Parmi les raisons nombreuses et d’ordre divers qu’on peut mettre en avant contre ces patelines espérances, la sienne n’est pas la moins convaincante à mon gré, et elle a l’avantage d’être courte : « L’image de Napoléon, dit-il, est revenue après quinze ans, et les Bourbons resteront à jamais bannis. — Bien certainement à jamais : car, à la troisième attaque d’apoplexie, l’homme meurt, fût-il roi. »
« À toi, Lacoste, qui resteras peut-être dans l’ombre, simple et beau comme ce rosier que tu as peint au fond du vieux jardin triste. » M.
Ce n’est pas le moment de changer ; restez ce que vous êtes.
Comment peut-on mettre treize Vers, nous ne disons pas au dessus, mais en comparaison de trois Pieces, dont une est restée au Théatre, où elle fait plaisir, & dont les deux autres annoncent plus de talens pour la Poésie en général que le meilleur Opéra de Quinault ?
Renan, que vous vouliez me faire passer auprès du public, il me restait, en 1870, encore assez de mémoire pour ne pas confondre l’Allemagne de Goethe et de Schiller avec l’Allemagne de Bismarck et de Moltke, et je n’ai jamais eu assez d’imagination, pour inventer, dans mes conversations, des interruptions comme celle de Saint-Victor.
La greffe ou la soudure prennent mal sur des œuvres de cette nature, qui doivent jaillir d’un seul jet et rester telles quelles.
Julie a été ramenée à la religion par des malheurs ordinaires : elle est restée dans le monde ; et, contrainte de lui cacher sa passion, elle se réfugie en secret auprès de Dieu, sûre qu’elle est de trouver dans ce père indulgent une pitié que lui refuseraient les hommes.
Sa valeur ne tient pas uniquement au temps qu’il fait, aux événements qui grondent sur nos têtes… Il n’y a que Méry pour donner à la glaise, fiévreusement pétrie, d’un livre de circonstance, l’éclat et la solidité d’un livre qui doit rester et durer quand la circonstance ne sera plus, parce que le talent y aura laissé son empreinte et sa signature de rayons.
Toute la journée, nous étions restés inactifs au cantonnement du bivouac, dans les bois.
Les hommes qui étaient restés sauvages se réfugient auprès de ceux qui avaient déjà formé des familles, et deviennent leurs clients ou vassaux.
Magnin a défriché, l’un des premiers, avec infiniment de labeur et de patience, et avec un notable succès, des portions d’histoire littéraire ingrates et restées encore obscures ; les origines de notre comédie nationale lui doivent beaucoup ; il y a porté une curiosité d’examen, un intérêt et une finesse d’attention, un goût délié, une clarté et une élégance d’exposition qui le désignent à l’estime de quiconque reprendra la suite de ces mêmes études. […] Ce sont les coups d’essai de petits Molières restés en chemin et inconnus, mais dont quelques-uns se sont approchés assez près du Molière véritable et immortel. […] Van Praet, avant l’invasion du grand public et l’irruption d’un peuple de lecteurs, était restée l’idéal de M.
Mais, au milieu de notre propre discussion mêlée à nos conjectures et à nos désirs sur la destinée du poëme, nous oublions Jocelyn en personne, qui est entré au petit séminaire, et qui a dû, il est vrai, y rester six longues années. […] Sous ce toit affaissé de terre et de verdure, Par ce chemin rampant jusqu’à la porte obscure, Venez ; plus naturel, le pauvre a ses trésors : Un cœur doux, patient, bénissant sur sa route, Qui, s’il supportait moins, bénirait moins sans doute… Ne restez plus ainsi, ne restez pas dehors !
