Anna déjoue, astucieuse, la jalousie de l’homme et la curiosité de la fille. La cendre que la fille a répandue dans les corridors, afin qu’y fussent marques les pas de l’adultère, elle en égalise la surface. […] Encore, là, créait-il — avec exactitude, mais à sa guise, — et Colette et l’entourage de cette charmante fille. […] Une fille de dix-huit à vingt ans, une fille d’une certaine culture, d’une certaine éducation, quitte sa famille et sa patrie pour venir gagner son pain à Paris : c’est anormal. […] … Ces filles sont par trop déplaisantes et, pour ainsi parler, avec trop de méthode.
Junius Gallion eut une fille appelée Novatilla : Sénèque en parle dans sa Consolation à Helvia comme d’un enfant aimable. […] La mère et la fille s’abandonnaient à la douleur, lorsque les portes s’ouvrent avec violence. […] Elle roule dans sa tête le projet de marier à son fils, Octavie, la fille de Claude. […] Rien de plus touchant que la mort de Vétus, de Sentia, sa belle-mère, et de Pollutia, sa fille (TACIT. […] Antonia, fille aînée de Marc-Antoine.
L’ancienne Académie, fille adoptive de Richelieu et bientôt de Louis XIV, avait eu pour premier secrétaire perpétuel Conrart, et pour dernier secrétaire perpétuel, sous Louis XVI, Marmontel. […] Les trois fondations Trémont, Lambert et Leidersdorf, originairement, sont toutes trois de pure bienfaisance et destinées à soulager des infortunes littéraires, des veuves, des filles pauvres d’artistes, d’écrivains, etc. […] Qu’elle ait seulement conscience de son rôle et, pour le mieux remplir, qu’elle le modifie, le transforme et l’approprie en se pénétrant de la différence des temps ; qu’elle se fasse pardonner de paraître une Compagnie aristocratique en se ressouvenant plus souvent de son berceau d’institut national ; qu’en se rattachant sans doute aux gloires séculaires et à l’Académie de l’ancien régime, elle sache bien qu’elle n’en est pas la descendante directe ; que la généalogie de ses fauteuils est artificielle et toute chimérique ; que son titre principal est de date plus certaine et l’oblige plus étroitement, et qu’après tout elle est une fille elle-même de la Révolution.
Mais un vieux conseiller « secret et réel », de je ne sais plus quoi, me montra les visages célèbres : la comtesse de Schleinitz, Ernest Dohm, le spirituel rédacteur du Kladderadatsch, avec ses deux ravissantes filles, Tappert, Davidsohn, à côté duquel je me trouvai assis au théâtre, et Paul Lindau lui-même, avec sa moustache blonde, son teint rose et son chapeau à larges bords sur ses petits cheveux frisés : toutes figures que j’ai retrouvées et reconnues, après six ans, à Bayreuth. […] Ô du gouffre aqueux, sages Sœurs, nageuses filles du Rhin, je vous dois l’honnête conseil : ce que vous désirez, je vous le donne : de mes cendres, pour vous, prenez le. […] » Woglinde et Wellgunde l’entourent de leurs bras et l’entraînent dans le gouffre ; Flosshilde élève l’Anneau, jubilante ; puis les trois Filles, gaîment, jouent avec l’Anneau et nagent en rond, — tandis qu’à travers la nuée, une lueur de flammes poind, avec une croissante clarté… Et les Hommes, en un muet saisissement, contemplent l’embrasement de l’horizon, une rouge lumière, lointaine et forte, semblable à l’aurore boréale, le reflet d’un prodigieux Incendie, un Crépuscule, dans le Ciel.
Le vieux français disait barbute et barbue ; à Parme, c’est comme en Normandie la barbe de capucin, barba de fra ; en Roumanie, la barbe de boyard, barba boïarului ; en Allemagne, la chevelure de Vénus, Venushaar et, image plus pittoresque, la fille de crin, braut in haren ; en Angleterre, la barbe blanche, oldman’s beard ; en Catalogne aranyas, image que se disent nos patois avec arogne et irogné (toile d’araignée). […] Pupille est dans ce cas : qu’il signifie l’orpheline pourvue d’un tuteur ou la prunelle de l’œil, c’est toujours le latin pupilla, diminutif de pupa, petite fille (pupata, de la même famille, a donné poupée). La pupille de l’œil, c’est si bien la fille de l’œil que l’expression se retrouve tout entière en portugais où la pupille se dit menina do olho.
