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1227. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Du reste, le troisième évangile renferme, pour l’histoire du crucifiement, une série d’additions que l’auteur paraît avoir puisées dans un document plus récent, et où l’arrangement en vue d’un but d’édification était sensible.

1228. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Le présent livre a précisément pour but d’esquisser une méthode qui mène à les découvrir.

1229. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Quant à tourner le dos A son but, j’y reviens… Il ne fallait pas y revenir.

1230. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Notre langue n’a rien à perdre pour se sentir plus arrêtée dans ses contours, plus dégagée dans ses allures, plus ferme dans sa marche, en allant droit devant elle, comme vers un but, à l’expression définitive de la pensée, sans s’attarder en mille détours comme la langue allemande, embarrassée d’incises, d’inversions et de toute sorte d’ambages.

1231. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Si quelques-uns de ses traits avortent, s’ils ne frappent point précisement à son but ; s’ils ne rendent pas exactement toute l’idée qu’il veut exprimer, d’autres traits plus heureux peuvent venir au secours des premiers.

1232. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Le repos ne peut pas être notre but.

1233. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

On a beaucoup comparé entre eux les historiens anciens et les historiens modernes, sous le rapport du but, de la direction des idées, de l’intérêt.

1234. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

IV Ainsi, démontrer la valeur littéraire de Sterne à ceux qui la nient encore plus que raconter son histoire à ceux qui l’ignorent, voilà quel a été le but de M. 

1235. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Le but essentiel de ceux qui s’aiment est de créer et de connaître ensemble, par la conjonction physique et charnelle, l’élan vers la mort, vers la dépersonnalisation intense : et comme leurs forces physiques leur défendent la constance de cet élan vers lequel ils tendent sans cesse, leurs existences ne sont que des conversations reliant quelques instants de vertige suprême. " le caractère tragique de Don Juan implique une grande puissance de cristallisation instantanée jointe à une impuissance à cristalliser dans le temps.

1236. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Nous toucherons donc vivement au but de cette première étape. […] Ce but qu’il ne fallait pas atteindre, MM.  […] Soyons francs : cette sortie passionnée et dépassant le but ; si peu justifiée par le ton incolore des Mémoires, accuse un mobile, un grief préexistant à leur publication. […] Je ne demanderais pas mieux de respecter ce lieu commun à cause de son grand âge, mais mes confrères sont-ils bien certains que le théâtre ait pour but la distraction des petites filles, et qu’il n’y ait pas un danger tout aussi grand, par exemple, à conduire nos sœurs et nos femmes aux pièces de Molière ? […] Fiorentino peut ne pas exister, mais le Constitutionnel existe, et je soutiens que, fût-ce dans un intérêt d’amitié ou par excès de zèle, il ne saurait être permis de répandre de fausses nouvelles, pas plus pour obscurcir une question d’art que dans le but de satisfaire des passions politiques.

1237. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Quand il se propose un but, il y va droit, sans s’arrêter ni se détourner en chemin ; s’il explique la succession des gouvernements, il ne songe point à expliquer autre chose. […] Elle supplée à l’analyse rigoureuse, et, par une autre voie, atteint le même but. […] Elles se suivent une à une, comme les flots d’un beau fleuve limpide, et se portent d’un cours égal et continu vers un but qu’on aperçoit d’abord. […] Le propre d’une aristocratie est d’agir ensemble et d’avoir pour but l’indépendance et l’empire. Ils agissent isolés et désunis, et n’ont pour but que la gloire, la gloriole et l’argent.

1238. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Boris but un demi-verre d’eau-de-vie, et se dirigea avec son ami vers sa voiture. […] Mais songez au but que je m’étais proposé en vous conduisant près d’elle ». […] Aussitôt la chienne but avec avidité et parut se raviver. […] La délicate veuve replia un des coins de son mouchoir, y versa de l’eau de Cologne, se frotta les tempes, but une tasse de thé et, comme elle était encore sous l’influence des gouttes soporifiques, elle se rendormit.

1239. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Je me borne à regretter que ce bouleversement religieux et social ait arrêté l’élan d’un art dramatique proprement français qui n’avait plus qu’à se perfectionner au point de vue technique et esthétique pour atteindre le but qu’il se proposait. […] Voici, du moins, le but. […] Convention géniale, mais qui outrepasse le but. […] Elle touchera, tôt ou tard, au but J’ai essayé, vous le savez, de la servir sur le plan catholique — sans renoncer pourtant à pousser mes expériences, de temps à autre, sur un plan non confessionnel, dans la féerie et dans la comédie3.

1240. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Un poëme qui réuniroit ces avantages, et qui outre cela, ne plairoit que pour instruire, mériteroit sans doute la préférence : mais encore ne faudroit-il pas donner pour regle inviolable, la conduite de ce poëme, parce que peut-être y auroit-il d’autres chemins pour arriver au même but. […] La prévoyance des événemens intéressans l’épuise peu à peu, de maniere que quand ils arrivent, ils font une impression plus ou moins languissante, selon qu’on les a plus ou moins prévûs : donc il faut dans un ouvrage dont le but est de toucher, ménager aux événemens toute l’impression qu’ils peuvent faire ; soutenir toujours dans son lecteur une inquiétude agréable sur le sort des personnes qui l’intéressent, une curiosité vive sur la suite des avantures qui l’attachent, au lieu d’émousser sa sensibilité par des préparations trop évidentes, et ce qui seroit encore pis, quoiqu’Homere l’ait fait, par une prédiction toute crue des actions que l’on doit décrire. […] Homere n’est point un écrivain d’annales ; il est poëte, et dès-là, son but devoit être d’intéresser les lecteurs par l’agrément de sa narration : elle devoit être précise et ingénieuse, au lieu que souvent elle est diffuse et insipide. […] Se peut-il que deux discours dont le but étoit si opposé, fussent précisément les mêmes ?

1241. (1886) Le roman russe pp. -351

Avant-propos En offrant ce livre aux personnes, chaque jour plus nombreuses, qui s’intéressent à la littérature russe, je leur dois quelques explications sur l’objet, le but et les lacunes volontaires de ces essais. […] je sais bien qu’en assignant à l’art d’écrire un but moral, je vais faire sourire les adeptes de la doctrine en honneur : l’art pour l’art. […] Il nous apparaît comme un de ces fleuves qui ont plusieurs fois changé de lit, sous l’action de brusques cataclysmes, comme un de ces hommes maltraités par la vie qui ont fourni plusieurs carrières dissemblables sans jamais arriver au but. […] Nulle part la montagne qui dit à l’homme : « Arrête-toi ici ou lutte pour me gravir. » Partout l’infini qui trouble et attire sans but. […] Un jour, il reçoit de sa mère une petite somme destinée à libérer la maison paternelle d’une hypothèque ; au lieu de porter cet argent à la banque, Gogol se jette sur un bateau en partance, sans but, comme l’enfant qui s’est grisé du Robinson, pour fuir n’importe où devant soi, dans le vaste monde.

1242. (1895) Hommes et livres

Il fait œuvre d’antiquaire, et l’on ne peut assigner un but pieux à ses recherches, faites pour satisfaire les esprits curieux, qui, sans autre souci, veulent seulement connaître le passé. […] Car on atteint le but de l’art, qui est de lui faire prendre l’imitation pour la réalité, et de lui donner un vrai plaisir par une illusion mensongère. […] Écartant la politique, le romanesque et la galanterie, Racine ira, par des moyens directs, au vrai but de l’art : l’intérêt, et l’émotion du spectateur. […] C’est cet esprit qui gouverne, et quoi que fassent les princes « de mal, d’équivoque, de bien, ils iront toujours au même but ». […] Mélanide (1741) réalisa pour la première fois dans toute sa pureté le type nouveau du poème dramatique, ayant l’instruction pour but, l’émotion pour moyen, et pour matière la vertu malheureuse.

1243. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Le but de l’écrivain est-il de se poser en perpétuel candidat devant le suffrage universel des siècles ? […] Toutes ont pour but de caractériser le mouvement d’ensemble de ces pays. […] Flaubert n’admettait pas qu’une création esthétique eût d’autre but qu’elle-même et sa beauté intrinsèque. […] Au lieu d’apercevoir dans le développement intime le fait solide et concret, dans la page écrite, un simple reflet, une image, il a conçu cette page comme le but unique et indépendant. […] Il y a dans ce volume une idée unique et dont l’établissement est le but de l’écrivain.

1244. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

En tout cas, elle va vers un but, « même lorsque l’animal est privé de son encéphale », et cela si parfaitement, que divers physiologistes ont admis une âme, ou du moins « un centre perceptif et psychique » dans le tronçon de moelle ainsi séparé. — « Chez ce triton, on a, par une section transversale, enlevé la tête et la partie antérieure du corps avec les deux membres correspondants. […] Beyer, ayant été obligé de briser la tête d’un fœtus pour compléter un accouchement et ayant ainsi vidé complètement le crâne, vit ce fœtus, quelques minutes après l’accouchement, pousser un cri, respirer et agiter les pieds et les mains ». — Chez les animaux supérieurs, si l’on supprime tout l’encéphale, c’est-à-dire tous les centres nerveux auxquels sont attachées les sensations et les images proprement dites, la moelle épinière et le bulbe, qui seuls subsistent, peuvent encore, sous l’aiguillon des nerfs sensitifs, provoquer et coordonner des mouvements en vue d’un but, comme fait le train postérieur d’une grenouille et d’un triton. […] Cependant, quand je l’excite à l’aide d’une tige de bois, elle exécute très bien les mouvements de rotation, mais au hasard, et sans but; après quoi elle redevient immobile et coule à fond.

1245. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Nul ne proteste contre les agriculteurs, lorsqu’ils parlent des puissants effets de leur sélection systématique ; cependant, en pareil cas, les différences individuelles qu’ils choisissent dans un but particulier doivent avoir été produites préalablement par la nature. […] Mais si un croisement est indispensable de temps à autre, cette exposition désavantageuse peut avoir pour but d’ouvrir une entrée complétement libre au pollen d’un autre individu, d’autant plus que les anthères de la plante elle-même sont généralement placées si près de son propre pistil que la fécondation de l’un par les autres semble presque inévitable. […] Un éleveur choisit un but déterminé pour en faire l’objet de sa sélection méthodique ; et le libre croisement suffirait pour anéantir ses résultats acquis ; mais quand beaucoup d’hommes, sans avoir l’intention d’altérer la race, ont un idéal commun de perfection et que tous s’efforcent de se procurer les plus beaux sujets et de les multiplier, des modifications et des améliorations profondes doivent résulter lentement, mais sûrement, de ce procédé de sélection inconsciente, nonobstant une grande somme de croisements avec des sujets inférieurs.

1246. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

De tout ce désordre se dégage pourtant une ligne ; le but suprême de l’historien est de reconnaître cette ligne, qui est le rythme de la volonté humaine. […] Ces énergies d’un peuple entier tendues vers le même but, dans un même esprit, sont l’affirmation solennelle du génie français ; cet effort assure à la France une suprématie intellectuelle séculaire qui est aujourd’hui encore une avance ; il donne sa direction durable et logique à l’action française dans l’œuvre humaine. […] Celui-ci commence par chercher sa voie, hésite, désespère ou prend courage, perd son but de vue ou pense le découvrir où il n’est pas, et, lorsque enfin il est “arrivé”, s’il se retourne pour considérer le passé, se rend compte avec étonnement que le résultat obtenu n’est point celui auquel il visait d’abord.

1247. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche, désormais fixé à Paris, tout solitaire et pensif au milieu d’un monde d’élite, eut l’idée de se porter pour conciliateur, pour interprète pacifique des difficultés flagrantes, et l’Essai sur les Institutions sociales dut paraître avant l’ouverture des Chambres de 1817, dans le but louable, bien que certainement illusoire, de les éclairer. […] Mais si l’on regrette fréquemment que cette application à des conjonctures trop spéciales préoccupe l’auteur, s’il se détourne à tout moment pour s’inquiéter des opinions trop particulières d’alors, s’il se retranche une foule de précieux développements, de peur que l’ouvrage ne soit hors de proportion avec le but, le caractère général l’emporte suffisamment, et la doctrine philosophique y obtient une belle part.

1248. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Elle réussit dans la Comtesse de Tende, bien qu’avec moins de développement qu’il n’eût fallu pour que la Princesse de Clèves eût une sœur comparable à elle : on sent que l’auteur a son but et qu’il y court. […] Il est donc important de vous nourrir alors d’un pain plus solide que ne sont des pensées qui n’ont point de but, et dont les plus innocentes sont celles qui ne sont qu’inutiles ; et je croirois que vous ne pourriez mieux employer un temps si tranquille qu’à vous rendre compte à vous-même d’une vie déjà fort longue, et dont il ne vous reste rien qu’une réputation dont vous comprenez mieux que personne la vanité.

1249. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

On voit aisément le but de cette disposition de notre être. […] — Donc, d’après la correspondance connue entre la sensation et l’action nerveuse, les sensations diverses en quantité sont les mêmes en qualité ; nous arrivons par la déduction au but que nous indiquait l’analogie. — Au fond de tous les événements corporels, on découvre un événement infinitésimal, imperceptible aux sens, le mouvement, dont les degrés et les complications constituent le reste, phénomènes physiques, chimiques et physiologiques.

1250. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — En premier lieu, nous remarquons que ce corps se meut, non pas toujours de la même façon, par le contrecoup d’un choc mécanique, mais diversement, sans impulsion extérieure, vers un terme qui semble un but, comme se meut et se dirige le nôtre, ce qui nous porte à conjecturer en lui des intentions, des préférences, des idées motrices, une volonté comme en nous78. — En second lieu, surtout si c’est un animal d’espèce supérieure, nous lui voyons faire quantité d’actions dont nous trouvons en nous les analogues, crier, marcher, courir, se coucher, boire, manger, ce qui nous conduit à lui imputer des perceptions, idées, souvenirs, émotions, désirs semblables à ceux dont ces actions sont les effets chez nous. — En dernier lieu, nous soumettons notre conjecture à des épreuves. […] L’enfant s’irrite contre un ballon ou un duvet qui vole capricieusement et ne se laisse pas saisir. — Aux époques primitives, l’homme considéra le soleil, les fleuves, comme des êtres animés. — Le sauvage prend une montre qui fait tic-tac et dont l’aiguille marche, pour une petite tortue ronde. — Le mouvement, en apparence spontané, surtout s’il semble avoir un but, suggère toujours l’idée d’une volonté.

1251. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

On va droit au but. […] Mais, si les hésitations et les reculs dont elle a donné le fâcheux spectacle ont été compensés par de formidables bonds en avant, si sa marche saccadée a en somme abouti à un avancement dans une direction toujours la même, il s’en faut que le but lointain poursuivi par elle ait été atteint.

1252. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Mais, pour ne parler que des institutions vouées à répandre l’instruction, il faut déterminer le but qu’elles se proposaient ou qui a pu leur être imposé du dehors. Les congrégations religieuses regardent l’éducation comme un moyen ; leur but est naturellement la propagande de la foi et quelquefois la conquête d’une influence politique.

1253. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

C’est, en effet, pour l’histoire de l’art, un moment précieux, entre ceux qu’elle doit à Beethoven : parce que chacun des accidents techniques de l’art, au moyen desquels l’artiste traduit pour le monde extérieur le but de son intelligence en des procédés conventionnels, arrivent, ici, à la signification suprême d’un épanchement immédiat. […] Obtenir la représentation idéale dans un théâtre idéal et préparer le public idéal : voilà donc le but de la Revue en cette nouvelle livraison.

1254. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Reyer à celui de Wagner, probablement dans le but d’être agréable au musicien français. […] C’est donc, toujours, Bayreuth qui est le centre du Wagnérisme, et l’œuvre de Bayreuth, faite la plus large et la plus universelle, — le but dernier de tous les efforts.

1255. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Dans la suite de sensations qu’est la vie, à côté de l’ensemble de sensations hétérogènes qu’est la réalité, — créer des séries sensationnelles plus homogènes, donc plus intenses, c’est le but de l’art. […] Dans le vain monde où fourmillent les foules, l’esprit, né pour la vie savante, opprimé par le commerce des hommes, efforce son départ vers le but silencieux de son être ; et, en toutes ses formes (Amfortas, Kundry, Klingsor, les Graliens, Parsifal), il désire.

1256. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Sebright a fait des expériences expressément dirigées dans ce but, et n’a pu réussir. […] Actuellement, d’habiles éleveurs essayent par une sélection méthodique, et dans un but déterminé, de produire une nouvelle lignée ou sous-race supérieure à toutes celles qui existent dans la contrée.

1257. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Fondre, mêler, réunir tout en choisissant, a toujours été son rôle et son but ; il l’a parfaitement bien atteint. […] Cet enfant qui se pend à une grappe, et qui était déjà connu par quelques charmants vers de Sainte-Beuve, est une chose curieuse à examiner ; c’est de la chair, il est vrai ; mais c’est bête comme la nature, et c’est pourtant une vérité incontestée que le but de la sculpture n’est pas de rivaliser avec des moulages. — Ceci conclu, admirons la beauté du travail tout à notre aise.

1258. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Dans le dernier discours sur Jouffroy, il me semble avoir sacrifié plus que d’ordinaire à la mise en scène ; il y a mêlé un but étranger au sujet même qu’il étudiait ; il a voilé en un sens et drapé son personnage ; il a pris parti, plus finement qu’il ne convient, pour la malice et la rancune des grands sophistes et des grands rhéteurs dont l’histoire sera un jour l’un des curieux chapitres de notre temps, intolérants et ligués comme les encyclopédistes, jaloux de dominer partout où ils sont, et qui, depuis que l’influence décidément leur échappe, s’agitent en tous sens pour prouver que le monde ne peut qu’aller de mal en pis.

1259. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Il nous semble qu’il manque quelque chose à sa visite de la Grande-Chartreuse ; il est novice encore, son monastère est trop effacé ; il nous peint la haute vallée plutôt que le but même ; il n’a pas l’hymne du chartreux, l’allégresse du cloître, le rayon de Le Sueur et de saint Bruno.

1260. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Si l’on pouvait supposer que l’auteur en a conçu un moment le projet, l’invention avec un but quelconque, on ne le supporterait pas.

1261. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Cette multitude d’aperçus et de premiers jets ressemble à la conversation d’un homme de beaucoup d’esprit, qui se lance dans tous les sens, brille, se répand et improvise sur des matières qui lui sont familières, sans but déterminé : « C’est que rien, disait M. de Meilhan parlant de lui-même, n’a jamais fait effet sur moi comme vrai, mais seulement comme bien trouvé. » La seule idée fixe est de combattre et de contredire M. 

1262. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Et il le comparait encore dans son ambition couverte aux rameurs qui, en se dirigeant à un but, ne regardent jamais le lieu où ils veulent aller.

1263. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

L’autre est loin du but, il se hâte de l’atteindre ; l’un marche et l’on avance avec lui.

1264. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

L’entreprise était grande, et j’avoue qu’elle surpassait peut-être mes forces ; mais j’avais alors deux maîtres (Clairaut et l’abbé de La Caille) dont les lumières m’auraient conduit au but que je me proposais, et j’avais devant moi tout le temps nécessaire pour vaincre les obstacles par des études relatives.

1265. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Le biographe peut prendre de ces soucis pour son propre compte, mais il est mieux qu’il les garde pour soi, et qu’il dirige son lecteur vers quelque but, dans quelque sens déterminé.

1266. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Laffitte laissait tout aller, sans but précis : survient Casimir Perier (il était temps), qui, par son énergie, fonde et fixe le système du juste-milieu.

1267. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Quoiqu’il aimât beaucoup à raconter, on sait peu de choses précises sur sa jeunesse et les premiers temps de sa vie ; car les anecdotes contées et écoutées debout, au coin de la cheminée, s’envolent et, il lui répugnait de rien écrire qui ressemblât à une biographie, ou même de répondre aux questions de ce genre, pour peu qu’elles eussent un but.

1268. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Caylus n’était qu’un amateur : Diderot ne fait point de notices proprement dites, et il eût dépassé le but.

1269. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Leonora est bien la superbe et la passionnée, qui va à son but, épuise son caprice, suce l’orange, jette l’écorce, brise et quitte à son gré : le fin et délicat auteur a trouvé, pour nous la rendre, des accents plus francs que de coutume, des cris énergiques et dont on dirait, s’ils étaient aussi bien de Musset, qu’ils sentent la morsure et la vengeance.

1270. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Il a une vertu du moins, il aime son métier, et il le considère comme un but, non comme un moyen.

1271. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Ame fière, ambitieuse, dédaigneuse et un peu superbe, il épuisa et but la coupe de l’exil jusqu’à la lie.

1272. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

La guerre qui avait recommencé dans le Moyen-Age par des brutalités pures, et qui longtemps constitua le seul régime universel, essaya en vain de s’ennoblir par la sainteté du but dans les Croisades : ce n’étaient toujours que des masses se ruant à l’aventure, ou des prouesses individuelles se prodiguant aveuglément.

1273. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Le but du voyage était le beau château de la Roche-Guyon, demeure, avant la Révolution, de la duchesse d’Inville et du duc de la Rochefoucauld, son gendre, assassiné pour prix de ses vertus populaires en venant de Rouen à Paris.

1274. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Alors il a mis la poésie dans sa voie : il a indiqué le but, qui est d’exprimer la nature dans une forme parfaite.

1275. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Mais dans la Harangue aux États d’Orléans (1560) et dans le Mémoire au Roi sur le But de la guerre et de la paix (1568), ses ordinaires remontrances en faveur de la paix et de la tolérance ont revêtu une forme singulièrement forte ; vigueur de raisonnement, mouvement pathétique, expression saisissante, toutes les parties d’un grand orateur se trouvent dans ces deux pièces.

1276. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Le but de tout exercice de la pensée est le vrai : en littérature comme en philosophie, dès qu’on pense, dès qu’on parle, ce ne peut être que pour chercher ou exposer la vérité.

1277. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Jusqu’à la fin, l’action fut son but.

1278. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle ruine les unités, en plaçant ailleurs la vraisemblance ; elle recommande les sujets historiques ; elle goûte le mélange du lyrique au dramatique : « Le but de l’art n’est pas uniquement de nous apprendre si le héros est tué, ou s’il se marie ».

1279. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Purifiez vos pensées ; cessez de mal faire, apprenez le bien, cherchez la justice, et venez alors 259. » Dans les derniers temps, quelques docteurs, Siméon le Juste 260, Jésus, fils de Sirach 261, Hillel 262, touchèrent presque le but, et déclarèrent que l’abrégé de la Loi était la justice.

1280. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Ayons la sincérité et le naturel de nos propres pensées, de nos sentiments, cela se peut toujours ; joignons-y, ce qui est plus difficile, l’élévation, la direction, s’il se peut, vers quelque but haut placé ; et tout en parlant notre langue, en subissant les conditions des âges où nous sommes jetés et où nous puisons notre force comme nos défauts, demandons-nous de temps en temps, le front levé vers les collines et les yeux attachés aux groupes des mortels révérés : Que diraient-ils de nous ?

1281. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Lorsqu’il eut été exilé dans son diocèse, Madame ne cessa de lui écrire et de désirer, de demander son rappel ; cette instance même allait contre le but : Le roi, dit Cosnac, crut que Madame ne pouvait pas conserver un si violent et si continuel désir de mon retour, sans que nous eussions ensemble de grandes liaisons, et sans que je lui fusse fort nécessaire ; et ces liaisons, selon les idées qu’on lui en avait données, lui paraissaient une cabale formée, qu’on ne pouvait détruire avec trop de soin.

