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1756. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Ses premiers livres qui marquent la période la moins subjective de son talent, arrêtent de temps à autre par des essais de profondeurs nuancées : La nuit est lourde et s’alanguit de désirs vagues, Il pâlit au zénith des éclairs violets… ou, de-ci de-là, par une vision éclatante : Les pourpres du brasier sanglant où s’effondra Le Dôme d’or rougi s’éteignent une à une. […] Ses premiers vers sont pleins de reflets dorés, d’images qui brillent et chatoient ; mais cet éclat — qui fut d’ailleurs en quelque sorte « traditionnel » et nullement doué d’un coloris spécial, — s’est apaisé à mesure que le poète devenait moins exclusivement objectif. […] Au point de vue de la plastique, je citerais vingt pièces de ce genre, et davantage, dans les Sites, les Sonnets et dans les parties de Tel qu’en Songe où M. de Régnier s’est rappelé sa première manière.

1757. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Judas, selon l’unanime tradition des premiers temps, accompagnait lui-même l’escouade 1095, et même, selon quelques-uns 1096, il aurait poussé l’odieux jusqu’à prendre pour signe de sa trahison un baiser. […] Jésus arrêta ce premier mouvement. […] Cette mort fut « légale », en ce sens qu’elle eut pour cause première une loi qui était l’âme même de la nation.

1758. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Que dit le comte de La Marck, qui résume très bien l’esprit de cette première époque ? […] Celle-ci, fille d’une mère illustre, n’avait pu être élevée par Marie-Thérèse trop occupée des affaires d’État, et sa première éducation à Vienne avait été très négligée. […] On sait ce premier mot qui lui échappa lorsque, n’étant que Dauphine, on blâmait devant elle une femme qui, pour obtenir le pardon de son fils compromis dans un duel, s’était adressée à Mme Du Barry elle-même : « À sa place, j’en aurais fait autant, et s’il l’avait fallu, je me serais jetée même aux pieds de Zamore » (le petit nègre de Mme Du Barry).

1759. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Un de ses romans (car il fit aussi des romans) est intitulé : L’Île de Wight, ou Charles et Angélina (1798), et c’est dans cette île riante qu’il aimait à reporter ses premiers rêves d’idylle et de bonheur. […] C’est un ouvrage prématuré, ainsi que l’auteur lui-même le reconnaît un peu dans sa préface, et qui n’est curieux que comme indice de sa disposition scientifique d’alors, et de cette première ambition enthousiaste qui embrasse tout. […] Walckenaer est classique, mais il l’est à travers le goût de son temps et de sa jeunesse, et il y a une teinte première dont il ne s’est jamais débarrassé.

1760. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Des faits encore, déguisés sous une conversation, jetés en parenthèse, arrivant comme par hasard au bout d’une phrase, servent à caractériser ces personnages fugitifs qui ne traversent qu’une page, à décrire un lieu, à spécifier une sensation par une comparaison, à montrer en raccourci l’aspect et les êtres d’un salon, à noter le paroxysme d’une maladie ou l’affolement d’une passion, à marquer les réalités d’une répétition, la physionomie d’un souteneur, l’aspect particulier d’un public de cirque à Paris, le débraillé d’un cabotin, la colère d’une atrice ou d’une petite fille ; et, dans cette profusion de notes, d’anecdotes, d’incidents, de gestes et de mines, il en est que l’auteur nous donne par surcroît, sans nécessité pour le roman, comme une bonne partie des premiers chapitres de la Faustin, comme ce souriant récit où Mascaro, le fantastique et vague serviteur du maréchal Handancourt, emmène Chérie dans la forêt « voir des bêtes », et sous les grands arbres précède la petite fille émerveillée, faisant chut de la main sur la basque de son habit noir. […] Et par une conséquence logique ce sont des âmes capables de ces variations, de ces emportements, de ces sautes, que M. de Goncourt s’applique à peindre, des âmes diverses, plastiques à toutes les sensations, désarticulées et nerveuses, sans constance et sans unité, sans rien qui les raidisse, les soutienne et les cimente, des âmes de demi-artistes, des âmes de premier mouvement, soudaines, ductiles et fougueuses. […] Une réclame de parfumerie se termine par une citation de Martial ; le « plus de copahu » est déjà le cri de ralliement des médecins de certaines maladies, qu’on appelait si poliment alors des maladies confidentielles ; un journal contemporain publie « les mémoires de Mme Saqui, première acrobate de S.

