Dans plus d’une province, les bêtes féroces prirent la place de l’homme, et vinrent s’emparer des pays qu’il laissait déserts.
Laisse-moi reposer dans le sein de la vérité, et ne viens pas troubler ma paix par la flatterie que j’ai haïe. » Et ailleurs, après avoir parlé des conseils qu’on lui donnait sur la manière de se conduire à la cour, l’orateur ajoute : « Ces conseils lui parurent lâches ; il allait porter son encens avec peine sur les autels de la fortune, et revenait chargé du poids de ses pensées, qu’un silence contraint avait retenues.
C’est là qu’on trouve le mot d’un jeune Brienne qui, ayant le bras fracassé au combat d’Exilles, monte encore à l’escalade en disant : Il m’en reste encore un autre pour mon roi et ma patrie ; celui de M. de Luttaux qui, blessé de deux coups, affaibli et perdant son sang, s’écria : Il ne s’agit pas de conserver sa vie, il faut en rendre les restes utiles ; celui du marquis de Beauveau, qui, percé d’un coup mortel, et entouré de soldats qui se disputaient l’honneur de le porter, leur disait d’une voix expirante : Mes amis, allez où vous êtes nécessaires ; allez combattre, et laissez-moi mourir.
Si nous disons d’un home qui marche avec trop de lenteur, qu’il va plus lentement qu’une tortue, d’un autre, qu’il va plus vite que le vent, d’un passioné, qu’il se laisse emporter au torrent de ses passions, etc. […] Académus laissa près d’Athènes un héritage où Platon enseigna la philosophie. […] Didon dit à sa soeur * vous mettrez sur le bucher les armes que le perfide a laissées, et par ce perfide elle entend Enée. […] Il y a des mots qui ont une construction louche, c’est lorsqu’un mot paroit d’abord se raporter à ce qui précède et que cependant il se raporte à ce qui suit : par exemple, dans cette chanson si conue, d’un de nos meilleurs opéra, tu sais charmer, tu sais desarmer, le dieu de la guerre ; le dieu du tonerre se laisse enflamer. le dieu du tonerre paroit d’abord être le terme de l’action de charmer et de desarmer, aussi-bien que le dieu de la guerre : cependant, quand on continue à lire, on voit aisément que le dieu du tonerre est le nominatif ou le sujet de se laisse enflamer.
On a compté que telle année Louis XV ne coucha que cinquante-deux nuits à Versailles, et l’ambassadeur d’Autriche dit très bien que « son genre de vie ne lui laisse pas une heure dans la journée à s’occuper des affaires sérieuses » Quant à Louis XVI, on a vu qu’il dégage quelques heures dans la matinée ; mais la machine est montée et l’entraîne. […] Les deux laquais ouvrent les deux battants pour me laisser sortir, moi qui passerais alors par le trou d’une aiguille, et les deux estafiers crient dans l’antichambre : « Madame, Messieurs, voilà Madame ! […] Sauf en quelques maisons princières, il n’est pas grand en meubles de campagne : on laisse cet étalage aux financiers. « Mais il est prodigieux en toutes les choses qui peuvent donner des jouissances à autrui, en chevaux, en voitures, en tables ouvertes, en logements donnés à des gens qui ne sont point attachés à la maison, en loges aux spectacles qu’on prête à ses amis, enfin en domestiques beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui. » — Par ce frottement mutuel et continu, les nobles les plus rustiques perdent la rouille qui encroûte encore leurs pareils d’Allemagne ou d’Angleterre.
Hésiode nous a laissé quelques-uns de leurs noms, qui reflétaient la couleur ou qui exprimaient la qualité de leurs flots. […] Content de la sécurité qu’ils lui laissent, il se soumet au succès, respecte le fait accompli et ne demande plus qu’à vieillir en paix. […] Il étend sa baguette sur les sacs et sur les amphores ; et voilà que figues et olives, huiles et safrans, étoffes et poteries, blés de la Béotie et vins de l’Archipel, quincailleries d’Égine et charbons de Mégare, tout cela va, vient, produit, fructifie, et retombe dans les comptoirs des marchands en piles de drachmes et en rouleaux de statères ; le troupeau lui-même laisse une toison d’or aux mains de son pâtre.
