Qu’il ait écrit les trois livres qui n’en sont qu’un : Un début à l’Opéra, M. de Saint-Bertrand et le Mari de la Danseuse 39, tout d’une haleine ; qu’il en ait inventé ou combiné les événements à tête reposée et de longue main ; ou, comme tant d’autres marquis de la Rocambole du feuilleton, qu’il les ait trouvés au jour le jour dans cette improvisation qu’on apprend comme tout ce qui est de métier et d’exercice, il n’importe ! […] Madame Sand, qui faisait un livre, a traité ce sujet en se plaçant en plein centre d’âmes et de drame tète à tête, et, quoique sa main de femme ait un peu tremblé sur le scalpel et ne l’ait pas enfoncé aussi avant qu’il le fallait, elle en a mis pourtant la pointe à la place juste, tandis que Feydeau, venu après elle et faisant un feuilleton, a enroulé autour du Leone Leoni de madame Sand, dissous et délayé dans une boue plus liquide et plus infecte que la boue qui avait servi la première fois à la confection de ce type, un tas d’événements en arabesques qui sont des prétextes à feuilleton, mais qui ne font rien, absolument rien au sujet.
Ces romans édifiants sont de la même main qui écrivit autrefois des romans mondains. […] Tout ce qu’il écrit semble l’être d’une main surchargée de bagues. […] L’eussent-ils sous la main qu’ils ne l’indiqueraient pas. […] Prise en main par M. […] Ses meilleures pages rendent un son si véridique qu’il déchire : une main chirurgienne a recueilli ces larmes et ce sang, un œil de peintre a fixé ces gestes et ces décors changeants.
Les évêques se frottent les mains et jubilent. […] Antoine de Bourbon et Condé souffraient et se tourmentaient de ne pouvoir mettre la main au plat autant qu’ils l’auraient désiré. […] Un Juif n’a-t-il pas des mains, des organes, des proportions, des sens, des affections, des passions ? […] Nous pouvons chanter Jésus-Christ et César trônant côte à côte, la main dans la main, sur un autel fait de crânes et d’ossements, — nous aurons l’estime de Drumont. […] On n’y rencontre personne, hormis quelques vieillards écroulés qui sommeillent, un journal à la main, sur des bancs vermoulus.
Incapables de se faire une idée de la perfection, ils se crurent parfaits, et se mirent au ciel de leurs propres mains. […] Il est tout simple que, dans les écrits où l’auteur n’était en quelque façon que la main de la compagnie, il n’y eût pas place pour le bel-esprit. […] Les jésuites relevèrent le défi de Port-Royal, et, de 1643 jusqu’à 1694, ils poursuivirent, dans la personne de celui qui avait tenu la plume au nom de la compagnie, une doctrine qui ruinait leur empire en substituant, comme fondement de la pénitence, la grâce, qui vient d’en haut, à l’absolution, qui venait de leurs mains. […] C’est le ton d’un de ces pieux entretiens de direction spirituelle, si communs au dix-septième siècle, ou de quelque conversation sur des points délicats de morale chrétienne, entre deux solitaires de Port-Royal, dans les allées de ce jardin qu’ils cultivaient de leurs mains. […] On la composa pour l’éducation du jeune duc de Chevreuse, élevé à Port-Royal, et ce fut le premier modèle de ces ouvrages d’éducation qui, dans les mains de Bossuet et de Fénelon, allaient devenir des chefs-d’œuvre littéraires.
Depuis ce jour il court le monde, l’arc en main, vivant de rapines, dans un accoutrement misérable. […] Il porte violemment la main à son cœur comme sous le coup d’une douleur subite. […] Tout à coup, il s’arrache, se lève avec tous les signes de l’épouvante et porte la main à sa poitrine. […] Et par-dessus leurs voix, il entend la voix ineffable mais navrante du Sauveur profané par des mains indignes. […] Il la relève inerte comme un cadavre, lui frotte les mains et l’asperge d’eau.
