Il doit tomber toujours d’un principe, d’une idée, d’une vérité. Quel est le principe, quelle est l’idée, quelle est la vérité de Dumas ?
Mais la vérité est que nous apercevons ce moi toutes les fois que, par un vigoureux effort de réflexion, nous détachons les yeux de l’ombre qui nous suit pour rentrer en nous-mêmes. La vérité est que si nous vivons et agissons le plus souvent extérieurement à notre propre personne, dans l’espace plutôt que dans la durée, et si, par là, nous donnons prise à la loi de causalité qui enchaîne les mêmes effets aux mêmes causes, nous pouvons cependant toujours nous replacer dans la pure durée, dont les moments sont intérieurs et hétérogènes les uns aux autres, et où une cause ne saurait reproduire son effet, puisqu’elle ne se reproduira jamais elle-même.
« La retraite ou la vérité pouvait certes lui coûter la vie ; mais à quoi sert donc la philosophie, si ce n’est dans les moments périlleux ? […] Celui qui dîne et soupe du mensonge n’aime pas celui qui prêche la vérité. […] « Mais l’instituteur ne devait-il pas la vérité à son élève ? […] La dignité, l’esprit, le sentiment même, et l’air de vérité qui règnent dans ce discours, font frissonner. […] Faut-il que, pour flatter mon oreille, tu blesses la vérité, et que, pour être harmonieux, tu deviennes calomniateur ?
Sully Prudhomme est uniquement épris de la vérité, il la cherche avec cette passion généreuse qui lui a dicté la Justice.
Est-ce par des antitheses pénibles, des phrases sententieuses, des détails apprêtés, des tableaux enluminés, des apostrophes de commande, qu’on fera rougir le vice, aimer la vertu, & respecter les vérités de la Religion ?
Malgré cela, si l’on fait attention à la vérité, à l’intérêt, à la noblesse des caracteres, on sera plus indulgent à l’égard de l’Auteur ; on lui fera même grace en faveur des sentimens qu’il déploie & du coloris qu’il leur donne.
Huet, Evêque d’Avranches, c’est au beau sexe qu’il faut en attribuer l’honneur ; & voici les preuves qu’il en donne : « Madame de la Fayette négligea si fort la gloire qu’elle méritoit, qu’elle laissa sa Zaïde paroître sous le nom de Segrais ; mais lorsque j’eus rapporté cette anecdote, quelques amis de Segrais, qui ne savoient pas la vérité, se plaignirent de ce trait, comme d’un outrage fait à sa mémoire.
Rech. de la Vérité, l. 2, part. 3, chap. 5.
Il s’avança sur les bords du Théatre, & parla ainsi au Parterre : « Messieurs, il me revient de tous côtés qu’on trouve que le principal caractere de la Piece, que vous venez de voir, n’est point dans la vraisemblance qu’exige le Théatre ; tout ce que je puis avoir l’honneur de vous assurer, c’est qu’il m’a fallu diminuer beaucoup de la vérité, pour le rendre tel que je l’ai représenté ».
Les temps redevenant plus rudes, l’orage et le bruit de la rue forçant chacun de grossir sa voix, et, en même temps, une expérience récente rendant plus vif à chaque esprit le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, j’ai cru qu’il y avait moyen d’oser plus, sans manquer aux convenances, et de dire enfin nettement ce qui me semblait la vérité sur les ouvrages et sur les auteurs.
À la vérité, les deux scènes ne se peuvent comparer, ni pour la composition, ni pour la force du dessin, ni pour la beauté de la poésie ; mais le triomphe du christianisme n’en sera que plus grand, puisque lui seul, par le charme de ses souvenirs, peut lutter contre tout le génie d’Homère.
Ainsi, après avoir balancé les avantages et les désavantages de l’histoire ancienne et moderne, il est temps de rappeler au lecteur que si les historiens de l’antiquité sont en général supérieurs aux nôtres, cette vérité souffre toutefois de grandes exceptions.
Quelles précieuses, quelles miraculeuses vérités de nature dans toutes ces parties !
Cochin plusieurs dessins allégoriques, sur les règnes des rois de France . j’aime Cochin ; mais j’aime encore plus la vérité.
