Un tout petit nombre, — « d’adorateurs zélés à peine un petit nombre » — d’hommes et de femmes aimant à lire composent aujourd’hui un public restreint pour lequel, un peu aussi par habitude, on continue d’écrire. […] Les ennemis de la lecture dont je veux parler, ce sont les tendances, les penchants et les habitudes qui empêchent de bien lire, de lire comme il est utile, profitable et agréable de faire.
; — Ils oublient leurs habitudes… Enfin, ils aiment ailleurs. […] Alors, touché, attendri, pénétré, dans l’élan de sa reconnaissance pour ces généreux jeunes gens qui oubliaient leurs habitudes, et (nous aussi, pourquoi ne le dirions-nous pas ?)
Au fond, j’apporte surtout une méthode, d’analyse et de synthèse ; pour l’appliquer avec fruit, il faudra se débarrasser peu à peu de certaines habitudes de l’histoire littéraire, qui sont devenues des procédés superficiels. […] Je ne prétends pas avoir évité toutes ces erreurs ; je sens combien sont tenaces les habitudes, combien perfide notre terminologie.
Il ne pouvait subir aucun joug, ni venant des hommes, ni venant des choses, ni venant même des habitudes. Rien de significatif comme sa confidence sur les « habitudes courtes » : « … Ma nature est entièrement organisée pour les courtes habitudes, même dans les besoins de sa santé physique, et, en général, aussi loin que je puis voir, du plus bas ou du plus haut. […] Cet obstacle c’est l’habitude, qui, en ces matières, s’appelle la tradition. […] L’habitude est là, sans vouloir parler de l’hérédité ; l’habitude est là, qui conserve dans l’homme cultivé ce qui était naturel et nécessaire à l’homme primitif. Et non pas seulement l’habitude.
Il avait pris l’habitude de se rendre compte à lui-même de ses jugements et de fixer par écrit ses pensées.
Les habitudes de sa vie première s’effaçaient avec les années ; et celui qui n’aurait été qu’un second Belle-Isle sous l’ancien régime, devenait chaque jour plus ressemblant au vainqueur de Jemmapes.
Mais le procédé ne vaut que par la rareté de son emploi : s’il tourne en habitude, il perd son efficacité, il nuit au lieu de servir.
Mais celle que je vous recommande est tout autre chose : elle est formée d’un sens très-vif du réel, qui n’est pas simple, et du possible, qui est limité, et de l’habitude de considérer les aspects divers et contraires des questions ; elle est le produit naturel de l’esprit critique.
Que pouvaient sur elles ces tableaux satiriques qui représentaient des habitudes misérables auxquelles elles étaient absolument étrangères, l’affectation dont elles étaient exemptes, et que leur excellent ton rendait si clinquante par le contraste ?
« Il avoit si bien acquis, dit-il, la pénible habitude de l’attention, que, quand on lui proposoit quelque chose de difficile, on voyoit dans l’instant son esprit se pointer vers l’objet & le pénétrer.
Corneille et Molière avaient pour habitude de répondre en détail aux critiques que leurs ouvrages suscitaient, et ce n’est pas une chose peu curieuse aujourd’hui de voir ces géants du théâtre se débattre dans des avant-propos et des avis au lecteur sous l’inextricable réseau d’objections que la critique contemporaine ourdissait sans relâche autour d’eux.
Il est évident qu’on ne saurait attribuer la structure de ce parasite, et ses rapports si compliqués avec plusieurs êtres organisés distincts, à l’influence des conditions extérieures, des habitudes, ou de la volonté de la plante elle-même.
Nous sçavons des détails sur les petitesses des grands hommes que nous avons vûs, ou que nos contemporains ont pû voir, qui rapprochent si bien ces grands hommes des hommes ordinaires, que nous ne sçaurions avoir pour eux la même veneration avec laquelle nous sommes en habitude de regarder les grands hommes de Rome et ceux de la Grece.
Le malentendu a pris de telles proportions que, dans ces dernières années, c’était devenu, chez les intelligences les plus averties, une habitude de soupçonner M.
Son père, homme de génie, homme de bien, mais sans règle et sans suite dans les habitudes journalières de la vie, ne put guère qu’exciter et secouer la jeune intelligence de son fils sans la diriger. […] La révolution de février 1848 apporta une secousse dans ses habitudes scientifiques, car dans son universalité de goûts il faisait entrer aussi pour quelque chose l’enthousiasme politique, et il trouva moyen d’avoir de l’enthousiasme en ce moment-là. […] Le cercle de l’Abbaye, dans sa douce habitude, lui procurait des liaisons agréables et des amis à tous les degrés. […] Mohl était pour lui une habitude précieuse, essentielle, utile, pour ainsi dire légitime : ce n’était pas un confident. […] La société d’une famille aimable et distinguée, des habitudes agréables sans lien trop étroit, et, pour couronner le tout, le séjour de Rome, voilà ce que notre amitié si sincère se dit pour la consolation de ne pas vous voir.