. ; mais, comme association, comme Ordre, ils n’ont eu que ce qu’ils méritent, car les meilleurs peuvent à l’instant devenir mauvais et funestes par leur loi d’obéissance : c’est toujours le bâton dans la main de l’aveugle.
. — La Main gauche (1889). — Fort comme la mort (1889). — L’Inutile Beauté (1890). — Notre cœur (1890). — La Vie errante (1890). — Musotte (1891).
On n’y trouve point de ces tirades parasites, de ces portraits encadrés avec effort, & tout exprès pour exercer les mains du Parterre, qui n’applaudit jamais tant que dans le moment où son jugement est le plus offusqué.
On n’a pas cru qu’il fût possible de se soustraire entièrement à cette fatalité de nos habitudes mentales et il a paru suffisant d’avertir que le véritable but de cette étude est ailleurs, que l’on ne s’y est proposé d’autre objet que celui-ci : mettre entre les mains de quelques-uns un appareil d’optique mentale, une lorgnette de spectacle qui permette de s’intéresser au jeu du phénomène humain par la connaissance de quelques-unes des règles qui l’ordonnent.
Monsieur Boucher, vous n’en conviendrez pas, mais de temps en temps vous avez arraché le pinceau de la main de votre pauvre gendre.
Pareillement, dans les meurtres, faites-moi sentir la flamme des passions grondantes, l’accumulation de désespoir ou de haine qui ont lancé la volonté et roidi la main ; quand les paroles effrénées, les soubresauts du délire, les cris convulsifs du désir exaspéré, m’auront fait toucher tous les liens de la nécessité intérieure qui a ployé l’homme et conduit le crime, je ne songerai plus à regarder si le couteau saigne, parce que je sentirai en moi, toute frémissante, la passion qui l’a manié. […] Si votre dessein est de mourir, — et à présent je le souhaite, — en voilà assez, — pour faire autour de nous un tas d’ennemis morts, — un bûcher honorable pour nos funérailles. — Choisissez votre mort. — J’ai vu la mort sous tant de formes — que peu m’importe laquelle. — Ma vie à mon âge est un tel haillon, à peine si elle vaut qu’on la donne. — J’aurais souhaité pourtant que nous eussions jeté la nôtre de meilleure grâce, — comme deux lions pris aux rets, avançant la griffe et blessant les chasseurs. » — Antoine le supplie de partir, il refuse ; Antoine veut mourir de sa main. — « Non, par le ciel, je ne le veux pas ; et ce n’est pas pour vous survivre. » — « Tue-moi d’abord, tu mourras après ; sers ton ami, avant toi-même. » — « Alors, donnez-moi la main. […] J’ai rarement répondu aux pamphlets diffamatoires, ayant dans les mains les moyens de confondre mes ennemis, et, quoique naturellement vindicatif, j’ai souffert en silence et maintenu mon âme dans la paix762. » Insulté par Collier comme corrupteur des mœurs, il souffrit cette réprimande brutale et confessa noblement les fautes de sa jeunesse : « M. […] Vois cette bande de spectres, chacun une torche à la main : ce sont les spectres des Grecs immolés dans les batailles, laissés sur la plaine sans sépulture, sans honneur ! […] « Heav’n bless my son, from Ireland let him reign, To far Barbadoes on the western main ; Of his dominion may no end be known, And greater than his father’s be his throne ; Beyond Love’s Kingdom let him stretch his pen !
C'est la restitution, pièces en main, de la province de Bourgogne dans la dernière moitié du xviie siècle.
Ce vin des autres qu’on lui a versé, il l’a bu… dans sa main, quelquefois avec assez de grâce (toujours l’enfant et rien de plus !)
Il a enfermé, d’une main singulièrement délicate, des sentiments exquis dans des vers achevés ; il faut autre chose dans le bruit du moment, mais cela suffit pour rester.
C’est une figure d’homme vu par le dos, les mains appuyées à la manivelle coudée d’un tambour de puits.