Aglaé signifie splendeur, qu’il faut entendre pour celle grâce d’entendement qui consiste au lustre de vérité et de vertu. […] Ces menues particularités, jetées en passant, donnent au récit un air parfait de vérité. […] Lycidas, en répondant, le loue d’abord de sa modestie, et il le fait en d’expressives images : « Cette houlette, dit-il en montrant le bâton qu’il tient à la main, je te la donnerai en présent, parce que tu es une pure tige de Jupiter, toute façonnée pour la vérité. […] « Et m’ayant regardée, l’homme sans tendresse fixa ses regards à terre, il s’assit sur le lit et là il dit cette parole… » Arrêtons-nous, reposons-nous un instant ici après de si fortes images : tel apparaît l’antique quand on l’envisage sans aucun fard et dans toute sa vérité : J’ai parlé du tableau de Stratonice ; chez Théocrite c’est la femme, c’est la Stratonice qui se sent atteinte du mal d’Antiochus ; c’est elle qui reste gisante sur ce lit, elle qu’une sueur glacée inonde, et qui fait ce mouvement convulsif lorsqu’elle a vu entrer l’objet pour qui elle se meurt. […] Et Chateaubriand, qui n’a cessé d’avoir le grand culte présent, a dit en s’adressant à un ami qu’il voulait enflammer : « C’est une vérité indubitable qu’il n’y a qu’un seul talent dans le monde : vous le possédez cet art qui s’assied sur les ruines des empires, et qui seul sort tout entier du vaste tombeau qui dévore les peuples et les temps. » On aime à entendre à travers les âges ces échos qui se répondent et qui attestent que tout l’héritage n’a pas péri.
C’est une dame en miniature ; elle le sait, elle est toute à son rôle, sans effort ni gêne, à force d’habitude ; l’enseignement unique et perpétuel est celui du maintien ; on peut dire avec vérité qu’en ce siècle la cheville ouvrière de l’éducation est le maître à danser256. […] madame, répondit le duc de Nivernais, quand le roi a dit cela, il vous regardait ». — « Mon cher Fontenelle », lui disait une de ses amies en lui mettant la main sur le cœur, « c’est aussi de la cervelle que vous ayez là. » Fontenelle souriait et ne disait pas non : voilà comment, même à un académicien, on faisait avaler ses vérités, une goutte d’acide dans un bonbon, le tout si bien fondu que la saveur piquante ne faisait que relever la saveur sucrée. […] Mme de Pompadour est musicienne, actrice, peintre et graveur ; Madame Adélaïde apprend l’horlogerie et joue de tous les instruments, depuis le cor jusqu’à la guimbarde, pas très bien, à la vérité, à peu près comme la reine, dont la jolie voix n’est qu’à demi juste. […] Lauwrence, Qu’en dit l’abbé Watteau, le premier en date et en talent, transpose ces mœurs, et les peint d’autant mieux qu’il les rend plus poétiques. — Relire entre autres : Marianne, par Marivaux ; la Vérité dans le vin, par Collé ; le Coin du feu, la Nuit et le Moment, par Crébillon fils, et, dans la Correspondance inédite de Mme du Deffand, deux lettres charmantes, l’une de l’abbé Barthélemy, l’autre du chevalier de Boufflers (I, 258, 341). […] Bachaumont, III, 343 (23 février 1768) et III, 232 ; IV, 174 Journal de Collé, passim. — Collé, Laujon, Poinsinet sont les principaux fournisseurs de ces parades ; la seule bonne est la Vérité dans le vin.
Cependant il m’était tombé par aventure sous la main une page ou deux de Balzac, où l’énergie de la vérité et la grandeur de l’accent m’avaient ému fortement. […] Je pris la parole après lui ; Girardin, qui n’a jamais eu de radicalisme contre la clémence, nous appuya ; Hugo lui-même, il faut le dire, soutint en termes très éloquents que la vérité et le génie ne devaient se défendre que par leur innocence. […] Ce matérialisme des lignes nuisait à la vérité et à la ressemblance. […] « Les amis de Balzac reconnaîtront la vérité de ces lignes, que ceux qui ne l’auront pas connu pourront taxer d’exagération. » IX Étudions l’homme dans sa vie : Il était né à Tours en 1799. […] Il avait eu, au milieu de beaucoup de chimères, un rare bon sens, celui de réduire son ambition politique à sa juste valeur et de renoncer de bonne heure à cet axiome faux : « J’ajouterai peut-être le titre de grand citoyen au titre d’homme littéraire. » Il avait espéré un moment que l’estime de ses compatriotes le porterait à la députation : il n’en fut rien ; on reconnut promptement que son éloquence, toute de cœur, ne convenait pas au régime parlementaire, qui vit de parti et non de vérité.
