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1262. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

C’est de ce même Esprit des lois que le studieux Gibbon disait, en parlant de ses lectures : « Je lisais Grotius et Pufendorf ; … je lisais Barbeyrac ; … je lisais Locke et ses traités ; … mais mes délices, c’était de lire et de relire Montesquieu, dont l’énergie de style et les hardiesses d’hypothèses furent si puissantes pour éveiller et stimuler le génie du siècle. » Et Horace Walpole, parlant de l’ouvrage dans sa nouveauté, écrivait de même : « Je le considère comme le meilleur livre qui ait jamais été écrit, — au moins je n’ai jamais appris la moitié autant de tout ce que j’ai jamais lu. […] Quand on a beaucoup lu Montesquieu et qu’on est Français, une tentation vous prend : « Il semble, a dit de lui un critique sagace17, enseigner l’art de faire des empires ; on croit rapprendre en l’écoutant ; et, toutes les fois qu’on le lit, on est tenté d’en construire un. » Montesquieu ne dit pas assez à ceux qui le lisent : « Pour considérer l’histoire avec cette réflexion et avec cette suite, et pour en raisonner si à l’aise et de si haut, vous n’êtes pas, je ne suis pas moi-même un homme d’État. » Le premier mot et le dernier de L’Esprit des lois devrait être : « La politique ne s’apprend point par les livres. » Que nous tous, esprits qui formons le commun du monde, nous tombions dans ces erreurs et dans ces oublis d’où nous ne sommes tirés que rudement ensuite par l’expérience, rien de plus naturel et de plus simple : mais que le législateur et le génie qui s’est levé comme notre guide y soit jusqu’à un certain point tombé lui-même, ou qu’il n’ait point paru se douter qu’on y pût tomber, là est le côté faible et une sorte d’imprudence.

1263. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

On voit poindre dans les lettres de Richelieu les premières lueurs de sa faveur en cour, sans pourtant en apprendre beaucoup plus que n’en disaient là-dessus ses Mémoires. […] Richelieu raconte qu’il était en visite chez un recteur de Sorbonne au moment où on vint lui apprendre la mort du maréchal : il revint au Louvre, après en avoir conféré un moment avec ses collègues : « Continuant mon chemin, dit-il, je rencontrai divers visages qui, m’ayant fait caresses deux heures auparavant, ne me reconnaissaient plus ; plusieurs aussi qui ne me firent point connaître de changer pour le changement de la fortune. » Il fut le seul de ce ministère que Luynes parut ménager d’abord et vouloir excepter de la disgrâce et de la vengeance commune.

1264. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

la grande et belle voix, la voix unique, s’écriait-il, toujours égale, toujours fraîche, brillante et légère, qui, par son talent, a appris à sa nation qu’on pouvait chanter en français, et qui, avec la même hardiesse, a osé donner une expression originale à la musique italienne. » Il ne sortait jamais de l’entendre « sans avoir la tête exaltée, sans être dans cette disposition qui fait qu’on se sent capable de dire ou de faire de belles et de grandes choses ». […] À peine il l’a quittée, il lui écrit de Metz ces tendres et presque féminines paroles : « Qu’il me tarde d’apprendre de vos nouvelles !

1265. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Dans une théorie littéraire qui partout fait prédominer le fond sur la forme et demande d’abord aux écrivains non comment ils ont écrit, mais comment ils ont pensé, dans cette théorie, la première place était due à celui qui nous a appris à penser, et à préférer la raison à toutes choses. […] J’accorderai que Racine a pu devoir une partie de sa noblesse, de son goût exquis et délicat, et sa connaissance des passions au commerce de la cour ; mais franchement la Champmeslé lui en avait appris bien plus sur les mystères du cœur que le spectacle plus ou moins intime des galanteries de Versailles.

