« Ne vous obstinez pas, concluait le peintre de Cléon en s’adressant aux jeunes gens, à poursuivre un je ne sais quoi plus grand que vous-mêmes ou que votre époque ; ou, si vous voulez absolument chercher quelque chose de grand, sachez quoi. » Pour lui, il ne tarda plus guère à le savoir.
Seulement, ils regardent ces fautes comme si légères, que, loin d’en faire à Molière l’objet d’un reproche sérieux, ils l’excusent, ils le louent presque d’avoir négligé l’intrigue au profit des caractères, à peu près comme si on approuvait un peintre de s’être affranchi, dans ses tableaux, du soin de composer et de grouper toutes les figures avec art, afin de pouvoir concentrer son étude sur la ressemblance de chacune d’elles avec son modèle.
Là commença de propos délibéré, et se poursuivit sans relâche, son lent et profond suicide ; rien que des défaillances et des frénésies, d’où s’échappaient de temps à autre des cris ou des soupirs ; plus d’études suivies et sérieuses ; parfois, seulement, de ces lectures vives et courtes qui fondent l’âme ou la brûlent ; tous les romans de la famille de Werther et de Delphine ; le Peintre de Saltzbourg, Adolphe, René, Édouard, Adèle, Thérèse, Aubert et Valérie ; Sénancour, Lamartine et Ballanche ; Ossian, Cowper, etc.
Oui, ce fut un railleur et un peintre redoutable.
Les dieux de Fénelon ressemblent à ces vaines figures de la Vierge auxquelles s’essayent les peintres, depuis que le protestantisme et la philosophie ont effacé de notre imagination cet idéal que Raphaël avait reçu de la foi du moyen âge.
La momie servait aussi à fabriquer pour les peintres un beau noir qui, paraît-il, n’aurait pas été remplacé, ce qui n’a plus d’importance, toute la peinture étant désormais couleur jus d’herbe et sirop de groseille.
L’écrivain, pas plus que le peintre, ne tentera aujourd’hui de nous représenter des êtres qui seraient hors des lois et des classes où nous savons qu’ils sont rangés.
Il se demanda, sérieusement, s’il serait un grand peintre ou un grand poète ; — et il se décida pour la peinture, car les exigences de ce métier le rapprocheraient de Mme Arnoux.
Décrivant à Joubert une soirée de route : « Je sens bien, écrit il, que si la lune n’avait pas été là réellement, je l’aurais toujours mise dans ma lettre. » Il a constamment et en tout sujet, non seulement comme descriptif, mais comme romancier, peintre des passions, doctrinaire politique et apologiste chrétien, « mis la lune ». […] Mais quand il s’est agi de peindre l’amour lui-même, l’amour au naturel, en dehors de ce halo musical, de cette capiteuse atmosphère de jasmin et d’oranger, l’amour tel que l’éprouve non pas un poète célèbre, mais un sincère cœur de femme, le frémissement de la flèche d’Eros dans la chair, n’a-t-il pas été, je le demande, un peintre bien pâle ou bien faux ? […] Pendant que le romantisme « égarait sa main » comme peintre des passions et des caractères, comme historien et homme politique, les thèmes antiques et familiers de la commune existence domestique et sociale, la maison, la famille, le village, le travail, les tombes, la religion lui parlaient poétiquement. […] Les primitifs, tant poètes que peintres, peignent sans vérité et sans vie, par inexpérience, roideur, timidité et pauvreté de moyens. […] Je répute que, procédant ainsi, il a été, pour une fois, un peintre moral fort et vrai.
Ce genre de tableaux, procédant nécessairement par généralisations et synthèses, prête toujours à une infinité d’objections de détail ; un chartiste aussi remarquable que l’est Jacques Boulenger ne manquera pas de textes qui paraissent, dans tous les cas, mettre le peintre en défaut. […] La représentation de Boris Godounow aura pu apprendre à ceux qui l’ignoraient que ce miniaturiste incomparable est aussi un peintre de souffle et d’envergure, capable de brosser d’une main magistrale de vastes compositions.
