Viollet-Le-Duc, dans cette façon d’écrire l’histoire d’une conquête sur une spirale de marbre, terminée par la statue du conquérant, quelque chose d’étranger à l’esprit grec. […] Un jour vint et une heure, un moment social, non calculé, non prévu, général, universel, où il se trouva, — sans que personne pût dire ni à quelle minute précise, ni par quelle transformation cela s’était fait, — où, dis-je, il se trouva qu’une langue nouvelle était née au sein même de la confusion, que cette langue toute jeune, qui n’était plus l’ancienne langue dégradée et dénaturée, offrait une forme actuelle et viable, animée d’un souffle à elle, ayant ses instincts, ses inclinations, ses flexions et ses grâces : le français des XIe et XIIe siècles, cette production naïve, simple et encore rude et bien gauche, ingénieuse pourtant, qui allait bientôt se diversifier et s’épanouir dans des poèmes sans nombre, dans de vastes chansons chevaleresques, dans des contes joyeux, des récits et des commencements d’histoires, venait d’apparaître et d’éclore aux lèvres de tout un peuple. […] Viollet-Le-Duc : « Montrez-moi l’architecture d’un peuple, et je vous dirai ce qu’il est. » Ou encore : « Les édifices sont l’enveloppe de la société à une époque. » Le Parthénon d’Athènes, le Panthéon de Rome, Sainte-Sophie de Constantinople, et une nef, une façade gothique dans toute sa gloire, Notre-Dame de Paris : voilà les quatre points culminants de l’histoire de l’architecture, en tant que l’invention y préside, que la beauté s’y joint à la sincérité, et que le fond et la forme s’y marient. […] Monteil avait ouvert la voie, dans son Histoire des Français des divers états aux cinq derniers siècles ; on avait alors pour source presque unique d’informations le musée des Petits-Augustins formé à si grand’peine par Alexandre Lenoir et trop brusquement dissipé, le musée de Cluny fondé par feu Dusommerard, et si augmenté depuis, si bien dirigé par son fils.
Elle ressemble en cela à la peinture même de son temps, qui est plutôt une peinture de genre que d’histoire, ce qui ne veut pas dire du tout qu’elle soit à mépriser. […] Mme Champagneux, qui avait conçu pour lui une grande estime d’après la lecture de certaines pages traitant de sujets religieux et tout à fait étrangères à l’histoire de la Révolution, avait fait acte d’amitié en lui confiant le manuscrit maternel qui, depuis la première édition des Mémoires par Rose, était rentré entre ses mains et était demeuré caché à tous les yeux dans les archives intimes de la famille : « Grâce à cette intéressante communication, nous dit M. […] On aura amusé de cette histoire-là la piété de sa fille47. […] Après Mme Roland, l’histoire ne pourra guère nommer que Mme de La Valette et Mme la duchesse de Berry. » Beyle s’amuse ; il pirouette, il fait le léger et un peu l’insolent, comme c’est son plaisir : mais il a recueilli un souffle vivant, une voix de plus, une impression enthousiaste sur Mme Roland, et c’est pourquoi je l’ai introduit.
Il méprisait la théologie, qu’il avait effleurée, le droit, qu’il savait, l’histoire, qu’il ignorait : il ne regardait l’antiquité, qu’il adorait, ni en philologue, ni en archéologue, ni d’aucun point de vue que celui du littérateur. […] Aussi ne s’est-il pas soucié de ce qu’on appelle l’histoire littéraire, l’étude du développement des littératures et des genres, l’examen des conditions et des milieux, qui dans une certaine mesure déterminent la direction du génie littéraire et les formes de son expression. […] On remarquera, en passant, que sous ce principe tombent l’histoire, expression des formes passagères, perception des différences et non de l’identique, et le lyrisme, manifestation du subjectif, émanation de la plus intime individualité. […] Brunetière, l’Esthétique de Boileau, Revue des Deux Mondes, 1er juin 1889 ; Histoire de l’évolution de la critique, Hachette, 1890, in-12.
Utilisant avec son esprit aigu une érudition superficielle, mais étendue, il discute l’authenticité, la véracité des écrits révélés, l’exactitude des vulgates orthodoxes ; il fait de la philologie, de l’histoire ; et sa conclusion est que, quand les livres saints ne seraient ni apocryphes, ni menteurs, ni falsifiés, ils devraient être rejetés comme immoraux et absurdes : la révélation est écartée, attendu que de pareilles fables répugnent à l’idée que la saine raison doit se faire de Dieu. […] Ses petits mots perfides n’amoindrirent pas l’Histoire naturelle, et il ne parut pas à son avantage quand il entreprit une lutte ouverte : il essaya de contredire une des plus belles hypothèses de Buffon, qui voyait dans les coquillages et les poissons trouvés au haut des Alpes une preuve du séjour des eaux de la mer en des temps reculés ; Voltaire soutenait que les coquillages étaient tombés des chapeaux des pèlerins qui revenaient de la Terre Sainte, et que les arêtes de poissons étaient les restes de leur déjeuner. […] Il n’avait pas le sens de l’histoire, le don de vivre dans le passé et d’être en sympathie avec les générations lointaines. […] Lettres de Memmius à Cicéron (1771) ; Histoire de Jenni, ou le Sage et l’Athée (1775.)
