* * * — Ce qu’il y a à craindre pour l’homme de lettres, ce n’est point le foudroiement, la mort complète de sa cervelle : c’est la douce imbécillité, l’insensible ramollissement de son talent. […] À huit heures moins le quart, apparaît Gavarni, avec son doux et tranquille air de somnambule. […] * * * — La douce sensation d’avoir, le matin, en entrant dans son cabinet de travail, la perspective de douze heures de travail, sans sortie, sans visites, sans dérangement, dans la jouissance parfaite et l’exaltation intérieure de la solitude. […] Ils ont l’aspect de petits commis de nouveautés, avec une douce hypocrisie répandue sur les traits.
Elle s’aiguise d’une fine ironie, lorsqu’elle touche quelques-uns de nos travers : une douce et noble chaleur anime les endroits où l’idéal du bien nous est proposé. […] — que la nécessité, dis-je, aiguillonne et arrache à la douce paresse, que l’occasion encourage et multiplie, et qui, une fois voué à cette vie de labeur et de publicité incessante, ne déroge point pour cela, ne tombe point par là même en décadence, mais a chance de se varier, de s’élever, de se perfectionner parfois. […] Il est si doux, si beau, de s’être fait soi-même, De devoir tout à soi, tout aux beaux-arts qu’on aime, a dit André Chénier : mais encore faut-il que ce soit possible, et que l’organisation de la chose littéraire s’y prête. […] La vie de l’intelligence est plus douce quand on la vit plusieurs ensemble.
Il faut que tu puisses remplacer alors un des soldats morts pour la patrie… (Lettres communiquées Léo Latil, fils d’un médecin d’Aix-en-Provence, sergent au 67e d’infanterie, qui va mourir pour la France à vingt-quatre ans, écrit à sa famille : Les sacrifices seront bien doux, si nous avons une victoire bien glorieuse et s’il y a plus de lumière pour les âmes ; si la vérité en sort plus claire, plus aimée… Il ne faut pas perdre de vue que nous allons nous battre pour de grandes choses, pour les plus grandes choses. […] La plus douce de France. […] Mais c’est dans l’action surtout qu’il s’instruira. « J’avais souvent rêvé de cette heure où j’entrerais dans la réalité. » Un jour, dans la tranchée, il songeait à la mort et lui cherchait un remède : Il est infiniment doux, dans des moments comme celui-ci, de sentir qu’il y a d’autres âmes autour de nous, qui, si nous ne pouvons pas le faire, sauront élever bien haut le flambeau que nous venons de porter en avant… Mais soudain il s’arrête, il écarte ce vol des oiseaux de deuil : D’autres ? […] Écoutez la missive d’un jeune chevalier français, au cœur pur : Ma chère J… Comment vous remercier de tout le bien que vous me faites : par vos lettres si pleines de chaudes paroles qui réconfortent, si douces comme celles d’une sœur aînée qui me manque, mais que je trouve en vous… Que puis-je faire pour vous prouver ma reconnaissance ?
Il avait tâché de lui faire rétablir et payer une pension de France qui lui avait été autrefois accordée par Henri III, et de le ramener, s’il se pouvait, dans sa patrie ; il en écrivit à Villeroi qui promit de s’y employer : « J’ai trouvé aussi, écrivait-il à Scaliger, M. de Sully plus doux et courtois que je ne pensais. » Mais on différa trop, et Scaliger eût le temps de mourir avant le bienfait : Il est fort regretté ici, où sa vertu et grande suffisance aux lettres ont été mieux reconnues qu’en France, écrivait le président Jeannin à de Thou, et à la vérité c’est honte à nous de n’en avoir eu plus de soin pendant qu’il a vécu. […] Plancius soutenait que le passage devait exister ; mais il prétendait aussi qu’au-delà d’un certain degré plus on approcherait du pôle, plus on retrouverait une température douce et tiède, en raison des six mois de soleil continu. […] On voit par une réponse énergique de lui au maréchal de Bouillon (juin 1615) que, malgré son âge, il ne faiblissait pas devant les grands redevenus factieux, et qu’il leur disait assez haut leurs vérités : « La médisance contre ceux qui sont employés au maniement des affaires publiques, écrivait-il à M. de Bouillon, est un doux et agréable poison qui se coule aisément en nos esprits, et, quand ils en sont une fois infectés, il est malaisé que la vérité pour les défendre y soit reçue. » Il y donne la clef de sa conduite, qui dut consister souvent, en ces temps de trouble et de faiblesse, à tolérer, à souffrir un moindre mal pour en empêcher un pire : Le commandement n’est pas toujours absolu pendant les minorités.
