Mme Thorin (c’était son nom) se joint au poème d’Organt, pour réfuter les historiens complaisants ou crédules qui ont voulu faire du jeune oracle de la Montagne une espèce d’Hippolyte, un modèle de chaste et farouche pudeur59. […] Je ne sache pas qu’on ait vu jamais, sinon chez des esclaves, le peuple porter la tête des plus odieux personnages au bout des lances, boire leur sang, leur arracher le cœur et le manger ; la mort de quelques tyrans à Rome fut une espèce de religion.
Cette espèce de guillotine-là prend racine dans le pavé, et en peu de temps repousse de bouture sur tous les points du sol. […] On a pris dernièrement à Bicêtre un homme, un condamné à mort, un nommé Désandrieux, je crois ; on l’a mis dans une espèce de panier traîné sur deux roues, clos de toutes parts, cadenassé et verrouillé ; puis, un gendarme en tête, un gendarme en queue, à petit bruit et sans foule, on a été déposer le paquet à la barrière déserte de Saint-Jacques.
La transformation d’êtres humains en animaux inconnus jusqu’alors et, par suite, l’origine de cette nouvelle espèce d’animaux — L’explication de particularités physiques d’autres espèces.
Une foule d’écrivains s’y essayent ; plusieurs y gagnent une fortune, une réputation, on pourrait dire une gloire d’une espèce particulière ; ils voient leur nom et leurs œuvres pénétrer dans des milieux où n’ont jamais pénétré ceux des maîtres de la littérature française ; ils intéressent, ils font pleurer, ils égayent, ils ennuient un peuple entier ; ils sont les vrais créateurs et les vrais soutiens d’une certaine presse, investis d’une puissance plus immédiate sur ses destinées que tous les écrivains politiques, les économistes, les critiques, les reporters et les correspondants de la rédaction, et je me rappelle que l’administrateur général d’un des plus importants petits journaux de Paris me disait que, dans la première semaine après le commencement d’un feuilleton, le tirage du journal montait ou s’abaissait de cinquante mille, de quatre-vingt mille exemplaires par jour, selon que le feuilleton plaisait ou ne plaisait pas. […] Je cherche cette fraternité de cœur, cette tendresse dans l’œuvre naturaliste, et je trouve un parti pris de dénigrement, voisin de l’orgueil, une manière dure de parler de la misère, une brutalité de touche dans le portrait des pauvres gens, toujours représentés comme des êtres d’impulsion, esclaves des instincts, des hérédités et des passions, une tendance à considérer l’ouvrier comme une machine à boire et à faire des révolutions, qui dérivent d’un mépris foncier de l’espèce humaine, à moins qu’ils ne révèlent la plus certaine des incompréhensions.
Si son mode de raisonnement et de distinction, dans lequel domine toujours quelque chose de mixte, paraît se ressentir, chemin faisant, de la méthode doctrinaire, M. de Carné, du moins, ne tombe jamais dans les abstractions finales et l’espèce d’équation sans issue où s’est enfermée cette école.
Il me semble voir, parmi la race nageante des poissons, cette espèce particulière qu’on appelle poissons volants, et qui ne sortent un moment du milieu commun que pour aussitôt y retomber.
Cette espèce de critique est le refuge de quelques hommes distingués qui ne se croient pas de grands hommes, comme c’est trop l’usage de chaque commençant aujourd’hui ; qui ne méconnaissent pas leur époque, sans pour cela l’adorer ; qui, en se permettant eux-mêmes des essais d’art, de courtes et vives inventions, ne s’en exagèrent pas la portée, les livrent, comme chacun, à l’occasion, au vent qui passe, et subissent, quand il le faut, avec goût, la nécessité d’un temps qu’ils combattent et corrigent quelquefois, et dont ils se rendent toujours compte.
Mais cette espèce de travail minutieux et attentif de physiologie sociale, qui consisterait à chercher, même à travers les moindres rameaux, la circulation souvent insaisissable de chaque idée, à démontrer le cours de ce chyle subtil et nutritif jusqu’à son arrivée à un système de vaisseaux évident, à y mesurer la proportion dans laquelle il s’y mêle avec les éléments antérieurs et moins virtuels, ce travail-là, qui serait, en ce qui concerne le xviiie siècle, le sujet de plusieurs beaux mémoires à faire, n’entrait pas dans le dessein de M.
Par des extraits de voyages, par des traductions et des analyses d’ouvrages étrangers, par des études de toute espèce sur le passé, le Globe cherchait à mettre sous la main de ses lecteurs les principaux éléments des questions ; à leur représenter les travaux antérieurs et l’état de la science contemporaine sur chaque point de controverse ; à leur apporter et à leur distribuer en ordre les matériaux les plus complets pour les solutions les plus larges et les plus conciliantes.