Il est Rousseau, il est Lavater, il est Frœbel, le bon Frœbel, comme il dit avec allemanderie, le bon Frœbel, dont il emprunte le système d’éducation pour sa fille, qu’il élève, comme Rousseau élevait son Émile, au sein d’une éternelle prosopopée ! […] Il a des histoires de petites filles qui meurent de leurs poupées cassées, et, quoique ce soit incroyable, cependant on l’accepterait, et on l’aimerait, ce bon Frœbel-Michelet, si, à côté de l’éducation philogyne, il n’y avait pas les petites scélératesses du penseur qui hait cruellement l’Église et Notre-Seigneur Jésus-Christ. […] La guenille chrétienne cousue à la guenille païenne, vous les retrouverez partout et à toute page, se déchirant chacune un peu plus d’être cousue à l’autre, dans ce Cours de 1847 d’où l’idée divine a été bannie pour être remplacée par l’idée humaine, et où l’historien, trop historien pour ne pas savoir l’extraordinaire pouvoir des légendes, ne peut s’empêcher d’admirer en passant celle de Jeanne d’Arc, même après celle de la Tour-d’Auvergne, mais ne l’admire pourtant que parce que Jeanne était une fille du peuple, bien plus que parce qu’elle est la vierge directement inspirée de Dieu, dans de surnaturelles révélations !
Il est convenu et entendu que les filles de ferme n’ont ni l’accent ni la correction de phrase d’une Parisienne. […] Je pensais, dans ce court instant qui ne se renouvellera jamais, que ces jeunes filles seraient demain dispersées à travers le monde, afin de se dévouer, elles, chefs-d’œuvre de pureté, à l’éducation des filles perdues ; elles toucheraient de leurs mains, de leurs lèvres, les créatures les plus rejetées ; elles vivraient avec celles dont le vice leur était le plus détestable ; elles se pencheraient sur toutes les hontes et se relèveraient avec une pensée intacte ; elles donneraient leur amour, qu’elles ont refusé au monde, à ce que le monde a corrompu, puis abandonné. […] La nourrice, c’est une Bretonne, petite avec des sabots à talons hauts, coiffée d’une coiffe à deux ailes rondes et plissées comme un cyclamen, une de ces filles des côtes qui ont le sang léger et le cœur aussi.
D’après les occasions de commerce et d’affinité si fréquentes alors entre la Sicile et l’Égypte, il épousa, jeune, la fille d’un Syracusain, Euphrate. […] Elles étaient douze, les premières de la ville, trésor des filles laconiennes. Alors que le plus jeune des fils d’Atrée, heureux époux, enfermait avec soi Hélène, la fille chérie de Tyndare, toutes chantaient, applaudissant en cadence du mouvement de leurs pas entrelacés ; et la maison retentissait du cri de l’hymen : — As-tu sommeillé jusqu’au point du jour, ô gendre bien-aimé ?
Elle veut donc qu’en tout temps elles se lèvent à quatre heures, et trouble ainsi le sommeil de ces pauvres filles. […] Le survivant dit que celui-là s’était tu, parce que sa fille était mariée à un des hommes de la hauteur. […] Sire, un tel, petit compagnon, courtise ma fille, faites-le jeter à la Bastille. […] Le voilà amoureux du duc de Beauvilliers ; sur-le-champ il lui demande une de ses filles en mariage, n’importe laquelle ; c’est lui qu’il épouse. Mais le duc n’ose contraindre sa fille, qui veut devenir religieuse.
Sans doute la distance est immense qui sépare le Départ pour l’île de Cythère des misérables coloriages suspendus dans les chambres des filles, au-dessus d’un pot fêlé et d’une console branlante ; mais dans un sujet aussi important rien n’est à négliger. […] La pauvre fille a sans doute été enlevée par les pirates. […] Filles de la douleur, elles engendrent la douleur. […] Celui-là nous vient évidemment de la littérature Marion Delorme, qui consiste à prêcher les vertus des assassins et des filles publiques. […] Il a passé sa vie à engraisser quelques torses antiques, et à ajuster sur leurs cous des coiffures de filles entretenues.