L’habitude de la tribune est peut-être la cause de cette lucidité incomparable. […] Ces beaux et solides esprits forment une famille naturelle, et les uns comme les autres ont pour trait principal l’habitude et le talent de passer des idées particulières aux idées générales, avec ordre et avec suite, comme on monte un escalier en posant le pied tour à tour sur chaque degré. […] Macaulay a pris ce besoin dans cet exercice, et il a conservé dans l’histoire les habitudes qu’il avait gagnées dans les journaux. […] Il n’est pas véritablement philosophe : la médiocrité de ses premiers chapitres sur l’ancienne histoire d’Angleterre le prouve assez ; mais sa force de raisonnement, ses habitudes de classification et d’ordre mettent l’unité dans son histoire. […] Cette solidité, cette énergie, cette profonde passion politique, ces préoccupations de morale, ces habitudes d’orateur, cette puissance limitée en philosophie, ce style un peu uniforme, sans flexibilité ni douceur, ce sérieux éternel, cette marche géométrique vers un but marqué, annoncent en lui l’esprit anglais.
Ça a l’air de la table d’hôte du dernier caravansérail du romantisme et de la tour de Babel, la table d’hôte d’une mêlée de gens de toutes nationalités, dont le maître de la maison a l’habitude et tire une certaine fierté. […] C’est l’habitude de la maison. […] Leur habitude est de commencer par dire : non. […] Il y a chez ces êtres une habitude de changer de peau, qui ne laisse pas en eux un bonhomme sur lequel on puisse mettre la main. […] » C’est un vieil ami de la famille, un vieillard de 76 ans, qui nous dit cela, avec l’accent d’une vie brisée, d’un homme blessé à mort, qui aurait perdu du même coup une habitude de quinze ans, une famille, une fille, une maîtresse.
Dans quelques semaines, dans peu de jours peut-être, vous aurez des habitudes et des occupations avec lesquelles vous vous passerez très-bien de ces fréquentes lettres. […] Croyez-vous réellement que j’aie tant de penchant à la confiance et à l’ingratitude qu’au bout de trois ou quatre semaines je me sois formé quelque douce habitude avec quelque fraulein allemande ou quelque hofdame qui me tienne lieu de vous et de votre amitié ! […] Rien ne me fera oublier combien j’ai été heureux près de vous ; je ne formerai jamais d’habitude qui vous rende moins chère, et jamais occupation quelconque ne me tiendra lieu de vous. […] C’est la même scène qui se renouvellera bien des fois dans sa vie, et qui, toujours commencée au tragique, se terminera toujours en ironie. — « Il avait l’habitude des menaces violentes sur lui-même, me dit quelqu’un qui l’a bien connu ; il menaçait de se tuer, de se couper la gorge. […] Ceci a bien l’air d’une épigramme échappée par la force de l’habitude.
L’assemblée était assez nombreuse, quoique médiocrement empressée : on ne s’attendait pas à quelque chose de bien vif, évidemment ; mais, désœuvrement et habitude, peu à peu la portion de la salle destinée au public s’est remplie.
Il fallait, en effet, tout en profitant des merveilleuses facilités de la chirurgie nouvelle, retenir du moins les bonnes habitudes de l’ancienne chirurgie : et c’est ce que tous les chirurgiens n’ont pas su faire.
Tandis que la tradition burlesque régnait presque souverainement sur la scène italienne, et que les types, inventés une fois pour toutes, y reproduisaient chaque ridicule dans son expression générale, nos bouffons ne perdaient pas l’habitude de regarder autour d’eux, de peindre sur le vif un caractère particulier, de saisir l’actualité au passage, d’exercer enfin l’esprit observateur et satirique propre à la nation.
C’est la plus heureuse de toutes les tentatives faites pour renouveler l’alexandrin (il y en a d’autres), et c’est la seule contre laquelle on ne puisse guère objecter qu’une misérable raison d’habitude.
La pureté du goût est une qualité de l’esprit ; c’est un tact qui peut, bien que difficilement, s’acquérir par l’affinage de l’intelligence : au lieu que la pureté des mœurs est le résultat d’habitudes sages, dans lesquelles tous les intérêts de l’âme sont entrés et se sont mis d’accord avec les progrès de l’intelligence, C’est pourquoi l’accord du bon goût et des bonnes mœurs est plus ordinaire que l’existence du goût sans mœurs, ou des mœurs sans goût.