1761. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Or, sur ce tableau, où figurent un certain nombre d’hommes supérieurs ou très-distingués, Cuvier et Byron sont seuls au premier rang. […] On peut donc être un génie créateur de premier ordre sans avoir besoin de tant de cerveau. […] Je reviens maintenant à ma première question : le singe étant si inférieur à l’homme par l’Intelligence, comment lui est-il si semblable par l’organisation ?

1762. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Si quelques-uns de ses traits avortent, s’ils ne frappent point précisement à son but ; s’ils ne rendent pas exactement toute l’idée qu’il veut exprimer, d’autres traits plus heureux peuvent venir au secours des premiers. […] On ne lui pardonneroit jamais une énumeration pareille ; s’il fait cette énumeration dans ses premiers livres, le lecteur ne s’en souviendra plus, et il ne sentira pas les beautez dont l’intelligence dépend de ce qu’il aura oublié ; s’il fait cette énumeration immediatement avant la catastrophe, elle deviendra un retardement insupportable. […] La noblesse et la dignité de son visage déposent si hautement en sa faveur, qu’on sent bien que son premier mouvement seroit d’absoudre d’abord l’accusée qui se présenteroit avec une pareille contenance.

1763. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts Toute théorie de l’avenir ne peut reposer que sur la juste appréciation du passé ; mais aujourd’hui cette première donnée nous manque presque entièrement. […] La plupart des autres remontent aux premiers temps du christianisme : c’est ou le patron protecteur de la contrée, ou une Notre-Dame dont la chapelle modeste appelait de toutes parts les pèlerins. […] Ceux qui en font à présent l’objet d’une étude spéciale s’y livrent beaucoup trop tard ; ils ont perdu le temps de leur première jeunesse à cultiver des lettres sans avenir et sans horizon.

1764. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Le dessin qui représente don Quichotte et Sancho à leur première sortie, descendant un chemin en pente aux premières heures du jour, a toute la fraîcheur de l’aube. […] Don Quichotte n’est réellement fou que pendant les trois premiers livres de la première partie. […] Rien ne remplace cette communication première avec la réalité. […] L’étreinte des premiers manque de puissance pour saisir et reproduire les objets de la matière ; l’œil des seconds manque de force pour soutenir l’éclat des vérités premières et plonger dans les profondeurs des idées abstraites. […] À Dieu ne plaise que je veuille pédantesquement reprocher à Goethe le vagabondage des premières années !

1765. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Sénèque n’avait pas encore démêlé le caractère de son élève, et son commerce épistolaire avec Lucilius commença apparemment pendant les cinq premières années du règne de Néron. […] Mais Sénèque écrivait à Gallion, homme instruit,, que les définitions que l’on exige ici auraient ramené aux premiers éléments de la philosophie. […] XXIV)  : « Ne vous permettez pas de juger ceux qui valent mieux que vous ; nous possédons déjà un des premiers avantages de la vertu, c’est de déplaire aux méchants. […] Ce n’est pas au premier instant de la douleur qu’on parle bien ; l’on sent trop fortement, et l’on ne pense pas assez. […] Les langues ne doivent-elles pas continuer de s’enrichir par la même voie qui les a tirées de leur première indigence ?

1766. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. […] Ne me sera-t-il pas permis, dans le voyage philosophique que je fais à travers les littératures étrangères, de mettre au premier rang ce poète, et de proposer son idéal à nos Allemands, qui cherchent, sans L’avoir encore trouvée, leur comédie nationale29 ? […] Ne nous laissons pas de lui répondre qu’il est permis au poète d’inventer une fable aussi hardie, aussi fantastique qu’il lui plaît, de la rendre même folle et absurde54, pourvu que toutes les parties en soient d’accord et que chaque détail s’harmonise avec la donnée première. […] Je n’ai plus que deux choses à faire remarquer en concluant ce premier point : l’une, c’est que beaucoup de poètes comiques en avaient fait autant avant lui ; l’autre, c’est qu’il leur a tout emprunté78. […] Au premier acte, dans une scène imitée de Plaute, Harpagon exprime sa crainte qu’un domestique n’ait eu quelque soupçon de son trésor.

