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1914. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Si, pourtant, nous en venons à rechercher quelles causes ont pu amener ce fléchissement des maîtrises dirigeantes, nous en découvrirons de singulièrement diverses. […] Théorie imposante et un peu bousculée, qui, pour prendre un exemple parmi les derniers venus, va de M.  […] Puis viendrait M.  […] À son tour, il a vu dans le pays natal la terre sacrée où germent les vertus sublimes et d’où viennent les nobles aspirations parce qu’elle est imprégnée de toute la grandeur héroïque des ancêtres. […] Bentzon, dont la mort, survenue il y a quelques mois à peine, vint priver la Revue de l’une de ses plus anciennes, de ses plus brillantes et de ses plus aimées collaboratrices.

1915. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Je voudrois seulement qu’on ôtât une vieille qui vient pour faire rire, & qu’on avoit traitée de bavarde chez la marquise Hagard. […] Cette fureur de burlesque étoit venue si avant, que les libraires ne vouloient rien qui ne portât ce nom ». […] Après les invectives générales, dont son fameux discours sur la parodie est rempli, il vient aux raisons particulières qui la lui font proscrire. […] D’où vient en fait-on représenter aux jeunes gens dans plusieurs collèges ? […] Le Brun, de l’Oratoire, vint les allarmer ; il réfuta le P. 

1916. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Enfin Malherbe vint  ! […] Que le rire ne vienne pas se jeter en étourdi à la traverse de l’attendrissement. […] Un livre neuf, humide encore, enveloppé de ses bandelettes virginales, vient se poser sur votre table. […] Je remarque seulement que, s’ils viennent par hasard dans le petit coin d’étude que j’ai défriché toute ma vie, alors, tout en gardant leurs grands airs d’assurance, ils sont au fond assez incompétents. […] Qu’il nous vienne donc enfin un Boileau !

1917. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

» Tel, en toute vérité, est ce premier volume où la bucolique aplatit et tue l’élégie, et où, si vous exceptez une ou deux pièces, entre autres celle que le poète intitule : Magnitudo parvi, et qui est bien la plus belle amplification du vide à coup de dictionnaire de rimes, tout est dans le ton écœurant et guindé que nous venons d’indiquer. […] S’il réfléchissait chaque fois qu’il voit la sienne, laquelle est, comme on vient d’en juger, d’une assez belle épaisseur, ne s’arrêterait-il point dans la construction laborieuse de tous ces abominables non-sens ? D’où vient-elle ? […] L’ombre venait, le soir tombait, calme et terrible. […] VIII Je suis venu tard à La Légende des siècles, et c’était à dessein.

1918. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Du sud viennent les bouches de l’Escaut et de la Meuse, au nord apparaît celle de la Tamise, et plus loin c’est l’Elbe qui dégorge ses flots, et plus près c’est le passage du Canal. […] J’ai déjà dit qu’il y expliquait la venue des Gaulois. […] Et il y avait aussi des éléments qui n’étaient ni romains ni francs, et qui venaient du pays même, des traditions, du sol, de l’horizon de Belgique. […] Nous sommes allés à lui avant qu’il ne vienne à nous. […] Je suis le loup qui vint flairer et qui vint boire Horriblement, le sang de Dieu, dans le ciboire.

1919. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Étranger à l’homme en quelque sorte, il vient d’ailleurs et de plus haut. […] Sitôt qu’une image vient s’offrir à de pareils esprits, elle éveille inévitablement toutes celles que l’habitude ou les circonstances lui ont associées. […] La seule manière d’éclairer la plus humble question, c’est de la prendre de très haut ; ce n’est jamais d’en bas que vient la lumière. […] Les chœurs continuaient ensuite en donnant leur assentiment à ce qu’ils venaient d’entendre. […] D’où vient que le langage rythmé se grave mieux dans la pensée que la phrase libre et qu’il se conserve plus longtemps dans la mémoire ?