Si vous dites, pour citer une théorie qui jouit aujourd’hui d’une faveur incroyable, non seulement parmi les pauvres sols tout éplorés qu’Alfred de Musset traîne à ses talons, mais auprès des esprits les plus graves de notre époque, si vous dites que le vrai poète doit être une espèce de don Juan fatal, victime prédestinée de cet insatiable besoin d’aimer qu’on appelle le génie, et semblable au pélican qui donne à ses petits son propre cœur en pâture, s’il vous plaît de répéter cette déclamation, nous vous laisserons faire, et, quand vous aurez fini, nous vous rappellerons simplement l’admirable possession de soi d’un Cervantes et surtout d’un Shakespeare, qui dans la force de l’âge et du talent, cesse tout à coup d’écrire et se met à cultiver son jardin, comme Candide, après avoir eu la tête traversée par un effroyable torrent d’idées et d’images, dont quelques flots auraient suffi pour faire perdre l’équilibre à la plus ferme de nos cervelles.
Alors que, depuis le xviie siècle, le monde était comme le milieu naturel de l’espèce des écrivains, alors que les ouvrages devaient, pour réussir et vivre, lui être et destinés et adaptés, il arrivera rarement désormais que les écrivains les plus illustres, les plus à la mode même, soient des hommes du monde, et y prennent l’esprit, la couleur de leur œuvre.
La contradiction des deux œuvres n’est qu’apparente ; si l’auteur semble changer de principe, c’est que les espèces ne sont pas les mêmes : l’amour absent dans un cas, présent dans l’autre, détermine la sévérité ou l’indulgence de l’auteur.
L’expression de « frère du Seigneur » constitua évidemment, dans l’Église primitive, une espèce d’ordre parallèle à celui des apôtres.
Serrée comme un îlot entre les deux grandes provinces du judaïsme (la Judée et la Galilée), la Samarie formait en Palestine une espèce d’enclave, où se conservait le vieux culte du Garizim, frère et rival de celui de Jérusalem.
Louis XIV donnoit, une fois le mois, une espèce d’audience à Despréaux & à Racine.
Il y a dans les choses humaines deux espèces de natures placées, l’une au commencement, l’autre, à la fin de la société.
En effet, ce n’était ni à moi, ni à mes amis, qui auraient maladroitement décelé l’influence qu’ils ont sur les supérieurs, à solliciter une espèce d’injustice.
Ce que je regarde comme un mauvais présage, c’est qu’un jeune homme soit peu touché de l’excellence des productions des grands maîtres : c’est qu’il n’entre point dans une espece d’enthousiasme en les lisant : c’est qu’il ait besoin, pour connoître s’il doit les estimer, de calculer les beautez et les défauts qu’il y compte, et qu’il ne forme son avis sur leur mérite qu’après avoir soudé son calcul.
Oui, certes, on découvre chez les meilleurs écrivains des spécimens de toute espèce de défauts ; mais, parce que ces négligences n’ont pas nui à leurs qualités, est-ce une raison pour ne point recommander d’abord leurs qualités ?
En disant cela, Goethe parlait des livres, et de toutes les espèces de livres.
Ce qui nous a suffi pour l’heure, c’est d’avoir prouvé par ce Journal que Louis XVI n’était pas uniquement de la pâte à victime, comme les écrivains de la Révolution l’avaient fait et voulaient le garder ; c’est d’avoir établi qu’il n’était pas l’espèce de mollusque royal qu’ils disaient, qu’il y avait en lui quelque chose d’intense qu’on ne soupçonnait pas, et qu’il s’est plus perdu par l’excès d’une passion que par l’ignavie qu’on lui a toujours reprochée.
On avait cru jusqu’ici à quelque grande passion, dans l’éloquence de son égarement, dans l’espèce de beauté que l’amour, quand il est absolu, donne parfois à des sentiments coupables ; il ne fut rien de cela, ou du moins elle n’en dit pas un seul mot.
une espèce d’Alphonse Karr, — chasseur, comme l’autre est pêcheur, — oui !
Il est un hypocrite anglais de la plus magnifique espèce, poussé sur les plates-bandes de l’Hypocrisie dans un pays où la Loi sociale est si forte, que l’Indépendance comme le Vice est tenue de rendre cet hommage d’un mensonge à la Loi.
Il y a deux espèces de poésies dans le recueil de M.