Racine, dans la prairie de Port-Royal, lisait et savait par cœur Théagène en grec, comme nous écoliers, aux heures printanières, nous lisions Estelle et Numa ; mais, le livre jeté ou confisqué, il lui restait de plus le grec qu’il savait à toujours, l’accès direct et perpétuel d’Euripide et de Pindare. […] Mais ne vous hâtez pas de juger : il se fortifie avec son siècle ; il a vaincu, réparé cette disposition première contre laquelle il est en garde ; il ne lui est resté que l’agrément. […] Jay des articles pour le Journal de Paris : ces articles, à mesure qu’il les écrivait, devinrent peu à peu, sous sa plume fertile, tout un volume, comme cela lui arriva aussi pour Suard ; mais le volume sur Montaigne est, par malheur, resté dans ses papiers.
J’allais cesser de le faire, il y avait trop d’amertume à lui parler dans la tombe ; mais puisque vous êtes là, frère vivant, et avez plaisir de m’entendre, je continue ma causerie intime ; je rattache à vous ce qui restait là, tombé brisé par la mort. […] Peut-être serait-il mieux de rester dans l’ignorance de tout livre et de toute chose ; mais je ne me soucie pas non plus de savoir. […] Son imagination était restée pieuse, sa raison était devenue tolérante ; elle n’avait gardé de ses premières doctrines que l’amour qui les sanctifie toutes.
Les Grecs et les Romains ont parcouru la même route sous les Lagides et plus tard ; ils n’ont rien remarqué, ou du moins il n’est resté dans les ouvrages conservés jusqu’à nous aucune trace de ce nuage lumineux qui pourtant, placé entre le 11e et le 12e degré de latitude nord, s’élevait, au temps de Ptolémée, à 3 degrés, et en l’an 1000, du temps d’Abdourrahman, à plus de 4 degrés au-dessus de l’horizon. […] « Avant de passer aux considérations générales, il nous paraît bon de nous arrêter, un moment, à un cas particulier, et d’étudier, dans les écrits d’un témoin oculaire, la vive impression que peut causer l’aspect inattendu d’un phénomène de ce genre. » VIII « Lorsque je quittai l’Allemagne pour retourner dans les îles danoises, dit Tycho Brahé, je m’arrêtai ( ut aulicæ vitæ fastidium lenirem ) dans l’ancien cloître admirablement situé d’Herritzwald, appartenant à mon oncle Sténon Bille, et j’y pris l’habitude de rester dans mon laboratoire de chimie jusqu’à la nuit tombante. […] La nuit, par un ciel couvert, lorsque toutes les autres étoiles étaient voilées, l’étoile nouvelle est restée plusieurs fois visible à travers des nuages assez épais.
Fior d’Aliza (suite) Chapitre V (suite) CXLIII Je ne sais pas combien de temps, monsieur, je restai ainsi évanouie de douleur sur les marches de la petite chapelle, au milieu du pont, devant la niche grillée de la Madone. […] CLI — Mais, après la noce, ton frère et ta belle-sœur vont-ils toujours rester dans cette prison chez le père et la mère de la sposa ? […] La femme du bargello, son mari, la fiancée et le sposo me dirent poliment de rester, de boire et de manger à leur table, à côté du petit bouvier leur frère, et de jouer, après le dîner de noces, tous les airs de danse qui me reviendraient en mémoire, pour faire passer gaiement la nuit aux convives, monsieur.
Ce n’est pas tout : les diverses parties du temps, à leur tour, ne peuvent être à la fois actuelles ; en conséquence, s’il ne restait rien du passé dans le présent, notre existence serait toujours mourante. […] Supprimez, par hypothèse, le côté mental pour ne considérer que le côté physique, et placez-vous ainsi, comme le veut Ribot, « en dehors de toute conscience », il ne restera alors que le mouvement et ses lois. […] On a vu en Russie un célèbre astronome oublier tour à tour les événements de la veille, puis ceux de l’année, puis ceux des dernières années, et ainsi de suite, la lacune gagnant toujours, tant qu’enfin il ne lui resta plus que le souvenir des événements de son enfance.