1920. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Lorsque vient le lendemain, on ramasse le fruit d’hier, mais on n’a pas eu la fleur ; et ce fruit même, on ne l’a pas vu, on ne l’a pas cueilli sur l’arbre dans son velouté et dans sa fraîcheur de duvet. […] Mais quand il s’agit de morts déjà anciens, et dont la dépouille est à tout le monde, comment venir prétendre qu’on les possède mieux, qu’on a la tradition de leur manière et la clef de leur esprit, plutôt que le premier venu qui en parlera avec aplomb et d’un air de connaissance ? […] Encore une fois on croirait qu’il y a dans la chanson quelque chose qui vient apparemment de la musique, et qui donne à un divertissement de l’esprit la vivacité d’un plaisir des sens. […] Le jeune homme fut aussitôt saisi d’un attrait invincible ; il était venu par curiosité, il revint par amour, et se jeta à corps perdu dans cette source nouvelle de connaissances. […] Mignet un autre recueil périodique, et il vint trouver d’abord M. de Rémusat en lui disant : « Sachez que je ne ferai jamais rien sans vous demander d’en être. » Et il a tenu parole depuis en toute occasion.

1921. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Le soir vint où s’accrut la distance angulaire des deux astres. […] La valeur de ces traités est précisément qu’ils viennent après la pratique et l’élaboration du Beau. […] Les parnassiens, que ce soit entendu, vinrent à leur heure ; leur œuvre était nécessaire. […] Peut-être viendra-t-il le jour béni, où, comme au moyen âge, le poète et la foule à nouveau fraterniseront, l’un expliquant à l’autre et commentant au moyen de symboles appropriés les plus hauts problèmes de l’existence. […] C’est devant celui-là qu’il fera bon s’incliner, qui doit venir, qui viendra, — qui est déjà venu d’ailleurs, — et qui n’est pas moi.

1922. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

(Odes. — La venue du printemps.) […] Aucun nuage ne venait du côté de la mer. […] Après Chateaubriand, vient immédiatement Gustave Flaubert. […] L’Oiliade les devançait tous ; puis, venait le divin Odysseus. […] » Antoine comprend qu’ils viennent pour tuer les Ariens.

1923. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Je viens d’écrire le nom de Cléante. […] Nous venons, hélas ! […] Mais quels noms viens-je d’écrire moi-même ? […] Ouvrez le premier lexique venu. […] Il reliait les nouveaux venus à leurs anciens.

1924. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

L’analyse du parenchyme des Champignons et des graines des phanérogames vint bientôt renverser cette opinion. […] Cette sorte d’économie qu’il y aurait à utiliser la substance déjà formée et qui nous vient à l’esprit, la nature ne la connaît pas. […] La manière d’être de l’une d’elles, cependant, le sucre de saccharose (sucre de canne, de betterave), vient confirmer cette généralisation. […] Au début du développement d’un être vivant quelconque, il y a un protoplasma préexistant qui vient des parents et siège dans l’œuf. […] Néanmoins, les recherches, les hypothèses s’accumulent, et un jour viendra où la lumière sortira de ce long et pénible travail.

1925. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Pourquoi, de leur prison, sont-ils venus dans l’intérieur du palais de Gusman ? […] Voltaire trouva plaisant de nous montrer cette production singulière d’un pays d’où il vient plus de magots que de tragédies. […] Zamti, qui vient proposer à sa femme de se tuer pour la rendre veuve et lui procurer un meilleur parti que lui, est plus ridicule qu’héroïque. […] Qu’il vienne s’il veut , répondit l’implacable vieillard. […] Venez avec la mort qui marche avec l’effroi.

1926. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

C’est alors que soudain lui vint la fantaisie de jouer un bon tour à ses persécuteurs : — « Ah ! […] et d’abord, à quel poète la pensée serait-elle venue d’illustrer un roi d’Yvetot ? […] D’où vient celle-ci ? […] Songez à l’obsession d’une ligne, d’un mot qui, tous les jours, vient frapper nos yeux ! […] Il finit par toucher le septième de la recette, et parfois des gratifications supplémentaires vinrent s’ajouter à ce revenu régulier.