Hier, chez Péters, on m’apporte un rosbif, dont mes yeux de peintre suspectent le rouge noirâtre, si différent du rouge rose du bœuf. […] Le canon tire six coups, puis le commandant enlève de son trépied le petit instrument de cuivre à prendre les hauteurs, le met précieusement dans une boîte de fer-blanc, le fourre dans sa poche et s’en va, tandis que sur la pièce s’assied un jeune artilleur, un blond à la figure féminine, empreint de ce quelque chose d’héroïque que le peintre Gros donne à ses figures militaires, et qui, le bonnet de police de travers sur la tête, une ceinture algérienne aux rayures éclatantes lui serrant les reins, la cartouchière au ventre, tout débraillé, et charmant de désordre pittoresque, se repose de la fatigue de cet exercice de mort.
Devant une statue ou un tableau, le spectateur reçoit d’abord, du sculpteur ou du peintre, l’impression première qui le saisit ; mais c’est à lui-même à continuer ensuite l’ouvrage. […] Il a suffi au peintre d’établir, entre le personnage et le spectateur, un premier rapport qui ne varie plus.
Ces deux historiens ont bien plus de génie et d’éloquence, ils sont beaucoup plus peintres que la plupart des dramaturges. […] Des personnages tels que Sévère et Pauline sont une création du génie de Corneille : il n’en a trouvé le modèle ni chez les anciens ni chez les modernes ; les mœurs des Grecs ne leur permettaient pas même de connaître ces raffinements de générosité, de bienséance et de grandeur d’âme, trop supérieurs à la nature dont les Grecs sont des peintres fidèles. […] Il ne s’agit pas ici des petits tourments d’un petit héros qui fait le fou, parce qu’il craint de n’être pas aimé de sa maîtresse ; il s’agit du plus terrible coup de la fortune, de la plus grande catastrophe qui jamais ait épouvanté les nations : on étale à nos yeux la chute et les débris de cette monstrueuse république, qui, après avoir humilié, écrasé tous les rois, vient périr en Égypte dans la personne de son chef, par l’ordre d’un roi enfant ; on nous montre le triomphateur des trois parties de la terre alors connues, vaincu à son tour, et sans asile dans cet univers plein de ses trophées ; le maître du sénat, l’idole du peuple-roi, le souverain du monde dépouillé, mis à nu par le hasard d’une seule bataille, n’ayant plus, dans sa fuite, de plus grand ennemi que sa fortune passée, lâchement assassiné, non par la cruauté de son ennemi, mais par l’infâme politique d’un vil eunuque ; de l’autre côté, le héros de Pharsale, le vainqueur de Pompée, plus grand que sa fortune, faisant un effort sublime pour vaincre sa victoire, même pleurant sur la tête de son rival, et, après s’être élevé au-dessus de l’humanité par ses talents et son bonheur, s’approchant de la Divinité par sa générosité et par sa clémence : superbes tableaux où le peintre n’est point au-dessous du sujet !
Avant d’être poète tragique, il fut athlète de son état, puis peintre, puis philosophe. […] Vous remarqueriez qu’il fut l’ami des peintres, tout comme les littérateurs d’à présent ; et ce n’est pas sa faute si Mignard et Bourdon peignaient avec moins d’inquiétude que M. […] Si vous rapprochez de l’immense Comédie humaine l’ensemble d’études que forment, sur les mœurs de l’ancien régime, les comédies et les romans des deux derniers siècles, vous serez stupéfaits de l’originalité de Balzac, et vous reconnaîtrez en lui le peintre tout-puissant, — et unique, ou à peu près, — du premier âge, fiévreux et trouble, de notre société démocratique, quand elle était toute chargée encore et toute bouillonnante des éléments du passé. […] La preuve lui en est bientôt apportée par l’ami Lazzaro, peintre raté, ivrogne réussi, philosophe cynique plein de douceur.
Elle était, ma tante, un esprit réfléchi de femme, nourri, comme je l’ai dit, de hautes lectures et dont la parole, dans la voix la plus joliment féminine, une parole de philosophe ou de peintre, au milieu des paroles bourgeoises que j’entendais, avait une action sur mon entendement, et l’intriguait et le charmait. […] L’évolution de son esprit me paraît analogue à celle qu’il attribue aux peintres italiens : d’abord une quête de l’univers, au hasard des impressions et des rencontres et une inscription de cette inquiétude à l’aide de figures un peu raides et gauches. […] Son thème est simple : Une société de gens du monde, réunis par la villégiature d’un beau château, nous offrent des types, presque classiques, de prince rastaquouère et coureur de dot, le svelte Sylvère de Caréan, de baron juif ignoble, vicieux et sordide, le gros Munstein, de petites femmes flirteuses, coquines ou coquettes, Mmes Vanault de Floche et de Courlandon, d’un peintre de salons, Cyprien Marfaux et de divers autres comparses, tous caractérisés.
