Les Anglais de 1590, heureusement fort ignorants, aimèrent à contempler au théâtre, l’image des malheurs que le caractère ferme de leur reine venait d’éloigner de la vie réelle. […] Il parle éloquemment, et il est fort goûté. […] Chez nous, tout ce qui est fort s’appelle indécent. […] » Cela est fort noble assurément ; mais comment de telles gens ont-ils l’effronterie de dire qu’ils admirent Homère ? […] Ces Mémoires sont remplis de situations fortes et nullement indécentes, que notre timide comédie n’ose reproduire.
Il est cependant fort remarquable qu’à l’époque où Anne fut accusée de conspirer avec Monsieur contre le roi, les mémoires du temps lui imputent une intrigue galante avec le duc de Buckingham, ambassadeur du roi d’Angleterre en France et son favori. Il est probable que les deux intrigues se succédèrent de fort près, si même elles ne marchèrent de front. […] « Adieu, monsieur, et pour nouvelle Les Thuileries sont fort belles. […] Jamais on ne vit tant d’aveines, De foin les granges seront pleines, Les pois verts sont bientôt passés, Les artichauts fort avancés. […] On trouve même dans une de celles qu’il écrit à Costar24, une critique du style précieux, lettre qui est fort remarquable sous sa plume.
La toux, qui depuis longtemps secouait Molière, avait fort augmenté depuis la dernière année. […] Elle est fort rare et à peu près introuvable. […] Fort honnête homme et très estimé. […] Elle était fort laide. […] Hillemacher ne donne que son portrait, qui est celui d’une femme fort jolie.
Sa religion de l’avenir lui paraît en ce moment fort menacée, et le livre qu’il publie est un cri d’alarme, mais un cri d’alarme discrètement poussé, car tout est discret dans M. […] Cousin à son image, il a toujours eu un petit bagage d’idées fort léger. […] aujourd’hui que cette philosophie court-vêtue, et en souliers plats, — et fort plats, — comme la Perrette, portant sur sa tête son pot au lait, dans la fable, — aujourd’hui que cette philosophie a une peur blême pour ce pot au lait qui va tomber peut-être, M. […] Les philosophes ne sont vraiment forts que les uns contre les autres. […] Il reste de grands poëtes, fort curieux d’abord et ensuite assez fatigants à connaître, des poëtes étranges, les poëtes de l’abstraction bien plus que des découvreurs de vérités.
Gérard n’était pas, de sa nature, assez fort pour avoir le goût de cette volupté amère de la solitude, le plus fier plaisir des âmes fortes. […] Il était riche, ou du moins il avait assez pour ne pas craindre ce cruel baiser de la misère qui est une morsure dont les faibles meurent, mais qui fait regimber jusqu’au ciel un homme vraiment fort ! […] Gérard de Nerval, comme Edgar Poe, aimait les livres singuliers, bizarres, biscornus même à force de bizarrerie, les livres qui troublent l’entendement plus qu’ils ne l’éclairent, et qu’une raison forte laissera toujours à ses pieds. […] Dans l’ordre intellectuel, il ne fut réellement rien de fort ni même d’assez charmant pour faire oublier son manque de force. […] Il a cependant des qualités poétiques et prosaïques ; mais dans un médium fort modeste.
Mahaffy est vraiment fort agréable. […] Mahaffy aura peut-être pour résultat d’attirer l’attention sur une période fort importante et fort intéressante de l’histoire de l’Hellénisme. […] Caro s’est fixées, on ne saurait dire qu’il soit un critique fort heureux, fort pénétrant. […] Tout cela est fort bon, fort juste. […] Walter Crane fut fort intéressante et fort instructive.
Jules Lemaître L’Illusion est vraiment un fort beau livre, plein de tristesse et de sérénité. […] Jean Lahor a évité cet écueil par un très bon moyen qui n’est pas à la portée de tout le monde, et qui consiste tout simplement à être pénétré et convaincu de ce qu’il dit… Je crois qu’on avait rarement traduit Schopenhauer en vers d’une façon aussi précise et aussi forte. On voit assez que l’œuvre de Jean Lahor, de l’épicurisme nous ramenant au stoïcisme par le grand et beau détour de la contemplation désintéressée, est, quoi qu’on en puisse penser au point de vue de la dialectique rigoureuse, un très grand et très séduisant voyage, fécond en fortes pensées, et du reste d’une majestueuse pensée… Je quitte à regret le recueil de Jean Lahor. C’est une œuvre forte, brillante et variée, vigoureusement pensée et le plus souvent d’un très grand style.
Et cette passion si chaste, si discrète, si forte et émouvante néanmoins ! […] Il y avait donc les mâles, forts et garnis d’une épaisse toison. […] Il était venu à Paris fort jeune. […] C’était une femme gracieuse et fort riche. […] Le poète était là, au milieu d’invités, pour la plupart fort riches.
Et c’est pourquoi, le désaccord étant complet entre ce personnage et la besogne que Molière a dessein de lui faire accomplir, voici surgir, chemin faisant, un second Tartuffe, fort différent du premier. […] La conclusion, c’est que le comédien est fort embarrassé. […] Une première remarque à faire, et très importante, c’est que Tartuffe, tout le temps que nous le voyons en personne, est, à fort peu de chose près, cohérent, harmonieux, d’accord avec lui-même. […] Et puis, n’oubliez pas que les gens du dix-septième siècle ne mangeaient pas fort proprement : ils prenaient la plupart des viandes avec leurs doigts, s’essuyaient les mains à la nappe, jetaient les os par-dessus leur épaule. […] Les finesses y eussent été fort inutiles.
Cette nouvelle le rendit fort mélancolique pendant deux jours ; puis il dissimula, mais pas aussi bien qu’il le lit plus tard. […] Cet écran est d’une grandeur médiocre : du côté du tableau, c’est Madame Royale peinte en miniature, très ressemblante, environ grande comme la main, accompagnée des Vertus, avec ce qui la fait reconnaître : cela fait un groupe fort beau et fort charmant. Vis-à-vis de la princesse est le jeune prince, beau comme un ange, d’après nature aussi, entouré des Grâces et des Amours ; cette petite troupe est fort agréable. […] Jamais maladie n’était venue plus à point pour le jeune duc qui, malgré son secret désir, en semblait fort contrarié. […] L’ambassadeur portugais partit, de guerre lasse, fort mécontent et exhalant son mépris.
« Écoutez, consultez votre Conseil, mais décidez. » Toute cette suite d’avis et de vues, proposés d’abord par le maréchal de Noailles au roi en plusieurs Mémoires ou lettres développées, est à la fois fort sensée et fort noble, donnée dans un assez beau langage, qui a de l’ampleur et sent son Louis XIV. […] Il fut fort question de cela pendant l’année 1743 ; mais il y avait encore à choisir l’instant et à préparer cette entrée en scène. […] Je garderai le secret que vous m’en demandez ; mais le tout est déjà public, et peut-être même plus enflé qu’il n’est, car vous savez qu’en ce pays l’on y va fort vite, soit d’une façon, soit d’une autre. […] Preuss, le digne éditeur des Œuvres complètes de Frédéric, a publié à cette occasion un fort bon article dans la Revue pour servir à l’histoire de Prusse. […] Le gros de ces jugements est fort sain.
Je la maintiens même fort ressemblante à titre de nature parisienne, dût M. […] Scribe au Gymnase était celui des dix dernières années de la Restauration, monde depuis fort dérangé. […] Si M. de Schlegel prisait si fort le Solliciteur, nous avons vu M. […] Scribe comprit, avec son tact rapide, qu’il y avait une nouvelle veine, et plus forte, à exploiter. […] Le fort du spectacle est ailleurs.
Cependant la fièvre se soutint dans la nuit avec assez de force, il y eut même de l’augmentation ; les douleurs de tête devinrent plus fortes, et nous apprîmes à huit heures du matin qu’on allait saigner le roi. […] Peut-être lui fit-il le danger moins fort qu’il ne me l’avait fait ; mais il m’a toujours assuré lui avoir dit, à cette première visite, qu’il n’y avait préparation qui tînt, et que l’inquiétude de tout ce qui s’intéressait au roi devait être fort considérable. […] M. d’Aumont même se recordait à cet avis, car M. de Bouillon parlait plus fort, et c’est toujours ce qui entraîne les sots. […] J’aurais dès lors été fort effrayé de l’état du roi si j’avais pris quelque intérêt à la conservation de ses jours. […] Bordeu y était monté dans la matinée, et avait fort effrayé la maîtresse.
Gonod, l’honorable éditeur, qu’il devenait à craindre qu’il ne se décidât point à donner une seconde édition fort désirée. […] Tout y est du sujet, et le sujet sublime de soi n’y est du tout point ravalé par les expressions fort latines, et par les nombres fort soutenus et fort arrondis. […] la sage Mme de Caumartin trouvait cela fort bon chez le précepteur de son fils ; Mme de Sablé, l’oracle de la justesse et censée convertie, si on lui prêta ensuite la relation à lire (comme il est bien probable), n’y trouvait pas à redire. […] On voit de l’autre les montagnes d’Auvergne fort proches, qui bornent la vue si agréablement, que les yeux ne voudraient point aller plus loin, car elles sont revêtues d’un vert mêlé qui fait un fort bel effet, et d’ailleurs d’une grande fertilité… Fléchier en chaque occasion aura de ces descriptions de la nature, descriptions un peu maniérées et qui empruntent volontiers aux choses des salons, au cristal, à l’émeraude, à l’émail, leurs termes de comparaison et leurs images : toutefois, sous l’expression artificielle, on retrouve un certain goût et un sentiment fleuri de la nature. […] On était alors au plus fort de la querelle religieuse ; il n’y avait pas dix ans que Les Provinciales avaient paru : Fléchier, on le sent, les a beaucoup lues, et son ironie en profite ; mais il garde son jugement libre, et il se moque doucement des deux partis.
Il protestait que ce livre n’avait jamais fait sur lui, en l’écrivant, de mauvaises impressions, et il ne comprenait pas qu’il pût être si fort nuisible aux personnes qui le lisaient. » Je le crois ; il l’avait fait trop naturellement pour y voir du mal. […] Un petit mot de son éclair fuyant leur dévoile tout un tableau ou tout un caractère ; une clarté prolongée et forte émousserait leur regard. […] Il reconnaît que Jupiter à « mis deux tables au monde ; que l’adroit, le fort, le vigilant sont assis à la première, et que les petits mangent leurs restes à la seconde. » Bien pis, le plus souvent les petits servent de festin aux autres. […] Jean-Jacques disait fort justement qu’il prend souvent pour héros les bêtes de proie, et qu’en faisant rire aux dépens du volé, il fait admirer le voleur. […] Un mari fort amoureux, Fort amoureux de sa femme… 20.
Les causes extérieures de différenciation individuelle dans le caractère et dans le vouloir sont fort nombreuses. […] Il y a des volontés fortes et des volontés faibles, des volontés réfléchies et lentes ; d’autres rapides et explosives : il y a des volontés brutales et violentes ; d’autres souples et insinuantes31. […] « Chacun, dit Nietzsche, se tient pour libre là où son sentiment de vivre est le plus fort ; partant, tantôt dans la passion, tantôt dans le devoir, tantôt dans la recherche scientifique, tantôt dans la fantaisie. Ce par quoi l’individu est fort, ce dans quoi il se sent animé de vie, il croit involontairement aussi que cela doit être aussi toujours l’élément de sa liberté ; il met ensemble la dépendance et la torpeur ; l’indépendance et le sentiment de vivre comme des couples inséparables […] « Les grèves, dit-il, ont engendré dans le prolétariat les sentiments les plus nobles, les plus profonds, et les plus moteurs qu’il possède. » Les vertus chevaleresques du prolétariat sont sans doute fort exagérées par M.
Cette lutte remplit la pièce ; c’est la pièce tout entière ; on ne s’en lasse point, tant cette image de la vie est forte et attachante. […] Jamais notre passion n’est si forte que nous ne sentions quelque chose qui y résiste : aujourd’hui un avertissement, demain un remords. […] Comment faire que ce devoir soit assez fort pour balancer la passion, où tout est si naturel, et qui s’est formée de convenances si invincibles, la jeunesse, la gloire, la beauté ? […] Le devoir n’y est peut-être pas au-dessus de notre vertu, ni la passion plus forte que notre cœur. […] Son penchant fut toujours plus de ce côté ; et, quoique fort occupé des doctrines d’Aristote, il suivit bien plus les exemples de Lope de Véga que ceux de Sophocle.
Je le dis franchement, moi aussi, je trouve « leurs bouquins très forts ». […] Elle est, au commencement, fort tranquille et parfaitement équilibrée. […] On dira : Voilà un exercice fort inutile ! […] D’autres trouvent cela fort curieux. […] Renée Mauperin, tout au moins, en serait fort capable.
Le 12 juin, elle lui écrit ce qui suit : « Madame de Montespan continue son bâtiment ; elle s’amuse fort à ses ouvriers. […] La seule différence, c’est qu’on joue dans ces grands appartements que vous connaissez. » (Cette différence était fort grande pour les relations d’intimité.) « Nous avons fort causé à Pomponne. […] ) s’apercevant que le dessous des cartes (le trop d’amitié du roi pour cette glorieuse et la jalousie de madame de Montespan) se découvre, affectent fort de rire et de tourner cela en plaisanterie. » Il eut été, en effet, de fort mauvais goût que des amies de madame de Maintenon consentissent à regarder les préférences marquées par le roi à la gouvernante comme des avances sérieuses et pressantes : c’était chose fort convenable d’affecter d’en rire comme d’une plaisanterie sans conséquence. […] On dit qu’elle n’est plus si fort l’admiration de tout le monde, et que le proverbe a fait son effet en elle ; mon amie de Lyon (madame de Coulanges) m’en paraît moins coiffée.
Delacroix est plus fort que jamais, et dans une voie de progrès sans cesse renaissante, c’est-à-dire qu’il est plus que jamais harmoniste. […] — nous sommes en 1845 — nous craignons fort que Schnetz en fasse encore de semblables en 1855. […] Matout connaît trop bien son affaire, et qu’il a trop ça dans la main — Indè une impression moins forte. […] C’est certainement fort joli, fort élégant, et d’une très-bonne couleur. […] Saint-Jean est d’un fort vilain aspect, — c’est monotonement jaune. — Au total, quelque bien faits qu’ils soient, les tableaux de M.
Elle avait été fort jolie dans sa jeunesse et aimait tendrement son mari. […] Je répondis que j’étais fort sensible à l’honneur qu’elle me faisait. […] Il était né en Flandre, fort joli et bien proportionné dans sa petitesse. […] Je la vois fort rire, quand j’ai l’honneur d’être avec elle. […] Sur de si grands crimes, sur des accusations si graves, et d’après de simples soupçons ou même de fortes vraisemblances, on n’ose prononcer.
Une sœur de la défunte, une autre infante, était fort proposée par un parti influent : mais une telle union eût choqué la délicatesse publique ou même la religion du roi. […] Dans un post-scriptum essentiel il s’empresse d’ajouter que les frères Paris (Montmartel et Du Verney) l’ont fort aidé dans toute cette affaire, à la fois comme amis de la favorite et comme ayant tout pouvoir sur l’esprit de la reine, dont eux-mêmes dans le temps ils ont fait le mariage : « Ce sont, dit le maréchal, deux personnages qui ne veulent point paraître et qui, dans le fond, sont fort considérables dans ce pays-ci, parce qu’ils font mouvoir toute la machine. […] Je me flatte que cette proposition ne déplaira ni à la princesse, ni à Votre Majesté, car, en vérité, monseigneur le Dauphin est un fort bon parti, et je voudrais vivre assez de temps pour voir notre divine princesse reine de France. […] Le duc de Luynes, un très bon esprit et qui est fort à consulter à son sujet, nous raconte une conversation de lui qu’il tenait d’un tiers digne de foi. […] Or la société moderne française est loin de là: les sommités officielles d’un état dit égalitaire et démocratique se montrent fort jalouses de ce même titre qui faisait les rebuts de la cour de Louis XV.
Élève de l’École normale, fort en grec, fort en vers latins, fort en thème, fort en tout, à peu près aussi muni de diplômes qu’il se puisse, ce nourrisson de l’Université débute par un livre de vers où il célèbre les mendiants, les escarpes et les souteneurs, et où « les bornes de l’austère pudeur » sont passées à fond de train. […] Notez que la plupart des poètes parnassiens (à plus forte raison les bons « symbolistes ») considèrent M. […] Richepin, il y a fort à parier qu’on dirait tout d’abord, en lisant ses livres : — Hum ! […] La forte culture classique de M. […] Cela ne m’empêche pas d’admirer fort les Blasphèmes.
Il paraît bien (remarquez que je parle d’autant plus hardiment de lui que je n’ai nullement l’honneur de le connaître), il paraît bien, dis-je, qu’il était fort joli garçon, digne de ses charmantes sœurs, un bel Alsacien, très blond. […] J’en ai gardé encore une forte oppression de poitrine. […] Je n’ai jamais rien trouvé de si vide que la gloire, et à plus forte raison ma gloriette à moi. […] Je sens bien qu’il est resté fort au-dessous de ce qu’il pouvait être, mais il me paraît en même temps s’être élevé fort au-dessus de tous ses contemporains. […] En littérature même, il me semble fort supérieur à toute l’Académie qui le jugeait.
L’homme idéal, celui qui viendra à la fin des temps, comme il saura et concevra également toutes choses, n’aura sans doute presque plus de personnalité intellectuelle ; et il n’aura que des passions, des vices et des travers fort atténués. […] Elle est fort systématique et singulièrement partiale et incomplète ; mais comme l’esprit de M. […] Mais, ou je me trompe fort, ou M. […] Ce culte est ici fort légitime, Stendhal ayant manié avec plus de sûreté, de finesse, de hardiesse et de suite qu’aucun autre écrivain, l’instrument dont s’est servi M. […] Je me disais : Quel faible roué que cet homme qui s’imagine être si fort !
Jean-Jacques Rousseau usa fort de ce miroir-là, et le passa aux femmes de son temps. […] Sa frêle machine était déjà fort en train de s’altérer et de se détruire. […] La corruption de tous les temps se ressemble fort, à la voir au fond, mais elle diffère de forme, de ton et de costume. […] Je ne serais pas en peine d’elle, si elle était aussi forte qu’elle est courageuse. […] C’était là, sans nul doute, un travail fort délicat ; mais M.
La reine-régente était fort sollicitée alors de faire acte de sévérité contre la pécheresse. […] Clarice est donc de fort belle taille et d’une grandeur agréable, capable de plaire à tout le monde par un certain air libre et naturel qui lui donne bonne grâce. Elle a les cheveux du plus beau châtain qu’on ait jamais vu, le visage rond, le teint vif, la bouche agréable, les lèvres fort incarnates, une petite fosse au menton, qui lui sied fort bien, les yeux noirs brillants, pleins de feu, souriants, et la physionomie fine, enjouée et fort spirituelle… Pour de l’esprit, Clarice en a sans doute beaucoup, et elle en a même d’une certaine manière dont il y a peu de personnes qui soient capables, car elle l’a enjoué, divertissant, et commode pour toutes sortes de gens, principalement pour des gens du monde. […] On a fort abusé depuis du mot distingué ; nous le saisissons ici à son origine, ou du moins dans son acception la plus récente. […] L’abbé Fraguier l’a également peinte en une page fort juste ; et l’abbé d’Olivet (bon Dieu !
Mais le cardinal de Richelieu, qui s’inquiétait de l’entourage de la jeune reine, et qui voulait lui couper les communications avec l’Espagne, éloigna cette jeune enfant : ce dont Anne d’Autriche se plaignit fort. […] Elle avait les plus beaux cheveux du monde : ils étaient fort longs et en grande quantité, qui se sont conservés longtemps sans que les années aient eu le pouvoir de détruire leur beauté. […] Un jour elle conduisait le jeune roi au Parlement (septembre 1645) : Elle mit des pendants d’oreilles de gros diamants, mêlés avec des perles en poire fort grosses. […] J’ai vu de ses portraits, qui étaient faits du temps de sa beauté, qui montraient qu’elle avait été fort aimable, et, comme sa beauté n’avait duré que l’espace du matin et l’avait quittée avant son midi, elle avait accoutumé de maintenir que les femmes ne peuvent plus être belles passé vingt-deux ans. […] Quand la comédie italienne s’introduisit sous les auspices de Mazarin, elle se plaisait peu à ces pièces en musique : « Ceux qui s’y connaissent, disait-elle, les estiment fort ; pour moi, je trouve que la longueur du spectacle en diminue fort le plaisir, et que les vers, répétés naïvement, représentent plus aisément la conversation et touchent plus les esprits que le chant ne délecte les oreilles. » Tout cela sent un esprit juste, un cœur noble plutôt que disposé à la tendresse ou à la passion.
Ceux qui aiment avec passion les fortes individualités exprimeront peut-être ce regret. […] Et de là il résulte, entre autres conséquences fort graves, que la notion du devoir où il nous invite ne nous paraît nullement nécessitée par la conception de l’univers qu’il nous propose d’après les sciences naturelles. […] Je ne crois pas qu’il y ait dans l’histoire littéraire un exemple de disciples différant de leur maître aussi fort que diffère de M. […] Je crois qu’il vient de mourir sans s’être rendu un compte fort exact du cul-de-sac où nous a menés la forte impulsion qu’il nous donna sous le Second Empire, — de 1848 à 1875, car c’est là, ce me semble, la période philosophique où il faut le situer.
Les années 1677 et 1678 ne présentent que la continuation, à la fin très monotone, des mêmes alternatives de refroidissement et d’ardeur entre le roi et madame de Montespan ; de galanteries entre le roi et quelques femmes de la cour ; et au milieu de ces aventures d’un genre fort commun, le progrès lent, très peu dramatique, très peu sensible de l’empire que madame de Maintenon prenait sur l’esprit du roi, par la sagesse, la convenance, le charme de sa conversation121. […] Elle vivait fort mal avec madame de Montespan, qui, par les lettres qu’elle écrivait au roi, réussissait toujours à regagner, non son cœur, mais sa faveur. […] Le lendemain, le roi dit à Marsillac, qui était à la messe de la veille, qu’il était son espion ; de quoi Marsillac fut fort embarrassé. […] On dît qu’il ne reviendra pas sitôt, et qu’il pourrait bien aller en Poitou, car Sa Majesté lui accordera son congé fort librement122. » On voit par les lettres de madame de Sévigné que le roi, après avoir disgracié Marsillac, craignant le ressentiment de son impérieuse favorite, sacrifia madame de Ludres qui lui plaisait. […] « Quand la débauche et le dévergondage sont poussés à un certain point de scandale, je suis persuadée, dit madame de Sévigné, que cet excès fait plus de tort aux hommes qu’aux femmes. » Elle s’exprime ainsi à l’occasion d’un marquis de Thermes qui l’avait fort assidûment visitée aux eaux de Vichy et qui n’osa la revoir à Paris, étant là sous le joug de la maréchale de Castelnau, sa jalouse maîtresse, qui avait si bien renoncé aux bienséances, que, malgré son veuvage, elle ne prenait pas la peine de cacher ses grossesses… Mais laissons Thermes sous sa férule », dit-elle en finissant ; « il y aurait encore bien des choses à dire d’une autre vieille férule qui ne fait que trop paraître sa furie ».
Le déjeuner fut fort gai. […] Il buvait de la bière et fumait une forte pipe. […] Ses dîners et ses soirées étaient fort courus. […] Ces réunions étaient fort nombreuses et fort animées, et ce fut à l’une d’elles que je fis la connaissance d’Alfred Jarry. […] L’illustre poète prit fort mal ce procédé.
Mathieu de Montmorency avait été aussi fort touché, quoiqu’elle n’eût jamais été belle. Tout au commencement, avant sa dévotion, du temps de l’Assemblée constituante, il s’était montré fort épris ; mais elle avait alors son goût déclaré pour M. de Narbonne. […] Elle accourt à l’auberge et est reçue par Mme de Constant qu’elle traite fort mal en apprenant le mariage : ce qui l’impatiente le plus dans cette entrevue, c’est la fadeur allemande de cette personne à sentiments, qui ne savait que répéter à satiété : « C’est que Benjamin, voyez-vous, est si bon ! […] Tout à coup on vient apprendre à Mme de Staël et à lui que sa femme s’est empoisonnée ; Mme de Staël y court et trouve une femme sur son canapé, qui se croit empoisonnée plus qu’elle ne l’est : scène ridicule. — Les scènes que Mme de Staël n’épargnait pas vers ce temps à Benjamin Constant, la honte qu’elle lui faisait de ce mariage, l’idée qu’elle supposait à l’Europe et à l’univers lorsqu’on apprendrait cet éclatant divorce de leurs célèbres personnalités, tout cela était tel et agissait si fort sur la tête nerveuse de Benjamin Constant, qu’il y avait des moments où il s’estimait un monstre aux yeux de la terre : « Quand je rentre dans Paris, disait-il sérieusement, je lève les glaces de ma voiture, de peur d’être montré au doigt. » Mais le scepticisme reprenait vite le dessus. — Cependant Mme de Staël avait bien ses distractions aussi, son cercle d’adorateurs, M. de Schlegel, M. de Sabran, M. de Barante… ; elle aimait beaucoup ce dernier, dont elle avait mis quelques traits et quelques situations dans Oswald ; mais il dérivait un peu vers Mme Récamier… En mourant, elle ne témoigna aucun retour vif à Benjamin Constant qu’elle voyait pourtant tous les jours.
Andrieux professa au collège de France, comme, depuis plusieurs années déjà, il professait à l’intérieur de l’École Polytechnique, et ses cours publics, fort suivis et fort aimés de la jeunesse, devinrent son occupation favorite, son bonheur et toute sa vie. […] Andrieux a fait, avec un talent qui pouvait sembler de médiocre haleine, ce que bien des talents plus forts ont trouvé trop long et trop lourd ; il a fourni une carrière non interrompue de dix-huit années de professorat ; et, comme il le disait lui-même à sa dernière leçon, il est mort presque sur la brèche. […] Andrieux a fait preuve d’une constante fermeté qui ne s’est jamais démentie, soit au fort de la Révolution où il se maintint par d’excès, soit au sein du Tribunal où il lutta contre l’usurpation despotique et mérita d’être éliminé, soit enfin durant le cours entier de la Restauration ; sa délicatesse un peu frêle et son aménité extrême furent toujours exemptes de transactions et de faiblesse sur ce chapitre du patriotisme et des principes de 89106. En somme, ce fut un honorable caractère, et plus fort peut-être que son talent ; mais ce talent lui-même était rare.
Il chanta sur le même théâtre plusieurs jours de suite, et ne négligea point pour son succès les précautions aujourd’hui si fort usitées. […] Est-ce parce qu’ils ont tous deux l’âme assez noble, assez forte pour immoler à l’honneur et au devoir la plus violente des passions ? […] Cependant l’abbé a tort de dire que, lorsque La Fontaine voulut faire des comédies, le sifflet du parterre demeura le plus fort ; cela est trop fort, et le Florentin resté au théâtre est une preuve du contraire. […] Ce fait pouvait seul fournir la matière d’un drame en un acte, fort intéressant et fort supérieur à cet amas de conversations ennuyeuses, de fables puériles, où il n’y a ni sel ni enjouement. […] Ce pauvre Boursault se fit une réputation d’esprit fort, quoiqu’il fût presque aussi dévot que son fils le théatin.
Qu’il se fasse prêtre, soldat, ou greffier d’une justice de paix, pour l’intérêt que nous y prenons, cela est fort indifférent. […] Ils veulent remonter le courant du siècle, et le siècle les emportera : il est plus fort qu’eux. […] Votre âme était assez forte, à elle seule, pour vous sauver. […] Fort heureusement Victor Jacquemont a tout cela. […] « Enfin, dit Jacquemont dans une piquante lettre qui résume son séjour à Cachemyr et son expédition dans le Punjaub, j’ai été pendant huit mois un fort grand seigneur, fort riche, fort magnifique, fort bienfaisant, et moyennant cela aussi pauvre aujourd’hui qu’avant ce singulier voyage.
Il ne suffit pas que je dise : Ce jambon est fort bon ; je le trouve fort bon ; n’est-il pas en effet le meilleur du monde ? […] Il est dangereux de prononcer ce mot ; il est fort grave de croire à la chose. […] Il est vrai que, pour le Chevalier, la critique n’est pas une chose fort sérieuse. […] Richter a trouvé une fort belle métaphore pour rendre la même idée. […] j’en suis fort aise : Eh bien !
Les petits poëmes sont fort nombreux. […] Daunou, à laquelle je me range pleinement, il s’y rencontre fort peu de ces traits vifs et naïfs qui donnent tant de prix à ce genre, que la diction en soit fort obscure, les détails à peine indiqués, et la moralité verbeuse. […] Il imagine un trait fort piquant : c’est de faire donner raison à l’Université par un moine mendiant. […] Mais les assiégés sont les plus forts, et le dieu d’Amour envoie demander du secours à sa mère. […] Villon lui-même y fut admis ; fort heureusement il ne s’y affadit pas.
S’il ne trouve rien de plus fort contre mes passions que le consentement passager que lui donne ma raison naturelle, au moment où il développe des maximes que j’ai déjà lues dans les livres, je risque fort de garder mon mal. […] Logique sublime, qui tire de son impuissance même ses plus fortes preuves ! […] La plus forte vient avant la plus faible, et la même se reproduit plusieurs fois sous des mots différents. […] Il ne rend pas la morale plus pratique ; il l’accommode à la pratique de son siècle, ce qui est fort différent. […] Il est trop ému des défauts de Corneille, et surtout do cette grandeur outrée qu’il a fort raison de distinguer de la vraie.
Ces dames, qui se recherchent si exactement les unes les autres, sont aussi fort recherchées des sociétés de la capitale. […] À des articulations fortes, et à des diphtongues éclatantes, il substitua la mollesse des élisions et la monotonie des voyelles simples. […] Mais cela ne regarde que quelques-unes des précieuses, car il y en a qui ne se mettent pas tant à tous les jours. » Mademoiselle de Montpensier les représente dans la société des gens du monde, comme « fort sottes et fort niaises quand elles y sont seules de leur genre, comme fort insolentes quand elles y sont plusieurs. […] Sa ruelle devint pour le parti le centre de ralliement, l’école normale, le château fort des précieuses de mauvais goût. […] Les inventeurs de ce système ont eu deux prétentions fort bizarres : la première, de donner de l’esprit à Molière dans sa préface, et la seconde, de lui ôter tout celui qu’il a mis dans sa pièce.
C’est une épigramme tout à fait à la grecque, mais la similitude de l’image reste frappante : Constiteram exorientem Auroram forte salutans, Quum subito a læva Roscius exoritur. […] Voilà certes Larivey fort rabaissé comme ancêtre de Molière ; il lui reste l’honneur d’avoir été l’un des bons artisans du franc et naïf langage. […] On s’est fort occupé de Marguerite dans ces derniers temps, et les publications réitérées dont elle a fourni le sujet l’ont de plus en plus mise en lumière. […] Historiquement, je l’ai dit, elles ont leur intérêt et même leur importance ; au point de vue littéraire, je doute fort qu’elles ajoutent beaucoup à la réputation de François Ier. […] Cigongne contient aux dernières pages une pièce qui rappelle un peu, pour le motif, la chanson de l’Arioste, mais qui va fort au-delà ; elle trouverait sa vraie place dans un Parnasse satyrique.
Ces lettres ne nous apprennent rien sur ceux à qui elles sont écrites, fort peu de chose sur celui qui les écrit. […] Les plus fortes laissent des impressions plus durables ; mais le tout demeure à la surface de l’esprit. […] Il est fort probable que ces portraits n’ont pas été faits en une fois. […] Il est des écrivains qui se rendent plus forts et plus agréables en se corrigeant. […] Grands seigneurs tous les deux, et fort entêtés de leurs titres, l’orgueil de la naissance est au fond de leur opposition.
Non, ce n’est point l’émétique, dont il n’a pris que très peu, qui a décidé la guérison, dit-il : « Ce qui a sauvé le roi, ç’a été son innocence, son âge fort et robuste, neuf bonnes saignées, et les prières des gens de bien comme nous, et surtout des courtisans et officiers qui eussent été fort affligés de sa mort, particulièrement le cardinal Mazarin. » La phrase de Gui Patin, commencée avec sérieux, tourne vers la fin en raillerie ; mais ces prières des gens de bien sont sérieuses, et lui-même il a fait la sienne. […] Il prétend leur opposer « la résistance forte et généreuse des gens de bien », absolument comme Pascal opposait les principes d’un christianisme sévère à la morale relâchée des casuistes et directeurs complaisants. […] M. de Lamoignon, fort jeune alors, était tellement du parti de Pompée, qu’il témoigna de la joie à Gui Patin de l’en voir également. […] La sensibilité de Gui Patin a été contestée : il en avait pourtant comme en ont ces natures fortes et ces vies sobres : il ne s’agit que de toucher en elles les vraies cordes. […] Talon est un fort homme de bien, de grand jugement, et d’un esprit fort pénétrant, le plus beau sens commun qui ait jamais été dans le Palais, qui a le mieux pris une cause, et qui y a le plus heureusement rencontré, aux conclusions qu’il y a données.
On était alors, en Allemagne, au plus fort de la controverse homérique. […] Il y parlait peu, je l’ai dit, mais ce peu était fort écouté. […] Une place plus élevée vous eût-elle trouvé bien fort ? […] Le fort de son mérite, c’est comme philologue. […] La note, notula, était son fort et son triomphe ; la note courte et vive, bien amenée, bien touchée, s’arrêtant au moment où la dissertation commence.
Ce passage est assez peu connu, et jette assez de jour dans l’âme de Racine, pour devoir être cité tout au long : « Il y a ici une demoiselle fort bien faite et d’une taille fort avantageuse. Je ne l’avois jamais vue qu’à cinq ou six pas, et je l’avois toujours trouvée fort belle ; son teint me paroissoit vif et éclatant ; les yeux, grands et d’un beau noir, la gorge et le reste de ce qui se découvre assez librement dans ce pays, fort blanc. […] Enfin je voulus voir si je n’étois point trompé dans l’idée que j’avois d’elle, et j’en trouvai une occasion fort honnête. […] Néanmoins je ne demeurai pas, et elle me répondit d’un air fort doux et fort obligeant ; et, pour vous dire la vérité, il faut que je l’aie prise dans quelque mauvais jour, car elle passe pour fort belle dans la ville, et je connois beaucoup de jeunes gens qui soupirent pour elle du fond de leur cœur. […] Mais je m’en tiens au brûlé de plus de feux : c’est une fort jolie trouvaille.
Il riait beaucoup et fort désagréablement. Il avait le génie admirable, et particulièrement pour la guerre : le jour du combat, il était fort doux à ses amis, fier aux ennemis ; il avait une netteté d’esprit, une force de jugement et une facilité sans égale. […] Il avait de la bonté et de la tendresse pour ses amis, et, comme il était persuadé que je l’aimais fort, il m’honorait d’une affection très particulière. […] Cet exorde, d’une modestie toute cavalière, réussit fort. […] [NdA] Une simple remarque résume les goûts littéraires un peu gâtés de Bussy : il aimait fort Ovide, il n’avait pas lu Horace, et il s’amusait, dans l’extrême vieillesse, à traduire un petit conte latin et libertin du poète Théophile.
Je reviendrai fort dans la suite sur ce dernier point. Il serait trop long d’essayer à faire comprendre pourquoi son père, le marquis de Mirabeau, envoyait ainsi, de château fort en château fort, son fils déjà marié, père de famille lui-même, capitaine de dragons, et qui s’était distingué dans la guerre de Corse. […] Sa déclaration me parut très ridicule, et les motifs dont il l’appuyait fort odieux. […] Une absence peut-être éternelle m’affligerait cruellement et me rendrait fort malheureuse. […] ordre fut donné par lui au prisonnier de rentrer dans son fort.
L’œuvre a paru brutale en son temps ; dans l’ensemble, elle n’est que forte et triste. […] Il a fait ce qu’il voulait, et cette œuvre, en son éclat étrange, est forte comme Madame Bovary. […] Dans son écriture, comme on dit, un peu hâtive, trop voisine parfois des documents du calepin, c’est là vraiment une œuvre forte. […] Je ne puis que nommer rapidement les principaux écrivains qui ont donné des œuvres agréables ou fortes, m’attachant de préférence aux originalités représentatives d’un groupe ou d’une tendance. […] Fort comme la mort (1889), Notre cœur, etr., en tout 8 vol., Ollendorff, in-18. — A consulter : F.
Pauvres hommes, en qui si peu d’années de plus ou de moins déplacent si fort l’importance des points de vue, et qui se souviennent si inégalement des mêmes choses, selon la diversité des âges ! […] Il était trop mal fait pour se faire une intrigue d’amour dans une cour où cette passion régnait fort : il se jeta tout à fait du côté des affaires. […] Il a fort à faire pour cela : cette petite cour est un nid d’intrigues. […] Je répondis d’un air fort sérieux que je venais lui parler de sa part ; ensuite je la pris en particulier, et je lui dis les ordres que j’avais. […] À la mort de sa mère, pourtant, le jeune prince eut comme un éclair de zèle et d’ambition, et il s’en ouvrit à Cosnac, qui l’y encouragea fort.
Son esprit était-il donc si fort au-dessous de sa volonté et de son caractère ? […] La politique et la guerre sont pour lui un jeu savant, un jeu d’échecs où il s’agit d’être le plus habile et le plus fort. […] Une expédition sur mer n’était pas non plus un moyen sûr de l’atteindre et de la frapper : c’était l’attaquer par son côté fort. […] Ce contre-temps fâcheux déconcerta si fort Montbas qu’il ne songea plus qu’à la retraite du côté d’Arnheim. […] Le pays n’est que prairies assez basses, fermées de watergans, c’est-à-dire fossés, ou de haies vives, et chaque particulier a sa barrière pour entrer dans son héritage ; ce terrain était, par conséquent, fort favorable à l’infanterie.
Bailly avait présenté au roi les clefs de la ville, en lui faisant un petit discours très respectueux, fort bon, auquel le roi répondit qu’il se verrait toujours avec plaisir et confiance dans sa bonne ville de Paris. […] C’était à Saint-Cloud, il y a quatre jours ; le roi était auprès de moi et a été fort content de Mirabeau, qui lui a paru de la meilleure foi et tout à fait dévoué ; on croit tout sauvé. […] Il est fort douteux, malgré tout, que le plan de celui-ci eût jamais pu réussir. […] Il aura fort à faire avant que nous ayons repris en lui confiance… Comment faire goûter ses avis, quand d’un autre côté on donne dans les excès incendiaires ? […] Voilà ce que le roi ne voudra pas croire ; je l’ai vu hier fort irrité.
La gouvernante est une Irlandaise fort instruite, qui joue de la harpe au clair de la lune, mais protestante, disgracieuse de toute sa personne, et fort laide. […] Sibylle, qui a en elle de la fée, aime fort à courir seule les bois : la rencontre qu’elle y fait d’un jeune peintre qui a nom Raoul et qu’elle surprend à dessiner un de ses sites favoris, la Roche-Fée, est un des événements de son enfance. […] Pendant la nuit qui précéda ce jour, un rossignol, qui chantait habituellement dans les bois de Férias, s’exalta fort et redoubla de trilles merveilleux ; il essayait de lutter avec des sons de harpe extrêmement mélodieux qui s’envolaient par une fenêtre entr’ouverte du château. » Ne dirait-on pas d’une légende de saint François d’Assise ? […] Sibylle venue à Paris, chez ses grands-parents maternels, y voit le monde, soupçonne, sans y entrer, le tourbillon de la capitale et le-juge très-bien ; elle écrit là-dessus de fort jolies pages. […] L’ancien Raoul, le mystérieux personnage d’il y a dix ans, le dessinateur de la Roche-Fée, que Sibylle n’avait jamais oublié, qu’elle retrouve après des voyages, noble, riche, maître de sa fortune, et qu’elle se met sérieusement à aimer, est fort lié avec un savant, Gandrax, au nom revêche, et dont M.
Despréaux : il l’a marqué plus que jamais durant sa dernière maladie, et il a affronté la mort avec une audace toute chrétienne, quoiqu’il eût été toujours fort timide sur ce qui regardait la santé et qu’une égratignure lui fît peur. » — « Oui, reprit le roi, et je me souviens que pendant une des campagnes où vous étiez ensemble, c’était vous qui étiez le brave. » Il y avait plusieurs années que M. […] M. de Valincour, en entrant à l’Académie, avait justifié ce choix par un fort bon discours, — un éloge de Racine fort délicat et fort poli. […] Despréaux, le cher Despréaux, qui est fort naturel et fort sincère, me disait dimanche dernier à une thèse do son petit-neveu, fils du président Gilbert, que La Chapelle, ayant affecté de ne point parler de Despréaux, avait mis Despréaux en droit de parler de La Chapelle. […] Racine ; car, comme il avait le cœur fort pénitent depuis longtemps, il y a sujet de le croire, par la miséricorde du Seigneur, en possession de ce bienheureux repos où l’on prie efficacement pour ceux qui sont dans le trouble des passions de la vie. » Touchante et sainte confiance ! […] Il aime fort l’Écriture, et surtout les Psaumes. » Boileau resta donc davantage lui-même jusqu’à la fin ; il était une nature plus fixe que Racine.
C’est malgré une coterie qu’y entrait La Bruyère, lequel s’en est si fort souvenu dans la préface de son discours de réception. […] C’est alors que commença cette rude et forte éducation des choses pour le jeune Mathieu Molé, âgé de onze ans. […] Il fit paraître en 1806, sans nom d’auteur, des Essais de Morale et de Politique, qu’appuyèrent fort ses amis, Fontanes notamment dans le Journal de l’Empire. Beaucoup de gens aujourd’hui vous parlent à l’oreille de cet ouvrage et l’incriminent sur ouï-dire ; la plupart seraient fort étonnés, s’ils le lisaient, d’y trouver un écrit tout de forme métaphysique et de déduction abstraite, d’un dogmatisme ingénieux, mais assez difficile et obscur. […] Voltaire a dit aussi là-dessus de fort jolies choses, et qui auraient encore leur à-propos.
Édouard Goumy, dans une thèse complète et fort spirituelle, soutenue à la Faculté des lettres et devenue presque un volume, a tracé de l’homme et du philosophe un portrait qui ne paraît nullement flatté, et il a porté des jugements qui s’appuient sur l’analyse détaillée des œuvres. […] Je disais tout à l’heure que la nature semblait s’essayer, dans cette dernière moitié du règne de Louis XIV, à façonner des cerveaux un peu différents de ce qu’ils avaient été dans la première : il faut ajouter qu’elle y était fort aidée par ce grand auxiliaire et coopérateur nommé Descartes, qui était venu changer ou tout au tout la méthode de raisonner. […] Tant que d’autres esprits puissants et vigoureux, mais déjà en partie formés, imbus d’une forte éducation antérieure, nourris de la tradition et de la moelle des siècles passés, avaient pris du cartésianisme avec sobriété, à petites doses, en le combinant avec les autres éléments reçus, on n’avait eu que de ces résultats moyens, agréables, sans paradoxe, sans scandale, tels qu’on les rencontre chez Arnauld, chez Bossuet, chez Despréaux, chez La Bruyère ; mais quand le cartésianisme, je veux dire la méthode cartésienne, toute autorité étant mise de côté, présida dès l’origne à la formation et à la direction entière d’un esprit, on fut étonné du chemin qu’elle faisait faire en peu de temps sur toutes les routes. […] L’abbé de Saint-Pierre s’était fort lié, dans son cours de philosophie au collège des jésuites de Caen, avec un de ses jeunes compatriotes, Varignon, qui allait s’illustrer dans la géométrie et qu’Euclide conduisit directement à Descartes. […] C’est lui qui, un jour qu’un homme en place, excédé de son procédé, lui en faisait sentir l’inconvenance, répondait sans s’émouvoir ; « Je sais bien, monsieur, que je suis, moi, un homme fort ridicule ; mais ce que je vous dis ne laisse pas d’être fort sensé, et, si vous étiez jamais obligé d’y répondre sérieusement, soyez sûr que vous joueriez un personnage plus ridicule encore que le mien. » C’est lui qui, s’apercevant un jour qu’il était de trop dans un cercle peu sérieux, ne se gêna pas pour dire : « Je sens que je vous ennuie, et j’en suis bien fâché ; mais moi, je m’amuse fort à vous entendre, et je vous prie de trouver bon que je reste. » Tout cela est bien de l’homme dépeint par La Bruyère dans son portrait chargé, mais reconnaissable, de celui même que le cardinal de Fleury, à son point de vue de Versailles, appellera un politique triste et désastreux ; malencontreux, du moins, et intempestif, qui avait reçu le don du contretemps comme d’autres celui de l’à-propos, et qui, lorsqu’il se doutait du léger inconvénient, prenait tout naturellement son parti de déplaire, pourvu qu’il allât à ses fins.
Quand on obligeait les chefs des prêtres à s’expliquer nettement sur ce point, on les embarrassait fort 301. […] Ses disciples menaient une vie fort austère 309, jeûnaient fréquemment et affectaient un air triste et soucieux. […] L’humilité n’a jamais été le trait des fortes âmes juives. Il semble qu’un caractère aussi roide, une sorte de Lamennais toujours irrité, devait être fort colère et ne souffrir ni rivalité ni demi-adhésion. […] L’élève égala bientôt le maître, et son baptême fut fort recherché.