1927. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Il est venu un jour où ce drapeau s’est relevé ; mais il s’est relevé sans l’aigle : on n’eut point le drapeau tout entier. […] Il savait tout ce que les sages et les prudents pouvaient dire, et il se le disait même aussi ; mais le poète en lui ressentait un regret ; et quand vinrent peu à peu, et successivement, d’honorables journées militaires pour ce régime politique auquel il assistait, ce n’était pas pour lui, poète patriote, une joie entière, inspiratrice ; car ce n’était point là ce qui pouvait s’appeler une revanche en plein soleil de cette journée néfaste de laquelle il avait dit : Son nom jamais n’attristera mes vers !

1928. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

Il suffisait d’une étincelle pour mettre le feu : l’incident de la séance de vendredi 26 est venu faire l’explosion. […] Une imprudence, je ne sais quelle forfanterie, un retour d’humeur pédagogique, l’a fait remonter sans nécessité à la tribune ; il a prêté flanc en venant prêcher à satiété la moralité politique, — et le reproche d’être allé à Gand lui est venu pour réponse.

1929. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Quant à la Grèce, elle n’a qu’à se féliciter de cet oubli ; la liberté qu’elle appelle ne peut lui venir que d’elle-même ; importé d’ailleurs, ce présent, fût-il sincère, lui serait fâcheux encore. […] — Vous, mes braves, mes fils, coupes de verts rameaux, Qu’on en dresse ma couche, et courez dans la plaine Quérir un confesseur qui soulage mes maux ; Qu’il sache mes péchés ; je fus Klephte, Armatole ; Devant moi cinquante ans j’ai vu l’Albanais fuir, Sur ma tête aujourd’hui la mort tournoie et vole, Et mon heure est venue, et je m’en vais mourir.

1930. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Aussi, dans l’ouvrage dont nous parions, la scène où Pinto vient rassurer les conjurés saisis d’une terreur panique et donne le signal de l’attaque est de beaucoup la meilleure, précisément parce qu’elle est tragique : elle est tragique parce qu’elle est essentielle au sujet. […] Édouard Fournier Quand vint la guerre des Hellènes, Lemercier y apporta ses hymnes de combat ; il publia une belle et fière traduction des Chants héroïques des montagnards et matelots grecs.

1931. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Sophocle vint, qui corrigea ces mêmes défauts, qui ramena tout à l’ordre, au vraisemblable, à la décence. […] Faits tous les deux pour s’estimer & s’aimer, ils en vinrent à se porter une haine implacable.

1932. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Deshays  » pp. 134-138

Tout est beau dans le St Benoit qui près de mourir vient recevoir le viatique à l’autel, et l’acolyte qui est derrière le célébrant ; et le célébrant avec son dos voûté, et sa tête rase et penchée ; et le jeune enfant vêtu de blanc qui est à genoux et à côté du célébrant, et le second acolyte qui placé debout derrière le saint le soutient un peu, et les assistants. […] C’est un homme embrasé de l’amour de son Dieu qu’il vient recevoir à l’autel, malgré la défaillance de ses forces.

1933. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Lorsque le systême de l’Europe vient à changer, on fait un nouveau livre, et on substituë la puissance qui est devenuë redoutable à l’état à la place de celle qu’il a cessé de craindre. […] L’amour de soi-même qui se change presque toujours en amour propre immoderé à mesure que les hommes avancent en âge, les rend trop attachez à leurs interêts presens et à venir, et trop durs envers les autres, lorsqu’ils prennent leur resolution de sens rassis.

1934. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Il est des hommes qui viennent au monde avec un talent déterminé pour une certaine profession : d’autres naissent propres à differentes professions. […] Ils sont si stériles qu’après avoir long-temps copié les autres, ils en viennent enfin à se copier eux-mêmes ; et quand on sçait le tableau qu’ils ont promis, on devine la plus grande partie des figures de l’ouvrage.

1935. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

Il vient d’ajouter un vaste carreau de plus à sa mosaïque intellectuelle, et pour ceux qui aiment à étudier les diversités d’expansion des natures privilégiées, le dernier carreau ne sera ni le moins soigneusement incrusté ni le moins curieux. […] Nous le souhaitons pour notre compte, et dans l’intérêt même de l’Histoire, à laquelle nous désirons que Méry revienne parce qu’il nous semble organisé pour l’écrire ; — de l’Histoire, cette dernière occupation des grands esprits quand ils ont atteint l’apogée de leurs facultés complètement développées et mûries, cette pourpre impériale de leurs jours de force éprouvée, et que Méry vient, par son livre Sur Constantinople, de commencer à revêtir !