. — La littérature a eu sa part, non petite, dans cette efflorescence de sociabilité qui se remarque en tant d’époques de notre histoire. […] Il est naturel que le meilleur poète comique de l’Europe moderne appartienne à la nation la plus mondaine de cette Europe, et que le meilleur poète comique de la France appartienne à l’époque la plus mondaine de son histoire. […] Dirai-je la critique et l’histoire impuissantes à comprendre les âges barbares, parce qu’elles se les figuraient à l’image des époques civilisées ; la poésie lyrique à peu près tuée en son germe, parce que toute effusion personnelle est d’un homme « mal élevé », ainsi que disait Buffon en parlant de Jean-Jacques ; enfin la vie du peuple et celle de la famille proscrites de la littérature comme choses basses et indignes de son attention ? […] En notre siècle aussi, comment faire l’histoire de la chanson sans aller la chercher dans les nids où elle gazouillait avant de s’élancer à travers l’espace, dans le Caveau, séjour de la gaudriole au temps de Désaugiers et de Béranger, et, naguère, dans les cabarets de Montmartre où elle a donné tant de bons coups de bec et de gosier ?
Il ne savait pas encore ses lettres que, lorsqu’il entendait quelqu’un lire une histoire dans un livre, il se figurait le bonheur qu’il aurait s’il pouvait bientôt la lire lui-même. […] Il en exceptait les détails de l’histoire, c’est une matière sans bornes ; mais, à cela près, il y mettait absolument toutes les sciences, tous les beaux-arts. […] Pourtant Huet devait apprécier, ce semble, Mme de La Fayette ; c’est pour lui complaire qu’il écrivit sa dissertation De l’origine des romans, qui parut d’abord en tête de l’histoire de Zayde, qu’elle avait composée. […] [NdA] On cite quelquefois une phrase de Huet comme ayant un air de prophétie ; elle est dans son Histoire du commerce et de la navigation des anciens, qu’il écrivait sous le ministère de Colbert ; il parle des Russes, qu’on appelait encore Moscovites : « Que s’il s’élevait parmi eux quelque jour, dit-il, un prince avisé qui, reconnaissant les défauts de cette basse et barbare politique de son État, prît soin d’y remédier en façonnant l’esprit féroce et les mœurs âpres et insociables des Moscovites, et qu’il se servît, aussi utilement qu’il le pourrait faire, de la multitude infinie de sujets qui sont dans la vaste étendue de cette Domination qui approche des frontières de la Chine, et dont il pourrait former des armées nombreuses ; et des richesses qu’il pourrait amasser par le commerce, cette nation deviendrait formidable à tous ses voisins. » Je ne donne pas la phrase comme bien faite, mais elle est curieuse et prouve que Huet, avec un tour très latin en français, est capable, plus qu’on ne croirait, d’un sens très moderne.
Cette année, je ne me sens pas aussi bien que l’année dernière ; quelquefois je te désire avec une certaine frayeur, et je reste des heures entières à penser à Wolfgang (prénom de Goethe), quand il était enfant et qu’il se roulait à mes pieds ; puis, comme il savait si bien jouer avec son frère Jacques, et lui raconter des histoires ! […] Bettina revient donc près de la mère de celui qu’elle vénère et qu’elle adore ; et ce sont des conversations sans fin sur cette enfance de Goethe, sur ce qu’il annonçait de bonne heure, sur les circonstances de sa naissance, sur le poirier que planta son grand-père pour marquer ce beau jour, et qui prospéra si bien, sur la chaise verte où s’asseyait sa mère quand elle lui contait les histoires sans fin qui l’émerveillaient, sur les présages et les premiers indices de son génie en éveil. […] Goethe n’usa pas moins de son crédit pour faire nommer Schiller professeur d’histoire à Iéna. […] Je te l’ai répété mainte fois, écris l’histoire de Gunderode, et envoie-la à Weimar ; mon fils la désire ; il la conservera, et au moins elle ne te pèsera plus sur le cœur.
Prudhomme (le nom est assez singulier pour un Espagnol), qui est à la fois lieutenant de roi et médecin ; de plus, philosophe avancé et très curieux de lire une histoire de la révolution des colonies anglaises et quelques volumes de l’abbé Raynal. […] Il apportait dans ces discussions une grande connaissance de la matière, la science de l’histoire, des rapprochements lumineux avec la législation anglaise, qu’il possédait à fond et dans les moindres particularités, un esprit véritablement législatif, qui ne s’en tient pas aux vues générales, mais qui se plaît à entrer dans le dispositif des lois, à en examiner le mécanisme, et qui invente au besoin des moyens et des ressorts nouveaux. […] Les plus belles pages de l’histoire sont consacrées à célébrer ces généreux citoyens qui ont affranchi leur pays. […] [NdA] On peut voir dans l’ouvrage de M. d’Haussonville (Histoire de la politique extérieure du gouvernement français, 1830-1848), la série des dépêches de M. de Broglie, qui réglèrent alors la ligne de conduite de la France à l’égard de l’Autriche en particulier.
