Les scènes, même gâtées de Shakespeare, mais appropriées en gros à un public qui ne savait rien de l’original et qui s’était accoutumé à croire que Ducis l’embellissait, donnaient à ce genre bâtard de tragédie un intérêt extraordinaire, et le jeu de Talma sut l’élever vers la fin jusqu’aux apparences de la beauté. […] Et à Bernardin de Saint-Pierre, il exprime la même idée par une autre image : Je ne sais plus trop quand je reviendrai à Paris. […] Je ne saurais indiquer aucun de ces morceaux qui fasse plaisir d’un bout à l’autre. […] je n’en sais trop rien, mais cela est ainsi. » Eh bien ! […] Ô Poésie française, me suis-je dit bien des fois en lisant Ducis, que tu es femme du monde, volontiers capricieuse et infidèle, et que tu sais aisément trahir ceux qui t’aiment !
Or on sait qu’en psychologie un désir9 est considéré comme l’expression consciente d’une aptitude développée, et demandant à se manifester, d’une force de l’organisme contenue et apte à être mise on jeu. […] Or on sait que l’esprit, le moi de tout homme, est constitué, comme le montre notamment M. […] La constitution d’un esprit ne saurait être décrite nettement qu’en termes de psychologie scientifique. Il ne sert à rien de savoir que tel artiste était ambitieux, amer et bas, que tel autre a une âme d’homme d’affaires, que Stendhal, par exemple, est un homme tendre, cosmopolite, philosophe sensualiste. […] On sait aujourd’hui, grâce aux belles systématisations de Spencer, Wundt, Taine, Bain, Maudsley, ce qu’est un esprit humain, quelles sont ses parties et de quelle façon elles coopèrent.
Bacon a parfaitement vu et signalé l’importance d’un fait qui se présente accidentellement à l’observateur, et qui est comme la première piste que la sagacité du savant doit savoir poursuivre. […] On sait que c’est en laissant tomber par terre un minéral, qui se brisa, que l’abbé Haüy découvrit la propriété du clivage chez les minéraux, d’où il déduisit toutes les lois de la cristallographie. […] On sait l’importance qu’ont prise les faits limitrophes en anatomie comparée. […] Je ne veux pas prolonger ce débat, qui après tout ne se présente ici qu’incidemment, et je sais que M. […] On sait combien le xviiie siècle s’est élevé contre l’usage des hypothèses ; on sait que dans l’école de Bacon il n’y avait en quelque sorte qu’un cri contre ce genre de procédés.
Je ne prononce pas, je m’enquiers ; dans un quart d’heure, ce serait une expérience faite et je saurais à quoi m’en tenir. […] Il faut savoir qu’à quatre pieds, ceux-ci seize fois plus rares, ou répandus sur un espace seize fois plus grand, doivent éclairer seize fois moins. […] De près on ne sait ce qu’on voit, tout semble gâché ; de loin, tout a son effet et paraît fini. Il faut être un graveur de la première force, pour graver d’après le genre heurté : comme presque tout y est indécis de près, le graveur ne sait où prendre son trait. […] Je ne sais ce que c’est, à moins que ce ne soit cet homme debout qui fait une vilaine petite grimace hideuse, comme s’il éventait au loin quelque odeur déplaisante.
Le jeu connu, reste à savoir si vous saurez jouer ; ceci ne nous regarde plus. […] Ce qui signifie : « Nous sommes assez à le savoir. […] Je ne sais au juste ce que M. […] Je voudrais bien savoir qui il est. […] Il s’agit tout simplement de savoir si ce qu’on enseigne est bon, raisonnable, pratique, suffisant ; le nom et les œuvres importent peu.
Un seul point inquiétait encore l’observateur : c’était de savoir si la condition des femmes chez ces peuples est aussi inférieure qu’on le dit, et si elles y sont entièrement soumises et subordonnées à l’homme. […] Le Play, ayant questionné son truchement, sut de lui qu’elle venait se plaindre en termes amers de ce que son mari depuis quelques jours faisait le fainéant, s’amusait à causer, à baguenauder avec un étranger ; de ce que le travail des champs était en souffrance et que les foins ne se faisaient pas. […] La manière dont il le raconte de vive voix est bien autrement circonstanciée et curieuse ; et en général, sur tous ces pays qu’il a vus et sur les singularités de mœurs, je ne sais rien de plus intéressant que sa conversation. […] L’on sait, jusque dans la mêlée du combat, observer l’honneur littéraire, les délicatesses du métier. […] Ce qu’il a dû éprouver (et je n’en excepte aucun) de rebuts, d’ennuis, de mortifications d’amour-propre, de piqûres à découvert ou d’affronts secrets, il le sait plus qu’il ne le dit, car c’est un gueux fier.