1767. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Ses premiers essais furent blâmés par son patron, qui n’entendait pas que ses employés perdissent leur temps la plume à la main. […] Zola : une vierge, ayant reçu l’empreinte d’un premier homme, est-il possible que les enfants qu’elle a d’un autre homme ressemblent pourtant à son premier amant ? […] Busnach le pria de lui adresser d’abord quelques exemplaires du premier numéro. […] Dans ce premier numéro, se trouvaient les premiers chapitres de L’Assommoir, ceux qui avaient déjà paru dans le Bien public et dont les réclamations des abonnés avaient interrompu la publication. […] Depuis le temps où les classiques et les romantiques se disputaient la scène, aucune première n’avait excité tant de mouvement dans le public.

1768. (1925) La fin de l’art

Un autre, au contraire, envoya sa première copie à un recueil hebdomadaire très connu, très spirituel et très léger. […] Petit-Jean remontait avant le déluge ; le moderne juge de paix n’a pas de notions sur les époques mythiques : il a l’esprit positif, il entre du premier coup dans l’histoire. […] Le boulanger est au premier rang de ceux-là. […] Son premier élément est toujours le lait, mais le lait, qui est un produit animal, contient évidemment des traces de sel. […] Il faut convenir qu’il a raison et qu’il n’y a que cela de bon dans le « premier Faust ».

1769. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Ainsi en devrait-il être dans le roman : chaque événement, tout en intéressant par lui-même (cela est de première nécessité), serait une préparation, une explication des grands événements à venir. […] Dans la réalité, l’action des événements sur le caractère produit des effets accumulés : la vie et les expériences le façonnent et le développent ; une tendance première, une manière de sentir ou d’agir vont s’exagérant avec le temps. […] Aux premières pages du livre on trouve Werther contemplatif, avec tendance à s’analyser lui-même. […] Au premier de ces trois plans appartiennent, — et c’est aussi leur place dans la vie, — les créatures très distinguées, exemplaires tout à fait réussis et par conséquent typiques de toute une espèce sociale. […] Gaud est présente par lui aux premières pages du livre, là-bas, en Islande, auprès de Yann, Sylvestre mort, c’est dans sa chaumière, auprès de sa vieille grand’mère que s’en vient demeurer Gaud ; c’est sous son portrait encadré d’une couronne de perles noires que Yann et Gaud se disent leur amour.

1770. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Même au xixe  siècle, cette exégèse a été retardée par divers préjugés d’école, les uns médicaux, les autres philosophiques, et Socrate186 n’a guère eu plus à se louer de nos contemporains que des premiers Pères de l’Église. […] Dans les deux premiers cas, elle exprime ou elle imite les formes inférieures de la parole intérieure pratique ; dans le dernier seulement, elle exprime ou elle imite la parole intérieure morale, au sens propre et philosophique du mot. […] En d’autres termes, un mot, d’abord attaché à un sens spécial, passe à un sens voisin du premier ; il est alors une image, une métaphore, c’est-à-dire qu’il renferme, outre son sens propre, une allusion à son premier sens ; plus tard il se dégagera de ce sens primitif et sa signification redeviendra simple et homogène216. […] J’ai refoulé l’assaut de mes larmes et me suis levé, ne voyant plus là qu’un ordre divin qui m’enjoignait d’ouvrir le livre, et de lire ce que je trouverais au premier chapitre venu » (nous soulignons). […] Premier Alcibiade, p. 103 ; 105 d, e ; 124 c.

1771. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Au premier rang parmi les esquisses du mysticisme futur nous placerons certains aspects des mystères païens. […] A première vue, on ne trouverait donc pas plus de mysticité à cette religion qu’à l’autre. […] Il n’est pas douteux, en effet, que l’enthousiasme dionysiaque se soit prolongé dans l’orphisme, et que l’orphisme se soit prolongé en pythagorisme : or c’est à celui-ci, peut-être même à celui-là, que remonte l’inspiration première du platonisme. […] Il ne faut pas oublier qu’à l’origine de la mission du Bouddha est l’illumination qu’il eut dans sa première jeunesse. […] Une science innée, ou plutôt une innocence acquise, lui suggère ainsi du premier coup la démarche utile, l’acte décisif, le mot sans réplique.