On se figurait donc que les Érynnies mettaient une joie méchante à poursuivre et à torturer les coupables, et que l’habitude de verser le sang leur en avait fait prendre le goût.
Mais pour ne point laisser de doute sur cette succession naturelle, nous examinerons comment chaque état se combine avec le gouvernement de l’état précédent ; mélange fondé sur l’axiome : lorsque les hommes changent, ils conservent quelque temps l’impression de leurs premières habitudes.
C’est une habitude parisienne de faire après-midi du masculin, comme antichambre. […] » Cette habitude d’esprit n’est pas autre chose que de la probité intellectuelle, et Renan a eu toutes les probités, y compris la modestie. […] À vingt ans, il avait tous ses instruments en main, le latin, le grec, l’allemand, l’anglais et l’habitude de recueillir des faits. […] Mais l’âge mûr a aussi plus d’énergie ; il a plus l’habitude de souffrir ; il peut reprendre cette habitude après l’avoir perdue. […] Mme Worms-Clavelin a pris, nous assure l’auteur, l’habitude, à jamais déplorable, de peu soigner ses dessous.
Je lui laisse les habitudes qu’il a contractées dans l’art d’aller tous les matins à la chasse du bonheur. […] L’existence s’est morcelée, l’homme a cessé d’avoir des habitudes et cette cessation imprime à son visage, à son costume, à son être entier, ce je ne sais quoi de momentané, la marque propre de toute l’époque. […] Etant donnée une espèce sociale, celle des avocats, des médecins, des professeurs, le psychologue qui fait l’anatomie de cette espèce rencontre aussitôt un certain nombre d’habitudes communes, imprimées par le métier ; puis, dans chaque échantillon de cette espèce, un certain nombre d’habitudes spéciales et originales, attribuables à la nature propre de celui qui les possède. […] Elle excelle à évoquer des intérieurs de maison, des physionomies de rues, toute la gesticulation de la vie, toute la portion perceptible des habitudes quotidiennes. […] Apercevez-vous maintenant pourquoi un certain dogmatisme esthétique s’en est allé de notre littérature moderne, et avec lui les habitudes de l’affirmation exclusive et des arrêts sans appels ?
Grande est la différence entre la disposition à ne se laisser convaincre que légitimement et l’habitude de ne se croire jamais convaincu. […] La manière dont il peint leurs mœurs et leurs habitudes fait présumer qu’ils n’avaient pas le droit d’être fort sévères. […] S’il se montre indépendant de la coutume et des préjugés de son temps, son père lui en a donné l’habitude. […] À l’habitude ? […] Ce qui reste d’un, de prochain, de lié en apparence dans la morale vulgaire s’explique par l’ancienne tradition et l’habitude.
Les passions, les habitudes impriment leur cachet sur le visage ; certains traits trahissent les penchants, les instincts. […] L’habitude d’une domination absolue au logis avait rendu sa physionomie dure et désagréable. […] May était moins assurée que d’habitude. […] À l’Opéra-Comique, les chœurs ont l’habitude de chanter pendant des heures entières le mot : En avant ! […] L’Angleterre déteint sur nous ; malgré ses dénégations le Français est un imitateur, un singe ; il copie les gestes, les habits, le langage, les habitudes de tous ses voisins.
Les uns se mirent au travail malgré cela, par habitude : les autres restèrent immobiles et embarrassés. […] Mais ne voit-on pas que tout cela dérive de la même cause, de cette funeste habitude de s’enivrer en public ? […] On a raconté sa vie, énuméré le détail de ses habitudes et de ses manières. […] Il a d’ailleurs depuis longtemps l’habitude de bien faire tout ce qu’il fait. […] Dans le genre nouveau qu’il abordait, l’auteur de Hedda Gabler a transporté ses habitudes anciennes.
Ceux qui l’écoutent ne cessent de l’applaudir ; je ne l’entendais point quand je l’ai critiquée… » Longtemps, en effet, les écrits de Mme de Staël se ressentirent des habitudes de sa conversation. […] — Mais d’abord on voit des écrivains éminents, très-sévères, très-accomplis et très-artistes dans leur prose, n’être pas plus avancés, grâce à ces fortes habitudes, pour atteindre à l’expression savante et facile en vers. […] Il vaut mieux reconnaître qu’indépendamment des habitudes et des tours acquis, le talent de poésie est en nous un don comme le chant. […] Suard rédigeait alors, le Publiciste, bien qu’il eût pu, d’après ses habitudes littéraires, chicaner légitimement Delphine sur plusieurs points de langage et de goût, n’entra pas dans la querelle, et se montra purement favorable dans un article fort bien senti de M. […] Se lancer ainsi du premier bond au delà du Rhin, c’était rompre brusquement d’une part avec Bonaparte irrité, c’était rompre aussi avec les habitudes de la philosophie du dix-huitième siècle, qu’elle venait en apparence d’épouser par un choix d’éclat.