L’ironie, l’invective, le sarcasme, dans les mains d’un déclamateur vigoureux, peuvent devenir des armes terribles ; Juvénal est un exemple magnifique de la déclamation éloquente. […] L’art dramatique est donc aujourd’hui entre les mains de MM. […] Le Destin, supérieur à la volonté même des dieux, pourrait, en étreignant d’une main violente toute les parties de l’action, la simplifier jusqu’à l’immobilité. […] Soumis à l’épreuve d’une dialectique impitoyable, il n’y a pas un de ces mille incidents qui ne soit, entre les mains du poète, un ressort utile ou nécessaire. […] Toutes les lèvres qui approuvent, toutes les mains qui applaudissent ont pour lui une valeur égale, une égale autorité.
L'éloquent secrétaire perpétuel, au moment où il posait la couronne sur le front du lauréat, avait tout l’air de s’en laver les mains : « Vous allez entendre, Messieurs, l’éloge de Voltaire, nous ne pouvons nous empêcher de le couronner, mais rendez-nous cette justice, ce n’est pas certes nous qui l’aurions fait. » Tel était le sens et des paroles et du geste, nous assure-t-on, de M.
Ma main, qui tremble encor de t’avoir caressée, Parfois sent vivre en elle un contour frissonnant ; Et dans le grand lit sombre et vide maintenant La forme de tout corps est à peine effacée.
Guérin, Minime, qui, déclamant en Chaire contre le Poëte Théophile, s’exprimoit ainsi : « Maudit sois-tu, Théophile ; maudit soit l’esprit qui t’a dicté tes pensées, maudite soit la main qui les a écrites ; malheureux le Libraire qui les a imprimées ; malheureux ceux qui les ont lues ; malheureux ceux qui t’ont jamais connu !
Un grand nombre de passages indiquent des époques de civilisation très diverses, et portent à croire que les deux poèmes ont été travaillés par plusieurs mains, et continués pendant plusieurs âges.
De la tour, regardant poudroyer les chemins Par où je dois venir, caresses plein les mains, Es-tu debout, pensant s’exiler les allantes ? […] Alors, émerveillés et confus puérilement, nous voulûmes nouer à leurs mains les guirlandes de roses. […] Et celle qui était vêtue de la robe d’hyacinthe décroise ses mains d’un lent geste et se lève vers l’amant, revenu de l’aventure de la vie. […] Et là, c’est l’Espoir, « en pleurs, veillant des ombres mortes », ou bien qui passe par la roseraie, heurtant les portes au travers des haies, ou bien, d’un geste doux, relevant l’âme abattue et l’emmenant docile, par la main. […] Elle tient des roses à la main, et sa main est encore mouillée de récente cueillaison dans la rosée.
Demande-t-on sa main ? […] En même temps un elkovan (oiseau du pays) vient se poser sur sa main, et il croit que c’est l’âme de son amie. […] La fête, cette belle fête, attendues désirée si longtemps, s’effaçait déjà avant de finir et se terminait dans une sorte de rêve ; on s’en allait, passé de main en main, avec de tendres baisers sur les joues. […] Je prends la main d’une petite Alsacienne en corsage de velours, et maintenant voici l’éblouissement des glaces, des clartés. […] Les élèves qui auront cette commode édition entre les mains n’y liront pas un mot de Bossuet.
Bajazet et Atalide sont entre les mains de Roxane, et Roxane est sous la main du Sultan. […] ta vie est entre mes mains. […] Troppa est piqué à la main. […] Voici ma main. […] Elle tend la main à La Fresnais.
Si nous tenons en main une vérité que pour cent raisons nous estimons bonne, ne craignons pas de paraître pédants en lui faisant toute sa part. […] Si l’auteur n’a en main ou à portée de la main quand il crée, tous les éléments de son œuvre, la matière verbale, la matière technique et la matière humaine, son art, sa troupe et son public, la rectitude de son « activité créatrice », comme dit Maritain, sera irrémédiablement faussée. […] Mais le passé d’hier, que nous touchons encore de la main, comment le résumer, le caractériser sans injustice ? […] L’homme à sa place, Dieu à sa place, l’univers évoqué par les plus beaux accents et, sous la main de Dieu, les âmes qui s’affrontent. […] Voici deux ans, la Comédie-Française passait aux mains de M.