Il n’y restait que jusqu’à midi. […] 20 août Léon est venu aujourd’hui déjeuner, il est resté jusqu’à cinq heures. […] À droite du chemin de fer, comme l’escalier resté inachevé d’un édifice qui n’est pas bâti.
Voilà ce que je pense aussi à proportion de la plûpart des ouvrages de poësie qui nous sont restés. […] Ainsi Pindare dans ce qui nous est resté de lui, fit servir à une saine morale, l’ode qui jusques-là avoit servi souvent à la volupté et à la débauche. […] Voilà la matiére des odes qui nous sont restées de Pindare : mais si nous n’avions perdu ses odes amoureuses et bachiques, où peut-être étoit-il plus passionné que Sapho, et plus gracieux qu’Anacréon, on croiroit aujourd’hui l’amour et la bonne chere, des matiéres essentielles à l’ode, avec autant de raison que la loüange des dieux et des héros.
Les anciens tragiques ne pouvaient faire ces monologues, à cause des chœurs qui ne sortaient point du théâtre ; et si ma mémoire ne me trompe, hors celui qu’Ajax (dans Sophocle) fait sur le point de mourir au coin d’un bois pendant que le chœur est sorti pour le chercher, je ne crois pas qu’il s’en trouve un dans les trente-cinq tragédies qui restent. […] C’est encore, ce me semble, une manière indirecte de manquer au dialogue, que de faire sortir des personnages qui devraient attendre qu’on leur répondît, ou de faire rester ceux qui devraient répondre. […] De plusieurs volumes que ce la Menardière a faits pour le théâtre, c’est le seul mot qui soit resté.
Mais nous jugeâmes qu’il valait mieux obéir ponctuellement aux ordres du Roi. » La Fontaine, cette fois, a envie de rester quelque part et de laisser Jannart aller en avant, seulement il dit : « Non, il vaut mieux obéir ponctuellement aux ordres du roi. » Il semble bien qu’il doit y obéir lui personnellement, et, pour moi, je crois à un voyage forcé. […] Mais quand La Fontaine est à Richelieu, c’est précisément alors que son ouvrage n’est bien intéressant que pour qui verrait avec lui ce lieu-là et les objets d’art qu’il a vus et qui y sont restés encore. Il est à regretter qu’ils n’y soient pas restés tous.
Dans l’ancien droit romain, on les disait manucaptæ, d’où est resté manceps, celui qui est obligé sur immeuble envers le trésor. […] Les Espagnols appellent prendas les entreprises courageuses ; les Italiens disent imprese pour armoiries, et termini pour paroles, expression qui est restée dans la scholastique. […] Ce qui le prouve, ce sont les diphthongues qui restèrent dans les langues, et qui durent être bien plus nombreuses dans l’origine.
Une foule innombrable d’objets se sont présentés à notre esprit et se trouvent enregistrés dans notre mémoire, où ils restent d’ordinaire à l’état latent. […] Faute de cette prévision d’avenir, que leur interdit la nécessité d’un gain immédiat, les directeurs forcent les auteurs à rester de jeunes auteurs jusqu’à soixante ans. […] Et encore c’est théoriquement que je compte ce dernier qui en fait n’existait pas et dont par conséquent la décoration correspondante serait restée d’une parfaite inutilité. […] Mais tel qu’il apparaît au début de la pièce, tel il doit rester jusqu’au dénouement. […] Celle-ci doit donc, si elle veut rester fidèle à ses théories, ne jamais introduire de représentation idéale au milieu de tableaux fondés sur la présentation du réel.
Il fut Parisien jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans et par conséquent le resta toujours. […] L’Étourdi, qui est resté au théâtre, ‘ soutient très bien la représentation encore aujourd’hui. […] Le Médecin malgré lui est resté en possession de divertir le public. […] Molière s’est attaché un peu trop aux défauts à l’exclusion des vices, cela ne laisse pas de rester vrai. […] Pour que cela restât naturel il suffisait de proportionner la stupidité d’Orgon à l’audace, de Tartuffe et l’audace de Tartuffe à la stupidité d’Orgon.