Que le public qui voit les injures sache du moins à quel prix on les a méritées. […] On sait bien ce qu’est un poëte dans ses livres ou dans le monde, et même dans l’intimité ; on ne sait pas, on ne peut savoir ni soupçonner, à moins de l’avoir vu de près, ce que c’est qu’un poëte dans un journal, dans une Revue. […] Il y a, voyez-vous, dans ces haines de poëtes à critiques, une finesse, une qualité d’acrimonie, dont les querelles et les animosités politiques, j’y insiste, ne sauraient donner aucune idée. […] La haine d’un sot livre fut, on le sait, la première et la plus chaude verve de Boileau. […] Sût-on d’ailleurs faire revivre, par impossible, et ressaisir quelques-unes des finesses discrètes et des grâces qu’il représente, on peut grandement douter que l’emploi en fût applicable dans des jours aussi rudes que les nôtres, et quand le siècle de fer de la presse est véritablement déchaîné.
On ne sait si Jésus lutta contre cette objection. […] Que jamais Jésus n’ait songé à se faire passer pour une incarnation de Dieu lui-même, c’est ce dont on ne saurait douter. […] Nous ne savons sous quelle forme ni dans quelle mesure ces affirmations se produisaient. […] Mais celui qui prend l’humanité avec ses illusions et cherche à agir sur elle et avec elle, ne saurait être blâmé. César savait fort bien qu’il n’était pas fils de Vénus ; la France ne serait pas ce qu’elle est si l’on n’avait cru mille ans à la sainte ampoule de Reims.
Je sais les difficultés d’en parler convenablement : le temps des illusions et des complaisances est passé ; il faut absolument dire des vérités, et cela peut sembler cruel, tant le moment est bien choisi. […] Il faut pourtant qu’indépendamment de l’éducation il ait manqué quelque chose encore à cette nature et à cet esprit d’ailleurs si doué ; car, lorsqu’une qualité un peu forte existe en nous, elle sait très bien se produire tôt ou tard, et se passer après tout de l’éducation. […] Cette rhétorique, qu’on ne saurait plus confondre avec la poésie sans profaner ce dernier nom, se marque par une singulière habitude et comme par un tic qui finit par devenir fatigant. […] Ceux surtout qui savent ses vers par cœur (et le nombre en est grand parmi les hommes de notre âge) en retrouvent, non sans regret, des lambeaux entiers étendus et comme noyés dans sa prose. […] On ne sait où est le vrai, où est le faux ; vous ne le savez vous-même ; ce faux et ce vrai se mêlent à votre insu sous votre plume et se confondent.
Qui sait ? […] Coligny, le protestant d’action, au xvie siècle, — et on sait à quoi l’action condamne les hommes les plus purs et les mieux intentionnés, qui en ont le génie, — Coligny, enfoncé dans les faits tumultueux et sanglants de son siècle, est nécessairement au-dessous, aux yeux d’un philosophe comme M. Dargaud, de ce Michel de l’Hôpital qui était, lui, l’homme de l’avenir, et le philosophe religieux des temps très religieux, comme vous savez, que nous voyons ! […] Ce sont là des idées modernes appliquées rétrospectivement et plus ou moins témérairement à l’histoire, Je ne sais pas si Michel de l’Hôpital eut conscience pleine et volonté entière de la liberté religieuse, telle que l’entendent et que la veulent les philosophes du xixe siècle, par la seule raison qu’il rédigea le fameux Édit de tolérance qui fut, jusqu’à l’édit de Nantes, le manifeste sans cesse repris des protestants et le prétexte de leurs rébellions obstinées, mais ce que je crois savoir, c’est qu’on n’est pas au-dessus de tous les partis parce qu’on se met entre tous les partis, et ce que je sais certainement, c’est que le portrait de cet homme de juste-milieu, de cette espèce de La Fayette en toge au xvie siècle a pris, sous le pinceau de M. […] Qui ne sait les faiblesses d’imagination du plus grand génie de notre temps pour Catherine de Médicis ?
je sais ce que vous allez dire ; vous séparez l’attention de la sensation, vous restituez quelque degré d’activité à l’âme. […] Sans l’infini, point de fini ; car le fini n’étant fini que par quelque autre fini, ne saurait se soutenir par lui-même. […] Au milieu de ces analyses se glissaient de petites phrases un peu malicieuses, railleries à peine indiquées et aussitôt réprimées, si légères que les gens qu’elles effleuraient devaient eux-mêmes sourire, et lui savoir bon gré de les avoir repris. […] Il les ramène à leur origine, et note les légères différences qui les séparent ; il marque soigneusement le sens des mots et les nuances des expressions ; il enseigne aux gens le français qu’ils croient avoir appris, et la logique qu’ils pensent savoir de naissance. […] Je ne sais si depuis Fontenelle la science avait eu tant de souplesse et tant d’esprit.
