/ 2310
1511. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Que Dieu juge du crime et nous du préjudice. […] Il n’aime pas être en familiarité avec Dieu, ni avec la création. […] Athées, ils démontrent l’athéisme ; déistes, ils démontrent Dieu. Dieu démontré n’est pas leur ennemi et n’est pas pour leur déplaire. […] Dieu du ciel !

1512. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

certes, Dieu merci ! […] Dites, du moins, avant d’aller vous coucher : « Dieu pardonne à qui l’a écrite !  […] Tant que Dieu m’accordera vie et santé, je continuerai comme j’ai commencé. […] Il est battu, la ville est prise Et je suis blessé, Dieu merci (bis). […] — Plût à Dieu que ce fût Jacques !

1513. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

La jeunesse studieuse, reconquise, grâce à Dieu, aux idées libérales dans ce qu’elles ont de plus net et de plus résolu, ne se lasse pas depuis quelque temps de ressusciter, pour la manifestation de sa foi politique renaissante, des journaux littéraires que l’impitoyable destin ne se lasse pas non plus de frapper de mort ; hier c’était la Jeune France et la Voie nouvelle aujourd’hui c’est le Matin. […] Mais enfin on y arrive, et, s’il plaît à Dieu de nous accorder quelques jours d’intervalle entre l’âge où nous nous gâtons et le dernier terme, nous pouvons faire plus de bien par cette seconde innocence que nous n’avons fait de mal par nos fautes. […] Cyrus, dans Hérodote, n’a qu’à songer « au Dieu jaloux et brouillon », de qui les mortels sont le jouet, pour faire éteindre le bûcher de Crésus ; comme si l’idée lui venait que, pour alléger le poids de la Nécessité, l’ennemie commune, ce n’est pas trop de l’alliance de tous ceux sur qui elle pèse. […] À Dieu ne plaise que nous le prétendions ! […] Une vertu française y respire, une vertu qui nous restera, s’il plaît à Dieu, le mépris de l’argent.

1514. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Nom de Dieu, ça vous fait mépriser l’originalité de quelques-uns de nos peintres originaux d’aujourd’hui. […] Jeudi 8 mai Un jeune médecin parlait, ce soir, du mal, mal dont on ne se doute pas, que faisaient les corps comme l’Académie, comme l’Institut, ces aristocraties qui, Dieu merci, n’existent pas en Allemagne. […] Et pour les êtres, dont Flaubert a peuplé le monde de ses livres, ce monde fictif à l’apparence réelle, l’auteur s’est trouvé posséder cette faculté créatrice, donnée seulement à quelques-uns, la faculté de les créer, un peu à l’instar de Dieu. […] Enfin, Dieu merci, six heures sont sonnées, et nous voilà attablés chez Mennechet, autour d’un dîner, ni bon ni mauvais, dont le plat officiel, est toujours le fameux canard rouennais : plat pour lequel je n’ai qu’une assez médiocre estime.

1515. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

gens de meurtre ou d’anarchie dont Dieu a gardé le secret ! […] Comme les plus faibles et les plus forts de cette pauvre époque superficielle et infatuée, comme nous tous enfin, à l’exception d’un seul, averti par mieux que du génie, parce qu’il était prédestiné, l’auteur de la Chute de Louis-Philippe et du rétablissement de l’Empire n’avait rien prévu, rien soupçonné des faits sur lesquels nous vivons maintenant, et a reçu, sans s’y attendre et sans même s’en douter, cette décharge de Dieu à bout portant, dans la poitrine. […] Grandes leçons de onze ans chaque, en moyenne, donnée six fois en soixante ans, et que Dieu, quand l’ordre de ses sociétés est violé, recommence tranquillement d’infliger d’un bras plus fort, avec sa patience éternelle. Le livre écrit par Cassagnac confesse, sans hésitation et sans fausse honte, cet aveuglement d’un esprit qui ne s’est ouvert que quand Dieu a eu pris dans ses mains assez de sang et de boue révolutionnaire pour en frotter les yeux de tous, en prononçant le dernier éphéta que nous ayons entendu… Implicitement donc et en fait, le livre de Cassagnac est un perpétuel démenti à toutes les habiletés et les prévoyances de l’histoire contemporaine, au passé de l’auteur comme observation et intelligence, à sa politique humiliée.