Restez en-deçà, à moins que vous ne soyez très bon nageur. » Pas autre chose. […] Le réalisme restait par-dessous, il est vrai, et singulièrement solide. […] » La « gaffe » est restée célèbre. […] Sa mère restait au pays pendant que le mari guerroyait péniblement. […] Restait le Théâtre-Français et l’Odéon.
ma beauté commença à fondre, je ne pensai plus à cette pompe, et je n’ai pas même su comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea, et je restai dans le lit gisante dix jours et dix nuits. […] « Et mon corps devenait par moments de la couleur du thapse ; tous les cheveux me coulaient de la tête, et il ne restait plus que les os mêmes et la peau. […] Mais je restai comme figée, de tout point pareille en mon beau corps à une image de cire. […] Parmi les morceaux dont il me resterait à parler, et qui ne se rapportent ni au genre bucolique ni au genre élégiaque, le plus remarquable à mon sens, et qui appartient bien certainement à Théocrite encore, est intitulé les Grâces ou Hiéron.
Nous sommes mal à notre aise tant que nous restons collés au sol, clopinant sur nos deux pieds qui nous traînent misérablement çà et là dans l’enclos où nous sommes parqués. […] Cette simplicité et cette paix sont étranges et charmantes ; on se laisse aller, on est bien, on ne désire pas aller plus vite ; il semble que volontiers on resterait toujours ainsi. […] Chacun retrouvait en lui ses propres sentiments, les plus fugitifs, les plus intimes ; il s’abandonnait, il se donnait, il avait les dernières des vertus qui nous restent, la générosité et la sincérité. […] Il a trop demandé aux choses ; il a voulu d’un trait, âprement et avidement, savourer toute la vie ; il ne l’a point cueillie, il ne l’a point goûtée ; il l’a arrachée comme une grappe, et pressée, et froissée, et tordue ; et il est resté les mains salies, aussi altéré que devant1545.
Les écrivains politiques en état de frénésie ou de cécité qui se sont faits les organes de cette théorie de la liberté illimitée, et qui ont été assez malheureux pour se faire des adeptes, n’ont pas réfléchi que tout jusqu’à la plume avec laquelle ils niaient la nécessité de la loi était en eux un don, un bienfait, une garantie de la loi ; que l’homme social tout entier n’était qu’un être légal depuis les pieds jusqu’à la tête ; qu’ils n’étaient eux-mêmes les fils de leurs pères que par la loi ; qu’ils ne portaient un nom que par la loi qui leur garantissait cette dénomination de leur être, et qui interdisait aux autres de l’usurper ; qu’ils n’étaient pères de leurs fils que par la loi qui leur imposait l’amour et qui leur assurait l’autorité ; qu’ils n’étaient époux que par la loi qui changeait pour eux un attrait fugitif en une union sacrée qui doublait leur être ; qu’ils ne possédaient la place où reposait leur tête et la place foulée par leurs pieds que par la loi, distributrice gardienne et vengeresse de la propriété de toutes choses ; qu’ils n’avaient de patrie et de concitoyens que par la loi qui les faisait membres solidaires d’une famille humaine immortelle et forte comme une nation ; que chacune de ces lois innombrables qui constituaient l’homme, le père, l’époux, le fils, le frère, le citoyen, le possesseur inviolable de sa part des dons de la vie et de la société, faisaient, à leur insu, partie de leur être, et qu’en démolissant tantôt l’une tantôt l’autre de ces lois, on démolissait pièce à pièce l’homme lui-même dont il ne resterait plus à la fin de ce dépouillement légal qu’un pauvre être nu, sans famille, sans toit et sans pain sur une terre banale et stérile ; que chacune de ces lois faites au profit de l’homme pour lui consacrer un droit moral ou une propriété matérielle était nécessairement limitée par un autre droit moral et matériel constitué au profit d’un autre ou de tous ; que la justice et la raison humaine ne consistaient