C’était un jeune homme qui, dès l’âge de dix-huit ans, se trouva le plus grand poète de son temps, distingué par son poème de Henri IV, qu’il avait composé dans ses premiers voyages à la Bastille, et par plusieurs pièces de théâtre fort applaudies. Comme ce grand feu d’esprit n’est pas toujours, dans la jeunesse, accompagné de prudence, celui-ci était un grand poète et fort étourdi. […] Le chevalier était fort incommodé d’une chute qui ne lui permettait pas d’être spadassin : il prit le parti de faire donner, en plein jour, des coups de bâton à Voltaire, lequel, au lieu de prendre la voie de la justice, estima la vengeance plus noble par les armes. […] [NdA] On lit dans une lettre de M. de La Rivière à l’abbé Papillon, du 5 avril 1736 : « Feu M. le maréchal de Villars, que j’avais fort connu avant sa grande fortune, qui m’avait conservé de l’amitié, et qui me faisait l’honneur de venir quelquefois me voir, avait toujours Horace dans sa poche et s’en servait agréablement : il avait beaucoup de goût et autant d’esprit que de valeur. » (Lettres choisies de M. de La Rivière, gendre du comte de Bussi-Rabutin, 1751 ; tome ii.) — Cet Horace dans la poche de Villars est une particularité curieuse ; mais n’était-il pas homme à le prendre tout exprès et à le laisser voir à propos, quand il allait rendre visite à M. de La Rivière ? […] [NdA] Je ne voudrais pas omettre d’indiquer une précise et fort bonne Étude sur Villars homme de guerre, qu’on peut lire au tome second des Portraits militaires de M. le capitaine de La Barre du Parc. — Enfin il y aurait désormais à contrôler et à compléter une histoire de Villars à l’aide de celle du prince Eugène, publiée à Vienne par M.
» À la dixième : « Mais c’est très fort ! […] Ses premiers romans se ressentent très fort de cette conception. […] Que voulez-vous qu’on dise de lui, sinon qu’il est parfait — et fort comme un Turc ? Je ne dirai donc qu’un mot de ce merveilleux livre : Fort comme la mort. […] Fort comme la mort, chez Ollendorff.
Or, Auguste Vitu est très capable de faire un livre, ramassé, soutenu et fort, soit d’antiquités, soit d’histoire ; mais comme l’histoire est, en ce moment, ce qui doit passer le plus près de toute pensée qui comprend les dangers du présent et veut le salut de l’avenir, c’est un livre d’histoire que nous lui demandons positivement. […] Il peut y avoir les Shakespeares de l’Histoire, qui embrassent et brassent r tout de leurs bras forts et de leurs mains puissantes. […] C’est un esprit très érudit que Vitu, fort au courant de la bibliographie du xviiie siècle et de la Révolution, qui n’est pas du tout épuisée, comme beaucoup de gens ont la superficialité de le penser. […] Vitu est enfin un homme qui mettrait un mépris fort gai au service de convictions très sérieuses. Il ne nous a donné là que des variétés historiques, mais je suis sûr qu’il pourrait nous donner une fort rare variété d’historien.
Les quelques grands écrivains qui ont paru de nos jours attestent presque cette décadence qu’il est si dur d’avouer par la nature même de leur génie tourmenté, multiple, savant, chargé d’ornementations et d’effets, mais privé de la simplicité tranquille des fortes littératures, comme l’atteste à son tour la plèbe des écrivains sans talent par l’inanité de leur effort. […] Il en est de plus forts, de plus larges, de plus profonds intellectuellement ; mais il n’en est aucun d’une sincérité plus pénétrante et plus émue. […] Ils avaient reconnu, avec le tact des hommes qui savent la place que tient la sensibilité dans les décisions de l’esprit et de la conscience, qu’il naissait à l’Église un bon serviteur de plus, un missionnaire de parole écrite, dont le talent agirait sur les âmes peut-être avec une force plus efficace et plus pratique qu’un talent beaucoup plus élevé, car il serait toujours à la hauteur de cœur, à ce niveau où, qui que nous soyons, forts ou faibles, il faut un jour se rencontrer. […] Avec Nicolas, cette tentation devient très forte. Les détails de son livre sont considérables ; plusieurs nous ont paru fort beaux.
Albalat nous montre m’ont fort intéressé. […] Il produisit plus tard des strophes plus fortes. […] C’était fort beau. […] Je découvre en cela une règle établie fort sagement. […] J’avais seize ans, j’étais fort, pressé de vivre.
Non ; leurs œuvres, aussi promptes, aussi multipliées que celles des esprits principalement faciles, sont encore combinées, fortes, nouées quand il le faut, achevées maintes fois et sublimes. […] Despréaux alla le voir et le trouva fort incommodé de sa toux et faisant des efforts de poitrine qui sembloient le menacer d’une fin prochaine. […] Mon idée en est si fort occupée que je ne sais rien en son absence qui m’en puisse divertir. […] Une voix sourde, des inflexions dures, une volubilité de langue qui précipitoit trop sa déclamation, le rendoient de ce côté fort inférieur aux acteurs de l’hôtel de Bourgogne. […] Un instant après il lui prit une toux extrêmement forte, et après avoir craché il demanda de la lumière.
Ils semblaient dire : « Comme vous le savez, nous faisons des hommes forts. […] Ce serait encore une illusion, quoique moins forte peut-être que la précédente. […] Les forts, ce sont sans doute ceux qui peuvent imposer leur volonté. […] Il y a les doux et les forts. […] Les forts sont audacieux, entreprenants, hardis, persévérants, obstinés.
L’intensité de l’une comme de l’autre est variable, mais la parole extérieure la plus faible est encore un bruit plus fort que la parole intérieure la plus forte. […] Tous les états qui offrent ces caractères sont en même temps des états forts. Les uns sont forts et étendus, les autres forts et inétendus, mais associés aux premiers. […] Le mot intérieur est pourtant, dans le groupe qu’il forme avec l’idée, l’élément le plus fort et le plus distinct [ch. […] Les psychologues n’ont pas rompu avec cette habitude négative, laquelle est fort enracinée, il faut le dire à leur excuse.
La langue latine y paraît fort différente de ce que vous la voyez dans les livres. […] Quelques savants même en ont douté ; mais on peut leur opposer une très forte autorité. […] L’opinion des savants, et des plus savants, est, à cet égard, fort diverse. […] Saladin s’étonne fort pourquoi le prince fait cela. […] Les grands ouvrages cependant furent aussi fort nombreux.
Il la préconisa bien, mais seulement, le malheureux, comme fort propre à faire du pain ! […] Mais par cela même c’est un homme fort dangereux pour la tranquillité publique. […] On voit même parmi eux des sortes d’illettrés qui font fort bonne figure dans la corporation. […] Déjà au dix-septième siècle, il était fort soupçonné. […] Des gravures du temps de Louis XIII présentent déjà des jardins fort analogues aux siens.
L’éloquence, soit par ses rapports avec la poésie, soit par l’intérêt des discussions politiques dans un pays libre, avait atteint chez les Grecs un degré de perfection qui sert encore de modèle : mais la philosophie des Grecs me paraît fort au-dessous de celle de leurs imitateurs, les Romains ; et la philosophie moderne a cependant, sur celle des Romains, la supériorité que doivent assurer à la pensée de l’homme deux mille ans de méditation de plus. […] Les anciens sont plus forts en morale qu’en métaphysique ; l’étude des sciences exactes est nécessaire pour rectifier la métaphysique, tandis que la nature a placé dans le cœur de l’homme tout ce qui peut le conduire à la vertu. […] On doit recourir aux anciens pour le goût simple et pur des beaux-arts ; on doit admirer leur énergie, leur enthousiasme pour tout ce qui est grand, sentiments jeunes et forts des premiers peuples civilisés ; mais il faut considérer tous leurs raisonnements en philosophie comme l’échafaudage de l’édifice que l’esprit humain doit élever. […] Les anciens, et surtout Aristote, ont été presque aussi forts que les modernes sur de certaines parties de la politique ; mais cette exception à l’invariable loi de la progression, tient uniquement à la liberté républicaine dont les Grecs ont joui, et que les modernes n’ont pas connue. […] La doctrine calme et forte qu’ils enseignaient donne à leurs écrits un caractère que le temps n’a point usé.
Ils ont commencé par régler tous leurs différends par la force, puis, quand ils se sont aperçus qu’un fort trouvait toujours un plus fort que lui, et que la bataille était un jeu de dupes qu’ont-ils fait ? […] La Révolution la consacra, et Anacharsis Cloots, le gentilhomme prussien qui se prit d’une si forte passion pour la France révolutionnaire, la rendit éclatante. […] Des livres nombreux, des congrès annuels étudient la question sous toutes ses faces, des hommes éminents de tous pays, de l’ancien et du nouveau monde, s’y sont consacrés, et il est fort probable que des résultats importants ne tarderont pas à éclore. […] La convention postale de Berne de 1874, complétée et améliorée dans des conférences postérieures, crée une Union postale universelle constituant un véritable code ; en cas de litige entre deux pays, un arbitrage international décide… Si l’on ajoute à ces grands traités l’immense quantité de conventions relatives à l’hygiène publique, à l’extradition des criminels, aux relations commerciales, à la faillite, aux successions, aux abordages, à la situation juridique des étrangers, aux monnaies, aux poids et mesures, et qu’on considère les mille difficultés que provoque leur exécution, on est obligé de reconnaître que le monde entier enserré dans les liens innombrables qu’ont tressés sur lui les relations chaque jour plus étendues des peuples, forme lui-même un vaste État, où le droit existe, où la loi s’impose, et qui réclame impérieusement une juridiction commune pour ses intérêts communs. » Ajoutons à cette brève nomenclature, un exemple tout récent et fort typique. […] Pour moi — et c’est à cette observation que je veux en venir, — il est une sorte d’hommes qui me semblent tout désignés pour assumer d’aussi hautes fonctions : l’élite, la vraie et forte élite, dans chaque nation.
« Certes, il est fort étrange d’aller ici chercher une comparaison parmi les animaux, pour soutenir que les fonctions des femmes doivent être absolument celles des maris, auxquels on interdit, du reste, toute occupation intérieure. […] « Mais ces dissemblances sont choses fort difficiles à constater ; et il n’en est point du tout ici comme pour ces rois de l’Inde qui, selon Scylax, l’emportent si complètement sur les sujets qui leur obéissent. […] Ou bien l’on tâche de s’emparer du pouvoir ; ou bien l’on se résigne à l’obéissance quand on n’est pas le plus fort. […] Dans les oligarchies, au contraire, la sollicitude du gouvernement doit être fort vive pour les pauvres ; et, parmi les emplois, il faut qu’on leur accorde ceux qui sont rétribués. […] Ce qui est vrai, c’est que les chefs de la cité peuvent, quand ils ont perdu leur fortune, recourir à une révolution, et que, quand des citoyens obscurs perdent la leur, l’État n’en reste pas moins fort tranquille.
L’auteur dit sur elle quelques mots fort nobles ; mais on en désirerait davantage. […] Il faut convenir de cela… Mais voici où l’homme fort va se retrouver et se retrouver presque grand ! […] Avec ses facultés étoffées et fortes, il n’a pas été créé pour être le chacal du fait, pour le suivre pas à pas et tête basse. […] Ces exagérations, on pouvait les expliquer, en Cassagnac, par son tempérament littéraire, par ce romantisme qu’il adora et qui fut un instant son maître, et par le journalisme surtout, le journalisme qui sait frapper plus fort que juste, et dont toute la justesse n’est peut-être que de frapper fort. […] Elle se souviendra qu’il fut toute sa vie un fort journaliste, comme un jour il fut un fort orateur, et comme il aurait été un fort homme d’État, si les circonstances avaient eu l’esprit d’en faire un ministre ; mais les circonstances sont si bêtes !
Il a des lettres fort belles à un de leurs amis, l’abbé Bruté, qui sen était allé missionnaire apostolique en Amérique. […] On est fort contre les maux qu’on ne sent pas, et l’on se croit capable de soulever des montagnes, dans le temps même où l’on succombe sous un brin de paille. […] En voyant les fautes et les défauts des meilleurs et par où pèchent les forts, il aurait été averti de ne pas mépriser tout à fait la médiocrité elle-même. […] Le génie ne traduit pas, M. de La Mennais savait fort mal le latin et attribuait la complète incapacité où il était d’écrire dans cette langue à l’étude qu’il en avait faite solitairement. En cela, il était fort inférieur aux grands docteurs gallicans, les Arnauld, les Bossuet, les Fénelon. » — Gallicans, c’est-à-dire de l’Église de France ; autrement Fénelon n’est pas gallican.
Ils se distinguent tous les deux par une forte dose d’esprit critique et par une opposition sans pitié contre leurs devanciers immédiats. […] On a appelé Boileau le janséniste de notre poésie ; janséniste est un peu fort, gallican serait plus vrai. […] Ce très-noble me paraît un peu trop fort. » C’est là qu’en étaient ces grands hommes en fait de théorie et de critique littéraire. […] « C’est à vous à en juger. » Nous estimons ces vers fort bons sans doute, mais non pas si merveilleux que Boileau semble le croire. […] Mais ces agréments sont des mystères qu’Apollon n’enseigne qu’à ceux qui sont véritablement initiés dans son art. » La remarque est juste, mais l’expression est bien forte.
Louis XIV, peu instruit dans les lettres, et dont la première éducation avait été fort négligée, avait reçu cette instruction bien supérieure qu’un esprit juste et droit et qu’un cœur élevé puisent dans les événements où l’on est de bonne heure en jeu. […] Son long règne, en effet, commençait fort à lasser les peuples, et l’on aspirait de toutes parts au relâchement. […] Charles Dreyss, a publié les Mémoires de Louis XIV (2 volumes, 1860), avec une étude critique fort détaillée. […] Dreyss fort exact, fort rapproché des manuscrits originaux dont il ne laisse passer ni une phrase inachevée ni une faute d’orthographe sans la reproduire, fort prisé et fort loué, je le sais, de plusieurs personnes compétentes, m’a paru, je l’avoue, à moi qui suis apparemment plus frivole, et au point de vue du goût, susceptible de beaucoup d’objections, dont la plus grave est qu’à force de faire subir au lecteur toutes les fatigues et les peines qu’il s’était données dans son examen et qu’il est venu étaler trop complaisamment, l’éditeur a rendu la lecture de ces Mémoires, d’agréable qu’elle était dans l’ancienne et la mauvaise édition, très difficile et très pénible, — j’allais dire impossible —, dans la sienne qui va passer désormais pour la seule authentique et la seule bonne. […] Il avait fait dresser ces lettres patentes par M. d’Andilly, à la prière de Du Fresne, son premier commis, qui était fort de la connaissance du pieux écrivain.
Tourguénef a même fort peu des mérites externes de nos livres supérieurs. […] Quoiqu’il soit fort pauvre, ses déclamations d’idéaliste lui attirent l’amour d’une jeune fille noble, d’esprit résolu, prête à risquer avec lui un enlèvement. […] Un sentiment de bonne foi consciencieuse vient me prendre fort mal à propos, et puis le doute, et même un misérable instinct d’humour que je tourne contre moi. […] Tu me répondras que si ma passion était plus forte, ma conscience se tairait. […] Il jeta loin de lui sa casquette, et, ayant ressenti d’avance dans tout son corps comme une tension forte, angoissante et douceâtre, il mit la bouche de son revolver contre sa poitrine et pressa la gâchette.
Elle est d’une belle pâte, d’une bonne couleur, mais sa draperie verte et forte ne contribue pas peu à coller sa tête au pied du mur. […] Il ne consiste pas seulement dans la succession des idées, le choix des expressions y fait beaucoup, d’expressions fortes ou faibles, simples ou figurées, lentes ou rapides ; c’est là surtout que la magie de la prosodie qui arrête ou précipite la déclamation, a son grand jeu. ô les pauvres gens que la plupart de nos faiseurs de poétiques… . […] Ils accusent la jambe étendue et son pied d’être un peu trop forts. […] Vous en direz tout ce qu’il vous plaira, monsieur le chevalier Pierre, si ce morceau n’est que d’un écolier, fort à la vérité, qu’êtes-vous ? […] Vien y est resté simple, sage et harmonieux ; Doyen fatigant, papillotant, inégal, vigoureux ; les figures du bas vous y paraîtront beaucoup trop fortes pour les autres.
Mais, bien que les épisodes en soient plaisants, les détails fort audacieux, ces livres ne sont guère dans le goût de l’heure et leur saveur est un peu forte pour les faiblesses d’à présent. […] Les trois petits romans fort surfaits de M. […] Il a donné deux romans que l’élite a fort vantés, Le Sphinx de Plâtre, et le Gamin Tendre. […] Saint-Georges de Bouhélier débuta fort jeune et causa une révolution dans les lettres. […] Une telle passion est d’un maniement fort délicat, or ce sont des âmes faibles que nous présente l’auteur.
L’homme a l’instinct de l’imitation aussi fort, et plus fort, je crois, que l’instinct altruiste. […] C’est agréable et tourné en fort bon style. […] Elle aurait sans doute été fort captivante. […] La Russie était trop forte. […] Est-ce direct, pénétrant et fort ?
L’Espagne avait tout fait pour leur en enlever la possession, et elle y avait réussi ; la Valteline s’était révoltée et espérait rester affranchie du joug ; les Impériaux avaient retrouvé par là un chemin ouvert pour descendre en Italie ; ils y avaient fait des forts pour s’y maintenir. […] Tout cela, est fort soigneusement démêlé dans les Mémoires sur la guerre de la Valteline, qui ne sont pas de Rohan, mais qui sont très probablement de son secrétaire intime et confident Priolo. […] Sur ces entrefaites, Serbelloni, se souvenant que le duc de Rohan avait été un rebelle à son roi, essaya de le tenter : il lui envoya un gentilhomme appelé Du Clausel, ancien agent du duc auprès de la Cour d’Espagne dans les guerres civiles ; le nom de la reine Marie de Médicis était fort mêlé à cette intrigue. […] Le choc fut fort rude. » On se battit dans les rues de Morbegno, qu’on prit de vive force. […] Le duc de Rohan, dans ses apologies, semble avoir de fortes raisons à opposer à une condamnation si dure.
Mais ce second a des caractères fort singuliers qui le séparent de tous les autres et prêtent au nom des qualités propres. […] De même, en entendant le mot polygone, je trace en moi-même fort indistinctement des lignes qui se coupent et tâchent de circonscrire un espace, sans que je sache encore si la figure qui est en train de naître sera quadrilatère ou pentagone. […] Impossible de l’imaginer, même coloré et particulier, à plus forte raison général et abstrait. […] Un autre instrument fort désagréable aux enfants (pardon du détail et du mot, il s’agit d’un clysopompe) avait laissé en lui, comme de juste, une impression très forte. […] Comme tous les chats se ressemblent fort et diffèrent beaucoup de nos autres animaux, nous avons aisément appris leur nom commun et remarqué leurs caractères communs.
Elle produit les plus fortes, les plus vives, les plus dramatiques et les plus angoissantes. […] Et que le suicide même soit si souvent blâmé, cela est fort significatif. […] Ils sont parfois très forts en nous. […] Il apaise l’instinct puissant où l’égoïsme et l’altruisme se sont amalgamés, il correspond au désir le plus fort, il contente l’individu qui l’accomplit parce qu’il satisfait ce qu’il y a de plus fort en lui, une personne aimée, une race entière, en un mot : les autres. […] La solidarité sociale a des mailles fort lâches par endroit et d’autre part elle est trop étroite et nous blesse.
Il ne s’est pas contenté de cela, et pour mieux voir, il s’est montré fort à découvert ; il s’est même mis fort en colère contre les courtisans qui l’en voulaient empêcher, et a monté sur le parapet de la tranchée, où il a demeuré assez longtemps. […] Eh bien même à travers cette guerre immense et laborieuse, les années 1691, 1692, 1693, sont encore fort belles, et continuent de donner une bien haute idée de Louis XIV. […] À une action, pendant le siège du château, il reste toujours à cheval à une demi-portée de mousquet de la place, et quelques gens sont blessés fort loin derrière lui. […] Dangeau, qui dans le premier moment de la nouvelle l’appelle le combat d’Enghien, nous dit : « Samedi 9 août, à Versailles. — M. le comte de Luxe arriva ici ; il apporta au roi une relation fort ample de M. de Luxembourg de tout ce qui s’est passé au combat. […] Le roi en paraît fort touché, et a dit ce soir à M. mon frère : « Si nous sommes assez malheureux pour perdre ce pauvre homme-là, celui qui en porterait la nouvelle au prince d’Orange serait bien reçu » Et ensuite il a dit à M.
Quand les hommes forts de notre race ont paru dans la foule, quand Victor Hugo, Lamartine, Auguste Barbier, Alfred de Vigny, Balzac, ont parlé, il s’est fait tout à coup un grand silence autour d’eux ; on a recueilli religieusement chacune de leurs paroles, on a battu des mains, et, d’un seul élan, on les a placés si haut que nul encore de nos jours n’a pu les atteindre. […] Depuis que ces cinq hommes forts, réduits au silence pour une cause ou pour une autre, nous font défaut, « la nuit est revenue, dit M. du Camp ; chacun se traîne à travers l’obscurité pour chercher la lumière, et nul ne la trouve. […] Encore une fois, je puis le certifier à M. du Camp avec toute l’impartialité d’un homme qui a très peu l’esprit de corps, — à cet endroit où il parle de l’Académie, il frappe fort, mais il frappe à côté. […] Ce n’est là qu’un commencement d’une pièce fort longue et qui a pour sujet la métempsycose. […] — En résumé, à lire les vers et même la prose de M. du Camp, que je n’ai pas l’honneur de connaître, je me dis : Ce doit être une nature forte, franche, un peu rude et dure de fibre, un peu crue, courageuse, véhémente, violente même, mais qui croit avoir plus de haine quelle n’en a, car elle est généreuse ; une nature plus robuste que délicate.
Tous ces récits étaient fort bien rendus et mimés, d’une voix quelque peu forte et robuste, par un homme de haute stature et en qui un filet de l’ironie paternelle se faisait encore sentir ; mais cette ironie n’était plus la source même et ne venait que par une sorte de transmission et d’habitude : elle était de souvenir plus que d’inspiration et de jet. […] On voit passer devant soi une suite de peintures de mœurs fort contrastées, prises chacune sur le vif dans les régimes successives que l’auteur a traversés et qu’il a trouvé moyen de railler, tout en les servant. Les coupures mêmes qu’on y a faites dans les parties intermédiaires, et qui rendent les oppositions très tranchées, prêtent à l’ensemble du livre une apparence d’art qui était sans doute fort étrangère à l’intention de l’auteur. […] Son mot n’emporte pas la pièce, comme ferait un La Rochefoucauld et à plus forte raison un Saint-Simon ; mais, cette légère draperie secouée et sous cette surface, on a la pensée du fond qui se retrouve avec tout son sel et son piquant. […] Beugnot non seulement comme un homme d’une société fort agréable, mais comme fort distingué en affaires et « le plus capable de naturaliser les institutions françaises dans le Grand-duché. » C’est dans ces termes qu’il en parlait à l’Empereur.
De chacun, il sait le fort et le faible. […] Vianey est fort instructif et fort curieuxq. […] Elles sont fort agréables et fort curieuses et elles nous rendent assez bien le tour de la conversation de Moréas. […] Whibley est fort sensible à la manière. […] Grâce à leur complaisance, je m’amusais fort.
Fort et illustre devint-il depuis, cet homme hardi. […] La noble reine se prit à pleurer bien fort. […] Un fort vent enflait la voile de la barque. […] « Il était brave, fort et grand. […] Ils avaient fort à faire pour distraire l’esprit de leurs hôtes.
Charles Clémeni a publié trois études fort remarquables. […] Le public l’a fort applaudie, mais la critique y a trouvé beaucoup à redire. […] Ces jours-ci, un ouvrier, fort rangé du reste, me contait qu’en 1848 il suivait fort assidûment toutes les prédications icariennes de M. […] dis-je fort naturellement. — Non pas ! […] Il aurait eu de la peine à comprendre l’ardeur avec laquelle un public fort peu nombreux se disputait quatre ou cinq volumes de Rousseau, d’une édition fort commune.
Voilà pourquoi tu es fort. […] Ils sont fort lugubres. […] Il est fort possible que M. […] Drumont n’est qu’un sauteur fort ignorant. […] Ce grand peintre avait l’air fort mécontent.
ces « hommes forts » de M. […] l’homme fort s’est angélisé ; l’homme fort, c’est aujourd’hui Thouvenin. […] Émile Moreau est fort intéressante. […] C’est ainsi qu’on fait les fortes races. […] joue, joue, joue plus fort !)
De plus, il était fort célèbre. […] Elle prend fort à cœur ses intérêts. […] Il fait songer, et fort tristement. […] C’est donc un optimisme fort distingué. […] Elle a été fort applaudie.
— « La mère Angélique est trop forte pour moi, je m’accommode mieux de la mère Agnès », disaient les personnes du monde qui s’adressaient d’abord à l’une et à l’autre dans une intention de pénitence. […] Je vous aimerai dans la charité chrétienne, mais universelle, et comme vous serez dans une condition fort commune, je serai aussi pour vous dans une affection fort ordinaire. […] … Elle est fille d’une mère qui a été fort persécutée des tyrans, qui l’ont voulu étouffer dans le sang de ses martyrs, et encore des hérétiques, qui ont fait mille efforts à ce qu’elle ne mît point ce béni enfant au monde ; mais enfin elle s’est couronnée de lys aussi bien que de roses, portant en son sein des vierges et des martyrs… Cette excellente épouse n’a jamais été maltraitée de son mari, qui au contraire est mort pour elle… Et elle continue sur ce ton, multipliant, épuisant les images, les allusions emblématiques, s’y jouant plus que de raison, oubliant un peu le goût, mais faisant ses preuves en fait de grâce : je prends le mot dans le double sens, dans le sien et dans le nôtre. […] Celles qu’elle écrit à Mme d’Aumont sont fort peu agréables. […] Il apprit le latin fort tard, à cinquante ans, et assez pour entendre l’office.
Ne sont-elles pas fortes et ardentes comme certaines assertions de saints ? […] Un poème noble et mesuré, une mélodie juste et mobile, une forte et magnifique statue, une exacte et brillante peinture, sont des preuves perpétuelles de l’existence de Dieu. […] Dans un grand peintre, dans un poète vrai et sévère, dans un dramaturge éloquent et fort, dans un musicien limpide et précis, il y a un penseur instruit de toutes les connaissances possibles. […] La plus forte patience intérieure nous sera sans doute nécessaire. […] Je trouve que la Fécondité, que vient de publier Zola, est, à cet égard, un exemple, le plus fort, le plus important.
Quoique d’ordinaire le temps affaiblisse et entame nos impressions les plus fortes, celles-ci reparaissent entières et intenses, sans avoir perdu une seule parcelle de leur détail, ni un seul degré de leur vivacité. […] La sensation ressuscitant dans l’image, l’image revient plus forte quand la sensation s’est trouvée plus forte. […] Cette impression peut être forte sans cesser d’être vague ; sous l’image incomplète règne une sourde agitation, et comme un fourmillement de velléités, qui d’ordinaire se terminent par un geste expressif, une métaphore, un résumé sensible. […] Cette loi d’effacement s’étend fort loin, car elle s’applique non seulement aux diverses apparences du même objet, mais encore aux divers objets de la même classe ; or tous les objets de la nature se groupent en classes. […] Chaque sensation faible ou forte, chaque expérience grande ou petite, tend à renaître par une image intérieure qui la répète et qui peut se répéter elle-même, après de très longues pauses, et cela indéfiniment.
Il n’en fut jamais de plus forte, de plus décisive, de plus tenace et de plus vivace. […] Les poètes poussent partout, quand ils sont vigoureux, mais aucun poète sous le tournant du soleil ne l’a mieux prouvé que Milton, et on peut l’étudier comme un véritable phénomène de végétation poétique, ce chêne de rocher que rien, rien n’a pu empêcher de devenir, à l’âge où les hommes les plus forts se cassent, le rouvre du Paradis perdu. […] L’éducation, — excellente pour les gens médiocres, mais inutile et même funeste aux hommes supérieurs, qui, plus tard, sont obligés de faire la table rase de Descartes, — l’éducation prodigieusement forte de Milton fut un des premiers boulets de plomb qu’on mît sur l’aile de son génie. […] Le calme d’une âme forte tomba bientôt sur elles. […] Mais le Titan poétique était si fort en lui, qu’au moment même où l’on pouvait le plus le croire écrasé, il se leva tout droit et tout grand en rejetant ces affreuses montagnes qu’il avait empilées sur sa tête, et il apparut à l’Angleterre la fleur magnifiquement épanouie du Paradis perdu à la main !
Seigneur, par grâce, faites-moi rendre justice. » Mais le roi se montre fort affligé et fort en peine ; son royaume est en péril ; il craint de mécontenter les Castillans et de les soulever en sévissant contre Diègue et son fils. […] Les rois ont en ceci de fort mauvaises coutumes. […] Ici le Cid se permet une bien forte ruse. […] La moralité, toute perfectionnée qu’elle est, et quoique fort supérieure à celle de la Chronique rimée précédente, laisse encore, on le voit, à désirer. […] Nation étrange et forte qui a enfanté, à quatre ou cinq siècles de distance, à l’origine et au déclin de la chevalerie, ces deux grands types, le Cid et don Quichotte, — l’idéal suprême et sa parodie parfaite, le premier des chevaliers et le dernier !
La comédie italienne aussi est une fort jolie chose. […] Mais le courant du siècle sera le plus fort. […] Or la Pologne a fort préoccupé M. […] Curieuses imaginations, mais fort arbitraires. […] Tout cela est dit fort expressément.
Elle a été fort grossière à l’origine. […] Et cela est fort heureux. […] Molière déteste-t-il si fort les médecins ? […] C’était fort gai. […] Ou s’est fort moqué d’elle C’est à tort.
Voltaire ne s’est pas cru assez fort pour corriger son siècle ; il a jugé qu’il était plus facile et plus sûr de le flatter. […] C’est que Voltaire était bien plus fort vers la fin de 1748 qu’au commencement de 1732 ; non pas plus fort en talent, c’est tout le contraire : car un poète dramatique ne vaut pas à cinquante-quatre ans ce qu’il valait à trente-huit ; mais plus fort en intrigues, plus fort en charlatanisme, plus fort en soldats ; dans l’espace de seize ans, il avait travaillé la société beaucoup plus que ses vers. […] Cet exemple doit avoir une grande autorité aux yeux des philosophes républicains qui nous ont si fort exalté les lois de Lycurgue. […] Les bords de la Garonne n’ont jamais retenti d’hyperboles plus fortes que celles dont Sémiramis régale les seigneurs babyloniens. […] Sa sottise est d’autant plus grande, que les railleurs qu’il pourrait craindre se réduisent, dans la pièce, à deux écervelés fort méprisables, dont l’opinion doit être fort indifférente pour lui.
Malgré cette nouvelle prétention d’auteur tragique, sa vie resta entrelardée de toutes les gaîtés bachiques qui étaient son fort. […] » — « Pas si infâme ; elle est fort jolie. […] ….. » Ce chapitre des lavements tient fort à cœur à Piron. […] C’était, dans ce genre de combats à coup de langue, l’athlète le plus fort qui eût jamais existé nulle part. […] On a là-dessus des lettres de Piron, fort honorables par les sentiments qu’il y exprime.
Image grossière, mais forte, de l’impuissance de l’homme qui veut s’isoler de la terre ! […] Le prélat tient fort à ce mot. […] Pourquoi le dix-huitième siècle l’a-t-il si fort vanté ? […] Vous diriez une conversation forte, solide, éblouissante, qui dégénérerait en un traité. […] Ses vers sont fort au-dessous de ceux de Danchet.
La contre-partie et le pendant de ces fortes œuvres dans les écrits et les harangues d’alentour ne se trouveraient qu’épars. […] Mme Champagneux m’y avait autorisé, en se fiant à moi du soin d’expliquer et de présenter sous leur vrai jour, ou même de passer tout à fait sous silence certaines confidences des Mémoires, qu’elle m’avait d’ailleurs à peine indiquées, désirant ou ne trouvant pas mauvais que j’en eusse connaissance, mais évitant elle-même de s’y arrêter. » Il faut le savoir en effet, et c’est un sujet fort digne de réflexion : la fille de Mme Roland, cette Eudora si cultivée par sa mère et dont elle avait soigné l’éducation jusqu’à l’âge de onze ans avec un zèle éclairé et tendre, Eudora était devenue fort religieuse, — disons le mot, fort dévote avec les années. […] Tendre fille d’une femme forte, son cœur faisait illusion à son esprit. […] J’ai passé deux heures fort agréables, — et pourquoi rougir et ne pas dire le mot ? […] Un fort bon livre que j’ai là sous les yeux, et qui n’est qu’un cours de rhétorique naturelle et raisonnable, de rhétorique sincère par M.
L’idée de traiter notre idiome vulgaire à l’aide du latin, comme le latin, depuis les Scipions, a été traité et perfectionné à l’aide du grec, est fort juste. […] Tout ce chapitre V de la première partie de l’Illustration, qui a pour titre : Que les traductions ne sont suffisantes pour donner perfection à la langue françoise, est fort beau. […] La sortie qu’il fait contre eux est fort spirituelle, et Boileau ne s’est pas mieux moqué des faiseurs de vers latins attardés dans le xviie siècle. — Il y aura bien toujours cette légère inconséquence que Du Bellay, qui se moquait ainsi des vers latins faits par des Français, et qui devançait dans cette voie Boileau, ne put s’empêcher toutefois de célébrer Salmon Macrin, qu’on appelait le second lyrique après Horace ; et lui-même il finit par payer son tribut au goût du siècle en donnant un livre d’Élégies latines, fort élégantes, ce nous semble, et fort agréables. […] Si l’on avait pu, en remontant par-delà les romans d’aventures, se reprendre à quelque chanson de geste de forte trempe, la tradition vive était retrouvée. […] L’imitation n’y est point assez forte ni assez marquée pour que l’éditeur doive en tenir compte dans son commentaire : chacun les multiplie et les varie à son gré.
Voici les sentiments d’orgueil féodal, la confiance du baron en ses fortes murailles, derrière lesquelles il défie, pourvu qu’il ait des vivres, le roi et le royaume entier, assuré de tenir jusqu’au jour du jugement. […] Renart au reste n’est pas le seul trompeur : il n’est que le plus fort. […] La question a été fort discutée. […] Il n’y a point de femme, une entre mille peut-être, qui résiste à l’argent, à l’adresse ou à l’occasion : qui se lie à la femme est un niais ; qui en est dupé est ridicule ; qui la dupe est fort. Fort aussi qui la bat : lisez comment un chevalier mit à la raison sa femme et sa belle-mère ; la comédie de Shakespeare n’est que fadeur auprès78.
Son père, qui continuait à le surveiller de fort près, l’arrache à la société des petits-maîtres : « Ils feront de mon fils un joueur et un libertin. » Il n’aimait pas la femme à qui on l’avait marié. […] Richelieu, qui avait un œil dans l’alcôve du duc d’Anguien, prenait fort mal sa discrétion calculée à l’égard de la duchesse. […] Aussi tous les grands hommes de guerre ont-ils eu besoin de croire à leur étoile, c’est-à-dire à une volonté divine, plus forte que tout, et qui leur donnait la victoire. […] Je m’en suis tiré parce que je n’avais guère à faire preuve d’initiative ; mais un bataillon de mille hommes m’aurait fort gêné, si j’avais dû le faire manœuvrer. […] Si Gassion ne parle que de lui, c’est peut-être qu’il eût été fort empêché de faire de son général en chef un éloge sans réserves.
Christian Bartholmèss vient de le faire connaître par le côté philosophique dans un travail approfondi qui a été fort apprécié dans le monde de l’Université et dans celui de l’Académie des sciences morales. […] Vous avez le front fort grand. […] Vous avez les mains fort blanches et la peau fort fine… Pour de l’esprit, vous en avez assurément autant qu’on en peut avoir, et votre esprit ressemble à votre visage ; il a plus de beauté que d’agrément. […] La galanterie lui en fit faire même quelques-uns en français, quoique ce ne fût pas son fort. […] Il était à la Cour, et déjà prélat et barbon, qu’il écrivait à Mme de Montespan de fort jolis vers français, En réponse à une invitation à dîner.
Le poëte a sa palette comme le peintre, ses nuances, ses passages, ses tons, il a son pinceau et son faire ; il est sec, il est dur, il est cru, il est tourmenté, il est fort, il est vigoureux, il est doux, il est harmonieux et facile. […] Entrelacer d’étude des syllabes sourdes ou molles, entre des syllabes fortes, éclatantes ou dures, suspendre, accélérer, heurter, briser, renverser, cela ne se peut. […] Ce paysage, ou je me trompe fort, est le pendant de l’ Arcadie ; et l’on peut écrire sous celui-ci (la crainte) ; et sous le précédent (la pitié). […] Pour le pâtre et tout le côté droit du tableau, s’il paraît un peu sourd, c’est peut-être le défaut de l’exposition, l’effet de la demi-teinte qui est forte. […] Il est bien dessiné et son expression est forte.
D’autres, qui sont pour la critique au contraire, et qui nous la conseilleraient fort, en contestent le titre à ces essais et doutent de la rigueur du genre. […] Mme de Charrière était une âme forte. […] Je crois qu’il serait heureux d’aimer tout le monde comme noire prochain, et de n’avoir aucun attachement particulier ; mais je doute fort que cela fût possible. […] Je t’avoue que j’ai pourtant fort bonne opinion de mes observations… non pas observations, mais comment dirai-je ? […] On devrait l’établir Inspectrice générale des écoles de la République française. » — L’Adèle de Sénange y est fort louée.
Ainsi, dans le langage extérieur, l’image-signe se distingue des images signifiées par l’indépendance qui résulte pour elle de ce qu’elle devient un état fort, ses concomitants restant faibles. […] Dans la vie psychique purement intérieure, le nom de signe appartient à l’image la plus forte et la plus distincte d’un groupe donné, que cette image soit ou non matériellement réalisable. […] Ce privilège a deux raisons : d’abord, la production matérielle du mot en fait de temps à autre un état fort et le ravive comme état faible [§ 7, fin] ; ensuite, l’attention se porte de préférence sur la série des mots intérieurs [ch. […] Toute règle imposée à l’invention est une gêne pour l’esprit ; mais, en l’acceptant, il s’affermit, et bientôt il se trouve plus fort pour triompher des difficultés objectives des problèmes qu’il aborde. […] A plus forte raison s’il est considéré par son auteur lui-même comme impropre à la représentation ; un drame sans action, destiné à la lecture publique ou privée, n’est qu’une épopée dialoguée.
On nous permettra donc de revenir un peu longuement sur une opinion si pleine d’autorité en pareille matière, d’autant plus, selon nous, que, bien comprise, modifiée en quelques points et réduite à ses vrais termes, elle nous semble fort recevable, sans que, pour cela, il en résulte rien de fâcheux pour les prétentions des traducteurs vulgaires, et encore moins pour l’honneur des traducteurs éminents comme M. […] Ces conditions remplies par le traducteur, on a droit de proclamer son œuvre excellente, non pas qu’elle exprime jamais l’original, si l’original est d’un grand maître, non pas même qu’elle en approche de fort près, mais parce qu’elle en approche d’aussi près, parce qu’elle l’exprime aussi bien que le comportent la différence des procédés et celle des idiomes. […] L’historien vous parle une langue si rapide, si forte, si poignante, qu’il vous enlève, vous tire à lui, vous force de penser avec lui en cette langue qui lui est propre, et, fût-on un latiniste assez vulgaire, pourvu qu’on comprenne, se fait comprendre face à face, sans trucheman, sans aucune de ces traductions sous-entendues que Cicéron en ses longs développements laisse à son lecteur tout le temps de faire. […] Mais bien que l’énergie et la force caractérisent Tacite, on se tromperait fort de penser qu’elles soient les uniques mérites de son style, et que les autres parties, l’éclat, l’abondance, le nombre, y aient été sacrifiées. […] Il nous a semblé que son élégance, parfois un peu scrupuleuse, se refusait trop ces expressions familières et fortes, ces tours vifs et francs, que notre vieille langue offrait en foule à son choix, et qui s’adaptaient si naturellement à Tacite.
Chaque année, c’est dans une plus forte proportion que votre supériorité s’accentue. […] La barbarie n’aura jamais d’industrie savante, de forte organisation politique ; car tout cela suppose une grande application intellectuelle. […] L’habitude de l’application s’acquiert par les fortes disciplines, dont l’éducation scientifique et littéraire possède le secret. […] Les sociétés actuelles ne peuvent plus compter uniquement, comme celles d’autrefois, sur les qualités héréditaires de quelques familles choisies, sur des institutions tutélaires, sur des organismes politiques où la valeur du cadre était souvent fort supérieure à celle des individus. […] La largeur d’esprit n’exclut pas de fortes règles de conduite.
Traitons-la donc, sinon comme une Française à l’étranger, du moins comme une amie de la France, et qui, jusque dans le fort de la guerre de Sept Ans, écrivait à ce même Voltaire, en lui parlant des Français, alors adversaires déclarés : « J’ai un chien de tendre pour eux qui m’empêche de leur vouloir du mal. » Toutefois sachons bien une chose : la correspondance entre elle et son frère, que vient de publier M. […] Les lettres suivantes, choisies par l’éditeur dans un nombre fort considérable, sont de peu d’intérêt et, à dire le vrai, un peu enfantines ou un peu écolières ; ils font tous deux leur apprentissage de langue et d’esprit ; ils achèvent leur rhétorique par lettres. […] Son père paraît souvent fort mal de santé durant ces années, et lui sur le point d’être roi. […] La margrave de Bareith, qui avait vu les choses d’un peu plus loin, resta, même dans le premier moment de l’éclat, plus indulgente au poète : il continuait de lui écrire, et au plus fort de l’orage il eut soin de se la concilier : Les lettres qu’il a écrites à ses amis ici (à Bareith), dit-elle à son frère, lettres qui sont écrites sans défiance et qu’on ne m’a montrées qu’après de fortes instances, sont fort respectueuses sur votre sujet. […] Il raille fort piquamment sur le sujet de ce dernier, et je vous avoue, mon cher frère, que je n’ai pu m’empêcher de rire en lisant l’article ; car il est tourné si comiquement qu’on ne saurait garder son sérieux.
Nos cheminées commencent aussi à fumer un peu moins… Nous faisons assez bonne chère, nous passons des nuits fort tranquilles, et toute la matinée à nous parer de perles et de diamants comme des princesses de roman. […] Disons-nous, pour être justes, que ce n’est pas pour nous qu’il écrivait, c’était pour les personnes de sa coterie qui trouvaient tout cela fort bon, fort doux et très amusant. […] Elle disait d’elle encore, se comparant à Mme de Sévigné et s’humiliant dans la comparaison (cette fois c’est à Horace Walpole qu’elle s’adressait) : Vous trouvez, dites-vous, mes lettres fort courtes. Vous n’aimez pas que je vous parle de moi ; je vous ennuie, quand je vous communique mes pensées, mes réflexions ; vous avez raison ; elles sont toujours fort tristes. […] Pasquier l’allant voir la trouva fort émue.
Mais, tout en la distinguant des autres, on ne peut dire en quoi elle en diffère ; on voit vaguement qu’elle est plus forte que celle de violette, moins forte que celle de lis ; à cela se réduit notre connaissance. […] Or il est un groupe de sensations dans lequel la réduction peut être complète ; ce sont celles de l’ouïe, et de celles-ci on peut à bon droit conclure aux autres : la solution partielle atteinte indique la solution générale qu’on atteindra. — En apparence, les espèces de sons sont fort nombreuses, et l’observation, ordinaire y démêle beaucoup de qualités qui semblent simples. […] Deux sons également graves ou aigus et du même timbre peuvent être plus ou moins forts ou intenses. […] Ces épithètes disent quelque chose de notre sensation, mais fort peu de chose ; en tout cas, elles ne nous disent pas les sensations élémentaires dont est construite notre sensation. […] En outre, les mathématiques montrent que, dans les deux séries d’ondes produites par deux sons chantés à l’unisson, les condensations s’ajoutent et deviennent deux fois plus fortes ; ce qui explique pourquoi, dans les sensations de son ainsi produites, les intensités s’ajoutent et deviennent deux fois plus grandes.
Pendant le fort de la Révolution, il se déroba et se fit recevoir instituteur primaire dans une campagne. […] Ses articles, relus aujourd’hui, ont fort perdu. […] Il avait fort étudié le style de Jean-Jacques Rousseau, et il lui empruntait volontiers l’apostrophe. […] Ce Geoffroy pourtant (j’y reviens) était une forte et vigoureuse nature. […] Au reste, sa position, vers 1812, semblait entamée de toutes parts et fort compromise ; il était temps qu’il mourût, sans quoi le sceptre ou la férule lui serait échappée.
Les poètes qui ne peuvent pas comprendre ces sortes de discussions, fort difficiles, M. […] À Philadelphie, vis-à-vis la maison habitée jadis par Franklin, un nègre et un blanc eurent un jour une dispute fort vive sur la vérité du coloris du Titien. […] Toute plaisanterie contre le pouvoir peut être fort courageuse, mais n’est pas littéraire. […] Parmi les habitants de Paris payant 5 000 fr. d’impôt, et par conséquent partisans fort modérés de la loi agraire et de la licence. […] Le mélange de ces deux intérêts me semble fort difficile.
Le père de Mme de La Fayette, maréchal de camp et gouverneur du Havre, avait, dit-on, du mérite, et soigna fort l’éducation de sa fille. […] Sa mère, bonne personne, nous dit Retz, mais assez vaine et fort empressée, s’était remariée, peu après, au chevalier Renaud de Sévigné, si mêlé aux intrigues de la Fronde, et qui se montra des plus actifs à faire sauver le cardinal du château de Nantes. […] Elle étoit fort jolie et fort aimable, et elle avoit de plus beaucoup d’air de Mme de Lesdiguières. […] Au dedans, un lit et un balustre, avec un grand fauteuil, dans lequel étoit assis M. le duc du Maine, fait en cire, fort ressemblant. […] Du Guet, jeune, s’était essayé au roman tendre et avait fort aimé l’Astrée ; c’était en tout un directeur comme il le fallait à l’auteur de la Princesse de Clèves.