1282. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

On servit un gâteau fait avec du miel et du raisin de Corinthe ; on but du vin de Chypre ; et l’on essaya même, je crois, du brouet de Lacédémone.

1283. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Il en est d’autres encore, tels que celui des écrivains mercantiles, des auteurs de contes pour les enfants, des feuilletonistes écrivant pour une classe définie de la société, des peintres et des musiciens soucieux de plaire au public plus qu’à eux-mêmes, en un mot des artistes qui emploient certains moyens ou certains effets, non pas d’instinct, mais volontairement, et dans un but étranger à l’art ; il sera facile de se tirer d’affaire pour les œuvres de cette sorte, en considérant qu’elles n’intéressent que par la personnalité qu’elles affectent de manifester et qu’il sera toujours facile de distinguer.

1284. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Je pardonne au poète, au peintre, au sculpteur, au philosophe même un instant de verve et de folie ; mais je ne veux pas qu’on trempe toujours là son pinceau, et qu’on pervertisse le but des arts.

1285. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Elle dit sans cesse de telle ou telle œuvre : « Je la fis à bâtons rompus. » La conscience réfléchie de la chose qu’on fait ; l’idée vraie qui doit la dominer ; la mesure de son influence ; la caresse féconde de l’étude qui en approfondit la beauté ; le calcul de la route qu’on doit suivre pour arriver au but qu’on veut frapper ; toutes ces choses, grandes et difficiles, qui seraient l’orgueil et la force des plus nobles esprits, ne sont pas pour elle « du génie. » Tout cela est trop déduit, trop travaillé, trop voulu.

1286. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Lui, le satirique qui veut être critique aussi par-dessus le marché ; lui, l’esprit malin, taquin et lutin, — car sa grâce tient parfois du prestige, — a certainement bien trop d’entrain et de mouvement dans la moquerie pour pouvoir, la main encore vibrante du trait qu’il vient de lancer, être l’opérateur patient et à la main sûre qui en dépeçant l’œuvre d’un homme n’a pas pour but de le faire souffrir.

1287. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

À eux de s’y avancer avec sagesse et prudence ; car toute exagération en pareille matière, loin d’aboutir au but cherché, le renouvellement du rythme, ne ferait, au contraire, que nuire à l’inspiration de la Muse.

1288. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Vous sortez d’un commentaire docte et aride, ayant pour but d’établir, d’après Stobée, Diogène de Laërte et d’autres, le système probable de Xénophane, et, parmi des arguments de commentateur, vous tombez sur la phrase suivante : La partie du système de Xénophane qui porte l’empreinte de l’esprit ionien est et devait être sa partie cosmologique et physique.

1289. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Les artistes n’avaient peut-être point fait choix de cette maladroite imitation de Caldéron dans un but politique ; elle prêtait à la mise en scène et les lazzis de l’Arlequin auraient, pensaient-ils, un brillant succès. […] Sous la même influence, Tallien ne tarda pas à faire les plus louables efforts pour rassurer le commerce bordelais : ce fut, on peut le dire, son but continuel pendant cette seconde période de son pouvoir. […] Ce roman dont, nous semble-t-il, l’adaptation française altère un peu la portée, n’eut point seulement pour but de narrer les amours de la jeune, jolie, piquante et riche veuve Pepita. […] Bède le Vénérable, Alcuin, Aldhelm sont, avant tout, des Latins, et seul, le dernier, par ses chants profanes et populaires, pieuse supercherie qui avait pour but d’amener la foule à venir entendre la parole divine, rappelle l’œuvre de Cœdman qui, comme un animal pur, écrivait Bède, ruminait les versets de la Vulgate et les mettait en vers très doux. […] Ni ses amours ne sont nos amours, ni ses haines ne sont nos haines : il y a donc là un dissentiment profond entre nous que le culte de la forme, la passion de l’art — but unique — ne peuvent me pousser à dissimuler.

1290. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il soutient des pensées assez justes, dont le fond se ramène à ce principe général que le but de la vie est le bonheur et qu’il faut chercher le bonheur dans la modération. […] Par tous les procédés de la Terreur : vexations, confiscation, proscription, il mena ses concitoyens à son but, qui était l’annexion, plus ou moins déguisée, du pays rhénan à la France. […] Fouché, qui jamais ne fut plus habile, n’avait que deux buts, qui n’en faisaient qu’un : éloigner Napoléon, appeler les Bourbons, en faisant valoir ses services de telle sorte qu’ils le prissent pour ministre. […] Il faut apprendre tout, n’importe quoi, sans but, sans intelligence, apprendre comme boit une éponge, comme entonne un ivrogne. […] Chacun but en souhaitant à l’arbre une longue végétation.

1291. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Le but de l’auteur était de mettre en action ce vieux proverbe : A trompeur, trompeur et demi 6. […] d’après lui, voulait dire que l’Agésilas inspirait la pitié, qu’ainsi elle remplissait le but de la tragédie, et le HOLAmis après l’Attila, indiquait que c’était le nec plus ultra de l’art. […] N’a-t-on pas vu des directeurs commander des pièces à un auteur utile à ménager dans un but quelconque ? […] Les comédiens furent obligés de doubler le prix des places, principalement dans le but de ménager la scène qui était toujours encombrée, et sur laquelle les acteurs avaient peine à se mouvoir. […] Après avoir été couronné plusieurs fois aux Jeux-Floraux, il vint à Paris dans le but de travailler pour le théâtre.

1292. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Longtemps encore, à moins qu’une découverte décisive de la science n’atteigne le secret de la nature, à moins qu’une révélation venue d’un autre monde, par exemple une communication avec une planète plus ancienne et plus savante que la nôtre, ne nous apprenne enfin l’origine et le but de la vie, longtemps encore, toujours peut-être, nous ne serons que de précaires et fortuites lueurs, abandonnées sans dessein appréciable à tous les souffles d’une nuit indifférente. […] Il n’y a pas de but plus noble à notre vie164. […] Savent-elles, les abeilles, dans quel but elles furent créées ? […] Nous ignorons le but de l’univers et si les destinées de notre espèce lui importent ou non ; par conséquent, l’inutilité probable de notre vie ou de notre espèce est une vérité qui ne nous regarde qu’indirectement et qui reste pour nous en suspens. […] Henri Hymans, Arnold Goffin, Jules Destrée, qui se préoccupa particulièrement des œuvres d’art religieux, Dumont-Wilden, Octave Maus, parfois Edmond Picard ont aiguillé ou aiguillent leurs recherches vers le même but.

1293. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Un but, un intérêt dans la vie, il n’y en avait plus pour lui depuis quelques heures. […] Je ne veux pas savoir si ce livre a ce qu’on appelle un but. […] Ajoutons que ce succès est mérité, et qu’à notre époque de poésie le plus souvent nuageuse sans élévation, énergique sans but, on est heureux de trouver un homme qui, avec le culte de la forme, ait le respect de l’idée. […] Mais le but de lord Angel Sidney n’est pas seulement d’assouvir la faim et la soif de ces étranges invités ; il faut qu’il sache si le secret de leur vie vaut la peine qu’il a prise de les supporter. […] Le titre du livre que le général Ambert vient de faire paraître chez Dentu dit bien quel est son but et quelle vérité il veut démontrer.

1294. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Tel a été le but de Nietzsche. […] Leurs langues proféraient des mots qui n’avaient pas leur vrai sens : il y en eut un qui but à ma mort, voulant dire à ma santé. […] Il erra, longtemps sans but, à travers le comté de Galles, dépensant sou à sou la petite somme qu’il avait emportée. […] Car ce fond de son œuvre, ce n’est pas la peinture d’une âme de souverain, mais d’une âme de rêveur enthousiaste et sceptique, s’épuisant à poursuivre un but qu’il sait qu’il n’atteindra jamais. […] On en a assez de l’observation pure, sans autre but que l’observation même.

1295. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

À la mort de son père chéri, Mozart écrivit à sa sœur une lettre touchante où nous avons remarqué le passage suivant : « Comme la mort, lorsqu’on y réfléchit, paraît être le vrai but de la vie… Je me suis tellement familiarisé avec cette idée, que je ne me couche jamais sans penser que peut-être je ne verrai plus la douce et amère lumière du jour ! […] Satisfaire à la fois l’intelligence des forts et le cœur de tous, n’est-ce pas le but suprême de l’art ?

1296. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

XII Laissons-la parler tout haut et toute seule maintenant, dans cette petite chambre d’une campagne obscure où elle avait concentré sa vie ; laissons-la causer avec elle-même, avec son pauvre père, père si digne d’elle, avec son frère devenu son fils, sur qui toutes ses pensées avaient fini par converger comme sur le but unique de sa vie. […] À travers larmes ou fêtes, il marche toujours vers le ciel ; son but est là, ce qu’il rencontre ne peut guère l’en détourner.

1297. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Il leur apprend à marcher vers ce but mystérieux où, dussent-elles n’arriver jamais, il importe qu’elles ne se lassent pas de tendre sans découragement et sans arrêt. […] Ces différences de condition et de caractère font voir la même passion sous des aspects variés, et nous mènent au même but par une agréable diversité de chemins.

1298. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Le but moral de la Nouvelle Héloïse n’est pas moins chimérique que les sentiments. […] C’est après avoir violé le principe qui maintient et perpétue les sociétés humaines, qu’il jetait sur le papier les fondements d’une société chimérique, avec la jouissance pour but et la vertu pour moyen.

1299. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Sa soif tarissait les fleuves comme des citernes ; elle but d’un trait, au passage, le Scamandre, l’Onochone, l’Échidose, l’Issus, le Mélas : la sécheresse sortait de ce tourbillon altéré, comme une haleine de simoun. […] Phémé arrivant au but de sa course l’avait sans doute laissé tomber dans la mer.

1300. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

On se borna à me faire poursuivre ces études classiques, sans but déterminé, qui sont le premier aliment de nos intelligences et l’exercice de nos jeunes facultés. […] Il y but à longs traits, en relevant sa manche.

1301. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Prendrons-nous les connoissances préliminaires de l’imitation de nature, pour la véritable imitation de nature, ou raporterons-nous les productions du peintre à leur vrai but ? […] L’éducation fut sans vue, sans aiguillon, sans base solide, sans but général et public.

1302. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Mézeray est modeste sur les erreurs ; il reconnaît qu’il a dû en commettre beaucoup : « Et vraiment il n’est pas au pouvoir d’un homme mortel de faire une course de douze siècles sans broncher. » De son style il déclare qu’il ne dira rien ; mais on voit qu’il y tient et qu’à ce début il l’a soigné : « C’est à vous, dit-il aux lecteurs désintéressés, à prononcer si j’ai écrit d’une belle manière, si j’ai découvert quelques lumières qui n’eussent pas encore été démontrées ; là où j’ai touché au but, et là où je m’en suis éloigné. » Il nous rappelle ce que nous ne devons jamais oublier quand nous nous reportons à la première époque où parurent ces ouvrages une fois en vogue, et dès longtemps vieillis : c’est que, si la matière était déjà vieille alors et semblait telle, la forme qu’il lui donnait à son heure la rendait toute nouvelle.

1303. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Le but de l’auteur était de préparer ainsi et de commencer l’histoire générale de France par une histoire particulière de chacune des provinces prise jusqu’à l’époque de sa réunion.

1304. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Bailly n’appartenait pas au parti philosophique, en tant que celui-ci était organisé et poursuivait un plan d’attaque ou un but de conquête.

1305. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

C’est là son but, et, à quelques égards, ce fut son succès.

1306. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Je disais précisément le contraire, et j’avertissais que tel n’était point mon but.

1307. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

C’est peu après ce temps que la margrave songea à se servir de Voltaire pour une tentative du même genre et qui avait le même but, mais qui ne paraît point se rattacher à la précédente.

1308. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

; on observerait les proportions et le ton, les convenances ; on ne commencerait point par donner tête baissée dans l’inédit, avant d’avoir lu ce qui est imprimé depuis deux siècles, ce qui hier encore était en lumière et faisait l’agrément de toutes les mémoires ornées ; on ne débuterait pas avec le xviie  siècle par des découvertes : mais si l’on en faisait, on les exprimerait d’une façon plus simple, mieux assortie aux objets, plus digne de ce xviie  siècle lui-même ; on ne jurerait pas avec lui en venant parler de lui ; on ne parlerait pas un langage à faire dresser les cheveux sur la tête à ce monde poli qu’on met en avant à tout propos ; on ne s’attaquerait pas enfin, de but en blanc, à ces gens de Versailles comme si l’on arrivait de Poissy ou de Pontoise.

1309. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Si au contraire, au lieu de te traîner lentement sur la route du bonheur et de la gloire, chargé d’un lourd costume d’avoyer, et escorté d’une troupe d’huissiers à baguette, tu veux, dans toute la vigueur de ton esprit, cursu contingere metam, cesse de regarder derrière toi, à droite, à gauche, en haut, en bas, et tiens constamment les yeux fixés sur le but qui t’est offert.

1310. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Il n’avait aucun entraînement, nul abandon de jeunesse, et semblait de bonne heure fort préoccupé du but : ses camarades, dans l’idée qu’ils avaient de sa prévoyance, disaient de lui qu’il ne regardait pas à droite ni à gauche au hasard, qu’il ne faisait rien indifféremment.

1311. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Avant 89, il y a un but, il se mêle presque toujours à l’observation un élément dogmatique, polémique, une intention et une arme de combat ; c’est qu’on a en effet des ennemis à vaincre, à mettre en déroute : on est à la guerre, on marche à une conquête.

1312. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

De rigueurs, il n’en fut un moment question que pour en rejeter aussitôt l’idée, et Foucault se fit fort d’arriver au but par une tout autre méthode que celle de son prédécesseur, laquelle avait si mal réussi.

1313. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

ceci est par trop et va au-delà du but.

1314. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

S’il a interrogé (et il aime à le faire), ç’a été d’une manière pressée, avec suite et dans un but, pour répondre à la pensée qu’il avait déjà.

1315. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Celle-ci ne faisait que s’approcher du but sans y atteindre.

1316. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Le but atteint, il arrangeait sa contenance, et ne songeait qu’à attraper son monde, à imposer et à en imposer.

1317. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Mais il fallait finir ; le but était atteint, la Corse était peinte ; l’auteur n’a pas craint de se trahir dans le dernier trait et de laisser voir le jeu.

1318. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

On approche du but, et enfin une tendance définitive ou presque définitive se dégage.

1319. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Faire de la vérité le but de la pensée, du bien la fin de l’action, le vrai étant l’exclusion du miracle, et le bien l’exclusion de l’égoïsme : on peut juger comme on voudra cette philosophie, on n’a pas le droit d’y voir un jeu de dilettante indifférent.

1320. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Ne pas croire en Dieu, c’est nier le mystère de la vie et de l’univers et le mystère des instincts impérieux qui nous font placer le but de la vie en dehors de nous-mêmes et plus haut ; c’est nier le plaisir que nous fait cette chose insensée qui est la vertu ; c’est nier le frisson qui nous prend devant « le silence éternel des espaces infinis » ou le gonflement du cœur par les soirs d’automne, et la langueur des désirs indéterminés ; c’est déclarer que tout dans notre destinée et dans les choses est clair comme eau de roche et qu’il n’y a rien, mais rien du tout, à expliquer.

1321. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

On ne les attendait pas ; ils viennent tout à coup rappeler l’intelligence au but moral de toute science, qui est de savoir pour mieux valoir.

1322. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Il les entraîne à l’opposé du but où il pourrait trouver sa justification.

1323. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Le but du poète n’est pas de rendre ce qu’il voit, mais ce qu’il sent.

1324. (1890) L’avenir de la science « V »

Si tel est le but de la science, si elle a pour objet d’enseigner à l’homme sa fin et sa loi, de lui faire saisir le vrai sens de la vie, de composer, avec l’art, la poésie et la vertu, le divin idéal qui seul donne du prix à l’existence humaine, peut-elle avoir de sérieux détracteurs ?

1325. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Je les remercierai d’avoir fait un pas de plus vers les vastes théories, espoir et but de la science future.

1326. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Je laisse, on le voit, de côté le but politique, l’intention calculée peut-être, et je ne m’en prends qu’à ce qui est de la couleur littéraire presque inévitable et involontaire chez un talent du genre de celui de M. de Lamartine.

1327. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Son but a été de dire ce que ne peuvent et n’osent dire à Paris une foule de gens sensés.

1328. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Ce voyage du jeune homme avait sans doute pour but de le perfectionner dans la jurisprudence, dont l’Italie était encore censée la terre classique.

1329. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Laissons donc le détail d’une polémique dans laquelle il devient de plus en plus difficile de distinguer ce qui n’est que machine de guerre d’avec ce qui est pensée ultérieure et but véritable ; et tenons-nous à constater quelques faits qui achèveront de nous donner idée de l’homme.

1330. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

M. de Loménie prépare de Beaumarchais une biographie complète qu’il fait espérer depuis longtemps ; j’aurais aimé à être devancé par lui, mon but en ces esquisses rapides n’étant que de résumer le vrai et le connu, sans chercher à devancer personne.

1331. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

L’auteur a pour but de démontrer qu’au point de vue chrétien et catholique, la communion crue et acceptée dans sa plénitude, la communion fréquente et bien faite (quand on a le bonheur d’y croire), est la plus sûre, la plus efficace et la plus vive méthode de charité.

1332. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Il représente à merveille dans son groupe, et avec plus de distinction que tout autre, cette bourgeoisie contente d’elle-même, et ne voulant qu’elle ni plus ni moins, ayant du sens, l’instinct des intérêts et des courants d’opinion immédiats, mais sans idées élevées, sans horizon, sans but social hautement placé.

1333. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Moi, je voudrais que la société vît ces périls comme un homme ferme qui sait que ces périls existent, qu’il faut s’y soumettre pour obtenir le but qu’il se propose, qui s’y expose sans peine et sans regret, comme à une condition de son entreprise, et ne les craint que quand il ne les aperçoit pas dans tout leur jour. » Dans une lettre de la même époque à un autre de ses amis, trop longue pour être citée, il exprime encore avec plus de précision la vraie pensée du livre de la Démocratie.

1334. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Et même la littérature, dans son idée précise, a-t-elle bien ce but ?

1335. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Qu’on en convienne, cela serait déjà mieux, et remplirait davantage notre but.

1336. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Qui veut apprendre à connaître réellement quelque chose de nouveau, que ce soit un homme, un événement, un livre, fait bien d’adopter cette nouveauté avec tout l’amour possible, de détourner résolument sa vue de ce qu’il y trouve d’hostile, de choquant, de faux, même de l’oublier, si bien qu’à l’auteur d’un livre, par exemple, on donne la plus grande avance et que, d’abord, comme dans une course, on souhaite, le cœur palpitant, qu’il atteigne son but.

1337. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Je les trouve absolument contraires au but que l’Art doit atteindre dans un roman.

1338. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

c’est un livre de but pratique et d’application immédiate, la production pressée d’un utilitaire effréné.

1339. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

« Mais en même temps nous nous hâtons de le déclarer, et nous voulons que la France l’entende, ces motifs qui ont pu suffire à quelques-uns, qu’ils ont longuement commentés, dont ils ont avec adulation exagéré la force, ne nous auraient jamais décidés seuls à une concession de cette étendue ; nous nous fussions défiés même de ce sentiment de la reconnaissance, comme trop sujet à égarer les peuples, même de cette importance de la stabilité, comme devant être cherchée plus dans les lois que dans les hommes, si à ces considérations ne s’en était jointe une autre qui a dû fixer nos suffrages : c’est la ferme confiance que bientôt Bonaparte, appréciant les nouvelles circonstances qui l’entourent, n’écoutant que l’inspiration de son âme et la voix des bons citoyens, posera lui-même à l’autorité dont il est investi une limite heureuse, qu’il ne profitera de cette prolongation de sa magistrature que pour achever, réaliser des institutions qu’il n’est pas temps de détailler encore, mais dont le but sera de former dans le sein de ce peuple un pouvoir véritablement national, qui seconde le sien, qui le tempère, qui le supplée au besoin, qui en assure la transmission légitime. […] « J’ai beaucoup souffert, mon cher Camille, et vous le croirez aisément. — Je n’ai pas voulu passer par Lyon, parce que dans ce moment on observait toutes mes démarches et que je ne voulais pas attirer sur vous l’attention ; mais à présent que je suis retombée dans l’oubli, puisque le but est atteint, que le livre est brûlé, si vous venez me voir cet hiver, ce me sera un moment bien doux et le dernier, car vous m’en croyez bien, ou je mourrai ou je m’en irai. — -Quoi ! […] 2° l’ouvrage a-t-il pour but de réveiller les passions, de former des factions ou de semer des troubles dans l’intérieur ?

1340. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Dans la société civile on est à peu près en possession de tous les résultats voulus par la Révolution ; dans l’association politique, il y a beaucoup plus à désirer ; mais enfin, si l’on s’inquiétait en ce genre de ce qu’on n’a pas pour l’obtenir, si on le désirait réellement avec suite et ferveur, si on luttait dans ce but comme sous la Restauration, l’esprit de la Révolution française vivrait encore, et cette grande ère ne serait pas finie. […] La Fayette, qui s’était voué, comme à une spécialité, au triomphe de quelques principes généreux, a pu ne dire dans sa longue carrière et ne paraître connaître de la majorité des hommes, même après l’expérience, que ce qui convenait au noble but où il les voulait porter. […] Comme résultat, mon idée est que le vœu de Boileau, comme celui de La Fayette, n’avait qu’en partie manqué ; en gros, et pour d’autres que lui, le but semblait atteint et l’objet obtenu.

1341. (1903) Propos de théâtre. Première série

Ces bons Chinois, pour qui c’est une règle que toute œuvre de théâtre ait un but ou un sens moral, n’ont pas, à notre goût du moins, réussi davantage. […] Ce que Corneille invente, c’est précisément le personnage actif et non passif, qui « marche à un but, consulte, résout, achève », qui est l’artisan même de sa destinée. […] Il y a deux situations, qui, influant l’une sur l’autre, forment une seule action marchant droit à son but unique. […] » flatte Sévère, ce qui est essentiel pour le but poursuivi. […] Trissotin a un but.

1342. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Et, là-dessus, l’auteur des Parents pauvres entamait un paradoxe dans lequel il démontrait sérieusement que les allumettes chimiques, quotidiennement cause de sinistres relatés par les journaux, étaient répandues dans le public par une bande de malfaiteurs qui avaient pour but la destruction de la propriété immobilière. […] *** Une dame qui se chausse quelquefois d’outremer, et qui a fait représenter au profit des pauvres et de sa vanité des petites comédies de genre inutile, s’est acquis dans un certain monde une grande réputation d’esprit, — à peu près comme les révolutionnaires achetaient jadis les biens nationaux, — c’est-à-dire à bon marché. — Cette réputation lui vient de l’habitude qu’elle a de faire des mots ; les mots, cette lèpre de la conversation moderne. — Faire des mots, tel semble être le but de son existence ; c’est à quoi elle passe tous ses jours. […] Et si, par malheur, il vous arrive de tomber dans un de leurs conclaves, véritables clubs de harpies, vous aurez le mal de mer en les écoutant les uns et les autres parler de ceux qu’ils appellent leurs confrères, et qui sont parvenus à approcher de près ou de loin le but auquel ils se proposaient d’atteindre. […] Le jardin beaucoup plus grand, mais moins somptueux, contient un théâtre, un cirque et une foule de divertissements. — L’éclairage est mesquin, — est-ce dans un but favorable au mystère ? […] À l’époque où il parut au théâtre, il se présentait— par modestie, sans doute— à la suite d’un écrivain dont les tendances dramatiques avaient un but rétrograde.