Après avoir apostrophé en face l’hérétique Marcion (avec les paroles de Tertulliend) : « Tu ne t’éloignes pas tant de la vérité, Marcion… », entrant alors dans son sujet, il établit que cette miséricorde et cette justice subsistent l’une et l’autre, mais ne se doivent point séparer ; il va s’attacher à représenter dans un même discours le Sauveur miséricordieux et le Sauveur inexorable, le cœur attendri, puis le cœur irrité de Jésus : « Écoutez premièrement la voix douce et bénigne de cet Agneau sans tache, et après vous écouterez les terribles rugissements de ce Lion victorieux né de la tribu de Juda : c’est le sujet de cet entretien. » Dès cet exorde on sent un feu singulier, une imagination ingénieuse et exubérante, une érudition un peu subtile qui se prend dès l’abord à une hérésie bizarre ; selon le mot de Chateaubriand, on voit « l’écume au mors du jeune coursier ». […] Il cite un peu plus loin le témoignage de l’abbé Ledieu, qui rapporte « que le regard de Bossuet était doux et perçant ; que sa voix paraissait toujours sortir d’une âme passionnée ; que ses gestes dans l’action oratoire étaient modestes, tranquilles et naturels ». […] Ses yeux étaient noirs, pénétrants, mais doux.
Son œil était spirituel, son regard noble, sa parole douce ; il avait le maintien réservé, l’abord honnête et quelquefois un peu froid. […] Les affections de son cœur étaient douces, les mouvements de son esprit impétueux. […] Il y a bien des années que, lisant de suite ce recueil des notices historiques de Vicq d’Azyr, simple étudiant alors et en chemin d’être médecin moi-même, mais hésitant encore entre plusieurs velléités ou vocations, il m’a été donné d’en saisir le doux intérêt et le charme ; en passant de l’un à l’autre de ces personnages, je sentais varier mes propres désirs ; chacun d’eux me disait quelque chose ; l’idée dominante que l’auteur avait en vue et qu’il exprimait dans la vie de chacun de ces savants m’apparaissait tour à tour et venait me tenter, même lorsque cette idée dominante n’était que des plus modestes : car il y a cela de particulier dans la touche de Vicq d’Azyr, qu’une sorte de sympathie y respire et que le coloris léger n’y dérobe jamais le fonds humain.
La chaleur était à peine tombée avec le soleil ; les oiseaux, déjà retirés et non encore endormis, annonçaient, par un ramage languissant et voluptueux, le plaisir qu’ils goûtaient à respirer un air plus frais ; une rosée abondante et salutaire ranimait déjà la verdure… Ici une de ces descriptions naturelles dont il a le premier dans notre littérature donné le parfait exemple, mais où il a été depuis surpassé par ses grands disciples, par Bernardin de Saint-Pierre, par Chateaubriand, par George Sand, tous bien autrement particuliers, nuancés et neufs, et qui ne se contentent pas de peindre la nature en traits généraux devenus trop aisément communsy ; — et il continue : À ce concours d’objets agréables, le philosophe, touché comme l’est toujours en pareil cas une âme sensible où règne la tranquille innocence, livre son cœur et ses sens à leurs douces impressions : pour les goûter plus à loisir, il se couche sur l’herbe, et appuyant sa tête sur sa main, il promène délicieusement ses regards sur tout ce qui les flatte. […] Il apparaît, il est sur l’autel sans qu’on l’y ait vu monter : Alors levant les yeux, il (le songeur) aperçut sur l’autel un personnage dont l’aspect imposant et doux le frappa d’étonnement et de respect : son vêtement était populaire et semblable à celui d’un artisan, mais son regard était céleste ; son maintien modeste, grave et moins apprêté que celui même de son prédécesseur (Socrate), avait je ne sais quoi de sublime, où la simplicité s’alliait à la grandeur, et l’on ne pouvait l’envisager sans se sentir pénétré d’une émotion vive et délicieuse qui n’avait sa source dans aucun sentiment connu des hommes, « Ô mes enfants, dit-il d’un ton de tendresse qui pénétrait l’âme, je viens expier et guérir vos erreurs ; aimez celui qui vous aime et connaissez celui qui est ! […] Son parler était simple et doux, et pourtant profond et sublime ; sans étonner l’oreille, il nourrissait l’âme : c’était du lait pour les enfants et du pain pour les hommes.
