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507. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Certes, qui ne se serait attendu à des phrases d’avocat et à des opinions d’avocat, dans ce pourchas d’avocat ! Moi, tout le premier je m’y attendais… Mais quelle agréable surprise !

508. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Il fallait attendre, que les renseignements vinssent par l’effort d’une érudition patiente et acharnée, et il fallait aussi pour l’écrire que l’homme s’attendît lui-même.

509. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Il semble même s’être attendu pour l’écrire, mais, tout en s’attendant, il a montré dans une grande quantité d’écrits de ces qualités de vue, de groupement et de style, qui pouvaient faire tout espère ? […] Les choses en étaient arrivées, entre les Stuarts et l’Angleterre, à cette redoutable extrémité qu’il n’y avait plus entre eux que le choc des deux plus inflexibles et saintes choses qu’il y ait dans le cœur des hommes, — le choc de deux consciences qui, ni l’une ni l’autre, ne pouvaient céder… Lorsque les questions sont posées à cette profondeur d’âme, on n’attend pas longtemps le résultat.

510. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

n’a pas vu, en raison de sa science ; car il n’est donné qu’à l’idée fixe d’une science quelconque de passer les yeux ouverts auprès des plus grosses vérités sans les voir, et seule, peut-être, une intelligence d’économiste ou de philosophe, émoussée par la préoccupation de la matière et de ses vaines combinaisons, devait attendre uniquement d’un peu de poussière : de la production matérielle, le soulagement de cette souffrance organisée et infinie qui constitue l’âme humaine, et à laquelle les hommes, par leurs institutions ou par leurs vices, ont trouvé moyen d’ajouter. […] On s’attendait réellement à mieux qu’à des détails, intéressants d’ailleurs et d’une grande variété de renseignements, sur les souffrances et l’état d’abaissement de la femme et de l’enfant chez tous les peuples de la terre.

511. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

« Jamais — nous enseigne-t-il — l’homme n’est plus grand que quand il admire. » Mais c’est là une grimace suspendue, attendu que, pour être admirable d’admirer, il faudrait au moins nous dire quoi, et Vacquerie ne nous le dit pas. […] « Racine — dit-il — est une vieille botte. » Il est évident qu’un polisson, tel polisson qu’il soit, est dans l’humanité au-dessus d’une vieille botte, et que la mémoire de Racine, tout humiliée qu’elle fût depuis longtemps par un premier coup de pied romantique, ne s’attendait pas à cette botte-là !

512. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

avec la réputation de l’auteur, ses précédents, sa vie extérieure, son imagination, brillante et bruyante, et toute cette nature alcibiadesque qui est la sienne et qui semble avoir, comme le caméléon amoureux de la Légende, des reflets plus séduisants que des couleurs, on se serait attendu, en pensant à cette plume chaude et passionnée, bien plus à une œuvre d’imagination, de rythme ouvragé, de grande broderie, qu’à un livre de sentiment. […] Chère âme je vous attends.

513. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

L’amour qui n’attend rien, et qui prétend seulement aimer, ne saurait essuyer de refus ni d’outrage. […] » Qu’est-ce qu’on attendait donc ? […] Attendons.) […] Les voitures attendent sous les remises, les chevaux dans les écuries, les valets dans les antichambres. […] Un omnibus des pompes funèbres attend les joyeux touristes pour les conduire à la gare.

514. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Paul Chalon »

Vous avez dû le remarquer : ceux de nos compagnons de jeunesse qui nous ont été enlevés dans leur printemps, ce sont presque toujours les meilleurs et les mieux doués, ceux dont nous attendions le plus, ceux à qui nous croyions du génie.

515. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 531-533

Avertir des défauts qui lui échappent un Peintre habile, entre les mains de qui on voit un pinceau capable de tout, c’est se montrer jaloux de sa gloire & non de son merite ; c’est lui indiquer les routes de la perfection, & concourir foiblement à la vérité, mais toujours concourir aux chef-d’œuvres que le Public a droit d’attendre de ses talens.

516. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 167-169

On ne se seroit pas attendu, après cela, que les Entretiens de Phocion, si lumineux & si utiles pour la Morale, fussent devenus la matiere du radotage insipide d’un Héros de Roman.

517. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 280-282

Las d’espérer & de me plaindre Des Muses, des Grands, & du Sort, C’est ici que j’attends la mort, Sans la désirer ni la craindre.

518. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 353-355

Titon auroit dû mettre plus de discernement dans le choix de ceux qu'il a gratifiés de l'apothéose ; Abeille, Baïf, Colletet, Dalibrai, l'Etoile, &c. ne devoient jamais s'attendre à figurer parmi ses Héros ; & la distinction cesse d'être flatteuse, quand elle est trop prodiguée.

519. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

On attend sans impatience les événements. […] Voilà bien où nous attend M.  […] C’est celle qu’on pouvait attendre d’un homme qui tenait Helvétius pour le plus grand des philosophes. […] À la clinique, on s’attend à rencontrer des malades ; dans les traités spéciaux, on s’attend à trouver la description de cas morbides ; c’est ce qu’on y est venu chercher. […] Tarde attend beaucoup des bienfaits de la presse.

520. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Toujours l’effet a été inférieur à celui qu’on en attendait, ce qui pourtant n’a jamais diminué l’admiration que nous ressentons pour le grand poète anglais. […] Voilà bien ce siège d’attente dont nous parlions ; or, ici, il annonce une scène subséquente dont le public est ainsi averti, qu’il attend, et qui se produira en effet. […] Le théâtre ne peut véritablement s’applaudir que lorsqu’aux moments précis les effets attendus se manifestent dans toute leur intégrité. […] Une tragédie domestique l’attend au seuil de son palais ; et l’inceste se dresse devant lui, sans lui laisser le temps de la réflexion. […] On attend le roi, celui en qui se résume les espérances de tout un parti.

521. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

On ne poursuit, on n’attend, on ne fait rien que par lui seul. […] Quand le rat sort de terre entre ses pattes, il n’attend pas comme dans Esope que la pauvre bête lui demande grâce ; « il montre ce qu’il est », il la fait d’abord et noblement. — Au dernier moment, le poëte se prend de compassion pour lui. […] La chapelle du roi se remplissait de courtisans quand il allait à la messe ; un jour qu’il y vint sans être attendu, il fut étonné de la trouver vide. […] Il attend son destin sans faire aucunes plaintes. […] Mais il crut mieux faire d’attendre Qu’il eût un peu plus d’appétit ; Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.

522. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVIII » pp. 313-315

Il n’y a pas eu de combat, attendu que le ministère a trouvé un moyen, depuis quelque temps, pour s’assurer de la majorité, c’est d’adhérer à toutes les mesures que propose l’opposition ; il résulte de là que le ministère, au lieu de la majorité, a tout simplement l’unanimité.

523. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dujardin, Édouard (1861-1949) »

Tristan Klingsor À vrai dire, il ne faudrait pas s’attendre à trouver en M. 

524. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 441-443

Ce qui fait honneur au jugement de l’Abbé de Villiers, c’est qu’il s’étoit attendu à cette éclipse ; jamais personne n’attacha moins de mérite à ses Productions.

525. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Errata Du Tome second. » pp. -

M. de la Baumelle a annoncé depuis long-tems une version de l’Historien latin que le public attend avec impatience.

526. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Sur les exercices, des. Cadets russes. » pp. 549-546

Ils sauront opposer un tempérament robuste dans le cours de leur vie aux conjonctures difficiles qui les attendent.

527. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Challe  » pp. 141-142

Cependant il faut attendre que ce morceau soit décroché et mis sur le chevalet pour confirmer ou rétracter ce jugement.

528. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Machy » pp. 174-175

Pour la perspective, il en est rigoureux observateur, les objets font bien l’effet qu’on en doit attendre.

529. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

« Ni dans un firmament serein voir circuler les vagues étoiles, ni sur une mer tranquille voguer les navires pavoisés, ni à travers les campagnes étinceler les armures des cavaliers couverts de leurs cuirasse, ni dans les clairières des bocages jouer entre elles les biches des bois ; « Ni recevoir des nouvelles désirées de celui dont on attend depuis longtemps le retour, ni parler d’amour en langage élevé et harmonieux, ni au bord des claires fontaines et des prés verdoyants entendre les chansons des dames aussi belles qu’innocentes ; « Non, rien de tout cela désormais ne donnera le moindre tressaillement à mon cœur, tant celle qui fut ici-bas la seule lumière et le seul miroir de mes yeux a su en s’ensevelissant dans son linceul ensevelir ce cœur avec elle ! […] Il demanda si j’étais à Avignon ; je ne sais s’il attendait de moi quelques secours, et je ne vois pas ce que je pourrais faire pour lui. […] La distance d’Arquà aux grandes villes y défendait Pétrarque de l’importunité des visiteurs trop attirés par sa renommée ; cette retraite était propre à contempler la vie de loin, sous ses pieds, et à attendre en paix la mort. […] « Et elle me répond : “Elle est bientôt accomplie ta destinée, et les vingt ou trente années qu’elle peut tarder encore te paraissent beaucoup et ne sont rien comparées à l’éternité qui nous attend ! […] J’y venais souvent passer l’été avec ma mère.” — Elle se tut, s’arrêta et détourna sa tête en arrière comme pour attendre l’Isabellina, qui s’était un peu distancée de nous.

530. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Le livre tombe des mains avant d’avoir dit son dernier mot, tant on a perdu de mots oiseux à l’attendre ; l’esprit est saisi à chaque instant d’une de ces impatiences fébriles qui bouillonnent en nous jusqu’à un véritable accès de colère, croyant toujours toucher à un but qu’on lui dérobe toujours ; or, irriter et impatienter l’esprit, ce n’est pas un bon procédé pour le convaincre. […] Athéniens, vous aimez la gloire, et, si je voulais agir ainsi, vous ne devriez pas le souffrir ; vous devriez déclarer que celui qui recourt à ces scènes pathétiques pour exciter la compassion vous dégrade, et que vous le condamnerez plutôt que celui qui attend tranquillement votre sentence. […] Le geôlier, qui leur ouvre les portes, les prie d’attendre un peu, parce qu’on ôte en ce moment les fers du condamné : les fers tombés, ils sont introduits. […] « Qu’il espère donc bien de son âme, celui qui, pendant sa vie, a rejeté les plaisirs et les biens du corps comme lui étant étrangers et portant au mal : celui qui a aimé les plaisirs de la sagesse, qui a orné son âme, non d’une parure étrangère, mais de celle qui lui est propre, comme la tempérance, la justice, la force, la liberté, la vérité ; celui-là doit attendre avec sécurité l’heure de son départ pour le meilleur monde. […] « En disant ces mots, il se leva et passa dans la salle du bain ; nous l’attendîmes, tantôt en nous entretenant de tout ce qu’il avait dit, tantôt parlant de l’affreux malheur qui allait nous frapper, nous regardant véritablement comme des enfants privés de leur père, et condamnés à passer le reste de notre vie comme des orphelins. » XXVI « Après qu’il fut sorti du bain, on lui apporta ses enfants, car il en avait trois, deux en bas âge et un qui était déjà assez grand, et on fit entrer les femmes de sa famille.

531. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Il y a dans toutes les âmes pour les inspirations de cette espèce une prédisposition magnétique qui attend pour ainsi dire leur publication, et qui la suit de si près qu’on dirait qu’elle la précède. […] — Attends un peu, mon âme, attends l’accomplissement des promesses de Dieu, et tu auras dans le ciel l’abondance de tous les biens. […] Vous ne travaillerez pas longtemps ici-bas, et vous ne serez pas toujours dans les douleurs ; attendez un peu et vous verrez bientôt la fin de vos maux ; un moment viendra où toutes les peines et les agitations cesseront ; tout ce qui passe avec le temps est court et peu considérable. […] Il faut donc persévérer dans la patience et attendre la miséricorde de Dieu, jusqu’à ce que l’iniquité passe, et que ce qui est mortel en vous soit absorbé par la vie.

532. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

De là, par la porte ouverte, j’entends les glouglous de toutes sortes de boissons, qu’avale, coup sur coup, dans sa soif inextinguible, le blessé ; j’entends la toux incessante de la femme phtisique ; j’entends la gronderie de la bonne, qui dit à un enfant : « Vous profitez de ce que votre père est malade pour ne pas travailler. » On attend le chirurgien qui ne vient pas. […] Malheureusement cette amoureuse ou cette dévouée avait, tous les ans, des attaques de catalepsie, qui lui duraient deux ou trois jours, attaques que Servin attendait, comme les musulmans attendent la fin du rhamadan, et pendant ces jours, il disparaissait de la maison, et se flanquait une cuite de quarante-huit, de soixante heures, au bout desquelles, la pauvre femme allait le ramasser, plus mort que vif, chez quelque marchand de vin. […] Ce soir, je trouve Porel dans son cabinet, tout, tout seul, assis dans sa chaise curule, les bras tombés autour de lui, et qui m’accueille par ces mots : « A-t-elle été assez mauvaise la presse, Le Petit Journal, Le Gil-Blas… C’est indigne… Ils se gardent bien d’avouer le succès d’hier… Ça tue la location. » Et je vais l’attendre dans sa loge, où il m’a promis de venir, et où il ne vient pas. […] Grande antichambre, où donnent les portes d’un tas de pièces entrebâillées, dans lesquelles l’on sent des gens qui attendent, un appartement ressemblant à un appartement de dentiste pour mâchoires impériales.

533. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Quant à son siècle lui-même, j’attendais, pour en parler mieux, l’Introduction annoncée pompeusement à la première page des Œuvres complètes qu’on publie. […] Assézat se fait attendre. […] Il n’aurait pas attendu, comme Richardson, cinquante ans, derrière un comptoir, avant de lancer une Clarisse. […] Au ixe volume de leur collection, destiné presque tout entier à un mémoire sur les mathématiques et à tout un énorme traité de physiologie, ils ont, avec un ingénieux contraste qui devait faire ressortir les facultés encyclopédiques de leur auteur, imprimé tout à coup les poésies de Diderot, auxquelles on ne s’attendait pas. […] Diderot, comme critique d’art, fut le contraire de tout ce qu’on pouvait attendre d’un matérialiste aussi fanatiquement absolu que lui.

534. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Après avoir cacheté sa lettre, désormais en repos avec sa conscience, il n’attend plus que l’occasion pour accomplir sa promesse. […] Nous sommes habitués depuis longtemps au spectacle de l’inconséquence, et nous n’avons pas attendu M.  […] Alphonse d’Este, s’il a vu le baiser de Venise, ne devrait pas attendre une nouvelle insulte pour châtier l’amant de sa femme ; il ne devrait pas attendre que Lucrèce demande la tête de Gennaro pour commander au bourreau d’affiler son épée. […] Après avoir blâmé si sévèrement les silhouettes de Bossuet, l’auteur devait s’attendre à être jugé sans indulgence. […] Mais pourrait-on, sans folie, attendre du public d’aujourd’hui une longanimité pareille ?

535. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Ce bonhomme n’a pas attendu qu’on l’interrogeât. […] Quand sa femme fut morte, il n’attendit pas la fin de son deuil, il se hâta d’épouser la comtesse de Rochefort, âgée alors de soixante-six ans et qui n’avait plus deux mois à vivre. […] Il ne faut rien attendre de très original d’une poésie de ce genre. […] Le nouvelliste s’amuse à se faire l’écho de tous ces bruits ; la critique garde le silence, lit, relit, et attend l’heure. […] Jusqu’à l’heure de la renaissance, que nous attendons, mais qu’aucun signe n’annonce comme prochaine, il est le dernier poète de notre littérature, et, je crois, le plus grand.

536. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

L’absurdité d’une chose n’est pas du tout un gage du peu de fortune probable qui l’attend. […] L’un reçoit assez vite cette consécration ; l’autre l’attendra toujours. […] Il est contradictoire de les publier et d’attendre avec indifférence le sort que leur fera le public. […] Attendez. […] Qu’ils se calment aussi par la comparaison de ce qu’il est raisonnable d’attendre et de ce qu’il serait absurde d’espérer.

537. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Les badauds t’y attendent. […] J’attendais toujours que Socrate l’appelât : Mon bébé. […] Juana, qui l’attendait, se jette en pleurant dans ses bras. […] On attend la visite de l’empereur. […] Attendons.

538. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Tout à coup il se décide ; il lui dit gauchement et brusquement ce qu’il attend d’elle. […] J’attendais que M.  […] Depuis huit mois, tous les jours, de cinq à sept, il attend Louise dans sa garçonnière. […] Depuis, chacun des deux hommes attend vainement les témoins de l’autre. […] Et pourquoi le faire attendre en ce moment ?

539. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XII. Dernière et nécessaire opération, qui consiste à corriger ce que l’on a écrit »

Pour faire cette opération d’une main plus sûre, pour que l’œil ne soit pas troublé et prenne une vue exacte des choses, il sera bon d’attendre, après avoir écrit, que l’effervescence de la composition soit calmée, que l’esprit soit reposé, que d’autres occupations aient rafraîchi les idées et changé leur cours.

540. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

Il devait être de la multitude des poètes qu’elle emporte pour un ou deux qu’elle laisse vivre ; il ne pouvait, en effet, comme les deux seuls hommes qui de nos jours ont bénéficié de leurs vers, attendre le bon plaisir de la renommée et la forcer à la longue de coter ses rimes au marché.

541. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chants du crépuscule » (1835) »

La société attend que ce qui est à l’horizon s’allume tout à fait ou s’éteigne complètement.

542. (1925) Dissociations

On attend dans la fièvre. […] Attendez un peu. […] On l’attendait. […] J’attends cette révolution pour me plaire tout à fait dans ce lieu de délices. […] Camoens avait cet avantage de ne pas tenir beaucoup de place et même de passer inaperçu, attendu qu’on ne passe guère dans son avenue.

543. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Richelieu fit venir le doyen de la Faculté, qui était alors Du Val, et Renaudot : Son Éminence, dit celui-ci, fit l’honneur au doyen et à moi de nous dire qu’Elle désirait notre accommodement, qui n’est pas purement et simplement protéger ceux de l’école de Paris en l’action intentée contre ma charité envers les pauvres malades : ce qu’on ne doit aussi jamais attendre d’une si grande piété qu’est la sienne. […] L’impitoyable Faculté poussa la rigueur au sein du triomphe, et voyant son ennemi à bas, jusqu’à ne point pardonner à ses deux fils et à leur refuser le bonnet, « après lequel ils attendent depuis quatre ans, dit Gui Patin, et attendront encore ».

544. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Soyez donc contents une bonne fois d’avoir deux gaillards comme nous. » Et cependant la Correspondance si curieuse, si élevée, un peu trop chargée de métaphysique sans doute, mais aussi animée partout des plus nourrissantes pensées, des plus cordiaux sentiments, entre Gœthe et Schiller, n’a pu être traduite encore et publiée chez nous dans son entier ; on se méfie de notre public, on attend qu’il ait témoigné désirer plus vivement la chose : une regrettable lacune subsiste donc entre cette double traduction, d’ailleurs complète et si satisfaisante, des Œuvres de Gœthe et de Schiller ; le pont n’est pas jeté entre elles. […] Porchat attendent, l’un ou l’autre, le signal : l’honorable éditeur qui est leur ami a différé jusqu’ici de le donner et de croire l’instant propice ; et il sait mieux que personne ces sortes d’instants. […] Il craignait toujours, plus tard, en se ressouvenant, de ne pas ressaisir au degré voulu la vivacité et l’éclat de ses impressions premières ; il attendait pour écrire que le parfait réveil se fît en lui, que les heures passées se peignissent dans sa mémoire toutes brillantes et lumineuses, que son âme eût retrouvé le calme, la sérénité et l’énergie où elle devait atteindre pour être digne de voir reparaître en soi les idées et les sentiments de Gœthe ; « car j’avais affaire, disait-il, à un héros que je ne devais pas abaisser. » Ainsi pénétré du noble sentiment de sa mission, il la remplit avec une piété que nous ne trouverons jamais trop minutieuse ; et les grands traits, d’ailleurs, il ne les a pas omis, et il nous permet, ce qui vaut mieux, de les déduire nous-mêmes peu à peu de la réalité simple : « Gœthe vivait encore devant moi, s’écrie-t-il en une de ses heures de parfait contentement et de clarté ; j’entendais de nouveau le timbre aimé de sa voix, à laquelle nulle autre ne peut être comparée.

545. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Beugnot, chargé par Clavière d’une commission pour elle, épia le moment où elle sortirait de sa chambre et l’alla joindre au passage : « Elle attendait à la grille qu’on vînt l’appeler. […] Celles qui étaient mieux instruites du sort qui l’attendait sanglotaient autour d’elle, et la recommandaient en tout cas à la Providence. […] Associée à un homme que le même sort attendait, mais dont le courage n’égalait pas le sien, elle parvint à lui en donner avec une gaieté si douce et si vraie, qu’elle fit naître le rire sur ses lèvres à plusieurs reprises. » Je ne cherche dans ces extraits que la vérité, et je dirai jusqu’au bout ce que je pense.

546. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Vauban dut attendre dix années encore. […] J’ai été quatre ou cinq jours bourrelé et n’ai presque point dormi, ayant besoin d’efforts pour manger ; à quoi j’ai suppléé pour aliment en prenant quelques écuellées de lait pour apaiser le sang… » C’était pour un homme de cœur une position cruelle en effet que de se voir obligé d’attendre des renforts, des moyens d’agir, et de supporter cette infériorité évidente d’un air d’indécision et de timidité. […] « Nous aurons, écrivait-il au roi le 15 septembre, toutes les troupes que Votre Majesté a fait marcher (on attendait de jour en jour un renfort ) ; tout est rempli de désir et d’envie d’agir et de contribuer glorieusement au bien de l’État, et avec confiance a l’heureuse étoile de Votre Majesté. » C’est la seconde fois que je surprends Catinat parlant de l’étoile du roi ; il en avait déjà parlé après le prompt et heureux siège de Nice.

547. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

À la veille de l’ouverture de la campagne, il reçut l’ordre, au quartier général de Ney, de se rendre en poste à Mayence et d’y attendre les ordres de l’Empereur. Il y arriva le 28 septembre 1806, au moment même où les cloches à toutes volées saluaient Napoléon arrivant de Paris : il courut au palais de l’archevêque devenu palais impérial, fut introduit dans le cabinet de l’Empereur, où se trouvaient les maréchaux Augereau et Kellermann, et il attendit son tour dans l’embrasure d’une croisée. […] Napoléon l’attendait avec des trépignements d’impatience ; enfin, à une heure, il se montra sur les hauteurs de droite, poussant devant lui les brigades détachées de l’ennemi, et venant rétablir les affaires.

548. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

L’orage des partis, avec son vent de flamme, Sans en altérer l’onde, a remué mon âme : Rien d’immonde en mon cœur, pas de limon impur Qui n’attendît qu’un vent pour en troubler l’azur ! […] Vous devez vous attendre aussi à vous voir banni de notre terre d’anarchie et d’ignorance : et il manquera à votre exil le triomphe que Platon accordait du moins aux poëtes, les palmes, les fanfares et la couronne de fleurs. » Victor Hugo ne connut Lamartine qu’un ou deux ans plus tard, en 1821, par l’intermédiaire de l’abbé de Rohan ; il voyait déjà M. de Bonald, surtout M. de La Mennais. […] Et, toutefois, pour sortir de la magnifique vision où il s’était étalé et reposé, Victor Hugo n’attendit pas la révolution qui a soufflé sur tant de rêves.

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