout ce qu’on avait entendu jusqu’à ce moment à la scène. […] Cela donna lieu aux vers suivants : Quel spectacle louchant a frappé mes regards, Quand sous le nom de Bérénice, Gaussin de son amant déplorait l’injustice !
» Désarçonné, Apollonius se convertit à l’instant même, injurie le prince, qui, trouvant sainte Catherine fort belle, se sent amoureux tout d’un coup et fait des calembours : « Absent, je puis ordonner son martyre ; — mais un regard de plus, et le martyr sera moi710. » Dans cet embarras, il envoie un grand officier pour déclarer son amour à sainte Catherine ; le grand officier cite et loue les dieux d’Épicure : à l’instant, la sainte établit la doctrine des causes finales, qui renverse celles des atomes. […] — Ton trône est une obscurité dans l’abîme de lumière, — un flamboiement de gloire qui interdit le regard. — Oh !
Soudain il s’aperçoit qu’il est suivi par un fantôme gigantesque, armé d’une hache, qui, attentif à ses paroles, prompt à suivre ses regards, ne le quitte pas d’une minute. […] Après les premiers embrassements de famille et quelques menus attendrissements, le satirique revient à lui et tourne ses regards ironiques sur la cité natale.
Kahn : PAYSAGE DU NORD ……………………………………………………… L’orbe d’or éclatant du phare C’est par-delà, les mers, les mers désertées, Car les barques sont frêles, Et seules les mouettes aux blanches ailes Savent les nouvelles de la flamme aux doux regards, Du mirage, miroir d’anciennes routes par les sables. […] Ayant jeté un triste regard du côté du théâtre, le député-poète m’entraîna dans une brasserie silencieuse et put clamer à son aise : — L’influence de Mistral ?
Déjà les autres tomes de Mais l’Art est difficile appelaient le regard de Xavier, et comme de raison la préface que Boulenger a mise au recueil, et qui informe si bien de ses ambitions, qui sont de dégager les idées, le sens des œuvres et des groupes d’œuvres, de peser celles-ci moralement, historiquement, philosophiquement, de distinguer avec netteté « les divers points de vue d’où il est intéressant de considérer les ouvrages de l’esprit29 ». […] Je ne sais quel visage il avait lorsque, en 1913, il débuta à la Phalange de Royère, où il publia des vers d’une harmonie toute mallarméenne, et qu’il a réunis en tête d’une plaquette illustrée par Derain : Mont de Piété 82 ; aujourd’hui, il a vraiment le port d’un inquisiteur ; que de tragique et de lenteur dans les regards et dans les gestes ! […] Aussi j’eusse préféré jouer quelque partie avec l’abbé Mugnier qui jetait sur le tapis vert un regard tout excité.
L’âme vivante des héros au moment de devenir voix se figeait, en dépit de la vie des regards et des gestes. […] D’un regard perçant et précis le maître de ballet Fokine juge d’un effet, rompt un groupe, ou règle un dernier bond d’un clignement. […] Il ne dit pas un mot qui ne soit propre à éclairer son caractère : effrayante lucidité… dont nous commençons à souffrir déjà… Quand, de tant de traits rapprochés, de tant de paroles analytiques, un vers soudain se détache, un regard, un geste, préparé de si loin, si profondément commandé, que c’est l’âme même qui s’y montre. […] … Mais il suffit de quelques concessions semblables pour infirmer, au regard du public, tout le système rythmique nouveau, et rétablir la notion vers aux dépens de la notion strophe.
En outre, à titre de religion ascétique, il condamne, non seulement les mœurs gaies et relâchées que la nouvelle philosophie tolère, mais encore les penchants naturels qu’elle autorise et les promesses de bonheur terrestre qu’elle fait briller à tous les regards.
L’esprit plane sur les sommets comme s’il avait des ailes ; d’un regard, il embrasse les plus vastes horizons, toute la vie humaine, toute l’économie du monde, le principe de l’univers, des religions, des sociétés.
Si l’homme de l’humanité ne cultivait que le blé, et ne multipliait que pour la mort, sur l’écorce de cette planète, le regard de la Providence divine daignerait-il seulement y tomber ?
Il s’approprie l’espace, par la place qu’il y occupe et dont on ne peut le priver qu’en le tuant ; il s’approprie le temps, par la durée plus ou moins prolongée qu’il lui emprunte ; il s’approprie la lumière, par le regard, qui fait entrer tout ce qui est visible dans son âme à travers ses yeux ; il s’approprie les bruits, les sons, les paroles, les significations des paroles, par l’oreille ; il s’approprie l’air nécessaire à sa poitrine, par la respiration ; il s’approprie les fruits et les aliments de la terre indispensables à sa conservation, par la main et par la bouche ; et, quelle que soit l’étendue de ses possessions ou de ses domaines, il ne peut s’approprier réellement et corporellement en effet que la partie de ces éléments ou de ces aliments nécessaires à ses cinq sens : le surplus, sous une forme ou sous une autre, retourne aux autres hommes, qui ont le même droit de vivre que lui.