Malheureusement, je ne puis qu’indiquer assez vaguement la chose ; mais j’affirme l’absolue vérité de ce que j’avance73. […] Mais cette antique figure de Tristan, le dieu ou le porcher, était si imposante de simplicité et de vérité, que les futiles adjonctions qu’elle subit ne parvinrent jamais à la rendre entièrement méconnaissable. […] Il y aurait simplement à remonter à la fable druidique, à bien en saisir le fond, qui seul est l’expression d’une vérité transcendante, et à le revêtir de l’appareil légendaire qui nous est familier, en le débarrassant des trivialités et des malentendus. […] Mais cette définition contiendrait une large part de vérité. […] Schopenhauer y voyait contenue la grande vérité« du besoin de la délivrance de l’exister et l’assouvissement de ce besoin par la négation du vouloir (IV, 733). » « C’est en concordance avec ce principe que, dans l’Évangile Chrétien, la sainteté de la souffrance nous est démontrée, et que la Croix, ce chef-d’œuvre de souffrance, est le symbole primordial de la religion chrétienne. » Wagner (1880) : « Un être a pris pour lui le péché énorme de tout ce qui existe (entendre ici par péché ce que dit Calderon : le plus grand péché de l’homme est d’être né) ; il l’a expié par sa mort.
Quant aux quelques livres de critique émanés de poètes du « Symbolisme » recueils sans liens de composition d’Articles parus à divers moments, ils n’ont vraiment une plus grande valeur, et l’étude sérieuse, l’impartialité et la vérité historique ne sont guère leur caractéristique. […] C’est dans la Légende, ressuscitée ou créée par son esprit touchant à l’essence des choses et du verbe, qu’il a su enclore l’émotivité d’éternelles vérités, sentiments et idées. […] Car, si elle éclate à un cri éperdu de possession, elle ne peut ainsi posséder la vérité essentielle de l’univers que par Fragments, seulement. […] Figuration excellente en ce sens qu’elle dénonce la vérité de l’évolution de la Matière et des êtres animés, d’accord avec les théories évolutionnistes mais la « spirale », si elle rend compte du mouvement d’expansion, ne laisse pas entendre en même temps le mouvement de condensation qui en est la suite nécessaire, qu’on ne saurait nier dans l’ordre naturel, ni anthropologique. […] je sais mesurer la distance du rêve à la réalisation, mais — si je ne crains d’assumer la charge qu’ainsi d’aucuns m’imposent, que je m’imposai passionnément à moi-même pour retendre mon effort, à l’heure où, la première Partie de mon œuvre republiée avec corrections, je me remets à la continuation de la seconde, découverte et émoi des vérités naturelles sous les Mythes premiers de l’Humanité, et à la méditation de la dernière et ses Synthèses.
À la vérité, la couardise de certains juges, seule, put les décider à parler ainsi d’une bouleversante liberté, de ses miracles. […] Sous couleur de civilisation, sous prétexte de progrès, on est parvenu à bannir de l’esprit tout ce qui se peut taxer à tort ou à raison de superstition, de chimère, à proscrire tout mode de recherche de la vérité qui n’est pas conforme à l’usage. […] « Une folle qui se plaît à faire la folle » dit Malebranche, dans De la recherche de la vérité. […] Se suicident ceux-là qui n’ont point la quasi universelle lâcheté de lutter contre certaine sensation d’âme si intense qu’il la faut bien prendre, jusqu’à nouvel ordre, pour une sensation de vérité. […]/ J’ai voulu ouvrir la porte et n’ai pas osé. […] Il s’agit bien ici de contester l’idée de « crise de l’esprit » brandie contre les avant-gardes qui ont érigé en valeurs l’émotion et la sensation, non sans se réserver le droit de libre examen des vérités reçues .
Je dus aussi démontrer que le fondement des meilleurs ouvrages était la vérité, et il devenait périlleux de la dire. […] Si quelques-uns de mes auditeurs se souviennent de mes développements des deux genres dramatiques, ils sont convaincus de cette vérité. […] Cela prouve que la dignité convenable à l’histoire n’est pas suffisante à l’épopée, et qu’elle n’atteint pas au but qu’elle se propose, quand elle ne produit pas un effet supérieur à celui de la vérité même. […] Entre les excès dans lesquels il se jeta, je vous demande si vous apercevez ce juste milieu où se tient le raisonnable et le vrai : sont-ce les idées de ce professeur que je dois préférer à la force de la vérité ? […] Cette fiction, inspirée par la vérité même, égale, je crois, en majesté celle qu’inspira l’erreur aux disciples du vagabond Phébus, et s’accorde mieux à nos opinions sur la stabilité du soleil.