C’est dans cette retraite dernière qu’il écrivit son plus agréable et son plus durable ouvrage, ses Mémoires : « C’est pour mes enfants que j’écris l’histoire de ma vie, dit-il en les commençant ; leur mère l’a voulu. » Il s’y trouve bien des choses qu’on est étonné, à la lecture, qu’il ait écrites pour ses enfants et à la sollicitation de sa femme ; mais cela forme un trait de mœurs de plus, et le ton général de bonhomie et de naturel qui règne dans l’ensemble du récit fait tout passer. […] Ce livre heureux, qui contient l’histoire de l’enfance, de la famille, des premières études et même des premières amours, se termine par la brusque nouvelle de la mort du père, c’est-à-dire par la première grande douleur qui initie au sérieux de la vie. […] Le sixième livre de ses Mémoires, qui nous fait parcourir en détail les différents cercles du xviiie siècle et qui nous en montre un à un tous les principaux personnages, est historiquement des plus curieux à consulter pour l’histoire des mœurs et de la société française. […] Ces agréables Mémoires, qui ressemblaient à « une promenade qu’il faisait faire à ses enfants », changent brusquement de caractère : avec le livre douzième, on quitte la biographie, les portraits et les conversations de société, les querelles légères : on entre dans les préoccupations et les graves soucis de l’histoire.
Les détails et les anxiétés de cette nuit mémorable du 4 au 5 avril sont dans les histoires. […] Je n’ai pas à faire son histoire durant les deux Restaurations, et il me suffit de dessiner sa ligne générale de conduite et d’opinion. […] On a souvent écrit l’histoire des journées de Juillet au point de vue parisien et populaire ; au point de vue militaire, elle est encore à écrire, et j’ai sous les yeux des documents précieux où je ne puis que glaner5. […] [NdA] M. de Vaulabelle, dans son Histoire, dit que, ce jour de l’entrée du comte d’Artois, tous les maréchaux avaient la cocarde tricolore, et il ne distingue point en cela Marmont.
Dans deux articles écrits à l’occasion de l’Histoire de la Restauration de M. […] Il y a là, dans cet article du 24 janvier, une admirable page d’histoire. Carrel sentait si vivement l’esprit et la grandeur de cette époque et de l’homme qui la personnifiait, il en parlait sans cesse avec tant d’intérêt et d’éloquence, que ses amis Sautelet et Paulin l’avaient engagé à écrire une Histoire de l’Empire. […] qu’on ne le cite jamais, ou bien que l’on médite profondément l’histoire de cet illustre fondateur de la royauté consentie des Anglais !
Je suppose, pour ne pas être injuste, qu’on a présent à l’esprit Le Siècle de Louis XIV, l’Histoire de Charles XII, ce qu’il y a d’inspiration chevaleresque dans la tragédie de Tancrède, l’Épître à Horace, Les Tu et les Vous, Le Mondain, Les Systèmes, les jolies stances : Si vous voulez que j’aime encore… ; je suppose qu’on a relu, il n’y a pas longtemps, bon nombre de ces jugements littéraires exquis et naturels, rapides et définitifs, qui sont partout semés dans la correspondance de Voltaire et dans toutes ses œuvres, et, bien assuré alors qu’il ne saurait y avoir d’incertitude sur l’admiration si due au plus vif esprit et au plus merveilleux talent, je serai moins embarrassé à parler de l’homme et à le montrer dans ses misères. […] Une lettre qu’il écrivit dans ce train d’idées au président, lui valut une réponse qui restera mémorable dans l’histoire de sa vie, et qu’il faut mettre à côté de la noble lettre que le grand Haller lui adressa un jour pour faire cesser les manèges et les intrigues où il essayait de l’immiscer : Souvenez-vous, monsieur, lui disait de Brosses, des avis prudents que je vous ai ci-devant donnés en conversation, lorsqu’en me racontât les traverses de votre vie, vous ajoutâtes que vous étiez d’un caractère naturellement insolent. […] Voulez-vous faire ici le second tome de l’histoire de M. de Gauffecourt, à qui vous ne vouliez pas payer une chaise de poste que vous aviez achetée de lui ? […] Voltaire, en effet, n’a qu’une prose : que ce soit une histoire, un roman, une lettre qu’il écrive, il y porte le même ton.
Henri Heine4 I Dans l’histoire littéraire de ce siècle, Henri Heine occupe une place singulièrement ambiguë. […] S’emparant des innovations des romantiques allemands, il leur apprit une langue plus simple ou plus subtile que celle de la période classique ; il a profité de leurs tentatives d’introduire dans une littérature septentrionale, les poèmes à forme fixe de l’Orient et du Midi ; à leur suite, il mit en vers dans ses ballades les sombres incidents de l’histoire du moyen âge, et plaça souvent la scène de ses écrits dans les pays traditionnellement poétiques, en Italie, en Espagne, dans l’Inde. […] Ce sont les fleurs traditionnelles, la rose, la violette ou le souci ; le rossignol et l’alouette de Roméo ; l’époque et le costume sont indécis, les incidents si simples qu’un jeune Persan vivant à Bagdad sous les Abassides, en eût pu composer l’histoire de sa passion pour quelque belle Arménienne, aussi bien qu’un étudiant de Bonn pour une fille de brasserie. […] Il sait raconter de jolies histoires de fées, combiner un rapide scénario de ballet, se moquer galamment de ses créanciers, attaquer les puissances politiques et sociales avec le rire d’Aristophane, puis, comme ce dernier, faire chanter les oiseaux et babiller de jolies femmes.