1772. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

— abîme béant que des siècles de labeur n’ont pu combler, — consiste pour les uns en l’universalité des êtres créés, devient pour d’autres, comme Aristote, le principe intérieur de l’univers qui le meut et l’organise, « la cause première du mouvement et du repos ». […] Il en résulte que des œuvres goûtées par leur fidélité aux lois de la nature, cause première de tout art, sont bientôt répudiées au nom des mêmes lois9. […] Ceux-ci auront beau s’en défendre, ils n’empêcheront pas· leur essai de synthèse et d’explication universelle, auxquelles ils tendent dans la mesure où le permet l’état des sciences particulières, d’être comme le boulevard d’une philosophie première. […] Il les mit en pratique dans Sophonisbe (1634), notre première tragédie régulière. […] Il suffit que chacun puisse se dire à lui-même les affirmations premières de la conscience soient empiriques, soit morales : ce n’est que par un travail ultérieur qu’on les comparera en vue de les exprimer analogiquement. — C’est ce fond du moi, proprement impensable, qui sera la source de tous les faits mystiques.

1773. (1905) Promenades philosophiques. Première série

— Le vrai philosophe doit disséquer la nature et non l’abstraire ; il doit admettre tout à la fois une matière première et un mouvement premier, comme il se trouve. […] Sainte-Beuve, avant même de se douter de sa vocation critique, dès ses premiers essais, interroge avec gravité sa conscience littéraire. […] C’est vers ses premiers mois de vagissement que Nietzsche a pris possession des cerveaux qui pensent. […] Flaubert est arrivé, à force de travail, à la dureté précise que Molière trouvait du premier coup. […] Ce paragraphe est un résumé des quatre premiers chapitres.

1774. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Si vous voulez, sur un objet donné, tout connaître de première main, dépouiller tous les documents, épuiser toutes les sources de renseignements, vous n’aurez jamais fini. […] Mais à la table de l’Hôtel de la Poste, mon goût présent demande du premier et non du second. […] Inclinez un peu cela du premier côté, vous avez le Génie du Christianisme ; inclinez-le un peu du second, vous avez Port-Royal. […] Au dernier, premier de quelque espace, mais laquelle il jurera de ne pouvoir estre remplie par nul esprit humain, il s’estonnera, il se transira… Dès ma première enfance, la poésie a eu cela, de me transpercer et transporter. […] Bien entendu, cela ne réussit que si l’auteur est de second ordre et le critique du premier.

1775. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Que d’essais, que d’intentions, que de premiers jets, mais courts et trop tôt évanouis ! […] Il dirait volontiers comme le Tasse dans ce sonnet à Mme Lucrèce, duchesse d’Urbin : « Negli anni acerbi tuoi, etc. » En vos années d’âpre verdeur, vous ressembliez à la rose purpurine qui n’ouvre son sein ni aux tièdes rayons ni au Zéphyre, mais qui dans sa robe verte se cache vierge encore et toute honteuse ; Ou plutôt vous paraissez (car aucune chose mortelle ne peut se comparer à vous) comme une céleste Aurore qui emperle les campagnes et dore les monts, brillante dans un ciel serein, et tout humide de rosée : Aujourd’hui la saison moins verte ne vous a rien ôté ; et, fussiez-vous même en négligé, la beauté de première jeunesse, tout ornée d’atours, ne saurait vous vaincre ou vous égaler.

1776. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

L’idée qui a présidé à l’ouvrage est celle-ci ; La poésie tire son premier charme des images qu’elle emprunte à la nature ; dans nos tièdes contrées, au sein d’une civilisation toute-puissante, cette nature a peine à se faire jour et n’est pas à l’aise pour se déployer : là seulement où un climat de feu la féconde sans relâche, et où le voisinage de l’homme ne la met point à la gêne, pleine de vie et de jeunesse, elle éclate dans toute sa solennité. […] Il suit du premier défaut que le style dans cette partie est trop tendu et trop continuellement magnifique.

1777. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Boileau le sentit et donna en 1694 ses neuf premières Réflexions sur Longin, œuvre de mauvaise humeur, d’ironie lourde et brutale, de critique mesquine et puérile. […] Charles, premier commis de la surintendance des bâtiments du roi, de l’Académie française depuis 1670, de l’Académie des belles-lettres depuis la fondation, eut une grande part dans les mesures de protection et d’encouragement que prit Colbert en faveur des sciences et des savants.

1778. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Ses descriptions ont cette précision serrée des détails qui en révèle l’origine : elles s’appuient sur une sensation première, qui se réveille sans être affaiblie ni déformée. […] Élève de l’École des ponts et chaussées, dès son premier emploi il se fait destituer pour son insubordination et sa susceptibilité.

1779. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Première impression : elles portent, je ne sais comment, mais pleinement et avec évidence, la marque d’aujourd’hui. […] À première vue, il y a du hasard dans ses inventions.