Son père l’éleva sous ses yeux et lui fit donner par des maîtres habiles une instruction forte. […] Lenz, qui avait vécu à Strasbourg et qui retourna mourir dans le Nord, avait été fort connu de Ramond, qui lui destinait une plus longue dédicace. […] « Ce traducteur, disait La Harpe, est un homme qui paraît versé dans l’étude de l’histoire de l’antiquité. » — « Nous ne craignons point d’assurer, disait Grimm, que la traduction est fort supérieure à l’original ; ce que M. […] … Plaignons les faiblesses de l’humanité, et respectons les moindres de ses espérances ; n’en arrachons aucune à l’âme crédule et timide : elle mérite plus que toute autre l’indulgence du philosophe et les tendres soins des âmes fortes. […] J’ai souvent éprouvé que sur les montagnes on est plus entreprenant, plus fort, moins timide et que l’âme se met à l’unisson des grands objets qui l’entourent.
En un mot, il y a des pèlerins pour toute chapelle qui a ses reliques, et cela est fort heureux, fort consolant, surtout quand on aspire soi-même à laisser un jour sa relique dans l’histoire littéraire. […] C’est ce qu’on peut voir dans son ode intitulée La Solitude, qui est son meilleur ouvrage, où parmi un fort grand nombre d’images très agréables, il vient présenter mal à propos aux yeux les choses du monde les plus affreuses, des crapauds et des limaçons qui bavent, le squelette d’un pendu, etc. […] Il reconnaît si bien Regnier comme son parent et son auteur, qu’étant allé en Pologne, où il s’était bien trouvé de boire à la polonaise, tandis que Desportes, oncle de Regnier, qui y était allé en son temps à la suite de Henri III, s’en était fort repenti, il dit qu’il n’y a rien là d’étonnant : C’était un mignon de cour Qui ne respirait qu’amour : Il sentait le musc et l’ambre, On le voit bien à ses vers ; Et jamais soif en sa chambre Ne mit bouteille à l’envers. […] Parmi celles de ses pièces qu’on peut citer, on appréciait fort dans le temps Le Melon ; il y célèbre à pleine bouche ce roi des fruits, et raconte son origine, sa première apparition sur la table de l’Olympe le jour où les dieux firent gala après la défaite des titans. Chacun apportait son mets et son fruit : Thalie, de la part d’Apollon, présenta à son tour le melon, qui obtint le prix au jugement des gourmets immortels. — Une autre pièce que Perrault trouvait fort agréable, et que je suis fort tenté aussi de trouver jolie, est celle de La Pluie ; le poète y décrit au naturel l’effet bienfaisant que produit sur la terre, après une aride attente et une sécheresse de canicule, une ondée longtemps désiré.
Le duc de Bourgogne l’admira si fort qu’il en traduisit de beaux morceaux et les fit lire à Louis XIV, qui là-dessus reprit en gré l’abbé négociateur, depuis quelque temps tombé en disgrâce. […] Plusieurs s’autorisaient du nom du Dauphin, et, par présomption, se faisaient fort de son assentiment, ou du moins ils s’en donnèrent l’honneur et l’illusion après coup. […] Certes un prince ainsi disposé, devenu le maître, et nonobstant toutes ses vertus, ou, si l’on veut, à cause d’elles, aurait eu fort à faire avec les contemporains du Régent, de Montesquieu et de Voltaire. […] Il en était fort triste, ayant besoin de plaire. […] Il n’avait eu ni l’une ni l’autre… « Les réponses du prince (à Fénelon) sont fort touchantes, mais elles donnent peu d’espoir.
L’homme faible put menacer l’homme fort, et l’on entrevit l’aurore de l’égalité dès cette époque. […] Il faut que l’éducation des vainqueurs se fasse, il faut que les lumières qui étaient renfermées dans un très petit nombre d’hommes s’étendent fort au-delà, avant que les gouvernants de la France soient tous entièrement exempts de vulgarité et de barbarie. […] Heureux si nous trouvions, comme à l’époque de l’invasion des peuples du Nord, un système philosophique, un enthousiasme vertueux, une législation forte et juste, qui fût, comme la religion chrétienne l’a été, l’opinion dans laquelle les vainqueurs et les vaincus pourraient se réunir ! […] La religion des peuples du Nord leur inspirait de tout temps, il est vrai, une disposition à quelques égards semblable ; mais c’est au christianisme que les orateurs français sont redevables des idées fortes et sombres qui ont agrandi leur éloquence. […] Quoique les passions fortes entraînent à des crimes que l’indifférence n’eût jamais causés, il est des circonstances dans l’histoire où ces passions sont nécessaires pour remonter les ressorts de la société.
Il a la phrase un peu lente et pesante, mais traversée de brusques éclairs, et parfois ramassée en fortes sentences. […] Mais dans la Harangue aux États d’Orléans (1560) et dans le Mémoire au Roi sur le But de la guerre et de la paix (1568), ses ordinaires remontrances en faveur de la paix et de la tolérance ont revêtu une forme singulièrement forte ; vigueur de raisonnement, mouvement pathétique, expression saisissante, toutes les parties d’un grand orateur se trouvent dans ces deux pièces. […] L’Hôpital, Du Vair, si modérés, si graves, ne craignirent pas d’agiter l’opinion par d’éloquents et forts libelles225. […] Ce soldat que les loisirs d’une prison firent écrivain, trouva le style qui convenait à son âme douce et forte : un style familier et vigoureux, sans ombre de prétention ni d’effets. […] La septième pièce, dans les Œuvres, est un discours non prononcé, un vif et fort pamphlet, que Du Vair fit courir au commencement de 1594, sous le titre de Réponse d’un bourgeois de Paris à un écrit publié sous lu nom de M. le cardinal de Sega.
Il a cherché le mot propre, le mot fort, avec une opiniâtreté méticuleuse. […] La théorie de la volonté est l’âme du Traité des Passions, et elle est fort remarquable. […] La génération qui s’est élevée entre les souvenirs du terrible passé, et les secousses d’un présent encore troublé, ces hommes des conspirations contre Richelieu et de la guerre de Trente Ans, sont de fortes, même de rudes natures, peu disposées à s’amuser aux enfantillages de la vie sentimentale, capables et avides d’action : Richelieu, Retz sont les formes supérieures du type. […] Car ce qu’il y avait au fond de cet esprit mondain sous les incohérences fantaisistes de la surface, c’était un sentiment très obscur et très fort du pouvoir de la raison : là-dessus s’appuyaient précisément la force du préjugé mondain et la tyrannie de la mode. […] Sensible à la flatterie, et fort rancunier, il était du reste bon homme et serviable.
Quand il veut bien démonter une pièce, c’est merveille comme il en dégage l’idée première, comme il en saisit le fort et le faible, comme il met le doigt sur le point où le drame dévie. […] Weiss nous déclare qu’il se sent « peu de penchant pour elles » Il semblait entendu, établi par une infinité de professeurs et de critiques qu’Esther était une fort belle élégie, mais un drame assez faible : M. […] Weiss affecte de ne voir et de ne présenter à la fois qu’un aspect des questions, et c’est par là qu’il nous surprend et nous intéresse si fort. […] Racine serait fort étonné d’être admiré pour « ses à-fond d’une brutalité froide et la souplesse de ses dégagements ». […] Il réclame pour Mme Bovary ; à plus forte raison réclamera-t-il pour Marguerite Gauthier.
La poésie accomplit actuellement une évolution fort intéressante. […] Certes, je comprends très bien qu’on n’aime pas les vers libres ; moi-même, tout en m’y intéressant fort, je me sens incapable d’en user. […] Ce premier type n’ayant pas de syllabe forte à la médiane détonne parmi les autres. […] Pourquoi dès lors obliger un auteur à employer une rime forte quand c’est d’une douce qu’il a besoin ? […] Faguet, à condition qu’on ne le chérisse et poursuive point comme une beauté. » On ne réclame rien de tel ici, mais seulement la simple facilité d’en user avec tact, le cas échéant, ce qui est fort différent.
L’hagiographie, cette peinture byzantine littéraire, avec son inspiration macérée, avec ses nimbes mystérieux et rayonnants, ne touche guères que les cœurs qui les voient, ces nimbes, sans qu’on ait besoin de les leur montrer, et c’est pourquoi l’abbé Maynard a mieux aimé faire de l’histoire, — de la vaste et forte peinture d’histoire, — avec tout le ragoût de critique et de renseignement qu’une civilisation très avancée et très difficile exige maintenant de l’historien. […] d’un Pontmartin ecclésiastique, plus fort que Pontmartin, sinon dans la forme, au moins dans le fond, parce que, à force égale de talent ou d’esprit, l’homme qui a mis son front dans un livre de théologie vaudra toujours mieux qu’un littérateur, fût-ce un littérateur tout à fait, et non pas, comme Pontmartin, un littérateur de salon. […] Le monde est fort lâche et fort sot. […] Cette omniprésence du saint à toutes ses œuvres, le soin infatigable qu’il y donnait, les lettres, instrumenta regni, par lesquelles il les gouvernait des distances les plus éloignées, toutes ces fortes qualités, incessamment appliquées, de direction, d’influence et d’irrésistible commandement, frappent plus encore que sa charité, et tout cela est d’une telle proportion en saint Vincent de Paul, qu’il est impossible de bien comprendre son action souveraine sur tout ce monde immense dont il ne cessa d’être, jusqu’à la mort, le père de famille et la providence, sans l’aide personnelle, directe et surnaturelle de Dieu ! […] Elle l’a fait fort où un autre que lui n’aurait été que tendre, doctrinal, doctrinal surtout, où l’on pouvait craindre qu’il fut sentimental ou trop humainement pathétique, prêtre enfin, et non pas littéraire !
Les œuvres sont-elles nourrissantes, généreuses, fortes ? […] À ma réclamation, ils répondirent qu’il sautait aux yeux que mes confrères étaient beaucoup plus forts que moi. […] Enfin un hasard me décida (bien ou mal) : ces messieurs (dont les vers sont si forts) venaient de publier une satire très forte, en effet, d’injures et de barbarismes contre le préfet de Police.
Ils demandaient fort peu, certains que le secours Serait prêt dans quatre ou cinq jours. […] » L’habitude est si forte, qu’une fois délivré, son langage reste dévot comme auparavant. […] Il se met au-dessus d’eux ou parmi eux « et se croit un personnage. » Cet orgueil est raisonneur et esprit fort. […] Quand on voit les gens du peuple tels qu’ils sont, on les admire à peu près autant que les autres, c’est-à-dire fort peu. […] Ils ont fort bonne mine.
Nous avions bâti pour notre repos un édifice moral, et, forts de la sagesse du passé, nous somnolions sous ces vieilles voûtes. […] J’ose prétendre qu’il l’expliqua d’une façon fort superficielle en usant, sans bonheur, de la méthode de M. […] Mais il est vrai, pourtant, qu’il fleurit à son heure, d’une forte floraison fatale et naturelle. […] En lisant ses pages, nous respirons avec ivresse les fortes émanations des herbages, des pommes et des moissons. […] En un mot, Zola nous a montré les hommes, soumis encore aux fortes lois qui gouvernent l’animalité maternelle et splendide.
Jamais homme, selon lui, ne fut si naturellement poli, ni d’une politesse si fort mesurée, si fort par degrés, ni qui distinguât mieux dans ses réponses l’âge, le mérite et le rang201. […] Louis XIV avait imprimé dans tous les esprits une image de beauté, de grandeur et de naturel, demeurée plus forte que les préventions personnelles. […] Il en faisait passer le fond avant la façon, et, quoique fort sensible à un beau sermon, il savait ne pas s’ennuyer à un sermon médiocre. […] C’est ce mécontentement que lui apporta la vieillesse, en décolorant toutes les choses où il s’était si fort complu en lui-même. […] Aucun des grands écrivains du siècle de Louis XIV n’a d’ailleurs reçu de ce prince des impressions plus fortes que Bossuet.
Pendant le cours de ses études académiques, il avait obtenu un double succès fort rare. […] Une circonstance fort simple en elle-même devint un événement de la plus haute importance pour lui. […] Lullin savait assez bien l’anglais, mais dans son indifférence pour toutes les choses modernes, il s’en occupait fort peu. […] qui nous empêche donc, de dire que c’est fort beau ? […] Prodigue ou économe jusqu’à l’excès, il avait fait bâtir une fort grande maison dont l’intérieur n’a jamais été décoré ni même meublé.
Ce livre a été fort loué et fort attaqué, en effet. […] C’est un peu fort, ou plutôt c’est énorme ! […] Et c’est un point que j’ai fort à cœur. […] Et c’est fort beau. […] Elle était fort vieille, fort grosse et boulotte.
Je suis fort sensible à l’honneur qu’on veut me faire. […] Tout cela était fort intelligible et n’exigeait pas toute la sagacité de madame Scarron pour être fort clair dans son esprit. […] Mais cela prouverait qu’elle connaissait l’intérêt que le roi portait à madame Scarron et son désir de lavoir pour gouvernante de ses enfants, ne prévoyant pas sans doute qu’un jour cet intérêt irait fort au-delà de l’estime et de la bienveillance. […] Gobelin était fort aise d’avoir une pénitente initiée dans les secrets de la vie privée du roi et de sa favorite, et qui pouvait s’avancer et l’avancer lui-même82. […] Madame Scarron avait pris Gobelin pour directeur, comme beaucoup de gens d’esprit prennent pour conseil des personnes qui leur sont fort inférieures en mérite.
Modeste est une jeune fille très fort gardée de près et observée. […] Modeste est donc fort malheureuse et M. de Balzac s’en donne à cœur joie de quintessencier son héroïne. […] Incontestablement, c’est fort chevaleresque et très commémoratif des anciens temps. […] Il ne l’avait pas vue depuis l’embrasement, aussi lui semble-t-elle fort changée. […] Janin plus souvent que ne le disent ses ennemis, d’être fort amusant.
Il gardera tousjours place à une plus forte raison, ne jurant à rien. […] Il y aurait fort à dire sur la réserve que Charron propose ici. […] « La cour est comme un édifice bâti de marbre ; je veux dire qu’elle est composée d’hommes fort durs, mais fort polis. […] On en peut juger par des passages fort connus des lettres de Madame de Sévigné. […] Je l’estime aussi fort, aussi âpre que jamais ; mais il a su revêtir d’autres formes.
Il excite, quand il se met au piano et que de sa belle voix, forte et bien timbrée il accompagne les notes, tout ce qu’il y a de meilleur au fond de nous-mêmes. Il relève de Baudelaire, d’un Baudelaire fort artiste, fort sombre, mais moins les descentes dans les charniers et dans les putréfactions morbides.
Un ouvrage si fort part de la main d’un maître. […] Leur caractère est au service d’une passion plus forte qu’eux, qui les domine, et où ils succombent. […] Leurs vertus ne sont pas hors de notre portée, ni leurs passions plus fortes que leur nature. […] Il en est fort souvent incommodé, mais il n’ose s’en plaindre ; et, quand il s’y soustrait, il s’excuse par ses bonnes intentions. […] Le plus grand nombre, fort heureusement, la reconnaît et l’adore.
Cela est fort inexact : Demailly est un fort honnête homme et Nachette, seul, est un gredin qualifié. […] Il l’a fait fructifier, cette forte somme. […] La scène est fort jolie. […] Bref, il a une fort belle vie publique. […] Je serai forte.
C’est devenu un fort lieu commun, mais ça fait toujours plaisir à constater. […] La libre pensée et la haine de la religion y sont choses fort communes. […] Antoine fort capable de le remplir. […] Il dit de fort beaux vers, ce Léonard. […] Je vois que ce truc est fort à la mode parmi nos jeunes comédiens.
Quand on fait si petit, il est impossible de faire fort et profond ! […] comme si on n’était pas fort et profond sur un point intangible ! […] Les camaraderies sont mortelles aux plus forts. […] Cela dura ainsi quelques minutes, — puis on entendit, à son souffle plus fort, qu’elle se fatiguait. — “Assez, assieds-toi”, dit Félicia. […] Forte leçon !
Celui-ci ressemble fort à l’auteur des Égarements ou des Matines de Cythère, quand il nous explique, page 66 du second volume, pourquoi les libertins sont si bien venus dans le monde, tout libertins qu’ils sont. […] Cela intriguait fort notre philosophe, qui aimait beaucoup madame Legendre, et osait la railler de ce petit faible assez commun même chez les honnêtes femmes. Il lui en interprétait fort industrieusement les causes ; il lui en déduisait fort au long les conséquences ; et elle de nier, de rire, et de s’obstiner toujours à demeurer fidèle à son mari tout en leurrant ses amants. […] Je lui dis que c’était une des plus puissantes affections de l’homme. « Un cœur paternel, repris-je ; non, il n’y a que ceux qui ont été pères qui sachent ce que c’est ; c’est un secret heureusement ignoré même des enfants. » Puis continuant, j’ajoutai : « Les premières années que je passai à Paris avaient été fort peu réglées ; ma conduite suffisait de reste pour irriter mon père, sans qu’il fût besoin de la lui exagérer.
Mais, que nous nous ne servions ou non, la chose lui est fort indifférente. […] Cette couronne, qui est fort lourde, ne l’embellit pas, il s’en faut. […] Donc, plus Dandin sera « naturel », plus le ridicule sera fort. […] de grâce, laissez, je suis fort chatouilleuse. […] Je m’en vais crier plus fort que toi.
En présence du vice, elle n’en conçoit ni le goût ni l’indignation ; c’est chose, à ses yeux, toute naturelle en pareil temps, toute légitime en pareil lieu, et, sans s’en étonner, elle le décrit en détail ; bonne femme d’ailleurs, incapable de médisance, et au demeurant fort honnête. […] Madame s’en inquiétait peu : « Le roi et moi comptons si fort sur vous, lui disait-elle, que nous vous regardons comme un chat, un chien, et que nous allons notre train pour causer. » On conçoit dès lors tout ce qu’il peut y avoir de confidentiel dans les mémoires de cette brave dame. […] Mais lisez madame du Hausset, et elle vous apprendra quels ministres étaient bien ou mal avec madame, et pourquoi ; ce que c’était que le petit abbé de Bernis, qui menait de front une poésie légère, une intrigue d’amour, une partie de chasse et une guerre désastreuse ; ce que c’était que M. de Choiseul qui le supplanta, grand seigneur, de fort bonne mine, si ami de madame qu’on le disait doublement ministre du roi, et de quelle honnête manière il décachetait les lettres avec un gobelet d’eau tiède et une boule de mercure ; vous y verrez comment Machault fut ingrat envers sa bienfaitrice qui avait payé ses dettes, et comment elle brisa cette créature infidèle ; vous y remarquerez surtout la disgrâce de d’Argenson, ministre ennemi de la marquise : ce jour-là, il y eut des évanouissements et des sanglots ; la femme de chambre apporta des gouttes d’Hoffmann ; le roi lui-même arrangea la potion avec du sucre, et la présenta de Voir le plus gracieux à madame. […] » Madame du Hausset, qui était là, sortit effrayée : le frère de madame de Pompadour était présent et fort calme.
Sa traduction de Plaute est fort libre. […] Lorsqu’elle commença ce travail, elle se levoit à cinq heures du matin pendant un hyver fort rude. […] Il ne faut pas confondre La Chapelle & Chapelle, auteur d’un voyage fort connu. […] Quelques hommes d’un goût bizarre trouvent cette momerie fort plaisante. […] Mais la science des bienséances n’a été connue que fort tard parmi nous.
M. de Talleyrand, d’une voix grave (car il l’avait très forte et à remplir la salle), répondit qu’il aimait mieux commencer aussitôt. […] On y pensait fort et l’on en était fort préoccupé autour de lui : il s’en préoccupait lui-même depuis quelques années. […] Lorsqu’il perdit sa vieille amie, la princesse de Vaudemont (janvier 1833), il se montra fort affecté. […] « Le mois de juin passé, je m’abandonne à toutes les pertes de temps que l’on veut… » Et même après le mois de juin, dans une autre lettre du 31 juillet : « Notre vie ici (à Valençay) est fort ordonnée, ce qui rend les jours fort courts. […] Son pouls avait cette singularité d’être fort plein et d’avoir une intermittence à chaque sixième pulsation.
— les épouvantables remords des natures physiques, plus forts que leur abrutissement, n’est plus capable que de faire l’étalage, comme un garçon, chez les charcutiers qu’il adore. […] — il semblait que c’étaient les paroles mauvaises de madame Lecœur et de mademoiselle Saget qui puaient si fort ! […] La sœur de l’abbé Mouret est une grande et forte fille que l’Église n’a point rendue idiote comme son frère. […] Pour l’auteur de La Faute de l’abbé Mouret, comme pour ce fort animal idiot qu’on appelle Désirée, cette vache qui vient de vêler est l’événement suprême. […] L’auteur de L’Assommoir n’est ni plus haut, ni plus fort que son siècle, qui l’a emboîté dans ses rails impérieux.
En fille pieuse, elle obéit, mais elle ne put s’empêcher de dire : « Je suis donc l’agneau politique qui vais être sacrifié pour le pays. » L’agneau, quand on la connaît, peut paraître un terme singulièrement choisi pour une si forte victime ; mais la comparaison reste juste, tant le cœur chez elle était tendre et était bon. […] Bonne et fidèle amie, sûre, vraie, droite, aisée à prévenir et à choquer, fort difficile à ramener ; grossière, dangereuse à faire des sorties publiques ; fort Allemande dans toutes ses mœurs, et franche ; ignorant toute commodité et toute délicatesse pour soi et pour les autres, sobre, sauvage et ayant ses fantaisies. […] Madame raconte très gaiement comme quoi dans sa jeunesse, sentant sa vocation de cavalier si forte, elle espérait toujours un miracle de la nature en sa faveur. […] Ce qu’elle prisait fort en lui, c’était sa droiture de sentiment et sa justesse de coup d’œil quand il était livré à son propre mouvement, c’était la qualité de son esprit, l’agrément de ses entretiens, la tournure excellente de ses propos ; enfin c’était un certain naturel élevé qui l’attirait et la charmait en Louis XIV. […] Malgré des efforts qui purent être un moment sincères, les situations et les répugnances furent les plus fortes ; les antipathies se redressèrent et prévalurent.
Le bon roi qui s’en doute, et qu’on a averti de cet amour, imagine, à l’instant, une feinte qui semble même un peu forte pour lui. […] Chimène l’accepte. — A demain, dit le roi fort sensé. — Mais cette éternelle règle des vingt-quatre heures s’y oppose. […] Qui t’a rendu si faible, ou qui le rend si fort ? […] Chimène le relève ; elle s’est trop avancée pour pouvoir opposer une bien forte résistance ; ce n’est plus pour elle qu’une question de bienséance et de temps. […] Il a taillé dans une pièce fort intéressante et fort riche assurément, mais très-éparse, et biographique encore plus que dramatique, un Cid bien français, un Cid à l’instar de Paris.
Les portraits que trace Malouet dans un de ses premiers chapitres, et qui forment comme sa galerie des États généraux, n’approchent certes pas, même de bien loin, de ceux qu’un Retz a tracés dans sa galerie de la Fronde, et un Saint-Simon dans ses tableaux de la Régence ; mais les principaux traits sont fort justes, fort ressemblants, et le mot propre du caractère de chacun est souvent donné. […] Vers la fin de mai 1789, Malouet fut fort étonné de se voir recherché de sa part, Mirabeau lui fit dire par deux de ses amis genevois, Du Roveray et Dumont, qu’il lui demandait un rendez-vous. […] Soit qu’il fût ou non de bonne foi dans l’ouverture qu’il me faisait, je n’eus garde de la repousser, et je lui dis : « Monsieur, j’ai une telle opinion de vos lumières, que je ne balance pas à croire ce que vous me dites, et je suis très impatient d’attendre ce que vous allez y ajouter. » — « Ce que j’ai à ajouter est fort simple, me dit M. de Mirabeau. […] On y sent à travers les déclamations et on y retrouve des fonds de mémoires exacts et neufs pour le temps, fort instructifs et intéressants en substance, sur l’origine et les vicissitudes des établissements européens dans les deux Indes. […] « L’abbé Raynal est fort mal à son aise partout où il ne pérore pas colonies, politique et commerce. » C’est Diderot qui dit cela dans une lettre à Mlle Voland (4 octobre 1767).
Sir Henry Bulwer a très bien exposé ces premiers et légers déboires que l’introducteur de Louis XVIII eut à supporter, les reproches qu’il essuya des deux parts pour s’être si fort pressé de signer la convention du 23 avril qui abandonnait aux alliés tant de places fortes avec un matériel de guerre si considérable. […] Comment eût-il pu d’ailleurs improviser en ce sens une influence respectable et forte avec les instruments muets, et la veille encore serviles, qu’il avait sous la main ? […] Le coup de tonnerre du 5 mars, la nouvelle de la rentrée en scène de Napoléon, qui brusqua la séparation du congrès, donna fort à réfléchir à M. de Talleyrand, et il mit dans toutes ses démarches des mois suivants une singulière lenteur. […] « Les bains de Mme de Dino ont été retardés par les pluies, ce qui fait qu’elle a passé quatre ou cinq jours fort inutilement dans le plus vilain endroit du monde : elle n’a pu commencer son traitement d’eaux qu’hier. — Vous ne me mandez point de nouvelles, et je suis tout près de vous en remercier. […] On raconte que la première fois que M. de Talleyrand fit sa visite à Château-Vieux à travers un pays fort accidenté, moitié rochers, moitié ravins, et de l’accès le plus raboteux, son premier mot à M.
On déplora fort cette publication indiscrète ; on réprouva la conduite des éditeurs qui déshonoraient ainsi, disait-on, la mémoire d’une personne jusque-là considérée, et qui livraient son secret à tous sans en avoir le droit. […] Elle s’était fort attachée à d’Alembert, enfant illégitime comme elle, et qui, comme elle, avait négligé avec fierté de se mettre en quête pour des droits qu’il n’aurait pas dus à la tendresse. […] Tout atteste que M. de Mora, fort jeune encore, était un homme d’un mérite supérieur et destiné à un grand avenir, s’il avait vécu. […] Tout en admirant une nature capable d’une si forte manière de sentir, on est tenté, en lisant, de supplier le ciel de détourner de nous, et de ce que nous aimons, une telle fatalité invincible, un tel coup de tonnerre. […] Quand il se marie (car il a le front de se marier au plus fort de cette passion), elle s’y intéresse ; elle loue sa jeune femme qu’elle rencontre : hélas !
Necker est un fort honnête homme ; il a beaucoup d’esprit, mais il met trop de métaphysique dans tout ce qu’il écrit. Je ne sais s’il vous plairait, je crois qu’oui à beaucoup d’égards ; dans la société, il est fort naturel et fort gai ; beaucoup de franchise ; il parle peu, est souvent distrait… Il y a des jours où M. […] Son œil brun, vif, spirituel, et quelquefois d’une douceur charmante ou d’une mélancolie profonde, était surmonté d’un arc de sourcil fort élevé, qui donnait à sa physionomie une expression très originale. […] Sorti du ministère où il ne devait rentrer que sept ans plus tard et quand les circonstances seraient trop fortes pour lui, il continua de vivre dans la société, au milieu d’une faveur et d’une adulation presque universelles39. […] [NdA] Sénac de Meilhan, dans un portrait fort dur qu’il a tracé de M.
De plus, il y a, ou mieux peut-être il y avait une école, l’école de Munich, dont le chef était le fameux Goerres, et qu’à une certaine époque on a si fort glorifié dans le parti de Saint-Chéron. […] La sympathie et la considération de la France éclairée pour l’Allemagne éclairée sont fort grandes ; mais la petite séduction qu’on voulait organiser à l’aide de cette considération et de cette sympathie ne réussira pas. […] Rien n’y montre cette forte adhésion de toutes les puissances de l’âme qui est le caractère de la foi. […] Hurter était un esprit fort calme alors, très érudit, que la grande figure d’Innocent III, très calme aussi, devait naturellement attirer, et qu’il admira bonnement, dans toute la candeur d’une pensée honnête. […] Presque jamais auparavant, mais à coup sûr jamais depuis, la pensée occidentale, l’état de l’esprit humain n’a créé à la papauté une situation plus forte, plus élevée, plus facile à fortifier, à grandir encore.
Il est certain qu’il a blessé dans son ouvrage (le Génie du christianisme) des convenances importantes, et que même il s’en soucie fort peu, car il croit que son talent s’est encore mieux déployé dans ces écarts. […] Je le soutiens, je tâche même de bégayer ; deux de mes lettres avaient précédé votre nouvelle ; je grondais fort, mais elles en lui parviendront pas probablement. […] Il y a en effet, dans le fond de ce cœur, une sorte de bonté et de pureté qui ne permettra jamais à ce pauvre garçon, j’en ai bien peur, de connaître et de condamner les sottises qu’il aura faites, parce qu’à la conscience de sa conduite, qui exigerait des réflexions, il opposera toujours machinalement le sentiment de son essence ; qui est fort bonne. […] Joubert, à propos de ce dernier dont il goûtait fort l’esprit et dont il avait si hautement préconisé les débuts et la jeunesse : « Je veux me brouiller avec tous les hommes, excepté avec deux ou trois. […] Joubert, précédées de sa Correspondance fort augmentée, avec Notice par M.
Tels furent les plus forts de ce temps ! […] Les indiquer, ne sera-ce donc pas continuer, à notre manière, la forte éducation historique que Champagny nous a donnée sur le monde romain ? […] Il a bien senti qu’il n’y pouvait y avoir d’organisation efficace et forte sans l’esprit de suite, sans le lien qui unit, dans leurs tendances et leurs aspirations, la génération qui vit à celle qui l’a précédée et à celle qui va la suivre, et que, là où le père de famille ne laisse point à son fils d’exemple à imiter et de nom à grandir, l’organisation politique, à proprement parler, n’existe pas. […] Si le mouvement de la civilisation n’avait pas emporté si fort Champagny, il fût plus resté dans la politique de son livre, et ce livre aurait tout un caractère qu’il n’a pas assez… Ainsi, nous le disons avec regret, tout vient aboutir au même reproche. […] Nous avons vu ce qui les distinguait l’une de l’autre ; ce qui fit l’une forte, malgré ses orages intérieurs, ses guerres civiles, sa corruption même et ses crimes ; ce qui fit l’autre faible, malgré l’éclat de quelques victoires et la beauté de quelques génies.
Mignet et Amédée Pichot ne sont pour rien, ces deux ouvrages écrits d’un style fort différent, — l’un, avec la tenue froide d’un membre de l’Académie, l’autre, avec l’égoïste flânerie d’un chroniqueur qui aurait dû oublier sa personnalité davantage, — ont cependant pour nous un intérêt très animé et très réel. […] L’esprit religieux, sacerdotal, armé de l’Espagne, qui sut, tant il était fort ! […] Un grand artiste qui a fait entrer sa puissante fantaisie dans l’histoire, Honoré de Balzac, a écrit : « La destinée d’un homme fort est le despotisme. […] Un historien a dit de Charles-Quint : « Les regrets de Worms furent tardifs. » Pour notre compte, nous croyons fort peu à ces regrets ; mais regrets ou remords dans la conscience du prince qui avait compromis également sa puissance et sa foi avec les ennemis de l’une et de l’autre, les faiblesses de Worms, les fausses habiletés du grand Habile qui ne vit pas à l’origine tout ce que le Protestantisme cachait, n’en furent pas moins un crime dans la pure conscience de l’Espagne, et un crime qui avait besoin d’expiation. […] Ranke est certainement le plus distingué et le plus fort, M.
Quand l’idée enfonce la grammaire, c’est qu’elle est déjà forte dans les esprits ! […] Puis, dans un cercle fort étroit, on avait, pendant vingt ans, entendu cette voix âpre, obstinée, pesante, ne portant pas loin, et qui avait cependant la prétention d’instruire la terre et de la changer ! […] La moins forte et la moins féconde est encore prolifique et fait des petits… Si ces petits sont très petits, c’est toujours au moins un genre d’insectes incommodes, une malpropreté du cerveau. […] Dans l’état actuel de ce pauvre esprit humain, qui se croit un esprit très fort, ceci la compromet. […] Et vraiment, je ne voudrais pas rire dans ce sujet, je voudrais être sérieux ; mais le comique positiviste est plus fort que moi.
Ceci est fort au-delà de Shakespeare ; c’est un immense progrès du romantique, et M. […] La fable qu’ils imitent devient plus vraie entre leurs mains, l’action plus forte, les ressorts se multiplient ou acquièrent plus de puissance. […] Un poème épique, et à plus forte raison une tragédie, n’est pas un livre d’histoire : il s’agit de recueillir dans les annales ce qui est dramatique, et de rendre tel ce qui ne l’est pas de soi-même. […] C’est même un genre d’effet dont la tragédie a peut-être besoin ; il n’appartient qu’à la comédie de se rapprocher si fort de nos allures actuelles. […] Mais enfin ce n’est pas tout que de faire danser, dormir, rêver et périr des personnages ; il faut encore leur donner des mœurs, un caractère, des passions, et nous devons avouer que Shakespeare y réussit fort souvent.
Deux, entre autres, alors fort goûtés, le cardinal Duperron et Coeffeteau, évêque de Marseille, rendaient ce progrès sensible à tous les esprits par des ouvrages bien faits et d’une lecture facile. […] Ces deux noms ont été fort retentissants au commencement du dix-septième siècle, celui de Coeffeteau surtout, un des auteurs modèles de la naissante Académie française. […] Bourbon, homme fort savant, qu’il avait appris de lui à juger du mérite des auteurs, à distinguer les styles et les caractères, à faire la différence entre le bien et ce qui n’en est que l’apparence. […] Quelques-unes de ses lettres seraient de fort bons modèles de l’art d’écrire en prose. […] Ses critiques n’imaginaient rien de plus fort à lui dire, sinon que toute la France était empuantie de son éloquence, reconnaissant ainsi ce grand succès en le calomniant.
Ce sont des artistes fort peu artificieux et qui malgré la place que l’observation tient dans leur œuvre, s’y mettent tout entiers. […] Ils sont, comme nous venons de le voir, d’esthétique fort diverse ; cependant on les considère comme appartenant ensemble au groupe des artistes réalistes, bien que plusieurs d’entre eux se distinguent davantage par la manière dont ils ont altéré ce qu’ils ont su que par leur exactitude à le reproduire. […] Cet art idéalise en ce qu’il représente de préférence ces traits comme possédés par certains êtres fictifs, quand la plupart des hommes en sont fort loin. […] James Sully comme condition du bonheur, cette forte discipline de la volonté qui conduit à réaliser les désirs possibles et à se détourner des désirs insensés. […] On s’en remet pour le maintien des cités aux ordonnances qui règlent la concurrence vitale, et l’on s’imagine que ce dur principe de lutte qui épuise les forts et tue les faibles, pourra fonder autre choses que des rivalités, des haines, une immense lassitude.
Elle était fort jolie et avait beaucoup d’esprit. […] Il se crut dévot, se fit une retraite charmante joignant les Incurables, et y mena quelques années une vie forte édifiante. […] On a une lettre de lui « à un mari et à une femme qui s’aimaient fort, et qui avaient beaucoup de piété » ; il leur disait : J’ai vu les jours heureux que vous voyez ; il a plu à Dieu de me faire sentir la douleur mortelle de les voir finir ; et il lui plaît encore d’entretenir cette douleur si vive dans mon cœur… Tous mes jours sont trempés dans le fiel ; je ne me repose que dans la pensée de la mort, et, ce que Dieu seul peut faire, au milieu de tout cela je suis heureux, sans perdre rien de ma douleur. […] Il a raconté dans une relation historique fort précise, et dans des lettres écrites au maréchal de Bellefonds, toute cette campagne de Hongrie contre les Turcs (1685). […] Lassay avait du goût pour les jardins et pour les bâtiments, comme il le prouva plus tard en accommodant l’hôtel Lassay, comme il l’avait déjà montré en petit dans sa jolie maison de retraite près des Incurables ; il avait le goût simple et uni, et avec peu il obtenait d’heureux effets : Je vous demande encore, disait-il à la maîtresse de cette villa de Bagnaia, de faire abattre, à hauteur d’appui, la muraille qui est devant vos fenêtres, car cette muraille vous donne une vue effroyable et vous en cache une fort belle ; et, si on prétend qu’elle est nécessaire pour votre maison, il n’y a qu’à faire un petit fossé derrière.
j’en fais faire une copie, la copie est presque achevée : elle ressemble fort à l’original, qui ressemblait fort à la belle. […] Le chanoine de Reims n’était pas de l’Académie, mais il en eût été certes depuis longtemps s’il eût résidé dans la capitale ; il était connu pour la beauté de sa plume : on avait fort admiré sa traduction des homélies de saint Jean Chrysostome. […] Si on voulait passer la journée en visites, on la passerait, et doucement : toujours nouveaux usages, honnêtes gens d’ailleurs, surtout fort civils, il ne s’y peut y ajouter ; diantre ! […] Avec tout cela, j’ai de fort agréables moments ici. […] Je suis fort paresseux, et je ne sais pas beaucoup.
Pour nous, qui nous contentons de sentir sa force, son mérite, mérite toujours contrarié et traversé de certaines ombres, il nous attire surtout à titre d’écrivain, et nous voudrions par ce côté nous en rendre compte à nous-même en présence de nos lecteurs, sans rien ajouter à l’idée, fort élevée d’ailleurs, qu’on se doit faire de lui, et sans rien exagérer. […] Quant à la noblesse et aristocratie de France, il l’estime, et sans assez de raison peut-être, beaucoup plus heureuse que celle d’outre-mer, « tant parce que celle-ci, dit-il, paie taille comme le peuple, qu’aussi pour la rigueur de justice qui est si ordinairement exercée contre eux, qu’il y en a qui tiennent à beaucoup d’honneur, et prennent la grandeur de leurs maisons par le nombre de leurs prédécesseurs qui ont eu la tête tranchée, au lieu que cela est fort rare parmi nous. » Il parle ici en jeune homme et avant Richelieu. […] Ces deux discours sont fort bons, mais ils ont plus de relief que les actions qui s’y rattachent : Je serais ennemi de moi-même, dit M. de Rohan à Luynes, si je ne souhaitais les bonnes grâces de mon roi et votre amitié. […] : Je vous ai écrit d’un voyage que doit faire M. de Rohan ; certes c’est une belle occasion, et eusse fort désiré en avoir votre avis, estimant qu’il serait fort à propos que notre aîné l’eût fait, mais je n’ai garde de le lui faire entreprendre que je ne sache votre volonté. […] À la vérité, cela lui profiterait fort et s’en sentirait toute sa vie ; ils sont quatre ou cinq jeunes seigneurs qui font ce voyage.
« L’année dernière, l’armée, presque anéantie par les glaces du Nord, par une campagne malheureuse, — l’armée, étonnée de ses revers, était découragée : aujourd’hui elle s’est reformée de toutes les vieilles troupes qu’on avait laissées dans les places fortes. […] Déjà l’année dernière les Alliés craignaient fort le paysan et les partisans ; cette année, ce sera bien autre chose ; ce sera comme nous étions en Espagne, où le soldat aimait mieux mourir de faim que de s’éloigner de dix pas de leurs troupes. […] Les souvenirs qui l’avaient accompagnée jusqu’ici cessent et expirent ; les écrits seuls sont là désormais, et ils ont besoin d’être complétés, d’être expliqués : le plus fort de leur charme et de leur puissance est dans l’ensemble, et on ne saurait presque en détacher une page entre toutes. […] J’ai en ce moment présente à l’esprit une épreuve à laquelle je les ai vues bien souvent soumises et dans fort peu de cas résister. […] J’apprends avec un plaisir fort vif que ses impressions ont été en tout conformes aux miennes.
Je le vis donc fort souvent pendant trois semaines que je séjournai à Turin. […] « La Cambrai alors était toute seule dans la boutique, et, l’ayant aperçu, elle le pria d’entrer ; lui, qui la vit si jolie, y entra fort volontiers ; les voilà à causer. […] Il savait pourtant résister dans l’occasion, car il était amoureux ailleurs ; il l’était fort en ce temps-là d’une Mme Lévesque, femme d’un avocat de ses confrères. Son ami, le célèbre traducteur Perrot d’Ablancourt, avec qui il menait jeunesse, le servit fort en cette intrigue, et il l’aidait à écarter, sans trop de peine, le mari plus incommode que jaloux. […] « Tout cela fut trouvé fort joli. » Enfin, pour donner l’image et la représentation d’une séance complète, on passa à la lecture d’un article du Dictionnaire.
La Salade est divisée en trente « livres », pour la plupart fort courts. […] La question est fort obscure, et il faudrait, pour la résoudre, des éléments qui nous font défaut. […] Il se tire d’ailleurs fort habilement d’affaire avec eux. […] Je ne donne ce texte fort prolixe que dans un résumé. […] Enfin, et c’est le plus notable, les préceptes sont fort altérés.
Ces silex sont fort petits et presque toutes les traces de travail, fort douteuses. […] Le pain préhistorique était peut-être fort agréable. […] Grasset, sont en principe fort acceptables. […] Il y a des amitiés fort jalouses. […] Elle est la plus grosse et la plus forte.
Bref, nous souffrons d’une contradiction trop forte entre ce que nous sentons, naturellement ou par tradition, et ce que nous faisons. […] Je vous assure que leur moralité est fort supérieure à celle des chrétiens. » Il n’en est pas moins fâcheux que ces honnêtes gens, mus par le plus respectable des sentiments religieux, deviennent, à certains moments, de si surprenants massacreurs. […] » Cela est fort douteux, car j’imagine que ces provinces-là sont heureuses : mais, en tout cas, qu’aurions-nous à y perdre ? […] On accepte tout quand il s’agit de politique extérieure, par appréhension de « se faire des affaires » et par la lamentable désaccoutumance de se sentir fort.
Car, d’ordinaire, ce que nous appelons une odeur ou une saveur est une sensation fort compliquée ; les nerfs olfactifs ou gustatifs n’y contribuent que pour une part ; une autre part fort considérable appartient à des nerfs du toucher, semblables à ceux qui sont répandus dans tout le reste du corps et nous donnent les sensations de contact, de contraction musculaire, de chaleur, de froid, de douleur locale, et toutes leurs espèces. — Considérons d’abord l’odorat87. […] Au contraire, dans la sensation du toucher, la traduction est imparfaite ; nous éprouvons seulement que le tremblement devient plus fort et dégénère en chatouillement, quand l’ondulation aérienne devient plus rapide et que ses ondes subissent des condensations plus fortes. — Pareillement un même événement extérieur, l’ondulation éthérée, est traduit de deux façons, par la sensation tactile de chaleur ou de froid, et par la sensation visuelle de couleur et de lumière. […] De son côté, la sensation d’ut comme celle de mi, est composée d’une sensation plus forte, celle d’ut ou de mi, et, en outre, d’autres sensations simultanées plus faibles, celles des harmoniques supérieures. Quant à cette sensation plus forte et à ces sensations plus faibles, elles sont composées chacune de sensations successives plus courtes, lesquelles, isolées, peuvent encore être aperçues par la conscience, et dont le nombre est égal à celui des ébranlements aériens divisé par deux. […] De cette sensation, quand elle est forte, résulte l’idée de viscosité, et, quand elle l’est infiniment peu, celle d’humidité.
Est-il donc vrai qu’en enseignant les éléments on se soit ainsi laissé si fort arriérer par rapport à la science ? […] Après l’introduction fort instructive où il a amplement exposé l’état de la critique virgilienne, M. […] Mais il y a une autre manière de commentateurs, et ceux-ci fort utiles et particulièrement agréables ; ils ont l’abondance des vues ; un développement naturel, et judicieux ou fin, ne les effraye pas : j’y mettrais en tête le bon Eustathe, le commentateur d’Homère. […] Le poète supprime les superfluités : il ne fait pas dire à Turnus ce que Turnus ne peut savoir et ce qu’il n’aurait guère le temps de rappeler au fort de la mêlée. […] Le lendemain lord Carteret (depuis comte de Granville) tint son premier lever : Swift s’y présenta pour rendre ses devoirs au vice-roi, qu’il avait fort connu en Angleterre dix ans auparavant.
Les vieilles divinités du Nord sont des êtres fort mal définis, faute de poètes qui les aient chantées, d’artistes qui les aient peintes. […] Si d’abord il se donne pour un esprit fort, adieu la terreur. […] La fille de la maison est d’ailleurs fort empressée à la mettre au fait et l’aide de son mieux. […] Il dit fort poliment à Tatiana qu’il n’est pas son fait, et après quelques lieux communs de morale paternelle, il se retire, fort satisfait de ce qu’il croit un trait de galant homme, après avoir mortellement blessé un pauvre cœur. […] Pas n’est besoin d’ajouter que bientôt il en est amoureux, et très sérieusement ; mais à présent il a affaire à forte partie.
Cette illusion est si forte que des philosophes en ont été dupes. […] Mais aussitôt il devient nécessaire que chacun obéisse à la plus forte : il est également impossible d’imaginer une autre solution ou de prétendre que la force la plus faible l’emporte. […] Selon que le sentiment du devoir opposé au sentiment du plaisir sera le plus fort ou le plus faible en raison d’une hérédité, d’une éducation et de circonstances inconnues et complexes, il l’emportera ou cédera le pas. […] Si, au contraire, tous les éléments du problème lui sont fournis, et s’il choisit le mal au lieu du bien, ce qui lui est funeste au lieu de ce qui lui profite, il faut bien accorder qu’une nécessité plus forte le contraint et bride sa liberté. […] La certitude du chrétien semble beaucoup moins forte que celle du sauvage et du primitif, si l’on prend pour mesure le fanatisme et les pratiques que ces religions différentes inspirent à leurs fidèles.
et ce s’ensuit-il pas de là que cette prétendue harmonie, que les latinistes modernes exaltent si fort, est du moins autant dans leur imagination que dans leurs oreilles ? […] Si le centon n’est que d’un seul auteur, ce qui est pour le moins fort difficile, j’avoue que la bigarrure n’aura plus lieu ; mais, en ce cas, à quoi bon cette rapsodie, et que peuvent ajouter à nos richesses littéraires ces petits lambeaux d’un ancien, ainsi décousu et mis en pièces ? […] Que penser à plus forte raison de ses vers latins, et surtout de ses vers grecs ? […] Je doute fort qu’il nous parût en avoir approché si heureusement. […] De plus forts que cet adversaire y ont échoué, et même s’en sont repentis.