La vie des héros a enrichi l’histoire, et l’histoire a embelli les actions des héros : ainsi je ne sais qui sont plus redevables, ou ceux qui ont écrit l’histoire, à ceux qui leur en ont fourni une si noble matière, ou ces grands hommes à leurs historiens. […] Ils ont tous deux connu la nature, avec cette différence que le premier d’un style plein et uniforme, montre tout à la fois ce qu’elle a de plus beau et de plus noble, de plus naïf et de plus simple ; il en fait la peinture ou l’histoire.
L’histoire explique assez ce qui manquait à cette œuvre, inaugurée par la suppression arbitraire d’un État libre, et par la création factice de démocraties nominales, puis promptement réduite à ce pouvoir absolu qui exploite les bras d’un peuple, mais ne le ranime pas. […] On sait, et l’histoire même ne l’oubliera pas, ce que fut Béranger, le trouvère artistement familier, le tacticien politique de la prétendue chanson des Bonnes gens, le poëte élégant et passionné de plus d’un noble souvenir, le panégyriste de l’orgueil national, ingénieux à charmer ou plutôt à aigrir par ses chants la plaie toujours vivante de tant de gloire inutile et de tant de triomphés perdus par la faute d’un homme. […] Ainsi parut épuisée cette littérature si forte dans sa surabondance, tour à tour enthousiaste et moqueuse, prodiguant à pleines mains la poésie et concentrant avec précision la pensée, capable de tout, même d’un correct et ingénieux bon sens, si aventureuse dans son théâtre, et classique avec tant de grâce dans les vers de don Luis de Léon, si admirable enfin, pour la peinture des mœurs et la vie de l’histoire, dans Cervantès, dans Quevedo, dans Hurtado de Mendoza. […] Qu’il te suffise de voir dans l’histoire son grand nom uni au tien !
La pensée de l’auteur, souillée par l’histoire de son temps, ne peut s’astreindre à cette pureté d’expressions qui doit toujours servir à peindre les images même les plus révoltantes. […] Ce trait surpasse certainement tout ce que l’histoire moderne a jamais raconté d’intrépide en fait de bassesse.
Il était impossible de lire distraitement même un roman, de tourner les pages avec une langueur somnolente, en sautant tout ce qui prend l’air sérieux : dans ces formidables romans en dix tomes, diffus, interminables, bourrés de conversations et de dissertations, débordant de distinctions et d’analyses, l’histoire, les faits étaient peu de chose, et s’ils offraient à la curiosité frivole l’attrait de l’actualité et des allusions, c’était par les caractères finement dessinés, dont il fallait regarder de près les ressemblances. […] des romans même, autres que les succès bruyants du jour, par mode, ou les histoires intriguées, fades et fausses, par goût ?
Que le lecteur veuille bien songer qu’entre les naissances des jeunes hommes qui commencent à écrire et celles des écrivains précédents, un grand fait de l’histoire contemporaine a eu lieu, la guerre de 1870-71, à laquelle succédèrent les ensanglantements de la Commune. Croit-on donc qu’une pareille invasion compte pour peu de chose dans l’histoire intellectuelle d’un peuple ?
Et il en rapporte des histoires comme celle qu’il a intitulée Clorinde : C’était une petite blonde, Née à seize ans et morte à vingt ; et qui s’en est allée de la vie : L’estomac ruiné de Champagne Et le cœur abîmé d’amour. Histoire vulgaire, poignante de réalité, et qui, sous sa plume, est devenue une poésie.
L’avenir des arts selon l’histoire. — L’art et la démocratie L’histoire, comme la physiologie, a fourni contre l’avenir de l’art un certain nombre d’arguments spécieux. […] Le savant écrit l’histoire précise et détaillée du monde, le poète en fait pour ainsi dire la légende. Mais la légende elle-même n’en est pas moins un document pour l’histoire, elle est souvent plus vraie et, comme dirait Aristote, plus « philosophique » que l’histoire. […] De nos jours, il se transforme de nouveau : il acquiert une résonance profonde et douloureuse qu’il n’avait peut-être jamais eue à aucune époque de l’histoire. […] À aucune époque de l’histoire, la rime riche ne fut tenue en aussi grand honneur que pendant ces deux siècles.
Beaux-arts, politique, histoire, voyages, langues, éducation, botanique, géographie, harmonies du globe, l’auteur traite de tout, et toujours il est original. […] L’autre, applaudissant aux découvertes du génie, montre que tous les maux viennent de notre orgueil, et que la véritable science ne peut être dangereuse, puisqu’elle est l’histoire des bienfaits de la nature. […] Mais le choix du silence ne nous est pas laissé ; et lors même qu’il nous serait permis d’arracher cette page de notre livre, nous ne pourrions l’effacer de notre histoire. […] Épouvanté d’une scène sans exemple dans l’histoire des sociétés humaines, il se persuade qu’il doit tenter un dernier effort, et se hâte d’écrire quelques pensées qui doivent porter la conviction dans l’âme de ses auditeurs. […] Aussi, quand on a pleuré en lisant Paul et Virginie, on ne croit pas avoir lu un roman, on croit avoir écouté une histoire.