Alfred de Musset, comme plus d’un des personnages qu’il a peints et montrés en action, s’était dit qu’il fallait tout voir, tout savoir, et, pour être l’artiste qu’il voulait être, avoir plongé au fond de tout. […] Après les jeux de la passion que devinait cette enfance, elle-même pourtant elle vint, la passion en personne : nous le savons ; elle éclaira un moment ce génie si bien fait pour elle, elle le ravagea. […] Le succès qu’obtint à la Comédie-Française cette jolie chose poétique prouva qu’il y avait lieu encore, dans le public, à de l’émotion littéraire délicate quand on la savait éveiller. […] Comme un soldat téméraire, il ne sut pas d’avance préparer la seconde moitié du voyage ; il eût dédaigné d’accepter ce qu’on appelle sagesse et qui lui semblait la diminution graduelle de la vie. […] Lui, il n’a su que haïr la vie, du moment, pour parler son langage, qu'elle n’était plus la jeunesse sacrée.
Ces faits enfoncent dans l’esprit de l’auditeur la vérité à laquelle l’orateur s’attache, bien mieux que ne sauraient faire les plus hyperboliques épithètes. […] Mais qui connaîtra la force de cc mot la jeunesse, qui saura les entraînements et les passions de cet âge, celui-là seul pourra juger le mérite du renoncement. […] Évidemment ils savaient tout. […] Le suisse des Cherbatzky savait tout, bien certainement ; cela se voyait à son regard souriant, à la façon dont il dit : « Il y a longtemps que vous n’êtes venu, Constantin Dmitritch ! » Non seulement il savait tout, mais il était plein d’allégresse et s’efforçait de cacher sa joie.
On ne sait où il naquit. […] Sa science n’est pas cléricale : il sait le roman de Renart et l’œuvre de G. de Lorris85. […] Le clergé est avare ; les chevaliers, Je n’y vois Rollant n’Olivier, ni surtout cet Alexandre, qui savait donner aux ménestrels. […] C’est du fond de son cœur qu’il nous dit et répété : La chose qui soit plus certaine, C’est que la mort nous courra sus : La plus incertaine, c’est l’heure. […] Et en général, quelque sujet qu’il touche, lieu commun de morale, hypocrisie ou vice des moines, exhortation à la croisade, on ne saurait manquer d’admirer l’ampleur, le mouvement, la vigueur de sa poésie.
Triton n’a plus de famille ; il n’est pas rentré au village depuis les grandes guerres de la république ; il ne sait pas ce qu’est devenue sa mère. […] Une fois, il déclare superbement : « J’ai trouvé la définition du beau, de mon beau à moi. » Et il écrit deux pages pour nous dire qu’il ne conçoit pas la beauté sans mystère ni tristesse ; mais il ne l’explique pas, il ne saurait. […] Et l’homme et la femme savent, de naissance, que dans le mal se trouve toute volupté. » — « Je comprends qu’on déserte une cause pour savoir ce qu’on éprouvera à en servir une autre. » — « Etre un homme utile m’a toujours paru quelque chose de bien hideux », etc… Et son catholicisme ! […] … » Et ses notes intimes se terminent par cette page, où il y a, si vous le voulez, encore un peu d’artifice et de « pose » en face de soi-même, mais où j’ai tout aussi bien le droit de trouver (qui sait ?) […] J’entends par là que jamais il ne contrista sa mère autrement que par ses vices, dont je ne sais à quel point il faut le rendre responsable, et qu’il fut constamment, avec elle, affectueux, attentif et tendre.
Anatole France, le Lys rouge « … Eh oui, je sais parler avec ma plume, tout comme un autre. […] Roxane adore Bajazet sans lui avoir jamais parlé : on ne saurait donc dire que c’est l’âme de ce jeune prince dont elle est éprise. […] Il ajoute : « Si vous ne pouvez pas m’aimer, laissez-moi partir ; j’irai je ne sais où, vous oublier, vous haïr. […] Je souffre plus que jamais, parce que je sais maintenant ce que tu donnes. » Et il lui dit encore : « Thérèse, on n’est jamais bon quand on aime ». […] France goûte pleinement le plaisir satanique de comprendre, de douter, de nier ; mais il semble qu’à chaque instant aussi il l’épuise, il en touche le néant… Je suis bien curieux de savoir où cela le mènera… J’ai nommé Choulette.