Réciproquement, les romans de chevalerie, par leur pureté idéale, donnent très exactement le contraire de la vérité. […] A la vérité, l’âge mûr n’est pas toujours celui où l’homme prête l’oreille à l’intérêt. […] A la vérité, il essaye ensuite de pallier cette contradiction, mais sans y réussir. […] Heureusement la vérité ne perd jamais ses droits et reparaît toujours. […] Mais, à la vérité, il est difficile d’assigner quelle est, dans l’émotion musicale, la part de l’âme, la part des sens.
Sans doute David Copperfield, son meilleur roman, a bien l’air d’une confidence ; mais à quel point cesse la confidence, et dans quelle mesure la fiction orne-t-elle la vérité ? […] Mais les images restent nettes ; dans cette folie, il n’y a ni vague ni désordre ; les objets imaginaires sont dessinés avec des contours aussi précis et des détails aussi nombreux que les objets réels, et le rêve vaut la vérité. […] Stephen dit cela sans colère, doucement, simplement, comme la vérité. […] Il les a considérées comme des forces, et, jugeant que la force est belle, il les a soutenues de leurs causes, entourées de leurs circonstances, développées dans leurs effets, poussées à l’extrême, et agrandies jusqu’à en faire des monstres sublimes, plus systématiques et plus vrais que la vérité. […] Il semblera planer au-dessus du monde, dans la région des idées pures, au sein de la vérité.
La vérité est, selon nous, qu’il est excellent de pouvoir dire, comme en français, tantôt un cheval noir, tantôt un noir cheval, ou, pour prendre un autre exemple de Spencer, tantôt : la Diane d’Ephèse est grande, ou Grande est la Diane d’Ephèse. […] Pour appliquer les premières sortes de lois, qui aboutissent au style rationnel, exact et correct, le talent suffit ; pour appliquer les autres, qui aboutissent au style vivant, sympathique et poétique, il faut le génie créateur II — L’image Un des éléments essentiels du style poétique, en vers ou en prose, c’est l’image. « Le don de la poésie, a-t-on dit, n’est autre que celui de parler par images, ainsi que la nature. » — S’il est vrai que toute bonne comparaison donne à l’esprit l’avantage de voir deux vérités à la fois, la poésie est une comparaison perpétuelle, une métaphore perpétuelle, qui n’a pas seulement pour but de nous faire voir à la fois deux vérités, mais de nous faire éprouver à la fois deux sensations, ou deux sentiments, ou un sentiment par le moyen de la sensation, ou une sensation par le moyen du sentiment. […] Les moyens employés sont : 1° la suppression de tout ce qui est inutile et banal : « à tout l’univers, admirable, grand et éclatant, les yeux de l’esprit, etc. » ; — 2° une antithèse — non pas artificielle, mais tirée du fond même de l’idée — entre les deux premiers membres de la phrase, qui s’opposent mot pour mot : les yeux et les esprits, les batailles données pour la vanité ou pour les yeux et les inventions sérieuses comme la vérité même ; 3° la chute de la dernière phrase, dont la brièveté et la simplicité fait mieux ressortir la force de l’image. […] Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. […] Renan fait un si grand éloge.Ce serait le style vraiment fort d’une littérature de vérité, un style exempt du jargon à la mode, prenant une solidité et une largeur classiques.
La vérité est que ces états anormaux, leur ressemblance et parfois sans doute aussi leur participation à des états morbides, se comprendront sans peine si l’on pense au bouleversement qu’est le passage du statique au dynamique, du clos à l’ouvert, de la vie habituelle à la vie mystique. […] Il a senti la vérité couler en lui de sa source comme une force agissante. […] Il y a une vulgarisation noble, qui respecte les contours de la vérité scientifique, et qui permet à des esprits simplement cultivés de se la représenter en gros jusqu’au jour où un effort supérieur leur en découvrira le détail et surtout leur en fera pénétrer profondément la signification. […] Nous parlions jadis de ces « lignes de faits » dont chacune ne fournit que la direction de la vérité parce qu’elle ne va pas assez loin : en prolongeant deux d’entre elles jusqu’au point où elles se coupent, on arrivera pourtant à la vérité même. […] Mais la vérité est tout autre, et nous sommes réellement, quoique par des parties de nous-mêmes qui varient sans cesse et où ne siègent que des actions virtuelles, dans tout ce que nous percevons.
Stoltz, est d’une grâce maligne, pleine de vérité.
Bref, la science sera en possession de vérités qui, rendant plus intelligible la façon dont le passé s’est déroulé, rendront par-là plus facile l’art de prévoir et de créer l’avenir.
Les Chrysostôme, les Augustin, les Cyrille, les Athanase, les Huet, les Abadie, les Bossuet, les Fénélon, les Bourdaloue, les Massillon, un millier d’autres s’en tenoient à quelque chose de fixe, & leur maniere de raisonner supposoit la vérité dans leur esprit, comme elle en communique la conviction à leur Lecteur.