Blyth et quelques autres, son pelage en laisserait quelquefois apparaître des traces ; et je tiens du colonel Poole que les petits de cette espèce sont généralement rayés sur les jambes et légèrement sur les épaules. […] Dans tous les pays, ces rayures apparaissent beaucoup plus souvent chez les individus gris-brun ou gris-souris que chez les autres ; mais ce terme de gris-brun laisse une assez grande marge, et comprend une échelle de tons très divers depuis le brun-rouge et le noir jusqu’à la nuance de crème. […] La sélection naturelle ne peut accumuler que les premières, elle détruit les secondes, et laisse subsister les troisièmes, que leurs causes soient du reste simples ou complexes, directes ou indirectes.
J’avoue que je ne redoute pas ceux de vos compatriotes, pourvu qu’ils n’oublient point qu’il n’existe en Allemagne aucun individu à qui j’aie volontairement nui, et qu’il s’y trouve plus d’une tête couronnée à qui je n’ai pas laissé d’être utile, du moins autant que je l’ai pu. […] Il pouvait se faire à lui-même illusion sur ces actes, en se disant qu’il ne se faisait pas payer la vente du bon droit, mais seulement des services laissés à sa discrétion.
Son jeune rival, qui depuis ce temps avait beaucoup vu et entendu, et qui s’était renouvelé sur bien des points, me fait, par rapport à lui retardataire et laissé sur le chemin, le même effet que le glorieux René dépassant de mille stades Oberman immobile et oublié. […] Villemain toutes les critiques possibles, parce qu’en effet plus tard, bientôt, sa manière parfaite et achevée va échapper au jugement pour ne laisser que le charme.
Je leur répondis que la France ne se laisserait jamais dicter sa politique par des étrangers, et que c’était aux Polonais de ressusciter la Pologne. […] Un tel principe de diplomatie, que des fanatiques hors de sens cherchent à exhumer des croisades de Mahomet, ne laisserait ni une conscience libre ni une race indépendante sur le globe.
Richard Wagner a dit : « Je ne prétends pas réformer l’opéra ; je le laisse tel qu’il est, et je fais autre chose. » Prenons cette devise ; rien n’est commun entre l’opéra et le drame musical ; l’un est un spectacle de concert, l’autre est l’œuvre dramatique pressentie par Rameau, Gluck, Weber, Beethoven, Lesueur, et comprise par Richard Wagner : il faut choisir, se décider. […] Le roi se laissa conduire et se cacha dans le vieux chêne qui ombrageait la fontaine.
Vogl en a encore un peu ; Madame Vogl n’en a plus du tout : l’indignation était générale parmi les étrangers ; Madame Vogl est, certes, une excellente artiste et fut une excellente chanteuse ; mais on ne peut laisser que tout un rôle comme celui de Brünnhilde soit annulé par l’absolue insuffisance vocale d’une actrice ; l’administration de l’Opéra de Munich y devrait songer autrement, aux prochaines représentations wagnériennes il y aura des désertions. […] Un quatuor de Beethoven nous suggère des émotions définies ; mais le maître nous a laissés libres de choisir à ces émotions les causes, le siège, les accompagnements notionnels qui nous paraissent les plus propres.
— Voyons, Madame, vous ne me laisserez pas ainsi ! […] … Écoutez-moi… Oui, il y a quelqu’un de coupable dans tout ça, c’est moi… Je vous ai provoqué… Cette fenêtre, je ne voulais pas y aller, je me mettais en colère contre moi-même, et j’y allais… C’est vrai, je vous ai provoqué, j’ai excité chez vous un petit sentiment… Allez, ce n’est pas une chose bien grave tout cela, chez vous… Je déménagerai, et ça ne laissera pas une grande trace… Tout de même, j’ai bien du plaisir à vous voir de près, moi qui ne vous vois que de si loin… Saluez-moi et partez… Voilà mon mari !