Remy de Gourmont De ses vers, beaucoup sont comme roussis par une glaciale affectation de naïveté, parler d’enfant trop chéri, de petite fille trop écoutée, — mais digne aussi d’un vrai besoin d’affection et d’une pure douceur de cœur, — adolescent de génie qui eut voulu encore poser sur les genoux de sa mère son « front équatorial, serre d’anomalies » ; mais beaucoup ont la beauté des topazes flambées, la mélancolie des opales, la fraîcheur des pierres de lune, et telles pages… ont la grâce triste, mais tout de même consolante, des aveux éternels.
L’une est d’un noir jaunâtre ; c’est le gros embonpoint d’une servante d’hôtellerie, et le teint d’une fille qui a les pâles couleurs.
Bergeret dans l’affaire Dreyfus. « A la page 4 du Mannequin d’osier il est dit que les filles de M. […] Bergeret, dans une crise de mélancolie, songeait que ses filles ne l’aimaient pas : et le départ de sa mère a pu rendre à Pauline, à la fin du volume, un peu plus de liberté et d’expansion. […] Lacta, qu’on nous dit « fille du sol latin », personnifie la joie et la douceur de vivre, une sorte de paganisme ingénu. […] Il tisse les jours de sa fille avec des fils d’argent, et déjà la Parque apprête ses ciseaux. […] Un ami du poète, un négociant d’Alep, le racheta pour dix pièces d’or (ou dinars) et lui donna la main de sa fille avec une dot de cent dinars.
La fille d’alliance de Montaigne, qui pouvait à aussi juste titre être appelée la fille spirituelle de Ronsard, car personne n’a honoré sa mémoire mieux qu’elle ni mieux protégé son tombeau, Mlle de Gournay, appelle Malherbe quelque part un docteur en négative. […] Il y a un peu trop de filles d’auberge dans tout cela. […] La sœur de Stendhal semble avoir été une fille sérieuse, intelligente, sensée et pratique. […] Clotilde nous est montrée comme une fille tranquille, rangée, laborieuse, « à la tête ronde et solide ». […] Cette enfant pourrait être sa fille, et très probablement elle l’est.
Les héros habituels du roman picaresque, un don Guzman d’Alfarache ou un don Pablo de Ségovie, n’ont dans les veines qu’un sang mêlé de voleur et de fille, ou d’aventurière et de banqueroutier. […] J’avais ôté mon justaucorps, j’allais achever de me mettre en chemise, et Mlle votre fille n’attendait que le moment de m’embrasser et de se jeter à corps perdu sur moi. […] Si vous voulez pourtant que je dise quelque chose pour la justifier auprès de vous, nous passions la rivière, l’eau était fort émue, et Mlle votre fille l’était encore davantage. […] Pour l’épouser, — car elle est fille d’honneur, — elle se brouille avec son directeur d’abord, le respectable M. […] A-t-il enlevé femme ou fille ?
Roland, opéra médiocre, n’a pas été mal accueilli, et l’on a applaudi la Fille de Roland, tragédie honorable. […] Qui vous parle de restreindre tout un art admirable à une chanson de petite fille ? […] D’abord, c’est une lithographie : les Filles du Rhin, je crois. […] Ces blanches filles aux lignes tournées, mollement, dans une lumière, et cet horizon assombri, où s’avance, sonnant du cor, le héros, cela dit une gaîté où est comme une peur ; M.
L’appeler seulement un historien libre penseur, ne serait point une distinction suffisante, car presque toutes les écoles historiques de ce temps sont filles de la Libre Pensée, et ce n’en serait pas une non plus que de l’appeler historien révolutionnaire. […] S’il n’y avait de dangereux que les chefs-d’œuvre, la Critique pourrait devenir sans inconvénient une bonne fille et le nouveau livre de M. […] Ainsi encore, après Théroigne de Méricourt, une figure moins terrible, une sainte plus douce, Mme Kéralio, Mme Robert, une fille noble, mal mariée, devenue ambitieuse et tombée à force d’abjection et de folie dans le mépris de Mme Roland et si bas que M. […] Ses Femmes chrétiennes sont les femmes de l’Évangile, la Chananéenne, la femme malade, la fille de Jaïre, la femme adultère, la veuve de Naïm, la Samaritaine, Madeleine, Marthe, Marie, les saintes femmes au tombeau, etc., créatures de grâce ou de conversion, d’humilité et de repentance, ces perles dont l’écorce était l’amour de Dieu, les premières que l’Église propose à nos imitations !