En voyant cet Auteur remonter à la source de tous les systêmes, développer la progression des idées humaines, produire, si l’on peut s’exprimer de la sorte, la généalogie des vérités & des erreurs, on ne peut s’empêcher de convenir que la Philosophie moderne n’a fait que répéter ce qui avoit été dit & redit dans tous les siecles & presque chez tous les peuples.
& mille autres gentillesses qui répandent, à la vérité, beaucoup d’agrément sur son Ouvrage, mais que les honnêtes gens ne goûtent plus, depuis qu’ils se sont détachés de la Philosophie.
Santeuil convenoit lui-même de la vérité de ce reproche, & se corrigea.
En effet, en sacrifiant à l’esprit, il n’a jamais méconnu les regles ; il leur a même rendu hommage dans plusieurs endroits de ses Ouvrages, où il reproche au Siecle avec autant d’agrément que de vérité, les caprices qui le dégoûtent des bonnes choses, pour le faire courir après les Productions médiocres & puériles.
Mais, comme les nations infidèles ont toujours mêlé leur fausse religion (et par conséquent leur mauvais goût) à leurs ouvrages, ce n’est que sous le christianisme qu’on a su peindre la nature dans sa vérité.
Vérités fondamentales : 1º Les sujets antiques sont restés sous la main des peintres modernes : ainsi, avec les scènes mythologiques, ils ont de plus les scènes chrétiennes.
Ce morceau pour le caractère noble et voluptueux de la femme, la vérité des chairs et l’effet, est digne de Carle Vanloo, lorsqu’il ne s’était pas fait une couleur outrée.
Combien de vérité sur ces côtes !
Il y a d’ailleurs une forte part de vérité dans cette opinion ; car s’il est relativement aisé de se maintenir dans le cadre social, encore a-t-il fallu s’y insérer, et l’insertion exige un effort. […] Mais une philosophie morale qui ne met pas l’accent sur cette distinction est à côté de la vérité ; ses analyses en seront nécessairement faussées. […] La vérité est qu’il faut passer ici par l’héroïsme pour arriver à l’amour. […] La religion exprime cette vérité à sa manière en disant que c’est en Dieu que nous aimons les autres hommes. […] Mais la vérité est qu’un tel fondement serait bien peu solide, et que l’obligation préexistait dans toute sa force : l’intelligence a simplement fait obstacle à un obstacle qui venait d’elle.
Si la superstition pieuse et traditionnelle dont on entoure l’institution laissait dire la vérité vraie sur les choses, quel compte elle aurait à régler ! […] Mais on n’est jamais qu’à moitié véridique, et la moitié de vérité de l’homme, la moitié de vérité de la femme, ne coïncident pas toujours. […] Leur loi est de s’arrondir sous le souffle de l’espérance, et de se tisser en globe avec un grain de vérité, développé en tout sens par la fantaisie et l’illusion. […] Ne discutons pas la mesure dans laquelle ce mot répond encore à la vérité. […] Cela, à la vérité, M.
C’est un philosophe, ou plutôt un sage ; c’est un stoïcien aimable et sensible, c’est en même temps un investigateur sérieux et curieux de toute vérité. […] Nous pensons seulement que la vérité consacrée par le pouvoir doit avoir moins d’ennemis que la vérité de pure spéculation ; car, pour un assez grand nombre d’hommes, l’autorité des faits représente suffisamment celle de la raison. […] Je dirai plus et sans excéder en rien la plus exacte vérité : Manzoni ne se peut bien connaître à fond que par Fauriel ; celui-ci est l’introducteur direct, secret et presque nécessaire, à l’étude de l’excellent poëte. […] Le divin Parini, comme il l’appelait quelquefois, fut son premier maître ; mais, en avançant, son vers tendit de plus en plus à se dégager de toute imitation prochaine, à se retremper directement dans la vérité et la nature. […] On voit que l’auteur de cet extrait avait commencé avec le désir de n’être pas trop sévère et de ne pas blesser l’auteur, et qu’il a été graduellement emporté par la force de la vérité et par l’amour de la philosophie et dela République.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
De la taille des plus hauts entre les écrivains de premier ordre, il a parfois sur eux ce quasi avantage et cette presque infériorité de se voir compris, mal, à la vérité, dans la plupart des cas, et c’est heureux et honorable, par des lecteurs d’ordinaire rebelles à telles œuvres de valeur exceptionnelle en art et en philosophie.
Ce qu’il a vu, il le peint avec une adorable vérité d’observation.