Descartes ne voulait pas savoir s’il y avait eu des hommes avant lui. […] Il lui arriva quelquefois, sans doute, d’avoir l’originalité moindre et forcée, celle qui sait comment les autres font et qui veut faire autrement. […] Cette dissonance de forme est peut-être l’expression nécessaire d’une pensée étrangement subtile, ou de je ne sais quel sentiment bizarrement pervers, ou encore de quelque imagination funambulesque, de quelque fantaisie extraordinaire. […] Il n’avait rien et savait paraître riche. […] Dans une préface accordée à je ne sais plus quel volume de vers socialistes, il regrette que l’auteur n’ait pas chanté le patron comme l’ouvrier, n’ait pas magnifié « l’héroïsme de travail » du patron et pleuré sur les « heures d’angoisses » ; du patron.
Quelques étrangères [Gabrielle d’Annunzio] « Je ne sais parler que de moi-même », déclare le héros du Feu. […] Puisque, au désordre vivant de ses odes et au désordre inorganique de ses romans, l’auteur de l’Intermède de rimes et du Feu ne sait parler que de lui-même, examinons qui il est. […] Car on ne saurait se contenter d’un rythme qui charme d’abord mais dont la monotonie ne tarde pas à irriter ou à endormir, ni même de quelques images ardentes mais d’un dessin vraiment insuffisant. […] Mais supposez que Virgile ne soit pas une âme profonde et un esprit délicat : malgré tous ses efforts, l’imitation tournerait à la parodie et il ferait sans le savoir un Homère travesti. […] L’auteur n’a pas su les mettre à leur place ; les membres restent bizarrement dispersés et comme hostiles.
Le vers libre lui-même, je le crois, est capable de vraies beautés, s’il sait à la fois, selon la remarque récente d’un des esprits les plus indépendants du symbolisme, « se symétriser et se styliser ». […] Que ce soit le grand soleil ineffable de Dieu ou le grand soleil noir du néant, je saurai le regarder en face, sans être aveuglé par la lumière, sans être ébloui par l’ombre. […] Je ne sais pas où sont vos altruistes, je n’ai encore vu que vos arrivistes ! […] Il constitue le pire des attentats contre la justice, un mélo qui ne saurait faire recette et tenir sérieusement l’affiche. […] On sait de quel côté penche M.
Cependant tout le monde sait que cette lutte existe : un acte célèbre, il y a quelques années, en a donné le secret au public indiscret. […] Outre que c’est déjà un problème de savoir quelle est cette autorité infaillible33, je fais remarquer que cette autorité suprême, quelle qu’elle soit, ne nous assure la sécurité que dans un domaine qui nous touche de très-loin, et nous laisse dans le trouble là où nous aurions le plus besoin de lumières. Je ne suis certainement pas juge de l’importance que peut avoir en théologie dogmatique la croyance à l’Immaculée conception ; cependant il faut avouer que les hommes de nos jours étaient peu troublés par cette question, et qu’ils eussent volontiers attendu l’autre monde pour savoir à quoi s’en tenir à ce sujet ; mais leur conscience d’hommes et de citoyens est tous les jours déchirée par le conflit des anciennes doctrines et des nouvelles, et c’est là-dessus qu’on les laisserait libres, à ce que l’on dit. […] Il est évident, pour tous ceux qui savent ce qui se passe, qu’un travail de rajeunissement et de rénovation s’opère dans le sein de la philosophie spiritualiste. […] Cette opposition a éclaté vivement lors des débats relatifs à l’infaillibilité pontificale ; et malgré l’accord survenu en apparence au moins en France, on sait que la division est plus profonde que jamais.
Celui qui préside aux destinées humaines en sait plus que nous. […] Ainsi les artistes anciens mettaient sur tous leurs ouvrages, à la suite de leurs noms, le verbe faisait, pour exprimer, ou que l’homme ne sait point finir, ou qu’il est toujours surpris par la mort. […] Je sais que des esprits chagrins et jaloux à l’excès supportent peu cette expression de regret, parce qu’ils redoutent encore, par-dessus tout, la superstition des souvenirs anciens. […] J’avouerai même qu’il peut y avoir, et qu’il y a en effet de nobles et généreuses erreurs : le passé ne nous appartient plus, je le sais, sinon comme leçon pour le présent, et comme conseil pour l’avenir. […] Les souverains de l’Europe doivent savoir à présent une chose qu’ils ont trop ignorée ; ils doivent savoir qu’il ne s’agit plus ni de la force des armes, ni des limites de territoires, ni de la balance politique entre les différents états.