Ceci n’est pas une histoire chimérique. » En vertu du droit de gros manquant, les commis peuvent, à toute heure, faire l’inventaire du vin, même chez le vigneron propriétaire, lui marquer ce qu’il peut en boire, le taxer pour le reste et pour le trop-bu : car la ferme est l’associée du vigneron et a sa part dans sa récolte. — Dans un vignoble à Epernay690, sur quatre pièces de vin, produit moyen d’un arpent et valant 600 francs, elle perçoit d’abord 30 francs, puis, quand les quatre pièces sont vendues, 75 autres francs. […] En Champagne, les syndics de Bar-sur-Aube écrivent695 que plus d’une fois les habitants de La Ferté, pour échapper aux droits, ont jeté leurs vins à la rivière, et l’assemblée provinciale déclare que « dans la majeure partie de la province, la plus légère augmentation des droits ferait déserter les terres à tous les cultivateurs ». — ; Telle est l’histoire du vin sous l’ancien régime. […] Il suffit de repasser l’histoire de ses crues périodiques pour montrer à l’homme du Tiers que, seul ou presque seul, il a payé et paye698 pour la construction des ponts, chaussées, canaux et palais de justice, pour le rachat des offices, pour l’établissement et l’entretien des maisons de refuge, des asiles d’aliénés, des pépinières, des postes aux chevaux, des académies d’escrime et d’équitation, pour l’entreprise des boues et pavés de Paris, pour les appointements des lieutenants généraux, gouverneurs et commandants de province, pour les honoraires des baillis, sénéchaux et vice-baillis, pour les traitements des bureaux de finances, des bureaux d’élection et des commissaires envoyés dans les provinces, pour les salaires de la maréchaussée, des chevaliers du guet, et pour je ne sais combien d’autres choses Dans les pays d’États, où la taille semble devoir être mieux répartie, l’inégalité est pareille. […] Sous ce régime qui accable les faibles pour alléger les forts, plus on est capable de contribuer, moins on contribue C’est l’histoire du quatrième et dernier impôt direct, je veux dire de la taxe en remplacement des corvées. […] Albert Babeau, Histoire de Troyes, I, 72.
Du dernier livre de poésie, ou de philosophie, ou d’histoire qui vient de paraître ; du dernier tableau qui vient de déceler un pinceau puissant, une touche neuve à l’exposition ; du dernier marbre qui palpite encore du coup de ciseau, ou qui sent encore la caresse de la main de son sculpteur, dans la galerie ou dans le jardin statuaire des Champs-Élysées. […] Le poète, ce chercheur du beau dans l’histoire comme dans la nature et dans l’art, devenait donc républicain par naissance comme par nécessité. […] ce présent n’a qu’un jour ; ils habitent, dans la permanence de leurs pensées, avec les immortels de l’histoire et de l’art ; ils sont contemporains de tous les passés et de tous les avenirs ; ils sont les abstractions supérieures de notre infime personnalité ; ce qu’ils habitent le moins, c’est notre terre : leur conversation, comme dit l’Apôtre, est avec les esprits invisibles ; purs esprits eux-mêmes, ils sont imperméables à nos misères de fortune ou de vanité. […] est-ce une histoire ? […] Je n’en sais rien ; mais, histoire ou légende, il n’y aurait rien, dans un tel servage, qui ne fût de nature à dignifier la personne qui sut l’inspirer et le poète qui sut le subir comme une suzeraineté féodale du prestige sur l’imagination.
Il écrivit, après son succès, l’Histoire du congrès de Vérone, où il força M. de Villèle et M. de Montmorency à l’envoyer. […] Les seuls Mémoires d’une grande époque, c’est l’histoire. […] LIX Les Mémoires d’outre-tombe, où M. de Chateaubriand avait prétendu enserrer toute l’histoire de son temps, et se mettre sans cesse lui-même en scène, en équilibre, en opposition avec Bonaparte, n’eurent donc pas le succès que ses amis en avaient attendu. […] Il a construit le poëme sacerdotal de la Judée, il l’a pris pour l’histoire universelle. […] Cette théocratie de Bossuet est la secte de Juda, elle n’est pas l’histoire du monde.
L’histoire d’une langue n’est que l’histoire de déformations successives, presque toujours monstrueuses, si on les juge d’après la logique de la raison ; — mais la faculté du langage est réglée par une logique particulière : c’est-à-dire par une logique qui oublie constamment, dès qu’elle a pris son parti, les termes mêmes du problème qui lui était posé. […] La prononciation des mots français a beaucoup varié depuis l’origine de la langue ; on a écrit cette histoire qui n’est pas toujours très sûre. […] Tout le monde connaît le titre du petit roman écrit au dernier siècle, Angola, histoire indienne. […] Tout cela est bien élémentaire, mais l’histoire des mots a son importance et contient sa philosophie, quand elle est exacte.
Déchelette élevait le monument de notre plus ancienne histoire. […] Et quelques jours ayant de tomber au champ d’honneur, il écrivait à Camille Jullian, en date du 20 septembre : L’heure n’est plus guère à l’histoire des temps antiques, quand celle de notre patrie s’accroît de jour en jour de pages si glorieuses. […] L’un d’eux, Pierre Gilbert, à la veille même du grand jour, dans la Revue Critique du 25 juillet 1914, publiait des pages brillantes sur le prince de Ligne, et souhaitant que ce « cœur de feu » fût rattaché de plus près à notre histoire littéraire, il demandait qu’on lui empruntât quelques lignes pour les inscrire en tête de nos règlements militaires. […] Le général de division, ce matin, en nous félicitant de notre « indomptable énergie », a ajouté: « On pourra dire dans l’histoire : Tenir comme le 66e ! […] C’est la victoire à peu près certaine et c’est de l’histoire que nous écrivons à la pointe de nos baïonnettes.
