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1228. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Tout cela, Maxwell et Boltzmann l’ont expliqué, mais celui qui l’a vu le plus nettement, dans un livre trop peu lu parce qu’il est un peu difficile à lire, c’est Gibbs, dans ses principes de Mécanique Statistique.

1229. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Mais on se console en songeant que, si sa puissance interne est diminuée, sa création est bien plus personnelle, qu’il possède plus éminemment son œuvre, qu’il en est l’auteur à un titre plus élevé ; en songeant que l’état actuel n’est qu’un état pénible, difficile, plein d’efforts et de sueurs, que l’esprit humain aura dû traverser pour arriver à un état supérieur ; en songeant enfin que le progrès de l’état réfléchi amènera une autre phase, où l’esprit sera de nouveau créateur, mais librement et avec conscience.

1230. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Le propre de ces cultures scolastiques est de fermer l’esprit à tout ce qui est délicat, de ne laisser d’estime que pour les difficiles enfantillages où l’on a usé sa vie, et qu’on envisage comme l’occupation naturelle des personnes faisant profession de gravité 587.

1231. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Certains déchiffreurs de paperasses ont fini par croire ou faire croire que le but principal de l’histoire est d’exhumer et d’étaler au grand soleil ces débris émiettés du passé ; ils ont oublié que sa tâche, plus noble et plus difficile, consiste surtout à interpréter et à résumer cette masse de documents humains.

1232. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

» Mais, dans le domaine intellectuel, combien il est difficile de préciser, alors que le génie national se manifeste sous des apparences s. diverses, ce qui appartient à la race, et surtout ce qui lui appartient exclusivement !

1233. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Ne faut-il pas penser que c’est plutôt la complexité, l’hétérogénéité de ces phénomènes qui en rend l’analyse si difficile ?

1234. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

La science des marées n’est donc pas encore une science exacte, non par une impossibilité radicale tenant à sa nature, mais parce qu’il est très difficile de constater avec précision les uniformités dérivées.

1235. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Rien que mariée à l’un de ces fidèles d’Angennes qui servaient Henri IV et ne le jugeaient pas, il lui était difficile de ne pas s’intéresser au prince de Condé dont l’éducation avait été confiée au marquis de Pisani, son père, et qui était indignement persécuté par le roi, follement l’amoureux de la femme qu’il lui avait donnée avec l’intention de la lui ravir9.

1236. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Ce sont des questions qui tiennent au secret de chacun, et sur lesquelles il serait difficile de se prononcer par conjecture.

1237. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

. — Ceux qui se servent de ces comparaisons ne s’aperçoivent pas qu’ils tombent dans ce genre de sophisme qui consiste à prouver le même par le même (idem per idem) : c’est ce qu’il n’est pas difficile d’établir.

1238. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Quant à l’école socialiste, elle a traversé les phases les plus curieuses, assez difficiles à décrire avec précision.

1239. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Ricciotto Canudo est difficile à classer.

1240. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Ce trait ne pèche point contre la règle que nous venons d’établir, parce que le temps où Ulysse vivait est supposé compris dans l’époque que nous avons indiquée ; d’ailleurs, ce rapprochement des voyages d’Ulysse avec celui de la tortue est si plaisant, que le lecteur s’y rendrait bien moins difficile.

1241. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de se passer de masses ; sans masses point d’effet.

1242. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Un grand plaisir, difficile pour la plupart et pour moi du moins, avec les prosateurs, très facile avec les poètes, est, non plus de lire, mais de réciter de mémoire les morceaux qui se sont fixés dans notre esprit et que nous chérissons de dilection particulière.

1243. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Mais, avant de terminer ce chapitre, il faut que j’explique deux choses ; car, dans une telle matière, il est très difficile d’être clair d’après un simple énoncé, surtout lorsqu’on a peu l’habitude de ces sortes de discussions.