Il a été, dit-on, fort applaudi au théâtre. […] Rien ne ressemble plus à une révision des œuvres, dans ces principes aujourd’hui fort peu de mise, qu’un examen de conscience au confessionnal. […] En relisant ces pages écrites avec une conviction si forte et si désintéressée, il m’est venu des doutes en ce qui touche les personnes. […] Au plus fort de ma confiance, je me souviens que je faisais une distinction fort commune, fort peu ingénieuse, mais par laquelle je devais revenir au vrai, entre les monuments des xviie et xviiie siècles, et les essais de la nouvelle école. […] Sa loi est de vivre, n’importe comment, et non pas de se mettre sur les bras une jeunesse nourrie d’études fortes et de croyances.
L’amitié resta entière entre nous jusqu’à la publication de mon roman de Volupté, qui, je ne sais pourquoi, déplut fort a Béranger par son esprit, et même lui porta ombrage en quelques endroits. […] Il y en a deux (à l’endroit qu’on m’indiquait) de fort clairs, et si j’eusse voulu vous mettre dans le troisième, il ne m’eût pas été difficile de le faire plus reconnaissable. […] Si vous vous rappelez les circonstances, trop rares pour moi, d’une liaison que j’ai tant désirée et que j’ai bien moins cultivée que je n’aurais voulu, il doit vous paraître qu’elle a été de ma part toute de respect, et, j’ose dire, de déférence empressée, et fort peu exigeante en retour pour toutes choses, hormis un sentiment sûrement bienveillant de votre côté. […] J’en ai plus été affligé qu’étonné, quoique j’en aie été étonné un peu, surtout de la part de certaines personnes : on a beau se croire une grande expérience des hommes, on persiste à se faire et à rêver des exceptions exprès pour soi tout seul. — C’en est assez, mon cher Béranger, pour vous poser fort incomplètement une question que vous saurez mieux préciser que moi : « Que me reprochez-vous à votre égard ? […] Il y a eu les grossiers parmi les zélés, il y a eu les pédants ; on m’a pris à partie, cela va sans dire ; on m’a fort découpé, sinon mis en pièces.
C’était un nom fort commun ; mais naturellement on y chercha plus tard des mystères et une allusion à son rôle de Sauveur 105. […] La population de Galilée était fort mêlée, comme le nom même du pays 106 l’indiquait. […] Le froid y est vif en hiver et le climat fort salubre. […] Les maisons, à ce qu’il semble, ne différaient pas beaucoup de ces cubes de pierre, sans élégance extérieure ni intérieure, qui couvrent aujourd’hui les parties les plus riches du Liban, et qui, mêlés aux vignes et aux figuiers, ne laissent pas d’être fort agréables. […] L’aspect grossier des ruines qui couvrent la Palestine prouve que les villes qui ne furent pas reconstruites à la manière romaine étaient fort mal bâties.
De Caen il alla un an à Paris, et de là, sous son précepteur, aux universités de Bâle et de Heidelberg ; il y fit d’assez fortes études pour le latin et s’y acquit un fonds solide. […] Il nous a mis hors du lit ; il s’en va nous rendre notre santé parfaite, et après la santé un teint plus frais et une vigueur plus forte qu’en siècle qui nous ait jamais précédés. […] Il accordait à Racan de traiter en vers un sujet fort laid, fort ignoble, une polissonnerie de page ; sa morale et son goût ne s’en effarouchaient pas. […] Duclos, qui comptait si fort en son temps, était également connu pour ces mots fréquents et courts qui mordaient sur les esprits ; et l’on peut dire qu’il y avait aussi un Duclos dans Malherbe. […] Sapey, mais de la thèse, devenue un livre à son tour, d’un écrivain d’ailleurs fort instruit et fort estimable, M.
En 1790, il mène une vie fort dissipée. […] Mais c’est déjà fort beau, vraiment. […] Cela est fort beau ; mais cela est un peu arrangé. […] Ici, j’abrège très fort. […] Il s’y montre fort naïvement irrité des censures et fort content de lui.
Relisez la pièce espagnole, elle est fort belle. […] En vérité, l’erreur est un peu forte. […] La pièce m’avait fort amusé ; mais, qui sait ? […] Ici, une scène fort curieuse. […] Je n’ai pu vous en donner qu’une analyse fort incomplète.
La distinction des époques est ici fort importante, la rédaction du Talmud s’étendant de l’an 200 à l’an 500 à peu près. […] Les difficultés intrinsèques tirées de la lecture du quatrième évangile lui-même ne sont pas moins fortes. […] Il est clair que leurs récits offriraient de nombreuses erreurs, de fortes discordances. […] Le livre a été, de la sorte, composé tout entier fort près des lieux mêmes où Jésus naquit et se développa. […] Qu’on lise attentivement Matthieu, on trouvera dans la distribution des discours une gradation fort analogue à celle que nous venons d’indiquer.
La courtoisie dont le marquis de Marignan usait envers Montluc assiégé, en lui envoyant la veille de Noël un cadeau de gibier et de vin, était en même temps une ruse de guerre ; car la même nuit il pensait à lui faire un autre festin, en tentant une escalade vigoureuse à la citadelle et à un fort qui donnait accès dans la ville. […] Avant et après ce temps, il n’était que le lieutenant d’un roi allié : « Or là, dit-il, il ne me fallait pas faire le mauvais, car ils étaient plus forts que moi ; et fallait toujours gagner ces gens-là avec remontrances et persuasions douces et honnêtes, sans parler de se courroucer. […] le farouche, le bizarre, le colérique Montluc, sous l’empire d’un noble et puissant désir, fera tout cela ; la plus forte de ses passions refrénera pour un temps toutes les autres. […] Ce point de sa conduite a été critiqué dans le temps même, notamment par Brantôme, qui se fait en cela l’écho de plusieurs autres : il lui reproche d’avoir été plus cupide d’honneur que jaloux de l’intérêt général, et d’avoir plus songé à la singularité qu’à pourvoir à la sûreté de son monde ; car, en agissant ainsi, il semblait s’être mis à la merci du plus fort. […] Politiquement toutefois, la partie de ses mémoires qui traite des guerres civiles est fort à prendre en considération.
J’en ai là de fort joliment illustrés, de la librairie Janet42 avec Notice du bibliophile Jacob, avec Dissertation du baron Walckenaër ; j’en ai également, qui ont, ma foi ! fort bon air, de la librairie Garnier43 ; on y a ajouté les Contes de Mme d’Aulnoy : ce sont des vignettes, des gravures sur bois à chaque page et hors de page. Quand je mets en regard de ces publications élégantes mon petit volume des Contes de Perrault, édition première de 1697, avec les petites vignettes en tête de chaque conte, bien modestes et assez gentilles toutefois, et fort naïves, je suis tenté de dire : Que de luxe, que de progrès ! […] Claye est fort belle. […] Chez un Slave, ce serait, j’imagine, de plus en plus fort.
Ferdinand Fabre, un fort élève de Balzac, sur les curés de village dans le Midi, m’ont-elles seulement tenté sans me décider ? […] Après la première représentation, le général en chef dépêcha l’un de ses jeunes aides de camp à un dessinateur de ses amis2, pour lui dire qu’il ne serait pas mal d’envoyer encore un renfort, une recrue de jeunes gens, de ceux qui sont tout dévoués sans tant de façons au succès d’une œuvre colossale et forte. […] Le Cheveu blanc est fort joli et inattendu. […] » Il est une autre petite scène de lui, fort appréciée de quelques esprits délicats, la Partie de dames, qui n’est aussi qu’une conversion. […] Il y a des nuances délicates et fort curieusement observées et démêlées entre ces deux vieux cœurs amoureux de Mme d’Ermel et du docteur Jacobus : il est pourtant impossible de ne pas voir dans de telles productions d’art un genre de conte moral comme chez Marmontel, ou même de conte édifiant comme chez l’évêque Camus.
Sa pièce de l’Eunuque est fort intriguée. […] » — Pour le bien expliquer, il faut, dit le père, reprendre les choses dès l’origine. » Et ici commence tout un récit fort admiré des Anciens, proposé comme un modèle de narration aux orateurs eux-mêmes par Cicéron, qui y fait remarquer le développement approprié, le mouvement dramatique, le parfait naturel des personnages introduits et des paroles qu’on leur prête, et, par instants, mais par instants seulement, la brièveté excellente, qui à toute cette abondance persuasive ajoute une grâce. […] s’écrie Sosie, je crains fort que cette Andrienne ne nous apporte quelque malencontre. » — Pourtant tout se passe encore à merveille ; la femme, il est vrai, pressée par le besoin, se lasse bientôt de gagner sa vie à filer et à tisser ; elle prend un amant, puis un autre, puis plusieurs, et se fait payer. […] Et dans la version de M. de Belloy : Mais elle, lui cédant, tout en pleurant plus fort, Sur le sein de mon fils tombe à demi pâmée, Comme reprenant là sa place accoutumée. […] Cet article des traductions en vers est traité fort au complet, sans beaucoup de distinction, il est vrai, et sans finesse de goût, mais avec exactitude, dans l’Histoire de la Poésie française à l’Époque impériale, par M.
Enfin, Monsieur le maréchal, je me prépare à la joie, et elle sera fort grande, quand vous en aurez vos lauriers et que j’en aurai fourni quelques branches. […] La première partie de cette campagne de 1747 se passa à prendre les places et forts de la Flandre hollandaise, et, pour ainsi dire, à déblayer le terrain, avant que le maréchal mandât au roi qu’il était temps de venir. […] La position des ennemis était forte ; elle n’avait pu être bien reconnue. […] Mais je dois une autre lettre de cette date, et fort intéressante, à M. […] Je suis fort aise d’avoir eu une occasion de faire quelque chose qui pût être agréable à l’Académie.
Et quand je me trouve avoir été cinq ans intendant de frontière, et avec assez d’approbation, puis quatorze ans au conseil, fort assidu et en bonne réputation d’intégrité, et que je joindrai à cela une connaissance des pays étrangers et des négociations, alors, si je mérite place dans quelque ministère, on ne dira pas que j’y suis promu comme tant d’autres, et je m’y soutiendrai plus aisément par la justice que par la grâce et la faveur. […] J’ai le cœur et le sentiment lent, mais rude et tenace pour quelque temps, c’est-à-dire opiniâtre… Il a dit : Je ne puis vaquer à aucune besogne, qu’au bout de fort peu de temps le cœur ne se mette de la partie, soit pour, soit contre, soit pour les affaires, soit pour les hommes ; je m’affectionne ou je m’indigne. […] Je crois que le marquis d’Argenson était médiocrement propre à l’être, tandis que le comte l’a été fort dignement et avec assez d’éclat pendant des années : celui-ci avait certes quelques qualités supérieures et des parties brillantes. […] Le marquis d’Argenson, du reste, a exprimé cette séparation de vues et d’inspiration dans des pages fort belles, mais qui auraient besoin d’être légèrement dégagées. […] Ce n’est point par excès de sévérité qu’il pèche ; le Caton était fort tempéré en lui, et on a moins affaire ici à un censeur qu’à un spectateur.
Je ne l’ai jamais entendu dans la chaire sacrée ; il avait dû y être fort remarquable. […] Gibon, ce fort et dur latiniste, en frémissait, me dit-on, de colère et d’effroi. […] Deschanel en Belgique, laborieux, courageux, faisant des cours publics, des conférences, et publiant de petits livres fort agréables et fort lus. […] Tous ces petits livres sont fort gentiment faits. […] On devient calme, on devient fort, on devient bon, on devient inébranlable dans la justice, on devient plein de bienveillance et d’amour.
A l’âge de douze ans, m’étant trouvé d’une constitution assez forte, on me fit soldat dans la légion saxonne qu’Auguste donna à l’Empereur, l’année 1709, et je jurai aux enseignes, le 15 janvier, dans la plaine de Lützen en Saxe, fameuse par la mort du grand Gustave-Adolphe. […] Ainsi, écrivant à sa sœur naturelle, la princesse de Holstein, qu’il fit dans un temps venir en France et qu’il pilota au début, il disait, non sans finesse, mais en exagérant un peu, je l’espère : « Comme il est d’usage en France que les femmes marchent comme les capucins, deux à deux, je ferai venir de Paris sur votre route une femme qui s’appelle Mme de Narbonne, qui est de fort bonne compagnie, et qui, ayant vécu toujours dans le grand monde français, en connaît parfaitement les usages ; elle a le bon ton, a été très riche, a de l’esprit, avec tout cela fort peu de cervelle ; mais c’est la chose du monde la plus rare dans ce pays-ci, et dont on fait le moins de cas. » Voilà pour le compte des femmes. […] … Les quarante mille hommes qu’il propose pour marcher au secours de la Saxe, en cas de danger, me paraissent fort suspects… J’aimerais autant y voir quarante mille loups. » Et sur ce remède pire que le mal, et dont la seule idée fait bondir le cœur resté saxon de Maurice : « Grand Dieu ! […] ceci est trop fort, et la phrase est par trop jolie. […] La race poétique ne prend pas la chose si fort à cœur. — Voltaire a donné deux tragédies depuis la mort de Mme du Châtelet : on le disait mort aussi, parce qu'on le croyait fort attaché à cette dame.
Je ne me méprends pas sur le caractère du chapitre des Esprits forts, dont La Bruyère aurait voulu faire comme la sanction des chapitres précédents. […] Il n’écrivit que fort tard. […] La Rochefoucauld avait vu les emportements des caractères : ses portraits se sentent des fortes impressions qu’il avait reçues de cette violence. […] La première édition des Caractères, publiée en 1688, est fort différente de la neuvième, qui parut huit ans après103. […] Pour que l’avertissement du moraliste porte coup, pour que les portraits du peintre respirent, ni l’expression ne peut être trop forte, ni les couleurs trop vraies.
Quand on les ouvre, après cet avis au lecteur, on est tout étonné d’y trouver des scènes égrillardes, des peintures fort peu édifiantes. […] La Bruyère termine ses Caractères par un chapitre dirigé contre les esprits forts. […] Le nom de philosophe est alors synonyme d’esprit fort, de libre-penseur. […] A plus forte raison, des écrivains, indifférents ou hostiles, ont-ils introduit soit des tendances soit des idées hérétiques. […] La statistique en est, je l’avoue, fort difficile à dresser dans la plupart des cas.
J’avais les oreilles percées, des diamants, des mouches, et toutes les autres petites afféteries auxquelles on s’accoutume fort aisément, et dont on se défait fort difficilement. […] Allez, allez vous cacher : M. le Dauphin vous trouve fort mal comme cela. […] Manuel, l’un de nos missionnaires, qui a la voix fort belle, et qui sait la musique comme Lully. […] On voit que tout n’était pas mollesse chez Choisy, ou que du moins sa cire molle savait quelquefois recevoir de fortes empreintes. Si Choisy trace si bien les portraits d’hommes, à plus forte raison il excelle à ceux des femmes.
On se nourrit des anciens et des habiles modernes, on les presse, on en tire le plus que l’on peut, on en renfle ses ouvrages ; et quand enfin l’on est auteur, et que l’on croit marcher tout seul, on s’élève contre eux, on les maltraite, semblable à ces enfants drus et forts d’un bon lait qu’ils ont sucé, qui battent leur nourrice. […] Le Cid n’a eu qu’une voix pour lui à sa naissance, qui a été celle de l’admiration ; il s’est vu plus fort que l’autorité et la politique, qui ont tenté vainement de le détruire ; il a réuni en sa faveur des esprits toujours partagés d’opinions et de sentiments ; les grands et le peuple : ils s’accordent tous à le savoir de mémoire, et à prévenir au théâtre les acteurs qui le récitent. […] Un style grave, sérieux, scrupuleux, va fort loin : on lit Amyot et Coeffeteau ; lequel lit-on de leurs contemporains ? […] Mais sans citer les personnes graves ou les esprits forts qui trouvent du faible dans un ris excessif comme dans les pleurs, et qui se les défendent également : qu’attend-on d’une scène tragique ? […] Il y a des artisans ou des habiles dont l’esprit est aussi vaste que l’art et la science qu’ils professent ; ils lui rendent avec avantage, par le génie et par l’invention ce qu’ils tiennent d’elle et de ses principes ; ils sortent de l’art pour l’ennoblir, s’écartent des règles, si elles ne les conduisent pas au grand et au sublime ; ils marchent seuls et sans compagnie, mais ils vont fort haut et pénètrent fort loin, toujours sûrs et confirmés par le succès des avantages que l’on tire quelquefois de l’irrégularité.
xii, et à l’Appendice qui s’y rattache : Massillon, jeune et dans l’Oratoire, avait eu une veine de ferveur qui plus tard s’était fort calmée ; son talent naturel, comme il arrive à tant de grands talents, était resté chez lui assez indépendant du fond de l’inspiration même. […] La série d’extraits qu’on va lire me paraît fort curieuse pour fixer le premier temps de son éloquence, les débuts modestes, convaincus, touchants. […] Ce fut (sans citer que très peu les Pères) la substance et comme le tissu de tout ce qu’ils ont de plus beau, plus fort et plus décisif, fondé sur l’Écriture, qu’il possède admirablement. […] Ses preuves sont fortes.
Le long de ces provinces s’échelonnent, apportant une note plus originale, à mesure qu’elles sont plus excentriques, la Picardie ardente et subtile, l’ambitieuse et positive Normandie, hardie du bras et de la langue, le Poitou tenace, précis et délié, pays de gens qui voient et qui veulent, la molle et rieuse Touraine, enfin la terre des orateurs et des poètes des imaginations fortes ou séductrices, l’« aimable et vineuse Bourgogne », d’où sont parties, à diverses époques, « les voix les plus retentissantes » de la France. […] Puis pendant des siècles, une à une, les provinces qui entreront dans l’unité nationale recevront la langue de France, et mêleront à son esprit leur génie original : ce sera la rude et rêveuse Bretagne, réinfusant dans notre littérature la mélancolie celtique, ce sera l’inflexible et raisonneuse Auvergne, Lyon, la cité mystique et passionnée sous la superficielle agitation des intérêts positifs ; ce sera tout ce Midi, si varié et si riche, ici plus romain, là marqué encore du passage des Arabes ou des Maures, là conservant, sous toutes les alluvions dont l’histoire l’a successivement recouvert, sa couche primitive de population ibérique, la Provence chaude et vibrante, toute grâce ou toute flamme, la Gascogne pétillante de vivacité, légère et fine, et, moins séducteur entre ces deux terres aimables, le Languedoc violent et fort, le pays de France pourtant où peut-être les sons et les formes sont le mieux sentis en leur spéciale beauté. […] Puis les littératures occidentales se feront plus nationales, en même temps que les œuvres deviendront plus individuelles, et bourgeois, nobles et clercs seront avant tout éminemment Français en France, Anglais en Angleterre et Allemands en Allemagne : souvent même la marque provinciale sera plus forte que l’empreinte de la condition sociale, et elle sera visible surtout chez les écrivains qui n’appartiennent pas aux pays de l’ancienne France et de langue d’oïl. […] Le grand lien qui unit, le fort principe qui soutient malgré tout la société, jusqu’à l’âge moderne, la foi religieuse, provoque du xiie au xvie siècle le riche épanouissement des compositions dramatiques.
En pratique, il croit que l’obstacle à la réalisation de cet idéal est, non point dans la nature humaine elle-même, partout mauvaise ou fort mêlée, mais dans l’égoïsme, la dureté, la cupidité, les vices, les crimes volontaires et prémédités d’une seule classe sociale. — Comme les héros des chansons de gestes voyaient le monde divisé en deux camps : les chrétiens, qui sont les bons, et les païens, qui sont les méchants ; ou comme saint Ignace, dans un de ses « exercices », partage l’humanité en deux armées : celle du bien et celle du mal, ou celle des amis des Jésuites et celle de leurs ennemis, ainsi pour l’esprit révolutionnaire la nation se divise exactement en prolétaires et en bourgeois. […] La méprise est forte, ou la générosité étrange. […] Et cette tolérance est charmante et fort habile. […] Le parti n’étant encore qu’une minorité imposante, la discipline ne laisse pas d’y être assez forte.
Aussi Boileau lui-même y reconnaît-il « une narration également vive et fleurie, des fictions très ingénieuses, des caractères aussi finement imaginés qu’agréablement variés et bien suivis Il fut fort en estime même des gens du goût le plus exquis17 ». […] Cette histoire de d’Urfé était fort répandue, comme toutes les anecdotes scandaleuses. […] Ce présent lui fut fort agréable, quoique l’auteur ne le lui fût guère. » Henri IV ne connut que ce premier volume. […] Il est fort présumable que le Ier volume, qui était du goût de tout Paris et du goût de Henri IV lui-même, tout éloigné qu’était ce prince des amours platoniques, ne déplaisait pas non plus à l’hôtel de Rambouillet.
Plus la passion sera forte au contraire, et plus le froid qui nous saisira sera âpre et cuisant. […] L’objection est très forte, et, pour notre part, nous l’admettons ; mais elle n’est pas applicable au cas de Sibylle. […] Cette résidence fort habitable encore d’un voltairien du dernier siècle appartient à M. […] Si c’est là son idéal du prêtre, il est fort acceptable, et les plus difficiles pourraient s’en contenter. […] C’est en cela que consiste avant tout la forte originalité du théâtre de M.
Il y a découvert beaucoup de bévues, dont plusieurs fort amusantes. […] Il s’échappait ; au fort de l’action, l’ouragan intérieur l’emportait ; on avait peur de lui ; personne ne se souciait de manier une tempête. […] Chose inouïe dans ce siècle, il imagine le physique, comme Victor Hugo ; sans métaphore, ses portraits sont des portraits : « Harlay était un petit homme, vigoureux et maigre, un visage en losange, un nez grand et aquilin, des yeux beaux, parlants, perçants, qui ne regardaient qu’à la dérobée, mais qui, fixés sur un client ou sur un magistrat, étaient pour le faire rentrer en terre ; un habit peu ample, un rabat presque d’ecclésiastique, et des manchettes plates comme eux, une perruque fort brune et fort mêlée de blanc, touffue mais courte, avec une grande calotte par-dessus. […] « Madame de Castries était un quart de femme, une espèce de biscuit manqué, extrêmement petite, mais bien prise, et aurait passé par un médiocre anneau ; ni derrière, ni gorge, ni menton ; fort laide, l’air toujours en peine et étonné ; avec cela une physionomie qui éclatait d’esprit et qui tenait encore plus parole. » Il les palpe, il les retourne, il porte les mains partout, avec irrévérence, fougueux et rude. […] « L’après-dînée nous nous assemblâmes ; M. de Guéménée rêva à la Suisse, à son ordinaire, M. de Lesdiguières, tout neuf encore, écoutait fort étonné ; M. de Chaulnes raisonnait en ambassadeur avec le froid et l’accablement d’un courage étouffé par la douleur de son échange dont il ne put jamais revenir.
Alfred Vallette Un modeste et un fort, doué de la qualité la plus rare qui soit : l’intelligence. Un fort, parce que, pouvant acquérir de bonne heure, en publiant plusieurs milliers de très beaux vers qu’il cache, la réputation d’un bon poète, il a eu le courage de les rejeter de son œuvre et d’attendre qu’il se fût dégagé des influences directes… Âme extraordinairement vibrante, exquise voyageuse qui s’envole, frêle et rapide, vers les solitudes de l’éther, et, parvenue aux confins dont elle a l’éternelle nostalgie, défaillante à mourir devant l’atmosphère si rare, se grise et se pâme à ouïr des chants et des musiques que nul n’entendit. […] On lui doit encore quelques rares pages semées dans des Revues, La Revue des deux mondes, Mercure de France, La Revue hebdomadaire, où furent recueillis des contes en prose fort peu connus : Xanthis ou la Vitrine sentimentale (17 décembre 1892), Divine Bontemps (11 mai 1895), Hyalis, le petit faune aux yeux bleus (20 juin 1896).
Elle aimait surtout la vie, la vie forte et surabondante, puissante et joyeuse, exaltée et triomphante. […] Un sentiment n’est fort que s’il est né d’une souffrance. […] Commencez par détruire en vous toutes vos forces et puis soyez forts à mon service. […] Il y a des peuples qui ont, très fort, l’instinct social. […] Ils ont le sens de l’association, le sens de l’État, le sens social en un mot et le sens du peuple fort.
Jamais sa voix n’a d’éclats ; il dit avec mesure les choses les plus fortes. […] Au plus fort de la bouffonnerie comme au plus fort de la licence, il reste homme de bonne compagnie, né et élevé dans ce cercle aristocratique où la liberté est complète, mais où le savoir-vivre est suprême, où toute pensée est permise, mais où toute parole est pesée, où l’on a le droit de tout dire, mais à condition de ne jamais s’oublier. […] Impossible de lui résister, la contagion est trop forte. […] Quelle disproportion entre notre raison si faible et nos instincts si forts ! […] Au contraire, après tant de compliments, de fadeurs et de petits vers, tout cela réveille le palais blasé ; c’est la sensation d’un vin fort et rude, après un long régime d’orgeat et de cédrats confits.
Catherine de Médicis y est peinte dans sa dissimulation et ses entrecroisements d’artifices où souvent elle se prend elle-même, ambitieuse du souverain pouvoir sans en avoir la force ni le génie, et tâchant d’y atteindre par ruse ; usant à cet effet, comme nous dirions aujourd’hui, d’un système continuel de bascule, « réveillant et élevant tantôt cette faction, et tantôt endormant ou rabaissant celle-là ; s’unissant quelquefois avec la plus faible par prudence, de peur que la plus forte ne l’accable, quelquefois avec la plus forte par nécessité, et parfois se tenant neutre quand elle se sent assez puissante pour leur commander à toutes deux, mais n’ayant jamais intention de les éteindre tout à fait ». […] Le moment où les âmes des deux côtés s’exaspèrent et où la guerre, à la voix des prédicants, se démoralise, est énergiquement, et je dirai, vertueusement rendu par Mézeray (1562) : il nous fait assister à cette suite de représailles et d’horreurs où, à part un bien petit nombre d’exceptions, les caractères les plus forts se souillent et se dégradent. […] Son républicanisme, s’il faut se servir de ce nom, ne l’empêchait pas d’honorer le roi et de priser fort ses bienfaits. […] Il aimait à le visiter, goûtait fort sa compagnie, et vantait à chacun son genre d’esprit naïf et son gros sel qui l’amusait extrêmement. […] Il est dommage que sa dernière manière de vivre soit allée si fort jusqu’à la manie : car on conçoit un philosophe, un sage un peu marqué d’humeur, ayant écrit ces libres Histoires et se taisant désormais, renonçant au bruit, à la gloire, pour la plus grande indépendance, et se cachant pour bien finir.
Ce cadet fut le comte d’Argenson, longtemps ministre de la guerre sous Louis XV, fort en faveur dans toute sa carrière, fort goûté des gens de lettres, et dont la retraite aux Ormes après sa disgrâce a prêté à une curieuse description de Marmontel. […] sacrifierons-nous toujours à ce monde sot, scrupuleux, médisant, qui vous imaginerait coupable parce que vous m’auriez rendu fort heureux ? […] Le garde des sceaux Chauvelin, qui avait fort contribué à cette mesure, avait pris d’ailleurs d’Argenson en grande estime et amitié ; il voulait lui servir comme de père, disait-il, et faire sa fortune politique. […] Les moyens qu’il en embrassait étaient de se rendre fort capable et de s’exercer à un grand travail. […] En voilà assez pour animer bien fort contre leur chef des âmes basses et mercenaires, prétextant les règles, c’est-à-dire les formes, et vantant les droits de leurs charges.
Parmi ces lettres attribuées après coup à de grands hommes, et qui ne sont pas indignes d’eux par le talent et l’art, je n’ose compter les lettres fort nobles de Brutus à Cicéron ; elles méritent trop d’être vraies, et s’il y a moyen de continuer à les croire telles, tenons-nous-y. […] Certes je prise et goûte fort le joli récit traduit par Courier : il est net, proportionné, piquant, épigrammatique ; mais les additions d’Apulée ne me déplaisent pas tant ; elles m’apprennent bien des choses sur les mœurs tant publiques que privées, sur la police des villes dans les provinces, sur les travers éternels et les maladies de l’esprit humain : « Ce sont des tableaux de pure imagination, où néanmoins chaque trait est d’après nature, des fables vraies dans les détails, qui non seulement divertissent par la grâce de l’invention et la naïveté du langage, mais instruisent en même temps par les remarques qu’on y fait et les réflexions qui en naissent. » Tout cet éloge (sauf le point de la naïveté du langage), que Courier donne à son Lucius, je l’accorde à plus forte raison et je l’étends à notre Lucius latin, à notre Apulée, pour ses additions nombreuses ; lu à côté, le premier Lucius me paraît, je l’avoue, un peu sec. […] Il les observe, il les écoute, tout comme fera plus tard en pareil cas Gil Blas, cette fine mouche ; — et, en général, il est âne à fort observer et fort écouter les différentes sortes de maîtres au service desquels il va successivement passer ; si, en sa qualité d’âne, il n’est pas toujours au salon, à la cuisine ou dans l’alcôve, en cette même qualité il a l’oreille longue et fine, et il entend de loin. […] Quant à cette classe de romans si nombreux dont on ne peut dire que ce soient des chefs-d’œuvre, et en y faisant la part des faiblesses, des défauts, même des remplissages, il est encore pour eux une manière honorable et fort agréable de s’en tirer, c’est quand ils offrent des scènes vraies, vives, naturelles, monuments et témoins des mœurs d’un temps, ou quelque épisode mémorable qui se détache et qui, à lui seul, paye pour tout le reste. […] Zevort, dans l’introduction qu’il a mise en tête d’un choix, d’ailleurs fort soigné, de romans grecs traduits en français (Édition Charpentier).
Je ne puis parler du Corps de garde fort vanté, et qui, par malheur, manque à la collection du Louvre. […] Saint Joseph, qui regarde l’enfant, est véritablement un homme de campagne, déjà sur l’âge ; la Vierge est une jeune femme de campagne aussi, belle, brune, un peu forte ; l’enfant, qui fait sécher les langes devant la cheminée, semble un enfant de la maison, sauf les ailes qui sont comme ajoutées ; le berceau qu’on voit sur le devant est un bers tout rustique et grossier. […] Le côté angélique et le fond céleste de la scène paraissent vagues et laissent fort à désirer. […] Ce mari et cette femme font deux bonnes et fortes figures. […] Champfleury, et qui ne doit pas être un portrait en l’air, Gardilanne, a pour gibier spécial la faïence : l’objet n’est pas méprisable, et il y a de fort belles choses en faïence comme en porcelaine ; il y en a de fort curieuses, même pour l’histoire.
Il avait un air prévenant ; sa voix était d’une étendue ; prodigieuse ; il prononçait fort vite, et cependant si distinctement qu’on ne perdait pas une seule de ses paroles. […] Est-il une plus forte preuve d’un mérite extraordinaire ? […] Il eut fort affaire pour se tirer de cette position très aventurée ; mais il paraît bien qu’il sortit de la mêlée et de la lutte, sa thèse intacte, et victorieux. […] Jaloux néanmoins de briller et de paraître, il s’occupait fort de la prédication et d’y réussir. […] Il eut des affaires fort délicates, une entre autres où il se mit au plus mal avec la Cour et avec le cardinal Mazarin : il subit un temps d’exil dans son diocèse.
Rousset a fait précéder la Correspondance d’une fort bonne Introduction qui la résume et qui donne sur les personnages et les événements tous les éclaircissements qu’on peut désirer. […] Sa vie publique, fort bien digérée, fort judicieusement présentée par l’abbé Millot, et avec accompagnement de pièces originales, a rempli des volumes dits Mémoires de Noailles, qui se lisent avec instruction et ne sont pas sans intérêt. […] Revenu sur la scène, maréchal de France en 1734, il servit bien en Italie l’année suivante et réussit contre les Impériaux, de concert avec des alliés ombrageux et par une combinaison de qualités tant militaires que diplomatiques : ce mélange de talents était son fort. […] Les projets les plus extraordinaires, tels que celui de faire de Paris une place forte, d’expulser les Jésuites, de transporter par lambeaux Versailles à Saint-Germain, l’avaient sérieusement occupé. […] Son fils cadet, le marquis de Noailles, a donné, depuis, un fort instructif et intéressant ouvrage : Henri de Valois et la Pologne en 1572.
Saint-Simon en ressort fort infirmé et diminué à ce premier chef. […] Mme de Maintenon, a été fort maltraitée par Saint-Simon, et j’ai toujours été moi-même des premiers à la défendre contre ces excès de parole. […] Saint-Hilaire a raconté fort en détail la cérémonie de la dédicace, qui se fit le 28 mars 1686 : « Je ne crois pas, dit-il, qu’il se soit jamais rien fait de pareil chez les anciens Romains, même dans le temps de la plus grande adulation. […] Il a renouvelé les anciennes apothéoses, fort au-delà de ce que la religion chrétienne pouvait souffrir ; mais il n’attendit pas que le roi fût mort pour faire la sienne, dont il n’aurait pas recueilli le fruit. […] Je serais bien étonné que, l’ayant connu, il se fût trompé si fort et du tout au tout sur Harlay.
On a beau être modéré par nature, un jour ou l’autre la tentation est la plus forte, et l’on y succombe. […] Il se distingua fort au siège de Menin, à celui d’Ypres, à celui de Furnes, où il commandait (juin 1744). […] Cependant les succès réitérés auxquels était mêlé son nom avaient raccommodé dans Paris sa réputation, fort endommagée par les scandales publics des derniers Longchamps. […] La ville et les forts capitulèrent successivement sans beaucoup de défense. […] On raconta fort, dans le temps, que le comte d’Estrées, qui faisait la tête de cette droite, ayant remporté un premier avantage et proposant par des raisons évidentes de pousser plus avant l’ennemi, ne put arracher l’ordre qu’il réclamait ; il dut s’arrêter en frémissant.
L’absence totale de rigueur dogmatique faisait que des notions fort contradictoires pouvaient être admises à la fois, même sur un point aussi capital. […] Sous la conduite de Menahem, fils du fondateur, et d’un certain Éléazar, son parent, on la retrouve fort active dans les dernières luttes des Juifs contre les Romains 185. […] Le pays était néanmoins fort peuplé, couvert de petites villes et de gros villages, cultivé avec art dans toutes ses parties 193. […] De Sichem à Jérusalem elle est fort sévère. […] Les traces du dogme de la résurrection dans l’Avesta sont fort douteuses.
Ces torts ont été fort exagérés dans le temps par la clameur publique. […] Il nous la peint dès ce temps-là d’un caractère égal et uni en tout, « fort belle et d’une beauté qui plaît toujours » . […] Elle avait le teint fort uni et fort beau, les cheveux d’un châtain clair et très agréable, le nez très bien fait, la bouche bien taillée, l’air noble, doux, enjoué et modeste ; et, pour rendre sa beauté plus parfaite et plus éclatante, elle avait les plus beaux yeux du monde. […] Vieille et au comble des honneurs, elle parlait de ces années de jeunesse et de pauvreté comme des plus heureuses de sa vie : Tout le temps de ma jeunesse a été fort agréable, disait-elle à ses filles de Saint-Cyr : je n’avais nulle ambition, ni aucune de ces passions qui auraient pu troubler le penchant que j’avais à ce fantôme de bonheur (le bonheur mondain). […] Le roi, qui venait voir ses enfants, connut donc Mme Scarron ; mais le premier effet qu’elle produisit sur lui ne fut point favorable : « Je déplaisais fort au roi dans les commencements.
Après 1815, on eut le Paul-Louis Courier soi-disant vigneron, ancien canonnier à cheval, ayant son rôle, sa blouse, son fusil de paysan et, peu s’en faut, de braconnier, tirant au noble et au capucin, guerroyant à tout bout de champ derrière la haie ou le buisson, ami du peuple, et le louant, le flattant fort, se vantant d’en être, enfin le Paul-Louis que vous savez. […] Il raconte tout cela dans de petites notes fort piquantes et fort bien tournées qu’il entremêle à ses lettres. […] Il se lia fort pendant son séjour à Toulouse avec un Polonais, homme de mérite et d’érudition, M. […] La lettre dans laquelle il raconte comment se fit à Plaisance la proclamation de l’Empire dans le régiment de d’Anthouard est célèbre : c’est la plus spirituelle parodie, la plus méprisante et la plus frondeuse, et qui a dû être fort retravaillée à loisir. […] Renouard, en écrivant sur ce fameux pâté, avait dit de Courier que c’était un helléniste fort habile.
Or, à l’exception de quelques poètes — exception partout — emportés par cette belle démence dont parle Shakespeare, et dont le génie traîne la volonté après soi, comme le cheval sauvage traîna Brunehault, la littérature désintéressée a toujours fort peu existé en Angleterre, dans ce pays de l’intérêt dont Bentham a théorisé les pratiques ; et Macaulay eut l’ambition de son pays. […] Il est mort avec des millions, là où un poète comme Chatterton et un historien comme Gibbon, qui eut le tort de ne pas écrire une histoire anglaise, étaient à peu près morts de faim, et il fut créé Lord dans ce Parlement d’Angleterre qui avait cru payer son prix fort au génie de son grand Walter Scott, en en faisant un baronnet ! […] Et c’est le manque de grande et forte conception morale dans Macaulay qui, bien avant qu’il eût passé avec armes et bagages de la Littérature à l’Histoire, fait déjà le vice principal et radical de sa critique dans les quelques morceaux, admirables sous d’autres rapports, que nous avons de lui, et qui en aurait été, je le crains bien, le vice éternel, en supposant qu’il ne fût jamais devenu, lui, le transfuge de la littérature. […] Mais bientôt cette soif britannique de faits politiques s’accrut si fort en Macaulay, qu’il préféra aux grandes individualités littéraires les grandes individualités de l’Histoire, et cela sans cesser d’être un critique encore. […] Mais il est de la nature des esprits très étendus de ne pouvoir conclure, empêchés par le nombre de choses qu’ils voient ; et tel est le seul défaut qu’en cherchant bien on peut trouver à la cuirasse de Macaulay, lequel n’en demeurera pas moins à la tête des critiques de cet âge, qui, tous, sceptiques en plus ou en moins, n’ont pas l’ensemble de ces fortes, saines et brillantes facultés que nous montrent, parce qu’ils nous les montrent presque sans alliage, les Essais littéraires.
C’est qu’elle permet à n’importe qui, doué de quelque style et de persévérance, de composer, avec des ressassements de toutes sortes, de fort bons vers, et même d’excellents vers et cela par milliers l’an. […] Mais pour nous, qui n’en sommes plus à croire que l’âme humaine, à travers les âges, reste imperturbablement égale à elle-même ; qui la concevons en perpétuel devenir, formée par toutes les capitalisations du passé et de l’hérédité, par toutes les acquisitions et par toutes les influences du savoir et des milieux, il est difficile d’admettre que le poète se doive complaire indéfiniment dans la contemplation de deux ou trois phénomènes généraux de la nature, signalés, d’ailleurs, depuis fort longtemps sous toutes les latitudes. […] la création poétique ne consiste qu’à déterminer jusqu’aux subtilités du frisson les limites extrêmes d’une somme d’infiniment petits, de nature fort complexe, qui sont nos aperceptions de toutes sortes. […] Cette question correspond encore, en hautes sciences, à certains autres problèmes, fort connus des savants, mais que les poètes se font ordinairement gloire d’ignorer. […] Son but serait de réassigner à la poésie sa mission prophétique — dont il nous semble bien qu’elle s’est fort éloignée.
Il est bien vrai que je ne me suis jamais guère occupé d’autre chose, et que j’ai suivi en cela un penchant fort commun de notre temps. […] J’ai lu beaucoup de ces volumes où je n’ai pas trouvé le même avantage, sans en être fort dédommagé par l’agrément qu’ils m’ont procuré. […] Jamais siècle, en effet, n’a tant critiqué que le nôtre, et il aura fort à faire si les siècles futurs lui rendent la pareille. […] Fort contre vos raisons, ie céderais peut-être au nombre, et mon isolement m’inspirerait quelque défiance. […] C’est ici, Monsieur, mon plus fort grief.
Il est, sans doute, fort connu et fort estimé dans l’Université de France, mais, en France, il n’a pas fait encore cette impression retentissante qui s’appelle la célébrité. […] C’est, en effet, la destinée des écrivains plus forts que leur temps, de lui faire retourner la tête vers une œuvre qu’il n’avait pas vue, quoiqu’elle fût sous ses yeux. […] Et je l’ai dégagée parce que j’aime, pour mon compte, les conclusions de cette forte thèse ; — parce qu’elle soufflette largement, comme les servantes de Boileau, les histoires modernes et toutes les idées sur la liberté politique dont la philosophie et le libéralisme les ont bourrées ! […] Rome, qui a mérité, avant le Christianisme, d’être la maîtresse du genre humain, ne l’a été que parce qu’elle fut le pouvoir le plus fort qu’il y ait eu parmi les hommes. […] J’ai vu rarement une argumentation plus forte.
Comme ces œuvres sont fort oubliées, il faut, à l’exemple de M. […] Après quoi, il se traîne, fort éclopé et malade du typhus, jusqu’à l’hôpital de Lesneven. […] Paul Bourget répondrait sans doute par de fort bonnes raisons. […] Le moyen de résister à des grâces si fortes ? […] Masson, mais elle résulte inévitablement de ses récits, fort détaillés et minutieux.
Il arrive assez fréquemment de l’étranger des diatribes fort vives contre notre littérature actuelle, nos drames, nos romans, etc., etc. […] De loin, et d’une langue à l’autre, on n’y regarde pas de si près ; on ne va qu’au gros du roman, ce qui contribue à faire, en propres termes, un jugement fort grossier, comme j’ai remarqué déjà qu’on le disait fort poliment sous Louis XIV. […] Il cherche ridiculement et en grammairien commentateur l’origine de son nom emprunté ; il lui conteste son titre (fort réel) et ses armoiries (auxquelles elle ne tient guère) ; et celle légèreté railleuse, cette convenance de ton, ont vraiment leur prix et toute leur délicatesse, ou le sent, de la part d’un auteur qui vient nous prêcher le décorum. […] Les œuvres les plus suaves et les plus chastes de sa plume ont passé, chez l’auteur anglais qui nous lisait en masse, dans une même bouchée, pour ainsi dire, que les plus fortes ; Lavinia n’a fait qu’un seul morceau avec Leone Leoni.
Ce sont des précieuses modifiées, prises dans la vie bourgeoise, à qui un mari peut dire fort raisonnablement : Qu’on n’aille pas chercher ce qu’on fait dans la lune, Et qu’on se mêle un peu de ce qu’on fait chez soi. […] Le besoin de vengeance pour la cour et pour lui-même, et de précaution contre des malveillances au moins incommodes, se montrent fort à découvert dans des scènes où paraissent les deux savants et surtout dans celle où Clitandre, homme de la cour, les traite avec le plus insultant mépris. […] Voltaire, qui, à la vérité, avait une bonne raison pour ne pas aimer que l’on décriât les femmes savantes (c’était son attachement pour la marquise du Châtelet), observe fort judicieusement et en homme de l’art, que dans la pièce dont nous parlons, « Molière attaque un ridicule qui semblait peu propre à réjouir ni la cour, ni le peuple à qui ce ridicule paraissait être également étranger, et qu’elle fut reçue d’abord assez froidement. […] Il est fort probable que les directions primitives de l’esprit du poète ont été tournées contre la haute société et contre les hommes de lettres qui s’y étaient attachés ; que les atteindre a été son but secret. […] Voici d’autres exemples fort remarquables de fausses applications, dans Les Femmes savantes : Charpentier, directeur perpétuel de l’Académie française, et l’un des fondateurs de l’Académie des inscriptions, le même que Louis XIV avait chargé des inscriptions à mettre sous les peintures de Versailles, et de la composition des médailles de son règne, le même que Boileau appelle le gros Charpentier, s’avisa de dire un jour, ou du moins le Carpenteriana lui fait dire que la marquise de Rambouillet s’était indignée de l’impertinence de Molière, qui avait joué les femmes de sa société et elle-même dans Les Femmes savantes, et que Ménage, à qui elle demandait vengeance, avait eu le courage de déclarer la pièce un ouvrage parfaitement beau, au-dessus de tout reproche et de toute critique.
S’il fut fort bon Humaniste, il devint encore plus grand Philosophe. […] Il tâcha dans ses premières années de s’établir à Paris avec plusieurs enfants de famille, qui par son exemple, s’engagèrent comme lui dans le parti de la Comédie sous le titre de l’Illustre Théâtre ; mais ce dessein ayant manqué de succès (ce qui arrive à beaucoup de nouveautés) il fut obligé de courir par les Provinces du Royaume, où il commença de s’acquérir une fort grande réputation. […] Ces nouveaux Acteurs ne déplurent point, et on fut surtout fort satisfait de l’agrément et du jeu des Femmes. […] Le 17 Février, jour de la quatrième représentation du Malade imaginaire, il fut si fort travaillé de sa fluxion qu’il eut de la peine à jouer son Rôle : il ne l’acheva qu’en souffrant beaucoup, et le public connut aisément qu’il n’était rien moins que ce qu’il avait voulu jouer : en effet, la Comédie étant faite, il se retira promptement chez lui, et à peine eut-il le temps de se mettre au lit, que la toux continuelle dont il était tourmenté, redoubla sa violence. […] Cette Troupe est si nombreuse que fort souvent il y a Comédie à la Cour et à Paris en même jour sans que la Cour ni la Ville s’aperçoivent de cette division.
La réponse de l’auteur et de ses amis aux questionneurs trop curieux fut alors fort simple. […] Cela n’empêchait pas qu’elle ne tînt fort à lui par le cœur. […] Le livre d’Adolphe avait paru, depuis quelques mois, à Paris, que Sismondi ne le connaissait pas encore ; il était alors en Italie, et il écrivait à son amie de Florence, la comtesse d’Albany, le 9 septembre 1816 : Il n’y a point de livre, Madame, que je désire voir comme le roman de M. de Constant ; il y a fort longtemps que j’en entends parler, même plus de deux ans avant qu’il ait songé à l’imprimer, et quoiqu’il l’ait lu à une moitié de Paris, quoique nous y ayons beaucoup vécu dans la même société, et que je lui sois réellement fort attaché, je n’ai jamais été d’aucune de ces lectures.