Nous avons la date précise dans une page d’album écrite de sa main sous ce titre : Arrivée d’un jeune méridional à Paris ; c’est une description de ses premières et confuses impressions à une première vue, c’est sa satire à lui des Embarras de Paris : « Bientôt courant dans les rues, l’impatient étranger ne sait où passer. […] Une simple teinture, à lui, ne lui suffisait pas ; il veut, en tout, mettre la main à l’œuvre, sonder du doigt les arcanes. […] Bonaparte, pour ne citer qu’un moment décisif, pouvait ne pas être au 13 vendémiaire sous la main de Barras ; il pouvait être allé se promener à la campagne ce jour-là, et, la Convention une fois renversée par les sections, que serait-il arrivé ? […] Le commerce et les finances sortaient d’une crise épouvantable ; le sol entier, restitué à des mains industrieuses, allait être fécondé. […] Thiers conseillait, au contraire, le rejet pur et simple du budget ; « ne pas affaiblir le gouvernement, le changer de mains. » La théorie que soutint constamment le National était celle-ci : « Il n’y a plus de révolution possible en France, la révolution est passée ; il n’y a plus qu’un accident.
C’est un petit avis que suggère Naudé aux magistrats et personnes en charge ayant bibliothèques, pour en user à l’occasion et faire main basse sur de bons morceaux ; il a toujours eu un faible pour les coups d’État. […] Comme fait, et l’histoire en main, si l’on ose réfléchir, on a peine à ne pas tirer l’austère résultat. […] Il avait de longue main, dans ses Rose-Croix, compté sur la badauderie des Français ; dans ses Coups d’État, s’il nous en souvient (chap. iv), il avait peint la populace en traits énergiques et méprisants, que l’émeute présente semblait faite exprès pour vérifier. […] Dans un Advis imprimé (1651) à l’adresse de nos Seigneurs du Parlement, il exhale les sentiments dont il est plein : « … Et pour moi qui la chérissois comme l’œuvre de mes mains et le miracle de ma vie, je vous avoue ingénuement que, depuis ce coup de foudre lancé du ciel de votre justice sur une pièce si rare, si belle et si excellente, et que j’avois par mes veilles et mes labeurs réduite à une telle perfection que l’on ne pouvoit pas moralement en désirer une plus grande, j’ai été tellement interdit et étonné, que si la même cause qui fit parler autrefois le fils de Crésus, quoique muet de sa nature, ne me délioit maintenant la langue pour jeter ces derniers accents au trépas de cette mienne fille, comme celui-là faisoit au dangereux état où se trouvoit son père, je serois demeuré muet éternellement. […] Il combattit Descartes sur la certitude et reprit en main la thèse de Sanchez : Quod nihil scitur.
Si je veux faire attention à un objet que je regarde, écoute, palpe, flaire ou savoure, je produis des efforts musculaires dans la direction de mes divers sens ; je tends les muscles de ma main pour mieux palper, ceux de mes yeux pour les accommoder à l’objet et à la lumière, etc. […] Faites croire à des personnes qu’il y a dans un jeu de cartes une carte magnétisée qui leur donnera des sensations électriques, la plupart croiront sentir des frissons, des secousses dans la main, des éblouissements dans la vue. En un mot, faire attention à une représentation, c’est l’accroître et l’achever en soi-même, comme si notre main passait à l’encre un dessin vaguement crayonné. […] Pour affirmer que le feu brûle, l’enfant qui ne sait pas parler écarte sa main du feu, s’il en est près, ou accomplit par l’imagination ce mouvement, s’il en est loin. […] Tout est apparemment le même autour de moi et en moi : c’est la même flamme près de laquelle je suis, la même main que j’en approche ; si je n’éprouvais pas la même sensation de chaleur, il y aurait changement sans raison.