Sa fille et son gendre lui succédèrent, et entretinrent cette action d’influence heureuse et de bonne harmonie. […] Le père de ce Marius, le célèbre François Philelphe, l’un des grands promoteurs et acteurs de la renaissance des lettres en Italie, et qui, pour mieux posséder le grec, alla étudier à Constantinople sous Jean Chrysoloras dont il épousa la fille, eût été un bien plus beau sujet ; mais il avait déjà été traité par Lancelot, de l’Académie des inscriptions.
Mais le jour même où l’on va représenter à Naples, sur le théâtre de San-Carlo, le premier opéra de ce Roswein, un chef-d’œuvre, le chevalier s’aperçoit que le pauvre enfant est amoureux, — mais amoureux comme un enfant qu’il est, d’une belle, blonde et douce créature, la fille de maître Sertorius, la violoncelliste et le professeur de contre-point, et qu’il veut tout bonnement l’épouser. […] C’est insensé : car d’abord Raoul n’a point là-dessus de parti pris absolu et irrévocable ; car, de plus, Sibylle, qui exerce un grand ascendant sur lui, doit espérer, Dieu aidant, de modifier son opinion et de l’amener à la sienne ; car, même chrétiennement parlant, il n’y a pas lieu, en pareil cas, de jeter le manche après la cognée, puisque saint Paul a écrit que « la femme fidèle justifierait le mari infidèle. » Aussi, à partir de ce moment, tout intérêt selon moi, cesse raisonnablement de s’attacher à Sibylle, qui se conduit en personne peu éclairée, en fille volontaire et opiniâtre, en fanatique fidèle à la lettre plus qu’à l’esprit, et, pour trancher le mot, comme une petite sotte.
Alquier était ambassadeur, il avait eu à le remplacer pendant des absences et avait été admis à lire dans l’âme de cette fameuse reine Caroline, fille de Marie-Thérèse, l’amie d’Acton et des Anglais, notre ennemie jurée, une femme violente, capricieuse, passionnée, et qui a laissé dans l’histoire des souvenirs romanesques et sanglants. […] Un jour, avant les derniers éclats, au printemps de 1805, l’idée était venue de marier une de ses filles, la princesse Amélie (celle même qui a été reine des Français et l’épouse de Louis-Philippe) avec le fils de l’impératrice Joséphine, Eugène de Beauharnais.
Le comte de Gisors épousa la fille de l’aimable duc de Nivernais. […] Parmi ces dévotes de profession, il y en eut deux surtout qui se distinguèrent par leur fanatisme : Mme la duchesse de Nivernais et Mme de Gisors, sa fille.
De quoi donc rient-ils en cette navrante aventure de malheureuses filles et de ratés sans valeur ? […] Nous avons connu maint garçon que des biens au soleil, de bonnes rentes, la chasse et la vendange attendaient en quelque belle province, et qui s’entêtait jusqu’à l’âge des cheveux gris dans les brasseries où l’on clame des vers, qui se ruinait l’estomac, s’acoquinait à des filles stupides et collectionnait les dégoûts de tous les hôtels garnis, uniquement appâté par cette vanité étrange et hors nature.
Françoise d’Issembourg d’Happoncourt (c’était son très noble nom) était de Nancy, née le 13 février 1695, fille d’un des officiers du duc de Lorraine, et petite-nièce, par sa mère, du fameux Callot. […] Mme de Graffigny vivait donc à Paris, avec un certain état de maison, moyennant de petites pensions des cours de Lorraine et de Vienne et d’assez grosses dettes, quand la chute de La Fille d’Aristide, comédie en cinq actes sur laquelle elle comptait fort, vint lui porter un coup fâcheux : « Elle me la lut, dit Voisenon ; je la trouvai mauvaise ; elle me trouva méchant.