Il y a dans ce livre remarquable deux parties fort distinctes, quoique confondues en apparence. […] Sans nous arrêter à ces conjectures assurément fort impertinentes, et sans prétendre le moins du monde leur donner crédit, nous ne pouvons que partager l’étonnement de l’auteur de la Réfutation et abonder dans son jugement sur l’ouvrage. […] On conçoit en effet qu’un parti fort et compacte, qui, après avoir tout détruit et tout dévoré, tenta de tout reconstruire, qu’un tel parti, malgré son aspect peu attrayant, excite une vive sympathie intellectuelle chez les esprits qui aspirent à une organisation sociale plus ou moins analogue. […] Laurent une tête forte et logique, un coup d’œil pénétrant et sûr : il est homme à marcher d’un pied ferme sur cette crête sanglante de la Montagne, qui donnerait des vertiges à tant d’autres.
Sous le titre de Précis de l’histoire de la Philosophie, MM. de Salinis et de Scorbiac, directeurs du collège de Juilly, viennent de publier un manuel fort plein de science et de faits, non-seulement à l’usage de leur établissement, mais encore à celui du grand nombre des enseignements philosophiques dans les collèges, et même d’une utilité applicable à tous les lecteurs amis de cette haute faculté de l’esprit humain. […] Quatre périodes historiques y sont plus particulièrement traitées : 1° La période de la philosophie orientale, dans laquelle les spéculations de la philosophie brahminique et chinoise sont exposées par une plume très au courant des plus récentes connaissances ; 2° la période de philosophie grecque, fort complète aussi, et embrassée avec une sérieuse intelligence des grands systèmes ; 3° la période chrétienne qui comprend les Pères des cinq premiers siècles ; 4° le moyen âge dans ses philosophes contemplatifs ou scolastiques. […] Le docteur Léon Simon vient de donner une traduction fort soignée du grand ouvrage de Dugald Stewart, Philosophie des facultés actives et morales de l’homme. […] Quelque opinion qu’on garde après la lecture du livre sur la réalité de ces divisions qu’une philosophie plus forte trouverait sans doute moyen de simplifier et de réduire, ce qu’il faut reconnaître, c’est l’agréable et instructif chemin par lequel le philosophe nous a menés ; c’est cette multitude de remarques fines, judicieuses et ingénieuses, tempérées, qu’il a semées sous nos pas ; c’est ce jour si indulgent et si doux qu’il sait jeter sur la nature humaine en y pénétrant ; c’est l’émotion honnête qu’il excite en nous, tout en nous apprenant à décomposer et à observer ; ce sont les heureuses applications morales et pratiques, le choix et l’atticisme des exemples, et les fleurs d’une littérature si délicatement cultivée à travers les recherches de la philosophie.
On sent qu’elles ont dans les veines, même à cette époque de décadence de la noblesse, un sang orgueilleux et fort, le sang d’une vieille race de soldats, seigneurs de par l’épée. […] Elles font, sur la sœur Saint-Jérôme et sur son confesseur dom Rigoley, qui avaient tous deux la peau fort noire, cette plaisanterie que « si on les mariait ensemble, il en viendrait des taupes et des négrillons ». […] C’est égal, la vaillance et la fierté de ces fillettes me ravissent À huit ans, Mlle de Montmorency « eut un entêtement très fort vis-à-vis de madame l’abbesse (c’était alors Mme de Richelieu), qui lui dit en colère : « Quand je vous vois comme cela, je vous tuerais. » Mlle de Montmorency répondit : « Ce ne serait pas la première fois que les Richelieu auraient été les bourreaux des Montmorency. » — Six ans après, cette enfant, mourant d’un bras gangrené, disait avec une tranquillité merveilleuse : « Voilà que je commence à mourir. » Ce qui rend plus intéressant encore, et même hautement dramatique, le tableau que la petite Hélène nous trace de l’Abbaye-au-Bois, c’est que, à l’heure même où elle écrit son journal, l’organisation sociale en vue de laquelle ces jeunes filles sont expressément élevées craque de toutes parts. […] Tout est si fort changé qu’on ne peut même pas comparer l’Abbaye-au-Bois et nos Sacré-Cœur ou nos Ursulines.
Mais, cela dit, il me sera peut-être permis, à l’occasion d’un événement récent, de hasarder une remarque fort simple. […] Et donc, dans les vingt dernières années de sa vie, je crois, cette dame consacra, fort intelligemment, de quinze à vingt millions à des fondations de bienfaisance. […] Mais en réalité, c’est encore moins, s’il est vrai que la proportion entre la part de jouissance légitime et la part d’aumône chrétiennement due soit fort différente, et même inverse, dans un avoir familial de cent quatre vingt mille francs et dans une fortune de cent quatre-vingts millions. […] Il nous fascine alors par toute la puissance que nous sentons accumulée en lui ; et, justement parce que cette puissance, étant indéfinie, paraît énorme et merveilleuse, nous n’avons plus le courage de la détacher de nous, ni même de diminuer sérieusement ce qui amplifie si fort notre être.
* * * Et que de choses, tristes ou réjouissantes selon le biais dont on les prend, nous révèlent les lettres de George Sand — et le journal, si plaisamment tranquille et consciencieux, de son docteur vénitien, prudent comme Ulysse, rougissant comme une jeune fille et « fort comme un cheval ! […] Nous connaissons mieux encore, par ses lettres, le cœur inquiet et hospitalier de George, sa prodigieuse facilité à croire, quand elle aimait, qu’elle aimait uniquement avec son âme (et cela, au fort des démonstrations les plus concrètes) et à se figurer qu’elle souffrait le martyre quand elle n’aimait plus. […] Cela nous rappelle que la matière première des plus beaux livres n’est, fort souvent, qu’une réalité souillée et médiocre. […] Il leur est fort égal, et pour cause, qu’on divulgue même leurs crimes.
D’ailleurs, les courtisans même blâmoient cette méchanceté de mal lire des vers qu’on croyoit fort beaux. Toutes ces considérations le déterminèrent à tâcher d’appaiser promptement Ronsard ; à publier qu’il n’avoit rien dit ni rien fait contre lui ; qu’il étoit son plus grand admirateur ; & que, loin de déprécier ses poësies, il les avoit, au contraire, toujours fort vantées au roi. […] Il habitoit le haut d’une tour fort élevée, qu’on appella pendant longtemps la tour de Ronsard. […] Marie Stuard, reine d’Ecosse, fit aussi présent à Ronsard d’un buffet fort riche, où il y avoit un vase représentant le Mont-Parnasse, avec cette inscription : A RONSARD, L’Apollon de la source des Muses.
Ils trouvoient que les autres vers, quoique fort galans, étoient négligés, mais que les derniers étoient parfaits. […] Cet ami ne balança point, & lui envoya pour réponse un rondeau qui finit par ces vers : De ces rondeaux un livre tout nouveau A bien des gens n’a pas eu l’art de plaire : Mais, quant à moi, j’en trouve tout fort beau, Papier, dorure, images, caractère, Hormis les vers qu’il falloit laisser faire A la Fontaine. […] Une demoiselle, dont la voix étoit fort belle & l’haleine un peu forte, venoit de chanter en présence de Benserade.
Letronne sur le cœur de saint Louis ; cette réponse, très-modérée et qui contient quelques considérations générales fort judicieuses à propos de la méthode critique exclusive de M. […] Ce petit volume, fort net et fort instructif, fait suite à ceux du même auteur sur Cuvier, sur Gall.
Leconte de Lisle L’Âme nue est un recueil de fort beaux poèmes où il a su exprimer de hautes conceptions en une langue noble et correcte, et prouver qu’il possédait, dans une parfaite concordance, un sens philosophique très averti, uni au sentiment de la nature et à celui du grand art. […] Leconte de Lisle, dans un esprit dont les pensées ne sont point neuves, sans religion, mais par une manière triste et forte d’être mystique avec matérialité, d’avoir une claire conscience de son projet, une claire vision de son but et de ses chemins, confine au futur, sans en être, mais se ressent du passé surtout en ces points où, par l’usage et peut-être l’abus des facultés rationnelles, il pressentait l’instant actuel. […] Le drame, pour donner d’abord mon impression d’ensemble, me paraît valoir, surtout par la facture des vers, qui sont souvent fort beaux ; la faiblesse, à mes yeux, c’est que M.
Je ne m’étonne pas qu’on ait fort à souffrir, autour de lui, de cet amour pour les hommes, qui passe par-dessus la tête de ceux qui l’entourent. […] Selon eux, c’est sous l’impulsion du plus impérieux des besoins, celui d’échapper au régime du loup mangeant l’agneau, que des hommes inégalement intelligents et forts ont consenti un certain jour à placer au-dessus d’eux soit un plus fort, soit une loi, qui les protégeât contre les périls de l’inégalité. […] Jusqu’à cet homme de la nature, on en connaissait depuis fort longtemps un autre sur lequel, chose imposante ! […] C’est le droit du plus fort auquel se soumet en frémissant le plus faible. […] Se croire malade est une ignorance de soi-même fort commune.
M. Paul Fort, l’Aphrodite de M. […] C’est fort mal parler. […] Elles sont nombreuses, et plusieurs fort jolies. […] Au fait c’est fort naturel : M. […] Il en a, sinon de plus rares, du moins de fort prisées.
Taine comme un esprit français ; il me semble qu’un professeur de Tübingen ne procéderait pas autrement ; c’est même, je crois, la raison pour laquelle on le goûte si fort à l’étranger. […] Mais la marque la plus « tainienne », la plus caractéristique du maître, ce fut le pédantisme, le pédantisme à la fois fumeux et fort en couleur. […] On le voit chez les auteurs qui précèdent le romantisme : ils peignent rarement le monde extérieur, si ce n’est de quelques traits forts et prestement expressifs. […] Il aimait fort recevoir des écrivains ; il se comparait à eux et se trouvait supérieur. […] c’est qu’ayant à dire des choses fortes et profondes, fines et délicates, ils ne trouvaient pas toujours de suite le moyen d’exprimer toute cette délicatesse, toute cette force qu’ils ressentaient.
Il n’en devait être que conçu comme plus grand par les esprits puissants, et plus aimé des âmes fortes ; mais les puissants esprits sont rares, et plus encore les fortes âmes. […] Quand l’humanisme est très fort chez un homme, il est cela. […] Il était de famille populaire, pauvre, mais robuste et de forte sève. […] C’est fort naturel et excellemment absurde. […] Il s’y déplut fort ; il dépérissait.
Mais elle est très forte, on lui donnerait au moins vingt ans. […] Quelques-uns sont forts beaux. […] D’ailleurs, il est fort probable que M. […] On était fort embarrassé. […] qu’a-t-il donc à fermer les portes si fort ?
C’est le pays des passions fortes. […] Le despotisme est fort véritablement démocratique. […] Ils perdent contact avec elle fort volontiers. […] Elle veut que le fort étouffe le faible, et elle n’a établi, comme pour cela, que des forts et des faibles. […] Par la disparition des forts.
Une fort jolie ballade de Pierre Dupont, La légende de Claudie, vraiment fort jolie, a été chantée à ravir par Mme Amel. […] Le cœur était sain et fort. […] La chute du rideau se fait dans de fort bonnes conditions. […] Il finira par reconnaître les périls de cette « manière forte ». […] Vous êtes assez forte !
Vous devriez bien me dire ce que vous en pensez, vous, messieurs, qui êtes si forts dans ce genre de philosophie. […] Qu’un roi indolent cesse de punir le méchant, et le plus fort martyrisera le plus faible. […] L’allemand est une fort bonne chose, et qui probablement te sera fort utile. […] Mais que diras-tu de Fénelon, qui décide avec toute sa douceur : La femme forte file, se cache, obéit et se tait ? […] « Il paraît qu’on est fort mécontent à Paris.
La nature humaine, plus forte au fond que tous les systèmes religieux, sait trouver des secrets pour reprendre sa revanche. […] Mais il est évident que ces hérésies ne tarderont pas à être plus fortes que le Coran, dans des esprits initiés aux méthodes modernes. […] Il est certaines âmes d’une nature fort délicate qu’il sera à jamais impossible de plier à ce sévère régime et à cette austère discipline. […] Cela démonte fort les petits esprits, qui n’aiment que des formules de deux ou trois lignes, afin de les apprendre par cœur. […] Jamais esprit de quelque finesse ne les a prises au sérieux, et je plaindrais fort celui dont la foi religieuse ne serait étayée que sur ce scolastique échafaudage.
La rive de ces eaux, ces eaux et le pont forment trois plans bien distincts et un espace déjà fort vaste. […] Sous ces arcades obscures la pudeur serait moins forte dans une femme honnête, l’entreprise d’un amant tendre et timide plus vive et plus courageuse. […] Voilà une description fort simple, une composition qui ne l’est pas moins et dont il est toutefois très-difficile de se faire une juste idée, sans l’avoir vue. […] On s’oublie devant ce morceau, c’est la plus forte magie de l’art. […] Une autre chose qui ajouterait encore à l’effet des ruines, c’est une forte image de la vicissitude.
… C’est un peu fort, vraiment ! […] répliqua avec une forte conviction M. […] Elle est fort documentée sur l’idéal. […] … fit-il… Eh bien, elle est forte, celle-là ! […] Ils sont plus forts que tout et que tout le monde.
Après quarante ans d’une lutte glorieuse, durant laquelle fortes de leur droit, de leur patriotisme et de leur conscience, elles avaient tenu en échec la toute-puissante monarchie espagnole et prouvé leur souveraineté à la face du soleil, les Provinces-Unies de Hollande, lasses enfin, aspiraient à la paix. […] Henri IV, si l’on excepte quelques velléités qu’il en eut dès le commencement, ne demandait pas la continuation de la guerre ; mais, en montrant qu’il n’en était pourtant pas ennemi, il prétendait obtenir pour les Hollandais une paix plus forte, plus solide, et contracter renouvellement d’alliance avec eux. […] Sully, lui écrivant dans les derniers mois, n’avait pu s’empêcher de le louer : J’ai toujours fort estimé la vivacité de votre esprit et la solidité de votre jugement, lui disait ce témoin difficile, mais ces dernières actions m’en donnent meilleure opinion que jamais, ayant su vous débarrasser de tant de diversités et opinions différentes qui tombent d’heure à autre dans l’esprit de toutes les parties avec lesquelles vous avez à traiter ; car non seulement il faut concilier deux ou trois partis fort éloignés de désirs et intentions les uns des autres, mais il semble que vous ayez à faire autant de traités qu’il y a de personnes d’autorité de tous bords, y ayant autant d’opinions que de têtes. […] Il avait tâché de lui faire rétablir et payer une pension de France qui lui avait été autrefois accordée par Henri III, et de le ramener, s’il se pouvait, dans sa patrie ; il en écrivit à Villeroi qui promit de s’y employer : « J’ai trouvé aussi, écrivait-il à Scaliger, M. de Sully plus doux et courtois que je ne pensais. » Mais on différa trop, et Scaliger eût le temps de mourir avant le bienfait : Il est fort regretté ici, où sa vertu et grande suffisance aux lettres ont été mieux reconnues qu’en France, écrivait le président Jeannin à de Thou, et à la vérité c’est honte à nous de n’en avoir eu plus de soin pendant qu’il a vécu. […] Parmi les autres savants que le président avait connus en Hollande, il ne faut pas oublier, pour la angularité, un « grand géographe et bon mathématicien », Plancius, qui fut fort consulté par lui sur la question, encore pendante aujourd’hui, du passage du Pôle-Nord.
. — Plus loin, parmi les Élégies du petit volume, à côté de la pièce reproduite, le poète au lit de mort, on en lit une plus forte et plus neuve, le Retour à la vie. […] Tout récemment encore, dans un fort bon article sur Byron, M. […] C’est en cela que Loyson est fort supérieur à Casimir Delavigne, son contemporain, et à côté de qui il débuta dans les concours de l’Académie française. […] Cette espèce de rendez-vous à prochaine échéance qu’il n’hésitait pas à donner à l’âme de Loyson se trouva heureusement fort ajournée : mais il est juste de dire que, s’il tarda de près d’un demi-siècle à le rejoindre, il ne l’oublia jamais ; il aimait à s’en entretenir avec nous ; il provoquait notre ami M. […] Dans une fort bonne Étude, extraite de la Revue moderne, sous ce titre : Un libéral en 1820 ; Charles Loyson, M.
On croit avoir vu cent prêtres qui ressemblaient à celui-là ; c’est une des plus fortes preuves de la sotise des règles de convention, et du moyen d’intéresser en se renfermant presque dans les bornes rigoureuses de la nature subsistante, choisie avec un peu de jugement. […] Il fallait encore éviter la ressemblance trop forte des deux prêtres administrans, à moins que ce ne soient les deux frères, car ils ont cet air de famille qui choque, surtout dans une composition où il y a si peu de figures, lorsqu’il n’est pas historique. […] Il fallait rendre la demi-teinte, où l’on a tenu la tête du saint, peut-être un peu moins forte, parce qu’elle voile son expression. […] La lumière forte ne devrait-elle pas être sur le fond et sur le devant plus forte sur le fond que sur le devant, et les côtés dans la demi-teinte ? […] L’impression générale de ce morceau est forte, et arrête surtout le connaisseur.
Il est une bonne et forte école pour le peuple des lecteurs. […] Une littérature savante, supposant une éducation littéraire très forte chez le poète, assez forte chez le lecteur. […] C’est un poème très joyeux, et pénétré d’une forte et grasse sève d’optimisme. […] C’était une maladie nerveuse. » — Le texte avait un sens ; mais l’ellipse était un peu forte. […] La chasteté lui plaisait fort.
Il est fort heureux qu’on ne l’ait pas trouvé d’assez bonne compagnie. […] De même, si la partie romanesque ou de galanterie noble, dans le théâtre de Racine, n’est pas tout à fait morte, grâce aux accents pathétiques que le cœur du poète y a mêlés, elle est du moins fort refroidie. […] Si sa morale nous plaît si fort, c’est qu’elle ne se croit pas toujours efficace, et qu’elle avoue ne pas connaître autant de remèdes qu’il y a de maladies. […] Examinez-vous après une lecture de La Fontaine ; s’il ne vous a pas fort ému contre vos défauts, du moins vous a-t-il doucement encouragé à être homme de bien. […] On ne parvint que fort tard à lui persuader que ses Contes n’étaient pas tout à fait innocents.
Vous me direz qu’il n’en est pas moins vrai qu’il a laissé la valeur de six volumes, environ, de six volumes assez forts ! […] Cet instinct était chez lui extrêmement fort, comme vous avez déjà pu vous en apercevoir. […] Il n’y mettait jamais rien du sien, et mes sœurs, qui, dans leur jeunesse, l’ont souvent vu à table, chez mon père, n’ont conservé de lui d’autre idée que celle d’un homme fort malpropre et fort ennuyeux. […] Vergier était un petit poète assez distingué, sans très grande valeur, mais fort spirituel, de cette époque. […] Le ton dont il parle, quand il se croit ou quand il se représente comme inspiré par les passions de l’amour, est beaucoup moins fort, beaucoup moins passionné.
Mais le monde, qui n’a pas le sérieux d’un prêtre, le monde qui est livré à tous les vents du scepticisme, cette Rose des Vents intellectuels, croit, lui, ce roman très pensé et très fort. […] Il s’est dit : « Mais, après tout, vous m’ennuyez… Je puis bien être fort comme un autre ! […] Blasé de grâce et de décence, écœuré de ce bonbon qu’on lui fait manger depuis des années, Octave Feuillet a voulu montrer que l’internellement gracieux et décent pouvait très bien être fort, si cela lui plaisait, — et même pas trop décent. […] Il n’est pas, il ne fut jamais, il ne pourrait pas être, un grand écrivain de nature humaine, qui la prend aux entrailles et la secoue avec puissance, mais il est très bien l’écrivain d’une petite société incapable de fortes sensations. […] Tous ces livres de Feuillet, manqués aux yeux de la critique exigeante, ne sont que des effleurements d’observation ou d’idées, mais ils ne choquent personne et paraissent charmants à la majorité des esprits, qui ne veulent pas qu’on les remue trop fort.
Ils ne sont que des portraits de race, — d’une race de guerre forte comme le Nord, dont ils sont les fils ; mais il n’y a guères plus de différence entre eux que de lion à lion ou d’aigle à aigle. […] Il n’est, ajustement parler, qu’une destinée, mais les êtres volontaires, passionnés et forts, qui l’ont faite, cette destinée, se relèvent en même temps que ce cadavre quand on le met sur ses deux pieds, et viennent tout à coup se ranger autour de lui comme dans sa vie, — comme, dans Shakespeare, les victimes autour de Richard III. […] — un spectacle de corruption dans les mœurs et d’athéisme dans les idées fort peu remarqué par les historiens d’alors, et qui rappelait presque l’Italie du siècle précédent. […] La comtesse de Platen aima Philippe de Kœnigsmark avec cette ardeur désordonnée et malade que la possession enflamme de plus en plus dans les âmes fortes. […] Forte seulement dans l’amour, Élisabeth n’osa pas tenter la terrible épreuve ; mais Sophie-Dorothée n’eut pas peur, comme disent les mystiques, de manger sa condamnation.
Quand il l’étreint trop fort, il étouffe dans toute cette poussière sa vigoureuse spiritualité. […] Comme le voyageur de la Fable, craignant que le vent ne fût pas pour lui, il serra son manteau autour de sa personne et si bien, qu’à moins de le regarder de fort près, on ne pouvait le reconnaître. […] On a eu de fort grands critiques pour la critique elle-même, et qui, comme Bayle, appuyaient leurs têtes d’or sur l’argile d’un scepticisme, toujours près de s’écrouler, mais M. […] Le physiologisme, qui règne encore, quoique son conquérant ne soit plus, a inventé un état de santé qui ressemble fort à ce qu’était l’état de nature chez les publicistes du siècle dernier. […] Il a choisi cette forte thèse parce qu’il l’a rencontrée sur la route de ses déductions, mais surtout parce que, triomphante, elle entraînerait la ruine du matérialisme, — sa ruine définitive, — sans que dans ses débris il pût retrouver une pierre pour se faire un bastion.
Il est fort heureux que l’idée de la patrie ne soit pas née en ce temps-là ; elle n’eût profité, comme la paix, qu’à la féodalité. […] Froissart n’avait ni cette forte éducation que donne le spectacle des agitations d’un peuple libre, ni, dans la langue nationale, un maître comme Dante ; et, quoique clerc, s’il n’ignorait pas tout à fait l’antiquité, il la pratiquait fort peu, ou point. […] Mariée fort jeune, et bientôt privée de son protecteur Charles V, elle dut songer à vivre et à faire vivre les siens du savoir qu’elle avait acquis. […] Estoit humble aux humbles, et fort et fel (cruel) aux orgueilleux… Fut large et liberal en dons, et donnoit au prix de l’homme. […] Ce que voyant ses gens, ils commencèrent fort à prendre de l’émoi, à se défaire et se mal maintenir.
Il est quelquefois plus dur que fort, plus gigantesque que noble. […] Marmontel sont remplies de pensées hardies, d’expressions fortes & de grands sentimens. […] Il débuta à la vérité par des piéces fort insipides ; mais en 1642. il donna le Menteur. […] Sa touche est plus forte que fine & délicate ; mais elle est toujours naturelle. […] Sa prose est nette, concise, forte, harmonieuse.
Étant, un jour, fort contaminé, il rencontra le christianisme sur sa route, et le christianisme pendait fort bas. […] C’est un peu plus fort que Cham, cela ! […] On l’attendait depuis fort longtemps. […] Tout cela eût été fort intéressant et d’une édification infinie. […] J’en suis fort aise, mais ce n’est pas de cela que j’ai faim.
Il y aura là un travail de cirque fort curieux à suivre. […] La seconde est fort mêlée. […] Le motif le plus fort l’emporte toujours. […] Il se fait obéir parce qu’il est le plus fort. […] La pensée est plus forte que tout.
Albalat donne de fort amusantes listes de clichés, mais sa critique est parfois sans mesure. […] On peut énoncer fort clairement ce que l’on a conçu dans des ténèbres inconscientes. […] Ribot, sont ce qu’il y a de plus fort en nous où ils représentent la permanence et la continuité. […] Les inscriptions en son honneur sont fort nombreuses. […] Mais la vie, plus forte que les sentiments particuliers, est aussi plus forte que les sentiments nationaux.
Ce saint homme était fort éloquent. […] Ces gens étaient accoutrés de façon fort pittoresque. […] Fort distingué. […] Je ne crois pas qu’il s’y soit fort diverti. […] Très fort.
M. le duc de Mecklembourg et les Suédois n’en seront pas fort aises, et je crains bien qu’il n’en arrive des inconvénients qui balanceront les avantages. […] Mais il ne s’agit pas d’être fort un moment, il faut l’être de suite et dans tous les points. […] D’un autre côté, unis comme nous sommes, nous deviendrions les plus forts, et mon chapeau rouge (il allait l’avoir deux mois après), séparé du département, ne ferait peur à personne. […] Vous avez du nerf, et vous en donnerez plus que moi, parce que vous ne ferez peur qu’au bout d’un certain temps ; car vous méritez bien d’en faire autant qu’un autre ; mais du moins vous n’en ferez pas à vos amis, et je pense que notre union à tous trois n’en sera que plus forte, plus douce et plus solide. […] Ce n’est pas nous qui ferons un reproche à Bernis d’une si honorable susceptibilité : mais il est évident que son moral était plus affecté qu’il ne convient à un homme chargé de conduire de grandes affaires, et que la responsabilité ministérielle était désormais trop forte pour lui.
Le nombre s’est fort accru depuis, et en février 1847 on écrivait de Padoue que le comte Léopold Ferri venait de mourir en cette ville, laissant une bibliothèque unique en son genre, exclusivement composée d’ouvrages écrits par des femmes en toutes langues et de tout pays : « Cette bibliothèque, disait-on, forme près de trente-deux mille volumes. » Dorénavant, il ne faudra plus essayer de compter. […] J’ai lu les lettres que lui adressait Chapelain, avec qui il était en correspondance ; il est question dans presque toutes du désir bien plutôt que des moyens qu’on aurait de le tirer de cette position inférieure, où il avait rencontré encore des envieux et des rivaux : Ne serons-nous jamais assez heureux, lui écrivait en mai 1665 Chapelain, ce premier commis des grâces de Colbert, pour faire rendre justice à votre mérite, et faut-il qu’il languisse toujours dans des emplois sans doute fort honnêtes, mais sans doute aussi fort au-dessous de lui ? […] D’un autre côté, Chevreau, dans son séjour auprès de l’électeur palatin, parla si fort à sa louange, qu’il lui ménagea une place de professeur à Heidelberg ; Le Fèvre avait accepté et était sur le point de quitter Saumur, lorsqu’au milieu des embarras et dans l’impatience du départ, il fut pris de fièvre et mourut à l’âge de cinquante-sept ans. […] Elle n’eut point peut-être dans les idées une certaine originalité et une vivacité aiguisée qu’il avait eues, mais elle joignit à la forte doctrine dont il l’avait nourrie des qualités constantes et solides qu’il n’avait pas. […] Mme Dacier a tiré bon parti, pour ses remarques et ses interprétations, d’Eustathe, l’archevêque de Thessalonique, excellent critique moral, critique surtout des beautés ; Eustathe, qu’a suivi volontiers Mme Dacier, est lui-même une espèce de Rollin byzantin, mais plus fort.
Sans parler de sa mère, femme forte, de vieille roche, l’inspiratrice et l’âme des résistances, et sur laquelle nous aurons tout à l’heure à revenir ; sans parler de sa femme, de cette fille de Sully, beauté toute jolie et mignonne, épouse des plus légères, mais fidèle politiquement et auxiliaire active et dévouée, Rohan avait pour second son frère : ce cadet, Benjamin de Rohan, connu sous le nom de Soubise, était l’homme de mer, l’amiral des Églises, de même que Rohan en était le généralissime sur terre et dans les montagnes. […] Ses mémoires, fort bons à lire, sont loin d’être un récit complet auquel on puisse se fier sans contrôle ; il y dissimule ce qui lui convient. […] Sentant que La Rochelle, ce boulevard des protestants, était de plus en plus bloquée par le fort Louis et du côté des îles de Ré et d’Oléron, et qu’elle étouffait si l’on n’avait la libre communication de la mer, Soubise alla se saisir à Blavet (ou Port-Louis) de vaisseaux de haut bord qui s’y équipaient, et, après des hasards divers, il parvint à sortir avec sa prise. […] On a accusé Rohan, aussi bien que son frère Soubise, de s’être ménagé dans les entreprises et les engagements militaires, de n’avoir pas toujours été en tête et au plus fort des mêlées, l’épée à la main. […] Ce double sentiment contraire qui animait l’assiégeant et l’assiégé se peint avec fidélité dans les pages tant de Richelieu que de Rohan ; ce dernier, qui, pendant ce temps-là, tenait la campagne dans le Midi et se bornait à occuper les troupes du roi par une suite d’escarmouches et de petites affaires, sentait bien que le fort de l’action se passait là où il n’était pas, et que le sort de la cause se décidait ailleurs.
Ce récit, fort imprévu de la part d’un tel homme, est simple, naturel, exempt (ce qu’on aura peine à croire) de toute déclamation, et empreint d’un cachet de vérité que j’aime avant tout dans les écrits de ce genre. […] Les généraux et Merlin, en traitant un peu plus tôt qu’il n’était strictement nécessaire, cédèrent à des considérations fort admissibles alors, mais que nos lois actuelles interdisent aux commandants des villes assiégées. […] Dom Colignon avait reçu de l’éducation ; il était bel homme, fort aimable, parlant bien ; procureur de la maison de Metlach, il allait succéder à l’abbé tombé en imbécillité, quand la cure de Valmunster était venue à vaquer ; le presbytère était joli et commode, le pays riche, peuplé, fort agréable, arrosé par la Sarre : sacrifiant l’ambition à la liberté, il avait fait nommer abbé un de ses amis, qui lui avait ensuite conféré la cure, la seigneurie et les revenues de Valmunster. […] Il était en train d’y réussir, d’y acquérir l’estime dans sa province, et il s’appliquait fort à une profession qu’il jugeait définitive, quand la Révolution éclata et le jeta brusquement dans une sphère d’orages, où il eut besoin de toute son énergie et de tout son caractère. […] Il y a dans Rabelais une bien vaillante et généreuse figure de moine, le frère Jean des Entommeures ; il y a dans le joli roman du Petit Jehan de Saintrè un Damp Abbé, moins fort en armes, mais riche aussi de nature, qui fait concurrence au gentilhomme auprès de sa belle, et dont le gentilhomme se venge assez cruellement.
Tous les contemporains s’accordent à dire qu’elle était fort belle, et cette beauté, bien que de celles qu’on appelle délicates, se soutint longtemps. […] Personne n’a été plus généralement connue que vous, et dans ces dernières années et dans votre première jeunesse : se peut-il qu’un si grand nombre de connaissances vous voient avec plaisir passer du rang de leur égale à celui de leur supérieure, et si fort supérieure ? […] « Et pourquoi repousseriez-vous si fort la pensée d’une vie privée à Paris ? […] Jal prépare, à l’aide de tous ces éléments, un grand travail biographique et historique qui est fort attendu et désiré. — Je dirai bientôt quelles obligations particulières j’ai à un autre investigateur curieux et érudit, M. […] Rousseau, où il est fort question de Hume, on lit : « On le dit amoureux fou de Mme de Boufflers. » (27 avril 1766.)
Lorsque l’abbé Legendre fit la connaissance de l’archevêque, le prélat était au plus fort de l’engagement dans la lutte soutenue par Louis XIV pour les droits de sa couronne et les libertés de l’Église gallicane contre la Cour de Rome ; on était au lendemain de l’Assemblée de 1682. […] Jeune, « il avait appris les humanités par goût, la théologie par devoir. » Dans ses années de résidence à Rouen, il avait fort connu Brébeuf et Corneille, et c’était qui lui avait exhorté, dit-on, le grand tragique à mettre l’Imitation en vers français. […] Legendre, qui paraît fort au fait des circonstances et des phases de la querelle dont le dernier résultat fut l’excommunication académique de Furetière, avait été chargé sans doute par l’archevêque de le mettre lui-même au courant de la question. […] Son crédit, tout arrêté et stagnant qu’il était, et sans plus de progrès possible, ne laissa pas d’être fort grand jusqu’à la fin, ainsi que l’apparence de faveur. […] On avait fort parlé, il y avait quelques années, et avec exagération sans doute, des parties fines de Conflans, des collations de Conflans.
De 1819 à 1824, sous la double influence directe d’André Chénier et des Méditations, sous le retentissement des chefs-d’œuvre de Byron et de Scott, au bruit des cris de la Grèce, au fort des illusions religieuses et monarchiques de la Restauration, il se forma un ensemble de préludes, où dominaient une mélancolie vague, idéale, l’accent chevaleresque, et une grâce de détails curieuse et souvent exquise. […] La dispersion est entière ; chacun s’introduit et chemine pour son propre compte, fort chatouilleux avant tout sur l’indépendance. […] car, pour poëte, il l’était manifestement, même au fort de sa débauche. […] Nous avons peu pratiqué Calderon ; mais nous en avons assez entrevu pour ne jamais rapprocher ce grand dramatiste catholique, presque canonisé par les Schlegel, du talent fort médiocrement spiritualiste de notre énergique et sobre contemporain. […] Rotrou fit de même devant Corneille. — A plus forte raison la critique le doit-elle faire à l’égard des œuvres de prix qui se succèdent.
Envoyé en pénitence à La Flèche, par une punition fort douce, convenons-en, et de bien peu de durée, il ne revint à Paris que pour récidiver de plus belle : la Chartreuse courut avec la pièce des Ombres, qui en est la suite, et un libraire les imprima. […] La première veine de jeunesse dissipée, la matinée à peine finie et midi sonnant, Gresset n’eut plus rien à dire, et ne put que se replier dans Amiens : car je suis fort de l’avis de Diderot, qui remarque quelque part que, lorsqu’un poëte peut prendre si aisément sur lui de se taire, c’est qu’il n’a plus guère à parler. […] La gloire dont il venait de goûter à pleine coupe dans l’applaudissement universel lui fut amère ; il parut sentir que c’était un breuvage trop fort pour lui, et il s’en détourna. […] Qu’est-ce que cette mollesse et finesse de l’air que les Anciens trouvaient au ciel d’Athènes, que les Latins du temps des Césars croyaient ressentir à Rome (proprium quemdam gustum urbis), que Voltaire recommandait si fort aux poëtes trop absents de Paris, et dont lui-même, à ce qu’il semble, il savait se passer si bien ? […] On peut voir dans le Journal de Collé, mai 1759 (tome II, page 292), un jugement fort modéré et fort sensé sur la publication de cette lettre et sur Gresset lui-même.
Il y eut peu d’âmes plus belles, plus fortes, que celle de ce magistrat, qui mourut évêque : il eut, de ses deux états, la justice et la charité. […] Il aima trop le jeu, la table, tous les plaisirs, et la pauvreté l’affola toute sa vie, parce que ses vices étaient plus forts que ses protecteurs et ses pensions. […] Le désordre des mœurs, la difficulté des temps font embrasser ce que la Bible et l’antiquité ont de plus fort et de plus austère dans leurs doctrines morales. […] Le Père Garasse l’a appelé « le patriarche des esprits forts », à cause de sa Sagesse : mais Saint-Cyran l’a défendu. […] Cela ne s’applique guère à Henri IV, Toujours avisé, et fort peu sentimental.
Quoique plus d’un passage de ces Lettres puisse sembler fort étrange venant d’un père à son fils, l’ensemble est animé d’un véritable esprit de tendresse et de sagesse. […] Mais cette libre et forte disposition de la pensée aux ordres de la volonté, n’est le propre que des grands ou des très bons esprits. […] Marcel, le maître à danser, est fort souvent recommandé ; Montesquieu ne l’est pas moins. […] Mais ces petits-maîtres, mûris par l’âge et par l’expérience, se métamorphosent souvent en gens fort capables. […] Ce serait peut-être à moi à décider lequel est le plus triste d’être sourd ou aveugle, ou de ne point digérer : je puis juger de ces trois états avec connaissance de cause ; mais il y a longtemps que je n’ose décider sur les bagatelles, à plus forte raison sur des choses si importantes.
Si on admet celle hypothèse, le reste est fort simple. L’émotion esthétique d’un spectacle représenté, se distinguera de l’émotion d’un spectacle réel perçu, et à plus forte raison de l’émotion résultant d’un spectacle auquel il prend une part personnelle […] — L’utilité intrinsèque de ces recherches, à part l’usage que nous allons en faire, est fort grande. […] Il est vrai que peu d’hommes s’accordent à ressentir le même degré d’émotion à propos de la lecture d’un même livre : que ces différences de plaisir, d’intérêt, de saisissement peuvent aller fort loin. […] Guyau (Prob. de l’esth. contemp) passe fort près de cette opinion.
Les quelques personnages loués dans ses romans sont bien constitués dans-leur corps et leur esprit, ont des membres sans tare et une raison sans fêlure, sont logiques, forts et humains. […] Tous les héros qu’il exalte sont des hommes forts, se dépensant en action, accomplissant une grande œuvre ou couronnant une grande ruine. […] Comparant les fortes et complètes créations de son esprit aux êtres que ses sens lui montrent, apercevant le moment vital qu’il adore, la santé, la raison, la vertu, éparses, restreintes et mêlées en d’imparfaites manifestations, M. […] Cet absolu amour pour, les forts qui seul eût conduit M. […] Il a encore ce que personne n’a eu avant lui, le don d’animer ainsi, d’une vie puissante, les êtres moyens, ordinaires, sans traits exceptionnels, et sans autres qualités qu’une grande bonté et une forte volonté.
Fléchier n’en était pas moins un prêtre fort régulier, et regardé comme tel. […] Il était fort affligé, et s’endormit pourtant un moment. […] Les artistes grecs s’occupent moins de toucher fort que de toucher juste. […] J’ai encore une autre excuse : ce monde moderne est fort triste, parce qu’il est fort civilisé. […] Il y a découvert beaucoup de bévues, dont plusieurs fort amusantes.
Ce qu’on appelle les figures de construction sont des incorrections plus ou moins fortes : comme elles se rencontrent assez souvent chez les grands écrivains, on les a décorées de noms savants qui les voilent ou même les proposent à l’admiration : syllepse, ellipse, pléonasme, etc. […] Il suffit d’ouvrir le livre de La Bruyère pour rencontrer à chaque page l’antithèse dans sa pure et forte brièveté. […] L’honneur leur appartient d’avoir ouvert la porte À quiconque osera d’une âme belle et forte Pour vivre dans le ciel en la terre mourir. […] À plus forte raison, le même effet est obtenu par l’exacte répétition des mêmes mots.
Croire à ce point au règne futur de la justice, c’est être bon pour l’univers, c’est pardonner à la réalité d’être présentement fort mêlée. […] La vue du monde mauvais, nous nous y complaisions par une étrange maladie d’orgueil : nous préférions que le monde fût laid, pour paraître forts en le voyant et en le disant. […] Si George Sand a paru reconnaître, dans ses premiers romans, le droit absolu de la passion, c’est uniquement de celle qui est « plus forte que la mort » et qui la fait souhaiter ou mépriser. […] Je ne parle pas de ses jeunes filles si charmantes ; et je ne rappellerai pas qu’elle a fait les analyses les plus fines et les plus fortes du caractère des artistes et des comédiens (Horace, le Beau Laurence, etc.).
Il trouve sans doute sa rémunération dans cette satisfaction d’orgueil qu’il éprouve à voir que tous, même les plus forts, sont contraints d’avoir recours à son intelligence. […] C’est un psychologue averti ; en dépit de sa faiblesse il vainc invariablement et c’est peut-être à cause de cette faiblesse même qu’on l’a opposé à l’hyène forte et brutale pour le piquant du contraste. […] Il en serait fort mal récompensé s’il était d’un naturel confiant mais sire lièvre escompte d’avance l’ingratitude de son obligé, ce qui lui permet d’en esquiver les manifestations. […] L’hyène n’est pas seulement sotte et crédule, elle se signale en toute circonstance par son insigne mauvaise foi, mauvaise foi de brute qui se sait forte et qui n’allègue de prétexte que pour railler celui qu’elle peut écraser s’il ne feint pas de prendre pour argent comptant sa grossière explication.
Elle avait fort encouragé Bonstetten à écrire en français ; elle était faite plus que personne pour goûter ce qu’il y avait de nouveau, d’original, dans sa façon de dire. […] Sa réputation eût fort gagné à une telle œuvre, et s’y fût assise dès l’abord ; car ce qui manque surtout à Bonstetten dans cette longue vie intellectuelle répandue sur tant de surfaces diverses, c’est un ensemble, c’est un centre ; il n’a pas de quartier général où l’on se rallie. […] Le ton du diapason, dans l’éloge et dans la critique, comme dans la musique, a fort monté depuis lors, mais il paraissait déjà fort monté, et aussi haut que possible, à cette date ; chaque époque renchérit ainsi sur la précédente et a peine à concevoir qu’on puisse aller au-delà : C’est un singulier spectacle pour un observateur, écrivait Bonstetten, que celui de l’opinion publique. […] Les fenêtres de deux chambres, fort modestement meublées, s’ouvraient sur la terrasse de l’hôtel de ville, la treille classique qui domine toute la vallée de l’Arve, depuis les escarpements blanchâtres du Salève jusqu’aux pentes verdoyantes du mont de Sion. […] L’édition de ces Souvenirs parut à Genève en 1831, et devint aussitôt fort rare, les amis du vieux sage s’étant partagé respectueusement le petit nombre d’exemplaires dont elle se composait.
Gustave de Beaumont vient d’ajouter aux deux qui avaient précédemment paru de la Correspondance de M. de Tocqueville, a été fort remarqué, et fort justement. […] Un jeune homme, à peu près du même âge qu’avait alors M. de Tocqueville, visite, à trente-trois ans d’intervalle, les mêmes contrées, le même empire transatlantique ; ce jeune homme a été élevé dans des conditions à peu près semblables à celles dans lesquelles l’avait été en son temps M. de Tocqueville, ou du moins il a été nourri dans un milieu fort approchant ; mais quelle manière différente d’aborder son sujet ! […] mon pauvre ami, je voulais t’écrire tranquillement ; mais ces cruelles idées sont plus fortes que ma volonté, et je vois à peine ce que j’écris. […] Il présage, dès ce moment, un coup de vent soudain qui peut tout renverser, un 24 février possible ; il songe même, lui homme d’un autre temps, au rôle de courage et d’audace qu’il aurait à remplir, tel cas échéant et en telle rencontre : le Si forte virum quem… lui revient à l’esprit, et il a conscience que ce jour-là il ne se tairait pas comme Sieyès et qu’il oserait. […] Dans un article fort spirituel sur ces deux derniers volumes de la Démocratie en Amérique de Tocqueville, qui a paru dans le Journal des Savants (mai 1840), M.
L’activité presque fébrile, qui nous caractérisa en tout temps, quitte la politique pour se porter vers le bien-être matériel : ou je me trompe fort, ou nous allons voir d’ici à peu d’années d’immenses progrès dans ce sens. […] Ne saurait-on être fermes, forts et préparés à tout, sans jactance et sans menace ? […] Mais indépendamment de ce que de si grands modèles sont toujours fort au-dessus de toutes les copies, Montesquieu a trouvé dans son livre des facilités qu’il n’aurait pas eues dans celui dont je parle. […] Toutes les idées que je viens de t’exprimer l’ont mis fort en travail ; mais il s’agite encore au milieu des ténèbres, ou du moins il n’aperçoit que des demi-clartés qui lui permettent seulement d’apercevoir la grandeur du sujet, sans le mettre en état de reconnaître ce qui se trouve dans ce vaste espace. […] Après la rupture que causèrent entre tant de relations les événements que vous savez, je n’avais pas changé, mais je me tenais plus qu’auparavant sur la réserve ; il venait peu à notre Académie ; deux ou trois fois nous causâmes fort amicalement.
» La Mennais, il est vrai, paraît se prononcer dès lors ouvertement pour la liberté de la presse, et il raille d’une manière fort piquante les projets élaborés par l’abbé de Montesquiou. […] J’ai bien peur que l’heureuse révolution ne se borne à l’échange d’un despotisme fort contre un despotisme faible. […] Mille raisons les plus fortes m’attachent à M. […] André, qui fit l’ordination… » On le presse fort d’entrer dans la Compagnie de Jésus : il ne fit aucune objection. […] Je fais tout ce que je puis pour lui rendre un peu de force et d’espérance, mais j’ai des idées et une façon de voir si différentes des siennes, que je m’y prends sans doute fort mal ; et puis on ne calme pas l’eau agitée en y trempant la main.
Un double caractère de cette petite école est d’être à la fois en arrière et en avant, de tenir à l’âge qui s’en va et au siècle qui vient, d’avoir du précieux et du hardi ; enfin, de mêler dans son bel-esprit un grain d’esprit fort. […] Il hanta fort Des Barreaux dans sa jeunesse : on l’a même voulu rattacher au poëte Théophile. […] Je vous aimois, vous m’aimiez fort ; Cela n’est plus, sortons d’affaire. […] Des Houlières, qui reprit du service et vécut fort peu à ses côtés, elle ne put jamais relever ses affaires de fortune, dérangées par une longue absence, et sa vie se passa dans des gênes continuelles, que l’agrément de la société ne recouvrait qu’à demi. […] Vous pouvez y mettre ordre, et nos intérêts sont si fort mêlés qu’on ne peut me faire une affaire, sans détruire celle qui vous donne tant d’impatience, et qui se terminera bientôt.
Par une vocation meilleure, elle devint plus tard une espèce de religion qu’embrassaient les âmes fortes. […] On chercha seulement à décréditer les fortes vertus d’un autre âge ; mais on ne les persécuta point. […] Il y a donc chez ces hommes, naguère si opprimés, tous les éléments d’une société forte et éclairée. […] Plus tard, il prend, pour une somme assez forte, la moitié du bail des dîmes de la même paroisse. […] Il est superflu de dire que cette version parut fort inférieure à la précédente.