La crise à laquelle il assistait n’était pas moindre qu’à Naples, mais le contraste était frappant ; il y put lire dans une autre âme, dans celle du pontife, une âme inflexible et douce, moins résignée encore qu’encline au martyre et comme altérée de persécution ; il fut agent passif, non insensible, dans cette pression pénible et violente que la politique de Napoléon prétendit exercer sur Pie VII. […] « Son œil est plein de feu, mais d’un feu doux, sa conversation riche et abondante, son expression toujours pittoresque, et sa pensée rarement ordinaire. » Rien n’égale à mes yeux le prix des témoignages contemporains quand ils sont donnés avec cette précision, cette justesse, et qu’ils nous arrivent contrôlés par les juges les plus compétents. […] Je souscris à tout ce que la relation me fait dire ; je réclame cependant pour un mot ; je voudrais circonspects au lieu de judicieux. » Les Français, en effet, quelque complaisance qu’on mette à les juger, sont évidemment très-rétifs à la nouveauté en littérature, et, du temps de Gœthe surtout, il était difficile de trouver judicieuse la disposition d’esprit où se tenaient la plupart des écrivains de l’Empire : évidemment circonspect était le mot le plus doux, le mot poli.
Le Gaulonite soutenait qu’il faut mourir plutôt que de donner à un autre qu’à Dieu le nom de « maître » ; Jésus laisse ce nom à qui veut le prendre, et réserve pour Dieu un titre plus doux. […] Le Jésus qui a fondé le vrai royaume de Dieu, le royaume des doux et des humbles, voilà le Jésus des premiers jours 224, jours chastes et sans mélange où la voix de son Père retentissait en son sein avec un timbre plus pur. […] Il n’avait pas encore de disciples, et le groupe qui se pressait autour de lui n’était ni une secte, ni une école ; mais on y sentait déjà un esprit commun, quelque chose de pénétrant et de doux.
Ballanche, inconnu alors, et loin de cette renommée douce et sereine qui le couronne aujourd’hui, lisait Oberman, et y saisissait peut-être des affinités douloureuses. […] Il y avait eu de l’orage ; les feuilles étaient humides et l’air était doux ; un rayon de soleil vint à percer, et il m’arriva d’être content : je me sentis en possession de mon existence.
mon amie, ne faisons point de mal ; aimons-nous pour nous rendre meilleurs ; soyons-nous, comme nous l’avons toujours été, censeurs fidèles l’un à l’autre. » « Je disais autrefois à une femme que j’aimais et en qui je découvrais des défauts (madame de Puisieux) : Madame, prenez-y garde ; vous vous défigurez dans mon cœur : il y a là une image à laquelle vous ne ressemblez plus. » Dans une lettre, Diderot raconte comment il est tout occupé de la philosophie des Arabes, des Sarrasins et des Étrusques ; puis il s’écrie avec un élan de tendresse incomparable : « J’ai vu toute la sagesse des nations, et j’ai pensé qu’elle ne valait pas la douce folie que m’inspire mon amie, j’ai entendu leurs discours sublimes, et j’ai pensé qu’une parole de la bouche de mon amie porterait dans mon âme une émotion qu’ils ne me donneraient pas. […] Leroy, homme d’esprit et philosophe, capitaine des chasses, amateur du sexe et ami de Diderot : « Si vous saviez combien je l’aime, écrit ce dernier, vous sauriez aussi combien il m’a été doux de le voir.
Il fut très simple et très doux (je ne l’ai jamais vu autrement). […] Leur liaison, très douce et très solide, pourrait durer encore.