1266. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Qu’il apprenne de l’un à dessiner, de l’autre à colorier, de celui-ci à ordonner sa scène, à établir ses plans, à lier ses incidents, la magie de la lumière et des ombres, l’effet de l’harmonie, la convenance, l’expression ; à la bonne heure. […] Quoique la partie supérieure de son tableau n’aille pas de pair avec l’inférieure, la gloire cependant est soignée, contre l’usage, qui la néglige ordinairement, hic quoque sunt superis sua jura ; et le tout rappelle bien mon épigraphe : multaque in rebus acerbis… etc. le besoin que Doyen et Vien ont senti de retoucher leurs tableaux en place doit apprendre aux artistes à se ménager dans l’attelier la même exposition, les mêmes lumières, le même local qu’ils doivent occuper.

1267. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Il fallait, de plus, apprendre à toute la terre ce que les savants et les historiens savaient seuls, c’est que, depuis plus de cent ans, d’énormes manuscrits, laissés par un homme de génie et dont la gloire a ce côté grandiose et pur d’avoir été posthume, confisqués par l’État et traités comme de vieilles momies égyptiennes, dormaient d’un sommeil qu’on pouvait croire éternel, sous leurs tristes pyramides de cartons incommunicables, au ministère des affaires étrangères, qu’on avait bien le droit d’appeler, à ce propos, des affaires étranges ! […] Et pour qui sait réfléchir, jamais un crime plus grand n’avait été commis par un Roi plus grand, mais auquel la lâcheté des hommes avait trop appris que rien n’était impossible à la Royauté… Eh bien, Saint-Simon, à son tour, est aussi grand que le crime de Louis XIV !

1268. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Il eut, — on le savait déjà parmi ceux qui l’avaient connu, mais ses Lettres récemment publiées l’ont appris à ceux qui ne le connaissaient pas, — il eut toutes les grâces que le monde adore et tout l’imposant qu’il respecte. […] S’il n’était plus chrétien comme on lui avait appris à l’être en ses premières années, il avait emporté et gardé de son christianisme ce fort déisme qui allait à son royalisme, — qui est même le royalisme en philosophie, car Dieu, en métaphysique, c’est le Roi !

1269. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

« Tu vas, je crois, savoir toute la vérité : c’est l’heure d’apprendre de cet homme ce que fait la Perse ; il apporte assurément quelque bonne ou fatale nouvelle. […] Échappé aux mains des Ioniens, à peine le roi lui-même, comme nous l’avons appris, a-t-il fui a à travers les plaines de la Thrace et ses routes funestes ? 

1270. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Merveilleux et tendresse, sublimité des images et profonde émotion du cœur, il y aura donc là ce que la poésie la plus vraie, la plus naturelle, avait pu concevoir de plus grand, à la pensée de Dieu et sous les rayons de la plus éclatante nature ; et là devait se rencontrer aussi ce que l’âge plus avancé du monde, ce que l’expérience plus triste de la vie, ce que les malheurs réitérés des siècles, auront appris à l’âme humaine. […] C’est à peindre ce bonheur que s’est complu le banni de Florence, le chef de parti vaincu, le poëte errant forcé d’apprendre « combien est amer au goût le pain de l’étranger, et combien est rude à monter et à descendre l’escalier d’autrui ».

1271. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Que ce séjour à Paris lui ait au moins appris à nous servir à notre gré pendant quelques heures.

1272. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Il est de fait, en outre, que pour une certaine éducation morale, paternelle, un peu aristocratique, et qui continue doucement les traditions du foyer et de la famille, les pensionnats tenus par des Pères plus ou moins jésuites sont incomparablement plus sûrs que les colléges de l’Université : ceux-ci produisent des lycéens bien appris, éveillés, de bonnes manières, et qui deviennent très-aisément de gentils libertins.

1273. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

Il faut qu’on ait appris à concevoir la vie passivement, à supporter que son cours soit uniforme, à suppléer à tout par la pensée, à voir en elle les seuls événements qui ne dépendent ni du sort, ni des hommes.

1274. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Il y a sans doute des lois secrètes de la pensée et du langage, qui peuvent dispenser parfois un écrivain d’obéir au code de la grammaire : mais c’est la postérité qui prononce dans ce cas s’il y a abus ou beauté, et, en tout cas, ces libertés ne sont pas à l’usage de ceux qui apprennent à écrire.