Rimbaud qui ne savait supporter la boisson, et que l’on avait contracté, dans ces « agapes » pourtant modérées, la mauvaise habitude de gâter au point de vue du vin et des liqueurs — Rimbaud qui se trouvait gris, prit mal la chose, se saisit d’une canne à épée à moi qui était derrière nous, voisins immédiats, et, par-dessus la table large de près de deux mètres, dirigea vers M. […] Le tic littéraire a du bon, nul n’en disconviendra, mais en tant qu’il ne mérite pas ce nom de tic, qui veut dire, si j’en crois mon dictionnaire « affection nerveuse », et qu’il ne va que jusqu’à l’affectation, dont il se faut pourtant encore bien méfier, car facilement l’habitude devient une seconde nature, et facilement les mines calculées tournent en grimaces involontaires, comme nous l’enseigne l’exemple de quelques comédiens. […] Je voudrais pouvoir me bien souvenir de tous les détails qu’il donnait aux amis sur la vie et les habitudes du grand homme. […] De nos jours, Charles Baudelaire, Barbey d’Aurevilly ne lui marchandèrent pas un enthousiasme qu’ils n’avaient guère l’habitude de prodiguer, et, tout récemment, M. le comte Robert de Montesquiou Fezenzac, poète lui-même glorieux déjà, et à qui je suis heureux de rendre hommage publiquement, attirait au Théâtre d’Application une foule de gens du monde et de lettrés, qu’il captivait par l’éloquent éloge et de judicieuses citations de ce poète délicieux et puissant. […] — a très bien, très subtilement mis au jour, suivant son immanquable habitude, ce que j’essaie de manifester là, moi tard venu en l’occurrence, quand il écrivait de Roger Marx pris dans l’ensemble de ses travaux : « C’est un artiste doux et clairvoyant qui s’orne chaque jour ».
…………………………………………………………………………………… « Sérieusement, il faut que l’improvisation se montre bien rétive ou bien épuisée pour qu’un romancier ait recours à de pareils expédients ; que George Sand y prenne garde, on rencontre encore dans ses productions quelques détails charmants, quelques scènes vivement senties ; mais sa pensée a perdu la vieille et noble habitude de la clarté et de la distinction. […] Mais j’ai certaines habitudes de bonnes façons, que je n’ai pu perdre même dans la fréquentation de certaines gens ; de sorte que, cédant aux instances de M. […] J’en demande bien humblement pardon à Desnoyers et à Perrée, je cédai comme d’habitude à l’éloquente voix de M. […] Lisez ceci : « Mon bon ami, si vous m’eussiez consulté plus tôt sûr les habitudes de la Revue de Paris, je vous eusse appris, par un exemple personnel, que ce journal pousse l’esprit d’impartialité beaucoup plus loin que vous ne le pensiez. […] Buloz sait que nous avons l’habitude de publier nos œuvres, d’abord dans un journal et ensuite en volumes.
M. de Vigny ne quitta véritablement Paris et ne dut interrompre ses habitudes du faubourg Saint-Honoré, sa seconde patrie depuis son enfance, que lorsqu’il passa dans l’infanterie de ligne ; sa plus forte absence, entrecoupée de retours, fut de 1823 à 1826. […] Si les poëtes de la pléiade de la Restauration ont pu sembler à quelques-uns être nés d’eux-mêmes, sans tradition prochaine dans le passé littéraire, déconcertant les habitudes du goût et la routine, c’est bien sur M. de Vigny que tombe en plein la remarque. […] D’autre part, au contraire, redevenu moi-même d’humeur et d’habitude de plus en plus libre et jugeuse, le froid avec les années se mit entre nous.
Les philosophes se plaçaient sans le savoir au point de vue de leurs adversaires et, sous l’empire d’associations d’idées opiniâtres, semblaient supposer que la sécularisation de la vie entraînait l’élimination de toute habitude religieuse. […] Quoique le système juif soit entré dans toutes nos habitudes intellectuelles, il ne doit pas nous faire oublier ce qu’il y avait dans les autres systèmes de profond et de poétique. […] Tout s’est renouvelé alentour ; plus un vestige des demeures et des habitudes d’autrefois ; la cathédrale est restée, un peu dégradée peut-être à hauteur de main d’homme, mais profondément enracinée dans le sol ; elle a résisté au déluge qui a tout balayé autour d’elle, et la famille de corbeaux, qui a placé son nid dans sa flèche, n’a pas encore été dérangée.