Zola proteste, dans sa préface, de la pureté de ses intentions… Laissons cette plaisanterie. […] Il a laissé celle de l’artiste.
Feydeau les laisse dans l’esprit de son lecteur sans y répondre, pour peindre un bonheur du sein duquel il va lancer le tonnerre de la péripétie, qui doit changer ce bonheur en supplice par l’intervention très-naturelle du mari. […] Laissons donc là ce reproche absurde de mélodrame.
Les traits du visage nettement et hardiment dessinés ne laissent rien d’indécis.
Nisard flatte peut-être l’esprit français dans la définition générale qu’il en donne, il ne flatte nullement les auteurs français en particulier ; et, tout au contraire, en les comparant, en les confrontant sans relâche un à un avec ce premier idéal qu’il s’est proposé et qu’il a dressé comme une figure grandiose au vestibule de son livre, il leur fait subir la plus périlleuse des épreuves, le plus sévère des examens : plus d’un, et des plus célèbres, y laisse une part de lui-même, la partie caduque, éphémère et mensongère ; et, comme après un jugement de Minos ou de Rhadamanthe, c’est l’âme immortelle, c’est l’esprit dans ce qu’il a eu de bon, de pur, dans ce qu’il a de durable, de moral, de salutaire, de conforme et de commun avec le génie français (une des plus belles représentations de l’esprit humain), c’est cela seul qui survit, qui se dégage et qui triomphe.
La vicomtesse d’Houdetot, femme aimable, spirituelle, morte de très bonne heure, laissa quelques vers que ses amis se plurent à recueillir après elle et à faire imprimer en un tout petit volume (Poésies de la vicomtesse d’Houdetot, 1782).
Ne vous laissez aller ni à un premier, ni à un second mouvement.
Pour nous, avouons-le, nous ne sommes pas fâché de la bévue, car si le fécond écrivain avait soupçonné que cette maudite Révolution continuait Toujours même après la Terreur, il aurait pu, par mégarde, laisser couler de sa plume une couple de volumes de plus, et en vérité le nombre en est déjà bien honnête.
J’ai dit, dès la première page, que Voltaire, Marmontel et La Harpe ne laissaient rien à désirer à cet égard ; mais je voulais montrer le rapport qui existe entre la littérature et les institutions sociales de chaque siècle et de chaque pays ; et ce travail n’avait encore été fait dans aucun livre connu.
L’aspect du ciel et de la terre, à toutes les heures du jour et de la nuit, réveille dans notre esprit diverses pensées ; et l’homme qui se laisse aller à ce que la nature lui inspire, éprouve une suite d’impressions toujours pures, toujours élevées, toujours analogues aux grandes idées morales et religieuses qui unissent l’homme avec l’avenir.
Tout le plaisir que l’on trouve au spectacle tragique dépend de la fréquence de ces petits moments d’illusion, et de l’état d’émotion où, dans leurs intervalles, ils laissent l’âme du spectateur.
Il n’y avait plus dans toute la littérature que ce coin étroit qui leur fût laissé.
Elles auront pour objet de donner plus de précision et de clarté aux choses : elles vous forceront à ne rien laisser dans le vague, à imaginer le détail le plus particulier, le plus individuel qu’il vous sera possible.
Silvestre dans les Contes grassouillets, je laisse courir ma plume aux incongruités qui dérident les plus sévères.
Dès lors, quelle meilleure détente que de laisser courir cette imagination, avec la sécurité que les paysages et les figures qu’elle s’amusera à combiner seront tout de même de bon aloi historique, puisque cette imagination vagabonde est encore une imagination de savant.
Nous laisserons-nous uniquement guider par notre caprice ?
Laissons à ces intéressantes études l’entière liberté de leurs discussions ; ne les mêlons pas à ce qui en altérerait la sérénité.
Je vous prie de ne pas vous laisser surprendre par l’abbé, qui est intrigant, fin et adroit119. » Madame de Montespan, toute contente, fait à madame de Maintenon des amitiés protectrices.