1275. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Sans aucun doute, elle nous a appris à l’aimer avec une tendresse plus abandonnée, la Nature bienfaisante et divine qui apporte à ses fidèles l’apaisement, la sérénité et la bonté.

1276. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Enfin, on ne saurait trop le répéter, il nous apprit comment il ne faut pas écrire.

1277. (1890) L’avenir de la science « VII »

Les premières études que l’on consacre à apprendre le bagage matériel d’une langue seraient sans cela insupportables, et, grâce à ce goût, elles deviennent des plus attrayantes qui se puissent imaginer.

1278. (1890) L’avenir de la science « XIV »

Oratio, nous apprend-il, vient de os et ratio, raison de la bouche, (ce qui lui paraît d’une admirable profondeur), caecutire, caecus ut ire ; sortir, sehorstir ; maison est un mot celtique ; sopha vient de l’hébreu, de la racine saphan, laquelle, dit-il, signifie élever, d’où vient le mot sofetim, juge, les éleveurs des peuples (encore un sens profond) !

1279. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Rien ne nous l’apprend.

1280. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Quelques-uns le croient, parce qu’elle apprend aux vieillards qu’aucune ruse, aucun artifice, aucune contrainte ne servent à la vieillesse pour faire illusion sur les disproportions d’âge, même à la villageoise la plus simple.

1281. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

S’il se plaint que nous avons renchéri sur notre premiere critique, qu’il se souvienne que le but de cet Ouvrage est de tendre à la perfection ; & s’il nous accusoit de contradiction à son sujet, qu’il apprenne que se corriger n’est pas se contredire, & qu’en fait de jugemens littéraires, comme en matiere de testamens, les derniers sont toujours les meilleurs.

1282. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VIII »

Autant avouer que nous ne savons plus nous servir de notre langue et qu’à force d’apprendre celles des autres peuples nous avons laissé la nôtre vieillir et se dessécher.

1283. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

L’expérience nous apprend sans doute que le cerveau entre pour une certaine part, pour une très grande part dans l’exercice de la pensée ; mais qu’il en soit la cause unique et la rigoureuse mesure, c’est ce qui n’est pas démontré.

1284. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

« Étendez mon cœur, afin qu’il vous aime davantage, et que j’apprenne, par un goût intérieur et spirituel, combien il est doux de vous aimer, de nager et de se perdre, pour ainsi dire, dans cet océan de votre amour.

1285. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

La simplicité du poète de Chio est celle d’un vieux voyageur qui raconte au foyer de son hôte ce qu’il a appris dans le cours d’une vie longue et traversée.

1286. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

C’est dans les Confessions de saint Augustin qu’on apprend à connaître l’homme tel qu’il est.

1287. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Notre siecle est trop éclairé, et, si l’on veut, trop philosophe pour lui faire croire qu’il lui faille apprendre des critiques ce qu’il doit penser d’un ouvrage composé pour toucher, quand on peut lire cet ouvrage, et quand le monde est rempli de gens qui l’ont lû.

1288. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Des œuvres posthumes comme celle de Maurice et d’Eugénie de Guérin, ces esprits enchanteurs dont j’ai appris le premier les noms au public, n’appartiennent pas davantage à la génération actuelle.

1289. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Le jeune parçon resta jusqu’à sa onzième année dans la maison paternelle ; son père lui enseignait les premiers éléments du latin, et un oncle lui apprenait l’anglais.

1290. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

J’ai cinquante et une fois élevé l’étendard des batailles ; j’ai appris dans ma jeunesse à teindre une épée de sang ; mon espérance était alors qu’aucun roi, parmi les hommes, ne serait plus vaillant que moi.

1291. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

C’est d’elle qu’Ulpien dit qu’ elle n’est point connue naturellement à tous les hommes (comme l’équité naturelle), mais seulement à un petit nombre d’hommes qui ont appris par la pratique du gouvernement ce qui est nécessaire au maintien de la société .