1936. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ii »

Le soir seulement, devant chaque bataillon réuni en carré, le colonel vint lire l’ardente proclamation du général Joffre… Nous savions à quoi nous en tenir. […] Un autre vient s’asseoir auprès de nous.

1937. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Plus de quinze cent mille protestants peuplaient le royaume, isolés dans le travail et dans l’étude, lorsque vinrent à s’exercer contre eux de nouvelles rigueurs. […] La « chasse au Réformé » commença ; l’œuvre des bourreaux vint couronner celle des faiseurs d’arrêts et les dragons firent leur entrée. […] En dépit de leur zèle à blanchir l’altier prélat, les faits eux-mêmes sont venus démontrer, dans une éclatante lumière, que Bossuet fut, en réalité le plus féroce, le plus impitoyable, et le plus cynique des inquisiteurs français. […] Rétablis par la Prusse, ils sont le plus solide appui de la puissance prussienne dans les provinces annexées… La puissance militaire de la Prusse remonte à cette époque, elle vient du développement de ce premier noyau… Une bonne partie de la classe dirigeante de la Prusse descend d’une manière directe ou par les femmes de ces réfugiés et surtout des officiers protestants. […] Une forte part de ces proscrits vient coloniser la Prusse, fonde sa puissance militaire.

1938. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

L’enfant qui venait au monde se trouvait ainsi apparenté aux livres de tous les côtés. […] Magnin, qui d’habitude avait besoin d’écrire à tête reposée, était au fond de l’imprimerie du Globe, voisine du Théâtre-Français ; nous étions venus là, plusieurs, au sortir du spectacle : on discutait, on admirait, on faisait des réserves ; il y avait, dans la joie même du triomphe, bien du mélange et quelque étonnement. […] Venu tard dans cette étude et à leur suite, je recueillais les fruits de leur labeur, et je leur en étais reconnaissant. […] Quand il en vient aux farces, à cette veine heureuse et riche de notre vieux théâtre, à cette première forme de la comédie, M.  […] Magnin, tel que je l’ai connu avant que la maladie fût venue l’affaiblir et attrister ses dernières années ; j’ai besoin de rassembler en quelques mots les impressions que m’a laissées sa personne en des saisons meilleures, et de fixer aux yeux de tous comme aux miens l’idée de sa vie, de ses mœurs, de son habitude studieuse, réfléchie, une sensible et parlante image qui ne puisse se confondre avec nulle autre.

1939. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Mais il ne faut pas cela : il ne faut pas qu’au milieu d’une émouvante lecture en cercle, un auditeur peu disposé, comme il s’en trouve, un jaloux consolé ait droit de faire entendre une remarque discordante et de susciter une discussion sèche ; il ne faut pas que l’oncle, venu là par hasard, l’oncle qui a fait autrefois de bonnes études sous l’Empire, mais qui depuis… a été dans la banque, puisse lancer sa protestation, au nom de la règle violée, à travers cette admiration affectueuse de l’aimable jeunesse ; qu’il ait lieu de jeter, pour ainsi dire, sa poignée de poussière dans cet essaim d’abeilles égayées qui se doraient au plus beau rayon. […] L’orage grondant vient battre les murs de la sainte maison dans laquelle il prolongeait sa vie de prière, et parfois de rêverie. […] Mais la nature ne suffit pas toujours ; l’ennui va venir à l’homme solitaire, et la langueur. […] Sous ce toit affaissé de terre et de verdure, Par ce chemin rampant jusqu’à la porte obscure, Venez ; plus naturel, le pauvre a ses trésors : Un cœur doux, patient, bénissant sur sa route, Qui, s’il supportait moins, bénirait moins sans doute…  Ne restez plus ainsi, ne restez pas dehors ! […] Ces pleurs, amère et vaine rosée, à la face du héros ou du poëte, répondent à merveille à ce qui vient d’être dit de l’austère sourire du Temps,   … And smiles on you with cheer sublime.