1343. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

C’est une sorte de conspiration, d’origine étrangère, dont le but évident est, néanmoins, un impénétrable mystère pour les stupides instruments qu’on y emploie, depuis M.  […] Ils ne sont rien de plus qu’une inoffensive pincée d’honnêtes gens associés dans un but de philanthropie, aimant à rire et sans aucune intention d’agir directement ou indirectement sur quoi que ce soit. […] « Parmi les membres de la secte, dit l’Encyclique, il s’en peut trouver et même en bon nombre qui, bien que non exempts de faute pour s’être affiliés à de semblables sociétés, ne trempent cependant pas dans leurs actes criminels et ignorent le but final que ces sociétés s’efforcent d’atteindre. » C’est avec une sécurité parfaite qu’on peut se permettre de présenter ce joli troupeau comme le plus idéal chef-d’œuvre de l’abêtissement humain par l’effet d’une simple transposition de la loi d’obéissance. […] » V « Le but de l’Ordre doit rester son premier secret, disait en 1774, la grande Loge d’Allemagne, le monde n’est pas assez robuste pour en supporter la révélation. » Ce but, connu seulement des Maçons des arrière-loges, dit-on, et parfaitement ignoré du bétail vulgaire de l’affiliation, malgré les avertissements sans cesse renouvelés de l’autorité ecclésiastique que personne ne veut plus écouter ni croire, est qualifié par Léon XIII de l’épithète de « Satanique ». […] Il ne voit pas de but à une chienne d’existence qui finit si mal, et il en éclate de douleur.

1344. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Le premier roman, La Fortune des Rougon, est précédé d’une préface qui expose le but de l’œuvre. […] Si l’on diffère d’avis, c’est sur les moyens et non pas sur le but. […] Il faut agir, peu importe le but, croire et agir. […] Il ne savait que choisir entre plusieurs choses croyables ; le but de la vie ne lui apparaissait pas avec clarté. […] Aucun moyen de deviner par la science l’origine ni le but de rien.

1345. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

La connaissance de ce qui fut ne doit pas être considérée comme un luxe, comme quelque chose de superflu et d’accessoire, qui n’a rien à voir avec le but de la vie, et le souci obligatoire de notre perfection. […] Il déclare que « le but essentiel de toute culture intellectuelle est la perception juste et fine des choses de l’esprit. La philologie technique, la critique des détails sont choses excellentes, à une condition, c’est qu’on les fasse servir à un but, qui est la connaissance de l’histoire et de l’esprit humain ». […] C’est dans la direction de ce but inaccessible, que se feront les grandes choses de l’avenir. […] Rien n’est plus convergent à un même but que l’ensemble des œuvres de Taine.

1346. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

— C’est bien simple, répondit le professeur, but they have got english mothers, c’est qu’ils ont des mères anglaises. […] « Mon but, dit-il, n’a pas été d’écrire une étude définitive et maîtresse sur les trois Dumas. […] On aima éperdument, on but de même. […] Il comprend que la vie a un autre but et d’autres devoirs que celui de la notoriété littéraire et que le renom de grand homme, s’il est plus éclatant, ne vaut pas celui de galant homme qu’il est donné à tous de conquérir. […] Le pain quotidien, c’est ici tout le but d’une existence humaine… J’aurais des remords si cette analyse laissait au lecteur l’illusion que le livre de M. 

1347. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Croyons fermement avec lui que la vie est mauvaise ; et ainsi nous l’améliorerons, puisque, en mettant son sens et son but hors d’elle-même, nous n’y aurons plus cet attachement qui fait une moitié de nos souffrances et de nos misères. […] Maintenant, pour atteindre leur but, ont-ils besoin, comme ils le disent, de réformer la métrique et la langue ? […] Qu’importe le chemin, si l’on arrive au but ? Et le but, ici, quel est-il ? […] Quant à Baudelaire, le but suprême qu’il indique, le seul vers lequel il ait tendu avec une énergie continuelle et absorbante, ce fut cette abstraction, — où il faisait tenir tout ce qui n’est pas humain, terrestre, réel, déjà vu et déjà senti. » Qu’est-ce à dire ?

1348. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Qui ne se rappelle en ce moment cette autre entreprise conduite par un jeune général partout victorieux, cette flotte française, si française toujours, mais si différente dans l’inspiration et le but, portant avec elle la science, l’Institut d’Égypte, les instructions d’un Volney, la tête méditative de Monge, le génie de Bonaparte ?

1349. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

C’est dans la sérénité de cet Olympe intellectuel que Montesquieu, que Buffon, se recueillant durant de longues heures, contemplaient le but suprême, y dirigeaient leurs plans majestueux, et édifiaient avec lenteur leur monument.

1350. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Quant aux notes, je ferai observer que le curé Meslier (tome i, page 349) était curé d’Étrépigni et de But, et qu’il ne s’agit point là de lord Bute ; que, si le Pollion de Thieriot (tome i, page 65) est en effet M. de la Popelinière, ce Pollion, à deux pages de là (p. 63), n’est probablement pas le duc de Richelieu ; que, si le marquis d’Argenson perdit le portefeuille des affaires étrangères, ce ne fut point purement et simplement, comme on l’affirme (tome i, page 263), parce qu’il avait des sentiments généreux et de la probité, mais aussi parce qu’il était utopiste et secrétaire d’État de la république de Platon ; qu’il est douteux que l’ami qui servait de lien entre Diderot et Voltaire (tome ii, page 519) fût Thieriot, et qu’il est bien plus vraisemblable que c’était Damilaville ; que, si l’on prodigue le contre-seing Belle-lsle (tome ii, page 370) pour faire arriver les lettres franc de port, ce ne sont pas messieurs de Laporte qui en seront mécontents, mais plutôt messieurs de la Poste, etc., etc.

1351. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Il n’y avait pas moins de six ou sept lieues à faire ; mais aller vers un grand but et y aller par un long chemin avec un ami, c’est double bonheur.

1352. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Il y but, pendant onze matinées, d’abord neuf verres par jour, puis sept verres, et s’y baigna cinq fois, ayant son régime à lui et se traitant à sa guise.

1353. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Il y a même un des enfants encore, celui qui tire le soufflet, qui a le regard sans but et un peu étonné.

1354. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Il y a des moments où il exprime ce vœu avec une énergie qui devait dépasser le but et faire reculer celle qu’il ne pouvait convertir et entraîner : « Je voudrais faire de l’amour un autre monde où rien ne fût de celui-ci.

1355. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Il paraît assez clairement que le romancier n’est pas pressé, qu’il ne tend pas au but. qu’il tourne le dos à cette forme de récit courante et naturelle qui n’intéresse que par le fond et qui se fait oublier.

1356. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Une pensée généreuse de progrès et d’amélioration sociale qu’il ne perdait jamais de vue le lui disait non moins nettement : car cet homme, qui parut de bonne heure si mêlé et si plongé dans les affaires, avait son but, sa visée supérieure et constante.

1357. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

soyez ce poète-là. » Pope suivit le conseil, et toute sa vie, qui dura cinquante-six ans, fut consacrée à cette étude et à ce noble but qu’il sut atteindre et remplir.

1358. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Ne confondons point les genres et les natures ; ne demandons pas à une organisation ce qui est le fruit d’une autre ; appliquons à Pope son propre et si équitable précepte : « En chaque ouvrage considérez le but de l’écrivain, car on ne peut y trouver plus et autre chose qu’il n’a voulu y mettre. » Ami de Bolingbroke, de Swift, Pope ne les suit pas jusqu’au bout de leur philosophie et de leurs audaces.

1359. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote par le cas le moins compliqué et qui souffre le moins d’objections), l’Odyssée est manifestement un poëme qui se tient, qui a dû se tenir toujours et se lier dès le principe par une suite d’aventures concourant à un but commun qui est le retour d’Ulysse, sa reconnaissance par les siens et sa victoire sur les prétendants.

1360. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Le baron de Breteuil avait raison de dire qu’on ne se soutenait pas à Versailles sans liaisons et alliés ; cela est peut-être encore plus vrai auprès de la reine ; mais l’alliance n’est pas de mon goût, et on n’en fait point sans but et sans intrigue dans la position où j’ai vécu jusqu’ici. » Puis, deux ans après, en mai 1779 : « La reine m’a rendu ma liberté, monsieur l’ambassadeur, et quoique S.

1361. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

C’est aller contre le but que de fausser cette physionomie à force de traits contradictoires et entre-croisés.

1362. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Louis XV étant tombé malade à Metz pendant cette campagne, le comte de Clermont, sur le conseil de M. de Valfons (celui-ci du moins s’en vante), se rendit auprès du roi, là où était sa place et il n’eut qu’à s’en féliciter ; comme depuis le commencement de la maladie, les deux sœurs (Mme de Châteauroux et de Lauraguais), M. de Richelieu et les domestiques inférieurs étaient les seuls qui entrassent dans la chambre du roi, au grand murmure des princes du sang et des grands officiers exclus, qui attendaient dans une sorte d’antichambre, il prit sur lui d’entrer sans permission dans la chambre du roi et de lui dire « qu’il ne pouvait croire que son intention fût que les princes de son sang, qui étaient dans Metz occupés sans cesse de savoir de ses nouvelles, et ses grands officiers fussent privés de la satisfaction d’en savoir par eux-mêmes ; qu’ils ne voulaient pas que leur présence pût lui être importune, mais seulement avoir la liberté d’entrer des moments, et que pour prouver que pour lui il n’avait d’autre but, il se retirait sur-le-champ.

1363. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

C’est dans un article du Correspondant, de mai 1868, sur la Liberté de l’enseignement, que M. de Montalembert, s’emparant d’une phrase d’un de mes discours au Sénat, m’accuse de renier la liberté, et, poussant selon sa tactique les choses à l’extrême, de reprendre à mon compte la souveraineté du but proclamée par Barbès en 1848, « époque, ajoute-t-il, où M.

1364. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Ses œuvres, telles qu’on les a aujourd’hui, publiées par lui après l’accusation et dans un but avoué d’apologie, paraissent, je le sais bien, assez innocentes, mais, par là même, elles manquent à chaque instant de franchise, de relief, des qualités ou défauts qu’on est le plus tenté d’y réclamer.

1365. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy n’hésite pas ; pour dernier mot, il conclut que « la place d’André Chénier ne sera jamais celle des écrivains classiques dignes d’être proposés comme modèles, sans restriction, aux étrangers et aux jeunes esprits dont le goût n’est pas entièrement formé. » Chénier aurait pris certainement son parti de cette sentence ; jamais poëte digne de ce nom ne s’est proposé un tel but ni de pareils honneurs scholaires.

1366. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

La périphrase qui n’a d’autre but que d’éviter le mot propre, ou d’amuser à sa recherche la curiosité du lecteur, la périphrase qui n’est qu’un masque ou une charade, ne saurait être trop rigoureusement condamnée.

1367. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

C’est là qu’il a touché le but qu’il avait fixé à l’histoire : la résurrection intégrale du passé.

1368. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Toutes ces idéologies sont unitaires : elles ont pour but de faire croire à l’unité intellectuelle, morale, politique, juridique, de l’espèce humaine ; à l’unité d’intérêts, de droits et de valeur morale des individus humains.

1369. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Vous savez l’erreur de ceux qui nous proposent le salut et qu’ils se trompent sur le but comme sur les moyens.

1370. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

L’Égypte, si belle qu’il l’eût jugée d’abord, ne pouvait être pour Napoléon qu’un moyen et non un but.

1371. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Ainsi, sans prétendre éclaircir quelques obscurités d’allusion, nous tenons l’aveu essentiel : quand M. de Chateaubriand s’en allait au tombeau de Jésus-Christ pour y honorer le berceau de sa foi, pour y puiser de l’eau du Jourdain, et, en réalité, pour y chercher des couleurs nécessaires à son poème des Martyrs, le voilà qui confesse ici qu’il allait dans un autre but encore.

1372. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Pourtant on trouvait, dans les Pensées et Paradoxes qui venaient aussitôt après ces deux morceaux, plus d’un trait en désaccord avec la doctrine chrétienne rigoureuse ; la seule manière dont Vauvenargues y parle de la mort qui ne doit pas être, selon lui, le but final et la perspective de l’action humaine, et qui lui paraît en elle-même la plus fausse des règles pour juger d’une vie, cette façon d’envisager l’une des quatre fins de l’homme est trop opposée au point de vue de l’orthodoxie et en même temps trop essentielle chez Vauvenargues pour laisser aucun doute sur la direction véritable de ses pensées.

1373. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Sa condition de roi, son amour de la noble gloire, et le grand caractère dont il était doué, le dirigèrent à d’autres applications qui avaient pour but l’utilité sociale et la grandeur de sa nation : il estimait « qu’un bon esprit est susceptible de toutes sortes de formes, qu’il apporte des dispositions à tout ce qu’il veut entreprendre.

1374. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Il avait terminé l’un des livres de ses Fables par ces vers, qui pourraient être plus forts d’expression, mais qui sont pleins de sentiment et de philosophie, et qu’il a intitulés Le Voyage : Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain, où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s’endormir, On appelle cela naître, vivre et mourir : La volonté de Dieu soit faite !

1375. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Il examine tout, il ne laisse rien passer : « Vous reconnaissez à ces doutes, dit-il quelque part en se confessant lui-même, le caractère d’un esprit difficultueux qui, pour vouloir saisir son objet avec trop d’évidence, va souvent au-delà du but. » Nous retrouvons là, et sur son propre aveu, celui qui coupe un cheveu en quatre, et que Saint-Simon appelle le père des difficultés.

1376. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Considérant de près le désordre des partis et ce qui s’y développe si vite d’abject et de misérable, il rougit de voir des chefs qui ont quelque renom s’abaisser et s’avilir par de lâches complaisances : car, en ces circonstances, nous le savons comme lui, « c’est au commandant de suivre, courtiser et plier, à lui seul d’obéir ; tout le reste est libre et dissolu. » — « Il me plaît, dit ironiquement Montaigne, de voir combien il y a de lâcheté et de pusillanimité en l’ambition ; par combien d’abjection et de servitude il lui faut arriver à son but. » Méprisant l’ambition comme il le fait, il n’est pas fâché de la voir se démasquer ainsi dans ces pratiques et se dégrader à ses yeux.

1377. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Cet homme du monde, qui ne semblait qu’un spirituel épicurien, a montré qu’il savait se proposer l’élévation du but, et y diriger avec art tous ses moyens.

1378. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il imaginait avec facilité et largeur des allégories plus ou moins mythologiques où il entrait toujours quelque chose à la gloire du roi : c’était le but final auquel il fallait tout rapporter.

1379. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Quand le voyage de M. de Torcy en Hollande, qui a pour but la paix, manque son effet, elle s’en réjouit.

1380. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Énonçant les motifs, réels ou non, qu’il avait eus pour entrer dans la discussion, il alla droit, avant tout, à l’adversaire, et le frappant de l’épée au visage, selon le conseil de César, il le raillait sur cette prétention au patriotisme, au désintéressement et au bien public, de laquelle Beaumarchais aimait (et assez sincèrement, je le crois) à recouvrir ses propres affaires et ses spéculations d’intérêt : Tels furent mes motifs, s’écriait-il déjà en orateur, en maître puissant dans la réplique et dans l’invective ; et peut-être ne sont-ils pas dignes du siècle où tout se fait pour l’honneur, pour la gloire, et rien pour l’argent ; où les chevaliers d’industrie, les charlatans, les baladins, les proxénètes n’eurent jamais d’autre ambition que la gloire sans la moindre considération de profit ; où le trafic à la ville, l’agiotage à la Cour, l’intrigue qui vit d’exactions et de prodigalités, n’ont d’autre but que l’honneur sans aucune vue d’intérêt ; où l’on arme pour l’Amérique trente vaisseaux chargés de fournitures avariées, de munitions éventées, de vieux fusils que l’on revend pour neufs, le tout pour la gloire de contribuer à rendre libre un des mondes, et nullement pour les retours de cette expédition désintéressée… ; où l’on profane les chefs-d’œuvre d’un grand homme (allusion à l’édition de Voltaire par Beaumarchais), en leur associant tous les juvenilia, tous les senilia, toutes les rêveries qui, dans sa longue carrière, lui sont échappées ; le tout pour la gloire et nullement pour le profit d’être l’éditeur de cette collection monstrueuse ; où pour faire un peu de bruit, et, par conséquent, par amour de la gloire et haine du profit, on change le Théâtre-Français en tréteaux, et la scène comique en école de mauvaises mœurs ; on déchire, on insulte, on outrage tous les ordres de l’État, toutes les classes de citoyens, toutes les lois, toutes les règles, toutes les bienséances… Voilà donc Mirabeau devenu le vengeur des bienséances et des bonnes mœurs contre Beaumarchais, et Figaro passant mal son temps entre les mains du puissant athlète, qui le retourne et l’enlève de terre au premier choc.

1381. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Mais laissons les suppositions sans but précis et sans solution possible.

1382. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Ici, du moins, notre but est trop ouvert, trop simple, et nous marchons appuyé sur trop de bons et sûrs témoignages pour que notre effort à deviner et à comprendre ne doive point se faire pardonner.

1383. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Tel est le ton de société que les nouvelles de Marguerite de Navarre nous rendent d’autant plus naïvement que le but n’en est nullement déshonnête.

1384. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Le lien qui les relie est l’unité d’un but par rapport auquel les impulsions sont moyens, l’unité d’un effet par rapport auquel elles sont causes coopérantes.

1385. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Le progrès, but sans cesse déplacé, étape toujours renouvelée, a des changements d’horizon.

1386. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

» Et lorsque l’on construisit l’église de Croissy, qui coûta deux cent mille francs, Augier tint à apporter son obole et m’envoya cinq cents francs… Il n’allait pas à la messe, il est vrai ; mais que de fois, il a donné le pain bénit… Un jour même, je m’en souviens, il blâma Victor Hugo de n’avoir pas voulu recevoir de prêtre à son lit de mort… » Aussi je suis persuadé que, s’il eût gardé sa connaissance, il eût été heureux de recevoir mes encouragements et mes exhortations au moment où il était rappelé vers un monde meilleur… » Les funérailles aux frais de l’État Les paroles si conciliantes et si prudentes du vénérable curé de Croissy, le souci que montra naguère l’illustre mort de s’opposer à la reprise du Fils de Giboyer, pour ne pas paraître s’allier au gouvernement républicain dans sa lutte contre le sentiment chrétien, cette vie de travail, de gloire et de probité, doivent, dans un journal catholique, épargner un blâme, si discret soit-il, à l’homme de génie qui meurt sans que les siens lui aient permis, dans un but que nous n’avons pas à juger, de mettre son âme en règle vis-à-vis de Celui dont émane tout génie.

1387. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

éphestion le confident de l’intrigue, s’appuïoit sur l’himenée pour montrer que les services qu’il avoit rendus à son maître, avoient eu pour but de ménager entre Alexandre et Roxane une union légitime.

1388. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Ainsi tous les sçavans de quelque profession qu’ils soient doivent se rencontrer au même but.

1389. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

En Europe, il se trouve assurément des philologues, des savants, des annotateurs, aussi abondants et redondants en notions et en connaissances qu’Édelestand du Méril ; mais, sur le sujet spécial qu’il s’est donné pour but de traiter et même d’épuiser, il n’en est probablement aucun qui soit seulement son égal.

1390. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Il faut que l’art et son but, qui est la beauté morale et sensible, soient la préoccupation première.

1391. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Toute l’exégèse de Renan, pour parler cette ineffable langue des pédants qui est la sienne, n’a d’autre but et d’autre visée que la négation du miracle et l’enlèvement de tout surnaturel de l’Histoire.

1392. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Il est triste qu’un pareil sujet n’ait pas été alors traité par un homme véritablement éloquent, et qui, en prononçant cet éloge funèbre, se proposât un but utile à la nation.

1393. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Il faut donc observer, 1°. que la composition & la dérivation ont également pour but d’exprimer des idées accessoires ; mais que ces deux especes de formations employent des moyens différens & en un sens opposé. […] Le nombre en est prodigieux, & plusieurs habiles gens ont remarqué que, si l’on en excepte les ouvrages purement didactiques, plus un auteur a de goût, plus on trouve dans son style de ces irrégularités heureuses & souvent pittoresques, qui ne paroissent violer les lois générales du langage que pour en atteindre plus sûrement le but. […] Idiotisme) : mais il ne nous faut qu’un exemple pour parvenir à notre but, & nous le prendrons dans l’Ecriture. […] Ce mélange de vûes souvent opposées ne peut se faire sans avoir recours à quelques licences, sans faire quelques inversions à l’ordre analytique, qui est vraiment l’ordre fondamental : mais la Grammaire générale approuve tout ce qui mene à son but, à l’expression fidele de la pensée. […] De toutes les routes qui conduisent au même but, il n’y en a qu’une qui soit la meilleure.

1394. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Toute mesure, comme la loi du 31 mai 1851, ayant pour but de priver des citoyens d’un droit qu’ils ont exercé depuis vingt-trois ans serait un acte blâmable. […] Quand une population a fait produire à son fonds tout ce qu’à peut se produire, elle s’amollirait, si la terreur de son voisin ne la réveillait ; car le but de l’humanité n’est pas de jouir ; acquérir et créer est œuvre de force et de jeunesse : jouir est de la décrépitude. […] La question est complexe, et, pour la résoudre, il faut s’être fait une idée précise du mouvement qui semble emporter vers un but inconnu tout le monde européen.

1395. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Et ce n’est pas sans raison que cette maxime est invoquée par Horace à propos du drame : aux époques primitives, quand les hommes se contentaient pour la vie pratique du langage audible, l’épopée, poème purement audible, était aussi la seule poésie ; dès qu’on l’a pu, l’écriture idéographique et les arts du dessin furent inventés, puis, bientôt après, le drame, sorte d’épopée visible et vivante qui est au poème épique ce qu’un dessin explicatif est à la parole ; comme il répond à un besoin réel et spécial de l’âme humaine, le drame remplit mal sa mission si, par des récits trop longs et trop fréquents, il retourne aux formes de l’épopée279 ; telle est spécialement l’idée qu’Horace voulait exprimer ; mais sa maxime avait une portée plus haute : le drame sans action, comme l’écriture en train de devenir phonétique, est un mode d’expression détourné de son but et qui perd sa raison d’être originelle. […] Toute libre invention qui n’a pas été préparée de longue date et réglée dans sa forme générale par de longs efforts d’assimilation patiente et d’examen méthodique, est condamnée d’avance à manquer le but qu’elle poursuivra. […] L’analyse logique, la version, et, en général, tous les exercices qui obligent à réfléchir, prennent les mots comme moyen, les idées comme but ; ils forment l’esprit à aimer ses idées, à les surveiller, à les regarder en toute occasion, soit pour les ranger dans un nouvel ordre et corriger leurs défauts, soit et plus souvent pour leur restituer ce que l’habitude à chaque instant tend à leur enlever d’existence et d’existence distincte.