Tandis que sa main frôleuse glisse le billet doux, son regard et ses lèvres sourient des promesses ou des malices et par le mot excitant qu’elle souffle à l’oreille on ne sait si elle raccroche pour elle ou pour sa maîtresse. […] Mais tout à coup éclate ce couac anachronique : « Il a dû naguère, à Guernesey, s’amuser beaucoup des journaux religieux, qui annonçaient, avec une douce charité chrétienne, que, frappé par Dieu dans son orgueil, Victor Hugo venait d’être atteint de folie. » Et Claretie nous raconte encore, en plein 1902 : « On entourait le poète qui, souriant devant cette mort, qui n’est heureusement pas près de le toucher, disait parfois avec sa gaîté robuste : — Il est peut-être temps de désencombrer mon siècle. » Que contiennent ces vieux articles mal repeints que Claretie et Fasquelle nous vendent honnêtement pour du neuf ?
J’avoue que je voudrais que le vieillard eût encore été plus doux et plus aimable, qu’il eût dit avec encore plus de bonté : Et même avec regret je puis compter l’aurore, Plus d’une fois sur vos tombeaux. […] On dirait que La Fontaine, déjà vieux et attendri par le rapport qu’il a lui-même avec le vieillard de sa fable, se plaise à le rendre intéressant, et à lui prêter le charme de la douce philosophie, et des sentimens affectueux avec lesquels lui-même se consolait de sa propre vieillesse.
Scott lui-même, le doux Scott, le grand bonhomme indulgent aux romanciers, pour lesquels il aurait le droit d’être sévère, s’il les jugeait du haut de sa supériorité, Scott le reconnaît dans la notice qu’il lui consacre. […] Seulement, vous ne vous douteriez jamais de ce que peut être ce petit et doux évangile de ménage… Eh bien, ce n’est ni plus ni moins que le Traité du Prince, transporté du dais des souverains à la cuisine.
Oui, à en croire cette déclaration, onctueusement superbe, où le Père suprême, qui n’est plus vêtu de bleu, mais de noir, parle doux, comme l’huissier de Molière : Il est vêtu de noir et parle d’un ton doux, à en croire cette déclaration, l’Église saint-simonienne existerait.
un accent bien byronien, quand Byron est doux, et qui a son charme de tristesse voluptueuse et amère : Où donc es-tu pendant que je suis à souffrir ? […] Heureux encor celui pour qui tu te prolonges, Ô sainte Illusion du rêve baptismal, Et qui, sous l’humble abri de son clocher natal, Vit et meurt dans la douce extase où tu le plonges.
La réflexion, le sang-froid et les conseils mêlèrent quelquefois des mœurs plus douces à l’emportement d’un guerrier, et à la fierté d’un prince ; mais souvent le lion rompait sa chaîne, et cette fois-là il fut terrible. […] Je sais bien qu’il y a, dans Cicéron même, de ces petits détails de vanité ; mais, dans l’orateur romain, ces faiblesses d’amour-propre sont relevées par la beauté du style, par une éloquence harmonieuse et douce, par une certaine fierté de sentiment républicain qui s’y mêle, enfin par le souvenir de ses grandes actions, et le parallèle qu’il fait souvent de lui-même et de ses travaux, avec ces grands de Rome, endormis sous les images de leurs ancêtres, fiers d’un nom qu’ils déshonoraient, inutiles à l’État et prétendant à le gouverner, rejetant tous les travaux et aspirant à toutes les récompenses.
Sa poésie moqueuse devient douce et charmante. […] « À partir du rivage qu’elle effleure, l’Adriatique soumise te portera sur ses flots paisibles ; et tes voiles s’enfleront d’un doux zéphir.
Il est doux de le pratiquer sans y songer. […] doux Tamerlan ! […] Pourtant, le doux Florian l’est un peu. […] que la terre est belle et que la vie est douce ! […] dit le doux Henri.
Mais cela chantonne d’une tendresse si fraîche, si émue ; cela nous frôle avec des caresses si simples et si douces… [La Vogue (15 juillet 1899).]
Sa jeunesse est franche, douce, amoureuse, et se rit dans un décor de camaïeu Watteau, jonché quelquefois de fleurs moroses du jardin d’ennui.