1244. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Seul un grand artiste, un grand peintre, aussi difficile à rencontrer que les modèles comme Gaston de Raousset-Boulbon sont rares, pourrait peut-être, à la condition d’un chef-d’œuvre, empêcher de périr la mémoire de cet aventurier à qui tout a manqué, excepté lui-même, pour être le lord Clive de son pays !

1245. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Sa gloire, c’est son œuvre, l’œuvre spéciale à laquelle nul autre que lui ne mit la main et ne pouvait l’y mettre, l’œuvre pour laquelle il n’y a ni aide, ni collaborateur, ni amis comme pour faire une République, et qui était un peu plus difficile à faire qu’une République !

1246. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Le Système du monde de Laplace n’a qu’un petit nombre de lecteurs qui l’entendent et peuvent le juger, mais les écrits de sainte Térèse sont plus difficiles à comprendre, dans les arcanes de leur beauté, que les livres même de Laplace.

1247. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Seulement, la tête de l’Église n’est sur les épaules de personne, et la Papauté, qui dure plus que le Pape, est encore plus difficile à tuer d’un seul coup que le genre humain !

1248. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Rien, en effet, dans un ouvrage où la clarté qu’on trouve rend très difficile sur la clarté qui n’y est pas, ne nous atteste d’une manière précise et fermement articulée que l’auteur ait le bonheur d’être catholique, mais rien, non plus, n’affirme qu’il ne le soit pas.

1249. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

En religion, les saints sont les héros, et elle était une héroïne, qui courait toujours au plus difficile, au plus escarpé, au plus terrible dans la discipline, dans la règle, dans la stricte observance !

1250. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Mais, franchement, la destination de la poésie, ce dictame des cœurs souffrants et cette volupté de l’intelligence, n’est pas de faire uniquement des vers comme ceux-ci : nugæ difficiles !

1251. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Alors, encore, ce qui était facile à la Critique quand il s’agissait des combinaisons d’un roman, devient extrêmement difficile lorsqu’il faut rendre compte de cette adorable chose qu’on appelle des lettres d’amour, pour en faire apprécier intégralement la délicate et opulente beauté… Il n’y a plus là, en effet, ni plan qu’on puisse saisir, ni mise en œuvre, ni drame, ni visée d’art quelconque, mais seulement les tendresses et les transports d’une âme exceptionnelle, dépaysée par sa supériorité dans un temps de civilisation excessive, où l’amour, tel qu’il est dans ces lettres, a presque cessé d’exister.

1252. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Qu’il descende donc de ses Pléiades, qu’il replace ses pieds sur le terrain de la réalité (cela ne lui sera pas difficile puisqu’il est diplomate !)

1253. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Car à supposer que les formes dont on parle, et auxquelles nous adaptons la matière, viennent entièrement de l’esprit, il semble difficile d’en faire une application constante aux objets sans que ceux-ci déteignent bientôt sur elles : en utilisant alors ces formes pour la connaissance de notre propre personne, nous risquons de prendre pour la coloration même du moi un reflet du cadre où nous le plaçons, c’est-à-dire, en définitive, du monde extérieur.

1254. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il est difficile de rêver une existence enchâssée aussi purement que la mienne. […] En dépit de la vraisemblance, un artiste est toujours d’autant plus facile à copier qu’il s’est servi de procédés plus difficiles, et l’on peut s’assimiler d’autant mieux sa manière qu’elle est plus stricte et plus ardue. […] Seulement il ne savait pas, et il est parfois difficile pour le lecteur de savoir ce à quoi il aspirait. […] Faut-il des exemples — sinon dans la réalité où la preuve serait difficile à établir, au moins dans la littérature ? […] Nous chercherons donc avant tout la cause, ou plutôt les causes multiples de cette indécision à leur égard, et ce sera, à la vérité, une assez longue et difficile étude.