précisément que dans l’appréciation et dans la détermination de ces limites que le salut de tous imposait à la liberté de chacun ; que la liberté illimitée ne serait que l’empiétement sans limite et sans redressement des égoïsmes et des violences du plus fort ou du plus pervers contre les droits ou les facultés du plus doux ou du plus faible ; que la société ne serait que pillage, oppression, meurtre réciproque ; qu’en un mot la liberté illimitée, cette soi-disant solution radicale des questions de gouvernement tranchait en effet la question, mais comme la mort tranche les problèmes de la vie en la supprimant d’un revers de plume ou d’un coup de poing sur leur table de sophistes. […] Vous vous répondrez : C’est celui qui ne permet à aucun homme de rester une brute, qui base tous les droits des citoyens sur une éducation préalable et qui flétrit l’ignorance volontaire comme un crime envers l’Être suprême, car Dieu nous a donné l’intelligence pour la cultiver. […] Mais leurs notions sont restées dans les bibliothèques. […] Sa vertueuse mère résolut de rester veuve pour se livrer sans distraction à l’éducation de ce fils.
Puis il était toujours resté le vagabond à qui il fallait le grand air et le ciel libre, les courses à l’aventure, et les surprises d’un coin de bois ou d’un coucher de soleil. […] Mais…, mais Mme d’Épinay aimait son philosophe, son ours ; elle le dérangeait, quand il aurait aimé à rester chez lui, elle le faisait venir à la Chevrette, quand il aurait voulu errer seul au fond des bois. […] Ainsi, selon le contrat primitif, tous les hommes restent égaux dans la société ; ils cessent d’être libres ; car s’ils sont souverains collectivement, ils sont individuellement sujets. […] Rousseau a raison : quand jamais un contrat de ce genre n’aurait été fait entre les hommes, il resterait vrai que ce contrat idéal régit toute société sans exception.
Pour être juste envers Bossuet, il faut le faire passer du dernier rang au premier ; Bourdaloue restera au second, et cet ordre des grands noms de la prédication en France indiquera la marche et les changements de cet art, où, parmi les nations chrétiennes, la nôtre est sans rivale. […] On sait gré à un homme de tant d’esprit d’en montrer si peu, à l’auteur consommé de rester toujours l’homme du saint ministère, chargé, non de nous être agréable, mais de nous corriger. […] Au contraire, il loue l’ambition, il exalte l’amour de la gloire ; il veut que l’homme vive de toute sa vie, de toutes ses forces, de toutes ses passions même, à charge de les conduire et d’en rester maître. […] Il serait même bon, pour rester juste envers le disciple, d’oublier le maître.
Moi, resté si longtemps indifférent à la nature, si peu soucieux de ses beautés, il arrive qu’une année, je me toque d’arbustes, que je plante, que je fais tout mon bonheur et ma passion d’un petit coin de verdure idéal, eh bien, cette année il faut qu’il gèle, comme il n’a pas gelé depuis cent ans, et tout ce que j’ai planté, tout ce que j’aimais des arbres plantés par mon prédécesseur, tout cela « est gelé, est mort », comme le disait maître Theulier. […] Dimanche 24 mars Hugo est resté avant tout homme de lettres. […] Il raconte encore que, chargé par des officiers de la garde impériale d’offrir à l’Empereur leurs personnes et leurs hommes, s’il voulait tenter une sortie, s’il voulait se frayer un passage, au moment où il abordait l’Empereur sur la route de Mézières, un obus éclata entre lui et le cheval de l’Empereur, tuant du monde à droite et à gauche, et lui enlevant à lui, Mitchell, un morceau de son soulier : « L’Empereur, dit-il, resta impassible, il était beaucoup moins ému que moi ! […] Je suis resté seul, sur le haut sommet, jouissant de ma solitude, dans ce lieu foudroyé, qui semble l’endroit affectionné de l’orage, toutes les fois que l’orage éclate dans ces montagnes.