1396. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Les hommes ne se touchent que par la surface ; & tout seroit dans l’ordre, si on pouvoit réduire ceux qui sont nés vicieux, ridicules, ou méchans, à ne l’être qu’au-dedans d’eux-mêmes : C’est le but que se propose la comédie ; & le théatre est pour le vice & le ridicule, ce que sont pour le crime les tribunaux où il est jugé, & les échafauds où il est puni. […] Le but de tous les arts est d’intéresser par l’illusion ; dans la Tragédie l’intention du poëte est de la produire ; l’attente du spectateur est de l’éprouver ; l’emploi du comédien est de remplir l’intention du poëte & l’attente du spectateur. […] Les Poëtes s’y trouvant à l’étroit, se sont répandus, les uns comme Théocrite, dans l’état de grossiereté & de bassesse ; les autres comme quelques-uns des modernes, dans l’état de culture & de rafinement : les uns & les autres ont manqué d’unité dans le dessein, & se sont éloignés de leur but. […] La Mothe a beau dire qu’il se trace un nouveau chemin ; ce chemin l’éloigne du but. […] Mais comme la crédulité du poëte n’est jamais plus naïve, ni par conséquent plus amusante que dans des sujets dépourvûs de vraissemblance à notre égard, ces sujets vont beaucoup plus droit au but de l’apologue, que ceux qui sont naturels & dans l’ordre des possibles.

1397. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

De tels essais montrèrent au poète le but. […] Les générations, ces « pas noirs qui marchent dans les plaines » (Hugo), ce long voyage des fils d’Adam d’un point de départ obscur vers ce but inconnu, à travers tant de misères, de fatigues, de luttes et d’invincibles espoirs, l’histoire de l’âme humaine en un mot lui apparaît comme le plus grand et le plus beau poème qui puisse être écrit. […] » Non certes ; mais la technique, le métier si l’on veut, est nécessaire à l’artiste pour mettre sa poésie dans tout son jour Ces adresses supposent l’imperfection, il est vrai, puisqu’elles n’ont pour but que de la cacher, et dans les œuvres où il n’y a qu’elles, il n’y a rien ; mais le plus grand génie ne peut s’en passer, parce que si grand qu’il soit, il est imparfait encore, et a toujours des points faibles que l’arrangement nous aide à ne point voir. […] Par cette idée, il revenait, chose curieuse, au penchant de la critique du xviie  siècle qui consistait à toujours croire que les grands poètes avaient un but pratique en écrivant, et qu’Homère, par exemple, faisait l’Iliade dans le même dessein qu’Isocrate le Panégyrique. […] L’étude que je fais en ce moment a précisément pour but de montrer qu’il a été cela, et aussi autre chose.

1398. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Or, vertu et gloire, chez les Anciens, c’étaient deux noms divers pour désigner à peu près le même objet idéal, but des grandes âmes. […] Mais assurément (je ne puis m’empêcher encore d’ajouter ceci) la plus criante incohérence, dans le cas présent, c’est d’avoir fait intervenir de but en blanc le plus noble, le plus sobre, le plus austère des poëtes, pour appuyer une théorie où il est surtout question de Lisette et de Margot, et où, pour tout idéal d’art sérieux, l’enfant d’Épicure et d’Ovide s’écrie : Vive d’un doigt coquet le livre déchiré Qu’arrose dans le bain le robinet doré !

1399. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

En France, à Paris, parmi les riches bibliothèques alors renommées, y compris celle du Roi, il n’y en avait aucune qui répondît au vœu de Naudé, c’est-à-dire qui fût ouverte à chacun et de facile entrée, et fondée dans le but de n’en dénier jamais la communication au moindre des hommes qui en pourra avoir besoin. […] Mais, sans parler des autres objections, comme cette apologie ne put être composée que vers ou après 1649, Naudé eut bien assez à faire, en ces années, avec son Mascurat d’abord, puis avec les tracas et calamités qui vont l’envahir, pour qu’on ne puisse lui imputer un travail dont on ne verrait d’ailleurs pas le but sous sa plume.

1400. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Pendant que le ministre poursuivait d’autres expériences nécessaires au but qu’il se proposait, un couple d’oiseaux, mâle et femelle, vint se percher sur un arbre voisin. […] Le but de cette lettre était de me recommander à madame la duchesse de Bourbon (qui était alors au couvent), et de me rappeler au souvenir et à l’intérêt de madame de Chabot.

1401. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Mais la gloire pour le chef qui conçoit et qui exécute la perte de sept cent mille hommes pour une cause absurde, et par une poursuite insensée d’un but qu’il ne peut ni atteindre ni conserver, est-ce là le mot dont un écrivain philosophe doit décorer la folie meurtrière d’un conquérant ? […] il faut laisser la grandeur aux grandes actions même malheureuses, accomplies ou tentées pour un grand but ; mais la grandeur aux mémorables et cruelles folies des hommes, il faut montrer qu’elle n’est que petitesse devant Dieu et devant la postérité.

1402. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

« Comme le système aristocratique a pour but de donner la suprématie politique à ces citoyens éminents, on a prétendu, par suite, que les oligarchies se composent en majorité d’hommes vertueux et estimables. […] Parfois enfin, la révolution ne veut changer qu’une partie de la constitution, et, par exemple, n’a pour but que de fonder ou de renverser une certaine magistrature.

1403. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« Arrière, s’écria Volkêr, et laissez-les entrer ; ils ne parviendront jamais au but qu’ils poursuivent. […] Quand le guerrier vit la tête de son maître, il dit à Kriemhilt: « Enfin tu es arrivée au but de tes désirs, et tout s’est passé ainsi que je l’avais prévu.

1404. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Cette représentation, qui se fera pendant l’été de 1873, aura lieu à Bayreuth, Dans ce but un théâtre spécial doit être exigé ; les arrangements intérieurs répondront à mes buts spéciaux, la solidité et l’extérieur seront selon les moyens qui auront été mis à ma disposition.

1405. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Ce travail aurait sa grande utilité ; mais, tel n’est point le but que M.  […] L’étude synthétique part de la vie purement physiologique, et montre comment la vie intellectuelle, qui d’abord ne s’en distinguait pas, commence sa lente évolution et se constitue peu à peu par des additions successives ; comment l’activité mentale, qui ne reproduisait d’abord que les modifications les plus simples, les plus élémentaires du monde externe, en vient à exprimer d’une façon complète les rapports extérieurs les plus variés et les plus complexes L’étude analytique, qu’on pourrait aussi appeler subjective, par opposition à la précédente qui est plutôt objective, a pour but de ramener chaque espèce de connaissance à ses derniers éléments.

1406. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

C’étaient l’Égide de Zeus, le Char du Soleil, la Flèche qui, lancée par Apollon, revenait, après avoir transpercé son but, se replacer dans la main du dieu, les deux Chiens d’or et d’argent qui gardaient la maison d’AIcinoüs, les Taureaux de bronze qui effrayaient par leurs beuglements ceux qui approchaient de la Toison d’or. […] Elle lance vers l’avenir des traits d’une direction si étrange, qu’on dirait qu’ils mettront des siècles pour arriver à leur but.

1407. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Il y a quelques années Nieuwerkerke me parlait d’une série de tableaux érotiques, qui avaient eu pour but d’allumer, lors de son mariage, les sens du roi Louis XV, tableaux que j’avais déjà trouvés signalés dans Soulavie. […] Lundi 5 mai Un interne d’hôpital disait, que la plus grande partie des femmes du faubourg Saint-Germain étaient des alcoolisées, non par leur fait, mais par le fait de leurs ascendants, et que Potain leur ordonnait de la chicorée : ordonnance dont elles ne comprenaient pas la raison, mais qui avait pour but de leur faire boire de l’eau, beaucoup d’eau.

1408. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Béranger a trop d’esprit pour avoir tant d’enthousiasme ; il possède son enthousiasme, il n’en est pas possédé ; il le conduit avec un fil imperceptible, mais sûr, partout où il veut passer, comme le conducteur des chars, aux jeux Olympiques, conduit au mouvement du doigt ses coursiers qui ne s’emportent jamais dans la carrière : « Rasant la borne, et ne la touchant pas. » Il n’y brise jamais son essieu, il n’y fait même ni bruit ni poussière ; il arrive sans qu’on s’aperçoive qu’il est arrivé juste, et court au but qu’il s’est proposé. […] Les chansons de Béranger ont un but ; elles visent aux passions d’un parti, au cœur d’un peuple, au trône des rois ; le regard tendu de l’archer roidit la main, la flèche vole plus haut, mais elle vole moins leste ; les chansons de Béranger sentent un peu la lampe et l’huile de ses veilles, au lieu de sentir le raisin de la vendange et la mousse du banquet.

1409. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

LE but de la Poésie chez tous les peuples a été de plaire & de plaire en remuant les passions ; ainsi c’est tantôt le langage des Dieux & tantôt celui des Démons, suivant les effets qu’elle produit. […] On but à la santé d’Homere, & tout se passa bien.”

1410. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Catholique d’hier, animé d’un enthousiasme d’homme renouvelé, et qui ne s’en ira pas comme s’en vont de nos cœurs, les uns après les autres, tous nos pauvres enthousiasmes de la terre, Paul Féval a voulu affirmer son catholicisme plus expressément encore que par un roman, et à l’œuvre que j’attendais il a préféré une œuvre plus militante, — une œuvre qui ressemblât davantage à un acte, ainsi qu’il convient à un chrétien pour qui l’art, si grand qu’il soit, n’est plus maintenant le but principal de la vie. […] Ce petit livre, gros comme rien et comme tout, atteindra plus sûrement que la vaste et inexorable histoire de Crétineau le but généreux que tous les deux se sont proposé : la réhabilitation historique de ces hommes, l’honneur de l’Église et du genre humain, qu’on traîne sur la claie depuis plus d’un siècle.

1411. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Si elle était énergique, il a pu suffire d’une déviation légère au début pour produire un écart de plus en plus considérable entre le but visé et l’objet atteint. […] Peut-être est-elle plus près du but qu’elle ne le suppose elle-même.

1412. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Le docte et ingénieux Orelli combat cette critique : « Supprimez cette fin, dit-il, nous n’aurons plus qu’une amplification de rhétorique en l’honneur de la vie champêtre, célébrée sans motif et sans but, une description plus digne réellement de Vanière et de Gessner que d’Horace. » C’est pourtant ce que Racan a fait et ce qu’eût fait aussi Fénelon ; il a supprimé toute ironie, et comme, en le faisant, il était dans sa nature, il a retrouvé par ce côté non pas la supériorité, mais une originalité en face d’Horace.

1413. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Ses études approfondies en économie politique et en finances lui montraient de ce côté un noble but qu’il se sentait capable d’atteindre.

1414. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Dans tous les cas, il a passé le but, il a été déclamateur ; et, en faisant montre de ses défauts à son tour, il nous a seulement prouvé combien la famille d’esprits à laquelle il appartient est en tout l’opposé de celle de Gibbon.

1415. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Mais comme il est dans le tempérament de Madame et dans son humeur d’outrer tout, même ses bonnes qualités, et d’y introduire quelque incohérence, elle va fort au-delà du but lorsqu’elle exprime le vœu de voir aux galères à la place des innocents ceux qu’elle suppose les persécuteurs, ou même d’autres moines quelconques, par exemple les moines espagnols qui furent les derniers à résister dans Barcelone à l’établissement du petit-fils de Louis XIV : « Ils ont prêché dans toutes les rues qu’il ne fallait pas se rendre ; si l’on suivait mon avis, on mettrait ces coquins aux galères, au lieu des pauvres réformés qui y pâtissent. » Voilà bien Madame dans sa bonté de cœur et dans ses excès de paroles, dans sa religion franche, sincère, mêlée de quelque bigarrure.

1416. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il en voulait particulièrement au vers alexandrin, qu’il prétendait n’être souvent qu’un « cache-sottise » ; il voulait « un genre clair, vif, simple, allant droit au but ».

1417. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Les amis de son père n’eurent rien de plus pressé que de la servir ; elle vint habiter à Paris l’année qui suivit sa mort, et le docte Huet, sous-précepteur du Dauphin, lui donna une part et une tâche à remplir dans les éditions d’anciens auteurs qui se faisaient ad usum Delphini : Si je m’en souviens bien, dit Bayle, Mlle Le Fèvre surpassa tous les autres en diligence et gagna le pas à je ne sais combien d’hommes qui tendaient au même but.

1418. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Ceux-là entre les chrétiens méritent le mieux ce nom, qui ont à cœur de faire de la paix leur but ; la paix, qui est à la fois le devoir et la récompense de celui qui rampe et de celui qui vole2.

1419. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Une fois il a découvert dans ses courses autour d’Olney, sur une colline assez escarpée, une toute petite cabane cachée dans un bouquet d’arbres, et il l’a appelée le nid du paysan ; il rêve de s’y établir, d’y vivre en ermite, y jouissant de son imagination de poète et d’une paix sans mélange ; mais il ne tarde point à s’apercevoir que le site est incommode, qu’on y manque de tout, qu’il est dur d’être seul : tout bien considéré, il préférera son cabinet d’été et sa serre avec son simple et gracieux confort, et il dira à la hutte sauvage et pittoresque : « Continue d’être un agréable point de vue à mes yeux ; sois mon but de promenade toujours, mais mon habitation, jamais ! 

1420. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Son premier but d’ailleurs était moins d’offenser les autres en tout ceci que de se caresser lui-même, et il se piquait moins dans le principe d’atteindre M. de Girac que de persifler, à travers lui, l’illustrissime Balzac.

1421. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Richelieu soutint résolûment qu’il fallait exiger des Anglais et des Hollandais le nombre de vaisseaux auxiliaires auxquels ils s’étaient obligés par les nouveaux traités, vingt de Hollande, sept ou huit d’Angleterre ; il prétendait de plus faire stipuler, pour être sûr que ces vaisseaux opéreraient efficacement et n’iraient pas à l’inverse du but, qu’on aurait droit d’y mettre à bord des capitaines français, avec des équipages français, soit en totalité, soit en grande partie.

1422. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il est curieux de voir, à cette fin de campagne, l’impatience du vieux guerrier qui, arrivé toutefois à son but pour la politique, frémit de colère de n’avoir pu frapper un dernier coup, et de se voir obligé à remettre l’épée dans le fourreau sans s’être vengé une bonne fois de ses ennemis dans une bataille : « En fait de campagne, disait-il en se jugeant avec une sorte d’amertume, nous n’avons fait (cette fois) que des misères55. » Dans les années qui suivent, on retrouve Frédéric et le prince Henri en conversation par lettres, en discussion philosophique sur les objets qui peuvent le plus intéresser les hommes, la religion, la nature humaine et le rang qu’elle tient dans l’univers, les ressorts et mobiles qui sont en elle, et les freins qu’on y peut mettre.

1423. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Quoi qu’il en soit, Voltaire, même au début, avant le rire bouffon et le rire décharné, Voltaire dans sa fleur de gaieté et de malice était bien, par tempérament, comme par principes, le poète et l’artiste d’une époque dont le but et l’inspiration avouée était le plaisir, avant tout le plaisir.

1424. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Mirabeau toujours préoccupé de l’idée que Vauvenargues n’est pas ambitieux, qu’il est philosophe par tempérament et par choix (il le juge trop sur la mine, et par le dehors), qu’il est porté à l’inaction et au rêve, le presse souvent et dans les termes d’une cordiale amitié de se proposer un plan de vie, un but, de ne plus vivre au jour la journée : « Nous avons besoin de nous joindre, mon cher ami ; vous appuieriez sur la raison, et je vous fournirais des idées. » Vauvenargues décline ce titre de philosophe auquel, dit-il, il n’a pas droit : Vous me faites trop d’honneur en cherchant à me soutenir par le nom de philosophe dont vous couvrez mes singularités ; c’est un nom que je n’ai pas pris ; on me l’a jeté à la tête, je ne le mérite point ; je l’ai reçu sans en prendre les charges ; le poids en est trop fort pour moi.

1425. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Les lettres patentes de 1635, et le projet qui avait précédé, exprimaient en termes très nets le but des études et l’objet des travaux de l’Académie ; l’espoir « que notre langue, plus parfaite déjà que pas une des autres vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusques ici de l’élocution, qui n’était pas à la vérité toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie » ; que, pour cet effet, il fallait en établir des règles certaines ; premièrement établir un usage certain des mots, régler les termes et les phrases par un ample Dictionnaire et une Grammaire exacte qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu’ensuite elle pourrait acquérir le reste par une Rhétorique et une Poétique que l’on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en vers et en prose : que, de cette sorte, on rendrait le langage français non seulement élégant, mais capable de traiter tous les arts et toutes les sciences, à commencer par le plus noble des arts, qui est l’éloquence, etc., etc.

1426. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

On lit tout haut ces autres mots d’une lettre de Jean-Jacques à Hume : Vous êtes un traître… Ces deux mots, traître et scélérat, dans un temps où ils n’étaient pas prodigués comme ils l’ont été depuis (c’est Garat qui parle), retentissent dans ce souper, et la nuit même dans une partie de la capitale, comme deux coups de tocsin. » Hume, quoiqu’ayant eu pour but d’informer le monde de Paris, ne s’était pas douté du retentissement soudain qu’aurait une lettre, vive, il est vrai, et non confidentielle, mais qui, d’après les probabilités ordinaires, devait mettre quelque temps à s’ébruiter ; il n’avait pas compté sur l’atmosphère inflammable de ce Paris oisif et passionné.

1427. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Béranger allait même au-delà du but lorsqu’il disait « qu’il avait été élevé à l’école de Chateaubriand 74» mais, enfin, mieux vaut trop d’ouverture à l’esprit que pas assez.

1428. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Le procédé d’exécution répond tout à fait à ce qu’on peut attendre : une simplicité parfaite, une force continue ; point de pomposo ni de bavardage ; point de réflexions ni de digressions ; quelque chose de droit qui va au but, qui ne se détourne ni d’un côté ni de l’autre, et pousse devant, en marquant chaque pas, comme un bélier sombre ; point de vapeurs à l’horizon ni de demi-teintes, mais des lignes nettes, des couleurs fortes dans leur sobriété, des ciels un peu crus, des tons graves et bruns ; chaque circonstance essentielle décrite, chaque réalité serrée de près et rendue avec une exactitude sévère ; chaque personnage conséquent à lui-même de tout point ; vrai de geste, de costume, de visage ; concentré et viril dans sa passion, même les femmes ; et derrière ces personnages et ces scènes, l’auteur qui s’efface, qu’on n’entend ni ne voit, dont la sympathie ni l’amour n’éclatent jamais dans le cours du récit par quelque cri irrésistible, et qui n’intervient au plus que tout à la fin, sous un faux air d’insouciance et avec un demi-sourire d’ironie.

1429. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

La vie du talent a d’autres conditions ; l’égalité, s’il est permis de le dire, l’égalité toute flatteuse en si bon lieu, est peu son fait et son but définitif : il aspire à plus, à autre chose, à être discerné et apprécié en lui-même.

1430. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

L’honorable biographe s’est tellement appliqué et a si bien réussi à retrouver tous les canevas et projets qui ont pu passer dans l’esprit ou s’ébaucher sous la plume de l’auteur sommeillant et indécis, que nous nous perdons avec lui dans cette multitude d’essais oiseux, de dédicaces sans but et de faciles avortements.

1431. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

L’autre décidait que l’enseignement est l’unique but de la fable, et que les vers l’altèrent en l’embellissant.

1432. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

» « Mais le but favori de ses courses sera peut-être un bois de sapins, planté à quelque deux milles de la ville.

1433. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Le but légitimait à ses yeux et sanctifiait même les moyens.

1434. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Au reste il écrit « à la vieille française », avec une belle furia, enjambant les obstacles de la syntaxe, forçant la phrase à le suivre par-dessus les barrières des règles, n’ayant souci que d’aller au but, et sans crainte de se casser le cou : toujours clair, toujours vif, toujours fort, il a des constructions troubles, incorrectes. incohérentes, étirées ou estropiées : que lui importe ?

1435. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

L’histoire est traitée par la méthode des sciences physiques : aucune intelligence n’est supposée conduire le peuple romain vers un but, et pourtant les choses ne vont pas au hasard ; le développement de la puissance romaine, sa décadence ensuite se font nécessairement, logiquement, chaque état passager contenant l’état suivant, que le jeu naturel des circonstances se charge de dégager.

1436. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

» Toutes ses enquêtes sur les sentiments originaux de ses contemporains lui servent à rechercher en même temps le sens et le but de la vie.

1437. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Car, si l’univers a un but, il faut que ce soit, pour le moins, d’être connu de l’homme et de se réfléchir en lui, puisque, au surplus, les métaphysiciens nous disent que le monde n’existe qu’en tant qu’il est pensé par nous. « Science sans conscience est la ruine de l’âme ».

1438. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Molière disait28  : « Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire, et si une pièce qui a attrapé son but n’a pas suivi un bon chemin. » Et Racine, à son tour, répétait en écho29 : « La principale règle est de plaire et de toucher : toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. » Il suit de là que toutes les œuvres qui ont plu, qui ont été qualifiées de belles, se recommandent par cela seul à l’attention de l’histoire.

1439. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Mais qu’elle aille du petit au grand, ou, ce qui est le cas le plus ordinaire, du grand au petit, cette assimilation entre gens qui se coudoient et visent au même but se produit régulièrement et elle contribue à donner un air de famille aux écrivains d’une même époque.

1440. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Ceux-là seulement qui ignorent le but et les limites de la science peuvent y tomber.

1441. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Effrayant symbole des forces perdues, des travaux stériles, de l’effort acharné poursuivant un but illusoire.

1442. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Ce dénouement serait parfait, s’il ne visait à la théorie ; mais il montre à la jeunesse la borne d’un champ comme le but de toute ambition, il lui trace un sillon pour unique carrière, il l’envoie planter ses choux avant l’âge… C’est trop de prudence et trop de sagesse. « Jeunesse oblige ! 

1443. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Thiers, dans la plénitude de son talent d’écrivain, ne se laisse point détourner du but, et trouve moyen de poursuivre régulièrement son œuvre.

1444. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

J’ai de la finesse pour arriver à mon but et pour écarter les obstacles ; mais je n’en ai aucune pour pénétrer les projets des autres.

1445. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il n’avait pas été long à sentir ce qui manquait à cet enfant qu’il voulait former, et dont il avait fait l’occupation et le but de sa vie : En scrutant à fond votre personne, lui disait-il, je n’ai, Dieu merci, découvert jusqu’ici aucun vice du cœur ni aucune faiblesse de la tête ; mais j’ai découvert de la paresse, de l’inattention et de l’indifférence, défauts qui ne sont pardonnables que dans les personnes âgées, qui, sur le déclin de leur vie, quand la santé et la vivacité tombent, ont une espèce de droit à cette sorte de tranquillité.

1446. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Ce qu’il avait surtout en horreur et à quoi il était le plus antipathique, c’était la platitude, la servilité, la bassesse, l’asservissement d’un chacun à ses plus étroits intérêts, la cabale personnelle et sans un but élevé, l’oubli, la ruine de tous et de l’État en vue de soi ; en un mot, ce qui faisait le grand fonds de corruption des cours, et ce qui peut-être n’a pas cessé d’être encore la plus grande plaie des hommes réunis en commun, voire même des assemblées dites constitutionnelles, nationales ou populaires.

1447. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Goethe, toujours plein d’une conception et d’une ordonnance supérieures, a essayé d’y trouver un dessin, une composition, une moralité : j’avoue qu’il m’est difficile d’y saisir cette élévation de but et ce lien.

1448. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Donnez un motif, un ressort de plus à ce sage, donnez-lui « la gloire, ce puissant mobile de toutes les grandes âmes », faites qu’il se la propose comme un but éclatant qui l’attire sans le troubler, et vous aurez Buffon lui-même, Buffon qui, pour peindre le plus noble idéal de l’homme, n’a eu qu’à en saisir les traits en lui.

1449. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Le but de la philosophie morale est moins d’apprendre aux hommes ce qu’ils ignorent, que de les faire convenir de ce qu’ils savent, et surtout de le leur faire pratiquer.