Que reprocher d’ailleurs à celle qui, après dix-neuf ans de supplice et de torture morale, dans la nuit qui précéda sa mort, chercha dans la vie des saints, que ses filles avaient coutume de lui lire tous les soirs, un grand coupable à qui Dieu eût pardonné ? Elle s’arrêta à la touchante histoire du bon Larron, qui lui sembla le plus rassurant exemple de la confiance humaine et de la clémence divine, et dont Jeanne Kennedy (l’une de ses filles) lui fit lecture : « C’était un grand pécheur, dit-elle, mais pas si grand que moi ; je supplie Notre-Seigneur, en mémoire de sa Passion, d’avoir souvenance et merci de moi comme il l’eut de lui à l’heure de sa mort. » — Ces sentiments vrais et sincères, cette humilité contrite de ses derniers et sublimes moments, cette intelligence parfaite et ce profond besoin du pardon, ne laissent plus moyen de voir en elle aucune tache du passé qu’à travers les larmes.
Cosnac avait écrit une petite lettre à la fille de Madame, pour lors âgée de huit ans, qu’il avait prise en affection pour l’avoir vue chez Mme de Saint-Chaumont, sa gouvernante. Cette lettre, qui avait été remise avec assez de mystère, avait fait mauvais effet, et Madame là-dessus lui disait : Je vous ai plusieurs fois blâmé de la tendresse que vous avez pour ma fille : au nom de Dieu, défaites-vous-en.
Une petite fille distribuait des gros sous à des camarades de son âge : « Tu n’en auras plus pour toi », disaient celles-ci, mais la petite prodigue, pour répondre à l’argument, montrait son jardin et, entre une touffe de résédas et une bouture de géranium, désignait une place où elle avait semé des gros sous pour en avoir un pied. […] Il suffit, pour s’en rendre compte, de mettre en doute devant une petite fille, quelque proposition de son catéchisme ou quelque récit de son histoire sainte.
Aujourd’hui, la Poésie n’est qu’une Ophélie sans pureté et sans amour… Mais quelque démente qu’elle puisse être, cette poésie moderne, au cerveau plus ou moins lézardé, cette fille de l’Égarement universel n’en est pas moins toujours la Poésie, c’est-à-dire la plus belle ou la moins laide des choses humaines ! […] Comme si cette sincérité, fille mystérieuse et invisible de la conscience, pouvait se prouver autrement que par la puissance de l’accent qu’elle a, et dont, ce soir-là, précisément, on convenait !
La scène de cette grande pièce en un volume est le château de Manteigney, appartenant au dernier descendant de la grande famille de ce nom, lequel, pour fumer sa vieille terre, comme on disait autrefois, a épousé la fille de Larreau. Très élégante, très spirituelle, mais très extravagante, ayant déjà les taches de la corruption parisienne sur l’esprit au moins, si elle ne les a pas sur le cœur, possédant au plus haut degré le génie de l’ironie et de la plaisanterie parisiennes, aveugle sur son père qu’elle admire d’enfance et de confiance, parce qu’il a toujours été heureux dans ses plans et qu’il est fou d’elle, madame de Manteigney est la femme amoureuse de son mari, maigre, mièvre, mal fait, chétif, jaunâtre, roussâtre, un crevé du temps, qui lui mange sa dot et ses diamants avec des filles.
Il ne fait plus partie des ingénus de la littérature à leur début, de ces petits jeunes gens qui croient inspirer des passions sérieuses aux filles perdues comme l’est la Gloire. […] Dans le Dernier Flagellant, ce sont les « Dames noires », la femme et la fille de ce Rouziac, de ce mauvais riche qui a sucé, par l’usure, le sang et la vie de toute une contrée, et qui, vouées à un deuil éternel et grandiose, tiennent, pour les restituer un jour, le livre des biens volés de Rouziac, à mesure qu’il les vole, et chantent à Dieu, quand l’émeute furieuse met le feu chez elles, un si bel hymne de délivrance devant leur château incendié !
La mort tragique de sa fille et de son gendre.
La fille résiste.
Ainsi, de ce monde social embelli et policé par tous les arts de l’humanité, ils tendent à en faire la grande forêt des premiers âges, où, avant Orphée, erraient les hommes à la manière des bêtes sauvages, suivant au hasard la coupable brutalité de leurs appétits, où un amour sacrilège unissait les fils à leurs mères, et les pères à leurs filles.