Thomas, on peut encore être curieux des essais des peintres actuels même (et surtout plutôt) quand quelques-uns restent stériles. […] De Guignet, deux jeunes filles penchées sur l’aube douce des fleurs, et le Forgeron roussi dont je parle ailleurs ; — ainsi que des Maufra restés. […] N’avons-nous pas le droit de considérer au nôtre la foule — qui nous dit aliénés par surabondance, par ceci que des sens exacerbés nous donnent des sensations à son avis hallucinatoires — comme un aliéné par défaut (un idiot, disent les hommes de science), dont les sens sont restés si rudimentaires qu’elle ne perçoit que des impressions immédiates ? […] Mais ce point serait faux que la métaphore resterait exacte, et l’image porte avant tout simplement sur l’idée de travail et l’idée d’abeille, « tes petites mains » s’adressant à la personne.
Qu’il y a eu, avant ce déluge général ou même partiel, attesté par toutes les traditions orientales, une époque de civilisation supérieure à ce qui fut après ce cataclysme de l’humanité ; que cette époque de civilisation antédiluvienne touchait de plus près elle-même à une autre époque encore supérieure en innocence, en science, en facultés, en félicités de l’homme ici-bas avant cette grande et mystérieuse déchéance, tradition universelle aussi, qui chassa l’humanité primitive de ce demi-ciel appelé l’Éden ou le jardin ; que des traditions de cette philosophie de l’Éden ou du jardin avaient survécu dans l’humanité déchue, et qu’enfin, après le second naufrage de l’humanité antédiluvienne, quelques grandes vérités et quelques grandes philosophies, restées dans la mémoire de quelques sages ou prophètes échappés à l’inondation universelle ou partielle, avaient surnagé, et inspiraient encore de temps en temps l’esprit de l’homme dans l’Orient, scène encore humide de la grande catastrophe. […] Ils se rangent à la manière des Arabes en cercle autour de lui, et, frappés d’horreur à la vue de ses plaies, ils restent sept jours et sept nuits sans rompre le morne silence de leur visite. […] L’intelligence est de sa nature immobile ; elle resterait pendant l’éternité tout entière à contempler l’infini sans faire un mouvement, si une autre faculté ne lui imprimait pas ce mouvement ou cette activité. […] Il est resté en chemin au milieu de sa route.
Un latin corrompu était resté la langue de l’Église, de l’histoire, de la législation ; l’italien était la langue du peuple. […] Mais, depuis qu’une étude plus approfondie nous a permis de mesurer, au moins par des fragments, les grandeurs de l’intelligence de saint Thomas d’Aquin, nous sommes resté convaincu que, si ce génie universel avait pu s’émanciper de la théologie scolastique et de la mauvaise latinité, il aurait donné, longtemps avant le Dante, un Dante, supérieur encore, à l’Italie. […] Quels que soient les innombrables défauts de ce poème épique du Dante dans la fable, on ne peut nier que ce ne fût, à l’époque où il vivait, et encore à la nôtre, le seul véritable texte d’une vaste épopée qui restât à chanter aux hommes. […] Entré dans la diplomatie française sous les derniers ministères de Louis XVI, il y était resté sous la Convention, sous le Directoire, sous le Consulat, sous l’Empire, jusqu’au jour où il n’y eut plus d’autre diplomate à Rome que le général Miollis, homme de même moelle et de mêmes os antiques que M.
Depuis Démétrios, les personnages du roman historique restent nos contemporains. […] Maurice Barrès distingue une dissemblance entre deux races européennes (Au service de l’Allemagne), et conseille aux Français de rester en Alsace pour imposer notre esprit et nos mœurs. […] À rester chez soi, à jouir de la fortune d’un pays, on laisse son cerveau s’ankyloser. […] Si nous l’avons rangé parmi les jeunes, c’est que comme Camille Mauclair et René Boylesve, il est resté l’homme des jeunes revues et l’ami de la jeunesse.