Il n’a cependant pas adouci son talent, il n’a pas modifié son genre, il ne s’est pas mis d’accord avec lui-même ; quoiqu’il se soit une fois égaré dans des sentiers mystiques — l’on eût dit une figure de Rubens flottant dans une composition de Fra Angelico — il est demeuré le peintre brutal des grands désordres sociaux, et ses livres « réalistes » continuent à exhaler des odeurs d’épopée. […] Cet écrivain-là est un peintre ou un musicien : il écrit pour le charme de nos yeux ou de nos oreilles ; il s’adresse à un public délicat et par conséquent limité, à un public qu’une éducation spéciale et luxueuse a mis en état de le comprendre. […] Alphonse, ne paraîtra jamais tout à fait sérieux à des hommes de travail : les peintres du vice inspireront toujours méfiance aux défenseurs attitrés de la vertu, qui fuiront leur alliance ; les honnêtes gens d’instinct auront mille peines à comprendre qu’on se préoccupe si fort du divorce, de la recherche de la paternité et de la réhabilitation des filles déchues, quand on veut bien sincèrement extirper du monde la luxure et la sensualité ; le grand public, enfin, préférera longtemps encore à ceux qui rêvent de réformer les lois ceux qui s’appliquent simplement à leur obéir.
Ici, il faut citer : « Le peintre (c’est l’amant d’Élisabeth) se jeta lui-même sur un tabouret, placé vis-à-vis le sopha, posa sa tête sur le sein de l’autre, les yeux levés vers lui. « Robert, murmura-t-il, quel enfantillage de nous haïr, puisqu’enfin nous nous aimons. […] » Robert savait fort bien que le peintre n’en serait pas mieux pour cela ; mais celui-ci était si suppliant ! […] Freytag étale à profusion ses rares qualités de peintre et de poète ; mais le sang-froid, la justesse et la force lui manquent, et la fantaisie ne suffit pas pour introduire dans un roman des épisodes qui appartiennent à l’histoire.
Le peintre de la terre. — Qu’est-ce que l’année ?
. — Il est le peintre de la seconde société féodale.
D’abord, il dispose ses tableaux, il en prépare les plans, puis, tout à coup, il les éclaire par une citation, avec un art semblable à celui des grands peintres qui jettent sur leur composition un rayon de lumière pour en relever les effets.
Il en est exactement de ces chansonniers de carrefour ce qu’il en est des peintres de caricatures, qui s’étudient à prendre la figure humaine en moquerie et à la traduire en dérision.
des peintres, des sculpteurs, des médecins, des avocats, des professeurs, Homais et Charles Bovary, Bouvard et Pécuchet !
. — Le Peintre J.
Voilà où est tombé le peintre qui faisait envie aux héritiers du Titien et de Paul Véronèse.
La seule différence qui existe entre eux, c’est que, pour traduire le Divin qu’ils conçoivent, ils doivent se servir de symboles différents : le musicien de sons, le poète de strophes, d’images et de mots, le peintre de couleurs, le sculpteur de mouvements imprimés à l’argile, l’architecte de lignes.