1292. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Ils seront bien aises d’apprendre que le mariage est une convention et un préjugé. […] En 1771, dit le moqueur Besenval après l’exil du Parlement, « les assemblées de société ou de plaisir étaient devenues de petits États Généraux, où les femmes, transformées en législateurs, établissaient des prémisses et débitaient avec assurance des maximes de droit public. » La comtesse d’Egmont, correspondante du roi de Suède, lui envoie un mémoire sur les lois fondamentales de la France, en faveur du Parlement, dernier défenseur des libertés nationales, contre les attentats du chancelier Maupeou. « M. le chancelier, dit-elle529, a, depuis six mois, fait apprendre l’histoire de France à des gens qui seraient morts sans l’avoir sue. » — « Je n’en doute pas, sire, ajoute-t-elle ; vous n’abuserez pas de ce pouvoir qu’un peuple enivré vous a confié sans limites… Puisse votre règne devenir l’époque du rétablissement du gouvernement libre et indépendant, mais n’être jamais la source d’une autorité absolue. » Nombre d’autres femmes du premier rang, Mmes de la Marck, de Boufflers, de Brienne, de Mesmes, de Luxembourg, de Croy, pensent et écrivent de même […] Le marquis de Guerchy monte avec Arthur Young sur les tas de foin pour apprendre à bien faire une meule.

1293. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

J’ai la certitude que le duc a donné ses ordres en conséquence. » VII Soit par la félonie de ses amis devenus ses assassins, soit par sa propre indiscrétion à lire ou à réciter ses vers en public, le Tasse apprit, peu de temps après, qu’on imprimait, à son insu, la Jérusalem délivrée dans plusieurs villes d’Italie à la fois. […] Je suis né, répliquai-je, d’une mère napolitaine, et à Naples, ville célèbre d’Italie ; mon père était de Bergame, en Lombardie ; je cache mon nom, et telle est son obscurité que, si je me nommais, cela ne vous apprendrait rien ; je fuis la persécution d’un prince et de la fortune, et je vais chercher un refuge en Savoie. […] Là, j’appris de quelques paysans que le batelier ne voulait pas quitter la rive opposée et qu’il avait refusé de passer des cavaliers français, bien qu’ils lui eussent offert une belle récompense.

1294. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

On dirait que la France est seule au monde, et que dans cette France il n’y a qu’une génération, qui n’a rien appris de ses pères, et qui ne transmettra rien à ses descendants. […] Il a donné les premiers modèles de la tragédie à Racine ; Molière a appris de lui le ton et le style de la comédie. […] Napoléon Ier, chez qui le goût, comme toutes les autres qualités, était de génie, a dit de cet ouvrage : « Rien n’apprend mieux à bien parler la langue que la lecture de la Critique du Cid et des Commentaires sur Corneille. »(Mémorial de Sainte-Hélène.)

1295. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Et leurs troubles appris, leurs troubles artificiels, (intellectuels), ne leur ont jamais permis d’obtenir que des profondeurs superficielles. […] Par idées apprises. […] Par visions apprises.

1296. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Mais, pendant que le jeune couple savourait en paix la première ivresse, le vieux Poirier, qui vient d’apprendre la nouvelle prouesse du marquis, s’aigrit et s’irrite de plus belle. […] Elle tressaille cependant lorsque celui-ci lui apprend que M. de Presles va se battre. […] Elle vient d’apprendre qu’il a refusé sa main, elle ignore ce qui lui vaut cette disgrâce ; mais, d’où qu’il vienne, ce refus l’élève à ses yeux.

1297. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Jeudi 17 août En rentrant ce soir, Pélagie m’apprend que Fervaques est mort subitement dans la journée. […] Il m’apprend que la princesse est avec tout son monde à Paris, et qu’elle ne reviendra que pour dîner. […] Vendredi 3 novembre Voisin, le préfet de police apprenait à Claudin, que les arrestations de nuit à Paris, allaient tous les jours de 200 à 240 personnes, et qu’elles montaient à 400 les jours de fête… Vendredi 8 novembre C’est bon, c’est fécondant pour l’imagination, les courses que je fais, la nuit tombée, avant dîner.