1450. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

. — La démocratie meurt d’elle-même ; la nation est affectionnée à ses rois. » C’est surtout aux émigrés, on le sent, qu’il parle ainsi ; et, tandis que les partis se nourrissaient de leurs illusions et de leurs rêves, les Jacobins seuls marchaient constamment au but : « Les Jacobins seuls formaient une faction, les autres partis n’étaient que des cabales. » Et il montre en quoi consiste cette faction, son organisation intérieure, son affiliation par toute la France, ses moyens prompts, redoutables, agissant à la fois sur toutes les mauvaises passions du cœur humain.

1451. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Dans son but constant de pousser à la restauration des anciens principes, il va au-devant d’une objection qu’il sent qu’on devait lui faire.

1452. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Le but du cardinal, d’accord avec Gourville, est de tâcher que celui-ci soit fait prisonnier, et trouve par là une occasion naturelle d’arriver au prince de Condé pour lui porter des paroles d’accommodement.

1453. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Ainsi, ajoute-t-il, j’ai atteint le but que je me proposais, qui était d’emporter le prix.

1454. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Tous deux croient à un conseil souverain dans les choses humaines ; mais Bossuet met ce conseil en Dieu et dans la Providence, qui a son secret et son but : Montesquieu le met ailleurs : Ce n’est pas, dit-il, la fortune qui domine le monde ; on peut le demander aux Romains, qui eurent une suite continuelle de prospérités quand ils se gouvernèrent sur un certain plan, et une suite non interrompue de revers lorsqu’ils se conduisirent sur un autre.

1455. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Ces gens-là me connaissent à peine, et ils m’écrivent comme à leur frère : je sais que c’est l’avantage de l’esprit républicain ; mais je me défie d’amis si chauds : il y a quelque but à cela.

1456. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

En ce qui est de la tragédie, par exemple, il aspirait à quelque chose qu’on peut se figurer entre Shakespeare et Corneille : Les intérêts des nations, les passions appliquées à un but politique, le développement des projets de l’homme d’État, les révolutions qui changent la face des empires, voilà, disait-il, la matière tragique.

1457. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

La quantité de substance nutritive contenue dans les graines de beaucoup de plantes, comme par exemple les Pois et les Fèves, semble d’abord indifférente et sans aucune relation directe avec leurs succès sur les autres plantes ; mais la vigueur de sève que manifestent les jeunes sujets issus de telles graines, lorsqu’ils germent et lèvent au milieu de hautes herbes, peut faire supposer que la nourriture contenue dans la graine a principalement pour but de favoriser la jeune plante, pendant qu’elle lutte avec d’autres espèces qui croissent vigoureusement autour d’elle.

1458. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Mais ce que j’estime surtout dans la composition de Doyen, c’est qu’à travers son fracas tout y est dirigé à un seul et même but, avec une action et un mouvement propre à chaque figure, toutes ont un rapport commun à la sainte : rapport dont on retrouve des vestiges même dans les morts.

1459. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Or l’activité du cœur et l’ardeur de la foi poussent au prosélytisme ; et c’est ce prosélytisme embrasé d’une croyante qui voudrait partager le pain de sa vérité avec l’univers, qu’on respire dans ce petit livre, offert aux imaginations désoccupées dans un but que l’auteur est trop habile pour ne pas cacher !

1460. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Il voulait (soi-disant), dans un but élevé de connaissance, dégager l’idée religieuse de ce qui la fait une religion positive à telle heure de l’histoire, opposer le sentiment éternel à la forme passagère, et en le lisant on n’a jamais plus senti que c’était impossible ; que, la forme enlevée, l’esprit suivait, et qu’après tout, malgré le progrès et à part la vérité divine, socialement, la dernière des superstitions valait encore mieux que la première des philosophies !

1461. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

. — 111 Tends ton arc vers le but, ô mon âme !

1462. (1897) Aspects pp. -215

Pourquoi s’enclore en un ennui sans but qu’il sied alors d’étiqueter : anémie cérébrale ? […] À partir de cette époque Bakounine est en but [sic] aux mauvais procédés, aux traîtrises et aux calomnies du parti marxiste. […] À Rome, il est en but [sic] à la diplomatie de monsignor Nani. […] Son but est de vendre son papier pour le plus grand bénéfice des porte-soutane qui le commanditent. […] Pierre Louÿs fut en but [sic], quoique ayant du talent, à l’admiration du père La Patrie.

1463. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Et ils croyaient enfin que le moyen le plus sûr d’atteindre ce but, ou, — si l’on me permet cette expression un peu pédantesque, — de dégager cette « fin » de ce « principe », était le perpétuel souci de la forme ou du style. […] Et rien n’était plus nouveau, si l’on ne regarde autour d’eux qu’aux idées de leurs contemporains, mais rien aussi ne l’était moins, si c’était bien le but qu’on s’était proposé depuis tantôt cent ans. […] Il tend vers un but, et ce but n’est pas éloigné, mais prochain ; ni vague, mais précis. […] 3º L’Influence immédiate de l’Académie. — Elle a substitué d’abord l’autorité d’un centre littéraire à la dispersion des coteries ; — et ainsi les efforts individuels ont commencé par elle et en elle de converger vers un but commun. — Inconvénients et avantages de la centralisation littéraire. — L’institution de l’Académie a enfoncé dans les esprits cette idée que la gloire des lettres fait partie intégrante et nécessaire de la grandeur d’un peuple [Cf.  […] L’Apologiste des Modernes. — Les Parallèles des Anciens et des Modernes, 1688-1696. — Émotion qu’excitent ces dialogues ; — Boileau et Perrault ; — Perrault et La Bruyère ; — le but de l’œuvre et la thèse de Perrault [Cf. ci-dessous La Querelle des Anciens et des Modernes]. — Politesse et courtoisie de Perrault, dans la discussion. — Qu’il y a d’ailleurs de fort bonnes choses dans les Parallèles. — Comment il faut les lire ; — en ne lui imputant que les opinions de l’Abbé de ses Dialogues. — Réconciliation de Perrault et de Boileau. — La publication des Hommes illustres de ce siècle, 1696-1700.

1464. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

En fin de compte, et c’est ici que l’esthétique rejoint en quelque façon la morale, il faut toujours en revenir à se demander quel but un auteur a poursuivi. […] Il lui manquait d’abord de s’être fait de la vie une autre conception, et d’admettre qu’elle puisse avoir un autre but que la poursuite de la jouissance immédiate. […] Comment ne pas voir alors que le but est manqué, que l’enquête est viciée, que l’image est faussée ? […] Mais imaginez que plusieurs personnes qui diffèrent par le caractère, par la condition sociale, par la culture se soient groupées, en nombre d’ailleurs plus ou moins considérable, dans un même endroit ; supposez qu’elles soient réunies en vue d’un même but à atteindre et par une émotion commune. […] Voici de vers tirés du recueil intitulé Amour : Que soient suivis des pas d’un but à la dérive Hier encor, vos pas eux-mêmes tristes, ô Si tristes, mais que si bien tristes !

1465. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Elles sont nombreuses, les pièces historiques où de telles peintures avaient été essayées ; et quant à la « pitié » qu’Alfred de Vigny se proposa d’inspirer « après tout », personne n’ignore qu’elle a été le but du théâtre tragique de tous les temps. […] C’est un génie qui coule ou s’élance avec, à travers tout, des traînées de tout ; il n’a pas à s’inquiéter de la façon dont il se répand, il suffit qu’il aille au loin, qu’il aille en haut ; il n’importe même pas qu’il atteigne ou non le but dont il eut le rêve plutôt que l’idée. […] De quel droit vous targuez-vous d’un but de vérité, puisque, tireurs en bas de tout idéal, vous savez bien qu’elle est un idéal, elle aussi ? […] Il y eut, — et cette fois l’opposition, plus générale, fut plus hautement avouée, — en face de Victor Hugo, poète et politique, les purs poètes n’ayant d’autre souci que la manifestation de leur talent, d’autre but que la beauté par la beauté. […] Cependant, quel était le but poursuivi, au moment où il fut quelque chose comme un chef d’école, par Stéphane Mallarmé ?

1466. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Il leur montrait le but de la vie, qui est de servir, et non point par occasion, dans d’éclatantes rencontres, mais tous les jours, à toute heure, humblement et avec simplicité. […] Car l’homme a atteint son but par la possession, tandis que la femme attend du don qu’elle a fait une reconnaissance infinie. […] Et comment pouvait-il atteindre un si noble but à l’aide de la triste fable qu’il a inventée ? […] Pour sa bienvenue, le chevalier but avec les autres pages du duc tant de café et de liqueurs, « qu’il en gagna une maladie assez sérieuse ». […] Très jeune, très ardent, amoureux du péril autant que de la liberté, il entra dans un complot qui avait pour but de soulever les garnisons de l’Est et de proclamer un gouvernement provisoire.

1467. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Encore faut-il une règle en ce sens qu’il faut sans doute un but que l’on poursuit. C’est le but qui trace le chemin. Pour Molière le grand but est de plaire. […] Toutes ses facultés tendent vers ce but unique. […] Elle est la plus sensée du monde, et comme Angélique dit : « Chacun a son but en se mariant.

1468. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

La passion pure menant l’être humain rudement et brutalement, droit vers son but. […] Tout chez lui va à ce but, ses procédés, les tableaux qu’il aime à offrir, jusqu’à son style. […] Le but de l’art est le plaisir, le but de l’art est de divertir, l’art est un divertissement ; ils ne sortent pas de là. […] Rappelez-vous qu’il cherche toujours le but moral de l’art, et que, pour lui, l’art est une leçon. […] Tout individu qui a des désirs, des passions, c’est-à-dire tout individu normalement conformé, doit nécessairement se proposer ce but : c’est la tendance universelle.

1469. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Les uns écrivirent les histoires des Grecs, les autres celles des Barbares ; mais ils ne lièrent pas ces récits entre eux ; ils les divisèrent par nation et par ville, et les publièrent séparément, n’ayant qu’un seul et même but, de recueillir les monuments et les écritures conservés par les habitants de chaque pays et de chaque cité, soit dans les temples, soit dans les lieux profanes, et de les porter à la connaissance publique, comme ils les avaient trouvés, sans y rien ajouter, sans y rien ôter. […] Les traits presque effacés d’anciens palimpsestes nous ont rendu enfin bien des pages de ce traité fameux, et nous ont permis, malgré bien des lacunes encore, d’en juger la suite, le caractère et le but. […] Les comédies de Shakspeare n’ont point de but moral : elles amusent l’imagination, elles piquent la curiosité, elles divertissent, elles étonnent ; mais ce ne sont point des leçons de mœurs plus ou moins détournées.

1470. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Mais vient-il à douter que les bons moyens le puissent mener au but, ne vous attendez pas qu’il recule ; à défaut des bons, il y employera les mauvais. […] Pourquoi donc, étant si près du but, n’y avez-vous jamais touché ? […] Mais on la voulait moins pour elle-même, que comme un moyen de poursuivre plus efficacement et d’atteindre plus vite le vrai but, l’égalité. […] A quoi bon alors ces plaintes de certains délicats de la politique sur le mauvais goût qu’ont les Français de préférer le but au moyen, à la liberté l’égalité ? […] Et ce temps passé, je devinais à son air plutôt que je n’augurais de ses paroles, qu’il avait fait un pas de plus vers le but, et reçu d’une nouvelle vérification de ses vues un encouragement à les poursuivre.

1471. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Il indique alors quelques ridicules du jour qui sont un sujet tout fait pour la moquerie : « Il est plaisant, dit-il, que l’orgueil s’élève à mesure que le siècle baisse : aujourd’hui presque tous les écrivains veulent être législateurs, fondateurs d’empires, et tous les gentilshommes veulent descendre des souverains. » Il finit surtout par un conseil que Voltaire a trop peu suivi, et qui, au lieu de cette ricanerie universelle à laquelle il s’abandonnait, aurait dû être le but idéal suprême du grand écrivain en ces années de sa vieillesse : Riez de tout cela et faites-nous rire, lui dit Bernis en lui développant son plan ; mais il est digne du plus beau génie de la France de terminer sa carrière littéraire par un ouvrage qui fasse aimer la vertu, l’ordre, la subordination, sans laquelle toute société est en trouble.

1472. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Entre ces érudits modestes qui s’ensevelissent dans les fondations d’un vieux règne et dans les monuments d’un siècle où ils deviennent ensuite d’indispensables guides (comme l’abbé Le Grand), entre ces peintres éclatants et fougueux qui mettent toute leur époque en pleine lumière et qui la retournent plus vivante à tous les regards (comme Saint-Simon), Duclos n’a suivi qu’une voie moyenne, conforme sans doute à la nature de son esprit, mais qu’il n’a rien fait pour élargir, pour décorer chemin faisant, pour marquer fortement à son empreinte et diriger vers quelque but immortel ou simplement durable : l’abbé Le Grand le surpasse dans un sens, comme dans l’autre Saint-Simon le couvre et l’efface, et comme le domine Montesquieu.

1473. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Celui-ci, en fait de romans, s’amusait plus au chemin qu’il ne visait au but et à la conclusion.

1474. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il n’a pas été étonné de voir les Français dès le premier jour aller au-delà du but et, selon l’expression anglaise, passer à travers la liberté.

1475. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

La seule vérité historique que je tiens à marquerk, c’est que les deux frères appartiennent à des familles d’hommes politiques toutes différentes et même opposées, l’un étant de ceux qui vont au fond des objets et aspirent à un but réel et constant, l’autre de ceux qui s’en tiennent en tout aux expédients, et s’inspirent uniquement de la circonstance.

1476. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Ce qui est assez particulier, c’est que ce comte de Saint-Alban, dessiné de la sorte, nous est donné de son propre aveu comme ayant été à l’origine, et presque dès le collège, un libéral sans préjugés et un ambitieux de la belle gloire, de celle qui s’acquérait dans les luttes de la parole publique et de l’antique forum ; ce serait un grand citoyen manqué, un Chatam venu trop tard ou trop tôt, désœuvré dans le pays de Mme de Pompadour, et qui, voyant le noble but impossible, en aurait dédaigné de moindres, et se serait jeté, de dégoui et de pitié, dans les délices : Les plaisirs sont la seule ressource de l’homme ardent et passionné dont l’ambition est contrariée !

1477. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Elle a confiance dans son chef, mais, en s’abandonnant à sa fortune, elle ne le comprend et ne le devine qu’à demi ; on s’abstient même de trop se demander où l’on va et dans quel but.

1478. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Pour lui, je le crains fort, il but avec plaisir jusqu’à la fin le vin dont il s’enivrait.

1479. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Armand Carrel, dans le National du 12 décembre 1830, consacra quelques lignes à la mort de Benjamin Constant ; mais cet article où le journaliste se représente, lui et son parti, comme si pressés par les événements, qu’on n’a pas même le temps de pleurer et de célébrer ses morts, semble trop avoir pour but d’éluder un plus complet éloge.

1480. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Sans jalousie aucune et sans un germe d’envie, sans personnalité offensante et dominante, préoccupé avant tout du but et de faire réussir les combinaisons qu’il estimait les plus sages et les seules possibles, il n’apportait dans les groupes où il figura aucune susceptibilité d’amour-propre, ni aucune de ces délicatesses nerveuses excessives que nous avons vues à d’autres politiques également habiles48, dont elles altéraient parfois l’excellent jugement.

1481. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Dans toutes ces lettres une pensée revient et se marque en termes exprès : c’est que ce n’est pas pour une offense ni pour une faute particulière, ni dans un but de châtiment, de correction et d’amendement, que le prince est enfermé, et qu’il ne l’est point, par conséquent, pour un temps limité : « Cette affaire a un autre principe et d’autres racines. » Ce principe, c’est la raison d’État qui frappe un héritier reconnu pour incapable, inepte et indigne, pour incurable, et qui l’interdit à jamais, si elle ne le retranche.

1482. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Vos vues, Citoyen ministre, seront remplies, vos instructions seront suivies avec toute l’exactitude de la bonne volonté, et dans la place de préfet, comme dans celle de commissaire, je n’aurai qu’un but, celui de coopérer au bonheur de mes administrés et de mériter, avec le suffrage des chefs de l’État, l’approbation d’une conscience sans reproche.

1483. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Certes, tu n’es pas fait pour manquer d’aucune, ni de rien de ce qui appartient à une âme forte et supérieure : ne te laisse donc pas entraîner par l’excès même du courage vers le but où mènerait aussi le désespoir. » D’après tous ces passages, on voit que s’il y a quelque emphase, elle est rachetée aussitôt par bien des mérites, par des délicatesses infinies dépensées, et que la Romaine en Mme Roland n’a pas absolument la roideur du bas-relief ; elle est touchante, elle est Française encore, elle est femme, et c’est par l’ensemble de ces qualités réunies que les quatre Lettres retrouvées restent, toutes critiques faites, une acquisition hors de prix pour la littérature.

1484. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Après cet avantage célébré comme une brillante victoire, on se demanda ce qu’on ferait : le siège de Maëstricht, qui était le but indiqué, n’était pas encore devenu possible, les alliés couvrant la place.

1485. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Ce fut dans ce but qu’il rédigea son Tableau analytique des principales Combinaisons de la Guerre et de leurs rapports avec la Politique des États, qui est devenu dans les éditions suivantes le Précis de l’Art de la Guerre (2 vol.), un résumé condensé de tous les principes posés et démontrés dans ses divers ouvrages.

1486. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Pour complément de la collection, un volume à part contiendra : une Étude générale sur la Pléiade française, indiquant « son origine, son but, ses espérances et la part légitime qui lui appartient dans la constitution de notre langue et dans le développement de notre littérature » ; de plus un Glossaire, renfermant « l’explication de tous les termes qui ne figurent pas dans les dictionnaires actuels ou qui ne s’y trouvent que dans des acceptions différentes de celles dans lesquelles les poètes les ont employés ; les mots bizarres, forgés par la Pléiade, et qui n’ont eu qu’une existence éphémère ; enfin (et c’est là une partie fort délicate) les mots, nouveaux alors, qui ont été si vite et si généralement adoptés, et qui se sont si complètement incorporés à notre langue, qu’on serait tenté de croire qu’ils remontent à son origine. » Un Index des noms propres historiques et géographiques s’y joindra également.

1487. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Le rôle de simple narrateur nous va mieux, et ne mène pas moins directement à notre but, qui est de faire apprécier d’un plus grand nombre notre célèbre contemporain.

1488. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

J’ai entre les mains une ode manuscrite de lui, de 1817 ; c’est un regret de ne pouvoir atteindre au but sublime, et le sentiment exprimé de la lutte inégale avec le génie : Et, glorieux encor d’un combat téméraire, Je garde dans mes vers quelques traits de lumière Du dieu qui m’a vaincu41.

1489. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

L’auteur a dépensé une grande dextérité de mise en scène, d’entrées et de sorties, de cabinets dérobés, autour de ce but qu’il obtient finalement et que le spectateur remarque assez peu.

1490. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Il lit, plume en main, et dans un but.

1491. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

En venant plaider dans sa préface contre l’histoire officielle et oratoire, il n’a jamais demandé, il n’a pu demander que l’histoire vraiment philosophique fût supprimée ; il n’a pas dit, à le bien entendre, il n’a pas cru que l’histoire morale, celle des Tacite, des Salluste et des grands historiens d’Italie, dût cesser d’avoir ses applications diverses, surtout à des époques moins extérieures et plus politiques, aux époques d’intrigue et de cabinet : mais, ce jour-là, il demandait pour le genre qui était le sien, pour cette méthode appliquée une fois à une époque particulière qui y prêtait, il demandait place au soleil et admission légitime, et, en homme d’esprit, il a trouvé à ce propos toutes sortes de raisons et de motifs qu’il a déduits ; et il en a su trouver un si grand nombre là même où l’on s’était dit qu’il y avait objection, qu’on a pu croire que les conclusions chez lui dépassaient le but.

1492. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

» Elle se rassurait pourtant en pensant que toutes les démarches et toutes les conversations de ces derniers jours avaient eu pour but M. de Pontivy, son rappel, ou du moins la conservation des biens et l’honneur de sa maison.

1493. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Taschereau a eu pour but de recueillir et de lier tout ce qui nous est resté de traditions sur la vie de ces illustres auteurs, de fixer la chronologie de leurs pièces, et de raconter les débats dont elles furent l’occasion et le sujet.

1494. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Ses crimes à lui avaient au moins une certaine intellectualité qui les rendait non pas moins odieux, mais plus intelligibles ; ils avaient pour but une idée implacable, une idée fausse, ce qu’on appelle une utopie, mais enfin une idée impersonnelle, l’idée de tous les fanatiques devenus bourreaux à toutes les époques de l’histoire des rénovations accomplies ou tentées sur la terre.

1495. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

… » Sa vie, en effet, était désormais sans mobile, il en avait perdu le but.

1496. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

De même le dialogue est juste, facile, vivant : il se poursuit trop sans autre but que lui-même, et tourne au jacassement vide.

1497. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Le théâtre de Corneille : la vérité morale est le but.

1498. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Le but de la vie, c’est vous, Clémentine, qui me l’avez révélé.

1499. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Il s’agit, en effet, de combiner, pour un but précis, des éléments multiples et qui soutiennent entre eux des rapports compliqués.

1500. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

L’autre (les Maximes  ), qui est la production d’un esprit instruit par le commerce du monde, et dont la délicatesse était égale à la pénétration, observant que l’amour-propre est dans l’homme la cause de tous ses faibles, l’attaque sans relâche, quelque part où il se trouve ; et cette unique pensée, comme multipliée en mille autres, a toujours, par le choix des mots et la variété de l’expression, la grâce de la nouveauté. » La Bruyère se caractérise ensuite lui-même : « L’on ne suit aucune de ces routes dans l’ouvrage qui est joint à la traduction des Caractères (de Théophraste) ; il est tout différent des deux autres que je viens de toucher : moins sublime que le premier et moins délicat que le second, il ne tend qu’à rendre l’homme raisonnable, mais par des voies simples et communes. » Aucun auteur n’a mieux défini la nature ni marqué plus nettement le but de ses écrits.

1501. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Le Franc de Pompignan et Lebrun ont quelques strophes, et ce n’est pas peu ; car toucher le but lyrique, fût-ce une seule fois, met un nom à part, et toutes les railleries de Voltaire ont fait moins de mal à le Franc de Pompignan que ses strophes sur la mort de J.

1502. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Dès les premiers numéros, il rétablit la vérité, alla droit au but, mit les pieds dans le plat et, fort de sa rédaction vraiment homogène, n’hésita pas à prendre l’offensive en toute témérité vraiment française, et si franche !

1503. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

En même temps que ce dédain du droit idéal se faisait sentir dans l’interprétation de l’histoire, il condamnait les efforts qui ont pour but d’améliorer la société présente.

1504. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

A côté d’eux existent, sans parler des assemblées qui ont, comme les Académies et les cénacles, un but spécialement littéraire, d’autres lieux de réunions sérieuses ou joyeuses qui méritent d’arrêter l’historien.

1505. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

La monarchie absolue, incarnée dans le grand roi, leur paraît le but grandiose vers lequel la France n’a cessé de s’acheminer depuis Clovis ; et maintenant qu’elle y est arrivée, elle n’a plus qu’à s’y arrêter pour toujours.

1506. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Sa parole est lancée vers un but visible, sa passion attaque un être vivant, au lieu d’embrasser à vide une Ombre évoquée par l’incantation d’un récit.