1940. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

C’est un état-major en congé qui fait bombance et ne prend plus soin des sous-officiers ; vienne un jour de bataille, personne ne marche après lui, on cherche des chefs ailleurs. […] À tout le moins, il a comme eux son amour-propre, ses goûts, ses parents, sa maîtresse, sa femme, ses familiers, tous solliciteurs intimes et prépondérants qu’il faut d’abord satisfaire ; la nation ne vient qu’ensuite  En effet, pendant cent ans, de 1672 à 1774, toutes les fois qu’il fait une guerre, c’est par pique de vanité, par intérêt de famille, par calcul d’intérêt privé, par condescendance pour une femme. […] Lancé hors de sa voie, il donne, il achète, il bâtit, il échange, il vient en aide aux gens de son monde, le tout en grand seigneur, c’est-à-dire en jetant l’argent à pleines mains. Qu’on en juge par un seul exemple : pour secourir les Guéméné faillis, il leur achète moyennant 12 500 000 livres trois terres qu’ils viennent d’acheter 4 millions ; de plus, en échange de deux domaines en Bretagne qui rapportent 33 758 livres, il leur cède la principauté de Dombes rapportant près de 70 000 livres de rente137  Lorsqu’on lira plus tard le Livre Rouge, on y trouvera 700 000 livres de pensions pour la maison de Polignac, la plupart réversibles d’un membre à l’autre, et près de deux millions de bienfaits annuels à la maison de Noailles  Le roi a oublié que toutes ses grâces sont meurtrières ; car « le courtisan qui obtient 6 000 livres de pension reçoit la taille de six villages138 ». […] « On a entendu le financier dire au citoyen : Il faut que la ferme ait des grâces à vous accorder, il faut que vous soyez obligé de venir les demander

1941. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

D’où vient donc ce soulèvement contre le nouvel historien de Napoléon Bonaparte ? […] vienne un monstre comme celui-là, qui nous secoue enfin et qui nous venge !  […] Venir se vanter aujourd’hui des conquêtes du premier empire, c’est justifier la conquête allemande. […] Il est étrange de venir nous parler ici de « mauvaise foi ». […] Son principal intérêt vient même de cette contradiction et de ce qu’on y sent d’inévitable et de fatal.

1942. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Taine, plus déguisée parce qu’on la soigne, mais infiniment plus douloureuse parce qu’elle est plus absorbante, parce que la pensée ne vient pas en arracher l’esprit. […] Mais, chez beaucoup, cette manie des longues descriptions vient soit d’une impuissance à sentir, soit d’une ignorance de la langue. […] De temps à autre quelque admirateur des « sensations rares » venait frapper chez M. de Goncourt et lui apporter ses hommages. […] Quand on venait lui demander des jugements sur les choses et les êtres, il renvoyait aux penseurs de profession, car en ce temps de division du travail, tous les écrivains ont leur spécialité. […] Or l’invention du style doit être spontanée, sous peine de ne rien valoir, les images doivent naître avec la pensée et ne point venir en étrangères et à sa suite pour la rendre pompeuse.

1943. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Non seulement on lui donne ainsi le rayonnement auquel elle a droit, mais on fait davantage ; en augmentant le nombre de ceux qui la connaissent, on éveille parmi eux des vocations dormantes, on incite les générations nouvelles au labeur ardu d’accroître la somme de nos connaissances ; on fait germer une moisson plus abondante de savants, parce que la sélection des génies à venir s’opère sur un milieu plus large et de niveau moyen plus élevé. […] Un autre jour, Buffon a fouillé du regard les entrailles de notre globe ; il a demandé aux métaux, aux rochers, aux couches du terrain comment s’est formée la planète dont nous peuplons la surface, et la géologie vient à son tour prendre rang parmi ses sœurs plus anciennes. […] Mots qui à force d’être savants deviennent barbares et sont en certains cas de vrais monstres ; tel le mot potassium, qui, semi-germanique et semi-romain, ressemble aux fabuleux centaures ; tel le mot centimètre, qui est le résultat d’un alliage imprévu entre Rome et la Grèce ; tels les mots kilomètre et myriamètre, enfants mal venus, estropiés en naissant par des accoucheurs maladroits. […] On comprend ces moqueries) quand on entend, cinquante ans après Voltaire, le bon Nodier déclarer que le mot luron vient sans doute de tra deri dera, attendu qu’on dit un joyeux luron et qu’un homme joyeux fredonne volontiers un refrain. […] Le premier savant venu vous le dira : La planète Vénus, que le poète (bévue horrible !)