Je ne sache rien de plus chétif et de plus pauvre que cette publication sans nouveauté, sans renseignement profond, sans aperçu, sans trace enfin de cette personnalité rayonnante qui fut Mme de Staël. […] Et le livre de Weymar et Coppet l’atteste mieux que tout ce que nous savions déjà. […] mais en métaphysique et dans la critique littéraire, elle manque de principes arrêtés, du haut desquels on regarde les choses ; elle ne sait juger définitivement ni les œuvres, ni les systèmes. Elle ne sait que les caresser ! […] Protestante de naissance, comme on sait, mais catholique d’âme et d’imagination comme les femmes bien faites, comme cet autre talent-femme, Mme de Gasparin, égarée dans le protestantisme et digne d’être de la religion de sainte Thérèse par son amour de Jésus-Christ, Mme de Staël a senti de plus en plus monter sur les ruines d’une vie si vite écroulée, la flamme d’or du sentiment religieux !
Il y a en lui, à travers toutes les rengaines du roman de son temps, je ne sais quelle invention… abracadabrante (on cherche un mot et on ne le trouve pas !) […] Mais c’était une puissance enfin comme les femmes n’en sauraient avoir — pas plus qu’elles n’ont le quelque chose qu’il faut avoir pour faire des vers, disait le grand Corneille, le vieux Romain ! […] Ils feraient mieux, qui sait ? […] Je ne sache rien de plus-maladroitement et de plus grossièrement exécuté, que cette impudente supercherie, et je ne sache rien non plus qui prouve davantage l’infériorité et la pauvreté d’un esprit qui s’efforce et qui se tortille dans une telle recherche, pour aboutir à un résultat d’une si évidente impossibilité ! […] Qui sait ?
C’était le bon moyen, en effet, d’apprendre ce qu’il ignorait ou d’assurer ce qu’il croyait savoir. […] Pas une seule fois dans ce volume, maigre de raisons et enflé, ou plutôt soufflé de phrases, l’auteur de l’ancien Régime et la Révolution n’a su porter un ferme regard plus haut que le plain-pied des questions dernières. […] La rage de dépayser le pays, de dénaturer le fond de notre nationalité, sous un prétexte ou sous un autre, protestant, anglais, génevois, date du règne de la maison de Bourbon, qui n’a pas su empêcher cette effroyable corruption de notre génie et qui trop souvent y a contribué. […] … Il est impossible de le savoir. […] Depuis quelque temps, le pamphlet, qui allait droit autrefois, quand il y avait des talents qui savaient l’empenner, le pamphlet n’a plus allure de flèche.
Nous savions bien, et qui ne le sait ? […] L’amour effréné de l’argent a toujours été mis au ban de tous les mépris dans l’Histoire, et même dans l’opinion des nations robustes qui savaient le mieux le gagner. […] qu’au lieu d’aimer extérieurement, elles concentrent leur affection dans elles-mêmes et se l’adjugent exclusivement, s’habituant, en femmes bien avisées et rigoureusement justes, à ne voir dans l’homme qu’un élément de rentes. » Nous ne savons pas si le portrait est ressemblant, mais élément de rentes est bien joli ! […] En supposant que Bellegarrigue ne le couvre pas de l’obscurité de son nom, il serait curieux de savoir comment un tel éloge serait accepté par les femmes auxquelles on l’adresse, et par les hommes qui, d’ordinaire, les font respecter. […] Nous savions bien, comme tout le monde, que c’est le pays de la matière, du travail, du négoce, de l’industrie, une forge d’enragés Cyclopes, mais nous savions aussi que dans sa limaille de fer et sa poussière de charbon il poussait de temps en temps un écrivain, un poète, un rêveur, une jeune fille qui n’était pas miss Martineau.
il ne l’a pas… La réflexion de son esprit est plus haute que le succès de ses œuvres, puisqu’il sait si bien se juger. […] Edmond de Goncourt et à sa réédition de La Duchesse de Châteauroux et de ses sœurs, une idée plus profonde que celle que j’avais déjà (et Dieu sait pourtant qu’elle l’était !) […] Et, à présent qu’on le sait, ceux qui ne le comprenaient pas comprendront, sans doute, que la guillotine d’une révolution expiatrice ait abattu, relativement, en plus grand nombre que des têtes de nobles, des têtes de bourgeois ! […] Le Roi, ce Jupiter qui brûlait toutes les Sémélés du temps, qui ne demandaient qu’à être brûlées, ne tiédit même pas cette incombustible, qui, avant d’être maîtresse en titre, exigea avec une inflexibilité moqueusement féroce qu’on la fît duchesse de Châteauroux et qui le fut, et qui aurait été on ne sait plus quoi si elle avait vécu, tant son ambition — une ambition à profondeurs infinies ! […] Quant à moi, je sais ce qu’à présent leur doit l’Histoire.