1507. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Alors le masque tombe, l’accent gascon s’efface, le notaire s’évanouit ; et, du nuage que laisse sa disparition, sort un Rodin germanique aux cent yeux, aux cent bras, espion d’une police universelle, représentant d’une société, au capital de cinq milliards, ayant pour but l’achat ou la destruction de toutes les forces vives de la France, armée de glaives et de stylets dont la pointe est partout et dont la poignée n’est nulle part.

1508. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

L’intention de Huet était que sa bibliothèque ne fût point dispersée ; c’était le but et la condition de son legs aux Jésuites.

1509. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Dans sa noble maison, qui avait au frontispice ce mot : Salve, il exerçait l’hospitalité envers les étrangers, les recevant indistinctement, causant avec eux dans leur langue, faisant servir chacun de sujet à son étude, à sa connaissance, n’ayant d’autre but en toute chose que l’agrandissement de son goût : serein, calme, sans fiel, sans envie.

1510. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Ce fut lui qui, après l’attentat de Fieschi, vint proposer aux Chambres, dans la séance du mardi 4 août, les lois dites de septembre, dont le but était de faire rentrer forcément tous les partis dans la Charte, et de ne plus souffrir qu’on en remît chaque jour en question le principe.

1511. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Ceci interrompit un peu les fêtes de Sceaux, et il y a deux temps, deux époques distinctes dans cette longue vie mythologique de plaisirs, dans ce que j’appelle cette vie entre deux charmilles : la première époque, celle des espérances, de l’ivresse orgueilleuse, et de l’ambition cachée sous les fleurs ; puis la seconde époque, après le but manqué, après le désappointement et le mécompte, si l’on peut employer ces mots ; car, même après une telle chute, après la dégradation du rang et l’outrage, après la conspiration avortée et la prison, cette incorrigible nature, revenue aux lieux accoutumés, retrouva sans trop d’effort le même orgueil, le même enivrement, le même entêtement de soi, la même faculté d’illusion active et bruyante, de même qu’à soixante-dix ans elle se voyait encore jeune et toujours bergère.

1512. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

S’ils ne faisaient qu’assigner les caractères généraux de la société moderne, la prédominance de la science et de l’industrie sur la guerre, une certaine égalité de culture et de bien-être pour le plus grand nombre, égalité qui doit être désormais le but principal des institutions ; s’ils ne faisaient que recommander enfin à l’humanité, qui est désormais une personne mûre, de prendre en tout l’esprit de son âge, on n’aurait guère à les contredire, et on les louerait sans réserve d’avoir été des précurseurs dans la recherche et l’indication des voies et moyens.

1513. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

D’amitié, d’attachement véritable, Mme de Choisy n’en admettait pas qui ne fût à ce point de vue du courtisan et dans l’unique but du crédit et de la fortune.

1514. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Ceux qui ont écrit le récit de sa vie pénitente se sont plu à en citer des exemples singuliers, qui nous toucheraient trop peu aujourd’hui ; mais le principe qui les lui inspirait, et le but dont elle s’approchait par ces moyens, sont à jamais dignes de respect dans tous les temps, et de quelque point de vue qu’on les envisage : « J’espère, je crois et j’aime, disait-elle ; c’est à Dieu à perfectionner ses dons. » — « Espérer et croire, ce sont deux grandes vertus ; mais qui n’a point la charité n’a rien : il est comme une plante stérile que le soleil n’éclaire point. » Cette belle âme, réalisant désormais en elle les qualités de l’amour divin, se considéra jusqu’à la fin comme l’une des dernières devant Dieu : Je ne lui demande pas, disait-elle, de ces grands dons qui ne sont faits que pour les grandes âmes qu’il a mises dans le monde pour l’éclairer, je ne pourrais pas les contenir ; mais je lui demande qu’il incline mon cœur, selon sa parole, à rechercher sa loi, à la méditer nuit et jour.

1515. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

. — Voir les blés verts ou mûrs était pour lui un but et un plaisir.

1516. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Mais son organisation, même dans sa fougue, ne se laissa jamais détourner du travail opiniâtre qui devait le conduire au but : Cet auteur est une preuve, a dit La Harpe (son rival), de ce que peut le travail obstiné et la force des organes… Il était né avec de l’esprit, et, se levant tous les jours à cinq heures du matin, étudiant jusqu’au soir, il avait acquis des connaissances littéraires.

1517. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Il me conduit bien droit à mon but, je me moque du reste : Audaces Fortuna juvat… » Le caractère, ce me semble, est assez nettement dessiné ; il y a là un défaut originel qui reparaît constamment et qui se réveille presque sous les mêmes formes.

1518. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

En politique, dans ces actes extraordinaires, tout dépend de la manière, du but et du moment.

1519. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Carrel dit quelque chose d’approchant de la seconde réalité, essentielle encore, selon lui, à toute constitution politique qui dérive de la Révolution bien comprise : ce second pouvoir, c’est une certaine aristocratie, qui tient de l’ancienne noblesse et qui se rapporte assez exactement à la classe des grands propriétaires : « Nous la transformerons en pairie, dit-il, et nous vivrons bien désormais avec elle. » Cet article, un peu enveloppé à cause du but, est d’ailleurs plein de sens et fait bon marché des doctrines abstraites ou mystiques en sens inverse, tant de celle du droit divin que de celle des disciples de Rousseau : Que si, croyant nous pousser à bout, vous nous demandez où réside enfin suivant nous la souveraineté, nous vous répondrons que ce mot n’a plus de sens ; que l’idée qu’il exprime a disparu par la Révolution comme tant de choses ; que nous ne voyons nulle utilité à la vouloir ressusciter ; que le peuple n’a plus besoin d’être souverain et se moque d’être ou non la source des pouvoirs politiques, pourvu qu’il soit représenté, qu’il vote l’impôt, qu’il ait la liberté individuelle, la presse, etc. ; enfin le pouvoir d’arrêter une administration dangereuse en lui refusant les subsides, c’est-à-dire l’existence même.

1520. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Aimé Martin ; un récit simple serait allé bien mieux au but que ces descriptions continuellement sentimentales.

1521. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Le titre de ces livres suffirait à montrer le dessein que nous avons eu, et le but auquel nous avons osé aspirer.

1522. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Ils ont un but.

1523. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Il pourrait donc se faire qu’il y eût des phénomènes élémentaires à jamais irréductibles et qui seraient en quelque sorte élémentaires ; l’expérience aurait alors précisément pour but de déterminer quels sont ces phénomènes élémentaires et à quelles conditions ils se produisent.

1524. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Il n’admet pas que le littérateur, dans un but d’art pur, se libère des soucis moraux et politiques de son époque.

1525. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

L’édition de Hollande est augmentée de plus de deux cens articles, & de plusieurs piéces ingénieuses, mais trop satyriques, quoiqu’elles tendent toutes au même but, de ridiculiser le langage précieux & affecté.

1526. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Pour moi qui ne retiens d’une composition musicale qu’un beau passage, qu’un trait de chant ou d’harmonie qui m’a fait frissoner ; d’un ouvrage de littérature qu’une belle idée, grande, noble, profonde, tendre, fine, délicate ou forte et sublime, selon le genre et le sujet ; d’un orateur qu’un beau mouvement ; d’un historien qu’un fait que je ne réciterai pas sans que mes yeux s’humectent et que ma voix s’entrecoupe ; et qui oublie tout le reste, parce que je cherche moins des exemples à éviter que des modèles à suivre, parce que je jouis plus d’une belle ligne que je ne suis dégoûté par deux mauvaises pages ; que je ne lis que pour m’amuser ou m’instruire ; que je rapporte tout à la perfection de mon cœur et de mon esprit, et que soit que je parle, réfléchisse, lise, écrive ou agisse, mon but unique est de devenir meilleur ; je pardonne à Le Prince tout son barbouillage jaune dont je n’ai plus d’idée, en faveur de la belle tête de ce musicien champêtre.

1527. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

L’homme de lettres, — j’excepte Dumas fils et Philibert Audebrand, — gagne, en général, assez pour mal vivre quatre mois sur six à Paris ; comment voulez-vous, à moins de chercher une ressource sérieuse dans l’extermination des œils-de-perdrix, qu’il prélève, sur les deux mois qui lui restent à ne pas vivre du tout à Paris, de quoi vivre seulement un peu à Luchon, — Luchon, où les hôtelleries n’ont qu’un but : réduire le voyageur à la mendicité ?

1528. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

La poésie est éminemment allégorique ; et l’allégorie n’est autre chose que l’unité dans le but moral, ou l’expression d’une pensée universelle : son attribut essentiel consiste dans la faculté d’individualiser, c’est-à-dire de personnifier les sentiments et les passions de l’homme, la direction des idées et des esprits dans un siècle, à un âge de l’esprit humain.

1529. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

C’est évidemment un faux Byron, arrangé dans un but de mépris.

1530. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Voilà le résultat pratique, influent, de son livre, le but qu’il a eu plus en vue que son livre même, en l’écrivant.

1531. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Il ne fit pas comme le Coureur Antique qui, arrivé au but de sa course, tomba expirant sous son flambeau renversé.

1532. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Ceux qui commencent à cultiver un art, ne s’en font jamais une idée bien nette : ils connaissent mieux le but que les moyens, et en voulant l’atteindre, ils le passent.

1533. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Dans ce but, nous avons dressé le questionnaire suivant. […] Nous avons le port, le village, la ville industrielle, la fabrique et tout ce que cela doit représenter de malentendus sociaux, de revendications et de luttes, de richesses pour les uns, de misères pour les autres, de consciences en marche vers un but défini. […] Mathieu Froment, auréolé de sa dignité de jeune père et, en même temps, accablé de ses lourdes charges de famille, prisonnier de la médiocrité d’une existence besogneuse, sans but, noble et sans avenir, rivé aux parentés patronales égoïstes et tyranniques, joyeux quand même, car il est sain et fort, inventif toujours, poète avec des instincts pratiques, homme de pensée et homme d’action, en est arrivé au moment troublant où il doit choisir entre le triste pain, durement assuré, et l’aventure. […] … Parce que l’amour a été détourné de son but — qui est la continuation de la vie, la perpétuation de l’espèce — par les lois civiles que tu sers et les lois religieuses auxquelles tu es asservi… et que ces deux lois, victorieuses de la nature, ne vont jamais l’une sans l’autre. […] Mais dites-moi le but !

1534. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Quand, près des ruines de la pauvre chapelle qui a remplacé celle que Charles lui-même avait construite, on regarde à ses pieds la plaine où jadis tant de braves soldats sont morts en songeant à la « douce France » qu’ils ne devaient pas revoir, on croit entendre à ses côtés les premiers frémissements du thrène immortel, né de leur sang et des pleurs de leurs frères ; on sent, à travers les âges, le lien vivant qui rattache nos âmes à l’âme de ces lointains aïeux qui, tant de siècles avant nous, ont aimé notre patrie, dont les uns ont donné leur vie pour elle, dont les autres, déjà dans notre langue, ont chanté ses gloires et ses douleurs… Ce lieu mérite d’être un but de pèlerinage. […] Il va remercier les ermites, repasse à Norcia, et s’empresse d’aller à Rome, où le pape l’absout de sa témérité en considération du but de son voyage et de sa résistance à la tentation. […] comme jadis messire Lionel de France, j’ai été, — et moins près encore du but, — « repoussé par le vent ». […] Cependant ce voyage, dont le but principal a été manqué, n’a pas été dénué de tout intérêt, et j’en veux rappeler quelques impressions, en signalant ce qui pourra être utile à des recherches futures sur cet attrayant sujet. […] Mais le froid augmente à mesure que nous nous élevons, et les nuages sont si bas que nous n’apercevons pas, même près du but, les cimes du Vettore et de la Sibilla dont hier, à Spolète, nous voyions étinceler au soleil les plaques de neige.

1535. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Voici un autre passage bien plus curieux et bien plus étonnant, plein d’exagérations plus fortes, et qu’on ne pardonnerait pas à tout autre que Corneille : « Il faut, monseigneur, que tous ceux qui donnent leurs veilles au théâtre publient hautement avec moi que nous vous avons deux obligations très signalées : l’une d’avoir ennobli le but de l’art, l’autre de nous en avoir facilité les connaissances. […] Ce sont les premiers vers du prologue de l’Andrienne qui ont donné lieu à Corneille de dire que Scipion et Lélie ne s’étaient autrefois proposé d’autre but que celui de plaire au peuple. […] C’était un fervent missionnaire, un excellent apôtre, qui n’avait d’autre but que le triomphe de la raison ; il en oublia même le soin de sa fortune. […] Le malheur est que, l’ayant composé pour satisfaire ceux auxquels il fallait des vers aussi puissants que ceux de Cinna, il n’a pas tout à fait atteint son but : il y a sans doute de très beaux vers dans Pompée, mais ils n’y sont pas en si grand nombre et si puissants que dans Cinna. […] Cléopâtre, en proie à l’ambition et à la haine, veut se venger et régner : la proposition qu’elle fait à ses fils atteint ce double but ; elle ignore leur amour, dont, malgré leur amitié, ils se sont même fait un mystère l’un à l’autre ; et quand elle en serait informée, est-il dans le caractère de Cléopâtre de penser que l’amour d’une femme puisse tenir contre l’espoir d’un trône ?

1536. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Elle but, mais comme elle puisait une seconde gorgée, le corps revint battre sa main. […] La vérité de la scène est saisissante pour qui a assisté à ces fêtes mondaines dont la charité est le prétexte il est vrai, mais dont le but est souvent tout autre. […] Dans ces heures-là, pensez-vous qu’on ne sente pas le malaise affreux d’une existence sans base morale, sans principes, sans but au-delà de la terre ? […] Dans le chapitre consacré aux travaux et aux idées du philosophe, je prends encore ces deux paragraphes : il s’agit du redoutable moment que Montaigne appelle le but de la vie, il s’agit de la mort. […] Ceux-là, chez qui prédomineront, malgré tout, des dispositions réfractaires au nouvel état de choses, des sentiments indomptables et des aspirations désormais sans but, ceux-là, refoulés sur eux-mêmes, comprimés, tomberont de plus en plus dans le dégoût de la vie.

1537. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

y a-t-il surtout sa fin ou son but ? […] L’Académie française, constituée gardienne de la langue, et officiellement chargée, pour ainsi dire, de trouver les moyens de la rendre capable de rivaliser, d’abondance, de justesse, de force, d’élégance, de clarté, d’éloquence avec la langue de Démosthène et celle de Cicéron, a ainsi centralisé les tentatives éparses, et en apparence contradictoires de la génération précédente ; elle a marqué le but où tendaient à la fois les poètes de la Pléiade, les critiques de l’école de Malherbe, les traducteurs de l’espèce des Méziriac, des Du Ryer, des Perrot d’Ablancourt, dont l’exactitude était le moindre souci ; le but où tendaient également les précieuses ; et, nous, ne pouvant, je pense, méconnaître ou contester la grandeur du service, il en faut rendre honneur à Chapelain, qui le rendit. […] J’avoue de n’avoir que bien peu de qualités requises en un poète héroïque — lit-on dans la Préface de ce poème fameux ; — je n’ai point cru égaler les princes du Parnasse, et, bien moins, atteindre au but où ils ont inutilement visé. […] Ce qui est vrai de l’une ne paraît pas pouvoir ou devoir être entièrement faux de l’autre, et, puisque enfin, par des chemins différents, c’est au même but qu’elles fendent, il semble que la théorie de l’une doive ou puisse au moins éclairer celle de l’autre. […] Ils ne visent pas au même but, quoi qu’on en puisse dire ; ils n’emploient pas les mêmes moyens ; et, ne s’adressant pas aux mêmes sens, ils n’opèrent point les mêmes effets.

1538. (1902) La poésie nouvelle

Leur symbolisme a pour but, d’une manière générale, de rendre le mystère saisissable en toutes choses. […] Son but est de démontrer que les formes de vers non admises par la métrique, traditionnelle sont mauvaises en elles-mêmes : et cela n’est pas, comme on dit, une affaire de goût, mais elles sont mauvaises faute d’être conformes aux conditions qu’assigne à la parole rythmée la complexion même de nos organes. […] Moréas ne lui veut plus reconnaître d’autre intérêt que d’avoir « préparé, par quelques-unes de ses qualités et par beaucoup de ses défauts, ce renouement de la tradition qui est le but de l’Ecole Romane ». […] Une rame casse ; le but recule. […] Il estime, d’ailleurs, que l’Art est la seule fin de tout, et il n’attribue au Cosmos d’autre raison d’être ni d’autre but que d’aboutir « au chef-d’œuvre authentique où doivent converger toutes nos passions ».

1539. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Ce fut comme le premier but de son sarcasme et de son dédain, dès que sa propre nature se déclara ; ce fut le jeu de ses premières armes. […] A aucune époque (c’est une justice qu’il peut se rendre), il n’a regardé le renversement comme un but ; mais il l’a toujours accepté comme une chance.

1540. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

D’abord on s’écarte de la base menaçante, on s’avance dans la campagne et l’on tourne le dos au but proposé. […] « Entre l’idée que nous nous faisons de l’origine et de l’essence du monde et le but que nous assignons à l’art il y a une corrélation étroite, encore que plus ou moins avouée. » Montargis.

1541. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Mais il a ceci de particulier, de divin que sa précision elle-même a pour but unique d’ouvrir, aussi grandes que possible, les portes du mystère. […] Une formule incantatoire atteint son maximum de précision, non pas lorsqu’elle exprime avec une limpidité absolue toutes les nuances d’une idée, mais lorsqu’elle atteint infailliblement le but que le magicien se propose. […] « le chant doit produire de l’enchantement. » il faut pour qu’un spectacle soit beau, qu’on croie imaginer ce qu’on y entend, ce qu’on y voit, et que tout nous y semble un beau songe. les arts ont pour mérite unique, et tous doivent avoir pour but, de faire imaginer des âmes par le moyen des corps.

1542. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Fritz von Unruh qui s’engage comme uhlan et qui part en criant : “Paris, Paris est notre but !” […] Je ne sais si l’on arrivera à dissiper ce malentendu, à vaincre ce préjugé ; mais un mouvement se dessine en ce moment dont le but principal est d’affirmer que le rêve est la clef de voûte de l’édifice de la vie ; il sera le prétexte à mettre en valeur la question de l’esprit moderne. […] Toutefois, le personnage le plus attachant, le plus nouveau pour nous est le peintre Charles Berger qui finira par épouser la femme de son ami Lionel : c’est un anxieux, privé de tout héroïsme, qui a le goût de sa propre destruction ; il na pas confiance en lui, ne parvient jamais à s’aimer ; il est d’un pessimisme sentimental si fort que chaque fois qu’il approche de son but, qui est d’aimer Agnès, il sent de plus en plus « l’opposition d’une force qui travaille à l’en éloigner ». […] J’ai lu dans le journal d’Emerson que le but de l’histoire est de rehausser la valeur de l’heure présente.

1543. (1940) Quatre études pp. -154

Quant à la fondation Flexner, voici son but. […] Nous conduisons le lecteur par la main depuis le commencement de la route jusqu’au but. […] Mais une formule comme celle qui suit a une valeur générale : « Le but de l’art est presque divin ; ressusciter, s’il fait de l’histoire ; créer, s’il fait de la poésie. […] are uttered by every woman if a mouse does but run across the floor… 22.

1544. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

I am flattered by the admiration of B… you find her intelligent ; she is so, but when you know her better you will see that the first days she looks more that she is in reality. […] As to her talent, she has it but not so much as she imagines herself ; besides she is full of german vanity. […] Tony asked me to give it for his atelier, but it is a portrait and cannot be given like that ; then he said he would pose himself. […] Some sweet woman’s voices say Bastien is not an artist, but only, un exécutant !

1545. (1910) Rousseau contre Molière

Dans l’Avare, Molière a eu pour but — s’il en a eu un autre que de peindre vrai — de montrer qu’un vice quel qu’il soit, conservateur même, disloque, ruine et détruit toute une famille, que l’avarice d’un père, par exemple, fait un fils prodigue, insolent et indélicat, une fille insolente et assez près d’être dévergondée. […] Il veut dire très nettement : « La comédie a pour but de faire rire honnêtement les gens bien élevés. » De faire rire ; elle doit fait rire. […] Et c’est ainsi que le but suprême sera atteint : n’être pas trompé, être bien servi : Epouser une sotte est pour n’être point sot. […] Se rendre agréable à l’homme, ce doit être tout le dessein de la femme ; rendre une femme agréable à l’homme, ce doit être tout le but de l’éducation des femmes. […] Le babil, cela va de soi ; car remarquez que le but est de plaire.

1546. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

De quel droit et dans quel but a-t-on brusquement détourné sa vie ? […] Vous avez rempli avec autant d’habileté que de zèle vos devoirs politiques ; tous les moyens vous ont semblé bons pour arriver au but qui les légitime et que vous avez heureusement atteint. […] Ce faisant, le félibre n’aurait-il pas dérobé le but que visait le citoyen ? […] On le dit avec raison : car le Beau, ou mieux, la représentation de la Beauté fut l’aspiration, le but constant des artistes anciens. […] Quel but poursuit-il ?

1547. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Mais c’est toujours la nature, l’obscure, l’impitoyable nature qui tient le but. […] On nous promettait un livre d’une grande originalité et le père Didon confirmait lui-même cette promesse quand il répondait à un reporter : — Dans quel but voudriez-vous que j’eusse fait la vie de Jésus, si ce n’avait été dans le but d’y mettre des nouveautés ? […] C’est là le but que le R. […] Les mathématiques furent pour eux un divertissement, et un exercice, jamais l’occupation principale de leur esprit et moins encore le but de leur vie. […] Mais en deux bonds il remplit le reste de sa carrière et touche le but.

1548. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Mais, dans cet itinéraire dont il trace du moins le plan, son grand but, après avoir embrassé ses bons amis de Lyon, les Spon, les Falconnet, ce serait d’aller à Bâle voir « le tombeau du grand Érasme ».

1549. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

alors l’équilibre entre les talents et le milieu, entre les esprits et le régime social, se trouverait rétabli ; on se retrouverait à l’unisson ; la lutte, la maladie morale cesseraient, et la littérature d’elle-même redeviendrait classique par les grandes lignes et par le fond (c’est l’essentiel) ; — non pas qu’on aurait plus de talent, plus de science, mais on aurait plus d’ordre, d’harmonie, de proportion, un noble but, et des moyens plus simples et plus de courage pour y arriver.

1550. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Pour atteindre ce but, il a fallu quelques efforts et assez d’adresse.

1551. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

En revanche, l’ouvrage de lui que j’aime le moins est son Panthéon révolutionnaire démoli, un titre à fracas ; je n’en aime ni l’affiche, ni le but, par la raison qu’il faut prendre garde, quand on se met à démolir un édifice, de renverser dans son entrain bien des bustes et des statues dignes de rester debout : le Musée de l’histoire est bien voisin de son Panthéon.

1552. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

. — Je ne finirai point sans citer de La Mennais une belle pensée admirablement exprimée ; car je n’ai en tout ceci aucun but de sévérité ni d’indulgence ; je ne tiens qu’à montrer l’homme d’après nature, et je voudrais avoir le temps d’extraire tout ce que j’ai noté de remarquable.

1553. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Tous les biens se perdent et s’évanouissent : ce but seul est immuable.

1554. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Il n’a que trop atteint son but.

1555. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Or, ce livre sur les poëtes latins de la décadence n’est en effet, dans son but principal, j’ose le dire, qu’un manifeste raisonné, assez érudit d’apparence, mais plein d’allusions, qui vont, je le crois bien, jusqu’à compromettre en plus d’un endroit la réalité historique et l’exactitude biographique, un manifeste contre la poésie moderne dite de 1828, et ses prétentions, et même ses principaux personnages.