Non content de ces soldats en chair et en os, de ces hochets militaires en grand, il en avait encore à domicile dans sa chambre, et d’une autre sorte, pour le temps qu’il passait en ville : « Dans ce temps-là (1755), et longtemps après, le principal jouet du grand-duc, en ville, était une excessive quantité de petites poupées, de soldats de bois, de plomb, d’amadou et de cire, qu’il rangeait sur des tables fort étroites qui prenaient toute une chambre ; entre ces tables à peine pouvait-on passer. […] Les comtes Razoumowsky, que j’avais toujours aimés, furent plus caressés que jamais ; je redoublai d’attention et de politesse envers tout le monde, excepté les Schouvaloff ; en un mot, je me tins fort droite : je marchais tête levée, plutôt en chef d’une très-grande faction qu’en personne humiliée et opprimée. » Sa fierté n’a pas grand effort à faire pour se redresser : elle n’était pas née pour l’attitude et le rôle de victime. […] Un jour qu’il était allé avec un de ses amis, le comte de Horn, faire une visite au grand-duc à sa maison d’Oranienbaum, le grand-duc, qui avait la noce d’un de ses chasseurs en tête et qui voulait y aller boire, les planta là, et la grande-duchesse dut leur faire les honneurs de la maison : « Après le dîner, je menai la compagnie qui m’était restée, et qui n’était pas fort nombreuse, voir les appartements intérieurs du grand-duc et de moi. […] Avec une pareille disposition d’esprit, j’étais née et douée d’une très-grande sensibilité, d’une figure au moins fort intéressante, qui plaisait dès le premier abord sans art ni recherche. […] Je viens de dire que je plaisais, par conséquent la moitié du chemin de la tentation était faite, et il est en pareil cas de l’essence de l’humaine nature que l’autre ne saurait manquer ; car tenter et être tenté sont fort proches l’un de l’autre, et malgré les plus belles maximes de morale imprimées dans la tête, quand la sensibilité s’en mêle, dès que celle-ci apparaît, on est déjà infiniment plus loin qu’on ne croit, et j’ignore encore jusqu’ici comment on peut l’empêcher de venir.
Parlant de l’évêque politique en Bossuet, et des considérations de cabinet qui influèrent si fort sur sa conduite, sur ses discours officiels en toute circonstance, cet homme d’esprit disait il y a plus de trente ans : « Après tout, c’est un conseiller d’État. » Tout récemment, et se reportant à ce trésor de beaux lieux communs qui sont le fonds inépuisable de son éloquence, il l’appelait encore « le sublime orateur des idées communes ». […] Mais à la première rencontre, on le sait, les deux amants se portèrent l’un vers l’autre, se tirèrent insensiblement à part dans l’embrasure d’une fenêtre, se parlèrent bas, pleurèrent, et, faisant une grande révérence aux graves témoins, matrones ou prélats fort ébahis et se regardant, ils passèrent dans une autre chambre : « Et il en advint Mme la duchesse d’Orléans, et ensuite M. le comte de Toulouse54. » C’est ce qu’on appelle vulgairement avoir un pied de nez. […] Vie chaste, vie sobre, vie tour à tour de mouvement et d’un certain éclat à Paris, et de retraite à Metz ; — c’est à ce régime qu’il dut le perfectionnement, la forte et entière nourriture de son génie. […] Ceci, je le crois, est plus essentiel qu’on ne l’a remarqué ordinairement chez Bossuet : c’est ce qui fait qu’on est frappé si fort à tout moment de son éloquence, de son élocution, même quand on est étranger ou contraire à ses doctrines. […] Gandar, qui s’est fort occupé du texte de Bossuet et qui y a regardé de très près, me fait remarquer que cet honnête homme de bénédictin a rendu maint service inappréciable, qu’il a presque toujours bien lu des brouillons que, sans lui, on serait fort empêché de déchiffrer.
Le talent qui, dans le premier et bel hyménée de la jeunesse, ne fait qu’un d’ordinaire avec les sentiments dont une âme est possédée, s’il est fort, abondant, de trempe durable, s’en sépare bientôt, et devient jusqu’à un certain point distinct du fond même de l’âme. La sensibilité et le talent suivent, chose remarquable, une marche presque inverse : la sensibilité s’émousse, s’attiédit, se désabuse ; elle en vient parfois à se concentrer en des buts fort restreints ; le talent s’affermit, s’assouplit, se généralise. […] Est-il convenable de noter que son père faisait avec une grande facilité ce qu’on appelait des vers de société, bouts-rimés, couplets, etc., bagatelle fort à la mode de son temps, et dans laquelle le beau-frère de Bouchotte égalait peut-être le célèbre ingénieur Carnot ? […] Mais sa volonté plus forte prit l’empire. […] Lorsqu’on subit à ce degré le poids de la douleur présente, monotone, effective, on sent trop fort pour pouvoir beaucoup chanter.
Cet adieu de Prevost à son supérieur le peint au naturel et plus au complet qu’on ne l’a vu nulle part encore ; on y sent percer, à travers les termes d’un respect fort dégagé, un accent d’ironie et une pointe de menace qui a son piquant, et qu’on n’est pas accoutumé de trouver sous sa plume. […] Je fais la même chose en Hollande, où j’ai l’avantage d’être vu aussi de fort bon œil de tout ce qu’il y a de personnes de distinction. […] Le Ciel m’est témoin que c’eût été pour moi une très-vive satisfaction, et que j’ai fort regretté de l’avoir perdue. […] Au reste, Jordan n’est pas en défense contre l’éloquent abbé ; il se laisse gagner à ses manières civiles, au charme abondant de cette parole qu’on voit d’ici se dérouler ; et à quelques pages plus loin, on lit dans le courant du Journal : « J’eus une conversation fort agréable avec M. […] Tout à côté on rencontre le père Tirman , qui a de l’esprit et de l’érudition ; « mais, comme il n’a pas la tête des plus fortes, on craint qu’à force de la charger la voiture ne se brise. » Il serait piquant de savoir à quel docte confrère des De La Rue et des Montfaucon s’appliquaient ces divers signalements.
Çà et là, dans l’arène, des cadavres. » À un endroit, le médecin Alexandre accourt « en levant des mains sanglantes » et en criant : Cher légat, le plus fort n’est pas maître De la douleur physique ; elle envahit tout l’être. […] La bonne servante lyonnaise avait entendu dire que les jugements de Dieu sont le renversement des apparences humaines, que Dieu se plaît souvent à choisir ce qu’il y a de plus humble, de plus laid et de plus méprisé pour confondre ce qui paraît beau et fort. […] Or, du jour où il s’agirait de souffrir et de verser son sang, il apparaîtrait tout aussitôt que l’âme de la fille chétive et disgraciée est plus forte, plus douce et plus haute que celle même de ses plus saints compagnons. […] … Mais à la lecture, et jusqu’à l’endroit où j’en ai arrêté le compte rendu, cette œuvre intelligente ne semble point particulièrement neuve, et je dirais qu’elle rentre dans l’ordinaire « formule » des tragédies romano-chrétiennes, si, dans sa dernière partie, ne se marquait fort heureusement le dessein par lequel surtout elle vaut. […] Si cela est peut-être discutable, cela est fort dramatique ; et très dramatique aussi, au dernier tableau, du haut de la terrasse de Néron, le saut des martyrs dans les flammes.
Concevons-nous que le Parthénon et les Propylées, les statues de Phidias, les dialogues de Platon, les sanglantes satires d’Aristophane aient été l’œuvre d’une époque fort ressemblante à 1793, d’un état politique qui entraînait, proportion gardée, plus de morts violentes que notre première révolution à son paroxysme ? […] La forte génération qui a pris la robe virile en 1815 a eu le bonheur d’être bercée au milieu des grandes choses et des grands périls et d’avoir eu pour exercer sa jeunesse une lutte généreuse. […] Il peut naître chez les races fortes et aux époques de crise des monstres dans l’ordre intellectuel, lesquels, tout en participant à la nature humaine, l’exagèrent si fort en un sens qu’ils passent presque sous la loi d’autres esprits et aperçoivent des mondes inconnus. […] La civilisation, par l’extrême délimitation des droits qu’elle introduit dans la société et par les entraves qu’elle impose à la liberté individuelle, devient à la longue une chaîne fort pénible et ôte beaucoup à l’homme du sentiment vif de son indépendance. […] Il n’y a que des niais qui puissent prôner si fort le régime de la poule au pot.
Cette riche et forte nature en effet, cette nature saine et florissante, où la gaieté est plutôt dans le tour et le sérieux au fond, n’avait jamais eu de passion proprement dite. […] Quelques mots de Tallemant caractérisent bien cette charmante et puissante nature de femme, telle qu’elle se déclarait toute jeune dans l’abondance de la vie ; après avoir dit qu’il la trouve une des plus aimables et des plus honnêtes femmes de Paris, « elle chante, ajoute-t-il, elle danse, et a l’esprit fort vif et agréable ; elle est brusque et ne peut se tenir de dire ce qu’elle croit joli, quoique assez souvent ce soient des choses un peu gaillardes… » Voilà le mot qu’il ne faut pas perdre de vue avec elle, tout en le recouvrant ensuite de toute la politesse et de toutes les délicatesses qu’on voudra. […] Je n’ai point la bouche la plus petite du monde, je ne l’ai point aussi fort grande. […] Je me défiais trop de mon éloquence pour m’en rapporter à elle seule de cette justification, et les discours que je faisais tous les jours, pour bien représenter les charmes de son esprit (et c’était le fort de ma défense), me satisfaisaient si peu moi-même, que je voyais bien qu’ils ne persuaderaient personne. […] Une comparaison s’établit naturellement entre elle et la duchesse de Mazarin, cette nièce du cardinal avec laquelle elle avait été fort liée, qu’elle avait eue un moment pour compagne de réclusion, pour rivale ensuite, et qui est si connue elle-même par ses aventures conjugales, ses procès, sa fuite et ses pérégrinations galantes.
De grands Royaumes n’occupent qu’un petit espace, & de petites isles, telles que la Corse, un fort grand. […] Mais si ce voyageur n’étoit point un menteur, c’étoit du moins un homme fort crédule. […] Le voyageur ne parle guéres que de ce qu’il a vu ou de ce qu’il a su de gens bien instruits & fort surs. […] Cette description est très-exacte, fort détaillée, faite sur les dernieres rélations & remplie de cartes & de plans très-instructifs. […] Le style, quoique fort, auroit pu être plus soigné ; & l’auteur auroit dû oublier quelquefois qu’il étoit Jacobin.
Il est souple, il est agile ; cependant il est fort. […] La voix de son époux était tonnante ; la sienne est forte. […] Sentir ce qu’il en faut prendre, ce qu’il en faut laisser ; connaître les passions douces et fortes, et les rendre sans grimace. […] Dans une imagination forte, dans les auteurs, dans les nuages, dans les accidents du feu, dans les ruines, dans la nation où ils ont recueilli les premiers traits que la poésie a ensuite exagérés. […] Un poète est un homme [d’une imagination forte] qui s’attendrit, qui s’effraye lui-même des fantômes qu’il se fait.
L’un de ces deux discours est fort beau. […] Le soir, c’est fort beau. […] fort modeste étroit, avec des marches en bois, poudreuses et grises. […] Il y en a tout un système fort complet dans la rue Royale. […] Un avocat estimé et un financier fort riche demanderont votre main.
Moréas nous devança tous d’un bon lustre), trop forte pour qu’on s’arrêtât longtemps à des misères de publicité. […] Il importe d’ailleurs fort peu. […] Elle est parce qu’il fit de fort beaux vers, et qu’il sut tout entier se traduire, qu’il l’osa et y réussit. […] Il n’y a plus là d’ensoleillement qui rend confuses les fortes poussées des frondaisons. […] C’est fort joli et très tendre et très pitoyable, du bon Gabriel Vicaire.
Tant qu’elle fut jeune pourtant, Mme de Ferriol parut fort recherchée, et elle eut rang parmi les femmes en vogue du temps. […] Dans toute autre famille elle eût passé pour fort jolie, et je l’ai vue encore charmante. […] Elle avait traversé la Révolution encore fort jeune ; elle était moins femme de cour. […] Ma mère, qui avait été élevée en Bretagne où les coutumes étaient différentes, fut fort surprise lors de ses premières visites à Mayac. […] C’est un homme qui toujours l’a porté fort haut et a fait le seigneur à la cour.
Mais cette vue, qui lui communiquerait de sa grandeur et l’envelopperait d’innocence, cette vue qui, du moins, serait une excuse à balbutier pour lui devant l’Histoire, on est obligé d’y renoncer dès qu’on étudie sérieusement le règne de ce malheureux prince, dont le pouvoir était construit sur la plus forte et la plus pure notion que les hommes aient eue jamais d’un roi, et qui aurait tout pu, jusqu’au dernier moment, s’il n’avait pas eu, dans le fond du cœur même, le honteux petit grain de sable qui, placé ailleurs, tua Cromwell. […] Eh bien, c’est cette répugnance instinctive aux plus forts que Renée n’a point écoutée ; c’est cette difficulté qu’il a vaincue ! […] » Et encore ailleurs, et toujours avec la même beauté de langage : « Louis XVI était fort adonné à la chasse. […] Tous ces portraits, les uns éclatants, les autres profonds, dans le détail desquels nous entrerons peut-être un jour, classeront désormais fort à part et fort haut parmi les portraitistes historiques le continuateur de Sismondi.
Du reste, ce n’est ni une question ni deux que ce livre de cinq cents pages secoue avec puissance, mais c’est tout un ordre de questions qui, résolues au sens de l’auteur, entraîneraient du coup la ruine de toutes les philosophies connues, éclaireraient l’Histoire d’un jour nouveau, et consommeraient enfin et définitivement cette fusion, maintenant entrevue par tous les penseurs un peu forts, de la Religion et de la Science. […] Cette physionomie si respectueuse jusque-là devint tout à coup sarcastique, le regard s’enflamma, et, le rouge lui étant monté au visage, l’inconnu s’écria, de la voix la plus forte : Ah ! pour le coup, monsieur l’abbé, voici qui devient par trop fort ! […] La thèse orthodoxe de l’auteur des Esprits est trop savante, trop étoffée, trop imposante ; l’auteur est trop au courant des sciences naturelles et médicales de son époque ; il a même, ici et là, trop de cette puissance de plaisanterie qui ne manque jamais en France aux écrivains supérieurs, et qui circule au sein des graves discussions auxquelles il se livre comme l’Esprit dormait sur les eaux, pour que la risée qui peut accueillir sa thèse soit bien forte. […] voilà qu’il trouve, pour résultat d’une étude faite dans les écrits de nos plus forts manigraphes et de nos physiologistes les plus avancés, la conclusion déconcertante que les anciennes possessions, au sens théologique du mot, se retrouvent trait pour trait au xixe siècle, et que le Moyen Age, dont on s’est tant moqué, a ici, comme en tant d’autres choses, victorieusement raison contre l’Institut.
Bonsoir, monsieur ; votre lettre m’a fort affligée. […] Je vous exhorte fort à ne pas quitter votre feu. » (8 novembre 1760.) […] Nous voyons dans cette suite de lettres Mme de Verdelin, toute femme de qualité qu’elle est, se séparer fort nettement de ceux qu’elle appelle les Grands. […] J’aimais fort la société de M. de Margency, lorsque je le voyais de temps en temps à Paris ; mais du matin au soir, et tête à tête ! […] j’avais besoin de vous dire cela ; je t’aime fort, mais je voudrais ou être seule, ou avoir quelqu’un qui liât et amalgamât ses manies avec les miennes, car j’en ai bien aussi.
« Selon les heures où il sortait, sa mise était fort négligée ou fort soignée. […] Il avait, sur ce sujet fort scabreux, de singulières théories qu’il déduisait non moins singulièrement…. […] Aussi était-il fort étonné quand je le suppliais de finir cette musique, qui eût fait hurler l’ami Mouche. […] Ainsi équipé, j’habiterai fort agréablement mon palais ! […] … » ……………………………………………………………………………………………… « Je t’envoie deux nouveaux ouvrages ; ils sont encore fort mauvais et fort peu littéraires surtout !
A descendre à de telles précisions, on risque fort de méconnaître les différences profondes, essentielles, qui distinguent les phénomènes physiologiques des phénomènes moraux et sociaux. […] De là la durée limitée, quoique fort inégale, de tous les individus, de toutes les espèces, de tous les types d’organisation, dont aucun ne peut être regardé comme éternel. […] En fait, aucun peuple ne s’est vraiment éteint de vieillesse ; beaucoup ont péri sous les coups de plus forts ; les autres sont morts parce qu’ils ont rejeté la vie. […] Cette conclusion a été vigoureusement développée dans un livre récent et fort remarquable de M. […] Voilà, certes, une jolie subvention, mais il est à croire que ce chiffre est fort exagéré.
Son père, qui était un marchand de vin en gros suivant la Cour, et fort connu des grands, lui fit donner la meilleure éducation : Voiture étudia à Paris, au collège de Boncourt, et de là il alla faire son droit à l’université d’Orléans. […] Et par exemple, une des premières lettres est à Mlle de Bourbon (depuis duchesse de Longueville) ; elle était indisposée, et on lui avait envoyé Voiture pour la divertir : mais il était en rêverie ce jour là, où elle était difficile à distraire : elle dit qu’il y avait fort mal réussi et qu’il n’avait jamais été si peu plaisant. […] J’eus beau crier et me défendre, la couverture fut apportée, et quatre des plus forts hommes du monde furent choisis pour cela. […] Voiture, dans une lettre fort belle et qui porte plus que d’habitude un cachet de vérité, lui dit : (De Madrid, 8 juin 1633.)… Ceux qui occupent des places comme la vôtre sont d’ordinaire traités comme les dieux ; plusieurs les craignent, tous leur sacrifient, mais il y en a peu qui les aiment, et ils trouvent plus aisément des adorateurs que des amis. […] Sa conversation était aussi très divertissante à certains jours et à certaines heures ; mais elle était fort inégale, et il y en avait d’autres où il n’ennuyait guère moins que la plupart du monde l’ennuyait lui-même.
La grande objection consistant à dire qu’il serait embarrassant de voir s’asseoir le lendemain à son côté un confrère dont, la veille, on aurait discuté et peut-être contesté en partie les titres, n’existe donc plus, ou du moins est fort affaiblie. […] Les chances, si vous me demandez, mon cher lecteur pour qui elles sont dans la première de ces deux élections, je serai fort embarrassé de vous le dire. […] Il s’est fort perfectionné depuis 1849. […] Mais, je le répète, il a de bons articles, et fort sensés, à propos de livres politiques et d’histoire, dont on cause et dont on disserte autour de lui. […] Baudelaire a trouvé moyen de se bâtir, à l’extrémité d’une langue de terre réputée inhabitable et par-delà les confins du romantisme connu, un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux, où on lit de l’Edgar Poe, où l’on récite des sonnets exquis, ou l’on s’enivre avec le haschich pour en raisonner après, où l’on prend de l’opium et mille drogues abominables dans des tasses d’une porcelaine achevée.
La veuve de Louis Racine, la bru du grand Racine, vécut fort longtemps et fort avant dans le xviiie siècle ; elle vit la Révolution française et mourut en 1794, âgée de 93 ou 94 ans. […] L’intérêt est, nous l’avouerons, fort inégal ; il n’est pas facile de trouver et de dire du nouveau sur Jean Racine. Les Mémoires sur sa Vie que nous a laissés son fils sont fort agréables, très justes en général par l’esprit de tradition et de piété qui les anime, mais inexacts en bien des points, surtout pour les commencements et le début de la carrière. […] D’ailleurs, elle n’est pas fort habile à le remuer. […] Cet esprit arrogant s’est montré tendre pour le fils de Racine, comme l’éminent Montesquieu avait été d’une indulgence charmante pour Rollin : cela sied aux forts.
Bientôt on n’attend plus que le voisin soit mort pour le manger ; on le tue, si l’on est le plus fort. […] Flaubert et offre de fortes et mâles qualités ; mais il est trop tendu, trop uniforme de tours. […] Martial, dans une de ses épigrammes, classe les œuvres de son temps en deux catégories : les œuvres considérables, dites sérieuses, qu’on estime fort et qui attirent peu ; et les autres, celles dont on fait fi, et que chacun veut lire. […] Madame Bovary n’est pas Gil Blas, et Salammbô est bien plus forte que Sèthos ; mais on me comprend. […] Après tout, la manie de l’impossible est celle des forts.
Ménédème est père, il a un fils unique fort jeune : « Ah ! […] Cet homme des champs a deux fils dont il a donné l’un à l’oncle de la ville, qui l’a adopté et qui l’élève à sa manière, c’est-à-dire fort doucement et en lui laissant la bride sur le cou, il a gardé l’autre avec lui et l’a de tout temps tenu fort sévèrement : il l’a élevé à la Caton. […] » Un ami qui passe, et qui l’a entendu fort à propos, le sert à souhait et l’oblige à s’épancher. […] Térence, c’est le contraire de Juvénal et des liqueurs fortes. Il y a des poètes plus ambitieux, plus complets aussi et plus forts que lui assurément ; mais, au sortir des lectures violentes, ma médiocrité même s’accommode mieux de celle de Térence.
Renan est fort combattu en même temps que prodigieusement lu : on ne saurait s’en étonner ni s’en plaindre. […] On l’appelait « le dénicheur de saints. » Chaque curé avait peur qu’il ne prît à partie celui de son église, et plus d’un lui tirait fort bas son chapeau, du plus loin qu’il le voyait. […] Au fond, il n’est pas fort étonnant qu’on se fasse haïr des hommes quand on attaque, sans utilité, les opinions sur lesquelles ils fondent leur bonheur. […] « L’histoire, me disait mon ami, qui n’est pas inconséquent et qui tient fort de Hume et de Fontenelle, n’est le plus souvent, et surtout à cette distance, qu’une fable convenue, un quiproquo arrangé après coup et accepté, une superfétation réelle portant sur une base creuse et fausse. […] La tâche était plus forte qu’eux.
L’histoire des tentatives faites depuis le xvie siècle pour la simplification de l’orthographe nous est présentée fort au complet par M. […] Mais les errata, bien que si fort en usage et qui devraient être acclimatés, ce semble, n’ont pu encore devenir des erratas, comme on dit des opéras. […] Dans la préparation de ce premier Dictionnaire, et dans les cahiers qui en ont ôté conservés, on a les idées de Bossuet qui sont fort sages et fort saines. […] Un ancien ministre et conseiller d’État d’un précédent régime, homme de beaucoup d’esprit et de beaucoup de littérature64, racontait agréablement ceci aux dépens d’un de ses collègues, meilleur administrateur que grammairien : « Du mot règle, disait-il, on a fait régler ; de régler, on a fait règlement ; dérèglement, on a fait réglementer… C’est déjà un peu fort, et dans les commissions on n’en fait pas d’autres ; mais on ne s’en est pas tenu là : de réglementer, on a fait réglementation… Passe encore ; mais un jour Ducos ne s’est-il pas avisé de vouloir faire de réglementation le verbe réglementationner ! […] Il y a un fort bon écrit d’un grammairien estimable, feu M.
Malouet eut fort à se louer, en cette circonstance, du comte de Broglie, l’ancien correspondant de Louis xv, caractère passionné, âme ferme, et qui se fit spontanément l’avocat et le champion de l’honnête homme calomnié. […] Le monde, en littérature comme en tout, est à ceux qui frappent fort. Heureux le monde si ces puissants et ce forts frappent juste en même temps ! […] Malouet, explorant le pays, fut fort surpris de rencontrer dans un îlot, au milieu de l’Oyapock, un invalide du temps de Louis xiv, blessé à la bataille de Malplaquet, et qui avait 110 ans en 1777. […] Je voulus le faire transporter au fort, il s’y refusa : il me dit que le bruit des eaux, dans leur chute, était pour lui une jouissance, et l’abondance de la pêche une ressource ; que puisque je lui assurais une ration de pain, de vin et de viande salée, il n’avait plus rien à désirer.
Vous ne trouverez pas un mot grossier, une locution basse, une expression licencieuse dans les écrits des Sévigné, des La Fayette, des La Suze, des Coulanges, des deux belles-sœurs Scudéry, qui ont précédé le règne de madame de Maintenon, ni dans ceux de femmes qui ont été fort dégagées des préceptes de son école : telle a été madame de Caylus, sa nièce et son élève ; telle a été la marquise de Lambert. […] Il se borne à rapporter l’opinion reçue : « On dit que Boileau avait en vue madame Deshoulières, une des protectrices de Pradon, et qui fit un sonnet sur la Phèdre de Racine. » On dit, est fort sage, en effet, en 1677, quand Phèdre a paru, madame Deshoulières avait depuis longtemps rompu avec les écrivains qui avaient intéressé sa première jeunesse, tels que les d’Urfé, les La Calprenède, les Scudéry. […] La Champmeslé y aurait fait mal au cœur. » Si Voltaire avait eu le loisir de lire madame de Sévigné, avec l’application qu’on est en droit d’exiger d’écrivains moins occupés qui parlent d’elle, il aurait vu que les préventions de cette femme illustre, préventions qui n’ont pas été jusqu’à méconnaître le mérite de Racine et à lui préférer Pradon, tenaient à un principe moral d’une nature fort supérieure aux préceptes du goût en littérature. […] Au reste, elle ajoute à son opinion sur les deux historiographes la citation de plusieurs louanges fort ridicules qu’on disait avoir été données par eux au roi en personne à l’armée, et elle finit avec beaucoup de raison par ces mots : Combien de pauvretés ! […] Trissotin, dit-elle, est une fort plaisante chose.
Il en est d’ailleurs fort peu qui examinent attentivement les organes internes, d’une valeur pourtant si grande, et qui les comparent chez un grand nombre de spécimens de la même espèce. […] De tels faits sont fort embarrassants pour la science, car ils semblent prouver qu’une telle variabilité est indépendante des conditions extérieures. […] Le docteur Hooker m’a exprimé depuis la même opinion en termes plus forts encore. […] Mais il y a aussi quelque raison de croire que les espèces qui sont très voisines de quelque autre, et qui sous ce rapport ressemblent à des variétés, ont aussi fort souvent une extension très restreinte. […] Sous ces divers rapports, les espèces des grands genres présentent de fortes analogies avec les variétés.
L’esprit en était fort analogue à celui de Rosenmüller, de Hug, de Jahn. […] Ainsi il n’était pas très fort en arabe, et c’est pour cela que je suis toujours resté médiocre arabisant. […] L’idée me vint dès lors plus d’une fois qu’un jour j’enseignerais à cette même table, dans cette petite « Salle des langues », où j’ai en effet réussi à m’asseoir, en y mettant une dose assez forte d’obstination. […] Que devient ce miracle, si fort admiré de Bossuet : « Cyrus nommé deux cents ans avant sa naissance » ? […] Avec ce lambeau de liberté, il est assez fort pour résister, pas assez pour agir… Ô mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ?
J’ai dit qu’il était fort peu chrétien. […] Jeanne « la sainte » rentre fort troublée. […] Celle-ci est déjà fort distinguée. […] C’est une lecture fort pénible. […] Tout cela est fort logique.
On a classé les thèmes des contes populaires ; leur nombre est fort limité. […] De fort belles œuvres ont été aites ainsi. […] Il y a des imitations assez fortes pour changer la forme initiale d’un être. […] Les deux genres sont fort déplaisants et parmi les plus inutiles. […] — Ici la réforme est fort timide.
Il mourut à Rome dépouillé, et dans le plus fort de la Révolution ; il eût été digne d’en traverser jusqu’au bout toutes les épreuves. […] Cinq longues années se passèrent de la sorte, fort adoucies sans doute par les visites d’amis, par des voyages et des séjours que bientôt Bernis put faire dans le Midi chez les personnes de sa famille, mais enfin cinq années d’exil et d’éloignement obligé du monde. […] Les plus anciens à la Cour m’ont servi avec amitié ; de sorte que mon cœur est fort à son aise, et que je n’ai jamais pu espérer une position plus agréable, plus libre et plus honorable. […] Voltaire envoie à Bernis quelques-uns de ses écrits avant la publication ; il le consulte sur ses tragédies, sur celle de Cassandre, autrement dite Olympie ; il lui demande ses avis, que Bernis lui donne fort en détail avec conscience et sincérité. […] Vous sentez combien tout cela est ennuyeux et inutile : ainsi, j’attends sans impatience que la bonne compagnie reprenne ses anciens droits ; car je me trouverais fort déplacé au milieu de tous ces petits Machiavels modernes.
Les souvenirs de Malouet laissent fort à désirer ici pour la précision. […] Une négociation fort contentieuse l’occupa durant ces années et le sauva des ennuis de l’inaction. […] Dès qu’il vit un régime régulier établi en France et dès le temps même du Directoire, il ne craignit pas d’engager tous ceux qui avaient espoir et moyen de se rapatrier, surtout les jeunes gens, à faire les démarches nécessaires ; à plus forte raison le leur conseillait-il dès les premiers jours du Consulat. […] Vint ensuite la demande de M. de La Tour du Pin. « Pour vous. » lui dit l’évêque, « vous pouvez nous être utile et fort utile à Paris. » — « Comment cela ? […] Malouet. » Un capitaine de vaisseau, qui était son aide de camp, arriva une heure avant lui et vint me prévenir que je trouverais le ministre fort irrité. — « Fort bien, lui dis-je, monsieur, il se calmera ; je suis fort aise qu’il vienne voir par lui-même ce que nous avons fait. — Effectivement, ma première entrevue à son auberge fut très froide : il ne me parla de rien, ni moi non plus, il était huit heures du soir : il me donna rendez-vous pour le lendemain matin à sept heures ; il y arriva à cinq, je le laissai tout visiter sans paraître avant l’heure convenue ; j’allai le trouver à sept heures juste : il avait fait sa tournée.
Un autre poète évêque, Pontus de Tyard, est devenu le sujet d’un prix proposé par l’Académie de Mâcon et décerné à un écrit fort développé et fort circonstancié de M. […] Léon Feugère, qui s’est appliqué utilement au xvie siècle pour des ouvrages de prose, a essayé de remettre à flot un de ces poètes inconnus qui n’avait été imprimé qu’une seule fois en 1590, au plus fort des agitations de la Ligue (c’était jouer de malheur), et qui a nom Pierre Poupo. […] Alfred Michiels avait déjà recueilli tout ou presque tout Des Portes dans un volume fort dense (1858), auquel il a joint une notice fort travaillée. […] Un écrivain érudit, qui a fort étudié ces âges poétiques intermédiaires, M. […] Mais comment reprocher à des hommes de vingt-cinq ans qui, en présence d’une littérature contemporaine futile, fade, puérile, triviale ou sophistiquée, viennent de se plonger dans ces belles lectures de l’Antiquité dont l’art de l’imprimerie ressuscitait les textes désormais tout grands ouverts et accessibles, comment leur reprocher d’en être tout remplis, d’en vouloir communiquer l’émotion généreuse, d’en vouloir verser la sève et comme transfuser le sang dans une langue moderne qui, certes, à cette date (je ne parle ni de Rabelais ni de sa prose), laissait si fort à désirer pour les vers et pour toute élocution sérieuse, élevée ?
Et de là dans la sécheresse de son récit, ces brèves impressions qui y sont comme des points lumineux : c’est Gaza, « la cité fermée de hauts murs et de hautes tours : et vainement eussiez-vous demandé une plus belle, plus forte ni plus riche » : nette et claire silhouette qui se détache comme du fond d’un tableau de primitif. […] Il apparaît, à lire Villehardouin, qu’un des puissants motifs qui lui font appuyer la politique de Boniface et du doge, c’est qu’il a engagé sa foi aux Vénitiens : ceux-ci, qui s’accommodaient fort pour leur commerce de la présence des Musulmans en Egypte, ne tenaient pas à y conduire des chrétiens. […] Le voilà, avec ces vertus qui, en ce temps-là même, et jusque chez les infidèles, le firent plus fort que tous les talents et toutes les victoires : la piété d’un moine, le courage d’un soldat, mais surtout l’abnégation, la perpétuelle immolation du « moi », la charité fervente et la justice sévère. […] Mais Joinville est homme ; la nature est forte en lui, et se fait jour sans contrainte. […] Il s’entremet pour réconcilier le marquis de Montferrat et l’empereur Baudonin, qui tous les deux l’estiment fort.
Il avait l’esprit timide et scrupuleux : il se tourmenta fort à chercher les fautes de ses pièces, et les excuses de ses fautes ; il n’avait pas la vanité contente, mais la vanité inquiète. […] Corneille est d’un autre temps, il a et il exprime une nature plus rude et plus forte, qui a longtemps été la nature française, une nature intellectuelle et volontaire, consciente et active. […] Avec l’amour, à bien plus forte raison, les autres passions se réduiront à la connaissance. […] Les dernières pièces de Corneille se caractérisent par l’élimination de plus en plus complète de la passion, même de l’exaltation : il ne reste guère que des volontés plus ou moins fortes, désintéressées et droites. […] Il y a là une puissance singulière de sens dramatique, pour tirer une tragédie, vraie, forte, émouvante celle-là et théâtrale, d’une légende épique terminée en fait-divers atroce.
au progrès et au triomphe de la raison ; en revanche, il comptait fort sur le gain de cause des folies et des sottises. […] Turgot lui-même, à plus forte raison aux hommes de la secte. […] Turgot, dont les principes étaient fort intéressés dans la question, s’est expliqué sur le livre de Galiani, et, sans en méconnaître l’agrément, il a écrit quelques mots qui marquent bien l’opposition des vues, des inspirations et des doctrines : Je n’aime pas non plus, dit-il après quelques critiques sur sa méthode sautillante et faite pour dérouter, je n’aime pas à le voir toujours si prudent, si ennemi de l’enthousiasme, si fort d’accord avec tous les Ne quid nimis et avec tous ces gens qui jouissent du présent, et qui sont fort aises qu’on laisse aller le monde comme il va, parce qu’il va fort bien pour eux, gens qui, ayant leur lit bien fait, ne veulent pas qu’on le remue. […] Il est vrai que le nombre de ses vrais amis, de ceux auxquels il tient réellement et par les fibres secrètes, se réduit fort avec les années. […] Mais voici qui est plus fort.
Ayant perdu jeune ses parents, Mlle de Scudéry avait été recueillie à la campagne par un oncle instruit et honnête homme, qui soigna fort son éducation et beaucoup plus qu’on n’était accoutumé de faire aux jeunes filles d’alors. […] Mlle de Scudéry, « qui était de très bonne mine » et d’assez grand air, n’avait aucune beauté : « C’est une grande personne maigre et noire, et qui a le visage fort long », nous dit Tallemant. […] Le portrait est fort exact. Mme Cornuel justifia cette réputation de hardie railleuse, en disant de Mlle de Scudéry, fort noire de peau, qu’on voyait bien « qu’elle était destinée par la Providence à barbouiller du papier, puisqu’elle suait l’encre par tous les pores ». […] Mais pour les hommes qui sont fort honnêtes gens, il n’en est pas de même.
Au centre du tableau, sur le fond, dans le lointain, une fabrique de pierre, fort élevée, avec différents personnages, hommes et femmes, appuiés sur le parapet et regardant ce qui se passe sur le devant. […] Le saint est très grand, et il le paroitroit bien davantage, s’il avoit la tête moins forte. […] S’il y a du papillotage, il en deviendra d’autant plus fort. […] Je prétends qu’il faut d’autant moins de mouvement dans une composition, tout étant égal d’ailleurs, que les personnages sont plus graves, plus grands, d’un module plus exagéré, d’une proportion plus forte ou prise plus au-delà de la nature commune. […] Car à juger du progrès de l’art par la perfection de ces figures, il avoit été poussé fort loin, et l’on a de l’expression longtems avant que d’avoir de l’exécution et du dessein.
La comparaison jusqu’ici est fort belle, mais elle n’est juste encore que si l’on suppose la critique, dans toute sa profondeur et sa continuité, s’appliquant aux grands monuments des âges anciens. […] Les formes des livres saints sont celles qu’il affecte ; lui qui autrefois exhalait ses patriotiques douleurs dans les Sonnets de Crimée, ou, comme dans Konrad Wallenrod, semblait emprunter à Byron ses vaporeuses figures, aujourd’hui il écrit en simples versets comme l’apôtre, il parle en paraboles à l’imitation des Évangiles, et distribue aux bannis dans le désert l’humble pain d’une éloquence populaire et forte. […] Il veut qu’à l’heure quelconque de cette délivrance qu’il espère, tous les soldats polonais, tous les pèlerins, comme il les appelle, forts de leurs souffrances, unis et frères, se retrouvent vêtus en tchamaras polonaises sur les genoux de leur douloureuse patrie. […] Le chaleureux Avant-propos que M. de Montalembert y ajoint, fort remarquable par les faits rassemblés, par l’invective de cœur et la science de style, ne nous a paru avoir d’autre défaut que d’être trop écrit au point de vue du poète.
Cette fois, la surprise nous est agréable ; nous nous trouvons plus forts et mieux armés ; les années nous ont raffermi. […] L’émotion sentimentale est toujours moindre, l’émotion artistique est quelquefois beaucoup plus forte. […] A propos d’un Werther en musique, il y a quelques années, averti par les observations de plusieurs critiques éminents de l’insignifiance et de la puérilité du Werther de Goethe, je relus Werther, que je n’avais pas lu depuis à peu près un demi-siècle, ayant accoutumé de relire plutôt Faust et le Divan, Je fus certainement moins ému qu’à seize ans ; je ne pleurai point ; mais je fus frappé de la solidité de l’ouvrage, de l’admirable disposition des parties, de la progression lente et forte, de tout ce qu’il y a enfin de savant dans cet ouvrage d’un étudiant et qui ne se retrouve plus du tout, beaucoup plus tard, dans les Affinités électives. […] Chose curieuse, l’émotion sentimentale fut, ce m’a semblé, tout aussi forte, et de plus je m’aperçus d’un mérite incroyable de composition, d’un art, assurément tout instinctif, des préparations des dispositions prises en vue d’amener un effet final, ou en vue d’éclairer d’avance certaines particularités de caractère par où s’expliquent les incidents et les péripéties ; je m’aperçus, en un mot, que le roman, s’il n’était pas aussi bien écrit que je l’eusse désiré, était aussi bien construit qu’une nouvelle de Maupassant.
Les beaux vers, ces perles du collier des nations jeunes, qu’elles ne mettent plus dans leur vieillesse, les beaux vers deviennent de plus en plus rares ; les âmes tarissent, les imaginations se décolorent, et ce douloureux et magnifique oiseau, au bec lumineux, à la gorge teinte de la pourpre éclatante de son cœur : la Poésie, meurt, étouffé sous le large pouce de ces intérêts matériels dont la main brutalise à cette heure les plus pures et les plus fortes intelligences… Seulement, s’il y avait à faire une exception en faveur des poésies sur lesquelles les reflets d’un enthousiasme sincère se voyaient encore, n’était-ce pas en faveur de celles qui s’étoilent d’un nom glorieux et s’appellent Poésies de l’Empire 57? […] Belmontet a gardé pour sa théorie un peu de l’ivresse de la forte source poétique où sa muse s’est désaltérée. […] Tous les poètes du xixe siècle, sans exception, ont plus ou moins chanté l’Empire ; attirés par la poésie fascinatrice d’un tel sujet, tous sont allés, plus ou moins, puiser à cette fontaine de poésie, à cette autre fontaine des Lions, plus intarissable que celle de l’Alhambra, et tous en sont revenus plus grands et plus forts, ayant plus en eux ce qui valait mieux qu’eux : la vraie marque de l’inspiration, disait madame de Staël, qui se connaissait en poètes ! […] Et, cependant, comme Lamartine et comme Victor Hugo, il doit les meilleurs de ses chants à cette poésie toute faite de l’Empire, qui s’est imposée à sa pensée pour la féconder et pour la grandir, et qui dominera longtemps encore les plus fortes imaginations !
Petit-Radel, a écrit fort savamment (je dirais peut-être un autre mot si ce n’était, lui aussi, un ancêtre) l’historique de l’établissement qu’il administrait. […] Peu après, Pierre Du Puy, qui l’estimait fort, parla de lui au cardinal de Bagni, ancien nonce en France, qui avait besoin d’un bibliothécaire et secrétaire. […] J’en connais quatre ou cinq où cela est fort remarquable : d’abord le vieil Homère ; mais je ne parle pas de lui. […] Il avoit fort peu de théologie et haïssoit toute controverse de religion ; même je l’ai mainte fois vu se moquer de ceux qui s’en mettoient en peine. […] Tout en restant bon et simple d’ailleurs, sa prudence s’était fort raffinée.
Là les bras de ce fort, là le torse ; mais pour juger Shakespeare, il le faut tout entier. […] Ils sont fort tragiques en effet. […] cela est fort possible. […] Or, le génie est souvent plus fort que les mœurs. […] Il est évident que l’écrivain qui a pour la famille une adoration si éloquente est plus sain et plus fort que beaucoup d’esprits de son temps.
Jean-George Farcy naquit à Paris le 20 novembre 1800, d’une extraction honnête, mais fort obscure. […] La portion extérieure en est fort claire et fort simple ; il étudia beaucoup, se distingua dans ses classes, se concilia l’amitié de ses condisciples et de ses maîtres ; il allait deux fois le jour au collège ; il sortait probablement tous les dimanches ou toutes les quinzaines pour passer la journée chez sa grand’mère. […] Il y a là une atmosphère de volupté grossière qui relâcherait les cœurs les plus forts. […] L’ambition de faire fortune, pour contenter ensuite ses goûts de voyage, le préoccupa au point de l’engager dans une entreprise fort incertaine et fort coûteuse avec un homme qui le leurra de promesses et finalement l’abusa76. […] Elle retomba sur le divan, à demi assise, à demi couchée, appuyant sa tête sur une main, tandis que l’autre était fort occupée à ramener les plis de sa robe
À ces facultés si grandes, ajoutez-en une autre, la plus forte de toutes : l’imagination constructive. […] Ce qui est vrai, c’est que, étudiant Napoléon, il l’a vu fort noir, parce qu’il voit tout ainsi. […] C’était une femme fort intelligente habile, et même adroite ce n’était pas un petit esprit, ni un cœur bas. […] J’ignore tout à fait si l’empereur a eu la fantaisie un peu vive qu’on lui prête, et cela m’est égal ; mais je crois qu’il était fort capable de l’avoir. […] Ne trouvez-vous pas que son paradis ressemble fort, jusqu’à présent, au paradis de Mahomet ?
Cette poésie était d’ailleurs fort goûtée à la cour de Henri II. […] Il se défendit d’abord avec tout le crédit que lui donnait l’ancienneté de la faveur, dans une cour d’ailleurs fort peu savante Ronsard, qui se plaint d’en être méprisé devant les rois, avoue la peur qu’il avait de la tenaille de Mellin. […] Je ne dis rien de trop fort. […] La mode était plus forte que sa répugnance, et il n’avait ni assez de génie pour avoir un naturel à lui, ni assez d’indépendance pour n’être pas courtisan. […] Ces vers, sont beaux ; le sens en est plein, l’expression forte et nombreuse.
M. de Caumartin avait charge du Roi de tenir les sceaux pendant la durée des Grands-Jours : c’était un magistrat poli, de cour, ami de Retz qui lui rend bon témoignage, et fort lié avec les gens d’esprit de ce temps-là. Il goûtait fort lui-même le très-aimable abbé. […] Il y a longtemps que, dans un de ses dialogues, Vauvenargues faisait demander par Pascal à Fénelon ce que c’est qu’un certain évêque qu’on a égalé à Bossuet pour l’éloquence ; et Fénelon répondait en des termes fort durs pour Fléchier, parlant de lui comme d’un rhéteur déjà au déclin de sa réputation. […] Il a fait des vers fort heureusement44, il a réussi dans la prose, les savants ont été contents de son latin. […] Trouvez-vous qu’il fût fort séant à un homme grave d’être presque habillé de court hors du palais, peut-être pour faire mieux paroître son Saint-Esprit ?
Les brillantes civilisations qui se développèrent dès une antiquité fort reculée en Chine, en Babylonie, en Égypte, firent faire à la religion certains progrès. […] La Perse seule arriva à se faire une religion dogmatique, presque monothéiste et savamment organisée ; mais il est fort possible que cette organisation même fût une imitation ou un emprunt. […] Une forte antipathie contre les cultes voluptueux de la Syrie, une grande simplicité de rituel, l’absence complète de temples, l’idole réduite à d’insignifiants theraphim, voilà sa supériorité. […] De nouveaux textes, prétendant représenter la vraie loi de Moïse, tels que le Deutéronome, se produisirent et inaugurèrent en réalité un esprit fort différent de celui des vieux nomades. […] Une forte tendance vers les questions sociales se fait déjà sentir ; des utopies, des rêves de société parfaite prennent place dans le code.
Il regagna la Galilée 338, sa vraie patrie, mûri par une importante expérience et ayant puisé dans le contact avec un grand homme, fort différent de lui, le sentiment de sa propre originalité. […] Le baptiste une fois emprisonné, son école fut fort amoindrie, et Jésus se trouva rendu à son propre mouvement. […] Beaucoup de vague restait sans doute dans sa pensée, et un noble sentiment, bien plus qu’un dessein arrêté, le poussait à l’œuvre sublime qui s’est réalisée par lui, bien que d’une manière fort différente de celle qu’il imaginait. […] Colomb a découvert l’Amérique en partant d’idées fort erronées ; Newton croyait sa folle explication de l’Apocalypse aussi certaine que son système du monde. […] N’imposons pas nos petits programmes de bourgeois sensés à ces mouvements extraordinaires si fort au-dessus de notre taille.