Dans les guerres de plume qu’il soutint, il prit toujours l’ordre chez quelqu’un ; mais il l’interprétait en caporal intelligent… Ses chefs savaient ce qu’il pouvait. […] … Vous savez la phrase, dans le patois consacré : « L’avocat soussigné est d’avis des résolutions suivantes. […] certainement, on savait cela avant que l’abbé Maynard se donnât tant de peine pour le prouver, et, d’un autre côté, on ne l’aurait pas su, qu’il fallait nous l’apprendre avec moins de pesanteur, de traîneries, d’épluchettes, et c’était aisé, — et il y aurait eu dans cette biographie plus de noblesse et peut-être plus de clarté ! […] Je l’ai dit plus haut : il fut le chouan du journalisme partout, à Nantes, à Paris, dans ses livres ; car c’est le destin de ces plumes de guerre de n’être que cela, quoi qu’elles écrivent, et l’on sait ce qu’il écrivit. […] On sait comme Crétineau-Joly s’est chargé des siens !
Je sais qu’il y parle peu de cette religion, et qu’il la fond avec la philosophie dans les dernières pages de son écrit ; je sais que les grands ridicules y sont estompés, mais cependant on les y aperçoit encore sous l’estompe de précaution qui les couvre. […] Toute cette mathématique, voyez-vous, toute cette astronomie, toute cette physique, toute cette chimie, toute cette biologie, toute cette science sociale, pour arriver à être philosophe, c’est-à-dire à savoir deux mots de morale, deux simples mots sur ses devoirs, ah ! […] Comte, mais avec ce désavantage que lui, l’escamoteur philosophique, il ne sait pas les retrouver… Ce déplorable escamoteur en second, qui ne sait rien faire revenir sous son gobelet de ce qu’il en ôte, a, pour toute baguette magique, une affirmation sans preuve, bête, en effet, comme un coup, de baguette : mais en philosophie ce qu’on écarte n’est pas supprimé. […] On dit aussi à toutes les pages de l’exposition de M. de Blignières : « L’homme ne peut savoir le pourquoi de rien ; le comment est seul à sa portée. » Ce n’est pas sur cette hautaine parole de M. […] Je ne sache rien de plus contestable, de moins approfondi, de moins approchant du réel, que cette philosophie de l’histoire à quoi se réduit, en somme, l’œuvre de M.
Eh bien, voilà ce que l’abbé Christophe ne fait pas et ne sait pas faire. […] Nous savons pourquoi, nous autres catholiques ! […] Qu’est, en importance, pour qui sait penser, l’Histoire de la civilisation de Guizot, par exemple, en comparaison des trente volumes sur l’Église par Rohrbacher ! […] Qui la saurait bien saurait tout. […] Ce parlementarisme religieux qui nous a conduits, Dieu sait par quelles abominables voies !
… D’ailleurs, Dargaud savait que malgré les abus de la vanité qui se plaint ou qui se raconte, le genre vieilli était éternel. […] Des bégueules littéraires, des vierges sages, nous savons pourquoi, ont pu reprocher à Dargaud la vivacité de ses couleurs quand il a écrit l’histoire. […] On peut condenser en un mot la philosophie de ces vingt pages : « Toutes les religions — dit quelque part Dargaud avec une imagination qui l’égare — ressemblent à des nuées obscures à leur base et lumineuses à leur sommet. » Après une pareille conclusion, tout n’est-il pas dit, pour qui sait comprendre ? […] Les influences d’une enfance catholique, et qui eût développé l’âme comme le catholicisme sait la développer, auraient donné à ce livre de la Famille une profondeur qu’il n’a pas partout. […] Il faut que les artistes comme lui l’apprennent et le sachent.
La première place sera toujours pour les œuvres étendues et fortement combinées, pour ces romans où l’esprit bourgeois voit des longueurs, comme il en voit dans Clarisse et dans les deux premiers volumes de tout roman de Walter Scott, mais où le connaisseur sait voir, lui, des secrets d’effet merveilleux. […] Investi au ministère de l’Intérieur d’attributions entièrement politiques en matière de presse et de publicité, Édouard Gourdon, qui a peut-être en lui, qui sait ? […] Voilà ce que l’auteur n’a pas su dire comme il l’aurait dû. […] Aussi l’esprit, qui a soif de clarté, l’esprit impatienté peut-il fermer le livre mécontent, inassouvi, et regrettant l’intérêt qu’il a pris à toute cette histoire et l’émotion que l’auteur a su lui donner. […] Jean Gigon, un moine presque, sans le savoir, par le renoncement, la résignation, l’obéissance, et qui aurait pu être si aisément un héros à la manière de ces zouaves que je voyais l’autre jour servir la messe, en grande tenue, à de pauvres capucins en guenilles ; Jean Gigon ne devait pas être enterré, même par Shakespeare, comme aurait pu l’être M. le chevalier Falstaff.