1516. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle déplore cette impuissance où elle est en particulier de rendre service à ses braves compatriotes de Heidelberg, à cette ville que le nouvel électeur irrité privera de sa résidence en la transférant à Mannheim : Je ne vois que trop maintenant, dit-elle (décembre 1719), que Dieu n’a pas voulu que je pusse accomplir quelque bien en France, car, en dépit de mes efforts, je n’ai jamais pu être utile à mon pays. […] Dieu veuille que je me trompe !

1517. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Le président eut le prix en 1707, à l’âge de vingt-deux ans, pour un discours sur ce sujet proposé par l’Académie, « qu’il ne peut y avoir de véritable bonheur pour l’homme que dans la pratique des vertus chrétiennes. » En 1709 il n’eut qu’un accessit sur cet autre sujet, « que rien ne rend l’homme plus véritablement grand que la crainte de Dieu. » Les approbateurs, qui sont le théologal de Paris et le curé de Saint-Eustache, ne peuvent contenir leur admiration pour ce discours, « que la piété et l’éloquence, est-il dit, semblent avoir formé de concert ». […] du moins la religion des païens avait-elle des ressources : Pandore leur avait laissé une boîte au fond de laquelle était l’espérance ; elle était cachée sous tous les maux, comme si elle était réservée pour en être la réparation ; et nous autres, plus barbares mille fois, nous anéantissons tout ; nous n’avons conservé que les malheurs ; nous détruisons toute spiritualité… Adieu, mon cher confrère ; Dieu vous fasse la grâce de couronner tous les dons dont il vous a comblé, par une vérilable gloire qui n’aura point de fin !

1518. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Dieu nous garde de plus mauvais garçons et d’ennemis plus redoutables ! […] Ainsi Marolles ne demandait à Dieu que le temps de compléter sa collection et ses catalogues, mais il savait bien qu’une collection ne se complète jamais.

1519. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Il était déiste ; mais son Dieu était très lointain ; il avait l’habitude de le nommer non pas l’Être suprême comme faisait Robespierre d’après Rousseau, mais le Créateur des étoiles fixes, le rejetant ainsi jusque par-delà les planètes. […] Mais je me sentais révolté de ces maximes, ‘ne comprenant pas comment on pouvait se parjurer ainsi, et se consacrer à Dieu, tout en restant attaché aux vanités du monde. » Cependant les impressions, une fois reçues, ne s’effacèrent point et eurent des suites.

1520. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Chimène, se voyant refuser la justice qu’elle poursuit sous la forme du châtiment, en prend assez son parti et se rabat à demander le duel, le jugement de Dieu par les armes : « A tous vos cavaliers je demande sa tête ; Oui, qu’un d’eux me l’apporte et je suis sa conquête… J’épouse le vainqueur……… » Ce sont là des semblants ; elle sait bien en son cœur qu’elle n’épousera personne autre et que Rodrigue, à ce jeu de l’épée, sera le plus fort. […] il lui verse son souffle, lui rend son manteau tout parfumé d’une odeur divine, et disparaît sur les rochers pour reparaître bientôt en tunique blanche au sein d’un nuage ; ce lépreux, c’est Lazare en personne, et qui lui promet, en récompense de son bienfait agréé de Dieu, victoire désormais sur tous et invincibilité, même après sa mort.

1521. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ne demande qu’à Dieu… qu’à toi, si je t’aimais ! […] Dieu merci !

1522. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

« Plût à Dieu, s’écriait-il le 28 janvier 1811, en s’épanchant auprès de son ami le baron Monnier, plût à Dieu que j’eusse résisté aux ordres du duc de Feltre et aux sollicitations de mes parents !