Jésus, qui tenait fort aux bonnes vieilles mœurs, engageait les disciples à ne se faire aucun scrupule de profiter de cet ancien droit public, probablement déjà aboli dans les grandes villes où il y avait des hôtelleries 830. « L’ouvrier, disait-il, est digne de son salaire. » Une fois installés chez quelqu’un, ils devaient y rester, mangeant et buvant ce qu’on leur offrait, tant que durait leur mission. […] Les vrais disciples en étaient fort blessés et cherchaient à les empêcher. […] Mais les traditions apostoliques à ce sujet sont fort divergentes et probablement incomplètes à dessein. […] Jean, qui justement nous a conservé l’incident de la synagogue de Capharnahum, ne parle pas d’un tel acte, quoiqu’il raconte la dernière Cène fort au long. […] Canon des Messes grecques et de la Messe latine (fort ancien).
D’un autre côté, madame de Maintenon ne promettait pas au roi le genre de plaisirs dont il avait le goût si vif et l’habitude si forte. […] Elle causa fort avec sœur Louise de la miséricorde (madame de La Vallière) ; elle lui demanda si tout de bon elle était aussi aise qu’on le disait. […] Quanto lui parla fort du frère de Monsieur (du roi), et si elle voulait lui mander quelque chose, et ce qu’elle dirait pour elle. […] La femme de l’ami (la reine) a fort pleuré. […] « Ce jeudi soir 1676, Madame de Montespan et moi avons eu une conversation fort vive.
Il est très mauvais, même dans la plupart des sciences, d’avoir des mots qui disent trop de choses à la fois ; ces mots finissent par ne plus correspondre à rien de réel, les mêmes combinaisons ne se représentant que fort rarement à l’état identique ; s’il s’agit de phénomènes stables il faut les qualifier soit par un mot net et simple, soit par un ensemble de mots ayant un sens évident dans la langue que l’on parle. […] Cinézootrope appartient au grec industriel et commercial : c’est une langue fort répandue, qui se parle au Marais et qui s’écrit dans les prospectus. […] Voici sans observations une liste de mots français avec leur nom correspondant en patois médical ; on jugera de quel côté sont la raison et la beauté : Adéphagie Fringale Adénoïde Glanduleux Agrypnie Insomnie Advnamie Faiblesse Omoplate Palette, Paleron (restés comme termes de boucherie) Ombilic Nombril Pharynx Avaloir (vieux français) Zygoma Pommette Thalasie Mal de mer Epilepsie Haut-mal Asthme Court-vent Ephélides Son (taches) Ictère Jaunisse Naevi Envies Phlyctène Ampoule Ecchymose Bleu, Meurtrissure, Sang-meurtri (vieux français) Myodopsie Berlue (latin : bislacere) Diplopique Bigle Apoplexie Coup de sang On pourrait continuer, car le vocabulaire gréco-français est fort abondant. […] Il y a un oiseau que Buffon appelle courlis de terre ou grand pluvier ; Belon, pour le mieux caractériser, adopte le terme populaire, jambe enflée, lequel est fort juste, puisque ce pluvier est remarquable par un renflement particulier de la jambe au-dessus du genou. […] Le Professeur Brissaud, Histoire des expressions populaires relatives à la médecine (1888), livre fort intéressant et qui m’a été des plus utiles pour ce chapitre sur le grec médical.
Ces messieurs, qui sont, comme nous l’avons dit, des sinologues fort distingués, et qui pensent peut-être très fortement en chinois, se relâchent en français et ne sont plus en cette langue que de modestes compilateurs. […] Nous aurions voulu qu’on eût répondu une fois pour toutes aux esprits les plus forts, les plus imposants, qui ont regardé sans rire ce pays qui semble exciter je ne sais quelle méprisante gaîté, et qu’on eût renversé, par exemple, pour ne plus le voir jamais debout, ce jugement terrible d’un de ces grands esprits qui ont, dans les choses de l’histoire, l’infaillibilité de leurs instincts : « Quand on m’aura montré des sociétés aussi fortes que la judaïque et que la chrétienne (si c’est la chinoise, montrez-le !) […] La Chine, qu’on nous peint, sur son plateau, dans l’immobile position d’un stylite, la Chine, cette nation au piquet sur le globe, mais qui est fort turbulente dans le rayon tracé par la longueur de sa corde, a eu une trentaine de dynasties : elle a eu la dynastie des Tcheou, des Tchsin, des Tcin, des Tsi, des Tchin, des Taï-Thsing, et vous pouvez monter ainsi toutes les octaves des éternûments de La Jeunesse dans le Barbier de Séville. […] Enfin, comme intelligence de la race, ils prennent la mesure du plus fort cerveau chinois qui ait jamais existé, ils nous peignent en pied ce Confucius (Koung-fou-Tseu) qu’ils comparent, on ne sait trop pourquoi, à notre glorieux cardinal de Richelieu, lequel n’a pas grand’chose, pourtant, de ce quaker Oriental, dont la haute philosophie ressemble à une Civilité puérile et honnête… Et c’est ainsi qu’ils confirment, au lieu de la détruire, cette grande accusation portée contre la Chine par des esprits sévères auxquels des potiches et des porcelaines, et une originalité grotesque dans les arts et dans la vie, n’ont pas tout fait pardonner !
c’est à cet homme-là qu’on pense, malgré soi, quand on ferme la longue et fort savante histoire de Cénac-Moncaut sur les Pyrénées 19. […] Pourquoi y a-t-il des nations, très méritantes du reste, des races nobles et fortes, qui doivent rester obscures, comme parfois des hommes de génie ? […] Et, nous le répétons, il est instant de le dire distinctement et fort haut, car la tendance du siècle n’est pas de ce côté, mais du côté contraire. […] Franchement, est-ce là la destinée de ces tribus pyrénéennes que Cénac-Moncaut nous ressuscite, et qui se sont dissoutes, comme un morceau de sucre dans un verre d’eau, sous les ondes et les plis de populations moins solubles et plus fortes, les unes en devenant françaises, les autres en devenant espagnoles ? […] Pour donner une idée des choses excellentes et souvent fort belles que nous perdons dans cette espèce d’étouffement de l’esprit de l’auteur par les détails de son récit, nous transcrirons tout entier un passage que nous trouvons dans son quatrième volume, et qui nous a paru avoir la profondeur et la mâle mélancolie de Bossuet lui-même, quand Bossuet est seulement historien.
Hormis ces deux intelligences, qui auraient pu laisser un système, vous avez des métaphysiciens d’aptitude, vous n’en avez pas de forte puissance. […] … Assurément, quand on parcourt l’inventaire d’hommes et de choses que nous venons de traverser d’un regard, et qui forme la philosophie française au xixe siècle, il faut bien avouer qu’un philosophe un peu carré de base n’a pas besoin de l’être beaucoup du sommet pour se faire à bon marché une très belle gloire, à plus forte raison quand il a les facultés de grande volée que l’abbé Gratry a montrées en ces deux volumes qui ne sont, nous le répétons, que les prodromes d’un système intégral arrêté et creusé depuis de longues années dans la pensée de son auteur. […] Rien de plus simple, diront quelques esprits, mais les vers d’Athalie sont aussi fort simples, et dans les arts comme en métaphysique, ce qui perd tout, c’est le compliqué. […] Il n’en restera pas moins acquis comme un enseignement qui vient à temps, que cette faiseuse de découvertes, la métaphysique du xixe siècle, représentée par une intelligence très digne d’elle, est arrivée à confesser tout simplement au nom de la science ce que la philosophie moderne regardait de fort haut, c’est-à-dire la vieille induction tirée des facultés de l’homme aux attributs de Dieu, et le grand raisonnement, mêlé de raison et de foi, des causes finales. […] Le procédé simple et puissant dont l’abbé Gratry a tiré un si bon parti et qu’il a élevé jusqu’à la rigueur d’une méthode, est le procédé de l’humanité tout entière pour aller à Dieu, — comme nous disons, nous, — pour passer du fini à l’infini, comme disent les philosophes, — et soit que nous y allions sur les fortes ailes de la Méditation ou sur les humbles ailes de la Prière.
Elle a été fort goûtée et très chaleureusement applaudie. […] C’est la demi-mesure qui serait l’erreur forte. […] Vargas en Edmond et Capellani en Edgar ont été fort convenables. […] — Très fort. — D’honneur ? […] Un nommé Rousin surtout se fâcha très fort.
Il lui transmit ses propres qualités très marquées, avec je ne sais quoi de fixe et d’opiniâtre : la probité, la fierté, la hauteur du cœur, et des instincts de race forte sous une brève stature. […] On a fort cherché depuis quelque temps à relever des erreurs de fait dans les Mémoires de Saint-Simon, et l’on n’a pas eu de peine à en rassembler un certain nombre. […] Le duc de Bourgogne mort à trente ans, Saint-Simon, qui n’en avait que trente-sept, restait fort considérable et fort compté par sa liaison intime et noblement professée en toute circonstance avec le duc d’Orléans, que toutes les calomnies et les cabales ne pouvaient empêcher de devenir, après la mort de Louis XIV et de ses héritiers en âge de régner, le personnage principal du royaume. […] Cette mission fut plus honorifique que politique, et il l’a racontée fort au long96. […] Tout le monde se mit si fort à rire qu’il fallut qu’il s’en allât. » Si un jour il se publie des mémoires sur la Régence, si les mémoires politiques du duc d’Antin et d’autres encore qui doivent être dans les archives de l’État paraissent, il y sera certainement fort question de Saint-Simon.
D’une pareille méthode, on a pu tirer une belle ou forte doctrine morale, quelque chose qui, comme le platonisme ou le stoïcisme, soit propre à purifier ou à retremper les âmes ; on n’en a point fait sortir une véritable théorie scientifique. […] Il est bien vrai qu’il ouvre son récit par une fort belle description géographique et ethnographique du pays qui fait le sujet de son histoire. […] Toujours plus ou moins épique et dramatique, elle est une source inépuisable d’émotion et de plaisir ; elle est l’école de toutes les grandes et fortes vertus, un enseignement vivant d’héroïsme, de patriotisme, de civisme, de stoïcisme. […] Les peuples dont les écrivains anciens racontent l’histoire se réduisent, pour la plupart, à des cités fort petites par l’étendue du territoire et le nombre des citoyens. […] Taine explique par un exemple, la musique religieuse protestante, sa formule, fort mal interprétée d’ailleurs par une critique prévenue.
On savait qu’elle se passait bien des choses en causant ; il se voit maintenant qu’elle se les passait en écrivant aussi : les preuves de ces libertés et de ces salaisons de langage sont des plus significatives, et telles qu’on n’en saurait désirer de plus fortes. […] Décidément, elle est plus forte que lui, elle a le génie naturel ; il n’est qu’un homme d’infiniment d’esprit, — et de plus elle a raison. […] J’envoyai quérir Pecquet (le médecin) qui trouva que j’étais fort habile, et me dit qu’il fallait voir encore quelques jours. […] Je donne à celle-ci deux cent cinquante livres par an, et je rhabillerai ; mais ce sera fort modestement. […] Il est très galant dans sa jeunesse, mais fort inégal et trop délicat.
Nés tous deux d’une ancienne famille noble du Midi fort déchue en fortune, mais restée fidèle jusqu’au bout aux sentiments et à l’honneur de la race, ils auront plus contribué à l’illustrer que tous les preux chevaliers d’autrefois à jamais oubliés et perdus dans la nuit des âges. […] Eugénie de Guérin et Mme de Gasparin, au contraire, sont également nôtres, et presque au même titre ; chacun en est juge, et la comparaison qui commencera par une lecture de toutes deux, lecture que je conseille fort, servira à tous et à toutes. […] J’en aime fort la gracieuse coupe et ces petits nuages blancs çà et là comme des coussins de coton, suspendus pour le repos de l’œil dans cette immensité. […] Elle est femme, elle est timide, elle n’ose tout dire ni innover ; la griffe virile lui fait défaut ; elle recule, n’étant pas artiste comme son frère, devant les expressions qui ont l’air cherchées, qui sont trop fortes. […] Mme de Gasparin est d’une langue plus rude et plus forte, nullement soyeuse.
Beaucoup d’hommes paraissent assez heureux ; mais ce qu’ils se disent à eux-mêmes est fort différent de ce qu’ils disent aux autres : et s’il ne fallait que changer de misères, celles dont on a quelque habitude doivent être les moins pesantes. […] Quant à moi, n’est-ce rien que d’avoir été sauvé des dernières extrémités et d’être parvenu jusqu’à ce jour sans flatteries, sans bassesses, sans dépendance, même en général, et sans dettes, ayant reçu des services, mais en ayant rendu, ayant des amis (et choisis) et n’ayant eu ni chefs ni maîtres ; n’ayant pu, il est vrai, remplir ma destination, mais enfin n’ayant rien fait qui en soit précisément indigne ; connu d’un très-petit nombre (ce qui est fort selon mes goûts), mais un peu aimé ou estimé, un peu triste sur la terre et humilié de mes faiblesses, mais sans remords et sans déshonneur, très-mécontent de moi et déplorant le cours rapide d’une vie si mal employée, mais n’ayant point à la maudire ? […] « Je sens que mes écrits auraient pu être utiles, si je les avais fait connaître davantage ; mais faire beaucoup de pas pour le succès me paraît peu digne des arts mêmes, à plus forte raison de l’art par excellence, celui d’écrire pour le bonheur des hommes. […] À plus forte raison des livres dont le sujet et la manière conviennent très-peu au xixe siècle français ne peuvent-ils faire sensation dans le public… « S’il me survient assez tôt des circonstances qui me mettent en état de vivre, je me féliciterai fort d’être resté étranger au commérage du monde ; de n’avoir point eu de rapport en général avec ceux pour qui vivre, c’est être en place ; de n’avoir vu que de loin les meneurs :de n’avoir pas ajouté à mes misères leurs vaines passions et de n’avoir pas mis la main à leur petit feu d’artifice… (Ici une lacune.) […] « Le lieu de la retraite paraîtrait fort difficile à choisir ; n’ayant pu vivre avec un ami, j’ai des amis, ils sont épars : près de qui se fixer ?
Nous insisterons même fort peu sur chaque article, parce qu’il n’est rien de plus connu que ce qui regarde Despréaux. […] D’ailleurs, Despréaux est un garçon d’esprit & de mérite, que j’aime fort ». […] Nos deux Anaxagores trouvèrent des partisans, entr’autres madame Des Houlières, dont le fort fut toujours de donner au public de bonnes choses & de prendre le parti de ceux qui lui en donnoient de mauvaises. […] Ce fut une fortune pour lui d’être d’abord avocat, ensuite d’épouser la veuve d’un de ses cliens, fort riche. […] Du Rus la réfuta par une autre fort piquante.
L’argument est certainement très fort, et M. […] Enfin, si l’on considère la forme du crâne, et par conséquent du cerveau, comme plus significative que le poids, il nous apprend que les idiots ont au moins autant que les autres hommes cette forme de tête allongée, qui, depuis Vésale, est généralement attribuée à une plus forte intelligence. […] Couerbe, c’est ce qui reste fort douteux. […] Huxley, et Gratiolet est fort combattu dans le livre de M. […] Je n’aime pas entendre un naturaliste dire : « Il nous sera fort égal que le démocrate des Etats du Sud trouve dans les résultats de nos recherches la confirmation ou la condamnation de ses prétentions. » Après tout, pour être savant, on n’en est pas moins homme.
Retire-toi et ne me parle plus de ta gloire, qui d’ailleurs n’est pas la mienne, mais que je déteste comme la source de toutes nos calamités. » Il me semble qu’il y a, dans cette réponse, des choses fort sensées et auxquelles il n’est pas facile de répondre. […] Fort jolie historiette, dont il n’y a pas non plus beaucoup de morale à extraire, sinon que l’avarice est un vice ridicule ; et que, quand on a le malheur d’en être atteint, il faut bien fermer son coffre. […] Ce vers, dont le tour est très-hardi, est fort beau pour exprimer la rapidité avec laquelle Louis XIV fit plusieurs conquêtes, celle de la Franche-Comté, par exemple ; le secret du roi avait été impénétrable jusqu’au moment où l’on se mit en campagne. […] C’est un fort bon vers, quoique l’idée en soit assez commune. […] Ce n’est point à la vérité un Apologue, mais une fort bonne leçon de morale, et plusieurs vers sont admirables ; tels sont ceux-ci : V. 4.
Gustave Geffroy en donnant, il y a deux ans, une fort bonne biographie de Blanqui, crut devoir l’intituler l’Enfermé, pour indiquer que son héros avait passé toute sa vie, ou presque, en prison, mais sans réfléchir que ce surnom pourrait aussi bien s’appliquer à d’autres personnages célèbres : Silvio Pellico, si l’on veut. […] On eut encore le Fort inexpugnable de l’honneur féminin (1555). […] À preuve ce titre fort bizarre : « Les mœurs du jour, ou histoire de Sir William Harrington, écrite du vivant de M. […] On aimait aussi les violentes oppositions de mots, les fortes antithèses comme les Rayons et les Ombres de Victor Hugo, quoique je ne sache pas que l’on ait alors même rien fait de mieux dans ce genre que l’Âme noire du Prieur blanc, de notre contemporain Saint-Pol-Roux le Magnifique. […] Il n’en fut pas de même pour un grand livre que projeta toute sa vie Balzac et où il devait exprimer ses idées politiques, ses préférences pour un « gouvernement fort et hiérarchique », disait-il dans une lettre à Montalembert, sous ce titre bizarre : Histoire de la succession du Marquis de Carrabas.
Il faut bien savoir que le fond de toutes ces discussions, qui passionnent si fort et si soudainement une Chambre et un monde qui la veille paraissaient indifférents, n’est en rien ce dont on se soucie ; la question est tout entière une question de ministère. […] Le premier est l’auteur de quelques comédies représentées il y a quinze ou vingt ans et déjà fort oubliées. […] Il a fort connu dans sa jeunesse Bernardin de Saint-Pierre, dont il a publié la vie et les écrits, dont il a même épousé la veuve.
Quand l’imagination est forte et capable de suivre dans leur développement parallèle une double série d’images successives, sans jamais en perdre de vue le rapport, la comparaison initiale aide puissamment à l’invention. […] C’était une cavale indomptable et rebelle, Sans frein d’acier ni rênes d’or ; Une jument sauvage à la croupe rustique, Fumante encor du sang des rois ; Mais fière, et d’un pied fort heurtant le sol antique, Libre pour la première fois ; Jamais aucune main n’avait passé sur elle Pour la flétrir et l’outrager ; Jamais ses larges flancs n’avaient porté la selle Et le harnais de l’étranger ; Tout son poil était vierge ; et, belle vagabonde, L’œil haut, la croupe en mouvement, Sur ses jarrets dressée, elle effrayait le monde Du bruit de son hennissement. […] Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse ; Pour étouffer ses cris ardents, Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse, De fureur tu brisas ses dents. ’ Elle se releva : mais un jour de bataille, Ne pouvant plus mordre ses freins, Mourante, elle tomba sur un lit de mitraille, Et du coup te cassa les reins.
Aussi les beaux esprits eurent-ils fort à faire lorsqu’il fut question pour eux de reconquérir à la littérature et à la poésie la nature. « Les esprits doux, amateurs de belles-lettres, disait Mme de Rambouillet, ne trouvent jamais leur compte à la campagne. » Esprit doux (mite ingenium) était un terme qui correspondait en éloge pour les hommes à ce qu’était primitivement le nom de précieuse pour les femmes. […] Les autres croyaient Monsieur de Scudéry Un homme de fort bonne mine, Vaillant, riche et toujours bien mis ; Sa sœur une beauté divine, Et Pellisson un Adonis. […] La lune se coucha à huit heures ; elle était fort rouge. […] J’ai lu cette après-midi un article du voyageur Dampier, qui observe que, lorsque le soleil disparaît vers les trois heures après midi, et se cache derrière une bande de nuages fort élevés et fort épais, c’est signe d’une grande tempête. […] Comme je sentais une forte odeur de soufre, je montai sur le pont, où j’éprouvai d’abord un froid très vif.
… Vous m’avouerez que ces discours seraient fort tristes. […] Mais vous ne vous souciez guère des affaires de Genève : elles sont fort ridicules… Quel changement de ton ! […] Bordes (novembre 1768), que votre peuple de Lyon n’est pas philosophe ; mais pourvu que les honnêtes gens le soient, je suis fort content. — La France, écrit-il à un autre de ses correspondants de Lyon, M. […] Comme je suis fort jeune, il est bon d’avoir des amis solides pour le reste de sa vie. […] Alphonse François, fort au-dessus par son esprit et par son goût de ce travail d’annotateur, a montré qu’il en était plus que capable dans des notes spirituelles et fines toutes les lois qu’il s’agissait de théâtre et de comédie.
sommes nous assez forts et capables de digérer cette moelle de lion ? […] Vous avez bien voulu m’y accorder mes entrées ; je suis bien tenté d’aller les mettre à profit, pour voir une nation respectable dont j’estime le caractère fort et prononcé, et pour causer avec vous, en les prenant sur le fait, des plus hauts mystères de la tragédie. […] Ducis faisait une pièce comme il fait une scène, il serait notre premier tragique70. » Et dans ses moments de plus grande franchise La Harpe ajoutait encore : « C’est bien heureux que cet homme n’ait pas le sens commun, il nous écraserait tous. » Je voudrais insister sur les beautés de ces lettres de Ducis, dont la collection ferait un trésor moral et poétique ; on y joindrait les lettres de Thomas fort belles, fort douces et bien moins tendues de ton qu’on ne le suppose. […] Le Roy, capitaine des chasses, chez qui nous faisons des petits soupers fort agréables, de vous découvrir dans nos bois un bien-fonds ; de le choisir solide, parce que vous êtes père de famille ; dans le plus épais de nos forêts, parce que vous êtes un incurable mélancolique, et surtout très voisin de Versailles, parce que vous êtes mon ami et mon malade. […] Deleyre n’a contre lui que son organisation trop nerveuse, trop susceptible ; il ne lui faut d’autres remèdes que « de la dissipation, des soins, de la vigilance pour les choses essentielles, et un entier abandon, une insouciance vraiment sage dans les détails : « C’est mon fort de le prêcher en vers et en prose.
Molière a tiré du spectacle de la vie, du jeu animé des travers, des vices et des ridicules humains, tout ce qui se peut concevoir de plus fort et de plus haut en poésie. La Fontaine et Mme de Sévigné, sur une scène moins large, ont eu un sentiment si fin et si vrai des choses et de la vie de leur temps, chacun à sa manière, La Fontaine, plus rapproché de la nature, Mme de Sévigné plus mêlée à la société ; et ce sentiment exquis, ils l’ont tellement exprimé au vif dans leurs écrits, qu’ils se trouvent placés sans effort à côté et fort peu au-dessous de leur illustre contemporain. […] C’était une blonde rieuse, nullement sensuelle, fort enjouée et badine ; les éclairs de son esprit passaient et reluisaient dans ses prunelles changeantes, et, comme elle le dit elle-même, dans ses paupières bigarrées. […] Après cette épreuve fort peu terrible, qu’on s’en prenne à notre admiration, si on en a le courage et si toutefois l’on s’en souvient encore. […] On a fort écrit dans ces derniers temps sur l’hôtel de Rambouillet : on en pourrait noter depuis Rœderer quatre ou cinq petites histoires ou notices diverses.
Il sentit alors « une forte tendance à descendre de l’abstrait au concret, à envisager sous toutes ses faces la vie nationale » : alors se fit la complète éclosion de son génie d’historien831. […] Dans tous ces petits faits, dans les plus mesquines avanies, il prenait « la forte teinte de réalité » qui devait faire l’intérêt de son ouvrage. […] Thierry se contentait de regarder les races : Michelet sentit qu’aux races il fallait donner « une bonne, forte base, la terre » qui les porte et les nourrit834. […] Spiritualisée par lui, elle est la grande consolatrice de son âme délicate ; il s’y plonge, et il revient à l’humanité, avec un espoir plus fort, une pitié plus large. […] On a publié depuis sa mort quelques carnets de notes de voyage, où les belles descriptions, les fortes émotions ne manquent pas : on sait ce que Michelet peut en ce genre.
La prévention est assez forte aujourd’hui contre les écrivains qui peignent les « gens du monde ». […] Il est fort heureux que tout soit vanité ; c’est la grande consolation. […] Son plus grand mérite, c’est peut-être d’avoir apporté dans l’étude de la vie élégante la franchise un peu brutale, sous la politesse de la forme, et le goût de vérité un peu misanthropique qui est si fort en faveur aujourd’hui. […] Oubliez Madame de Givré, écartez Jane Spring, qui me paraît fort embellie ( Dans le monde), et quelques autres personnages un peu convenus, et vous reconnaîtrez que M. […] Il serait fort capable d’écrire les Liaisons dangereuses de cette fin de siècle.
Au xviie siècle, les moralistes, soit tout à fait chrétiens, comme Pascal, Nicole, Bourdaloue, soit philosophes, comme La Rochefoucauld, La Bruyère, Molière le plus grand de tous, avaient été fort sévères pour l’homme et ne l’avaient nullement flatté. […] Il y a fort à rêver là-dessus. […] Vauvenargues, dans tout ce qu’on lit et qu’on sait de lui, apparaît comme un esprit d’une forte trempe, comme une âme d’une grande élévation et un grand cœur. […] Il a reconnu les vices et les défauts des hommes, mais il les a reconnus avec douleur, sans cette joie maligne qui ressemble à une satisfaction et à une absolution qu’on se donne en secret, de même qu’il a maintenu les grandes lignes, les parties saines et fortes de la nature, sans cet air de jactance par lequel on semble s’exalter en soi et s’applaudir. […] Il trouva des correspondances fort intéressantes, et les publia dans une édition faite avec grand soin (2 volumes, Furne, 1857).
D’ailleurs, la personne du monde la plus propre à l’intrigue, et qui y avait passé sa vie à Rome par son goût ; beaucoup d’ambition, mais de ces ambitions vastes, fort au-dessus de son sexe et de l’ambition ordinaire des hommes, et un désir pareil d’être et de gouverner. […] Elle y revient trop fréquemment ensuite et entre trop particulièrement dans le détail de ce qu’elle découvrit en lui, pour qu’on n’y voie pas de sa part une vérité plus forte que la flatterie. Elle ne parle jamais du roi que comme de l’« homme du monde le plus aimable », du « meilleur ami », et du « plus honnête homme du monde » : Si j’avais de plus, madame, comme vous me dites (écrit-elle à Mme de Maintenon), le bonheur qu’il se fût fort accoutumé à moi, je vous confesserais ingénument qu’il ne tenait qu’à Sa Majesté de s’apercevoir que je la trouvais de très bonne compagnie 67. […] Peu de jours après l’arrivée du maréchal de Berwick, pour mieux remercier Mme de Maintenon d’un tel secours, elle lui parle de Saint-Cyr, sachant que rien ne lui saurait être plus sensible et « connaissant la faiblesse des mères » : La reine a fort goûté toutes vos Règles de Saint-Cyr ; nos dames les veulent avoir, et je fais travailler à les traduire en espagnol pour leur donner cette satisfaction. […] Je retourne la médaille, et j’attends des consolations qui adoucissent fort mes peines.
Son père, conseiller au parlement de Bourgogne, était un grand lecteur des anciens et très occupé de géographie et d’histoire ; sa mère, femme forte, était petite-fille du grand jurisconsulte Fevret, et faite aussi pour transmettre à son fils le zèle des nobles et solides traditions. […] De Brosses le sentait bien, et, dans son voyage d’Italie, voyant à quels détails sa recherche le conduisait, il se disait qu’il tournait le dos au goût du siècle, et peut-être à celui de l’avenir : Tout ce qui est du ressort de la littérature, disait-il (prenant ici la littérature comme on l’entendait du temps de Casaubon), n’est plus guère du goût de notre siècle, où l’on semble vouloir mettre à la mode les seules sciences philosophiques, de sorte que l’on a quasi besoin d’excuses quand on s’avise de faire quelque chose dans un genre qui était si fort en vogue il y a deux cents ans. […] S’il y avait dans ce portrait quelque chose d’un peu moqueur et d’un peu léger pour de Brosses, celui-ci, sans y viser, l’aurait bien rendu à Diderot ; car, s’étant figuré d’abord, avant de le connaître, qu’il allait trouver en lui une furieuse tête métaphysique, il écrivait, après l’entrevue et au bout de quelques visites : C’est un gentil garçon, bien doux, bien aimable, grand philosophe, fort raisonneur, mais faiseur de digressions perpétuelles, Il m’en fit bien vingt-cinq hier, depuis neuf heures qu’il resta dans ma chambre jusqu’à une heure. […] Turgot, qu’il avait connu et qu’il estimait, ne le rassurait que médiocrement en qualité de ministre : « Je le connais fort, écrivait de Brosses en apprenant son élévation ; homme honnête, instruit, dur et tranchant, encyclopédiste, grand sectateur de la philosophie nouvelle. » Et ailleurs : C’est une terrible besogne. Il est très instruit et fort homme de bien.
Frédéric le plaisante fort là-dessus et y mêle toutes sortes de contes où il fait intervenir les médecins de Breslau et les apothicaires. […] De Znaïm, par exemple, il écrira : « Les maisons ont toutes ici des toits plats à l’italienne ; les rues sont fort malpropres, les montagnes âpres, les vignes fréquentes, les hommes sots, les femmes laides, et les ânons très communs. C’est la Moravie en épigramme. » Dans ces répits que lui laisse l’ennemi, il demande à Jordan des nouvelles de Berlin, et de le tenir au courant de tous les propos et les raisonnements politiques du public, qui lui semblent, la plupart du temps, fort saugrenus. […] De quatorze ans plus âgé que Frédéric, Fouqué était, comme Jordan, fils d’un réfugié français ; il avait de bonne heure témoigné au prince royal beaucoup d’affection et de dévouement, avait obtenu la permission de l’aller visiter pendant sa détention au fort de Custrin, avait été de la société intime de Remusberg, et était devenu l’un des plus habiles lieutenants de Frédéric dans ses guerres de Silésie et dans celle de Sept Ans. […] Quelquefois il y a un retour vers les choses de guerre ; Frédéric, au fort de ses grandes manœuvres, ne peut retenir un cri de satisfaction militaire : Nous exerçons à présent de corps et d’âme (avril 1764), pour remettre nos affaires en bon train.
Il en sera plus fort après. […] C’est enfin la preuve faite au Diable· lui-même qu’il y a des diableries plus fortes que les siennes, et que ce sont les diableries de l’Innocence, de la Vertu, du Dévouement… Et pourquoi pas de la Sainteté ? […] Il l’est, mais, pour moi, la préciosité, à laquelle pourtant je préférerai toujours la simplicité forte et l’intensité naturelle, n’est pourtant pas le monstre que les rhéteurs vulgaires en ont fait. […] Au plus fort de ses douleurs, Henri Heine s’occupait de l’édition de ses œuvres et soignait sa gloire acquise. […] Xavier Aubryet, au plus fort du mal qui l’afflige, établit sa gloire d’avenir et augmente ses œuvres.
Les sujets choisis par lui sont fort variés. […] Barnabé a dû être, a été, nous le jurerions, fort connu de M. […] Homère était fort hardi dans ses peintures. […] Il crie parfois trop fort pour ne pas un peu détonner. […] C’est là, il faut bien le dire, une tâche fort ardue.
Deibler et sa machine compliquée, c’est fort onéreux. […] Le miracle est fort commun. […] Le nôtre est fort déçue. […] Elles sont fortes et elles sont fières. […] C’est fort mélancolique et probablement fort moral, mais aussi fort déprimant.
Sans être fort débauché, il n’était point chaste. […] Ce trait est fort remarquable chez Veuillot. […] Cela va bien : il y a dans ces dogmes quelque chose à la fois d’inconcevable et de fort émouvant. […] C’est donc être fort superficiel que de l’accuser de versatilité, comme on a fait. […] mâle outil et bons aux fortes mains !
Comment, en cédant à l’officier brun, elle obéit à une volonté plus forte que la sienne ; comment cette première aventure et son cruel abandon éveillent en elle, par la douleur, la faculté d’aimer ; comment sa faute même la jette dans les bras de Louiset comme dans son refuge naturel ; comment le courage lui manque pour le détromper, justement parce qu’elle l’aime ; comment le ressouvenir même de sa souillure exaspère cet amour ; sa honte, ses terreurs, ses souffrances, son désespoir en sentant approcher l’instant inévitable où éclatera sa trahison… M. […] Une particularité de ce roman, c’est qu’il atteint, par endroits, à l’émotion la plus forte par des séries de notations brèves, précises, un peu sèches même, à la Flaubert. […] Toinette (c’est le nom de la jeune femme) est fort jolie, très ignorante, assez bonne, et elle aime son mari. […] J’ai souvent affecté de dire, agacé par certaines présomptions ou naïvetés trop fortes, que nous n’avions rien inventé, et je ne m’en dédis pas.
Passons, passons ; mais n’oublions pas que l’artiste qui traite ces sortes de sujets s’en tient à l’imitation de nature ou se jette dans l’emblème, et que ce dernier parti lui impose la nécessité de trouver une expression de génie, une physionomie unique, originale et d’état, l’image énergique et forte d’une qualité individuelle. […] Un missionnaire ayant établi ses tréteaux sur la place de saint Marc à Venise, à côté d’un joueur de marionnettes, celui-ci s’attira si fort la foule par le moyen de son polichinel, que l’autre ne put jamais avoir un auditoire. […] Enfin voyant qu’il n’y pouvait réussir, il tira un crucifix de dessous sa casaque, et s’écria d’une voix pathétique et forte : (…). […] Pourquoi le récit de ces actions nous saisissent-elles l’âme subitement, de la manière la plus forte et la moins réfléchie, et pourquoi laissons-nous apercevoir aux autres toute l’impression que nous en recevons ?
Mais ceux-là mêmes qui nient le plus dru l’héroïsme de par la race, sont les premiers et les plus obstinés à admettre que le talent, cet héroïsme de l’esprit, cette gentilhommerie du talent, qui ne s’est donné pourtant, comme l’autre, que la peine de naître, peut se transmettre de père en fils, — et même en fille, — et qu’en littérature, il y a des races, il y a des dynasties, il y a des Rois et des Dauphins, et, ce qui est plus fort, des Dauphines ; et, chose entièrement inconnue à cette vieille bête de monarchie qui ne connaissait que les Dauphines par mariage ! […] » Ce que ne dit pas une seule fois à sa maîtresse la femme de chambre de cette mondaine coupable qu’on appelle Mme Almaviva. — Dans ce livre d’Au lit de mort, que Mme Sand n’eût certainement pas écrit, je le reconnais, dans ce livre qui affecte l’accent chrétien, mais dans lequel la langue chrétienne est mal parlée ; où l’on sent l’âme troublée, l’idée fausse, l’esprit sans forte direction et sans guide, et cette religiosité corrompue par les sensibilités romanesques et morbides de ce temps, Mme Marie-Alexandre Dumas n’invente-t-elle pas un confesseur sans sacrement, sans fonction, sans autorité ; un confesseur qui n’est pas prêtre, un confesseur-femme, — elle-même ! […] … Enfin toute religieuse et pure, et Imitation de Jésus-Christ et Introduction à la vie dévote qu’elle veuille être et se conserver, Mme Marie-Alexandre Dumas finit par ne plus y tenir ; et le tempérament Dumas prenant le mors aux dents, elle saute par-dessus toutes les réserves dans les terres de son père et de son frère, et la voilà qui nous raconte, — ma foi, tout aussi crûment qu’eux, — un horrible drame d’adultère et de meurtre que, pendant qu’elle est au couvent à Passy, son père et son frère, ces forts arrangeurs, pourraient planter à la scène et faire jouer. […] IV Tel ce livre chrétien, — d’un christianisme hostile aux prêtres, qui y sont fort malmenés dans la personne d’un abbé imbécile et ridicule, et qui remplace le confesseur par une femme en robe blanche, laquelle n’a été effleurée (sic) que par une tasse de lait depuis la sainte Eucharistie et par les lis du bouquet de la Vierge qu’elle a touchés… Est-ce assez M.
les forts ne meurent pas d’une piqûre ! […] Louis Wihl a prouvé une fois de plus que le rêve, pour le poète, est la plus forte réalité. […] On ne trouve pas, il est vrai, non plus, dans ces vers d’un enthousiasme austère et d’une tristesse ardente, le flot incessant de magnifiques images que roule le Livre Surnaturel, toujours allumé, comme le chandelier d’or à sept branches, devant la pensée du poète ; mais on y trouve l’âme, l’élancement, le plus beau mouvement de la poésie lyrique, — le mouvement haletant vers Dieu, — la brièveté forte, la flamme courte, tout cela sur un fond de grande naïveté orientale très étonnante venant d’une plume moderne. […] Il a déjà publié quelque chose d’infiniment remarqué sur les Origines phéniciennes, et, pour achever ce travail d’une érudition transcendante, il faudrait qu’il fût mieux assis que sur l’escabeau que l’Université de France lui a aumôné, croyant n’avoir affaire ni à un fort savant ni à un grand poète.
Je le dis franchement, moi qui aime pourtant furieusement l’énergie, cela pouvait être énergique, mais c’était fort laid. […] Pierre Dupont, nous déplorions le travail funeste que les philosophies modernes ou les idées politiques du jour pratiquaient jusque sur les airains les plus solides en fait de génie, et nous en montrions le ravage ; mais quelle ne doit pas être cette influence quand elle s’exerce sur des esprits plus délicats que forts, comme celui de M. […] Burns en germe reste sous l’écorce de Béranger, et encore d’un Béranger sans finesse, sans esprit dans le sens français du mot, d’un Béranger au gros sel, — pas plus gai que son maître, car Béranger n’est pas franchement gai, — mais qui croit l’être — (voir le buste), — parce qu’il crie plus fort ! […] Différent en cela de Burns, qui ne savait presque rien, qui avait la savoureuse et toute-puissante originalité de son ignorance, car il faut être un poète suprêmement fort pour se permettre d’avoir, sans inconvénient, de la littérature, M.
Ceci est le pain des forts et le triomphe du spiritualisme ; cruel comme la nature, ce tableau a tout le parfum de l’idéal. […] Il y a là une esquisse de Gros, le Roi Lear et ses Filles, qui est d’un aspect fort saisissant et fort étrange ; c’est d’une belle imagination. […] Sans doute ces messieurs seraient fort respectables à cause de leur faiblesse, s’ils n’étaient en même temps méchants envieux.
Cette hymne, trop peu connue, annonce en même temps une imagination forte et une âme épurée des superstitions. […] Nous avons des hymnes des Romains, ou du moins quelques morceaux dans leurs poètes, qui nous en donnent une idée3 ; mais nous n’avons rien de ce genre qui nous peigne la divinité d’une manière éloquente et forte. […] À imagination égale, cette impression même est plus forte chez les peuples qui habitent les campagnes, que chez les peuples renfermés dans l’enceinte des villes, et l’on sent bien que cela doit être : dans les villes on n’aperçoit pour ainsi dire que l’homme ; partout l’homme y rencontre sa grandeur. […] Notre seul mérite aujourd’hui est d’avoir mis quelque pureté de style dans un genre d’ouvrage le plus susceptible de beautés fortes, et qui semblerait devoir être grand et sublime, comme le tableau de la nature.
Vous avez l’accent du remords et de l’amour, du crime et de la vertu. » Talma avait fort à gagner, et surtout à lutter encore. […] Je pourrais dire comme Corneille, en reconnaissant la distance infinie qui me sépare de lui comme poète : Mon génie au théâtre a voulu m’attacher ; Il en a fait mon fort, je dois m’y retrancher. […] Cet immense Homère a travaillé naïvement et admirablement pour les deux sexes, pour tous les genres d’éloquence et de poésie, pour toutes les conditions, pour les hommes forts et pour nous autres pauvres malades. […] D’autres lettres fort belles, et quelques-unes capitales, sont dispersées dans des Catalogues d’autographes, dans des Mémoires de sociétés de province. […] Il s’agit toujours du cinquième acte d'Hamlet : « Mon cher parrain, j’ai été fort malade depuis que je ne vous ai vu et hors d’état de remettre votre cinquième acte au net.
Le Palais retardait fort sur les deux autres lieux et était décidément arriéré ; le parler y sentait le style de greffier et de notaire. […] Patru, qui prononçait comme nous Académie française quand il causait dans un salon ou dans une ruelle, s’il avait à haranguer en public, et devant la reine de Suède, par exemple, enflait la voix et disait avec emphase l’Académie françoise, comme il aurait dit l’Académie suédoise, et il n’en agissait de la sorte qu’après avoir pris avis de la docte Compagnie, qui se décidait ici pour la prononciation la plus forte comme étant plus oratoire et plus empreinte de dignité. […] On a eu besoin de dire : « Il y a je ne sais quoi de gracieux dans ce tableau. » Le xviiie siècle, qui était pour la grâce et pour le joli plus que pour le beau, en a largement usé ; le xviie en était fort sobre. […] Ce n’était pas seulement un homme de goût et d’un tact très-fin, c’était un fort bon écrivain que Vaugelas. […] C’était un homme de la Renaissance et de la secte académique ou même pyrrhonienne ; grand personnage au demeurant, très en crédit parmi les gens de lettres, estimé en cour, précepteur du second fils du roi (Monsieur, frère de Louis XIV), et fort appuyé en tout temps du cardinal de Richelieu qui aurait sans doute fait de lui le précepteur du futur roi.
La forte séve qui, plus haut, s’en va mûrir et se transformer merveilleusement sous un soleil dont les rayons ne viennent pas également à chacun, on la voit sortir et monter de cette terre qui est notre commune mère à tous. […] Tout ce qui a paru fort et puissant dans le passé a été absous, justifié et déifié, indépendamment du bien et du mal moral. […] Certainement la moralité est plus éclairée aujourd’hui ; est-elle plus forte ? […] Je suis fort heureux pour mon pauvre et spirituel Dumont (de Genève) que le poëte ne l’ait pas pris à partie ; il l’aurait, je le crains, assez pulvérisé. […] Lucas-Montigny est peut-être encore une notice fort détaillée, écrite par Mirabeau lui-même sur ses ancêtres et en particulier sur son grand-père, Jean-Antoine, qui servit longtemps en qualité de colonel dans les guerres de Louis XIV.
Le début de cette Correspondance avec Brissot ressemble fort à celui de la Correspondance avec Bancal : « Si mon excellent ami, écrit Mme Roland à Brissot dans les premiers mois de 90, eût eu quelques années de moins, l’Amérique nous aurait déjà reçus dans son sein : nous regrettons moins cette terre promise depuis que nous espérons une patrie. […] conclut-elle, il n’y a que cela pour ordonner les affaire et pour rendre les peuples heureux. » A travers cette faiblesse et ce manque de science politique positive, percent à tout moment des vues fort justes et fort prévoyantes qui montrent qu’elle ne se faisait pourtant pas illusion sur l’état réel de la société. […] L’ami Clavière, en revanche, lui paraît fort solide, et même aimable quand il n’est pas quinteux. […] Mme Roland me choque, avec son accent d’esprit fort, lorsqu’elle fronde d’un sourire de supériorité les disciples de Jésus. […] On a quelquefois rapproché le nom de Mme Roland de celui de mistress Hutchinson, femme forte également, auteur de Mémoires qui ne sont ni très-amusants ni très-variés, mais solides et d’une saine lecture.
Il mérite d’être lu, non-seulement pour sa date, mais pour la justice de l’éloge toujours conforme à la vérité historique ; pour l’onction chrétienne de certains passages, et parce que la langue en est forte et saine. […] Mais il est très-vrai qu’il y était fort exercé. […] Malherbe traita cette érudition fort brutalement. […] L’esprit français sous les traits d’un habitant de Paris, cultivé par la forte discipline de l’antiquité, mais gardant son indépendance et sa physionomie ; la langue française sur la place Saint-Jean, là où elle est le plus inaccessible au pédantisme et à l’imitation étrangère, voilà quelle fut la pensée de Malherbe. […] Admirable conseil, puisqu’il est vrai qu’on ne peut éviter les rimes faciles et rencontrer les difficiles qu’en pénétrant plus ayant dans le sujet, ni rimer richement et sévèrement que par le même travail qui fait trouver les pensées fortes ou délicates.
Nous mîmes en commun tout ce que nous savions ; il en résulta une petite chaudière où cuisaient ensemble des pièces assez disparates, mais où le bouillonnement était fort intense. […] Sans doute, mais on n’est fort qu’en contrariant la nature. […] Je parle de tout cela fort à mon aise, car j’y ai peu de mérite. […] Depuis ma sortie de Saint-Sulpice, je n’ai fait que baisser, et pourtant, avec le quart des vertus d’un sulpicien, j’ai encore été, je crois, fort au-dessus de la moyenne. […] Si le public avait la tête assez forte, il se contenterait de la vérité.
Sous le nom fort acceptable de sensations internes, Bossuet comprend bien les souvenirs sensibles et les imaginations sensibles, mais aussi des phénomènes tout différents, comme les opérations du sens commun, peut-être même le plaisir et la douleur. […] B. — Quelle que soit leur nature spécifique, les images sont des états forts, semi-forts, faibles ou très faibles ; cette division est nécessairement un peu vague, parce qu’elle porte sur un élément quantitatif et, partant, continu. Les états forts, faisant d’ordinaire illusion, comprennent la plupart des hallucinations, en particulier la plupart des hallucinations de l’ouïe, donc la plupart des paroles intérieures anormales qui sont, à tort, aliénées et externées ; la parole intérieure vive fait partie des états semi-forts, la parole intérieure proprement dite des états faibles. […] II, § 6], et de toutes les autres localités que les mots pouvaient posséder, lors de leur première apparition comme états forts, par suite d’associations avec des visa ou des tacta. […] La première opération est rendue facile par les simultanéités de la sensation ; les animaux eux-mêmes la font de bonne heure, comme tous les hommes ; elle consiste à rattacher méthodiquement aux visa-tacta, c’est-à-dire au monde extérieur, au monde étendu, tous les sons qui sont des états forts.