Lorsqu’on feuillette tour à tour l’œuvre des peintres de la cour sous Charles Ier, puis sous Charles II, et qu’on quitte les nobles portraits de Van-Dyck pour les figures de Lely, la chute est subite et profonde : on sortait d’un palais, on tombe dans un mauvais lieu. […] Outre cela il regretta la décadence de la musique « qui autrefois enchantait les hommes, les bêtes, les oiseaux, les serpents, au point que leur nature même en était changée610. » Il voulut énumérer les plus grands écrivains modernes et oublia dans son catalogue, « parmi les Italiens611, Dante, Pétrarque, l’Arioste et le Tasse ; parmi les Français, Pascal, Bossuet, Molière, Corneille, Racine et Boileau ; parmi les Espagnols, Lope et Calderon ; parmi les Anglais, Chaucer, Spencer, Shakspeare et Milton » ; en revanche il y inséra Paolo Sarpi, Guevara, sir Philip Sidney, Selden, Voiture et Bussy-Rabutin, « auteur des Amours de Gaul. » Pour tout combler, il déclara authentiques et admirables les fables d’Ésope, cette pesante rédaction byzantine, et les lettres de Phalaris, cette méchante fabrication sophistique ; deux ouvrages, selon lui, « qui, étant les plus anciens dans leur genre, sont aussi les meilleurs dans leur genre. » Enfin, pour s’enferrer lui-même sans remède, il remarqua gravement que « sans doute quelques savants, du moins de ceux qui passent pour tels sous le nom de critiques, n’avaient point estimé ces lettres authentiques ; mais qu’il fallait être un bien médiocre peintre pour ne point y reconnaître une peinture originale.
Ce fut à l’aube de la Renaissance que les peintres les découvrirent ces ressources. […] Il cherche désespérément le peintre et l’écrivain qui pourraient réagir.
Rien de plus simple : voici d’abord le fatras des critiques dirigées contre lui, voici le flot de ses détracteurs : En habits de marquis, en robes de comtesses ; et les railleries des beaux esprits ; et la foule des auteurs jaloux : de Villiers et la Vengeance des Marquis ; Boursault et le Portrait du Peintre ; Montfleury et l’Impromptu de l’Hôtel de Condé ; Le Boulanger de Chalussay et son Élomire Hypocondre ; — voici même l’insulte et l’outrage : Molière, dans Héraclius, accueilli par des pommes cuites ; et ces mousquetaires qui troublent la représentation de Psyché par leurs « hurlements, chansons dérisionnaires et frappements de pieds dans le parterre » ; et, du milieu de ce même parterre, ce gros de laquais qui jette sur la scène où Molière joue l’Amour médecin un « tuyau de pipe à fumer128 ». […] Anathème sur Boursault et la sacrilège audace qui lui dicta le Portrait du Peintre ! […] Puisqu’il n’y a pas une histoire de la littérature où la remarque n’ait été faite et que personne jusqu’ici ne s’est avisé de contester à Racine la gloire d’avoir été, s’il en fut, le peintre des passions de l’amour, il est inutile d’insister.
. — Les peintres coloristes connaissent bien cet état, car ils y reviennent ; leur talent consiste à voir leur modèle comme une tache dont le seul élément est la couleur plus ou moins diversifiée, assourdie, vivifiée et mélangée. — Jusqu’ici, nulle idée de la distance et de la position des objets, sauf lorsqu’une induction tirée du toucher les situe tout contre l’œil.
De même, dans une maison, des charpentiers et des maçons construisent d’abord les murs et posent la charpente ; après quoi des menuisiers, des peintres et des tapissiers viennent arranger les appartements.
Rohault et Mignard, le fameux peintre, le consolaient par leur affection de ses disgrâces.
L’art n’est plus, comme l’a promulgué le chef du naturalisme, la Nature vue à travers un tempérament, c’est la Nature elle-même qui se volatilise, se transverbe ou s’immobilise, selon que le musicien, le poète ou le peintre l’envisage.
Cette action cependant, toute grande qu’elle est, ne suffiroit pas à l’étenduë d’une tragédie ; elle ressemble à la plûpart des faits qui frapent dans l’histoire : on est tellement séduit par l’émotion qu’ils causent, qu’on y croit voir d’abord des tragédies presque toutes faites ; on ne prend pas garde qu’ils ne donnent souvent que la matiere d’une belle scene ; c’en est assez à un peintre pour un tableau, au lieu que le poëte a besoin d’imaginer des circonstances qui multiplient, pour ainsi dire, une action trop simple, qui mettent le même caractere et la même vertu à diverses épreuves, et toujours dans l’esprit du fait principal, de maniere qu’il entretienne continument par la variété même, la passion qu’il s’est proposé d’exciter dans les coeurs. […] Souvent les auteurs, ou faute d’invention, ou d’assez de délicatesse pour la gloire, se contentent de situations déja connuës ; et à quelques différences près, dont celle des noms est quelquefois la plus considérable, ils s’approprient ce que d’autres ont inventé ; semblables à ces peintres sans imagination, qui ne font que copier d’après les grands originaux, les plus beaux airs de tête et les attitudes les mieux choisies.