Le Partage et l’Hypocondriaque nous racontent des histoires d’héritages et de testaments. […] Car Florian a mis en trilogie l’histoire d’Arlequin, comme Eschyle celle d’Oreste. […] L’histoire même de ses sentiments est harmonieuse, conforme à la nature. […] Bonaparte est absent de cette histoire de la mort du duc d’Enghien ! […] L’histoire du duc d’Enghien, telle qu’on nous la met sous les yeux, n’est plus que l’histoire d’un bon jeune homme quelconque, peu connu de nous, que l’on fusille injustement sous les yeux de sa jeune femme.
L’histoire martyrisée, tombe au-dessous de la fable ; les questions les plus graves, sottement travesties, empreignent de grotesques conclusions dans plus d’un esprit sans défiance. […] Puisque nous parlons des espions mêlés par M. de Balzac à l’histoire d’Esther, nous pouvons nous en plaindre, car ils y sont trop nombreux. […] Excepté dans Don Paez il ne saurait se réjouir d’un dénouement puisqu’il a en vain compté sur une histoire ; il a marché toujours en avant, courant après une ombre, et l’ombre s’est tout à coup évanouie. […] Nous abordons volontiers la lecture de cette histoire florentine, que le soleil italien, que l’éclat du xvie siècle embellissent convenablement. […] L’histoire est courte, et lorsqu’on n’a pas encore vu les autres œuvres du poète, on se laisse aisément intéresser par des réminiscences des peintures de Pompéï.
Il lui aurait dit que Maxime Ducamp avait écrit une « Histoire de la pornographie sous la Commune », histoire dans laquelle il affirme que le général Eudes avait fait fusiller Beaubourg, parce qu’il l’avait trouvé le cocufiant. […] Et quand il est établi, que la qualité de ces peintures, est d’être surtout une reconstitution, il y a ceux qui prétendent, que l’histoire du Christ doit être traitée légendairement, sans s’aider aucunement de la vérité des localités et des races, et nous qui soutenons que l’histoire du Christ est une histoire, comme celle de Jules César, et que la reconstitution de Tissot, est faite en correspondance avec le mouvement historique contemporain. […] La princesse Mathilde, peinte à l’aquarelle par Doucet (1890), sur un exemplaire de la rare brochure : Histoire d’un chien, un portrait rendant, dans une aquarelle charmante, le gras et bon sourire de la princesse. […] C’est aujourd’hui dans sa bouche, et avec la mimique de sa physionomie et de tout son corps, l’histoire d’Adolphe Dumas le poète boiteux, destiné à devenir tailleur, le métier de tous les boiteux de là-bas. […] Là, en descendant de diligence, elle trouvait, pour ainsi dire, dans la rue, un vieil Anglais, que son histoire intéressait, et qui la mettait quelque temps dans un couvent, pour la dégrossir, puis l’épousait.
Pourquoi donc un danger si réel dans l’histoire serait-il un danger illusoire sur la scène ? […] L’histoire a fait des villages d’Albe et de Rome d’illustres cités, des noms fameux, et la poésie de Corneille leur prête encore un nouvel éclat. […] Ce n’est pas une histoire en vers et en dialogues, puisque plusieurs des personnages sont inventés. […] En sont-ils moins grands dans l’histoire ? […] Corneille n’a presque rien trouvé dans l’histoire qui pût servir à ce portrait ; mais il n’y a rien trouvé aussi qui le démente.
Les plus importantes conditions de la tragédie y ressortaient de l’héroïsme, de la fierté des caractères, des passions des éminents personnages, et des grands forfaits relatés par l’histoire. […] Cela prouve que la dignité convenable à l’histoire n’est pas suffisante à l’épopée, et qu’elle n’atteint pas au but qu’elle se propose, quand elle ne produit pas un effet supérieur à celui de la vérité même. […] Les annales historiques n’offrent rien de plus important pour les hommes qu’un combat mortel entre l’ambition et la liberté, entre les lois et la tyrannie ; c’est l’histoire perpétuelle du genre-humain. […] de cette triste histoire « Faut-il donc réveiller l’affligeante mémoire ? […] « Parlez : ce fait remonte au berceau de l’histoire ; « Mais le temps d’âge en âge en transmit la mémoire.
Sans qu’il fût besoin d’aucune explication désormais, toute cette foule, comme par une sorte de révélation électrique, comprit tout de suite et d’un seul coup d’œil cette simple et magnifique histoire d’un homme qui se livrait pour qu’un autre homme ne fût pas condamné à sa place. […] « Faire cette réponse à la catastrophe, dire cela au destin, donner cette base au lion futur, jeter cette réplique à la pluie de la nuit, au mur traître de Hougoumont, au chemin creux d’Ohain, au retard de Grouchy, à l’arrivée de Blücher, être l’ironie dans le sépulcre, faire en sorte de rester debout après qu’on sera tombé, noyer dans deux syllabes la coalition européenne, offrir aux rois ces latrines déjà connues des Césars, faire du dernier des mots le premier en y mêlant l’éclair de la France, clore insolemment Waterloo par le mardi gras, compléter Léonidas par Rabelais, résumer cette victoire dans une parole suprême impossible à prononcer, perdre le terrain et garder l’histoire, après ce carnage avoir pour soi les rieurs, c’est immense. […] Il serait temps d’en finir, ou bien de changer résolument l’histoire, et d’écrire, à l’exemple du père Loriquet ou des libéraux de 1815 : Waterloo, grande victoire gagnée par Napoléon sur les Anglais et sur les Prussiens dans les plaines de Belgique. Cela serait plus simple, et tout aussi vrai que ces hymnes au génie fatigué de Napoléon ; et, comme l’histoire n’est souvent qu’une vérité convenue, cela finirait tout, et tout serait dit ! […] La franchise a sa noblesse, et l’histoire a ses leçons.