1523. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

S’il s’élançait, s’il disparaissait alors, ce serait presque en Dieu, comme Empédocle à l’Etna. […] Notre contemporain a raison de se donner après eux comme un nouvel interprète des maximes de la loi perpétuelle : les vérités, en passant par sa bouche, empruntent une autorité bien persuasive ; on apprécie mieux la suavité de ce baume, connaissant les amertumes anciennes d’où il l’a su tirer ; le solitaire des Rêveries, m’élevant avec lui vers Dieu, me transporte plus puissamment que Necker n’y réussirait tout d’abord.

1524. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Les ressources de la création, que ce soit Dieu qui crée dans la nature, ou l’homme qui crée dans l’art, sont si complexes et si mystérieuses, que toujours, en cherchant bien, quelque composé nouveau vient déjouer nos formules et troubler nos méthodiques arrangements. […] Ainsi, dans la pièce Peut-être un jour, etc., le mot final : Dieu !

1525. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il avait, réfutant le traité de l’Église de Duplessis-Mornay, établi trois vérités : vérité de l’existence de Dieu, contre les athées ; vérité du christianisme, contre les infidèles ; vérité du catholicisme, contre les protestants. […] Il y a une direction très prudente et très peu indulgente dans ses deux | ouvrages capitaux, son Introduction « la vie dévote et son Traité de l’amour de Dieu : il y a là plus de mollesse féminine, ici plus de mâle vigueur, mais l’instruction est la même au fond.

1526. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Ils se rapprocheront de Dieu, le grand savant, le grand critique ; et Dieu n’a point d’individualité.

1527. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

L’âme a entrevu son But, l’âme s’est rapprochée de Dieu, — l’être futur, terme suprême de son rythme ; — l’âme s’est rapprochée d’elle-même et s’est grandie parce qu’elle a grandi. […] La cathédrale parfaite s’élève ainsi comme un immense symbole ; on peut dire aussi que, par sa particulière nostalgie, elle suggère la Vérité (Dieu, ici) à travers la Beauté.

1528. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

On se rappelle peut-être dans le vieux poète Mathurin Régnier une admirable satire (la XIIIe), dans laquelle le poète se représente écoutant derrière une porte les odieux conseils que donne la vieille Macette à une jeune fille dont il est amoureux : Macette, qui se croit seule avec la jeune fille, lui parle ainsi, en des vers que le Tartuffe de Molière ne surpassera pas : Ma fille, Dieu vous garde et vous veuille bénir ! […] Elle eut un moment l’idée de la dévotion, et de prendre Dieu comme pis-aller ; mais un excellent ecclésiastique qu’elle introduit et qu’elle fait parler fort sagement, l’abbé Martin, n’eut pas de peine à lui démontrer qu’elle méconnaissait son cœur.

1529. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Dès l’année 1743, cette femme d’intrigue a des éclairs de coup d’œil qui percent l’horizon : « À moins que Dieu n’y mette visiblement la main, écrit-elle, il est physiquement impossible que l’État ne culbute. » C’est cette maîtresse habile que Mme Geoffrin consulta et de qui elle reçut de bons conseils, notamment celui de ne refuser jamais aucune relation, aucune avance d’amitié ; car si neuf sur dix ne rapportent rien, une seule peut tout compenser ; et puis, comme cette femme de ressource disait encore, « tout sert en ménage, quand on a en soi de quoi mettre les outils en œuvre ». […] Tout ce que j’ai vu depuis que j’ai quitté mes pénates me fera remercier Dieu d’être née Française et particulière.