1255. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

De là, il faut bien le dire, des ellipses, des sous-entendus, des mots pléthoriques d’intentions qui parfois rendent difficile l’accès de la pensée ingénieuse et élevée de l’auteur. […] madame, il y a des fois où la place des femmes de chambre est bien difficile, surtout quand on est dévouée aux maîtres !  […] En sorte que son œil, juste autant que son esprit, a gardé cette première vision si précieuse et si difficile à conserver pour bien juger. […] Ajoutez aussi le mépris pour les neutres, qui, dans les temps difficiles, se traduit par une haine plus violente que la haine de l’ennemi. […] Il ne veut pourtant pas que la ruine devenue inévitable des religions « prétendues révélées » entraîne la disparition des sentiments religieux : Le christianisme nous a rendus trop difficiles, trop exigeants.

1256. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Cœur d’or, mais caractère extrêmement difficile ! […] Et pourtant il est difficile de se figurer une divergence plus complète de la forme qu’une même idée générale a revêtue chez ces deux auteurs. […] Des forçats libérés y travaillent ; le propriétaire n’est pas difficile et prend les gens qui s’offrent sans s’enquérir de leur passé. […] Quoique, là aussi, il soit difficile de tomber juste toujours et de ne pas faire de l’ironie quand on veut éviter la sentimentalité ! […] » — « Comme il est difficile de répondre à votre question d’une manière satisfaisante ! 

1257. (1924) Critiques et romanciers

C’est difficile de supprimer toute incertitude à chaque instant, de n’aimer rien dans un livre ou de l’aimer de la première ligne à la dernière. […] Filon, qui connaissait le peuple d’Angleterre, lui eût confié le soin de résoudre les plus difficiles problèmes. […] Ce n’est pas une vertu si terriblement difficile, et pour lui qui la possédait mieux que d’autres et aussi bien que personne. […] Et notre victoire difficile et tardive est-elle, au bout du compte, la victoire de la logique ? […] Il est difficile de démêler, parmi les éventualités de jadis et de naguère, celles qui avaient le plus de chances de ne pas s’anéantir.

1258. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Il est assez difficile de déterminer ce qui a pu donner lieu à nos méthodistes de retrancher du tableau de leurs conjugaisons, des expressions d’un usage si nécessaire, si ordinaire, & si uniforme. […] Ce qui concerne l’écriture doit aller assez parallelement avec ce qui appartient à la parole : il est difficile de bien sentir les caracteres distinctifs des différentes especes de mots, sans connoître les vûes de l’analyse dans l’expression de la pensée ; & il est impossible de fixer bien précisément la nature des accidens des mots, si l’on ne connoît les emplois différens dont ils peuvent être chargés dans la proposition. […] Avec de l’attention sur le vrai sens des mots, sur le véritable tour de la construction analytique, & sur l’usage légitime des figures, l’hypallage va donc disparoître des livres des anciens, ou s’y cantonner dans un très-petit nombre de passages, où il sera peut-être difficile de ne pas l’avouer. […] Si l’italien, l’espagnol & le françois sont entés sur une même langue originelle, ces trois langues auront apparemment chacune à part leurs idiotismes particuliers, parce que ce sont des langues différentes ; mais il est difficile qu’elles n’aient adopté toutes trois quelques idiotismes de la langue qui sera leur source commune, & il ne seroit pas étonnant de trouver dans toutes trois des celticismes.

1259. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Aujourd’hui, dans l’écroulement, non plus hypothétique, mais réel, de l’espérance en un Dieu rémunérateur et vengeur, rien n’est devenu plus difficile que de faire comprendre et accepter aux hommes des devoirs sans sanction divine, et d’obtenir du « bon gorille », comme disait Renan, la continuation de son effort moral. […] La vie éternelle, voilà la seule vie digne de ce nom : contemplée avec une religieuse ardeur dans les conditions difficiles et rares qui en autorisent l’espérance, ne peut-elle devenir une aspiration très haute et capable de fournir à l’esprit cet idéal, que d’abord nous n’avions pas aperçu dans le simple désir naturel de vivre ? […] J’avoue même sans aucune répugnance que ces sages pratiquent seuls la moralité vraie dans son intégrité absolue, puisque l’intérêt personnel en corrompt essentiellement le principe et qu’il me semble bien difficile de disculper la morale chrétienne de ce vice fondamental. […] Y a-t-il rien de plus difficile à concilier avec le don poétique et à distinguer d’avec l’indigence ? […] Toute réputation littéraire est une victoire sur l’inattention et l’indifférence naturelles des hommes ; il devient extraordinairement difficile de gagner l’oreille du public, quand le principal intéressé n’est plus là pour la remplir du bruit de son nom et de son ouvrage.