1780. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Premiers principes. […] Premiers principes.

1781. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Madeleine de Scudéry fut une des premières à signaler son indépendance ; elle dut maison. […] Les étrangers y admiraient cette naïveté, cette aisance, cette délicatesse si naturelle aux Français, jointes à une modestie, à une candeur digne des premiers temps.

1782. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Cependant, comme un nom accrédité dans la Littérature n’est que trop capable aujourd’hui d’en imposer à la multitude ; comme les Esprits foibles & légers se laissent aisément ébranler par le persiflage ; comme la plupart d’entre eux cessent d’admirer, dès que la mode le commande, ou que le ridicule les effraie : il est nécessaire de défendre la gloire d’un des premiers Poëtes de la Nation. […] Mais c’est précisément par la variété & le charme inexprimable de son style, que ce Poëte mérite, de l’aveu de tous les gens de goût, d’être placé parmi les Ecrivains du premier ordre.

1783. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

L’idée de se faire moine Feuillant lui vint de ce qu’en plaidant sa première cause, l’an 1604, il demeura court. […] Si la chose étoit nouvelle, il se peut que je ne serois pas fâché de la suppression du premier libèle qui me diroit des injures.

1784. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

" cette première est de bonne couleur " . […] La fausseté du premier moment a influé sur tout le reste.

1785. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Sous les pieds des premiers chevaux, soldats renversés, foulés, écrasés, étouffées. […] On voit au premier de ces paysages à gauche un grand rocher dont le pied est baigné par des eaux traversées par des voyageurs entre lesquels une femme portant un enfant sur son dos ; autour de cette femme quelques moutons ; puis une autre femme, à cheval tenant un petit chien, ensuite son mari arrêté, et fesant boire son cheval. à droite, des eaux, d’autres passagers et un lointain.

1786. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Leurs premiers historiens ont été des poëtes. […] Homere n’est pas de ces premiers faiseurs de cantiques dont j’ai parlé.

1787. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Il faut donc se défier de ce premier mouvement autant que les personnes sages se défient de celui qui porte à désapprouver d’abord les modes et les coutumes des païs étrangers. […] Seneque le pere dit dans l’avant-propos du premier livre de ses controverses : que les jeunes gens de son temps faisoient leur plus sérieuse occupation de ces deux arts.

1788. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Mais la Critique ne pouvait-elle espérer sans outrecuidance que ces faits, contre lesquels l’historien se révolte, le frapperaient puissamment par ce qu’ils ont d’extraordinaire et même pour lui d’incompréhensible, et que de cette indignation aveugle, mais vraie et largement vibrante, contre le Moyen Âge, ses passions colossales, ses déchirements nécessaires, ses institutions, tout cet ensemble de servitudes chevaleresques dont Labutte n’a pas même la notion première et que Schiller, qui était un grand poète et un noble cœur, appuyait sur un fond céleste, il serait au moins sorti un cri énergique, une réprobation digne de ce temps immense, quelque chose, enfin, qui aurait eu son éloquence, son injuste, mais réelle beauté ? […] II L’histoire des premiers ducs de Normandie est, en effet et avant tout, un récit dramatique, mouvementé, pittoresque, comme toutes les histoires où les peuples neufs apparaissent, et, hordes encore, s’essaient à devenir société.

1789. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Dans ces premiers temps on loua la divinité au lever du soleil ; c’était une espèce de création nouvelle qui rendait l’univers à l’homme. […] ô Jupiter, premier des immortels, souverain de la nature, qui gouvernes tout, qui soumets tout à une loi, je te salue ; car il est permis à l’homme de t’invoquer.

1790. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Si au XIXe siècle, c’était la possession d’une grande fortune qui plaçait un homme au premier rang de la société, aujourd’hui c’est le fait d’acquérir un capital qui est considéré comme la plus haute vertu. […] Il y a les usages journalistiques, dont bénéficie le public qu’intéresse la littérature ou ses alentours… Mais le seul souci des droits de la Critique m’obligerait à répondre : non, à votre première question et deux fois non, à la seconde. […] Aux deux premières, je réponds non   à la troisième, je réponds… peut-être ! […] Les Chants de Maldoror, chant premier, strophe dixième. […] L’un des premiers graphologues français, Jules Crépieux-Jamin (1859-1940) était connu pour avoir défendu Alfred Dreyfus par des expertises d’écritures.