Des arbres élevés laissent pendre leurs fruits sur sa tête ; des poires, des grenades, des oranges, des figues douces et des olives vertes.
Il prend pour lui les fonctions de prévoyance et de mémoire, les idées et les réactions à l’égard d’objets absents ; il ne laisse aux ganglions inférieurs que le soin de réagir à l’égard d’objets présents, sous l’aiguillon immédiat de la sensation actuelle.
Il nous montre une lettre de Victor Hugo, apportée par Mlle Thuillier, et où il nous fait lire cette phrase : « Il fait triste ici… il pleut, c’est comme s’il tombait des pleurs. » Dans cette lettre, Hugo remercie Janin de son feuilleton sur la vente de son mobilier, lui annonce que son livre va paraître dans un mois, et qu’il le lui fera parvenir dans un panier de poisson ou dans un cassant de fonte, et il ajoute : « On dit qu’après, le Bonaparte me rayera de l’Académie… Je vous laisse mon fauteuil. » Puis, Janin se répand sur la saleté et l’infection de Planche, sa bête d’horreur : « Vous savez, quand il occupe sa stalle des Français, les deux stalles à côté restent vides.
Le propriétaire de la maison et du parc à jeux de bague, et qui avait, dit Gavarni, à la fois une tête de lapin et de serpent, était un usurier à nom nobiliaire, entre les mains duquel était tombée la propriété du journal Le Curieux, et qui, voulant avoir mon ami pour rédacteur, sans le payer, avait fait nouer par sa femme une intrigue épistolaire avec lui, et se laissait tromper à domicile.
Laissez le kief aux turcs.
Quant à la seconde, il ne lui fixait aucun siège spécial, et lui-même reconnaissait que sur ce point ses travaux laissaient beaucoup à désirer63.
C’est qu’en effet l’homme qui a laissé un seul précepte moral, un seul sentiment touchant à la terre, est plus utile à la société que le géomètre qui a découvert les plus belles propriétés du triangle.
de Querlon, en est quelquefois trop maniéré, & l’affectation d’esprit, ou l’art, en un mot, y laisse trop peu apercevoir la nature.
Apulée nous a laissé la description d’une représentation du jugement de Paris, executée par des comédiens pantomimes qui joüoient sans parler, et dont le jeu s’appelloit saltatio.
Il laisse avec mélancolie errer ses regards en arrière ; il porte au-dedans de lui une vague inquiétude dont il ignore la cause ; il se crée des sentiments factices, et qu’il sait être ainsi, pour suppléer aux émotions qu’il ne retrouvera plus ; il s’étonne du désenchantement où il est plongé ; il a beau être séparé de la religion, ou par les passions dont il est devenu le jouet infortuné, ou par les séductions d’un esprit raisonneur, qui, à force de vouloir approfondir, égare ; il ne peut être sourd aux plaintes touchantes d’une mère, qui ne devait pas s’attendre à lui voir trahir ce qu’elle regardait comme ses plus chères espérances, ni aux terribles accusations de ses aïeux, qui lui reprochent, du fond de la tombe, d’avoir abandonné la portion la plus précieuse de leur héritage.
Pas de doute, pourtant, que cette femme, aux relations immenses, et plus Européenne encore que Française, qui touchait aux plus hautes sociétés de son temps et dont l’esprit, tout le temps qu’elle vécut, ressembla à l’urne penchée et bouillonnante d’un fleuve, n’ait laissé derrière elle d’autres lettres que celles qui ont donné sa goutte de vie à ce maigre livre de Weymar et Coppet, mort-né, sans ces lettres !
Nous comprenions bien que ce dernier panorama du désert, que ces dernières fantasias d’un peuple équestre et nomade, seraient un spectacle que ne verraient pas nos enfants ; mais nous nous disions aussi que toute cette poésie qui doit céder à la prose, que ces mœurs éloquentes qui seront un jour — un jour plus prochain qu’on ne croit, — remplacées par les habitudes étriquées et plates des temps modernes, auraient du moins ici leur daguerréotype ineffaçable et fidèle, et que l’image qu’elles y auraient laissée en consacrerait le souvenir.