Jacques des Gachons Lorsque ce trouvère quitta sa viole, douce à vêtir les rêves de précises couleurs, il oublia toute naïveté, et ses yeux virent le monde, hier dédaigné pour les envols paradisiaques.
Ses Pastorales sont très-variées, & offrent un agréable tissu de pensées naturelles, naïves, délicates, embellies par une versification douce, simple, facile, & qui forme le vrai caractere de cette espece de Production, dont la tendresse est l’ame, & l’aménité le coloris.
On doit toujours de l’indulgence aux Auteurs qui, à son exemple, cultivent les Muses pour elles-mêmes, qui ont des mœurs douces & honnêtes, fruit d’un esprit sans orgueil & sans prétention.
Legay, Marcel (1851-1915) [Bibliographie] Chansons douces et chansons cruelles, avec préface de J.
Je dédie ce livre au rocher d’hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, à l’île de Guernesey, sévère et douce, mon asile actuel, mon tombeau probable.
La Poésie en est douce, simple, facile, souvent gracieuse, & toujours naturelle ; l’expression fidele du sentiment y tient lieu de ces images brillantes, de ces hardiesses de style, de ces tours vifs & énergiques qui caractérisent le langage poétique, & que la simplicité du genre n’admet pas.
Je puis donc compter deux moments doux dans ma vie. […] Mais je crains que les liens les plus doux ne vous soient devenus fort indifférents. […] Nos entours sont si doux, et c’est une perte si difficile à réparer ! […] Luneau, qui passe pour un homme doux, simple, droit et surtout pacifique. […] Il faut convenir qu’il y a des plaisirs bien doux, et qui sont à bon prix.
rends grâce à ton sort de ce flot lent et doux Qui te porte en silence où nous arrivons tous, Et, comme ton destin si borné dans sa course, Dans son lit ignoré s’endort près de sa source ; Ne porte point envie à ceux qu’un autre vent Sur les routes du monde a conduits plus avant, Même à ces noms frappés d’un peu de renommée ! […] Là s’asseyaient Hugo ; Alexandre Dumas, égal à tout ce qu’il tente ; Balzac, trop peu apprécié pendant qu’il vivait, et qui cachait, comme le premier Brutus, son génie à peine soupçonné sous un gros rire d’enfant ; Eugène Sue ; Jules Janin, après Diderot le seul critique lyrique, mais mille fois plus sensé, plus poète et plus improvisateur que Diderot ; Ponsard, qui retrouvait le neuf dans l’antique ; Théophile Gautier, Cabarrus, Morpurgo, le charmant d’Orsay, dont les grâces d’esprit surpassaient celles de la figure, et qui employait toute une vie à demander grâce pour un jour de jeunesse ; moi-même, enfin, silencieux au bruit de ces esprits entrechoqués dans de doux entretiens. […] C’était la figure d’un élément : grosse tête, cheveux épars, sur son collet et sur ses joues comme une crinière que le ciseau n’émondait jamais, traits obtus, lèvres épaisses, œil doux mais de flamme, costume qui jurait avec toute élégance, habit étriqué sur un corps colossal, gilet débraillé, linge de gros chanvre, bas bleus, souliers qui creusaient le tapis, apparence d’un écolier en vacances qui a grandi pendant l’année et dont la taille fait éclater les vêtements. […] Je vis un petit homme taillé en force par la nature, dispos, d’aplomb sur tous ses membres comme s’il eût été toujours prêt à l’action, la tête bien en équilibre sur le cou, le front pétri d’aptitudes diverses, les yeux doux, la bouche ferme, le sourire fin, la main courte mais bien tendue et bien ouverte comme ceux qui, selon l’expression plébéienne, ont le cœur sur la main. […] Cette foule avait en général l’œil doux, la figure souffrante, le visage pâle, les lèvres tremblantes d’émotion.
« C’est à cet ascendant de la beauté qu’on fait servir dans les comédies, les âmes qu’on appelle grandes, ces doux et invincibles penchants de l’inclination ! […] Isidore le calme quelque peu en lui disant avec un doux sourire : Tout cela sent la nation, et toujours messieurs les Français ont un fonds de galanterie qui se répand partout. […] Mais, tout ce grand bruit de l’orateur se peut-il comparer à l’esprit, à la grâce, à l’innocente épigramme, à la douce raillerie du poète comique ? […] Ne sentez-vous pas cette douce odeur d’ambre et de tubéreuses séchées ? N’entendez-vous pas cette voix douce et sonore à la fois ?