1944. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Mais, il faut bien le reconnaître, c’est la charcuterie, cette spécialité de la charcuterie, qui trône sur toutes les autres mangeailles étalées ici avec un luxe de couleurs qui fait venir vraiment par trop d’eau à la bouche… Oui ! […] C’est une œuvre qui a des ancêtres, et qui vient à son heure dans la suite des temps. […] Il a débuté par des bégaiements dont je me suis un peu moqué (La Confession de Claude), mais la voix, qui manquait de justesse et de force, lui est venue. […] Ici vient se placer la description des mœurs de la charcuterie, générale et privée, et des opérations culinaires de cette attrayante industrie. […] Zola n’a pas donné non plus à son abbé Mouret le grandiose tragique qu’a parfois le prêtre qui tombe, le prêtre porte-lumière, foudroyé comme Lucifer, mais par une foudre qui vient d’en bas et qui n’est plus lancée par la main de Dieu.

1945. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

L’autre, la critique littéraire, ne doit venir qu’après. […] Mais, s’il est immérité, par hasard, et qu’un second, plus vrai, plus justifié, n’en vienne pas couvrir la chance menteuse, on fait pis que de tomber, on sombre… Le Public, désabusé, de taupe devenu lynx, et furieux d’avoir été taupe, prend une revanche cruelle, et on paie en même temps pour la réalité nouvelle et pour la vieille illusion. […] Au bruit littéraire, il s’est même ajouté un autre bruit bien plus friand que le bruit littéraire pour les amateurs… le bruit du scandale, et enfin, pour comble de friandise, le scandale est venu des scandaleux. […] Feydeau, dans ce chaos d’une sensibilité révoltée, un moraliste, pour plus tard, un moraliste qui n’était pas venu, mais qui viendrait, qui pousserait du fond de l’artiste et qui en grandirait le talent en le purifiant. […] Ernest Feydeau, est un jeune homme fatal, comme toute la race d’où il vient, qui raconte à la première personne les malheurs de sa vie jusqu’à sa mort, que M. 

1946. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Voilà pourquoi il est toujours très délicat à un critique qui a des procédés et des habitudes marquées de venir se prononcer sur la valeur absolue du procédé d’un autre critique, son contemporain et son confrère, si ce dernier a de son côté, une vue ferme, complexe mais arrêtée, et qui, s’appliquant à chaque point d’un vaste sujet, l’embrasse, le serre, le transpose même au besoin, et prétend à en tirer non seulement une impression et une image, mais une preuve et une conclusion. […] Tout le mal, en effet, et le péril de la décadence viendront-ils de là, de cette double source ? […] Et même, à ne parler qu’élégies, il ne faut pas oublier que, dans l’intervalle d’André Chénier à Musset, Byron est venu.

1947. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Sainte-Beuve, empêché par sa santé, la page suivante, qui est un hommage tout littéraire rendu au savant et à l’ami : « Messieurs, ce ne serait point à moi de venir prononcer quelques paroles en l’honneur du savant homme dont le cher et respecté souvenir nous réunit dans cette commémoration funèbre : ce serait à quelqu’un de ses vrais collègues, de ses pairs (parcs), de ses vrais témoins et juges en matière d’érudition : mais ils sont rares, ils sont absents, dispersés en ce moment ; — mais quelques-uns de ces meilleurs juges de l’érudition de Dübner sont hors de France, à Leyde, à Genève, dans les Universités étrangères ; mais Dübner en France, aussi modeste qu’utile, aussi absorbé qu’infatigable dans ses travaux, n’appartenait à aucune académie, et tandis que son illustre compatriote et devancier parmi nous, M.  […] « Bon, droit, animé de la seule ardeur des Lettres, serviable à tous, d’une obligeance inépuisable pour quiconque s’adressait à lui et le consultait, Dübner choisissait ses amis de cœur ; il en comptait peu : mais il en avait plus encore qu’on n’en voit aujourd’hui réunis et venus pour le saluer et l’honorer sur ce tombeau. […] — Je n’ai garde, on le pense bien, de venir rouvrir des débats que la mort a fermé.