1260. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Elle le discipline, elle l’exerce, elle le rend sérieux, elle le rend difficile. […] Il est difficile de s’entendre autant que Malherbe s’est entendu avec Ronsard, sans s’en apercevoir, comme il arrive. […] Il y avait une gloire à continuer d’écrire comme cela ; il en a voulu une plus haute ou, pour mieux dire, plus difficile. […] Plus grande que celle de Renan, qui était d’assimilation plus difficile, qui était plus lentement pénétrable. […] Bien attrapée, cette Anglaise, et depuis qu’on nous en croque, il était difficile de n’être pas banal en telle peinture.

1261. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Elle a sa figure propre, elle a son esprit particulier, qu’il est difficile de reconnaître. […] Mais ce sont là des sujets infiniment délicats et beaucoup plus difficiles pour moi que la couleur et le tissu du style. […] Jean Moréas est plutôt un auteur difficile. […] Joseph Bertrand est incomparable pour décider des cas difficiles. […] Par malheur, ils étaient d’un symbolisme compliqué et difficile.

1262. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Qu’il est difficile de parler devant un public ; et quel public qu’un maître et des concurrents qui vous jugent, l’un avec une raison sévère, les autres avec une bienveillance équivoque ! […] Tâche difficile que Shakespeare réussit à remplir presque autant par ses défauts que par son génie. […] Mais le texte assez difficile à débrouiller dans ses surcharges n’avait pas toujours été bien donné.

1263. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

« Pour parler de la vie que je mène, et dont vous avez la bonté, écrit-elle à son amie69, de me demander des détails, je vous dirai que la maîtresse de cette maison est bien plus difficile à vivre que le pauvre ambassadeur. » Parlerait-elle sur ce ton de quelqu’un qui lui rappellerait décidément une faute odieuse, avilissante ? […] « Il y règne un ton de mollesse et de grâce, et cette vérité de sentiment si difficile à contrefaire84. » Je ne les conseillerais pas à de beaux-esprits qui ne prisent que le compliqué, ni aux fastueux qui ne se dressent que pour de grandes choses ; mais les bons esprits, e t qui connaissent les entrailles (pour parler comme Aïssé elle-même), y trouveront leur compte, c’est-à-dire de l’agrément et une émotion saine. […] Au moral on la connaît déjà : de ce qu’elle a des scrupules, de ce que des considérations de vertu et de devoir la tourmentent, ne pensez pas qu’elle soit difficile à vivre pour ceux qui l’aiment ; on sent, à des traits légèrement touchés, de quel enchantement devait être ce commerce habituel pour le mortel unique qu’elle s’était choisi ; ainsi dans cette lettre xvie (celle même où il était question de Mme du Deffand) : « J’ai lieu d’être très-contente du chevalier ; il a la même tendresse et les mêmes craintes de me perdre.