1556. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Il ne compose pas avec une idée ni suivant un but ; il se laisse porter à des événements qui s’entremêlent selon l’occurrence, et aux divers sentiments qui, là-dessus, serpentent comme les rivières aux contours des vallées.

1557. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Un but est donné : il y a quelque vérité à prouver, quelque définition à trouver, quelque persuasion à produire ; pour cela, il faut marcher toujours, et toujours droit.

1558. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Un enfant, en ouvrant les yeux, doit voir la patrie, et, jusqu’à la mort, ne doit voir qu’elle… On doit l’exercer à ne jamais regarder son individu que dans ses relations avec le corps de l’État. » Telle était la pratique de Sparte et l’unique but du « grand Lycurgue »  « Tous étant égaux par la constitution, ils doivent être élevés ensemble et de la même manière. » — « La loi doit régler la matière, l’ordre et la forme de leurs études. » À tout le moins, ils doivent tous prendre part aux exercices publics, aux courses à cheval, aux jeux de force et d’adresse institués « pour les accoutumer à la règle, à l’égalité, à la fraternité, aux concurrences », pour leur apprendre « à vivre sous les yeux de leurs concitoyens et à désirer l’approbation publique ».

1559. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

K…, étant dans le même état anormal, fut invité à boire un peu d’eau fraîche, et tandis qu’il obéissait, l’opérateur en but un peu lui-même qu’il cracha aussitôt en employant une expression de dégoût et d’horreur.

1560. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Je remarque encore que le doute de Montaigne atteint avec la métaphysique d’autres choses, mais qui sont précisément comme un écoulement de la métaphysique dans la réalité : et je crois bien que son scepticisme transcendental a surtout pour but de couper dans la racine les affirmations métaphysiques dont notre vie sociale reçoit sa forme, et pour lesquelles nous nous coupons la gorge.

1561. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

On l’a fait d’Église malgré lui, pour conserver dans la famille l’archevêché de Paris : dès qu’il a reconnu la nécessité d’être prêtre sans vocation, peut-être sans foi, il cesse de regimber ; sa volonté se fixe un but, le ministère ; pour y atteindre, il prêche le bon peuple de Paris, il répand les aumônes ; il est populaire.

1562. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Mais « le théâtre ne peut, cela est évident, reproduire la vie humaine dans son infinie complexité de détails ; il en prend un lambeau qu’il taille à sa fantaisie… et il le prend dans un certain but, qui est d’émouvoir ou la compassion ou la haine ou un sentiment quel qu’il soit, d’autres fois de démontrer une idée morale, religieuse, politique.

1563. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

C’est que ni leur éducation ni leurs préoccupations habituelles ne sont bien propres à leur faire connaître le train du monde ; puis, leur confiance en Dieu est absolue, et elle ne peut être absolue que si elle est folle, si elle trouve le miracle chose naturelle  Une dernière marque enfin, c’est que cette charité sans bornes est pourtant une charité catholique, pour qui les hommes sont frères moins par une communauté de destinée et une solidarité d’intérêt que parce qu’ils ont été rachetés tous par le Christ ; et cette charité n’a point pour véritable but le soulagement de la souffrance, mais elle poursuit, par le bien qu’elle fait aux corps, la conversion des âmes.

1564. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Les voyages de Montesquieu n’avaient pas pour but, comme le dit d’Alembert, par une illusion propre au genre apologétique, de se rendre utile aux diverses nations qu’il visitait.

1565. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Un de ces enfants perdus, Lamettrie, justifiait l’athéisme, définissait le remords une faiblesse d’éducation, faisait sortir l’homme du limon de la terre comme un végétal, qualifiait le vol de vice, le vice et la vertu d’effets du sang ; donnait à la vie pour but suprême le bonheur par les sens, par l’opium, le rêve ou la folie, et pour fin le néant.

1566. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il en détermine le but avec netteté.

1567. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Herbert Spencer, dans une lettre à Stuart Mill où il répudie le titre d’anti-utilitaire que celui-ci lui avait appliqué, formule ainsi sa critique en se fondant sur la doctrine des conditions d’existence : « Je diffère des Utilitaires non sur le but à atteindre, mais sur les moyens à suivre.

1568. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

On trouvera donc cette nouvelle Edition considérablement augmentée, sans que je me sois écarté du but que je m’étois proposé dans la premiere.

1569. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Malesherbes, ce Franklin de vieille race, avait très nettement embrassé la société moderne dans ses articles fondamentaux ; il l’avait d’avance prévue et anticipée ; mais s’il ne s’était pas trompé sur le but, il s’était fait illusion sur les distances et sur les incidents du voyage.

1570. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Ceux pourtant qui continuent d’aimer les phrases, les belles pensées détachées, les fragments spécieux de théorie, les prédictions inutiles et frappantes, les fantaisies poétiques dont on peut faire collection, trouveront amplement encore, en le lisant, de quoi se satisfaire ; mais les esprits qui demandent de la suite, de la raison, un but, quelque conséquence dans les actes et dans la conduite, savent désormais à quoi s’en tenir sur la valeur de l’écrivain éminent qui, avec de si hautes parties, n’a été en politique qu’un grand polémiste toujours personnel, et un agent lumineux de dissolution.

1571. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Au siège devant Mardyck (août 1646), les ennemis ayant fait une sortie, non content de les repousser de sa tranchée, Bussy, sur un mot du duc de Nemours, tint une sorte de gageure que lui-même appelle une folie, et il s’aventura à vouloir rejeter et relancer avec une faible élite le gros des assaillants jusque sur leurs palissades, si bien qu’aux premières décharges la plupart des siens, et les plus marquants, étaient hors de combat ; mais lui, qui n’avait eu encore que deux chevaux tués, tenait ferme dans cette attaque sans but et se faisait un point d’honneur de voir l’ennemi se retirer le premier : il fallut que le duc d’Enghien (le Grand Condé) lui fit donner l’ordre de se retirer, ajoutant que, « s’il avait à prendre un second dans l’armée, il n’en choisirait point d’autre ».

1572. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Ici le trop d’audace avait dépassé le but, et la scène, qui supposait le parfait sang-froid des deux acteurs, avait manqué.

1573. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Aussi ne connaîtrait-il pas de but plus élevé, plus saint, plus auguste que celui-là : concourir à l’abolition de la peine de mort.

1574. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Vous voyez que le conte est, pour La Fontaine, un… je ne peux pas dire cependant un récit à moralité, mais enfin un récit qui a un but, et qui est encore, dans une certaine mesure, redresseur et correcteur de vices.

1575. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Un socialiste soigné pour blessure de guerre dans un hôpital de l’Ouest, écrit :‌ Pendant trois mois, il m’a fallu tuer… On se dit pour se donner de l’ardeur, que l’œuvre que l’on accomplit est une œuvre libératrice ; qu’elle a pour but d’abattre un impérialisme odieux ; que, cela fait, le champ sera libre pour nous, pour l’accomplissement de nos projets de rénovation sociale ; que, sur les charniers où nous nous sommes roulés, pourra fleurir enfin l’égalité.

1576. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Il faut avoir devant soi un grand rêve à poursuivre, un but.

1577. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Les membres des ghildes du moyen âge avaient raison de s’appeler frères ; car cette fraternité n’est pas une alliance délibérément conclue en vue d’un certain but ; c’est une union de tous les instants, embrassant tous les côtés de l’homme.

1578. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

La science suscite un genre d’héroïsme qui est proprement l’héroïsme moderne et auquel nul autre peut-être n’est comparable, car il est le plus désintéressé et le plus haut par son but, qui est la découverte du vrai et la diminution de la misère universelle. […] L’Esprit du mal songe d’abord à faire un monde entièrement mauvais et souffrant ; mais un tel monde ne durerait pas : afin qu’il souffre et persiste à vivre, l’Esprit du mal lui donne l’amour, le désir, les trêves perfides, les illusions, les biens apparents pour voiler les maux réels, l’ignorance irrémédiable et jamais résignée, le mensonge atroce de la liberté : Oui, que l’homme choisisse et marche en proie au doute, Créateur de ses pas et non point de sa route, Artisan de son crime et non de son penchant ; Coupable, étant mauvais, d’avoir été méchant ; Cause inintelligible et vaine, condamnée A vouloir pour trahir sa propre destinée, Et pour qu’ayant créé son but et ses efforts, Ce dieu puisse être indigne et rongé de remords… L’Esprit du bien, de son côté, voulant créer un monde le plus heureux possible, songe d’abord à ne faire de tout le chaos que deux âmes en deux corps qui s’aimeront et s’embrasseront éternellement. […] Tu ne m’imposes plus, car c’est moi le prodige Tu n’es que le poteau d’où partit le quadrige   Qui roule au but illimité ; Et depuis que ce char, où j’ai bondi, s’élance, Ce que sa roue ardente a pris sur toi d’avance,   Je l’appelle ma dignité… L’homme veut que ce long passé, que ce travail mille et mille fois séculaire dont il est le produit suprême soit respecté dans sa personne et dans celle des autres. […] » que : « Buvons, mes frères, et tenons-nous en joie. » Que le but de l’univers nous soit profondément caché ; que ce monde ait tout l’air d’un spectacle que se donne un Dieu qui sans doute n’existe pas, mais qui existera et qui est en train de se faire ; que la vertu soit pour l’individu une duperie, mais qu’il soit pourtant élégant d’être vertueux en se sachant dupé ; que l’art, la poésie et même la vertu soient de jolies choses, mais qui auront bientôt fait leur temps, et que le monde doive être un jour gouverné par l’Académie des sciences, etc., tout cela est amusant d’un côté et navrant de l’autre.

1579. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Il l’était toutefois avec égard et dédommagement ; on y rendait hommage, dans le préambule, aux hommes qui avaient sauvé les bonnes doctrines au sein de l’enseignement impérial, et qui avaient su le diriger souvent contre le but même de son institution. […] Sortant du Lycée où il avait entendu une leçon de La Harpe et revenant à pied avec Fontanes, de Candolle ne put s’empêcher de lui exprimer son étonnement du discours violent de La Harpe et de ce qu’il avait l’air d’y applaudir : « Ne vous y trompez pas, lui aurait dit Fontanes ; notre but n’est pas de rétablir la puissance des prêtres, mais il faut frapper l’opinion publique de l’utilité d’une religion, et ensuite nous avons l’intention de pousser la France au protestantisme. » De Candolle, qui croit avoir eu à se plaindre plus tard de Fontanes Grand-Maître, triomphe de la contradiction. […] Un jour, dans une des discussions vives qui décidèrent de la refonte du Génie du Christianisme, Fontanes dit à Chateaubriand une de ces paroles qui sifflent et volent au but comme une flèche : « Vous pouvez vous mettre à la tête du siècle qui se lève, et vous vous traîneriez à la queue du siècle qui s’en va ! 

1580. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

« Quant à l’homme qui tombe aujourd’hui, écrivait-il en mars 1814, j’ai publié quatorze volumes sous son règne, presque tous avec le but de combattre son système et sa politique, et sans avoir à me reprocher ni une flatterie ni même un mot de louange, bien que conforme à la vérité ; mais au moment d’une chute si effrayante, d’un malheur sans exemple dans l’univers, je ne puis plus être frappé que de ses grandes qualités. » Et dans une page mémorable où l’éloquence de l’âme se fait sentir, il balance ces hautes qualités et les énumère.

1581. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

La façon de questionner, quand il voulait s’éclaircir d’un doute, n’était pas indifférente : pour saisir l’usage au passage et le prendre sur le fait, il ne s’agissait pas d’aller demander de but en blanc à un courtisan ou à une femme du monde : « Comment vous exprimez-vous dans ce cas particulier ?

1582. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Le désintéressement que réclame la chose publique trouve sous sa plume une vertueuse énergie d’expression : « Quand on ne s’est pas habitué, dit-elle, à identifier son intérêt et sa gloire avec le bien et la splendeur du général, on va toujours petitement, se recherchant soi-même et perdant de vue le but auquel on devrait tendre. » Mais au même moment son noble cœur, si désintéressé des ambitions vulgaires, se laisse aller volontiers à l’idée des orages, et les appelle presque pour avoir occasion de s’y déployer.

1583. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Qu’il fût admirablement organisé pour la géométrie et les arts, je ne le nie pas ; mais certes, les choses étant ce qu’elles étaient alors, une grande révolution, comme il l’a lui-même remarqué89, s’accomplissant dans les sciences, qui descendaient de la haute géométrie et de la contemplation métaphysique pour s’étendre à la morale ; aux belles-lettres, à l’histoire de la nature, à la physique expérimentale et à l’industrie ; de plus, les arts au xviiie  siècle étant faussement détournés de leur but supérieur et rabaissés à servir de porte-voix philosophique ou d’arme pour le combat ; au milieu de telles conditions générales, il était difficile à Diderot de faire un plus utile, un plus digne et mémorable emploi de sa faculté puissante qu’en la vouant à l’Encyclopédie.

1584. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

« À son départ pour la Grèce, un de nos savants fut renverse de sa voiture par une violente secousse ; une boîte, peu lourde pourtant, lui tomba sur la tête ; il ne s’ensuivit ni douleur ni plaie des téguments ; mais le blessé oublia totalement le pays d’où il était sorti, le but de son voyage, le jour de la semaine, le repas qu’il venait de faire, toute l’instruction qu’il avait acquise.

1585. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Le but était de m’offrir des articles purement politiques à rédiger ; mais le sens principal de cette Revue était de combattre les principes de l’Église gallicane comme attentatoires à la liberté du souverain pontife et à la spontanéité de la foi catholique en France.

1586. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il passa de là aux harmonies sacrées où Dieu remplit tout, et me montra à moi-même la vraie route et le vrai but de toute poésie.

1587. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

., « qu’occupé de plaire bien plus que d’instruire, Shakespeare semble écrire sans aucun but moral3 ».

1588. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Et dans ces trois sujets, que de formes d’âmes nouvelles et variées : Ulysse, le politique froid, qui ne recule jamais devant les moyens, quand il a choisi le but, point insensible pourtant, mais rassuré par la conscience qu’il a de ne voir que le bien public ; Agamemnon, père tendre, faible ambitieux, qui voudrait les fruits du crime sans le crime, et qui ne peut se résoudre à sacrifier sa fille à son égoïsme, ni son égoïsme à sa fille, plus sympathique que le Félix de Corneille, parce qu’il est plus déchiré ; Clytemnestre, la « mère », qui ne connaît plus ni patrie, ni dignité, ni mari, dès que sa fille est en péril, en qui, mieux qu’en aucune amplification romantique, apparaît le sentiment primitif, animal, de la maternité ; c’est la bête défendant son petit.

1589. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Il est sans doute intéressant de chercher quel a été le but d’un auteur, et par quelle diversité de chemins il y est arrivé ; mais si l’on s’opiniâtrait à demander à Rabelais le sens général de son livre, on risquerait de ne pas apercevoir le sens des détails, dont chacun a été tour à tour l’unique objet et le seul plan de l’auteur.

1590. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Ce sont mille traits qui ne touchent pas le but, mille sens douteux, mille finesses sous lesquelles se cachent des niaiseries ; une habitude de tourner tout à l’ingénieux et à la pointe ; toutes sortes de manquements, calculés ou involontaires, à la première loi du langage, la propriété, et, toutefois, une fausse précision qui les dissimule.

1591. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Semblables aux coureurs antiques, leur élan redouble à l’approche du but.

1592. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Homère fait lancer à ses héros « des paroles ailées » ; les ailes de la parole d’Étéocle sont les plumes qui portent la flèche droit au but.

1593. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Vous entrevoyez dans l’art, qui est un but, un moyen, un moyen de bruit, de publicité, j’allais dire de prostitution.

1594. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Ce qui fait la principale valeur de cette distinction, c’est qu’elle met en pleine lumière une vérité importante, à savoir que la parole intérieure n’est pas un simple écho de la parole extérieure, un fait de répercussion ou de continuation sans but.

1595. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Nous n’avions qu’à le caractériser, et nous l’avons fait dans un but placé plus haut qu’un livre isolé.

1596. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Des impulsions, un monde qui a un but mystérieux (quelle nouvelle !)

1597. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Le modèle a vécu, et peut-être vit-il encore ; son tempérament tout entier et beaucoup de ses traits passeront dans le livre : mais toute composition a pour but de changer un homme en personnage, et les détails qui l’achèvent le transforment en même temps.

1598. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Quelque sujet dont il parle, il n’a jamais qu’un but, qu’une pensée.

1599. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Le génie Anglois est un coursier fougueux, mais indompté : il franchit souvent la carriere lorsqu’il ne faudroit que la fournir ; & s’il se retrouve quelquefois au but, on ignore trop souvent par quelle route il y est arrivé.

1600. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Voltaire, en effet, dans cette pièce, a passé le but. […] Son but a été, sans doute, de peindre dans Séide Jacques Clément, et dans Mahomet le père Bourgoing : mais ce qui convient à un moine, à un prieur de jacobins, ne convient point au fondateur d’un grand empire et d’une religion qui règne encore aujourd’hui dans la moitié du monde. […] Voltaire est donc bien éloigné d’avoir atteint son but ; car il n’a fait voir autre chose, sinon que l’alliance de la bouffonnerie avec la sensibilité était monstrueuse et détestable. […] Dans plusieurs autres endroits il s’élève contre ce vain appareil théâtral qui n’a pour but, comme il le dit lui-même, que de divertir les garçons perruquiers qui sont dans le parterre . […] Molière avait depuis longtemps jeté du ridicule sur l’autorité des maris et sur les devoirs les plus essentiels des femmes : tous les poètes comiques, tous les faiseurs de contes avaient, dès l’origine de notre théâtre et de notre littérature, choisi pour but de leurs sarcasmes et de leurs facéties les infidélités mutuelles des époux et les tribulations du mariage.

1601. (1888) Portraits de maîtres

Ces illustres champions de notre cause n’ont pas cessé durant le second Empire de protester contre la licence des mœurs ; ce qu’ils ont fait au nom de la morale indépendante et de la tradition républicaine, Victor de Laprade le fit au nom des idées libérales et de la morale chrétienne ; le point de départ est différent, mais la marche est la même et le but identique. […] Son but suprême est de faire de ses enfants de dignes serviteurs de la France. […] Il n’est donné qu’à toi de me faire trouver de l’intérêt et un but à des jours qui se suivent sans que la destinée devienne plus claire. […] Croirait-on que dans un voyage sur le Rhin Edgar Quinet, rencontrant un érudit relativement modéré et lui demandant à quel but tendait l’Allemagne, obtint cette réponse débitée de sang-froid : « Nous voulons revenir au traité deVerdun entre les fils de Louis le Débonnaire. » Il nous avertit encore, avec Henri Heine, que chez nos voisins le gallophobe furibond était un type plus fréquent que chez nous l’inoffensif chauvin. […] Cette odyssée d’un pape, voyageur apostolique, en quête d’amour et de fraternité, ces épisodes si variés et conspirant au même but, ne sont-ce pas les étapes d’un moderne Alighieri ?

1602. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Au surplus, vous dites qu’il nous faut aujourd’hui « un genre clair, vif, simple, allant droit au but ». […] Beaucoup d’hommes élevés dans un respect religieux pour d’antiques doctrines s’effraient des progrès de la secte naissante, et semblent demander qu’on les rassure…… Le danger n’est pas grand encore, et l’on pourrait craindre de l’augmenter en y attachant trop d’importance…… Mais faut-il donc attendre que la secte, entraînée elle-même au-delà du but où elle tend, en vienne jusque-là qu’elle pervertisse par d’illégitimes succès cette masse flottante d’opinions dont toujours la fortune dispose35. » Trouvera-t-on de l’inconvenance à voir un homme obscur examiner un peu quels ont été les succès légitimes ou non de la masse flottante qui compose la majorité de cette Académie ?

1603. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Quelques pas avaient été faits déjà, mais Niepce était mort sans atteindre le but. […] Binet et Passy étudiant le mode de travail d’Alphonse Daudet, en résument ainsi les principaux traits : une masse énorme de notes recueillies sans but au jour le jour représente les matériaux avec lesquels l’œuvre d’art se construira ; le moment de la construction, il n’appartient à personne, semble-t-il, de le fixer. […] L’artiste, le créateur, exploite, pour ainsi dire ses propres sentiments ou ceux des autres lorsqu’il sympathise avec eux ; tantôt au contraire l’œuvre d’art paraît être l’expression d’un sentiment puissant qui lui prête sa force et auquel elle reste subordonnée, soit qu’elle en soit une sorte d’écho, qu’elle en conserve un impérissable souvenir, soit qu’elle ait pour but de le satisfaire idéalement, de substituer une satisfaction imaginaire à une réalité insuffisante. […] J’ose déclarer ici que je n’ai point d’autre but : on permettra à un historien d’agir en naturaliste ; j’étais devant mon sujet comme devant la métamorphose d’un insecte26. » Mais il dit aussi ailleurs.

1604. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Le but de ces sortes de traductions n’est que de faire entendre la pensée d’un auteur ; ainsi on doit alors s’atacher à la pensée et non à la lettre, et parler come l’auteur lui même auroit parlé, si la langue dans laquelle on le traduit avoit été sa langue naturèle. […] Quand on ne traduit que pour faire entendre la pensée d’un auteur, on doit rendre, s’il est possible, figure par figure, sans s’atacher à traduire litéralement ; mais quand il s’agit de doner l’intelligence d’une langue, ce qui est le but des dictionaires, on doit traduire litéralement, afin de faire entendre le sens figuré qui est en usage en cette langue à l’égard d’un certain mot ; autrement c’est tout confondre ; les dictionaires nous diront que aqua signifie le feu, de la même manière qu’ils nous disent que (…) ; car enfin les latins crioient (…), quand le feu avoit pris à la maison, et nous crions alors au feu, c’est-à-dire, acourez au feu pour aider à l’éteindre. […] Tout mouvement qui aboutit à quelque fin ; toute maniére de procéder, de se conduire, d’ateindre à quelque but ; enfin tout ce qui peut être comparé à des voyageurs qui vont ensemble, s’exprime par le verbe aler ; je vais, ou je vas ; aler à ses fins, aler droit au but : il ira loin, c’est-à-dire, il fera de grands progrès, aler étudier, aler lire, etc.

1605. (1913) Poètes et critiques

Les meilleurs éloges à faire de ces éditions, c’est qu’elles vont à leur but : elles épargnent aux lecteurs novices les tâtonnements, les erreurs et les déceptions ; elles les mènent droit aux beautés de valeur, à l’émotion vraie, à la parole salutaire. […] « Si tu t’abaisses, je t’élèverai », lit-on dans le livre sacré : il se pourrait qu’en s’appliquant avec une tou chante modestie à satisfaire les enfants, le poète Maurice Bouchor se soit trouvé, sans le vouloir, atteindre un but plus haut qu’en s’efforçant de retenir, par-dessus tout, l’attention des hommes faits, qu’en se montrant préoccupé de gagner leurs suffrages. […] Ruminées tout au long de ces voyages sans but par les plaines de la Belgique, pendant les stations d’un soir dans le bruyant estaminet de quelque gare ou les séjours plus paresseux à l’auberge du grand chemin, puis dans le demi-jour, dans l’atmosphère viciée du galetas londonien, et, à la fin, sous les sureaux refleurissants des maternelles Ardennes, les Romances sans paroles nous révèlent déjà tout ce que dut le talent du poète à cette rude éducation de la misère non jouée ou des douleurs qui ne s’apaisent point. […] C’est plus tard, lorsqu’il voudra donner à ce passage tout profane un but religieux, que l’auteur de Sagesse modifiera, comme on l’a vu, le dernier vers : « Debout, mon âme, vite, allons ! 