La mélancolie en est si douce, on croit voir entre leurs feuilles le sourire du cher disparu, Verlaine ; une rosée de larmes s’égoutte de leurs grappes… Ils sont frais, clairs, translucides.
Sa Traduction en Vers des Métamorphoses d’Ovide, la moins médiocre de ses Productions, est si infidelle, si dépourvue de talent, si éloignée de la versification douce, élégante & facile de l’Original, qu’elle est une véritable métamorphose des Métamorphoses.
Georges Marlow est un poète de vieilles cloches et de nuances éteintes ; il est l’halluciné veilleur de lampes et le doux faiseur de guirlandes.
Lorsque Tibulle, le plus affectueux après Virgile, et le plus doux des Romains, dit à sa Délie, en des vers pleins de tendresse, qu’il ne demande avec elle qu’une chaumière et la pauvreté, il mêle encore à l’idéal de son bonheur ces images du labour : Ipse boves, mea, sim tecum modo, Delia, possim Jungere, et in solo pascere monte pecus ; Et te dum liceat teneris retinere lacertis, Mollis et inculta sit mihi somnus humo. […] Virgile est un poëte véritablement religieux ; il y a dans l’inspiration de sa muse un souffle doux, puissant, pacifique, qui lui fait adorer et invoquer en toute rencontre les divinités clémentes.
Ce sont des hommes doux, bien meilleurs que moi, et qui ont coutume de découvrir, chaque saison, dans les pièces qui leur sont soumises, une bonne douzaine de « scènes supérieures » et de « scènes de premier ordre. » J’estime tout naturel que vous ayez plus de confiance en eux qu’en moi et que vous mettiez leur jugement fort au-dessus du mien ; mais enfin c’est le mien, et non le leur, que vous me demandiez, quand, avec l’espoir effréné que je vous trouverais du génie, vous m’avez convié à la représentation de votre drame et m’en avez même envoyé la brochure. […] Vraiment, cela n’est pas de jeu, quoi qu’il en ait semblé à nos doux juges.
Peut-être serait-on fondé à lui reprocher de n’avoir pas mis assez de variété dans le genre d’intérêt qu’il inspire : c’est toujours l’expression d’un sentiment vif et violent ; il l’aurait pu montrer vif et doux, et passer de l’amour effréné à l’amour tendre, de l’amour timide à l’amour heureux. […] Il y a dans Virgile, dans Voltaire, dans Tacite même, telle phrase de sentiment que je préférerais à toute cette chaleur physique ; malgré tout l’effet qu’elle produit sur moi, elle ne fait que m’agiter, et la véritable expression du sentiment laisse dans mon âme une impression douce et délicieuse.
Martin, avec son air posé et doux (je ne dirai pas son air de colombe, mais de bon gros pigeon pattu et pas trop rengorgé dans son jabot dormant), est plus résolu et tranche plus net que M. […] La femme, écrit-il, doit jouer un rôle égal à celui de l’homme dans une civilisation bien faite, « mais ce jour semble ajourné à l’époque où ne domineront plus l’audace, la valeur guerrière, incompatibles avec sa nature douce et résignée… seulement, soyons tranquilles, ce jour arrivera… » Dites-vous-le bien, messieurs les officiers de spahis !
Il m’a été doux de rendre hommage à cette Muse simple, croyante et toujours inspirée, éprise de tout ce qui mérite, seul, un regret de la vie : l’Amour et les fleurs.
On trouve ces qualités dans son œuvre, soit qu’il se livre à son goût particulier pour le rire, soit qu’il s’abandonne à des inspirations plus douces et quelquefois même à une certaine mélancolie.
Aux qualités qui caractérisent le sage & bon Littérateur, M. l’Abbé Fontenai réunit des mœurs douces & aimables, qui le font chérir & rechercher de tous ceux qui le connoissent personnellement.
Cheminais, ni une éloquence aussi persuasive ; ses Sermons approchent cependant de cette touche vive & douce, qui a servi peut-être de modèle à ce dernier.