1530. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

C’est ce que se demande un jour la muse de Jasmin, à une heure de rêverie où l’image de cette pauvre fille, avec sa grâce de vierge sous les haillons, lui revenait en pensée, et, après avoir bien quêté de ses nouvelles à travers champs, s’être bien enquis « à travers vignes et pâquerettes », voici ce qu’elle a trouvé : Un jour, près des bords que la rivière du Lot baise fraîchement de son eau claire et fine, dans une maisonnette cachée sous les ormes touffus, tandis qu’à la ville prochaine les jeunes garçons tiraient au sort, une jeune fille pensait, puis priait Dieu, puis se levait et ne savait tenir en place. […] Berteaud qui devait prêcher une heure après sur l’infinité de Dieu, ayant entendu le poète, changea subitement son texte ; il annonça au début de son sermon qu’il allait prêcher sur le prêtre sans église, et développer le sujet si heureusement indiqué par un autre.

1531. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

il était né bon et juste, et Dieu lui avait donné assez pour être un bon roi, et peut-être même un assez grand roi… Qu’il y eût dans Louis XIV un premier fonds de bonté, de douceur, d’humanité, qui disparut trop souvent dans l’idolâtrie du rang suprême, Saint-Simon le reconnaît et, même en s’en étonnant, nous l’atteste ; Mme de Motteville nous le fait remarquer comme un caractère naturel du roi enfant, et plus d’une parole de Louis XIV, dans les pages sincères de sa jeunesse, nous le confirmera. […] Louis XIV, religieux comme il est, croit qu’il est des lumières qui se proportionnent aux situations, et particulièrement à celle de roi : « Dieu qui vous a fait roi vous donnera les lumières qui vous sont nécessaires, tant que vous aurez de bonnes intentions. » Il croit qu’un souverain voit naturellement les objets qui se présentent, d’une manière plus parfaite que le commun des hommes.

1532. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Ce temps est comme Dieu : il vit dans un éternel présent, sans passé et sans futur. […] Si je résiste à Bossuet, c’est pour obéir à Dieu. » Il me semble que les erreurs de Bossuet n’ont pas un caractère si particulier et si miraculeux.

1533. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Dans le tableau de Doyen, tout au haut de la toile à gauche, on voit la sainte à genoux, portée sur des nuages ; elle a les regards tournés vers un endroit du ciel éclairé au-dessus de sa tête, le geste des bras dirigé vers la terre, elle prie, elle intercède… je vous dirais bien le discours qu’elle tient à Dieu, mais cela est inutile ici. […] Votre ste Geneviève est bien posée, bien dessinée, bien coloriée, bien drapée, bien en l’air, elle ne fatigue point ces nuages qui la soutiennent ; mais je la trouve, moi et beaucoup d’autres, un peu maniérée. à son attitude contournée, à ses bras jettés d’un côté et sa tête de l’autre, elle a l’air de regarder Dieu en arrière et de lui dire par-dessus son épaule : " allons donc, faites finir cela, puisque vous le pouvez.

1534. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Sa lettre à Villemain sur la liberté de l’enseignement commence en ces termes : « Vous n’aurez point de vacances cette année, monsieur le ministre, ni votre successeur l’année prochaine, s’il plaît à Dieu, car les catholiques ne veulent plus interrompre la guerre qu’ils livrent à l’enseignement de l’État… » Au nom d’un article de la Charte, au nom des serments d’août 1830, voici en fait ce que les catholiques, par l’organe de Veuillot, réclament : 1° Liberté pour tout citoyen d’ouvrir école ; 2° Liberté pour tout citoyen de fréquenter telle école que bon lui semblera, et d’y envoyer ses enfants ; 3° Formation d’un jury d’examen pour le baccalauréat, réunissant aux garanties nécessaires de science et de sévérité, les garanties non moins indispensables de moralité et d’impartialité, afin que devant ce jury, tout citoyen, sous le seul patronage de sa capacité et de son honneur, puisse demander le diplôme, quelle que soit l’école qu’il ait fréquentée, et quand même il n’en aurait fréquenté aucune.

1535. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

là il appelle les enfants la recrue continuelle du genre humain ; il dit que Dieu nous donne (par la mort) un appartement dans son palais, en attendant la réparation de notre ancien édifice ; tantôt cette mort est un souffle languissant ; tantôt une rature qui doit tout effacer, etc., etc.