1264. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Il repoussa les avantages offerts, voulut se garder libre, et, puisqu’il était catholique et que son don particulier était celui de l’écrivain, fonda un journal catholique : entreprise hasardeuse et qui eut de difficiles commencements. […] Il n’est pas difficile de comprendre qu’un pays où règne l’individualisme n’est plus dans les conditions normales de la société, puisque la société est l’union des esprits et des intérêts, et que l’individualisme est la division poussée à l’infini… Tous pour chacun, chacun pour tous, voilà la société. […] Vous y aimerez tout : le naturel, la simplicité des mœurs, la bonhomie, l’esprit, le comique, — ce comique invincible qui secouait sur sa base mon bon maître Sarcey, un jour que j’étais chez lui et qu’il lisait le morceau sur les douches ascendantes, à moins que ce ne fût la conversation avec le dentiste ; — et les portraits et les paysages en trois coups de plume, et mille traits spontanés d’un pittoresque intense ; et toutes les vertus que trahissent ces libres expansions, la fierté, le désintéressement, l’indépendance, l’éloignement du monde, la douceur patriarcale envers les serviteurs, et la charité, et les larges aumônes, et la libéralité (« … N’oublie jamais qu’un chrétien doit être humble, mais magnifique. » À son Frère, I, page 284) ; et la grâce partout répandue, et, — comme il ne visite guère en voyage que des chrétiens comme lui et des gens d’église ou de couvent  un sentiment difficile à comprendre pour les profanes, le sentiment d’une sorte de franc-maçonnerie spirituelle, d’une sécurité sereine et très douce dans la communauté des croyances.

1265. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il est difficile de le croire. […] Il fut plus difficile de trouver une Gervaise. […] Dailly fut chargé du rôle difficile de Mes-Bottes, qu’il joue avec tant de bonne humeur.

1266. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Bien autrement difficile serait d’accorder à nombre de héros réalistes la valeur de types de l’homme réel. […] Les jeunes gens qui débutent par des œuvres naturalistes s’attaquent à ce qu’il y a de plus difficile. […] Or, il n’est pas difficile de montrer que tout faux réaliste fait de l’idéalisme à rebours.

1267. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

M. de Banville, on s’en souvient, pose cet axiome : « On n’entend dans un vers que le mot qui est à la rime. » Le paradoxe est ingénieux ; mais, pour ne citer qu’un exemple, dans le retour de Jocelyn que son chien accueille, il est difficile de n’entendre que les mots à la rime : « Ô pauvre et seul ami, viens, lui dis-je, aimons-nous ! […] Le difficile était d’amener le piton de Zoug, qui rime uniquement avec joug. […] Certes, quand la rime est l’occasion de pareilles trouvailles, elle mérite des adorations ; malheureusement, ce qui est difficile à trouver, ce ne sont pas les rimes riches, c’est la poésie capable de remplir l’intervalle entre l’une et l’autre282.

1268. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Mais le génie d’une langue a ses mystères ; il est souvent difficile de justifier d’une façon satisfaisante pour l’entendement telle image, que, pourtant, nous comprenons sans peine, et qui, si notre réflexion se tait, nous paraît juste, et non pas seulement gracieuse ou brillante ; il me semble que, parfois, les figures du style plaisent à l’esprit pour plus d’une raison et ne peuvent être rangées exclusivement dans aucune des catégories que distinguent les dictionnaires. […] La parole intérieure vive, soit morale, soit imaginative, soit passionnée, est incontestablement sous-entendue dans certains cas ; pour d’autres, la chose est douteuse ; enfin, il est des locutions qui s’expliquent au mieux sans qu’on fasse intervenir la parole intérieure ; le difficile est de fixer les limites de son influence. […] Si c’est un de mes semblables, je m’imagine lui parler, et il est difficile que je le suppose à la fois attentif et silencieux, que je n’imagine pas une réponse conforme à ses idées et à son caractère, réponse à laquelle je m’empresse de répliquer.

1269. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Ce n’était pas là un type difficile à trouver, une révélation, une découverte. […] Je trouve très beau à notre Balzac, rencontré, pendant les trois jours de juin sur les ponts où il pleuvait des balles, par un ami qui lui reprochait de n’être pas préoccupé des malheurs publics et de la Révolution, de répondre comme il répondit : « Mon cher, je fais en ce moment une chose plus difficile qu’une révolution, c’est le mariage de M. de Vandenesse avec mademoiselle de Mort-sauf », Seulement, pour revenir à Gœthe, son rêve, à lui, ne fut jamais une absorption. […] Il l’avait trouvée trop difficile à couper, et elle était restée sur les épaules immortelles où Dieu l’avait mise, comme un phare de lumière inextinguible pour tous les envieux de l’avenir.

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