1298. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Le premier réconcilia l’esprit moderne avec le christianisme de la tradition, en nous montrant autour de sa tête pâle l’auréole divine de la beauté ; la seconde apprit aux lettrés de notre âge à retrouver dans la société, dans les arts, dans toute la création, le sentiment religieux, ce christianisme de la raison, non moins immortel que l’autre. […] Rien n’apprend mieux à connaître une idée que de la voir exprimée en différents langages : le critique doit être un artiste32 ; Que l’esthétique daignât s’humaniser et descendre de plus en plus de ses hautes formules dans l’enseignement pratique de la littérature. […] Quand le feuilleton prétendait m’instruire, je me résignais à l’écouter dans l’espoir d’apprendre : s’il ne se charge que de me plaire, j’ai droit à une causerie aussi élégante qu’ingénieuse.

1299. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Sa Justice dans la Révolution nous a appris qu’il n’est pas de si grande maison philosophique. […] Proudhon a été trop scandaleusement retentissant, il a fait trop de remue-ménage, pour qu’on ne soit pas très désireux de connaître ce qu’un pareil homme devait être en dehors de ses idées et de ses systèmes et tout bêtement dans le plain-pied et les intimités de sa vie, et c’est là ce que sa correspondance, qui, du reste, en étonnera plus d’un, nous apprend. […] Cette étude, purement littéraire, qui devait être suivie d’une étude morale sur le livre de Proudhon, était à peine terminée quand le Moniteur vint nous apprendre que le livre était saisi.

1300. (1922) Gustave Flaubert

Flaubert apprend ce mariage avec des craintes pour l’avenir, — justifiées. […] En 1871, Flaubert se gausse d’apprendre qu’elle est restée cachée trois jours, après la Commune, dans la cave de Sainte-Beuve. […] Il apprend en Orient non à connaître l’Orient, mais à se connaître. […] Boileau se flattait d’avoir appris à Racine à faire difficilement des vers faciles. […] Taine, peu artiste et qui cherche le solide et l’instructif, qui se pose devant toute œuvre d’art cette question : Qu’est-ce que cela m’apprend ?

1301. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Entre-temps, elle apprend avec plaisir la mort de Thésée. […] Mais il appartient encore aux générations qui ont appris et su le latin. […] Et cet auteur apprend ainsi à des gens qui pouvaient l’ignorer que je n’ai pas toujours loué ses écrits. […] Nous autres, gens de qualité, nous savons tout et jugeons de tout sans avoir rien appris ! […] Mais dans l’ensemble, et sauf exception, ce n’est pas chez lui qu’on pourra bien apprendre à penser.

1302. (1888) Impressions de théâtre. Première série

. — Célimène est veuve, on nous l’apprend ; c’est une femme du meilleur monde et, en somme, une honnête femme. […] Pourtant elle allait se dénoncer, lorsqu’elle apprend qu’elle avait une rivale ; et sa raison part de nouveau. […] Bonnefoi, et ils ont appris que les médecins sont des ânes ou des charlatans. […] , ni que Lucien, aussitôt qu’il a appris l’aventure de sa femme, s’en aille la leur confier. […] Mais on apprend à la fin que la lettre du notaire Verduron s’était trompée d’adresse.

1303. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Je n’étais nullement endurci par la doctrine de l’école philosophique, qui m’avait appris à supporter la douleur et à mépriser la mort. […] Inglis de Redhall, pour apprendre chez lui la pratique de l’échiquier. […] C’est donc un mauvais livre, un livre qui n’apprend rien, qui ne laisse aucune trace dans la mémoire ? […] Allait-il apprendre dans l’agora d’Athènes le secret des désappointements résignés ? […] Il est parti pour ne pas rester, parti parce qu’il ne trouvait plus d’émotions dans le spectacle de l’Italie, parce que Naples et Florence n’avaient plus rien à lui apprendre.

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