C’est ainsi qu’on done le nom du peintre au tableau : on dit j’ai vu un beau Rembrant, pour dire un beau tableau fait par le Rembrant. […] pinceau, outre son sens propre, se dit aussi quelquefois par métonymie, come plume et stile : on dit d’un habile peintre, que c’est un savant pinceau.
Et la seconde rappelle ces étoffes légères, molles et dociles à la variété des gestes, dont vêtent leurs personnages les peintres des saines et belles époques d’art. […] Aux petits personnages « si proprets dans leur mise et si roses » de ce peintre, il oppose de vrais hommes de labours, tels qu’ils sont, « noirs, grossiers, bestiaux », et il se plaît à leur bestialité, à leur sauvagerie ; il les aime d’être instinctifs, prompts à la révolte et, en fête, vite allumés à la chair grasse des filles.
disait Cromwell à son peintre, en lui montrant les rugosités et les verrues de son visage ; il faut avoir soin de nie le laisser. » Mais il est peu de gens qui osent prendre sur eux de le faire.
Il est écrit qu’en 1865 nos sculpteurs feront de la plastique sentimentale, nos peintres se voueront au culte de l’infiniment petit, notre musique abusera du trombone, notre poésie continuera d’être une poésie d’hôpital ou une versification de jongleurs chinois.
Car il est à la fois philosophe et peintre, et il ne nous montre jamais les causes générales sans les petits faits sensibles qui les manifestent, ni les petits faits sensibles sans les causes générales qui les ont produits.
Que serait-ce après cela, si, depuis Poussin jusqu’à David, nous énumérions ici tout ce que nos peintres lui ont fait d’emprunts ?
Ami, ton dire est vrai ; les peintres, dont l’honneur Luit en tableaux sans nombre aux vieilles galeries, S’occupaient assez peu de hautes théories, Et savaient mal de l’art le côté raisonneur ; Mais, comme dans son champ, dès l’aube, un moissonneur, En loyaux ouvriers, sur leurs toiles chéries, Ils travaillaient penchés, seuls et sans rêveries, Pour satisfaire à temps leur maître et leur seigneur. […] Je le répète, comme langue, Notre-Dame de Paris est un ouvrage éclatant ; il y a là un empiètement de l’écrivain sur le domaine du peintre ; la toile n’en dirait pas plus, et même je ne crois pas impossible qu’on fit des dessins d’après les descriptions de Notre-Dame de Paris aussi sûrement que d’après nature. […] Il le voit en critique plutôt qu’en peintre ; on dirait qu’il a peur d’être sa dupe. […] Or, cette inspiration de bon sens dont je me suis vanté plus haut, quelques années de plus sur ma tête, un peu plus de cette expérience de la vie qui fait comprendre les grands écrivains, lesquels ne sont que de grands peintres ou de grands historiens de la vie, deux ou trois de ces événements domestiques qui mûrissent l’homme rapidement en développant son cœur, m’avaient ramené naturellement à l’admiration des chefs-d’œuvre de notre langue, et à l’intelligence de la tradition dans la littérature.
Comme peintre, il les égale, il ne les dépasse pas : ce qui n’a rien de surprenant, car il n’a que vingt-deux ou vingt-trois ans. […] Il a été, un peu après Ramond, un peintre excellent de la montagne (ce fut l’Alpe suisse) et de la forêt (ce fut Fontainebleau). […] Ah que le peintre de cet enfer aime visiblement le péché !
Comme La Bruyère et comme les peintres hollandais, il trouve dans ce monde petit une matière consubstantielle à la perfection du style. […] Le vieux peintre Pellerin fait pendant à Regimbart. […] Pourquoi les musiciens plus que les peintres ? […] Voilà ce que Flaubert a mis en valeur de la façon la plus délicate et la plus subtile en faisant croiser l’histoire de Félicité par l’histoire tout court, en ménageant comme un peintre hollandais les plans de transition entre cette durée individuelle et une durée historique.