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577. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

» Elle a tant fait penser aux anges les hommes de sa génération, dont ce n’était pas, comme on sait, la préoccupation habituelle, que c’est depuis elle que ce mot d’ange a été insupportablement appliqué à toutes les femmes et est devenu un lieu commun dans la langue de l’amour. […] En plus de la moitié d’un siècle et à tous tant qu’ils sont, — et ils sont nombreux, — ils ne disent pas un seul mot profond, piquant ou inattendu, sur quelqu’un ou sur quelque chose. […] Excepté le mot du duc de Doudeauville, en parlant d’une femme dont le nez était exorbitant : « Je vous conseille de la ménager, car, si vous la fâchiez, elle vous le passerait au travers du corps ! », qui n’est, après tout, qu’un mot gai, il n’y a pas un seul trait qu’on puisse retenir, et pourtant cette haute société, dont l’âme peut être usée, se venge à vivre sur la plaisanterie et sur la finesse d’aperçu. […] D’aucun de ces gens-là, comme de Madame Récamier d’ailleurs, il n’y a pas un mot qu’on puisse retenir, un mot vivant, qui dérange leur excellent ton, mais qui intéresse ou amuse, ce qui est le dernier degré de l’intérêt.

578. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Vieux mot ! […] Il peut y avoir des ahuris, des jocrisses et des bouffons du nihilisme, qui est, à vrai dire, un bien gros mot pour eux. […] L’emploi flétrissant du mot « bourgeois » sera donc, en somme, une réminiscence politique et littéraire. Ou plutôt, le mot ne signifie plus, à aucun degré, une classe, mais un état d’esprit inférieur et ignominieux. […] C’est contre un mot que M. 

579. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Oui, puisque écrire m’amuse, puisque j’aime à la folie le jeu des idées et des mots. […] Uniquement sur les imaginations hypnotisées par les sept lettres du mot traître, auxquelles il convient d’ajouter les quatre lettres du mot juif. […] Polybe, contemporain des événements, n’en souffle mot. […] Je ne dirai pas, comme Anatole France, qui n’en croit pas un mot, que « M.  […] par association de mots.

580. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Tous les mots éclatants ne sont pas à la fin du vers. […] Pourquoi a-t-il des finesses qui ne tiennent qu’à l’arrangement des mots ?) […] En un mot, il a l’autorité. […] Brunetière est très intelligent (je donne ici au mot toute sa force). […] J’ai été très frappé d’un mot de M. 

581. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

. — Miel est le véritable mot, votre critique étant toujours douce. […] Et aussitôt que ma tante m’eut embrassé, son premier mot à sa femme de chambre était : Donne-moi un mouchoir. […] J’ai entendu un philosophe digne de ce nom, en ce sens qu’il n’avait jamais écrit un mot de philosophie, expliquer comme quoi le mot progrès ne devait pas être confondu avec le mot amélioration, et il ajoutait comme preuve à l’appui : « Les maladies, les épidémies, elles aussi, font des progrès, et ce n’en est pas plus gai !  […] On croit comprendre un mot tel qu’il est écrit ? […] Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.

582. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

B. de Fouquières, qui a étudié de près le vocabulaire de Chénier et dressé un Lexique de sa langue, fait cette remarque que « son vocabulaire est riche, non pas à la façon des poëtes modernes, mais riche en mots justes et précis. […] L’emploi de mots nouveaux était un abus qu’il blâmait beaucoup chez Mirabeau. Il se trompe rarement lui-même dans l’emploi d’un mot ; il en connaît la portée, la valeur, non seulement dans l’usage accoutumé, mais à l’origine. Il aime à redonner à un mot son sens primitif, qui souvent s’est oublié et perdu de vue dans l’acception figurée, et à lui rendre tous les sens qu’il avait en passant de la langue latine dans la nôtre, et que nos vieux écrivains lui avaient conservés. […] André Chénier, en un mot, n’est pas le dernier d’une race : c’est aussi un précurseur.

583. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Le critique, un docteur Joulin, que ses amis appellent un homme d’esprit, me dénonçait pour ce discours comme faisant honte à l’Académie française, comme ne sachant pas un mot de français, sinon à la réflexion et à tête reposée, comme ne pouvant écrire couramment deux lignes sans pataquès ; et il notait dans ce seul discours jusqu’à cinquante-trois fautes de langue et de goût. […] et n’est-ce pas déjà être pédant, au pire sens du mot, que d’agir de la sorte ? […] Et je ne craindrai pas d’en faire juge le public qui n’a pas eu sous les yeux la pièce incriminée ; car je ne considère pas comme un texte loyal et sincère le texte déchiqueté et entrecoupé, à chaque mot, de lazzis grossiers, qui lui a été présenté par cet étrange docteur. […] à défendre mes phrases, à éplucher des mots comme dans une classe ? […] » Ce mot, dans ma pensée, a une intention : il dit un peu plus que se souvenir.

584. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

le mot niais est celui qui revient toujours à nos lèvres. […] Sans y penser il nous achemine vers une révolution du langage : car il lui faut des mots propres, des mots techniques, les seuls équivalents à ses sensations et significatifs de leurs objets601. […] De la poésie il nous mène à la peinture, et il tente une hardie transposition d’art : il rend avec les moyens de la littérature, avec des mots, des effets qui semblaient exiger la couleur. […] Des mots propres, inouïs, bizarres, palmistes, tatamaques, papayers, dressent devant les imaginations françaises toute une nature insoupçonnée et saisissante.

585. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Ces mots pleut, vente, pour dire, fait pleuvoir, fait venter, ne sont pas français en ce sens. Ce sont de ces verbes que les grammairiens appellent impersonnels, parce que personne n’agit par eux ; mais La Fontaine a si bien préparé ces deux expressions, par ce mot tranche de roi des airs ; ces mots, pleut, vente, semblent en cette occasion si naturels et si nécessaires, qu’il y aurait de la pédanterie à les critiquer. […] Tout cela est excellent, et le discours de la mère est parfait : pas un mot de trop dans toute la fable, et pas une seule négligence. […] La réponse de la jeune veuve est un mot qui appartient encore à la passion ou du moins le paraît.

586. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Tantôt ce sont des métaphores forcées, tantôt des jeux de mots puériles, souvent un style froid et prosaique. […] Le moyen de convenir qu’il ne soit pas mieux de dire qu’un messager s’acquitta fidellement de sa commission, que de répéter mot pour mot le discours qu’on l’a chargé de faire, et que le lecteur sçait déja ! […] Faut-il qu’il employe une seconde fois le discours mot pour mot ? […] On employe trois ou quatre mots pour nous en expliquer un seul ; mais qui peut nous dire ce qu’il entre de l’idée de chaque mot dans la valeur de celui qu’on nous fait entendre ? Tel mot sera sublime, marié avec une telle expression, qui n’est plus que médiocre ou même familier, marié avec autre.

587. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

J’ai lu de ses vers et n’en ai pas compris un traître mot. […] J’ai comme une idée que ce mot ne veut rien dire du tout !  […] — De vous embêter   Je vous passe le mot. […] Et ces mots ici écrits, tu peux t’en servir. […] Des mots encore, s’il parle lui aussi du dernier poème : un Coup de Dé.

588. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

On y trouve aussi des coq-à-l’âne (« Sais-tu d’où vient ce mot ?   […] Quoi qu’il en soit Molière adopta le mot sans, probablement, y réfléchir autrement. […] Le mot « Tartuffe » est devenu un nom générique pour désigner un hypocrite de religion et même un hypocrite de quelque nature qu’il soit. « Tartufferie » est un mot continuellement usité. […] Le mot : « Que diable allait-il faire dans cette galère ?  […] Encore est-ce le mot ?

589. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

Mais, en outrepassant la mesure du blâme par le mot flétri (la conscience publique flétrit de coupables manifestations) qui se trouvait dans l’adresse de la Chambre et qu’adoptait le ministère, on a refait une position à M. […] Personne dans le ministère ni dans le parti ministériel ne tenait à ce mot flétri qui excédait le sentiment à exprimer ; et pourtant, une fois admis, on l’a laissé par embarras de le retirer. […] M. de Salvandy ayant voté contre le mot flétri (car les relations particulières sont très-mêlées au monde légitimiste) a été interpellé, dans l’embrasure d’une croisée, par le roi Louis-Philippe lors de la réception des députés pour présenter l’adresse. […] Si le mot flétri n’avait pas été agréé par le ministère, la gauche s’en serait vite emparée et aurait alors reproché à M.

590. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

Ce serait, en un mot, de faire pour la littérature du xixe  siècle ce que La Harpe, plus ambitieux que puissant, essaya de faire pour la littérature française tout entière et pour les deux littératures dont elle est issue. […] Et d’un autre côté, précisément parce qu’il est journaliste, il ne se meurt d’amour ni d’estime pour le journalisme tel qu’il est constitué, si on peut dire ce mot-là du journalisme, cette Fonction toute moderne, qui aurait pu être si grande et qui sera si petite devant la Postérité ! […] Ce serait en effet, de temps en temps, un mot, ou un jugement ou même un chapitre intégral devant lequel la Rédaction en Chef, cette héroïne, a eu froid dans le dos et qu’avec cette grâce qui n’appartient qu’à elle, elle a lestement supprimé ! […] Enfin un mot encore et le dernier.

591. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

II, p. 86) ; il lui reproche d’avoir cédé trop souvent à l’opinion commune (je dirais : à la mode, à la réclame du succès bruyant) et d’avoir abusé du mot : « se renouveler ou mourir ». […] Les Grecs ont créé un mot qui résume à lui seul une conquête de la pensée humaine : τὸ καλοκάγαθον, c’est-à-dire le Beau et le Bien unis indissolublement par une seule expression verbale […] S’il disait que le lyrisme et le drame peuvent se combiner, je serais parfaitement d’accord ; mais dire qu’ils sont identiques, c’est rendre inutiles les mots mêmes de « lyrisme » et « drame », mots que M.  […] Par la faute des théoriciens eux-mêmes, le mot « tragédie » a pris un sens étroit qui provoque, à lui seul, le dédain des uns et l’admiration des autres. […] Ce mot est attribué à Platon ; mais à tort. — Mon ami, le philosophe Maurice Millioud, m’écrit à ce sujet : « Le mot n’est pas dans Platon.

592. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Il ne francise pas moins de mots latins que Rabelais de grecs ; mais, comme Rabelais, quand il n’a songé qu’à s’entendre avec lui-même, il ne réussit pas toujours à les faire entrer dans le corps de la langue. […] L’immense variété des faits dans Plutarque, le nombre infini de demi-vérités dans Sénèque, de nuances de perceptions douteuses qui font souvent illusion par la fausse précision des mots, telle était la nourriture choisie de Montaigne. […] Selon lui, les Essais sont un livre pernicieux, immoral, plein de mots sales et déshonnêtes ; Montaigne ne songe qu’à mourir mollement et lâchement. […] Ouvrez Montaigne, n’importe à quel feuillet ; dès les premiers mots vous serez au courant. […] La langue de Montaigne a les grâces et la liberté de celle de Rabelais, sans cette fureur qui roule les mots au hasard et en fait si souvent un jargon.

593. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

On peut trouver le mot de déclamation trop dur à propos de cet écrivain. […] Mais ce renouvellement de l’art d’écrire en vers n’aurait que la valeur d’un travail ingénieux sur les mots, si la poésie elle-même ne s’était renouvelée. […] Chant est le mot qui convient à ces choses à la fois si profondes et si légères133. […] Les mots sont à l’unisson des choses. […] Légères, dans le sens du mot de Platon : « Le poète est chose légère, ailée et sacrée. » Ion.

594. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

la phrase ne finit pas sur ce mot, et ce mot précieux passera peut-être inaperçu. […] Et la vraie pensée de Montesquieu, c’est la pensée — si j’ose dégrader ce mot — de M.  […] Les mots qui le séduisent sont ceux Qui laissent deviner le sens, mais non sans peine. […] Assez adroit ouvrier de mots et de nombres, Charles-Brun n’aurait pas grand-chose à apprendre pour devenir un poète. […] À propos de Verlaine lui-même, il délaie en quelques pages un mot de Charles Maurras que je répète de mémoire — car l’élève pillard ne cite pas toujours ses maîtres — sur « le catholique aux cuisses de faune ».

595. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Il disait : Encore un mot, un mot sérieux, si je puis parler ici aux deux frères, MM.  […] Ils sont jeunes, ils sont hardis, ils ont le feu sacré ; ils trouvent parfois des mots, des phrases, des sons, des accents ! […] Là, nous prenons machinalement un numéro de l’Illustration, et sous nos yeux tombe le mot du dernier rébus : Contre la mort, il n’y a pas d’appel ! […] Et à propos du roman sans péripéties, sans intrigue, sans bas amusement, tranchons le mot, qu’on ne me jette pas à la tête le goût du public ! […] La langue française, d’après le dictionnaire de l’Académie, est peut-être, de toutes les langues des peuples civilisés du monde, la langue possédant le plus petit nombre de mots.

596. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Et cependant les mots qui les expriment reviennent sans cesse dans les discussions des sociologues. […] De même, un clan n’est pas une famille, dans l’acception usuelle du mot. […] Spencer, abordant l’étude du mariage, emploie le mot de monogamie, sans le définir, avec son sens usuel et équivoque. […] Dans la pratique, c’est toujours du concept vulgaire et du mot vulgaire que l’on part. On cherche si, parmi les choses que connote confusément ce mot, il en est qui présentent des caractères extérieurs communs.

597. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « III — II » pp. 14-15

On siffle : Hugo ne veut pas du mot, et dit devant les acteurs : « on trouble ma pièce. » Les acteurs, qui sont malins, disent depuis ce jour troubler au lieu de siffler. […] Ce mot est curieux venant de l’école du mot propre. — Magnin a fait une lourde école en louant dans la Revue, et en osant comparer à Eschyle ! 

598. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la seconde édition »

Les seuls changements que j’y ai faits sont quelques phrases raccourcies et rendues plus claires, quelques mots disant mieux les choses, ou plutôt les disant comme elles sont ; car il n’y a pas de mieux en fait de mots, il y a où il n’y a pas le mot qui dit la chose.

599. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Balzac, jeune, fut un Malherbe en prose : il put se vanter, et avec raison, « d’avoir trouvé ce que quelques-uns cherchaient, c’est-à-dire de savoir un certain petit art d’arranger des mots ensemble et de les mettre en leur juste place ». […] Telles étaient donc les relations très convenables et et très dignes de ces deux célèbres auteurs de lettres, du vieux Balzac, comme celui-ci aimait à s’appeler depuis longtemps, et du brillant Voiture, lorsque celui-ci mourut et laissa le dernier mot à dire à son devancier. […] Il y en avait, selon lui, de tout à fait frivoles où l’on ne trouvait que des mots et un vide complet de matière et de fond. […] Je n’ai voulu ici que faire sentir ce qu’il y avait eu pourtant de judicieux de part et d’autre et d’assez piquant au début de la controverse, avant les gros mots et les avanies. […] [NdA] Ce sont des mots de Térence, acte iii, scène 1ère de L’Eunuque.

600. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Hugo, a dit avec bonheur : Il est aussi, Victor, une race bénie Qui cherche dans le monde un mot mystérieux, Un secret que du ciel arrache le génie, Mais qu’aux yeux d’une amante ont demandé mes yeux. […] Quiconque, à une heure triste, recueille, en passant sur la grève, ces accents éperdus, ces notes errantes et plaintives, se surprend bien des fois, longtemps après, à les répéter involontairement, à l’infini, sans suite ni sens, comme ces mots mystérieux que redisait la folie d’Ophélia. […] Ainsi, dans la pièce Peut-être un jour, etc., le mot final : Dieu ! […] Le vocabulaire habituel de son chant ne lui a plus suffi, et elle a trouvé plaisir et fraîcheur aux vieux mots rajeunis ou aux nouveaux hasardés : Une ceinture noire endeuille un jeune enfant. […] Avec son air rogue, sa voix rouillée, sa mèche en l’air, ses coups de boutoir usés et ses épigrammes communes, il avait le don de dérider dès les premiers mots la grave assemblée.

601. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. […] » Et sur ce dernier mot je me suis permis d’ajouter que c’était là une fatale parole quand on la prononçait à vingt ans, et qu’on courait risque de ne s’en guérir jamais. […] un billet en peu de mots, pur et simple ? […] Nous ne savons en vérité pourquoi M.de Loménie a l’air de douter de l’authenticité de certains mots que nous avons cités. Ces propos piquants et familiers de Benjamin Constant sont aussi inséparables de l’esprit et du caractère de l’homme que le peuvent être, par exemple, les mots de M.Royer-Collard dans un sens si différent.

602. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Qu’on veuille être tranquille d’ailleurs : je n’ajouterai pas un mot à ce que je crois vrai sur ce penseur supérieur et respectable. […] Le mot est de Montesquieu, et Bonald s’en autorise. […] Les mots soulignés en sont textuellement tirés. […] J’aime à noter les mots vrais, et que d’ordinaire on n’écrit pas. M. de Bonald, en causant, avait de ces mots d’homme d’esprit, et sur lui-même.

603. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

. : que de jolis mots qui sentent leur jet de veine et leur liberté naïve ! Un esprit tout critique et chagrin pourrait relever dans ces pages mêmes des redondances, et cette disposition d’Amyot à tout étendre et à tout allonger ; on nage avec lui dans les superfluités sans doute : là où Plutarque ne met que deux mots, il en met trois et quatre, et six ; mais que nous importe si ces mots sont des plus heureux, et de ceux mêmes que le lecteur qui ne sait que le français va d’abord relever avec sourire et avec charme ? […] Amyot, au contraire, entre dans le récit bonnement, avec plus de rondeur ; il lie les phrases, il y mêle de petits mots explicatifs, qui en rompent le rythme par trop régulier et affecté. Cette intention fréquente d’antithèses, soit dans les idées, soit dans les mots, a disparu. […] Le mot est dur, mais, une fois lâché, il reste vrai.

604. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Il n’a jamais de ces mots qui font feu et qui illuminent. […] Il avait de ces mots à la Fontenelle. Tous les mots qu’on cite de Fontenelle, M.  […] Il avait à tout instant de ces mots dont le caractère était la bonhomie et l’extrême finesse. […] À force même de regarder de son coin et d’observer, il trouvait des mots politiques assez forts et assez pénétrants.

605. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Sa Correspondance littéraire avec les cours du Nord et les souverains d’Allemagne lui vint d’abord par le canal de l’abbé Raynal qui s’en déchargea sur lui ; elle commence en 1753, et par une critique même d’un ouvrage de l’abbé Raynal, dont Grimm parle avec indépendance, tempérant l’éloge par quelques mots de vérité. […] Sa Correspondance, en un mot, fut secrète, jamais clandestine. […] Rousseau resta pensif toute la soirée ; il retourna le lendemain matin à l’Ermitage sans mot dire, et il ne pardonna jamais à Grimm d’avoir trouvé des fautes dans ses copies. […] je ne sais pas un mot de ce que vous ferez demain, par exemple ; depuis que je vous connais, cela ne m’est point arrivé. » La morale avait fort à souffrir de ces relations qui s’établissaient si aisément et si publiquement dans le monde du xviiie  siècle. […] Malherbe, en son temps, ne s’appelait-il pas aussi le Tyran des mots et des syllabes ?

606. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Sa figure, en un mot, n’était pas française de type38. […] Necker assistait dans son propre salon à la lecture que faisait sa femme d’un portrait de lui, écrit en 1787 ; portrait où il est célébré sur tous les tons, où le mot de génie est prodigué aussi bien que les comparaisons les plus ingénieuses et les plus recherchées ; où, dans une suite disparate de rapprochements et d’images, M.  […] M. de Vergennes, dans un mémoire confidentiel adressé au roi, s’attachant à définir l’espèce de calme, si difficile à ménager, dont jouissait alors la France, le caractérisait en ces mots : « Il n’y a plus de clergé, ni de noblesse, ni de tiers état en France ; la distinction est fictive, purement représentative, et sans autorité réelle. […] Franchement est un mot souvent employé par une personne dissimulée, sans façon par un homme exigeant. […] [NdA] Le mot d’adulation n’a rien de trop.

607. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

. — Pour bien parler de Lucrèce au Moniteur, il serait bien bon que le Moniteur redevînt libre, et que le mot d’officiel y disparût. […] Sainte-Beuve avait des engagements plus pressants d’abord envers le public, et son article du Globe reste encore son dernier et unique mot sur le grand poète romain. […] On a beaucoup parlé de son scepticisme : sceptique, pour la plupart de ceux qui lui ont si souvent jeté ce mot comme une injure à la face, et qui l’ignorent peut-être, vient du verbe grec σκέπτομαι, j’examine. […] “En un mot, dit M. de Pongerville, le voile qui dérobait cette antique et grande production à l’estime publique s’est tellement étendu, qu’une partie considérable du poème doit être regardée comme un monument dont nous enrichirait une découverte récente.” […] “Lucrèce, en effet, est le premier parmi les poètes qui ait chanté l’unité de Dieu, et l’on est forcé de reconnaître que le mot nature est pour lui une expression équivalente au terme qui nous retrace le régulateur de l’univers.”

608. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Saint François de Sales ne se hasardait jamais à dire d’une femme qu’elle était belle, il se contentait de dire qu’elle était spécieuse : mot charmant et prudent qui se pourrait détourner sans effort pour qualifier le genre de beauté propre à cette poésie séduisante. […] On aurait à noter d’autres mots gracieux. […] En un mot, la clef de bien des destinées poétiques, à ce second âge de développement, se trouverait dans celle relation étroite avec la vie. […] Manzoni le savait bien, lorsqu’il rappelait ce mot à Fauriel : « L’imagination, quand elle s’applique aux idées morales, se fortifie et redouble d’énergie avec l’âge au lieu de se refroidir. » Racine, après des années de silence, en sort un jour pour écrire Athalie. […] Soumet avait beaucoup de jolis mots, plus d’une épigramme sous air de madrigal.

609. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Les uns croient ajouter à l’énergie du style, en le remplissant d’images incohérentes, de mots nouveaux, d’expressions gigantesques. […] Lorsque le même orateur s’écrie, en parlant de madame Henriette : La voilà telle que la mort nous l’a faite , nul doute qu’un littérateur d’alors n’eût pu blâmer cette superbe expression, et la défigurer en y changeant le moindre mot. […] si l’on partageait en deux ses phrases, si l’on les séparait de leur progression, de leur intérêt, de leur mouvement, et si l’on détachait de ses écrits quelques mots, bizarres lorsqu’ils sont isolés, tout-puissants lorsqu’on les met à leur place2 ? […] J’ai employé la première un mot nouveau, la vulgarité ; trouvant qu’il n’existait pas encore assez de termes pour proscrire à jamais toutes les formes qui supposent peu d’élégance dans les images et peu de délicatesse dans l’expression. […] Enfin, dans une note de la seconde partie de mon ouvrage, j’essaie d’indiquer quelles sont les règles sévères que l’on doit suivre, relativement à l’adoption des mots nouveaux dans une langue.

610. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Les prophètes, vrais tribuns et en un sens les plus hardis tribuns, avaient tonné sans cesse contre les grands et établi une étroite relation d’une part entre les mots de « riche, impie, violent, méchant », de l’autre entre les mots de « pauvre, doux, humble, pieux 510. » Sous les Séleucides, les aristocrates ayant presque tous apostasié et passé à l’hellénisme, ces associations d’idées ne firent que se fortifier. […] Un vieux mot, « paradis », que l’hébreu, comme toutes les langues de l’Orient, avait emprunté à la Perse, et qui désigna d’abord les parcs des rois achéménides, résumait le rêve de tous : un jardin délicieux où l’on continuerait à jamais la vie charmante que l’on menait ici-bas 549. […] Mot conservé par une tradition fort ancienne et fort suivie. […] XXV, 9 ; XXXVII, 11 ; LXIX, 33, et en général les dictionnaires hébreux, aux mots : [Hebrew : ***]. […] , au mot [Greek : Chôba] ; Orig., Contre Celse, II, i ; V, 61 ; Epiph., Adv. hær., XXIX, 7, 9 ; XXX, 2, 18.

611. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Cet esprit de nette et rapide justesse, dont un mot d’éloge senti et vivement accordé serait tout un suffrage, est lui-même sensible à l’approbation des autres comme s’il n’avait pas en soi un jugement supérieur qui le tranquillise. […] J’aurai tout à l’heure quelques mots à dire de son style, de ce style orné, élégant, ingénieux et pur, qui, à la fois, tient de la tradition et participe de quelque nouveauté ; mais j’ai auparavant à caractériser, par opposition, la manière de M.  […] Cette révolution, en deux mots, est celle-ci : Le siècle de Louis XIV est déjà bien loin de nous ; pourtant, jusqu’en des temps très rapprochés, les écrivains corrects, ceux qui aspiraient au titre de classiques, se flattaient non seulement de le rappeler, mais de le continuer. […] En un mot, la confection et la constitution de la prose française depuis deux siècles est mise dans tout son jour. […] Je ne veux pas prolonger outre mesure un parallèle qui peut se résumer d’un mot : M. 

612. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

On a fait de ses œuvres de petites éditions ineptes, ignobles, honteuses, belges enfin (le mot dit tout), et en France, personne n’a songé à dessouiller son génie de ces porcheries qu’on a osé faire de ses œuvres, en prenant l’initiative d’une édition, digne de leur distinction et de leur beauté ! […] Mme de Staël, l’hommasse Mme de Staël (on l’a profanée de ce mot) est restée pour la plupart, intellectuellement, un homme tout à fait, et presque un grand homme, — et l’un n’est pas plus vrai que l’autre. […] C’est en effet, pour ceux qui ne se payent pas de mots et d’apparences, le génie le plus femme qui ait jamais peut-être existé. […] un style plein de couleur et de mélodie, et le mot, plus rare que le style, qui le diamante et le couronne, le mot qu’elle recherche et qu’elle aime, la parure de sa phrase de femme, aux mêmes contours qu’elle, mais qui n’a ni les attaches, ni les articulations, ni les manières de marcher, animalement puissantes, de la phrase des hommes de génie. […] Mais Mme Sand n’a pas comme Mme de Staël l’aperçu et le mot qui se fixe dans la pensée comme une épingle de diamant.

613. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

L’un de ces livres : l’Histoire des Législateurs et des Constitutions de la Grèce antique 7, par Lerminier, est une œuvre nouvelle, et, qu’on nous permette le mot ! […] Ils sont les semeurs d’un grain invisible qu’ils jettent, pour ainsi dire, par-dessus le mur de leur œuvre et qui doit lever plus loin… Cependant, ne soyons pas injuste : si l’histoire de la Grèce antique par Lerminier est un ouvrage où nul mot n’a été écrit en dehors ou à côté du sujet qu’il traite, si le respect des faits et de l’unité de leur ensemble y est poussé jusqu’à la stoïque abstinence de ces déductions ou de ces inductions qui s’en élancent naturellement, et qui devaient tenter la verve philosophique de l’auteur, n’oublions pas qu’au seuil de ce livre il y a une préface dans laquelle l’historien, qui s’est imposé une réserve si haute et si sévère, signale néanmoins fort bien renseignement pratique qu’on peut tirer de son histoire. […] Le mot n’est pas de nous, il est de Lerminier, mais, dans sa hauteur intellectuelle de généralité sereine, ce mot vrai exprime une chose atroce, qui fera bondir l’âme de tout moderne chez lequel le sentiment moral n’aura pas été tué. […] Assurément, le Christianisme, qui élève les mœurs de la famille à une hauteur après laquelle il n’y a plus à monter, le Christianisme, qui remplace le despotisme du père par l’intervention de la mère et des autres parents, devait avoir de mortelles peines à s’établir dans un pays où ne subsistait pas la famille au sens que ce mot rappelle à nos affections comme à nos devoirs. […] C’est à Lerminier qu’il faudrait appliquer ce mot, écrit par lui de Montesquieu « : Il a la passion de l’impartialité, mais c’est une passion contenue, surveillée, sûre de son désir et de son effort, moins une passion qu’un art réfléchi, calculateur et caché, qui va du rayonnement du Beau jusqu’au rayonnement, plus pur encore, de la Justice, par le fait de cette loi magnifique qui veut que toutes les vérités se rencontrent, à une certaine profondeur. » Nous avons dit qu’après avoir lu cette histoire il n’était plus possible de garder la moindre illusion sur la valeur morale et politique des Grecs, mais, en exprimant une telle opinion, nous n’avons point entendu parler des partis.

614. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Ce n’est ni dans Montesquieu, ni dans Vertot, ni dans les fausses tragédies de Voltaire, que nous trouverons le mot de la civilisation romaine, pas plus, du reste, que nous n’avons découvert, dans l’abbé Barthélemy ou la législation du draconien Saint-Just, le secret de la civilisation grecque. […] C’était nouveau, c’était original, c’était intéressant, c’était vrai, et si réussi qu’en rééditant ce livre pas un mot n’y a été changé. […] Dans ses premiers volumes du Consulat et l’Empire, personne n’a mieux développé que Thiers les détails et l’action d’ensemble des institutions politiques, administratives et judiciaires du premier Consul ; mais il ne dit pas un mot de la pente forcée de ces institutions vers l’Empire. […] Qu’on nous permette un mot encore ! […] Maintenant, un seul mot de conseil : Que ceux-là qui, depuis un siècle, troublent la France, la nouvelle Europe romaine, d’utopies demandées à l’antiquité grecque, lisent l’œuvre de Lerminier.

615. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Ces élégants ou fastueux traîneurs de robes et de toges, ces dandys à la ceinture lâche, qui comprenaient probablement l’histoire comme Blaze de Bury, étaient trop artistes, trop préoccupés de l’effet esthétique dans leurs œuvres, pour se perdre en ces chicanes minutieuses où s’usent des milliers d’yeux et d’esprits modernes… La Critique historique, telle que l’esprit moderne la conçoit et l’exige, était inconnue au temps de Tacite et de Suétone, qui se tirent de toute chose douteuse avec un mot ou deux : Rumor ou ut referunt, dits de très haut, et passent… Esprits superbes, qui n’insistent pas, qui ne s’attachent pas à un texte. […] … disons le mot ! […] c’est un moderne, qui se jette et tombe dans son sujet avec son armature moderne, — et c’est d’une originalité et d’une sensation surprenantes que cette langue moderne, hardie, familière, pittoresque, cette langue que nous parlons tous dans le plain-pied de notre vie : à souper, entre les portants de deux coulisses, partout ; la langue du monde et non de la littérature, qui touche presque à l’argot et au néologisme, qui ne craint ni le mot plaisant, ni le mot débraillé, ni le mot cru, ni le mot nu, et que voici parlée comme les chroniqueurs de notre temps la parleraient dans un journal de notre temps, et appliquée hardiment aux plus hauts sujets et aux plus majestueuses figures, avec une aisance, un sans-façon et un brio dignes de Fervacques et de Bachaumont dans des chroniques d’hier !

616. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Il l’accompagnait partout et lui tendait (intellectuellement) le crachoir… Tenir le crachoir, au physique, et parmi nous autres hommes, est une fonction assez servile et dégoûtante ; mais quand il s’agit d’un immense génie, à expectorations surhumaines, qui a toujours craché de la lumière et créé des mondes d’idées à chaque mot, la chose dégoûtante et servile change d’aspect… Nous sommes trop heureux qu’il y ait de ces garçons d’admiration en service ordinaire auprès des grands hommes que nous n’avons pas connus : Monsieur, je suis garçon de Votre apothicaire ! […] Et il l’est tellement qu’il ne s’aperçoit pas combien la bêtise d’Eckermann est compromettante, combien la fidélité naïve des souvenirs de ce ramasseur de mots du grand Goethe est imprudente et dommageable à l’esprit du maître qu’il s’était donné. […] objectif l C’était son mot ; il l’a tant répété qu’il l’était. […] Le mot est familier. […] Gœthe, ce préparateur de conversation, comme on est préparateur de chimie, qui avait toujours préparé les siennes, ne disait pas un mot, ne faisait pas un geste, si ce n’est en vue des futurs souvenirs d’Eckermann et des Entretiens que ce dernier ne manquerait pas d’écrire.

617. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Wallon, qui est un savant et qui les a tous consultés, a résolu de dire son mot après eux sur cet homme, unique dans l’Histoire, et auquel aucun de ceux qui ont régné n’a ressemblé. Ce mot (que voici) ne manque, certes ! […] Pour la première fois, ces barons, qui avaient inventé le mot méprisant, en parlant d’un État ou d’une terre : « tomber en quenouille », respectèrent celle-ci comme une masse d’armes, et ployèrent sous ce gouvernement d’une femme qui était mère du Roi et qui avait le sentiment de la Royauté de son fils. […] lui dut encore plus qu’il ne dut à la Royauté… Les historiens, qui, selon le mot de M.  […] Le mot de perfection échappe à M. 

618. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

À elle seule, elle est, qu’on me passe le mot puisqu’il manque à la langue française ! […] » Mot sublime ! C’était déjà une humilité de sentiment bien touchante et bien admirée que le mot de Juliette à Roméo : « Pardonne-moi de t’aimer, beau Montagu ! » mais le mot de Madame de Sabran est plus beau encore d’humilité divine et de tremblement… L’amour d’une pauvre petite femme qui aime dans l’obscurité a rencontré mieux que le génie du grand Shakespeare. Il y a bien des mots pareils en ces Lettres, des mots qui ne brillent pas et qui sont exquis (mais la perle ne brille pas non plus !).

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