De là tant de réputations usurpées, du moins pour un temps, qui ne feront jamais rien produire aux talents médiocres, et qui découragent les véritables, qui les humilient même en leur montrant les mains par lesquelles la gloire est distribuée ; de là cette foule de petites sociétés et de tribunaux où les grands génies sont déchirés par des gens qui ne sont pas dignes de les lire. […] Une troisième classe, peu nombreuse, renferme ceux qui, après avoir formé le matin le projet sincère d’être libres, recommencent le soir à être esclaves, et qui tout à la fois audacieux et timides, nobles et intéressés, semblent rejeter d’une main ce qu’ils tâchent de saisir de l’autre. […] D’une main ils élèvent à la médiocrité puissante des statues d’argile, et de l’autre ils font de vains efforts pour mutiler les statues d’or des grands hommes sans protection et sans crédit. […] Telle est l’utilité principale de ces récompenses, surtout lorsqu’elles sont répandues pêle-mêle et à pleines mains. […] L’ouvrage dont il s’agit m’est tombé entre les mains depuis la première édition de cet essai : l’exécution m’a paru bien indigne du projet : on ne saurait faire un plus mauvais livre avec un meilleur titre.
— Ainsi encore, quand, le jour de la fête de Valérie, le Comte étant près de la gronder, Gustave envoie un jeune enfant lui souhaiter la fête et rappelle ainsi au Comte de ne pas l’affliger ce jour-là, Valérie est touchée, elle embrasse l’enfant et le renvoie à Gustave, qui l’embrasse sur la joue au même endroit, et qui y trouve une larme : « Oui, Valérie, s’écrie-t-il en lui-même, tu ne peux m’envoyer, me donner que des larmes203. » Cette même idée de séparation et de deuil, cet anneau nuptial qu’il sent au doigt de Valérie dès qu’il lui tient la main, reparaît sous une nouvelle forme à chaque scène touchante. […] Un des endroits le mieux touchés est celui où Valérie en gondole, légèrement effrayée, et qui vient de mettre familièrement sur son cœur la main de Gustave, au moindre effroi sérieux, se précipite sur le sein du Comte : « Oh ! […] Pourtant le mouvement teutonique de réaction contre la France, ou du moins contre l’homme qui la tenait en sa main, allait bientôt gagner Mme de Krüdner et la pousser, par degrés, jusqu’au rôle où on l’a vue finalement. […] Aujourd’hui qu’elle s’est jetée dans la dévotion mystique, elle fait des prophéties, c’est encore du roman, mais d’un genre tout opposé… » Il finissait et concluait du même ton : « L’Évangile en main, j’oserai lui dire que nous aurons toujours des pauvres au milieu de nous, ne fût-ce que de pauvres têtes. » L’anonyme du Journal de Paris se permit de trouver ce jeu de mots final plus digne de Potier ou de Brunet, que d’un chrétien sérieusement pénétré de l’Évangile.
On sent qu’il a eu la main forcée par les passions qu’il a soulevées, et que, ne pouvant plus les diriger, il les trahit, mais sans pouvoir les perdre. […] Combien il serait beau aujourd’hui d’écrire ces vrais droits de l’homme par la main d’un Aristote, d’un Bacon, d’un Montesquieu, d’un Mirabeau ! […] Elle était sœur de ces enfants que l’impératrice tenait par la main quand elle se présenta en suppliante devant les fidèles Hongrois, et que ces troupes s’écrièrent : “Mourons pour notre roi Marie-Thérèse ! […] L’Assemblée se composait par portions inégales de trois éléments : les constitutionnels, parti de la liberté et de la monarchie modérée ; les Girondins, parti du mouvement continué jusqu’à ce que la Révolution tombât dans leurs mains ; les Jacobins, parti du peuple et d’une impitoyable utopie.