III Cette longue pièce à tiroir est trop minutieusement étudiée pour le roman et même pour l’histoire. […] V Voilà toute l’histoire, mais ce n’est pas tout le livre. Si c’était vous ou moi qui eussions écrit cette histoire, on n’en dirait rien, ou bien on en dirait peu de chose. […] L’histoire de l’humanité pour eux n’est qu’un plan parcellaire ; Tout n’y est pas ; le vrai Tout reste en dehors ; à quoi bon s’occuper de ce détail, l’homme ? […] On voit ceci dans l’histoire plus souvent qu’on ne voudrait : une nation est illustre ; elle goûte à l’idéal, puis elle mord dans la fange, et elle trouve cela bon ; et si on lui demande d’où vient qu’elle abandonne Socrate pour Falstaff, elle répond : C’est que j’aime les hommes d’État.
Aussi, n’aurai-je plus à en parler dans la suite de cette histoire, l’Académie française ayant plus ordinairement reçu qu’imprimé depuis lors l’impulsion littéraire. […] Histoire, de l’Académie française. […] Histoire de l’Académie française. […] Pellisson, Histoire de l’Académie française. […] Histoire de l’Académie française.
Elles rappellent avec moins de simplicité et autant de pathétique les scènes de l’histoire de Joseph dans la Bible. […] C’est ma propre histoire », se dit le héros à lui-même. […] Cette couleur appartient au demi-dieu Rama, divinité qui préside au bonheur, depuis que, dans les fables de la mythologie indienne, Rama a retrouvé son épouse adorée, la belle Sita, dont nous verrons bientôt la touchante histoire. […] Il vivait, comme on le voit dans l’histoire du Kachmir, dont Wilson a publié des extraits, vers l’année 720, à la cour du souverain d’Agra. […] Comment demander à ces jeunes gens l’histoire de leur naissance ?
Ce n’était pas le compte de Voltaire, qui prétendait, et avec raison, peindre, animer ses tableaux, tenir le lecteur en haleine et les yeux attachés sur les principaux personnages : « Je jetterais mon ouvrage au feu, si je croyais qu’il fût regardé comme l’ouvrage d’un homme d’esprit… J’ai voulu émouvoir, même dans l’histoire. […] Comme Duclos, après avoir donné ses Considérations sur les mœurs où il avait oublié de parler des femmes et où il avait à peine prononcé leur nom62, voulut réparer cette omission singulière en publiant l’année suivante (1751), sous le titre de Mémoires pour servir à l’histoire des mœurs du xviiie siècle, une espèce de répétition de ses Confessions du comte de…, Voltaire qui trouvait ce genre de romans détestable, et qui voyait dans ceux de Duclos une preuve de plus de la décadence du goût, écrivait : « Ils sont d’un homme qui est en place (dans la place d’historiographe), et qui par là est supérieur à sa matière. […] Là-dessus, il se mit à entamer une série d’histoires plus fortes et plus incroyables les unes que les autres, si bien que la comtesse de Rochefort l’arrêta en souriant : « Prenez garde, Duclos !
Cela bien entendu, elle veut le vrai dans l’éducation dès le bas âge : « Point de contes aux enfants, point en faire accroire ; leur donner les choses pour ce qu’elles sont. » — « Ne leur faire jamais d’histoires dont il faille les désabuser quand elles ont de la raison, mais leur donner le vrai comme vrai, le faux comme faux. » — « Il faut parler à une fille de sept ans aussi raisonnablement qu’à une de vingt ans. » — « Il faut entrer dans les divertissements des enfants, mais il ne faut jamais s’accommoder à eux par un langage enfantin, ni par des manières puériles ; on doit, au contraire, les élever à soi en leur parlant toujours raisonnablement ; en un mot, on ne peut être ni trop ni trop tôt raisonnable. » — « Il n’y a que les moyens raisonnables qui réussissent. » — Elle le redit en cent façons : « Il ne leur faut donner que ce qui leur sera toujours bon, religion, raison, vérité. » Dans un siècle où sa jeunesse pauvre et souriante avait vu se jouer tant de folies, tant de passions et d’aventures, suivies d’éclatants désastres et de repentirs ; où les romans des Scudéry avaient occupé tous les loisirs et raffiné les sentiments, où les héros chevaleresques de Corneille avaient monté bien des têtes ; où les plus ravissantes beautés avaient fait leur idéal des guerres civiles, et où les plus sages rêvaient un parfait amour ; dans cet âge des Longueville, des La Vallière et des La Fayette (celle-ci, la plus raisonnable de toutes, créant sa Princesse de Clèves), Mme de Maintenon avait constamment résisté à ces embellissements de la vérité et à ces enchantements de la vie ; elle avait gardé son cœur net, sa raison saine, ou elle l’avait aussitôt purgée des influences passagères : il ne s’était point logé dans cette tête excellente un coin de roman. « Il faut leur apprendre à aimer raisonnablement, disait-elle de ses filles adoptives, comme on leur apprend autre chose. » Et de plus, cette ancienne amie de Ninon savait le mal et la corruption facile de la nature ; elle avait vu de bien près, dans un temps, ce qu’elle n’avait point partagé ; ou si elle avait été effleurée un moment, peu nous importe, elle n’en était restée que mieux avertie et plus sévère. […] Pendant sa convalescence, en même temps qu’il se faisait lire quelque beau morceau de son histoire par Racine et Despréauxg, ou qu’il s’amusait à voir des médailles avec le père de La Chaise, le roi revoyait et corrigeait les constitutions de Saint-Cyr : Vos constitutions ont été examinées, écrivait Mme de Maintenon à Mme de Brinon qui les avait dressées ; on a retranché, ajouté et admiré. […] [1re éd.] en même temps qu’il se faisait lire quelque portion de son histoire par Racine et Despréaux
En même temps il inventait des machines singulières, et en exécutait de ses mains les modèles ; il s’occupât de l’histoire naturelle des animaux, et entrait l’un des premiers dans la voie de l’anatomie comparée. […] De même que, dans le sein de la mère, à l’état d’embryon, l’enfant parcourt rapidement, avant de naître, tous les degrés de l’organisation animale, de même, éclos et né, il tend à parcourir en abrégé les premiers âges de l’histoire et d’avant l’histoire.