1948. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Il n’en est pas ainsi de ses romans : ils ne lui sont pas venus et n’ont pas dû lui venir aussi naturellement et, pour ainsi dire, par une voie de végétation régulière et harmonieusement successive. […] La maturité vint à son génie comme à son humeur, du moins une maturité relative ; dès lors le roman s’ouvrit véritablement pour lui, non pas le roman, sans doute, pris dans le milieu de l’expérience habituelle, dans le courant ordinaire des mœurs, des passions et des faiblesses, non pas le roman familier à la plupart, mais le sien, un peu fantastique toujours, anguleux, hautain, vertical pour ainsi dire, pittoresque sur tous les bords, et à la fois sagace, railleur, désabusé : Notre-Dame de Paris put naître.

1949. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

En Grèce, en cette patrie longtemps sacrée des Homérides, lorsque l’âge des vrais grands hommes et de la beauté sévère dans l’art se fut par degrés évanoui, et qu’on en vint aux mille caprices de la grâce et d’une originalité combinée d’imitation, les poëtes se rassemblèrent à l’envi. […] Ovide avait à regretter, du fond de sa Scythie, bien des succès littéraires dont il était si vain, et auxquels il avait sacrifié peut-être les confidences indiscrètes d’où la disgrâce lui était venue. […] le proverbe ne viendra que plus tard, la contredanse est suspendue, c’est la maîtresse de la maison qui vous prie, et déjà tout un cercle de femmes élégantes vous écoute ; le moyen de s’y refuser ? 

1950. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Ronsard et ses disciples vinrent alors, qui abjurèrent le culte des antiquités nationales et les laissèrent en partage aux érudits, aux Pasquier, aux La Croix du Maine, aux Du Verdier, aux Fauchet, dont les travaux, tout estimables qu’ils sont pour le temps, fourmillent d’erreurs et attestent une extrême inexpérience. […] Mais même en poussant aussi loin qu’on voudra cette exigence scrupuleuse de La Fontaine, et en estimant, d’après un précepte de rhétorique assez faux à mon gré, que chez lui la composition était d’autant moins facile que les résultats le paraissent davantage, on n’en viendra pas pour cela à comprendre par quel enchaînement d’études secrètes, et, pour ainsi dire, par quelle série d’épreuves et d’initiations, le pauvre La Fontaine prit ses grades au Parnasse et mérita, le jour précis qu’il eut quarante et un ans, de recevoir des neuf vierges le chapeau de laurier, attribut de maître en poésie, à peu près comme on reçoit un bonnet de docteur. […] N’oublions point, toutefois, que bien des rapports d’inclinations et même de talent le liaient à Chapelle et à Chaulieu ; que, jusqu’au temps de sa conversion, il venait fréquemment deviser et boire sous les marronniers du Temple, à la même table où s’assirent plus tard Jean-Baptiste Rousseau et le jeune Voltaire ; et que ce dernier surtout, vif, brillant, frivole, puisa au sein de cette société joyeuse, où circulait l’esprit des deux Régences, certaines habitudes gauloises de licence, de malice et de gaieté, qui firent de lui, selon le mot de Chaulieu, un successeur de Villon, quoiqu’à dire vrai Voltaire n’eût peut-être jamais lu Villon, et que, pour un convive du Temple, il parlât trop lestement de La Fontaine… 196.