1536. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Grâce à Dieu, il n’en est pas ainsi.

1537. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

On dirait en effet, après ce qui s’est passé dans les rues de Paris pendant trois jours, qu’il n’y a plus qu’à accorder le moins de nouvelle liberté possible ; car chaque part de liberté nouvelle devant augmenter l’appétit démocratique, nous serions bientôt en proie au parti populaire ; la chambre des députés, qui se trouve précisément dans le cas de la Constituante, serait vite dépassée par une Législative ; et Dieu sait ce qu’il adviendrait alors ; il n’y aurait plus qu’à se voiler la tête et à tendre le cou comme les Girondins, à moins d’oser être Montagnard : Di meliora piis !

1538. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Grâce à Dieu, M. 

1539. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Il rêve et murmure à mi-voix : Dieu n’était pas : il est tout près d’être… Mais, qui sait si la vérité n’est pas triste ?

1540. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Ou, du moins, celle qu’ils ont, celle que Dieu leur avait donnée, personne ne l’a vue, ni ne la verra jamais.

1541. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Dieu merci, nous n’en sommes pas là, vous ni moi.

1542. (1890) L’avenir de la science « XX »

Une histoire universelle, grand Dieu !

1543. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Car toute chose étant Dieu demande une grande ferveur.

1544. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre II. Bovarysme essentiel de l’être et de l’Humanité »

L’esprit s’élève-t-il au-dessus de cette conception contradictoire, il ne trouve un terme et un but à la vie phénoménale que dans la cessation de celle-ci, dans sa résorption en un état d’unité absolue hors de la conscience de soi-même : c’est à quoi aboutissent tous les efforts logiques du souci religieux ou métaphysique, le Boudhisme avec une entière sincérité, le Brahmanisme et le Déisme avec la confusion en Dieu assignée comme but au perfectionnement individuel.

1545. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

Une obligation que je vous aurai toujours, à vous et à M. le baron d’Holbach, une marque signalée de votre estime, c’est de m’avoir proposé une tâche qui plaisait infiniment à mon cœur : : plût à Dieu qu’elle eût été moins disproportionnée à mes forces, et que vous vous fussiez rappelé, l’un et l’autre, le Quid ferre recusent, Quid valeant humeri !

1546. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Dieu merci !

1547. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Elle fit des efforts pour éteindre d’abord les faibles restes de sa foi languissante, espérant par là calmer son inquiétude ; « mais Dieu ne permit pas qu’elle y réussît ». […] Elle recevait avec beaucoup de douceur ce qu’il lui disait ; mais toutes ces instances ne faisaient au fond que l’importuner et l’aigrir contre la piété, qu’elle regardait comme son ennemie et sa grande rivale dans le cœur du prince. » C’est dans ces disposition d’une lutte intérieure déjà ancienne, qu’un jour elle se trouva tout d’un coup, et sans savoir comment, tournée à Dieu, persuadée des vérités de la foi et brûlant du désir de s’élever à la source suprême. […] Ses fils, ces brillants et dissolus Conti, qui devaient répondre si étrangement à son vœu et aux espérances de leur éducation première, lui firent élever un monument dans l’église Saint-André-des-Arcs avec cette épitaphe où il n’y avait que la vérité : À la gloire de Dieu, et à l’éternelle mémoire d’Anne-Marie Martinozzi, princesse de Conti, qui, détrompée du monde dès l’âge de dix-neuf ans, vendit toutes ses pierreries pour nourrir, durant la famine de 1662, les pauvres de Berri, de Champagne et de Picardie ; pratiqua toutes les austérités que sa santé put souffrir ; demeura veuve à l’âge de vingt-neuf ans, consacra le reste de sa vie à élever en princes chrétiens les princes ses enfants, et à maintenir les lois temporelles et ecclésiastiques dans ses terres ; se réduisit à une dépense très modeste, restitua tous les biens dont l’acquisition lui était suspecte jusqu’à la somme de huit cent mille livres ; distribua toute son épargne aux pauvres dans ses terres et dans toutes les parties du monde, et passa soudainement à l’éternité, après seize ans de persévérance, le 4 février 1672, âgée de trente-cinq ans.