En d’autres termes, si la métaphysique n’est qu’une construction, il y a plusieurs métaphysiques également vraisemblables, qui se réfutent par conséquent les unes les autres, et le dernier mot restera à une philosophie critique, qui tient toute connaissance pour relative et le fond des choses pour inaccessible à l’esprit. […] Dans l’hypothèse contraire, en effet, il ne s’agirait plus de savoir comment se produisent, dans telles parties déterminées de la matière, des changements de position, mais comment s’accomplit, dans le tout, un changement d’aspect, changement dont il nous resterait d’ailleurs à déterminer la nature. […] Mais cette idée restait obscure par un certain côté, parce que notre perception, et par conséquent aussi notre conscience, semblaient alors participer de la divisibilité qu’on attribue à la matière. […] En concluant de là qu’une durée « est double d’elle-même » Zénon restait dans la logique de son hypothèse, et son quatrième argument vaut exactement autant que les trois autres.
Madame était restée protestante ; on se mit pour la distraire à jouer du luth et à chanter un psaume, selon la mode des calvinistes. […] Henri IV fut désolé et paraissait devoir rester inconsolable.
Cette absence se prolongeant de la sorte, Linné apprit, non sans étonnement, qu’un perfide ami cherchait à en profiter pour lui enlever le cœur de sa fiancée ; il revint sans trop se presser, à temps encore pour déjouer cette machination anticonjugale, et il retrouva la jeune fille restée fidèle. […] Quelques esprits superficiels s’obstinent à voir dans Buffon l’écrivain poudré et à manchettes : ils ne sortent pas des anecdotes sur Montbard, et ils en sont restés sur son compte aux plaisanteries de d’Alembert ou de Rivarol ; ils lui reprochent le « Paon », comme si le « Paon » était de lui ; ils le punissent encore aujourd’hui de s’être donné Guéneau de Montbeillard pour associé, et Lacépède pour continuateur.
Entre Chaulieu et Maucroix il y a place pour le xviiie siècle, qui commence : Maucroix est resté en deçà ; il tiendrait plutôt de Régnier et de nos bons aïeux. […] Le surintendant Fouquet, à qui il était fort recommandé par Pellisson, et qui aimait à se donner tous les gens d’esprit pour créatures, avait envoyé Maucroix à Rome sous le titre d’abbé de Cressy, et en qualité d’agent diplomatique à demi accrédité, à demi secret : le but précis de la mission est resté assez obscur.
Voilà, certes, une belle grâce, une généreuse concession faite à celui qui fut longtemps réputé le plus adorable des rois, et qui est resté si marqué de bonté jusque dans son expérience prudente et sa politique. […] » Le roi, secouant la tête, lui répondit : « C’est un peuple : si mon plus grand ennemi était là où je suis, et qu’il le vît passer, il lui en ferait autant qu’à moi, et crierait encore plus haut qu’il ne fait. » Cromwell ne dirait pas mieux ; mais, comme le caractère d’un chacun imprime aux mêmes pensées une diverse empreinte, Henri IV ne laissait pas de rester, à travers cela, indulgent et bon, et, qui plus est, de gausser l’instant d’après comme de coutume.
Commire, Rapin, La Rue sont des noms restés agréables et honorés. […] De même que dans La Harpe converti le critique ne le fut jamais, de même dans Santeul devenu auteur de saintes hymnes le poète resta incurable.
Plus il restait lui-même sans se corriger, et mieux il payait son écot. […] Mais le fils du grand Condé, Monsieur le Prince, mais surtout M. le duc et Mme la duchesse, et aussi leur sœur la duchesse du Maine, firent le plus grand usage de Santeul, l’admirent dans leur familiarité, dans leur train de raillerie habituelle, et il en est resté des monuments.