En un mot, si l’on voulait expliquer pourquoi nos sociétés occidentales sont devenues à la fois très unifiées et très compliquées, très hétérogènes et très homogènes, très denses et très étendues, c’est toutes les espèces de transformations qu’y ont subies les âmes et les corps, les choses et les personnes, la nature et l’humanité qu’il faudrait énumérer ; et il ne suffirait nullement de dire que les hommes y ont voulu vivre en égaux.
Principalement, le Positivisme eut ce résultat de transformer en une espèce de philosophie l’impuissance contemporaine à percevoir le mystère. […] On ne voit pas, à vrai dire, que ce soit le patriotisme qui l’enflamme, mais plutôt une espèce d’ardent malaise aventureux. […] Des espèces d’hallucinations, si l’on veut. […] Même il arrive qu’à force de le désorganiser, il ne lui laisse aucune espèce d’harmonie ; mais souvent il obtient ainsi des vers charmants et du genre de ceux, « délicieusement faux exprès », que louait Verlaine chez Arthur Rimbaud. […] Et le transformisme non plus n’accorde pas à notre espèce une importance définitive dans l’évolution des êtres.
Il se donne comme un échantillon de l’espèce, et il s’appuie de la connaissance de soi-même pour décrire l’espèce. […] Les traits essentiels de l’espèce se retrouvent tous dans l’individu ; s’étudier soi-même, c’est donc étudier l’espèce, et qui saurait se décrire parfaitement, ferait sans doute connaître l’espèce. […] Exemplaire de l’espèce humaine, il pose devant lui-même comme le modèle devant son peintre, et il veut qu’en tout ce qui est essentiel les spectateurs puissent, d’après lui, juger de l’humanité. […] L’observation seule des travers dont l’espèce humaine est issue ne donnera jamais la vérité tout entière à nul moraliste. […] Que dirons-nous de la sincérité, autre espèce de justice, et la condition de toute justice ?
Besogne beaucoup plus modeste qu’elle ne le paraît d’abord, espèce de « rapport » où nous ne serons que greffier. […] Pour moi, qui ne suis pas une nature guerrière et n’ai point le sens belliqueux, ils n’auraient été qu’un masque mal adapté à mon visage… » À vrai dire, ce n’était pas seulement le « sens belliqueux » qui lui manquait, c’était toute espèce de patriotisme. […] Le moins « bonhomme » des grands écrivains, Renan, n’a point échappé à cette espèce de suggestion. […] Il en fit l’expression la plus haute de l’espèce de programme esthétique qui devenait sa religion, mais aussi la moins vraie de ses œuvres et la moins humaine. « Le vrai Tasse était un grand poète, dit M. […] Le drame est tombé : entre les personnages dont la passion a fait un instant des ennemis, il n’y a plus que calme et bienveillance : « Tous les sentiments tristes et pénibles des temps intermédiaires étaient oubliés : plus de rancune ; toute espèce d’aigreur avait disparu.
Ces « psaumes modernes », comme Lamartine avait voulu les nommer, sont en effet un vaste cantique au Divin perçu et considéré successivement dans toutes ses manifestations et tous ses modes ; mais ils suivent, si je ne m’abuse, une espèce d’ordre logique, naturel et ascendant. […] C’est que, en dépit de son acte de foi préalable en un Dieu personnel et distinct de la création, Lamartine a bien, en présence de l’univers physique, la même disposition sentimentale et éprouve bientôt la même espèce d’ivresse que les panthéistes décidés. […] (La Lampe du Temple ou l’Âme présente à Dieu ; Hymne du soir dans les Temples.) — Puis nous avons vu le déisme du poète, par la nature des arguments qui l’appuient et par l’espèce d’ivresse amoureuse dont il est envahi en les développant (ces arguments étant les spectacles même de l’univers sensible), aboutir à une disposition d’âme proprement panthéistique Enfin, cet enchantement secoué, voici reparaître le spiritualisme ardent et pur des Méditations (le Tombeau d’une mère, Hymne de la mort). […] L’espèce de violence morale qu’il lui fait n’est pas seulement odieuse : elle est inutile, au jugement même de l’orthodoxie catholique. » Ils ont mal lu. […] Il ne reste alors qu’à fondre ces deux conceptions opposées dans une espèce d’idéalisme ou, un peu plus exactement, de pansymbolisme, qui ne pourra jamais être bien clair.
Il massacre, à son gré, toutes les autres espèces ; il promène la mort sur le monde, « ses tables sont jonchées de cadavres », et il n’y a pas d’espèce supérieure qui puisse en user de même avec lui. […] C’est l’homme qui est chargé d’égorger l’homme. » Là où s’arrête le massacre des espèces plus faibles par les espèces plus fortes commence la guerre. […] Voyez donc sous quelles espèces nous apparaît, plus près de nous, un patriote, très véritable et très sincère, de 1825 ou 1828 ? […] Il considère la marche entière de l’humanité comme un progrès vers l’égalité : « La perfectibilité de l’espèce humaine n’est autre chose que la tendance vers l’égalité. » — Mais, chose très remarquable, Constant est égalitaire sans être démocrate. […] Il revient à déclarer qu’il n’y a aucune espèce de souveraineté.