1791. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Diderot est à peu près en tout l’opposé de Voltaire, et il le fait aimer ; premier crime. […] les inepties que je trouve, par exemple, dans les Pensées soi-disant philosophiques du premier volume de l’édition Garnier que j’ai là sous les yeux. […] Ce premier volume de la collection future des Garnier est comme une introduction à l’ouvrage entier, et l’ouvrage entier nous passera plus tard par les mains. […] Croyez-vous que Jules Janin, qui fut un des premiers de notre temps à sonner du feuilleton sur Diderot, qu’il imita toute sa vie, avait lu Diderot tout entier ? […] Mais ce n’est pas seulement dans la forme qu’il a cette qualité première qui crée, et qui, en tout, est le génie : il l’a dans le fond même.

1792. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Et cette impatience, qui me fait lui manquer de respect, est un hommage au génie du premier Dumas, puisque c’est lui qui l’a créée. […] Depuis, le jeune homme a régné, puis il est mort… (Toute cette histoire, contée en détail par Godler au premier acte, est d’une rare saveur.) […] Et, chacun de ces trois personnages ayant encore parmi nous son équivalent, tous leurs mots « portent », comme au premier jour. […] À deux reprises, au premier et au deuxième acte, nous voyons venir toutes ces demoiselles au salon. […] Abusée un moment par la Vénus terrestre, j’appartiens de nouveau à la Vénus Uranie, je rentre dans la beauté de mon premier rêve.

1793. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Comment, après les secousses de tant d’orages, rappeler le public aux objets de sa tranquille attention, et le rendre à ses premières vues ? […] Notre analyse est partie d’Homère, qui, pour ainsi dire, a fourni la matière première, et l’a d’abord façonnée. […] Dureau rendent fort bien les quatre premiers vers latins qui suffisent à l’exorde de l’Argonautique de Flaccus. […] D’autres chants jettent la semence du dramatique intérêt qui va toucher les cœurs émus à l’aspect de l’innocence des deux premières créatures humaines. […] Mais par quel étonnant privilège un poète, sorti du premier berceau des muses, a-t-il constamment gardé son rang supérieur à celui des autres poètes qui le suivirent ?

1794. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Julien Pichon, l’un de mes auditeurs, à qui c’est mon premier devoir, et un plaisir en même temps, que d’en adresser ici tous mes bien vifs remerciements. […] Cette seconde période s’est étendue, dans l’histoire de la critique française, de 1610 à 1660, environ, ou — si vous voulez des titres et des noms, — depuis la publication de la Préface de l’Adone, par Chapelain, et des premières Lettres de Balzac, jusqu’à l’apparition des premières Satires de Boileau. […] Le grec a désormais cessé d’avoir le prestige qu’il avait aux yeux des premières générations du xvie  siècle. […] Balzac a écrit trente ans ; et c’est être injuste à son égard que de ne le juger, comme on fait habituellement, que sur ses premiers écrits. […] Quant au premier, nous avons vu, vous vous le rappelez, en parlant de Boileau, qu’il était le fondement de l’art.

1795. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il la vit à Londres, au mois de décembre 1840, neuf ans après avoir répondu à sa première épître. […] Son premier livre, improvisé dans le temps de son premier exil, s’intitule : les Zouaves et les Chasseurs à pied. […] Le chic, c’est de se dire « terrien », autochtone, indigène, premier occupant du sol ancestral. […] Ses jeunes premiers sont souvent d’exquis moineaux ou d’honnêtes merles. […] Cet uniforme, au premier abord, confondait leurs âges.

1796. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Les deux premiers tiers du siècle sont occupés et même obstrués, par le romantisme. […] Le champ visuel du premier est illimité comme la nuit stellaire. […] Tous les grands faits de notre histoire ont été appréciés et jugés au nom de cette iniquité première. […] Ensuite vint le kantisme, qui troubla ma ferveur métaphysique première par la discussion des procédés et des catégories de la connaissance. […] Ce n’était pas la peine de nous faire perdre tant de temps à l’analyse des Premiers principes.

1797. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Mes premières rencontres avec M. d’Aurévilly datent de cet âge paradisiaque. […] Brunetière devait être, ce semble, un des premiers à défendre, comme il est un des premiers à en user. […] Dans ma première réponse, je n’ai pas eu de peine à montrer que l’idée, chère à M.  […] Oui, j’écrirai à mes premiers parents Que j’ai retrouvé mon amant. […] Trente ans il erra dans les cafés, de nuit, s’effaçant comme une ombre aux premières lueurs du matin.

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