il sera fait… La Critique sait trop bien la force des choses acquises et acceptées par l’opinion pour croire les arracher, en deux temps, à l’opinion, et les reprendre. […] … À si peu de distance de lui, nous ne le savons pas. […] Assurément, France est trop un homme d’après Balzac pour ne pas savoir ce que la plume de Le Sage vaut, pour ne pas trouver absolument dénuées de passion, de couleur et d’observation profonde, les aventures de Gil Blas ou du Diable boiteux, ces lanternes magiques sans magie ! […] Jourdain inconscient de toutes ces proses, qu’il a faites sans le savoir. […] On sait ce qu’elle pèse et quel est son aloi, et si cette gloire qu’il attrapa, au lieu de monnaie, ne l’a pas deux fois attrapé !
Qui sait ? […] Vous le savez, depuis vingt ans et plus, on ne voit que M. […] Il le sait mieux que moi, sans doute, mais moi, je parierais avec assurance que c’est un événement extérieur d’une forte action sur sa pensée qui a poussé dès l’origine l’esprit de M. […] Mais on ne sait pas, on a trop oublié avec quel pauvre vestiaire et quelles loques Le Sage et Beaumarchais, en ceci égaux tous les deux, habillèrent une Espagne de leur invention, laquelle, mystification inénarrable ! […] Il se plaint, je le sais, et il a droit de se plaindre du mutisme de la Critique à son égard, lui, qui depuis vingt-cinq ans fait jet continu de production !
De ce genre de roman-colosse, sous lequel ont péri des intelligences d’une force réelle, mais qui n’étaient pas aussi herculéennes qu’elles le croyaient, cariatides brisées par un entablement trop lourd pour elles, vous savez ce qui nous est resté… Deux à trois innocents cordiers littéraires qui, rien sur la tête et rien dedans, et le dos tourné au bon sens, à l’art et à la vraisemblance, allongent, allongent leur éternelle corde sans bout, pour des raisons qui ne sont nullement de la littérature. […] D’abord, ce n’est pas lui, pour avoir plus vite fait, qui a abrégé les offices du roman comme il sait l’écrire ; car c’est un de ces esprits difficiles et vaillants, dédaigneux de l’improvisation, qui veulent que toute œuvre ait ses escarpements et son labeur, et qui savent, par leur expérience, que l’homme est condamné à manger à la sueur de son front, comme le pain de la terre, le pain de sa pensée ; c’est une de ces organisations d’écrivain, aux mâles mécontentements d’elles-mêmes, toujours prêtes à la rature, à la correction, au changement incessant, mouvement perpétuel de l’esprit à la recherche de l’idéal, et que personne de cette époque, dit-on, n’eut au même degré que les deux plus grands, Chateaubriand et Balzac. […] Il sait trop la différence essentielle qu’il y a entre de telles œuvres, et que dans les choses même parfaitement belles il est encore une hiérarchie. […] Si on lisait pour la première fois Francis Wey, si on ne savait pas à quel système d’idées cet esprit convaincu et ferme s’appuie d’ordinaire, on éprouverait une anxiété singulière en lisant les premières pages de ce livre, écrites avec une impartialité dont l’auteur semble faire une énigme. […] La vie, il la sait ; il en a le goût d’absinthe sur la lèvre.
Rien que ses propres phrases textuelles ne saurait rendre l’idée qu’elle avait du roi ; il est bon d’en citer quelque chose ici comme digne préparation à la scène finale qui eut lieu trente ans plus tard. […] On voit que, dans une chose quelconque, son goût apathique le porte du côté où il y a le moins d’embarras, dût-il être le plus mauvais. » Et plus loin : « Les nouvelles de la Bavière sont en pis… On prétend que le roi évite même d’être instruit de ce qui se passe, et qu’il dit qu’il vaut encore mieux ne savoir rien que d’apprendre des choses désagréables. […] Louis XVI, héritier des vertus de son père, ne sut pas être ce roi, et rien n’autorise à soupçonner que le père lui-même, s’il eût vécu, eût été d’étoffe à l’être. […] On ne dira pas : Voilà comment meurent les voluptueux, car les voluptueux savent souvent finir avec bien de la fermeté et du courage. Louis XV ne mourut pas comme Sardanapale, il mourut comme mourra plus tard Mme Dubarry, laquelle, on le sait, montée sur l’échafaud, se jetait aux pieds du bourreau en s’écriant, les mains jointes : « Monsieur le bourreau, encore un instant !