1548. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Or, si je suis dans le vrai, quand je proclame que Jésus-Christ est Dieu, pouvez-vous exiger de moi, au nom de la tolérance et dans un intérêt de paix, que je consente à ne voir dans cet adorable Sauveur qu’un sage ou un philosophe ? […] Il était réservé à notre siècle de recevoir comme amie la seule nation que Dieu ait marquée d’un signe de réprobation, d’oublier la mort qu’elle a fait souffrir à Notre-Seigneur et les bienfaits que ce même Seigneur a toujours répandus sur la France, en faisant triompher ses ennemis et leur ouvrant avec joie notre sein. […] vous faites l’expédition de Rome ; il était à deux doigts de sa perte : vous le sauvez au temporel ; le lendemain vous lui demandez pour cardinal le plus raisonnable, le plus sage ecclésiastique de France ; vous son sauveur (après Dieu), vous le lui demandez par vos ministres, par vos ambassadeurs, — par un mot de votre main : il vous le refuse avec délices.

1549. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Vers le café arrive la question de l’immortalité de l’âme et de l’existence de Dieu. […] Cela fait frémir… » Déjà, dans le monde, le rôle d’un ecclésiastique est difficile ; il semble qu’il y soit un pantin ou un plastron506. « Dès que nous y paraissons, dit l’un d’eux, on nous fait disputer ; on nous fait entreprendre, par exemple, de prouver l’utilité de la prière à un homme qui ne croit pas en Dieu, la nécessité du jeûne à un homme qui a nié toute sa vie l’immortalité de l’âme ; l’entreprise est laborieuse, et les rieurs ne sont pas pour nous. » — Bientôt le scandale prolongé des billets de confession et l’obstination des évêques à ne point souffrir qu’on taxe les biens ecclésiastiques soulèvent l’opinion contre le clergé et, par suite, contre la religion. « Il est à craindre, dit Barbier en 1751, que cela ne finisse sérieusement ; on pourrait voir un jour dans ce pays-ci une révolution pour embrasser la religion protestante507. » — « La haine contre les prêtres, écrit d’Argenson en 1753, va au dernier excès. […] Nos bonnes gens n’ont plus le temps d’être gais, ils ont trop à faire ; il faut d’abord qu’ils mettent par terre Dieu et le roi ; tous et chacun, hommes et femmes, s’emploient en conscience à la démolition.

1550. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Son Dieu parfait lui-même, a dû, malgré toutes les contradictions, souffrir, s’efforcer et mourir. […] Il n’est pas le bien parce que telle est la volonté de Dieu. Dieu ordonne le bien, il ne le crée pas.

1551. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Plût à Dieu que je fusse dans le cas d'en faire autant à l'égard de tous les Auteurs irréligieux ! […] Il ignore donc, ce charitable Ministre du Dieu de paix, que trois ans avant la mort de ce Vicaire, j’ai déclaré que personne n’avoit eu part à mon travail, & défié tout Littérature d’oser avancer qu’il m’eût fourni par écrit la moindre observation dont j’aye fait usage. […] Tantôt il croit la matiere coéternelle avec Dieu, & tantôt il affirme la création du monde & de la matiere.

1552. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

La guerre, l’horrible guerre est le privilège de l’espèce humaine : la sentence du meurtre est la seule que l’on respecte, et ce qu’on appelle dans les palais et dans les cathédrales la justice de Dieu n’est que la loi de la force. — Dans l’intérieur de l’état, c’est la même chose ; la loi du besoin y règne seule ; c’est l’intérêt de la réciprocité qui fonde l’apparence de ce qu’on nomme la justice. […] Mais, grand Dieu ! […] Je ne parle même pas de la sanction, mais de l’origine et du prix de cette idée, qu’on nous dit étrangère au monde comme à Dieu, s’il y en a un.

/ 2310