/ 1939
846. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Renan, par la suite, a tiré, selon moi, un parti exagéré.)

847. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, cet homme savant et vénérable en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale…‌ Mais, à peine ai-je écrit ce mot « servilité » que je l’efface et je reviens au terme exact : discipline.

848. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Voici un trait bien fin sur les évasions qu’on se fait à soi-même dans les cas difficiles : « Je ne sais, dit le héros du roman, si tout le monde est comme moi ; mais quand je me suis longtemps occupé d’un projet qui m’intéresse beaucoup, quand la difficulté que je trouve à en tirer parti m’a contraint à le retourner en différents sens, je me refroidis et n’attache plus aucun prix à la chose à laquelle, l’instant d’auparavant, je croyais n’en pouvoir trop mettre. » Et ailleurs : « Comme il arrive toujours lorsqu’on est occupé d’un projet, si peu important qu’il puisse être, j’oubliai pour un instant tous mes chagrins. » Que dirait de mieux un ironique de quarante-cinq ans, retiré du monde ? […] Ennuyée de cette compassion maligne, elle y répondit admirablement, le 18 décembre 1807, par une lettre d’une femme journaliste à un ami : « On censure donc mes feuilletons, mon ami ; c’est en vérité leur faire bien de l’honneur ; mais la critique s’étend, dites-vous, jusque sur moi, sur le parti que j’ai pris d’écrire dans un journal, et surtout d’y rendre compte des nouveautés théâtrales… Ce reproche que l’on me fait, c’est donc que je suis femme, car ce ne peut être de ce que je suis journaliste : ceux de mes censeurs qui me connaissent savent trop bien pourquoi je le suis. […] En un mot, en se rencontrant tout d’abord, Mlle de Meulan et lui, à une grande élévation d’idées, ils y arrivaient partis d’origines intellectuelles diverses et presque contraires.

849. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Comme sa passion l’obligea à ne mettre la politique qu’en second dans sa conduite, d’héroïne d’un grand parti elle en devint l’aventurière. La Grâce a rétabli ce que le monde ne lui pouvoit rendre. » Autant, dans la Fronde, on voit Mme de Longueville supérieure, comme esprit, à Mme de Montbazon par exemple, ou à Mlle de Chevreuse (ce qui est trop peu dire), ou même à Mademoiselle, autant elle reste inférieure à son amie la princesse Palatine, véritable génie, ferme, ayant le secret de tous les partis, et les dominant, les conseillant avec loyauté et sang-froid ; non pas l’aventurière, elle, mais l’homme d’État de la Fronde. « Je ne crois pas que la reine Elisabeth ait eu plus de capacité pour conduire un État, » dit Retz. […] Je vous conseille cependant de faire en sorte qu’il ne voie personne : il ne faut pas le laisser parler. » Tel était au vrai, dans son ingénuité, le grand comploteur et chef de parti Arnauld.

850. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Le père s’étonne et se tait ; le pasteur prend avec une douce éloquence le parti de la mère et du fils. […] Ce parti, qui concilie la prudence du père avec la tendresse pressée de la mère et l’amour impatient d’Herman, est accepté d’un consentement commun. […] XXIII Quant à sa politique, elle participait de cet éclectisme calme et de cette superbe indifférence pour le fanatisme de tels ou tels partis monarchiques ou populaires, aristocratiques ou démocratiques.

851. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Voilà qui paraît moins mal jugé ; mais, prenons-y garde, Perrault est janséniste : dans son jugement sur les Provinciales, s’il y a de l’admiration pour Pascal, il y a encore plus d’esprit de parti. […] Tant d’habileté et de bonne conduite mit tout le monde de son parti. […] Le fameux sonnet de Desbarreaux est la plus grande indiscrétion de ce parti.

852. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Laissez passer quelques années et voici que surgissent des hommes partis de plus bas : Rousseau., fils d’horloger et ancien laquais ; Diderot, fils de coutelier, qui a connu la misère et la faim ; Sedaine, qui fut tailleur de pierre ; d’Alembert, enfant naturel recueilli par la femme d’un vitrier ; Chamfort, né aussi de père inconnu ; la Harpe, élevé par charité, etc.. […] Il leur arrive de devenir des espèces de bravi à gages, comme ces tristes hères qui, pendant la Fronde, aboient tantôt pour, tantôt contre Mazarin, suivant le parti où ses caprices entraînent leur bailleur de fonds. […] Le journaliste n’a que le choix entre deux partis : Ou bien obéir, courber la tête, suivre docilement ces variations, se résigner au rôle nourrissant et modeste de machine à écrire ; ou bien s’en aller chercher dans une autre feuille un gagne-pain qui sera aussi précaire, à moins qu’il ne se dégoûte pour jamais d’une profession où la pensée est sous le faix d’un pareil joug.

853. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Les mots partis du cœur ont tous les cœurs pour échos, et ce mot-là est de ceux qui les font vibrer. […] Le bourreau a beau se retirer à la campagne, comme un bon bourgeois, dans une jolie maison à contrevents verts, sa fille n’en reste pas moins la fille du bourreau… un vilain parti. […] Au troisième acte, l’action s’embrouille et se brusque : Olympe a pris son parti, elle veut de l’argent et sa liberté.

854. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Chaque parti joint au raisonnement l’autorité. […] Ce qu’il y a eu de mieux dans toute cette discussion, & ce qui doit suffire pour réunir les deux partis, est la réflexion si judicieuse de M. de Voltaire : « Vouloir de l’amour dans toutes les tragédies est un goût efféminé, l’en proscrire toujours est une mauvaise humeur bien déraisonnable » : mais, ajoute le même auteur, si l’on fait tant que de l’y amener, il faut qu’il y tienne la première place, il faut qu’il soit le nœud nécessaire de la pièce. […] La chaleur entre les deux partis étoit égale, lorsqu’on donna l’Enfant prodigue, pièce excellente & dans le goût nouveau, composée de scènes pathétiques, & de très-bonne plaisanterie, à l’exception de quelques-unes de celles qu’on met dans la bouche de Rondon & de Fierenfat.

855. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

C’est ce qui arrive dans les cas où un personnage oscille entre deux partis opposés à prendre, chacun de ces deux partis le tirant à lui tour à tour : tel, Panurge demandant à Pierre et à Paul s’il doit se marier. Remarquons que l’auteur comique a soin alors de personnifier les deux partis contraires.

856. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Il est temps que la philosophie, au lieu de former un parti dans l’espèce humaine, s’élève au-dessus de tous les partis : tel sera l’esprit de cet enseignement ; c’est là le caractère nouveau que la philosophie française doit recevoir des mains de la civilisation du dix-neuvième siècle. […] Partis de la raison humaine, nous nous sommes élevés jusqu’à Dieu pour descendre à la nature, et de là remonter à l’humanité. […] Les combats des partis, dans les limites de la constitution politique d’un peuple, font la vie de ce peuple. […] Les mensonges des partis et des coteries, les illusions de l’amitié n’y peuvent rien ; il n’y a pas même lieu à discussion. […] Mais là encore il faut être du parti du vainqueur, car c’est toujours le parti de la civilisation, celui du présent et de l’avenir, tandis que le parti du vaincu est presque toujours celui du passé.

857. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Je partis et j’écrivis ce récit qui date d’hier soir. […] Je me rappelle avoir assisté un soir, à la répétition générale d’une pièce au Théâtre-Français, et, parti avant la fin,     avoir trouvé le procès-verbal exact des impressions de la soirée dans un café du bout de l’avenue de Villiers ! […] Des arbres grêles, des chaumines émergeaient de tout ce rose et de tout ce bleu ; le pigeonnier d’une grande ferme, dont les toits de tuile neuve commençaient de briller, dressait son cône blanchâtre dans l’ardeur pourprée de l’orient… Oui, ce Prussien parti avec des idées de massacre, s’était arrêté, ébloui et pieusement remué, devant les splendeurs du jour renaissant, et son âme, pour quelques minutes, était conquise à l’Amour. […] Clovis Hugues et, après l’avoir dépouillé de la passion de parti, reconnaissons qu’il renferme de belles pages (Pendant les haltes) qui suffiraient à en assurer le légitime succès. […] Nous sommes acceptés là-haut par les espaces, Et, tu dis vrai, les champs, les halliers noirs, les monts Sont de notre parti, puisque nous nous aimons.

858. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Dufresne et Grandval n’en tirèrent pas un grand parti : il fallut qu’un comédien énergique et bouillant vînt nous apprendre toute la valeur de cet hémistiche : c’est l’enchanteur Le Kain qui a créé la pantomime passionnée et l’amour déchirant qui donnent à ces trois mots, si simples, un effet si tragique. […] L’auteur de tant de chefs-d’œuvre avait encore pour lui quelques galants de la vieille cour, quelques héroïnes de la fronde : ce parti suffisait pour garantir d’une chute ignominieuse les tristes enfants de sa verve glacée. […] Phèdre, en proie à Vénus, peut mourir pour s’en délivrer, et c’est le parti qu’elle prend chez Euripide. […] Le suffrage de Louis XIV et de madame de Maintenon ne suffisait pas à l’auteur, tout grand courtisan qu’il était : il prit le parti de faire imprimer sa tragédie pour lui donner plus de célébrité ; et, pour le repos de sa conscience, il fit seulement insérer dans le privilège une défense expresse aux comédiens de la jouer ; précaution qu’on avait également prise pour Esther, et qui fut également inutile. […] Personne ne. lui conteste Ragotin, et l’on peut juger qu’un homme tel que La Fontaine aura su tirer parti du Roman de Scarron, qu’on nomme comique à si juste titre ; car il y a peu d’ouvrages aussi plaisants.

859. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Les réformateurs se fixèrent au premier parti. […] Quel parti pouvons-nous tirer de la loi de Moïse ? […] C’était l’heure où la reine Catherine, effrayée des Guises, semblait pencher vers le parti évangélique. […] C’est la seule manière de s’en débarrasser, et, sous le point de vue logique, le parti me paraît fort bon. […] Il ne voit pas la vie en beau ; mais, considérant sa brièveté, il prend son parti des maux dont elle est semée.

860. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Il a une idée, il conçoit un poème : le voilà parti pour l’accomplir et l’exécuter. […] Le dernier canon de cette batterie parti, Turbidus part aussi ; il nous quitte pour trois années encore. […] Mme de Coislin, elle, avait pris un autre parti : elle leur demandait leur nom, et avait l’air de ne pas les connaître. […] Retranché dans sa dignité inamovible, il est le médiateur entre les partis, avec physionomie ministérielle, mais bienveillant pour tous. […] — Talma tirait parti de tout pour son art ; en toute situation, il observait la nature.

861. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Les hommes de parti s’en sont servis en tout temps pour s’en faire une arme. […] Certes, l’extrémité est cruelle et le cœur m’en saigne ; mais j’en ai pris mon parti de dire un long, un éternel adieu à cette terre natale… Mieux eût valu de fuir, sans doute, avant la ruine de la patrie qu’après, et de s’être épargné ce spectacle funeste : pourtant, ne nous repentons point d’avoir rempli jusqu’au bout notre devoir de bon Français, et que notre piété se console même par ce qu’elle a fait d’inutile.

862. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

J’avais dîné chez elle avec plusieurs personnes dévouées au parti de Necker, et ardentes à soutenir le doublement du Tiers et l’opinion par tête ; au moment où cette question était agitée avec le plus de chaleur, la maréchale ouvrit sa boîte pour prendre du tabac, et le lourd avocat Target s’avança et prit familièrement une prise de tabac dans la boîte ouverte de la maréchale. […] Un jour viendra où dans le calme on examinera ces nombreuses discussions enfantées au milieu du tumulte et de l’effervescence de l’esprit de parti, et l’on fera paisiblement un choix éclairé de résultats utiles à l’humanité.

863. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Toutefois, en pourvoyant ainsi au plus pressé, il demeurait dans une position fausse et féconde en périls : il ne pouvait abjurer immédiatement sans s’avilir aux yeux de ses nouveaux sujets, sans se perdre aux yeux de son ancien parti ; et retarder cette conversion comme il le devait faire, c’était tenir incertaine et pendante la chance des événements et laisser la carrière ouverte à toutes les ambitions. […] Un parti puissant dans Paris était vendu et à la solde de Philippe II, à l’aumône du vieillard de l’Escurial qui disait déjà : « J’ai commandé au duc de Parme de venir secourir ma ville de Paris. » Ce fut le moment du grand péril pour Henri IV (1591) et pour la cause française, dont il était le bras et l’âme.

864. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

En traversant le midi de la France, il y rencontre la réaction dans tout son feu : Les terroristes et les thermidoriens se disputaient le pouvoir ; les royalistes, malgré la paix de Bâle et les désastres de Quiberon, conservaient leurs espérances ; chaque parti se plaignait de l’armée parce qu’elle restait étrangère aux passions et aux intérêts de tous ; elle commençait à jouer son rôle : elle restait froide au milieu de ce brouhaha politique. […] L’armée d’Italie, bien qu’elle fût républicaine, voyait avec indifférence ces réactions dans la capitale, qui faisaient passer le pouvoir d’un parti à un autre sans résultat utile pour elle.

865. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Des bâtiments énormes, une administration nombreuse, une discipline de fer et de bâtons ; des résultats passables, mais qui ne sont d’aucune utilité pour la masse, les privilèges de la Couronne anéantissant sur-le-champ le bénéfice qu’on en pourrait tirer si la liberté d’en tirer parti pour son compte existait. […] Voilà ce qui fait la force de la France ; c’est ce champ ouvert à toutes les capacités, pour tirer parti d’elles-mêmes à leur profit. » N’est-ce pas bien vu et bien pensé ?

866. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Le parti qui souriait le plus à don Carlos était l’archiduchesse Anne, sa cousine. […] Lorsque ensuite on s’aperçut que ce projet de voyage royal n’était qu’une feinte, il s’en montra très irrité et pensa à s’y rendre lui-même ; c’était moins sans doute dans la vue de se lier avec un parti politique et avec des hérétiques que pour échapper au joug paternel trop pesant de près, et pour pouvoir se livrer avec plus de liberté à son agitation turbulente.

867. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Cependant Corneille, qui tenait à éluder sur ce point et à ne pas trop faire remarquer les déplacements, s’abstient, dans le dialogue, de ce qui obligerait trop directement à les apercevoir : ses personnages raisonnent, agissent, mais sans tirer parti de quantité de petites circonstances qui localisent, qui précisent, et sans que jamais le cadre des lieux leur donne plus de relief ou leur serve de point d’appui. […] Il l’attaque, il le presse, il cède, il se défend… » Elvire fait comme toutes les bonnes suivantes : elle conseille le parti le plus commun et le plus facile ; et se voyant repoussée : « Après tout, que pensez-vous donc faire ? 

868. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Il se résumait ainsi : « Au surplus, je suis fort persuadé de votre application : que vous voyez tout et que vous prendrez tous les partis qui seront les plus avantageux pour le bien de mes affaires. […] Il était en belle passe et à la veille d’être maréchal de France ; en vieillissant il était devenu un parti.

869. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il nous faut en prendre décidément notre parti, écrivains et gens de lettres : tout homme d’esprit qui est d’une profession, s’il a à s’en expliquer devant le public, surpasse d’emblée les lettrés, même par l’expression ; il a des termes plus propres et tirés des entrailles mêmes du sujet. […] Doué d’ailleurs des talents littéraires les plus éminents, il n’en avait tiré nul parti, n’avait entrepris aucun ouvrage, avait projeté toujours et s’était répandu, et véritablement épuisé, comme un Coleridge ou un Diderot chrétien l’eût pu faire, dans les charmes et les fatigues d’une conversation multiple qu’on lui demandait sans cesse et à laquelle il ne savait pas résister.

870. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Il indique fort nettement qu’il ne tenait qu’au maréchal de Saxe, ce jour-là, d’achever la défaite des Alliés : « Mais, ajoute-t-il, le maréchal, ne voulant pas finir la guerre, s’arrangeait pour ne gagner les batailles qu’à demi. » Nous retrouvons un écho de ces mêmes bruits dans les Mémoires de d’Argenson : c’était le thème des envieux du maréchal, du parti Conti, de tous les prétendus nationaux se faisant arme de tout contre un étranger. […] Il n’était pas accoutumé à être planté là de la sorte ; il se crut joué, et il n’en prit nullement son parti.

871. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Pour arriver à saisir cette vérité, on avait, en 1820, à se dégager de ses impressions partiales, à se mettre au-dessus des passions intéressées et personnelles ; on a aujourd’hui à percer tout un voile de préjugés et de partis pris théoriques : c’est une autre forme d’illusions. […] L’esprit de parti a pu vous diviser un instant, mais le sang de Winkelried coule encore dans vos veines… Dites-vous bien qu’une nation assez faible pour supporter un attentat contre son territoire est une nation perdue, et qu’il vaut mieux encore succomber avec honneur comme les Bernois en 1798, que d’imiter l’exemple des hommes pusillanimes de 1813.

872. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Le musicien collaborateur ne comprit pas tout le parti qu’il pouvait tirer d’une telle veine ; M. […] A la scène, Picard a déjà tiré parti d’une idée approchante dans les Marionnettes et dans les Ricochets.

873. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Attaché à un pouvoir qui luttait pour la conservation contre des partis extrêmes, il avait vu, lui qui le servait avec zèle, ses patriotiques intentions méconnues de plusieurs. […] Lorsqu’il y a un ou deux ans, le prince Metcherski publia ses ingénieuses poésies, tout empreintes du cachet romantique le plus récent, je ne sais quel critique en tira grand parti contre la façon moderne, et affirma qu’on n’aurait pas si aisément contrefait la muse classique ; c’est une sottise.

874. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

L’érudition a ses coteries encore ; l’Académie des inscriptions conserve un reste de parti royaliste. […] Le Clerc a épuisé les pièces restantes du procès, en a tiré tout le parti possible ; si l’on doute encore après cela, c’est que le doute est dans le fond même et qu’il ne se peut éviter.

875. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

C’est un parti pris chez elle ; elle était forte pour les partis pris, et son imagination ensuite, sa faculté d’exaltation et de sensibilité tenaient la gageure. […] « La vie ordinaire des hommes est semblable à celle des saints : ils recherchent tous leur satisfaction, et ne diffèrent qu’en l’objet où ils la placent197. — Le cœur humain se retrouve partout avec les mêmes mobiles ; partout c’est le désir du bien-être, soit en espoir, soit en jouissance actuelle, et le parti qui le détermine est toujours celui où il y a le plus à gagner198.

876. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Auparavant, il parlera à Tebaldo, son homme de confiance, et, suivant son conseil, il prendra un parti. […] À peine Fabio est-il parti, que Tebaldo dit à Lelio qu’il est sûr de son fait et qu’elle aime Fabio.

877. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Deux noms, au commencement du xvie  siècle, personnifient les deux partis : Érasme représente la Renaissance unie à la Réforme ; Béda, le vieil esprit de paresse vicieuse et d’ignorance, qui fait la guerre à ces grandes nouveautés. […] Comment n’eût-il pas été de ce parti ?

878. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Bourget pour avoir tendu à dénaturer ainsi le caractère du roman, il serait injuste néanmoins de ne pas lui savoir tenir compte de cette circonstance, qu’il a su faire qu’on en prit son parti, à son égard, non sans plaisir ; sans compter qu’il n’aurait pas trouvé différemment l’occasion de ces formules, dont on doit dire que le nombre est grand, parmi elles, qui pourrait servir à un recueil de pensées détachées d’une saveur unique. […] Savoir tirer parti d’une prédisposition naturelle de l’esprit à considérer toutes choses avec un regard double, — le regard animé du spectateur et celui impassible du classificateur, — est un signe de maîtrise ; et le phénomène est assez rare, parmi les romanciers, pour qu’on ne s’en étonne pas au sujet de M. 

879. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Cherchez maintenant combien de fois le roman et le théâtre ont reproduit ce type de l’honnête homme, transformé en galant homme ou en gentleman ; examinez quel parti littéraire ils ont tiré de l’honneur et du point d’honneur ; comptez, si vous pouvez, dans combien de pièces, depuis le Cid jusqu’à nos jours, le duel, cette survivance mondaine des usages chevaleresques, intervient comme moyen dramatique ; et vous aurez une idée à peu près suffisante, quoique incomplète, des innombrables répercussions que la vie du monde a eues et a encore sur les œuvres de nos littérateurs. […] Qui sait si ce n’est pas dans ces foyers d’agitation philosophique que les écrivains du temps apprirent à se serrer les uns contre les autres, à former malgré leurs querelles un parti compact, à concentrer leurs forces éparpillées dans cette œuvre énorme et collective que fut l’Encyclopédie ?

880. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Depuis lors, suivant les moments et les besoins, l’Eglise a essayé soit de faire alliance avec la démocratie montante, comme on l’a vu un instant lors de la révolution de 1848 et dans les premières années du pontificat de Léon XIII, soit, ce qui est plus conforme à sa tradition, d’enrayer la marche du peuple en s’unissant aux partis conservateurs, représentants, comme elle, du passé. […] Ils désignent des sectes et des doctrines distinctes et l’historien doit tâcher de démêler les effets produits sur la littérature par la domination de tel parti ou de tel dogme religieux.

881. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Son parti est pris : il va la suivre aveuglément et éperdument. […] L’homme noir parti, l’enfant de chœur jette par-dessus les moulins sa calotte d’emprunt et redevient un vif et charmant jeune homme, rempli d’honneur et d’ardeur, échappé de son château de province comme d’un collège, et qui ne demande qu’à passer gaiement ses vacances.

882. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Octave, est là qui lui parle d’un enfant clandestin, élevé à la campagne chez des paysans, et sur lequel il leur faut prendre un parti. […] Alphonse parti, la tête basse, Adrienne se retourne vers sa vraie famille : « Mon père ! 

883. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Ce fut lui qui, après l’attentat de Fieschi, vint proposer aux Chambres, dans la séance du mardi 4 août, les lois dites de septembre, dont le but était de faire rentrer forcément tous les partis dans la Charte, et de ne plus souffrir qu’on en remît chaque jour en question le principe. […] Il se plaisait à indiquer que le ministère dont il était chef, que lui-même en particulier, prenait volontiers sur lui tout l’odieux des lois proposées, et que d’autres recueilleraient un jour le fruit plus facile de ces rudes journées de lutte et de labeur. — « On nous fera responsables, on s’attaquera à nous, nous deviendrons le bouc émissaire de la société ; soit. » Il en prenait hautement son parti, et d’un ton demi-railleur, accentué de dédain, il faisait beau jeu à l’avance aux amis douteux ou aux adversaires : Pendant ce temps, disait-il, les périls s’éloigneront ; avec le péril, le souvenir du péril passera, car nous vivons dans un temps où les esprits sont bien mobiles et les impressions bien passagères.

884. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

M. de Malezieu était, selon toute apparence, un de ces hommes qui puisent l’activité dans un tempérament robuste, et y combinent la finesse ; qui, avec un premier fonds étendu et solide d’études qu’ils n’accroissent pas, se tournent ensuite uniquement à le mettre en usage dans le monde, à en tirer parti et profit auprès des grands. […] Elle voulait s’assurer d’un parti dans le Parlement, et s’y ménager des appuis en cas de chicanes élevées contre le droit qu’elle se croyait acquis.

885. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Le Noir, cet équitable et généreux lieutenant de police, peut-être, qu’il me soit permis de le dire, pourrait-on tirer de moi un parti plus utile et plus humain. […] N’admirez-vous pas comme ce témoin, aveuglé par la prévention et l’esprit de parti, au moment même où il accuse Mirabeau de manquer de sensibilité, nous montre au contraire à quel point il le vit troublé et tout à fait ébranlé du coup qu’il lui portait si durement ?

886. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

M. de Maistre pensa alors qu’il y avait peut-être à tirer parti de cette occasion singulière ; qu’il y aurait quelques bonnes raisons à faire valoir dans les intérêts de son souverain, dépossédé du Piémont et à peu près rayé de la liste des rois. […] La réputation de l’illustre patricien est ainsi en voie de se transformer, et, pour peu que l’on continue, elle aura bientôt changé de parti.

887. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Mais bientôt son parti est pris, et les ressources de l’âge mûr sont toutes préparées : Ayant eu des goûts extrêmement différents, dans ma jeunesse, de ceux qui m’occupent à présent, j’ai peu senti les inconvénients du passage ; il s’est fait par nuances, et j’ai toujours trouvé des remplacements. […] Necker la dépassèrent de beaucoup, et, dans tous les moments où il put y avoir lieu à hésiter, elle fut du parti de la retraite.

/ 1939