1951. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

En s’y reportant lui-même à son tour, en repassant sur ses anciennes traces, le maître vient d’y répandre la lumière qui est inséparable de sa plume comme de sa parole ; il n’a pu sans doute rendre à ces premiers canevas tout le développement et tout le souffle qui s’est évanoui avec l’improvisation même ; mais il a su y mettre partout la précision, la netteté, l’élégance, indépendamment de quelques riches et neuves portions dont il les a relevés ; il a su faire enfin de cette suite de volumes sérieux un sujet de vive et intéressante lecture. […] Cousin de cette philosophie première, mais on sent qu’elle a des ailes. » Elle en eut en effet dès sa naissance ; dans ce premier Discours d’ouverture du 7 décembre 1815, où Reid très-amplifié apparaît comme un grand régénérateur et comme celui qui est venu mettre fin au règne de Descartes, dans ce Discours où éclatent à tout instant une parole et un souffle plus larges que la méthode même qui y est proclamée, on croit entendre encore les applaudissements qui durent saluer cette péroraison pathétique par laquelle, au lendemain des Cent-Jours et avant l’expiration de cette brûlante année, le métaphysicien ému se laissait aller à adjurer la jeunesse d’alors : « C’est à ceux de vous dont l’âge se rapproche du mien que j’ose m’adresser en ce moment ; à vous qui formerez la génération qui s’avance ; à vous l’unique soutien, la dernière espérance de notre cher et malheureux pays. […] il peut laisser courir son expression de chaque jour, aucune ambiguïté suspecte ne viendra s’y mêler : en parlant sa langue forte et saine, il ne fait que parler celle de sa maison ( gentilitium hoc illi , disait Pline le Jeune).

1952. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

L’Irlande le sait ; O’Connell ne s’en flatte guère ; mais il hésite encore : l’heure est-elle bien venue ? […] L’âge, la maturité et le triomphe aussi y aidant, j’ai tout espoir que ces tempéraments viendront d’eux-mêmes. […] Fourier a eu un grand tort envers eux : c’est de n’avoir pas su se faire assez petit pour se mettre à leur taille. » Mais ce qui m’a le plus scandalisé, je l’avoue, ce sont ces phrases blasphématoires sur les maximes libérales de Fénelon : « Je viens d’appuyer la thèse par un aperçu des sottises dogmatiques du Télémaque ; le bonhomme Fénelon ne se doutait pas des résultats qu’aurait, en 1789, sa doctrine essayée en France. » Pour nous, nous n’imiterons pas en cela M. 

1953. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Le premier venu peut décrire un paysage, dire si le ciel est bleu, les arbres verts, et quels arbres, s’il y a à droite un chemin, à gauche une colline. […] Ce ne sera pas le désert, je le veux ; ce sera votre rêve du désert : et la vie n’est-elle pas souvent dominée par les visions charmantes du pays où l’on n’est pas allé, du temps qui ne viendra jamais ? […] Le suisse des Cherbatzky savait tout, bien certainement ; cela se voyait à son regard souriant, à la façon dont il dit : « Il y a longtemps que vous n’êtes venu, Constantin Dmitritch ! 

1954. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Il se cache après Waterloo ; il écrit à Mme de Timey : « Venez et fuyons ensemble. » Elle hésite et répond : « Non. » Seconde lettre de Wolfgang : « Puisque vous ne voulez pas fuir avec moi, vous ne m’aimez plus, et je me constitue prisonnier. » Et, quoique le roi lui ait accordé spontanément sa grâce, il se tue dans sa prison. […] On verra aussi que ce grand débauché garda pendant vingt ans une mulâtresse, Jeanne Duval, qui le trompa de toutes les façons ; que, lorsqu’elle fut, jeune encore, frappée de paralysie, il la fît entrer à ses frais à l’hospice Dubois ; que, lorsqu’elle en voulut sortir avant sa guérison, il revint habiter avec elle, et qu’il ne cessa de lui venir en aide, même après qu’il eut fixé sa résidence en Belgique, malgré l’extrême gêne à laquelle il était lui-même réduit. […] Une réflexion ne vous vient-elle pas ?

1955. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Le premier amant vient la trouver ; il veut la reprendre ; il veut la tuer, il la meurtrit de coups de poing, puis s’affale en sanglotant, tandis qu’elle s’échappe le sourire aux lèvres. […] Cela vient peut-être de ce que l’auteur parle presque toujours pour eux. […] Une saveur amère et forte est venue s’ajouter aux derniers livres de M. 

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