S’il se passe ordinairement de la compagnie des livres quand il écrit, de peur, dit-il, qu’ils n’interrompent sa forme, et aussi parce que les bons auteurs le découragent, « il se peut plus malaysement desfaire de Plutarque », « Il est si universel et si plein, ajoute-t-il qu’à toutes occasions et quelque subject extravagant que vous ayez prins, il s’ingere à vostre besogne, et vous tend une main libérale et inespuisable de richesses et d’embellissements134. » On s’imagine en effet Montaigne, aux jours où il était à court d’idées, ou mal en train d’écrire, se mettant à feuilleter Plutarque, sans ordre et sans dessein, et, s’il tombait sur une de ces pensées profondes ou seulement ingénieuses, qui abondent en cet auteur et qui éveillent l’esprit, s’y attachant et se mettant à penser à la suite de Plutarque. […] C’est l’homme considérant son semblable d’un regard désintéressé, au lieu de le gouverner d’une main tyrannique, ou de lui donner le change par d’amusantes folies ; cherchant à se démêler, et, comme dit Montaigne, « affamé de se cognoistre. » C’est l’homme à la fois observateur et sujet d’observation ; c’est enfin Montaigne lui-même, un des plus excellents esprits qui aient été, éprouvant à sa conscience, comme à une pierre de touche, tous les traits attribués à l’homme par toutes les philosophies et toutes les histoires. […] Il recherche les plus contestables comme prêtant plus aux développements ingénieux ou à la contradiction abondante, et il répand de la même main les vraies lumières, sans injonction de les suivre ; et les fausses, sans s’inquiéter si les esprits faibles s’y laisseront prendre. […] Plutarque me soubsrit tousjours d’une fresche nouveauté : l’aymer c’est m’aymer, car, il a esté longtemps l’instituteur de mon bas aage : ma bonne mère, à laquelle-je doibs tout, et qui avoit une affection si grande de veiller à mes bons deportemens et ne vouloit pas (ce disoit-elle) voir en son filz un illustre ignorant, me mist. ce livre entre les mains encores que je ne feusse à peine plus un enfant de mamelle.
On doit en conclure, ce me semble, qu’il possède, cette rare intensité du sentiment, cette ardeur intérieure, cette puissance de volonté, cette foi qui subjuguent, émeuvent et entraînent. » Et il termine son article par le fameux serment : « Si telle est cette religion (« le beau est horrible, l’horrible est beau ») je suis fort loin de la professer ; je n’en ai jamais été, je n’en suis pas, je n’en serai jamais… Je lève la main, et je le jure : Non credo ! […] C’est qu’elle a été vraiment aux mains d’un homme, et que la griffe du maître a porté. » Témoin encore ces lignes qu’il écrivit dans une correspondance au Ménestrel : « Dès les premières notes de l’introduction, vous sentez qu’un monde harmonique nouveau vient de s’ouvrir ; vous êtes surpris, quelque chose se révolte en vous, et ce n’est pas sans effroi que vous consentez à suivre le compositeur. […] Tristan arrivait en ce moment : Iseult se leva et le salua de la main. […] Le roi Marc s’avançait non loin d’YseuIt ; il était couvert, du manteau royal, avait sa haute couronne sur la tête et tenait son sceptre dans la main droite.
Iseult lui arrache des mains la corne à moitié vidée et elle boit à son tour. […] Tristan porte la main à son front ; Iseult porte la main à son cœur. […] Viennent maintenant les soldats du roi Marke, s’ouvrant passage à main armée à travers le manoir.
Comme dans le poème allemand, le Siegfried de Wagner est tué à la chasse, et de la main de Hagen, qui, dans le cycle scandinave, n’est que l’instigateur du crime. […] Dupont et Lapissida, souvent associés dans le travail d’organisation des représentations wagnériennes, tiennent en main les destinées du théâtre de la Monnaie, on se demande si Wagner occupera enfin la place qui lui revient dans le programme de nos récréations artistiques. […] Jullien n’avait pas en main les documents nécessaires. […] Kietz lui-même, mais j’ai pu les relever dans son journal d’atelier, où elles sont inscrites de la main même de Wagner.