Taine lui-même, cette fille d’esprit n’en avait pas le cœur moins léger ni moins gai. […] Ai-je besoin de dire que le garçon s’appelait Paul, et la fille Virginie ? […] Elles semblent croire que tout, dans la nature, est susceptible de corruption, excepté leurs filles. […] Leurs filles sont des salamandres qui peuvent impunément traverser le feu, fût-ce le feu de l’enfer. […] C’est sa fille !
Bouchor nous montre le vieux Lear en présence de ses trois filles, d’une part Regane et Goneril, jouant la comédie de la tendresse, d’autre part Cordelia, dont la pudeur de sentiment silencieuse paraît au roi sécheresse et froideur. […] Ses lazzi, ses saillies, sa drôlerie d’allure forment avec les explosions de douleur du vieux Roi, qui s’emporte contre l’orage et maudit ses filles, un de ces contrastes violents où le sublime et le burlesque se côtoient, où les éclats de rire et les sanglots sont alternés. […] Ses petites filles saluent comme si elles faisaient des faux pas. […] Y eut-il jamais, à vrai dire, drame intime ou roman de cœur comparable à l’existence de Pauline de Saint-Hérem, fille de M. de Montmorin ? […] Les tricoteuses et les filandières de plein air, les belles filles qui tissent leurs brins de fil avec des fuseaux d’os ont coutume de la chanter : elle est innocemment douce, elle se joue avec la candeur de l’amour, comme au bon vieux temps ».
Toutes les filles y sont des Marguerites. […] Toute la profondeur de cette pathétique fillette, qui sans cela ne serait qu’une petite fille vulgaire, la femme élémentaire qui est partout, oui, toute sa profondeur et tout son charme viennent de ce reste de catholicisme involontaire que j’ai signalé dans l’esprit de Gœthe. […] Je n’ai pas compté le Faust de 1833 (l’Enlèvement d’Hélène) ni la Fille naturelle dans ce bilan. […] La Fille naturelle est une autre aberration de Gœthe, dans la tête de qui grouillait aussi du Diderot parmi bien d’autres grouillements. […] A Strasbourg, pourtant, où il écrivit Werther, il fut jeune et il fut amoureux ; mais les amours de Gœthe sont de niaises et lourdes amourettes, car il a trouvé le moyen de faire lourd ce mot si léger et si français d’amourettes, qui ne sont plus chez lui que les enfantillages des mariages entre petits garçons et petites filles, quand le temps des poupées et des polichinelles est passé.
Il ne prétend pas aux respects exagérés de sa fille, qu’il aime en connaisseur, avec une petite pointe de sensualisme et de jalousie. […] Sa fille Lucrèce est capable d’attachement et donne des larmes sincères à la mémoire de son second mari et à celle de son frère. […] Mais c’est la fille, comme de raison, qui reconnaît ses torts et confesse ses erreurs. […] L’homme voulait sécher un voisin qui avait envoûté sa vache et sa fille ! […] — Très beau, en effet, répondit-elle, et digne de la fille de tant de rois !
Fille d’un pauvre gentilhomme de province, au lieu, suivant l’usage, d’entrer au couvent, elle entra au service de la maîtresse favorite, et, femme de chambre à la cour, elle y resta simple et j’oserai dire naïve.
. — La Jeune Fille nue (1899). — Le Poète et l’Oiseau (1899).
Il nous confie ses mésaventures amoureuses : Je me livre en pâture aux ventouses des filles ; Mais raffinant alors sa tortuosité, La fièvre tourne en moi ses plus creusantes vrilles.
On sait, sans qu’il soit utile de s’appesantir aujourd’hui que par-delà la fin on envisage toute l’œuvre, on sait que le dégoût du banal l’induisit à ne s’intéresser plus qu’aux caractères exceptionnels et dégénérés : une écuyère morphinomane entre deux gymnasiarques, dans Les Frères Zemganno, une prostituée meurtrière, dans La Fille Élisa.
Et vous appelez cela la femme, les filles de Scilurus ?
Ainsi les huissiers, et en général tous les magistrats, abusent du prestige dont ils sont vêtus pour désigner sur leurs papiers et dans leurs admonestations du titre méprisant de « le sieur un tel, la femme une telle, la fille, etc. », quand il serait si simple de nous appeler, jusqu’à preuve du contraire, « l’honorable M. un tel ».