Ainsi sait-il jouir, derrière son monocle, des tristesses et des mesquineries qu’il lorgne. […] Mais, outre qu’ils ont, celui-ci du savoir, celui-là de la facilité, cet autre de la fantaisie, et M. […] Les grands moralistes, ni Fénelon, ni l’abbé de Saint-Pierre, ne savaient dépeindre une échoppe ; ils inventaient de souvenir flou. […] C’est la vie, dans son complexe mouvement physiologique, dans son devenir incertain et émouvant que ses livres savent évoquer. […] J’aime peu que ces aveugles partagent en art, en musique, etc., les préférences que nous savons celles de M.
C’est que Maurice du Plessys savait Moréas vacillant et sur le point de rompre avec l’École. […] Ils savent que leur royaume n’est pas de ce monde et que la gloire ne fleurit guère que sur les tombeaux. […] Ils savent d’ailleurs que la foule s’en désintéresse. […] Il sait pourtant que nous avons passé là-dessus l’éponge et que l’année a débuté par le bannissement de Paul Déroulède. […] Pujalet, le plus affable et le plus cordial des hommes, instruit de la vulnérabilité des cœurs et qui sait y compatir.
I Je voudrais bien savoir quel est l’éditeur de cette Correspondance, qui ne demandait pas à paraître, et qui pouvait rester tranquille et morte de sa mort naturelle dans l’éternité… Si c’est le fils de Madame Sand, je n’ai rien à dire, si ce n’est que l’amour filial a un bandeau comme l’autre amour ; mais si c’est M. […] Seulement, le public, le gros public, ce Cyclope aveugle qui forge la gloire et qui prend pour elle le bruit que fait son marteau en tombant sur l’enclume, à côté, le public ne le savait pas. […] Elle réfléchissait devant le public et savait très bien ce qu’elle disait. […] Voulez-vous savoir quelques-unes des suavités de cette Aurore ? […] C’est le magot qui s’est toujours imperturbablement dessiné sur tous les horizons de sa rêverie, comme le profil aimé se dessine sur l’horizon des amoureux… Le bohème qu’elle se dit être à un ordre très étonnant pour un bohème et une prudente sagesse de bonne ménagère qu’on ne s’attendait pas à trouver dans cette ignorante, — qui n’a jamais su faire la plus petite addition, nous dit-elle, mais qui savait pourtant le prix de l’argent comme si elle l’avait exactement compté, — dans cette inconsciente en chiffres comme en littérature, et si phénoménalement positive dans tous les deux !
II Ozanam, comme on sait, était professeur. […] Bien des choses lui manquent, nous le savons et il le sait aussi, mais il y a peut-être un critique futur dans cet enfant qui n’a pas craint de regarder le Dante au front, de voir la ride sous le laurier, l’infirmité humaine sous le rayon, et qui n’a pas eu peur de chercher la tache dans une telle splendeur de lumière. […] Il n’a été que cela, en effet, cet homme qu’on a voulu bâtir de plusieurs hommes, dans lequel on s’est acharné à supposer toutes les facultés humaines réunies dans je ne sais quel chimérique et éblouissant faisceau ; il n’a été qu’un poète : mais c’est suffisant pour la gloire, un poète, cette prodigieuse anomalie entre la vie et la pensée, mené par ses passions comme tous les poètes, et dont l’existence fut d’une tristesse et d’une misère à faire pitié. […] Magnier a raconté en quelques traits cette vie du Dante, dont on sait si peu de chose et dont pourtant on sait trop encore ; — car cet homme fut un égoïste énorme dont le génie peut-être était toutes les vertus.
Il le sait et même il s’en vante, c’est un Byronien. […] Qui ne sait que la plus triste et la plus basse réaction s’est faite contre lord Byron, contre son génie et sa gloire ?… Qui ne sait qu’on en a presque proclamé la déchéance, comme celle d’un gouvernement dont on était las ? […] Tel qu’un mauvais soldat exilé de son rang, Il écoute le bruit du combat qui l’attire, Et ne sait à quel Dieu dévouer tout son sang. […] Toute l’humanité n’est qu’un seul être immense Dont nous sommes le cœur, comme il en sont les bras, Et nous savons leurs maux, mais ils ne savent pas Le labeur idéal qui toujours recommence.
Qui sait ? […] « Qui sait, ô grands hommes ! […] Qui sait, ô poëtes ! […] On sait ce qui en advint. […] Cousin a su nous intéresser, que dis-je ?
L’admiration ne saurait se maintenir longtemps chez M. […] À l’aigle qui ne sait pas faire son nid même ? […] Lavisse a pris, comme on sait, position de conciliateur. […] Paterne Berrichon le saurait. […] Cet effort féminin ne sera pas perdu… (Qu’en sait-il ?)