. — Mêlant des idées mystiques et des pensées de l’ordre providentiel à ses observations d’homme politique, il voyait, l’année suivante (1812) et lors de la gigantesque expédition entreprise pour refouler la Russie, il voyait, disait-il, dans « cette réunion monstrueuse » de toutes les puissances de l’Europe entraînées malgré elles dans une sphère d’attraction irrésistible et marchant en contradiction avec leurs propres intérêts à une guerre où elles n’avaient rien tant à redouter que le triomphe, « un caractère d’immoralité et de superbe, qui semblait appeler cette puissance vengeresse nommée par les Grecs du nom de Némésis » et dont le spectre apparaît, par intervalles, dans l’histoire comme le ministre des « jugements divins. » Il lisait après l’événement, dans l’excès même des instruments et des forces déployées, une cause finale providentielle en vue d’un résultat désiré et prévu : car telle grandeur d’élévation, telle profondeur de ruine. […] Mais il n’est pas moins vrai que l’abbé prit au rebours toute sa mission, tant qu’elle fut possible et réalisable ; l’écrit apologétique et agressif qu’il publia, en 1815, sous le titre d’Histoire de l’Ambassade dans le Grand-Duché de Varsovie, prouve et dépose contre son auteur même. […] I. le prince Napoléon, et reposant tout entiers sur les pièces d’État et de famille les plus authentiques, dont on produit les plus importantes à l’appui du récit, à la suite de chaque livre, deviennent une des sources nouvelles et essentielles de l’histoire de ce temps.
Volney, dans le programme de ses leçons d’histoire aux Écoles normales (an iii, 1795), se propose d’examiner quel caractère présente l’histoire chez les différents peuples, quel caractère surtout elle a pris en Europe depuis environ un siècle : « L’on fera sentir, disait-il, la différence notable qui se trouve dans le génie historique d’une même nation selon les progrès de sa civilisation, selon la gradation de ses connaissances exactes. » Notez bien cette sorte de traduction qui définit le sens. […] 2º quelles indications générales résultent de l’histoire pour le perfectionnement de la civilisation et l’amélioration du sort de l’espèce ?
Ce n’est guère que dans cette dernière partie que le livre prend le caractère de Mémoires suivis et que l’auteur s’attache à éclaircir en témoin et en coopérateur des mieux informés quelques-uns des actes importants de l’histoire. […] Beugnot, qui a sa place dans les mots célèbres, suffirait à maintenir son nom dans l’histoire. […] Tel qui faisait bon marché de Beugnot vivant, aura désormais à compter avec lui pour toute la postérité et tant que durera l’histoire de France.
On peut lire cette histoire sous un voile très-légèrement transparent dans le roman qu’il a intitulé la Nouvelle Clémentine. […] Le Prince-Évêque de Liège aurait bien pu dire à Berquin et à Léonard : « Et vitula tu dignus et hic… Vous êtes dignes tous les deux de la tabatière. » Léonard, sur la fin de son séjour à Liège, dut connaître le jeune baron de Villenfagne qui aimait la littérature, qui se fit éditeur des œuvres choisies du baron de Walef (1779), et qui a depuis publié deux volumes de Mélanges (1788 et 1810) sur l’histoire et la littérature tant liégeoises que françaises. […] Le Prince-Évêque de Liège aurait bien pu dire à Berquin et à Léonard : « Et vitula tu dignus et hic… Vous êtes dignes tous les deux de la tabatière. » Léonard, sur la fin de son séjour à Liège, dut connaître le jeune baron de Villenfagne qui aimait la littérature, qui se fit éditeur des œuvres choisies du baron de Walef (1779), et qui a depuis publié deux volumes de Mélanges (1788 et 1810) sur l’histoire et la littérature tant liégeoises que françaises.