… La main des Parques blêmes De vos jours et des miens se joue également. […] Si vous l’avez vu, souvenez-vous de ces deux terrasses que le parterre a en face et à la main gauche, et des rangs de chênes et de châtaigniers qui les bordent. […] A ses genoux sont ses heures et son chapelet, et autres menus ustensiles, sa main de justice, son sceptre, son chapeau et sa Notre-Dame. […] Le tout est de marbre blanc et m’a semblé d’assez bonne main. » Vous voyez, il n’insiste pas.
Champfleury Ce Pétrus Borel, forçant l’étrangeté pour dissimuler son peu d’imagination, se présentant en « loup » dans la civilisation, goguenard très travaillé, sans cesse en quête de sujets étonnants, voulant attirer l’attention du public par son orthographe, n’écrivant toutefois qu’avec peine de bizarres récits en prose, poète jadis, dont les vers étaient hirsutes et martelés, à la tête autrefois d’un groupe d’artistes à tous crins qui avaient laissé leurs cheveux dans les mains de l’occasion.
Les recueils de Prarond ont des vers délicieux ; je n’ai pas sous la main Dans les herbages, de Gustave Le Vavasseur.
L’autorité de M. de Fontenelle, celle de Perrault, de la Mothe, de l’Abbé Terrasson, venoient à l’appui de cette judicieuse déclamation, où il disoit, entre autres choses, que les défauts d’Homere l’avoient tellement choqué, & dégoûté de le traduire, que la plume lui en étoit souvent tombée des mains.
» Les mains, à leur tour, refusèrent la tâche : « Ce n’est qu’une ingrate à qui il est arrivé maintes fois de nous donner un coup de dent lorsque nous lui portions la nourriture !
Un jour que Bernis sortait de chez Mme de Pompadour, emportant sous son bras une toile de perse qu’elle lui avait donnée pour meubler son nouvel appartement, le roi le rencontra dans l’escalier, et voulut absolument savoir ce qu’il portait ; il fallut le montrer et expliquer le pourquoi : « Eh bien, dit Louis XV en lui mettant dans la main un rouleau de louis, elle vous a donné la tapisserie, voilà pour les clous. » Pourtant l’impatience vint à Bernis, et, suivant la spirituelle remarque de Duclos, voyant qu’il avait tant de peine à faire une petite fortune, il résolut d’en tenter une grande : cela lui fut plus facile. […] Pendant cette année si occupée, durant laquelle il met la main aux grandes affaires et qui précède son entrée au ministère (1756-1757), il n’est plus cet homme maladif et languissant de Venise qui a la goutte au genou, et dont la vie se traîne de fluxion en fluxion : il veille, il se prodigue dans le monde, il passe une partie des nuits à jouer, faisant semblant de s’y plaire, pour mieux cacher son autre jeu ; car il n’est pas ministre encore ; la négociation secrète qu’il mène se conduit en dehors du cabinet, et ceux qui sont en place le surveillent : au milieu de tous ces soins, il ne s’est jamais mieux porté. […] Ce sera là sa plainte continuelle pendant sa faveur, et son excuse après la chute ; car, même quand il fut entré au ministère, il se trouva constamment contrarié par ceux ou, pour mieux dire, par celle qui ne voulait de lui que comme instrument : « On m’a fait danser sur un grand théâtre avec des fers aux pieds et aux mains.