1606. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Le Discours sur la méthode, le Discours sur l’histoire universelle, le Discours sur les Révolutions du globe, ont pour but de révéler un ordre dans cette méthode, cette histoire et ces révolutions. […] En effet cette critique ne peut s’acquitter de sa fonction et approcher de son but qu’en faisant comme le philosophe, en formulant, en forgeant des Idées. […] Et en effet l’Introduction à la Méthode de Léonard de Vinci (avec la Digression qui l’accompagne maintenant) est bien conçue de manière analogue à William Shakespeare, et elle tend au même but. […] Les idées générales, il en a pareillement fourni l’amorce, le plan, lorsqu’il a donné, par sa vie, par ses œuvres, par son influence, une figure extérieure de lui-même, cette figure dont Auguste Comte fait, sous le nom d’existence subjective, le meilleur et le but de l’homme.

1607. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Il y avait eu des discours expliquant le but de la Société, les succès qu’elle obtenait, l’histoire des naufrages de l’année écoulée, une pièce de vers lue par un acteur, beaucoup de musique exécutée par des soldats, et, enfin, le plus émotionnant, quand son nom avait été prononcé. […] Zola sourit et me répondit qu’il s’attendait absolument à mon objection, mais qu’elle était loin de l’ébranler dans la satisfaction qu’il éprouvait d’avoir fait ce qu’il avait fait, et dans la foi qu’il avait de marcher droit à son but. […] je sais que je tombe au milieu de combinaisons toutes faites, d’engagements pris, de candidats dont le nombre grossit chaque jour, mais cela m’est tout à fait indifférent ; quand on veut arriver à son but, il faut en prévoir les obstacles, je les ai prévus ; il faut ne pas se décourager avant de l’atteindre, je ne me découragerai pas ; tout comme bien d’autres l’ont su faire, je saurai attendre. […] La rapidité par le récit, l’événement raconté en une phrase, le fait en un mot, voilà le but auquel il désire surtout arriver et qu’il atteint souvent. […] Ils s’étonnent seulement d’avoir besoin de toute cette procédure de pétitions pour arriver au but réel de leurs vœux, et c’est pour cela qu’ils profitent de chaque circonstance favorable, afin de les proclamer bien haut, trop haut même, au gré des oreilles délicates. » Ma réponse fut suivie d’un silence, rompu bientôt par M. 

1608. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Ses trois élégies, coulantes et gracieuses, sentent l’école de Marot ; elle y raconte comment Amour l’assaillit en son âge le plus verd et la dégoûta aussitôt des œuvres ingénieuses où elle se plaisait ; elle s’adresse à l’ami absent qu’elle craint de savoir oublieux ou infidèle, et lui dit avec une tendresse naïve : Goûte le bien que tant d’hommes désirent, Demeure au but où tant d’autres aspirent, Et crois qu’ailleurs n’en auras une telle, Je ne dis pas qu’elle ne soit plus belle, Mais que jamais femme ne t’aimera Ne plus que moi d’honneur te portera.

1609. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Il voulait introduire le génie antique, le génie grec, dans la poésie française, sur des idées ou des sentiments modernes : tel fut son vœu constant, son but réfléchi ; tout l’atteste.

1610. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Ces vers semblaient avoir été pensés par Tacite et écrits par André Chénier ; quoique composés par elle dans une langue étrangère (le français), ils n’avaient ni l’embarras de construction d’une main novice à nos rythmes, ni la mollesse, ni la chair flasque des essais poétiques de l’enfance ou de l’imitation sous une jeune main ; ils étaient tout nerfs, tout émotion, tout concert de fibres humaines ; ils jaillissaient du cœur et des lèvres comme des flèches de l’arc intérieur allant au but d’un seul jet, et portant un coup droit au cœur sans se balancer sur un éther artificiellement sonore : Je sonne en tombant, non parce qu’on m’a mis une cloche aux ailes, mais parce que je suis d’or.

1611. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Il en est venu à ses fins ; il s’est couvert de fleurs et de fruits, il a reproduit et disséminé son espèce ; il va mourir avec le tronc pourri dont il a causé la mort, il va tomber avec le support qui se dérobe sous lui. » XVIII « Le sipo matador n’est, après tout, qu’un emblème parlant de la lutte forcée des formes végétales dans ces forêts épaisses où l’individu est aux prises avec l’individu, l’espèce avec l’espèce, dans le seul but de se frayer une voie vers l’air et la lumière, afin de déployer ses feuilles et de mûrir ses organes de reproduction.

1612. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Le vieillard but à sa place.

1613. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Le mal d’Obermann, c’est que ne croyant plus à la religion, ne pouvant rien par sa raison, il s’épuise, se ronge, use sa vie dans l’ennui ; il n’agit point, parce que la vie et le but de la vie lui sont incompréhensibles.

1614. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Quant aux Grecs, ils s’occupaient médiocrement de l’avenir de l’homme par-delà la tombe et pensaient que cette vie peut être à elle-même son propre but.

1615. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Quand vous croyez rêver le bonheur, vous ne rêvez tout au plus que la suppression de la souffrance ; encore vous ne la rêvez pas longtemps : bientôt votre songe vous paraît insignifiant et vain, et vous vous hâtez de rappeler la douleur, d’où naît l’effort et le mérite, et par qui seul se meut  vers quel but ?

1616. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Comme il n’a point de but, et qu’il pense moins pour se convaincre et s’assurer sur un point, ou pour en persuader les autres que pour entretenir doucement l’activité de son esprit ; comme il n’est point impatient, n’ayant nulle part à aller, tout détail, toute anecdote, toute particularité a droit de l’intéresser ; toute idée lui est agréable, tout chemin lui est bon.

1617. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Cette fondation a quelque chose d’aussi bizarre que le Journal, une académie a pour but de maintenir certaines traditions, de conserver, de développer, par une action commune, un art déterminé.

1618. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Il faut donc, pour que la musique réponde à son but en provoquant dans notre âme des émotions, que les auditeurs aient déjà une habitude, et la même chez tous, d’associer à certains signes musicaux certaines émotions intérieures.

1619. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Mais aux premiers pas quelques éclairs illuminent brusques les ombres antérieures, et bien des cris d’espoir ou d’effroi nous avertiront que le point d’arrêt de l’artiste n’est pas à l’homme un but final et que, pour lointain, l’horizon aperçu n’est qu’une limite illusoire.

1620. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Il presse son mariage, le contrat est fait, et les bans vont être publiés demain… Elle touche au but, elle va l’atteindre… Oui, mais cette femme si forte commet la très grande faute de rappeler Olivier chez elle, par je ne sais quelle machination mesquine où l’honneur d’une femme est mêlé.

1621. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

c’est peu probable… et cette préface a pour but de dire aux jeunes que le succès du réalisme est là, seulement là, et non plus dans le canaille littéraire, épuisé à l’heure qu’il est, par leurs devanciers.

1622. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Et le pauvre apprend ici à juger de son état tout autrement qu’il ne fait, et, loin de se plaindre, à savoir même bon gré à sa pauvreté, qui lui tient lieu d’asile, de port, de citadelle, en le mettant en repos et en sûreté, et le délivrant des craintes et des alarmes dont il voit que les richesses sont la cause et l’origine. » Le but qu’avait saint Chrysostome en tenant tout ce discours, n’était pas seulement d’instruire son peuple, mais de l’attendrir par le récit des maux dont il lui faisait une peinture si vive.

1623. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Vous savez que, jusqu’à la fin, l’admiration pour les jeunes filles a été une de ses manies, un de ses péchés légers ; jusqu’à la fin, il a jeté des regards du côté de la jeunesse féminine ; chez les Herwart, à la campagne, il tombait en extase devant une toute jeune fille, à ce point que, pour revenir à Paris, il s’égarait dans ses rêveries et dans les chemins, et finissait par s’apercevoir qu’il avait tourné absolument le dos au but de son voyage.

1624. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Toute feinte est sujet de scrupule à des saints, Et, quel que soit le but où tendent leurs desseins, Si la candeur n’y règne ainsi que l’innocence, Ce qu’ils font pour un bien leur semble être une offense.

1625. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Elle n’est jamais la parole pour la parole, mais la parole en vue d’un but à atteindre ou d’une résistance à briser.

1626. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Feydeau a eu pour principal but de décrire. — C’est la description héroïne parmi toutes les autres descriptions.

1627. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

De là son cri, quand la guerre éclate et qu’il vient de rejoindre à Gérardmer son régiment : «  Si je tombe, ce sera en bon Français, en bon catholique, en bon Vendéen… La mobilisation dans les Vosges a été splendide… Nous avons coupé le poteau frontière de la Schlucht, nous le replanterons au Rhin… Absolument calme, j’espère avec la grâce de Dieu montrer l’exemple que je dois par mon grade infime (il était caporal), par ma situation sociale et par mon titre de petit-fils des Géants du Bocage. »‌ Tout tient dans ces quelques lignes : l’hommage à la Lorraine, bastion de la France, la définition en trois étages de son patriotisme, son but de guerre.‌

1628. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Les lois des phénomènes ne se laissent point observer directement, pas plus dans la vie morale que dans la vie physique ; elles ne se révèlent à la science humaine qu’à la suite d’opérations plus ou moins laborieuses ayant pour but de les dégager de la variété des accidents qui les enveloppent.

1629. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

La gloire ou, si ce terme déplaît comme étant à la fois ambitieux et rococo, la vie éternelle de son nom et de son œuvre est trop manifestement le but suprême de tout artiste pour qu’un désir si juste ne se trahisse pas à chaque instant sous les grands mots désintéressés. […] Aussi le but du langage littéraire n’est-il point de déverser tel quel notre flot intérieur : serait-ce donc de l’adultérer ? […] La moralité n’entre pas comme élément nécessaire dans la notion du génie ; mais l’intelligence y entre, au moins sous la forme de l’instinct, et une de ses premières applications, aussi légitime que son but même, qui n’est, en somme, que de réussir, est de faire servir la bêtise humaine à son propre succès. […] Dans toute production qui atteint l’un de ces deux buts, il y a un talent incontestable, à mon avis ; mais le vrai talent, seul durable, doit les atteindre tous deux à la fois. […] Le talent, c’est le tireur qui atteint un but que les autres ne peuvent toucher ; le génie, c’est celui qui atteint un but que les autres ne peuvent même pas voir100.

1630. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Tandis qu’il parlait de cet air brusque et dégagé, Mérimée souffrait cruellement. « Je suis devenu incapable de travailler, disait-il, depuis un malheur qui m’est arrivé. » Et il disait encore : Lorsque j’écrivais, j’avais un but ; maintenant je n’en ai plus. […] Il a donné un but à sa vie et il se dit : pour atteindre ce but, il faut que je supprime une existence humaine, celle d’un être méprisable et nuisible. […] Aucune des générations innombrables qui l’avaient habité dans sa période féconde n’avait soupçonné ni le point du départ, ni le point d’arrivée, ni le but du voyage. […] Ils lui reprochent volontiers de procéder sans méthode et sans but. […] Négateur des dieux qu’adorait le vulgaire, il paya de sa vie sa sage impiété : Il but la ciguë.

1631. (1890) Nouvelles questions de critique

Et, moins critique enfin, elle allait certainement bien plus droit au but que Pascal s’était proposé. […] On écrivait en vers avec son naturel, comme Marot et comme Saint-Gelais ; la poésie n’était qu’un jeu, comme la musique, ou la danse, ou l’amour ; et, tout d’un coup, voici qu’avec Ronsard, la poésie devient son propre but à elle-même, son principe, et sa fin. […] « Nous prêtons à la nature des plans d’académicien, disait-il ; la nature n’a pas de plan ; elle n’a qu’un but, qui est de créer, et elle crée, non des espèces ni des genres, mais des individus, et rien que des individus. » A quoi l’on a bien souvent répondu que, sans doute, les groupes mal faits n’existent que dans notre imagination, mais que les groupes naturels, ou bien faits, existent dans la nature ; — ce qui n’est pas répondre, puisque c’est répondre par la question même. […] Mais il n’était pas moins nécessaire qu’en proposant à l’art la sensibilité comme unique moyen d’expression du Moi, il le détournât de son but, qui n’est, après tout, que d’entretenir à sa manière, parmi les hommes, la conscience de leur solidarité. […] Mais c’était de plus lui indiquer de quelle manière il fallait qu’il s’y prit pour toucher le but qui n’était encore alors que l’objet lointain et obscur de ses ambitions.

1632. (1929) Amiel ou la part du rêve

Du passé je me tournerai vers l’avenir, et, tout humilié par celui-là, je me formerai un renouvellement de vie ; je choisirai enfin nettement ma vocation, je fixerai l’œuvre que je veux accomplir, et, de là, je construirai mes plans pour l’année prochaine et les suivantes, dirigés tous vers ce but unique… je ne resserrerai pas trop ma liberté. […] Mais il ne la possède pas. « Aucune contrainte extérieure, jouissance de tout mon temps, maître de me poser un but quelconque. […] Notre monade, en tant que pensante, s’affranchit des limites du temps, de l’espace et du milieu historiques ; mais, en tant qu’individuelle et pour faire quelque chose, elle s’adapte aux illusions courantes et se propose un but déterminé.

1633. (1927) André Gide pp. 8-126

Un incident décisif et avant-coureur de la rupture est une promenade où les deux amants marchent silencieux, préoccupés, parce que cette fois ils ont un autre but qu’eux-mêmes. […] Mais ériger son moi en critérium de certitude et en centre du monde, en développer soigneusement les particularités, ou même les bizarreries, ce n’est certes pas la bonne voie même pour arriver au but qu’on se propose.

1634. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Un but aussi est indiqué, que l’on ne touchera pas tout de suite, mais que l’on ne perdra plus de vue. […] C’est ainsi que l’enfance du talent ou du génie s’agite confusément, se disperse en apparence ou même se dissipe, mais une force intérieure ne le dirige pas moins, de traverse en traverse, à son but ; et son originalité s’enrichit de la contrariété même de ses expériences.

1635. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Cependant, au bout de toute cette rêverie sans portée et sans but, remarquez, je vous prie, que d’esprit, que de loyauté, que de bonne et facile ironie ! […] Et quand on pense qu’il y a des hommes dont toute la vie s’est usée à conduire au but une phalange d’écrivains si divers, on ne peut s’empêcher de prendre ces hommes en pitié. […] Michaud ; mais remarquez cependant, et voilà pourquoi le journal me semble immortel, en dépit même de ses excès et de ses folies, remarquez que voici trois hommes dont pas un n’a la même opinion, le même style, le même talent ; pas un d’eux ne va à son but par le même sentier. […] Il était un but, il était un rêve ! […] Tout ce qui était la marchandise avariée et sans nom, l’oisiveté béante et la promenade sans but, gargouillait dans cet espace abominable ; le musc annonçait le passage de la courtisane, la fange gardait l’empreinte de son pied.

1636. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Une vertueuse colère dépasse le but : un sourire indulgent convient et suffit. […] Et au point de vue purement littéraire, le principal but des efforts de l’école romantique était précisément la restauration du lyrisme. […] Le bonheur… Et tu ne peux l’obtenir qu’en exerçant ton corps, ce qui donne la santé, et en te fourrant dans la cervelle le moins d’idées possible, car les idées troublent le repos et vous incitent à des actions inutiles toujours, toujours douloureuses et souvent criminelles… Ne pas sentir ton moi, être une chose insaisissable, fondue dans la nature, comme se fond dans la mer une goutte d’eau qui tombe du nuage, tel sera le but de tes efforts… Le mieux est de diminuer le mal, en diminuant le nombre des obligations sociales et particulières, en t’éloignant le plus possible des hommes, en te rapprochant des bêtes, des fleurs, en vivant comme elles de la vie splendide qu’elles puisent aux sources mêmes de la nature, c’est-à-dire de la Beauté… Mais encore imbu, sans doute, d’un reste de préjugé chrétien, l’abbé Jules ajoutait : « Tu ne tueras point… » M.  […] Un incident décisif et avant-coureur de la rupture est une promenade où les deux amants marchent silencieux, préoccupés, parce que cette fois ils ont un autre but qu’eux-mêmes. […] On s’est étonné de cette formule : la Science pour la Science ; et pourtant cela vaut bien la vie pour la vie, si la vie n’est que misère, et même le bonheur pour le bonheur, si l’on ne croit pas que tous les plaisirs soient de même qualité… Toute action doit avoir un but.

1637. (1887) Essais sur l’école romantique

Tout chemine ici-bas vers un but de mystère. […] Mais j’aime trop mes croyances pour croire que je me suis servi d’elles comme d’une gymnastique d’esprit, dans un but même noble, quand il est vrai que c’est en devenant plus sérieux, plus désintéressé, plus modeste, que je me suis élevé jusqu’à elles. […] Dans ce manque de but et de résultat, dans cette parfaite inutilité, il n’y a pas seulement de sa faute ; je le reconnais. […] Elle s’est résignée à n’avoir pas de lendemain, elle a but d’une profession un métier, elle a rendu le nom de l’homme de lettres embarrassant à porter, elle a fait qu’on aime mieux passer pour un bonnetier que pour un écrivain, et qu’on n’ose dire, dès l’abord, ce qu’on fait qu’à ceux qui connaissent déjà ce qu’on est. […] Point d’idées pratiques et applicables, rien ou presque rien de la vie réelle ; nulle philosophie, nulle morale, aucun but de redressement ni de critique, de sympathie ni de satire ; point de plan, point de dessein, point d’opinions ; car nous n’appelons pas de ce nom des lieux communs d’un fond plus ou moins grave, sur lesquels le jeune écrivain a brodé de la prose en vers ; rien enfin de ce qui se rapporte plus particulièrement à la raison dans les choses de la littérature.

1638. (1925) Proses datées

N’est-ce pas dans le même but qu’un Edmond de Goncourt fonde son Académie des Dix, destinée à entretenir autour de la renommée des deux frères une vigilance de souvenir qui lui permît d’attendre le retour à l’actualité que devait lui procurer, un jour, la publication intégrale et scabreuse du fameux Journal. […] Fort du mandat qu’il s’était délivré à lui-même, il combinait savamment et sournoisement les plaisanteries qu’il exécutait avec décision et sang-froid et qui devaient, sans doute, lui donner de grandes joies intimes, puisqu’il, avait fait de leur réussite le but de sa vie. […] Elle n’a qu’un but, et elle l’a atteint pleinement et magnifiquement. […] Qu’il fût agréable à nos pères de montrer qu’ils ne ménageaient pas le terrain et qu’ils goûtaient une vue de parterres et de charmilles, cela est hors de doute, mais en agissant ainsi ils avaient un autre but.

1639. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Il ne m’est pas nouveau : je pense le connaître. » Tircis à son but croyait être, Quand la belle ajouta : « Voilà tout justement Ce que je sens pour Clidamant. » Cette rapide citation m’épargne une analyse du dernier roman de Jean Bertheroy, Sur la pente. […] Et elle recommence ; « Ni l’infini des vagues, ni l’infini des cieux… ni… ni… Car… Mais… » Elle arrive enfin aux louanges banales de la mort. — Si elle veut s’attrister à l’Hôtel des Ventes, elle passe par le cimetière, par la Morgue, par l’hôpital, par la place de la Roquette, par l’amphithéâtre de dissection, endroits insuffisamment mélancoliques pour sa fantaisie de ce jour-là, arrive bien préparée au but de sa promenade. […] Tantôt elle affirme, admirative : « Le but de l’avare n’est pas d’amasser de l’or : c’est de mettre en réserve de la puissance. » Tantôt elle dénigre : « L’avare se prive de tout, de peur d’être privé un jour de quelque chose ». […] Mais le livre a surtout un but moral.

1640. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Mon but, dans cette introduction, sera surtout d’amener tous les esprits qui daigneront me suivre à comprendre que ces Mémoires sont tout à fait d’accord, et pour le fond et pour le ton, avec ce qu’on pouvait attendre de la jeunesse de Fléchier ; qu’ils ne la déparent en rien ; qu’ils font honneur à l’esprit de l’auteur, à sa politesse, sans faire aucun tort à ses mœurs, ni à sa prochaine et déjà commençante gravité ; que dans ce léger et innocent ouvrage, il a tout simplement le ton de la société choisie où il vivait ; et qu’on ne saurait, même au point de vue de la morale et de la religion, trouver cela plus étonnant que de voir saint François de Sales ouvrir son Introduction à la vie dévote en nous narrant de la bouquetière Glycera.

1641. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Trois histoires successives, Laurette, la Veillée de Vincennes et le Capitaine Renaud, nous amènent, à travers un savant labyrinthe concentrique et par de délicieux méandres, à un but philosophique et social élevé.

1642. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Tous les biens se perdent et s’évanouissent : ce but seul est immuable.

1643. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Il y avait des buts marqués, des couronnes ; il y avait carrière.

1644. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Qu’il n’ait pas été quelquefois entraîné ainsi au-delà du but et n’ait pas un peu trop disséminé ses recherches, au point d’avoir peine ensuite à les resserrer et à les ressaisir dans son récit, je n’essaierai nullement de le nier ; mais il n’a pas moins poussé sa trace originale et vive, il n’a laissé à la paresse de ses successeurs aucune excuse ; et il ne sera plus permis après lui de faire les notices écourtées et sèches que quand on le voudra bien.

1645. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Quel but ?

1646. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

C’est au milieu de ces tristes pensées que Humboldt aborda les rivages du pays qui lui avait déjà souri dans ses rêves de jeunesse, qu’il avait adopté pour but de tous les projets de sa vie, et vers lequel il avait été si joyeux de naviguer pour y trouver l’image fidèle de la nature tropicale.

1647. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Quand tout était à exhumer, tout devait être examiné : mais aujourd’hui le but doit être de laisser doucement redescendre les neuf dixièmes des chansons de geste dans le bienfaisant oubli qui a reçu les neuf dixièmes des tragédies.

1648. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Ce « mystère », ce n’est sans doute, ce ne peut être que celui de notre destinée, de notre âme, de Dieu, de l’origine et du but de l’univers.

1649. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Sainte-Beuve écrit encore à Marceline : « … Ici, du moins, il y a tout ce qui peut adoucir, élever et consoler le souvenir : cette pureté d’ange dont vous parlez, cette perfection morale dès l’âge le plus tendre, cette poésie discrète dont elle vous devait le parfum et dont elle animait modestement toute une vie de règle et de devoir, cette gravité à la fois enfantine et céleste par laquelle elle avertissait tout ce qui l’entourait du but sérieux et supérieur de la vie… » Je suis tenté de croire, — car le même sentiment s’y retrouve, et presque les mêmes expressions, — que l’admirable pièce des Consolations : Toujours je la connus pensive et sérieuse… fut inspirée à Sainte-Beuve par le souvenir de cette charmante Ondine Valmore.

1650. (1772) Éloge de Racine pp. -

Les autres sont moins aimables, d’un effet moins sûr et moins étendu, beaucoup plus dépendantes du mérite de l’exécution, des combinaisons de l’art, et de la sagacité des juges : tels sont les ouvrages dont l’objet est plus éloigné de la classe la plus nombreuse des spectateurs, dont le but est plus détourné et plus réfléchi, dont l’intérêt nous est moins cher et nous attache sans nous transporter, dont la morale, développant de grandes et utiles vérités, et supposant des vues profondes, parle moins à la multitude, mais frappe les yeux des connaisseurs et les esprits distingués.

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