D’un bout à l’autre de cette correspondance, on le voit procéder ainsi, à la manière d’un naturaliste, pour qui les cas individuels ne sont qu’une occasion de mieux définir une espèce, et cette espèce même une occasion d’apercevoir plus nettement quelque attribut de la planète. […] Il y a un mot admirable de Bossuet sur la justice : « Elle est », dit-il, « une espèce de martyre… » La sincérité implacable de la pensée est parfois aussi cette espèce de martyre. […] C’est proprement le travail du philosophe de rechercher des lois de cette sorte et d’élaborer des formules de cette espèce. […] Jamais catalogue ne fut mieux dressé des espèces sociales et de leurs habitudes, au moins des extérieures. […] Il y a un frisson d’une espèce unique et qui se rencontre dans un mélange d’extrême bravoure et de nervosité folle.
Cette espèce de mémoire fut fait d’inspiration ; il n’y a que peu de mots d’effacés dans le brouillon, qui est sous nos yeux, et que l’auteur ne recopia jamais. […] À la fin de l’été, plusieurs espèces d’oiseaux étrangers viennent, par un instinct incompréhensible, de régions inconnues, au-delà des vastes mers, récolter les graines des végétaux de cette île, et opposent l’éclat de leurs couleurs à la verdure des arbres rembrunie par le soleil. Telles sont, entre autres, diverses espèces de perruches, et les pigeons bleus, appelés ici pigeons hollandais. […] L’élévation du sol y permettait en plusieurs lieux la culture de diverses espèces de végétaux de l’Europe.
Un critique distingué, ayant à parler assez récemment d’Horace et de Virgile, et de l’espèce de royauté qu’ils se fondèrent en regard, à l’abri et à l’appui de la monarchie impériale d’Auguste, a fait remarquer la convenance et la nécessité de ces deux royautés parallèles, produites à la fois par une double anarchie, dans un temps où la faiblesse de l’État d’une part, et de l’autre le trop facile usage de formes poétiques devenues la propriété commune, favorisaient toutes les entreprises de l’ambition politique, toutes les prétentions de la médiocrité littéraire153.
J’en ai dit assez pour signaler aux curieux l’espèce d’intérêt philosophique et historique qui s’attache aux recherches philologiques de M.
Chez eux, il y a du bon partout ; le général s’y mêle toujours au particulier, il faut savoir l’en tirer et le laisser venir ; il y a depuis un certain temps assez d’écrivains politiques qui ne procèdent que par axiomes généraux, par considérations abstraites, pour que le défaut contraire ait son prix et constitue une espèce d’originalité.
Cette espèce de littérature, qui sera un symptôme de tant d’autres prospérités et de tant de mérites désirables, adviendra, nous l’espérons ; mais il devra y avoir à côté une littérature un peu moins à l’usage de ces bons et honnêtes esprits étrangers, de cette majorité de classe moyenne, de Chambre des députés, etc., etc. ; il y aura toujours une littérature plus en quête des exceptions, des idées avancées et encore paradoxales, des sentiments profonds, orageux, tourmentants, dits poétiques et romanesques.
L’éloquence était, chez les Athéniens, tant qu’ils ont été libres, une espèce de gymnastique dans laquelle on voit l’orateur presser le peuple par ses arguments, comme s’il voulait le terrasser.
La réformation est l’époque de l’histoire qui a le plus efficacement servi la perfectibilité de l’espèce humaine.
Les esprits ardents n’ont que trop de penchant à croire que le jugement est inutile, et rien ne leur convient mieux que cette espèce de suicide de la raison abdiquant son pouvoir par son dernier acte, et se déclarant inhabile à penser, comme s’il existait en elle quelque chose de supérieur à elle, qui put décider qu’une autre faculté de l’homme le servira mieux.
Une année de la vie la moins accidentée, si on la suivait comme des naturalistes ont étudié une espèce de chenille ou une variété de fourmi, jour par jour et comme minute par minute, nous en dirait long sur l’homme.
Si le but de la science était de compter les taches de l’aile d’un papillon ou d’énumérer dans une langue souvent barbare les diverses espèces de la flore d’un pays, il vaudrait mieux, ce semble, revenir à la définition platonicienne et déclarer qu’il n’y a pas de science de ce qui passe.