Lavallée a eu soin de placer aussi un portrait de l’illustre fondatrice, où revit cette grâce si réelle, si sobre, si indéfinissable, et qui, sujette à disparaître de loin, ne doit jamais s’oublier quand par moments la figure nous paraît un peu sèche ; il l’emprunte aux Dames de Saint-Cyr dont la plume, par sa vivacité et ses couleurs, est digne cette fois d’une Caylus ou d’une Sévigné : Elle avait (vers l’âge de cinquante ans), disent ces Dames, le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre si affectueuse et si régulière qu’elle effaçait les plus belles de la Cour… Le premier coup d’œil était imposant et comme voilé de sévérité : le sourire et la voix ouvraient le nuage… Saint-Cyr, dans son idée complète, ne fut pas seulement un pensionnat, puis un couvent de filles nobles, une bonne œuvre en même temps qu’un délassement de Mme de Maintenon : ce fut quelque chose de plus hautement conçu, une fondation digne en tout de Louis XIV et de son siècle. […] » Une haute idée, c’est que les Dames de Saint-Louis étant destinées à élever des demoiselles qui deviendront mères de famille et auront part à la bonne éducation des enfants, elles ont entre leurs mains une portion de l’avenir de la religion et de la France : « Il y a donc dans l’œuvre de Saint-Louis, si elle est bien faite et avec l’esprit d’une vraie foi et d’un véritable amour de Dieu, de quoi renouveler dans tout le royaume la perfection du christianisme. » La fondatrice leur rappelle expressément qu’étant à la porte de Versailles comme elles sont, il n’y a pas de milieu pour elles à être un établissement très régulier ou très scandaleux : « Rendez vos parloirs inaccessibles à toutes visites superflues… Ne craignez point d’être un peu sauvages, mais ne soyez pas fières. » Elle leur conseille une humilité plus absolue qu’elle ne l’obtiendra : « Rejetez le nom de Dames, prenez plaisir à vous appeler les Filles de Saint-Louis. » Elle insiste particulièrement sur cette vertu d’humilité qui sera toujours le côté faible de l’institut : « Vous ne vous conserverez que par l’humilité ; il faut expier tout ce qu’il y a eu de grandeur humaine dans votre fondation. » Quoi qu’il en soit des légères imperfections dont l’institut ne sut point se garantir, il persista jusqu’à la fin dans les lignes essentielles, et on reconnaîtra que c’était quelque chose de respectable en l’auteur de Saint-Cyr que de bâtir avec constance sur ces fondements, en vue du xviiie siècle déjà pressé de naître, et dans un temps où Bayle écrivait de Rotterdam à propos de je ne sais quel livre : On fait, tant dans ce livre que dans plusieurs autres qui nous viennent de France, une étrange peinture des femmes de Paris. […] Dans les grands moments, il intervient comme roi : quand on juge à propos de réformer les constitutions, il les relit et les approuve de sa main ; lorsqu’il faut éloigner les Dames récalcitrantes, telle que Mme de La Maisonfort et quelques autres, et employer à cet effet des lettres de cachet, il sait que le cœur des Dames est affligé de cet exil de leurs sœurs, et, après avoir écrit du camp de Compiègne pour motiver sa rigueur, il vient lui-même avec cortège dans la salle de la Communauté tenir en quelque sorte un lit de justice tout à la fois royal et paternel.
Lui-même il se propose, dit-on, de continuer le payement de cette dette de famille par la publication de quelques-uns des précieux manuscrits qu’il a entre les mains ; on ne saurait trop l’y exhorter, et dès à présent, pour avoir mis M. […] Un Mirabeau n’y va pas de main morte ; les demi-aveux, les faux-fuyants de Vauvenargues, ses airs de paresse, ne satisfont pas le marquis ; il continue son obsession obligeante ; il y emploie le reproche, il y emploie la louange ; il se sert de toutes les clefs pour ouvrir ce cœur qu’un respect humain enchaîne, et il le tire tant qu’il peut du côté de ses propres penchants : Quand vous auriez plus de santé et de goût pour la gloire, vous ne sauriez faire naître la guerre, et ne seriez pas capable des bassesses qu’il faut pour s’avancer à la Cour. […] Le coup a porté : Vauvenargues a beau dire, il est homme de lettres plus qu’il ne croit ; il est sensible plus qu’il ne le voudrait à cette idée de génie, à cette image d’une gloire sous sa main, et qu’il ne tient qu’à lui de cueillir : « Vous ne sentez pas vos louanges, écrit-il à Mirabeau, vous ne savez pas la force qu’elles ont, vous me perdez !