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463. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

. — L’art d’écrire en France. — À cette époque il est supérieur. — Il sert de véhicule aux idées nouvelles. — Les livres sont écrits pour les gens du monde. — Les philosophes sont gens du monde et par suite écrivains […]  » — Il n’importe, et la jolie femme, bien conduite, va philosopher sans le savoir, trouver sans effort la définition du bien et du mal, comprendre et juger les plus hautes doctrines de la morale et de la religion  Tel est l’art du dix-huitième siècle et l’art d’écrire. […] Art et procédés des maîtres. — Montesquieu. — Voltaire. — Diderot. — Rousseau […] Il n’y eut jamais d’écrivain qui ait possédé à un si haut degré et en pareille abondance tous les dons du causeur, l’art d’animer et d’égayer la parole, le talent de plaire aux gens du monde. […] Aussi son premier discours contre les arts et les lettres « prend tout de suite par-dessus les nues ».

464. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

En résumé, science, d’où prévoyance ; prévoyance, d’où action : telle est la formule très simple qui exprime, d’une manière exacte, la relation générale de la science et de l’art, en prenant ces deux expressions dans leur acception totale. Mais, malgré l’importance capitale de cette relation, qui ne doit jamais être méconnue, ce serait se former des sciences une idée bien imparfaite que de les concevoir seulement comme les bases des arts, et c’est à quoi malheureusement on n’est que trop enclin de nos jours. […] Le corps de doctrine propre à cette classe nouvelle, et qui doit constituer les véritables théories directes des différents arts, pourrait sans doute donner lieu à des considérations philosophiques d’un grand intérêt et d’une importance réelle. […] C’est ainsi, pour en citer l’exemple le plus important, qu’on doit envisager la belle conception de Monge, relativement à la géométrie descriptive, qui n’est réellement autre chose qu’une théorie générale des arts de construction. […] (5) On concevra d’autant mieux la difficulté de construire ces doctrines intermédiaires que je viens d’indiquer, si l’on considère que chaque art dépend non seulement d’une certaine science correspondante, mais à la fois de plusieurs, tellement que les arts les plus importants empruntent des secours directs à presque toutes les diverses sciences principales.

465. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

A peu près comme le Gouvernement le mieux organisé est celui qui a le moins de loix ; de même dans les Arts, il est essentiel de diminuer & de simplifier le plus qu’il est possible les préceptes. […] Indépendamment de l’instruction qu’on fait répandre sur différens sujets, il faut encore posséder l’art de rendre les objets intéressans, afin de les insinuer avec autant d’agrément que de solidité. […] La Description du Démoniaque, peint par Raphaël, est encore une leçon aux Peintres, pour leur apprendre l’art de rendre avec énergie les passions fortes & impétueuses, & c. […] Ce genre de trafic ne doit pas plus être interdit en Littérature, que dans le commun des Arts. […] Le Critique de l’Abbé de Marsy lui fait encore un crime d’avoir imité quelques endroits de l’Art poétique de Despréaux, tandis qu’il ne reproche point à du Fresnoy d’avoir imité Horace, sur lequel il s’appuie presque toujours.

466. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Pardonne, Erato, à ceux-là qui furent fauteurs, s’ils ont cru agir pour le bien de l’Art. […] Une objection souventefois s’est présentée à ceux qui tentèrent des résurrections — car on n’invente plus rien ès matière rhythmique. — Pourquoi vouloir parfaire un instrument avec lequel les Poètes ont doté l’Art des plus belles œuvres de génie ? […] Répudiées donc les demi-teintes, les nuances crépusculaires, les musiques lointaines, — charme et génie de Verlaine ; — bannies les chastes Aimées, immatérielles on dirait, dont le profil s’indécise en de froides brumes, d’un tel système d’art découlait nécessairement comme Corollaire la rime riche et rare. […] D’un art autrement délicat et difficile, est la notation, des paysages, des musiques et des états d’âmes un peu subtils. […] Je prends un exemple chez un poète où l’art de la musique du verbe est poussée jusqu’à la magie, Stuart Merrill : La vieille volupté de rêver à la mort À l’entour de la mare endort l’âme des choses.

467. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Il n’y a que les maîtres dans l’art qui soient bons juges du dessin ; tout le monde peut juger de la couleur. […] La diversité de nos étoffes et de nos draperies n’a pas peu contribué à perfectionner l’art de colorier. […] Je n’ai garde de renverser dans l’art l’ordre de l’arc-en-ciel. […] Mais je crains bien que les peintres pusillanimes ne soient partis de là pour restreindre pauvrement les limites de l’art, et se faire un petit technique facile et borné ; ce que nous appelons entre nous un protocole. […] Oh, mon ami, quel art que celui de la peinture !

468. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

La plupart de ces messieurs présomptueux, — nous ne voulons pas les nommer, — qui représentent assez bien dans l’art les adeptes de la fausse école romantique en poésie, — nous ne voulons pas non plus les nommer, — ne peuvent rien comprendre à ces sévères leçons de la peinture révolutionnaire, cette peinture qui se prive volontairement du charme et du ragoût malsains, et qui vit surtout par la pensée et par l’âme, — amère et despotique comme la révolution dont elle est née. […] Sur le pupitre vert placé devant lui sa main tient encore la lettre perfide : « Citoyen, il suffit que je sois bien malheureuse pour avoir droit à votre bienveillance. » L’eau de la baignoire est rougie de sang, le papier est sanglant ; à terre gît un grand couteau de cuisine trempé de sang ; sur un misérable support de planches qui composait le mobilier de travail de l’infatigable journaliste, on lit : « A Marat, David. » Tous ces détails sont historiques et réels, comme un roman de Balzac ; le drame est là, vivant dans toute sa lamentable horreur, et par un tour de force étrange qui fait de cette peinture le chef-d’œuvre de David et une des grandes curiosités de l’art moderne, elle n’a rien de trivial ni d’ignoble. […] Le baron Gérard fut dans les arts ce qu’il était dans son salon, l’amphitryon qui veut plaire à tout le monde, et c’est cet éclectisme courtisanesque qui l’a perdu. […] L’occasion est venue et il en a superbement usé. — La place nous manque, et peut-être la langue, pour louer dignement la Stratonice, qui eût étonné Poussin, la grande Odalisque dont Raphaël eût été tourmenté, la petite Odalisque cette délicieuse et bizarre fantaisie qui n’a point de précédents dans l’art ancien, et les portraits de M.  […] Il veut être ému, il veut sentir, connaître, rêver comme il aime ; il veut être complet ; il vous demande tous les jours son morceau d’art et de poésie, et vous le volez.

469. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

     C’est une vérité qui n’est point la nature ; Un art qui n’est point l’art, de grands mots sans enflure ; C’est la mélancolie et la mysticité ; C’est l’affectation de la naïveté, C’est un monde idéal qu’on voit dans les nuages : Tout, jusqu’au sentiment, n’y parle qu’en images. […] C’était un beau jeune homme, une tête à caprices ; Son front à demi chauve, et le désordre heureux Où tout l’art d’Hippolyte avait mis ses cheveux, Son cou penché, son air tendre et mélancolique, Ses yeux à peine ouverts, et son regard oblique, Tout en lui décelait une peine de cœur, Que de son teint fleuri démentait la fraîcheur. […] Il faut voir de quel air Despréaux est traité : Ce rimeur, se traînant dans l’ornière d’Horace, Prétendait à son tour régenter le Parnasse, Aux lois du sens commun soumettre l’art des vers ; Limiter le génie et lui donner des fers. […] C’est tour à tour Sophocle, et Térence, et Paillasse ; Nul ne fait mieux que lui parler la populace, Ne passe avec plus d’art du sublime au bouffon.

470. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Ce n’était pas sans doute que la passion et le luxe des arts fissent défaut dans Rome ; mais cette passion était désordonnée ; ce luxe infâme, cruel, meurtrier. […] Car les arts qui parlent aux sens peuvent être pervertis, s’ils ne remontent sans cesse à la source divine de l’âme ; et l’image impérieuse du beau moral les protège autant qu’elle les élève. […] Philosophe avec plus d’imagination que de force d’âme, il devait se plaire et d’abord s’appuyer quelque peu à ces arts élégants, préludes et distractions d’une cour homicide. […] Là où seule elle domine, l’enthousiasme de l’art s’éteint, comme celui de la vertu. […] dont les moelleux tissus défient l’art d’Athènes inspiré par Minerve, tu peux te vanter de Lucain !

471. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Le procédé est habile, l’adresse légère, l’art très délicat. […] L’art réaliste, comme un autre art, et précisément parce qu’il est un art, aura donc ses limites, en haut et en bas, et devra s’interdire la peinture des caractères trop particuliers soit par leur élévation, soit par leur bassesse, soit, simplement, par leur singularité. […] L’art réaliste est la forme la plus impersonnelle de l’art, celle où l’artiste met le moins de lui-même, et se soumet le plus à l’objet. […] Nous aimons successivement toutes choses, en art, et même la vérité. […] » — Il est possible ; mais de l’art pour l’art, c’est-à-dire de l’art pour le beau, pas un mot dans les raisonnements d’Usbeck.

472. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

La profession de Quintilien étoit d’enseigner aux hommes l’art d’émouvoir les autres hommes par la force de la parole ; cependant Quintilien met en paralelle le pouvoir de la peinture avec le pouvoir de l’art oratoire. […] On appelloit la peinture au secours de l’art oratoire en un tems où cet art étoit dans sa perfection.

473. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Chacun de ces arts est aussi une littérature, quoique sans lettres. […] Mais, d’abord, un mot sur l’art dont il fut, selon nous, avec Beethoven et avant Rossini, le plus complet et le plus miraculeux inspiré. Cet art, comme tous les arts, est le mystère des mystères. […] C’est par ces concerts terrestres ou aériens que j’ai compris l’art pieux, amoureux, pathétique, sublime, des Mozart et des Rossini. […] La vive piété dont il était animé lui venait sans doute encore de sa passion innée pour la musique ; car, quand on aime un art avec passion, cet amour qu’on a pour cet art ne tarde pas à s’élever jusqu’à l’infini, et, quand on s’élève, l’infini de l’art touche à l’infini de la création, c’est-à-dire à Dieu.

474. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Alors les arts, au lieu de vivre et de cohabiter au sein de la même sphère et d’être ramenés sans cesse au centre commun de leurs rayons, se tenaient isolés chacun à son extrémité et n’agissaient qu’à la surface. […] Présenté à la cour en 1669, il est nommé historiographe en 1677 ; à cette époque, par la publication de presque toutes ses satires et ses épîtres, de son Art poétique et des quatre premiers chants du Lutrin, il avait atteint le plus haut degré de sa réputation. […] Ce qu’il fait de mieux, c’est assurément une ingénieuse épître à Antoine : encore ce bon jardinier y est-il transformé en gouverneur du jardin ; il ne plante pas, mais dirige l’if et le chèvre-feuil, et exerce sur les espaliers l’art de la Quintinie ; il y avait même à Auteuil du Versailles. […] La littérature et la poétique de Boileau sont merveilleusement d’accord avec la religion, la philosophie, l’économie politique, la stratégie et tous les arts du temps : c’est le même mélange de sens droit et d’insuffisance, de vues provisoirement justes, mais peu décisives. […] Les voici : c’est dans la première épître à Sa Majesté : Et nos voisins frustrés de ces tributs serviles Que payoit à leur art le luxe de nos villes.

475. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Qu’il y a loin de ce procédé d’invasion à l’art d’un établissement véritable ! […] Cette mise de vieille, si exquise en modestie et en simplicité, lui était particulière, et rappelle l’art tout pareil de Mme de Maintenon. […] Le salon de Mlle de Lespinasse, à part cinq ou six amis de fond, n’était lui-même formé que de gens assez peu liés entre eux, pris çà et là, et que cette spirituelle personne assortissait avec un art infini. […] Elle ne pouvait s’empêcher de faire des cadeaux à tous, au plus pauvre homme de lettres comme à l’impératrice d’Allemagne, et elle les faisait avec cet art et ce fini de délicatesse qui ne permet pas de refuser sans une sorte de grossièreté. […] Personne ne connaissait mieux qu’elle, mieux que cette bourgeoise de Paris, l’art d’en user avec les grands, d’en tirer ce qu’il fallait sans s’effacer ni se prévaloir, et de se tenir en tout et avec tous d’un air aisé sur la limite des bienséances.

476. (1895) Hommes et livres

Une telle œuvre relève de la rhétorique et non de l’art dramatique. […] Comme le Dictionnaire de l’Académie exclut, en 1694, tous les termes d’arts, de métiers et de sciences, de même toutes les matières des sciences, des métiers et des arts sont conçues comme étant, par essence, hors de la littérature. […] L’art, à coup sûr, y perd : il devient métier. […] Car, avec Le Sage, l’art classique fait son dernier progrès. […] Dumas n’aient pas eu recours, nos naturalistes l’ont soigneusement ramassé pour révolutionner l’art dramatique.

477. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Cela s’est déjà passé de la sorte aux autres époques de civilisation raffinée ; et du moment que la poésie, cessant d’être la voix naïve des races errantes, l’oracle de la jeunesse des peuples, a formé un art ingénieux et difficile, dont un goût particulier, un tour délicat et senti, une inspiration mêlée d’étude, ont fait quelque chose d’entièrement distinct, il a été bien naturel et presque inévitable que les hommes voués à ce rare et précieux métier se recherchassent, voulussent s’essayer entre eux et se dédommager d’avance d’une popularité lointaine, désormais fort douteuse à obtenir, par une appréciation réciproque, attentive et complaisante. En Grèce, en cette patrie longtemps sacrée des Homérides, lorsque l’âge des vrais grands hommes et de la beauté sévère dans l’art se fut par degrés évanoui, et qu’on en vint aux mille caprices de la grâce et d’une originalité combinée d’imitation, les poëtes se rassemblèrent à l’envi. […] Ces sortes d’intimités, on l’a vu, ne sont pas sans profit pour l’art aux époques de renaissance ou de dissolution. […] L’artiste, sur ces réunions, ne fait donc aucunement l’épreuve du public, même de ce public choisi, bienveillant à l’art, accessible aux vraies beautés, et dont il faut en définitive remporter le suffrage. […] Qu’on ne s’y trompe pas : les douleurs célébrées avec harmonie sont déjà des blessures à peu près cicatrisées, et la part de l’art s’étend bien avant jusque dans les plus réelles effusions d’un cœur qui chante.

478. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Ces écrivains nuisent à l’art, sans rien ajouter à l’éloquence ni à la pensée. […] Mais le talent consiste à savoir respecter les vrais préceptes du goût, en introduisant dans notre littérature tout ce qu’il y a de beau, de sublime, de touchant, dans la nature sombre, que les écrivains du Nord ont su peindre ; et si c’est ignorer l’art que de vouloir faire adopter en France toutes les incohérences des tragiques anglais et allemands, il faut être insensible au génie de l’éloquence, il faut être à jamais privé du talent d’émouvoir fortement les âmes, pour ne pas admirer ce qu’il y a de passionné dans les affections, ce qu’il y a de profond dans les pensées que ces habitants du Nord savent éprouver et transmettre. […] J’ai distingué avec soin, dans mon ouvrage, ce qui appartient aux arts d’imagination, de ce qui a rapport à la philosophie ; j’ai dit que ces arts n’étaient point susceptibles d’une perfection indéfinie, tandis qu’on ne pouvait prévoir le terme où s’arrêterait la pensée. […] Enfin, comment peut-on imaginer que l’on mettra les sciences tellement en dehors de la pensée, que la raison humaine ne se ressentira point des immenses progrès que l’on fait chaque jour dans l’art d’observer et de diriger la nature physique ? […] Que restera-t-il donc à ceux qui mettent encore de l’intérêt aux progrès de la pensée, ou qui, se bornant même aux arts d’imagination, veulent exclure tout le reste ?

479. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Il faut bien le dire : l’art pour l’art, ce déplorable et faux système (l’art ne devant jamais être que le glorieux serviteur de la vérité), trouve une application trop fréquente dans notre pays quand il s’agit de l’éloquence, Par une faiblesse commune aux plus mâles esprits, tous ou presque tous nous allons nous asseoir, avec l’espérance d’une grande sensation ou d’une puissante ivresse, devant l’homme qui ne représente souvent pour nous que l’erreur ou que le sophisme, et nous écoutons comme un bois mélodieux et sonore une créature vivante qui abuse artistement de la parole, au lieu de l’écouter comme un pur instrument de la Vérité qui devrait faire palpiter dans nos cœurs l’amour que nous avons pour elle. […] D’ailleurs, ce travail, qui a un autre but que d’expliquer les procédés de l’art oratoire et d’en mettre les beautés en lumière, sera la preuve d’un fait qu’il faut incessamment rappeler aux peuples affolés de l’art de bien dire, comme le sont les peuples vieux et impuissants ; c’est que l’éloquence véritable, celle que les âges n’éteignent point en passant sur elle, exprime toujours, je ne dis pas seulement une conviction… qu’est-ce que la conviction d’un homme ? […] telle est la vie qu’il faut couler dans ce beau moule de l’art oratoire, si l’on ne veut pas qu’à la longue il se brise comme un plâtre creux.

480. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Tout ce qui fut la pensée, la science, la poésie, l’art, va, dans la résurrection de la beauté, être encore. […] De l’art, nul soupçon ; de la langue, du rythme, nul souci. […] L’art existe-t-il, oui ou non ? […] Ce n’était point la faute de celui-ci, mais celle des intermédiaires entre l’art et lui. […] Non seulement on lui doit des romans parmi lesquels on peut compter trois ou quatre chefs-d’œuvre, mais il nous donna à nous, ses contemporains, et il a légué à la jeunesse nouvelle un parfait exemple de ce qu’on pourrait appeler l’héroïsme littéraire, je veux dire le sacrifice de tout soi-même à l’Art, à l’Art seul, à l’Art jaloux.

481. (1876) Romanciers contemporains

L’art de lire les bons livres serait son vrai nom. […] L’absence d’art est souvent l’art suprême. […] L’art, en effet, s’adresse uniquement à l’intelligence ; l’art est le langage de l’âme ; l’art n’existe, l’art n’est vraiment divin, comme l’ont fait les anciens, que s’il subordonne l’émotion des sens à l’émotion de l’esprit. […] Quel tact, quelle mesure, quel art ! […] Est-ce là le but de l’art ?

482. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

On y demande, si la logique est un art ou une science ; si la conclusion est de l’essence du syllogisme, etc., etc. ; toutes questions qu’on ne trouvera point dans l’Art de penser, ouvrage excellent, mais auquel on a peut-être reproché, avec quelque raison, d’avoir fait des règles de la logique un trop gros volume. […] J’en dis autant des termes d’arts, tant mécaniques que libéraux. […] J’ai appelé l’éloquence un talent et non pas un art, comme ont fait tant de rhéteurs ; car l’art s’acquiert par l’étude et l’exercice, et l’éloquence est un don de la nature. […] L’expression du sentiment est dictée par la nature et par le génie ; c’est ensuite à l’oreille et à l’art à disposer les mots de la manière la plus harmonieuse. Il en est de l’orateur comme du musicien, à qui le génie seul inspire le chant, et que l’oreille et l’art guident dans l’enchaînement des modulations.

483. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VI » pp. 22-24

. — l’art dramatique contemporain, etc. […] C'est de l’école romantique dont nous sommes, de 1828 à aujourd’hui ; l’auteur, qui a fait le tour du monde en amateur et qui est un homme de près de quarante ans, est artiste dans le vrai sens ; il a médité et mûri ses différentes pièces et descriptions, y mêlant un sentiment moral, et les appropriant par le tour ou le sujet à quelque artiste du jour : L'Etna est dédié à Victor Hugo ; Émile Deschamps a une pièce qui résume heureusement et savamment tout l’art poétique moderne. […] Le théâtre, ce côté le plus invoqué de l’art moderne, est celui aussi qui chez nous a le moins produit et a fait mentir toutes les espérances.

484. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Popelin, Claudius (1825-1892) »

Popelin, Claudius (1825-1892) [Bibliographie] L’Art du potier (1861). — L’Émail des peintres (1866). — L’Art de l’émail (1868). — Les Vieux Arts du feu (1869). — Cinq octaves de sonnets (1875). — Le Songe de Polyphile, trad. (1880). — Hist.

485. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 266-268

Les paroles qu’il avoit l’art d’adapter à ces sortes de divertissemens, convenoient parfaitement au caractere des Dieux & des Déesses qui y figuroient, en même temps qu’ils offroient une peinture délicate des mœurs, des inclinations, des qualités des Danseurs qui représentoient ces Divinités. […] Chapelle répondit à l’Auteur, qui lui en avoit envoyé un exemplaire, par un Rondeau qu’il finit ainsi : De ces Rondeaux un Livre tout nouveau A bien des gens n’a pas eu l’art de plaire ; Mais quant à moi, je trouve tout fort beau, Papier, dorure, image, caractere, Hormis les vers, qu’il falloit laisser faire A la Fontaine. […] Mais les vers en sont clairs, disoit ce Prince à l’Auteur de l’Art poétique, ils sont parfaitement rimés, & disent bien ce qu’ils veulent dire.

486. (1927) Approximations. Deuxième série

Selon Du Bos, grâce à un art de lire personnel mêlant flair et détachement, Strachey invente un nouvel art d’écrire, entre histoire et biographie. […] Avec l’art du raccourci d’un ascète, Pascal mate toute « concupiscence » du langage. […] En dehors de leur art ils sont et veulent être des bourgeois. […] cet art réduit à néant nos dernières illusions à ce sujet. […] Jaloux est un de ceux qui possèdent encore cet art qui va se perdant, je veux dire l’art de lire, — car c’est un art, et non pas, comme on l’imagine habituellement, une besogne, — un art auquel nulle science ne supplée.

487. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Certes, il aimait d’un amour passionné cet art du théâtre où il excellait. […] Ils ont réussi à créer un art d’une singulière nouveauté. […] N’est-ce pas une de celles d’où dépend tout l’avenir de l’art des vers ? […] Personne, depuis Balzac, n’avait modifié à ce degré l’art du roman. […] Combien dans ma vie aurai-je tripoté d’objets d’art, et joui par eux ?

488. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Ceci ne veut pas dire au moins que la perle et l’océan d’où elle est sortie un jour ne soient pas liés par beaucoup de rapports profonds et mystérieux, ou, en d’autres termes, que l’art soit du tout indépendant de la philosophie, de la science et des révolutions d’alentour. […] Jean-Jacques était spiritualiste, et par moments une espèce de calviniste socinien : il niait les arts, les sciences, l’industrie, la perfectibilité, et par toutes ces faces heurtait son siècle plutôt qu’il ne le réfléchissait. […] Diderot savait mieux que personne les défauts de son œuvre ; il se les exagérait même, eut égard au temps, et se croyant né pour les arts, pour la géométrie, pour le théâtre, il déplorait mainte fois sa vie engagée et perdue dans une affaire d’un profit si mince et d’une gloire si mêlée. […] Elle ne fut pas une pyramide de granit à base immobile ; elle n’eut rien de ces harmonieuses et pures constructions de l’art, qui montent avec lenteur à travers des siècles fervents vers un Dieu adoré et béni. […] A la place de Diderot, Horace (je le suppose assez goutteux déjà pour être sage), Horace lui-même n’aurait pas donné d’autres préceptes, des conseils mieux pris dans le réel, dans le possible, dans l’humanité ; et certes il ne les eût pas assaisonnés de maximes plus saines, d’indications plus fines sur l’art du comédien.

489. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Chabrier (1899). — Farces (1899). — Les Braises du cendrier, poésies (1900). — L’Art au théâtre, troisième volume (1900). […] Catulle Mendès, qui est avant tout un homme d’art, a-t-il pu vouloir descendre jusqu’à jouer le rôle d’un moraliste ? […] [Impressions de nature et d’art (1879).] […] [L’Art au théâtre, préface (1897).] […] [La Revue d’art dramatique (1898).]

490. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

C’est à cette époque, Wagner nous le dit, que « tout ce que, dans la vie moderne, nous qualifions d’art, cessa pour lui d’exister ». […] Comme dans la mélodie italienne, il a reconnu là « cette forme indigente et presque enfantine de l’art, dont les étroites limites condamnent le compositeur de génie lui-même, qui embrasse cet art, à une immobilité absolue ». […] La musique n’est pas le langage de l’éternelle et absolue vérité ; plus qu’aucun autre art, elle est fatalement soumise à l’instabilité du caprice, aux variations de la mode. […] Notre revue s’adressera à tous ceux qui, épris de l’art et débarrassés des grossiers préjugés traditionnels, doivent devenir des Wagnéristes. […] Wagner a été présenté comme « un réformateur de l’art ».

491. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Dans La Bruyère, le parti pris de faire des portraits fait pencher l’art vers la manière. […] Eux aussi font passer l’art avant la matière et la vraisemblance avant la vérité. […] Il y fallait un poète et tout l’art du théâtre transporté dans le récit de faits historiques. […] Ses amis, nous dit-il, l’ont invité à composer un traité de l’art oratoire. […] Le Traité des études ne laisse rien à inventer dans l’art de tirer l’éducation de l’instruction.

492. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

La réalisation de ces deux conditions abstraites de nombre et d’ordonnance des données sur les personnages, la qualité commune de réalisme perçu et convaincant de leur individualité, définit tout l’art de la caractérisation chez Tolstoï. […] Et c’est avec une pénétration, une justesse, une égale prodigalité de scènes que Tolstoï, franchissant les limites de sexe, incarne sans faillir les femmes, avec un art aussi sûr. […] Par ces procédés d’un art imparfait et ramassé, les scènes et les récits, les épisodes, les digressions, les crises de pensées, les actes et les échecs s’entrelacent en ces étranges romans comme un faisceau de lianes. […] Tout défile et s’accuse dans cet art pressant et compréhensif comme un vaste enserrement. […] Pour ceux qui connaissent la bienfaisance de l’art, son efficacité à rehausser la vie d’émotions intenses et nobles dont est retirée la souillure de la douleur et de l’égoïsme, c’est par ses œuvres mêmes que Tolstoï paraîtra avoir accompli, sans le savoir, la mission qu’il s’est assignée sur le tard.

493. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

c’était à cela, à cette œuvre dont le sujet ne s’avouait jamais, à ce style où l’Art, certes, était évident, mais où les mots, comme par une sorte de gageure, hélas ! […] Verlaine, au contraire, y voyait la preuve d’un art vigoureux et sa plaquette des Poètes maudits qui parut peu de temps après et où figurait Mallarmé fut le second coup de gong qui devait éveiller l’attention autour de lui. […] N’avait-il pas rédigé un étrange journal de modes, non pour le gain, mais par amour de cet art ? […] Mallarmé orientait ses propos, avec un art invisible et discret, vers l’idéalité la plus haute sans négliger pourtant de cueillir en chemin toutes les fleurs de sa riche fantaisie. […] Mallarmé n’avait pas été loin de considérer l’Art comme un jeu de mandarins ou, si l’on préfère, une spéculation d’initiés.

494. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

« Son art dramatique, écrit excellemment Henri Liebrecht d’Henri Maubel, atteint à l’extrême limite de l’art parlé. […] Paris, Librairie générale des sciences, arts et lettres, 1911. […] Bruxelles, Librairie de l’Art indépendant, 1892. […] Représentée une fois au Théâtre d’Art le 21 mai 1891. […] Théâtre d’Art, 7 décembre 1891.

495. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VIII. De la clarté et des termes techniques »

De même, dans toute langue, et dans notre français, à côté des mots de l’usage commun et que tout le monde comprend à peu près, il y a des mots techniques, des termes de sciences, d’arts, de métiers, qui sont comme autant de langues dans la langue, et qui font aux profanes le même effet que le latin d’Ovide à ses voisins scythes. […] Tous les ouvrages faits pour une classe spéciale de lecteurs, traités de science, d’art, d’industrie, peuvent et doivent ainsi être rédigés dans la langue spéciale de ces lecteurs, et donner à chaque objet le nom exact qui l’y désigne pour eux. […] Alors, de quoi que l’on parle, science, art, industrie, il faut employer les mots de tout le monde. […] Brunetière, après avoir cité une description d’un romancier contemporain, je puis voir effectivement toutes ces choses… Ce sont des tableaux… dont nous n’avons pas besoin d’avoir vu les modèles, pour louer la ressemblance, puisqu’ils ne sont, après tout, que des associations nouvelles d’éléments anciens, de formes familières et de couleurs accoutumées… Nous sommes rentrés ici dans la vérité de l’art, qui consiste à décrire les choses les plus particulières par les termes les plus généraux, et d’autant plus généraux, qu’il s’agit de nous communiquer l’impression de choses plus particulières. » Il semble que nous soyons ramenés au fameux précepte de Buffon, qui recommande d’avoir attention à ne nommer les choses que par les termes les plus généraux.

496. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

C’est le génie d’un seul qui fait éclore les arts ; c’est le goût général qui perfectionne les artistes. […] C’est que les récompenses et les honneurs éveillèrent les talents, et que le peuple accoutumé à regarder la nature et à comparer les productions des arts, fut un juge redoutable. […] Il faut que l’art de la parole promette à l’orateur les premières dignités de l’État.

497. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Toutes les épreuves de la Faculté des Arts étaient orales et se faisaient d’ordinaire en latin. […] Quelle part y est faite aux sciences, aux lettres, aux arts, aux exercices du corps ? […] Larroumet, « un conservatoire de chefs-d’œuvre et le régulateur de l’art dramatique ». […] Nous le voyons de loin, pontife du Parnasse, légiférant tranquillement sur les règles de l’art d’écrire. […] L’art va être renouvelé, que dis-je, créé de toutes pièces.

498. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Même, par le jeu magique de son art, le poète peut donner aux mots qu’il manie un sens inattendu. […] Le désharmonisé, au contraire, cherchera, par l’art, à rétablir en lui l’harmonie : d’où son œuvre artistique, poétique ou musicale. […] Cette vivification a manqué à beaucoup d’œuvres poétiques, d’un art sincère et puissant, pour qu’elles se propagent. […] La poésie, comme tout ce ce qu’on appelle art, est un rythme qui recrée de la vie. […] Éternité mensongère de l’art, aussi éphémère presque que les formes fugitives qu’il tente de sauver de l’oubli.

499. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Je crois, en effet, qu’un des caractères généraux de la littérature qui s’est développée en ce siècle, orientée tantôt vers la science et tantôt vers l’art, c’est d’être une littérature d’hommes, faite surtout par et pour des hommes. […] Il se peut que dans les matières d’ordre politique ou social, le journal soit l’expression de l’opinion publique : en littérature, comme en art, comme en fait de finances et dans toute matière trop spéciale pour qu’une opinion générale se forme spontanément, les journaux sont les guides de l’opinion, les porte-parole des écoles, les agents de la réclame esthétique ou commerciale. […] De plus, cette exhibition de la réalité brute, non déformée ni préparée par l’art, telle que l’offrent les reporters, a été pour quelque chose dans le souci de moins en moins grand que le public pendant longtemps a semblé prendre des formes d’art. Même aujourd’hui, l’art qu’on aime est un art si simple, si naturel, si éloigné d’être un artifice ou une tricherie, qu’il ne peut convenir qu’à un public exercé à dégager lui-même ses sensations esthétiques de la matière brute : si les journaux ont contribué à nous amener là, leur action cette fois a été bienfaisante.

500. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

[L’Art jeune (1896).] Camille Lemonnier Dans le cirque en proie aux mimes et aux histrions, parmi nos mièvres langues de rhéteurs, Verhaeren est le Barbare méprisant des esthétiques byzantines et qui pousse une clameur d’art sauvage. […] [L’Art jeune (15 mars 1896).] […] Henri Ghéon On put craindre que l’art dramatique de M.  […] En 1883, il publia les Flamandes, pages où sont recueillies les impressions de la terre natale, puis contribua, par de saines études dans l’Art moderne, la Jeune Belgique, la Société nouvelle, la Wallonie, à la renaissance des lettres belges.

501. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

« La poésie, qui est la plus haute et la plus pure expression de l’Art, doit tenir la tête de la caravane intellectuelle… On a parlé de Déliquescence, d’Évanescence, de Décadence. […] « La versification est l’art de choisir et d’adonner les mots de manière à en tirer une expression musicale qui en complète l’expression littérale. C’est donc l’art de conférer au langage la plus grande efficacité possible. […] Laurent Tailhade plaisantait, ne retenant de l’état de poète lyrique que la facilité d’un beau mariage, et Joseph Caraguel ne voyait dans la poésie que « l’art de dire excentriquement des banalités ». Pour aider à la définition de la poésie, la Vogue reproduisait l’Art poétique d’Horace, traduit en vers français par Jacques Peletier du Mans.

502. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

De là naquit la diversité des tons, des styles, des formes de langage qui s’approprièrent à tous les usages de l’art de parler et de l’art d’écrire. […] Le goût avait déjà distribué aux arts, aux sciences, à la chaire, au barreau, à l’histoire, à la morale, à la poésie, à la scène comique, à la scène tragique, le ton, le style convenables à chacune de ces parties. […] Aujourd’hui la séparation des genres dans les écrits littéraires est devenue à peu près impossible ; elle ne peut plus être une règle de l’art d’écrire, au moins une régie aussi sévère qu’avant la révolution. […] On pourrait croire que l’unité de ton était, au moins pour notre théâtre, la conséquence nécessaire de cette loi de l’art qui établissait l’unité de lieu, de temps, d’action : Qu’en un lieu, qu’en un temps, un seul fait accompli Tienne, jusqu’à la fin, le théâtre rempli.

503. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Art trop matérialisé que la peinture ! […] Les critiques d’art leur ont écrit sur le front : Décadence ! […] Condamner l’art flamand, l’art anglais et l’art allemand du commencement au profit de l’art italien, l’art de ce peuple qui a eu la littérature la moins humaine de tous et dont la peinture a marché, de même que sa littérature, hors de la vie, est une idée que je ne puis comprendre. […] Quant à l’art, pour lui, c’est M.  […] Étex écrit par rancune, pour se plaindre un peu de tout le monde et de l’art !

504. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Puisez à la source des arts et des lettres l’enthousiasme de tout ce qui est beau. […] En effet, ni l’industrie ni l’art n’ont manqué à l’Orient. […] Quant aux arts, qui de vous ne connaît le contraste des arts de la Grèce et de ceux de l’Orient ? […] éclaire-t-elle beaucoup l’histoire de l’art et celle de la religion athénienne ? […] Elle a passé peu à peu de la politique dans l’art et dans la religion.

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