Des écrivains fort spirituels, mais qui se sont un peu trop moqués du public ou de M. […] Cousin nous tricote, ont, en effet, une connexion fort intime avec la psychologie dont il est l’auteur. […] Elle passe humblement au service de cette Royauté plus forte qu’elle, elle dont la vie entière fut anglaise, espagnole, lorraine et jamais française ! […] Les Précieuses, honnies depuis par les valets de Molière, génie positif qui comprenait fort peu le Royaume du Tendre, prirent la tête de cette réaction, et Mme de Hautefort fut l’une d’elles. […] Serait-ce là une prudente réserve, posée à l’avance, pour revenir sans trop de lâcheté et d’inconséquence à des sujets irrésistibles, plus forts que la volonté et que la pensée ?
Singlin, qui m’a paru fort grosse, écrit Mme de Longueville, et qui par là me faisoit espérer bien des choses de cette part qui est présentement ce qui m’occupe, je l’ai ouverte rapidement, comme ma nature me porte toujours à mon occupation d’esprit ; comme au contraire (je dis ceci pour me faire connoître) elle me donne une si grande négligence et froideur pour ce qui n’est pas mon occupation présente, qui est toujours forte et unique en moi. […] Elle dit en finissant : « Il m’est venu encore une pensée sur moi-même, c’est que je suis fort aise, par amour-propre, qu’on m’ait ordonné d’écrire tout ceci, parce que sur toute chose j’aime à m’occuper de moi-même et à en occuper les autres, et que l’amour-propre fait qu’on aime mieux parler de soi en mal que de n’en rien dire du tout. […] Il avait toujours été fort en accord avec elle. […] Il est un seul point sur lequel je lui demanderai la permission de ne pas le suivre, c’est lorsqu’il veut faire décidément de Mme de Longueville un esprit fort supérieur pour la trempe à Mme de La Fayette. […] Elle aimoit beaucoup l’Église et les pauvres, qui sont les deux objets de notre charité sur la terre, et je me souviens d’avoir vu quantité de ses lettres dans les commencements de sa conversion, qui étoient remplies de sentiments fort pénitents et fort humbles.
J’excepterai pourtant la seconde partie du Roman de la Rose, fort différente de la première, laquelle est simplement galante et gracieuse. […] Après des études fort distraites et fort traversées, qu’entrecoupa un voyage à la Martinique avec un de ses oncles, Bernardin, qui avait poussé assez loin les mathématiques, devint une espèce d’ingénieur sans brevet fort régulier ; et c’est en cette qualité un peu douteuse qu’il fit la campagne de Hesse en 1760, qu’il s’en fut à Malte, et de là successivement en Russie et à l’Ile-de-France. […] Ses lettres particulières étaient fort soignées ; il citait à M. […] Et ce genre de succès fut peut-être le plus cher à l’auteur, dont il caressait la chimère : Jean-Jacques se glorifiait avant tout d’avoir fait le Devin du Village ; Girodet consumait ses veilles à devenir poète ; Alfieri se piquait d’être fort en grec, et Byron d’être le premier à la nage dans le Bosphore. […] Je sais que Voltaire (préface de Rome sauvée) a pu plaider avec avantage la cause de cet autre talent universel, et citer de fort beaux vers sur le combat de l’aigle et du serpent, qu’il a lui-même à merveille traduits.
de Montaigne, le Je ne sçai de Charron, telle est la conclusion du seizième siècle, conclusion fort douce dont il s’accommode. […] C’était de sa part faiblesse de dire qu’il avait fort peu de lecture. […] Il y a d’ailleurs une preuve que, même au plus fort de ses spéculations, loin de négliger l’antiquité, il y puisait des sujets de méditation, et il en portait des jugements pleins de goût. […] Elles ne peuvent être ni plus fortes ni plus ornées, telles sont ainsi, parce qu’il est impossible qu’elles soient autrement. […] Puis ce sont nombre de mots fins et charmants qui sentent fort leur cartésianisme : « Je vous aime trop pour que les petits esprits ne se communiquent pas de moi à vous, et de vous à moi. » Et ailleurs : « J’aimerais fort à vous parler sur certains chapitres ; mais ce plaisir n’est pas à portée d’être espéré.
Ils s’attachèrent de préférence, l’un à l’Allemagne, l’autre à l’Écosse (au moins par sa méthode) : mais tous deux marquèrent leurs travaux d’une forte empreinte française et cartésienne. […] Ce titre était par lui-même fort significatif. […] Il faut être fort pour marcher sans appui. […] Il est de si bon ton d’être fort occupé ! […] Schopenhauer fort étonné de se réveiller grand homme : il a soixante-huit ans.
À mon retour de Milan, l’année précédente, j’avais de grand cœur accepté de mon ami, et dans sa maison, un petit appartement solitaire et fort gai, et nous vivions comme deux frères. […] Elle était vêtue fort élégamment, et ne parut pas embarrassée le moins du monde. […] Elle était très belle et fort commode. […] Déjà, depuis plus de deux ans, j’avais fait venir de Rome tous les livres que j’y avais laissés en 1783, et le nombre s’en était fort augmenté, tant à Paris que dans ce dernier voyage en Angleterre et en Hollande. […] Je me jetai hors de la voiture, et, tombant au milieu du tumulte, muni de nos sept passeports, je me mis à disputer, à crier, à tempêter plus fort qu’eux tous ; c’est là le vrai moyen de venir à bout des Français.
Imaginez donc un fort de la halle créant chez nous un ordre de spéculation analogue à la philosophie de Schelling ou de Hegel ! […] Une civilisation n’est réellement forte que quand elle a une base étendue. […] ne vous y fiez pas ; les ilotes en minorité sont encore les plus forts. […] Forte de toute la vie de la nation, elle en est le premier besoin et le premier droit. […] Les sages anciens avaient pour cela des moyens fort commodes, des oracles, des augures, des Égéries, etc.
Très fort ! Mais, vraiment, tout à fait fort ! […] Un beau musicien très fort, M. […] Cela me paraît un peu fort. […] Tolstoï de fort belles pages.
. — Un homme fort en théorie (1854). — Dictionnaire du pêcheur (1855). — La Main du diable (1855). — La Pénélope normande (1855). — Les Animaux nuisibles (1856). — Histoires normandes (1856). — Lettres de mon jardin (1856). — Promenades hors de mon jardin (1856). — Rose et Jean (1857). — Encore les femmes (1858). — Menus propos (1859). — Roses noires et blanches (1859). — Sous les orangers (1859). — En fumant (1861). — Les Pleurs (1861) […] Martial : « Sunt bona, sunt quaedam mediocria », etc. ; il suffit qu’il y en ait de forts piquants, en effet, et que l’auteur y fasse preuve en courant d’une grande science ironique des choses. […] Et puis il y a fort à craindre que ces Guêpes ne pullulent ; on parle déjà d’imitations ; allons !
Je ne me sentois pas assez fort pour tenir la balance. […] Son ouvrage est fort superficiel, & n’est pas toujours judicieux dans la distribution des louanges & des censures. […] Il auroit été agréable pour moi, mais sans doute fort ennuyeux pour mes lecteurs, de donner un Livre tout rempli de louanges ; il falloit quelques Ecrivains médiocres pour faire contraste avec les excellens, & pour rompre l’uniformité.
Si son Pluton et sa Proserpine sont mesquins, n’ont rien de majestueux et de redoutable ; si son Euridice est niaise ; si ses juges infernaux ont un faux air d’apôtres ; si son Orphée est plus froid qu’un ménétrier de village qui suit une noce pour un écu ; si ses Parques sont tournées à la française, il faut le lui pardonner ; le sujet était trop fort pour son âge. […] La forme bizarre du tableau peut avoir forcé la composition, ou bien le peintre a été fort sage de cacher des figures qu’il n’était plus en état de peindre. […] Il est entouré de quelques-uns de ses ministres qui ont à la vérité l’air rustique : ce caractère déplaît fort à nos artistes modernes dont l’imagination captivée par des idées de dignité du dix-huitième siècle, ne remonta jamais dans l’Antiquité ; mais cela me plaît à moi.
N’est-ce pas une illusion tout aussi forte de croire à l’immortalité littéraire ? […] Mais je crois aussi que c’est une exception fort rare. […] Ce serait abandonner pour une chance fort incertaine le réel, le solide, et, pour l’ombre, lâcher le corps. […] L’anachronisme auquel on s’expose risque fort de devenir fatal. […] Explication fort peu vraisemblable !
Certes, on pouvait n’être pas le partisan d’un tel avenir ; il était clair que la France en se développant dans ce sens resterait fort au-dessous de l’Amérique. […] Comment l’empereur ne vit-il pas que la guerre avec l’Allemagne était une épreuve trop forte pour un pays aussi affaibli que la France ? […] À plus forte raison ces objections s’appliquent-elles si le suffrage est universel. […] La démocratie est le plus fort dissolvant de l’organisation militaire. […] Notre instruction secondaire, quoique fort critiquable, est la meilleure partie de notre système d’enseignement.
Castille fort accommodant. […] Weill qu’un esprit très ordinaire et qu’un fort médiocre écrivain. […] Mademoiselle Mantelli sera une fort belle personne, ma foi ! […] Certes, je me trompe fort, ou voilà un éloge en règle. […] Ou je me trompe fort, ou M.
Elle vient de son grand talent, d’abord, car les médiocres ne pardonnent pas aux forts d’être des forts ; elle vient ensuite de ce que M. […] Zola est fort. […] … me répondit mon interlocuteur… C’est celui qui crie le plus fort… Et comme celui qui crie le plus fort est généralement M. […] Edmond de Goncourt, fort innocemment, on se le rappelle, avait prêté à M. […] M. de Gourmont fut fort étonné de tout le tapage qu’il avait soulevé.
Si le fort n’y massacrait pas le faible, tout périrait, faibles et forts. […] Cela est fort naturel ; c’est la loi d’injustice en sa plus vaste extension. […] Elle vit son temps, d’une vie plus forte, et supérieure. […] La composition en est habile plutôt que forte. […] Il l’est fort peu.
De retour à Paris, Jean-Jacques, tombé de ses ambitions, était fort triste et fort désemparé. […] Mais ils durent être fort embarrassés. […] Il se conduisit en fort honnête homme. […] Son frère me demanda étourdiment pourquoi je tremblais si fort. […] La discussion est très serrée et fort belle.
Le procédé est d’une perfidie fort agréable. […] Ceci est peut-être le plus fort de tout. […] C’est un tableau fort agréable. […] J’ai fort aimé cependant les Beaux Messieurs de Bois-Doré, trop mélodrame, mais par moments fort brillant ou fort vigoureux. […] Elle est pleine de bon sens, mais elle aime très fort.
Plusieurs de ces articles sont fort curieux. […] Je suis fort indécis. […] une maison forte ? […] L’amour est plus fort que la vie. […] Voilà un sujet fort intéressant.
C’est à l’époque de l’inflammation du moignon et des troncs nerveux qu’elles sont les plus vives ; les malades accusent alors de très fortes douleurs dans tout le membre qu’ils ont perdu. […] Lorsqu’on a regardé un objet lumineux ou fort éclairé, l’excitation de la rétine dure après qu’on a cessé de le regarder43. […] Il toucha fort exactement une statue de marbre qui représentait Cosme Ier, grand-duc de Toscane, et en fit après cela une d’argile, qui ressemblait si bien à Cosme, que tout le monde en fut étonné. […] Si l’ébranlement nerveux qui provoque la sensation de pression devient plus fort, la sensation de pression devient plus forte. […] Il est fort curieux d’observer à cet égard les très jeunes enfants.
Fort ? […] Il la serra bien fort dans ses bras, et je vis aussi des larmes dans ses yeux ; il me tendit la main et devint plus pâle qu’à l’ordinaire. […] Je suis forte ; tiens, regarde mes bras ; — tiens, je pourrais presque te soulever. […] Enfin je me dis : — C’est par trop fort ! […] Parmi nous, les croyances sont faibles, mais l’homme est fort.
Je l’ai mis au fait autant que je l’ai pu : il m’a paru fort galant homme et très sensible à l’embarras de M. […] Il me fâche très fort de vous écrire toujours un pied en l’air. […] Votre idée de rochers qui partent de Finlande pour les quais de Pétersbourg m’a fort amusé. […] Nous nous aperçûmes que le vaisseau gouvernait fort mal. […] Aussitôt je sentis dans ma chambre une forte odeur de soufre.
Ce sont évidemment, en effet, deux travaux d’un caractère fort distinct, que d’étudier, en général, les lois de la vie, ou de déterminer le mode d’existence de chaque corps vivant, en particulier. […] Jusqu’alors on n’a pu recueillir à ce sujet que des matériaux plus ou moins incohérents, qui sont même encore fort incomplets. […] Je ne dois point passer à une autre considération sans mettre le lecteur en garde à ce sujet contre une erreur fort grave, et qui, bien que très grossière, est encore extrêmement commune. Elle consiste à confondre le degré de précision que comportent nos différentes connaissances avec leur degré de certitude, d’où est résulté le préjugé très dangereux que, le premier étant évidemment fort inégal, il en doit être ainsi du second. […] Il est clair, néanmoins, que la précision et la certitude sont deux qualités en elles-mêmes fort différentes.
On a fort relevé le contraste de cette édition précoce avec la destinée future de l’enfant. […] » Ainsi à ces époques, plus heureuses par là que les nôtres, et jusqu’en ces âmes dissipées, même au fort du libertinage, on croyait ; quelle que fût la surface et le soulèvement des orages, le fond était de la foi : on revenait à temps, et les grandes âmes allaient haut. […] Le fait est (comme Saint-Simon bien informé le raconte, et je ne vois pas de raison d’en douter) que madame de Montbazon mourut de la rougeole en fort peu de jours, que M. de Rancé était auprès d’elle, ne la quitta point, lui fit recevoir les sacrements et fut présent à sa mort. […] Rancé était une âme forte, une grande âme ; il comprit du premier jour qu’il avait perdu ce qu’il ne recouvrerait jamais, que recommencer sur les brisées d’hier une vie moindre, c’était indigne même d’une noble ambition humaine. […] Si celui qui entreprendra un si grand ouvrage ne se sent pas assez fort pour ne point avoir besoin de conseil, le mélange sera à craindre, et par ce mélange une espèce de dégradation dans l’ouvrage… La simplicité en doit être le seul ornement.
Nisard, ancien élève et très-fort élève de la Sainte-Barbe-Nicole, et rédacteur encore secondaire aux Débats, se montrait fort attentif, vers 1829, au mouvement littéraire et poétique qui s’émancipait de plus belle alors. […] Au milieu des éloges fort précieux et fort mérités que ces deux critiques si compétents ont donnés à l’ouvrage de M. […] Un de mes amis, fort bon latiniste, a marqué, sur un exemplaire que j’ai sous les yeux, quelques contre-sens réels que M. […] Ce qui précède est fort léger, et son article du Roman de la Rose sera à refaire, quand ceux qui s’occupent, dit-il, des cycles carlovingiens auront passé par là. […] Nisard, au reste, s’est enfoncé de plus en plus fort dans la même illusion de goût, lorsque, plus tard, il n’a écrit si au long et parlé si haut sur Carrel que pour faire aboutir immédiatement l’éloge à M. le duc d’Orléans.
J’ai été autrefois touché de cette même avidité, et je puis dire qu’elle m’a été fort préjudiciable. » Mais voilà, au moment même du reproche, qu’il l’encourt de plus belle ; il voudrait tout savoir, même les détails rustiques, lui qui tout à l’heure regrettait le temps perdu à la chasse ; il demande mainte observation à son frère sur les verreries de Gabre, sur le pastel du Lauraguais. […] Bayle lui-même remarque, à ce sujet des périodes du Père Maimbourg, que ceux qui s’inquiètent si fort des règles de grammaire, dont on admire l’observance chez l’abbé Fléchier ou le Père Bouhours, se dépouillent de tant de grâces vives et animées, qu’ils perdent plus d’un côté qu’ils ne gagnent de l’autre. […] Une conversation gaie lui revenait fort par moments, et on aurait été près alors de le loger dans la classe des rieurs. […] En avançant pourtant et à force d’écrire, sa phrase, si riche d’ailleurs de gallicismes, ne laissa pas de se former ; elle s’épura, s’allégea beaucoup, et souvent même se troussa fort lestement. […] En supposant (ce qui me paraît fort possible) que l’abbé d’Olivet ait été bien informé, et que son récit, consigné dans les Mémoires de D’Artigny, mérite quelque attention, il en résulterait que Bayle, âgé de vingt-huit ans alors, dérogea un moment, auprès de la femme avenante du ministre, aux habitudes de son humeur et au régime de toute sa vie.
Il m’est impossible d’exprimer l’effet physiologique et psychologique que produit sur moi ce genre de parodie niaise devenu si fort à la mode en province depuis quelques années. […] Car ce qui est partiel est plus fort ; les hommes ne se passionnent que pour ce qui est incomplet, ou, pour mieux dire, la passion, les attachant exclusivement à un objet, leur ferme les yeux sur tout le reste. […] La politique a fourni tout ce qu’elle pouvait fournir ; c’est désormais un champ aride et épuisé, une lutte de passions et d’intrigues, fort indifférentes pour l’humanité, intéressantes seulement pour ceux qui y prennent une action. […] Les grands hommes marqués pour l’apothéose étaient des croyants enthousiastes fort étrangers aux secrets de la grande politique. […] Une pensée ardente et forte ?
Il s’ensuit qu’une société est toujours un composé de vices et de vertus et qu’elle peut être à la fois fort morale à certains égards et fort immorale à d’autres. […] La ruse n’est point l’arme des forts. […] Sans être du parti des solitaires, il se développe dans la même atmosphère morale que les fortes vertus des hommes de Port-Royal, que les volontés robustes et les âmes austères de ces puritains catholiques. […] Faute de mieux, les biographies des hommes célèbres, les mémoires où ils ont conté la genèse de leurs convictions sont fort utiles à consulter. […] J’ai entendu des sermons sur la chasteté qui étaient fort instructifs et des plus troublants pour des âmes innocentes.
Dans les moments difficiles, quand le geste d’autorité tout sec ne donnerait rien de bon, je m’adresse à la plus forte tête, je lui explique mon idée sur le terrain : C’est là le point le plus important, et je n’ai plus de tête à y mettre ; choisis tes meilleurs camarades, ceux que tu voudras, et vas-y ; d’heure en heure, tu m’enverras un des tiens pour me rendre compte, et tu tiendras. […] Des travailleurs ressentent un dédain de demi-savants pour le travail manuel, et de cela il souffrait si fort qu’il se jeta délibérément dans le syndicalisme et lui demanda la régénération de l’école française. […] Partagé entre la vie de famille, dont il avait une idée forte et saine à la Proudhon, et ses études « sur l’enseignement » qu’il donnait aux feuilles syndicalistes, il s’est maintenu avec orgueil dans la classe ouvrière. Appuyant sa tête contre le cœur de ses frères, et puis écoutant son propre cœur, il a constamment chauffé et perfectionné à ce foyer d’humanité une conception fort belle qu’il s’était faite de la sainteté du travail et de la sainteté du peuple qui travaille. […] Mais il est possible qu’il devienne, au lendemain de la guerre, le modérateur nécessaire d’un pouvoir tyrannique tirant toute son autorité de la loi du nombre, la loi du plus fort.
Loin de jeter sur l’humanité qui les entoure de ses vagues mouvantes un regard de hauteur ou de mépris, ces hommes nouveaux n’ont pour elle que des paroles d’amour ou de forte espérance, en se déclarant liés à elle par toutes leurs fibres, par tous leurs désirs. […] Il faudrait un volume de forte dimension pour faire pressentir tout ce que cet homme inaccoutumé renfermait en lui. […] Mais la fausse et faible parole chrétienne s’efface à mesure que grandit la réelle et forte parole humaine. […] Exercer une « autorité » c’est au fond donner la plus haute preuve de sympathie humaine, c’est l’acte supérieur de toute solidarité et la marque du lien le plus fort qui nous unit tous, faibles et forts, jeunes et vieux, sages et fous. […] Croyez-vous qu’il faille opprimer pour être fort ?
Cowper se reprochait fort la perte de ces années décisives qu’il comparait, en langage des champs, au temps des semailles ; on n’a plus tard des gerbes qu’à ce prix : « La couleur de toute notre vie, pensait-il, est généralement telle que la font les trois ou quatre premières années dans lesquelles nous sommes nos maîtres. […] Il devint avocat sans cause, se lia fort avec quelques gens de lettres de son âge, fut d’un club avec eux ; il fit des vers, des essais moraux satiriques qui parurent dans les journaux et revues du temps. […] Cependant il était fort amusant à sa manière ; ses maussaderies mêmes étaient un sujet de divertissement, et, dans ses jeux, il gardait un tel air de gravité, et il s’acquittait de ses repas avec une telle solennité de manières, qu’en lui aussi j’avais un agréable compagnon. […] Ils me procurèrent jour et nuit de l’occupation pendant tout un dur hiver ; pour les défendre de la gelée dans une situation où ils y étaient fort exposés, il me fallut dépenser bien de l’habileté et bien des soins. […] Cependant le génie devenait plus fort et sentait ses ailes : Hélas !
Il a fort puisé, pour ce travail, dans un volume précédemment publié à Genève (1857), et dans lequel on a recueilli, avec des fragments du Journal intime de Sismondi, une série de lettres confidentielles et cordiales adressées par lui à deux dames de ses amies, l’une italienne, l’autre française, et au célèbre réformateur américain Channing : on y voit le cours de ses sentiments en politique, en religion, en toute chose, le fond même de son âme. […] Excellent sujet, doué de docilité et d’application, il réussit dans les diverses facultés de l’enseignement ; mais on a remarqué que, bien que d’abord assez fort en grec, il négligea ensuite presque entièrement cette langue. […] Rentré encore une fois à Genève, Sismondi y trouva pour le coup la Terreur, la vraie Terreur, fort hideuse et atroce là comme en tout lieu. […] Il faut savoir que Sismondi avait ou aura les yeux fort mauvais, des yeux impossibles pour un peintre ; il ne distinguait que de près et imparfaitement. […] Lorsque Constant s’avise un matin de se marier pour faire pièce à son orageuse amie, et en se flattant lui-même de trouver le repos dans le contraste, Sismondi en tire sujet à cette réflexion fort sage et digne d’un parfait moraliste (22 janvier 1810) : « Il est vrai que M.
Il nous est montré comme fort grave, à la physionomie paisible, et « ne manquant pas d’une certaine élégance sérieuse ». […] Le moût, qui ne s’égouttait plus que faiblement, descendait avec un bruit de fontaine épuisée dans les auges de pierre ; et un long tuyau de cuir, pareil aux tuyaux d’incendie, le prenait aux réservoirs et le conduisait dans les profondeurs d’un cellier où la saveur sucrée des raisins foulés se changeait en odeur de vin, et aux approches duquel la chaleur était très forte. […] Du premier jour, pourtant, Dominique s’y fait un ami d’un jeune gentilhomme du nom d’Olivier d’Orsel, venu récemment de Paris, qui en a déjà respiré le souffle, qui n’a rien de provincial ni de scolaire, et qui n’est et ne sera jamais qu’un charmant mauvais écolier, puis un charmant mauvais sujet fort aimable et naturel. […] Un voyage que fait Madeleine, l’été de cette année, avec ses parents à une ville d’eaux, cette courte absence d’où elle reviendra tout à fait grande personne et jeune fille accomplie, contribue fort à mûrir l’amour au cœur de Dominique et à lui apprendre ce qu’il ne se disait qu’assez vaguement. Une conversation avec Olivier, jeune homme des plus avancés et qui l’initie à ses propres intrigues, n’y aide pas moins ; cette confidence est comme un breuvage capiteux qui l’enhardit et l’excite ; une émulation instinctive, bien que fort différente dans son procédé, se déclare.
M. de Choiseul, encore ministre, et qui avait fort contribué au mariage, les précédait de peu : « A quelques lieues de Compiègne, le duc de Choiseul avait été envoyé au-devant de moi. […] Quand on fut à Saint-Denis, le duc de Choiseul souffla tout bas à l’oreille de la Dauphine un petit conseil fort à propos : c’était de demander à voir la fille du roi, une nouvelle tante à elle, Madame Louise, qui y était retirée dans son couvent de Carmélites et tout près de prendre le voile. […] On le lui a fort contesté, et on voit que de très bonne heure, même autour d’elle, on la faisait ressouvenir qu’elle était étrangère. […] Une fort belle lettre de Marie-Antoinette, déjà reine, nous la montre vers l’âge de quatorze ans se jetant dans la piété avec ardeur et demandant à entrer en religion. […] M. de Provence dit que mon mari a le rire homérique… » Louis XVI était un peu disproportionné, en effet, pour ces petites intimités ; il avait la nature trop forte, trop en plein air : il avait l’écorce rude et rien de poli.
Une année avant qu’Ernest vînt habiter du collége à la maison, il paraîtrait qu’elle aurait fait une absence, et perdu, durant cette absence, une personne fort chère : elle portait du deuil au retour, et c’était précisément l’époque de la fameuse bataille de B… (Bautzen peut-être ?) […] Mlle de Liron a donc aimé déjà : ce qui fait qu’elle est femme, qu’elle est forte, capable de retenue, de résolution, de bon conseil ; ce qui fait qu’elle ne donne pas dans de folles imaginations de jeune filie, et qu’elle sent à merveille qu’Ernest lui est de beaucoup trop inégal en âge, qu’il a sa carrière à commencer, et que si elle se livrait aveuglément à ce jeune homme, il ne l’aimerait ni toujours, ni même longtemps. […] Mais, je le répète, je désirerais fort que vers la fin, au milieu des douleurs et de la sublimité de sentiments qui domine, il ne fût plus question de cette disposition insignifiante d’une si noble personne : la flamme de la lampe, en s’étendant, avait dû beaucoup user. […] Lorsque Ernest, profitant d’un congé, arrive à Chamalières, il y trouve donc, outre M. de Liron, fort baissé par suite d’une attaque, Mlle Justine, souffrante depuis près d’un an : elle déguise en vain, sous un air d’indifférence et de gaieté, ses appréhensions trop certaines. […] Les Lettres de Lausanne, publiées en 1788 par Mme de Charrière15, et aujourd’hui fort rares, se composent de deux parties.
Ce goût n’est pas chose absolument nouvelle en littérature ; il s’est déjà rencontré dans des sociétés d’une culture raffinée, au temps de Théocrite, au temps de Virgile, chez nous au siècle dernier ; mais il est certainement plus fort et plus profond aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été. […] Et là-dessus on cite, à la vérité, de fort beaux paysages, encore que très sobres, de Théocrite, de Lucrèce, d’Horace, de Virgile, surtout l’admirable cri des Géorgiques : « Oh ! […] Ils les aiment pour leur inconscience plus grande, pour ce qu’ils ont gardé de rude et de primitif, pour la poussée, plus forte chez eux, des antiques instincts, et parce qu’ils font partie de la campagne et sont en parfaite harmonie avec elle. […] Il est fort probable qu’il y a plus de charme et de poésie dans les romans rustiques de M. […] Vraiment il est fort heureux pour nous que le monde soit inintelligible : nous en faisons ce que nous voulons.
Il excelle à retremper ainsi les expressions et à leur redonner toute leur force primitive, ce qui permet à son style d’être court, fort, et d’avoir l’air simple. […] Pour marquer que les soldats, à mesure qu’ils faisaient la guerre plus loin de Rome, sentaient s’affaiblir en eux l’esprit du citoyen, il dira : « Les soldats commencèrent donc à ne reconnaître que leur général, à fonder sur lui toutes leurs espérances, et à voir de plus loin la ville. » La ville par excellence, Urbs, c’est Rome ; on ne peut dire d’une manière en apparence plus simple une chose plus forte. […] Et pourtant, si l’on ne reporte pas directement, comme fait Bossuet, le conseil et la loi du monde historique au sein de la Providence même, il me semble qu’il est fort difficile et fort périlleux d’y trouver cette suite et cet enchaînement que Montesquieu, après coup, se flatte d’y découvrir ; et Machiavel, sur ce point, me paraît plus sage encore et plus dans le vrai que Montesquieu, en nous rappelant toujours, au milieu de ses réflexions mêmes, combien il entre de hasard, c’est-à-dire de causes à nous inconnues dans l’origine et dans l’accomplissement de ces choses de l’histoire et dans la vie des empires. […] Dans les années qui précédèrent, et quand il n’était pas à son château de La Brède, il vivait à Paris, fort répandu dans le grand monde, particulièrement dans le cercle de la duchesse d’Aiguillon, de Mme Du Deffand, et fort désiré partout, fort souhaité ; simple, bonhomme même, payant de sa personne sans chercher à briller.
Il consulte cette même Mme de Bourges, bonne économe : Si vous me donnez bon conseil, vous m’obligerez fort, car je suis fort irrésolu, principalement pour un logis, appréhendant fort la quantité des meubles qu’il faut ; et, d’autre côté, tenant de votre humeur, c’est-à-dire étant un peu glorieux, je voudrais bien, étant plus à mon aise, paraître davantage, ce que je ferais plus commodément ayant un logis à moi. […] Cette mission lui convenait fort ; mais les propositions de la reine qui lui vinrent par le maréchal d’Ancre l’emportèrent : « Outre qu’il ne m’était pas honnêtement permis, dit-il, de délibérer en cette occasion, où la volonté d’une puissance supérieure me paraissait absolue, j’avoue qu’il y a peu de jeunes gens qui puissent refuser l’éclat d’une charge qui promet faveur et emploi tout ensemble. » En entrant au Conseil, il y devient du premier jour le personnage important ; il a, comme nous dirions, le portefeuille de la Guerre et celui des Affaires étrangères, de plus, la préséance sur ses collègues comme évêque ; et tout cela à trente et un ans. […] Sully, jaloux et chagrin, s’en montrait fort scandalisé. […] On a les instructions qu’il donne à Schomberg et qui sont un résumé historique aussi fort qu’habile de la situation de la France, une justification des mesures de son gouvernement, et un premier tracé de la politique nouvelle ; elles débutent en ces mots : La première chose que M. le comte de Schomberg doit avoir devant les yeux est que la fin de son voyage d’Allemagne est de dissiper les factions qu’on y pourrait faire au préjudice de la France, d’y porter le nom du roi le plus avant que faire se pourra, et d’y établir puissamment son autorité, etc. […] (Bibliothèque du roi) ; elle est ou de Richelieu ou rédigée sous ses yeux, d’un latin raffiné et aigu, mais pleine de vives et fortes pensées : Abiturus e vita loquor veritatem eo momento quo nemo mentitur… Electus in primarium Regis mei ministrum, id primum intendi ut Regem meum facerem primum Regem : volui Christianissimum esse et potentissimum ; volui primogenitum esse Ecclesiae et Europae ; volui esse justum ut sua orbi restitueret, et orbem sibi.
Ce que l’auteur dit en particulier sur les causes de la chûte de l’éloquence, est fort judicieux. […] Marc-Antoine de Foix, Jésuite de l’illustre maison de ce nom, homme d’un esprit supérieur, & fort distingué dans sa Compagnie. […] François de Sales ; un discours sur la nécessité & les avantages de la Théologie scholastique, qui est précisément l’opposé de la véritable éloquence ; enfin un panégyrique des Casuistes modernes fort ennuyeux & fort long. […] Le blâme peut être bon, mais la raison sur laquelle on l’appuie est fort mauvaise, à moins qu’on ne suppose une doctrine perverse dans ses citations. […] Il donne de fort bons préceptes ; mais ses réfléxions ne sont pas toujours judicieuses.
À voir, sous le Consulat et au commencement de l’Empire, ce jeune homme d’une physionomie et d’une vivacité plus méridionale encore que genevoise, gai, riche, élégant, beau danseur, fort recherché dans le monde, même dans celui de Paris, « faisant de Genève à Paris dix-sept voyages en neuf ans », on n’aurait jamais supposé, remarque M. […] Il s’agissait de comprendre un des termes mythologiques obscurs de cette pièce alexandrine, pour nous fort peu agréable, fort peu catullienne, et qui sent plutôt son Lycophron. […] Cette circonstance détermina le choix de Favre ; vers 1810 il rédigea une Vie de cet érudit, qui est fort instructive à lire et pour laquelle il a rassemblé les notes les plus fines et les plus rares : avec lui on va hors des sentiers battus, et l’inaperçu est ce qui le tente. […] Je n’imagine pas que, hormis la théologie polémique, il y ait rien d’aussi rebutant que cette étude ; il est heureux que quelques gens veuillent s’y adonner, et je loue fort les du Gange et Muratori qui, se dévouant comme Curtius, se sont précipités dans ce gouffre, mais je serais peu curieux de les imiter. […] Ce que l’homme d’État hollandais rendu à la retraite se plaisait à se dire dans une promenade aux environs de Leyde ou de La Haye, Guillaume Favre le sentait à plus forte raison, lui possesseur et connaisseur plus fin, en vue de son Léman et dans l’exercice délicieux de sa faculté curieuse à travers les domaines de l’histoire.
Il savait par cœur les aventures de L’Odyssée, et goûtait fort les Amadis. […] Ce qui manqua, en effet, à Marolles doué d’une grande facilité et de dispositions vagues pour les lettres, ce fut précisément un maître digne de ce nom, qui lui transmît quelque chose des fortes habitudes et de la méthode du xvie siècle, et lui apprît à étudier les anciens avec précision, ou qui du moins l’avertît des dangers du trop de sans-gêne avec eux. […] En fait de devises, il en proposa une, toutefois, fort galante et ingénieuse pour mettre au revers d’une médaille qu’on faisait frapper à Paris pour cette reine. […] Aimer d’un haut amour platonique comme Dante et Michel-Ange n’appartient qu’à une âme forte ; aimer comme Pétrarque sa Laure est d’une âme encore adorable et charmante. […] C’est chez lui besoin d’occuper ses heures, besoin d’occuper les autres de soi, désir de servir le public, gloriole, vanité puérile ou sénile, comme on le voudra, qui ne fera que croître avec les années, qu’on a fort raillée en son temps, mais qui lui a fait faire du moins certaines choses utiles.
Je n’ai sous les yeux, pour tout recueil, que le présent volume fort rempli, mais incomplet et insuffisant. […] Grammaticalement parlant, je me permettrai de faire observer qu’il n’est pas exact de dire qu’on est coalisé pour être réuni et rassemblé avec le gros du pays autour d’un pouvoir fort, national et tutélaire. […] Sa religion politique est trop forte pour moi ; la mienne n’a pas résisté à l’expérience. […] Ceux qui ont parcouru ces époques et qui croient les juger sans amour et sans haine ne laissent pas d’être étonnés de cet enthousiasme un peu vague, de cette admiration un peu confuse et indistincte de la part d’un esprit aussi juste : car enfin toutes ces années, déjà anciennes, ne se ressemblaient pas ; ces régimes, à les prendre dans le détail et à les vivre jour par jour, étaient fort différents entre eux, et il y a eu bien des moments. […] Un régime où toutes nos facultés ont leur action et leur jeu, à plus forte raison leur triomphe, nous paraît aisément le plus légitime, le seul légitime.
On assiste au défilé des troupes et à cette cohue du départ, fort savamment étudiée dans sa confusion. […] L’idée de Spendius est de se servir de Mâtho, plus fort et plus hardi que lui, pour enlever du temple de la déesse le voile sacré qui est comme le palladium de Carthage : il a de la peine, toutefois, à le décider, car Mâtho craint les dieux, et il est sérieusement persuadé de la vertu divine de l’objet ; il a peur de commettre un sacrilège. […] Mâtho qui le ramasse, une fois revêtu de ce diable de manteau dont il avait tant peur, se sent plus fort et comme transformé : tant il est vrai que c’est la foi qui fait tout ! […] Les ennuis du général gaulois durant ce siège insipide de Tunis, son dégoût de cette armée de nègres imbéciles qu’il commande, son regret de n’avoir pas déserté aux Romains avec ses compagnons en Sicile, son découragement moral et physique et son mal du pays, nous sont rendus également avec des couleurs et une harmonie fort savantes. […] Une pointe d’imagination sadique se mêle à ces descriptions, déjà bien assez fortes dans leur réalité.
On a fort discuté sur la vie et sur le caractère réel de Rabelais. Je crois, et tout lecteur réfléchi croira de même, que ceux qui se seraient attendus à trouver exactement en lui l’homme de son livre, une espèce de curé-médecin, jovial, bouffon, toujours en ripaille et à moitié ivre, auraient été fort désappointés. […] Cependant son père Grandgousier voyait que son fils étudiait très bien, et qu’il n’en devenait que plus sot chaque jour ; il est fort étonné d’apprendre d’un de ses confrères, vice-roi de je ne sais quel pays voisin, que tel jeune homme qui n’a étudié que deux ans sous un bon maître, et par telle nouvelle méthode qui vient de se trouver, en sait plus que tous ces petits prodiges du vieux temps, livrés à des maîtres dont le savoir n’est que bêterie. […] Nous avons dans ce cours d’éducation et d’étude à l’usage du jeune Gargantua le premier modèle de ce qu’ont représenté depuis plus au sérieux, mais non plus sensément, Montaigne, Charron, l’école de Port-Royal par endroits et parties, cette école chrétienne qui ne se savait pas si fort à cet égard dans la même voie que Rabelais, l’étrange précurseur ! […] Michelet poursuivant, après trois siècles, cette guerre contre le Moyen Âge qu’il croit retrouver encore menaçant, commença un jour une de ses leçons au Collège de France, en ces mots : « Dieu est comme une mère qui aime que son enfant soit fort et fier, et qu’il lui résiste ; aussi ses favoris sont ces natures robustes, indomptables, qui luttent avec lui comme Jacob, le plus fort et le plus rusé des pasteurs.
Aujourd’hui cette construction a priori est si fort en ruines que personne ne songe plus à la renverser. […] Si nous étions plus jeune, nous tâcherions d’être cet éditeur-là, d’autant que nous pourrions joindre aux lettres déjà connues bien des lettres nouvelles, parmi lesquelles il en est de fort importantes. […] Cet amour des textes et ce goût du détail appliqués à la critique littéraire ont produit deux œuvres fort belles, la restitution des Pensées de Pascal et le Commentaire du Vicaire savoyard. […] Pendant ces fortes études, il fut admis, grâce à sa réputation naissante et à son caractère sacré, dans la société des femmes et des hommes les plus nobles et les plus polis du siècle. […] Cousin, pour y atteindre, avait besoin de s’exalter ; Bossuet restait maître de lui-même au plus fort de son éloquence ; M.
Joubert se distingua particulièrement à l’attaque du château de Cosseria, position des plus fortes sur le sommet le plus élevé de cette partie de l’Apennin ; il y fut blessé d’un coup de pierre, ce qui ne l’empêcha pas d’aller toujours et de poursuivre. […] Il pleuvait fort. […] Il est à l’avant-garde de Masséna, et de bonne heure il se trouve placé entre le lac de Garde et l’Αdige, à la forte position de Corona, au-dessus de Rivoli, regardant le Tyrol italien et faisant face aux troupes impériales qui tendent sans cesse, à chaque recrue considérable, à déboucher et à forcer de ce côté. […] Si peu nombreuse au début, n’atteignant pas d’abord le chiffre de 40 mille hommes, n’ayant jamais, avec les renforts reçus, passé de beaucoup le chiffre de 50 mille, elle avait dû vaincre successivement l’armée sarde et l’armée de Beaulieu, fortes ensemble de 73 mille hommes (Montenotte, Millesimo, Dego, Mondovi) ; — puis l’armée de Beaulieu (Lodi), renforcée des 20 mille hommes de Wurmser (Salo, Lonato, Castiglione, Roveredo, Bassano) ; — puis l’armée de Wurmser, renforcée des 36 mille hommes d’Alvinzi (Arcole). […] Il écrivait noblement à son père, que ces méchantes rumeurs avaient fort troublé (18 avril, lendemain de la signature de la paix de Léoben) : Est-ce ma faute, et faut-il que je fasse des rétractations puériles et inutiles ?
Mais en fait, d’après la loi de l’infirmité et de la lâcheté humaine, dans le manque d’éducation forte et de croyance régnante, ce sont les instincts naturels qui décident en dernier ressort et qui font l’homme. […] Même quand ils ne deviennent ni des fripons, ni des escrocs avilis, ni des hâbleurs impudents ; quand quelque chose de l’honnête homme leur reste, et qu’on peut leur donner la main, il ne faut pas s’attendre à beaucoup de scrupules de leur part ; leur sens moral, chatouilleux peut-être et intact sur un ou deux points, vous paraîtra fort aboli et coulant pour tout le reste. […] Saumaise lui avait rapporté l’histoire à Leyde, bien des années auparavant, et, pour mieux circonstancier le fait, il avait envoyé chercher l’exemplaire du Moyen de parvenir à la Bibliothèque de la ville, et l’avait donné à Huet, fort élégamment relié. […] On le mit bientôt en pension à Padoue chez un bon chanoine Gozzi, très ignorant, très zélé pour la prédication, ayant en sa faveur la figure et la voix, et par conséquent fort suivi des femmes, dont il était d’ailleurs l’ennemi juré, et qu’il ne regardait jamais en face. […] C’est là qu’on le voit aussi fort lié avec un homme du plus grand mérite, M. l’abbé de Voisenon.
De la doctrine saint-simonienne, si large et généreuse à l’origine, l’utopie tombant, il n’est guère resté que la forte impulsion donnée à l’activité industrielle : du grand rêve humanitaire sort un accroissement prodigieux de richesse pour les classes moyennes. […] Louis Veuillot840, d’origine populaire, et qui se cultiva sans s’éloigner du peuple, homme de volonté forte et d’ardente charité, devint catholique en visitant Rome : le catholicisme lui apparut comme l’unique croyance où les misérables pouvaient se consoler, comme l’unique autorité qui devait guérir les misères. […] Un autre normalien, tout voltairien d’esprit et de style, conteur exquis et charmant causeur, d’intelligence plus agile que forte, et plus en surface qu’en profondeur, impertinent, tapageur et gamin, Edmond About843, fut un indépendant agréable à l’empire, qui le protégea, le décora : il y avait un point pourtant sur lequel About ne transigeait pas, c’était la question religieuse ; il représentait l’opinion anticléricale dans le parti bonapartiste, et il combattit toujours vivement le gouvernement lorsqu’il voulut se servir de l’Église ou parut la servir. […] Quel malheur qu’avec cette éloquence puissante, cette pensée forte et généreuse, Gambetta parle une mauvaise langue, trouble, incorrecte, abondante en jargon ! […] Rien n’y maintenait plus certains mérites de style que la présence d’un pouvoir fort, dont il fallait tromper la sévérité ou humilier la brutalité.
Ces voyages, d’ailleurs, étaient essentiels à son dessein ; car il sentait déjà que, pour jouer un rôle de premier ordre, il fallait sortir de Galilée, et attaquer le judaïsme dans sa place forte, qui était Jérusalem. La petite communauté galiléenne était ici fort dépaysée. […] Ce monde odieux ne pouvait manquer de peser fort lourdement sur les âmes tendres et délicates du nord. […] Le haut sacerdoce de Jérusalem tenait, il est vrai, un rang fort élevé dans la nation ; mais il n’était nullement à la tête du mouvement religieux. […] Mais de bonne heure il attira l’attention d’un certain Nicodème, riche pharisien, membre du sanhédrin et fort considéré à Jérusalem 620.
En effet, ajoûte-t-il, le visage, et toute la tête étant renfermez sous la couverture du masque, de maniere que la voix ne sçauroit s’échapper que par une sortie qui est encore resserrée, il s’ensuit que la voix ainsi contrainte rend des sons plus forts et plus distincts. […] Suivant les apparences, les anciens n’auroient pas souffert ce désagrément dans les masques s’ils n’en avoient point tiré quelque avantage, et je ne vois pas que cet avantage pût être autre chose que la commodité d’y mieux ajuster les cornets propres à rendre plus forte la voix des acteurs. […] Demetrius, l’un de ces comédiens, lequel Juvenal met au nombre des meilleurs acteurs de son temps, et qui avoit un son de voix fort agréable, s’étoit attaché à joüer des rolles de divinitez, des femmes de dignité, des peres indulgens et des amoureux. […] Je hazarderai ici une conjecture toute nouvelle, et qui peut donner l’intelligence d’un passage de Pline mal entendu jusques ici ; c’est que les anciens après s’être servi d’airain pour incruster les masques, y emploïerent ensuite des lames fort minces d’une espece de marbre. […] Quel usage veut-on que les comédiens pussent faire d’une pierre qui avoit cette proprieté, si ce n’étoit d’en incruster une partie de la bouche de leurs masques, après qu’elle avoit été sciée en lames fort minces.
La chose est devenue si forte que ce ne sont plus les lauriers de Miltiade qui doivent empêcher de dormir ce nouveau Thémistocle : ce sont les siens. […] … Oui, pourquoi ce livre où on cherche en vain ces idées fortes, sensées, pratiques, allant au cœur de la réalité, les idées enfin d’un prêtre catholique qui vient, après les philosophes, parler société à son tour ? […] qu’il se défie et qu’il soit plus fort que Circé ! […] Mitraud, au lieu de faire un livre dans sa complexe et forte unité, n’eût utilisé d’anciennes notes, des fragments épars, en les rapprochant. […] Mitraud, nous le reconnaissons, en a une très déliée et très forte contre les sophistes contemporains.
Il ne faisait peut-être pas assez de cas des autres sciences. » Le biographe qui a dit cela de l’abbé de Pons, son ami, était un homme distingué lui-même et fort apprécié des économistes, Melon, auteur d’un ingénieux Essai politique sur le commerce. — Vers l’âge de quinze ans, l’abbé de Pons s’aperçut que sa taille se déformait ; il se mit entre les mains d’un chirurgien malhabile qui le tortura ; la difformité ne fit qu’augmenter et fut irréparable. […] Je déclare donc ici à M. de Blaru (l’avocat de la partie adverse) que, loin d’être offensé de son ridicule portrait, je lui sais au contraire fort bon gré de son travail. […] Ce qui manquait à La Motte pour s’élever jusque-là, manquait à plus forte raison à l’abbé de Pons lui-même ; mais l’abbé avait aussi en lui beaucoup des qualités et des distinctions de La Motte. […] Ce sont des feuilletons, et des feuilletons consciencieux ; ils durent être fort lus et discutés.