S’il les avait réellement faits comme on l’a admis pendant longtemps, sa réputation n’aurait certes pas à y gagner, et il y a lieu de craindre que la Fronde en le dissipant, en le livrant sans réserve à ses instincts d’opposition et de satire, ne lui ait fait perdre l’habitude plus grave et plus contenue qui sied à l’historien. […] Qu’on se figure bien ce que pouvait être l’ordre et l’habitude d’idées d’un homme qui venait de publier l’année d’auparavant son in-folio historique sur le xvie siècle, et des nombreux lecteurs parisiens qui l’avaient goûté.
Elle accoucha de moi en grand vertugadin… » Au temps de ce père altier et sévère, l’habitude était de se faire craindre ; et, si les mœurs avaient de la roideur antique, en revanche, du temps que le prince écrivait ces lignes légères, cette mode avait bien changé ; les mœurs s’étaient détendues tout d’un coup, et du respect on avait subitement passé à l’impertinence. […] L’habitude de ce genre de beautés renouvelait ses jouissances au lieu de les diminuer, ce qui est le grand signe en toutes choses qu’on aime : « Je m’aperçois tous les jours de plus en plus, disait-il, qu’on ne se lasse pas du beau spectacle de la nature. » Pour conclure avec lui sur les jardins, sa morale pratique en ce genre est qu’il faut « en chercher et n’en pas faire », reconnaître et trouver les points de vue existants, les mouvements de terrain naturels, se contenter de les dégager, et non vouloir les créer à toute force ni les construire.
Grâce à lui, on peut suivre le roi saint Louis dans son intérieur, dans ses habitudes de conversation et de propos, aussi bien que dans ses exploits et dans ses guerres. […] La première raconte les propos familiers et retrace les habitudes domestiques du bon roi, « comment il se gouverna tout son temps (toute sa vie) selon Dieu et selon l’Église, et au profit de son royaume ».
elle en parle comme d’un acteur ; et en maint endroit elle se joue ainsi, selon son habitude et contrairement à l’idée, à la réflexion sévère que devait, ce semble, laisser et imprimer à tous une éloquence que, d’ailleurs, elle sent et décrit si bien. […] Bourdaloue n’a prononcé dans sa vie que deux oraisons funèbres ; il estimait que la chaire est peu faite pour ces éloges profanes ; les deux fois qu’il dérogea à ses habitudes, ce fut par devoir et par nécessité, et toujours en faveur de la maison de Condé.
Ils portent avec eux leur mythologie toute faite, leurs habitudes et leur ton de société, leur jargon. […] [NdA] On peut voir, sur Chapelle et ses endroits d’habitude, le tome second (pages 299-302) de la curieuse Histoire des hôtelleries, cabarets, courtilles, et des anciennes communautés et confréries d’hôteliers, de taverniers, etc., pour laquelle M.
Il a vivement décrit bien des scènes et des jeux d’une journée de château ou de salon ; mais nulle part, si l’on ne se paye pas de rimes sonores, il ne paraît soupçonner le charme intime qui naît des habitudes vertueuses et simples d’une vie privée pratiquée obscurément et aimée, et la fleur inattendue de poésie qui tout d’un coup s’y découvre et la couronne. […] Les habitudes d’attention forte, les têtes qui pensent deviennent plus rares à mesure que la dissipation se répand, jusqu’à ce que les auteurs entendent autour d’eux ce cri général : Amuse-nous, amuse-nous à tout prix, ou nous mourons !
Même dans l’état d’exténuation où il était réduit quelques années avant son abdication, et tel qu’un ambassadeur de Henri II nous l’a décrit pendant une de ses attaques de goutte, « l’œil abattu, la bouche pâle, le visage plus d’homme mort que vif, le col exténué et grêle, la parole faible, l’haleine courte, le dos fort courbé, et les jambes si faibles qu’à grand’peine il pouvait aller avec un bâton de sa chambre jusqu’à sa garde-robe » ; même dans ce piteux état, il ne cessait de se gorger de viandes indigestes, de poissons, de saumures, de bières glacées : « Jusqu’à son départ des Pays-Bas pour l’Espagne, disait un ambassadeur vénitien, il avait l’habitude de prendre le matin à son réveil une écuelle de jus de chapon, avec du lait, du sucre et des épices ; après quoi il se rendormait. […] quelles habitudes et quelles règles de conduite y observa-t-il ?